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Page 1 of 15 Un système économique basé sur une croissance infinie dans un monde à ressources finies Benjamin CLERY M2 Enjeux de l’économie mondialisée Avril 2015 Introduction I. Les fortes périodes de croissance économique des deux derniers siècles A. La révolution industrielle dans l’Europe du XIXème siècle B. La consommation, moteur de l’économie d’après 1945 C. La finance prend les devants II. L’ultra-libéralisme enrayé, le capitalisme abusé A. Les principes du libéralisme poussés à l’extrême 1. Les principes du libre-échange 2. Le paradoxe de l’économie de marché 3. L’exclusion devient la règle 4. Tricheries et abus de pouvoir B. Épuisement des ressources naturelles C. Croissance et Produit Intérieur Brut III. Prises de conscience et initiatives citoyennes A. Bonheur Intérieur Brut B. Plus de bon sens pour moins de profits C. Le retour à l’économie locale Conclusion Bibliographie

Un système économique basé sur une croissance infinie dans un monde à ressources finies

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Un système économique basé sur une croissance

infinie dans un monde à ressources finies

Benjamin CLERY

M2 Enjeux de l’économie mondialisée

Avril 2015

Introduction

I. Les fortes périodes de croissance économique des deux derniers

siècles

A. La révolution industrielle dans l’Europe du XIXème siècle

B. La consommation, moteur de l’économie d’après 1945

C. La finance prend les devants

II. L’ultra-libéralisme enrayé, le capitalisme abusé

A. Les principes du libéralisme poussés à l’extrême

1. Les principes du libre-échange

2. Le paradoxe de l’économie de marché

3. L’exclusion devient la règle

4. Tricheries et abus de pouvoir

B. Épuisement des ressources naturelles

C. Croissance et Produit Intérieur Brut

III. Prises de conscience et initiatives citoyennes

A. Bonheur Intérieur Brut

B. Plus de bon sens pour moins de profits

C. Le retour à l’économie locale

Conclusion

Bibliographie

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Introduction « L’activité économique est traditionnellement décrite comme un flux circulaire de monnaie dans un système

clos ; en réalité, elle est d’abord un flux physique d’énergie-matière, et elle se traduit par des échanges avec un

écosystème dont elle ne peut ignorer les lois et les limites. »

Christian Comeliau, La croissance ou le progrès ? Croissance, décroissance et développement durable.

Après des centaines d’années d’évolution de nos systèmes politiques et

économiques, et après l’effondrement du communisme, l’économie de marché libre semble

s’être imposée comme le meilleur système de société : augmentation de la productivité et

du pouvoir d’achat, amélioration des conditions de vie et de travail, innovations

technologiques et médicales sans précédent, réduction des distances et anéantissement des

frontières… Cependant, ce système semble aujourd’hui s’essouffler, et de nombreuses voix

s’élèvent pour prévenir de son effondrement certain et proche et de la nécessité de

préparer des alternatives.

La réflexion faite dans ce devoir part du constat suivant : les politiciens et

économistes du monde entier prônent la croissance économique comme seule solution aux

crises économiques et financières alors que justement, le système de société de marché

libre des pays riches semble être en pleine crise de croissance : en plus des énergies fossiles

qui s’épuisent, les entreprises commencent à avoir du mal à accroître leurs profits

indéfiniment pour satisfaire la demande de leurs actionnaires. Après 150 ans d’innovations

technologiques (la productivité horaire en France multipliée par 25 entre 1820 et 19901), 35

années d’opérations de réorganisation entrainant fusion-acquisitions et délocalisations des

sites de production ainsi que l’envahissement des nouveaux marchés à fort potentiel, les

grandes compagnies ne savent aujourd’hui plus comment réduire encore leurs coûts de

production et augmenter leurs bénéfices. En parallèle, les scientifiques tirent toutes les

sonnettes d’alarme quant à la surconsommation des ressources naturelles de la planète qui

sont limitées, notamment les énergies fossiles. L’impact de l’activité humaine sur la planète

est loin d’être négligeable : pollutions des mers et de l’air, déforestations, déchets

radioactifs, extinction d’espèces animales, etc.

Face à l'impossibilité d'une croissance économique infinie dans un monde à

ressources finies, quelles alternatives au système économique et financier actuel s'offrent à

nous ? De plus en plus d’individus prennent aujourd’hui conscience de cette situation, et des

solutions « post-croissance » sont déjà en route.

En partant du constat de l'évolution du commerce international et de la

mondialisation depuis le 19ième siècle, ce travail a pour but, dans un premier temps, de

mettre en avant les moteurs de la croissance industrielle, économique et financière des deux

derniers siècles pour arriver, dans un deuxième temps, aux excès du système mondial de

marché libre et à ses limites. Enfin, et face aux problèmes soulevés dans la deuxième partie,

un dernier chapitre fera l’état des lieux des alternatives déjà mises en place grâce à de

nombreuses initiatives citoyennes à travers le monde ; pour rétablir l'équilibre économique

entre tous les acteurs de la société et replacer l'humain au cœur des relations économiques.

1 Olivier Marchand et Claude Thélo. Deux siècles de productivité en France.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1990_num_237_1_5499

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I. Les fortes périodes de croissance économique des deux derniers

siècles

Dans cette partie nous allons voir quels étaient les moteurs des grandes étapes de

croissance économique depuis le 19ème siècle, notamment l’évolution du commerce

international et du processus de mondialisation.

A. La révolution industrielle dans l’Europe du XIXème siècle

Initiée par l’Angleterre à la fin du XVIIIème siècle, la révolution industrielle va se

diffuser en Europe tout au long du XIXème siècle. Cette première période de grande

croissance économique se caractérise par le passage d’une économie traditionnelle dominée

par l’agriculture à un nouveau type d’économie dominé par l’industrie. Le véritable moteur

de cette révolution sera le charbon, d’une nouvelle source d’énergie permettant la

mécanisation de la société et le développement d’un moyen de transport qui va

révolutionner toute la société, le train à vapeur.

Un nouveau mode de production apparait donc : mécanisation de la production

(machines à vapeur), apparition d’une métallurgie moderne et réorganisation du travail. Les

ateliers laissent place aux usines entraînant une concentration du capital (les machines) et

du travail (les ouvriers) en un même lieu. L’exploitation du charbon comme nouvel source

d’énergie et la métallurgie moderne permettent l’essor du chemin de fer qui va

révolutionner le transport et réduire les distances de manière considérable. Le trajet Paris-

Toulouse qui durait huit jours en diligence à la fin du XVIIIème siècle ne dure plus que huit

heures en train à la fin du XIXème siècle.

Ce phénomène de transition est interprété par certain économistes comme le début

du système capitaliste car il se caractérise par le passage d’une économie basée sur le travail

et les énergies traditionnelles (humaine, animale ou naturelle), vers une économie basée sur

le capital et de nouvelles énergies (le charbon puis le pétrole et l’électricité). La propriété

privée des moyens de production et la recherche du profit sont les piliers de ce système et

les banques vont rapidement s’y adapter.

Jusqu’en 1850, les banques sont principalement des entreprises familiales qui

investissent dans le commerce international et les emplois publics plutôt que dans le

développement industriel. Cette tendance va évoluer à partir de la deuxième moitié du

XIXème siècle où deux types de banques vont se distinguer : les banques d’affaires qui vont

prêter aux industries sur le long terme (BNP Paribas créée en 1872), et les banques de

dépôts qui vont collecter l’épargne des particuliers et prêter à l’État. D’autre part, les

sociétés par action, autorisées en France en 1867, vont se multiplier et passer de 150 à la fin

des années 1860 à 1200 en 1914.

Ces transformations dans les domaines de l’industrie, de l’économie et de la finance

ainsi que les nouvelles théories des économistes tels que Adam Smith et David Ricardo sur le

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commerce international vont encourager les pays à s’ouvrir de plus en plus aux échanges

internationaux et les premières multinationales vont voir le jour. C’est le cas de Nestlé,

entreprise suisse fondée en 1866, qui vend ses produits laitiers (farine lactée pour les

nourrissons) dans plus de 17 pays en 1873 et implante sa première fabrique à l’étranger (en

Norvège) en 1898.

B. La consommation, moteur de l’économie d’après 1945

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les pays industrialisés connaissent une

croissance économique sans précédent. Après les révolutions technologiques et industrielles

du XIXème siècle, et après deux guerres mondiales, la période des Trente Glorieuses (1945-

1975) apparait comme l’apogée des sociétés industrielles. Les records de croissance sont les

fruits de plusieurs facteurs dans le domaine de l’industrie, de l’organisation des échanges

internationaux et de la mise à disposition en abondance d’une énergie bon marché : le

pétrole.

Du côté de l’industrie, la généralisation du fordisme entraîne de forts gains de

productivité dans les entreprises qui entrent dans une logique de production massive : plus

elles produisent, plus leurs coûts de production diminuent. Or, elles ont la possibilité

d’écouler leurs stocks étant donné, d’une part, l’amélioration des conditions sociales des

travailleurs qui voient leur pouvoir d’achat augmenter grâce à des salaires plus élevés et une

augmentation des congés payés, et d’autre part, la libéralisation du commerce international

ouvrant la porte à de nouveaux marchés. Les innovations technologiques et le

développement de nouvelles activités comme l’aéronautique, l’électronique ou

l’informatique participent aussi grandement à l’effervescence générale.

Au niveau international, fatiguées par la guerre et avides de croissance économique,

les grandes puissances s’organisent et mettent en place un système monétaire international

basé sur l’étalon or lors de la conférence de Bretton Woods en 1944. Pour faciliter

davantage encore les échanges commerciaux, les accords du GATT de 1947 marqueront le

début de l’ouverture des frontières au commerce international. Entre la création du GATT en

1947 et celle de l’OMC en 1994, le niveau moyen des droits de douane est passé de 40 à 4%.

Ces années de croissance folle ne sont possible que grâce à la nouvelle source

d’énergie utilisée massivement encore aujourd’hui, le pétrole. Moteur incontesté de ces

Trente Glorieuses, l’or noir sera aussi le responsable de la fin de cette période de croissance

facile avec le choc pétrolier de 1973 qui provoquera une augmentation des coûts du baril.

Les années 70 marquent alors une transition dans l’organisation du système économique et

financier international. Ronald Reagan met fin à la convertibilité du dollar en or en 1971

laissant libre court aux spéculations financières. La concurrence des nouveaux pays

industrialisés affaiblit les entreprises des pays les plus développés qui doivent alors s’adapter

et effectuer des restructurations : délocalisation leurs sites de production et licenciements. Il

en résulte une forte augmentation du taux de chômage alors même que la génération du

Baby-Boom des Trente Glorieuses arrive sur le marché du travail.

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Dans ce contexte économique de la fin des années 70, les économistes préconisent

une adaptation du système capitaliste au nouvel environnement international. Les États-

Unis et l’Angleterre se font alors les précurseurs des politiques néolibérales qui vont, d’une

part, affaiblir le pouvoir de l’État providence en libéralisant et privatisant l’économie, et

d’autre part, alléger la fiscalité et déréglementer le secteur de la finance.

C. La finance prend les devants

Dès 1960, les Investissement Direct à l’Etranger (IDE) deviennent les moteurs de la

mondialisation en prenant la main sur le commerce international. Leur somme a été

multipliée par 10 entre 1982 et 2000. La recherche de la taille critique des firmes

transnationales en est la principale cause avec une forte augmentation des opérations de

fusion-acquisition qui représentent 90% des IDE entre 1982 et 2000. Ce phénomène reflète

aussi les mesures prises par le GATT puis l’OMC qui ont œuvré à l’ouverture de frontières

dans un premier temps, et la libéralisation des capitaux dans un deuxième temps. Les

institutions financières internationales vont donc prendre toujours plus d’importance dans le

processus de mondialisation de l’économie et joueront le rôle d’intermédiaire dans toutes

les opérations de rachat d’entreprises et tous les flux de capitaux à travers le monde.

Les immenses progrès technologiques de la deuxième moitié du XXème siècle,

effectués en un temps record en comparaison au millénaire précédent, sont à l’origine du

phénomène de tertiarisation de l’économie. Les pays développés ont modernisé leurs

techniques de communication d’abord dans le transport (banalisation du transport aérien et

maritime, conteneurisation et transport multimodal), mais aussi et surtout dans la

télécommunication. Internet s’ouvre au grand public en 1993 et la téléphonie mobile

devient accessible à tous. Les grandes sociétés industrielles deviennent des sociétés de

communication et les secteurs qui demandent beaucoup de main d’œuvre sont délégués aux

pays en développement dit « ateliers ».

Dans ce contexte, le secteur de la finance va prendre le devant dans les pays

développés, les années 80 marquant le début de la globalisation financière : libéralisation,

déréglementation et ouverture des marchés financiers.

À partir des années 80, deux grandes libéralisations s’opèrent dans le secteur de la

finance. D’abord la libéralisation des taux de changes qui deviennent flottants entre les

monnaies après la rupture des accords de Bretton Woods en 1971, puis la libéralisation des

taux d’intérêts en 1980 lorsque les États sont contraints d’abandonner la planche à billet et

de se tourner vers le marché obligataire pour financer leur déficits budgétaires. Pour se

protéger contre les variations des taux de change et d’intérêt, les marchés financiers créent

des produits de couverture, les produits dérivés.

L’avènement de la finance est aussi dû à la déréglementation du secteur à travers

l’abolition des barrières à la libre circulation des capitaux d’une part, et la substitution des

instances professionnelles de contrôle à l’État, d’autre part.

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Depuis le milieu des années 1990, la mondialisation est donc passée à la vitesse

supérieure en s’attaquant à la finance : tous les segments des marchés monétaires et

financiers dans les grandes banques internationales sont interconnectés, les opérations

financières sont entièrement dématérialisées et le « trading haute fréquence se

développe ». Le monde de la finance est aujourd’hui très loin de celui des banques

traditionnelles de dépôt et d’investissement du XIXème siècle et s’est presque entièrement

détaché de l’économie réelle.

II. L’ultra-libéralisme enrayé, le capitalisme abusé

« Ce qui ruine le capitalisme, ce sont nos comportements en principe légaux, mais en banqueroute sur

le plan éthique et moral. » Sherron S. Watkins, ex-vice-présidente de la Enron Corporation.

A. Les principes du libéralisme poussés à l’extrême

1. Les principes du libre-échange

La doctrine économique du libre-échange, prônant la suppression de toute entrave

au commerce international, fut adoptée par les grandes puissances au lendemain de la

seconde guerre mondiale. Elle s’impose rapidement au niveau planétaire tout au long de la

deuxième moitié du XXème siècle, notamment de par sa complémentarité aux principes du

système capitaliste aujourd’hui adopté par la quasi-totalité des États à travers le monde. Les

objectifs de cette doctrine sont les suivants : faire des économies d’échelle au niveau des

systèmes de production pour faire diminuer les prix et offrir une plus grande diversité de

produits aux consommateurs.

Aujourd’hui, il semblerait que ces objectifs soient arrivés au-delà de toute espérance.

Des biens de toutes sortes, en quantité affolante et provenant des quatre coins du globe

envahissent les supermarchés des grandes villes, offrant aux consommateurs plus qu’ils ne

pourront jamais consommer. Du côté de la production, les entreprises ne savent plus

comment augmenter leurs marges de profit. Pour la plupart d’entre elles, leurs sites de

productions sont déjà délocalisés dans les pays à bas salaires, elles ont déjà atteint leur taille

critique à travers de nombreuses opérations de fusion-acquisitions et d’intégration de filiales

sous-traitantes et réduit leurs effectifs au strict minimum. Même les stratégies d’économie à

la limite du légal ont été explorées, notamment à travers la manipulation des prix de

transfert entre leurs filiales pour rapatrier les bénéfices dans les paradis fiscaux et réduire au

maximum la note fiscale de leurs activités.

Sachant cela, un autre objectif, fixé lui-aussi par le système capitaliste, semble être

de plus en plus difficile à réaliser : l’augmentation de la plus-value pour continuer à faire

grimper la valeur des actions et satisfaire les actionnaires.

2. Le paradoxe de l’économie de marché

L’économie de marché est basée sur les bienfaits de la concurrence et du libre jeu

entre les entreprises. Cela permet d’encourager les innovations, de faire baisser les prix et

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de diversifier les produits. Or, au lieu de voir une multitude de petites entreprises

concurrentes émerger, ce sont de gigantesques multinationales qui vont faire surface et

prendre possession du marché parfois jusqu’à plus de 50% (en 2014 Amazon possède 60%

de parts de marchés aux États-Unis dans le livre numérique, et Apple avec l’Ipod, contrôle

75% du marché des baladeurs numériques en 2006). Ainsi, les petits libraires ou menuisiers

de quartier vont laisser place à des géants comme Amazon ou Ikea et de la concurrence va

naître le monopole. Les grandes multinationales deviennent imbattables en terme de

compétitivité : des prix bien inférieurs à ceux des petits commerçants et une évasion fiscale

à grande échelle permettant d’économiser jusqu’à la totalité des taxes sur les bénéfices

qu’elles génèrent dans certains États.

Aujourd’hui, si une entreprise veut rester sur le marché, elle ne peut pas se contenter

de faire un bon chiffre d’affaire et de bons bénéfices. Elle doit continuer à croître en

rachetant d’autres entreprises, des sous-traitants, pour rester dans une position leader du

marché. Les meilleurs exemples sont Apple, Amazone, Google et Starbucks.

3. L’exclusion devient la règle

Ainsi, le phénomène de monopolisation des marchés, encré dans un système qui

exige une croissance constante et infinie mais dans lequel les richesses naturelles sont

limitées, entraîne l’inexorable exclusion d’une majorité. Le processus d’exclusion devient

nécessaire au bon fonctionnement de ce système. Les riches deviennent de plus en plus

riches et les pauvres de plus en plus pauvres, donc ayant de moins en moins de chances de

s’intégrer dans le système économique. Aux États-Unis, le centième le plus riche gagnait 7%

du revenu total en 1970 contre 25% aujourd’hui.

Dans le domaine de la finance, on assiste à l’émergence d’institutions mondiales à

dimension systémique avec les 30 plus grandes banques qui constituent le noyau

oligopolistique du système financier mondial. En 2009, le total des bilans des 10 plus grandes

banques mondiales était sensiblement égal à l’endettement public mondial, soit 35 trillions

de dollars. La faillite d’une d’entre elle pourrait mettre en échec ce système (Goldman Sachs

par exemple). La substitution des instances professionnelles de contrôle à l’État donne

encore plus de pouvoir à ces institutions qui deviennent aussi puissantes et influentes sur la

scène politique internationale que des États à part entière.

4. Tricheries et abus de pouvoir

Dans son ouvrage Le talon d’Achille du capitalisme. L’argent sale, comment

renouveler le système d’économie de marché. Raymond W. Baker, directeur de l’ONG

américaine Global Financial Integrity qui œuvre pour la lutte contre les mouvements

transfrontaliers de capitaux illicites, pointe du doigt les nombreux « écarts » de conduite des

différents acteurs du système mondialisé actuel : corruption à grande échelle impliquant des

gouvernements (Abacha au Nigéria, Suharto en Indonésie), trafic d’êtres humains (Afrique

de l’Est et Europe de l’Est) et de substances illicites (Amérique latine), etc.

L’auteur présente deux causes à la croissance précipité du crime international : la

collaboration transfrontalière des syndicats criminels d’une part, et la facilité du blanchiment

d’argent d’autre part. La saisie d’un laboratoire de fabrication de cocaïne, aussi important

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soit-il, ne fera nullement reculer la production de drogue qui sera déplacée vers un autre

site. Par contre, si on enlève à une organisation criminelle la possibilité de réinjecter de

l’argent sale dans le système économique, elle sera paralysée : « endiguer les flux

monétaires illicite, voilà la clef qui permettra d’abolir ce fléau global [crime transnational] ».

S’attaquer aux techniques de blanchiment d’argent devient alors primordial, mais

c’est aussi la plus grande difficulté. En effet, outre la corruption, ce sont les paradis fiscaux

qui vont permettre aux organisations terroristes, aux gangs mafieux et aux grands martels de

la drogue de stocker en toute sécurité et en toute discrétion leurs butins. Or, ces paradis

fiscaux sont très utiles et très utilisés par les grandes puissances politiques, économiques et

financières de ce monde : les multinationales, les grandes institutions financières et les États

les plus riches (Delaware aux États-Unis, Monaco en France, Hong Kong en Chine, îles

Vierges Britanniques et Londres pour l’Angleterre, Suisse, Luxembourg). Comme ces entités

sont les seules capables de changer la donne en limitant les capacités d’action de ces places

financières apatrides, personne ne bouge, et rien ne change.

Les crises économiques de ces dernières années ont été causées par des institutions

internationales bien connues du grand public, mais qui malgré tout, gardent leur impunité

face aux pouvoir publics impuissants. Il en résulte une crise de confiance entre tous les

acteurs de la société, notamment entre les citoyens et leurs gouvernements, qui se traduit

par une montée des extrémismes politiques et religieux. Voici deux exemples pour illustrer

ce schéma extrêmement malsain pour notre économie et notre société.

Premier exemple : le cas de l’évasion fiscale et des crises de la dette des États. La

fraude fiscale en Europe est deux fois supérieure à la dette de tous les États de la zone euro2.

Jean-Claude Junker, aujourd’hui président de la commission européenne, préconise aux pays

européen d’avoir un budget « en équilibre » alors qu’il a participé pendant 30 ans au

Luxembourg, d’abord en tant que ministre des finances puis comme premier ministre, à une

évasion fiscale de grande échelle, permettant à 340 multinationales de blanchir près de

2.400 milliards d’euros. Comment imposer des politiques d’austérité et des coupes

budgétaires de tous bords aux citoyens européens alors que les plus riches entreprises

volent l’argent des États en toute impunité ?

Deuxième exemple : le cas de la plus grande banque d’investissement au monde,

Goldman Sachs. Véritable empire, cette banque d’investissement possède 700 milliards

d’euros d’actifs, soit deux fois le budget de la France et elle figure aujourd’hui comme

l’incarnation de la finance moderne, prête à spéculer sur tout, de la monté du cours des

matières premières jusqu’à l’effondrement de l’économie d’un État. Mais son véritable

pouvoir réside dans l’immense réseau d’influence qu’elle a tissé au fil des années. Ainsi, des

anciens de Goldman Sachs sont aujourd’hui répartis à travers toutes les institutions

politiques et financières mondiales : SEC, Banque Mondiale, FMI, Banque centrale du

Canada, Banque Centrale Européenne, etc. Dans ce contexte, difficile à croire qu’aucun

conflit d’intérêt n’existe dans les prises de décision de ces personnalités de haut rang.

2 http://emmanuelmaurel.eu/en-europe-coupes-budgetaires-et-lutte-contre-levasion-fiscale-ne-font-pas-bon-

menage/

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Goldman Sachs est pointée du doigt comme principale responsable des crises

financières de 2007 à 2011, crise des subprimes aux États-Unis et crise de la dette Grecque à

travers la création de produits dérivés financiers. La banque vend ces produits toxiques en

en pleine connaissance de cause et spécule en même temps contre ses clients. Baptisée « le

casse du siècle » par la banque, l’année de la crise des Subprimes lui rapportera 13 milliards

d’euros de bénéfices.

B. Épuisement des ressources naturelles

Les deux périodes de forte croissance décrites dans la première partie de ce devoir,

révolution industrielle à la fin du 19ième et révolution consumériste à l’après-guerre, ont été

alimentées par la mise à disposition à grande échelle des ressources énergétiques fossiles :

le charbon et le pétrole. Plus qu’un système capitaliste de plus en plus libéralisé, la

croissance économique et les progrès technologiques du siècle dernier ont leurs racines

dans l’utilisation généralisée et effrénée des ressources limitées de la planète.

La pression imposée par la société peut se décliner à deux niveaux. Premièrement au

niveau national : les politiciens de tous bords préconisent la croissance économique comme

seule solution à tous les problèmes de société. Deuxièmement, au sein des entreprises où

l’augmentation des dividendes versés aux actionnaires est indispensable pour la crédibilité

et la survie des activités.

Volonté de satisfaire ses actionnaires ou simple soif d’argent, les

multinationales abandonnent alors toute morale dans la gestion de leurs activités et leurs

prises de décision. Nestlé, une des premières multinationale mondiale, pompe des millions

de litres d’eau par jour aux portes d’un village africain qui n’a pas d’eau courante potable et

où les villageois sont forcés de marcher plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau saine. Les

conditions de travail de la main d’œuvre textile sont catastrophiques. La déforestation, la

pollution des eaux et des sols, l’assèchement des lacs et la surpêche deviennent le quotidien

de nombreuses firmes multinationales qui s’enrichisse au détriment de la population locale,

de l’environnement ou des deux en même temps.

Dans son ouvrage La croissance et le progrès, Christian Coméliau fait un état des lieux

et donne quelques chiffres sur l’évolution de l’environnement entre 1995 et 2000 : pour une

population mondiale qui a doublé, l’activité économique a été multipliée par 7, la demande

de céréales par 3, l’utilisation de l’eau par 3, l’utilisation des combustibles fossiles par 4, les

prises en pêche par 5 et les hectares de forêts mondiales sont passé de 5 à moins de 3

milliards. Dès les années 90, les institutions internationales comme l’ONU, le G8 ou le G20

promettent de remédier au problème incontestable de la surconsommation des ressources

naturelles (un des objectifs du millénaire pour le développement adoptés en 2000).

Cependant, il semble impossible de réduire nos consommations en restant dans le schéma

économique et sociétal actuel qui veut créer toujours plus de valeur quel qu’en soit les

dommages collatéraux.

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C. Croissance et Produit Intérieur Brut

Après l’effondrement des systèmes communistes avec l’éclatement de l’URSS, le

système capitaliste et l’économie libérale de marché ce sont imposés en maître autour du

globe. Les idéologies de ce système libéral sont relayées par les grandes institutions

internationales (IMF, Banque Mondiale, OMC) qui prônent la privatisation, la libéralisation et

la dérèglementation des marchés comme les clés de la relance économique. Le calcul du bon

développement d’un pays par son PIB reflète bien l’état d’esprit du système économique et

financier actuel : ce qui compte c’est la quantité de biens produits par un pays, en bref, tout

ce qui donne lieu à un flux monétaire. Or, de nombreuses activités, associatives notamment,

produisent de la valeur pour la société (augmentation du bien-être, de la santé et de

l’éducation des individus), mais ne donnent lieu à aucun échange monétaire. Non seulement

ces activités ne sont pas reconnues officiellement comme créatrices de valeur, puisqu’elles

ne rentrent pas dans le calcul du PIB, mais surtout, elles ne sont pas encouragées (ou trop

peu) par les pouvoirs publics. Difficile de faire carrière dans un organisme comme l’ADIE3 en

France qui crée 200 emplois chaque semaine4 en 2014, de la même manière que dans une

grande banque. Pourtant, ce sont bien les banques qui participent en masse à la mise à

disposition de montages de circuits financiers permettant une évasion fiscale qui fait perdre

60 milliards de recettes fiscales chaque année à la France. Et ce sont ces mêmes banques qui

reçoivent en 2008, suite à la crise des subprimes, 10 milliards d’euro d’argent public pour

être « en mesure de relancer correctement l’économie », selon Christine Lagarde,

maintenant à la tête du FMI.

Si l’on reste sur le cas de la France, 1,3 million d’associations sont recensées par le

CNRS5 en 2012 soit 16 millions de bénévoles (32% des français). Autre chiffre intéressant :

36% des 16 millions de bénévoles ont plus de 65 ans. Rapporté au nombre de personnes

âgées de plus de 65 ans en France, on obtient pas loin de 50% d’engagement de cette

tranche d’âge dans le milieu associatif. En parallèle, en temps de crise et pour « relancer

l’économie », les politiciens veulent repousser l’âge de départ à la retraite.

Aujourd’hui, il est clair que la notion de croissance économique est loin d’être en lien

avec une véritable amélioration du bien-être des citoyens et de l’organisation de la société

qui devient de plus en plus individualiste. Ce qui compte, comme nous l’avons vu, c’est la

création d’argent, de flux monétaire, plutôt que la création de valeurs utiles à la société

(diminution du chômage, amélioration de l’accès aux soins et à l’éducation, protection de

l’environnement,…).

Cette dynamique de société est donc nocive au bien-être des individus sur lesquels

pèse une pression toujours plus grande, puisqu’ils ne produiront jamais assez vite pour

toujours moins d’argent. « Le temps c’est de l’argent ! ». Les exigences en termes de rythme

de vie sont devenues critiques pour la santé des travailleurs. Le stress au travail devient une

réalité de tous les jours pour de plus en plus de personnes. Il faut être toujours plus efficace,

3 Association pour le Droit à l’Initiative Économique

4 Rapport annuel 2014 : http://www.adie.org/sites/default/files/links/rap_an_adie_2014_web.pdf

5 https://www.associatheque.fr/fr/fichiers/divers/reperes_asso-paris_CPCA.pdf

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disponible 24h/24 et 7jrs/7, la norme est de travailler officiellement 40h par semaine mais

d’en faire en réalité 60, voire 70. Selon une étude TNS Sofres, 75% des collaborateurs en

entreprise s’avèrent être stressés en 2007.

III. Prises de conscience et initiatives citoyennes

A. Bonheur Intérieur Brut6

Face aux constats établis dans les deux premières parties de ce travail, il n’existe

jusqu’à aujourd’hui qu’un seul État qui ait su proposer une véritable alternative à la pensée

unique de la croissance économique « sacrée », calculée par le PIB et n’incluant en aucun cas

la protection de l’environnement et le développement du bien-être des individus. Ce pays

est le Bhoutan et son nouveau mode de pensée est incarné par un nouvel outil de mesure

pour le développement du pays introduit par le roi en 1979 : le Bonheur National Brut (BNB).

Considéré par beaucoup comme une utopie, ce nouveau concept amène à réfléchir

et rappel les principaux problèmes soulevés dans les premières parties de ce devoir. Marie-

Monique Robin, auteur et journaliste à ARTE raconte après la réalisation du tournage d’un

documentaire sur le Bhoutan : « le Bhoutan, c’est un effort sincère de penser autrement ».

En effet, le BNB est basé sur quatre piliers : la conservation de la nature, la promotion de la

culture, le développement d’une économie soutenable et la bonne gouvernance.

Pour mettre cela en place, plusieurs mesures ont vu le jour : aucune publicité n’est

acceptée au nom de la protection de l’environnement, 60% du territoire national doit être

recouvert de forêt et les touristes sont taxés 250$ par jour pour financer un système où

l’éducation et la santé sont gratuites pour tous. Des écoles ont vu le jour, proposant un

programme éducatif partagé en deux phases : les matières académiques et l’apprentissage

des life skills, compétences liées à la vie quotidienne comme le jardinage et le recyclage des

déchets.

Si le Bhoutan a pris très tôt le tournant vers une société plus responsable et

respectueuse de l’environnement, le Népal, 4ème pays le plus vulnérable au réchauffement

climatique du à sa situation géographique, a pris le pari de réduire ses émissions de gaz à

effet de serre, développement 0 Carbon, et de consommer de l’énergie 100% renouvelable.

Pour cela, l’État a mis en place un large réseau d’alternatives énergétique comme la (micro)-

hydroélectricité, les biogaz et l’énergie solaire. Aujourd’hui, le Népal ne rejette quasiment

aucun gaz à effet de serre et les 4.000 habitants du village de Kandebash sont totalement

indépendant du point de vue énergétique grâce à la micro hydroélectricité et aux biogaz.

6 http://info.arte.tv/fr/bhoutan-au-pays-du-bonheur-national-brut

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B. Plus de bon sens pour moins de profits

La prise de conscience de la nécessité d’adopter un changement radical de notre

mode de consommation et de rythme de vie se fait de plus en plus ressentir, probablement

suite aux nombreux scandales financiers qui ont entraînés les crises économiques des

dernières décennies. Aux États-Unis, il existe même un nom pour les personnes qui changent

radicalement de style de vie et d’orientation professionnelle : les carrier shifter. Ces

personnes ont fait de longues études et exercés des métiers à haut revenu avant de se

reconvertir de manière radicale.

Plusieurs carrier shifter de Toronto ont lancé en 2011 une coopérative d’agriculture

urbaine appelée Fresh City Farm. Le principe étant de réduire l’empreinte écologique des

aliments qu’ils consomment en les cultivant eux-mêmes sur les toits et dans les terrains

verts inutilisés de la ville. Ils évitent ainsi au consommateur de manger une carotte qui a

parcouru 4.000 km avant d’arriver dans son assiette. Car c’est bien le véritable prix que

coûte nos aliments aujourd’hui, comme le précise le scientifique Richard Heinberg de

l’institut américain Post Carbon et auteur de l’ouvrage La fin de la croissance : « pour chaque

calorie alimentaire produite par le système agricole conventionnel, il faut utiliser 7 calories

d’énergie fossile ». À Toronto, une étude montre que l’agriculture urbaine pourrait subvenir

à 30% des besoins de la ville en ce qui concerne les fruits, légumes et volailles, alors même

que l’autonomie alimentaire de la ville est estimée à trois jours.

En Allemagne, des économistes de la ville de Traunstein ont imaginé un nouveau type

de consommateur dans une société « post-croissance » : le Prosument (le pro-sommateur).

Le pro-sommateur est un consommateur responsable, qui ne produit quasiment aucun

déchet et ne travaille que 20h par semaine. Il consacre le reste de son temps à :

1- La production personnelle de ce qu’il consomme : cultiver son jardin, fabriquer

ses meubles et entretenir sa maison ;

2- L’utilisation partagée de biens avec son voisinage ou sa communauté : voiture,

perceuse, … ;

3- La réparation des biens qu’il utilise plutôt que de les jeter.

L’objectif de l’opération est de ralentir l’industrie sans avoir à renoncer à ses performances.

C. Le retour à l’économie locale

L’avènement d’une finance toute puissante propulsée par les déréglementations et la

libéralisation du secteur financier à partir des années 80 a entraîné un éloignement

progressif du monde de la finance et de l’économie réelle.

Pour renouer avec l’économie locale, des initiatives sont prises dans de nombreuses

régions du monde, redonnant à la finance et à l’argent son utilité première.

Les 30.000 habitants du quartier brésilien Conjunto Palmeiras créent en 1998 la

banque communautaire PALMAS permettant à la population locale de produire et de

consommer au sein de la communauté pour la développer. La banque appartient à la

communauté et sa gestion collective donne aux habitants un accès aux services bancaires,

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alors que 40% des brésiliens sont trop pauvres pour pouvoir en bénéficier. La banque émet

sa propre monnaie : 1 palmas = 1 real et des solutions de financement à travers des

microcrédits sont proposées. L’utilisation de la monnaie locale est limitée au quartier. De

cette façon, chaque palmas génère en moyenne 5 achats avant d’être de nouveau échangé

et 15 ans après le début de l’expérience 93% des habitants achètent dans le quartier au lieu

d’acheter à l’extérieur, contre seulement 20% lors de l’ouverture de la banque. La banque

Palmas a reçu le prix des objectifs du millénaire pour le développement en 2008.

D’autres monnaies locales voient le jour dans tous les pays : Chiemgauer à Traunstein

en Allemagne, l’Épi dans la lorraine Belge, le Sol-Violette à Toulouse en France. Outre les

bienfaits pour l’économie locale, beaucoup d’utilisateurs apprécient le fait que la monnaie

soit perçue comme un moyen d’échange plutôt qu’un moyen de gagner de l’argent. Ces

monnaies locales sont souvent des monnaies appelées « fondante », c’est-à-dire que leur

valeur se déprécie avec le temps, encourageant ainsi son utilisation et empêchant toute

spéculation.

La microfinance, originaire des pays en développement, fait son entrée dans les pays

développés depuis plusieurs années. Les besoins auxquels elle répond dans les pays riches

prouvent que les banques traditionnelles ne peuvent plus répondre aux besoins de

l’économie réelle. Les exclus bancaires, de plus en plus nombreux, n’ont pas accès aux

banques car celles-ci n’ont pas le temps de s’en occuper. Financer un petit entrepreneur qui

a besoin de 2.000€ pour une nouvelle machine donne trop de travail à la banque, pour pas

assez de profit. Pourquoi passer 4h à monter un dossier pour un prêt de 2000€ et prendre

une marge de 200€ quand on peut passer le même temps à accorder un prêt à 20.000€ pour

une marge de 2.000€ ? Le microcrédit professionnel accompagné, proposé par des

institutions de microfinance, comme l’ADIE en France et en microStart en Belgique, vient

combler ce besoin et proposer aux entrepreneurs et indépendants exclus du système

bancaire, en plus d’une aide financière, de l’accompagnent personnalisé considérant ainsi

l’individu et son projet en tant que tel.

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Conclusion

Dans son ouvrage The world is flat, Thomas Friedman découpe le processus de

mondialisation à travers l’histoire en trois phases : la mondialisation des États à partir de

1492 avec la découverte de l’Amérique, la mondialisation des entreprises à partir de 1800

avec la naissance des premières multinationales et la mondialisation des individus dès la fin

du 20ème siècle avec l’explosion des nouvelles technologies de communication connectant les

individus du monde entier.

Au cours de ces siècles d’évolution de nos société, l’objectif premier est

toujours resté le même : l’augmentation de la productivité pour produire et gagner

plus, plus vite. Tout au long du XXème siècle, ce mode de fonctionnement a clairement

provoqué deux phénomènes. D’abord une exclusion croissante d’une majorité

d’individu dans le partage de la richesse créée par ce système, au profit d’une

minorité. Ensuite la surexploitation généralisée des ressources naturelles, en partie

des sources d’énergie fossile.

Les alternatives mises en avant dans la dernière partie de ce travail montrent

que plusieurs solutions sont possibles pour remédier à notre mode de consommation

actuel, qui produit plus de déchets qu’il ne sait en absorber et qui ne produit plus qu’il

ne peut consommer. Un changement de mode de vie s’impose et semble pouvoir

s’amorcer à un niveau local. Chaque communauté est la plus à même de juger de ses

besoins, d’une part, et de la meilleure façon d’y subvenir, d’autre part.

Dans tous les cas, quelque soient les solutions apportées, le respect de

l’environnement, c’est-à-dire l’établissement d’un circuit de consommation qui ne

rejette aucun déchet, reste la condition ultime pour une activité humaine durable sur

cette planète.

Si les initiatives seront vraisemblablement amorcées par la majorité exclue ou

en cours d’exclusion, le seul espoir de vivre un véritable changement systémique

réside entre les mains des politiques qui se doivent d’être à l’écoute et d’agir dans

l’intérêt de la majorité – en l’occurrence, dans leur intérêt aussi car il s’agit entre

autre de la sauvegarde de la planète sur laquelle ils vivent.

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Bibliographie

Ouvrages :

- FRIEDMAN, Thomas. The world is flat. Saint-Simon, 2005.

- COMELIAU, Christian. La croissance ou le progrès ? Croissance, décroissance et développement durable. Seuil, 2006.

- MORIN, François. Un monde sans Wall Street. Seuil, 2011.

- ZUCMAN, Gabriel. La richesse cachée des nations. Le Seuil, 2013.

- W. BAKER, Raymond. L’argent sale et comment renouveler le système d’économie de marché. alTerre, 2007.

Articles :

- CHAVAGNEUX, Christian. Les multinationales vont-elles enfin payer leur juste part d’impôt ? Alternatives économiques n°346, mai 2015. http://www.alternatives-economiques.fr/les-multinationales-vont-elles-enfi_fr_art_1361_72397.html

- GOMES, Pierre-Yves. La gueule de bois des marchés financiers. Alternatives économiques n°304, novembre 2014. http://www.alternatives-economiques.fr/la-gueule-de-bois-des-marches-finan_fr_art_1327_70124.html

Documentaires :

- ROBIN, Mari-Monique. Sacrée croissance ! 2014, ARTE.

- BOREL, Philippe. L’urgence de ralentir. 2014, ARTE.

- FRITEL, Jérôme et ROCHE, Marc. Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde. 2012, ARTE.