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72 Fossiles, hors-série III L e genre Campanile BAYLE in FISCHER 1884 (espèce-type : Cerithium leve QUOY & GAIMARD 1834 [ non PERRY 1811] par désignation subséquente – Crosse, 1888) [= Cerithium symbolicum IREDALE 1917] est actuellement un genre endémique représenté par une seule espèce connue, C. symbolicum IREDALE 1917, vivant en milieu infralittoral, sur des fonds sablonneux couverts d’algues dans les eaux peu profondes des côtes du Sud-Ouest de l’Australie. L’espèce vit en population importante par 1 à 4 m de fond et peut être partiellement ensablée près des rochers (Houbrick, 1981, 1984). Au Paléogène, le genre était très répandu (Matsubara, 2009) et il présentait une distribution importante dès le Paléocène avec des espèces telles que Campanile hebertianum ( D’ORBIGNY 1850), C. uniplicatum ( D’ORBIGNY 1850), C. maximum (BINKHORST 1861) au Danien du bassin de Paris (Pacaud et al., 2000 ; Pacaud & Merle, 2002). A l’Eocène, plusieurs espèces sont signalées en Europe, en Asie (incluant le Japon), en Afrique et en Amérique, y compris les Caraïbes (Cossmann, 1889, 1906, 1913 ; Wrigley, 1940 ; Beets, 1941 ; Jung, 1987 ; Noda & Tanaka, 1996). La distribution post- Eocène des Campanile diminue rapidement ; le genre est connu au Miocène en Asie du Sud-Est, en Nouvelle-Zélande (Wakefield, 1976), en Australie (Darragh, 2002) et signalé au Pliocène aux Antilles (Crocus Bay, Anguilla) et en Australie (Cooke, 1919 ; Woodring, 1970 ; Ludbrook, 1971). En Europe C. charpentieri ( DE B ASTEROT 1825) semble limitée à l’Oligocène inférieur et C. pseudoobeliscus (GRATELOUP 1832) ne dépasse pas le Miocène inférieur et représente le dernier Campanile connu du Cénozoïque en Europe. Lamarck en 1822 a donné comme “ l’analogue vivant ” de l’espèce fossile Campanile giganteum une coquille qui aurait été recueillie sur les côtes de la “Nouvelle-Hollande” [= Australie]. Avant d’aborder la discussion sur ce sujet, nous allons donner quelques précisions sur cette espèce emblématique du Lutétien (Eocène moyen) du bassin de Paris. Les premières observations et figurations de l’espèce Campanile giganteum, la grande espèce fossile du Lutétien (Eocène moyen) du bassin de Paris, a été observée très tôt ; nous en donnons ici quelques exemples marquants, publiés avant sa description en 1804 : Dans son “Discours admirable, de la nature des eaux et fontaines” (1580 : 224-225 ; 1636 : 303-304), Bernard Palissy, figure notable de la Renaissance française, céramiste et savant aux multiples talents, écrit : « […] il me fut dit que au pays de Valois, près d’un lieu nommé Venteul, il y avoit grande quantité A Cerithium giganteum (LAMARCK 1804) (Mollusca, Gastropoda) caught off the coast of Australia; a fraud of the 19 th century. - Abstract: The handwritten Lamarck’s note of January 7, 1811 explains how the distinguished zoologist could laugh at himself: he had simply taken for granted that he had received information of an English sailor at Dunkirk in December 1810. According to this sailor, the shell of Cerithium giganteum had arrived alive on board thanks to brand new drill, specially aimed at collecting objects from the bottom of the sea. The sailor himself was operating this drill from the prow of his boat while sailing near the madrepore reefs of ‘New Holland’ (today Australia). Lamarck could bargain and with great satisfaction, as he wrote in his note, paid less requested at first. Ten years later, in 1822, when he published the 7 th volume of his work ‘Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres’, Lamarck still persisted in the inconceivable mistake of considering the fossil and the living shell, forms of the same species. He even added that “this shows without any doubt that the climate of the Earth has undergone some major changes”. Right conclusion, but based on a fraud. Keywords: Gastropoda, Campaniloidea, Campanile giganteum, Palaeogene, Lutetian, Paris Basin, France, Australia, fraud. de coquilles pétrifiées […] auquel je trouvay grand nombre de diverses espèces de coquilles de poissons [Bivalves et Gastropodes], semblables a celles de la mer Oceane et autres. Car parmi icelles coquilles s’en trouve de pourpres, de bucines de diverses grandeurs, bien souvent d’aussi longues que les jambes d’un homme » ; ces coquilles de grande taille, provenant de “Venteul” [= Venteuil (Marne), localité située à 2 km à l’ouest de Damery, gisement classique à Campanile] correspondent sans aucun doute au Campanile giganteum. Le département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France détient un manuscrit inédit du début du 17 e siècle intitulé “Discours sur les coquilles de mer qu’on trouve en terre ferme, particulièrement en Champagne (cf. Godard, 2005). Dans ce manuscrit traitant des coquilles fossiles des environs de Nogent-Sermiers, qu’un auteur demeuré anonyme rédigea vers 1630 pour l’humaniste provençal Claude-Nicolas, l’auteur nous apprend qu’il a récolté des coquilles dans une sablière, située au milieu des vignes de la “coste de Rheims” : « Ce sont certaines coquilles faittes de la mesme façon que celles de mer, que l’on y rencontre parmy le sable en si grande abondance » [l’une des espèces] « de la longueur & la grosseur du bras d’un homme » correspond au Campanile giganteum. Commandé par Louis XIV avec l’ensemble des autres bassins, le bassin de Saturne, situé dans la partie sud du Parc de Versailles, appartient à l’ensemble des bassins des Saisons et symbolise l’hiver. Construit entre 1672 et 1677 par François Girardon, il trône au centre d’un bassin rond, entouré de petits amours, sur une île parsemée de coquillages, dont l’un représente très certainement un Campanile giganteum que le sculpteur a probablement vu et reproduit de mémoire (fig. 1). Dans le catalogue de fossiles de la collection Woodward publié en 1728 (“Addition to the catalogue”, p. 3), on trouve la mention : « Cochleae. Clavicula protuctiori. A very large Cochlea. Found near Paris. Dr. Jussieu » correspondant très certainement au Campanile giganteum. Jean-Étienne Guettard, auteur d’une des premières véritables cartes géologiques de la France, discute de cette espèce en 1754 (p. 450) dans son “Mémoire où l’on examine en général le terrein, les pierres et les differens fossiles de la Champagne” et en 1756 (p. 175, note a) dans sa “Minéralogie de la Champagne et des environs”. Il écrit : « Fleury-la-Rivière Un Campanile giganteum (LAMARCK 1804) (Mollusca, Gastropoda) pêché au large des côtes australiennes ; une supercherie du 19 e siècle Jean-Michel PACAUD (1) (1) Muséum national d’Histoire naturelle, Département Histoire de la Terre, UMR 7207 du CNRS, Centre de recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements, CP 38, 57, rue Cuvier, F-75005 Paris (France) – [email protected] Pl. 1 - Quelques figurations anciennes de Campanile giganteum (LAMARCK 1804). A : in Schröter (1784) ; B : in Walch (1768) ; C : in Lamarck (1823) ; D-E : in Chenu (1842), première figuration du spécimen considéré comme “l’analogue vivant” du Campanile giganteum ; illustration largement reprise par de nombreux auteurs.

Un Campanile giganteum (Lamarck, 1804) pêché au large des côtes australiennes ; une supercherie du 19e. In : Les coquillages de l'Éocène du Bassin parisien, un trésor inestimable

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72Fossiles, hors-série III

Le genre Campanile BAYLE in FISCHER 1884 (espèce-type :Cerithium leve QUOY & GAIMARD 1834 [non PERRY1811] par désignation subséquente – Crosse, 1888)

[= Cerithium symbolicum IREDALE 1917] est actuellement ungenre endémique représenté par une seule espèce connue, C.symbolicum IREDALE 1917, vivant en milieu infralittoral, surdes fonds sablonneux couverts d’algues dans les eaux peuprofondes des côtes du Sud-Ouest de l’Australie. L’espèce viten population importante par 1 à 4 m de fond et peut êtrepartiellement ensablée près des rochers (Houbrick, 1981,1984). Au Paléogène, le genre était très répandu (Matsubara,2009) et il présentait une distribution importante dès lePaléocène avec des espèces telles que Campanile hebertianum(D’ORBIGNY 1850), C. uniplicatum (D’ORBIGNY 1850), C. maximum (BINKHORST 1861) au Danien du bassin de Paris(Pacaud et al., 2000  ; Pacaud & Merle, 2002). A l’Eocène,plusieurs espèces sont signalées en Europe, en Asie (incluant leJapon), en Afrique et en Amérique, y compris les Caraïbes(Cossmann, 1889, 1906, 1913 ; Wrigley, 1940 ; Beets, 1941  ;Jung, 1987  ; Noda & Tanaka, 1996). La distribution post-Eocène des Campanile diminue rapidement  ; le genre estconnu au Miocène en Asie du Sud-Est, en Nouvelle-Zélande(Wakefield, 1976), en Australie  (Darragh, 2002) et signalé auPliocène aux Antilles (Crocus Bay, Anguilla) et en Australie(Cooke, 1919 ; Woodring, 1970 ; Ludbrook, 1971). En EuropeC. charpentieri (DE BASTEROT 1825) semble limitée àl’Oligocène inférieur et C. pseudoobeliscus (GRATELOUP 1832)ne dépasse pas le Miocène inférieur et représente le dernierCampanile connu du Cénozoïque en Europe. Lamarck en 1822a donné comme “l’analogue vivant” de l’espèce fossileCampanile giganteum une coquille qui aurait été recueillie surles côtes de la “Nouvelle-Hollande” [= Australie]. Avantd’aborder la discussion sur ce sujet, nous allons donnerquelques précisions sur cette espèce emblématique du Lutétien(Eocène moyen) du bassin de Paris.

Les premières observations et figurations de l’espèce

Campanile giganteum, la grande espèce fossile du Lutétien(Eocène moyen) du bassin de Paris, a été observée très tôt  ;nous en donnons ici quelques exemples marquants, publiésavant sa description en 1804 :● Dans son “Discours admirable, de la nature des eaux et

fontaines” (1580 : 224-225 ; 1636 : 303-304), Bernard Palissy,figure notable de la Renaissance française, céramiste et savantaux multiples talents, écrit : « […] il me fut dit que au pays deValois, près d’un lieu nommé Venteul, il y avoit grande quantité

A Cerithium giganteum (LAMARCK 1804) (Mollusca, Gastropoda) caught off the coast of Australia; a fraud of the 19th century. - Abstract: Thehandwritten Lamarck’s note of January 7, 1811 explains how the distinguished zoologist could laugh at himself: he had simply taken for granted that he hadreceived information of an English sailor at Dunkirk in December 1810. According to this sailor, the shell of Cerithium giganteum had arrived alive onboard thanks to brand new drill, specially aimed at collecting objects from the bottom of the sea. The sailor himself was operating this drill from the prow ofhis boat while sailing near the madrepore reefs of ‘New Holland’ (today Australia). Lamarck could bargain and with great satisfaction, as he wrote in hisnote, paid less requested at first. Ten years later, in 1822, when he published the 7th volume of his work ‘Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres’,Lamarck still persisted in the inconceivable mistake of considering the fossil and the living shell, forms of the same species. He even added that “this showswithout any doubt that the climate of the Earth has undergone some major changes”. Right conclusion, but based on a fraud.

Keywords: Gastropoda, Campaniloidea, Campanile giganteum, Palaeogene, Lutetian, Paris Basin, France, Australia, fraud.

de coquilles pétrifiées […] auquel je trouvay grand nombre dediverses espèces de coquilles de poissons [Bivalves etGastropodes], semblables a celles de la mer Oceane et autres.Car parmi icelles coquilles s’en trouve de pourpres, de bucinesde diverses grandeurs, bien souvent d’aussi longues que lesjambes d’un homme »  ; ces coquilles de grande taille,provenant de “Venteul” [= Venteuil (Marne), localité située à 2 km à l’ouest de Damery, gisement classique à Campanile]correspondent sans aucun doute au Campanile giganteum. ● Le département des manuscrits de la Bibliothèque

nationale de France détient un manuscrit inédit du début du 17e siècle intitulé “Discours sur les coquilles de mer qu’ontrouve en terre ferme, particulièrement en Champagne” (cf. Godard, 2005). Dans ce manuscrit traitant des coquillesfossiles des environs de Nogent-Sermiers, qu’un auteurdemeuré anonyme rédigea vers 1630 pour l’humanisteprovençal Claude-Nicolas, l’auteur nous apprend qu’il a récoltédes coquilles dans une sablière, située au milieu des vignes dela “coste de Rheims” : « Ce sont certaines coquilles faittes dela mesme façon que celles de mer, que l’on y rencontre parmyle sable en si grande abondance » [l’une des espèces] « de lalongueur & la grosseur du bras d’un homme » correspond auCampanile giganteum. ● Commandé par Louis XIV avec l’ensemble des autres

bassins, le bassin de Saturne, situé dans la partie sud du Parc deVersailles, appartient à l’ensemble des bassins des Saisonset symbolise l’hiver. Construit entre 1672 et 1677 par FrançoisGirardon, il trône au centre d’un bassin rond, entouré de petitsamours, sur une île parsemée de coquillages, dont l’unreprésente très certainement un Campanile giganteum que lesculpteur a probablement vu et reproduit de mémoire (fig. 1). ● Dans le catalogue de fossiles de la collection Woodward

publié en 1728 (“Addition to the catalogue”, p. 3), on trouve lamention  : « Cochleae. Clavicula protuctiori. A very largeCochlea. Found near Paris. Dr. Jussieu » correspondant trèscertainement au Campanile giganteum. ● Jean-Étienne Guettard, auteur d’une des premières

véritables cartes géologiques de la France, discute de cetteespèce en 1754 (p. 450) dans son “Mémoire où l’on examine engénéral le terrein, les pierres et les differens fossiles de laChampagne” et en 1756 (p. 175, note a) dans sa “Minéralogiede la Champagne et des environs”. Il écrit : « Fleury-la-Rivière

Un Campanile giganteum (LAMARCK 1804) (Mollusca, Gastropoda) pêché au large des côtesaustraliennes ; une supercherie du 19e siècle

Jean-Michel PACAUD (1)

(1) Muséum national d’Histoire naturelle, Département Histoire de la Terre, UMR 7207 du CNRS, Centre de recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements, CP 38, 57, rue Cuvier, F-75005 Paris (France) – [email protected]

Pl. 1 - Quelques figurations anciennes de Campanile giganteum(LAMARCK 1804). A : in Schröter (1784) ; B : in Walch (1768) ; C : in

Lamarck (1823) ; D-E : in Chenu (1842), première figuration du spécimen considéré comme “l’analogue vivant” du Campanile

giganteum ; illustration largement reprise par de nombreux auteurs.

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[…] fournit principalement de grandes vis qui y sont mieuxconservées qu’à Courtagnon ». Le même auteur en 1765a (p. 356, pl. 1, fig. 1) et 1765b  (p. 418, pl. 1, fig. 1) dans ses“Accidens des coquilles fossiles”, figure l’espèce sous le nomvernaculaire de Vis ou de Grande vis ; il écrit (1765b, p. 406):«  […] tirée des montagnes de Courtagnon […] cette Vis […]peut avoir, lorsqu’elle est parfaite, plus d’un demi-pied ». ● Antoine Laurent de Lavoisier, chimiste, philosophe et

économiste français, écrit dans son “Journal d’observationsminéralogiques faites dans la Brie en octobre et novembre1766”, un manuscrit inédit publié seulement en 1892 (p. 132) :« De là à la vallée de Montmirail […] près Tigecourt, on trouveune coupe […]. Les principales espèces de coquilles qu’onobserve dans le tuf coquillier sont les suivantes ; la grandevis, les moyennes, les petites de différentes espèces […] ». ● Pedro Francisco Dávila en 1767 (p. 120) dans son

“Catalogue systématique et raisonné de la Nature et de l’Art”écrit  : « Deux très-grandes Turbinites, fossiles, tuberculeusesdans le haut de chaque orbe ; dont une de Courtagnon, deseize pouces de long [= 43 cm][1], & une de Chaumont, un peumoins grande ». Cette description « tuberculeuses dans le hautde chaque orbe [de chaque tour]  » est à mettre en parallèleavec celle de Lamarck qui écrira 37 ans plus tard : « vingt toursde spire, garnis chacun près de leur bord supérieur, d’unerangée de gros tubercules ». ● En 1768 (p. 112-113, pl. CVII, fig. 1), Jean Ernest

Emanuel Walch en donne une belle figure en couleur dans son“Recueil des Monumens des Catastrophes que le Globe de laTerre à éssuiées”  ; il écrit de plus  : « Les Strombites […] quiest représentée sous le n° 1 […] est par sa grandeur unmorceau très rare dans le règne des fossiles ». (Pl. 1:B)● En 1775, à l’occasion du sacre de Louis XVI, Antoine

Nicolas Duchesne, fils du prévôt des bâtiments du Roi àVersailles, signale dans la collection de Marie-ChristineLagoille de Courtagnon, l’un des plus célèbres Cabinetsd’histoire naturelle « un très grand nombre de clochers [lescerithes], quelques uns de 10, 12, 15 pouces de longueur[= 27-40 cm][1] » (Jadart, 1902). ● Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville, naturaliste,

collectionneur et historien de l’art, en donne dans sa“Conchyliologie, ou Histoire naturelle des coquilles de mer,d’eau douce, terrestres et fossiles”, œuvre posthume publiéepar Favanne de Montcervelle en 1780, une bonne illustration(pl. 66, fig. O4) qui n’a pas été déterminée par Willmann &Willmann (Carpita et al., 2009) lors de la réédition de cetouvrage, alors que dès 1833 Deshayes l’avait reconnue (fig. 2). ● De Luc en 1780 (p. 262-263, lettre n° 40) dans sa lettre

du 22 Mars 1776 “Adressées à la Reine de la GrandeBretagne” écrit : «  C’est une circonstance aussi bienintéressante à considérer, que celle de la grandeur de certainscoquillages fossiles, comparés aux coquillages vivans qui leursont analogues. Cette disparité étonne dans certaines espèces.[…] Entre les coquillages fossiles de la Champagne, renomméepour la quantité & la variété de ceux qui s’y trouvent, ondistingue particuliérement une Vis d’une grandeur qui excédetout ce que nous connoissons dans ce genre parmi lescoquillages naturels ». ● Pierre Joseph Buc’hoz, en 1782, dans “Les dons

merveilleux et diversement coloriés de la nature figure” (pl. 14,fig. 3) l’espèce fossile avec la légende « Vis fossile degrandeur naturelle, trouvée dans une pierre blanche près deCompiègne ».

● François-Xavier Burtin, en 1784, dans son “Oryctographiede Bruxelles” figure (pl. 16, fig. G) l’espèce sous la forme d’unmoule interne avec la légende « Vis qui mérite par excellence lenom de grande ». Il écrit aussi (p. 106) : « La grande Vis lettreG., pl. XVI, que je crois mériter ce nom par préférence, non-seulement dans sa famille, mais dans toutes les autres aussi ;puise qu’on en trouve de plus de deux pieds de longueur. Celledont je donne la figure a été réduite pour gagner de la place :telle qu’on la voit, elle est tout au-plus de grandeur médiocre enson espèce. On en trouve la coquille assez communément parmiles fossiles de Courtagnon en Champagne, mais il y manquesouvent la tête, & encore plus souvent, le bout de la queue ». ● Johann Samuel Schröter en 1784 dans son “Vollständige

Einleitung in die Kenntniss und Geschichte der Steine undVersteinerungen” en donne une belle figure (pl. 10, fig. 1) avecla légende « Ein fürtreflicher Strombus » [Un Strombusexquis]. (Pl. 1:A)

“Very large Cochlea”, Vis fossile, Grande Vis, Clocher,Strombite, Grande Turbinites, “fürtreflicher Strombus”, cesnoms proposés sous forme de noms vernaculaires ne sont pasdisponibles [ICZN Art. 12.3][2], mais montrent que cette espèceétait connue de longue date et intriguait déjà par sa tailledémesurée. Les fossiles ne sont pas encore discutés

74Fossiles, hors-série III

Fig. 1 - Bassin de Saturne, Parc de Versailles. Il est parsemé de coquillages,dont l’un représente très certainement un Campanile giganteum.

Fig. 2 - Figure O4 de la planche 66 de la “Conchyliologie, ou Histoire naturelle des coquilles de mer, d’eau douce, terrestres et fossiles” de Favanne de Montcervelle publiée en 1780.

[1] Le pouce est une unité de mesure datant du Moyen-Age. Le pouce du Roivalait exactement 750⁄27 706 ms (soit environ 27,06995 mm). De nos jourscette mesure n’est plus utilisée en France.

[2] Art. 12.3 du Code de Nomenclature Zoologique international  : pour êtredisponible, tout nouveau nom publié avant 1931 doit être accompagné parune description ou une définition du taxon qu’il désigne ou par uneindication. La mention d’un nom vernaculaire ne constitue pas en soi unedescription, une définition ou une indication.

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scientifiquement dans ces premiers ouvrages, ils sont surtoutdéposés dans des Cabinets de curiosités ou d’Histoire naturelle,florissants à cette époque, mais cette espèce ne passevisiblement pas inaperçue. Il faudra attendre 1804 ladescription de cette espèce et la proposition du nom Cerithiumgiganteum par Lamarck. De façon anecdotique, signalons aussiun daguerréotype réalisé par Louis Jacques Mandé Daguerre en1839 et nommé “Coquillages” (Musée des Arts et Métiers,Paris, n° inv. 8745-2). Sans être le premier procédéphotographique c’est cependant l’un des premiers à enregistreret à afficher une image de façon permanente (les images desprocédés antérieurs avaient tendance à disparaître rapidementune fois exposées à la lumière). On y voit sur celui-ci, uneplaque de 16,3 cm sur 21,2 cm, parmi des coquillages actuels,des ammonites et un Campanile giganteum, le tout premierexemplaire photographié.

La paléontologie des invertébrés à l’aube du 19e siècle

Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville, dans son “HistoireNaturelle éclaircie dans une de ses parties principales,l’Oryctologie, qui traite des terres, des pierres, des minéraux etautres fossiles” publiée en 1755 s’intéresse aux « Fossiles quenous nommerons inconnus parce qu’on ne trouve point dans lamer de coquillages qui leur soient analogues » un concept quisera amplement débattu au 19e siècle. Jean-Baptiste PierreAntoine de Monet, chevalier de Lamarck, fondateur de lapaléontologie des invertébrés, écrit : « Ce n’est donc que par lajustesse des déterminations de ceux de nos coquillages vivansou marins qui sont analogues aux fossiles de nos continens,qu’on pourra obtenir des conséquences solides et fondées surplusieurs points importans de la théorie de notre globe »(1799  : 64) ou «  […] on mettait fort peu d’empressement àrecueillir et à étudier les dépouilles des corps vivans qu’onrencontroit dans l’état fossile […] mais depuis qu’on a faitattention que ces fossiles étoient des monumens extrêmementprécieux pour l’étude des révolutions qu’on subi les differenspoints de la surface du globe […] alors la recherche et l’étudedes fossiles ont pris une faveur particulière […] » (1801 : 406).Cependant, au lieu de distinguer par des caractéristiquesconchyliologiques les fossiles des espèces actuelles, il mettaitau contraire l’accent sur leur ressemblance  : «  j’ai plusieursfois soupçonné que [la Voluta musicalis qu’il décrit du Lutétiendu bassin de Paris] étoit l’analogue du voluta musica de Linné,un peu changé par la suite du temps, elle lui ressemble en effetà beaucoup d’égards » (1802 : 477, n° 3) ou « [les rapports del’Oliva canalifera qu’il décrit du Lutétien du bassin deParis] avec l’oliva hiatula de Gmelin sont tels qu’elle sembleen être l’analogue fossile, à quelque différence près » (1802 :391, n° 1) [Par une erreur involontaire, sans doute, Lamarck(1802 : 475, n° 4) a également décrit cette espèce dans le genreAncilla] ou «  cette belle coquille [Cerithium serratumBRUGUIÈRE 1792 du Lutétien du bassin de Paris] qui est assezcommune dans l’état fossile à Courtagnon, Grignon et ailleurs,habite maintenant dans la mer du Sud, car son analogue vivantou dans l’état marin a été découvert à l’île des Amis, pendantle voyage du capitaine Coock » (1804a  : 271, n° 3) ou  :« Cette coquille [la Turritella imbricataria qu’il décrit duLutétien du bassin de Paris] n’est point rare aux environs deParis, et il y a beaucoup d’apparence que c’est l’analoguefossile du turbo imbricatus de Linné (la vis marbrée) qui vitmaintenant dans les mers des Antilles. Cependant j’ai changéla terminaison de son nom spécifique, parce que comme sesstries sont plus marquées que celle du turbo imbricatus, jen’ose assurer que ce soit parfaitement la même espèce »(1804b : 216, n° 1) ou encore : « Le solen fossile dont il s’agit[Solen fragilis qu’il décrit du Lutétien du bassin de Paris] esten tout exactement l’analogue de l’espèce vivante actuellementet que Linné a nommée solen vagina. La seule remarque quel’on puisse faire à cet égard, c’est que les individus fossiles lesplus grands n’avoient pas plus de 3 pouces de longueur »(1806b  : 424, n° 2). L’obstination de Lamarck dans sarecherche des espèces analogues, base scientifique de saconstruction transformiste, donnera lieu à beaucoup d’excèscomme le relève Goulven (1999, 2000).

La première description de l’espèce

Dans ses “Mémoires sur les fossiles des environs de Paris”et à la suite de la diagnose latine : « Cerithium (giganteum)turritum ; longissimum , transversè striatum; anfractibussupernè tuberculato-nodosis; columellâ uniplicata » Lamarckdonne une description de l’espèce d’après plusieurs exemplairesdont l’un provenant de son cabinet (1804a  : 439-440, n° 57) : « Voici la plus singulière et la plus étonnante des espèces de ce genre, par sa grandeur énorme ; car la plupart des individusont 124 millimètres (un pied), et quelquefois beaucoup plus delongueur. Elle n’est pas rare à Grignon ; mais presque toujourson la trouve fruste ou incomplète. Sous une forme turriculée oupyramidale, elle offre plus de vingt tours de spire, garnischacun près de leur bord supérieur, d’une rangée de grostubercules qui rendent toute la moitié inférieure de la coquille,hérissée de nœuds. La base de ces nœuds s’élargit en-dessousen s’abaissant. Toute la coquille est légèrement striée entravers. Son ouverture est oblongue, oblique, terminée à la basepar un canal dont l’extrémité se recourbe médiocrement ; et lapartie supérieure du bord droit forme dans le lieu de la gouttièreun prolongement latéral en manière d’oreillette. Il n’y a qu’unpli sur la columelle ; malgré cela il en paroît deux, parce que lebord qui la termine inférieurement, est relevé en un bourreletoblique qui borde le canal ». Signalons que l’espèce Cerithiumgiganteum ANDRZEJOWSKI 1833 de Warowtse, Oblast deVolhynie (Ukraine – Andrzejowski, 1833), n’a strictement rien àvoir avec le taxon de Lamarck et que le nom de cette espèceukrainienne est invalide (homonyme primaire plus récent).

Dès 1800 Lamarck confia aux peintres Oudinot et Maréchalla réalisation d’une série de planches, les fameux “vélins duMuséum”, figurant des mollusques fossiles du bassin de Parisrécoltés par Jacques-Louis-Marin Defrance, conservateur deshypothèques à Sceaux et amateur éclairé qui avait constituéune collection remarquable de fossiles provenant de Grignon.Ces vélins, un des plus précieux trésors de la Bibliothèquecentrale du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris,serviront à l’élaboration des planches du “Mémoire sur lesfossiles des environs de Paris”. Dans l’ “Explication desplanches relatives aux coquilles fossiles des environs de Paris”publiée en 1806a, la planche 6 [reprenant la planche 12 desVélins non publiés à l’époque de Lamarck  ; ils ne le serontqu’en 1977 par Katherine V. W. Palmer], illustre un spécimendu Cerithium giganteum « réduit à la moitié de sa grandeur »(pl. 1:C). Ce spécimen a peut être appartenu à Defrance,comme de nombreux autres fossiles peints sur ces vélins,toutefois Bigot (1906), qui a dressé un catalogue critique de lacollection Defrance conservée à Caen avant le bombardementde la ville en 1944, n’en relève pas la présence.

L’affaire du Cerithium giganteumde “Nouvelle-Hollande”

Dix-huit ans après avoir décrit le Cerithium giganteum duLutétien de Grignon (Yvelines), Lamarck mentionne l’espèce en1822, dans son “Histoire naturelle des animaux sans vertèbre”(p. 65, n° 1). L’espèce est citée à la fois dans la partie fossile duchapitre sur le genre Cerithium et dans la partie sur les espècesactuelles : « Habite les mers de la Nouvelle-Hollande. Moncabinet. Cette coquille, rarissime, et probablement la premièrede cette espèce observée vivante ». En effet, il écrit dans lapartie sur les fossiles du genre Cerithium (p. 89, n° 60) : « Fossile de Grignon. Mon cabinet. Cette cérite singulière, tantpar sa taille que par sa forme, et qui se trouve fossile à Grignon,est d’autant plus intéressante à considérer, que c’estprécisément la même espèce qui est actuellement vivante dansles mers de la Nouvelle-Hollande ; ce que constatent les deuxindividus de mon cabinet, dont l’un, dans l’état frais ou vivant,se trouve mentionné en tête de ce genre, et l’autre est le fossiledont il est ici question. Dans tous les deux, il n’y a réellementqu’un pli à la columelle ; mais la base de cette columelle serelève en un bourrelet oblique qui borde le canal et qui al’apparence d’un second pli. La longueur de l’individu fossile dema collection est d’environ un pied ; mais on en trouve qui sontun peu plus grands encore. Le fait très-remarquable que

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présente cette espèce, dont les individus, dans deux états trèsdifférens, se trouvent maintenant dans des régions du globe siéloignées l’une de l’autre, sans offrir néanmoins dans leurforme aucune différence notable, prouve assurément selon nousque les divers climats de la terre ont nécessairement changé, etles preuves que nous fournit ce fait ne sont pas les seules quenous puissions citer : nous en offrirons d’autres effectivementdans le cours de cet ouvrage ». Ces assertions sont basées sur la“découverte” d’une unique coquille récoltée en “Nouvelle-Hollande”  (Australie) et cédée à Lamarck par de Denys deMontfort et dont voici l’historique d’après une note manuscritede Lamarck datée du 7 janvier 1811. Les documents manuscritsde Lamarck sont rares et celui-ci est daté et signé (pl. 2).

Lamarck a donné comme l’analogue vivant du Campanilegiganteum fossile du Lutétien du bassin de Paris une coquille(pl. 2) dont il raconte la découverte dans son “Histoire naturelledes animaux sans vertèbre”. Ce spécimen aurait été recueilli surles côtes de la “Nouvelle-Hollande” (Australie) et Pierre Denysde Montfort, malacologiste français qui fit paraître en 1810 sa“Conchyliologie systématique, et classification méthodique descoquilles”, en fit l’acquisition auprès d’un marin anglais quifaisait parti d’un bâtiment alors à Dunkerque. Lamarck le pressade lui céder cet individu unique, sentant combien il étaitimportant de constater son identité avec l’espèce actuellementfossile aux environs de Paris. En effet, désireux de prouver que la vie à la surface du globe avait subi une évolution lente et continuelle, Lamarck, toujours à la recherche de ses“analogues”, cherchait à montrer que certaines espèces fossilespouvaient avoir maintenu leur existence jusqu’à nos jours.

En décembre 1810, d’après Denys de Montfort, un Anglaisnommé Mathews Tristram est embarqué sur le navire Shallow,une flûte, navire de charge hollandais équipé de trois mâts auxvoiles carrées, qui naviguait dans la mer du Sud. Il utilisa unesonde « de nouvelle invention, qui rapporte avec elle ce qu’ellepeut ramasser » sur les bancs de rochers en avant de la“Nouvelle-Hollande”. Un jour, avec cette sonde, il a «  retirécette coquille du fond de la mer avec des coraux blancs etd’autres objets marins » et d’ajouter « qu’il n’a eu que ce seulindividu  ». Une portion de la spire étant cassée, « on n’envoulut point en Angleterre, ou du moins on en fit assez peu decas pour ne lui en point donner  ce qu’il en demandait » etDenys de Montfort en fit l’acquisition « ainsi que quelquesautres des coquilles de cet anglois, qui contenoient un sableconchylifère assez intéressant » et « Ce marin anglois avoitencore differens autres coquillages dont plusieurs sont connuspour habiter les mers de la Nouvelle-Hollande tels que desFaisans [= Phasianella LAMARCK 1804], les Trochus cookii,etc. » confortant Lamarck sur l’origine de la coquille qu’ilvient d’acquérir. Comme nous l’avons signalé ci-avant,connaissant l’importance du nouveau fait que présentait cettecoquille pour l’étude de la paléontologie des invertébrés,Lamarck a prié Denys de Montfort de lui céder ce spécimen, ceà quoi il voulut bien consentir (nous ignorons à quel prix).Lamarck écrit « Le fait dont il s’agit consiste en ce qu’ellenous offre l’analogue vivant d’une coquille semblable, pour lescaractères et la taille, que l’on trouve fossile à Grignon, prèsde Paris. Longueur, un pied plus 2 lignes : sans la troncaturede sa spire, elle aurait près de 2 pouces de plus ».

Il est clair que l’individu vendu à Lamarck par Denys deMontfort (pl. 2) est tout-à-fait identique à l’espèce fossileCampanile giganteum (pl. 4:A). Deshayes écrit en 1823 (p. 395), un an après la description de Lamarck  : «  […]superbe espèce que Lamarck nous a fait connaître à l’état fraiset nous a dit être l’analogue parfait de notre plus grande etplus curieuse espèce fossile des environs de Paris. N’ayant puvoir cette Cérithe unique parce qu’elle est dans la collection deLamarck, que son infirmité malheureuse [Lamarck est devenuaveugle] empêche de montrer […]  ». Cependant, Deshayess’est toujours défié de la narration qui avait été faite à Lamarck«  connaissant le peu de bonne foi de Montfort » ; aussi la

première chose qu’il fit est d’examiner cet individu unique duCerithium giganteum dans la collection Lamarck, lorsqu’elle futacquise par M. le duc de Rivoli. Il écrit (1831 : 198) « S’il étaitvrai, comme l’a cru Lamarck, que l’analogue de cette espècefût vivante à la Nouvelle-Hollande, ce fait deviendrait très-intéressant  ; mais après avoir examiné avec tout le soinpossible la coquille de la collection Lamarck, nous sommesresté convaincus que cet honorable savant, dont nousrespectons la mémoire, a été dupe d’une supercherie deMontfort, qui était assez connu pour manquer de toute espècede délicatesse ». Deshayes (1833 : 301) écrit également qu’il luisembla reconnaître des traces de supercherie, et que «  si l’onplongeait dans une décoction de plantes marines un tronçonbien conservé, provenant de Grignon, on obtiendrait unindividu semblable à celui qui nous occupe » et d’ajouter : « desorte qu’il aura suffi à Montfort de donner une odeur marine àla partie extérieure de la coquille pour la faire passer commevivante ». Lorsque l’on trouve à Grignon (Yvelines), à Damery(Marne), ou dans les localités voisines, des morceaux plus oumoins complets de cette coquille, ils ont conservé à l’intérieurun lustre, un brillant aussi vif que s’ils étaient encore vivants.On peut observer ainsi sur un exemplaire provenant du Lutétiende Boursault (Marne) des traces de coloration originelle et desrestes de periostracum à la base du dernier tour (Merle, 2008 :164, pl. 14, fig. 2a-b). D’après Deshayes (1833 : 301) il sembleque Denys de Montfort a « quelquefois introduit de fortextraordinaires [faits] jusque dans ses ouvrages, et l’on saitégalement qu’il était capable d’employer un pareil subterfugepour donner plus de valeur aux objets qu’il possédait et dont ilcherchait à se défaire. En parlant de Montfort comme nousvenons de le faire à l’occasion de ce Cerithium giganteum, c’estdans la seule intention d’empêcher les zoologistes de donnertrop d’importance à ce fait isolé, qui, comme on le voit, ne doitêtre cité qu’avec beaucoup de circonspection ». Pour enterminer avec l’aspect critique de cette pseudo-découverte,ajoutons que Deshayes & Milne Edwards (1843 : 283) écriront :« En donnant la description de cette espèce dans notre ouvragesur les Coquilles fossiles de Paris, nous avons dit notre opinionsur l’analogie de l’individu cru vivant par Lamarck, et ceux quisont fossiles aux environs de Paris. Nous avons prétendu queLamarck, trompé par Denys de Montfort, avait été victimed’une supercherie blâmable. M. Kiener, qui, après nous, aexaminé l’individu cédé à Lamarck par Montfort a reconnuqu’en effet, il avait subi une préparation qui a fait prendre lechange à Lamarck sur sa véritable nature ». Mermod (1947)écrit sur ce sujet, qu’il appelle “maquignonage” : « On supposeque la coquille a subi d’abord une cuisson dans l’huile, afin delui redonner du brillant et une certaine transparence ; puis, parun séjour plus ou moins prolongé dans un amas d’alguesmarines, on lui a rendu une couleur et surtout une odeur demarée qu’elle avait perdus depuis des millénaires ».

Bien évidement, l’exemplaire incriminé de ce Campanilegiganteum n’a pu être pêché au large des côtes australiennescomme l’a soutenu Denys de Montfort, qu’il ait inventé cettehistoire et ait abusé de la bonne foi de Lamarck ou qu’il ait ététrompé par Mathews Tristram, le marin anglais. A notreconnaissance, l’espèce Campanile giganteum n’a vécue qu’auLutétien (Éocène moyen) du bassin de Paris, il y a environ 48 millions d’années (Pacaud, 2008), bien qu’elle soit parfoismentionnée hors de France dans la littérature. Cependant cesexemplaires, représentés par des moules internes, sont si malconservés que ces volumes calcaires ne permettent bien souventqu’une assignation générique. Malgré la révélation de cettesupercherie par Deshayes, opinion généralement admise dèslors, on trouvera dans plusieurs ouvrages la mention del’existence de cette espèce dans l’Actuel d’Australie (Leroux &Reynaud, 1837  : 381  ; Drapiez, 1853  : 233  ; Chenu, 1859  :280  ; Figuier, 1866  : 435  ; Vernus, 1892  : 651). Nyst (1845  :534) ajoute : « Lamarck cite aussi comme analogue de celle-ciune espèce vivante de la Nouvelle-Hollande; cependant M.Deshayes semble conserver des doutes à ce sujet, et pense qu’ily a eu manque de bonne foi de la part de Montfort, qui auraitfait passer le tronçon d’un individu fossile pour vivant ». Ontrouve pour la première fois la figuration de ce spécimen (pl. 2:D-E) dans les travaux de Chenu (1842  :  pl. 1 ; 1847  :192, fig. 631 ; 1859 : 280, fig. 1884), illustration qui sera reprise

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Pl. 2 - Coquille donnée comme “l’analogue vivant” du Campanilegiganteum (LAMARCK 1804) de la collection Lamarck (MHNG INVE 50971 – ancien numéro 1097/46, photo : MHN-Genève)) et qui aurait été recueillie sur les côtes de la “Nouvelle-Hollande” (= Australie). Note manuscrite de Lamarck datée du 7 janvier 1811 relatant la pseudo-découverte du marin anglais aux larges des côtes de l’Australie.

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par d’autres auteurs (Figuier, 1866 : 435, fig. 328 ; 1868 : 432,fig. 185  ; 1869  : 419, fig. 246  ; Vernus, 1892  : 651, fig. 2.8  ;Cuppy, 1895  : 1888  ; Dance, 2005  : 93) et qui sera préférée àcelle, bien meilleure, d’un exemplaire dessiné taille réelle, deDeshayes (pl. 42). Jules Favre, assistant de Paléontologie auMuséum d’Histoire naturelle de Genève, a publié en 1918 uncatalogue illustré des mollusques gastéropodes fossiles de lacollection Lamarck. Cette collection, achetée en 1829 par leprince Masséna, duc de Rivoli, suite au décès de l’illustrenaturaliste, devint la propriété du baron Jules Paul BenjaminDelessert en 1840 qui la légua à la ville de Genève  ; uninventaire complet en a été publié par Decrouez (1993). Favredonne des photographies des deux exemplaires de Cerithiumgiganteum de la collection Lamarck, dont la coquille qui nousintéresse ici  ; une photographie plus récente a également étépubliée en 1993 (Anonyme : 24-25). Vernus (1892 : 651) a crééle nouveau genre Procerithium pour l’espèce Cerithiumgiganteum en figurant l’exemplaire de Lamarck et a écrit, enajoutant encore à la confusion : « […] assez commune dans leterrain tertiaire des environs de Paris habite encore, dit-on, lamer des Indes ». Ce genre, homonyme primaire plus ancien dugenre Procerithium COSSMANN 1902 est déclaré nomenoblitum[3] par Petit (2007  : 96-97). Iredale (1917  : 325) aproposé le nouveau genre Campanilopa avec pour espèce-type  le Cerithium giganteum LAMARCK 1804  ; ce genre esttoutefois maintenant considéré comme un synonyme subjectifplus récent du genre Campanile BAYLE in FISCHER 1884.

Statut de ce spécimen

La collection de Lamarck, léguée à la ville de Genève parBenjamin Delessert, est conservée au Musée d’Histoirenaturelle de Genève. L’exemplaire acheté à Denys de Montfort(numéro d’enregistrement  : MHNG INVE 50971 – anciennuméro MHNG 1097/46), est une coquille fossile de 35 cmprovenant probablement des calcaires lutétiens de Grignon(Yvelines) ou des environs de Courtagnon (Marne), seuleslocalités connues à l’époque où l’on pouvait récolter cetteespèce. La localité de Chaumont-en-Vexin est elle aussi connuede longue date, on trouve en effet la référence à “Calvum-Montem” [= Chaumont] dans l’ “Enumerationis fossilium quaein omnibus Galliae provinciis reperiuntur tentamina” publié en1751 par Dezallier d’Argenville et dans un texte plus ancienencore de René-Antoine Ferchault de Réaumur dans ses“Remarques sur les coquilles fossilles [sic] de quelquescantons de la Touraine” publiées en 1720 : « Chaumont [en-Vexin] entre Gournay et Gisors, où nous trouvons unesurprenante quantité de coquilles pétrifiées ». Cependant, les

Campanile récoltés dans ce gisement sont plus courts, plustrapus et ne montrent pas une patine “vernissé” comme ceuxrencontrés dans les gisements précités. Cet exemplaire n’estbien évidemment pas un syntype[4] puisqu’il a été acquis parLamarck sept ans après avoir introduit le nom Cerithiumgiganteum en 1804. On trouve d’ailleurs au Musée d’Histoirenaturelle de Genève des annotations manuscrites de la main dela fille de Lamarck, Rosalie de Lamarck, qui lui servit desecrétaire lorsqu’il devint aveugle, effectuées dans la marged’un exemplaire original de l’ “Histoire Naturelle des Animauxsans Vertèbres” et servant de catalogue. Il est ainsi indiquéqu’à l’époque de la collection de son père, il n’y avait qu’unseul spécimen (comm. pers. Finet - pl. 3). Rappelons aussi letexte de Lamarck (1822, p. 89, n° 60) : « […] ce que constatentles deux individus de mon cabinet, dont l’un, dans l’état fraisou vivant, se trouve mentionné en tête de ce genre, et l’autre estle fossile dont il est ici question » confirmant que Lamarck nepossédait qu’un seul exemplaire avant l’achat du spécimen deDenys de Montfort. Cet unique spécimen, un des syntypes del’espèce, est figuré par Favre (1918  : pl. 12, fig. 201), mais ilexistait probablement d’autres syntypes, puisque Lamarckécrit  : «  […] par sa grandeur énorme ; car la plupart desindividus ont 124 millimètres (un pied), et quelquefoisbeaucoup plus de longueur ». Il y a également le grandspécimen (pl. 1:C) illustré sur les Vélins (pl. 12), sur laplanche des “Mémoire sur les fossiles des environs de Paris”publié en 1806a (pl. 6 [14]) ainsi que sur la planche du“Recueil des planches des Coquilles fossiles des environs deParis” publié en 1823 (pl. 6 [14]), spécimen que Lamarckconnaissait puisqu’il renvoie à la planche 12 des Vélins lors dela description de l’espèce ; nous n’en avons trouvé ni la trace nil’origine, mais il devait forcément être connu de Lamarck aumoment de la description de l’espèce.

Conclusion

Bien que l’espèce fossile Campanile giganteum (LAMARCK1804) n’existe pas dans les eaux australiennes, c’est pourtantdans ces dernières que l’on rencontre la seule espèce vivanteconnue actuellement de ce genre  : Campanile symbolicum(IREDALE 1917) (pl. 4:C). Quoy & Gaimard ont en effet décritl’espèce en 1834 (p. 106) sous le nom de Cerithium leve [nonPERRY 1810]. Ils rencontrèrent cette espèce à Port of KingGeorge (Australie) : « nous n’en rencontrâmes qu’une seule foisau nombre d’une centaine d’individus tous réunis dans un lieucalme, fermé par des massifs de rochers qui sont à gauche del’entrée du havre de Princesse royale ». Cette espèce actuelle aégalement été récoltée dans les sédiments du Pleistocène anciende Madura (Roe Plains, Australie) (pl. 4:B).

Le Campanile giganteum est une espèce fossile qui fascinedepuis les premiers instants fondateurs de l’histoire de lagéologie en France. Rappelons Bernard Palissy et sesobservations déterminantes dans le bassin de Paris (Plaziat,2006) qui signale dès 1580 les faluns du Lutétien moyen de larégion de Damery caractérisés par l’abondance de sesCampanile giganteum. ■

Remerciements : je remercie Yves Finet et le Muséum d’HistoireNaturelle de Genève (Suisse) pour les renseignements et pourl’autorisation de publier la lettre manuscrite de Lamarck, ErmannoQuaggiotto pour les documents italiens, Christine Bonnefon (Bibliothèquecentrale du MNHN), Marie-Astrid Angel (Bibliothèque de Paléontologie,MNHN) et Jacques Pons pour leur aide précieuse, Philippe Loubry(MNHN) pour les photographies et l’infographie des planches.

79 Fossiles, hors-série III

Pl. 3 - Planche 12 du “Catalogue illustré des mollusques gastéropodes fossiles de la collection Lamarck” publié par Favre en 1918. Fig. 200: spécimen incriminé, placé parmi les mollusques actuels.Fig. 201: syntype de Cerithium giganteum LAMARCK 1804 provenant duLutétien de Grignon (Yvelines).

[3] Nomen oblitum (latin signifiant : nom oublié). (1) Synonyme plus ancien nonemployé, rejeté entre le 6 novembre 1961 et le 1er janvier 1973 parapplication de l’Article 23b du Code de Nomenclature Zoologiqueinternational alors en vigueur. (2) A partir du 1er janvier 2000, synonyme ouhomonyme plus ancien non employé depuis 1899, qui n’a pas préséance surun nom en usage prédominant (qui peut avoir le statut de nomen protectum,latin signifiant : nom préservé). Un nomen oblitum reste un nom disponible,mais son synonyme plus récent en usage a préséance sur lui.

[4] Syntype  : chacun des spécimens d’une série type lorsque ni holotype nilectotype n’ont été désignés. Les syntypes constituent collectivement le typeporte-nom.

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Fossiles, hors-série III 80

Pl. 4 - A: Campanile giganteum (LAMARCK

1804), du Lutétien (Eocène moyen) de Parnes(Oise), MNHN.F.A48094 [leg. Pacaud] ;

B : Campanile symbolicum (IREDALE 1917), du Pléistocène ancien de Madura (Roe Plains,

Australie), MNHN.F.A48095 (coll. Faullummel) ;C : Campanile symbolicum (IREDALE 1917),

coquille actuelle (Australie). Barres d’échelle : 5 cm [A] et 2 cm [B,C] (coll. : MNHN-Paris -

photos : P. Loubry, MNHN).

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