12
See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/259672761 Révision des Mollusques de Blaye (Gironde). 2. Description de trois espèces nouvelles de Cypraeoidea (Gastropoda, Caenogastropoda) ARTICLE · MARCH 2012 CITATIONS 3 READS 118 2 AUTHORS: Jean-Michel Pacaud Muséum National d'Histoire Naturelle 120 PUBLICATIONS 477 CITATIONS SEE PROFILE Daniel Ledon Muséum National d'Histoire Naturelle 20 PUBLICATIONS 39 CITATIONS SEE PROFILE Available from: Jean-Michel Pacaud Retrieved on: 04 February 2016

Révision des Mollusques de Blaye (Gironde). 2. Description de trois espèces nouvelles de Cypraeoidea (Gastropoda, Caenogastropoda)

Embed Size (px)

Citation preview

Seediscussions,stats,andauthorprofilesforthispublicationat:https://www.researchgate.net/publication/259672761

RévisiondesMollusquesdeBlaye(Gironde).2.DescriptiondetroisespècesnouvellesdeCypraeoidea(Gastropoda,Caenogastropoda)

ARTICLE·MARCH2012

CITATIONS

3

READS

118

2AUTHORS:

Jean-MichelPacaud

MuséumNationald'HistoireNaturelle

120PUBLICATIONS477CITATIONS

SEEPROFILE

DanielLedon

MuséumNationald'HistoireNaturelle

20PUBLICATIONS39CITATIONS

SEEPROFILE

Availablefrom:Jean-MichelPacaud

Retrievedon:04February2016

1

(Bull. Soc. Linn. Bordeaux, Tome 147, nouv. série n° 40 (1), 2012 : 1-11.

Révision des Mollusques de l’Éocène de Blaye (Giron de). 2. Description de trois espèces nouvelles de Cyprae oidea

(Gastropoda, Caenogastropoda)

Jean-Michel PACAUD & Daniel LEDON

Muséum National d’Histoire Naturelle, UMR 7207 du CNRS, Centre de recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements,

CP 38 - 57 rue Cuvier, F - 75005 Paris (France) [e.mail: [email protected]]

Résumé - Les espèces Subepona promeces nov. sp., Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. et

Cypraedia (s.str.) aillana nov. sp. sont décrites des calcaires bartoniens (Éocène moyen) de Blaye (Gironde) d’après des empreintes externes parfaitement préservées. Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. et Cypraedia (s.str.) aillana nov. sp. avaient été jusqu’à présent confondues avec une espèce du Lutétien supérieur (Éocène moyen) du Cotentin, Cypraedia (s.str.) elegans (SOWERBY, 1823). Ce sont les premières espèces de Cypraeoidea décrites dans le Bartonien (Éocène moyen) du bassin d’Aquitaine.

Mots-clés - Subepona, Cypraedia, Gastropoda, nov. sp., Éocène, Blaye, Aquitaine.

Abstract - The species Subepona promeces nov. sp., Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. and Cypraedia (s.str.) aillana nov. sp. of Bartonian limestones (Middle Eocene) of Blaye (Gironde) are described from very well-preserved external prints. Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. and Cypraedia (s.str.) aillana nov. sp. were confused with a species of the Upper Lutetian (Middle Eocene) from Cotentin, Cypraedia (s.str.) elegans (SOWERBY, 1823). It is the first record of the Cypraeoidea family in the Bartonian (Middle Eocene) of the Aquitaine Basin.

Keywords - Subepona, Cypraedia, Gastropoda, nov. sp., Eocene, Blaye, Aquitaine.

Introduction

Nous renvoyons le lecteur à la première partie de cette étude (PACAUD & LEDON, 2010) sur les fossiles du Bartonien de Blaye (Gironde) pour la présentation stratigraphique générale. Nous n’avons trouvé aucune observation concernant les espèces discutées ici dans les courtes listes plus ou moins inspirées des coquilles du bassin de Paris, figurant dans les articles de BENOIST (1887), d’ABRARD (1931) ou de LARROUDÉ (1967). Le fait que seuls subsistent les moules internes et les empreintes externes des coquilles, est sans doute la raison du manque d'approfondissement de ces études. Seul FABRE (1939 : 243) notait la présence d’Ovulidae, mais rapportait les spécimens des calcaires de Blaye à l’espèce

2

endémique du Lutétien supérieur (Éocène moyen) du Cotentin Cypraedia (s.str.) elegans (Sowerby, 1823). DAGUIN (1944 : 145-146) relevait également la présence d'un moule interne de Gisortia, mais ce dernier s'éloigne radicalement des espèces que nous traitons ici.

Cette note propose donc un supplément à la connaissance des mollusques fossiles de l’Éocène en Gironde et s’intègre dans la révision des espèces du Bartonien (Éocène moyen) de Blaye (PACAUD & LEDON, 2010 ; PACAUD, LEDON & CAZE, 2011). Les fossiles proviennent tous de la carrière dite de l'Octroi, située à la sortie est de Blaye ; carrière encore récemment exploitable, mais que le passage de la déviation de la ville à cet endroit a, malheureusement, rendue inaccessible. Ces spécimens, récoltés par le second auteur, sont conservés dans les collections de Paléontologie du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.

Les coquilles des Cypraeoidea que nous étudions ici ont été dissoutes au cours de la diagenèse. Toutefois, le vide laissé par les organismes n’a pas été comblé par un sédiment ou par de la calcite. Les spécimens se présentent donc sous formes d’empreintes fidèles et ont permis la réalisation de moulages en élastomère de silicone restituant très fidèlement la forme et l’ornementation d’une rare finesse des coquilles des Cypraedia que nous décrivons ici. Les moules internes des gastropodes ne permettent généralement pas une détermination précise. Toutefois, nous avons pu, dans un cas particulier, obtenir l’empreinte externe d’une des Cypraedia en retirant le moule interne qui la masquait ; l’espace de dissolution qui les séparait permettait d’en prévoir la bonne préservation. Les termes utilisés dans les descriptions désignant les caractères principaux de la coquille sont indiqués sur la Figure 3.

Contextes géographique et géologique :

La carrière dite de l’Octroi se situait à l’entrée de Blaye, au lieu-dit la Butte du Pré-Videau, à 500 m sur la droite de la route qui va de Plassac à Blaye (Fig. 1). Elle présentait un front de taille de 5 m de haut. Nous figurons la coupe que donnait alors LARROUDÉ (1967) dans son étude sur les gisements qui affleurent entre Saint-André-de-Cubzac et Blaye (Fig. 2).

Figure 1. Situation géographique de la localité de Blaye (Gironde).

3

Figure 2. Coupe stratigraphique (d’après LARROUDÉ, 1967). A. Calcaires bioclastiques (5 m) à Milioles, Mollusques, Échinodermes. B. Marnes plus ou moins dolomitiques (5 m), très riches en faune dont l’Ostrea cucullaris. C. Calcaires lacustres (5 à 6 m) à moules de Limnées, passant au sommet à une marne blanche azoïque. D. Marnes et argiles verdâtres (10 m) renfermant à leur base des Ostrea bersonensis et à leur sommet des Sismondia occitana, Echinopsis et Mollusques.

Figure 3. Terminologie des principaux caractères morphologiques de la coquille (Subepona

herrerensis DOLIN & LOZOUET, 2004, espèce type du genre Subepona DOLIN & LOZOUET, 2004).

Systématique

Classe Gastropoda CUVIER, 1797

Clade Littorinimorpha GOLIKOV & STAROBOGATOV, 1975

Super-famille Cypraeoidea RAFINESQUE, 1815

Famille Cypraeidae RAFINESQUE, 1815

Sous-famille Erosariinae SCHILDER, 1924

Tribu Cyproglobinini SCHILDER, 1936

Genre Subepona DOLIN & LOZOUET, 2004 Espèce type : Subepona herrerensis DOLIN & LOZOUET, 2004 par désignation originale

Origine : Oligocène, France.

4

Subepona promeces nov. sp. (Pl. 1, Fig. 1-2)

Matériel-type. – Holotype, empreinte externe d’une face ventrale (MNHN.F.R63100, leg. LEDON) ; paratype, empreinte externe d’une face apicale (MNHN.F.A46058, leg. LEDON).

Localité-type. – Blaye, ancienne carrière de l’Octroi (Gironde). Étage-type. – Bartonien (Éocène moyen). Étymologie. – Du grec πρoµήχης : allongé en avant, allusion à la forme étroite

de cette espèce. Dimensions :

* Holotype, hauteur : 20 mm - diamètre : 10 mm. * Paratype, hauteur préservée : 12 mm - diamètre : 11,5 mm.

Description. – La coquille de petite taille, mince et fragile, est étroite et antérieurement allongée. La sole ventrale est faiblement convexe. La spire est saillante et les sutures bien marquées. Le canal siphonal est court et forme un petit pontet abapical fortement marginé. L’angulation de la lèvre interne est bien marquée et anguleuse. La partie adapicale de la lèvre interne porte des denticules espacés et tuberculiformes, limités à l’angulation. Le canal exhalant est large, faiblement déjeté dans sa partie adapicale où il forme un pontet adapical, prolongé, légèrement saillant, délimité par l’extrémité en oreillette de la lèvre interne. La lèvre externe est calleuse, portant des denticules courts et fins.

Discussion – La protoconque et les tours de la téléoconque sont très saillants, non recouverts par le vernis. Ces caractères indiquent que les deux empreintes externes récoltées sont peut-être celles d’exemplaires juvéniles ; nous avons toutefois jugé opportun de décrire ces spécimens. Les caractères de la coquille juvénile de Subepona ont été mis en évidence et figurés par DOLIN & PACAUD (2009 : 8, pl. 4, fig. 11) sur un exemplaire de Subepona moloni (Bayan, 1870) du Lutétien inférieur (Éocène moyen) d’Italie. C’est la première Cypraeidae signalée dans les calcaires du Bartonien (Éocène moyen) de la Gironde, le parfait état de conservation des empreintes externes ne laissant aucun doute sur l’assignation générique (DOLIN & LOZOUET, 2004 : 59-62, text-fig. 15a-c, pl. 27, fig. 1a-c, 2). Elle est proche de la petite Subepona sp. récoltée dans les sables marinésiens (Bartonien, Éocène moyen) du Quoniam, Haravilliers (Oise) et de Chavençon (Oise), identifiée à tort (COSSMANN & PISSARRO, 1911 : pl. 32, fig. 162-3 ; LE RENARD & PACAUD, 1995 : 112) à la Cypraea bartonensis Edwards, 1854 du Bartonien (Éocène moyen) d’Angleterre ou à la Cypraea anhaltina Giebel, 1864 du Priabonien (Éocène supérieur) de Osterweddingen (Allemagne), mais en diffère par son galbe étroit et allongé. Le genre Subepona apparaît à l’Ilerdien (Yprésien, Éocène inférieur) des Corbières avec S. rhynchophora Schilder, 1927 (DONCIEUX, 1908 : 87-88 ; SCHILDER, 1927 : 102; 146, n° 265) et disparaît au Chattien (Oligocène supérieur) d’Aquitaine avec S. herrerensis Dolin & Lozouet, 2004.

Planche 1. Fig. 1a-b. Subepona promeces nov. sp. du Bartonien (Éocène moyen) de Blaye (Gironde), empreinte externe, face ventrale. Holotype MNHN.F.A63100, coll. LEDON. Hauteur : 20 mm, diamètre : 10 mm. – Fig. 2a-c. Subepona promeces nov. sp. du Bartonien (Éocène moyen) de Blaye (Gironde), empreinte externe, face apicale. Paratype MNHN.F.A46058, coll. LEDON. Hauteur préservée : 12 mm, diamètre : 11,5 mm.

5

6

Famille Ovulidae FLEMING, 1822

Sous-famille Pediculariinae GRAY, 1853

Tribu Cypraediini SCHILDER, 1927

Genre Cypraedia SWAINSON, 1840

Sous-Genre Cypraedia (s.str.) SWAINSON, 1840 Espèce type : Cypraedia cancellata SWAINSON, 1840 [= Cypraea elegans SOWERBY, 1823], par

désignation originale Origine : Éocène, France.

Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. (Pl. 2, Fig. 1-3)

Synonymie : Cypraea (Cypraedia) elegans "Defr." sensu Fabre, 1939 [non Cypraea elegans

Sowerby, G.B.(i), 1823] : 243, n° 135.

Matériel-type. – Holotype, empreinte externe, face ventrale (MNHN.F.R63156, leg. LEDON), paratypes, 2 empreintes externes, faces ventrales (MNHN.F.R63157 et MNHN.F.A46059, leg. LEDON).

Localité-type. – Blaye, ancienne carrière de l’Octroi (Gironde).

Étage-type. – Bartonien (Éocène moyen).

Étymologie. – De sa localité type, Blaia en occitan.

Dimensions :

* Holotype, hauteur : 36,5 mm - diamètre : 23 mm. * Paratype n° 1 MNHN.F.R63157, hauteur : 33,5 mm - diam ètre : 22,5 mm. * Paratype n° 2 MNHN.F.A46059, hauteur préservée : 22 mm - diamètre : 21 mm.

Description. – La coquille, de grande taille, est mince et fragile, piriforme de face comme de profil, antérieurement allongée, trapue (rapport diamètre maximum/hauteur : 67 %), à sole ventrale convexe. La protoconque est involute. Le diamètre maximal se situe vers la moitié postérieure. L’angulation est arrondie. L’ouverture, à écartement constant et aux bords presque parallèles, s’élargit dans la zone antérieure ; elle est nettement arquée dans sa partie adapicale. Le labre est étroit, s’élargissant à peine dans la région antérieure. Le canal siphonal, peu profond mais parfaitement canaliculé, forme un pontet abapical court, en forme de cornet. Le pli terminal lamelleux a un aspect annulaire, plongeant vers l’ouverture. La fossula est totalement absente. L’aire columellaire est finement côtelée et porte 35 denticules ; les 7 premiers, puissants, délimitent antérieurement une aire ovale chagrinée, les suivants étant minces et acérés. Ils se prolongent sur toute l’étendue de la callosité de la sole ventrale en fines costules spirales, acérées, aux espaces intercostaux laissant apercevoir les cordons longitudinaux d’accroissement. La lèvre externe, à peine calleuse, contournant la zone apicale, forme un bourrelet de section ovale, marginé dans sa partie adapicale; elle est garnie de 28 denticules relativement puissants, parfois dédoublés, serrés les uns contre les autres. Le chenal exhalant est large et profond, déjeté dans sa région adapicale. Les cordons spiraux sont recoupés à angle droit par des costules longitudinales très fines, délimitant un quadrillage large, à mailles rectangulaires simples et lâches.

Discussion. – Cypraedia (s.str.) blaiaensis rappelle par ses dimensions Cypraedia (s.str.) fenestralis (Conrad in Wailes, 1854) de l’Éocène moyen (Moodys Branch Formation) du Mississippi (Pl. 2, fig. 3a-b), autre géant du genre (CONRAD in

7

WAILES, 1854 : 289, pl. 17, fig. 5a-b; HARRIS & PALMER, 1947 : 320, pl. 40, fig. 9-10, 17-18; DOCKERY, 1977 : 60-61, pl. 7, fig. 7a-b, 8 et 11), mais elle est également présente dans l’Éocène moyen de la Gosport Formation, de l’Alabama et figurée sous le nom de Cypraedia gilberti Palmer, 1947 (INGRAM, 1942 : 19, pl. 4, fig. 4-5). Cela dit, Cypraedia (s.str.) blaiaensis diffère radicalement de Cypraedia (s.str.) fenestralis par son galbe piriforme et non sphérique, par son chenal exhalant large et profond, déjeté adapicalement, par son pontet abapical moins marqué et par son ornementation cancellée simple et lâche. On observe en effet chez l’espèce américaine la présence de filets spiraux intermédiaires totalement absents chez Cypraedia (s.str.) blaiaensis. Bien qu’il ne soit représenté que par un moulage incomplet et altéré ne permettant pas d’en observer sérieusement les caractères, l’exemplaire de Cypraedia (s.str.) sp. (Tessier, 1952) (MNHN.F.R06255, coll. JACQUET) de l’Éocène de Kanel, au Sénégal (TESSIER, 1952 : 383 pl. 35 fig. 10 non 6) rappelle également Cypraedia (s.str.) blaiaensis par ses dimensions. Par l’ensemble de ses caractères, Cypraedia (s.str.) blaiaensis s’inscrit donc davantage dans la lignée de Cypraedia (s.str.) aplisiopsis (De Gregorio, 1880) du Lutétien inférieur d’Italie (DE GREGORIO, 1880 : 34, pl. 1, fig. 43, pl. 6, fig. 4 ; DOLIN & PACAUD, 2009 : 294, pl. VII, fig. 9-12). Elle en diffère (Pl. 3, fig. 2, MNHN.F.J10611, coll. Hébert) par sa taille, par son galbe, par son ornementation cancellée encore plus lâche, formant un carroyage large, et surtout par sa lèvre externe acuminée dans sa partie adapicale, lamelleuse, contournant plus nettement la zone apicale. Bien que de taille comparable, Eucypraedia cailliaudi (Vasseur, 1882) du Bartonien (Éocène moyen) du Bois-Gouët, Saffré (Loire-Atlantique) en diffère (VASSEUR, 1882 : pl. 1, fig. 29 ; COSSMANN, 1897 : 339, pl. 7, fig. 28-29, 31), comme toutes les Eucypraedia, par son pli terminal obsolète et horizontal, beaucoup plus complexe, avec 3 à 5 plis secondaires et non lamelleux, simple et plongeant comme chez les Cypraedia. C’est à tort que Cypraedia (s.str.) blaiaensis a été confondue par FABRE (1939 : 243) avec Cypraedia (s.str.) elegans (Sowerby, 1823) du Lutétien supérieur (Éocène moyen) du Cotentin, espèce dont elle ne présente aucun des caractères morphologiques.

Cypraedia (s.str.) aillana nov. sp. (Pl. 3, Fig. 1)

Matériel-type. – Holotype, empreinte externe, face ventrale (MNHN.F.A46060, leg. LEDON).

Localité-type. – Blaye, ancienne carrière de l’Octroi (Gironde).

Étage-type. – Bartonien (Éocène moyen).

Étymologie. – La localité de Blaye est située dans une aire géographique appelée Pays Gabay ou Grande Gavacherie. Aillan en langage Gabay signifie Gland; allusion à la forme de cette espèce.

Dimensions. – Hauteur préservée : 29 mm - diamètre : 18 mm.

Description. – La coquille, de taille moyenne, est épaisse, en forme de gland (rapport diamètre maximum / hauteur : 62 %), à sole ventrale convexe. La protoconque est involute. Le diamètre maximal se situe vers la moitié postérieure. L’angulation est arrondie. L’ouverture, à écartement constant et aux bords presque parallèles, s’élargit dans la zone antérieure ; elle est nettement arquée dans sa partie adapicale. Le labre est étroit, s’élargissant à peine dans la région antérieure. Le pli terminal est non observable. La fossula est totalement absente. L’aire columellaire est finement côtelée et porte 29 denticules ; les 5 premiers, puissants, délimitent antérieurement une aire ovale chagrinée, les suivants sont minces et

8

acérés. Ils se prolongent sur toute l’étendue de la callosité de la sole ventrale en fines costules spirales, acérées, aux espaces intercostaux laissant apercevoir les cordons longitudinaux d’accroissement. La lèvre externe, calleuse, forme un bourrelet de section ovale, marginé dans sa partie adapicale ; elle porte 24 denticules relativement puissants, non dédoublés, serrés les uns contre les autres. Les cordons spiraux sont recoupés à angle droit par des costules longitudinales de même puissance, délimitant un quadrillage large, épais et lâche.

Discussion. – Par son aspect général, Cypraedia (s.str.) aillana nov. sp. est évidemment proche de Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. ; cependant, elle s’en distingue immédiatement par son galbe en forme de gland et non piriforme, par un galbe moins allongé antérieurement, par une coquille moins trapue, par son ouverture moins large, par sa lèvre externe calleuse, par le nombre moindre de ses denticules et par son ornementation aux cordons spiraux, épais, de même puissance que les costules longitudinales, formant un quadrillage à maille carrée et non rectangulaire (comparer les Fig. 1c des Planches 2 et 3).

Remerciements

Nos plus sincères remerciements à Luc DOLIN qui nous a aidés par des informations précieuses, à Bruno CAHUZAC pour la relecture du texte, l'ajout de références et pour nous avoir informés sur l'existence du genre Gisortia à Blaye, à Philippe LOUBRY et à Sophie FERNANDEZ (MNHN) pour les photographies et l’infographie des planches et des figures, et à Batz LE DIMET (MNHN) pour la réalisation des moulages des spécimens.

Références bibliographiques

ABRARD R. (1931). - Étude stratigraphique et paléontologique des calcaires de Saint-Palais et de Blaye. Bulletin de la Société Géologique de France, 5 (1) : 3-20, pl. 1.

BENOIST E.-A. (1887). - Esquisse géologique des terrains tertiaires du Sud-Ouest de la France (suite). Journal d'Histoire naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest, 2 (2) : 20-22.

CONRAD T.A. (1854). - Fossils of the Vicksburg Eocene beds and Fossil Testacea of the Tertiary Green-sand and Marl-bed of Jackson. In: WAILES, B.L.C. Report on the Agriculture and Geology of Mississippi embracing a sketch of the social and natural history of the state, BARKSDALE, Lippincott, Grambo, p. 287-289, pl. 14-17. [Publié également par CONRAD T.A. (1854). - Fossils of the Vicksburg Eocene beds and Fossil Testacea of the Tertiary Green-sand and Marl-bed of Jackson. Bulletins of American Paleontology, 24 (86), p. 350-359, pl. 1-4].

COSSMANN M. (1897). - Mollusques éocèniques de la Loire-Inférieure, tome 1, fascicule 3. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de l’Ouest de la France, 7 (4): 297-358, pl. 5-11 (31 décembre). [Publié également par COSSMANN M. (1898). - Mollusques éocèniques de la Loire-inférieure. Tome 1, fascicule 3, Muséum d’Histoire naturelle, Nantes, p. 111-172, pl. 10-16].

COSSMANN M. & PISSARRO G. (1911). - Iconographie complète des coquilles fossiles de l'Éocène des environs de Paris. Tome 2, Hermann, Paris, pl. 26-45.

Planche 2. Fig. 1a-c. Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp., du Bartonien (Éocène moyen) de Blaye (Gironde), empreinte externe de la face ventrale. Holotype MNHN.F.R63156, coll. LEDON. Hauteur : 36,5 mm, diamètre : 23 mm. – Fig. 2. Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. du Bartonien (Éocène moyen) de Blaye (Gironde), empreinte externe de la face ventrale. Paratype n° 1 MNHN.F.R63157, coll. LEDON. Hauteur : 33,5 mm, diamètre : 22,5 mm. – Fig. 3. Cypraedia (s.str.) blaiaensis nov. sp. du Bartonien (Éocène moyen) de Blaye (Gironde), empreinte externe de la face ventrale. Paratype n° 2 MNHN.F.A46059, coll. L EDON. Hauteur préservée : 22 mm, diamètre : 21 mm.

9

10

DAGUIN F. (1944). - Sur la présence de Cypraeidés de grande taille dans les Calcaires de Blaye (Gironde). Comptes rendus sommaires de la Société Géologique de France (19 juin 1944) : 145-146.

DOCKERY D.T.(III) (1977). - Mollusca of the Moodys Branch Formation Mississippi. Mississippi Geological, Economic and Topographical Survey, 120, p. 1-212, pl. 1-28.

DOLIN L. & LOZOUET P. (2004). - Nouvelles espèces de Gastéropodes (Mollusca : Gastropoda) de l’Oligocène et du Miocène inférieur de l’Aquitaine (Sud-Ouest de la France). Partie 3. Cypraeidae et Ovulidae. Cossmanniana, Hors série n° 4, p. 1-164, pl. 1-36.

DOLIN L. & PACAUD J.-M. (2009). - Les Cypraeoidea et Velutinoidea (Mollusca, Caenogastropoda) du Lutétien inférieur du Vicentin et du Véronais (nord-est de l’Italie). Revue de Paléobiologie, 28 (2), p. 277-314, pl. 1-8.

DONCIEUX L. (1908). - Catalogue descriptif des fossiles nummulitiques de l’Aude et de l’Hérault. Deuxième partie (fascicule 1) : description paléontologique du Nummulitique des Corbières septentrionales. Annales de l’Université de Lyon, 22, p. 1-250, pl. 1-13.

FABRE A. (1939). - Études géologiques sur le département de la Gironde. Description géologique des terrains tertiaires du Médoc et essai sur la structure tectonique du département de la Gironde. Imprimerie Drouillard, Bordeaux, 533 p.

GREGORIO A. DE (1880). - Fauna di San Giovanni Ilarione (Parisiano). Parte 1a: Cefalopodi e Gastropodi, Montaina & C., Palermo, xxviii +110 p., 9 pl.

HARRIS G. & PALMER VAN WINKLE K. (1947). - The Mollusca of the Jackson Eocene of the Mississippi Embayment (Sabine River to Alabama River). Second section including Part. 2, Univalves and Index. Bulletins of American Paleontology, 30 (117), p. 209-466, pl. 26-65.

INGRAM W.M. (1942). - Type Fossil Cypraeidae of North America. Bulletins of American Paleontology, 27 (104), p. 5-23, pl. 1-4.

LARROUDÉ J. (1967). - Le Nummulitique de Saint-André-de-Cubzac à Blaye. Bulletin de l’Institut de Géologie du Bassin d’Aquitaine, 3 : 137-180.

LE RENARD J. & PACAUD J.-M. (1995). - Révision des Mollusques paléogènes du Bassin de Paris. 2: Liste des références primaires des espèces. Cossmanniana, 3 (3), p. 65-132.

PACAUD J-M. & LEDON D. (2010). - Révision des Mollusques de l’Éocène de Blaye (Gironde). 1. Description d’une espèce nouvelle de Turbinidae (Gastropoda, Vetigastropoda). Bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux, 145, (nouv. série) 38 (3), p. 349-359, pl. 1-3.

PACAUD J.M., LEDON D. & CAZE B. (2011). - Une nouvelle espèce de Digitolabrum (Gastropoda: Littorinimorpha: Rostellariidae) dans l’Éocène moyen du Bassin d’Aquitaine. Cossmanniana, 13, p. 33-47.

SCHILDER F.A. (1927). - Revision der Cypraeacea (Mollusca: Gastropoda). Archiv für Naturgeschichte, 91 (A/10), p. 1-165, 1 fig., 1 tabl.

TESSIER F. (1952). - Contribution à la Stratigraphie et à la Paléontologie de la partie Ouest du Sénégal. Faculté des Sciences de Marseille, Grande Imprimerie africaine, Dakar, p. 281-466.

Planche 3. Fig. 1a-c. Cypraedia (s.str.) aillana nov. sp., du Bartonien (Éocène moyen) de Blaye (Gironde), empreinte externe de la face ventrale. Holotype MNHN.F.A46060, coll. LEDON. Hauteur préservée : 29 mm, Diamètre : 18 mm. – Fig. 2. Cypraedia (s.str.) aplisiopsis (De Gregorio, 1880) du Lutétien inférieur (Éocène moyen) de San Giovanni Ilarione, Val Ciupio (Italie), face ventrale. MNHN.F.J10611, coll. HÉBERT. Hauteur : 25 mm, Diamètre : 14 mm. – Fig. 3a-b. Cypraedia (s.str.) fenestralis (Conrad in Wailes, 1854) du Bartonien (Éocène moyen) de Jackson (Mississippi, États-Unis), faces ventrale et dorsale (d’après DOCKERY (III), 1977). Hauteur : 32,5 mm, Diamètre : 24 mm.

11