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Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine PLAN DIRECTEUR DE GESTION DU PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE DU BASSIN DE L’OUED NOUN

Plan Directeur de gestion du patrimoine archéologique du bassin de l’Oued Noun, Maroc présaharien

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InstitutNational desSciencesde

l’Archéologie et du Patrimoine

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PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUEDU

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PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUEPATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUEDUDU

BASSIN DE L’OUED NOUNBASSIN DE L’OUED NOUN

Formulation et inventaire des biensFormulation et inventaire des biens

INTRODUCTION

I. FORMULATION

1. ANALYSE DE LA SITUATION

2. OBJECTIFS

2.1. Objectif stratégique global

2.2. Objectifs stratégiques et spécifiques

2.3. Objectifs horizontaux

3. PILOTAGE ET SUIVI

4. ITINÉRAIRE ET MÉTHODOLOGIE

4.1. Diagnostic et propositions préliminaires

4.2. Propositions définitives et planification

4.3. Exécution

II. INVENTAIRE DES BIENS

1. LES FICHES

2. LE SYSTÈME D’INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

2.1. Sources

2.2. Méthodologie

2.3. Exploitation

PLAN DIRECTEUR DE GESTION DU PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE

DU BASSIN DE L’OUED NOUN

Formulation et inventaire des biens

INTRODUCTION

L

Depuis 1995, le patrimoine archéologi-que de cette région a été étudié et évaluédans le cadre de deux projets de coopérationmaroco-espagnole : « Recherches archéolo-giques dans la région de Souss-Tekna » et « Pa-trimoine archéologique et paysageshistoriques du bassin de l’oued Noun ». Fi-nancés, du côté marocain, par le Ministèrede la Culture et, du côté espagnol, par le Mi-nisterio de Cultura et l’Agencia Española deCooperación Internacional para el Desarrollo(AECID), ces projets ont bénéficié du con-cours de plusieurs enseignants et chercheursrattachés à divers organismes universitaireset scientifiques des deux pays : Institut Na-tional des Sciences de l’Archéologie et du Pa-trimoine (INSAP, Rabat), Institut Royal de laCulture Amazighe (Rabat), Universidad deCastilla-La Mancha (UCLM, Ciudad Real-To-lède), Universidad de Las Palmas de Gran Ca-naria, Universidad de Granada et Museo yParque Arqueológico Cueva Pintada (Gáldar,Grande Canarie). Ils ont aussi intégré deschercheurs du Centre National de la Recher-che Scientifique (France).

e bassin de l’oued Noun, fleuve atlan-tique dont l’artère principale englobe lescours d’eau temporaires actuellement con-nus sous les appellations de Oum el-Achar,Sayyad, Ouarg Noun et Assaka, s’étend surquelque 7000 km2 et se développe sur leversant saharien de l’Anti-Atlas. Bien qu’in-cluant aussi les contrées méridionales de laprovince d’Ifni, le territoire drainé par ce ré-seau hydrographique coïncide essentielle-ment avec les limites de la province deGuelmim.

Les travaux à présent entrepris ontpermis de localiser et d’inventorier deuxcentaines et demie de sites archéologiquesqui enrichissent désormais l’atlas archéologiquedu Maroc. Ce travail d’inventaire a été complétépar des études de cas approfondies sur six deces sites: le complexe archéologique composé dela station rupestre et de la nécropole tumulairepréislamique de Tamrhalt-n-Zerzem (ST-G21), laforteresse et les habitats médiévaux d’Asriroù les traditions orales situent l’importanteville de Nul Lamta (ST-C35 et ST-C41), laqasba almohade de Tiguemmi Ouguellid/Dares-Soltane (ST-D5), et, enfin, les greniersfortifiés d’Amtodi (ST-F1 et ST-F4).

Bien que s’insérant dans un premiertemps au sein d’une démarche de recherchefondamentale, la nécessité d’envisager cestravaux en tant que des opérationspréalables à l’élaboration d’un plan intégralde gestion du patrimoine archéologiquerégional a toujours été mise en avant. Ceplan devrait, d’une part, servir de base à laconception et à la mise en œuvre d’unestratégie d’aménagement du territoire et dedéveloppement local compatible avec laconservation de cet ensemble unique debiens culturels qui constituent, sans aucundoute, un élément identitaire majeur. D’autrepart, sa priorité serait de définir les critères, lesoutils et la méthodologie pour transformer cesbiens d’abord en ressources, puis en produitséconomiques susceptibles de fonctionnerdans le marché par le biais d’actionsconcrètes de mise en valeur et de diffusionorientées à un tourisme culturel durable.Cela dans l’optique de renforcer lescapacités locales et de favoriser l’émergenced’un modèle de gestion participative capablede contribuer au bien-être et à l’amélioration duniveau de vie des populations concernées.

Restés fidèles à ce besoin, et grâce à lacontribution financière de l’AECID, l’INSAP etl’UCLM ont décidé de faire un premier pas enavant dans ce travail de diagnostic etplanification en abordant l’élaboration d’undocument d’identification qui pourrait servirde guide aux organismes responsables pourpiloter et encadrer, le moment venu, larédaction d’un éventuel «Plan directeur degestion du patrimoine archéologique dubassin de l’oued Noun». Le document enquestion est divisé en deux parties:formulation et inventaire des biens. Laformulation aborde des propositions concernantles objectifs et la structure de ce futur plandirecteur ainsi que la méthodologie qui doitprésider à sa rédaction. Pour sa part, l’inventairedes biens, qui permettra d’ores et déjà de brûlerune étape dans l’élaboration ultérieure de la phasede diagnostic de celui-ci, est présenté et organisésous forme d’un système d’informationgéographique (SIG).

I. FORMULATION

1. ANALYSE DE LA SITUATION

’importance de la valorisation dupatrimoine archéologique pour lesstratégies de développement durable dubassin de l’oued Noun est un sujetrécurrent dans toutes les initiatives etpropositions ayant trait au développementsocio-économique régional. D’une part,les biens archéologiques sont de plus enplus présents dans les projets promusdans la région, notamment au sein de sonProgramme de Sauvegarde et deDéveloppement des Oasis du Sud du Maroc,par l’Agence pour la Promotion et leDéveloppement Économique et Social desProvinces du Sud du Royaume. Par ailleurs,ils figurent en tête des ressourcessusceptibles d’être mobilisées dans les deuxPlans Communaux de DéveloppementÉconomique et Social aujourd’huidisponibles pour l’ensemble de la provincede Guelmim: Asrir et Ifrane de l’Anti-Atlas. Lepatrimoine archéologique du bassin del’oued Noun est, enfin, directement concernépar le programme conjoint de coopération«Le patrimoine culturel et les industriescréatives comme vecteurs de développementau Maroc (2008-2011)» financé par le Fondsdes Nations Unies pour la Réalisation desObjectifs du Millénaire pour le Développement(PNUD-Espagne). Cependant, il s’agit d’initiativeset propositions isolées qui demandent à êtrecoordonnées et devraient être impérativementinsérées dans une planification intégrale etcohérente.

Si, grâce aux prospections et travauxarchéologiques entrepris par l’INSAP etl’UCLM, la situation est particulièrementfavorable dans le domaine de l’inventaire,

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il n’en est pas de même quant à laconservation ou la mise en valeur. En cequi concerne la préservation dupatrimoine archéologique,menacé parl’abandon, le pillage, l’urbanisation et laconstruction d’infrastructures, il est parexemple significatif de constater qu’aucunsite de la région n’a été jusqu’à présentclassé. Quant à la valorisation, il n’existeaucune intervention d’interprétation etprésentation d’un bien archéologiquedigne de ce nom.

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2.OBJECTIFS

2.1. Objectif stratégique global

ettre en place un système de gestionintégrale et durable du patrimoine archéologiquedu bassin de l’oued Noun ayant comme prioritél’amélioration des stratégies appliquées à sarecherche, conservation et diffusion en vue decontribuer au développement socio-économiquede la région et au renforcement de son tissuculturel.

2.2. Objectifs stratégiques et spécifiques

Objectif 1. Promouvoir le renforcementinstitutionnel des organismes chargés de lagestion du patrimoine archéologique.

Mettre sur pied des outils et desprocédés susceptibles de permettredes interventions rapides dedocumentation et sauvegarde des bienspatrimoniaux menacés.

Créer un système de gestion auto-durable du patrimoine archéologique.

Favoriser la formulation de plansd’actions et de stratégies dedéveloppement basés sur laprésentation et interprétation dessites archéologiques.

Œuvrer pour la co-responsabilité et lacollaboration entre les administrationscompétentes en matière de gestion dupatrimoine archéologique afin d’éviterd’éventuels disfonctionnements.

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Objectif 2. Inciter à la réalisation detravaux d’identification et d’étude desbiens archéologiques.

Favoriser l’exécution de recherchessusceptibles de fournir des données surl’état du patrimoine archéologique de larégion, ses possibilités et ses potentialitéscomme levier de développement durable.

Créer et entretenir la mise à jour d’unsystème d’inventaire des bienspatrimoniaux.

Établir les critères et les priorités enmatière de recherche archéologique.

Favoriser la diffusion des connaissanceset les échanges d’idées en matière depatrimoine archéologique tant au niveaude la communauté scientifique que dugrand public.

Recenser, étudier et protéger lesconnaissances et interprétationstraditionnelles à propos du patrimoinearchéologique dans la mesure oùel les contr ibuent de manièreeffective à assurer sa protectionet sa réappropriation sociale.

Objectif 3. Favoriser les études etles interventions de conservation dont lepatrimoine archéologique a besoin pourgarantir sa durabilité et son usage éducatifet touristique.

Décrire l’état de conservation desbiens archéologiques, et de leurenvironnement culturel et naturel,en établissant un diagnostic précis etune prévision de leur évolution future ence qui concerne leur conservation,valorisation et jouissance.

Établir des critères d’intervention enmatière de conservation et restaurationdes biens archéologiques homogènes etrespectueux des chartes internationalesde l’ICOMOS.

Restaurer et réhabiliter les principauxbiens archéologiques de la région.

Favoriser la création d’emplois dans lesecteur de la conservation et laréhabilitat ion du patrimoinearchéologique.

Assurer la survie et la jouissance vis-à-vis des générations futures dupatrimoine archéologique régional.

Objectif 4. Améliorer les infrastructuresculturelles et d’interprétation du patrimoinearchéologique pour qu’il soit profitable tantau niveau des populations locales que destouristes.

Vulgariser le patrimoine archéologiquepour faciliter la compréhension, et doncl’estime, que les populations localesdoivent porter et ressentir vis-à-vis decelui-ci.

Mettre sur pied des nouveaux espacesinterprétatifs susceptibles de favoriser lerapprochement entre le patrimoinearchéologique et la citoyenneté.

Fixer des critères et des priorités ence qui concerne la valorisation dupatrimoine archéologique et laconstruction de nouvelles infra-structures d’interprétation et deprésentation.

Fournir aux sites archéologiques lesinfrastructures interprétatives ettouristiques adéquates en vue de leurrentabilisation culturelle et éducativeet de leur exploitation économique.

Mettre en valeur les principauxhauts lieux archéologiques de larégion.

Objectif 5. Contribuer à l’améliorationdes niveaux éducatifs dans le domainedes sciences humaines et sociales ainsiqu’à la formation et sensibilisation despopulations locales en matière depatrimoine archéologique.

Établ ir des cr itères communs àpropos de la pol i t ique d’édu-cation, sensibilisation et formationdans le domaine du patrimoinearchéologique.

Favoriser la connaissance et lac o m p r é h e n s i o n d u p a t r i m o i n ea r c h é o l o g i q u e dans le mil ieuscolaire e t e x t r a s c o l a i r e àt r a v e r s l e s p r o g r a m mes éduca-tifs.

Entreprendre des actions pédagogiquesen vue d’éveiller et de développer ausein de l’opinion publique uneconscience accrue sur la valeur dupatrimoine archéologique pour laconnaissance du passé et sur sa grandefragilité.

S timuler l ’édition et diffusion dematériaux textuels et audio-visuels à thématique patrimonialepour des fins éducatives.

Sensibiliser le grand public, etnotamment les touristes, surl’importance du patrimoine archéo-logique et promouvoir la participationde tous les citoyens et citoyennesdans sa gestion responsable.

Objectif 6. Établir une politiqueadéquate en matière de communication etmarketing aussi bien au niveau desinterventions entreprises sur les biensarchéologiques que des ressourcespatrimoniales elles-mêmes.

Fixer des critères communs quant auxstratégies de communication etmarketing en ce qui concerne lepatrimoine archéologique.

Encourager la production et diffusionde contenus se rapportant aupatrimoine archéologique dans lesmédias et les réseaux d’informationlocaux, régionaux et nationaux.

Stimuler la participation active des secteursproductifs (artisanat, tourisme, services)dans la gestion et la rentabilisation dupatrimoine archéologique.

Faciliter le dialogue et la concertationentre les exigences que demande la

conservation et valorisation du patrimoinearchéologique et les intérêts de l’industrietouristique pour atteindre un équilibrepermettant le développement durable detous les deux.

Étayer l’activité des petites et moyennesentreprises (PME) favorisant la fabricationet la circulation de produits et desouvenirs en relation avec lepatrimoine archéologique.

Objectif 7. Favoriser l’exécutiond’actions d’intérêt régional de grandeportée sociale et économique.

Mettre sur pied des opérations àvocation régionale pour relever lesdéfis que pose la gestion intégrale dupatrimoine archéologique du bassinde l’oued Noun.

Contribuer à la formation professionnelle età l’insertion dans le marché du travail despopulations locales, notamment des jeunes,par l’intermédiaire de projets dans le secteurde la réhabilitation et mise en valeur dupatrimoine archéologique tels que leschantiers-écoles.

Faire des espaces patrimoniauxréhabilités et valorisés des lieuxincorporés de façon effective à la viequotidienne des populations locales.

2.3. Objectifs horizontaux

Objectif 1. Contribuer à la créationet à la consolidation des emplois, toutparticulièrement chez les jeunes et lesfemmes.

Objectif 2. Favoriser le transfert deconnaissances technologiques et scientifiquesainsi que la standardisat ion de leurusage.

Objectif 3. Œuvrer pour le dialogue,la reconnaissance mutuelle et la coopérationdans le cadre de l’alliance descivilisations.

Objectif 4. Encourager l’implantationd’un tissu économique et social ayantpour base les potentialités du patrimoineet du tourisme culturel.

Objectif 5. Établir le développementdurable comme stratégie permanente degestion pour l’aménagement du territoire.

3. PILOTAGE ET SUIVI

a première démarche à entreprendredès le début du processus d’élaboration d’unéventuel «Plan directeur de gestion dupatrimoine archéologique du bassin del’oued Noun» consiste à constituer lesnécessaires structures de pilotage et suivi.Elles doivent assurer aussi bien laparticipation de toutes les administrationssectorielles concernées que la représentativitédes populations ciblées.

Compte tenu de la situation actuelle,le rôle moteur doit être impérativementjoué par le Ministère de la Culture en tantqu’administration de tutelle. C’est à luique, par l’intermédiaire de la Direction duPatrimoine Culturel et des DirectionsRégionales des régions Souss-Massa-Draa etGuelmim-Essmara, revient la responsabilitéde déterminer l’organe ou l’unité appropriésde planification, de prise de décision etd’exécution selon une approche participativedans le contexte territorial. Il va de soi quecet organe ou unité doit tenir compte desinstances et structures ayant des statuts etdes responsabilités institutionnels au niveaudu développement régional, provincial et local:Conseils Régionaux, administrations provinciales,Conseils Communaux, Agence pour laPromotion et le Développement Économiqueet Social des Provinces du Sud du Royaume,coopération internationale, associationslocales, ONG…

Une fois constitué, l’organe deplanification doit procéder à la mise enplace de l’équipe de pilotage technique duprocessus. Cette équipe, censée s’occuperde la préparation et élaboration du plandirecteur, doit être composée dechercheurs, experts et consultants

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désignés et embrasser une multiplicité dedomaines: archéologie, conservation,muséologie, architecture, géographie,anthropologie, sociologie, éducation,économie… Elle doit se doubler, au niveaulocal, de groupes d’animateurs composésde généralistes disposant de bonnescapacités de communication etd’interlocution et d’un minimum deconnaissances techniques.

4. ITINÉRAIRE ET MÉTHODOLOGIE

n tant que projet de développementterritorial durable, tout éventuel plan degestion du patrimoine archéologique dubassin de l’oued Noun doit s’inscrire dansun long processus de mobilisation, deconcertation et de négociation. Ceprocessus est appelé à privilégier lediagnostic territorial participatif et lerenforcement des capacités locales et doitnécessairement comporter trois étapes:diagnostic, planification et exécution.

4.1. Diagnostic et propositionspréliminaires

La réalisation du diagnostic etl’élaboration des propositions préliminairesseront basées sur un travail intensif etparticipatif de collecte et d’analyse dedonnées à l’échelle du territoire. Ce travaildevra s’organiser à partir d’une série deprofils ou aires thématiques.

Profil 1. Inventaire des biens. Outilindispensable dans les stratégies degestion (documentation, protection etvalorisation) du patrimoine et d’aménagementdu territoire, l’inventaire des biensarchéologiques s’érige comme unepriorité majeure dans cette étape dediagnostic. C’est pour cela que le présentdocument inclut, sous forme d’un SIG, lecatalogue élaboré à partir des prospectionset recherches archéologiques menées dans larégion depuis 1995 par l’INSAP et l’UCLM.

Si ce SIG constitue certes un excellentpoint de départ, l’inventaire demande detoute évidence à être systématiquement misà jour et complété. Cette étape doit parconséquent aborder aussi des propositions

E

pour continuer les travaux de prospection etde documentation en privilégiant, enl’occurrence, les nouvelles technologies etles procédés non destructifs (télédétection,prospections géophysiques…).

Profil 2. Fouilles et interventionsarchéologiques. Les sondages et autresrecherches archéologiques effectués dansle cadre des projets de coopérationmaroco-espagnole dont il a été questionont eu un but essentiellement scientifique.Limitant au minimum la destruction desbiens concernés et garantissant lapréservation des vestiges exhumés, ils sesont surtout appliqués à résoudre desproblèmes d’ordre chronologique ethistorique dont certains restent encoreentiers. C’est pour cela que cette phase dediagnostic doit encore inclure des fouillesde portée très limitée sur plusieurs sitesarchéologiques de la région.

Ceci dit, les propositions de fouilleset d’interventions devront être orientéesde préférence par les besoins en matièred’archéologie préventive et donc exécutéessur des sites menacés ou condamnés à ladisparition par des travaux d'aménagementdu territoire (carrières, terrassements,routes, bâtiments privés et publics…)entraînant la destruction des vestiges querecèle le sous-sol. L'archéologie préventivepermet de sauvegarder, par l'étude, les archivesdu sol en prévoyant l'intervention desarchéologues en préalable au chantierd'aménagement pour effectuer un diagnostic et,si nécessaire, une fouille. Car l'aménagementdu territoire ne doit donc plus se faire audétriment des vestiges du passé.

Cette étape de diagnostic etpropositions préliminaires doit aussienvisager d’éventuelles interventions surles sites appelés à bénéficier d’un projetd’interprétation et présentation. Il

faut rappeler que, dans ces cas, lesfouilles doivent être précédées d’uneévaluation poussée du potentiel du site etréserver un secteur vierge en vue derecherches ultérieures.

Profil 3. Protection et conservation.La conservation « in situ » des sites etvestiges archéologiques doit être le butessentiel de toute stratégie de sauvegardedu patrimoine archéologique. Dans lebassin de l’oued Noun, seuls certainssites, dont les greniers d’Amtodi (ST-F1 etST-F2), ont à présent bénéficié de projetsde consolidation et restauration certesparfois discutables. L’étape de diagnosticet propositions préliminaires comporteranécessairement deux volets : conservationpréventive et restauration.

La conservation préventivedemande l’identification etl’évaluation des dangers quimenacent le patrimoinearchéologique et exige la mise enplace de procédés et d’outils pourles conjurer tels que les cartes derisques. Outre l’inventaire et ledéveloppement d’une archéologiepréventive digne de ce nom,l’étape de diagnostic doitenvisager la mise en place d’unsystème de gardiennage des sites,

particulièrement en ce quiconcerne les stations rupestres, etla création de « réserves »archéologiques. Elle doit aussiinclure des propositions declassement de sites et de mesureslégislatives visant à assurer laprotection des biens inscrits surl’inventaire et à établir l’obligationpour les aménageursd’entreprendre et de financer desétudes d’impact archéologique.

Le volet restauration doitembrasser, quant à lui, despropositions d’interventionsdirectes sur le patrimoine

archéologique dont le but est double :garantir sa conservation à long terme etfaciliter sa compréhension par les visiteurséventuels. Toutes ces interventions suivrontune série de critères et principes : rigueurhistorique, réversibilité, interventionminimale, authenticité, sécurité, durabilité…

Profil 4. Interprétation et présentation.L’interprétation et la présentation sontune partie intégrante fondamentale duprocessus général de conservation et degestion du patrimoine archéologique. Sil’interprétation renvoie à l’ensemble desactivités destinées à augmenter laconscience publique et à renforcer lacompréhension d’un site archéologique, laprésentation concerne plus spécifiquement,quant à elle, une communication planifiée ducontenu interprétatif par l’agencementd’informations de même nature, au moyend’un accès physique au site.

Au stade du diagnostic, les propo-sitions préliminaires doivent chercher unecomplémentarité thématique et tendre àl’équilibre territorial pour créer unauthentique réseau régional de centresd’interprétation et de sites muséalisés reliés,dans la mesure du possible, par desitinéraires à valeur patrimoniale. Chacunedes propositions d’intervention devrait être

basée sur les principes énoncés par la«Charte pour l’interprétation et laprésentation des sites culturelspatrimoniaux» (ICOMOS, 2008): accès etcompréhension, sources d'information,attention portée au contexte et àl’environnement, préservation del’authenticité, organisation de la durabilité,attention portée à la participation et, enfin,importance de la recherche, de laformation et de l’évaluation.

Profil 5. Éducation et formation.L’importance de l’éducation dans lagestion intégrale du patrimoinearchéologique est liée au rôle croissantjoué para les différents agents sociauxcomme destinataires ultimes des actionsentreprises en vue de sa documentation,conservation et diffusion. Car, grâce àl’identification des communautés localesavec les biens archéologiques de leurterritoire, ceux-ci deviennent desinstruments pour asseoir leur cohésionsociale et renforcer leurs identités.Néanmoins l’usage éducatif du patrimoinen’est toujours pas facile. Il existe deséléments patrimoniaux dont latransmission et la réappropriation socialesont compliquées et les intérêts deschercheurs, des muséologues, des expertsen diffusion et des éducateurs sont, dansce domaine, parfois divergents.

L’étape de diagnostic doit comporterdes propositions de programmes éducatifsélaborés par des équipes intégrant d’unepart des experts en archéologie etmuséologie, d’autre part des spécialistes endidactiques spécifiques (histoire etgéographie bien entendu, mais aussi desdomaines se rapportant aux études de loisiret tourisme) et, enfin, les agents directementimpliqués dans la conception et la réalisationdu curriculum scolaire. Au-delà de laconcrétisation des objectifs et de laformulation des bases pédagogiques, cespropositions doivent aussi tenir compte deplusieurs éléments : les destinataires desactions didactiques (écoliers et étudiants,formateurs, public en général, touristes), lesstratégies et les matériaux de diffusion(dossiers, publications, supports numériques,pages web) et les ressources disponibles(humaines, techniques et fonctionnelles,économiques).

Profil 6. Communication etmarketing. En vue de son exploitationcomme produit touristique dans le cadred’un tourisme culturel durable, il estévident que la phase de diagnostic dufutur plan de gestion du patrimoinearchéologique du bassin de l’oued Noundoit aussi embrasser des domaines telsque la communication et le marketing.

Les propositions à niveau de lacommunication concerneront de façonspécifique des initiatives dans le terrainde la publicité et des relations publiquesavec une attention toute particulière à lacréation de l’image de marque « Patri-moine de l’oued Noun ». Les stratégies demarketing seront essentiellementorientées, quant à elles, à la création et àla commercialisation de produitstouristiques. C’est-à-dire à transformer lesressources patrimoniales en biens etservices (itinéraires culturels,infrastructure hôtelière, produitsartisanaux) et à les faire fonctionner dansle marché touristique.

Profil 7. Impact socio-économiqueet faisabilité financière. Dans cettephase de diagnostic et de formulation depropositions préliminaires, l’évaluation del’impact socio-économique et l’analyse dela faisabilité financière de l’éventuel plandirecteur de gestion s’avèrentfondamentales.

En ce qui concerne l’étude d’impactsocio-économique, le principe majeurappliqué doit être celui de la participationde la population. C’est pour cela qu’uneattention toute particulière sera apportéeaussi bien à l’identification et àl’implication des groupes et individuspotentiellement impactés par ce plan qu’àla documentation des impacts (positifs ounégatifs) perçus comme probables par lespropres communautés. À partir d’un étatdes lieux de la situation socio-économiqueactuelle, le diagnostic aura pour vocationde servir de référence et de permettred’identifier et de suivre, au fur et à mesurede leur évolution dans le temps, les

changements éventuellement liés audéveloppement du plan.

L’étude de faisabilité financièreconsiste à traduire en termes financiersles propositions effectuées dansl’ensemble de profils et à vérifier laviabilité économique du plan directeur.L’étude financière est un processusrépétitif qui permet progressivement defaire apparaître tous les besoins financierset les possibilités de ressources qui ycorrespondent. Dans cette étape dediagnostic, la priorité sera accordée àl’élaboration du plan de financementinitial qui permettra de déterminer lescapitaux nécessaires pour lancer le plande gestion du patrimoine archéologiquedu basin de l’oued Noun. Il s’agira doncd’évaluer les besoins durables definancement ainsi que les ressourcesfinancières durables tout en identifiant leséventuels bailleurs de fonds:administrations et organismes publics,coopération internationale, mécènes etsponsors…

4.2. Propositions définitives etplanification

Le passage de l’étape du diagnostic à cellede la planification est la base sur laquelle reposel’élaboration d’une quelconque stratégie dedéveloppement territorial. Dans cette phase, ilfaudra mobiliser des outils de planificationparticipative en vue de valoriser les propositionspréliminaires des différents diagnosticsthématiques et les transformer en propositionsdéfinitives. Le principal résultat recherchéde cette démarche sera l’élaboration d’unplan d’actions intégré qui devra êtreconcerté au sein de l’organe de pilotage etsuivi, et auprès de l’ensemble des partiesprenantes, pour la construction définitivedu «Plan directeur de gestion dupatrimoine archéologique du bassin del’oued Noun».

4.3. Exécution

Cette étape sera nécessairementlongue et complexe. Sa concrétisationpourrait exiger que l’organe de pilotage etsuivi soit assisté par une unité administrativespécialisée dans la gestion du patrimoinearchéologique. Le moment serait donc venupour envisager la création d’un «Centrerégional de documentation, conservation etdiffusion du patrimoine culturel ».

II. INVENTAIRE DES BIENS

el qu’il a été indiqué plus haut,l’inventaire est un outil indispensabledans les stratégies de gestion(documentation, protection etvalorisation) du patrimoine etd’aménagement du territoire. Les travauxde prospection et les recherchesarchéologiques menés dans le bassin del’oued Noun par l’INSAP et l’UCLM depuis1995 ont permis de localiser etd’inventorier 239 sites archéologiques,pour la plupart inédits. Ce sont ces sitesqui font objet du catalogue inclus dans cedocument.

De nature dynamique, susceptiblepar conséquent d’être facilement mis àjour au fur et à mesure de nouvellesprospections et recherches, cet inventairea été conçu pour être facilement consultéet utilisé. C’est pour cela que, malgré lestirages sur papier insérés dans cedocument à titre d’exemple, samanipulation privilégie le formatnumérique. Le catalogue est présentésous forme de fiches informatiséesintégrant une banque de données àréférence spatiale et donc susceptibled’être gérée par l’intermédiaire d’unsystème d’information géographique(SIG).

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1. LES FICHES

Les fiches sont modélisées à l’aidedu logiciel Access et comportent desinformations normalisées et hiérarchiséessur chacun des sites: toponymie,localisation, chronologie, typologie, étatde conservation, nature des travauxeffectués, situation légale… Chaque fichede texte est associée à un dossier, dontl’accès s’effectue à partir de la fiche elle-même en cliquant sur un bouton de lien,où sont classées les annexesiconographiques (photos et dessins).

2.. LE SYSTÈME D’INFORMATIONGÉOGRAPHIQUE (SIG)

L’application des technologies del’information géographique à cetinventaire a permis de créer une base dedonnées à référence spatiale des biensarchéologiques recensés dont l’utilité esttriple. Elle fournit, d’une part, unelocalisation géographique précise dessites. D’autre part, elle autorise l’analysespatiale des biens en permettant de lesmettre en relation entre eux et avec leurenvironnement (topographie, hydrographie,réseau routier, occupation du sol,…). Ellefacilite, enfin, l’élaboration de cartesthématiques aussi bien pour l’étude et lacompréhension géographique de la régionque pour l’examen des données disponibles.

2.1. Sources

a. Photos aériennes tirées de Google Earth

b. Modèle numérique de terrain (MNT)constitué à partir de la base de donnéesaltimétriques Shuttle Radar TopographyMission(http://srtm.csi.cgiar.org/SELECTION/inputCoord.asp).

c. Image satellitaire Landsat 5 datée du19/03/2002(http://glcfapp.umiacs.umd.edu:8080/esdi/index.jsp).

d. Carte topographique du Maroc au 1/100.000.

2.2. Méthodologie

Toutes les données utilisées ont étéprojetées du point de vue géographiqueen utilisant le datum géodésique mondialWGS84 (World Geodetic System 1984). Larégion se trouve dans la zone 29N de laprojection UTM et l’unité de mesure est lemètre.

a. Base de données georéférencée desbiens archéologiques

Les photos aériennes à hauterésolution disponibles sur Google Earthont permis la reconnaissance visuelle dessites inventoriés et l’établissement précisde leurs coordonnées géographiques,ultérieurement corrigées selon laprojection mondiale WGS84. La base dedonnées géo-référencée avec les biensarchéologiques est présentée en formatShape sous le nom XY_BDIA.

b. Modèle numérique de terrain (MNT)

Le modèle numérique de terrain(MNT) est présenté en format Geotiff etfournit une résolution de 90 m.

c. Image satellitaire Landsat

Une image en fausse couleur utilisantles bandes 4-3-2 a été élaborée. Lerésultat est présenté en format JPGgéoréférencé. Sa visualisation permetl’interprétation des usages du sol.

d. Autres bases de données

Trois couches d’informationscomplémentaires ont été digitalisées àpartir des feuilles scannées de la carte duMaroc au 1/100.000 : réseau routier(routes goudronnées et pistescarrossables), réseau hydrographique etagglomérations. L’ensemble de donnéesest présenté en format Shape.

2.3. Exploitation

La base de données produite permetl’accomplissement de plusieurs tâches.Tout d’abord, et à condition de disposerd’un logiciel SIG capable de reconnaîtreles formats de fichiers fournis, notammentShape, elle autorise l’identification à l’aidede l’écran des sites inventoriés et laconnaissance de leurs caractéristiques. Enoutre, tel que l’attestent plusieurs descartes jointes à ce document à titred’exemple, elle rend possible l’analysespatiale des biens archéologiques etfacilite de dresser une cartographiethématique pour orienter, selon lesbesoins de l’utilisateur, le processus deplanification et de prise de décisions.

ÉQUIPE DE RÉDACTION

DIRECTEURS

Youssef BOKBOT

Jorge ONRUBIA PINTADO

COORDINATEUR

Víctor Manuel LÓPEZ-MENCHERO BENDICHO

CHERCHEURS ET EXPERTS

Víctor ANTONA DEL VAL

Julio José PLAZA TABASCO

Carmen Gloria RODRÍGUEZ SANTANA

Álvaro SÁNCHEZ CLIMENT

Sheila ÚBEDA ANGULO

ÉDITION ET IMPRESSION

Castro & Val Consultores S.L.