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GIAMI, A., KORPES, J-L, LAVIGNE, C, SCELLES, R. Un exemple d'articulation de méthodes d'analyse qualitatives et quantitatives sur des entretiens semi-directifs : les représentations du handicap. Bulletin de Méthodologie Sociologique, 1995, 47, pp. 49-77. Adresse : Alain Giami : INSERM - U.292 Hôpital de Bicêtre, 78 rue de Général- Leclerc. 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex. Résumé: Un exemple d'articulation de méthodes d'analyse qualitatives et quantitatives sur des entretiens semi-directifs : les représentations du handicap. Cet article présente une démarche exploratoire de recherche méthodologique visant à associer un traitement informatisé à une analyse qualitative de catégories réalisée sur un corpus d'entretiens semi- directifs. Après avoir présenté les fondements théoriques de la construction de leur grille d'analyse et les problèmes rencontrés lors de son application sur le matériel, les auteurs exposent comment ils ont eu recours à un fichier de base de données qui a permis, dans un second temps, le traitement des catégories à l'aide d'un logiciel de segmentation et de classification de données ("AC2"). Il s'agit d'une analyse menée secondairement sur les catégories établies par les chercheurs et visant à produire une représentation précise de l'organisation des différentes variables en repérant leur pouvoir discriminant. Cette méthode automatique de traitement constitue un outil complémentaire visant à systématiser les résultats établis à l'aide de la méthode qualitative et à étayer les interprétations sur une prise en compte exhaustive de ces catégories. Abstract : How to link qualitative and quantitative methods of analysis applied on semi- structured interviews : Representations of Handicap. This article presents a working-process of methodological research to link the use of computer data processing with a qualitative analysis of categories in a sample of semi- structured interviews. After presenting the theoretical basis for the analytical grid, and the problems encountered in its application on the qualitative material, the authors explain their use of a data base which then allowed to process the categories with the help of a data segmentation and classification software ("AC2"). This analysis was carried out secondarily on the categories established by the researchers in order to produce a more precise representation of the way the different variables were organised, by pinpointing their discriminating power. This automatic processing method is used as a complementary tool for systematising results obtained with the qualitative method and to support the interpretations on an exhaustive accounting of these categories.

Méthodologie quali sur le handicap

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GIAMI, A., KORPES, J-L, LAVIGNE, C, SCELLES, R. Un exemple d'articulation de méthodes d'analyse qualitatives et quantitatives sur des entretiens semi-directifs : les représentations du handicap. Bulletin de Méthodologie Sociologique, 1995, 47, pp. 49-77. Adresse : Alain Giami : INSERM - U.292 Hôpital de Bicêtre, 78 rue de Général-Leclerc. 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex. Résumé: Un exemple d'articulation de méthodes d'analyse qualitatives et quantitatives sur des entretiens semi-directifs : les représentations du handicap. Cet article présente une démarche exploratoire de recherche méthodologique visant à associer un traitement informatisé à une analyse qualitative de catégories réalisée sur un corpus d'entretiens semi-directifs. Après avoir présenté les fondements théoriques de la construction de leur grille d'analyse et les problèmes rencontrés lors de son application sur le matériel, les auteurs exposent comment ils ont eu recours à un fichier de base de données qui a permis, dans un second temps, le traitement des catégories à l'aide d'un logiciel de segmentation et de classification de données ("AC2"). Il s'agit d'une analyse menée secondairement sur les catégories établies par les chercheurs et visant à produire une représentation précise de l'organisation des différentes variables en repérant leur pouvoir discriminant. Cette méthode automatique de traitement constitue un outil complémentaire visant à systématiser les résultats établis à l'aide de la méthode qualitative et à étayer les interprétations sur une prise en compte exhaustive de ces catégories. Abstract : How to link qualitative and quantitative methods of analysis applied on semi-structured interviews : Representations of Handicap. This article presents a working-process of methodological research to link the use of computer data processing with a qualitative analysis of categories in a sample of semi-structured interviews. After presenting the theoretical basis for the analytical grid, and the problems encountered in its application on the qualitative material, the authors explain their use of a data base which then allowed to process the categories with the help of a data segmentation and classification software ("AC2"). This analysis was carried out secondarily on the categories established by the researchers in order to produce a more precise representation of the way the different variables were organised, by pinpointing their discriminating power. This automatic processing method is used as a complementary tool for systematising results obtained with the qualitative method and to support the interpretations on an exhaustive accounting of these categories.

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Introduction Cet article présente un exemple d'articulation entre une méthode qualitative d'analyse d'entretiens semi-directifs et des méthodes informatisées de traitement automatique appliquées secondairement à l'analyse qualitative sur ce matériel. Nous avons tenté, lors de cette recherche 1, de systématiser la mise à l'épreuve des hypothèses, menée principalement de manière qualitative, en nous aidant à certains moments d'une approche permettant la quantification et le traitement automatique des catégories produites lors de la phase d'analyse qualitative. Cette démarche doit être resituée dans le cadre théorique et méthodologique qui est le sien. En effet, la méthodologie scientifique des sciences sociales n'est pas réductible au choix des techniques de recueil et d'analyse du matériel. Dans la mesure où elle doit permettre la validation des hypothèses d'une recherche, elle doit nécessairement être cohérente avec ses postulats théoriques : " [alors que] le terme de méthodologie renvoie aux liens entre la théorie de la réalité sociale et la méthode qu'une étude utilise pour rendre compte d'un aspect de la réalité, le terme de méthode renvoie aux techniques de recueil et d'analyse de données " (Gerhardt, 1988). En ce qui concerne la présente recherche, la méthodologie utilisée est fondée sur la théorie des phénomènes psychosociaux que nous étudions : les représentations (cf. Giami, 1989b, 1990), sur une analyse conceptuelle du terme de handicap et des difficultés méthodologiques et idéologiques pour construire celui-ci en objet psychosociologique (Giami, 1992, 1994). Nous proposons un essai de quantification dans le cadre de l'approche clinique-qualitative (Revault d'Allonnes et coll. 1989), contexte méthodologique dans lequel le recours à la quantification rencontre, en France, des résistances importantes. Celle-ci y est considérée comme réductrice par rapport à des approches qui étudient "la personne totale en situation" (Lagache, 1949). Notre travail porte uniquement sur l'analyse d'entretiens semi-directifs. D'autres travaux réalisés dans une perspective clinique, et en particulier sur "les représentations de situations de handicaps et d'inadaptations" (Morvan, 1988), ont mis en oeuvre des méthodes quantitatives, des questionnaires à réponses ouvertes, des échelles d'attitude, et des tests projectifs mais n'ont pas utilisé l'analyse d'entretiens semi-directifs. Par ailleurs, la réflexion méthodologique est un parcours semé d'embûches. Il est difficile dans le cadre d'un court article, de présenter et discuter de problèmes méthodologiques indépendamment de la recherche dans laquelle une méthodologie 1 Contrat de Recherche Externe INSERM n° 891106 : "Représentations du Handicap et des Personnes Handicapées" Rapport de fin de contrat, Décembre 1993.

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a été mise en oeuvre. L'intrication des différentes phases de la recherche nous a contraints à présenter sommairement les problèmes théoriques que cette recherche avait pour objectif d'explorer avant d'en présenter les aspects méthodologiques à proprement parler. En outre, cet article ne porte pas sur l'ensemble des techniques d'analyse qui ont été mises en oeuvre dans cette recherche, mais seulement sur l'un des moments de l'analyse. Cette recherche, réalisée à l'aide d'entretiens individuels semi-directifs a occasionné la mise en place et la mise en regard de différentes approches du matériel recueilli. Il s'agit tout d'abord de l'approche des entretiens au cas par cas qui constitue la première phase de l'approche et qui vise à dégager la problématique spécifique à chacun des cas dans sa singularité. Il s'agit, ensuite, d'une analyse transversale des entretiens visant à dégager la structure, les processus et les contenus thématiques propres à chacun des sous-groupes qui composent notre population. Il s'agit, enfin d'une analyse comparative visant à dégager une structure commune de représentation aux trois sous-groupes - la "Figure Fondamentale du Handicap" - (Giami, 1990). Le travail que nous présentons dans cet article porte sur la phase d'analyse transversale, au niveau de l'analyse des catégories et des processus, à l'exclusion des contenus thématiques. Les entretiens individuels ont été regroupés en fonction des sous-groupes auxquels ils appartiennent pour en dégager leur structure commune. La démarche que nous avons mise en oeuvre ne vise pas à substituer une analyse automatique du discours à l'analyse "manuelle" de celui-ci, mais partant de l'analyse qualitative menée "manuellement" nous avons tenté de traiter systématiquement les catégories que nous avons établies lors de cette phase d'analyse. Il s'agit donc d'une démarche de confrontation et de systématisation du travail d'analyse qualitative reposant sur l'exhaustivité des catégories traitées "manuellement". En d'autres termes, le recours à une méthode quantitative et automatique constitue une méthode d'analyse secondaire et un "garde-fou" visant à nous protéger d'interprétations hâtives établies sur la base d'impressions surgies lors de l'immersion dans l'analyse des entretiens. Cette démarche a été rendue nécessaire du fait de la pluralité des chercheurs - chacun des membres de l'équipe ayant travaillé sur une fraction du matériel initial - et de la diversité de leurs implications dans le "champ du handicap", afin de produire une vision globale et unifiée du matériel traité. Nous avons choisi de présenter successivement les objectifs de la recherche et ses hypothèses théoriques, d'expliciter la méthodologie et les différentes techniques, qualitatives et quantitatives qui ont été mises en oeuvre lors de la phase d'analyse

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transversale et comparative, et enfin de discuter certains des problèmes soulevés par cette approche. 1. Problématique et objectifs de la recherche L'analyse de la littérature sur les attitudes et les représentations du handicap fait apparaître un problème fondamental concernant les relations entre les représentations et l'objet représenté. Ce problème est rarement discuté dans le cadre de la psychologie sociale. D'une part, dans les recherches nord-américaines menées en termes d'attitudes, il s'est agi principalement de mesurer des attitudes à l'égard d'un objet considéré comme une donnée objective ou une variable indépendante (Giami, 1986). D'autre part, dans les recherches européennes menées en termes de représentations sociales, les représentations sont souvent traitées comme le résultat de processus de transformation et de reconstruction d'un objet qui n'est pas systématiquement interrogé au plan de son statut épistémologique par rapport au statut de la représentation (Morvan, Paicheler, 1990). Dans un grand nombre de ces recherches, les termes, tels qu'ils sont définis dans les corpus administratifs et médico-sociaux - handicap, ou "disability" - sont souvent traités comme des variables indépendantes qui font office de référent d'objectivité. D' autres auteurs étudient les représentations comme une activité de construction de l'expérience et de production du sens pour les acteurs individuels et surtout collectifs (Jodelet, 1989). En France, c'est un ensemble de représentations socialement véhiculées par des textes législatifs (Loi d'orientation de 1975 "en faveur des personnes handicapées") et des classifications socio-médicales (C.I.D.I.H.2 de l'O.M.S.) qui prend valeur de référent d'objectivité pour définir "l'objet handicap" et le "champ du handicap", et servir de référence à la construction des recherches psycho-sociologiques. En outre, les propres représentations des chercheurs sont souvent opérationnalisées dans les dispositifs de traitement et d'analyse des questionnaires ou des discours recueillis. Ainsi la représentation de l'objet handicap est-elle souvent principalement analysée à l'aide des caractéristiques de l'objet lui-même ou fonctionne comme théorie implicite des chercheurs. Ceci nous a semblé constituer un obstacle majeur au repérage et à la prise en compte d'éléments et de dimensions qui ne sont pas présents dans ce qui est reconnu comme "l'objet handicap" et qui constituent la dimension métaphorique de la représentation (Sontag, 1979). A titre d'exemple, il s'agit de savoir quel statut on donne aux thèmes de la "monstruosité", du "chômage" ou du "désir de meurtre",

2 Classification Internationale des Déficiences, Incapacités et Handicaps, O.M.S. (1988).

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dans les représentations du handicap ; thèmes qui sont absents des définitions du handicap mais dont nous avons déjà montré par ailleurs qu'ils sont constitutifs, à des degrés divers des représentations du handicap (Giami et al. 1988). En d'autres termes, il s'agit (1) de se donner les moyens théoriques et méthodologiques de construire un dispositif d'analyse des représentations qui permette de dépasser le reflet du discours de l'objet; (2) de considérer que les représentations ne sont pas réductibles au reflet, fut-il déformé ou transformé de l'objet; (3) de mettre en évidence les dimensions des représentations qui échappent à la conscience des acteurs. Il s'agit d'une théorie de la représentation qui repose sur le postulat selon lequel, la représentation peut être autonome par rapport à l'objet représenté tel qu'il est construit dans les discours socialement diffusés. Le problème posé au chercheur réside donc dans la difficulté à se dégager des définitions existantes et à élucider ses propres représentations du handicap. Nous avons trouvé une première réponse à ces problèmes chez certains auteurs américains qui se sont interrogés sur le flou et la polysémie des termes d'"infirmité" ainsi que sur les erreurs de mesure provoqués par ce flou. J. Siller a traité ce problème à partir du constat du flou et de la polysémie du terme de "disability" employé comme stimulus dans les enquêtes : "La première difficulté méthodologique a été formulée à propos du caractère vague du terme général de "disability" lorsqu'il est employé comme référent. Ce problème de procédure reflète la question théorique selon laquelle, les attitudes du public se portent de manière globale sur des "disability" différentes ou bien dans quelle mesure elles sont corrélées à une "disability" spécifique." (Siller, 1986, p. 249). Pour B. Altman, le problème majeur se situe au niveau de la confusion entre les "atteintes handicapantes" et "les individus qui pourraient être porteurs d'"atteintes spécifiques": "On a accordé beaucoup d'attention aux réactions du sujet ou à la classification de différents types d'atteintes handicapantes. La plupart de ces études visent à mesurer des attitudes à l'égard d'atteintes handicapantes et non à l'égard d'individus qui pourraient être porteurs d'une de ces atteintes spécifiques. " (Altman, 1981, p. 331). Dans leurs recherches, ces auteurs ont eu conscience d'être confrontés au problème de l'interprétation d'une consigne polysémique par les sujets interrogés. En réduisant ce problème à une question technique de méthode, ils n'ont pas poussé leur analyse jusqu'à considérer que les interprétations de la consigne, par les sujets interrogés constituait un véritable enjeu de recherche. En outre, ils ont limité leur constat à deux des dimensions de la polysémie de la consigne :

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1 : la spécificité de l'atteinte, en distinguant les atteintes physiques des atteintes mentales; 2 : la distinction entre atteinte handicapante et personnes handicapées considérées sous l'angle du groupe minoritaire (Fine, Asch, 1988; Meyerson, 1948). Compte tenu de ce constat, nous avons tenté de repérer et d'analyser la structure, les contenus et les significations de la polysémie du terme de handicap en considérant que cette polysémie était constitutive et caractéristique des représentations du handicap. Il nous a semblé nécessaire de pousser cette analyse de l'interprétation et de la construction de la consigne de "handicap" par les locuteurs vers d'autres aspects, que ceux déjà abordés par Altman et Siller en considérant que les représentations reflètent bien plus la position subjective des acteurs à l'égard de l'objet que l'objet de lui-même. De ce fait, les représentations apparaissent porteuses de dimensions qui ne sont pas réductibles aux caractéristiques de l'objet (tel qu'il est défini dans les discours socialement diffusés). Il fallait donc nous doter d'un instrument permettant de prendre en compte l'extériorité des représentations par rapport à l'objet. C'est pour comprendre la complexité de ces positions subjectives que nous avons construit un plan d'expérience fondé sur la comparaison entre deux sous-groupes différemment situés dans le champ du handicap - parents et professionnels - et un sous-groupe de "non-concernés" 3. Nous avons postulé que les membres de ces trois sous-groupes ont des représentations du handicap, et des relations avec des personnes considérées ou définies comme handicapées qui varient suivant leur situation. En outre, nous avons considéré que quel que soit le rôle et la fonction que l'on occupe à l'égard des personnes handicapées (parent ou professionnel, notamment) chaque personne avait été préalablement, dans son histoire personnelle, en situation de "non-concerné" dans des relations avec des personnes handicapées mais, peut-être aussi, "concerné" dans sa relation au handicap. La prise en compte du discours des "non-concernés" permet d'évaluer l'évolution des représentations liée à l'implication dans des relations effectives - aux plans familial ou professionnel - avec une ou des personnes handicapées. L'objectif de la recherche était d'appliquer la problématique théorique, élaborée à partir de ce constat, sur le matériel d'entretien recueilli lors de l'enquête, afin de mettre en évidence les catégories, les dimensions et les processus qui structurent les représentations avant d'en explorer les contenus thématiques qui constituent la

3 Il s'agit d'un sous-groupe d'individus qui ne sont impliqués dans des relations avec des "personnes handicapées" ni au plan familial ni au plan professionnel.

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"chair" des représentations. Le cadre général de l'analyse des catégories a été élaboré précédemment au recueil des entretiens pour y être appliqué, indépendamment, peut-on dire, de leur contenu thématique qui a fait l'objet d'une analyse ultérieure. 2. Méthodologie Recueil des entretiens : Les entretiens semi-directifs ont été recueillis de façon à permettre aux personnes interrogées de développer toute association d'idées en référence à la consigne de départ : "Qu’est-ce-que le handicap pour vous? ". Du point de vue des chercheurs, il s'agissait de ne pas empêcher l'expression de thèmes pouvant apparaître comme "extérieurs", ou "incongrus" par rapport à nos propres définitions et représentations de "ce qu'est le handicap". Selon les cas, les personnes interrogées ont pu parler aussi bien "des handicapés", du "handicap" ou "de Jojo" mais aussi des "courses de chevaux", de la "pauvreté", du "racisme" , de la "folie", de la "joie de vivre" . Population : Nous avons recueilli 40 entretiens, d’une durée d'une heure en moyenne, auprès des trois sous-groupes - parents, professionnels, non-concernés - . Ces entretiens ont été intégralement retranscrits sur traitement de texte . Analyse qualitative des catégories: L'analyse systématique d'un corpus d'entretiens est la phase centrale d'un travail de recherche qualitatif. Elle permet à une équipe de chercheurs de se doter d'un instrument à même de "redresser" le caractère hétérogène d'un corpus d'entretiens, a fortiori lorsque les entretiens ont été recueillis par des personnes différentes ayant chacune son "style d'interviewer" (Blanchet, 1991). S'il est exclu de renoncer à l'hétérogénéité et à la diversité qui constituent le principal avantage d'un corpus d'entretiens, l'élaboration d'une grille d'analyse permet de définir un mode de lecture, commun aux différents chercheurs, guidé par les hypothèses de la recherche et permettant de procéder aux "réductions" nécessitées par la construction de l'objet. L'utilisation de la grille d'analyse a visé au repérage de l'ensemble des catégories 4 et à l'analyse transversale et comparative du matériel recueilli. Dans la perspective clinique, ce type de lecture a été complété, par ailleurs, par des analyses longitudinales traitant chaque entretien comme un cas spécifique ayant sa dynamique propre et visant à repérer les énoncés singuliers, les formulations

4 Le terme de "catégorie" est employé dans un double sens. D'une part, il définit l'ensemble des catégories qui font l'objet du traitement, d'autre part, l'une de ces catégories en opposition aux autres.

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extrêmes ou atypiques, les lapsus et les éléments apparemment incompréhensibles au regard des hypothèses (cette phase de l'analyse ne fait pas l'objet du présent article). La conjonction de ces deux types de lectures vise à mettre en regard les analyses menées en termes de fréquence d'apparition des catégories et des processus, avec l'analyse des énoncés singuliers. Ces derniers peuvent modifier le sens qui se dégage lors de la première analyse ou dévoiler ce que les énoncés qui apparaissent avec des fréquences élevées ont pour fonction de masquer (Kracauer, 1952; Bardin, 1977). A titre d'exemple, lors d'un entretien réalisé avec un professionnel, celui-ci nous déclara, une fois le magnétophone débranché : "parfois on a envie de les tuer" . Il nous semble impossible de ne pas tenir compte de cet événement discursif qui a fait apparaître ce qu'il n' était pas "correct" de dire pour un professionnel lors d'un entretien avec un psycho-sociologue. Cet événement dévoile le non-dit de cet entretien particulier mais fournit, en même temps, un éclairage nouveau sur le non-dit de l'ensemble des entretiens. La méthode que nous avons adoptée se différencie de l'analyse de contenu thématique classique (Bardin, 1977) visant à découper le discours en unités thématiques et à en repérer les modalités et les fréquences d'apparition à l'aide d'une grille construite sur la base d'une première lecture de quelques entretiens ainsi que sur les premières hypothèses. Les catégories que nous avons élaborées pour cette analyse et qui sont présentées en détail plus bas dans ce texte répondent à notre interrogation théorique. Elles ne visent pas à repérer les thèmes mais plutôt à reconstruire les modalités d'organisation du discours pour mettre en évidence les modalités de la construction de la représentation par les locuteurs. Cette démarche se rapproche, par contre, de l'analyse de l'énonciation visant à identifier les processus psychiques à l'oeuvre dans la production du discours (d’Unrug, 1974). En d'autres termes nous avons choisi de traiter "ce qui est dit" aussi bien que "comment c'est dit" dans le discours, de manière à pouvoir mettre en relation les catégories d'organisation du discours et les processus qui structurent cette organisation. Ainsi, avons-nous préféré ne pas utiliser les termes de "handicap", "handicapés", et "personne handicapée" comme catégories d'analyse et donc comme métalangage, pour pouvoir y inclure des énoncés tels que "la maladie", "les pauvres", "les enfants", ou "un jeune" sans provoquer de rupture de signification. La logique de classification et de codage des énoncés se situe donc au niveau des supports d'énonciation et non

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au niveau du contenu thématique. Le thème, comme "unité minimale de signification" (Pagès et coll., 1979) ("la maladie" vs "la pauvreté" par exemple), de rang logique plus restrictif que le support d’énonciation, n'a pas été pris en compte à ce stade de l'utilisation de la grille. Nous avons centré notre analyse sur le processus de double métaphorisation. Selon les cas, le terme de handicap peut être employé explicitement, par les interviewés, pour servir de métaphore désignant des situations ou des personnes qui ne sont pas considérées comme faisant partie du "champ du handicap". Il s'agit là d'un déplacement du terme de handicap hors de son champ d'utilisation instituée. Par exemple, des "étrangers" ont été désignés comme des "handicapés". Dans d'autres cas, des situations ou des personnes qui peuvent être considérées, par les chercheurs, comme faisant partie du "champ du handicap" peuvent être désignées, par les interviewés à l'aide de termes empruntés à d'autres champs. Il s'agit là d'une intrusion de termes a priori et apparemment extérieurs au "champ du handicap" dans celui-ci. Par exemple, lorsque un déficient mental est désigné comme un "légume humain". C'est pour pouvoir prendre en compte l'ensemble de ces énoncés, ne relevant pas, en première lecture du "champ de handicap" que nous avons préféré ne pas mettre en oeuvre une analyse de contenu thématique qui aurait été plus restrictive. Hypothèses méthodologiques : 1. Les représentations sont organisées en "catégories " renvoyant à des valeurs de l'objet représenté (condition-notion, groupe, individu et soi). 2. Les représentations sont organisées en "dimensions " exprimant les modes d'appréhension de l'objet (description - sentiments - conduites ). 3. Les représentations sont structurées par des "processus " psychiques de type défensif qui peuvent être repérés à partir de certains modes d'énonciation et notamment les processus d'attribution repérés dans le discours explicite. 4. L'articulation entre les "catégories ", les "dimensions " et les "processus " permet de construire la position subjective, c'est à dire les significations des représentations pour le sujet et les relations entre le sujet représentant et l'objet représenté Ces hypothèses ont donc servi de modèle pour la construction des variables.

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Les variables retenues : 1- Variable indépendante : les trois sous-groupes Le sous-groupe d'appartenance des personnes interviewées constitue un élément central de l'analyse comparative que nous avons effectuée. A ce titre, tout énoncé découpé et codé a été croisé avec le sous-groupe d'appartenance de l'interviewé fonctionnant comme variable indépendante. Parents Professionnels Non-concernés 2- Variables dépendantes : Les variables dépendantes que nous avons construites pour l'analyse, ont été élaborées sous une première forme précédemment au recueil des entretiens. La grille d'analyse a ensuite été définitivement élaborée au terme d'un premier travail de lecture mené par l'ensemble des membres de l'équipe sur 3 entretiens. Au cours de ce travail préliminaire, et à partir de la confrontation entre les intuitions et les remarques de chacun, nous avons pu objectiver les théories implicites des chercheurs qui fonctionnaient de manière sous-jacente dans les différentes façons de lire des entretiens et qui constituaient des biais dans la mise en oeuvre de la grille. L'élucidation et la mise en commun des différents points de vue sur les entretiens et sur la grille nous ont conduits, enfin, à systématiser la grille d'analyse. Ce travail préliminaire a été centré sur les modalités d'utilisation de la grille plutôt que sur l'élaboration de catégories nouvelles. Il a permis de préciser les champs d'applications des différentes catégories d'analyse. 2.1. Catégories : De quoi parle t-on ? : Nous avons construit des "catégories " en évitant de les formuler d'une façon qui réduirait leur portée au "champ du handicap". Le caractère général de ces catégories permet d'inclure logiquement des énoncés appartenant à d'autres domaines sémantiques ou d'autres champs pouvant avoir été abordés par les interviewés en réponse à la consigne de départ. La construction de ces catégories répond donc au principe selon lequel les représentations du handicap ne sont pas forcément réductibles à ce que nous avons défini comme "champ du handicap".

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Nous avons tenu compte des problèmes théorico-méthodologiques soulevés par Altman et Siller concernant d'une part, la confusion entre les "atteintes handicapantes" et les "personnes handicapées" et l'importance de la problématique psychosociale qui a construit les "handicapés" sur le modèle des groupes minoritaires. Nous avons choisi d'identifier les énoncés produits en réponse à la consigne de "handicap" en prenant en compte la manière dont ils sont exprimés en termes de condition-notion, groupe, individu concret , individu abstrait et soi. * La catégorie "condition-notion" vise à repérer les énoncés qui portent sur des états, ou des situations et leurs définitions. Nous avons, par exemple, inclus sous cette catégorie des énoncés formulés dans les termes suivants : "Toute chose négative dans l’existence contient une part positive." ; "C'est quelque chose au niveau du corps ou aussi bien de l'esprit ." ; "La Mongolie c'est une maladie où on ne vit pas longtemps ." ; "Le handicap, c'est un accident de la vie en quelque sorte, que ce soit à la naissance ou après. Ceci permet de regrouper sous un même code des éléments - une situation ou un état - susceptibles d'affecter, d'avoir affecté ou pouvant affecter le répondant ou d'autres personnes que lui-même, ainsi que les définitions ou les concepts - scientifiques et/ou profanes - de ces états et situations. * La catégorie "groupe" vise à identifier, d'une part, le recours au groupe en tant que désignation des individus sous l'angle du collectif plutôt que sous l'angle de l'individualisation et d'autre part, tous les groupes qui sont évoqués dans le discours par les locuteurs. L'utilisation de cette catégorie permet de coder des énoncés tels que par exemple : " les handicapés " ou " les jeunes ", mais aussi " les gens ", "les noirs" ou "les timides ". * La catégorie "individu" permet de prendre en compte les énoncés dans lesquels un individu est identifié comme tel. Cette catégorie a été divisée en deux sous-catégories : - "Individu concret" désigne une personne identifiée voire même nommée par son nom propre avec laquelle le locuteur déclare avoir une relation réelle , passée, présente, ou potentielle. Par exemple : " C’est pas toujours évident parce que disons que ça la renvoie toujours à sa petite fille Amélie ". "Individu abstrait" désigne un "individu" auquel le locuteur n'attribue pas de statut de réalité. Par exemple : " l'aveugle est très sensible ". Cette catégorie pose des problèmes au niveau de l'interprétation dans la mesure où certains énoncés peuvent

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être rattachés implicitement à la catégorie de "groupe" et d'autres à celle d'"individu-concret". * La catégorie "soi" se rapporte aux énoncés dans lesquels le locuteur se place lui-même en position de "handicapé" ou comme pouvant le devenir ou encore comme quelqu'un à qui "quelque chose" est arrivé ou peut arriver. Par exemple : " Si j'avais un accident de voiture demain et que je sois hémiplégique ou je sais pas , que j'ai les deux jambes coupées et que je sois obligé de marcher dans un fauteuil....". La prédominance relative de l'une ou de l'autre catégorie dans un entretien constitue un indicateur permettant d'apprécier, le mode de structuration des représentations en identifiant le niveau auquel le locuteur situe le handicap de manière privilégiée. Condition- Notion

Groupe Individu-Concret

Individu-Abstrait

Soi

2.2. Dimensions des représentations : Comment parle - t'on ? Cette recherche définit la représentation comme une activité psychique mettant en relation le sujet en situation avec des objets internes et/ou externes (Giami, 1989a et b). Pour sa part, Jodelet (1989) a utilisé dans son dispositif méthodologique, l'observation des conduites comme un élément permettant de donner sens aux discours recueillis auprès des acteurs et de définir la fonction des représentations par rapport à d'autres phénomènes. Nous avons cherché à repérer les énoncés relatifs à des descriptions, des sentiments et des conduites et considéré ces éléments comme les dimensions de la représentation définie comme système à part entière. Nous avons donc distingué les dimensions suivantes : * la "description " désigne les énoncés portant sur toute "catégorie" ("condition", "groupe", "individu concret", "individu abstrait" ou "soi") dont le locuteur parle en réponse à la consigne de handicap; par exemple : " il y a des gens qui ont été handicapés à la suite d'un accident ". * le "sentiment " désigne les sentiments et affects énoncés par le locuteur en référence aux "catégories" qu'il "décrit"; par exemple : "Quand on voit quelqu'un dans la rue un handicapé, alors là on ressent de la peine . "

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* la "conduite " désigne les actions, les comportements et les pratiques énoncées par les locuteurs toujours en référence aux mêmes catégories décrites par lui-même; par exemple : "mon beau-frère s'est toujours occupé de son frère ". La prédominance des énoncés formulés selon l'une ou l'autre de ces trois dimensions - "description", "sentiment" ou"conduite" - constitue un indicateur permettant de repérer les modes d'appréhension du "handicap" selon que le locuteur se pose lui-même plutôt en situation d'observateur ou bien d'acteur engagé dans des actions dans le champ. Description Sentiment Conduite 2.3. Processus d'énonciation : Qui fait-on parler ? Les processus d'énonciation ont été traités comme un indicateur des processus psychiques qui sous-tendent l'organisation du discours. Nous avons donc considéré qu'il était nécessaire de prendre en compte certaines formes de construction des discours en nous inspirant (1) des travaux de d'Unrug (1974) concernant les relations entre les figures de rhétorique et les mécanismes psychiques, (2) des théories psycho-sociales de l'attribution (Deschamp, Clémence, 1990) et (3) de la théorie psychanalytique de la projection (Sami-Ali : 1970). Nous avons ainsi distingué les énoncés "auto-attribués" et les énoncés "attribués" à d'autres que soi. * Les énoncés "auto-attribués" désignent ce que les locuteurs évoquent - les "catégories" aussi bien que les "dimensions" - en se situant comme sujets grammaticaux de leurs énoncés; par exemple : " Moi je tiens compte de leur handicap... C'est à dire que j'essaie de les faire progresser le plus possible.. " Les énoncés "attribués" à l'inverse, désignent des énoncés où les sujets grammaticaux sont différents du sujet de l'énonciation (le locuteur); par exemple : " Puis ça a été dur pour sa soeur aussi. C'est dur pour la soeur d'avoir un frère handicapé, parce qu'il faut qu'elle l'accepte dès toute petite....". La catégorie "Attribué" a, en outre, été spécifiée à l'aide des valeurs suivantes : * Attribution Impersonnelle, : "On voit des handicapés qui sont violents ". * Attribution Professionnelle : " Les professionnels parfois ont du mal à savoir comment réagir face à certaines conduites violentes des handicapés ". * Attribution à d'Autres. " Les gens dans la rue le regardent ". * Attribution à la société. "La société ne fait rien pour les handicapés ".

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* Attribution à un "Ailleurs". "Dans d’autres pays les choses se passent de façons différentes, au Portugal par exemple, il n’y a pas d’établissements pour les handicapés". Auto-Attribué Attribué L'élaboration et la mise en oeuvre de la grille d'analyse transversale ont conduit à l'élaboration d' un instrument de travail qui permette : 1* de décrire et d'organiser les aspects structuraux et dynamiques du matériel recueilli; 2* d'homogénéiser les lectures effectuées par chacun des chercheurs sur des parties différentes du matériel pour être exploitées sur le plan de la construction du modèle global et de l'interprétation d'ensemble; Le traitement des entretiens à l'aide de cette grille d'analyse avait pour objectif principal de construire un modèle général de la structure des représentations du handicap. L'analyse s'est déroulée, concrètement, par paliers successifs. Partant de l'analyse de chaque entretien, nous avons ensuite construit par regroupement le modèle spécifique propre à chacun des sous-groupes. Tableau récapitulatif des variables :

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VARIABLE INDÉPENDANTE: - Sous-groupes :

* Parents * Professionnels * Non-Concernés

VARIABLES DÉPENDANTES: - Catégorie:

* Condition-Notion * Groupe * Individu concret * Individu abstrait * Soi

- Dimension : * Description * Sentiment * Conduite

- Processus d'énonciation : * Auto-attribué * Attribué

Problèmes de codage : Les problèmes majeurs rencontrés au cours du codage sont de différents ordres. Dans l'idéal, la grille d'analyse imposait un découpage strict permettant de distinguer, pour chacun des sous-groupes, les différentes "catégories" (condition-notion, groupe, individu et soi); de mettre celles-ci en regard avec les "dimensions" (description, sentiment, conduite); et de faire la différence entre les "processus" d'énonciation (attribué et auto-attribué). Cette procédure devait s'exprimer au travers d'un découpage en unités de signification relativement limitées. Or il n'a pas toujours été possible de procéder à un tel découpage qui aurait conduit à tronquer des propositions. Pour éviter cela nous avons, la plupart du temps, choisi de conserver des unités plus larges en maintenant dans une même unité les "descriptions" et les "réactions" (sentiments et conduites) qui les accompagnent et en décidant de coder doublement ces unités :

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d'une part, dans la rubrique "description" et d'autre part, dans la rubrique correspondant à la réaction (sentiment ou conduite). Par exemple, la phrase : " Des handicapés qui bavent, ça dégoûte forcément " a fait l'objet de deux fiches de codage. D'une part, sous la rubrique de "description" (des handicapés qui bavent) et d'autre part sous la rubrique "sentiment" (ça dégoûte forcément). Il s'agit d'un type de problème lié à la lourdeur et à la trop grande précision de la grille que nous avons résolu par une solution économique. Par ailleurs, nous avons rencontré d'autres types de problèmes liés à notre position méthodologique qui consistait à ne pas définir les catégories en référence au champ du handicap. Notre choix méthodologique visait à donner un même statut à tous les énoncés recueillis, indépendamment de leur appartenance supposée au champ du handicap. Mais, à la pratique, ce choix s'est avéré difficile à maintenir dans la mesure où certains énoncés se sont imposés à nous comme étant plus reliés au champ du handicap que d'autres énoncés considérés comme plus éloignés de ce champ. Une phrase telle que : "Les parents souffrent d’avoir un enfant handicapé " énoncée par un éducateur pouvait aussi bien être codée : - soit (1) dans la catégorie "groupe", dans la dimension "description" et selon le processus "auto-attribué" au locuteur, en prenant comme entrée de codage principale "les parents"; le locuteur décrivant ainsi, en son nom, des parents confrontés à un enfant handicapé. - soit (2) dans la catégorie "individu abstrait", dans la dimension "sentiment" et selon le processus "attribué aux parents"; le locuteur "attribuant" ainsi aux parents un "sentiment" à l'égard d'un "individu abstrait" ("un enfant handicapé"). Dans le premier cas, le codage exprime implicitement que l'on accorde un certain degré de réalité aux propos du locuteur en considérant qu'il "décrit" une situation extérieure à lui et dont il a pu être témoin. Dans le deuxième cas, le fait de considérer qu'il s'agit d'un sentiment du locuteur attribué à "des parents" à l'égard d'un éventuel "enfant handicapé" exprime implicitement un doute du codeur à l'égard de la réalité de la situation dont le locuteur aurait pu être témoin et "attribue" en fait ce "sentiment" au locuteur (à l'éducateur). Cette "simple" opération de codage constitue déjà une forme d'interprétation qui est déterminée par le contexte de l'entretien et sa tonalité globale d'une part, mais aussi par l'orientation théorique du codeur et son implication spécifique par rapport au champ du handicap. Il est en effet difficile de considérer que tous les énoncés qui prennent pour sujet grammatical les "réactions" d'un autre acteur qui prend ainsi le

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statut de "sujet" à l'égard d'un "objet handicapé" relèvent de l'attribution ou de la projection; de même qu'il est difficile de considérer que tous les énoncés de cette forme ne sont que des descriptions "objectives" d'une réalité observée par le locuteur. Par ailleurs, le choix entre les deux possibilités exprime aussi le statut différentiel que l'on accorde implicitement à des "parents" ou à "un enfant handicapé", dans le champ du handicap. La première solution de codage implique que l'on situe les "parents" comme acteurs, dans le champ du handicap, en interaction avec "un enfant handicapé" considéré comme l'objet de leurs "réactions". La seconde solution attribue une place prépondérante à "l'enfant handicapé"; les parents n'apparaissant dans ce cas que comme le support des projections du locuteur. Ce choix est apparu plus clairement lorsque, confrontés à un énoncé du type: "les gens dans la rue regardent avec insistance un enfant handicapé ", nous l'avons codé, sans hésitation, dans la rubrique "attribué", c'est à dire attribution d'une "réaction" à des "gens". En outre, compte tenu des problèmes posés lors du codage par les variations d'interprétation des codeurs, nous avons décidé de ne pas coder la polarisation positive ou négative des énoncés. Le fait d'attribuer une polarité négative ou positive aux énoncés nous est apparu de facto comme une interprétation des propos des locuteurs. En effet, certains propos qui peuvent être perçus comme "positifs" par les locuteurs sont apparus "négatifs" à certains d'entre nous et "positifs" à d'autres. L'exemple le plus marquant concerne le thème de "la surprotection" qui est souvent vécu comme "positif" par les parents et "négatif" par les éducateurs. N'ayant pas réussi à établir un consensus entre les membres de l'équipe sur cette question lors du début de l'analyse, nous avons décidé de laisser cette question ouverte pour la traiter in fine lors de l'interprétation du matériel. Il s'agit d'une question théorique importante qui divise les idéologies de la recherche en sciences sociales. Le choix de ne pas traiter a priori des dimensions négatives ou positives des représentations s'inscrit, en outre, en décalage par rapport à certaines recherches sur les attitudes à l'égard des handicapés qui vise principalement à décrire des attitudes négatives afin de les transformer en attitudes positives (Livneh, 1982). 3. Articulations entre analyse qualitative et quantitative L'utilisation du gestionnaire de fiches (FileMaker™ 5) pour le traitement des entretiens Une fois les entretiens retranscrits, nous les avons traité à l'aide de la grille de lecture.

5 Claris ™ Corporation version 2.0

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Après une analyse manuelle de quelques entretiens à l'aide de la grille, nous avons tenté de représenter, pour chacun des sous-groupes, les catégories, les dimensions et les processus d'énonciation sous forme de tableaux à plusieurs entrées. Ces tableaux se sont avérés difficiles à lire et à manipuler. En outre, leur impossibilité à prendre en compte l'ensemble des quatre variables nous est rapidement apparue. Face à ces difficultés, et pour tenir compte de l'ensemble des variables nous avons choisi de découper et de ranger les contenus des entretiens dans un gestionnaire de fiches informatisées de type "File Maker". Ce logiciel permet de saisir les données avec un grand confort d’utilisation. Les catégories apparaissent dans la fiche-modèle présentée ci-dessous, sous forme de rubriques pré-codées. Une fois qu'un énoncé a été identifié et découpé comme unité catégorielle dans un entretien, le logiciel permet de le saisir et de l'inclure dans une nouvelle fiche (procédure : "couper/coller"). Les différentes rubriques insérées dans la fiche-modèle permettent de coder la citation. La procédure pré-établie limite les erreurs de saisie. De plus, il est possible d'effectuer des tris et des recherches à partir de chacune des rubriques qui fonctionnent comme mot-clé, dans la mesure où le logiciel tient un index des mots entrés sous chacune des rubriques. Ces fonctions permettent ainsi de retrouver immédiatement la référence d'une citation. La fiche-modèle inclut donc le texte sur lequel le codage a été effectué ainsi que les catégories qui donnent son identité à la citation retenue par le codeur. La présence simultanée de la citation et du codage sur une même fiche présente l' avantage de permettre à chacun des utilisateurs de vérifier le bien-fondé du codage proposé. Modèle de fiche :

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Sur les 40 entretiens recueillis au cours de l'enquête et intégralement retranscrits sur traitement de texte, 23 ont été intégralement codés à l'aide de cette grille et intégrés dans le gestionnaire de fiches : Nombre d'entretiens : parents : 7; professionnels : 8; non-concernés : 8. Ce type de traitement, très détaillé, est très long. C'est pour des raisons d'économie que nous ne l'avons appliqué systématiquement que sur 23 des entretiens recueillis. Ce qui constitue plus de la moitié de nos entretiens et dont on peut penser qu'ils représentent l'ensemble du matériel recueilli. Ce traitement du matériel sous forme de fiches devait nous permettre de repérer les modalités dominantes d'organisation des représentations pour chacun des sous-groupes. Ce travail de tri croisé fut commencé à l'aide du tableur Excel. Les résultats ont alors été représentés sous forme d'histogrammes. Nous avons pu visualiser des croisements de trois variables, par exemple la proportion des "professionnels ", parlant de "groupe " en termes de "description" . Mais nous ne pouvions pas visualiser les croisements des quatre variables pour

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obtenir la proportion des "professionnels " qui traitent de "groupe " en termes de " description " et sur un mode " auto-attribué ". C’est pour palier à ces inconvénients que nous avons eu recours à une représentation de nos données sous forme d’arbre hiérarchique de classification. qui permet le traitement simultané des 4 variables. L'utilisation du logiciel AC2 pour la représentation graphique de la structuration des données Pour cela nous avons utilisé le logiciel de segmentation et de classification de données nommé "AC2". Ce logiciel est fondé sur la théorie de la compression de l’information développée par Shannon (1949) qui a donné naissance à des algorithmes comme ID3 (Quinlan 1986) et enfin à des outils tels que AC2 (ISOFT, 1991). Présentation de l'arbre hiérarchique Par l’analyse des modalités de discours de nos interlocuteurs, nous voulions repérer comment les variables dépendantes sont organisées dans chacun des sous-groupes (parents, professionnels, non-concernés). Pour cela, nous avions besoin d’un outil permettant de visualiser l'organisation structurale des trois variables dépendantes (catégorie, dimension, processus d’énonciation) et leur variation au sein de chacun des trois sous-groupes. Le logiciel AC2 : 1- calcule les fréquences pour chacune des variables ; 2 - établit de façon automatique le pouvoir discriminant de ces variables pour chacun des trois sous-groupes; 3- choisit la variable dépendante ayant le plus fort pouvoir discriminant pour chacun des trois sous-groupes. 4 - effectue un premier tri à l’aide de cette variable dépendante. 5 - sur chacun des segments ainsi isolé, il détermine successivement la meilleure variable de tri, c'est à dire celle qui a le plus grand pouvoir discriminant. Et ceci tant qu’il existe encore une variable de tri qui permet d’affiner la discrimination. 6 - ces tris successifs aboutissent à la production d'un arbre hiérarchique de classification dont chacun des noeuds représente une étape de ces tris successifs. En raison de la différence du nombre d’entretiens dans chaque sous-groupe, et de la variation des durées des entretiens, et par conséquent du nombre de fiches, nous avons effectué un redressement des données. Celui-ci a abouti à un nombre

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théorique d'entretiens équivalent pour chaque sous-groupe et à un nombre théorique équivalent de fiches par entretien. L'arbre hiérarchique de classification se compose de "branches", qui se ramifient en "noeuds" et qui se terminent par des "feuilles". Dans la représentation graphique de l’arbre, nous avons choisi d’afficher le nombre réel de fiches et non pas leur nombre pondéré, afin que malgré les redressements opérés nous ayons toujours présent le nombre réel d’énoncés sur lequel porte l’analyse. Par contre, les pourcentages figurant dans les feuilles de l’arbre sont calculés sur les données pondérées. Dans le schéma n°1, la variable présente dans le premier noeud (variable D1), est celle qui discrimine le mieux les variables indépendantes (dans le cas présent, les trois sous-groupes) qui figurent dans les dernières feuilles de l’arbre (populations à différencier, I1, I2). La deuxième variable (variable D2) est moins discriminante et elle peut ne pas l’être du tout pour un sous-groupe (sous-groupe I1). Ainsi, la variable la moins discriminante est celle qui figure le plus près de la dernière feuille de l’arbre. Schéma n°1:

Total Fiches

I1

I2

Variable la plusdiscriminante

Variable la plusdiscriminante

Variable moins discriminante

Sous-groupes àdifférencier

Sous-groupes àdifférencier

D1 D2

D1

Un seuil de pouvoir discriminant est déterminé automatiquement par différentes méthodes dont les tests du khi 2, du post et pré-élagage. Cependant, s’il le souhaite, l’utilisateur peut modifier ce seuil de discrimination par une procédure d’élagage. Il est possible de faire varier - à la hausse ou à la baisse - le seuil de discrimination des variables dépendantes et de faire apparaître ou disparaître certains noeuds.

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La lecture se fait tout d'abord à partir de l’arbre complet (cf. annexe 1) qui permet de visualiser l'organisation de l'ensemble des variables dépendantes en fonction des variables indépendantes. Dans un deuxième temps, on explore chacune des branches de l'arbre. Le schéma n°2 permet de visualiser le pouvoir discriminant de la valeur "individu - concret" : Schéma n°2:

Total fiches2668

Catégorie Processus Dimension Sous-groupe

IndividuConcret

905

AutoAttribué

67%

607

31%

Description

Sentiment

Conduite

365 fiches

100 fiches

142 fiches

58%

16%

24%

ProfessionnelParentNon concerné

ProfessionnelParentNon concerné

ProfessionnelParentNon concerné

17%52%30%

13%61%25%

27%61%11%

Ce graphique montre d’abord que la variable "catégorie" (condition-notion, groupe, individu concret, individu abstrait, soi) discrimine le mieux les trois sous-groupes. En effet, la valeur "individu concret" est située dans le premier noeud. Inversement, la variable "dimension" (description, sentiment, conduite) a le pouvoir discriminant le plus faible puisqu’elle n'apparaît qu'au dernier noeud, juste avant la variable indépendante (le sous-groupe). La lecture de cette branche indique que parmi toutes les fiches traitées (2668): - 905 fiches soit 31% des fiches redressées, concernent la valeur "individu concret"; - 607 fiches soit 67% concernent la valeur "auto-attribuée". parmi ces 607 fiches : - 365, soit 58% concernent la valeur "description"; -142, soit 24% concernent la valeur "conduite";

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- 100, soit 16% concernent la valeur "sentiment". Enfin la dernière feuille de l’arbre indique comment ces différentes fiches se répartissent dans chaque sous-groupe étudié. Parmi les énoncés concernant la valeur "individu concret" (premier noeud de l’arbre), la valeur "auto-attribué" (deuxième noeud de l’arbre), la valeur "conduite" : - 27% ont été énoncés par des professionnels, - 61% par des parents; - 11% par des non-concernés. Ce tableau fait donc apparaître clairement que le sous-groupe des parents est celui qui a le plus structuré sa représentation du handicap autour de la valeur d'individu concret. L'analyse thématique a fait apparaître ultérieurement que cet "individu concret" présent dans les entretiens des parents représente de fait l'enfant de ces parents qui est souvent nommé par son prénom. Les variations dans la présentation de l’arbre. Il est possible de faire varier la présentation de l'organisation des différentes variables et notamment d'inverser le rapport entre les variables indépendantes et les variables dépendantes. Par exemple, l'arbre n° 1 (en annexe) représente l'influence de la variable indépendante sur le pouvoir discriminant des variables dépendantes. La construction de cet arbre a permis de mettre en évidence que : 1 - La variable "catégorie" (condition-notion, groupe, individu-concret, individu-abstrait, soi) est la plus discriminante; la valeur "soi" n'est utilisée pratiquement que par les non-concernés; la valeur "Individu-concret" surtout par les parents. Inversement, la valeur "groupe" ne permet pas de discriminer les trois sous-groupes. 2 - La variable "dimension" (description, sentiment, conduite) est très peu discriminante. En effet elle se situe dans le troisième noeud de l’arbre (sauf pour la sous-catégorie soi), ce qui signifie que les trois sous-groupes ne se caractérisent pas par un emploi significativement différent de ces trois valeurs. L'arbre n° 2 (en annexe) représente l'influence de la variable "catégorie" (apparue comme la plus discriminante dans le premier arbre avec le statut de variable indépendante). La variable indépendante initiale (les trois sous-groupes) se retrouve alors sur le premier noeud de l’arbre avec le statut de variable dépendante. La construction de ce deuxième arbre, qui fait donc apparaître les trois sous-groupes dans le premier noeud, permet d'observer que : 1 - Les trois sous-groupes se distinguent par leur emploi de la variable "catégorie" :

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- les professionnels et les non-concernés se réfèrent plus souvent que les parents à la valeur "groupe" ; - les énoncés des parents se réfèrent plus souvent à la valeur "Individu concret". 2 - La variable "processus" a un pouvoir discriminant par rapport à la variable "catégorie" dans le sous-groupe "parent" ("individu-concret" est davantage corrélé avec "auto-attribué" alors que "groupe" est davantage corrélé avec "attribué"). On n'observe pas cette corrélation chez les professionnels et les non-concernés. Ces deux arbres, livrent les mêmes données, présentées dans des enchaînements différents et permettent de mesurer les corrélations sous des angles différents. La procédure d’élagage Nous avons élevé le seuil de discrimination des variables dépendantes, afin de ne retenir que les variables les plus pertinentes pour distinguer les 3 sous-groupes. Nous avons alors obtenu un arbre très élagué, comprenant moins de noeuds, où la variable dépendante "dimension" ne figure plus. Ceci confirme le faible pouvoir de discrimination de cette variable précédemment observé. L'élagage, permet d’obtenir ainsi une information simplifiée sur chacun des trois sous-groupes. L' arbre très élagué a donné les résultats suivants:

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2668 fiches

Sous-groupes

Professionnels Parents Non concernés

638 fiches 944 fiches 1087 fiches

Processus d'énonciation

19.3%39%

Condition-notionGroupeIndividu concret 20%Individu abstrait 21%Soi 0.63%

Condition-notionGroupeIndividu concretIndividu abstraitSoi

37%15%

21%20%6.4%

Auto-attribué Attribué

646 fiches 298 fiches

Condition-notionGroupeIndividu concretIndividu abstraitSoi

Condition-notionGroupeIndividu concretIndividu abstraitSoi

10%17%62%9.5%0.34%

11%24.7%47.5%16%0%

La variable " processus" n'est représentée dans cet arbre que pour le sous-groupe des parents, ce qui signifie qu'elle n'est discriminante que pour ce sous-groupe. Ainsi : - la valeur "Individu concret" discrimine très nettement les parents par rapport aux deux autres sous-groupes; - la valeur "Soi" discrimine les non-concernés par rapport aux deux autres sous-groupes ; - la valeur "Groupe" discrimine les parents par rapport aux deux autres sous-groupes et ceci dans une moindre mesure.

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Conclusion FileMaker, Excel et AC2 ont un format de données commun, ce qui permet de passer de l’un à l’autre de ces logiciels de façon immédiate sans avoir recours à des codifications parfois pénibles de formatage des données. AC2 a complété utilement ce que nous avions obtenu à partir des histogrammes construits à l'aide de Excell en donnant une vision globale de la façon dont les trois variables dépendantes se structuraient dans les trois sous-groupes. Ce traitement nous a permis d'affiner nos perceptions des catégories principalement employées dans chacun de sous-groupes sur la base du traitement exhaustif des entretiens traités à l'aide de cette méthode. Le traitement quantitatif et systématique de ces données nous a permis d'affiner nos hypothèses sur les modes d'organisation des représentations et d'appliquer ensuite ce modèle lors de l'analyse de contenu thématique de l'ensemble des entretiens. Ce travail propose le recours à des méthodes automatiques de traitement seulement à certaines des phases de l'analyse. Il ne vise pas à traiter automatiquement les données du discours brut, mais repose sur le traitement de données construites au cours d'une première phase de traitement qualitatif (analyse de contenu par catégories). En ce sens, on peut considérer que le traitement automatique porte sur un premier traitement qualitatif et non pas sur le discours brut retranscrit tel que le proposent d'autres logiciels d'analyse automatique de données textuelles (Alceste, Hyperbase, Sphynx Plus). Cette procédure est donc entièrement dépendante du mode de codage élaboré théoriquement et appliqué empiriquement sur le matériel recueilli. Elle peut donc permettre tous les traitements définis préalablement par les chercheurs. Cette méthode est un traitement de second degré qui permet de systématiser le traitement réalisé - manuellement - par les chercheurs. Il les oblige à prendre en compte l'ensemble des données qu'ils ont traitées et de confronter les premières intuitions interprétatives avec une analyse exhaustive et systématique des catégories construites sur le matériel traité. Elle permet donc de dégager une vision globale du matériel traité permettant, dans un second temps, de revenir aux aspects singuliers des entretiens individuels.

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