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4 e fascicule 2012 OCTOBRE-DECEMBRE Bulletin de la SOCIÉTÉ des ÉTUDES LITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES & ARTISTIQUES PUBLICATION TRIMESTRIELLE TOME CXXXIII Delphine KUNTZ, Sandrine COSTAMAGNO, Jean-Christophe CASTEL L’exploitation alimentaire du renne dans le Lot au cours des temps magdaléniens ............................................................................. 249 Guylène SERIN L'inscription latine de l'Archidiaconé Saint-Jean, siège de la Société des Études du Lot. .................................................................................................... 280 Luciana ROUÏRE Des marbres en Quercy ................................................ 292 Docteur Marc HEIB L’assemblée provinciale de Quercy en 1889 ................................................................................................. 304 Sortie du 7 octobre en Bouriane ............................... 321 Séance publique du 2 décembre ............................. 327 Procès-verbaux des séances ......................................... 330 Assemblée Générale du 6 décembre ................ 339 Table des matières du tome CXXXIII (2012) ....................................................................................................... 342 sommaire I.S.S.N. 0755-2483 du LOT SOCIÉTÉ RECONNUE D’UTILITÉ PUBLIQUE FONDÉE EN 1872

L’exploitation alimentaire du renne (Rangifer tarandus) dans le Lot au cours des temps magdaléniens

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4e fascicule 2012 OCTOBRE-DECEMBRE

Bulletinde la

SOCIÉTÉ des ÉTUDESLITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES & ARTISTIQUES

PUBLICATIONTRIMESTRIELLE

TOME CXXXIII

Delphine KUNTZ, Sandrine COSTAMAGNO,Jean-Christophe CASTELL’exploitation alimentaire du renne dans le Lot au cours des temps magdaléniens ............................................................................. 249

Guylène SERINL'inscription latine de l'Archidiaconé Saint-Jean, siège de la Société des Études du Lot. .................................................................................................... 280

Luciana ROUÏREDes marbres en Quercy ................................................ 292

Docteur Marc HEIBL’assemblée provinciale de Quercy en 1889 ................................................................................................. 304

Sortie du 7 octobre en Bouriane ............................... 321

Séance publique du 2 décembre ............................. 327

Procès-verbaux des séances ......................................... 330

Assemblée Générale du 6 décembre ................ 339

Table des matières du tome CXXXIII (2012) ....................................................................................................... 342

sommaire

I.S.S.N. 0755-2483

du LOT

SOCIÉTÉ RECONNUED’UTILITÉ PUBLIQUEF O N D É E E N 1 8 7 2

Le Conseil d’administration de la Société des Études du Lot

vous présente ses meilleurs vœux pour 2013.

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À l’initiative de la SEL, les responsables des Cahiers de Fanjeaux,

Michelle Fournié et Daniel Le Blévec, présenteront à Cahors le Cahier n°45 consacré à Jean XXII.

La date et le lieu de cette rencontre seront communiqués à la presse et affichés sur notre site :

www.societedesetudesdulot.org

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PROGRAMME DES SORTIES 2013

(À titre indicatif ; le programme précis de chaque sortie serapublié dans les différents fascicules du BSEL 2013)

MOIS DE JUIN Journée foraine autour de Cadouin et Limeuil

JEUDI 1er AOÛT Visite de l’abbaye de Beaulieu en Rouergue

MOIS D’OCTOBRE Sortie autour de Montcléra et Saint-Caprais

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L’EXPLOITATION ALIMENTAIRE DU RENNE(Rangifer tarandus) DANS LE LOT

AU COURS DES TEMPS MAGDALÉNIENS

RésuméCet article présente un bilan des connaissances actuelles sur les

relations homme/renne dans les gisements lotois à la fin des tempspaléolithiques. Partant de modèles éthologiques et ethnologiquesconnus pour l'espèce Rangifer tarandus, nous tentons, au travers d'unesynthèse bibliographique et de données inédites, de caractériser lesmodalités d’exploitation alimentaire du renne par les groupes dechasseurs-cueilleurs magdaléniens. L'étude montre que ce taxon, trèsabondant dans les vestiges de faune, a été chassé durant plusieurs millé-naires, majoritairement à la belle saison et lors de chasses non sélectivesà petite échelle.

IntroductionAu cours des temps paléolithiques, le renne (Rangifer tarandus)

constitue une espèce animale incontournable pour les sociétés dechasseurs-cueilleurs nomades. Dès les prémices de la Préhistoire en tantque discipline, vers la seconde moitié du XIXe siècle, les ossements decet herbivore découverts dans les gisements archéologiques du Sud-ouest de la France sont tellement abondants que le paléontologueEdouard Lartet et son ami et mécène Henry Christy évoquent, dans leurmonumental ouvrage Reliquiae aquitanicae, un « Âge du Renne » (Lartetet Christy 1875). Cette période paléontologique correspond à ce quel’on nomme aujourd’hui la culture magdalénienne.

Le Quercy a constitué, au même titre que le Périgord voisin, un terri-toire propice à l’expansion du renne, particulièrement au cours duPaléolithique supérieur (Delpech 1983). Dans les spectres de chasse, lerenne est souvent accompagné d’ongulés de plus grande taille comme

le cheval et les bovinés (bison principalement). Pour la fin des tempspaléolithiques, l’hypothèse de chasses ciblant les petits ongulés dans lessites de vallée et une chasse plus diversifiée sur les plateaux arécemment été proposée (Castel et al. 2006, Castel et Chauvière 2007).La présence du renne, associé à d’autres taxons, ainsi que les donnéespaléoclimatiques et paléoenvironnementales témoignent de l’existenced’un environnement ouvert et glaciaire de type steppe/toundra. Durantplusieurs millénaires, les groupes magdaléniens (17 000 - 11 000 BP soit20 000 - 13 000 cal. BP), parfaitement adaptés à ce type de milieu commel’attestent notamment les armes de chasse et l’outillage domestiqueconfectionnés en silex et en matières dures animales, ont fondé unegrande part de leur économie de subsistance autour du renne sauvage.Ce dernier fut, parfois davantage encore que d’autres ongulés (cheval,bovinés, cerf, bouquetin, chamois, etc.), un gibier de choix permettantl’acquisition de ressources alimentaires et non alimentaires indispen-sables à la subsistance des groupes humains.

Dans le cadre de cet article, nous abordons uniquement la questionde l’exploitation alimentaire du renne à la fin de la période glaciaire(Tardiglaciaire). Avant d’exposer un bilan des connaissances actuelles,nous présentons une synthèse des principales données relatives à l’éco-logie, l’éthologie et l’ethnologie des groupes vivant des rennes actuelsainsi qu’un résumé des principales méthodes utilisées en Préhistoirepour aborder la question de l’exploitation de la faune par les groupeshumains. Après un bref aperçu historiographique sur les principalesdécouvertes de gisements lotois renfermant des ossements de renne,nous proposons une synthèse des données archéozoologiques dispo-nibles pour plusieurs gisements. Partant d’exemples ethnographiquesd’exploitation du renne, nous nous interrogeons sur les stratégies dechasse des groupes de chasseurs-cueilleurs nomades ayant fréquenté leLot au cours du Magdalénien.

1. Aperçu sur l’écologie, l’éthologie et l’exploitation des renneset caribous actuels

Habitat, alimentation et démographie

Le renne (Rangifer tarandus) occupe de nos jours trois continents :l’Europe (Scandinavie), l’Asie (Sibérie, Chine et Mongolie) et l’Amériquedu Nord (Canada, Alaska, Groenland) ; dans ce dernier, on le nommecaribou. Cette vaste aire de répartition regroupe différentsbiotopes comme la toundra, la taïga, la montagne et les îles du Haut-Arctique ; dans ces zones, la neige et le froid dominent la plupart del’année. Pour s’adapter aux conditions climatiques extrêmes, le renne a

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développé diverses caractéristiques morphologiques comme un pelaged’hiver long et dense, des oreilles courtes, larges et très poilues, unmufle velu et court. Les membres massifs sont adaptés à la vie dans laneige (Leroi-Gourhan 1936, Geist 1998). L’élément déterminant pour lasurvie des rennes réside dans leur capacité à trouver de la nourriture(lichens, champignons, graminées, arbustes, joncs, etc.) de bonnequalité en quantité suffisante tout au long de l’année (Skoog 1968,Syroechkovskii 1995, Kumpula 2001). Les conditions météorologiques etle climat local figurent parmi les facteurs limitant le plus la démographiedes rennes. Des hivers très rigoureux associés à des épaisseurs de neigeconséquentes réduisent l’accès aux ressources alimentaires et causentainsi une forte mortalité. Les conditions climatiques défavorables ontégalement un impact sur l’abondance et la qualité des plantes dispo-nibles, particulièrement au cours de la période estivale (Skogland 1985).En raison de son alimentation particulière, le renne a peu de compé-titeur direct (Syroechkovskii 1995). Dans les zones continentales, leprincipal prédateur du renne est le loup (Canis lupus) qui s’attaquemajoritairement aux juvéniles, aux individus affaiblis ou malades(Bergerud et Ballard 1988,Walton et al. 2001, Kojola et al. 2009). Lesinsectes, abondants dans les régions arctiques lors de la période estivale,représentent une source de perturbation importante pour les popula-tions de rennes, qui sont alors contraintes d’adopter descomportements spécifiques comme une plus forte mobilité (Mörschelet Klein 1997, Weladji et al. 2002, Couturier et al. 2004).

Cycle(s) saisonnier(s) annuel(s)

Les mouvements des populations s’inscrivent dans un schémad’organisation annuel fondé sur des évènements de la vie du renne.Selon les écotypes 1 (toundra, taïga, montagne, etc), les périodes del’année peuvent varier. Comme chez la plupart des cervidés, la repro-duction du renne est saisonnière. La période du rut, qui dure environdeux mois, a lieu en automne (de septembre à novembre) (Banfield1961). Après une période de gestation d’environ huit mois, les femellesmettent bas au printemps (mai/juin), lorsque les conditions climatiquess’améliorent et que la nourriture devient plus abondante (Banfield 1977,Leader-Williams 1988). Les faons doivent puiser abondamment dansl’alimentation disponible au cours de la brève période estivale afin decroître rapidement et surmonter leur premier hiver (Knott et al. 2005).

La condition physique des rennes varie saisonnièrement. Pendant lapériode estivale, les rennes des deux sexes présentent une bonnecondition physique (fig. 1). La prise de poids peut toutefois être ralentie

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par le harcèlement des insectes, qui incitent à se déplacer sans cesse etainsi à brûler de l’énergie (Kelsall 1968, Hagemoen et Reimers 2002).Durant l’automne et l’hiver, les femelles présentent une meilleurecondition physique générale. À l'automne, la couche de graisse la plusconséquente est située au-dessus de la croupe et du dos, s'étendantparfois jusqu'aux côtes supérieures et jusque derrière le cou (Kelsall1968). Les femelles perdent du poids au cours de l’hiver et du printemps(notamment après les mises bas) alors que les mâles en reprennent.Chez les mâles, l’accumulation de graisse en été est rapidement etcomplètement dissipée pendant et après le rut. Les jeunes mâles sont enmauvaise condition physique au cours de l’hiver et jusqu’en été, périodeà partir de laquelle le pourcentage moyen de graisse par rapport aupoids augmente progressivement pour atteindre leur pic maximal àl’automne.

Figure 1 : variation saisonnière du taux de graisse chez le renne (d’après Spiess 1979, modifié).

Le renne est le seul cervidé dont la femelle porte des bois (fig. 2). Ilexiste néanmoins des populations chez lesquelles les femelles n’enportent pas (Reimers 1993), d’autres au sein desquelles 50 à 70% sont« tête nue » toute l’année (Meldgaard 1986). Les bois suivent un cyclesaisonnier distinct selon l’âge et le sexe de l’individu. Chez le faon, qu’ilsoit mâle ou femelle, les bois commencent à se développer dès lepremier mois avec la pousse des pivots. Les premiers bois ne sont pas

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ramifiés et forment une dague qui tombe vers le mois de février chez lesjeunes mâles et au début du printemps chez les femelles juvéniles. Lorsde la troisième tête, la ramure est complète (Bouchud 1966 cité dansBonnissent 1993). Les bois des mâles adultes atteignent leur croissancemaximale juste avant le rut, à l’automne. Ils tombent après la repro-duction, au début de l’hiver, et repoussent au début du printemps. Lesfemelles non gestantes perdent leurs bois à la fin de l’hiver. Les femellesgravides les portent jusqu’aux naissances, autour du mois de mai.Contrairement aux mâles, ils repoussent peu de temps après la chute,dès le mois de juin (Høymork et Reimers 2002).

Figure 2 : fragment de crâne et bois de renne femelle de l'aven-piège de l'Igue du Gral(Lot). Cliché J.-C. Castel.

Les migrations des rennes eurasiens et des caribous nord-américainsont été décrites par de nombreux auteurs. Lors de leur cycle saisonnierannuel, ils entreprennent des migrations d’ampleur variable selon lespopulations. Certaines parcourent plusieurs milliers de kilomètres(Kelsall 1968, Gunn et Miller 1986, Couturier et al. 2004) ; d’autresmigrent sur de plus courtes distances, de l’ordre de 80/100 km

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(Ferguson et Elkie 2004, Danell et al. 2006) ; d’autres encore sont séden-taires (Tyler et Oritsland 1989, Loe et al. 2007).

Les caribous migrateurs nord-américains suivent globalement,chaque année, le même schéma traditionnel de déplacements entre lesterritoires saisonniers (fig. 3). Au printemps, les femelles gestantes et lesjeunes sont les premiers à migrer vers les territoires de mise bas dans latoundra. Ils sont suivis par les femelles non gravides et les jeunes mâles ;les mâles adultes enclenchent leur migration un mois plus tard. Cedéplacement, parfois sur des centaines de kilomètres, est entrecoupé denombreuses haltes liées à l'alimentation. La plupart des faons naissententre le 5 et le 15 juin. Après les naissances, le caribou commence àformer de larges groupes. Mi-juillet, plusieurs centaines d’individus seregroupent en raison du harcèlement des moustiques et de la prédationexercée par les loups. À la fin du mois de juillet, le caribou entreprendune rapide migration vers le sud, et se disperse dans le courant du moisd’août. À partir de fin septembre, des rassemblements mixtes annoncentla période du rut qui a lieu début octobre. Les mâles matures se séparentdes autres individus après la période de reproduction et se rassemblent.La migration automnale vers la taïga se produit fréquemment entreoctobre et décembre. Elle donne lieu à de grands rassemblements. Ennovembre, la plupart des caribous ont migré dans la forêt et continuentà se déplacer tout au long de l’hiver. La distribution hivernale dépend del’épaisseur de la neige et de l’abondance du lichen. Au mois de mars, lecycle recommence.

Figure 3 : cycle annuel de troupeaux de caribous de toundra nord-américains.

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Le caribou des bois, moins mobile, affiche un cycle annuel différent.Il a tendance à se reproduire plus tôt que le caribou de la toundra. Lesfemelles gestantes se dispersent pour mettre bas individuellement dansles forêts, les tourbières, les rives des lacs et dans la toundra afin deréduire le risque de prédation. Les faons naissent en mai ou début juin.Au moment du rut, fin septembre/début octobre, le caribou des boisforme des harems, alors que le caribou de la toundra forme des groupesde biches moins défendus. C’est à cette période que les troupeaux attei-gnent leur taille maximale mais sans commune mesure avec le cariboude toundra. La taille des groupes est à leur minimum lors de la mise baset tout au long de l’été puis elle fluctue en hiver (COSEPAC 2002).

Ces quelques exemples issus du registre actualiste montrent qu’ilexiste une grande variabilité dans le comportement des populations derennes/caribous (Rangifer tarandus), en lien avec le type d’habitatfréquenté, les conditions environnementales, la composition démogra-phique du troupeau, etc. Il importe de tenir compte de cette variabilitélors des transferts vers le registre fossile.

Chasse au Renne

Rangifer tarandus représente un élément de subsistance essentielpour la survie de plusieurs peuples vivant au sein de son aire de répar-tition. Même si, contrairement aux rennes eurasiens, le cariboud'Amérique du Nord n’a jamais été domestiqué, plusieurs de ses caracté-ristiques comportementales contribuent à faire de l’espèce un gibier trèsrecherché. Le renne/caribou, animal grégaire et migrateur forme, à dessaisons et en des lieux prévisibles, des rassemblements dont l’exploitationest relativement aisée. Lors de la traversée des cours d’eau par exemple, lesanimaux deviennent vulnérables. On sait par ailleurs que leur sens olfactifest élevé mais leur vision mauvaise. Toutes ces caractéristiques de l’espècesont connues des peuples qui exploitent ce gibier et l'on peut imaginerqu'il en était de même pour les populations paléolithiques (Dominique1979). Le renne constitue une proie facile à chasser et permet en outre larécupération d’une grande quantité de matières premières telles la viande,les entrailles, les contenus stomacaux, le sang, la graisse, la moelle, les bois,les tendons, les dents et la peau (Burch 1972, Binford 1978, Vézinet 1979).Une économie basée sur le renne constitue ainsi une stratégie trèsrentable puisque toutes les parties de son corps peuvent être utilisées àdes fins alimentaires, techniques et/ou symboliques.

Les techniques de chasse au renne/caribou reflètent des choixculturels qui sont eux-mêmes fonction des technologies utilisées, de la

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taille du groupe humain, de l’utilisation que l’on veut faire des carcasses,de la disponibilité et de la composition démographique du troupeau, deson comportement migratoire, de la topographie des lieux, de laprésence de neige, de la proximité du camp de base, etc. (Spiess 1979,Trudel et Huot 1979). La chasse peut être menée collectivement, sur ungrand nombre d’individus lors des migrations, mais aussi individuel-lement sur de petits groupes d’animaux (comme par exemple desrennes de montagne) et/ou au cours des autres saisons. Plusieurssources documentaires provenant du Grand Nord canadien indiquentdes stratégies de chasse fondées sur des abattages en masse (Saladind'Anglure et al.1977, Blehr 1990, Binford 1991, Loring 1997). À la diffé-rence de la technique d’approche au cours de laquelle le chasseuraffronte individuellement sa proie, le rabattage porte sur un grandnombre d’animaux et implique une coopération active entre leschasseurs qui vont œuvrer ensemble, en planifiant au préalable lastratégie à adopter (Vézinet 1979, Driver 1990). La chasse collective sedéroule souvent à proximité de gués qui sont traversés par les troupeauxlors des migrations saisonnières, particulièrement en automne. Lesabattages en masse, qu’ils se déroulent en automne ou en hiver(Dominique 1979, Vézinet 1979), présentent l’avantage d’acquérir unegrande quantité de peaux et de viande d’excellente qualité, pouvant êtrestockée lors de la période hivernale.

Plusieurs référentiels ethnoarchéologiques provenant du Québec(Dominique 1979, Vézinet 1979), d’Alaska (Binford 1978) ou de Sibérie(Abe 2005, Costamagno et David 2009) font référence aux techniques deboucherie mises en pratique sur les carcasses des rennes. Selon legroupe concerné, la viande peut être rôtie, fumée, séchée ou encoregelée puis stockée dans des caches de pierre sèche pour une consom-mation différée (Saladin d'Anglure et al. 1977, Dominique 1979,Arnautou 2002, Costamagno et David 2009).

Le poids d’un renne est assez peu élevé (une centaine de kilos), unhomme seul peut donc transporter un animal sur son dos après la miseen pièces de la carcasse. Une technique de transport particulièrepratiquée par les Inuit du Québec consiste, après éviscération, àsegmenter la carcasse afin de réduire son volume. La cavité dégagée parl’éviscération est remplie par les membres antérieurs et postérieurs et letout est refermé comme une outre (Vézinet 1979). De retour aucampement, les carcasses de rennes sont dépouillées. En Sibérie, tousles groupes étudiés pratiquent une incision de la peau au niveau descoudes et des genoux puis sur la face postérieure des pattes. La peau duventre est entaillée de l’anus jusqu’à la symphyse mandibulaire puis une

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incision circulaire est faite au niveau du cou. Dans le cas d’un abattageen masse, les groupes commencent par une incision circulaire autourdu cou afin de détacher la tête, avant le dépouillement du corps(Costamagno et David 2009). Le traitement des peaux constitue uneactivité centrale chez les chasseurs de rennes sub-actuels (Dominique1979, Vézinet 1979). Après la désarticulation, notamment des extrémitésdes pattes, la viande est prélevée sous la forme de filets pouvant êtreséchés, consommés crus ou cuits. Une fois la peau et la viande retirées,le périoste est dégagé, évitant ainsi la formation de petits éclats d’os lorsde la fracturation des ossements en vue de la récupération de la moellecontenue dans la cavité médullaire. La moelle osseuse constitue unesource non négligeable d’acides gras insaturés, considérés comme trèsnutritifs. C’est particulièrement au niveau des métapodes que la moelle(jaune) est la meilleure (Binford 1978, Morin 2007). Chez plusieursgroupes humains sub-actuels, elle est souvent consommée crue etgénéralement peu après la mort de l’animal (Binford 1978, Karlin etTchesnokov 2007). En Sibérie, il existe une distinction entre les os desbas de pattes et les os longs supérieurs (Costamagno et David 2009). Onretrouve de la moelle rouge dans les os plats et les os courts, elle estparticulièrement appréciée par les Inuit du Québec (Malet 2007). Chezcertains groupes, les ossements sont broyés puis jettés dans de l’eaubouillante. La graisse est ensuite récupérée après refroidissement dubouillon (Delpech et Rigaud 1974, Binford 1978, Saint-Germain 2006).

2. L’exploitation alimentaire au Paléolithique : méthodes del’archéozoologie

Durant le Paléolithique supérieur, on constate que les groupeshumains ont continuellement chassé le renne (Delpech 1983, Fontana2012, etc.). Les relations entre l’homme et l’animal sont appréhendéespar le biais de l’archéozoologie, discipline qui s'est fortementdéveloppée depuis les années 1970. L'archéozoologie a particuliè-rement pour objectif de caractériser la composition démographique desindividus abattus, les stratégies de transport et de traitement descarcasses, les saisons de prédation et par là-même d'identifier des spéci-ficités en lien avec l'économie des groupes.

Composition démographique : âge et sexe

Plusieurs méthodes classiques permettent d’identifier l’âge et le sexedes proies abattues et ainsi documenter d’éventuels choix opérés par lesgroupes humains lors de la sélection du gibier. Les restes dentairesconstituent des éléments efficaces pour caractériser l’âge d’un individuau moment de sa mort car on connait la période durant laquelle se fait

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l’éruption des dents déciduales et leur remplacement par les dentspermanentes. Pour le renne, le référentiel utilisé de nos jours est celui deFrank L. Miller (1974). En raison d’une variabilité inter-individuelle dansle degré d’éruption et d’usure dentaire, les profils de mortalité desrennes sont généralement réalisés à partir de classes d’âge (corres-pondant aux juvéniles, jeunes adultes, adultes, adultes matures etvieillards). La méthode du degré d’épiphysation des ossementsconstitue une autre approche pour la caractérisation de l’âge desindividus. Pour le renne, l’âge d’épiphysation des différents ossementsest connu grâce à divers travaux (Hufthammer 1995 pour les rennessauvages de Norvège et Pasda 2009 pour des caribous du Groenland).Les os complets, dont les deux extrémités sont conservées, offrentl’avantage de donner un âge plus précis. Dans les gisements paléoli-thiques d'Europe occidentale, les restes dentaires constituent lesmeilleurs indicateurs car l’aspect fragmentaire des ossements empêchel’application de la méthode du degré d’épiphysation.

La détermination du sexe est un complément essentiel à l’estimationde l’âge des individus. Bien que le dimorphisme sexuel soit très marquéchez le renne (Weinstock 2000, Pasda 2009, Kuntz 2011), il demeurecomplexe de caractériser le sexe des individus présents dans un assem-blage osseux. Les bois ne sont pas forcément de bons indicateurs car lesdistinctions sont parfois difficiles entre mâles et femelles (Averbouh2000). L’os coxal, au niveau du bassin, permet de séparer plus aisémentmâles et femelles car le bord ventro-médial de l’acétabulum estbeaucoup plus épais chez les mâles (Greenfield 2006, Pasda 2009).Cependant, les os coxaux sont rarement intacts dans les gisementsaccumulés par l’homme et seules des analyses ostéométriques (mesuresd’ossements) permettent de déterminer plus précisément le sexe desindividus. Mais au final, la répartition classique de séries de mesuressous la forme de nuages de points ne permet pas de distinguer systé-matiquement deux groupes en raison de la présence de petits, moyenset grands individus qui se recoupent (Kuntz 2011). Des méthodes d'ana-lyses plus complexes, nommées analyses de mélanges (Monchot etLéchelle 2002), ont récemment été adaptées à cette question de lacomposition démographique d'un assemblage et apparaissent commeun outil plus fiable (Kuntz 2011, Kuntz et Escarguel en prép.).

Transport des carcasses

L'examen des proportions des éléments squelettiques conservés estl'outil analytique permettant de reconstituer les stratégies de transportmises en œuvre par les hommes préhistoriques. Dans les sites où les

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ossements sont bien préservés, lorsque toutes les parties de l’animalsont présentes, on peut en déduire que les carcasses ont été rapportéescomplètes au campement dans le but d’y être traitées. Si seules certainesparties ont été introduites, on peut en déduire la fonction du site.Généralement dans les sites d’habitat, les parties anatomiques les plusnutritives, comme les os longs riches en viande et en moelle, sont lesmieux représentées. Dans les sites d’abattage, les parties les moins nutri-tives (crâne, vertèbres, côtes, etc.) sont les plus fréquentes. Dans les sitesd’habitat, si les carcasses ont été rapportées entières, on peut en déduireque le site d’abattage se trouvait à proximité du campement (Binford1978, Costamagno 2006). Toutefois, avant de réaliser ce type d’analyse, ilconvient de s’assurer que les assemblages osseux n’ont pas étéperturbés par des processus post-dépositionnels (fréquentation du sitepar les carnivores, destruction des ossements les plus fragiles par desprocessus taphonomiques tels des attaques acides, des phénomènes degel/dégel, etc.). Par ailleurs, diverses études ethnoarchéologiques ontpermis de mettre en évidence que les stratégies de transport mise enœuvre par les hommes dépendent de nombreux facteurs tels la taille del’animal, son âge, son sexe, sa condition physique (qui dépend elle-même de la saison), l’utilité nutritive des parties squelettiques, lenombre d’animaux abattus (type de chasse), les choix gustatifs, lesbesoins alimentaires et en matières premières du groupe, le nombre dechasseurs, le moment de la journée, la distance entre le site d’abattage etle camp de base, etc. (Bartram 1993, Kelly 1995, Costamagno 1999, 2006).

Traitement des carcasses

Quand l’homme découpe un animal, il procède selon une chaîneopératoire de boucherie dont les principales étapes sont :- le dépouillement qui vise à débarrasser la carcasse animale de sapeau,

- l’éviscération permettant le retrait des organes vitaux et des viscères,- la désarticulation qui consiste en la division en parties distinctes desmembres au niveau des articulations. Elle s’avère nécessairenotamment pour faciliter le transport des grands animaux,

- le décharnement qui permet le prélèvement de la viande pour uneconsommation immédiate ou différée,

- le raclage du périoste puis la fracturation des os longs afin derécupérer la moelle contenue dans la cavité médullaire.

Toutes ces étapes peuvent parfois laisser des traces d’outils en silexsur les ossements des animaux consommés. Ce sont ces traces qui

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permettent à l’archéozoologue de comprendre les gestes du boucher etpar là-même les techniques de découpe des hommes du passé. Ilconvient toutefois d'être prudent concernant les interprétations car lebut de la découpe d’une carcasse n’est pas d’attaquer l’os qui à tendance,au contraire, à user le tranchant des outils. De ce fait, les stries présentessur les ossements ne nous renseignent pas sur l’intégralité des gestestechniques. Par ailleurs, des processus non humains créent parfois desmodifications sur les ossements qui peuvent soit empêcher une lecturedes surfaces osseuses (traces de vermiculations, de concrétionnement,de corrosion, etc.) soit ressembler à de véritables stries de découpe(piétinement, abrasion sédimentaire, carnivores, etc.). Une observationminutieuse des surfaces osseuses à la loupe ainsi qu’une étude tapho-nomique détaillée s’avèrent donc indispensables avant touteinterprétation sur le traitement des carcasses animales. De plus, denombreuses traces peuvent correspondre à différentes étapes dutraitement.

Saisons de chasse

Plusieurs méthodes existent pour déterminer la saisonnalité deprédation des rennes fossiles. La période des naissances étant relati-vement bien connue dans le registre actuel (mai/juin), il est souventpossible d’obtenir des données saisonnières à partir des restes dentaires- particulièrement des mandibules - des jeunes individus découvertsdans un assemblage archéologique. Sachant que le renne se reproduiten automne et met bas au printemps, la présence de restes osseux defœtus indique généralement la mort de la femelle gravide au cours de lapériode hivernale. Une formule permet, à partir de la mesure de lalongueur des os longs, d’évaluer précisément l’âge du fœtus depuis saconception (Spiess 1979). Les bois livrent également des indices desaisonnalité car leur chute et leur repousse interviennent à des périodesprécises de l’année. Cette méthode requiert toutefois de la prudence carla distinction des bois de mâles de ceux des femelles s’avère complexeen raison d’une grande variabilité et de l’état généralement fragmentairedes bois analysés en contexte archéologique. Par ailleurs, l’étude desbois de chute peut poser des problèmes car ils ont pu être collectés àdiverses saisons. La cémentochronologie (analyse microscopique ducément dentaire) est une autre méthode autorisant une approche de lasaisonnalité. Elle repose sur l’observation des marqueurs de croissancequi résultent de changements physiologiques de l’individu en réponseaux fluctuations environnementales. Les variations saisonnières enregis-trées dans le cément se caractérisent par la succession d’un dépôt àcroissance rapide (la zone, qui se forme à la belle saison) et d’une bande

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à croissance lente (l’annulus qui se forme durant la mauvaise saison).L’établissement de la saison de mort repose sur la nature du dernierdépôt. Plusieurs référentiels sur des populations actuelles de rennes etde caribous ont été établis (Mc Ewan 1963, Pike-Tay 1995, Reimers etNordby 1968) et permettent de valider cette méthode, qui est aujour-d'hui largement utilisée en archéologie pour documenter la saisonnalitéde prédation des troupeaux de rennes et d'autres ongulés (Spiess 1979,Gordon 1988a, b, Martin 1994, 2004, 2009, Rendu 2007, etc.).

3. Historique des découvertes de renne dans les gisementsmagdaléniens lotois

Malgré des recherches précoces, le Quercy est moins bien connu quele Périgord. Cela tient à des sites moins nombreux et moins spectacu-laires mais aussi à une recherche un peu moins rigoureuse, de la fouilleà la conservation des vestiges en passant par leur publication. D’unemanière générale, les méthodes de fouilles mises en œuvre au XIXe etdurant la première moitié du XXe siècle sont plutôt expéditives, dans lesens où elles ne tiennent pas suffisamment compte de la succession desdépôts stratigraphiques et que seules les pièces jugées « intéressantes »font l’objet d’une collecte. Les restes de faune découverts en contextearchéologique demeurent alors fréquemment négligés au profit desindustries lithiques et osseuses et surtout des « beaux objets » relevant dudomaine artistique. Les premiers travaux en Préhistoire ont ainsi faitl’impasse sur les stratégies d’exploitation alimentaire des ongulés par lessociétés passées. Il convient de rappeler que la Préhistoire est une disci-pline récente et qu’à cette époque, la paléoethnologie (étude des modesvie des sociétés paléolithiques) n’existe pas et que les fouilles ont pourbut une meilleure compréhension de la chronologie. Les recherches enQuercy connaissent un regain d’intérêt à partir des années 1960.Plusieurs gisements naturels (aven-pièges) et anthropiques (accumuléspar l’homme) sont fouillés avec des techniques modernes (mise enplace de carroyage, tamisage des sédiments, réalisation de datationsradiométriques, études taphonomiques, paléontologiques, archéozoo-logiques, des technologies lithiques, osseuses, etc.) dans le but d’aboutirà une connaissance plus fine de la biostratigraphie des faunes paléoli-thiques, des techniques de fabrication des armes de chasse et del’outillage domestique, des relations entretenues entre l’homme et songibier, etc. Depuis les années 1990, d’importantes investigations archéo-logiques sont poursuivies dans le département du Lot. Plusieursgisements magdaléniens ont fait l’objet de reprises d’études ou d’étudesinédites.

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XIXe siècle

Dès 1869, Félix Garrigou et Henri Duportal signalent plusieursgisements attribués à l’ «Âge du Renne » et prennent conscience del’intérêt de ce gibier pour les hommes préhistoriques ayant fréquenté leQuercy : « les restes d’habitations (de Saint-Géry) les plus anciennesremontent jusqu’à l’époque du renne (...). Nos fouilles nous ont prouvéqu’à l’époque où l’homme fréquentait ces demeures, le renne, un grandcerf, le cheval, le chamois, un sus, et un bœuf vivaient dans le pays. Lesossements de ces animaux, cassés par l’homme, gisaient dans les cendresdes anciens foyers et dans le cailloutis qui les avait recouverts. Lesfragments de quatre coquilles vivant encore dans l’océan (...) étaient mêlésaux innombrables outils soit en silex, soit en quartzite, abandonnés parles habitants de ces cavernes. » (Garrigou et Duportal 1879 : 186-187).

À la fin du XIXe siècle, le site de La Gare de Conduché (Bouziès) estdécouverte par Félix Bergougnoux qui l’exploite en grande partie. Elle faitensuite fait l’objet de travaux par l’abbé Lemozi puis, plus récemment, desondages et de vérifications par Michel Lorblanchet. Les artéfacts témoi-gneraient de la présence d’un Magdalénien supérieur. La grande faune,examinée par Françoise Delpech, montre la prédominance du renne, dubouquetin et du chamois. Les espèces de climat humide (cerf, chevreuil,sanglier, lynx, castor) sont également assez nombreuses (Delpech 1983).Des restes de poissons ont également été recueillis (Le Gall 2005). Un brefretour sur la collection a été effectuée par Jean-Christophe Castel.

Début du XXe siècle

Au début du XXe siècle, des explorations de cavités sont menées parArmand Viré qui, dès 1902, entreprend des fouilles intensives dans lesgrottes de Lacave sur le causse de Gramat (Viré 1903, 1904, 1909). Lorsd’excursions spéléologiques, il découvre l’igue de Saint-Sol-Belcastel,piège naturel qui livra des ossements de renne, de grands bovinés,d’ours, de carnivores et de lagomorphes datés du Pléistocène inférieuret moyen (Philippe et al. 1980). Ce gisement contient à ce jour lesvestiges de renne les plus anciens recensés dans le Lot. Désireux dedécouvrir un débouché des galeries de l’Igue de Saint-Sol-Belcastel,Armand Viré met au jour d’abondants vestiges lithiques (outils en silex)et osseux (bois de cervidés travaillés par l’homme) dans la grotte deJouclas à Lacave où des occupations humaines sont attribuées auSolutréen (période contemporaine du maximum glaciaire autour de20 000 BP) et au Magdalénien. Les restes osseux de faune, dominés parle renne, suivi du bouquetin et du cheval (déterminés par le Pr MarcellinBoule), sont très succinctement décrits. Parmi les « débris de cuisine », il

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mentionne que « le renne est très abondant (plus de cent individus). Il yen a une grande majorité de jeunes ; les os les plus nombreux sont la tête,et les pattes. Peu de vertèbres, pas du tout de bassin. » (Viré 1904 : 66).

À partir de 1906, Armand Viré entreprend des fouilles à la Crozo deGentillo ou abri de « Combe Cullier », toujours sur la commune deLacave et située à 500 m de la grotte de Jouclas. En 1908, il conclut quel’habitation de l’abri date de la période aurignacienne puis, en 1921, surla base de l’abondant l’outillage en silex, il l’attribue finalement auMagdalénien (Viré 1908, 1926, Viré et Niederlender 1921). Les restes defaune, assez restreints d’après l’auteur, ne sont que brièvementmentionnés, avec l’omniprésence de rennes (nommés à l’époqueCervus tarandus) de tous âges, accompagnés de quelques chevaux etbouquetins. À la suite des travaux d’Armand Viré, le gisement est laissé àl’abandon et pillé par des fouilleurs clandestins. Un retour sur les collec-tions récoltées jusqu’alors est entrepris à la fin des années 1960 parMichel Lorblanchet qui situe l’occupation de l’abri au cours duMagdalénien moyen. Une reprise des fouilles par J.-F. Flies en 1967 estmenée dans le talus et permet de mettre au jour de nouveaux vestiges,dont des restes fauniques. Ces derniers ont été étudiés par FrançoiseDelpech (1983) qui met en évidence une domination du renne danstoutes les couches, accompagné, selon les niveaux, de l’antilope saïga,de cheval, de bovinés, de bouquetin, de chamois, de cerf et de chevreuil.

En 1908, fidèle à la commune de Lacave, Armand Viré fouille l’abrisous roche de « La Rivière de Tulle ». Dans cette station magdalénienne,il met au jour des pointes de sagaies et des flèches, des lissoirs, desharpons, des hameçons, des poinçons et des aiguilles. La parure estreprésentée par des dents percées de renne et de canidé. D’après lesdéterminations, le renne et le cheval paraissent dominants. Des carnas-siers, des petits rongeurs, des oiseaux ainsi qu’une grande quantité depoissons sont également mentionnés (Viré 1909). Des restes de rennesont encore découverts dans le niveau magdalénien de la grotte du Pisde la Vache (commune de Souillac) qui renferme des occupations allantdu Moustérien (Paléolithique moyen) au Néolithique (Noir 1928, Viré1932). À notre connaissance, aucune nouvelle étude de la faune n’a étéentreprise sur ce gisement.

Dès les années 1910, le chanoine Amédée Lemozi effectue ses premièresfouilles autour de Rocamadour et dans les vallées de l’Alzou et de l’Ouysse.Une de ses découvertes majeures est réalisée à l’abri Murat (Rocamadour)où il met au jour une imposante stratigraphie renfermant de riches niveauxarchéologiques datés du Magdalénien supérieur au Mésolithique. En raison

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de la première guerre mondiale, il entreprend des fouilles importantes dansl’abri en 1919, 1922 puis en 1938-39. Les résultats de ses premières fouillesont été publiés dans le bulletin de la société Préhistorique Française en 1924,les résultats des secondes demeurent quant à elles inédites. « Avant lesfouilles de Murat, nous avions fait des sondages, mais sans succès, dansd’autres abris de la vallée de l’Alzou, plus confortables cependant etréunissant mieux toutes les conditions d’habitabilité. Aussi rien ne nousaurait fait soupçonner de prime-abord que l’abri Murat, de très modesteapparence, ait été utilisé par les chasseurs de Rennes » (Lemozi 1924 : 20). Ilmet en effet au jour des outillages et armatures en silex et matière dureanimale (harpons, aiguilles à chas, etc.), de nombreux restes de faune ainsique des foyers. Les premières plaquettes gravées et gravures pariétaleslotoises vont être découvertes à l’abri Murat en 1919. Bien plus tard, en 1982,Michel Lorblanchet décide de reprendre des fouilles. À partir des vestigesosseux, lithiques et d’art mobilier, il parvient à identifier plus précisémenttrois ensembles de couches rapportés au Magdalénien final (couches V, Vnet VI), à une phase de transition magdaléno-azilienne (c. IV et base de lacouche III) et à une phase azilienne proprement dite et mésolithique(couches III et II) (Lorblanchet 1986). De nouvelles études menées surl'industrie lithique de la c. IV ont permis de caractériser un Azilien ancien(Ballista 2006). Michel Lorblanchet signale que le renne, abondant dans lesniveaux magdaléniens, tend à se raréfier dans les couches de transition auprofit du cheval et disparaît dans les niveaux aziliens, remplacé par les lapinset le cerf (Lorblanchet 1986, 1996). Une analyse préliminaire de la fauneavait été effectuée par Françoise Delpech, avant une nouvelle étude archéo-zoologique par Sandrine Costamagno et Aude Chevallier et une étudebiométrique par Delphine Kuntz.

Située sur la rive droite du Célé, la grotte de Sainte-Eulalie (Espagnac)est connue depuis 1920, date à laquelle l'abbé Lemozi découvre lapremière peinture pariétale. Cette grotte présente en effet la particu-larité de renfermer des œuvres d’art dont certaines figurent des rennes.Trois gravures d’âge magdalénien sont mentionnées sur les parois de lagrotte. Pour l’une d’entre elle, l'abbé Lemozi écrit : « la grande enverguredes ramures, l’orientation des andouillers (...), le développement dessabots, l’impression de laisser-aller, produite par l’inclinaison de l’épaule,par l’attitude des jambes et de la tête, laisser-aller bien caractéristique duTarandus rangifer au repos (...) nous permettent déjà de conclure quec’est un Renne qui est représenté (...) c’est l’animal pris en flagrant délitde paitre ou de bramer» (Lemozi 1920 : 257-258) (fig. 4). Il écritégalement qu’en dégageant avec précaution la « brèche ossifère » quirecouvrait entièrement le renne gravé n°1, il a constaté la présence de

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silex du Magdalénien supérieur, de fragments de bois de renne, d’osgravés, d’un andouiller percé à sa base comme les « bâtons de comman-dement », de plusieurs harpons, etc.

Figure 4 : renne gravé de la grotte de Sainte-Eulalie (relevé A. Lemozi 1920).

Les découvertes artistiques faites à Sainte-Eulalie hissent l'abbéLemozi au rang d’« inventeur de l’art pariétal paléolithique du Quercy »(Bournazel-Lorblanchet 2011 : 54). À la suite de nouvelles fouilles dans lagrotte, Michel Lorblanchet publie en 1973 une importante monographiedans laquelle il décrit les habitats, les outillages ainsi que les représenta-tions artistiques solutréens et magdaléniens (Lorblanchet et al. 1973). Lafaune, toujours dominée par le renne, a fait l’objet d’une étude parFrançoise Delpech puis par Jean-Christophe Castel.

La grotte David ou grotte de Pech Merle (Cabrerets), dont la renomméedes représentations artistiques qu’elle renferme n’est plus à faire, a étédécouverte en 1922 par l'abbé Lemozi. La réalisation du plan de la cavité,son aménagement, le travail de relevé des œuvres d’art pariétalesoccuperont l’abbé jusqu’à la fin de ses jours, en 1970. Comme le signaleMichel Lorblanchet, son travail fut remarquable pour l’époque(Bournazel-Lorblanchet 2011). Dans un sondage réalisé au sein de cettemême grotte en 1974 à proximité des chevaux ponctués, ce dernier adécouvert des ossements de renne dont un métacarpien portant desstries de découpe a été daté (18 400± 350 BP ). Ce reste de renne signerait,selon l’auteur, la persistance, jusqu’au début du Magdalénien, de l’utili-sation rituelle intermittente d’un sanctuaire gravettien (Lorblanchet 2010).

De 1960 à nos jours

Dès le début des années 1960, Marie-Roger Séronie-Vivien entre-prend des fouilles de grande ampleur sur la commune de Caniac du

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Causse, dans les grottes de la Bergerie des Quatre chemins (Séronie-Vivien et al. 1980, 1981a) et de Pégourié (Séronie-Vivien et al. 1995).Toutes deux ont livré des assemblages renfermant d’abondantsossements de renne accumulés par des chasseurs-cueilleurs de la fin duPaléolithique supérieur. La grotte de Pégourié ayant été occupée aucours d’une phase antérieure au Magdalénien (Badegoulien), nous neretiendrons que celle de la Bergerie des Quatre Chemins pour noscomparaisons. Située au cœur du Causse de Gramat, cette grotte a étéfouillée de 1962 à 1967 et a livré des occupations magdaléniennes(couches 6 et 7) et de l’Âge du Bronze. Seuls 178 restes de faune,dominés par le renne, ont été déterminés dans les niveaux magdalé-niens (Bensch 1971, Séronie-Vivien et al. 1980, 1981a).

La grotte du Sanglier (Reilhac), sur le causse de Gramat, a été fouilléeentre 1990 et 1995 par Marie-Roger Séronie-Vivien afin de protéger legisement des fouilleurs clandestins. Elle renferme des occupations allantdu Tardiglaciaire au Néolithique (Séronie-Vivien et al. 2001). La couche8, attribuée au Magdalénien (une datation C14 indique un âge de13 700+/- 90 BP) renferme très peu de vestiges. Seule une trentaine derestes d’ongulés, rapportés au renne, au cerf, à un boviné, au cheval etau sanglier sont mentionnés dans la monographie.

Le gisement des Peyrugues, fouillé de 1985 à 2002 par Michel Allard, alivré une stratigraphie bien documentée renfermant des occupationsgravettiennes, solutréennes, badegouliennes et magdaléniennes decourtes durées (Allard 1992a, b, 2009, Allard et al. 2005). La couche 3, richeen vestiges lithiques et osseux du Magdalénien moyen, correspond à ladernière occupation paléolithique de l'abri. La faune apparaît extrê-mement fragmentée, seuls 3% des ossements ont pu être déterminéstaxonomiquement. Le renne constitue la proie majoritaire ; il est accom-pagné du bouquetin, du chamois, du sanglier, des bovinés, d'équidés, d'uncanidé, d'un renard et d'une marmotte (Juillard 2009).

Localisé sur la colline de Pech Merle, à 800 mètres de la grotte ornée,le site du Petit Cloup Barrat (Cabrerets) est mentionné dans les années1950 par l’abbé Lemozi avant d’être redécouvert dans les années 1990.Une fouille programmée, entreprise depuis 2004 par Jean-ChristopheCastel et François-Xavier Chauvière, a permis de mettre au jour desvestiges lithiques et osseux attribués au Solutréen, au Badegoulien et auMagdalénien inférieur et moyen. Les restes de faune, qui font l’objetd’une analyse archéozoologique détaillée, montrent la présencemarquée du renne, suivi par le cheval et quelques restes de cerf et derenard (Castel et al. 2006, Ducasse et al. 2011).

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Découverte au début des années 1990 lors de prospectionsspéléologiques, la grotte-abri de Peyrazet (Creysse) est actuellement encours de fouilles sous la direction de Mathieu Langlais et VéroniqueLaroulandie. Les différentes couches livrent des occupations de la fin duPaléolithique supérieur et de l'épipaléolithique (Azilien et Laborien). Leréexamen du matériel provenant de ce sondage a permis de confirmerl’attribution au Magdalénien supérieur (Langlais et Laroulandie 2009). Lesrestes de grande faune, actuellement en cours d'étude par SandrineCostamagno et Delphine Kuntz (pour l'approche biométrique), ont livrédu renne. Dans la couche 4, ce dernier constitue l'espèce prépondérante ;il est accompagné de rares restes de chamois, cerf, bouquetin et bovinés(Costamagno et Laroulandie cité dans Langlais et Laroulandie 2011).

4. Bilan sur les données relatives à l’exploitation alimentaire durenne dans le Lot au Magdalénien

Au niveau local, les données archéozoologiques à notre dispositionsont très hétérogènes avec des assemblages souvent limités, pas toujoursbien datés, et fréquemment biaisées par des tris réalisés lors des fouillesles plus anciennes (Castel et Chauvière à paraître, Castel et al. à paraître).Afin de discuter des modalités d’exploitation des carcasses, septgisements dans lesquels le renne constitue un taxon bien représenté aucours des temps magdaléniens ont pu être retenus (fig. 5 et tab. 1).

Figure 5 : répartition des sites magdaléniens retenus pour l'analyse archéozoologique(fonds de carte : M. Jarry).

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En Quercy, les modalités d'exploitation du renne sont particuliè-rement bien connues dans le gisement de Cuzoul de Vers dans lequel lafaune est remarquablement conservée (Castel 1999, 2003, 2010, Castel etal. 2012). Mais les occupations de ce gisement datent du Solutréen et duBadegoulien, périodes légèrement antérieures à celle qui fait l'objet duprésent article.

Magdalénien ancien

Au Petit Cloup Barrat, dans le couche 4 attribué à un Magdalénieninférieur (daté entre 16 950± 90 et 16 370± 90 BP), des ongulés de taillemoyenne ont été la proie des chasseurs. Compte tenu de la fragmentationdes restes osseux, il s’avère délicat de distinguer les portions anatomiquesde renne et de bouquetin mais ce dernier est beaucoup moins abondantque le premier. Pour le renne, il apparaît que toutes les classes d’âge sontreprésentées, avec une prédominance des jeunes adultes. Le transport descarcasses n’est pas encore clairement caractérisé en raison de la forteproportion des fragments de diaphyses. Il n’est pas exclu qu’une partie dusquelette axial n’ait pas été introduite dans l’habitat. Au niveau de l’exploi-tation alimentaire, les quelques traces de boucherie observées sur lesossements indiquent qu’après décharnement, les ossements ont étéfracturés autour des articulations afin d’accéder à la moelle et d’isoler lesarticulations (Castel et al. 2006, Ducasse et al. 2011), et non par une désar-ticulation classique au sens de Lewis R. Binford (1981).

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Site/ Fréquence Âge Transport Dépouillement Désarticulation Décharnement Fract. Fract. osniveau os longs phalanges brûlés

Petit Cloup plus de tous axial sous- illisible illisible illisible XXX XXX XBarrat c. 4 90% âges représenté

Peyrugues 80-90% tous carcasses ? ? ? ? ? ?c. 3 âges complètes

Bergerie moins jeunes carcasses X X Xdes Quatre de 50% incomplètesCheminsc.6/ 7

Sainte- 80-90% tous carcasses ? ? X XXX X XEulalie c. 3 âges complètes

Peyrazet 80-90% en carcasses X X X XXX XX X c. 4 cours incomplètes

Gare de 60-70% ? ? illisible illisible illisible XConduché

Murat 80-90% tous carcasses X X XXX XXX X Xc. V, Vn, VI âges complètes

Tableau 1 : synthèse des activités de chasse et de boucherie menées sur le renne.

Magdalénien moyen

Au sein de la couche 3 de l’abri des Peyrugues attribuée auMagdalénien moyen (13 020± 140 BP et 13 700± 60 BP), le renne dominenettement (90% des restes déterminés) et correspond à un nombreminimum de sept individus. A priori, aucune sélection ne semble avoirété effectuée dans l’âge des individus capturés. Les carcasses ont proba-blement été apportées entières, sans que l’on sache comment elles ontété traitées avant consommation en raison de l'absence de données surles stries de boucherie. La fracturation a été intensive en vue du prélè-vement de la moelle osseuse (Juillard 2009).

À la grotte de la Bergerie des Quatre Chemins (c. 6 et 7) (c. 7 : 15 830±400 BP et 15 320± 110 BP), le renne constitue encore le gibier dominant.Sur les treize individus identifiés, huit individus adultes et cinq juvénilesont été abattus. La forte représentation des restes dentaires et le faiblenombre d’ossements fracturés ont permis de proposer l’hypothèsequ'une partie des produits de la chasse n'a pas été consommée sur place(Séronie-Vivien et al. 1980). Les quelques ossements (Nombre de RestesDéterminés= 60) observés par l'un d'entre nous (D. Kuntz inédit) nepermettent pas de conclure sur les stratégies de transport des carcassesmais quelques traces de boucherie laissées par les outils en silexautorisent la reconstitution d'une partie de la chaîne opératoire deboucherie, notamment la désarticulation, la décarnisation et la fractu-ration sur os frais.

Pour la grotte de Sainte-Eulalie (c. 3 : 15 200± 300 et 15 100± 270 BP ; c.1 : 10 830± 200 et 10 400± 300 BP 2), les décomptes de Françoise Delpech(dans Lorblanchet et al. 1973) apportent quelques informations surl’exploitation des rennes. Dans les couches 1 (Magdalénien supérieur) et3 (Magdalénien moyen), trois individus ont respectivement étédénombrés. D’après les restes dentaires, ils correspondraient, dans lacouche 1, à un jeune individu et un adulte. Dans la couche 3, les troisindividus auraient de 26 à 27 mois pour l’un, 30 mois pour un autre et plusde trois ans pour le dernier. Aucune indication relative au sexe n’estpossible. Les carcasses animales paraissent avoir été introduites complètesdans la grotte ; tous les éléments du squelette étant présents. Notonstoutefois que les restes crâniens et les métapodes paraissent mieux repré-sentés, particulièrement dans la couche 3. Ce constat peut être mis enrelation avec une fracturation intensive de ces ossements, particuliè-rement des métapodes, en vue de la récupération de la moelle. Aucunestrie de boucherie n’a été relevée sur le matériel osseux hormis unfragment de scapula de la couche 3 qui a été décharné (Delpech dans

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Lorblanchet et al. 1973). Une récente reprise d'étude de la faune par Jean-Christophe Castel indique tout d'abord que la diversité des patinesosseuses pourrait traduire des mélanges avec la couche IV solutréenne.Les restes osseux correspondent majoritairement au renne et, dans unemoindre mesure, au bouquetin, aux bovinés et au cheval. Contrairement àce qui est mentionné par Françoise Delpech, les ossements de renneportent des stries de découpe relativement abondantes sur les diaphysesdes os longs, les ceintures et les côtes. Quelques stries de désarticulationont été observées malgré le faible nombre d'extrémités articulaires. Cinqretouchoirs sur diaphyses d'os longs ont été identifiés. Par ailleurs, lesédiment contenu dans une phalange de boviné et dans un humérus debouquetin renferme de nombreux fragments d'os et de bois brûlés.

Magdalénien supérieur/final

Les gisements lotois attribués au Magdalénien supérieur/final quenous présentons ont fait l’objet de récents travaux.

À La Gare de Conduché, dont la faune a récemment été vue par Jean-Christophe Castel, le renne constitue l’espèce dominante, suivi duchamois, du bouquetin, du cerf et du lièvre. L’ordre des taxons chassésest difficile à déterminer du fait que la majorité du matériel déterminéprovient de déblais. Les diaphyses des os longs dominent, mais on peutobserver la présence de quelques extrémités articulaires et des os de basde pattes. Peu de stries et points d'impact ont pu être observés en raisonde la mauvaise conservation des surfaces osseuses (traces de racinesnombreuses, concrétionnement, érosion importante). Un retouchoir atoutefois été isolé.

Une reprise d’étude des restes fauniques de l’abri Murat (fouillesLorblanchet) a dernièrement été entreprise par Sandrine Costamagno etDelphine Kuntz. Dans l’attente d’une publication plus détaillée, nousprésentons ici les premiers résultats obtenus sur le renne des couches V,Vn et VI dont de nouvelles datations inédites confirment l'attribution auMagdalénien final. Dans ces niveaux, près de 700 restes osseux ont étédéterminés d’un point de vue anatomique et spécifique, et placent lerenne comme l’ongulé largement majoritaire. D’après les premiersdécomptes, au minimum quatre individus (trois adultes et un juvénile) ontété abattus et ramenés dans l’abri. La découverte de sept ossements defœtus dans les collections des fouilles Lemozi indique la présence d’aumoins trois femelles. La représentation des éléments squelettiques permetd’envisager un transport complet des carcasses puisque des éléments ducrâne, du tronc, des os longs et des bas de pattes sont présents. Lessurfaces osseuses sont bien conservées, ce qui a permis d’observer les

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traces liées à la chaîne opératoire de boucherie. Plus d’un quart des restesde renne livre des stries de découpe en lien avec le dépouillement, ladésarticulation et le décharnement des carcasses alors que chez lesgroupes sibériens, peu de stries liées au décharnement ont été relevéessur les ossements de renne (Abe 2005). Dans le registre ethnoarchéolo-gique, l'enlèvement du périoste avant fracturation laisse généralement destraces de raclage sur la surface de la diaphyse osseuse (Binford 1978,Castel 1999, 2010, Costamagno et David 2009). À l'abri Murat, plusieurs oslongs portent de telles traces. Le prélèvement de la moelle est égalementattesté sur les phalanges. Quelques restes de renne ainsi que desossements de plus petite taille, présents dans les refus de tamis, portent enoutre des traces de combustion. Dans le registre ethnoarchéologique, lesos de renne peuvent servir de combustible (Théry-Parisot et Costamagno2005, Costamagno et al. 2009b, 2010) ou encore être brûlés pour desraisons techniques (éloigner les prédateurs) ou symboliques (réincar-nation des rennes) (Vaté et Beyries 2007). Pour les gisementsmagdaléniens lotois, la présence d'ossements brûlés demeure pourl'heure encore délicate à interpréter. En revanche, dans le site badegouliendu Cuzoul de Vers, il a pu être mis en évidence une sélection des régionsarticulaires des os de renne et de bouquetin afin d'alimenter les foyers(Castel 1999, 2003, 2010). Enfin, la recherche systématique de retouchoirsa permis d’isoler sept pièces réalisées sur diaphyses de renne.

Dans la couche 4 de Peyrazet, le renne qui est l'espèce dominante a livréprès de 200 restes. Les fouilles portant sur une petite partie de l'abri, lesdonnées sur la représentation des éléments squelettiques sont à prendreavec précaution. Les carcasses de renne pourraient avoir été introduitesincomplètes sur le site comme l'atteste la sous-représentation des vertèbres,des côtes et des restes dentaires (Costamagno et Laroulandie dans Langlaiset Laroulandie, 2011). Les extrémités de pattes sont en revanche particuliè-rement bien représentées. Les stries de boucherie relevées à la surface desossements témoignent principalement du décharnement des élémentssquelettiques de renne. Les nombreuses stries relevées sur les os des extré-mités des pattes correspondent soit à la désarticulation des métapodes etdes phalanges, soit au dépouillement des carcasses. Comme à l'abri Murat,les os longs ont été systématiquement fracturés pour en extraire la moelle.La présence de traces de percussion sur les phalanges atteste d'une exploi-tation intensive de cette substance.

5. Saisons de chasse au renne

Les données saisonnières publiées proviennent majoritairement dumatériel dentaire (méthodes du degré d’éruption dentaire et cémento-

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chronologie). Pour plusieurs échantillons (Sainte-Eulalie, Bergerie desQuatre Chemins, Peyrugues c.3), le nombre de restes analysés demeuretoutefois quantitativement assez faible (tab. 2).

Tableau 2 : saisons de chasse au renne dans le Lot au cours du Magdalénien (MS : mauvaise saison, DBS : début de la bonne saison, BS : bonne saison,

FBS : fin de bonne saison. Code couleur : gris foncé : occurrences majoritaires, gris clair : occurrences moins nombreuses).

Pour le niveau 4 du Petit Cloup Barrat attribué au Magdalénienancien, les occurrences situent des chasses au renne au cours de lapériode estivale (bonne saison). Les sites du Magdalénien moyenindiquent des abattages au cours d’autres périodes de l’année. À Combe-Cullier, toutes les saisons sont représentées sauf l’été. À Sainte-Eulalie,l’hiver est majoritaire mais d’autres saisons (printemps/été) sontmentionnées par Bryan Gordon (1988a). Aux Peyrugues c.3, l’analysecémentochronologique indique des chasses en été. La méthodeclassique d’éruption et d’usure dentaire permet, ici encore, d’envisagerd’autres périodes de l’année à l'exception de l’hiver. À la Bergerie desQuatre chemins, la belle saison paraît la mieux représentée mais la fin dela mauvaise saison et le début de la bonne sont également documentées.Dans les assemblages attribués au Magdalénien supérieur/final, la belle

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Assemblage Chrono- Printemps Eté Automne Hiver Références Nombre culture de dents

MS/ DBS BS FBS MS

Petit Cloup Magdalénien dent Ducasse 12Barrat 4 ancien et al. 2011

Combe- Magdalénien cément cément cément Gordon 35Cullier 4-13 moyen 1988a

Sainte- 3 Magdalénien cément cément cément Gordon 15Eulalie moyen 1988a

Peyrugues 3 Magdalénien dent cément dent Allard , 7moyen et al. 2005

Martin 2009,Juillard 2009

Bergerie- Magdalénien bois/dent dent Séronie- 5des-4- moyen Vivien

Chemins et al. 1981

Peyrazet Magdalénien dent Costamagno -supérieur et Kuntz inédit

Sainte- Magdalénien cément cément Gordon 2Eulalie 1 supérieur 1988a

Murat Magdalénien fœtus Costamagno -final et Kuntz inédit

saison est représentée à Peyrazet. La belle saison et aussi l’hiver sontattestés à Sainte-Eulalie. À l’abri Murat, l’hiver est confirmé par laprésence d'ossements de fœtus. Le calcul de leur âge depuis laconception (Spiess 1979) indique en effet qu’au moins deux des troisindividus ont été acquis durant les mois de janvier/février. Aucunedonnée saisonnière n'est disponible pour Gare de Conduché.

6. Discussions

L’ancienneté de certaines découvertes, la complexité des successionsstratigraphiques, les faibles superficies fouillées ou encore le manqued’analyses taphonomiques et archéozoologiques détaillées n’autorisepas de réelle synthèse paléoethnographique comme cela a été fait, parexemple, pour les chasseurs de renne magdaléniens du Bassin parisien(Audouze et Enloe 1991, David et Enloe 1992, Enloe et David 1997, Enloe2000, 2003, 2007). Les épisodes de chasse apparaissent en effet plusdifficiles à individualiser dans les gisements en grottes et abris du Sud-ouest de la France (Kuntz et Costamagno 2011). En dépitd’interprétations paléoethnologiques limitées par la nature des sériesarchéologiques, la synthèse menée sur quelques gisements permetmalgré tout de dégager plusieurs aspects relatifs à l’exploitation alimen-taire spécifique du renne au cours des temps magdaléniens.

Les données archéozoologiques indiquent que de petits groupes derennes ont été la cible des chasseurs. Le nombre minimal d’individus esten effet généralement peu élevé. Si des abattages en masse avaient eulieu, un plus grand nombre d'individus auraient été identifiés. En termede recrutement des individus, hormis pour la Bergerie des QuatreChemins, toutes les catégories d’âge paraissent représentées, ce quiimplique qu’il n’y a pas eu de choix préférentiel porté sur une classed'âge particulière. Le transport de carcasses complètes au campementainsi que leur exploitation intensive, allant jusqu'à la fracturation volon-taire des phalanges, constituent d'autres arguments en défaveur de lamise en place de grandes chasses collectives avec abattage en masse.Pour ce type de chasse, la meilleure période de l'année est l'automne enraison de la qualité optimale de la viande et de la graisse. Les chassesd’automne permettent en outre la récupération de peaux de qualitéoptimale pour la confection de vêtements d’hiver (Saladin d'Anglure etal. 1977). Or cette période de l'année est pour l'heure peu documentéeau sein des assemblages lotois analysés.

Plusieurs préhistoriens ont envisagé une occupation exclusivementestivale des rennes sur les causses et dans la vallée du Lot et du Célé(Séronie-Vivien et al. 1981, 1995, Martin 2004, Le Gall et al. 2007, Jarry et al.

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2008, Castel et al. à paraître, Jarry et al. à paraître). Dans l'état actuel desdonnées, les saisons d'abattage se déroulent effectivement majoritai-rement durant la bonne saison. Pour les hommes préhistoriques, le Lot acertainement constitué un territoire intéressant dès le début de la bonnesaison (fin du printemps), où les rennes pouvaient bénéficier de lavégétation renaissante (Castel et Chauvière à paraître). Les aires géogra-phiques fréquentées pendant la bonne saison pourraient correspondre àdes aires de mise-bas, d’allaitement et de croissance des nouveau-nés. Lesgroupes magdaléniens auraient ainsi pu tirer profit de cette ressourcealimentaire au cours de la période estivale durant laquelle les rennes -majoritairement des femelles, des faons, des jeunes et des mâles isolés-présentent généralement de bonnes conditions physiques en lien avec laqualité des pâturages estivaux (Jacobi 1931, Soppela et Nieminen 2001). Lasynthèse établie à partir de toutes les données saisonnières indiqueraitnéanmoins l'existence d'abattages au cours d'autres saisons de l'année. Àl'abri Murat par exemple, l'hiver est attesté par la présence de fœtus.L'activité de traitement des peaux est avérée par des traces liées audépouillement (stries sur les mandibules et phalanges de rennes) et par laprésence, dans l'industrie osseuse, d'aiguilles à chas.

Les techniques de chasse, les saisons de prédation ainsi que lecomportement migratoire des rennes durant la période magdaléniennedemeurent pour l'heure difficile à caractériser en raison de la disparitédes données et de problèmes méthodologiques inhérents à la naturedes vestiges. Les interprétations à partir des analyses céméntochronolo-giques apparaissent dans certains cas problématiques, notammentcelles émanant des travaux de Bryan Gordon qui ne définit pas explici-tement d'un point de vue chrono-culturel les niveaux analysés (Delpech1988). Par ailleurs, des problèmes pourraient également se poser auniveau du coefficient de lisibilité des dépôts de cément (Martin 1994 :30). De nouvelles analyses plus précises et plus rigoureuses doivent parconséquent être conduites afin de mieux aborder la question de lagestion des territoires par les hommes et les rennes. L'étude de sitesnaturels tardiglaciaires renfermant du renne doit être poursuivie, àl'instar des travaux actuellement conduits à l'Igue du Gral (Sauliac-sur-Célé, Lot) qui indiqueraient une occupation du Quercy à d'autrespériodes que la bonne saison (Castel et al. 2008).

7. Conclusions

L'ensemble des données archéozoologiques à notre disposition pourle département du Lot ne permet pas la mise en évidence d’abattages enmasse lors des migrations automnales mais tend plutôt à indiquer des

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chasses au renne à petite échelle, préférentiellement à la belle saison.Parmi les rares sites lotois magdaléniens renfermant des gravures parié-tales de renne (Bourgnetou : Lorblanchet 1971 ; Carriot, Sainte-Eulalie, LaBigourdane, Pergouset : Lorblanchet 2010 et peut-être Pestillac : Sentis2000), la grotte de la Bigourdane a livré une représentation saisonnière,sous la forme d'une gravure d'un renne femelle allaitant son petit, scènequi d'un point de vue éthologique prendrait place à la bonne saison(Lorblanchet 2010).

Que ce soit exclusivement à la belle saison et/ou durant d'autrespériodes de l'année, l'exploitation du renne relève d'un schéma d'exploi-tation global (Fontana et Chauvière 2009, Leduc 2010). En effet, après letraitement intensif des carcasses dans un but alimentaire (récupération dela viande, de la moelle, etc.), les groupes magdaléniens ont généralementprélevé toutes sortes de matières dures animales à des fins techniques etsymboliques (fig. 6). Les bois ont fréquemment été transformés pour laconfection d’outils et d’armes type harpons, sagaies, baguettes, etc.(Lorblanchet et al. 1973, Séronie- Vivien et al. 1981, Ducasse et al. 2011,etc.). Certains de ces objets ont été ornés, comme un bois de renne de lagrotte de Sainte-Eulalie c.1 qui porte des gravures représentant une file dechevaux. Dans ce même assemblage, un disque-bouton découpé dansune omoplate de renne a été identifié (Lorblanchet et al. 1973). Dansplusieurs gisements (Rivière de Tulle, Cloup Barrat c.4, Bergerie desQuatre Chemins, Peyrazet c. 4, etc.), des incisives de renne ont par ailleursété sciées ou percées afin d'être portées comme objets de parure.

Figure 6 : « dans le renne, tout est bon ! » (illustration de Tosello et al. 2005).

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D'un point de vue alimentaire, technique et probablement aussisymbolique, le renne apparaît donc comme une espèce animale essen-tielle pour les groupes magdaléniens ayant fréquenté le Lot.L’omniprésence du renne va toutefois cesser autour de 12 000 BP. Eneffet, la mise en place de conditions climatiques et environnementalestempérées, favorables à l’expansion du cerf, du chevreuil et du sanglier,va progressivement conduire à une disparition du renne des territoiresdu Sud-ouest de la France (Costamagno et al. 2008, 2009a). Les change-ments climatiques et la recomposition des populations animales,survenues à la fin du Tardiglaciaire, ont probablement joué un rôleimportant dans l'adaptation technique, économique et symbolique desgroupes humains de ce secteur.

Delphine KUNTZ, Sandrine COSTAMAGNO, Jean-Christophe CASTEL

Remerciements

Nous tenons à remercier Michel Lorblanchet et le Musée de Cabreretspour l'accès aux collections de l'abri Murat ainsi que les ArchivesDépartementales du Lot pour l'attribution d'une aide financièredoctorale.

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NOTES

1 - Le terme écotype désigne des populations de la même espèce qui élaborent desadaptations démographiques et comportementales afin de surmonter des contraintesécologiques particulières (Hinkes et al. 2005).

2 - Datations trop récentes, très probablement pas fiables.

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L’EXPLOITATION ALIMENTAIRE DU

RENNE (Rangifer tarandus) DANS LE

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MAGDALÉNIENS (BSEL 2012-IV),

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