27
Jean Bonnet L'évaluation des programmes d'innovation financés par I'Anvar 1986-1990 In: Revue d'économie industrielle. Vol. 100. 3e trimestre 2002. pp. 93-118. Abstract The procedure « Enterprises Aid » is granted by the French National Agency of VAluation of Research (ANVAR) and it consists in giving repayable advances based on an innovation programme initiated by a firm. The study of this type of procedure during the 1986-1990 period shows that the success of the innovation programme is not always characterized by ancient relationships with ANVAR. One needs also to have an ability to inno-vate which can be measured by a high rate of success in the preceding innovation programmes. It remains that young firms are more prone to succeed in the innovation programme. On the contrary the failure of the innovation programme may lead to the failure of the firm. In effect when setting-up an innovative firm the risk of innovation adds up to the high probability of exit in the population of new firms. This type of linkage is found in the south regions of France. Résumé La procédure « Aides aux entreprises » consiste en la distribution par l'ANVAR d'avances remboursables sur la base d'un programme d'innovation initié par une entreprise. L'étude de ce type de procédure pendant la période 1986-1990 -période assez éloignée pour avoir un recul suffisant- montre que la réussite du programme d'innovation étudié n'est pas toujours caractérisée par des relations anciennes avec l'ANVAR. Il faut, pour la réussite du programme d'innovation, avoir en plus une compétence à innover, laquelle peut se mesurer par un taux de succès élevé dans les programmes d'innovation précédents. Il reste que les jeunes entreprises réussissent plutôt leur programme d'innovation. Dans le cas contraire, l'échec peut se traduire par la défaillance de l'entreprise. En effet, créer une entreprise innovante cumule le risque de la création et le risque de l'innovation. On retrouve cette liaison particulièrement dans les régions du sud de la France. Citer ce document / Cite this document : Bonnet Jean. L'évaluation des programmes d'innovation financés par I'Anvar 1986-1990. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 100. 3e trimestre 2002. pp. 93-118. doi : 10.3406/rei.2002.986 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2002_num_100_1_986

L'évaluation des programmes d'innovation financés par I'Anvar 1986-1990

Embed Size (px)

Citation preview

Jean Bonnet

L'évaluation des programmes d'innovation financés par I'Anvar1986-1990In: Revue d'économie industrielle. Vol. 100. 3e trimestre 2002. pp. 93-118.

AbstractThe procedure « Enterprises Aid » is granted by the French National Agency of VAluation of Research (ANVAR) and it consists ingiving repayable advances based on an innovation programme initiated by a firm. The study of this type of procedure during the1986-1990 period shows that the success of the innovation programme is not always characterized by ancient relationships withANVAR. One needs also to have an ability to inno-vate which can be measured by a high rate of success in the precedinginnovation programmes. It remains that young firms are more prone to succeed in the innovation programme. On the contrary thefailure of the innovation programme may lead to the failure of the firm. In effect when setting-up an innovative firm the risk ofinnovation adds up to the high probability of exit in the population of new firms. This type of linkage is found in the south regionsof France.

RésuméLa procédure « Aides aux entreprises » consiste en la distribution par l'ANVAR d'avances remboursables sur la base d'unprogramme d'innovation initié par une entreprise. L'étude de ce type de procédure pendant la période 1986-1990 -période assezéloignée pour avoir un recul suffisant- montre que la réussite du programme d'innovation étudié n'est pas toujours caractériséepar des relations anciennes avec l'ANVAR. Il faut, pour la réussite du programme d'innovation, avoir en plus une compétence àinnover, laquelle peut se mesurer par un taux de succès élevé dans les programmes d'innovation précédents. Il reste que lesjeunes entreprises réussissent plutôt leur programme d'innovation. Dans le cas contraire, l'échec peut se traduire par ladéfaillance de l'entreprise. En effet, créer une entreprise innovante cumule le risque de la création et le risque de l'innovation. Onretrouve cette liaison particulièrement dans les régions du sud de la France.

Citer ce document / Cite this document :

Bonnet Jean. L'évaluation des programmes d'innovation financés par I'Anvar 1986-1990. In: Revue d'économie industrielle. Vol.100. 3e trimestre 2002. pp. 93-118.

doi : 10.3406/rei.2002.986

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2002_num_100_1_986

Jean BONNET (*) GEMMA

Groupe d'Économie Mathématique et de Micro-Économie Appliquée Université de Caen

L'EVALUATION DES PROGRAMMES

D'INNOVATION FINANCÉS

PAR L'ANVAR 1986-1990

Mots-clés. Aides à l'innovation, réussite du programme d'innovation, méthodes de l'analyse des données, démographie des entreprises.

Key words : Innovation Aid, Success of Innovation Programme, Data Analysis Methods, Enterprise Demography.

INTRODUCTION

Depuis le début des années 80, de nombreuses études ont mis en évidence le rôle significatif des petites et moyennes entreprises (P.M.E.) dans l'emploi, l'activité économique et l'innovation dans les pays les plus développés (Birch, 1983; Loveman, Sengenberger, 1991; Acs, Audretsch, 1993). Dans le cas français, les PME innovantes vont principalement bénéficier d'un système de partage du risque et d'accompagnement à l'innovation grâce aux interventions de l'Agence Nationale de Valorisation de la Recherche (ANVAR). Ces interventions se sont traduites, pendant la période 1979-1999, par la distribution de 3,35 milliards d'euros pour 26300 bénéficiaires (PME, créateurs d'entreprises, laboratoires...) et 225000 emplois ont été créés ou maintenus (courrier ANVAR, nov. 1999).

Il est certes difficile de mesurer la contribution exacte des entreprises technologiques et innovantes en termes de création d'emplois perennes puisqu'il n'existe pas de recensement systématique des entreprises innovantes et de leur

(*) L'auteur tient à remercier, Messieurs Jean-Marcel Lyon, inspecteur général à l'ANVAR et Jean-Christophe Gougeon, son adjoint, pour la mise à disposition de la base de données et leurs conseils avisés. Il tient également à remercier Madame Sylvie Ciéphy et Messieurs Rafik Abdesselam et Nicolas Le Pape pour la partie méthodologique et l'aide à l'interprétation des résultats. L'auteur reste bien sûr entièrement responsable des erreurs et insuffisances de ce travail.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 93

devenir. Cependant certaines enquêtes montrent que les performances des nouvelles entreprises innovantes en termes de création d'emplois et de survie sont tout à fait satisfaisantes (1). Une partie de ces résultats est due aux interventions de I' ANVAR qui en accordant une aide remboursable dans le cadre de la procédure « Aides aux entreprises » participe au risque de l'innovation (2). Compte tenu du risque, cette aide permet d'atténuer le phénomène du rationnement du marché du crédit dont peuvent être l'objet les entreprises innovantes et de façon plus spécifique les jeunes entreprises innovantes. En effet, les difficultés du financement des entreprises innovantes proviennent de la haute spécificité des actifs induite par l'innovation et de leur faible valeur de garantie, ce qui se traduit au niveau théorique par un risque élevé pour les investisseurs (CobhamA., 1999).

La réussite du programme d'innovation permet alors à l'entreprise financée par l'ANVAR de remplir ses obligations en termes d'avances remboursables. Quels sont les facteurs déterminants de cette réussite ou de cet échec et dans quelle mesure l'échec d'un programme d'innovation peut être mis en relation avec une éventuelle défaillance de l'entreprise sont les deux questions auxquelles nous voudrions apporter un début de réponse à partir de nos données disponibles.

En utilisant l'échantillon des 3722 entreprises qui ont bénéficié des procédures « Aides aux entreprises » financées par l'ANVAR pendant la période 1986-1990 (section I), nous pouvons, grâce aux méthodes de l'analyse des données, caractériser le succès des programmes d'innovation initiés par ces entreprises (section II) et étudier les liaisons entre l'échec du programme d'innovation et la défaillance de l'entreprise (section III).

I. - LA PROCEDURE « AIDES AUX ENTREPRISES »

L'aide au projet d'innovation a été créée et confiée à l'ANVAR par décret du 13 juillet 1979. L'aide a pour objet de promouvoir l'innovation et le progrès

(1) Les enquêtes de l'Usine Nouvelle (« Les champions de l'innovation », l'Usine Nouvelle, 1992, 1993, 1994, 1995, n° 2346, 2433, 2438, 2485) montrent que les nouvelles entreprises innovantes ont une progression des emplois rapide puisqu'au terme de cinq années d'existence elles comptabilisent en moyenne environ 15 salariés contre trois à quatre pour l'ensemble des entreprises nouvelles. Les enquêtes montrent aussi que le taux de cessation d'activité est très inférieur puisqu'il n'est que de 13 % au bout de quatre ans contre environ 50 % pour l'ensemble des entreprises nouvelles au bout de cinq ans - dont environ 20 % par défaillance, le reste (80 %) par cessation volontaire d'activité ou rachat.

(2) Selon une enquête récente sur l'évaluation de la procédure d'aide au projet d'innovation de l'ANVAR 1993-1999, « L'aide au projet d'innovation répond bien aux objectifs principaux de promotion de l'innovation et, par conséquent, de croissance économique et de création d'emplois qualifiés. Le soutien de l'agence est globalement apprécié par les entreprises. Son impact est en particulier marqué au niveau du montage des projets, surtout chez les sociétés de création récente ».

94 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002

technologique et peut concerner tous les stades du processus d'innovation. Le montant de l'aide qui prend la forme d'une subvention ou d'une avance remboursable ne peut dépasser 50 % des coûts associés au projet. L'aide au projet d'innovation comporte un certain nombre de procédures parmi lesquelles nous retiendrons la procédure « Aides aux entreprises ». Les variables pertinentes dont nous disposons sont présentées et justifiées selon deux thèmes ; l'un concerne les caractéristiques présentes de l'entreprise et de l'innovation, l'autre prend en compte l'expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation.

1.1. La base de données

À partir des 12801 interventions de l'ANVAR réalisées pendant la période 1986-1990 et initiées auprès de 4550 entreprises différentes, nous n'avons retenu que la procédure « Aides aux entreprises » soit 6025 aides distribuées à 3722 entreprises différentes. En effet seule cette procédure d'aide correspond réellement à la mise en œuvre d'une innovation au regard des autres interventions qui relèvent plus de l'accompagnement de l'innovation (procédures ayant trait à la protection des idées, à l'embauche du personnel compétent, à la réalisation d'études afin de bien évaluer les chances de succès commercial de l'innovation etc.). Cette procédure « Aides aux entreprises » se traduit par la mise à disposition d'avances remboursables à l'entreprise qui a soumis un programme d'innovation. L'échéancier de remboursement est établi contrac- tuellement entre l'entreprise et l'ANVAR. En cours d'exploitation et de lancement commercial de l'innovation, des reports ou différés de paiement des remboursements peuvent être accordés sur demande justifiée de l'entreprise et le cas échéant, l'échec total ou partiel du programme d'innovation peut être prononcé. Si la phase technique et la phase commerciale (qui correspond au lancement du produit et à la vente de ce dernier) sont réussies, l'entreprise rembourse tout. Sinon elle ne rembourse qu'une partie de l'aide étant donné que son produit ne se vend pas mais qu'elle a tout de même acquis un savoir technologique.

La réussite du programme d'innovation se mesure donc par la réussite commerciale du nouveau produit, procédé ou service et par la capacité de l'entreprise suite à cette réussite commerciale à engendrer un chiffre d'affaires suffisant qui permette de rembourser les avances remboursables de l'ANVAR dans des conditions normales d'exploitation (3).

La période de 1986-1990 a été choisie pour avoir un recul suffisant afin que l'ANVAR puisse se prononcer sur la réussite ou l'échec de chacune des pro-

(3) On peut noter que le décret de 1997 change la mission de l'ANVAR puisqu'il intègre moins explicitement des aspects de commercialisation (rapport final sur l'évaluation de la procédure d'aide au projet d'innovation de l'ANVAR 1993-1999, 2001).

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3èma trimestre 2002 95

cédures d'aides. Le devenir de l'entreprise dans l'activité économique est évalué selon l'état de l'entreprise au milieu de l'année 1998, c'est-à-dire selon l'occurrence ou non d'une procédure de défaillance à son encontre.

La réussite du programme d'innovation en deux classes (les échecs totaux et partiels sont rassemblés) nous indique que 53,2 % des programmes d'innovation (donc des procédures aides aux entreprises) ont été couronnés de succès (cf. annexe 1). Parmi les 3722 entreprises de la base, 655 entreprises ont connu une procédure de défaillance, soit un taux de 17,6 % à la mi- 1998.

1.2. Les variables retenues

Un certain nombre de variables caractéristiques des programmes d'innovation et de l'entreprise qui initie le programme ont été retenues. La construction par codage d'un certain nombre d'autres variables nous permet d'introduire une dimension historique dans la mesure où on prend en compte l'expérience de l'entreprise qui réalise le programme d'innovation étudié.

Les variables retenues et leur regroupement en thèmes permettent une meilleure lisibilité des résultats (cf. annexe 1). Deux thèmes ont été retenus.

Le premier thème synthétise un ensemble de caractéristiques présentes sur le programme d'innovation et sur V entreprise innovante. En ce qui concerne les caractéristiques propres à l'entreprise, nous les retrouvons dans diverses études comme étant liées au processus d'innovation. Ce thème regroupe les variables suivantes: l'âge de l'entreprise, son secteur d'activité, sa taille en effectifs salariés, sa région d'implantation, sa catégorie juridique, le montant de son programme d'innovation et la proportion de son programme d'innovation financée.

Âge de l'entreprise : suite aux écrits de Schumpeter (4), l'acte d'innovation oppose deux schémas principaux rendus par la notion de régimes technologiques (Winter, 1984). « Un régime entrepreneurial est un régime qui est favorable à l'entrée innovante et défavorable à l'activité innovante des firmes anciennement établies; un régime routinier est un régime dans lequel les conditions sont inversées ». Dans un régime entrepreneurial, les programmes

(4) Dans ses premiers écrits l'innovation traduit la réussite d'entrepreneurs au sens pionnier du terme. Grâce au crédit bancaire l'entrepreneur précurseur détourne du circuit économique, reproductible à l'identique, des biens (matières premières et biens d'équipements), réalise son innovation et participe ainsi de façon prédominante à l'évolution économique (Schumpeter, 1911). Cependant l'innovation est aussi le produit d'un management, d'une organisation au sein de l'entreprise. Aussi dans ses écrits ultérieurs, Schumpeter pense que seules les grandes entreprises seront capables de faire de l'innovation, car innover nécessite une organisation de plus en plus complexe et la mobilisation d'un montant important de capitaux (Schumpeter, 1942).

96 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002

d'innovation devraient être plus facilement remplis par les jeunes entreprises et ce d'autant plus qu'en France, mais aussi en Europe, on a pris conscience que les difficultés de financement des jeunes entreprises innovantes mettaient en péril leur création (Boyer et Didier, 1998).

Secteur d'activité : intuitivement la notion de régime technologique est en partie liée au secteur d'activité. Les secteurs en croissance (exemple des secteurs des technologies de l'information) sont des secteurs pour lesquels il existe des « failles de marché » (Leibenstein, 1968) où les opportunités d'innovation et de succès des programmes d'innovation sont a priori plus importantes (5).

Taille de l'entreprise : a priori, la grande taille de l'entreprise devrait plutôt favoriser la réussite du programme d'innovation. En effet celle-ci a les moyens d'avoir une équipe de recherche ainsi que du personnel qualifié et peut par son service clientèle faire remonter les desiderata de ses clients et elle dispose en général de moyens financiers plus importants. Cependant elle ne réalise pas tout à fait le même type d'innovation puisqu'elle est plus présente sur le marché des produits nouveaux et sur des types d'innovations plus fondamentales. Il reste que la taille de l'entreprise est liée à l'âge de l'entreprise et la dynamique entrepreneuriale récente sur des niches technologiques peut relativiser l'avantage de la taille, en particulier avec la vogue des « start-ups » dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).

Région d'implantation de l'entreprise : le rôle de certaines organisations des systèmes productifs à l'échelle territoriale a été avancé comme facteur d'augmentation de la capacité innovatrice des entreprises. On distingue alors :

— le district technologique (Antonelli, 1986) qui correspond à une situation de coopération-concurrence qui suppose au départ la présence d'un district industriel, d'un potentiel scientifique important et d'entreprises relativement importantes capables d'entraîner le développement local et d'élever le taux de changement technique ;

— le milieu innovateur qui rend compte du développement technologique à l'échelle locale en incorporant les capacités d'innovation permises par l'association des capacités de recherche et développement des entreprises locales et des organismes territoriaux de formation et de recherche (privés et publics). L'hypothèse est que l'entreprise ne préexiste pas aux milieux locaux mais qu'elle est sécrétée par eux. L'innovation est alors la création d'un milieu, elle

(5) Bien que la « bulle technologique » de ces dernières années relativise les performances de ces secteurs.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 97

est le fruit de l'inventivité du milieu et répond au besoin de développement local (Aydalot, 1986) (6).

Dans le cas français, la concentration des centres de recherches universitaires mais aussi privés permet de distinguer l'Île-de-France comme principale région technologique et dans une moindre mesure Rhône- Alpes. Dans ces régions on peut supposer a priori que l'environnement est plus favorable à la réussite des programmes d'innovation.

Catégorie juridique de l'entreprise : nous n'avons retenu que les catégories juridiques rendant compte du caractère privé de l'organisme réalisant un programme d'innovation, en l'occurrence la catégorie juridique SA (société anonyme) et SARL (société anonyme à responsabilité limitée). Les SA ont a priori plus de moyens financiers que les SARL, ce qui leur permettrait peut-être de mieux développer leur innovation.

Montant du programme d'innovation : c'est un indicateur de l'importance de l'innovation et des moyens mis en œuvre pour la réaliser. Plus le montant est important, plus l'innovation immobilise des ressources propres à l'entreprise et probablement plus la phase de réalisation de l'innovation est longue par rapport à la valorisation finale sur le marché.

Proportion financée du programme d'innovation : elle permet de prendre en compte la contrainte financière propre à l'innovation perçue par l'entreprise dans la mesure où une proportion financée élevée du programme d'innovation permet à l'entreprise de se dégager dans une certaine mesure des impératifs de rentabilité immédiate. Le taux d'intervention retenu ici l'est par rapport au programme d'innovation initial et non au montant de l'assiette retenue par l'ANVAR (7). Il permet aussi d'apprécier la capacité de l'entreprise à se conformer dans l'établissement de son devis aux préceptes de l'ANVAR. Pour un taux supérieur à 60 % (ce qui signifie que l'assiette retenue par l'ANVAR est supérieure au montant du programme d'innovation proposé par l'entreprise), on est sûr que l'entreprise a mal évalué son projet d'innovation.

(6) Regroupées au sein du GREMI (Groupe de Recherche Européen sur les Milieux Innovateurs) une quinzaine d'équipes de recherches étudient sur une vingtaine de contextes locaux européens les processus qui se situent à l'articulation de l'innovation et du développement local.

(7) Par exemple, un industriel présente un dossier (un programme d'innovation) à l'ANVAR sous forme d'un devis d'un montant de 1 000 000 francs. L'ANVAR va définir l'assiette du programme d'innovation en corrigeant le montant du programme des seules dépenses éligibles à l'aide (certains investissements de production,...), voire en augmentant ce montant si l'entreprise a omis certaines dépenses (dépôt de brevet,...). Cette assiette va donner lieu à un financement constituant la procédure « Aides aux entreprises » sous forme d'avances remboursables et d'un montant qui ne peut dépasser au maximum 50 % du total de l'assiette retenue.

98 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3èm" trimestre 2002

Le deuxième thème rend compte de l'expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation. Les variables retenues sont le nombre « d'Aides aux entreprises » précédent, l'ancienneté de la démarche innovatrice, la moyenne des programmes « d'Aides aux entreprises » précédents, le financement moyen des programmes « d'Aides aux entreprises » précédent et le taux de réussite des « Aides aux entreprises précédentes ».

— Nombre « d'Aides aux entreprises » précédent. Cette variable prend en compte la réalisation précédente de programmes d'innovation dotés de la procédure « Aides aux entreprises ». Elle tend donc à apprécier un effet d'expérience lié au lancement d'un ou de plusieurs programmes d'innovation dans le passé. Cette expérience doit a priori renforcer les chances de succès du programme d'innovation considéré.

— Ancienneté de la démarche innovatrice. Cette variable représente l'âge de l'entreprise en termes d'innovation, c'est-à-dire la différence en années entre la date d'attribution de l'aide considérée et la date de la première procédure dont elle a pu bénéficier précédemment. Cette variable rend compte d'une démarche plus ou moins ancienne de l'entreprise par rapport à l'innovation et donc du bénéfice de relations anciennes avec l'ANVAR qui doivent faciliter le succès du programme d'innovation.

— Moyenne des programmes « d'Aides aux entreprises » précédents. L'entreprise a t-elle eu l'occasion de réaliser des programmes d'innovation importants dans le passé ? A priori on peut penser que l'entreprise qui a réalisé des programmes d'aides importants dans le passé a su déjà développer une démarche convaincante dans le processus d'innovation.

— Financement moyen des programmes « d'Aides aux entreprises » précédents. Cette variable apprécie une contrainte financière perçue par l'entreprise, éventuellement une sous-estimation du programme d'innovation par l'entreprise et peut-être une certaine confiance accordée par l'ANVAR lors de la réalisation des programmes d'innovation précédents.

— Taux de succès des procédures « Aides aux entreprises » précédentes. Cette variable rend compte de la capacité qu'a eu l'entreprise innovatrice à remplir avec succès ses contrats d'innovation antérieurs.

Le codage des observations qui permet la construction de ces variables est explicité en annexe 2.

II. - ANALYSE DES FACTEURS DE LA REUSSITE DES PROGRAMMES D'INNOVATION

Les méthodes d'analyse des données nous permettent de retenir un grand nombre de variables explicatives et d'obtenir le meilleur résumé de l'information qui est disponible dans de grandes bases de données. Par ailleurs ces

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 99

méthodes ne nous contraignent pas à faire des hypothèses a priori dans la modélisation de la variable expliquée, la réussite du programme d'innovation. En appliquant ces méthodes à nos deux thèmes, nous pouvons rendre plus lisibles les déterminants de la réussite du programme d'innovation, que ce soit par rapport à l'entreprise où par rapport à l'expérience innovatrice de l'entreprise.

2.1. Méthodologie

Pour chacun des deux thèmes retenus, nous utilisons la méthode de l'analyse discriminante sur variables qualitatives (Saporta, 1977). Cette méthode est équivalente à réaliser une Analyse Factorielle Discriminante classique (Fischer, 1936) sur les facteurs d'une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (Benzecri, 1973) des variables explicatives (qualitatives) retenues. C'est une extension de la régression multiple dans le cas d'une variable expliquée nominale qui constitue la variable de partition (deux modalités).

La variable à discriminer est la variable qui indique si le programme est réussi ou non. Cette méthode nous permet de déterminer et de classer les modalités discriminantes significatives des variables explicatives retenues dans chacun des deux thèmes.

Quand les variables explicatives sont qualitatives, la fonction linéaire discriminante ne peut être obtenue directement (la matrice des variables explicatives ne peut pas être inversée) mais la stabilité de la matrice due aux facteurs principaux nous permet de résoudre cette difficulté. Par une transformation des variables qualitatives grâce à l'Analyse Factorielle des Correspondances Multiples, la discrimination sur les variables qualitatives est équivalente à une discrimination sur des variables quantitatives (8). Appliquée aux coordonnées factorielles de l'Analyse Factorielle des Correspondances Multiples, l'Analyse Discriminante de Fisher permet d'obtenir le modèle de discrimination, c'est- à-dire la combinaison linéaire des modalités des variables qui conduit à la meilleure discrimination entre les programmes d'innovation réussis et échoués.

2.2. Caractéristiques présentes du programme d'innovation et de l'entreprise innovante

Une analyse discriminante de Fisher a été appliquée aux variables qui constituent notre premier thème. Les coefficients de la fonction discriminante et les

(8) Dans une première étape, tous les liens entre les modalités des variables explicatives sont synthétisés par l'Analyse Factorielle des Correspondances Multiples. Dans une seconde étape nous ne retenons que les axes factoriels contributifs à l'explication du nuage de points au seuil de 10 %.

1 00 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002

Tableau 1 - Modèle linéaire d'analyse discriminante sur variables qualitatives

VARIABLES I COEFFICIENTS ESTIMÉS

Réussite du programme d'innovation Numéro de la var.

8 6 6 8 5 7 5 9 3 7 3 7 6 6 4

Modalités

Moins de 250 000 francs Auvergne Bourgogne De 250 000 à 500 000 francs De 100 à 199 salariés Ind. biens intérêt énergie De 200 à 499 salariés De 50 à 60 % Moins de 2 ans Ind.des biens de consommation De 2 à 5 ans Ind. Agricoles et alimentaire Alsace Aquitaine SA

Échec du programme d'innovation Numéro de la var.

8 6 5 7 6 8 8 7 3 7 5 6 4 5 9 8 7 6

Modalités De 1 ,5 à 2,5 millions Pays de la Loire De 10 à 19 salariés Serv. Entreprises et ménages Provence Alpes Côte d'Azur 2,5 millions et plus De 1 à 1,5 million Acti. financières + immobilier De 20 à 35 ans Commerce De 30 à 49 salariés Champagne- Ardenne SARL De 3 à 5 salariés 60 % et plus De 0,75 à 1 million Agri., Sylvi., Pêche Ile-de-France

CONSTANTE F = 12.72811

FONCTION DISC.

5.8417 3.6778 4.0978 1.7145 2.0046 0.8131 1.8444 0.7902 1.7001 0.9376 0.8897 1.0744 1.4276 1.1525 0.1979

-2.2561 -2.6673 -2.0894 -1.3934 -1.7555 -1.5571 -1.3432 -5.5329 -1.0844 -2.2224 -0.7396 -1.7888 -0.6919 -1.2202 -1.1839 -0.7489 -2.4944 -0.5852

0.006719

REGRESSION

2.7612 1.7384 1.9369 0.8104 0.9475 0.3843 0.8718 0.3735 0.8036 0.4431 0.4205 0.5078 0.6748 0.5448 0.0935

-1.0664 -1.2607 -0.9876 -0.6586 -0.8298 -0.7360 -0.6349 -2.6152 -0.5126 -1.0505 -0.3496 -0.8455 -0.3270 -0.5768 -0.5596 -0.3540 -1.1790 -0.2766

0.000000

ÉCARTS TYPES

0.2132 0.3313 0.3715 0.1591 0.1968 0.0874 0.2109 0.1230 0.2719 0.1783 0.1733 0.2115 0.2935 0.2376 0.0442

0.1362 0.2196 0.1861 0.1253 0.1908 0.1730 0.1593 0.6765 0.1353 0.2827 0.1406 0.3504 0.1546 0.2787 0.2702 0.1715 0.5764 0.1369

PROBA = 0.0001

T STUDENT

12.95 5.25 5.21 5.09 4.81 4.40 4.13 3.04 2.96 2.49 2.43 2.40 2.30 2.29 2.12

7.83 5.74 5.31 5.26 4.35 4.25 3.99 3.87 3.79 3.72 2.49 2.41 2.12 2.07 2.07 2.06 2.05 2.02

PROBA

0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.002** 0.003** 0.013* 0.015* 0.016* 0.022* 0.022* 0.034*

0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.000** 0.013* 0.016* 0.034* 0.039* 0.038* 0.039* 0.041* 0.043*

Thème des caractéristiques présentes sur le programme d'innovation et sur l'entreprise innovante ** significatif à moins de 1 %, *[1 %-5 %]

coefficients de la régression multiple équivalente, qui discriminent de façon significative entre les programmes d'innovation réussis et échoués, sont rangés par ordre décroissant selon la valeur du t de Student dans le tableau 1 . De plus le signe des coefficients nous indique si le programme d'innovation est réussi ou échoué.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 101

Le modèle est globalement significatif puisque le F-test P(F>12.72)=0.0001 est inférieur au niveau de risque de 1 %.

Nous pouvons noter que les petits programmes d'innovation (inférieurs à 500 000 francs) réussissent mieux et ce de façon très significative. Les grands programmes d'innovation réussissent significativement moins bien. Les entreprises de taille moyenne (100 à 199 salariés et 200 à 499 salariés) réussissent mieux leur programme d'innovation tandis que les classes d'entreprises de 10 à 19 et de 30 à 49 salariés réussissent significativement moins bien leur programme d'innovation.

Pour les grandes entreprises (plus de 500 salariés) (9), la modélisation retenue ne permet pas de discriminer entre la réussite et l'échec du programme d'innovation alors que l'on pouvait plutôt s'attendre à une réussite facilitée. Une première explication possible réside peut-être dans la multiplicité des trajectoires d'innovations possibles pour les grandes entreprises. En effet lancer un programme d'innovation est pour elles un exercice plus commun que dans les petites classes de taille et cette opération peut apparaître comme un placement dans une optique de diversification de leur activité. D'autre part Bruno Crépon et Emmanuel Duguet (10) montrent que les entreprises de grande taille brevettent plus souvent leurs innovations et que la rivalité pour la possession des innovations domine la diffusion des connaissances (11). Le risque innovation est alors plus important sur les brevets et peut se traduire par un désengagement de l'entreprise si le retard pris sur un programme semble trop important. En tout état de cause, la réussite du programme d'innovation est moins vitale pour la grande entreprise et ceci pourrait expliquer aussi leur plus faible taux de réussite (12).

Les très jeunes entreprises (moins de 2 ans et 2 à 5 ans) connaissent plutôt un succès dans leur programme d'innovation tandis que les entreprises âgées

(9) La procédure s'adresse aux entreprises de moins de 2000 personnes non-filiales d'entreprises de plus de 2000 personnes.

(10) « La rivalité pour la possession des innovations l'emporte sur la diffusion des connaissances », Bruno Crépon, Emmanuel Duguet, dans « Les chiffres clés de l'innovation technologique », ministère de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce extérieur, DGI, Sessi, 1993/1994.

(11) Si la recherche et développement est la principale source de l'innovation, on considère qu'elle a deux effets externes, un positif de diffusion des connaissances vers les autres secteurs (donc favorisant les innovations et leur réussite dans ces secteurs), un négatif par rapport aux entreprises du même secteur par un effet de rivalité (les entreprises réalisant des innovations dans le même secteur peuvent se voir « doubler » par d'autres entreprises qui ont la chance de trouver et de déposer un brevet avant).

(12) Si on ne retient que la taille, les moins de 500 salariés réussissent leur programme d'innovation dans une proportion de 53,6 %, les plus de 500 salariés dans une proportion de 49,6 %.

1 02 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3èIM trimestre 2002

enregistrent plutôt un échec. L'avantage innovant relatif entre les nouveaux entrants et les firmes établies dépend de la source des connaissances nouvelles menant à l'activité innovante. Ainsi, si celle-ci est basée sur une accumulation de savoirs qui ne sont pas transférables par le marché, les firmes établies tendront à avoir un avantage innovant sur les nouveaux entrants. Au contraire, lorsque les connaissances nouvelles sont basées sur de l'information provenant « hors de l'industrie », les jeunes entreprises tendront à avoir l'avantage innovant sur les firmes établies. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) permettent par l'accession à l'information à une échelle mondiale d'accélérer la diffusion des connaissances par le marché (à un coût faible) et dans ce sens elles favorisent un régime de type entrepreneurial dans une économie où on a de plus en plus recours à des facteurs de production intensifs en connaissance (13).

Les secteurs de l'industrie des biens intermédiaires et de l'énergie, de l'industrie des biens de consommation et des industries agro-alimentaires sont reliés à la réussite. Les secteurs des services aux entreprises et aux ménages, des activités financières et immobilières, de l'agriculture, sylviculture, pêche et du commerce sont reliés à l'échec. Les secteurs industriels sont plus favorables à la réussite de l'innovation que les secteurs des services. Outre que l'ANVAR a développé une grande expertise dans le domaine industriel, il apparaît qu'il est plus difficile de cerner la pertinence des prévisions commerciales dans le secteur des services et la capacité commerciale des entreprises à les réaliser.

L'Auvergne, la Bourgogne, l'Alsace, et l'Aquitaine sont des régions qui enregistrent une meilleure réussite des programmes d'innovation tandis que les régions des Pays de la Loire, de Provence-Alpes-Côte d'Azur, de Champagne- Ardenne et de l'Île-de-France connaissent plutôt un échec de leur programme d'innovation. Selon Bouba-Olga (2000), le type d'innovations influe sur le système territorial le plus efficient. Lorsque les innovations sont incrémentales et systémiques, ce sont les organisations de type district industriel (Garofoli, 1993) qui sont les plus efficientes, lorsque les innovations sont autonomes et radicales, « les lieux denses en compétences hétérogènes (dont la figure emblématique est la métropole) » sont privilégiés. En France la concentration des centres de recherches universitaires mais aussi privés permet de distinguer l'Île-de-France comme principale région technologique (14) et

(13) La caractéristique de non-rivalité de la connaissance, c'est-à-dire de bien public, est à la base de rendements d'échelle croissants. Selon D. Guellec (2001), on assiste aussi à une industrialisation des processus de fabrication de la connaissance (il prend l'exemple du décryptage du génome humain).

(14) Ainsi par exemple, l'industrie pharmaceutique de la région Centre représente 40 % de la production nationale mais seulement environ 5 % de la recherche, l'Île-de-France accaparant 50 % de la recherche du secteur au niveau national (Bougrain, 1999).

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 1 03

dans une moindre mesure Rhône- Alpes (15). Les résultats obtenus nous amènent à avancer l'idée que dans les régions à moindre densité innovatrice, plus rurales, comme l'Auvergne, la Bourgogne et l'Aquitaine, l'obtention de l'aide et du label ANVAR créée un avantage stratégique plus important pour l'entreprise bénéficiaire. En ce qui concerne l'Alsace, c'est une région plus industrialisée qui reçoit relativement à sa taille en effectifs salariés un montant assez important des aides de l' ANVAR et qui bénéficie de sa proximité avec l'Allemagne. En quelque sorte sa réussite dans l'innovation ne fait que confirmer un résultat plus général de bonne performance de son tissu économique. L'Île-de-France est caractérisée par un montant moyen des programmes d'innovation importants réalisés par de grandes entreprises et l'on peut supposer que dans cette région les arguments relevés par rapport à la taille des entreprises et à la rivalité pour la possession des innovations expliquent que l'on retrouve cette région dans la classe des programmes d'innovation qui ont échoué.

Les programmes financés à plus de 60 % réussissent moins bien alors que les programmes financés entre 50 % et 60 % réussissent mieux. Le premier résultat indique selon la définition de la proportion financée du programme d'innovation que la sous-évaluation du coût de l'innovation par l'entreprise se traduit par un échec (16). La catégorie juridique des SA est plutôt associée à la réussite du programme d'innovation et inversement pour la catégorie juridique des SARL (deux modalités).

2.3. Expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation

Une analyse discriminante de la variable qui indique si le programme d'innovation est réussi ou échoué nous permet de spécifier et de hiérarchiser les modalités des variables explicatives de notre deuxième thème : expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation. Le tableau 2 présente les résultats de l'analyse.

Là encore, le modèle est globalement significatif puisque le F-test P(F>8.60)=0.0001 est inférieur au niveau de risque de 1 %.

(15) Le pôle d'innovation Minatech (acronyme de Micro et NAnoTECHnologies) va se traduire par le rassemblement de 3500 ingénieurs, chercheurs et universitaires sur le polygone scientifique de Grenoble. La proximité est alors constitutive d'une certaine masse critique et cette initiative va conduire Motorola, Phillips et STMicroelectronics à installer dans les prochaines années un centre de recherche commun et à investir environ 3 milliards d'euros dans la recherche sur les composants de nouvelle génération (Intercommunalités hors série, novembre 2002).

(16) Quelque part il présuppose qu'une entreprise qui a bien su remplir son cahier des charges relatives à l'innovation est plus à même de bien remplir ses obligations.

1 04 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3èm° trimestre 2002

Tableau 2 - Modèle linéaire d'analyse discriminante sur variables qualitatives- Thème de l'expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation

VARIABLES

Réussite du programme d'innovation Numéro Modalités de la var.

14 75 % et plus 12 De 250 000 à 500 000 11 3 et plus 13 De 30 à 40%

Echec du programme d'innovation Numéro de la var. Modalités

14 Moins de 25 % 14 De 25 à 50 % 13 60 % et plus 10 5 années 11 1 aide

COEFFICIENTS ESTIMÉS FONCTION RÉGRESSION

DISC.

1.9062 1.9833 1.4784 1.0904

-1.8670 -4.3092 -3.2247 -1.0654 -0.5690

0.9327 0.9704 0.7233 0.5335

-0.9135 -2.1084 -1.5778 -0.5213 -0.2784

ÉCARTS TYPES

0.1086 0.2502 0.2303 0.1757

0.1559 0.4488 0.5125 0.1965 0.1143

CONSTANTE 0.002441 0.000000 F = 8.60532 PROBA = 0.0001

T STUDENT

8.59 3.88 3.14 3.04

5.86 4.70 3.08 2.65 2.44

PROBA

0.000** 0.000** 0.002** 0.002**

0.000** 0.000** 0.002** 0.008** 0.015*

** significatif à moins de 1 %, *[1 %-5 %]

Une expérience confirmée dans la procédure « Aides aux entreprises » (trois aides et plus avec un taux de succès de plus de 75 % aux procédures précédentes) associée à des montants de financement des programmes « Aides aux entreprises » précédents modérés avec un taux d'intervention modéré (de 30 à 40 %) sont caractéristiques de la réussite du programme d'innovation.

Un taux de succès faible des procédures « Aides aux entreprises » précédentes (- de 50 %), des relations anciennes avec l'ANVAR (cinq années), une proportion trop élevée du financement des programmes d'aides précédents (qui correspond à une sous-évaluation par l'entreprise de son programme d'innovation), sont reliés à l'échec, de même que l'existence d'une seule procédure « d'Aides aux entreprises » précédente.

Il apparaît donc que l'apprentissage de l'innovation joue un rôle important dans le succès du programme d'innovation en cours. Cet apprentissage est la combinaison d'une expérience multiple et réussie dans des petits programmes d'innovation. A contrario une expérience malheureuse pour un programme d'innovation mal évalué par l'entreprise est une indication sur l'échec du programme en cours.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 105

III. - REUSSITE DES PROGRAMMES D'INNOVATION ET DÉFAILLANCE DE L'ENTREPRISE

Parmi les 4550 entreprises qui ont bénéficié des interventions de l'ANVAR pendant la période 1986-1990, 1238 ont été créées après 1985 et ont de ce fait bénéficié d'une intervention de l'ANVAR au cours des cinq premières années de leur existence. Le taux de défaillance de ces jeunes entreprises innovantes s'élève à 34,08 % à la mi-1998 (17). Pour les 3722 entreprises bénéficiaires de l'aide, le taux de défaillance n'est plus que de 17,6 %. Parmi ces 3722 entreprises, 997 entreprises ont été créées après 1985 et parmi celles-ci 259 sont défaillantes à la mi-1998, ce qui correspond à un taux de défaillance de 26 %. Dans la population des entreprises innovantes, les jeunes entreprises cumulent le risque de l'innovation au risque entrepreneurial des premières années de vie de l'entreprise.

Selon Audretsch (1994), les firmes qui entrent dans des industries fortement innovantes font face à une plus grande espérance de croissance mais aussi à une plus forte probabilité de défaillance par rapport aux firmes installées. En effet plus d'entrepreneurs vont prendre leur chance dans ce type d'industries et leur croissance sera d'autant plus aiguillonnée par la différence de leur taille initiale avec la taille minimale efficiente. Il reste que les firmes innovantes au sens de l'ANVAR sont très nettement moins soumises au risque de défaillance que dans la population totale des nouvelles entreprises.

Le projet d'innovation peut cependant avoir une place plus ou moins centrale dans la stratégie de développement de l'entreprise de même que les conditions de sa réalisation dépendent de manière plus ou moins forte de l'intervention de l'ANVAR. Un projet est dit « au cœur de l'activité de l'entreprise » (18) lorsqu'il détermine à la limite la survie de l'entreprise ou qu'il conditionne la création de l'entreprise. Un projet est dit périphérique lorsque le projet est effectué plus dans une optique de diversification du portefeuille d'activité de l'entreprise ou selon une optique d'exploration de différentes trajectoires possibles d'innovation. Un projet est dit « d'additionalité complète » lorsque l'intervention de l'ANVAR est absolument nécessaire pour sa réalisation ou « d'aucune additionnante » lorsque l'entreprise aurait réalisé son projet quel que soit le positionnement de l'ANVAR. Nous ne pouvons pas déterminer à partir de la base de données disponible si pour l'entreprise le projet est plus ou moins central et la volonté qu'elle a de le réaliser coûte que coûte (19). Le croi-

(17) Ce taux reste cependant moins important que le taux de défaillance enregistré pour l'ensemble des entreprises par l'Insee. En 1993, le taux de défaillance cumulé par année d'ancienneté s'établit à environ 50 % pour les entreprises ayant 13 ans d'ancienneté (Combier, 1994).

(18) Rapport sur l'évaluation du projet d'innovation 1993-1999 (op. cité).

(19) II faudrait pour cela interroger chaque entreprise.

1 06 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3è™ trimestre 2002

sèment de la variable réussite du programme d'innovation avec la variable état de l'entreprise (défaillante-non défaillante) peut cependant nous donner quelques éléments d'interprétation des caractéristiques des entreprises et de leur expérience passée sur le caractère plus ou moins crucial du programme d'innovation qu'elles entreprennent si on postule que la défaillance peut résulter en partie de l'échec du programme d'innovation (20) ou que la réussite du programme d'innovation peut aussi se traduire par une défaillance de l'entreprise lors d'une croissance mal maîtrisée par exemple.

Afin de faire apparaître les liaisons qui peuvent exister entre le programme d'innovation et la défaillance de l'entreprise nous avons utilisé les méthodes de l'Analyse Discriminante Barycentrique et de l'Analyse Factorielle des Correspondances Multiples.

3.1. Méthodologie

Nous avons créé une variable croisée entre la réussite du programme d'innovation et la défaillance de l'entreprise selon les données de l'échantillon ANVAR. Cette variable a donc quatre modalités (Réussite du programme d'innovation et entreprise non défaillante, Échec du programme d'innovation et entreprise non défaillante, Réussite du programme d'innovation et entreprise défaillante, Échec du programme d'innovation et entreprise défaillante).

Nous ne pouvons pas appliquer l'Analyse Factorielle Discriminante de Fisher puisque les modalités de la variable à expliquer sont au nombre de quatre. Aussi la seconde méthode utilisée est une Analyse Discriminante Barycentrique. Elle consiste à appliquer une Classification Hiérarchique Ascendante aux principales composantes d'une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples. Dans le tableau croisé, les lignes sont constituées des quatre modalités de la nouvelle variable que nous voulons expliquer. Les colonnes sont construites par la juxtaposition des modalités des variables explicatives du thème sélectionné. Cette méthode nous permet alors de caractériser par les modalités les plus explicatives les quatre classes de notre variable croisée selon chacun des deux thèmes.

3.2. Caractéristiques présentes du programme d'innovation et de l'entreprise innovante

Nous avons appliqué une Classification Hiérarchique Ascendante sur le thème des caractéristiques présentes sur le programme d'innovation et sur l'entreprise innovante. Cette méthode nous permet de préciser les modalités

(20) Pour une étude complète sur les facteurs de survie des nouvelles entreprises, voir Abdesselam, Bonnet, Le Pape, 2003.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ènM trimestre 2002 1 07

qui discriminent les quatre classes de la variable croisée réussite/échec du programme d'innovation avec la défaillance/non-défaillance de l'entreprise.

La description statistique du contenu de chacune des classes est donnée dans le tableau 3. Le profil standard d'une classe est basé sur les comparaisons de pourcentages de la modalité dans la classe (FRE/CLAS) et de cette même modalité en dehors de la classe (GLOBAL) prenant en compte le degré d'inclusion de la classe dans la modalité (CLA/FRE). La sélection des modalités les plus significatives de chaque classe découle de la différence entre les valeurs relatives de la classe et les valeurs globales. Ces statistiques sont converties dans un critère de valeur de test (V-TEST). Ces dernières valeurs sont données dans un ordre décroissant avec un risque d'erreur (PROBA) de moins de 5 % qui nous permet d'organiser les modalités les plus discriminantes de chaque classe de la variable croisée.

La première classe, réussite du programme d'innovation et non-défaillance de l'entreprise est caractérisée par de petits programmes d'innovation dont le financement est élevé dans les industries des biens intermédiaires et de l'énergie et dans l'industrie des biens de consommation. Mis en œuvre par des entreprises moyennes, grandes (de 100 à 499 salariés) et plutôt âgées (de 20 à plus de 35 ans), ce type de programme se rencontre plutôt en Auvergne, en Bourgogne, en Poitou-Charentes, en Alsace et en Franche-Comté.

La deuxième classe, échec du programme d'innovation et non-défaillance de l'entreprise met en évidence que les grandes entreprises (plus de 500 salariés) qui sont en général plutôt âgées ont les reins assez solides pour passer le cap de l'échec de gros programmes d'innovations dont le financement est faible (-20 %). L'Île-de-France caractérise cette classe.

La troisième classe, réussite complète de l'innovation mais défaillance de l'entreprise est caractérisée par des entreprises jeunes (deux à cinq ans et cinq à dix ans), de faible taille en effectifs salariés, opérant dans les secteurs des services aux entreprises et aux ménages et dans les secteurs des industries des biens d'équipement et des transports. Ces entreprises sont peut-être confrontées à des problèmes de croissance trop rapide où l'insuffisance de ressources de long terme, caractéristique des entreprises jeunes plutôt sous-capitalisées, peut se traduire par une défaillance. À titre illustratif, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Picardie et Languedoc-Roussillon sont des régions caractéristiques de cette classe.

La quatrième classe, échec du programme d'innovation et défaillance de l'entreprise est caractérisée par des entreprises jeunes qui sont plutôt constituées sous la forme juridique S ARL et de faible taille en effectifs salariés avec cependant aussi des classes de modalités plus importantes que dans la typologie de la troisième classe (10 à 19 salariés, 20 à 29 salariés). On notera que dans les études sur la défaillance, la classe des 10 à 19 salariés apparaît être une classe fragile pour laquelle on observe le taux de survie le plus faible, les entreprises de cette taille s 'attaquant à des marchés plus difficiles (Viennet, 1990). Ce phénomène semble être une constante puisque l'on retrouve un

1 08 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002

Tableau 3 - Modalités significatives des classes de la variable croisée réussite de l'innovation et défaillance de l'entreprise pour le thème des caractéristiques présentes

sur le programme d'innovation et sur l'entreprise innovante

V.TEST

9.75 7.73 5.59 5.12 4.21 3.66 3.28 3.20 3.02 2.91 2.73 2.54 2.42 2.37 2.07

4.33 4.16 3.86 3.55 3.37 2.84 2.05

4.54 3.73 3.73 3.30 3.27 2.88 2.83 2.52 2.23 2.13

6.83 6.03 5.29 5.17 5.12 5.07 4.22 3.79 3.47 3.26 3.04 2.88 2.64 2.44 2.17 2.08

PROBA

0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0001 0.0005 0.0007 0.0013 0.0018 0.0031 0.0055 0.0078 0.0088 0.0190

0.0000 0.0000 0.0001 0.0002 0.0004 0.0023 0.0199

0.0000 0.0001 0.0001 0.0005 0.0005 0.0020 0.0023 0.0059 0.0127 0.0165

0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0001 0.0003 0.0006 0.0012 0.0020 0.0042 0.0074 0.0151 0.0187

CLA/FRE

63.49 71.71 51.15 54.82 50.39 52.63 57.65 51.18 49.19 54.43 49.14 49.14 52.10 53.80 47.73

45.90 45.92 47.72 46.89 44.17 43.56 42.89

11.45 9.80 12.20 11.07 9.96 13.66 8.84 10.19 9.14 11.40

15.88 13.91 20.85 16.01 13.02 16.14 13.33 17.62 11.32 14.05 13.12 13.17 11.82 11.53 12.54 14.29

POURCENTAGES FRE/CLA

2.30 0.79 5.18 1.93 3.79 1.57 0.53 1.75 3.12 0.70 2.63 2.31 0.80 0.53 3.24

2.96 2.74 1.54 1.57 3.19 2.95 2.19

3.15 4.29 1.73 1.94 3.08 0.76 4.95 1.66 2.49 0.76

3.90 4.84 1.21 2.23 4.70 2.09 2.91 0.93 5.03 1.43 1.68 1.48 2.23 2.25 1.10 0.58

GLOBAL

44.82 1.62 0.50 4.54 1.58 3.37 1.33 0.41 1.54 2.84 0.57 2.40 2.10 0.69 0.45 3.04 39.37 2.54 2.35 1.27 1.32 2.84 2.67 2.01 7.00 1.92 3.06 0.99 1.22 2.16 0.39 3.91 1.14 1.91 0.47 8.81 2.16 3.06 0.51 1.22 3.18 1.14 1.92 0.47 3.91 0.90 1.13 0.99 1.66 1.72 0.77 0.36

NUMÉRO delà

Variable

8 6 7 5 9 7 6 5 3 6 3 8 6 6 3

6 8 5 9 3 8 8

7 3 6 5 3 6 7 5 5 6

3 3 6 5 4 5 7 6 7 5 5 6 5 8 3 7

FRÉQUENCES CARACTÉRISTIQUES Modalités

CLASSE 1 : Réussite innovation-Non-défaillance . Moins de 250 000 . Auvergne . Ind. biens intermédiaires et Énergie . De 100 à 199 . De 50 à 60 % . Ind. biens de consommation . Bourgogne . De 200 à 499 . De 20 à 35 ans . Poitou-Charentes . 35 ans et plus . De 250 000 à 500 000 . Alsace . Franche-Comté . De 10 à 20 ans CLASSE 2 : Echec innovation-Non-défaillance . Ile-de-France .De 1,5 à 2,5 millions . 500 et plus . Moins de 20 % . De 20 à 35 ans . 2,5 millions et plus . De 1 à 1,5 million CLASSE 3 : Réussite innovation-Défaillance . Serv. Entreprises et ménages . De 5 à 10 ans . Provence-Alpes-Côte -d'Azur . De 6 à 9 . De 2 à 5 ans . Picardie . Ind. biens d'équipements et Transport . De 3 à 5 . De 30 à 49 . Languedoc-Roussillon CLASSE 4 : Echec innovation-Défaillance . De 2 à 5 ans . De 5 à 10 ans . Midi-Pyrénées . De 6 à 9 . SARL . De 3 à 5 . Serv. Entreprises et ménages . Languedoc-Roussillon . Ind. biens d'équipements et Transport . Moins de 3 . De 20 à 29 . Provence-Alpes-Côte-d'Azur . De 10 à 19 . De 750 000 à 1 million . Moins de 2 ans . Construction

résultat similaire dans l'étude de Combier (1994). Les régions du sud de la France et les services aux entreprises et aux ménages, les industries des biens d'équipement et du transport pour des montants d'innovation de 0,75 à 1 million de francs sont caractéristiques de cette classe. On sait que les régions du sud de la France (avec la région capitale) ont un taux de création d'entreprises par habitant plus important et aussi un taux de défaillance plus important (Abdesselam, Bonnet, Le Pape, 1998).

3.3. Expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation

Dans le tableau 4 la Classification Hiérarchique Ascendante sur le thème de l'expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation permet de préciser les modalités qui discriminent les quatre classes de la variable croisée réussite/échec du programme d'innovation avec la défaillance/non-défaillance de l'entreprise.

Dans la classe des entreprises non défaillantes, la réussite du programme d'innovation est la traduction d'une compétence pour innover (expérience nombreuse et confirmée dans la procédure d'aide) pour la réalisation de petits

Tableau 4 - Modalités significatives des classes de la variable croisée réussite de l'innovation et défaillance de l 'entreprise pour le thème de l'expérience acquise

de l'entreprise en matière d'innovation

V.TEST

5.30 3.13 2.70 2.15

6.06 4.45 3.08

-3.40 -2.72 -2.66 -2.14

3.60 3.29 3.29 3.29

PROBA

0.0000 0.0009 0.0035 0.0158

0.0000 0.0000 0.0010

0.0003 0.0033 0.0039 0.0162

0.0002 0.0005 0.0005 0.0005

CLA/FRE

52.75 53.64 50.86 49.80

50.55 59.84 47.81

2.62 4.02 2.65 5.32

10.27 10.09 10.09 10.09

POURCENTAGES FRE/CLA GLOBAL

5.03 1.52 2.29 2.13

3.58 0.71 1.60

0.50 1.17 0.34 3.29

15.97 16.33 16.33 16.33

44.94 4.28 1.27 2.02 1.92 39.51 2.80 0.47 1.32 6.92 1.32 2.02 0.87 4.28 8.63 13.42 13.96 13.96 13.96

NUMÉRO delà

Variable

14 12 11 13

14 14 10

10 11 10 14

10 12 11 14

FRÉQUENCES CARACTÉRISTIQUES Modalités

CLASSE 1 : Réussite innovation-Non-défaillance . 75 % et plus . De 250 000 à 500 000 . 3 aides et plus . De 30 à 40 % CLASSE 2 : Echec innovation-Non-défaillance . Moins de 25 % . De 25 à 50 % . 8 ans et plus CLASSE 3 : Réussite innovation-Défaillance . 8 ans et plus . 3 aides et plus . 6 années . 75 % et plus CLASSE 4 : Echec innovation-Défaillance . 0 année . Pas de programmes précédents . 0 aide . Pas de programmes précédents

110 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002

programmes d'innovation. La réussite du programme d'innovation renvoie plus au nombre important de programmes d'aides réussies qu'à l'ancienneté de la relation avec l'ANVAR puisque huit années d'ancienneté et plus et un faible taux de réussite aux programmes précédents se traduisent par un échec du programme actuel.

Dans la classe des entreprises défaillantes, la réussite du programme d'innovation est caractérisée par son antiprofil (21), c'est-à-dire que l'entreprise qui n'est pas dans cette classe a expérimenté des relations anciennes et nombreuses avec l'ANVAR avec un taux de succès des procédures précédentes « Aides aux entreprises » élevé (75 % et plus).

Enfin la dernière classe, échec du programme d'innovation et défaillance de l'entreprise est caractérisée par des entreprises qui n'ont pas d'ancienneté dans la démarche innovatrice et qui n'ont pas effectué d'autres programmes d'innovation. C'est donc leur première relation avec l'ANVAR (22).

CONCLUSION

L'aide à l'innovation est justifiée par le rationnement du crédit dont peuvent faire l'objet les projets d'innovation et surtout les projets d'innovation en provenance des nouvelles entreprises. Certains auteurs (Ciéply, 2001) ont mis en évidence l'existence d'une augmentation de la contrainte financière pour les entreprises innovantes depuis la réforme financière de 1984 en France. Cette réforme qui s'est traduite par le passage d'une économie d'endettement à une économie des marchés financiers a accentué les problèmes de financement des entreprises innovantes au moins jusqu'en 1996 où de nouvelles réformes (modalités d'intervention de la Banque de Développement des Petites et Moyennes Entreprises - B.D.P.M.E. -, apparition du nouveau marché et renforcement du capital-risque) ont pu desserrer la contrainte financière. De façon analogue aux systèmes de financement, il existe des systèmes d'innovation qui peuvent être plus ou moins performants. Dans leur version la plus large, les systèmes sociaux d'innovation et de production prennent en compte un ensemble très large de complémentarités institutionnelles mais aussi un ensemble d'indicateurs empiriques qui permettent de rendre compte des différentes performances de ces systèmes (Amable, 2000). L'étude des programmes d'innovation financés par l'ANVAR participe de cette recherche d'indicateurs empiriques permettant une meilleure connaissance de l'action des pouvoirs publics. Les principaux résultats nous indiquent qu'une expérience précéden-

(21) Aucune modalité ne ressort dans cette classe. L' antiprofil correspond aux modalités qui ne caractérisent pas cette classe.

(22) On a vérifié que ces entreprises n'ont pas effectué d'autres précédentes procédures avec l'ANVAR.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 111

te et surtout une expérience positive (taux de succès important des programmes d'innovation précédents) est caractéristique du succès du programme d'innovation actuel. En ce qui concerne la taille en effectifs salariés, les variations intraclasses pour les entreprises de moins de 500 salariés (forte réussite des petites entreprises et des entreprises moyennes-grandes (100 à 499 salariés) et moindre réussite pour les classes de taille de 10 à 19 et de 30 à 49 salariés) s'expliquent certainement par d'autres variables non renseignées dans la base et qui peuvent avoir un effet sur la réussite du programme d'innovation. Par exemple, l'ouverture au commerce international pour des entreprises de la classe de taille 10 à 19 salariés est avancée dans certaines études pour expliquer leur plus fort taux de défaillance. De même il se peut que les innovations réalisées dans cette classe de taille soient des innovations plus soumises à la concurrence internationale. De façon identique, les entreprises moyennes-grandes (100 à 499 salariés) réussissent peut-être mieux leur programme d'innovation car elles ont des capitaux propres plus importants ou car elles disposent d'un réseau commercial plus développé etc.

La réussite des petits programmes d'innovation initiés pour une première fois par des entreprises jeunes nous incite à retenir l'argument du régime technologique entrepreneunal qui est plutôt favorable à l'entrée innovante On doit alors saluer les efforts de l' ANVAR en faveur des jeunes entreprises puisqu'un nombre important des « Aides aux entreprises » ont été accordées à de nouveaux « clients » de l' ANVAR et particulièrement à de jeunes entreprises (23).

L'échec du programme d'innovation lié à la défaillance est caractéristique des régions du sud de la France Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur. En fait ces régions montrent depuis quelques années un dynamisme entrepreneunal important (taux élevé de créations d'entreprises par habitant) pour diverses raisons et en particulier à cause des mouvements migratoires (Abdesselam, Bonnet, Le Pape, 1998). On retrouve alors dans ces régions une classe d'entreprises jeunes dans les secteurs des services aux entreprises et aux ménages et des industries des biens d'équipement et du transport pour lesquelles l'échec du programme d'innovation contribue à la défaillance de l'entreprise.

(23) Cette politique a été poursuivie dans la période récente avec en plus la volonté d'intervenir en amont. Le nombre d'aides aux personnes physiques (aide ante-création) est passé de 56 en 1998 à 227 en 2000. Le soutien à la création d'entreprises innovantes totalise en 2000 37 % des aides de l'ANVAR et 41 % du budget. Source (ANVAR).

Voir bibliographie pages suivantes

112 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3è™ trimestre 2002

BIBLIOGRAPHIE

« Les champions de l'innovation », l'Usine Nouvelle, 1992, 1993, 1994, 1995 (n° 2346, 2433, 2438, 2485).

ABDESSELAM R., BONNET J. et N. LE PAPE, 1998, « Du profil du créateur-repreneur aux caractéristiques des entreprises créées : une différenciation spatiale », APDR, Associaçao Portuguesa Para o Desenvolvimento Regional, branche de la RSAI, colloque à Coïmbra, 17, 18 juin.

ABDESSELAM R., BONNET J. et N. LE PAPE, 2003, « An explanation of the life span of new french firms », à paraître dans la Revue Small Business Economies.

ACS Z. and D. AUDRETSCH, 1993, « Small firms and entrepreneurship, an East- West perspective », Cambridge University Press.

AMABLE B., 2000, « Institutionnal complementarity and diversity of social systems of innovation and production », Review of International Political Economy l'A.

ANTONELLI C, 1986, « Technical districts and regional innovation capacity », Revue d'Économie Régionale et Urbaine, n° 3.

AUDRETSCH D., 1994, « Small business in Industrial Economies: the new learning », Revue d'Économie Industrielle, n° 67, 1er trimestre.

AYDALOT P., 1985, « Économie Régionale et Urbaine », Económica, Paris. BENZECRI, Jean-Paul, 1973, « L'analyse des correspondances », Dunod, tome 2, Paris. BIRCH D. L., 1983, « The contribution of small enterprise to growth and unemployment »,

Cambridge, MA: M.I.T. program on neighborhood and regional change. BOUBA-OLGA O., 2000, « Division cognitive du travail et géographie des activités », Revue

d'Économie Régionale et Urbaine, n° 1. BOUGRAIN F., 1999, « La proximité institutionnelle lors du processus d'innovation », Revue

d'Économie Régionale et Urbaine, n° 4. BOYER R. et M. DIDIER, 1998, « Innovation et croissance : relancer une dynamique de crois

sance durable par l'innovation », Conseil d'Analyse Économique, La Documentation Française, Paris.

CIEPLY Sylvie, 2001, « New Initiatives to Bridge the Financial Gap for Innovative Firms in France », Industry & Innovation, vol. 8, n° 2, August, pp. 159-178.

COBHAM A., 1999, « The Financing and Technology Decisions of SMEs », QEH Working Paper Series, n° 25, University of Oxford.

COMBIER J., 1994, « Les défaillances en 1993 », INSEE Première, juillet. CREPON B. et E. DUGUET, 1994, « La rivalité pour la possession des innovations l'emporte

sur la diffusion des connaissances » dans « Les chiffres clés de l'innovation technologique », ministère de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce extérieur, DGI, Sessi, 1993/1994.

DE LAAT B., WARTA K., WILLIAMS K., RAMMER A. et ARNOLD E., 2001, « Évaluation de la procédure d'aide au projet d'innovation de l'ANVAR 1993-1999 », rapport final, Technopolis France.

FISHER, R.A., 1936, « The use of multiple measurements in taxonomic problems ». Ann. Of Eugenics,!, 179-188.

GAROFOLI G., 1993, « Economic development, organisation of production and territory », Revue d'Économie Industrielle, n° 64, 2ème trimestre.

GUELLEC D., 2001, Intervention dans le cadre de la deuxième conférence du Centre Saint- Gobain pour la recherche en économie dont le thème était "The sources of technical changes", 7-8 juin.

Intercommunalités, le mensuel des communautés et des pays de France, hors série spécial Rhône- Alpes, novembre 2002, 182 rue de Rivoli, 75001 Paris.

LEIBENSTEIN H., 1968, « Entrepreneurship and development », American Economie Review, n°2.

LOVEMAN G. and W. SENGENBERGER, 1991, « The Re-emergence of small-sized firms », Small Business Economics, 3(1), March.

SAPORTA, G., 1977, « Une méthode et un programme d'analyse discriminante sur variables qualitatives », In Premières Journées Internationales, Analyse des données et informatique, INRIA, Rocquencourt.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 113

SAXENIAN A., 1991, « The origins and dynamics of production networks in Sillicon Valley », Research Policy, Vol. 20.

SCHUMPETER J. A., 1935, « Théorie de l'évolution économique », Paris librairie Dalloz, Pre édition 1911.

SCHUMPETER J. A., 1942, « Capitalism Socialism and Democracy », New-York, Harper. VIENNET H., 1990, « La survie des jeunes entreprises », INSEE Première, novembre. « Recherche et innovation: la France dans la compétition mondiale », 1999, rapport du groupe

de travail présidé par Bernard Majoie, Commissariat Général du Plan, La Documentation Française, novembre.

WINTER S., 1984, « Schumpeterian competition in alternative technological regimes », Journal of Economie Behaviour and Organisation, n° 5.

ANNEXE 1

N° variable Intitulé Modalités

■ TRIS À PLAT DE LA BASE DE DONNÉES

ABSOLU VARIABLES À EXPLIQUER 1. Réussite du programme Réussite Échec ENSEMBLE 2. Réussite x Défaillance Réussite x Ent. vivante Échec x Ent. vivante Réussite x Ent. défaillante Échec x Ent. défaillante ENSEMBLE

Effectifs %/TOTAL HISTOGRAMME DES POIDS

d'innovation en 2 classes 3206 2819 6025

2713 2359 532 421

6025

53.21 46.79

100.00

45.03 39.15 8.83 6.99

100.00

************************* **********************

********************* ******************* ***** ****

THÈME 1 : caractéristiques présentes du programme d'innovation et de l'entreprise innovante 3. Age de l'entreprise Moins de 2 ans De 2 à 5 ans De 5 à 10 ans De 10 à 20 ans de 20 à 35 ans 35 ans et plus ENSEMBLE 4. Catégorie juridique SA SARL ENSEMBLE

323 920

1312 1273 1190 1007 6025

4666 1359 6025

5.36 15.27 21.78 21.13 19.75 16.71

100.00

77.44 22.56

100.00 5. Effectifs salariés au moment du programme Donnée manquante Moins de 3 De 3 à 5 De6à9 De 10 à 19

121 370 471 506 685

2.01 6.14 7.82 8.40

11.37

*** ******** *********** ********** ********** ********

************************************ ***********

d'innovation * *** **** **** ******

114 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3*™ trimestre 2002

De 20 à 29 De 30 à 49 De 50 à 99 De 100 à 199 De 200 à 499 500 et plus ENSEMBLE 6. Région du siège social de 1 Alsace Aquitaine Auvergne Bourgogne Bretagne Centre Champagne- Ardenne Corse Franche-Comté Languedoc-Roussillon Limousin Lorraine Midi-Pyrénées Nord-Pas-de-Calais Basse-Normandie Haute-Normandie Ile-de-France Pays de Loire Picardie Poitou-Charentes PACA Rhône-Alpes Antilles-Guyanne ENSEMBLE

465 788 804 653 636 526

6025

7.72 13.08 13.34 10.84 10.56 8.73

100.00 'entreprise

288 257 214 175 218 243 184 20

186 198 115 216 219 276 118 205

1074 336 166 239 420 645

13 6025

4.78 4.27 3.55 2.90 3.62 4.03 3.05 0.33 3.09 3.29 1.91 3.59 3.63 4.58 1.96 3.40

17.83 5.58 2.76 3.97 6.97

10.71 0.22

100.00 7. Secteur Naf 16 regroupé en 12 secteurs Agri., Sylvi., Pêche Ind. agri. et alim. Ind. biens conso. Ind. automobile Ind. biens d'équ., Transport Ind. biens interméd., Énergie Construction Commerce Act. financ. et immobilières Serv. Entreprises et ménages Éduc. + Admin. Autres ENSEMBLE 8. Montant du programme d Moins de 250 000 De 250 000 à 500 000 De 500 000 à 750 000 De 750 000 à 1 million De 1 million à 1,5 million De 1,5 million à 2,5 millions 2,5 millions et plus ENSEMBLE

63 296 564 128

1648 1896 148 322 31

817 6

106 6025

1.05 4.91 9.36 2.12

27.35 31.47 2.46 5.34 0.51

13.56 0.10 1.76

100.00 'innovation 709 893 763 727 835 981

1117 6025

11.77 14.82 12.66 12.07 13.86 16.28 18.54

100.00

**** ******* ******* ***** ***** *****

*** ** ** ** ** ** ** * ** ** * ** ** *** * ** ********* *** ** ** **** ***** *

* *** ***** * ************* *************** ** ***

******* * *

****** ******* ****** ****** ******* ******** *********

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002 115

9. Proportion du programme d'innovation financé Moins de 20 % De 20 à 30 % De 30 à 40 % De 40 à 50 % De 50 à 60 % 60 % et plus ENSEMBLE

559 659

1072 2016 1429 289

6025

9.28 10.94 17.79 33.46 23.72 4.80

100.00

***** ****** ********* **************** *********** ***

THEME 2 : Expérience acquise de l'entreprise en matière d'innovation 10. Ancienneté de la démarche innovatrice 0 1 année 2 années 3 années 4 années 5 années 6 années 7 années 8 ans et plus ENSEMBLE

3578 437 399 349 264 252 228 175 343

6025

59.39 7.25 6.62 5.79 4.38 4.18 3.78 2.90 5.69

100.00

**************************** **** **** *** *** ** ** ** *** 100.00

11. Nombre d'aides aux entreprises précédentes 0 aide 1 aide 2 aides 3 aides ENSEMBLE

3722 1264 516 523

6025

61.78 20.98 8.56 8.68

100.00

***************************** ********** **** ****

12. Moyenne des programmes d'aides aux entreprises précédents Pas prog. précédents Moins de 250 000 De 250 000 à 500 000 De 500 000 à 1 million De 1 million à 2,5 millions 2,5 millions et plus ENSEMBLE

3722 235 333 526 816 393

6025

61.78 3.90 5.53 8.73

13.54 6.52

100.00

***************************** ** *** ***** ******* ****

13. Financement moyen des programmes d'aides aux ent. précédents Moins de 30 % De 30 à 40 % De 40 à 50 % De 50 à 60 % 60 % et plus ENSEMBLE

446 503 822 457 75

2303

19.37 21.84 35.69 19.84 13.26

100.00

********* *********** ***************** ********** **

14. Taux de succès des procédures « Aides aux entreprises » précédentes Pas de programmes précédents Moins de 25 % De 25 à 50 % De 50 à 75 % 75 % et plus ENSEMBLE

3722 728 122 333

1120 6025

61.78 12.08 2.02 5.53

18.59 100.00

***************************** ****** * *** *********

116 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3*m* trimestre 2002

ANNEXE II: LES OBSERVATIONS RETENUES

Dans l'exemple qui suit nous nous intéressons au codage des observations et à la création des variables Ancienneté de la démarche innovatrice, Nombre d'Aides aux entreprises précédent et Nombre de toutes les précédentes procédures (25).

Tableau I - Exemple de classement par modalité des variables ancienneté de la démarche innovatrice, nombre d'aides aux entreprises précédentes

et nombre de toutes les précédentes procédures

Date

1986 mars 1986 août

1987 1988 1990 1990

Entreprise

A A A A B C

Procédure

AE AE AE AE AE AE

Ancienneté de la démarche innovatrice

Nombre d'aides aux entreprises précédentes

Nombre de toutes les précédentes

procédures Classement par modalité

0 0 1 2 6 1

0 1 2 3 0 0

0 1 2 3 1 1

L'entreprise A n'a bénéficié que de procédures « Aides à l'entreprise » ; L'entreprise B a perçu une aide à l'entreprise en 1990 mais elle avait déjà eu une relation avec l'ANVAR en 1984 sous la forme d'une aide pour le recrutement d'un cadre (cette relation n'apparaît pas explicitement dans la base de données qui ne recense que les aides aux entreprises, mais elle se retrouve dans le codage du nombre de toutes les précédentes procédures qui est 1 et dans le codage de l'ancienneté de la démarche innovatrice qui est de 6). L'entreprise C a perçu une aide à l'entreprise en 1990. En 1989 elle avait aussi perçu une aide pour une étude de marché (d'où un codage de 1 en ancienneté de la démarche innovatrice et de 1 en nombre de toutes les précédentes procédures).

Tableau II - Nombre d entreprises concernées pour la modalité 0 des variables ancienneté de la démarche innovatrice, nombre d'aides aux entreprises précédentes

et nombre de toutes les précédentes procédures

0 aide aux entreprises précédente 0 année d'ancienneté de la démarche innovatrice

0 précédente procédure

Nombre d'entreprises concernées 3722 3578 3262

Au total, 3722 aides aux entreprises correspondent à des entreprises qui ont bénéficié pour la première fois du type de procédure aides aux entreprises. Elles ont pu cependant pour un certain nombre d'entre elles bénéficier d'autres types de procédures. On peut les dénommer « nouveaux clients de l'ANVAR en termes d'aides aux entreprises ». Comme la base étudiée

(25) Cette dernière variable n'a pas été prise en compte dans les calculs.

REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3*me trimestre 2002 117

correspond au nombre d'aides aux entreprises, cela signifie que 3722 entreprises ont perçu les 6025 aides aux entreprises étudiées soit environ 1,5 aide en moyenne. La variable « financement moyen des programmes d'aides aux entreprises précédents » comprend 2303 observations ce qui correspond au complément de la variable précédente (2303 + 3722 = 6025). 3578 aides aux entreprises correspondent à une première relation annuelle avec l'ANVAR, ce qui signifie que 144 entreprises de la base (3722-3578), avaient déjà eu des relations la ou les années précédentes avec l'ANVAR avant de bénéficier de leur première aide aux entreprises. 3262 aides aux entreprises n'ont pas bénéficié de procédures précédentes de l'ANVAR. Ces aides correspondent donc à des entreprises qui sont en relation pour la première fois avec l'ANVAR, c'est-à-dire que leur première aide a été une aide à l'entreprise. On peut les dénommer « nouveaux clients de l'ANVAR » et en déduire que 460 entreprises de la base (3722-3262) avaient déjà eu une relation précédente avec l'ANVAR. Parmi celles-ci 316 entreprises (460-144) ont eu des relations précédentes avec l'ANVAR la même année que l'obtention de l'aide à l'entreprise.

118 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 100, 3ème trimestre 2002