24

LEMERCIER O., BLAISE E., CATTIN F., CONVERTINI F., DESIDERI J., FURESTIER R., GADBOIS-LANGEVIN R., LABAUNE M. (2014) – 2500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en France

  • Upload
    inrap

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

AssociAtion pour lA promotion et lA diffusion des connAissAnces Archéologiques

T2, 357 Boulevard DelmasF-06600 Antibes

Relecture des textesAnne Guérin-Castell et Clark Warren

Secrétariat d'édition, maquette et traitement des illustrationsAntoine PAsquAlini

Illustrations de couverture sabine sorin

Argilos, Grèce (© J.-Y. Perreault)Tipasa, Algérie (© R. González Villaescusa)

Restitution paléogéographique de la basse vallée de l’Argens (Fréjus, Var - France) au haut Empire (© F. Bertoncello)Ampúrias, Espagne (© Archivo fotográfico del Museu d'arqueologia de Catalunya-Empúries)

Benicarló, Espagne (© E. Vidal Ros)

Pour toute information relative à la diffusion de nos ouvrages,merci de bien vouloir contacter

liBRAiRiE ARCHÉOlOGiquE1, rue des Artisans, BP 90, F-21803 Quetigny CedexTél. : 03 80 48 98 60 - [email protected] internet : www.librairie-archeologique.com

© APDCA, Antibes, 2014

isBn 2-904110-54-2

IMPlAntAtIons huMAInes en MIlIeu lIttorAl MédIterrAnéen :

facteurs d’installation et processus d’appropriation de l’espace (Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge)

ACTEs DEs REnCOnTREs15-17 octobre 2013

sous la direction de

Laurence Mercuri, Ricardo González Villaescusa, Frédérique Bertoncello

Avec le concours du CEPAM : Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (UMR 7264)

(Centre national de la recherche scientifique et Université de Nice-Sophia Antipolis), de la ville d'Antibes,

et de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur

XXXiVe REnCOnTREs inTERnATiOnAlEs D’ARCHÉOlOGiE ET D’HisTOiRE D’AnTiBEs

Éditions APDCA – Antibes – 2014

comité d’organisation

— Frédérique BERTONCELLO (chargée de recherche CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Ricardo GONZÁLEZ VILLAESCUSA (professeur des universités, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Laurence MERCURI (maître de conférences, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France).

Comité scientifique

— Frédérique BERTONCELLO (chargée de recherche CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Sandrine BONNARDIN (maître de conférences, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Giuseppe CORDIANO (ricercatore, Università degli studi di Sienna, Dipartimento di studi classici, Sienne, Italie)

— Patrice CRESSIER (chargé de recherche CNRS, UMR5648 CIHAM, Lyon, France)

— Éric DELAVAL (conservateur, Musée archéologique d’Antibes, France)

— Ricardo GONZÁLEZ VILLAESCUSA (professeur des universités, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Luc JALLOT (maître de conférences, université Paul-Valéry, Montpellier-3, UMR5140, Lattes, France)

— Philippe JANSEN (professeur des universités, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Lilian KARALI (Professor of Environmental and Prehistoric Archaeology at the National & Kapodistrian University of Athens, Grèce)

— Nick MARRINER (chargé de recherche CNRS, UMR6249, Besançon, France)

— Laurence MERCURI (maître de conférences, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Marie-Jeanne OURIACHI (maître de conférences, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Jacques Y. PERREAULT (professeur titulaire, université de Montréal, Centre d’études classiques, Canada)

— Joan RAMON TORRES (Dr. Consell Insular de Ibiza y Formentera, Grup de Recerca d’Arqueologia Classica Protohistòrica i Egipcia [GRACPE], Universitat de Barcelona, Espagne)

— Pierre ROUILLARD (directeur de recherche CNRS, UMR7041 ArScAn, Maison Archéologie et Ethnologie René-Ginouvès, Nanterre, France)

— Corinne SANCHEZ (chargée de recherche CNRS, UMR5140, Lattes, France).

Comité de lecture

— Frédérique BERTONCELLO (chargée de recherche CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Sandrine BONNARDIN (maître de conférences, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Maxence BAILLY (maître de conférences, Aix-Marseille Université, UMR7269 LAMPEA, Aix-en-Provence, France

— Giuseppe CORDIANO (Ricercatore, Università degli studi di Sienna, Dipartimento di studi classici, Sienne, Italie)

— Patrice CRESSIER (chargé de recherche CNRS, UMR5648 CIHAM, Lyon, France)

— Ricardo GONZÁLEZ VILLAESCUSA (professeur des universités, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Philippe JANSEN (professeur des universités, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Liliane MEIGNEN (directeur de recherche émérite CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Laurence MERCURI (maître de conférences, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Marie-Jeanne OURIACHI (maître de conférences, université de Nice Sophia-Antipolis, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Jacques Y. PERREAULT (professeur titulaire, université de Montréal, Centre d’études classiques, Canada)

— Joan RAMON TORRES (Dr. Consell Insular de Ibiza y Formentera, Grup de Recerca d’Arqueologia Classica Protohistòrica i Egipcia [GRACPE], Universitat de Barcelona, Espagne)

— Corinne SANCHEZ (chargée de recherche CNRS, UMR5140, Lattes, France).

Administration, gestion et logistique du colloque

— Myriam BENOUMECHIARA (gestionnaire CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Jeannine FRANÇOIS (secrétaire CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France)

— Anne-Marie GOMEZ (assistante en gestion administrative CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France).

secrétariat d’édition

— Antoine PASQUALINI (CNRS, UMR7264 CEPAM, Nice, France).

9

ImplantatIons humaInes en mIlIeu lIttoral médIterranéen : facteurs d’InstallatIon et processus d’approprIatIon de l’espace (préhIstoIre, antIquIté, moyen Âge).XXXIV e rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’AntibesSous la direction de L. Mercuri, R. González Villaescusa, F. BertoncelloÉditions APDCA, Antibes, 2014

sommaire

INtrodUctIoN

13 Laurence Mercuri, Ricardo González Villaescusa, Frédérique Bertoncello

Pour une étude de la genèse des implantations humaines en milieu littoral méditerranéen

thème 1 : coNtexte eNvIroNNemeNtAL et ANthroPIQUe deS ImPLANtAtIoNS LIttorALeS : exISte-t-IL deS modèLeS de référeNce ?

23 Pier Giovanni Guzzo

Les fondations grecques de la côte ionienne de l’Italie et leur insertion dans le contexte géo-environnemental

33 Sophie Bouffier

La présence d’eau, critère d’installation et d’essor des Grecs d’Occident ?

45 Lilian Karali, sotiris laMpropoulos, Myrto Bardani

The geographic area of Elis through the centuries

53 Kevin ferrari, Simon Luca triGona, Giovanna Rita Bellini, Pier Luigi dall’aGlio

Coastal landscape and settlement pattern in the Garigliano river delta plain

65 Michel pasqualini

La romanisation des espaces littoraux entre le Rhône et le Var

81 Patrice cressier

Établissements médiévaux de la côte du détroit de Gibraltar entre Tanger et Ceuta : fonction et évolution

95 Guénaëlle Bony, Christophe MorhanGe, David KaniewsKi, Nick Marriner

Contraintes et potentialités naturelles des bassins portuaires antiques, proposition de typologie

109 Corinne landuré, Claude Vella

La montille d’Ulmet (Camargue, commune d’Arles) : un avant-port d’Arles durant l’Antiquité tardive ? Études archéologiques et paléoenvironnementales

ImplantatIons humaInes en mIlIeu lIttoral médIterranéen

10

thème 2 : orgANISAtIoN mAtérIeLLe deS étAbLISSemeNtS LorS de LA PhASe INItIALe d’INStALLAtIoN

125 Corinne sanchez, Camille faïsse, Marie-Pierre JézéGou, Vivien Mathé

Le système portuaire de Narbonne antique : approche géoarchéologique

137 Pierre Moret, Fernando prados Martínez

Les deux Baelo : du site perché protohistorique au site portuaire romain sur la rive nord du détroit de Gibraltar

149 Albert riBera i lacoMBa

La realidad material de la fundación de Valentia, una colonia en Iberia a mediados del siglo II a.C., y la situación previa de su entorno territorial inmediato

163 Joaquin Ruiz de arBulo Bayona

Kesse / Tarrákon / Tarraco. En torno a los orígenes de una ciudad portuaria

thème 3 : orgANISAtIoN et geStIoN mISeS eN œUvre dANS LeS terrItoIreS NoUveLLemeNt INveStIS

177 Marina paGli

La séquence de l’abri de Ksar ‘Akil (Liban) et l’occupation du littoral méditerranéen du Proche-Orient pendant le Moustérien récent

191 Olivier leMercier, Émilie Blaise, Florence cattin, Fabien conVertini, Jocelyne desideri, Robin furestier, Raphael GadBois-lanGeVin, Matthieu laBaune

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en France méditerranéenne

205 Katia schörle, Giulio lucarini

Évolution et dynamiques d’occupation du littoral tripolitain (Libye)

215 Brahim Boussadia, Jordi dilloli fons, David Bea castaño, Samuel ceuMa sarda

Les établissements humains littoraux de la basse vallée du Chlef (Algérie), depuis le premier âge du Fer jusqu’à la période musulmane

229 Jonatan Christiansen

La signalisation maritime dans l’Antiquité : aménagement du littoral et appropriation territoriale

243 Joan raMon torres

Le sanctuaire punique du cap des Llibrell (Ibiza). Un point de guet et un amer pour la navigation côtière autour d’Ebusus

253 Isabelle piMouGuet-pédarros, Nevzat ÇeViK

Peuplement et aménagement du littoral méditerranéen antique : le cas de Myra et de son port Andriakè sur la côte lycienne

267 Giuseppe cordiano

Siculi, Greci, Brettii in Aspromonte tra età arcaica ed ellenistica. Insediamenti costieri e non in Magna Grecia tra Rhegion, Lokroi Epizephyrioi e Metauros

285 Elena insolera

Perioikides : villaggi greci lungo la costa della Magna Grecia nell’antica “chora” di Rhegion

295 Véronique Bon, Francis tassaux

Les débuts de la colonie de Pola (Croatie), dans l’Istrie tardo-républicaine et augustéenne

307 Élise FoVet, Francis Tassaux, Véronique Bon

Le littoral de l’Istrie septentrionale et son arrière-pays, de la Protohistoire á l’Antiquité tardive

315 Frank VerMeulen

Colonisation romaine et paysage en Italie adriatique : le cas de Potentia

329 Michele Matteazzi

Dinamiche di occupazione della pianura litorale a sud della città di Padova (Italia) in epoca romana : scelte insediative e uso del territorio

341 Pierre excoffon, Nicolas portalier avec la collaboration de Louise purdue

De la colonisation d’un territoire à l’exploitation d’un terroir, le cas de Fréjus. Contribution à l’étude du peuplement en basse-vallée de l’Argens

355 Romuald Mercurin, Marc Bouiron, Stéphane MoraBito

Du Néolithique au Moyen Âge sur le territoire niçois : plaines littorales et dynamiques de peuplement

363 Olivier siVan, Denis duBesset

L’occupation préhistorique des basses plaines littorales niçoises : l’apport des sondages carottés

371 Pierre-Yves larrat L’occupation de l’île Sainte-Marguerite, de la Protohistoire à l’Antiquité

379 Maria Jesús orteGa, Hector A. orenGo, Santiago riera, Josep M. palet, Pilar carMona, José M. ruiz

Ocupación y estructuración del paisaje litoral de Valentia durante el período romano

389 Josep M. palet, Hèctor A. orenGo, Ana eJarque, Arnau Garcia, Ramon Julià, Santiago riera, Javier Marco, Jordi Montaner

Dynamiques du paysage et organisation territoriale dans la plaine littorale de l’Emporda (nord-est de la Catalogne) de l’Antiquité au Haut Moyen Âge

11

soMMaire

ImplantatIons humaInes en mIlIeu lIttoral médIterranéen

12

399 Antoni VirGilí

Nouveaux villages et processus migratoire en zone côtière de la Catalogne (xIIe siècle) : la campagne de Tarragone

411 Josep torró, Ferran esquilache, Enric Guinot

La transformation du milieu littoral dans une société médiévale de conquête : le royaume de Valence (c. 1240 – c. 1330)

423 Remy siMonetti

Entre Lombards et Byzantins : une migration à l’origine de Venise

coNcLUSIoN

435 Michel Gras

Le littoral méditerranéen entre nature et culture. Synthèse conclusive

191

ImplantatIons humaInes en mIlIeu lIttoral médIterranéen : facteurs d’InstallatIon et processus d’approprIatIon de l’espace (préhIstoIre, antIquIté, moyen Âge).XXXIV e rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’AntibesSous la direction de L. Mercuri, R. González Villaescusa, F. BertoncelloÉditions APDCA, Antibes, 2014

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en france méditerranéenne olivier leMerciera, émilie Blaisea, Florence cattina, Fabien conVertinib, Jocelyne DesiDeric, robin Furestierd, raphael GaDBois-lanGeVine, Matthieu laBaunea

RésuméAutour de 2 500 avant notre ère, apparaissent dans diverses régions d’Europe de petits vases à boire en céramique décorée, fréquemment associés à des parures et des armes spé-cifiques, caractérisant ce qu’il est convenu d’appeler le phénomène campaniforme. En France méditerranéenne, plus de 600 points de découvertes sont connus. Dans cette zone très riche à l’échelle de l’Europe, il est possible de s’interroger sur le caractère allochtone de ce phénomène, sur ses modes d’implantation et de développement, ainsi que sur ses relations avec les groupes du Néolithique final déjà établis dans le Sud de la France et de proposer un modèle d’implantation similaire à la colonisation grecque du littoral médi-terranéen.Mots clés : France, Méditerranée, Campaniforme, implantation, modèle.

AbstractAround 2 500 BC, drinking beakers with a characteristic pattern appeared in diverse areas of Europe. They are frequently associated with other kinds of materials, like specific ornaments and weapons. This set defines what is called the Bell Beaker phenomenon. In Southern France, more than 600 sites are known. In this very rich European study area, it is possible to study the nature and origin of this phenomenon, and question its poten-tial exogenous components, its modes of establishment and development, and its rela-tionship with local groups that had already settled in the South of France. Consequently, a layout similar to the Greek colonization model of the Mediterranean coast is proposed.Keywords : France, Mediterranean, Bell Beaker, Settlement, Model.

a. Université de Bourgogne, UMR 6298 ArTeHiS (uB, CNRS, MCC), 6 boulevard Gabriel, 21000 Dijon, France.b. Inrap Méditerranée, UMR 7269 LAMPEA (AMU, CNRS, MCC), Km Delta, 30900 Nîmes, France.c. Université de Genève, Laboratoire d’Archéologie Préhistorique et Anthropologie, Institut F.-A. Fo-rel, sciences de la Terre et de l’environnement. 18, route des Acacias, 1211 Genève 4, Suisse.d. Cité de la Préhistoire d’Orgnac, UMR 5140 ASM (uPV, CNRS, MCC), 07150 Orgnac-L’Aven, France.e. Subarctique Enr., 65 rue d’Aunis, Chicoutimi, QC G7H 3L3 Québec, Canada.

Olivier Lemercier et alii

192

Le terme campaniforme désigne au départ un gobelet de céramique à profil en S ou en forme de cloche à l’envers. À mesure des découvertes, ce terme a été utilisé pour qualifier d’autres objets trouvés en association, comme d’autres types céramiques portant les mêmes décors, puis certains types céramiques non déco-rés, des outils, des armes (en pierre et en métal, parmi lesquelles des poignards et des éléments d’archerie) et des parures plus ou moins spécifiques avec des éléments en cuivre et en or, jusqu’à former, selon les chercheurs, un assemblage (qualifié de « package » ou « set campaniforme »), voire une véritable culture archéologique.

Dans un premier temps mis au jour dans des contextes funéraires variés (sépultures individuelles, grottes ou monuments mégalithiques collectifs selon les régions), ces vestiges ont aussi été ensuite retrouvés sur des sites d’habitats.

L’une des particularités du Campaniforme est sa répartition géographique, puisque celle-ci couvre une large part de l’Europe occidentale et centrale, de la Pologne au Maroc, d’Irlande en Sicile et du Portugal à la Hongrie.

Les premières découvertes datent du milieu du xViiie siècle et les premières études sont publiées au début du xixe siècle. L’interprétation de ce phénomène a intéressé de très nombreux chercheurs depuis le xixe siècle. Le plus souvent, on a évoqué l’hypothèse diffusionniste d’un peuple nomade traversant l’Europe, mais aussi celle de petits groupes de colporteurs, prospecteurs ou guerriers. Ont aussi été évoquées la circulation d’objets (de proche en proche ou à longue dis-tance) ou encore la manifestation d’une idéologie ou d’une religion. De fait, l’origine géographique de ce phénomène a été largement discutée et placée dans de nombreuses régions, fréquemment dans la péninsule Ibérique (Andalousie et Portugal) ou en Europe centrale, mais aussi en Égypte, en Asie Mineure, dans le Midi de la France et aux Pays-Bas. Plus de deux siècles après les premières décou-vertes, aucun consensus ne semble actuellement émerger entre les chercheurs, du fait notamment du caractère multiple du Campaniforme à l’échelle de l’Europe.

le campaniforme en france méditerranéenne

styles céramiques et périodisation régionale

La France méditerranéenne est envisagée ici comme un grand arc des Pyrénées aux Alpes, étendu du Toulousain au lac Léman. Dans cette région, ce sont près de 600 sites qui ont livré des vestiges campaniformes et qui représentent probable-ment près de 700 occupations distinctes (GadBois-lanGeVin, 2012).

Outre le nombre élevé de sites, la France méditerranéenne présente l’avantage d’offrir plusieurs styles céramiques distincts et assez aisément identifiables. Ils ont permis d’établir une périodisation régionale du Campaniforme et de bien distin-guer ce qui correspond au premier « phénomène » (phase ancienne) de ce qui ne résulte que du développement local ultérieur (phase récente) et même d’une tradi-tion qui se prolonge au début de l’âge du Bronze (phase tardive). En réalité, seule la phase tardive, marquée par des céramiques à décor incisé et barbelé (Vital et al., 2012), est bien calée chronologiquement par une série de datations radiocarbone

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en france méditerranéenne

193

récemment effectuées sur des contextes fiables et qui se groupent entre 2 100 et 1 900-1 850 avant notre ère. À l’inverse, les dates peu nombreuses, parfois anciennes et peu précises qui caractérisent la phase ancienne et la phase récente se recouvrent largement. Il est cependant possible d’estimer que la phase ancienne, caractérisée par des céramiques à décor pointillé et parfois cordé (styles international / mari-time, mixte et pointillé géométrique) se place autour de 2 500 avant notre ère et correspond à une période d’un ou deux siècles au maximum. Le développement des deux groupes régionaux distincts de céramiques à décor pointillé / incisé et estampé de la phase récente (le groupe rhodano-provençal et le groupe pyrénéen) se placerait donc entre 2 400 et 2 100 avant notre ère (leMercier et al., sous presse).

la phase ancienne (circa 2 500 avant notre ère)

La première présence campaniforme en France méditerranéenne est marquée par un mobilier spécifique. La céramique fine comprend des gobelets, des bols et des écuelles souvent décorés en registres horizontaux de bandes hachurées ou autres motifs géométriques. Quelques céramiques à décors de coups d’ongle sont parfois associées, mais il ne semble pas exister une vaisselle commune de préparation ou de stockage proprement campaniforme (leMercier, 2004a). Lorsqu’elle est présente, en contexte domestique, elle appartient systématiquement aux groupes locaux de la fin du Néolithique. L’outillage associé comprend des outils de pierre polie et sur matière dure animale, qui se distinguent mal des productions antérieures du

Fig. 1. Sépulture individuelle de Forcalquier-La Fare (Alpes-de-Haute-Provence) et son mobilier présentant un gobelet campaniforme associé à deux gobelets indigènes (DAO, O. Lemercier).

Olivier Lemercier et alii

194

Néolithique final, et un outillage sur silex essentiellement local caractérisé par un débitage de petits éclats non standardisés à la percussion directe au percuteur dur, lancée ou sur enclume. L’outillage présente une variabilité limitée. La proportion d’armatures peut être importante (pièces foliacées et cordiformes irrégulières, lan-céolées et à pédoncule et ailerons avec la variante à ailerons équarris). Le reste de l’outillage se compose de grattoirs, de pièces esquillées et de racloirs (furestier, 2007). Les objets métalliques sont peu nombreux. Il s’agit d’alênes à section carrée, de poignards, de pointes de Palmela et de parures (laBaune, 2013). Les habitats, connus à Orgon – Les Calades, Simiane – Le Col Sainte-Anne (Bouches-du-Rhône) et Avignon – Place du Palais (Vaucluse), sont généralement restreints, de une à quatre unités présentant des plans ovalaires dallés ou à muret périphérique de 50 m2 à 60 m2 de surface (bibliographie dans leMercier, 2004a). Les sépultures sont essentiellement des sépultures collectives en monuments mégalithiques ou en cavités dans la tradition locale, mais quelques cas de sépultures individuelles sont connus (leMercier, tchéréMissinoff, 2011). Le mobilier campaniforme peut se trouver dans deux types de contextes distincts. Il s’agit d’une part de vases isolés ou de très petits groupes de vases au sein de contextes funéraires ou domestiques des cultures locales du Néolithique final (fig. 1). L’autre type de contexte se présente sous la forme d’assemblages beaucoup plus importants, comprenant plusieurs dizaines de vases décorés, sur des sites d’habitat où ils s’associent systématiquement là encore à des éléments caractéristiques des cultures du Néolithique final local. Il s’agit dans ce cas de sites perchés, naturellement défendus, de superficie restreinte et d’accès plus ou moins difficile. Tous ces sites se trouvent sur le littoral méditerra-néen et le long des principales voies fluviales. L’arrière-pays ne livre que des objets campaniformes isolés (fig. 2, en haut). Les données économiques montrent une société agropastorale similaire aux traditions de la fin du Néolithique. Seules la variété et la proportion des espèces chassées, sur certains sites, changent des pra-tiques indigènes, mais la part de la chasse dans l’économie animale demeure très faible (Blaise, 2010 ; Blaise et al., sous presse).

la phase récente (2 400-2 100 avant notre ère)

La phase récente est marquée par la présence de deux groupes régionaux distincts qui se caractérisent très bien par leur céramique décorée alors qu’ils semblent partager une même céramique commune. Géographiquement, l’ouest, de la région des Pyrénées à la moyenne Garonne jusqu’au Languedoc central est occupé par le groupe pyrénéen, alors que l’est, du Languedoc oriental aux Alpes, est occupé par le groupe rhodano-provençal. La céramique de ces deux groupes présente une grande variété de morphologies (gobelets, bouteilles ou pseudo-bouteilles et grands pots ou pichets ansés, bols, écuelles, jattes, coupes) où les gobelets ne dominent plus. La principale différence réside dans la technique de décor (essentiellement pointillée dans le groupe pyrénéen, généralement incisée et estampée dans le groupe rhodano-provençal) pour des dispositions en registres horizontaux, en bandes, séparées ou non de bandes réservées. Une autre différence importante avec la phase précédente est l’existence d’une céramique

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en france méditerranéenne

195

Fig. 2. Carte de répartition du Campaniforme (phase ancienne et phase récente) en France méditerranéenne (DAO, R. Gadbois-Langevin).

Olivier Lemercier et alii

196

commune, non décorée, composée de récipients de préparation, cuisson et stoc-kage, très similaire pour les deux groupes régionaux. L’industrie lithique, mieux connue pour le groupe rhodano-provençal, témoigne de fortes liaisons avec les tra-ditions techniques des cultures du Néolithique final local. L’approvisionnement en matières premières est majoritairement local afin de produire le plus grand nombre possible de petits éclats. Les pièces esquillées et les grattoirs (très souvent unguiformes) dominent l’outillage domestique, et on observe une réintégration des produits de spécialistes du Néolithique final indigène tels que les grandes lames et poignards, mais aussi l’apparition de nouveaux outils (segments de cercle et microdenticulés). Les armatures sont moins nombreuses et le type à pédoncule et ailerons équarris n’est plus présent. Les outillages métalliques en cuivre issus d’un contexte fiable sont peu nombreux (alênes et poignards). Concernant la parure, les boutons en os à perforation en V et les pendeloques grossièrement arciformes, non décorés, voisinent avec tous les types de parures présents à la fin du Néolithique. Les brassards d’archer, généralement en pierre (calcaire, grès) sont bien présents. Les habitats montrent une très grande variété et une régiona-lisation évidente avec des cabanes ovalaires dallées en Languedoc oriental, des constructions sur poteaux dans la vallée du Rhône et probablement des construc-tions mixtes pierre et bois en Provence. Les sépultures sont collectives en grottes et monuments, à l’exception de rares sépultures individuelles d’enfants. Les sites se répartissent sur l’ensemble de la région considérée, y compris dans les zones marginales et montagneuses (fig. 2, en bas).

Origine et nature du Campaniforme

l’origine allochtone du Campaniforme en France méditerranéenne

Le Campaniforme ancien montre, à l’évidence, une rupture dans les traditions régionales de la fin du Néolithique, tant au niveau stylistique que technique. En effet, rien ne semble préfigurer localement les morphologies ou les décors de la céramique campaniforme (leMercier, 2004a ; 2004b). Du point de vue tech-nique, des choix différents apparaissent aussi dans l’emploi du dégraissant, par exemple (conVertini, 1996 ; 2009). L’industrie lithique taillée est marquée par un net recentrage des approvisionnements en matières premières autour des sites, une augmentation significative des armatures de flèches et l’apparition du type à pédoncule et ailerons équarris inconnu jusqu’alors et largement répandu à ce moment à l’échelle du Campaniforme occidental (furestier, 2007). Concernant les objets en métal, qui sont présents en France méditerranéenne dès les débuts du quatrième millénaire avant notre ère, avec une production assurée en Languedoc dès le début du troisième millénaire, ils vont présenter avec le Campaniforme des types de cuivre différents et se distinguer par l’usage du martelage et un travail de mise en forme particulièrement soigné. Des remarques identiques peuvent être faites pour l’habitat dont l’implantation, les formes et les modules sont très spécifiques au Campaniforme. La présence de quelques rares sépultures indivi-duelles avec des orientations et positions codifiées, même si la permanence de la

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en france méditerranéenne

197

sépulture collective demeure très largement majoritaire, est aussi originale. Dans les pratiques de subsistance, l’économie animale, qui demeure très majoritaire-ment fondée sur l’élevage, se distingue par la chasse au petit et au grand gibier, même si elle demeure marginale. Cette activité n’existait pour ainsi dire plus dans les cultures indigènes de la fin du Néolithique en Languedoc et en Provence (Blaise, 2010 ; Blaise et al., 2010).

Si la rupture observable entre les cultures du Néolithique final régional et le Campaniforme est aussi nette en France méditerranéenne et qu’en même temps les pratiques et les productions campaniformes sont partagées avec d’autres régions d’Europe, il est possible de proposer qu’elle reflète très probablement une origine allochtone. Il reste alors à préciser la nature et l’origine de ce phénomène.

objets, idées et hommes : la nature du Campaniforme

Première évidence : les objets se déplacent peu, voire pas du tout. C’est ce que démontrent les études pétrographiques de la céramique qui indiquent des fabrications locales très majoritaires et des déplacements peu nombreux sur des distances tout au plus régionales (conVertini, 1996 ; 2009). Il en est de même pour les matières premières lithiques le plus souvent locales ou proches.

Les seules productions pour lesquelles il est actuellement possible d’envisager un déplacement sont les objets en métal (cattin, 2008). Les premiers éléments issus d’un programme en cours d'analyses isotopiques du plomb tendent à montrer une origine différente entre le métal campaniforme et celui utilisé au Néolithique final.

Ce qui se déplace surtout, à l’évidence, ce sont les types d’objets. Nous pouvons citer, entre autres, les morphologies et les décors de la céramique ornée, ainsi que certains types d’objets lithiques et métalliques qui font l’objet d’imitations de proche en proche ou à longue distance.

Se déplacent aussi des normes techniques. C’est le cas pour la fabrication de la céramique, au travers du choix du dégraissant, qui sur certains sites est une norme étrangère aux techniques indigènes. La présence de normes techniques allochtones sur certains sites sous-tend l’idée d’un déplacement d’individus, qu’ils soient des étrangers apportant avec eux leurs propres traditions ou des indigènes revenus après s’être déplacés pour apprendre d’autres traditions ailleurs. Au vu du faisceau d’indices évoqué ci-dessus, la seconde proposition semble tout de même moins crédible.

Les déplacements d’individus sont abordés à l’échelle européenne par les divers champs de l’anthropologie biologique. L’étude des traits non métriques dentaires a été réalisée en Espagne, en France, en Suisse, en Bohême et en Hongrie (desideri, 2011 ; desideri, Besse, 2010 ; 2012). Elle a montré des liens étroits entre Campaniforme et substrat local seulement en Espagne et en Bohême. De notables différences ont pu être mises en évidence entre une Europe orientale et une Europe sud-occidentale, ce qui permet de proposer des déplacements d’individus. Il en est de même des études de géochimie isotopique (desideri et al., 2010) qui traduisent des déplacements d’individus pouvant atteindre 30 % de la population. Enfin, les études de l’ADN ancien complètent et confirment ces

Olivier Lemercier et alii

198

premiers résultats avec de probables migrations importantes qui auraient modifié le pool génétique européen à cette époque (Brotherton et al., 2013).

Il demeure néanmoins difficile d’évoquer de grandes migrations de popu-lations en Europe occidentale avec le Campaniforme, toutes les observations convergeant plutôt dans le sens d’une acculturation des populations locales au cours du temps avec le développement de nouveaux schémas, mêlant à la fois des éléments campaniformes et des éléments issus des traditions indigènes. L’idée de déplacements d’individus ou de groupes d’individus s’accorde mieux aux don-nées archéologiques que celle de la migration d’une population entière.

À la recherche des origines

De nombreux éléments, dont les styles des céramiques décorées de la phase ancienne du Campaniforme, la forme de certaines habitations, le corpus des datations isotopiques, mais aussi les premières données sur la mobilité humaine (géochimie, ADN, etc.) – qui devront être confirmées par la poursuite des études –, tendent à montrer une diffusion depuis la péninsule Ibérique vers l’Europe cen-trale, avec des modalités différentes selon les secteurs : des déplacements d’individus adultes en Europe occidentale et une possible exogamie en Europe centrale.

Néanmoins, les données ne sont pas univoques et d’autres éléments, comme les rares sépultures individuelles, l’emploi de la chamotte comme dégraissant pour la fabrication de la céramique, ainsi que les décors à la cordelette, pourraient renvoyer aux sphères septentrionale et orientale.

Tout porte à penser que la mobilité est très importante à cette période et qu’hommes, idées et parfois aussi objets de provenances diverses circulent à tra-vers l’Europe selon des modalités variées.

Un modèle protohistorique pour interpréter la Préhistoire

le modèle protohistorique

L’hypothèse développée ici, du type « explorations, implantations et diffu-sions, colonisation et acculturation » est librement inspirée du modèle proposé par A. Nickels pour la colonisation grecque du Languedoc (nicKels, 1983). Ce modèle, déjà ancien et largement discuté, développé et complété pour le Languedoc ou les régions voisines (voir la bibliographie dans arcelin et al. 1995 ; Garcia, 2006 ; herMary, tsetsKhladze, 2012), a cependant pu servir à l’un d’entre nous (O. L.) pour interpréter les vestiges campaniformes en France méditerranéenne (leMercier, 2012a ; 2012b).

Dans ce modèle, une première phase appelée « phase d’exploration » concerne les premiers contacts entre Grecs et indigènes. Elle se distingue par la présence dans certaines tombes indigènes de rares vases importés qui appar-tiennent à la catégorie des vases à boire. La seconde phase est liée à l’implantation de comptoirs dans des secteurs proches. Elle correspond à des contacts réguliers et à une première intensification des échanges en même temps qu’à des tentatives

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en france méditerranéenne

199

d’installation. Cette phase est aussi marquée par des tentatives de pénétration à l’intérieur des terres. La troisième phase voit la création d’un établissement massaliète. Les nécropoles qui lui sont liées montrent la présence de divers rites correspondant à des populations différentes. La période est aussi caractérisée par une intensification des échanges où les objets d’origines diverses voisinent avec les productions locales et grecques.

l’application du modèle à un phénomène de la Préhistoire

Nous aurions, dans une première phase, l’arrivée de petits groupes d’individus, probablement par voie maritime, s’installant sur des sites perchés, à proximité du littoral et des principaux fleuves et échangeant avec les populations indigènes, par-fois plus loin à l’intérieur des terres. Géographiquement, les sites campaniformes (par opposition aux sites indigènes ne livrant qu’un ou quelques objets caracté-ristiques) se localisent en Languedoc central et occidental ainsi qu’en Provence, délaissant le Languedoc oriental. Il pourrait s’agir ici non d’un choix délibéré d’implantation de la part des arrivants, mais d’une situation de contrainte face à l’existence à cette époque de la culture de Fontbouisse, important groupe culturel, particulièrement dynamique, en Languedoc oriental. Mais la comparaison avec le modèle grec atteint ici ses limites. Les implantations campaniformes ne sont pas réellement littorales, il ne s’agit à l’évidence pas de comptoirs commerciaux tour-nés vers la mer ou la lagune (BaGan et al., 2010), ou relais entre la mer et les terres. Ils ne font pas non plus l’objet d’une fortification, mais vont utiliser des sites naturel-lement défendus, des promontoires rocheux escarpés témoignant donc, si ce n’est de tensions réelles, du moins d’une défiance vis-à-vis des populations indigènes.

La seconde phase se marquerait d’un double phénomène avec, d’une part, les routes qui ont été ouvertes à la phase précédente, qui voient circuler de nom-breux objets / individus d’origines diverses et, d’autre part, la forte acculturation des populations indigènes, conduisant à l’apparition de cultures régionales cam-paniformes, empruntant à la fois aux traditions locales, mais aussi aux autres groupes régionaux campaniformes avec lesquels les liens semblent privilégiés (fig. 3). Cette notion d’acculturation pourrait être comprise dans le sens utilisé par P. Boissinot pour décrire, concernant la colonisation grecque, « les contacts culturels entre sociétés appartenant à des stades de développement différents » (Boissinot, 2005 : 13). Et, toujours selon les schémas protohistoriques, ces trans-formations pourraient être dues à des groupes relativement restreints d’individus comme le relève M. Py :

Bien que peu nombreuses au total, les populations helléniques ont donc très lar-gement essaimé sur la façade littorale et y ont poursuivi une action continue, ce qui explique une influence culturelle, économique, voire politique, profonde et durable. (py, 1993 : 46).

Ce modèle pourrait s’appliquer à la France méditerranéenne, mais aussi à l’Italie (Toscane, Sardaigne) et sans doute aux côtes atlantiques françaises. Au-delà, à l’intérieur du continent, l’existence d’autres modalités de diffusions demeure possible et même probable au vu des premières données anthropologiques.

Olivier Lemercier et alii

200

La fin de la Préhistoire

En peut-être trois siècles de chronologie radiocarbone (2 500-2 200 avant notre ère), les traditions du Néolithique vont se transformer profondément, ouvrant sur ce qu’il est convenu d’appeler la Protohistoire.

La difficulté que rencontrent les préhistoriens pour interpréter le Campaniforme révèle probablement que nous sommes ici face à des phéno-mènes complexes, peut-être différents de ceux qui caractérisent les périodes antérieures. Les chercheurs se sont souvent tournés vers leurs collègues ethnolo-gues à la recherche de modèles actualistes et parfois bien exotiques sans y trouver de réelles réponses. Dans notre démarche, nous proposons de regarder ce qui se passait au même endroit quelques siècles plus tard. Que le modèle choisi ici pour appuyer l’interprétation proposée soit valide ou non, il montre que l’espace médi-terranéen du troisième millénaire avant notre ère peut trouver des clés de lecture intéressantes dans la Protohistoire récente et les débuts de l’Antiquité, par-delà les coupures disciplinaires et méthodologiques traditionnelles. De réelles collabora-tions permettront peut-être, à terme, de mieux comprendre ces phénomènes qui n’ont finalement de préhistoriques que l’absence de sources écrites.

Fig. 3. Modèle d’implantation et de développement du Campaniforme en France méditerranéenne (DAO, O. Lemercier).

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en france méditerranéenne

201

Bibliographie

arcelin p., Bats M., Garcia d., Marchand G., schwaller M. (éd.), 1995.– Sur les pas des Grecs en Occident, Hommages à André Nickels, Lattes-Paris, ADAM-Errance, coll. Études Massaliètes, 4, 492 p.

BaGan G., Gailledrat E., Jorda C., 2010.– Approche historique de la géographie des comptoirs littoraux à l’âge du Fer en Méditerranée occidentale à travers l’exemple du port de Lattara (Lattes, Hérault), Quaternaire, 21, p. 85-100.

Blaise E., 2010.– Économie animale et gestion des troupeaux au Néolithique final en Provence : approche archéozoologique et contribution des analyses isotopiques de l’émail dentaire, Oxford, John & Erica Hedges Ltd., British Archaeological Reports IS 2080, XVI+399 p.

Blaise E., Brehard S., carrere I., faVrie T., Gourichon L., helMer D., riViere J., tresset A., ViGne J.-D., 2010.– L’élevage du Néolithique moyen 2 au Néolithique final dans le Midi méditerranéen de la France : état des données archéozoolo-giques, in : O. leMercier, R. furestier, E. Blaise (éd.), 4e Millénaire. La transition du Néolithique moyen au Néolithique final dans le sud-est de la France et les régions voisines, Lattes, Publications de l’UMR 5140-ADAL, coll. Monographies d’archéologie méditerra-néenne, 27, p. 261-284.

Blaise E., helMer D. conVertini F., furestier R., leMercier O., sous presse.– Bell Beakers herding and hunting in south-eastern France : technical, historical and social implica-tions, in : M. Besse (éd.), Around the Petit Chasseur and the Bell Beaker Culture. Proceedings of the International Conference (sIon, Suisse, 27-30 oct. 2011), Oxford, Archaeopress, British Archaeological Reports IS.

Boissinot P., 2005.– Sur la plage emmêlés : Celtes, Ligures, Grecs et Ibères dans la confron-tation des textes et de l’archéologie, Mélanges de la Casa de Velásquez, 35, 2, p. 13-43.

Brotherton P., haaK W., teMpleton J., Brandt G., souBrier J., adler C. J., richards S. M., der sarKissian C., GanslMeier R., friederich S., dresely V., Van oVen M., Kenyon R., Van der hoeK M. B., Korlach J., luonG K., ho S. Y. W., quintana-Murci L., Behar D. M., Meller H., alt K. W., cooper A. & The Genographic Consortium, 2013.– Neolithic mitochondrial haplogroup H genomes and the genetic origins of Europeans, Nature Communications, 4, 1764 | DOI : 10.1038/ncomms2656.

cattin F., 2008.– Modalités d’approvisionnement et modalités de consommation du cuivre dans les Alpes au 3e millénaire avant notre ère : apport des analyses métalliques à la connaissance des peuplements du Néolithique final, du Campaniforme et du Bronze ancien, thèse de doctorat, Faculté des sciences de Genève, département d’anthropologie et d’écologie, section de biologie, archéologie préhistorique.

conVertini F., 1996.– Production et signification de la céramique campaniforme à la fin du 3e millé-naire av. J.-C. dans le sud et le centre-ouest de la France et en Suisse occidentale, Oxford, Tempus Reparatum, British Archaeological Reports IS 656, 351 p.

conVertini F., 2009.– Céramiques campaniformes et sépultures collectives de l’Aude : ori-gine et statut du standard, De Méditerranée et d’ailleurs, Mélanges offerts à Jean Guilaine, Toulouse, Archives d’Écologie préhistorique, p. 221-234.

desideri J., 2011.– When Beakers met Bell Beakers, An analysis of dental remains, Oxford, Archaeopress, British Archaeological Reports IS 2292, VI+205 p. + CD Rom.

Olivier Lemercier et alii

202

desideri J., Besse M., 2010.– Swiss Bell Beaker population dynamics : eastern or southern influences ?, Archaeological and Anthropological Sciences, 2, p. 157-173.

desideri J., Besse M., 2012.– De la dent à l’individu, du groupe humain à son histoire : le phénomène campaniforme dans le nord de l’Espagne, Bulletins et mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 24, p. 39-50.

desideri J., price D., Burton J., fullaGar P., Besse M., 2010.– Mobility evidence dur-ing the Bell Beaker period in Western Switzerland through strontium isotope study, American Journal of Physical Anthropology, 141, p. 93.

furestier R., 2007.– Les industries lithiques campaniformes du sud-est de la France, Oxford, John & Erica Hedges Ltd., British Archaeological Report IS 1684, 339 p.

GadBois-lanGeVin R., 2012.– Le Campaniforme en France méditerranéenne : de la Haute-Garonne à la Haute-Savoie. Étude spatiale de l’évolution d’un territoire, mémoire de master 1 de l’uni-versité de Bourgogne, Dijon.

Garcia d. 2006.– Les Celtes de Gaule méditerranéenne. Définition et caractérisation, in : M. szaBó (éd.), Celtes et Gaulois, l’Archéologie face à l’Histoire, 3 : les Civilisés et les Barbares (du ve au IIe siècle avant J.-C.), actes de la Table ronde de Budapest, 17-18 juin 2005, Glux-en-Glenne, Bibracte, Centre Archéologique Européen, Bibracte, 12, 3, p. 63-76.

herMary a., tsetsKhladze G. r. (éd.), 2012.– From the Pillars of Hercules to the Footsteps of the Argonauts, Leuven-Paris-Walpole, Peeters, coll. Colloquia Antica, 4, 404 p.

laBaune M., 2013.– Bell Beaker metal and metallurgy in Western Europe : the case of France, in : P. prieto-Martinez, L. salanoVa (éd.), Proceedings of the 15th International Bell Beaker Conference : From Atlantic to Ural. Meeting 5th-9th May 2011 Poio (Pontevedra, Galicia, Spain), Santiago de Compostela, Galician ArchaeoPots, p. 177-188.

leMercier O., 2004a.– Les Campaniformes dans le sud-est de la France, Lattes, Publications de l’UMR 154 du CNRS-ADAL, coll. Monographies d’Archéologie Méditerranéenne 18, 515 p.

leMercier O., 2004b.– Explorations, implantations et diffusions. Le « phénomène » Campaniforme en France méditerranéenne, Bulletin de la Société préhistorique française, 101, p. 227-238.

leMercier O., 2012a.– Interpreting the Beaker phenomenon in Mediterranean France : an Iron Age analogy, Antiquity, 86, p. 131-143.

leMercier O., 2012b.– Chapter 5. The Mediterranean France Beakers Transition, in : H. foKKens, F. nicolis (éd.), Background to Beakers. Inquiries into the regional cultural background to the Bell Beaker complex, Leyde, Sidestone Press, p. 81-119.

leMercier O., furestier R., GadBois-lanGeVin R., schulz paulsson B., sous presse.– Chronologie et périodisation des campaniformes en France méditerranéenne, Chronologie de la Préhistoire récente dans le sud de la France. Acquis 1992-2012 – Actualités de la recherche, actes des 10e Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Ajaccio, 18-20 oct. 2012.

leMercier O., tchereMissinoff Y., 2011.– Chapitre XIV. Du Néolithique final au Bronze ancien : les sépultures individuelles campaniformes dans le sud de la France, in : L. salanoVa, Y. tchereMissinoff (éd.), Les sépultures individuelles campaniformes en France, Paris, CNRS Éditions, suppl. à Gallia Préhistoire, XLI, p. 177-194.

2 500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en france méditerranéenne

203

nicKels A., 1983.– Les Grecs en Gaule : l’exemple du Languedoc, Modes de contacts et proces-sus de transformation dans les sociétés anciennes, actes du Colloque de Cortone, mai 1981, Pise-Rome, École française de Rome, coll. de l’École française de Rome, 67, p. 409-428.

py M., 1993.– Les Gaulois du Midi. De la fin de l’âge du Bronze à la conquête romaine, Paris, Hachette, coll. La Mémoire du Temps, 288 p.

Vital J., conVertini F., leMercier O., 2012.– Composantes culturelles et premières productions céramiques du Bronze ancien dans le sud-est de la France, Oxford, Archaeopress, British Archaeological Reports IS 2446, XIV + 412 p. + CD Rom annexes : VI + 338 p.