12
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NUMISMATIQUE FRANÇAISE DE NUMISMATIQUE — 25 — publication de la société Française de numismatique 69 e année — n° 2 février 2014 sommaire études et travaux oLiVier (Julien), aUMaÎTre (héloïse) — L’atelier monétaire d’amathonte et la sixième guerre de syrie (170/9-169/8) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 roVeLLi (alessia) — en marge de quelques émissions d’odoacre et de Baduila. Variantes et activité monétaire en italie entre le Ve et le Vie siècle . . . . . . .37 sarah (Guillaume), BaiLLeUL (Jean-paul) — Les monnaies de Melle pendant le règne de charles le chauve (840-877). Un état des connaissances . . . . .46 CorrespondanCes Donné (Jean-pol) et DéaUX (Jean-claude) — Un nouveau type de double tournois de charles Vii à la légende siT noMen Dni BeneDicTVM . . . . .56 charLeT (christian) et henrY (emmanuel) — Deux nouveaux exemplaires inédits de « l’écu de navarre à la cravate », frappé à saint-palais en 1672 . . .58 soCiété compte rendu de la séance du 1er février 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61 nécrologie : romolo Vescovi (1932-2013) (christian charlet) . . . . . . . . . . . . . .62 samedi 1er mars 2014 14 h 30 BnF salle des commissions samedi 5 avril 2014 14 h BnF salle des commissions samedi 3 mai 2014 14 h BnF salle des commissions 6-7 juin 2014 Journées numismatiques Gap prochaines séances

L’atelier monétaire d’Amathonte et la sixième guerre de Syrie (170/9 – 169/8)

  • Upload
    bnf

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉBULLETIN DE LA SOCIÉTÉ

FRANÇAISE DE NUMISMATIQUEFRANÇAISE DE NUMISMATIQUE

— 25 —

publication de la société Française de numismatique

69e année — n° 2 février 2014

sommaire

études et travauxoLiVier (Julien), aUMaÎTre (héloïse) — L’atelier monétaire d’amathonte

et la sixième guerre de syrie (170/9-169/8) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26roVeLLi (alessia) — en marge de quelques émissions d’odoacre et de Baduila.

Variantes et activité monétaire en italie entre le Ve et le Vie siècle . . . . . . .37sarah (Guillaume), BaiLLeUL (Jean-paul) — Les monnaies de Melle pendant

le règne de charles le chauve (840-877). Un état des connaissances . . . . .46

CorrespondanCesDonné (Jean-pol) et DéaUX (Jean-claude) — Un nouveau type de double

tournois de charles Vii à la légende siT noMen Dni BeneDicTVM . . . . .56charLeT (christian) et henrY (emmanuel) — Deux nouveaux exemplaires

inédits de « l’écu de navarre à la cravate », frappé à saint-palais en 1672 . . .58

soCiétécompte rendu de la séance du 1er février 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61nécrologie : romolo Vescovi (1932-2013) (christian charlet) . . . . . . . . . . . . . .62

samedi 1er mars 201414 h 30

BnF salle des commissions

samedi 5 avril 201414 h

BnF salle des commissions

samedi 3 mai 201414 h

BnF salle des commissions

6-7 juin 2014Journées numismatiques

Gap

prochaines séances

oLiVier (Julien) (1), aUMaÎTre (héloïse) (2) — l’atelier monétaire d’amathonte etla sixième guerre de syrie (170/9-169/8) (3).

alors que l’île de chypre dispose d’une tradition monétaire depuis le Vie siècle, sonintégration dans le monde hellénistique, et particulièrement au sein du royaume pto-lémaïque, entraîne de profondes modifications dans l’organisation de ses productionsmonétaires. Des huit ateliers connus en fonctionnement à l’époque classique, seuls troisont maintenu des émissions conséquentes : salamine, Kition et paphos. ces centres ontnotamment frappé de grandes quantités de tétradrachmes à partir de la fin des années190 (4).

Quelques rares tétradrachmes, émis au début des années 160, révèlent l’existenced’un quatrième atelier basé à amathonte. La découverte récente de deux nouveaux exem-plaires (n° 2 et 4 du catalogue) nous amène à revenir sur cette production chypriotesingulière.

afin de mieux comprendre ce monnayage, nous évoquerons brièvement les prin-cipales caractéristiques de cette cité chypriote depuis l’époque classique jusqu’audéclenchement de la sixième guerre de syrie. ce conflit et les vastes réorganisationsdes productions monétaires qui en découlent forment le paysage dans lequel s’inscritla modeste émission amathousienne.

amathonte : une cité au cœur des enjeux chypriotes Fondée par une population « autochtone » (5) au Xie siècle, amathonte est située

sur la côte sud de l’île de chypre (6). sa position portuaire stratégique a grandementcontribué à faire d’amathonte une cité au paysage culturel extrêmement riche, parti-culièrement influencée par les cultures égyptienne et hellénique. Le royaumed’amathonte, qui se forme vers la moitié du Viiie siècle, passera avec ses homologueschypriotes sous domination perse à la fin du Vie siècle, avant d’être finalement inté-gré au royaume ptolémaïque au début du iiie siècle.

L’ouverture de l’atelier d’amathonte aux alentours du milieu du Ve siècle, est plustardive au regard des autres royaumes de l’île, certains d’entre eux disposant d’une tra-dition monétaire dès la fin du Vie siècle (7). Les frappes amathousiennes s’inscrivent

1. aTer en histoire à l’Université d’orléans, iraMaT-ceB (UMr 5060, cnrs – Universitéd’orléans) ; [email protected].

2. étudiante de Master 2 en archéologie à l’Université d’aix-Marseille ; [email protected]. nous remercions a. Destrooper-Georgiadès, e. carlen et c.c. Lorber pour leurs relectures atten-

tives et leurs commentaires. Toute erreur demeure de la seule responsabilité des auteurs.4. sauf mention contraire, toutes les dates indiquées sont avant notre ère.5. Théopompe, FGrH 115, F 103, 38 ; pseudo-scylax, Periplus, 103 (GGM i, p. 77-78).6. pour un aperçu du site : a. herMarY, « Les fouilles françaises d’amathonte », dans Kinyras :

L’archéologie française à Chypre, Table ronde tenue à Lyon, 5-6 novembre 1991, Lyon, 1993,p. 167-193 ; p. aUperT (dir.), Guide d’Amathonte, paris, 1996.

7. concernant les émissions monétaires à chypre : e. MarKoU, L’or des rois de Chypre : numis-matique et histoire à l’époque classique, athènes, 2011 ; a. DesTrooper-GeorGiaDÈs,«The cypriote coinage during the 4th century B.c. : unified or chaotic evolution in the helle -

— 26 —

études et travaux

dans le contexte monétaire chypriote du Ve siècle, caractérisé par une production demonnaies d’argent basée sur un étalon commun, le sicle d’argent (c. 11,20 g). au iVesiècle amathonte opte pour un nouvel étalon monétaire, dit « rhodien » (tétradrachmesde c. 14,20 g).

suite à la soumission de l’île à alexandre iii en 332, amathonte frappe au nom duconquérant un numéraire d’argent (8). À cette occasion, les huit ateliers chypriotes iden-tifiés (9) adoptent de concert l’étalon attique ainsi que les types choisis par le Macédonien.

La disparition d’alexandre iii en 323 fait naître des rivalités entre les diadoques :deux d’entre eux, ptolémée et antigone, vont se disputer l’île de chypre. en 321, unjeu d’alliances divise pour la première fois chypre en deux camps et amathonte se rangeaux côtés de ptolémée. en 312, ce dernier contrôle l’île de chypre et dissout progres-sivement les royaumes chypriotes.

pendant toute la durée de ces événements, de 323 à 312, alors que des frappes moné-taires sont connues pour la plupart des royaumes, aucune n’est actuellement attribuéeau dernier roi d’amathonte, androklès. ainsi, les frappes amathousiennes au nomd’alexandre iii seraient les dernières attestées pour cet atelier, dont la fermeture inter-vient pour près de 150 ans, jusqu’au règne conjoint de ptolémée Vi et Viii, en 170.

amathonte ne disparaît pourtant pas du paysage chypriote : suite à la conquête del’île en 306 par Démétrios, fils d’antigone, le palais d’amathonte accueille les repré-sentants antigonides. c’est probablement à cette époque que débutent les travaux deconstruction du port externe et de sa muraille (10), destinés à faire d’amathonte unebase navale d’importance tournée non seulement vers l’égypte, mais également versla Koïlé-syrie. Que ces aménagements aient été commandités par Démétrios ouptolémée, qui intègre définitivement l’île de chypre à son royaume en 294, il est clairqu’ils ne furent pas poursuivis du moment que la domination ptolémaïque ne fut plusremise en cause : peu à peu le port externe s’ensable. amathonte semble tout demême avoir accueilli une garnison lagide au cours du iiie siècle (11). ce relatif désin-

nistic period? », dans From Evagoras I to the Ptolemies. The transition from the Classical tothe Hellenistic period in Cyprus. Proceedings of the international archeological conference,Nicosia, 29-30 November 2002, nicosie, 2007, p. 265-281. sur amathonte : M. aManDrY,« Le monnayage d’amathonte », dans Amathonte I. Testimonia I. Auteurs anciens – Monnayage– Voyageurs – Fouilles – Origines – Géographie, paris, 1984 (études chypriotes iV), p. 57-76.

8. M. aManDrY, ibid. n. 7, p. 64-65, p. 75-76, fig. 20 (134).9. il s’agit de salamine, paphos, Kition, Lapéthos, Marion, Kourion et soloi.10. J.-Y. eMpereUr, «  Le port hellénistique d’amathonte  », dans V. KaraGeorGhis,

D. MichaeLiDes (éds.), Cyprus and the Sea, nicosie, 1995, p. 131-137 ; c. BaLanDier,«Les ouvrages fortifiés et la défense de chypre à la transition des époques classique et hel-lénistique : une évolution du réseau défensif aux iVe et iiie siècles avant J.-c. ? », dans FromEvagoras I …, ibid. n. 7, p. 145-159 ; p. aUperT, « amathonte hellénistique et impériale : l’ap-port des travaux récents », CEC, 39, 2009, p. 25-48.

11. Des épitaphes de mercenaires appartenant à une garnison ptolémaïque ont été retrouvées àamathonte : i. MichaeLiDoU-nicoLaoU, Prosography of Ptolemaic Cyprus, Gothembourg,1976, p. 37 n° 76, p. 47 n° 1 et 2, p. 60 n° 39, p. 65 n° 7, p. 76 n° 48, p. 77 n° 55, p. 81 n°12, p. 88 n° 37, p. 94 n° 44, p. 98 n° 29, p. 122 n° 3. La tombe 26 des fouilles suédoises aété interprétée comme celle d’un haut fonctionnaire lagide du iiie siècle : e. GJersTaD, J. Lin-Dros, e. sJÖQVisT, a. WesThoLM, The Swedish Cyprus Expedition, Finds and results ofthe excavations in Cyprus, 1927-1931, Vol ii : Text, stockholm, 1935, p. 136-141. parmi leshuit stèles peintes de type macédonien, datées du iiie siècle, deux commémorent probable-ment des mercenaires : D.a. parKs, « alexandrian elements in cypriot Burial customs of the

— 27 —

téressement de la part des premiers ptolémées n’est pas propre à amathonte. si chyprereste importante du fait de ses ressources et de sa position géographique, le glacisprotecteur koïlé-syrien concentre longtemps l’attention des rois d’alexandrie.

Un regain d’intérêt pour chypre intervient cependant durant le dernier quart du iiiesiècle pour se confirmer dans les premières années du iie siècle, suite à la perte desterritoires du Levant. Dernier bastion à l’est, elle seule peut désormais sécuriser l’es-pace maritime autour d’alexandrie. L’administration royale de l’île est renforcée, la flottey est basée et des travaux de fortification des villes portuaires chypriotes, dont amathonte,sont entrepris (12).

Catalogue et discussionc’est précisément à cette époque, à partir de la fin des années 190, que trois cités

de chypre initient un important monnayage de tétradrachmes accompagné de quelquesmnaieia (pièces d’or de 27,8 g). ces productions sont bien localisées dans les ateliersde salamine, Kition et paphos et datées selon une ère royale. À cela, il faut ajouter unquatrième monnayage de tétradrachmes, dit à l’ère incertaine, dont la localisationainsi que la datation ont été très discutées. Les dernières hypothèses le placent réso-lument à chypre, en tout cas pour les années 193/2 à 171/0 (13).

c’est dans ce contexte qu’un monnayage aux monogrammes inconnus apparaît.constitué uniquement de tétradrachmes aux types lagides habituels, ces émissionssont datées de l’an 1 et de l’an 2.

5 exemplaires.au droit : tête de ptolémée i diadémé portant l’égide à droite.au revers : ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΒΑΣIΛΕΩΣ, aigle debout sur un foudre à gauche.

hellenistic and roman periods », Egypt and Cyprus in Antiquity : proceedings of the inter-national conference, Nicosia, 3-6 April 2003, nicosie, 2009, p. 234-241.

12. sur l’administration de l’île : r.s. BaGnaLL, The Administration of Ptolemaic Possessions out-side Egypt, Leyde, 1976, p. 45-49, p. 252-262 ; p. Keen, Land of Experiment: The Ptolemiesand the Development of Hellenistic Cyprus, 312-58 BCE, thèse de doctorat dirigée para. Bresson, Université de chicago, 2012, p. 50 et suivantes. sur les fortifications : c. BaLan-Dier, « The defensive network of cyprus at the hellenistic period and during the first cen-turies of the roman empire (3rd century B.c.-3rd century a.D.) », RDAC, 2002, p. 323-338.sur la flotte : h. haUBen, « cyprus and the ptolemaic navy », RDAC 1987, p. 213-226.parallèlement, l’activité maritime commerciale à amathonte reprend une nouvelle ampleurau iie siècle : a. MaranGoU, « amphores hellénistiques d’amathonte », CEC, 39, 2009,p. 347-363

13. o. MØrKhoLM, « The ptolemaic coins of an Uncertain era », Nordisk Numismatisk Arsskrift,1975-1976, p. 52-57 attribue ces monnaies à la cité d’arados. cette hypothèse a depuis étécontredite par F. DUYraT, Arados hellénistique : étude historique et monétaire, paris, 2005,p. 266-272. Les tétradrachmes qui nous concernent ici ont été placés à chypre par c.c.LorBer, « The ptolemaic era coinage revisited », NC, 167, 2007, p. 105-117 et J. oLiVier,Archè et Chrémata en Égypte au IIe siècle avant J.-C. (204-81 av. J.-C.). Étude de numisma-tique et d’histoire, Thèse d’histoire, université d’orléans, 2012, p. 573-578. ces trois étudess’accordent à réintégrer ces numéraires dans le royaume ptolémaïque. pour la datation, noussouscrivons aux hypothèses de r.a. hazzard qui identifie l’ère de sôter : r.a. haZZarD, «TheTyre hoard of 1955 : IGCH 1551 », Cornucopiae, 3, 1975, p. 57-63 ; r.a. haZZarD, M.p.V.,FiTZGeraLD, « The regulation of the ptolemaieia : a hypothesis explored », Journal of theRoyal Astronomical Society of Canada, 85/1, 1991, p. 6-23.

— 28 —

TétradrachmesL a : an 1 = 170/69 (sv. 1372). couronne d’osiris dans le champ gauche,

dans le champ droit

1 D 1 r 1 Londres, BM, BMC 71, 37 (sv. 1372 α). 12,74 g, 25 mm, 12 h (pl. 1).

L B : an 2 = 169/8 (sv. 1373 var.). Thyrse à bandelettes dans le champ gauche, mono-gramme dans le champ droit

2 D 2 r 2 coll. carlen, princeton ; Gemini V, 6 janvier 2009, 737 (ex. coll. D.h.Doswell, Decatur, illinois). Monogramme (?) dans le champ droit,14,05 g, 27 mm, 12 h. revers tréflé. (pl. 2).

3 D 2 r 2 nicosie, Trésor de Galatia 1939, Vii-25, 114. Monogramme précédentretouché en (15) dans le champ droit, 14 g, 25 mm, 12 h (pl. 3).

14. Le fond de carte a été réalisé par T. Faucher dans le cadre du programme nomisma dirigé parM.-c. Marcellesi et financé par l’agence nationale de la recherche de 2007 à 2010(http://www.nomisma.paris-sorbonne.fr).

15. ce monogramme a été restitué de manière un peu différente par o. MØrKhoLM, a. Kro-Mann, « The ptolemaic silver coinage in cyprus 192/1-164/3 B.c. », Chiron,14, 1984,p. 162 : .

— 29 —

Fig. 1 : Les ateliers monétaires de chypre sous les ptolémées au iie siècle (14)

L B : an 2 = 169/8 (sv. 1373). Thyrse à bandelettes dans le champ gauche, dansle champ droit

4 D 3 r 3 Marseille, cabinet des Monnaies et des Médailles, 2011-620. 13,39 g,25 mm, 12 h (pl. 4).

5 D 3 r 3 osnabrück (sv. 1373 α). 13,92 g (pl. 5).

Malgré le petit nombre d’exemplaires, les deux identités de coins de revers tendentà assurer la modestie de la production. L’attribution de ce petit ensemble à l’atelierd’amathonte est ancienne et n’a jamais été démentie (16). L’origine chypriote de cesmonnaies est difficilement contestable ; le style des pièces, leur datation selon une èreroyale et la présence d’un exemplaire dans le trésor de Galatia (IGCH 1474), parmi denombreux tétradrachmes contemporains émis sur l’île, ne laissent guère de doutes àce sujet.

Les cinq exemplaires connus ne présentent pas moins de trois monogrammes dif-férents : un pour l’an 1 et deux pour l’an 2. Tous comportent les lettres a et M (17). Letout premier, daté de l’an 1, ajoute un Θ qui confirme un peu plus l’attribution. Deuxdes tétradrachmes de l’an 2 (sv. 1373 var.), qui ont pourtant été frappés avec les mêmescoins de droit et de revers, présentent aussi des monogrammes différents. Le monogrammede l’exemplaire de la collection carlen, semble être le même que pour le tétradrachmede l’an 1 : . ce monogramme a été regravé comme nous pouvons l’observer surl’exemplaire du trésor de Galatia : .

concernant la datation exacte, l’identification des ans 1 et 2 peut poser des diffi-cultés. Deux possibilités sont envisageables :

1. l’an 1 et 2 du règne de ptolémée Vi seul en 181/0 et 180/79. 2. l’an 1 et 2 du règne conjoint de ptolémée Vi, ptolémée Viii et cléopâtre ii en

170/69 et 169/8. De ce point de vue, la comparaison stylistique avec les monnaies de l’île est par-

ticulièrement utile. on peut observer des caractères communs entre les différentsaigles des émissions de l’an 7 (= 175/4) de Kition (pl. 6) et les exemplaires sv. 1373(pl. 4 et 5), ainsi qu’entre l’an 3 (= 168/7) de paphos (pl. 7) et les exemplaires sv. 1373var. (pl. 2 et 3). Le portrait si particulier des tétradrachmes sv. 1373 var. se retrouve éga-lement sur ceux de Kition à partir de l’an 7.

Les symboles présents dans le champ gauche de ces monnaies d’amathonte, la cou-ronne d’osiris et le thyrse à bandelettes, s’insèrent parfaitement dans les autres sériesdes mêmes années :

16. r.s. pooLe, Catalogue of the Greek coins in the British Museum : the Ptolemies, kings of Egypt,Londres, 1883, p. 71, n° 37 : J.n. sVoronos, Τα νομίσματα του κράτους των Πτολεμαίων,athènes, 1904 i, cols. 360-362 : sv. 1372-1373 ; o. MØrKhoLM, a. KroMann, ibid. n.15, p. 152 et 162 ; M. aManDrY, ibid. n. 7, p. 65 et 76.

17. pour le monogramme , le a se situerait dans la partie inférieure même si la barre horizontaleest peu visible du fait de la regravure du coin. sur le nombre des monogrammes, ce type detâtonnements n’est pas sans précédent : Le ΠA de l’atelier de paphos n’est définitivement fixéque plusieurs décennies après l’inauguration du monnayage au iie siècle : o. MØrKhoLM,a. KroMann, ibid. n. 15, p. 152.

— 30 —

Fig. 2 : Les symboles sur les monnaies chypriotes entre 181/0 et 168/7 (18)

enfin, alors qu’un tétradrachme de Kition de l’an 1 daté de 170/69 est attesté,aucune pièce de l’an 1 du règne de ptolémée Vi seul n’est à ce jour connue.

Tous ces éléments engagent fermement à privilégier une datation basse pour les mon-naies d’amathonte, en 170/69 et 169/8.

amathonte et la sixième guerre de syrie (170-168)ptolémée Vi a seulement six ans lorsqu’il monte sur le trône d’égypte en 180.

après une brève régence de cléopâtre i, le pouvoir revient en 176 à eulaios et Lénaios,tuteurs du jeune roi (19). La reconquête de la province perdue de Koïlé-syrie, alors sousdomination séleucide, paraît avoir été au cœur de leur politique : le conflit fut anticipé,d’abord à alexandrie, puis, en réaction, à antioche (20).

Dans ce contexte, Diodore et polybe évoquent l’accumulation de richesses métal-liques par les dirigeants égyptiens (21). L’observation des productions monétaires deces années confirme l’idée de vastes préparatifs en vue d’une campagne contreantiochos iV (22). L’étude de coins des tétradrachmes chypriotes permet d’observer unehausse sensible des capacités de production de l’île entre 173/2 et 171/0.

sans que l’on puisse être aussi précis quant à la date, il semble avéré que cette période

18. Les ateliers sont signalés par leur initiale  : s = salamine, K = Kition, p = paphos et a =amathonte. certains symboles sont présents sur des émissions datées de la même annéemais issues de plusieurs ateliers. Dans ce cas, les lettres représentant le nom des cités sontsimplement accolées dans la même case.

19. G. hÖLBL, A history of the Ptolemaic empire, Londres / new York, 2001, p. 143-144.20. ii Mac., 4, 21. e. WiLL, Histoire politique du monde hellénistique (323-30-av. J.-C.), ii, nancy,

1967, p. 313-315 ; D. Gera, Judaea and Mediterranean Politics, 219 to 161 B.C.E., Leyde,1998, p. 122-123.

21. Diodore, XXX, 16 ; polybe, XXVii, 13. 22. Les données quant aux productions monétaires lagides sont issues de : J. oLiVier, ibid.

n. 13, p. 730-734 ; l’étude de coins complète des monnaies à l’ère incertaine provientd’e. carLen, « The final phase coinage of ΠTOΛEMAIOY ΣΩTHPOΣ tetradrachms datedaccording to an uncertain era », soumis à l’American Journal of Numismatics.

— 31 —

Différent / Année

181/

0

180/

79

179/

8

178/

7

177/

6

176/

5

175/

4

174/

3

173/

2

172/

1

171/

0

170/

69

169/

8

168/

7

Corne d'abondance S K

Couronne d'Osiris S S K S K S K A

Couronne diadémée

Couronne d'Isis S S

Deux bonnets des Dioscures S S S S S

Etoile S P P

Pétase diadémé S S S S S

Thyrse à bandelettes S A

Aucun symbole K P K P K P K P K P P P P P P P

est également marquée par d’importantes émissions de tétradrachmes à alexandrie(sv. 1489) (23).

afin de compléter ce dispositif, l’unité de la dynastie lagide est mise en scène parle mariage de ptolémée Vi avec sa sœur cléopâtre ii ainsi que l’association au trônede leur jeune frère, ptolémée Viii (24). ce réaménagement dynastique donne lieu à l’inau-guration d’une nouvelle ère royale qui débute en 170/69 (25).

Les opérations militaires proprement dites démarrent peu après, vers la fin de l’an-née 170. Bien que la défaite lagide soit quasi immédiate, le conflit se déroule en deuxphases, chacune marquée par une invasion séleucide de la vallée du nil : en 169 puisen 168. Le détail des opérations est brièvement rappelé dans le tableau ci-dessous.

23. Dans le camp séleucide, à arados, F. DUYraT, ibid. n. 13, p. 249-250 remarque une aug-mentation sensible des frappes de drachmes au type d’éphèse entre 172/1 et 169/8 ; elle pro-pose de relier ce mouvement aux préparatifs de la sixième guerre de syrie. Une augmenta-tion similaire est signalée à antioche entre c. 173/2 et c. 169/8 : o. MØrKhoLM, Studiesin the Coinage of Antiochus IV, copenhague, 1963, p. 37-38 ; G. Le riDer, Antioche de Syriesous les Séleucides. Corpus des monnaies d’or et d’argent, paris, 1999, p. 228 ; a. hoUGh-Ton, c.c. LorBer, o.D. hooVer, Seleucid Coins. A comprehensive Catalogue. part ii,Lancaster / Londres, 2008, p. 61-62.

24. porphyre, FGrHist. 260 F 2.7. 25. La modification du comput royal affecte également les formules légales de datation des papy-

rus : p.W. pesTMan, La chronologie égyptienne d’après les textes démotiques (Pap.Lugd.Bat15), Leyde, 1967, p. 48-51.

— 32 —

Fig. 3 : Les productions de tétradrachmes à chypre entre 176/5 et 168/7

Fig. 4 : chronologie de la sixième guerre de syrie (26)

L’île de chypre n’apparaît dans les sources qu’au cours de la seconde séquence desopérations. pourtant, les monnaies laissent entrevoir un profond remaniement de l’en-semble des productions de l’île dès 170/69 avec en premier lieu une diminution sen-sible du niveau des frappes. cette baisse est le fait de la disparition brutale de la sérieà l’ère incertaine qui représentait alors les deux tiers des frappes de l’île. L’inaugurationde la production d’amathonte ne compense que très partiellement cette baisse.

L’étude de ces monnaies a bien montré qu’elles s’inscrivaient parfaitement dans lepaysage monétaire chypriote. La coordination des frappes, et donc l’ouverture d’un nou-vel atelier, relève ainsi vraisemblablement d’une politique centrale décidée au moinsau niveau de l’île, probablement sous l’impulsion du stratège ptolémée Makron (27).Malgré cela, amathonte diffère des trois autres ateliers de l’île car il s’agit d’un centrede production ad hoc ouvert à l’occasion d’un conflit (28).

26. pour un récit détaillé du conflit, D. Gera, ibid. n. 20, p. 129-148, p. 161-174.27. cette politique de la production monétaire au niveau de l’île de chypre a déjà été repérée

au cours du iie siècle  : J. oLiVier, ibid. n. 13, p. 484-487 ; J. oLiVier, p. Keen, « neapaphos as ptolemaic Mint and administrative center », dans Nea Paphos, fondation et déve-loppement urbanistique d’une ville chypriote de  l’antiquité à nos  jours. Études archéolo-giques, historiques et patrimoniales, 30-31 octobre 2012, Université d’Avignon, catane, souspresse.

28. o. MØrKhoLM et a. KroMann, ibid. n. 15, p. 152 avaient interprété l’atelier d’amathontecomme un atelier de remplacement de celui de paphos, qui à leur connaissance cessait deproduire durant ces années. La découverte de nouveaux tétradrachmes de paphos a rendu cettehypothèse caduque.

— 33 —

année

5 octobre 170 - 3 octobre 169 = an 12 de ptolémée Vi,

puis an 1 de ptolémée Vi, ptolémée Viii et cléopâtre ii

4 octobre 169 - 3 octobre 168= an 2 de ptolémée Vi,

ptolémée Viii et cléopâtre ii

événements

hiver 170/69 : défaite lagide dans le sinaï.

avril 169 (au plus tard) : antiochos iV conquiert Memphis.

printemps 169 : négociations entre antiochos iV et ptoléméeVi à Memphis. ptolémée Viii et cléopâtre ii accusent leurfrère de trahison et s’enferment dans alexandrie.

Fin du printemps, début de l'été 169 : antiochos iV assiègealexandrie.

eté 169 : ptolémée Viii et cléopâtre ii envoient une ambas-sade à rome depuis alexandrie.

automne 169 : antiochos iV rentre en syrie mais il conserveune garnison à péluse. réconciliation des souverains lagides.

printemps ou été 168 : invasion séleucide de chypre.

Juin 168 : antiochos iV envahit l'égypte une seconde fois ets’apprête à mettre le siège devant alexandrie.

31 juillet 168 : antiochos iV quitte l'égypte puis chypre surinjonction romaine.

Les années de préparation de la sixième guerre de syrie sont conformes au schémad’une intervention ptolémaïque au Levant avec en parallèle une importante produc-tion à chypre et à alexandrie. Toutefois, la défaite militaire lagide dans le sinaï, dèsl’hiver 169, réduit à néant l’espoir d’une guerre offensive. Dans ce contexte, nousserions tentés d’interpréter le réaménagement des frappes chypriotes comme la consé-quence d’un changement de stratégie : la préparation d’une offensive laisse place à lamise en défense de l’île.

Les quatre ateliers de salamine, Kition, amathonte et paphos sont aussi des placesfortifiées disposant de garnisons militaires (29). amathonte dispose à ce titre de plu-sieurs atouts : la cité, enserrée d’une muraille, coupe la route côtière est-ouest menantde Kition à paphos. elle est, tout comme paphos, un point de départ idéal pour rejoindrealexandrie par voie maritime en seulement deux nuits (30). alors que tout indique quela capitale égyptienne demeure accessible par la mer lors du siège séleucide de 169,les ports chypriotes comme paphos ou amathonte acquièrent une position stratégiquede première importance (31). D. Gera admet d’ailleurs que cette fonction peut être unedes explications de l’invasion de l’île par les troupes séleucides en 168 : « it is evenmore likely that antiochus wanted to isolate alexandria more effectively than in theprevious campaigning season » (32). si l’on accepte ce schéma, l’inauguration d’uneproduction à amathonte l’année du siège d’alexandrie a du sens.

Le détail des opérations de l’invasion de 168 ainsi que l’ampleur de la défaitelagide sont mal connus. il est généralement admis que la totalité de l’île passe rapidementaux mains séleucides. D’après les sources, antiochos envoie une flotte à chypre. sestroupes remportent une bataille et l’île est soumise au pillage alors que le stratègelagide, ptolémée Makron, fait défection (33).

Les trouvailles numismatiques tendent à confirmer ce scénario. alors que seul untrésor monétaire est documenté pour tout le iiie siècle, pas moins de trois, et peut-êtrequatre trésors d’argent lagides sont connus pour la décennie 160 (34). Le règne séleu-cide est également matérialisé sur deux modules de bronze ptolémaïques chypriotespar l’apposition d’une contremarque à l’ancre. sur certains de ces bronzes, la légendeΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ a été effacée directement sur la monnaie ou bien sur le coin de

29. r.s. BaGnaLL, ibid. n. 12, p. 49-57.30. J.-Y. eMpereUr, ibid. n. 10, p. 135. sur les liens entre les ateliers d’alexandrie et de paphos :

J. oLiVier, p. Keen, ibid. n. 27.31. Durant le siège, ptolémée Viii et cléopâtre ii sont en mesure d’envoyer une ambassade à rome

(Tite-Live, XLiV, 19, 6-12) et des ambassades étrangères semblent débarquer à alexandrie sanssouci particulier (polybe, XXViii, 19, 2-5).

32. D. Gera, ibid. n. 20, p. 167.33. polybe, XXiX, 27, 10 ; ii Macc., 10, 12-13. ; Tite-Live, XLV, 11, 9. La nature de l’engagement,

sur terre ou sur mer, n’est pas connue, à ce sujet : D. Gera, ibid. n. 20, n. 158, p. 167.34. au iiie siècle : ora (IGCH 1479), c. 217. Vers 168 : chypre (CH 8.372), chypre 1982 (CH

10.296 ; CH 8.430 = CH 8.438). À cela il convient d’ajouter le trésor de Bucarest dont l’ori-gine chypriote est probable. enfin, le trésor de Galatia (IGCH 1474) doit avoir été enfoui vers162/1. néanmoins, cette date ne tient que du fait de la présence d’un tétradrachme de paphosde cette année à l’aspect et à la patine très différents des autres exemplaires. sans cetteunique pièce, l’enfouissement de ce lot doit être placé vers 168. Bien qu’a. WiLson, RDAC1937-1939, 1951, p. 204-205 émette quelques doutes quant à l’uniformité de l’ensemble, rienne permet actuellement de trancher cette question.

— 34 —

— 35 —

35. a. hoUGhTon et alii,  ibid. n. 23, vol. 1, p. 53 ; c. LorBer, « ptolemaic Bronzes ofantiochus iV », Revue belge de numismatique, cLiii, 2007, p. 31-44.

36. c.c. LorBer, « The Lotus of aphrodite on ptolemaic Bronzes », Revue suisse de numisma-tique, 80, 2001, p. 46-48 ; a. hoUGhTon et alii, ibid. n. 23, vol. 2, p. 208.

37. o. caLLoT, Salamine de Chypre XVI. Les monnaies. Fouilles de la ville 1964-1974, paris, 2004,p. 17, n° 36-39, pl. 11.

Légende de la planche :Les monnaies sont à l’échelle 1.1-5. Les n° sont identiques aux n° 1 à 5 du catalogue (n° 2, cliché e. carlen ; n° 3, cliché T. Faucher ;

n° 4, cliché h. aumaître).6. paris, BnF, Luynes 3586 (sv. 1355 δ). 14,27 g, 28 mm, 12 h (cliché T. Faucher).7. Münzen & Medaillen 30, 28 mai 2009, 1136. 13,56 g (cliché M & M).

revers, ce qui, dans le second cas, sous-entend une frappe séleucide sur l’île (35). cesmonnaies ont surtout été découvertes en syrie, plus particulièrement à antioche, et nonpas à chypre. c.c. Lorber a émis l’hypothèse d’une saisie massive de ce monnayageau cours de l’invasion (36). enfin, les fouilles de salamine ont révélé quatre monnaiesde bronze séleucides, dont trois d’antiochos iV frappées en syrie du nord (37).

38. cf. n. 34.39. Un exemplaire connu : Munzen & Medaillen 30, 28 mai 2009, 1136.

— 36 —

Bien que remarquable, ce dernier indice de la présence séleucide est toutefoislimité au cas de salamine. Dans l’état actuel de nos connaissances, les fouilles deKition, Kourion, amathonte ou paphos n’ont à ce jour révélé ni pièce d’antiochos iV,ni même le moindre exemplaire séleucide. De même, l’archéologie n’a pas fourni depreuve d’une conquête violente d’une de ces cités à cette époque. Dans le mesure oùil apparaît certain que des troupes syriennes ont posé le pied à chypre, il est satisfai-sant d’en relever des preuves à salamine, ancienne capitale de l’île tournée vers la syrie.enfin, si la datation du trésor de Galatia en c. 168 peut être renforcée, son enfouisse-ment dans la péninsule du Karpas, au nord-est de salamine, ajoute un sérieux élément(38). Mais qu’en est-il des cités du sud de l’île ?

nous ne possédons à ce jour aucune monnaie de salamine et Kition pour l’année168/7. L’arrêt temporaire de ces frappes, et celui définitif à amathonte la même année,peut amener à envisager une conquête séleucide. pourtant, paphos poursuit ses frappessans rupture apparente en l’an 3 = 168/7 avec un exemplaire issu du même coin dedroit que l’année 169/8 (39). De plus, il n’est pas rare que les ateliers de l’île cessentde frapper monnaie pour une ou plusieurs années. ainsi, rien ne s’oppose à ce que cesoit simplement la cessation des hostilités qui ait entraîné la fermeture de l’atelierd’amathonte, devenu superflu une fois les troupes séleucides évacuées.

Conclusion La modeste production de tétradrachmes d’amathonte s’inscrit parfaitement dans

les émissions plus conséquentes des trois autres ateliers réguliers de chypre. elle paraîtrépondre à une situation de crise du fait de la défaite des armées lagides dès les pre-mières semaines de la sixième guerre de syrie. L’ouverture de ce nouveau centre deproduction pourrait ainsi correspondre à la mise en défense de l’île tant pour elle-mêmeque pour assurer le ravitaillement d’alexandrie assiégée. La conquête de la totalité del’île par les troupes d’antiochos iV a jusqu’ici toujours semblé être une évidence.pourtant, si la réalité d’une opération militaire est confirmée tant par les textes que pardes preuves numismatiques, l’ampleur du succès n’est pas explicite : aucun élémentn’atteste de la chute de paphos, amathonte ou Kition. en l’état actuel de nos connais-sances, nos propositions ne peuvent pas être simplement substituées au récit traditionnelde cet épisode de la sixième guerre de syrie. elles reposent sur une documentationarchéologique et numismatique parcellaire ainsi que sur des arguments a silentio.Toutefois, elles appuient un scénario alternatif, non moins plausible que le précédentet qui a l’avantage de ne contredire aucune source en même temps que de relativiserl’idée d’un effondrement total du pouvoir ptolémaïque à chypre.