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La dynamique spatiale des march´ es locaux de l’emploi au sein du champ m´ etropolitain de Qu´ ebec, 1981–2001 R ´ EMY BARBONNE Laboratoire d’Analyse Spatiale et d’ ´ Economie R´ egionale (LASER), INRS – Urbanisation, Culture et Soci´ et´ e, Montr´ eal, Qu´ ebec, H2X 1E3 (courriel: [email protected]) PAUL VILLENEUVE Centre de recherche en am´ enagement et d´ eveloppement (CRAD), Universit´ e Laval, Qu´ ebec, Qu´ ebec, G1K 7P4 (courriel: [email protected]) MARIUS TH ´ ERIAULT Centre de recherche en am´ enagement et d´ eveloppement (CRAD), Universit´ e Laval, Qu´ ebec, Qu´ ebec, G1K 7P4 (courriel: [email protected]) Spatial Dynamics of Local Labour Markets in the Qu´ ebec City Metropolitan Field, 1981–2001 This research analyzes the spatial dynamics (from 1981 to 2001) of local labour markets at an infra-regional scale, namely the Qu´ ebec metropolitan field, with particular emphasis on interactions between the metropolitan region and its hinterland. It seeks to better understand the factors underlying this evolution. Centrographic analyses were performed to characterize the evolution of the spatial configuration of local labour markets (displacement of gravity centre, shape change, evolution of dispersion indices and of workforce preferential distribution axes). Between 1981 and 2001, almost all employment poles experienced an increase in the mean-distance tied to their recruitment area, that being particularly true for peri-metropolitan poles which employ an increasing part of their workforce inside the metropolitan labour basin, where a more qualified and diversified labour force is available; thus, giving Cet article vise premi` erement ` a analyser la dynamique spatiale (1981–2001) des march´ es locaux de l’emploi ` a une ´ echelle infra-r´ egionale (champ etropolitain de Qu´ ebec), en mettant particuli` erement l’accent sur les interactions entre la egion m´ etropolitaine et son arri` ere-pays et, deuxi` emement, ` a mieux comprendre les d´ eterminants de cette ´ evolution. Des analyses centrographiques permettent, dans un premier temps, de caract´ eriser l’´ evolution de la configuration spatiale des diff´ erents bassins de main-d’œuvre (d´ eplacement de leur centre de gravit´ e, ´ evolution de leur forme, des indices de dispersion et des axes de r´ epartition pr´ ef´ erentielle de leur main-d’œuvre). Entre 1981 et 2001, presque tous les pˆoles d’emploi connaissent un accroissement de la distance-moyenne associ´ ee ` a leur aire de recrutement, particuli` erement lespˆoles erim´ etropolitains qui recrutent une proportion grandissante de leur main-d’œuvre au sein de l’aire etropolitaine, o` u ils peuvent trouver une main The Canadian Geographer / Le G´ eographe canadien 51, no 3 (2007) 303–322 C / Canadian Association of Geographers / L’Association canadienne des g´ eographes

La dynamique spatiale des marchés locaux de l'emploi au sein du champ métropolitain de Québec, 1981-2001

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La dynamique spatiale des marches locaux del’emploi au sein du champ metropolitain de Quebec,1981–2001

REMY BARBONNELaboratoire d’Analyse Spatiale et d’Economie Regionale (LASER), INRS – Urbanisation, Culture et Societe, Montreal, Quebec, H2X 1E3

(courriel: [email protected])

PAUL VILLENEUVECentre de recherche en amenagement et developpement (CRAD), Universite Laval, Quebec, Quebec, G1K 7P4 (courriel: [email protected])

MARIUS THERIAULTCentre de recherche en amenagement et developpement (CRAD), Universite Laval, Quebec, Quebec, G1K 7P4 (courriel: [email protected])

Spatial Dynamics of Local Labour Markets in theQuebec City Metropolitan Field, 1981–2001

This research analyzes the spatial dynamics (from1981 to 2001) of local labour markets at aninfra-regional scale, namely the Quebec metropolitanfield, with particular emphasis on interactionsbetween the metropolitan region and its hinterland. Itseeks to better understand the factors underlying thisevolution. Centrographic analyses were performed tocharacterize the evolution of the spatial configurationof local labour markets (displacement of gravitycentre, shape change, evolution of dispersion indicesand of workforce preferential distribution axes).Between 1981 and 2001, almost all employment polesexperienced an increase in the mean-distance tied totheir recruitment area, that being particularly truefor peri-metropolitan poles which employ anincreasing part of their workforce inside themetropolitan labour basin, where a more qualifiedand diversified labour force is available; thus, giving

Cet article vise premierement a analyser ladynamique spatiale (1981–2001) des marches locauxde l’emploi a une echelle infra-regionale (champmetropolitain de Quebec), en mettantparticulierement l’accent sur les interactions entre laregion metropolitaine et son arriere-pays et,deuxiemement, a mieux comprendre les determinantsde cette evolution. Des analyses centrographiquespermettent, dans un premier temps, de caracteriserl’ evolution de la configuration spatiale des differentsbassins de main-d’œuvre (deplacement de leur centrede gravite, evolution de leur forme, des indices dedispersion et des axes de repartition preferentielle deleur main-d’œuvre). Entre 1981 et 2001, presque tousles poles d’emploi connaissent un accroissement de ladistance-moyenne associee a leur aire derecrutement, particulierement les polesperimetropolitains qui recrutent une proportiongrandissante de leur main-d’œuvre au sein de l’airemetropolitaine, ou ils peuvent trouver une main

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rise to significant reverse commuting. In addition tothe influence of distance to metropolitan area, amultiple regression model shows that factors such asmanufacturing specialization and employmentgrowth within job centres also play a crucial role inthe spatial dynamics of local labour markets in theQuebec City metropolitan field.

d’œuvre plus qualifiee et diversifiee, et ce, au point degenerer un veritable processus de reverse-commuting. Outre la distance par rapport au centremetropolitain, un modele de regression multiplemontre que des facteurs comme la specialisationmanufacturiere et la croissance de l’emploi des polesjouent egalement un role determinant dans ladynamique spatiale des marches locaux de l’emploiau sein du champ metropolitain de Quebec.

Introduction

Au Canada, nombreuses sont les etudes portantsur les deplacements residence-travail en milieumetropolitain (Thomas 1995; Lemelin et Gatig-nol 1999; Thomas et Villeneuve 1998; Vander-smissen, Villeneuve et Theriault 2001a, 2001b,2003), mais plus rares sont celles qui etendentleur champ d’analyse au-dela des frontieres desregions metropolitaines de recensement (RMR) etqui s’interessent par la meme aux interactionsentre les milieux metropolitains et leur arriere-pays (hinterland). Le dynamisme des milieux non-metropolitains situes a proximite des regionsmetropolitaines, ainsi que la restructuration sec-torielle et spatiale de l’emploi qui l’accompagne,justifient pourtant de s’interesser a la ques-tion des migrations pendulaires a une echelleplus vaste, celle du �champ metropolitain�(Villeneuve, Lee-Gosselin et Barbonne 2006).Differents processus se conjuguent ainsi pourdonner lieu a la constitution de vastes ensem-bles regionaux polynucleaires (Scott 2001). Toute-fois, cette nouvelle forme d’organisation spa-tiale merite d’etre mieux documentee, notammentsous l’angle des deplacements residence-travailet de l’articulation entre les differents bassinsde main-d’œuvre qui structurent leur territoire,et cela particulierement dans le cas de plus pe-tits ensembles metropolitains. S’inscrivant danscette perspective de recherche, cette etude visea analyser la dynamique spatiale des differentsbassins de main-d’œuvre situes au sein du champmetropolitain de Quebec et a mieux documenterainsi les echanges entre le cœur metropolitain etles bassins de main-d’œuvre non-metropolitainssitues dans son arriere-pays.

Pourquoi S’interesser Aux MigrationsPendulaires a l’echelleInfra-Regionale?

La restructuration des milieuxnon-metropolitains �centraux�

Le dynamisme economique des milieux non-metropolitains situes a proximite des centresmetropolitains implique de s’interesser a laproblematique des deplacements residence-travail a une echelle plus vaste que celle desregions metropolitaines de recensement (RMR).A l’echelle du Quebec par exemple, Polese etShearmur (2002) ont montre que les regions non-metropolitaines dites �centrales�, c’est-a-direcelles situees sur la Rive-Sud du Saint-Laurentet dans un rayon d’approximativement 150 kmdes regions metropolitaines, connaissaient undeveloppement economique notable, contraire-ment aux regions plus peripheriques (Gaspesie,Cote-Nord, Saguenay-Lac-St-Jean, Abitibi-Temisca-mingue). Plusieurs etudes ont montre en effetque les processus de desserrement de l’emploi,observes a l’echelle metropolitaine, et don-nant lieu a un phenomene de suburbanisation del’emploi, se prolongeaient parfois jusque dans lesmilieux non-metropolitains avoisinants (Nelson1990; Gordon et al. 1998; Steinacker 1998). Si cer-taines activites continuent de se concentrer plusfortement dans les centres metropolitains, par-ticulierement les activites du tertiaire superieur,certaines autres, comme les activites manufac-turieres peuvent se deconcentrer plus largementsur le territoire, a un tel point que l’on peut par-ler d’un veritable phenomene d’industrialisation

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des campagnes (Villeneuve 1996). Parallelement,on observe un declin des activites du secteurprimaire dans les milieux non-metropolitains.L’agriculture ou encore l’exploitation desressources naturelles ne constituent plus l’epinedorsale de l’economie des regions peripheriques,encore moins des milieux non-metropolitains pluscentraux. L’emploi des milieux non-metropolitainsse caracterise desormais de plus en plus parl’emploi non-agricole, dans les secteurs man-ufacturier, du tourisme, du commerce ou desservices a la population.

Par ailleurs, cette restructuration sectorielle del’emploi des milieux non-metropolitains se dou-ble d’une restructuration spatiale. L’emploi seconcentre de plus en plus massivement dansles poles d’emploi et centres urbains (Barbonne2003), de telle sorte que la population activedes milieux ruraux se trouve de plus en pluscontrainte a effectuer des migrations pendu-laires. On peut penser par ailleurs que les ru-raux, tres attaches a leur milieu de vie et plussouvent proprietaires de leur maison, auraientune tendance plus forte encore que les ur-bains a effectuer des navettes plutot qu’a serelocaliser plus proche de leur lieu d’emploi.Reaction a la concentration spatiale des emplois,dans des poles parfois tres dynamiques, les mi-grations pendulaires seraient ainsi devenues unelement d’analyse incontournable pour compren-dre la restructuration actuelle des milieux non-metropolitains. Une analyse relativement recente(Schindegger et Krajasits 1997) nous apprend quele Canada fait partie des pays connaissant la plusforte augmentation des migrations pendulaires enmilieu non-metropolitain. Plusieurs etudes soulig-nent egalement l’extension de l’aire de recrute-ment des poles d’emploi non-metropolitains, tan-dis que les poles metropolitains connaıtraientplutot un renforcement des interactions au seinde leur bassin de main d’œuvre initial (Mitchel-son et Fisher 1987a, 1987b; Stabler, Olfert etGreuel 1996). Mais au sein meme du Canada,Green et Meyer (1997) ont constate d’importantesdifferences dans les navettes selon le type,l’industrie et la region. Les auteurs preconisentainsi d’analyser les navettes a une echelle spatialeplus fine. Les resultats peu concluants resultantde l’utilisation d’un modele gravitaire invitentegalement, ainsi que le suggerent les auteurs, a

developper de nouveaux predicteurs de la dy-namique des migrations pendulaires.

Dans cette perspective, cette recherches’attarde sur les regions de Quebec etChaudiere-Appalaches (Figure 1), dont le ter-ritoire s’apparente d’assez pres a la notion de�champ urbain� proposee par Friedman etMiller (1965), soit le territoire (region nodale)des mouvements pendulaires quotidiens, maisaussi hebdomadaires (120–150 km), autour dunoyau urbain central, la RMR de Quebec. Uneanalyse de partition multifactorielle de la crois-sance de l’emploi des poles metropolitains etnon-metropolitains de cette region (Barbonne2003), derivee de l’analyse shift-share, avaitdeja permis de souligner que ce sont princi-palement les poles de banlieue (Charlesbourg,Beauport, Saint-Augustin, Saint-Nicolas, Saint-Romuald. . .) de la region metropolitaine deQuebec ainsi que les petites villes-satellites(Donaconna, Deschambault, Sainte-Croix, Sainte-Marie, Saint-Anselme. . .) situees dans un rayond’approximativement 50 km autour du centre-ville de Quebec qui presentent le plus fortdynamisme, une fois tenu compte des effetsstructurels (sectoriels et de sexe) inherents a lacomposition de leur emploi. Au-dela de cettecouronne de 50 km, la performance des polesd’emploi est beaucoup plus differenciee, puisqueseuls quelques poches (autour de Saint-Georgesde Beauce) et ılots (L’Islet-Saint-Jean-Port-Joli)de developpement presentent des indices deperformance standardises positifs, notammentsous l’influence du dynamisme des activitesmanufacturieres. Les facteurs explicatifs po-tentiels du dynamisme de ces poles d’emploiperimetropolitains sont largement discutes dansl’article evoque precedemment (Barbonne 2003)—notamment ce qui les differencie des polessitues dans des regions plus peripheriques—mais il convient de souligner a nouveau laspecificite de la region metropolitaine de Quebecqui, du fait de sa forte specialisation dansle secteur des services et de l’administrationpublique offrant generalement de hauts niveauxde salaires, n’a jamais ete percue comme un lieud’investissement favorable pour les industriesmanufacturieres, particulierement pour les PME.Des lors, il est nettement plus probable quel’on assiste a une croissance �autonome�,

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Figure 1Carte du champ metropolitain de Quebec et de ses principaux poles d’emploi (metropolitains et non-metropolitains) en 2001

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a un developpement de type endogene despoles perimetropolitains plutot qu’a un veritablephenomene de debordement de l’emploi au deladu perimetre metropolitain. Neanmoins, la ques-tion se pose de savoir dans quelle mesure cespetits poles perimetropolitains particulierementdynamiques s’appuient sur les ressources of-fertes par la region metropolitaine de Quebec,notamment en puisant dans son bassin de maind’œuvre relativement important et diversifie. Plusgeneralement, La question se posait a la suite decette etude de savoir quelle pouvait etre la dy-namique spatiale des flux de main-d’œuvre as-sociee a cette performance de la plupart despoles non-metropolitains? Comment s’articulentles differents marches locaux de l’emploi au seindu champ metropolitain de Quebec? Quelles sontles interactions entre le centre metropolitain etles bassins de main-d’œuvre non-metropolitains,particulierement ceux de la premiere couronneperi-metropolitaine? Mais avant de tenter derepondre a ces questions, voyons ce que nous ap-prend la litterature sur cette question specifiquedes migrations pendulaires au sein des champsmetropolitains.

Dynamiques Spatiales des MigrationsPendulaires a L’echelle des ChampsMetropolitains

De nombreuses etudes ont porte sur les migra-tions pendulaires au sein de vastes ensemblesmetropolitains, mais plus rares sont celles quise sont interessees au champ d’influence desplus petites metropoles. De nombreux auteurs,aux Etats-Unis (Fuji et Hartshorn 1995; Cervero1996; Cervero et Wu 1997) comme en France(Baccaıni 1997; Margail 1999; Zaninetti 1999)se sont attaches a analyser les nouvelles dy-namiques des migrations pendulaires associeesau mouvement de polynuclearisation ou de�scatteration� de l’emploi au sein de vastesensembles metropolitains. Globalement, toutesces analyses decrivent la meme realite: unecomplexification croissante de l’organisation spa-tiale des bassins de main-d’œuvre en leur sein.On assiste ainsi au developpement de navettesmultidirectionnelles a l’interieur du champmetropolitain, accompagnant la decentralisationdes activites et la reduction de la part relative

des centres metropolitains, de telle sorte quel’on analyse avec de plus en plus d’interet lesprocessus de reverse-commuting qui leur sontassocies. Ce dynamisme accru des navettesinversees s’observe parfois meme au profit desmilieux non-metropolitains avoisinants (Cerveraet Hartgen 2003). Mais la question se pose desavoir si ces memes tendances se developpentegalement dans l’aire d’influence de plus petitsensembles metropolitains, comme par exempleau sein du champ metropolitain de Quebec?

Au Canada, seules quelques etudes datant dudebut des annees 80 se sont attachees a mieuxdefinir la dynamique des marches locaux del’emploi a l’interieur des champs metropolitainsde Toronto et London (Dahms 1980; Troughton1981). Dans une etude portant sur les migra-tions pendulaires au sein du comte de Wellington,lequel se situe a mi-chemin entre les centresmetropolitains de Toronto et London, Dahmssouligne toute la complexite de l’organisationspatiale des marches locaux de l’emploi al’intersection de champs metropolitains, en re-marquant que les dynamiques locales etaienten definitive plus importantes que l’influencemetropolitaine. Dans la meme lignee, Troughton,analysant le cas de London, souligne une ten-dance au declin de l’influence metropolitaine,couple a un developpement des dynamiques lo-cales de l’emploi au sein du champ metropolitainde cette ville. Si London demeure la principaledestination de travail en valeurs absolues pour denombreux travailleurs non-metropolitains, l’etudesouligne, qu’en termes relatifs, plus de mouve-ments emergent de petits centres urbains situesdans son champ metropolitain. Tout laisse doncsupposer que, compte tenu du fort dynamismedes poles d’emploi qui le composent, on as-siste egalement a une complexification croissantede l’organisation spatiale des marches locauxde l’emploi au sein du champ metropolitain deQuebec.

Plus recemment, la question des migrationspendulaires au sein des champs metropolitainscanadiens semble avoir connu un regain d’interet.Par exemple, Statistique Canada a introduit au re-censement de 2001 la notion de zone d’influencemetropolitaine (ZIM) dans ses decoupages. Cettenouvelle classification vise a mieux differen-cier geographiquement les subdivisions de re-censement (municipalites essentiellement rurales)

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situees en dehors des regions metropolitaines derecensement et des agglomerations de recense-ment. Ces localites sont ensuite classifiees selonle degre d’influence qu’exercent sur elles les RMRet les agglomerations de recensement (AR). LesZIM offrent ainsi la possibilite de devoiler toutela diversite des regions non-metropolitaines cana-diennes (McNiven, Puderer et Janes 2000). Leministere des affaires municipales du Quebec(Guimont, Soucy et Frenette 2000) s’interesseegalement de pres a la dynamique des migrationspendulaires autour des regions metropolitainesde recensement, mais egalement autour des ag-glomerations de recensement. Ces analyses per-mettent ainsi de mieux decrire l’interdependanceexistant entre les differentes localites situeesdans la zone d’influence urbaine des villes-centreet de mieux connaıtre la geographie des marcheslocaux de l’emploi au Quebec. Toutefois, cesetudes se limitent le plus souvent a une descrip-tion statistique des flux entre les centres urbainset leur arriere-pays, sans proceder a une reelleanalyse spatiale de la dynamique et de la formedes bassins de main-d’œuvre.

Il est en effet pertinent de s’interesser plusprecisement a la configuration spatiale desbassins de main d’œuvre situes dans l’aired’influence des centres urbains. Troufleau (1994),dans une etude de cas portant sur les bassinsd’emploi et de main-d’œuvre d’Epernon et Main-tenon, situes tous deux dans l’aire d’influence dela region parisienne, montre comment des fluxcentripetes locaux sont compliques par des fluxcentrifuges regionaux. Ainsi, la dimension de cesbassins reste tributaire des distances reelles maisaussi de l’intensite des attractions tantot locales,tantot peripheriques. Leur forme, quant a elle,dependrait davantage des densites de peuplementou d’activites, de leur structure (age, qualifica-tion), mais aussi de l’organisation des reseauxde transport. Par ailleurs, la formalisation desinteractions entre poles d’emploi et foyers demain-d’œuvre, au moyen du modele gravitaire,montre toutefois que la contrainte de distanceintervient differemment. Elle est non seulementfonction de l’importance du pole attractif maisaussi du sens des migrations. Surtout, la faib-lesse du rayon d’action des petits poles d’emploirelativise le pouvoir dissuasif de la distance, lesgradients d’attraction pouvant rester relativementprogressifs jusqu’aux confins du bassin de main-

d’œuvre. Tout laisse donc supposer que les airesd’influence des poles non-metropolitains situesa l’interieur du champ metropolitain presententdes caracteristiques particulieres qu’il convientde mieux documenter, notamment au moyen dessystemes d’information geographique (SIG) et desoutils d’analyse spatiale, comme nous proposonsde le faire ici avec l’analyse centrographique.

Tenant compte des differents elements evoquesprecedemment, l’objectif de cette etude est donc,dans un premier temps, d’analyser la dynamiquespatiale des marches locaux de l’emploi au seindu champ metropolitain de Quebec au coursdes deux dernieres decennies (1981–2001) etdans un second temps, de mieux comprendreles determinants de cette evolution. Nous po-sions en effet comme hypotheses que: (1) lesbassins de main-d’œuvre non-metropolitains con-naissent une forte extension entre 1981 et 2001,particulierement ceux de la premiere couronneperi-metropolitaine, donnant lieu ainsi a (2) unenchevetrement accru des marches locaux del’emploi autour de la region metropolitaine deQuebec; mais egalement que (3) une fois tenucompte des effets de la distance, mais aussides effets de taille, d’autres facteurs commele dynamisme des poles et leur specialisationsectorielle, contribuent a expliquer cette nou-velle dynamique spatiale des marches locaux del’emploi a l’interieur du champ metropolitain deQuebec.

Donnees et Methodologie

Cette recherche utilise les donnees d’emploi, com-pilees au lieu de travail de la population activeoccupee, issues des recensements de StatistiqueCanada pour 1981 et 2001 ainsi que les matri-ces de flux residence-travail (migrations pendu-laires) qui leur sont associees, et cela, a l’echelledes 225 subdivisions de recensement (munici-palites) composant le champ metropolitain deQuebec. Trop rarement utilisees depuis leur in-troduction au recensement de 1971 (Ricour-Singh1979; Dahms 1980; Troughton 1981), ces donneessemblent avoir connu un regain d’interet au coursdes dernieres annees (Stabler, Olfert et Greuel1996; Green et Meyer 1997). Ce sont en ef-fet les seules donnees de migrations pendulairescouvrant l’ensemble du territoire canadien et

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permettant ainsi une analyse de l’organisationspatiale des marches locaux de l’emploi au seindes champs metropolitains. Neanmoins, le main-tien d’un niveau satisfaisant de desagregationspatiale rend difficile la decomposition des matri-ces de flux residence-travail entre localites selonles caracteristiques des navetteurs (age, sexe, pro-fession). Consequemment, afin de mieux docu-menter les navettes entre la region metropolitaineet les milieux non-metropolitains avoisinants,nous avons eu recours egalement, comme sourcecomplementaire d’information, aux donnees dela derniere enquete Origine-Destination pour2001 du reseau de transport en commun deQuebec (i.e., RTC). Ces donnees furent ensuiteintegrees a l’interieur d’un systeme d’informationgeographique afin de permettre une approchespatialisee de l’analyse des marches locaux del’emploi a l’interieur du champ metropolitain deQuebec.

Pour ce faire, nous avons eu recours princi-palement a l’analyse centrographique (Kellerman1980). Cette technique, relativement peu utiliseedans le domaine des etudes urbaines etregionales (Jones 1980; Thomas 1995; Theriaultet al. 2000) regroupe un ensemble d’indicesqui decrivent: la tendance centrale (centre degravite), la dispersion (distance radiale moyenneet distance-type) et la forme (ellipses de disper-sion, oblongitude) de distributions spatialisees.Appliquee a la dynamique des marches locauxde l’emploi du champ metropolitain de Quebec,l’analyse centrographique nous a permis ainside(1) mesurer le degre de dispersion spatiale dela main-d’œuvre employee dans les 29 polesd’emploi, a travers la variation de la distanceradiale moyenne et de la distance-type associeesa leur aire d’influence, et cela en complementde la simple distance euclidienne moyenne desnavettes, (2) mesurer le deplacement des airesde recrutement de ces poles d’emploi, a traversla variation spatiale de leur centre de graviteet (3) mesurer l’evolution de l’orientation etde la forme de ces aires de recrutement, atravers l’observation des ellipses de dispersionde la main-d’oeuvre, de leur axe de repartitionpreferentielle et de leur degre d’etirement (ob-longitude). Les indices centrographiques ontete calcules au moyen du module Mapstats(Theriault, 1994) fonctionnant sous MapInfo.Precisons egalement que, pour plus de fiabilite

dans les analyses, nous avons considere seule-ment les flux de 20 personnes et plus entremunicipalites. Les centroıdes de chacune deces municipalites ont egalement ete relocalisespour correspondre a la realite d’occupation duterritoire (Oekoumene). Globalement, l’analysecentrographique nous a ainsi permis de mieuxsaisir la dynamique spatiale des aires d’influencedes 29 poles d’emploi composant le champmetropolitain de Quebec entre 1981 et 2001.

Analyse Centrographique de laDynamique Spatiale des Bassins deMain-d’œuvre du Champ Metropolitainde Quebec

Analyse globale des resultats

La cartes des ellipses de dispersion associees al’aire de recrutement des poles d’emploi pour1981 et 2001 (Figure 2) souligne d’emblee com-ment les principaux axes de communicationstructurent l’organisation spatiale des marches lo-caux de l’emploi au sein du champ metropolitainde Quebec. Comme l’atteste l’orientation des el-lipses de dispersion, ces derniers s’organisentet se deplacent le plus souvent le long de cesaxes de communication, particulierement dans laregion de la Beauce autour de l’axe de l’autoroute73. Le Tableau 1 presente la variation entre 1981et 2001 de la distance euclidienne moyenne desnavettes effectuees par les travailleurs employesdans chacun des poles d’emploi ainsi que lesprincipaux indices resultant de l’analyse centro-graphique, a savoir la distance radiale moyenneet la distance-type associees a l’aire de recrute-ment de chacun de ces poles d’emploi. Il con-vient de preciser ici que, contrairement a ladistance euclidienne moyenne calculee par rap-port au pole d’emploi lui-meme, la distance ra-diale moyenne ainsi que la distance-type sonttoutes deux calculees par rapport au centre degravite de l’aire de recrutement de ce pole,de telle sorte que leur mesure est sensible ason deplacement eventuel entre les deux dates.D’autre part, la distance-type se differencie de ladistance radiale moyenne par le fait que son cal-cul est plus sensible aux valeurs extremes, don-nant ainsi une influence plus grande aux navettesles plus longues. Ces trois differents indices

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Figure 2Ellipses de dispersion associees a l’aire de recrutement des principaux poles d’emploi du champ metropolitain de Quebec : 1981 et 2001

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Tableau 1Variation des indicateurs de dispersion de l’aire de recrutement des poles d’emploi du champ metropolitain de Quebec : 1981–2001

Dist. euclid. moyenne (1) Dist. radiale moyenne (2) Distance-type (3)

Variation Variation Variation1981 2001 1981 2001 1981 2001

Poles d’emploi (km) (km) (km) % (km) (km) (km) % (km) (km) (km) %

Poles centraux Quebec 9.1 9.8 0.7 8.1% 6.7 7.6 0.9 13.6% 10.7 11.5 0.8 7.4%

Poles Banlieue Nord 11.6 12.2 0.6 5.0% 6.8 7.8 1.0 14.1% 9.0 10.4 1.4 15.5%

St-Gabriel-de-Valcartier 11.2 13.8 2.6 23.3% 9.3 8.9 −0.3 −3.6% 10.8 11.2 0.4 4.1%

Levis (anciennes limites) 4.5 6.3 1.9 41.9% 5.1 6.6 1.5 29.6% 9.5 10.1 0.6 6.2%

Levis Ouest 8.3 9.6 1.3 15.2% 6.2 7.8 1.6 25.8% 9.1 10.4 1.3 13.9%

RMR de Quebec (∗) 9.4 10.2 0.8 8.9% 6.7 7.9 1.2 17.5% 10.3 11.5 1.2 11.7%Ste-Marie de Beauce 6.6 11.3 4.7 71.7% 4.3 10.8 6.5 151.4% 9.7 16.1 6.3 65.4%

Montmagny 6.0 9.9 3.9 64.6% 4.1 8.9 4.9 119.7% 8.7 15.7 7.0 80.5%

St-Anselme-Ste-Claire 10.5 14.5 4.0 37.8% 8.0 12.3 4.3 53.5% 11.4 15.7 4.3 38.0%

St-Damien 6.9 11.0 4.2 60.7% 5.0 10.3 5.3 106.2% 10.5 15.3 4.8 45.6%

St-Henri 6.2 10.4 4.2 68.2% 4.5 8.4 4.0 88.8% 8.1 11.2 3.1 38.3%

St-Appolinaire 6.5 10.7 4.2 64.7% 4.8 10.0 5.2 107.5% 9.3 12.7 3.4 36.0%

Laurier-Station 6.8 8.2 1.4 21.1% 5.3 7.9 2.6 49.7% 8.3 13.4 5.0 60.6%

Ste-Croix 6.9 12.5 5.6 80.0% 6.3 12.0 5.7 91.8% 10.7 16.4 5.7 53.4%

Deschambault-St-Marc 9.6 12.7 3.1 31.9% 7.7 10.8 3.2 41.0% 10.4 14.1 3.7 35.9%

Beaupre-Ste-Anne 7.3 10.9 3.6 49.2% 6.4 11.1 4.7 73.6% 11.0 14.4 3.4 31.1%

Donnacona 5.2 11.4 6.3 121.8% 4.4 11.1 6.7 153.1% 8.0 13.8 5.8 72.7%

St-Raymond 6.0 9.1 3.1 51.5% 2.2 6.9 4.7 216.1% 5.9 11.7 5.8 99.2%

Couronne I (∗) 7.0 11.2 4.2 59.2% 5.0 9.9 4.8 95.7% 9.4 14.4 5.5 59.1%St-Georges-de Beauce 6.6 7.7 1.1 16.5% 4.5 6.3 1.8 41.0% 10.3 11.6 1.3 12.7%

Thetford-Mines 7.8 8.4 0.6 7.8% 4.4 5.0 0.6 13.9% 8.3 9.7 1.4 16.6%

LaMalbaie-Clermont 18.4 15.6 −2.8 −15.0% 15.7 10.9 −4.8 −30.8% 30.9 23.4 −7.6 −24.5%

Baie-St-Paul 9.0 10.4 1.4 15.6% 4.1 5.7 1.6 39.7% 7.1 12.0 5.0 70.2%

L’Islet-St-Jean-Port-Joli 9.9 12.6 2.7 27.1% 8.8 11.4 2.6 29.9% 12.1 16.2 4.2 34.5%

Beauceville 6.6 9.0 2.4 36.5% 4.2 7.7 3.4 82.1% 8.4 11.0 2.7 32.0%

Lac Etchemin 4.3 5.9 1.6 35.9% 4.5 5.7 1.2 25.9% 8.4 8.9 0.5 6.1%

St-Joseph-de-Beauce 5.8 9.5 3.7 63.7% 4.5 9.0 4.5 101.4% 8.3 13.0 4.7 56.3%

St-Pamphile 6.7 8.3 1.6 24.2% 6.3 8.4 2.1 34.2% 8.7 10.6 2.0 22.9%

St-Gedeon 4.0 8.4 4.4 109.5% 2.3 8.5 6.2 272.9% 4.0 11.2 7.2 180.6%

Disraeli 3.1 4.1 1.0 31.0% 1.3 3.2 1.8 135.3% 2.9 5.3 2.3 80.0%

Villages beaucerons 10.9 13.9 3.0 27.3% 6.9 9.9 3.0 42.9% 9.0 13.3 4.3 47.0%

Couronne II (∗) 9.2 10.2 1.1 11.8% 6.4 7.3 1.0 15.2% 11.9 12.8 0.9 7.5%

(1) Distance euclidienne moyenne de recrutement des travailleurs, par rapport au pole d’emploi

(2) Distance radiale-moyenne de dispersion des travailleurs, par rapport au centre de gravite de l’aire de recrutement des poles d’emploi

(3) Distance-type de dispersion des travailleurs, par rapport au centre de gravite de l’aire de recrutement des poles d’emploi

(∗) Moyennes ponderees par rapport a l’importance des poles (nombre total d’emplois)

sont donc complementaires. Leur evolution en-tre 1981 et 2001 temoigne d’une augmenta-tion quasi-generalisee, mais differenciee selonla distance au centre metropolitain, de l’airede recrutement des poles d’emploi du champmetropolitain de Quebec. Quasiment tous lespoles d’emploi de la region Quebec Chaudiere-Appalaches (QCA) connaissent une augmenta-tion, souvent meme substantielle, des indicesde dispersion associes a leur bassin de main-d’œuvre. Ces poles recrutent ainsi une propor-tion de plus en plus importante de leur main-d’œuvre dans d’autres localites, situees parfois

beaucoup plus loin sur le territoire, et etendentainsi leur aire d’influence, ce qui rend par ailleursd’autant plus complexe l’organisation spatialedes bassins de main-d’œuvre et accroıt leurdegre d’enchevetrement. On constate toutefoisdes differences notables selon la localisationdes poles par rapport au centre metropolitain.Ce sont en effet les poles situes dans unrayon de 50 km autour de Quebec (premierecouronne perimetropolitaine) qui connaissent lesplus fortes augmentations de leurs indices dedispersion. Par exemple, leur distance radialemoyenne de recrutement double entre 1981 et

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312 Remy Barbonne, Paul Villeneuve, et Marius Theriault

2001, passant de 5 a 9,9 km, tandis que lespoles metropolitains (+17,5%) et les poles non-metropolitains plus eloignes (+15,2%) connaissentglobalement de plus faibles augmentations.

Il est egalement interessant de souligner que,parmi les trois indices de dispersion calcules,c’est la distance radiale moyenne de recrute-ment qui connaıt les plus fortes augmentationsce qui temoigne ainsi du fait que, meme sidans l’ensemble les aires de recrutement despoles d’emploi se sont fortement agrandies,c’est toujours dans des localites avoisinantesque les poles ont tendance a trouver l’essentielde leur main-d’œuvre. A l’inverse, des polescomme Saint-Gabriel, Laurier-Station ou encoreBaie-Saint-Paul affichent une variation plus fortede leur distance-type que de leur distance radi-ale moyenne de recrutement, ce qui temoigne,compte tenu de la moins forte sensibilite de cettederniere aux valeurs extremes, du fait que cespoles ont eu tendance a employer de la main-d’œuvre residant parfois fort loin sur le territoire.

Ces resultats traduisent finalement la memerealite que celle deja observee autour desmetropoles americaines (Mitchelson et Fisher1987a et 1987b) ou encore canadiennes (Stabler,Olfert et Greuel 1996), a savoir le dynamismedes marches locaux de l’emploi des poles non-metropolitains situes a proximite des centresmetropolitains. Mais l’interet de notre analyse,realisee a un plus fin niveau de desagregationspatiale, est de mettre en evidence le rolede la distance au centre metropolitain dansce processus. Car en effet, meme si l’oncomprend aisement que les deplacements enmilieu non-metropolitain s’effectuent beaucoupplus rapidement qu’en milieu metropolitain etdonc que les travailleurs sont prets a consen-tir a des deplacements beaucoup plus longs,il n’en demeure pas moins que l’on constateune importante difference entre l’augmentationdes distances moyennes de recrutement despoles perimetropolitains et celles des poles non-metropolitains situes au-dela d’une distance ap-proximative de 50 km du centre metropolitain.

Specificite de la Dynamique spatiale des bassinsde main-d’œuvre peri-metropolitains

La Figure 3 permet d’analyser plus en detailla dynamique spatiale des aires de recrutement

des poles situes dans une premiere couronnede 50 km autour de Quebec. D’emblee, on peutremarquer comment ces aires de recrutements’orientent et se reorganisent exclusivement au-tour du bassin de main-d’œuvre de la regionmetropolitaine, le long des principaux axesroutiers (autoroutes 20, 40 et 73). On observe en-tre 1981 et 2001 une importante migration deleur centre de gravite vers le bassin de main-d’œuvre metropolitain, traduisant ainsi le fait queces poles d’emploi peri-metropolitains recrutentune partie de plus en plus importante de leurmain-d’œuvre au sein de l’aire metropolitaine.

Comme l’indique le Tableau 2, la distance en-tre le centre de gravite des aires de recrute-ment de ces poles et le centre metropolitain sereduit substantiellement entre 1981 et 2001, ac-croissant d’autant leur degre de decentrement.Cette reorganisation spatiale des marches lo-caux de l’emploi des poles peri-metropolitainsautour du bassin de main-d’œuvre de la regionmetropolitaine de Quebec se revele egalement atravers l’orientation des ellipses et la progres-sion quasi-generalisee de leur degre d’etirement(oblongitude) entre 1981 et 2001. Ainsi, la vari-ation du decentrement des aires de recrutementdes poles d’emploi et l’allongement des ellipsesde dispersion de la main-d’œuvre temoignent duplus fort degre d’enchevetrement et d’interactionentre les bassins de main d’œuvre metropolitainset peri-metropolitains, processus qui s’organiseprincipalement le long des principaux axes et cor-ridors de developpement de la region.

En revanche, a une certaine distance ducentre metropolitain (approximativement 50 kmautour du Centre-ville de Quebec), l’influencemetropolitaine cesse de s’exercer. Les marcheslocaux de l’emploi s’organisent des lors defacon plus autonome. Toutefois, il est fortinteressant de constater que la quasi-totalite despoles d’emploi situes autour de Saint-Georges deBeauce (Beauceville, Saint-Joseph, Saint-Ephremet Saint-Victor, Saint-Gedeon) developpent leuraire de recrutement autour de ce pole regional,a l’instar de ce que l’on constate autour ducentre metropolitain. Ainsi a approximativement100 km du centre metropolitain, se developpe unnouveau systeme de petits marches locaux del’emploi, fortement imbriques les uns dans lesautres et organises autour d’un pole central tresdynamique (Saint-Georges).

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La dynamique spatiale des marches locaux de l’emploi de Quebec 313

Figure 3Ellipses de dispersion associees a l’aire de recrutement des poles d’emploi peri-metropolitains : 1981–2001

Determinants de L’evolution de l’airede Recrutement des Poles D’emploi duChamp Metropolitain de Quebec

Dans un second temps, nous avons tente demieux comprendre les facteurs determinant cettenouvelle dynamique spatiale des marches locauxde l’emploi au sein du champ metropolitain deQuebec. Plus precisement, nous avons tente demieux comprendre la variation de la distance eu-clidienne moyenne de recrutement de chacun despoles (Var DistM Recrutement), metropolitains etnon-metropolitains, au moyen de l’analyse deregression multiple (Tableau 3). La distance eu-clidienne moyenne de recrutement a ete prefereea la distance radiale moyenne et a la distance-

type car le calcul de celles-ci s’effectue a partirdu centre de gravite de l’aire de recrutement etnon a partir du pole lui-meme. Or, comme nousavons pu le constater precedemment, de nom-breux poles d’emploi, particulierement ceux dela premiere couronne peri-metropolitaine, voientle centre de gravite de leur aire de recrute-ment se deplacer sensiblement entre 1981 et2001.

Sur la base de recherches anterieures (Billetteet Carrier 1993; Villeneuve 1996; Palard 1999;Barbonne 2003; Racine 2004), nous pensionsen effet que, outre la distance au centremetropolitain (Distance Metro), le degre et le typede specialisation industrielle des poles d’emploi,mesures ici par le quotient de localisation du

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314 Remy Barbonne, Paul Villeneuve, et Marius Theriault

Tableau 2Variation de la distance au centre metropolitain, du degre de decentrement et d’etirement (oblongitude) des bassins de main-d’œuvre peri-

metropolitains: 1981-2001

Distance au Niveau decentre metro (1) decentrement (2) Oblongitude (3)

Poles Peri-metro 1981 2001 Var. 1981 2001 Var. 1981 2001 Var. %

Ste-Marie-de-Beauce 43.5 39.7 −3.8 0.1 4.1 3.9 1.283 1.400 9.1%

Montmagny 53.5 51.4 −2.1 0.8 2.1 1.3 1.090 1.345 23.4%

St-Anselme-Ste-Claire 30.6 25.5 −5.1 2.1 6.0 3.9 1.268 1.311 3.4%

St-Damien 46.1 43.6 −2.5 1.3 3.7 2.4 1.241 1.223 −1.5%

St-Henri 16.0 13.2 −2.8 1.1 4.4 3.2 1.027 1.118 8.9%

St-Appolinaire 31.2 27.5 −3.7 1.2 2.1 0.9 1.909 1.323 −30.7%

Laurier-Station 44.2 42.0 −2.2 2.9 6.4 3.5 1.037 1.456 40.4%

Ste-Croix 43.0 39.1 −3.8 0.8 5.1 4.3 1.340 1.493 11.4%

Deschambault-St-Marc 40.7 32.3 −8.4 1.5 5.0 3.5 2.049 1.575 −23.1%

Beaupre-Ste-Anne 32.5 30.7 −1.8 2.1 4.0 1.9 4.134 3.893 −5.8%

Donnacona 59.7 55.4 −4.3 2.0 8.0 6.1 1.134 1.680 48.1%

St-Raymond 48.1 46.2 −1.8 0.5 2.9 2.4 1.278 1.255 −1.8%

(1) Distance (km) du centre de gravite de l’aire de recrutement a l’axe central Quebec-Sainte-Foy

(2) Niveau de decentrement : distance (km) entre le centre de gravite de l’aire de recrutement et le pole d’emploi lui-meme

(3) Oblongitude : degre d’etirement des ellipses de dispersion (rapport entre l’axe majeur et l’axe mineur)

secteur manufacturier (QL Manufacturier) ou en-core leur dynamisme, mesure par la crois-sance relative de l’emploi entre 1981 et2001 (Croissance Emploi), etaient suscepti-bles egalement de contribuer a l’explication dela dynamique spatiale de l’aire de recrutementdes poles d’emploi. Par ailleurs, il convenaitegalement de tenir compte d’un certain nombrede variables de controle comme la taille des polesd’emploi, mesuree par le logarithme du nombretotal d’emploi (Emploi), le niveau de scolarisation,a travers le % d’universitaires (Tx Universitaires)ainsi que la variation relative de la populationactive composant leur bassin de main-d’œuvre(Var PopActive BMO) ou encore la variationdu taux de participation des femmes a lamain-d’œuvre (Var Activite Femmes). Cependant,compte tenu du faible nombre d’observations(29 poles d’emploi), il etait difficile d’integrerun plus grand nombre de variables, le modelerisquant des lors de devenir tres instable. Pourautant, plusieurs essais de modelisation ontegalement ete realise fin de tester l’influenceeventuelle d’autres variables, comme par exem-ple le degre de specialisation relative des polesd’emploi dans des secteurs d’activites autres quemanufacturier. Il convient de specifier egalementque, compte tenu de la nature non-lineaire de la

relation entre la variation de la distance eucli-dienne moyenne de recrutement et la distanceau centre metropolitain, nous avons choisi dedevelopper un modele de forme polynomialede deuxieme degre, en integrant non seulementla variable de distance au centre metropolitain(Distance Metro), mais egalement le carre decette variable (Distance Metro2). Precisons enfinque ces variables ont egalement ete centreesafin d’eviter les eventuels problemes de mul-ticolinearite (Jaccard, Turrisi et Wan, 1990,p. 31).

Parmi ces variables, qui par hypothese pour-raient avoir une influence sur la variation dela distance euclidienne moyenne de recrutementdes poles d’emploi entre 1981 et 2001, qua-tre semblent exercer une influence significa-tive et une cinquieme merite d’etre mentionnee(Tableau 3). Le modele, qui rend compte de76,4% de la variance de la variation de la dis-tance moyenne de recrutement des poles, con-firme tout d’abord le role preponderant de ladistance au centre metropolitain, les deux vari-ables de distance presentant les plus forts coeffi-cients de regression standardises, respectivementde 0,994 et −1,390. Il est en effet interessantde remarquer que les deux variables de distancesont significatives dans le modele, meme si la

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La dynamique spatiale des marches locaux de l’emploi de Quebec 315

Tableau 3Determinants de la variation de la distance moyenne de recrutement des poles d’emploi situes au sein du champ metropolitain de Quebec :

1981-2001

Nombre d’ Erreur-typeobservations R2 ajuste d’estimation F Niveau de

29 R2 0,764 0,899 19,179 significationCoefficients 0,807 Niveau de Correlation Correlation 0,000standardises t signification simple partielle VIF

Variable dependante

Var DistM Recrutement

(constante) −2,318(1) −1,710

Variables explicatives

Distance Metro 0,994 2,449 0,022 −0,306 0,455 3,600

Distance Metro2 −1,390 −3,621 0,001 −0,429 −0,603 3,525

Croissance Emploi 0,385 3,363 0,003 0,641 0,574 1,560

QL Manufacturier 0,435 3,784 0,001 0,557 0,619 1,571

Var PopActive BMO −0,173 −1,602 0,123 −0,145 −0,317 1,380

(1) Ordonnee a l’origine (Intercept)

seconde l’est nettement plus que la premiere,mais surtout que le sens de la relation avecla variable dependante change, temoignant ainside la nature non-lineaire de la variation de ladistance-moyenne de recrutement par rapport ala distance au centre metropolitain. Ainsi, dansun premier temps, l’augmentation de la distanceau centre metropolitain favorise une augmenta-tion de l’aire de recrutement des poles de lapremiere couronne. Mais a une distance pluseloignee du centre, la relation devient negativeet plus nettement significative, traduisant ainsil’existence d’un effet de seuil.

Outre l’effet de la distance au centremetropolitain, le modele souligne egalementla forte influence du degre de specialisationmanufacturiere des poles (β = 0,435) et deleur dynamisme en terme de croissance del’emploi entre 1981 et 2001 (β = 0,385), cesdeux variables exercant une influence positive, etlargement significative au seuil de moins de 1%de chance de se tromper, sur l’evolution de lataille de leur aire de recrutement. Ainsi, touteschoses egales par ailleurs, ce sont les polesd’emploi qui ont connu les plus fortes crois-sances d’emploi ainsi que ceux qui sont les plusspecialises dans le secteur manufacturier qui onttendance a presenter les plus fortes progressionsde leur aire de recrutement. Enfin, parmi lesautres variables de controle, seule la croissancede la population active au sein des bassins de

main-d’œuvre semble avoir exerce une legereinfluence, mais significative seulement au seuilde 12,3%, sur la variation de la taille de l’aire derecrutement des poles d’emploi. Le signe negatifdu coefficient de regression standardise de cettevariable (β = −0,173) temoigne ainsi du fait quemoins la croissance de la population active ausein des bassins de main-d’œuvre a ete forte,plus les poles d’emploi ont des lors eu tendancea accroıtre en retour leur aire de recrutement.Ce resultat suggere un ajustement interessantau sein des marches locaux de l’emploi dela region, processus qui devra toutefois etreteste davantage vu la faible valeur du test deStudent.

Navettes Inversees et Dynamismedes Poles Perimetropolitains

Soucieux de mieux documenter l’effet de la prox-imite au centre metropolitain, nous nous sommesensuite arretes sur la dynamique particuliere desbassins de main-d’œuvre de la premiere couronnenon-metropolitaine. L’observation de la domi-nance directionnelle dans la variation entre1981 et 2001 des flux entre les differentsbassins de main-d’œuvre metropolitains etperimetropolitains (Figure 4) montre que siles municipalites regionales de comte (MRC)peri-metropolitaines de la Rive-Nord (Portneuf,Jacques Cartier et Cote-de-Beaupre) continuent de

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316 Remy Barbonne, Paul Villeneuve, et Marius Theriault

Figure 4Schema de la dominance directionnelle dans la variation des flux de travailleurs entre les bassins de main-d’œuvre metropolitains et

perimetropolitains de Quebec : 1981–2001

fournir plus de main-d’œuvre aux poles d’emploide Quebec qu’elles n’attirent elles-memes denouveaux travailleurs vers leurs propres polesd’emploi. Sur la Rive-Sud, en revanche, la situa-tion est inverse: les poles perimetropolitains (e. g.,Sainte-Marie de Beauce, Saint-Anselme-Sainte-Claire, Saint-Damien) drainent generalementplus de nouveaux travailleurs de la regionmetropolitaine de Quebec que les municipalitesrurales composant leur bassin de main-d’œuvren’en envoient vers les poles metropolitains.On constate ainsi un veritable phenomene

de �reverse-commuting� au profit des polesperimetropolitains de la Rive-Sud de Quebec. Cesresultats montrent que ce renversement dans latendance des navettes ne concerne pas seulementles plus grands ensembles metropolitains (Fujiet Hartshorn 1995; Cervero 1996; Cervero et Wu1997; Cervera et Hartgen 2003) mais aussi lesplus petites regions metropolitaines comme cellede Quebec, du fait notamment du dynamismedes villes satellites situees dans un rayond’approximativement 50 km autour du centremetropolitain.

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La dynamique spatiale des marches locaux de l’emploi de Quebec 317

Tableau 4Comparaison des contre-navetteurs et de l’ensemble des navetteurs de la region metropolitaine de Quebec selon leur categorie professionnelle

Contre-navetteurs Total OD 2001 Diff. de Prop.

Categories Nombre % Nombre % Valeur Z signif.

Cadres 621 9.8% 22,700 6.7% 8.03 ∗∗Contremaıtres 457 7.2% 13,666 4.1% 9.58 ∗∗Professionnels 1,374 21.6% 62,922 18.7% 5.53 ∗∗Employes specialises 1,325 20.8% 96,426 28.7% −15.26 ∗∗Ouvrier qualifies 454 7.1% 22,574 6.7% 1.29

Employes non-specialises 728 11.4% 79,238 23.6% −29.89 ∗∗Ouvrier non-qualifies 1,148 18.0% 18,658 5.5% 25.83 ∗∗Autres 259 4.1% 20,170 6.0% −7.68 ∗∗Total 6,366 336,354

(∗∗) Difference de proportion significative au seuil de 1%

Figure 5Comparaison des contre-navetteurs et de l’ensemble des navetteurs de la region metropolitaine de Quebec selon leur categorie professionnelle

Afin de mieux documenter ce phenomene dereverse-commuting, nous avons egalement utiliseles donnees de la derniere enquete origine-destination du Reseau de transport de la capi-tale (2001). Celles-ci nous ont permis de mieuxcerner les caracteristiques (sexe, age, profession)des 6366 travailleurs habitant les localites de laregion metropolitaine de Quebec qui se rendenttravailler dans les poles perimetropolitains, en lescomparant a l’ensemble des navetteurs recensespar cette enquete. Des tests de comparaison desproportions soulignent que, parmi ces �contre-

navetteurs�, les travailleurs de rang profession-nel eleve (cadres, contremaıtre, professionnels),mais aussi les ouvriers non-qualifies, sont plusfortement representes que dans l’ensemble dela region metropolitaine de Quebec (Tableau 4et Figure 5). Nos analyses indiquent egalement(Tableau 5 et Figure 6) que ces contre-navetteurssont aussi plus souvent des hommes (69%vs. 54%) et plus particulierement des jeunes(20–35 ans). Force est donc de constater queles contre-navetteurs se distinguent significative-ment des navetteurs du bassin de main-d’œuvre

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318 Remy Barbonne, Paul Villeneuve, et Marius Theriault

Tableau 5Comparaison des contre-navetteurs et de l’ensemble des navetteurs de la region metropolitaine de Quebec selon leur classe d’age

Contre-Navetteurs Total OD 2001 Diff. de prop.

Classes d’age Nombre % Nombre % Valeur Z Sig

15 a 19 ans 70 1.1% 3,530 1.0% 0.38

20 a 24 ans 461 7.2% 21,179 6.3% 2.89 ∗∗25 a 34 ans 2,168 34.1% 73,054 21.7% 20.62 ∗∗35 a 44 ans 2,029 31.9% 105,651 31.4% 0.78

45 a 49 ans 772 12.1% 53,885 16.0% −9.40 ∗∗50 a 54 ans 588 9.2% 46,937 14.0% −12.83 ∗∗55 a 64 ans 254 4.0% 29,007 8.6% −18.53 ∗∗65 a 74 ans 24 0.4% 2,864 0.9% −6.05 ∗∗75 ans et plus 0 0.0% 247 0.1% −15.72 ∗∗Total 6,366 336,354

(∗∗) Difference de proportion significative au seuil de 1%

Figure 6Comparaison des contre-navetteurs et de l’ensemble des navetteurs de la region metropolitaine de Quebec selon leur classe d’age

metropolitain. Couples aux analyses precedentes,ces derniers resultats permettent finalement dedegager un certain nombre d’enseignements.

Interpretation des Resultats

Un peu plus de lumiere sur les interactionsspatiales au sein du champ metropolitain. . .

Les resultats de ce deuxieme volet de recherchesoulignent tout d’abord le dynamisme desmarches locaux de l’emploi au sein du champmetropolitain de Quebec. Tandis que les polesmetropolitains connaissent une faible extension

de leur bassin de main-d’œuvre, les polesnon-metropolitains voient leur aire d’influences’etendre beaucoup plus fortement. Trois dimen-sions permettent de rendre compte de cetteevolution.

Nos analyses indiquent que la distance aucentre metropolitain joue un role importantdans la variation des aires de recrutement despoles d’emploi situes a l’interieur du champmetropolitain de Quebec. Ce sont les polesperimetropolitains qui connaissent les plus fortesextensions de leur bassin de main-d’œuvre, lequels’integre par consequent de plus en plus aubassin de main-d’œuvre metropolitain. Mais a

The Canadian Geographer / Le Geographe canadien 51, no 3 (2007)

La dynamique spatiale des marches locaux de l’emploi de Quebec 319

une distance de plus de 50 km autour du cen-tre metropolitain, l’influence metropolitaine cessede s’exercer. Les marches locaux de l’emploise reorganisent des lors autour de poles non-metropolitains de premiere importance, commeSaint-Georges-de-Beauce. Dans ce type de milieu,ce sont surtout les dynamiques endogenes, ledeveloppement des activites manufacturieres quisont a l’origine de la croissance de l’emploi et desaires de recrutement des poles.

Le degre de specialisation manufacturiere despoles et leur dynamisme en terme de crois-sance de l’emploi constituent en effet le sec-ond facteur de la dynamique des bassins demain-d’œuvre du champ metropolitain de Quebec.De nombreuses etudes ont souligne le dy-namisme des entreprises manufacturieres dela region Chaudiere-Appalaches, particulierementdans le secteur de la Beauce (Billette et Car-rier 2003; Barbonne 2003; Racine 2004). Cettenouvelle etude nous apprend que ce dynamismese traduit par un accroissement correlatif dela taille des bassins de main-d’œuvre despoles d’emploi les plus specialises dans les ac-tivites manufacturieres. C’est le cas des polesperimetropolitains qui recrutent ingenieurs, con-tremaıtres et ouvriers non-qualifies au sein del’aire metropolitaine. Mais c’est aussi cas de laBeauce ou autour de Saint-Georges se reorganiseun sous-ensemble regional de bassins de main-d’œuvre enchevetres les uns dans les autres(Saint-Ephrem, La Guadeloupe, Saint-Victor, Saint-Joseph, Beauceville, Saint-Gedeon). Ce phenomeneconstitue par ailleurs la manifestation spatiale dela cooperation des entrepreneurs beaucerons enmatiere de main-d’œuvre (Palard 1999; Billette etCarrier 2003).

Transversale aux deux premieres dimensions,il semble egalement que le degre de scolarisa-tion de la main-d’œuvre employee dans les polespuisse egalement etre au cœur de la dynamiquespatiale des bassins de main-d’œuvre du champmetropolitain de Quebec. Les poles de la premierecouronne profitent en effet de leur proximiteau bassin de main-d’œuvre metropolitain poursoutenir leur developpement, en recrutant un cer-tain type de main-d’œuvre faisant defaut dansleur propre marche local de l’emploi, par exem-ple de jeunes travailleurs relativement qualifies(cadres, professionnels, employes qualifies). Dufait de leur proximite au centre metropolitain,

de leur acces a un marche de l’emploi beaucoupplus important et diversifie, ces poles beneficientainsi d’economies d’agglomeration, rendues parailleurs accessibles par le developpement desinfrastructures de transport et la mobilite accruedes travailleurs.

Il convient de souligner ainsi le role desaxes de communication dans la dynamique spa-tiale des marches locaux de l’emploi du champmetropolitain de Quebec. Couplee aux resultatsd’une premiere etude portant sur la crois-sance de l’emploi des poles situes au sein duchamp metropolitain de Quebec (Barbonne 2003),l’analyse de la dynamique spatiale des aires derecrutement de ces memes poles d’emploi reveleen effet le caractere axial de l’organisation spa-tiale des activites economiques et des migrationspendulaires au sein du champ metropolitain deQuebec. Les axes semblent constituer une formed’organisation spatiale d’autant plus pertinenteque l’on s’eloigne du centre metropolitain. En ef-fet, nos analyses revelent la faible capacite po-larisante des poles d’emploi non-metropolitain,a l’exception de Saint-Georges autour duquelse reorganise un sous-ensemble regional debassins de main-d’œuvre a une certaine dis-tance du centre metropolitain. Au sein du champmetropolitain de Quebec, c’est donc plutot lelong des principaux axes de communication quese developpent les activites economiques et lesdeplacements des travailleurs.

Finalement, cette extension des bassins demain-d’œuvre non-metropolitains et plus par-ticulierement cette imbrication croissante desbassins de mains d’œuvre de la premierecouronne autour du centre metropolitain, ainsique le processus de reverse-commuting auquelelle donne lieu, temoignent d’une complexi-fication croissante de l’organisation spatialedes marches locaux de l’emploi a l’echelle duchamp metropolitain de Quebec. Finalement,de la meme facon que l’on a deja pu con-stater la deconcentration spatiale des activiteseconomiques autant dans le cas des grandsensembles metropolitains que des plus pe-tites regions metropolitaines comme celle deQuebec (Barbonne 2003), cette etude permetegalement de souligner le phenomene correlatifde deconcentration spatiale des mouvements demain d’œuvre qui accompagne ce desserrementde l’emploi et qui affecte egalement grandes

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et plus petites regions metropolitaines, don-nant lieu ainsi au developpement de navettesmultidirectionnelles et a une complexificationcroissante de l’organisation spatiale des marcheslocaux de l’emploi a l’echelle regionale. C’estfinalement toute la problematique de l’interfaceentre un centre metropolitain, aussi modestesoit-il, et son arriere-pays qui se trouve ainsienrichie, le phenomene de �metropolisation�depassant largement les frontieres �rigides�des decoupages statistiques et administrat-ifs. Par ailleurs, le deplacement importantdes centres de gravite des aires de recrute-ment et l’augmentation correlative du degrede decentrement des poles traduit egalementl’existence d’un processus d’integration territo-riale qui continue de se poursuivre (Villeneuveet Vachon 1999) et qui depasse largement, laencore, les frontieres metropolitaines.

. . .mais plusieurs questions demeurenten suspens

Des analyses plus approfondies meriteraientd’etre entreprises afin de mieux documenterles caracteristiques des navetteurs non-metropolitains. D’une part, il paraıt fort probable,par analogie avec les differences que l’on ob-serve entre les contre-navetteurs et l’ensembledes navetteurs de l’enquete origine-destinationdu reseau de transport de la Capitale pour2001, que les navettes des travailleurs non-metropolitains varient selon leur sexe, leurage, leur profession et le type d’emploi qu’ilsoccupent. D’autre part, soulignons que lespoles perimetropolitains peuvent constitueregalement des opportunites d’emplois pour destravailleurs peu qualifies provenant des cen-tres metropolitains, particulierement de leursquartiers centraux. L’hypothese du Spatial mis-match (Kain 1968) appliquee initialement aux mi-lieux suburbains pourrait etre etendue egalementaux milieux non-metropolitains avoisinants, lesemplois manufacturiers ayant desormais ten-dance a se developper plutot dans ce type demilieux, du moins au Quebec. Cette questionmeriterait d’etre approfondie notamment dansla perspective de favoriser l’accessibilite auxemplois des personnes defavorisees.

Par ailleurs, les interactions prenant place ausein du champ metropolitain ne se limitent

pas aux seules migrations pendulaires. Il con-viendrait egalement d’analyser les deplacementsrelatifs aux loisirs et au tourisme (deplacementsde fin de semaine) des habitants de la regionmetropolitaine de Quebec ainsi que les autrestypes d’echange comme les liens interindus-triels ou encore les achats de biens et servicesplus specialises aupres des entreprises du mi-lieu metropolitain (Doloreux 2003). Toutes ces di-mensions faconnent le champ metropolitain etparticipent d’un processus global d’integrationterritoriale qu’il conviendrait egalement de mieuxdocumenter.

Finalement, il convient de souligner le rolede ces navettes vers les poles d’emploi, partic-ulierement le role grandissant des navettes versles poles non-metropolitains, dans les processusde diffusion spatiale de la richesse et de creationdes disparites entre localites au sein du champmetropolitain de Quebec (Barbonne, Villeneuve etTheriault 2007). Apres le niveau de scolarisa-tion de la main-d’œuvre et une fois tenu compted’un certain nombre d’autres determinants po-tentiels (spatiaux et structurels), ce sont en effetces navettes vers les poles d’emploi qui rendentcompte d’une importante proportion de la vari-ance des niveaux du revenu moyen d’emploi entreles 217 localites de residence de la population ac-tive occupee du champ metropolitain de Quebec.Les navettes constituent en effet un puissant mo-teur de redistribution spatiale des revenus (dulieu de travail vers le lieu de residence) et sontainsi au cœur de la dynamique de production desdisparites locales de revenu au sein des champsmetropolitains. Si comme l’affirme Veltz (1996),les inegalites ont tendance a etre plus impor-tante a echelle fine, alors la prise en comptede la dynamique des marches locaux de l’emploisitues au sein des champs metropolitains s’avereindispensable pour une meilleure connaissancedes processus producteurs de ces disparites derevenus entre localites, particulierement dans lesregions non-metropolitaines dites �centrales�.

Conclusion

Globalement, cette recherche revele l’importantedynamique spatiale des bassins de main-d’œuvreassocies aux poles d’emploi situes a l’interieur duchamp metropolitain de Quebec, particulierement

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de ceux situes dans un rayon de 50 km au-tour du centre metropolitain, et souligne dumeme coup les fortes interactions qui existententre le centre metropolitain et les poles non-metropolitain avoisinants. On assiste en effet aune complexification croissante de l’organisationspatiale des marches locaux de l’emploi et audeveloppement de navettes multidirectionnellesau sein du champ d’influence d’une petite ag-glomeration metropolitaine comme Quebec. Parailleurs, les caracteristiques de cette nouvelleorganisation spatiale des aires de recrutementsoulignent la forme axiale de la repartition despoles d’emploi et des flux de main-d’œuvre quileur sont associes, mettant ainsi en relief le car-actere structurant du reseau de transport dela region. Une analyse approfondie des migra-tions pendulaires au sein du champ metropolitaincontribue ainsi a alimenter la reflexion concer-nant les politiques de transport et d’accessibilitea l’emploi, particulierement pour les person-nes les plus defavorisees et cela tant en mi-lieu metropolitain que non-metropolitain. Outrela distance au centre metropolitain, des variablescomme la specialisation manufacturiere des polesd’emploi ou encore leur dynamisme en termede croissance de l’emploi paraissent egalementjouer un role determinant dans la dynamiquespatiale des marches locaux de l’emploi ausein du champ metropolitain. Il conviendrait des’interroger egalement sur l’influence du niveaude qualification de la population active com-posant ces bassins de main-d’œuvre. Finalement,il nous paraıt pertinent de mettre en relation ala fois la dynamique des poles d’emploi et desbassins de main-d’œuvre qui leur sont associesavec la dynamique des inegalites territoriales derevenu entre les differents types de milieu quicomposent le champ metropolitain de Quebec.Constituant un puissant moteur de redistributionspatiale de la richesse (des lieux de travail auxlieux de residence), la dynamique des navettes esten effet au cœur du processus de production desdisparites locales de revenu au sein d’un champmetropolitain comme celui de Quebec (Barbonne,Villeneuve et Theriault 2007).

Remerciements

Les auteurs remercient Mario Carrier, Richard Shearmur etMarc-Urbain Proulx pour leurs judicieux commentaires sur cet

article en qualite de membres du comite d’evaluation de lathese de Remy Barbonne. Cette recherche a egalement ete ren-due possible par le biais de financements provenant du Con-seil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

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