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ARPI 03 Extra
Homenaje a Rodrigo de Balbín Behrmann
Publicación Extra: 2015 ISSN: 2341-2496 Dirección: Primitiva Bueno Ramírez (UAH) Subdirección: Rosa Barroso (UAH) Consejo editorial: Manuel Alcaraz (Universidad de Alcalá); José Mª Barco (Universidad de Alcalá); Cristina de Juana (Universidad de Alcalá); Mª Ángeles Lancharro (Universidad de Alcalá); Estibaliz Polo (Universidad de Alcalá); Antonio Vázquez (Universidad de Alcalá); Piedad Villanueva (Universidad de Alcalá). Comité Asesor: Rodrigo de Balbín (Prehistoria-UAH); Margarita Vallejo (Historia Antigua- UAH); Lauro Olmo (Arqueología- UAH); Leonor Rocha (Arqueología – Universidade de Évora); Enrique Baquedano (MAR); Luc Laporte (Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes); Laure Salanova (CNRS). Edición: Área de Prehistoria (UAH) Foto portada: Peña Somera (J. A. Gómez Barrera)
SUMARIO Editorial 05-12 Semblanza asturiana seguida de un oprobio de la vejez . Limón Delgado, Antonio 13-19 Hacerse humano. Carbonell Roura, Eudald 20-31 Peuplement de l’intérieur de la Péninsule Ibérique pendant le Paléolithique supérieur: où en est-on? Aubry, Thierry 32-43 Arte rupestre en la frontera hispano-portuguesa: cuenca del río Águeda. Reis, Mario; Vazquez Marcos, Carlos 44-55 Ganando altura. Tránsito, explotación y campamento de cazadores-recolectores en los espacios de monta-ña de la encrucijada vasca. Arrizabalaga, Alvaro; Calvo, Aitor; Domínguez-Ballesteros, Eder; García-Ibaibarriaga, Naroa; Iriarte-Chiapusso, María José 56-72 Los anzuelos de la Cueva de la Canaleja (Romangordo, Cáceres). González Cordero, Antonio; Cerrillo Cuenca, Enrique 73-80 L’art céramique et l’émergence de l’économie agricole. Salanova, Laure 81-95 La nécropole de Barnenez à Plouezoc’h dans le Finistère: le long tumulus nord et son implantation. Cousseau, Florian 96-110 L’intégration de pierres dressées isolées à l’air libre dans les espaces sépulcraux de l’ouest de la France: Le département du Morbihan Gouezin, Philippe 111-118 Les pétroglyphes de la Pierre des Farfadets. Commune du Poiré sur Vie–Vendée (France). Etude d’inter-prétation provisoire. Benéteau, Gérard 119-132 Algunas reflexiones sobre métodos de realce digital de la imagen en pinturas rupestres. Cerrillo Cuenca, Enrique 133-147 El tiempo y los ritos de los antepasados: La Mina y el Alto del Reinoso, novedades sobre el megalitismo en la Cuenca del Duero . Rojo-Guerra, Manuel; Garrido-Pena, Rafael; Tejedor-Rodríguez, Cristina; García-Martínez de Lagrán, Iñigo; Alt, K.W. 148-163 El megalito pseudohipogeico “Monte Deva III” como representación de la plenitud neolítica en el hinter-land de Gijón (Asturias). de Blas Cortina, Miguel Angel 164-179 Ad aeternum. Enterramiento de la Edad del Bronce en Carmona (Sevilla). Belén Deamos, María ; Román Rodríguez, Juan Manuel; Vázquez Paz, Jacobo
180-196 Nuevos datos sobre la secuencia de uso sepulcral de la cueva de Santimamiñe (Kortezubi, Bizkaia). López Quintana, Juan Carlos; Guenaga Lizasu, Amagoia; Etxeberria, Francisco; Herrasti, Lourdes; Martínez de Pancorbo, Marian; Palencia, Leire; Valverde, Laura; Cardoso, Sergio 197-210 Novedades en torno al arte rupestre de Valonsadero (Soria). Gómez-Barrera, Juan A. 211-223 Ces marques qui ne font pas partie du corpus. Hameau, Philippe 224-237 A dos metros bajo tierra. Pensando los yacimientos prehistóricos de hoyos. Márquez-Romero, José Enrique 238-256 The diversity of ideotechnic objects at Perdigões enclosure: a first inventory of items and problems. Valera , Antonio Carlos 257-271 Sobre la cronología de los ídolos-espátula del dolmen de San Martín (Laguardia– Alava). Fernández– Eraso, Javier; Mujika-Alustiza, José Antonio; Fernández– Crespo, Teresa 272-286 La diversidad campaniforme en el mundo funerario. Algunos ejemplos de la cuenca media/alta del Tajo en el interior peninsular. Liesau von Lettow-Vorbeck , Corina; Blasco Bosqued, Concepción 287-305 El Yacimiento romano de la Ermita de San Bartolomé (Atalaya del Cañavate, Cuenca). López, José Polo; Valenciano Prieto, Mª del Carmen 306-319 De un largo “tiempo perdido” en la reconstrucción de la Prehistoria canaria a una rápida construcción de su protohistoria. González-Antón, Rafael; del Arco Aguilar, Carmen 320-333 Manifestaciones rupestres protohistóricas de la isla de Lanzarote en un contexto doméstico: el sitio de Buenavista (Teguise). Atoche Peña, Pablo; Ramírez Rodríguez , Mª Ángeles 334-356 Décorations et représentations symboliques sur les mégalithes du Sénégal et de Gambie. Laporte, Luc; Delvoye, Adrien; Bocoum, Hamady; Cros, Jean‐Paul; Djouad, Sélim;Thiam, Djibi 357-370 Breves notas en torno a unos grabados de armas metálicas de influencia atlásica en las tierras del Tiris, al SE del Sahara Occidental. Sáenz de Buruaga, Andoni 371-387 La figura humana en el arte rupestre en el sur del Valle Calchaquí (Salta, Argentina). Ledesma, Rosanna
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 334
DÉCORATIONS ET REPRÉSENTATIONS
SYMBOLIQUES SUR LES MÉGALITHES DU
SÉNÉGAL ET DE GAMBIE.
Luc Laporte (1), Adrien Delvoye (2), Hamady Bocoum (3), Jean-Paul Cros (4), Sélim
Djouad (5), Djibi Thiam (6)
Résumé
Vestiges de monuments à vocation funéraire, les mégalithes du Sénégal et de Gambie témoignent
d’une grande maîtrise de la sculpture sur pierre. Les monolithes érigés en façade de monuments circulaires
comme les pierres dressées à l'est de ces derniers, expriment une grande variété de formes dont chacune fait
sens. Tel est par exemple le cas de pierres bifides, uniques sur le continent africain. Nos récentes recherches de
terrain permettent de considérer avec un regard nouveau la logique d’organisation de ces différents éléments
au sein des dispositifs architecturaux. Enfin, nous discuterons des gravures découvertes à la base de pierres
bifides ou au sommet de certains monolithes. Si les premières peuvent être considérées comme des motifs liés
à une représentation symbolique, les secondes pourraient en revanche avoir un rôle dans le fonctionnement du
dispositif architectural .
Mots clefs: Architectures mégalithiques, gravures, représentations symboliques, Sénégambie
Abstract
The megaliths of Senegal and Gambia testify of a master's degree in the sculpture of stones. Monoliths
standing within the facade of circular monuments or those raised east of the latter, express a large variety of
forms among which each makes sense. Such are the V stones, unique to the African continent. Our recent re-
searches allow us to reconsider the organization of these various elements within the architectural device. Fi-
nally, we will discuss engravings discovered at the base of V stones or at the top of various monoliths. If the
firsts can be considered as motives with symbolical values, the seconds could merely provide functional inter-
pretations.
Key Words: Megalithic architectures, engravings, symbolic representations, Senegambia
(1) Directeur de Recherche au CNRS. UMR 6566 – CreAAH, Université de Rennes 1. Campus de Beaulieu, bat. 24-25, F-35042 Rennes
CEDEX . [email protected]
(2) Doctorant de l'Université Paris I. Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 CNRS (ArScAn), Équipe « Ethnologie Préhistorique », Maison Ar-
chéologie Ethnologie René-Ginouvès, FR-92023 Nanterre cedex. [email protected]
(3) Directeur de l'IFAN - C. A. Diop BP 206, Dakar, Sénégal . [email protected]
(4) Chercheur associé Arscan-UMR 7041, rue du 14 Juillet - F - 34420 Villeneuve-les-Béziers. [email protected] (5) Anthropologue - Hades. 23 av. de Mossley. F - 59510 Helm. [email protected] (6) Doctorant de l'Université Cheik Anta Diop. Laboratoire d'Archéologie de l'IFAN. BP 206, Dakar, Sénégal. [email protected]
L'art mégalithique est parfois l'une des seules
sources sur laquelle on peut s'appuyer pour tenter de
reconstituer un peu du discours symbolique propre aux
populations du passé, parmi celles qui sont investies
dans des tâches aussi colossales. Dans l'esprit du grand
public, et de quelques uns de nos collègues, cet art
mégalithique se résume le plus souvent, un peu partout
de par le monde, aux seuls motifs gravés sur ces gros
blocs de pierre déplacés par l'Homme. La confrontation
avec les données ethnographiques montre que ce dis-
cours symbolique intègre, en réalité, aussi bien les qua-
lités intrinsèques attribuées au support que les élé-
ments végétaux ou les dispositifs en matière périssable
qui leur sont associés. Le registre décoratif était parfois
souligné de jeux de lumières, ou par des aplats de cou-
leur qui ne sont pas toujours parvenus jusqu'à nous.
Quant à l'interprétation des signes ainsi figurés, le plus
souvent, elle nous échappe très largement.
L'existence d'un art propre au mégalithisme
sénégambien fut signalée en Europe, par le biais d'une
littérature érudite, dès le début du XXe siècle. Très tôt,
le Dr. Jouenne (1920), médecin colonial en poste au
Sénégal, propose un premier inventaire des signes gra-
vés. Il amalgame ainsi cuvettes de polissage, sur des
blocs erratiques, et sculptures en ronde bosse portées
par des monolithes autrefois façonnés et dressés par
l'homme. Il interprète l'ensemble comme autant de
signes au caractère "idéographique", qu'il mettait en
relation avec une religion du soleil. Au milieu du XXe
siècle, quelques chercheurs comme R. Mauny (1961)
réviseront toutes ces données, sur la base de critères
désormais plus rigoureux. On fait alors état de plusieurs
milliers de motifs gravés sur à peu près autant de sup-
ports distincts.
Les mégalithes du Sénégal et de Gambie sont
composés de gros blocs de latérite, extraits, transpor-
tés et dressés, parfois isolément, parfois alignés, et plus
souvent en cercles (fig. 1). Chaque cercle compte entre
une dizaine et une trentaine de monolithes. Il s'agit là
des ruines d'une forme d'architecture, parmi d'autres,
pour des monuments funéraires (Thilmans et al. 1980)
à l'est desquels se tiennent une ou plusieurs pierres
dressées; celles-ci sont donc alignées en position fron-
tale selon un axe nord-sud. Près de 17 000 monuments,
correspondant à un peu moins de 30 000 monolithes,
ont été répertoriés sur une superficie d'environ 30 000
km², presque exclusivement située sur la rive nord du
fleuve Gambie (Martin et Becker 1984). On admet gé-
néralement que ces mégalithes furent érigés entre le 7e
siècle et le 15e siècle de notre ère (Gallay 2010). Ces
toutes dernières années, de nouvelles investigations
sur le terrain ont considérablement modifié notre per-
ception du dispositif monumental (Laporte et al. 2009,
Holl et Bocoum 2014). Quatre sites mégalithiques fu-
rent classés par l'UNESCO en 2006 au titre du Patri-
moine Mondial de l'Humanité. Celui de Wanar, sur
lequel nos propres investigations ont porté, n'avait
jamais fait l'objet d'aucune fouille archéologique précé-
demment.
Au travers de cet article nous nous proposons de
reprendre l'ensemble de la documentation disponible
dans la littérature scientifique sur cet art mégalithique
sénégambien pour tenter de l'appréhender sous le nou-
vel éclairage qu'imposent les découvertes les plus ré-
centes effectuées sur le terrain (Laporte et al. 2012). Ce
n'est là qu'une première ébauche, tant le travail qui
reste à accomplir est considérable. Nous débuterons
cet exposé en nous laissant guider par une chaîne opé-
ratoire qui commence dans les carrières, par la mise en
forme des blocs avec des outils métalliques au détri-
ment de la cuirasse latéritique, jusqu'à la mise en place
de chaque monolithe au sein du dispositif architectural
(Laporte et al. 2015). Il est un point sur lequel nous ne
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 336
reviendrons pas; tous les blocs dressés sont de cou-
leur rouge sombre, et leur surface - même
lorsqu'elle fut soigneusement bouchardée - présen-
te de nombreuses aspérités qui accrochent la lu-
mière.
1.- LA FORME DES MONOLITHES
Les fouilles réalisées sur le site de Wanar ont
démontré que chaque monument funéraire résulte
d'une séquence de construction plus complexe
qu'on ne l'avait imaginé précédemment; cette
séquence diffère suivant les types de monuments.
Chacun mesure entre 3 et 5 m de diamètre. Au
moins deux types de monuments mégalithiques
ont été identifiés, occupant respectivement les
parties nord et sud de la nécropole (Laporte et al.
2015). Au nord, la très grande majorité des cercles
de pierres dressées sont composés de monolithes
courts et trapus, disjoints les uns des autres. Au
sud, ils sont plutôt composés de monolithes plus
hauts, plus étroits et plus élancés, souvent aussi
plus nombreux pour un même cercle, et parfois
jointifs.
Chacun de ces types avait déjà été décrit
par G. Thilmans et C. Descamps dans leur étude sur
la nécropole de Sine Ngayen (Thilmans et al. 1980:
26). Les nécropoles mégalithiques de Wanar et de
Sine Ngayen appartiennent toutes deux à la zone
occidentale du mégalithisme sénégambien. La
Fig. 1 - Mégalithismes du Sénégal et de Gambie. La nécropole de Wanar, au Sénégal, à la fin de la saison des pluies; seuls les monolithes les plus élancés émergent des herbes hautes. Cliché L. Laporte, Carte d'Afrique d'après http://www.populationdata.net/ (Source : Nasa).
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 337
première est celle qui compte le plus grand nom-
bre de pierres en lyre rassemblées en un même
lieu; la seconde est celle qui présente le plus grand
nombre de monuments. En revanche, dans la zone
centrale du mégalithisme sénégambien, à Tiékéné-
Boussoura, Keur Ali Lobé ou Kodiam par exemple,
aucune opposition similaire, dans la taille et dans la
forme des monolithes composant chaque cercle de
pierres dressées n'a pu être observée au premier
abord. Quant aux monuments funéraires de la zo-
ne orientale, ils se présentent principalement sous
des formes architecturales bien plus différentes
encore.
De façon générale, la plupart des pierres
composant un même cercle semblent avoir été
dressées plutôt verticalement. Cependant, dans la
zone occidentale du mégalithisme sénégambien
au moins, Il arrive parfois que seule celle située à
l'ouest, c'est-à-dire à l'opposé de la ligne frontale,
soit couchée à l'oblique. Cette observation a été
réalisée de façon systématique pour tous les mo-
numents aux monolithes courts et trapus apparte-
nant à la nécropole de Wanar. Les pierres
"occidentales" y sont plus petites et plus étroites
que toutes les autres (fig.2 n°1). C'est également le
cas pour les quatorze monuments du même type
présents sur la nécropole de Sine Ngayen. Le mo-
nument 27 de cette dernière présente deux cercles
emboîtés de façon concentrique. Le cercle interne
est composé de monolithes beaucoup plus petits
que ceux du cercle externe. La pierre "occidentale"
du cercle interne est ici la plus haute par rapport à
toutes celles qui le compose. Elle est également
implantée légèrement à l’écart des autres mono-
lithes du même cercle de pierres dressées. L'exis-
tence d'une telle pierre "occidentale" n'avait jamais
été remarquée précédemment.
Cette dernière observation n'a pris tout
son sens qu'à la suite des fouilles archéologiques
les plus récentes. Lors de la fouille du monument
XIV, à Wanar, nous avons pu établir que la mise en
place de cette pierre "occidentale" précédait celle
de toutes les autres. Le dégagement de la fosse de
calage correspondante en atteste (fig.2 n°2A).
Cette pierre a donc été d'abord dressée isolément,
à l'ouest d'une chambre funéraire excavée dans le
substrat. La construction du monument mégalithi-
que circulaire n'est intervenue que dans un second
temps (fig.2 n°2B), après comblement et scelle-
ment de l'espace sépulcral (fig.2 n°2C). Les mono-
lithes sont alors disposés en façade d'un cylindre
plein, ou d'une plate-forme; celle-ci était délimitée
par une alternance de murettes en pierres sèches
et de pierres dressées (Laporte et al. 2009). Le bas-
culement intentionnel de la pierre "occidentale"
sur le comblement tumulaire interne au cercle de
pierres dressées, marque la fin du processus (fig.2
n°2D). Cette séquence, inédite, méritait d'être pré-
cisée avant d'argumenter la suite de notre discours
sur la forme donnée à certaines de ces pierres.
L'emplacement initial de cette pierre
"occidentale" est validé par les observations effec-
tuées pour le monument XV de cette même nécro-
pole mégalithique de Wanar. Dans ce cas, le mo-
nolithe s'est cassé en deux vers sa base au moment
de son basculement; la plus grande partie du fût
repose à l'oblique sur la masse tumulaire interne au
cercle de pierres dressées, alors que la base est
restée plantée verticalement à son emplacement
initial (fig.3 n°1). Cet emplacement initial est situé
légèrement à l'ouest du monument, décalé de
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 338
Fig. 2.- Séquence de construction d'un monument circulaire dont la façade était composée de monolithes courts et trapus : l'exe-mple du monument XIV sur la nécropole de Wanar. Initialement, la pierre occidentale était la seule à se dresser aux abords de la chambre funéraire, excavée dans le sol, pendant son fonctionnement sépulcral. La construction du cercle de pierres dressées n'in-tervient que dans un second temps. La pierre occidentale, située à l'opposé des frontales érigées à l'est du monument circulaire, est alors basculée sur son remplissage interne. (Cliché et DAO L. Laporte)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 339
quelques dizaines de centimètres par rapport au
tracé ovalaire correspondant à l'implantation au sol
de toutes les autres pierres dressées. Avant la cons-
truction du monument mégalithique, dont les rui-
nes s'offrent aujourd'hui à notre regard, et avant
même l'érection de pierres frontales à l'est du mo-
nument, une seule pierre marquait l'emplacement
de la chambre sépulcrale tout le temps de son
fonctionnement funéraire.
Initialement dressée à l'ouest de la cham-
bre sépulcrale, nous avons vu que cette pierre
"occidentale" présente systématiquement une for-
me distincte de toutes les autres. L'une d'entre
elles retiendra plus particulièrement notre atten-
tion (fig.3 n°3). Il s'agit de la pierre "occidentale" du
monument XII, au sein de la nécropole mégalithi-
que de Wanar. Elle est ici la seule qui présente une
partie sommitale de forme ogivale. Quelques au-
tres pierres dressées de forme semblable sont par
exemple intégrées dans la construction des doubles
cercles de Sine Ngayen et de Keur Ali Lobé (fig.4
n°3). D'autres pierres de forme ogivale sont parfois
disposées en frontale dans les nécropoles de la zo-
ne centrale, comme à Kodiam par exemple (fig.4 n°
2). D'autres enfin, sont celles que l'on retrouve si
fréquemment dressées devant les monuments fu-
néraires de la zone orientale du mégalithisme séné-
gambien.
Les nécropoles de la zone orientale du
mégalithisme sénégambien sont caractérisées par
l'absence de cercles de pierre dressées; les monu-
ments se présentent plutôt sous la forme de mas-
ses tumulaires, parfois recouvertes d'une carapace
de pierres. Les seuls monolithes présents sur ces
nécropoles plus orientales sont ceux disposés
immédiatement à l'est des monuments funéraires,
Fig. 3.- Diversité dans la forme des pierres "occidentales", sur la nécropole de Wanar, qui contraste avec une grande standardisa-tion des autres blocs disposés en façade d'un même monument. La pierre occidentale du monument XII se distingue de par sa forme fuselée. La base de la pierre occidentale du monument XV, brisée lors de son basculement, atteste de la position initiale légèrement excentrée de ce monolithe par rapport au cercle de pierres dressées. (Clichés L. Laporte)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 340
en position frontale. Ils sont pour la plupart de peti-
te taille, et leur sommet présente fréquemment
une forme ogivale (fig.4 n°1). Leur forme est ainsi
similaire à certaines pierres "occidentales" dont la
mise en place précède la construction du cercle de
pierres dressées, dans la zone occidentale du
mégalithisme sénégambien. Il paraît difficile d'aller
plus avant dans les conclusions, en l'absence de
fouilles véritablement récente sur des monuments
de la zone orientale.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une sculpture, au
sens d'une représentation figurative explicite, la for-
me donnée à certains au moins des monolithes com-
posant le dispositif architectural semble donc avoir
disposé d'un sens bien particulier. C'est évidemment
également le cas pour les pierres bifides.
Fig. 4.- Monolithes dont l'extrémité supérieure est de forme ogivale, disposés en frontales de nombreux monuments des nécropo-les de la zone orientale, et plus rarement dans la zone centrale du mégalithisme sénégambien. Quelques autres sont parfois dis-posés parmi les monolithes composant le cercle de pierres dressées, comme ici pour le cercle interne du monument 27 de Sine Ngayen. Noter la position légèrement décalée vers l'extérieur de la pierre occidentale correspondante. (Clichés L. Laporte)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 341
2. PIERRES BIFIDES
Les pierres bifides sont composées de
deux branches montantes réunies sur un même
socle qui ancre le monolithe dans le sol. On doit
également au docteur Jouenne (1918) le terme de
pierre en lyre; il est employé lorsque ces deux bran-
ches montantes sont réunies par un tenon. Le te-
non est situé, le plus souvent, au niveau du tiers
supérieur de la hauteur des branches montantes.
Quarante sept pierres bifides ont été répertoriées,
dont trente pierres en lyre. Elles sont associées à au
moins 29 monuments différents, principalement
des cercles mégalithiques. Elles se répartissent sur
22 sites distincts, tous situés dans l’aire centrale et
occidentale du mégalithisme sénégambien (fig.5
A). La plupart des sites ne comptent qu’une seule
pierre bifide et plus rarement deux, trois ou quatre
au maximum. En revanche, à elle seule, la nécropo-
le de Wanar en compte seize, soit le tiers de toutes
celles inventoriées à ce jour. Au sein d’une même
nécropole, la très grande majorité des pierres bifi-
des ont été érigées parmi les frontales de cercles
mégalithiques, voire en frontale de simples masses
tumulaires pour cinq d’entre elles. Deux autres
semblent isolées. Deux autres enfin ont été inté-
grées dans la construction d’un cercle de pierres
dressées (Martin et Becker 1984).
La diversité des formes qui a été donnée
aux monolithes bifides contraste avec la standardi-
sation des monolithes cylindriques qu'elles
côtoient, parfois au sein d'une même ligne de
pierres frontales. En réalité, il n'est pas une seule
pierre bifide, ni une seule pierre en lyre, qui
ressemble exactement à une autre. Le site de
Wanar est certainement le plus approprié pour ren-
dre compte de cette diversité. Quatorze pierres en
lyre, et une pierre en V, y furent érigées parmi les
frontales de cinq monuments pour une nécropole
qui en compte vingt et un. Quatorze de ces mono-
lithes, pierres en lyre ou en V, sont disposées par
paires. Une autre pierre en lyre, en cours d’extracti-
on, gît dans les carrières adjacentes. Aucune n’est
exactement semblable. Elles différent un peu par
leurs proportions, ou leurs dimensions. Mais elles
se distinguent surtout par le caractère parallèle ou
divergent des deux branches montantes, par leurs
sections, comme par la façon dont ces branches
montantes se rattachent au socle. La forme
donnée à ce dernier varie également. La jonction
entre le socle et les branches montantes, par
exemple, peut être totalement continue ou bien
marquée par un simple ressaut, plus ou moins
appuyé. Elle est plus rarement soulignée par un
bandeau sculpté en relief.
La découverte toute récente de gravures
inédites, à la base de l'une des pierres en lyre dispo-
sées en frontales du monument XVIII (fig.5 B), a
notamment motivé notre intérêt renouvelé pour
l'art mégalithique correspondant. Des exemples
pris sur deux autres nécropoles mégalithiques,
celles de Keur ali Ngane et de Diam-Diam, nous
serviront à illustrer encore un peu plus cette diver-
sité.
Keur Ali Ngane: le site de Keur Ali Ngane
ne présente qu’un seul monument qui compte
quatre pierres bifides, dont trois pierres en lyre
disposées parmi les frontales (fig.6 A). Une pierre
en V figure parmi les monolithes qui composent la
façade du monument circulaire. Elle est aussi plus
petite que ces dernières. Elle occupe alors une
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 342
Fig. 5.- Pierres bifides du mégalithisme sénégambien. A/ Carte de répartition des pierres bifides au Sénégal et en Gambie. Les principaux sites archéologiques mentionnés dans le texte sont indiqués en italique. Le chiffre reporté à proximité du symbole co-rrespondant témoigne du nombre de pierres bifides recensées sur chaque site. La photo en bas à droite représente la pierre en V de Ker Batch, en Gambie. (Cliché J.-P. Cros). B/ Pierres en lyre parmi celles disposées sur une ligne frontale devant la façade orienta-le du monument XVIII, à Wanar. (Cliché L. Laporte).
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 343
place similaire à celle déjà décrite pour certaines
pierres de forme fuselée, sur d'autres sites de la
zone occidentale ou centrale du mégalithisme sé-
négambien. Contrairement aux pierres en lyre dis-
posées en frontales du monument de Keur Ali Nga-
ne, la face postérieure de cette pierre bifide est
restée brute d’extraction (fig.6 n°1 à 4), comme
c’est généralement le cas pour les monolithes cy-
lindriques d’un cercle mégalithique (fig.6 n°5) ; seu-
les les parties destinées à être visibles ont été bou-
chardées. Il ne s’agit donc pas d’un remploi. En
revanche, les trois pierres en lyre disposées à l’est
du monument funéraire ont été bouchardées sur
toute leur périphérie (fig.6 n°2 à 4), comme c’est
également le cas pour les monolithes cylindriques
disposés en frontales (fig.6 n°1).
Les imposantes pierres en lyre disposées
en frontales, ne se distinguent pas seulement de la
petite pierre en V qui fut intégrée dans le cercle de
pierres dressées ; elles se différencient également
entre elles, sous la forme de deux groupes distincts
(fig. 7 A). Les deux pierres en lyre placées au nord,
sur la même ligne frontale, présentent un tenon
Fig. 6.- Diversité des pierres bifides associées au monument de Keur Ali Ngane. A/ Plan du site relevé par C. Descamp en 1967 (Archives de l’IFAN), avec les annotations de l’auteur. B/ Clichés n°1 à 4 - Pierre en V intégrée dans la construction du cercle de pierres dressées ; seule la face d’affleurement, tournée vers l’extérieur, a été bouchardée. La séparation entre les deux branches montantes est donc incomplète, la face opposée étant restée brute d’extraction. Cliché 5 – Pour comparaison, face interne restée brute d’extraction d’un autre des monolithes composant le même cercle de pierres dressées. (Clichés L. Laporte)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 344
Fig. 7.- Diversité des pierres bifides associées au monument de Keur Ali Ngane. A/ Plan du site relevé par C. Descamps en 1967 (Archives de l’IFAN), avec les annotations de l’auteur. B/ Cliché 1 – Monolithe hémi-cylindrique disposé en frontale, dont le fût a été bouchardé sur toute sa périphérie. Clichés 2 à 4 – Pierre en lyre placée au sud de la ligne frontale. Le cliché 2 correspond à l’état de ce monolithe avant sa restauration en 1967, sous la direction de C. Descamps. On remarquera que l'emplacement où il se tient aujourd'hui semble un peu plus éloigné du monument circulaire. Les clichés 3 et 4 présentent l’aspect actuel des faces est et ouest du monolithe restauré, et redressé. Clichés 5 à 7 – Pierre en lyre extraite puis déplacée auprès du Musée Dynamique de Da-kar, en 1966. J. Girard avait noté la présence d’une cannelure horizontale sur son socle. Les clichés 7 présente un détail de ces cannelures horizontales sur ce monolithe qui est aujourd’hui dressé dans les jardins du Musée de l’IFAN. (Clichés 1,3 et 4 L. Lapor-te, Cliché 7, A. Delvoye, Clichés 2, 5 et 6 d'après Girard 1992)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 345
situé vers le tiers supérieur de chaque branche
montante. En revanche, le tenon correspondant à
la pierre en lyre située au sud, a été dégagé au mi-
lieu de leur hauteur. Ces trois pierres en lyre diffè-
rent également par la forme et par la section de
leurs branches montantes. Celles-ci se raccordent
de façon continue sur le socle de la pierre en lyre
qui fut extraite par Girard, en 1966, puis déplacée à
Dakar ; d’abord devant le Musée Dynamique puis
aujourd’hui dans les jardins du Musée de l’IFAN. En
revanche, sur la pierre en lyre située au sud de la
ligne frontale, ces mêmes branches montantes se
raccordent par un ressaut, sur un socle plus nette-
ment individualisé. Cet exemplaire, seul encore
visible sur ce site, fut restauré en 1967 sous la direc-
tion de C. Descamps.
Girard (1992) signale l’existence d’une
profonde cannelure sur le socle de la pierre en lyre
qu’il fera ensuite transporter à Dakar. Il considérait
alors que ce trait horizontal pouvait indiquer aux
bâtisseurs la profondeur jusqu’à laquelle cette pie-
rre devait être enfoncée. La gravure ne fut plus
guère mentionnée par la suite dans la littérature
concernant le mégalithisme sénégambien. Le dé-
gagement de gravures similaires, pour l’une des
pierres en lyre implantée sur le site de Wanar, nous
amena à en redécouvrir l’existence à l’occasion
d’une visite au Musée de l’IFAN. En réalité, il ne
s’agit pas d’un seul trait gravé, comme indiqué par
J. Girard, mais de deux profondes rainures super-
posées (fig.7 n°5 à 7).
Diam-Diam: le site de Diam-Diam com-
prend deux cercles mégalithiques de 6 m et de 8 m
de diamètre, disposant respectivement de 3 et de
12 pierres dressées formant une ligne frontale à
l'est. V. Martin et C. Becker (1984) comptent égale-
ment dix autres monuments tumulaires pour cette
même nécropole, dont cinq pourvus de pierres
frontales. Seul le plus grand des deux premiers mo-
numents retiendra notre attention. Il fût abondam-
ment décrit par P. Jouenne, dès 1918, qui note la
présence de deux pierres en lyre au sein de l'aligne-
ment de pierres frontales. Sur la première, "vers le
sommet de la branche nord on voit sur chacune des
faces est et ouest une forte dépression ovalaire
polie, que j'ai déjà interprété plus haut comme une
image du disque du soleil". (Jouenne 1930, p.316).
La base du monolithe était alors enfouie. Les dis-
ques qu'il mentionne ne sont donc pas ceux que Mr
de Saint Senne représente sur un croquis, à la base
de cette même pierre en lyre, dans une lettre ma-
nuscrite datée de 1938, et conservée aux archives
de l'IFAN (fig.8 n°2 ).
C'est sur un autre bloc (fig.8 n°1) que P.
Jouenne identifie, pour la première fois, la présen-
ce de sculptures en ronde bosse: "Une seconde
pierre en lyre, identique à la première est à demi
enfoncée dans le sol. Les deux branches de ce mo-
nolithe mesurent 1 m.70 de haut et se soudent à
leur base en une partie commune qui porte une
sorte d’écusson triangulaire à sommet supérieur,
détaché en haut relief sur la surface de la
pierre." (Jouenne 1918: 77-79). Un relevé précis de
la sculpture en ronde bosse présente à la base de la
première des deux pierres en lyre ne sera réalisé
qu'en 1956, par R. Mauny (fig.8 n° 5). Sur la face
tournée vers l'est, un épais bandeau en relief
sculpté sur le sommet du socle souligne ici son
raccordement avec la base des branches montan-
tes. Le bandeau s'interrompt juste en dessous de
l'échancrure qui sépare chacune des branches
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 346
montantes. Il encadre alors un disque, d'un peu
plus d'une vingtaine de centimètres de diamètre,
également sculpté en ronde bosse sur la partie su-
périeure du socle (Mauny 1961: fig.39).
Pierres bifides et pierres en lyre sont des
sculptures emblématiques du mégalithisme sénéga-
mbien. Aucune autre représentation en pierre de for-
me similaire n'est connue sur le continent africain.
Leur signification reste un mystère. De nouvelles
observations montrent toutefois combien la forme
qui leur a été donnée n'est pas seule à faire sens.
Fig. 8.- Pierres en lyre de Diam-Diam. A/ Plan du monument concerné, selon le relevé de R. Mauny. 1) La pierre en lyre placée au sud de l'alignement de pierres frontale - cliché L. Laporte, 2) Dessin, parfois un peu approximatif, joint par Mr de Saint-Senne à un courrier manuscrit en date du 27 septembre 1939 - Archives de l'IFAN, 3) Photographie par R. Mauny de la base de la pierre en lyre située au centre du dispositif - Archives de l'IFAN, cliché ref. C56 205, 4) Original manuscrit du relevé publié par R. Mauny en 1961, fig.39 - Archives de l'IFAN, 4) Photographie de détail du cercle gravé - Cliché L. Laporte, 6) Disque en or de dimensions sembla-bles découvert à Rao (Sénégal) - Cliché IFAN
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 347
3. RYTHMES ET SYMÉTRIES
V. Martin et C. Becker (1984) furent les pre-
miers à remarquer l’existence de rythmes dans la
disposition des pierres bifides lorsqu’elles sont in-
tégrées dans une ligne frontale. La portée de telles
remarques était toutefois limitée par la nature d’un
inventaire basé exclusivement sur des prospections
de surface, et comprenant de nombreux blocs
effondrés ou fragmentés. Suite aux fouilles effec-
tuées sur le site de Wanar, ces observations ont pu
être affinées en tenant compte également des di-
mensions comme de la morphologie de chaque
monolithe.
Séquences élémentaires: au sein du mégali-
thisme sénégambien, la forme donnée à chaque
pierre comme le rythme qui ressort de leur juxtapo-
sition fait sens. Treize des quarante sept pierres
bifides répertoriées semblent isolées, et dix autres
au moins sont disposées par paires jointives ( YY ).
Nous avons vu que cette disposition par paires,
jointives ou non, est particulièrement fréquente à
Wanar. A Wanar, à Keur Ali Lobé et à Padaf trois
autres pierres bifides occupent chacune l'extrémité
d'une file de monolithes cylindriques ( YIIIII ). Six
autres pierres bifides, réparties sur les sites de Keur
Savéli, Kolonto, Keur Ali Lobé, Kabakoto, Ndakar
Sonkorong et Ker Batch, occupent chacune le cen-
tre de symétrie d'un dispositif qui compte égale-
ment un ou deux monolithes cylindriques, élevés
de chaque coté ( IIYII ). La suite va nous montrer
que ces trois types de dispositifs constituent com-
me des briques élémentaires pouvant être combi-
nées afin d'obtenir quelques séquences plus com-
plexes.
La ligne frontale du monument de Keur Ali
Ngane compte trois pierres en lyre et deux mono-
lithes cylindriques. La pierre en lyre disposant
d'une gravure se trouve au centre du dispositif. Les
deux autres pierres en lyre sont situées aux extré-
mités nord et sud de cet alignement frontal; chacu-
ne se trouve à proximité d'un monolithe cylindrique
qui pourrait lui être associée ( YI / Y / IY ). Au sein
de la nécropole de Wanar, le monument XVIII dis-
pose de quatre pierres en lyre, érigées en position
frontale. L'une d'entre elles, au sud, se trouve un
peu à l'écart des trois autres, accolées les unes aux
autres. La pierre en lyre qui est disposée au centre
de ce dernier dispositif est la seule qui présente des
gravures au sommet de son socle ( Y / YYY ). Seu-
les des fouilles récentes ont permis d'en reconnaî-
tre l'existence. Nous avons vu qu'il s'agit du même
motif que celui présent à Keur Ali Ngane.
Séquences complexes: la mise en évidence
de séquences complexes, alternant des sections
standardisées comme autant de briques élémen-
taires, suggère l'existence d'un discours symboli-
que particulièrement élaboré, dont la nature nous
échappe malheureusement.
Les séquences observées au sein des deux
lignes frontales des monuments I et XI de Wanar
comptent le même nombre de pierres, et le même
nombre de pierres en lyre. Sur ce point, nos pro-
pres décomptes différent quelque peu de ceux pro-
posés par Martin et Becker, du fait notamment des
fouilles qui ont eu lieu sur ce site depuis lors. Les
monuments I et XI appartiennent chacun à l'un des
deux types architecturaux récemment mis en évi-
dence sur cette nécropole. Mais se sont assuré-
ment ceux dont la construction a demandé le plus
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 348
d'efforts en manutention, pour chacun de ces deux
types. Les deux lignes frontales qui leur sont asso-
ciées peuvent chacune être divisées en deux seg-
ments homologues.
Dans la partie nord de la ligne frontale asso-
ciée au monument I, une pierre en V et une pierre
en lyre sont placées de part et d'autre d'un épais
monolithe cylindrique. Dans la partie sud de cette
même ligne frontale, une paire jointive de mono-
lithes cylindriques est encadrée par deux pierres en
lyre (YIIY / YIY ). La reconstitution graphique de
chacun de ces monolithes, pour la plupart effon-
drés sur le sol et fragmentés, permet de se rendre
compte que les deux pierres bifides situées au nord
sont également plus hautes que tous les mono-
lithes situés plus au sud (fig.9 A).
La ligne frontale du monument XI est struc-
turée selon un rythme semblable ( IYYI / YIY ). Au
nord, deux pierres en lyre encadrent un monolithe
cylindrique. Au sud, une paire jointive de pierres
lyres est encadrée par autres monolithes cylindri-
ques. Les segments situés au nord sont homolo-
gues ( YIY ), au sein des deux lignes frontales asso-
ciées aux monuments I et XI de la nécropole de
Wanar. Il est curieux de constater que les segments
situés au sud sont en revanche symétriques l'un de
l'autre ( YIIY ou IYYI ).
On ne peut pas exclure que l'adjonction de
segments distincts soit le fruit d'évènements suc-
cessifs; nous avons pu démontrer - à plusieurs re-
prises - que tous les monolithes d'une même ligne
frontale n'avaient pas forcément été érigés en
même temps. De même que pour les dépôts céra-
miques, nous serions plutôt tentés d'associer
l'érection des frontales avec des activités rituelles
ou commémoratives (Delvoye et al. à paraître).
L'existence de symétries dans la composition de
segments homologues appartenant à des monu-
ments différents, au sein d'une même nécropole,
suppose toutefois que le résultat final disposait
également d'un sens bien précis.
Pierres bifides et pierres fuselées: a Diam-
Diam la ligne frontale peut être également divisée
en deux segments distincts (IYI / IIII Y IIII). Nous
nous accorderons avec V. Martin et C. Becker pour
en exclure les trois monolithes cylindriques situés
prés de l'extrémité sud de cet alignement; leur
morphologie est bien différente. Au nord, la pierre
en lyre qui porte un disque gravé sur sa base est
encadrée de chaque coté par quatre monolithes
cylindriques. Au sud, la seconde pierre en lyre de
cette même ligne frontale est encadrée par deux
monolithes cylindriques de même section, et un
peu plus massifs que les précédents (fig.8 n°3).
L'effondrement des blocs ne permet pas de savoir
s'il existe des différences de hauteur entre chacun
des deux segments de cet alignement, comme cela
est avéré pour le monument I de Wanar. De tels
rythmes affectent parfois aussi la disposition des
monolithes de forme fuselée, lorsqu'ils sont égale-
ment disposés au sein d'un alignement de pierres
frontales, comme à Kodiam par exemple (fig.4 n°
2).
Cela vaudrait-il, parfois au moins, pour cer-
taines des pierres disposées en façade des monu-
ments circulaires ? Nous avons déjà noté la posi-
tion homologue de rares pierres en lyre et de quel-
ques monolithes fuselés, venant rompre la mono-
tonie de chacune des façades correspondantes.
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 349
Fig. 9.- Rythmes et symétries dans les dispositions des pierres bifides au sein d'une même ligne frontale. A/ L'exemple archéologi-que de la ligne frontale du monument I, à Wanar : A1/ Relevé de la pierre en lyre F1, fragmentée et effondrée sur le sol, après dé-gagement de chacun de ses fragments. A2/ Photographie de la pierre bifide F2 (Cliché L. Laporte). A3/ Reconstitution des éléva-tions de cet alignement de pierres dressées, après dégagement et relevé de chacun des fragments de monolithes effondrés (DAO L. Laporte). B/ Exemples contemporains pris chez les populations de langue Tenda. B1/ Détail d'une phtographie montrant les Forquilhas da Alma du royaume de Pandim, en Guinée-Bissau (Texeira de Mota 1954 fig. 56 - cliché A. Carreira), B2/ Pierre dressée en pays Bédik, au Sénégal oriental (Cliché A. Delvoye)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 350
Une approche plus systématique ne manquerait
pas de révéler quelques symétries, ou quelques
analogies, auxquelles on n'a guère prêté attention
jusqu'à présent. Chaque détail compte. Le cercle
principal de Diam-Diam compte 29 monolithes
dont les faces d'arrachement, restées brutes d'ex-
traction, sont systématiquement tournées vers
l'intérieur; un seul d'entre eux, situé au sud et de
même taille que tous les autres, fut bouchardé sur
toute sa périphérie. On ignore s'il s'agit d'un rem-
ploi, comme cela arrive parfois, ou si cette singula-
rité lui confère un rôle analogue à la petite pierre
bifide qui fait face au nord dans le cercle de Keur Ali
Ngane, par exemple.
Toutes les pierres en lyre qui portent un décor
gravé sur la base du fût, sans exception à ce jour, ont
été disposées au centre des séquences les plus com-
plexes. Ce n'est pas le cas, en revanche, pour les très
nombreux monolithes qui présentent à leur sommet
ce qui a été si souvent présenté, également, comme
un motif gravé.
4 -MOTIFS REPRÉSENTÉS
Nous avons vu que deux pierres en lyre, pro-
venant chacune des sites de Wanar et de Keur Ali
Ngane, portent des décors gravés de profondes
rainures, horizontales et parallèles. A Wanar, il
s'agit de deux profondes rainures horizontales aux
extrémités arrondies, longues de 40 cm et larges
de 6 à 8 cm. Superposées l'une à l'autre, elles sont
séparées par un espace de quelques centimètres
seulement, et disposées au sommet du socle, à
quelques centimètres également en dessous de
l'échancrure qui sépare chaque branche montante
(fig.5 B). A Keur ali Ngane, ces mêmes traits gravés
présentent une disposition et des dimensions tout
à fait similaires (fig.7 n° 7) .
Une autre pierre en lyre et un monolithe
cylindrique, dressés respectivement sur les sites de
Diam-Diam et de Sine Ngayen, portent plutôt un
disque gravé en ronde bosse. Le profil médian du
disque sculpté, illisible dans la publication mais
plus précis sur le relevé original conservé à l'IFAN
(fig. 8 n° 5), montre la présence d'un bourrelet péri-
phérique suivi d'une dépression et d'un relief cen-
tral, que nous avons effectivement pu observer in
situ (fig.8 n° 6). Ces reliefs nettement marqués dis-
tinguent le cercle gravé à la base de cette pierre en
lyre, à Diam-Diam, du seul autre exemplaire connu.
Ce dernier se trouve vers la base du fût d'un mono-
lithe cylindrique érigé en frontale du monument 27,
à Sine Ngayen (Holl et Bocoum 2014: fig. 34). Son
volume, comme les plages de polissage qui circons-
crivent le disque, ne permettent pas d'exclure qu'il
ait été réalisé après la mise en place de la pierre
dressée.
Un tel motif a parfois été comparé au disque
en or de 18 cm de diamètre découvert à Rao, beau-
coup plus au nord du Sénégal (Joire 1955). Celui-ci
est daté par son contexte funéraire, vers 1300 de
notre ère. Les décors de filigrane et aux cabochons
hémisphériques rendent compte de techniques
employées par les orfèvres de tradition islamique
(fig.8 n°7). Ils dessinent comme des cercles concen-
triques autour d'une protubérance centrale
(Fauvelle-Aymar 2013: 114). Aucun objet en or
n'était connu, jusqu'à présent, parmi le mobilier
des dépôts sépulcraux associés au mégalithisme
sénégambien. Mais six perles en or ont été
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 351
recueillies sur la nécropole de Wanar.
Ces quatre gravures ont toutes été sculptées
au même emplacement. Situées vers la base du
monolithe, elles affleuraient juste au dessus du sol
protohistorique. Aujourd'hui, ce niveau de sol pro-
tohistorique a souvent été rehaussé par quelques
apports sédimentaires plus récents. De plus, nom-
bre de pierres bifides gisent éparses et souvent
fragmentées. Il ne serait donc pas très étonnant
que d'autres motifs gravés, disposés sur leur sup-
port au même emplacement, aient pu échapper à
la sagacité des chercheurs qui travaillent sur le
mégalithisme sénégambien depuis maintenant
plus d'une centaine d'années. En l'état des connais-
sances, les quatre gravures dont nous venons de
faire état sont les seules, toutefois, pour lesquelles
nous soyons absolument certain qu'ils puissent être
interprétés comme les motifs d'une représentation
symbolique.
Beaucoup plus nombreux sont les volumes
dégagés au centre de la partie sommitale d'un mo-
nolithe. L'inventaire publié par Martin et Becker ne
dénombre que les sites disposant de telles
"particularités lithiques". La plupart des monolithes
correspondants sont de forme globalement cylin-
drique, mais quelques autres présentent une forme
sommitale au moins légèrement ogivale. Leur
sommet peut être plan, ou légèrement concave.
"Disques" et "boutons" correspondent à une ex-
croissance en relief. Il existe de nombreux intermé-
diaires entre la protubérance sommitale bien mar-
quée d'un "bouton" et le relief parfois à peine per-
ceptible d'un "disque" plus large et très aplati.
Aucune étude statistique précise n'a jamais été
entreprise sur ce point. Les "cupules" représentent
un volume à peu près identique, situé au même
endroit, mais en creux. Il est aussi quelques cupules
qui correspondent seulement à une légère dépres-
sion. En revanche, il faut reconnaître que nous
n'avons pas encore pu observer en détail les
"sphères" sculptées à l'extrémité de seulement
quelques pierres dressées sur des sites gambiens
(fig.10 A n°1, cf. aussi pour comparaison fig.9 B1).
Les inventaires de C. Martin et de C. Becker
(1984) montrent combien les monolithes pourvus
d'un "disque" ou d'un "bouton" sommital sont très
largement majoritaires dans la zone occidentale du
mégalithisme sénégambien. Ceux pourvus d'une
dépression au même emplacement sont surtout
présents dans la zone centrale, comme aussi sur de
nombreux monolithes frontaux de la zone orientale
du mégalithisme sénégambien (fig. 10 A). G. Thil-
mans faisait aussi remarquer que les motifs de
"disques" gravés ne se retrouvent que sur les sites
qui, par ailleurs, disposent également de pierres à
"boutons" (Thilmans et al. 1980: 140). Aucune étu-
de des chaînes opératoires mises en œuvre pour
dégager de tels volumes à l'extrémité de chaque
monolithe n'a jamais été réalisée, aucune ébauche
n'a été signalée; l'un des disques représentés sur
les gravures proposées par P. Jouenne (fig.10 A n°
2), et que nous avons pu observer in situ à Sine
Ngayen, ferait pourtant un bon candidat pour ce
type d'études.
Mais s'agit-il toujours véritablement de mo-
tifs liés à une représentation symbolique ? La ques-
tion se pose effectivement pour certains "boutons"
et "cupules" bien individualisés, dont le relief pour-
rait tout autant répondre à des préoccupations
fonctionnelles. Car ils pourraient correspondre à
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 352
Fig. 10 – Monolithes sculptés à leur sommet, au Sénégal et en Gambie. A/ La répartition des pierres à sphère (1), à disque (2) ou à bouton (3), est géographiquement exclusive de celle des pierres à cupules - gravures d'après par P. Jouenne (1930). B/ Certains au moins des boutons (1), et cupules (2), pourraient-ils correspondre à autant de tenons, ou mortaises, dont le complément en matière périssable aurait disparu ? (Clichés L. Laporte) C/ Pour comparaison, stèle Gewada en Ethiopie (Cliché J.-P. Cros).
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 353
autant de tenons, dans un cas, ou à des mortaises,
dans l'autre, sculptés dans la pierre et destinés à
recevoir une pièce en bois disposant d'un dispositif
similaire (fig.10 B). Le fait qu'ils soient si souvent
disposés sur la partie sommitale de monolithes
isolés, n'est pas un argument suffisant pour exclure
une telle hypothèse; de nombreux exemples eth-
nographiques en attestent (fig. 10 C). Et ce fut aus-
si, par ailleurs, l'un des acquis de nos travaux sur la
nécropole mégalithique de Wanar que de démon-
trer l'usage complémentaire de pièces de bois, ou
de constructions en terre crue, pour compléter un
dispositif qui, au premier abord, ne nous apparaît
plus aujourd'hui que sous la forme d'un ensemble
de pierres dressées (fig. 11).
Seule une étude plus précise de la morpholo-
gie des "disques", "boutons" et "cupules", présents
sur le sommet de nombreux monolithes, permettrait
donc de distinguer d'éventuels motifs sculptés, parmi
d'autres éléments qui pourraient tout aussi bien rele-
ver d'un rôle uniquement fonctionnel.
5 -CONCLUSION
Ici, comme souvent dans de nombreuses
manifestations du mégalithisme de par le monde,
le choix de la couleur, l'aspect de la surface, la taille
ou la forme de chaque monolithe, comme la façon
dont ils sont disposés les uns par rapports aux
autres au sein d'un même dispositif, n'étaient pas
sans signification intrinsèque pour les populations
qui les ont érigés. De ce point de vue, chaque bloc
extrait, mis en forme puis dressé, porte souvent
plus de sens qu'il n'y paraît au premier abord. Les
exemples que nous venons de présenter nous
incitent à penser que cela vaut également pour le
mégalithisme sénégambien.
Fig. 11 – Mégalithismes du Sénégal et de Gambie : architectures de pierre, de terre et de bois. Comparer également le décor de la poterie faitière avec celui présent sur les stèles en bois de la figure 9 B1 (Clichés L. Laporte, H. Bocoum et J.-G. Aubert - Ar-ch'antique; DAO L. Laporte)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 354
La signification symbolique que révèle la
forme donnée aux monolithes ne saurait se résu-
mer à la seule opposition couramment admise, et
plus évidente au premier abord, entre monolithes
cylindriques et pierres bifides. A titre d'exemple,
nous avons vu que les monolithes de forme ogivale
ne sont pas disposés de façon aléatoire, et qu'ils
semblent bien porter des valeurs qui leur sont pro-
pres. Plus généralement, l'emplacement de chacun
en façade des monuments circulaires, tout comme
le rythme que leur alternance impose à chaque
ligne de pierres frontales, semble bien disposer
également d'un sens particulier. Les monolithes
isolés, ou disposés en position frontale, ont été
comparés au poteau qui se tient à l'est de sépultu-
res traditionnelles Sereer (Gallay et al. 1982, Martin
et Becker 1982). Il pourrait être intéressant
d'approfondir également les comparaisons briève-
ment tentées par R. Mauny (1961: 167) entre ligne
de pierres frontales et " les piquets alignés - dont
certains fourchus à l'instar des pierres en lyre -
servant au culte des ancêtres en pays Koniagui, ou
j'en ai vu à Itiou, et aux "forquilhas da alma" de
Pandim (Guinée portugaise)". Les Koniagui sont
des populations de langue Tenda. Parmi celles
vivant actuellement au Sénégal oriental, les Bédiks
édifient encore parfois quelques pierres dressées
(fig.9 B).
Inversement, le terme de motif, appliqué
systématiquement et de longue date aux creux
comme aux reliefs présents sur l'extrémité sommi-
tale de nombreux monolithes, mérite d'être inte-
rrogé. Faute d'étude détaillée et systématique,
toute interprétation fonctionnelle ne peut pas être
totalement exclue, pour certains d'entre eux au
moins. Par exemple, certains "boutons" et
"cupules" ne pourraient-ils pas c orrespondre à
autant de tenons et mortaises pour l'adaptation de
pièces de bois aujourd'hui disparues? Leur exclu-
sion géographique prendrait alors le sens d'une
variante technique. Dans le doute, les seuls motifs
avérés nous semblent, au moins provisoirement,
ceux présents sur le fût et à la base de quatre
monolithes. Tous sont en position frontale, sou-
vent au centre de séquences complexes. Trois
monolithes sur quatre sont des pierres en lyre. Ils
représentent deux disques en ronde bosse, et deux
ensembles de deux profondes rainures, horizonta-
les et superposées.
Cet exemple pris au sein d'un mégalithisme
fort différent de celui que nous connaissons en
Europe(7), illustre fort bien l'idée, somme toute
assez banale, que le registre décoratif et symboli-
que de toute architecture ne saurait se réduire aux
seuls motifs figuratifs représentés sur des parois
naturelles ou artificielles. Forme donnée aux
monolithes, qui ne saurait se réduire à la seule
opposition entre pierres bifides et monolithes
cylindriques; rythmes propres à la disposition de
chaque pierre au sein d'une façade ou d'un aligne-
ment, qu'il nous reste largement à explorer; motifs
gravés à la base du fût d'un nombre à ce jour très
réduit de monolithes, mais qui pourraient avoir été
masqués par une sédimentation récente; volumes
gravés au sommet des monolithes fuselés ou
cylindriques, dont l'étude précise et systématique
(7) Cet article, comme tous ceux de ce volume, a été rédigé en hommage aux travaux réalisés par le professeur R. de Balbin Behrman. Peut-être
lui rappellera-t-il quelques unes de ses propres campagnes de terrain en Afrique, consacrées à l'étude de la préhistoire au Sahara occidental,
même s'il s'agissait de contrées beaucoup plus arides et septentrionales que celles baignées par le fleuve Sénégal ou le fleuve Gambie.
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 355
n'a jamais été réalisée. Malgré plus de cent ans
d'investigations archéologiques sur le mégalithis-
me sénégambien, l'ampleur du travail qui reste à
accomplir est considérable.
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