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BEL (V.), BREUIL (J.-Y.), MONTEIL (M.), POMARÈDES (H.) et collab. – Réflexions sur une ville et sa proche campagne dans l'Antiquité : le cas de Nîmes (Gard)

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Réflexions sur une ville et sa proche campagne dans l’Antiquité : lecas de Nîmes (Gard)

par Valérie Bel *, Jean-Yves Breuil **, Martial Monteil ***, Hervé Pomarèdes ****avec la collaboration de Laurent Vidal ***** et Laurent Sauvage ******

1. Introduction

En 1984, Ph. Leveau publiait un ouvrage intitulé

Caesareade Maurétanie, une ville romaine et ses campagnes

, étudedevenue une référence pour tous ceux qui s’intéressent auxrelations qu’entretiennent une ville antique et son procheespace rural dans la longue durée

1

. Toutes proportionsgardées, la ville de Nîmes (Gard) autorise une approchesemblable, fondée sur une pratique intensive et extensive del’archéologie préventive, un inventaire complet de ladocumentation ancienne

2

et quelques prospections nonsystématiques

3

. L’exploitation de l’information ainsi réunien’en est qu’à un stade préliminaire, mais permettra à termede coupler les connaissances sur la ville protohistorique,antique et médiévale avec l'approche de son environnementagraire.

Si la ville a bénéficié durant la dernière décennie deplusieurs articles et monographies

4

, dans la prochecampagne l'essentiel de l'activité a été surtout orienté versl'acquisition de données. Cette étape nécessaire a toutefoisété scandée par quelques articles

5

, ainsi que par une thèserécemment soutenue

6

. Ces travaux s’inscrivent enfin dans lecadre d’un programme collectif de recherche initié en 1999et intitulé

Espace rural et occupation du sol de la régionnîmoise, de la Préhistoire récente à l’époque moderne

.Les lignes qui suivent ne prétendent donc pas proposer une

synthèse globale, exhaustive et définitive, encoreprématurée, mais dresser à grands traits une premièreapproche diachronique – plus ou moins développée suivantles thèmes – de cette question des relations entre une ville,chef-lieu de cité des Volques Arécomiques, et sa prochepériphérie rurale.

1.1. Le cadre géographique

La ville de Nîmes se développe, suivant un axe nord-sud,des pentes méridionales d'un ensemble de collines et plateauxcalcaires du Crétacé inférieur (massif de garrigues) jusqu'àun petit fleuve – le Vistre – qui a évidé une large vallée (laVistrenque) à partir du Pléistocène terminal (cf.

infra, fig. 2).À la base d'une de ces collines, – celle du Mont-Cavalier,dominée par la Tour Magne – jaillit la source de la Fontainequi constitue le point d'eau le plus notable de l'agglomération.Depuis le pied des Garrigues, qui est marqué par une brusquerupture de pente, s’étend un complexe de piémont, large de 1à 2 km et constitué de lits alternés ou imbriqués de caillouxcalcaires (“sistre”) et de limons argileux. Ce dernier seraccorde sans limite nette à la plaine alluviale du Vistre, largede 8 km environ. L’ensemble garrigues-piémont-plaine estparcouru par des cours d'eau temporaires à régime fortementtorrentiel (dénommés localement cadereaux), qui sontdrainés par le petit fleuve Vistre

7

. Une approche de la paléotopographie a pu être esquissée

sous la ville actuelle, permettant notamment de restituer unvaste cône de déjection torrentiel lié à l’un de ces cadereaux,dont l’arasement anthropique est déjà un fait largementacquis au Haut-Empire, ainsi que le parcours originel du

rivus

de la Fontaine, canalisé à l’époque augustéenne

8

. Les travaux de P. Chevillot, engagés notamment dans le

cadre des interventions archéologiques liées au projet dePlan de Protection Contre les Inondations, ont permis, de leurcôté, d'ébaucher les grandes étapes de l'évolutionmorphosédimentaire de la marge nord de la plaine duVistre

9

. À l'échelle de la Vistrenque se juxtaposent deuxgrands types de sols qui forment un canevas complexe : dessols bruns limoneux calcaires à horizon calcique enprofondeur et des sols hydromorphes à horizon de surfacetrès humifère. La variation du toit des lœss et du complexe depiémont des Garrigues, à la fois d'est en ouest mais aussi dunord au sud, met en évidence le rôle de la morphogenèsepléistocène et/ou tardiglaciaire, plus vigoureuse quel'actuelle, et qui, par le jeu de l'érosion alluviale et/ou

1

Leveau 1984.

2

Fiches & Veyrac 1996.

3

Poupet & Célié 1990.

4

En dernier lieu Monteil 1999 ; Garmy & Monteil 2000.

5

Fiches 1996 ; Sauvage 1996 ; Vidal 1996 ; Pomarèdes 1996 ; Monteil

etal.

1999 ; Pellecuer & Pomarèdes 2001.

6

Vidal 2000.

7

Arnal

et al.

1974 ; Fabre 1984.

8

Monteil 1999, 291-302 ; Fabre & Monteil 2001.

9

Chevillot 2002.

* INRAP Méditerranée, UMR 5140 ; ** INRAP Méditerranée ; ***Université de Nantes, UMR 5140 ; **** INRAP Méditerranée, UMR5140 ; *****INRAP Méditerranée ; ****** INRAP Nord-Picardie,UMR 5140.

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HILIPPE

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EVEAU

colluviale, a modelé le paysage en interfluves et dépressions.Par ailleurs, les différences lithologiques liées à la présencede faciès aussi extrêmes que sont le sistre et les lœss ontconditionné la genèse et l'évolution des sols qu'ils portent. Ilen résulte une mosaïque de sols à l'assemblage pluscomplexe que celui des formations géologiques sous-jacentes, dont la description plus précise demande encore àêtre affinée.

1.2. Le développement d’une archéologie pré-ventive urbaine et rurale

L'activité archéologique de ces dix dernières années aconcerné principalement la base des collines et le piémont ;soit, pour l'essentiel, l'emprise de la ville antique et plustardive, ainsi que les campagnes périurbaines

10

. Dans le

10

Sauvage

et al.

2003.

50 m

60 m

70 m

90 m

100 m

80 m

100 m

90 m

80 m

70 m

60 m

45 m

80 m

70 m

60 m

N

Emprise supposée de l'agglomération vers 450 av. J.-C.

Tracé de l'enceinte augustéenneTracé de l'enceinte médiévale

Montaury

Augusteum

Forum

Tour Magne

Amphithéâtre

Le Florian

ZAC des Halles

Porte du Cadereau

Po

rte d

'Au

gu

ste

Cadereau

0 100 500 m

Villa Roma

Villégiales

Sites évoqués dans le texte

Fig. 1 : Nîmes antique : enceintes successives et repères topographiques (M. Monteil

del.

).

L

E

CAS

DE

N

ÎMES

21

centre historique, les opérations préventives ont permis nonseulement de mieux appréhender l’évolution et les formes dela trame urbaine, mais également de toucher des portions decampagne d’époque préromaine ou tardo-républicaine,gagnées ensuite par la ville du Haut-Empire. À compter desannées 1991/1992, le développement de nouveaux pôleséconomiques et sociaux dans les zones rurales situées au sudde l’agglomération – Zones d'Aménagement Concerté,lycées, équipements sportifs, routes, etc. – a conduit à laréalisation d'opérations dont les surfaces et lesproblématiques n'avaient plus rien à voir avec les projetsurbains habituels. Cette situation a permis de prolonger demanière notable les recherches initiées quelques annéesauparavant à l'occasion de la construction de l'autoroute A54Nîmes-Arles.

Le traitement archéologique de ce nouveau terraind’enquête a été, bien entendu, fort différent selon les annéesd’intervention et les types d’aménagement : du simplediagnostic en tranchées jusqu'à l'ouverture de fenêtresd'étude ou à la réalisation de larges décapages. Plusieurssecteurs, considérés comme de véritables zonesd'échantillonnage (quartiers du Mas Carbonnel, de Codols,du Viol du Plan), ont ainsi fait l'objet d'interventionspionnières successives. Elles ont permis l'étude d'ensemblesjusqu'ici inédits et d'envisager le développement deproblématiques plus ambitieuses (genèse du parcellaire,reconnaissance du réseau de communication secondaire,origine de la viticulture, occupation protohistorique de laplaine, formes de l’habitat rural, etc.). Plus récemment, lamultiplication des aménagements de Z.A.C. (dont celle duMas des Abeilles) et le suivi systématique desaménagements liés au Plan de Protection Contre lesInondations (PPCI) ont largement contribué à lamultiplication des découvertes (bassins du Mas Neuf, duVistre de la Fontaine, de Magaille est, des Courbiers, etc.)(cf. infra, fig. 2) L’ensemble des informations acquisespermet de porter un nouveau regard sur un espace de près de18 km

2

qui jouxte la ville et s’étend jusqu’au Vistre

11

.

Pour l'heure, les Garrigues au nord et le plateau desCostières au sud, restés à l'écart des grandes étapes de lacroissance urbaine récente, ont été peu touchés. Dans lepremier de ces secteurs, des prospections non systématiquesde J.-M. Pène et de L. Lafaye

12

et des diagnostics menés enliaison avec l’aménagement de bassins pour le PPCIfournissent toutefois quelques informations sur l’occupationhumaine ou encore sur l’évolution des multiples cours d’eautemporaires qui incisent les massifs calcaires.

1.3. Ville et campagnes préromaines

1.3.1. L'agglomération protohistorique

Les traces d'occupation humaine les plus anciennesreconnues à ce jour dans l’emprise de la ville antique – auxabords de la source de la Fontaine – remontent auNéolithique. Elles trouvent un écho bien plus conséquentdans la plaine du Vistre, où une forte densité de sites datés duPaléolithique, du Néolithique moyen et surtout final, ainsique des indices plus ténus pour le Néolithique ancien, l’âgedu Bronze et les débuts du premier âge du Fer, ont pu être misen évidence ces dernières années

13

. Il faut toutefois attendre la fin du

VI

e

s. et surtout le courantdu

V

e

s. a.C. pour voir apparaître un premier habitataggloméré, constitué de cabanes construites en matériauxlégers (fig. 1). Ce dernier s'établit principalement sur lespentes sud du Mont-Cavalier et sur le piémont, suivant uneemprise en forme de fer à cheval centré autour de la sourcede la Fontaine et de son effluent. Vers le milieu du

V

e

s., lesindices d'occupation bâtie s'étendent sur 15 à 25 ha, maiscette vaste surface, comparée à celle de tous les autresoppidums voisins, doit être pondérée par le caractère lâche etinstable de l'habitat et l'existence, dans les zonesintermédiaires et aux franges, de très probables champscultivés et d'installations agricoles.

Dès les alentours de 400 a.C., Nîmes est dotée d'uneenceinte vraisemblablement constituée d'un rempart depierre sur les pentes du Mont-Cavalier et d'un fossé sur lepiémont (fig. 1). Son tracé reste difficile à restituer avecprécision et, suivant les hypothèses, la surface enclose peutvarier entre 32 et 44 ha. Dans ce cadre, l'agglomération, dèslors la plus importante du Languedoc oriental, se structured'une manière originale en s'établissant principalement sur lepiémont. Cette localisation singulière, le développement desconstructions en pierre et une plus grande stabilité del'habitat entraînent la mise en place d'une trame urbaine

11

Il nous faut remercier ici tous ceux qui ont permis à cette archéologienîmoise de se développer : les conservateurs régionaux successifs duService Régional de l'Archéologie (A. Nickels, J.-L. Massy, P. Garmy,X. Gutherz), Chr. Pellecuer, J.-M. Pène, M. Schwaller (ServiceRégional de l'Archéologie), P. Poupet (CNRS), M. Célié (AdjointScientifique et Technique, INRAP, chargé de la ville de Nîmes),A. Veyrac (chercheur associé, UMR 5140) et tous nos collègues del'INRAP qui ont investi dans ces opérations, notamment : S. Barberan,G. Escallon, L. Jallot, A. Hasler, M.-L. Hervé, P. Lemerle, E. Llopis,Y. Manniez, O. Maufras, J.-Cl. Meffre, C. Noret, Fr. Paone, H. Petitot,M. Piskorz, P. Séjalon.

12

Fiches & Veyrac 1996, 473-482, pl. XXIX et XXX.

13

Breuil

et al.

sous presse.

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OFFERTS

À

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HILIPPE

L

EVEAU

semble-t-il régulière et qui paraît s'étendre, entre les

IV

e

et

III

e

s. a.C., sur 20 à 25 ha. Une autre originalité marquante estcelle de l'existence vraisemblable, à l'intérieur des murs, d'aumoins quelques champs en terrasses implantéspréférentiellement à la base des collines. Cette composanterurale du cadre urbain est particulièrement bien attestée surle site des Villégiales des Bénédictins

14

.

1.3.2. La campagne

Jusqu’au début des années 1990, la réalité d’uneoccupation protohistorique de plaine antérieure au

II

e

s. a.C.est restée, dans toute la région, une problématique difficile àrenseigner faute de fouilles

15

(fig. 2).Pour les

VI

e

/

V

e

s. a.C., seuls deux sites mal caractérisésétaient connus en 1990 : celui de Languissel, où un sondageavait révélé des niveaux de la seconde moitié du

VI

e

s. a.C. etcelui du Mas de Possac avec une fosse comblée dans lapremière moitié du

V

e

s. a.C.

16

Depuis lors, des “structuresprotohistoriques” ont été observées au Viol du Plan, dont unefosse datée de la fin

VI

e

/courant

V

e

s. a.C.

17

, tout comme aubassin de Miremand

18

. Un probable établissement de la findu

VI

e

ou du début du

V

e

s. a.C. a également été attesté àenviron 2 km à l’est du centre historique, au n°113 de la routede Beaucaire, par une couche d’occupation reconnue sur unedizaine de m

2

19

. Plus au sud, c’est un diagnostic réalisé surla Z.A.C. et le fossé de Haute Magaille qui a révélé, sur unesurface d’environ 700 m

2

, un probable puits, des fossesdépotoirs et des fossés datés du

V

e

s. a.C.

20

Au Mas desAbeilles, enfin, les restes probables d’un habitat du premierâge du Fer démantelé (un fossé et deux fosses avec mobilier)ont également été repérés

21

. Les vestiges de constructions qui ont parfois été attribués

aux

IV

e

/

III

e

s. a.C.

22

sont en réalité datés de manière assezlâche et peuvent tout autant être rapportés au

II

e

s. a.C. queparfois au

V

e

s. a.C. C’est le cas des “habitats” des

V

e

-

IV

e

s. a.C., marqués par des fossés et des fosses, observés auMas de Vignole-nord

23

, ainsi qu’au sud de Saint-André deCodols

24

, ou encore d'une possible ferme ceinturée par un

fossé et construite sur poteaux, découverte au Viol du Plan etdatée entre 375 et 175 a.C.

25

De même, sur le site de BasseMagaille Est, récemment fouillé en 2002, ont été reconnusles vestiges d'une occupation protohistorique, datée entre550 et 150 a.C., et caractérisée par un fossé semi-circulairede 20 m de diamètre, encerclant un puits et une fosse destockage

26

. À ces éléments s’ajoutent quelques puits etindices d’occupation du courant du second âge du Fer

27

.Les questions relatives à la mise en place précoce d'un

parcellaire sont encore débattues. En 1996, L. Vidal notaitque plusieurs diagnostics avaient permis de reconnaître destraces d’habitat dans les secteurs sud de Saint-André deCodols et du Viol du Plan (cf. supra), datées de façon lâche,mais réunies par une orientation commune fixée autour deNL-18 à 23° ouest. Constatant la conservation de cet axedans plusieurs linéaments jusqu’à l’époque antique, il entirait l’hypothèse de l’existence d’un parcellaireprotohistorique à maille plus ou moins orthogonale,s’articulant autour d’habitats enceints d’enclos

28

. Depuiscette date, quelques opérations ont livré d'autres éléments deparcellaire préromain : par exemple sur la Z.A.C. du Mas desAbeilles ou encore, en 2002, dans la partie sud de la Z.A.C.du Mas de Vignole (opération H. Pomarèdes). Dans cedernier secteur, plusieurs fossés comblés entre les

V

e

et

III

e

s. a.C. dessinent une trame assez régulière suivant uneorientation comprise cette fois entre NL 9° et 11° ouest.

La mise en valeur des terres du piémont de la Vistrenqueest également illustrée par de nombreux indicesd’enrichissement des sols par des engrais organiques, datésdes

VI

e

et

V

e

s. a.C. Les indices similaires sont par contreabsents pour les

IV

e

et

III

e

s. a.C., en liaison avec desproblèmes de datation ou une interruption de l’emploi decette technique de bonification des terres

29

.Que faut-il conclure de cette documentation, dans l'attente

des travaux en cours de P. Séjalon? À l’évidence, les indicesrecueillis trahissent la pression qu’exerce la ville sur sonproche terroir dès la fin du

VI

e

s. a.C., mais les modalitésexactes de la mise en valeur des campagnes nous échappentencore en grande partie. Sans doute faut-il admettre qu'un ouplusieurs réseaux parcellaires, ainsi que les premierschemins, sont mis en place entre le

V

e

et le

III

e

s. a.C. Sansdoute faut-il aussi admettre, malgré l’indigence des données,

14

Py 1981 ; Py 1990 ; Monteil 1993 ; Monteil 1999 ; Garmy & Monteil2000.

15

Sauvage 1996.

16

Py 1981, 108-116 ; Fiches & Veyrac 1996, pt 626 et 666.

17

Fiches & Veyrac 1996, pt 640.

18

Hasler 2000a.

19

Bel 1999a.

20

Sauvage 2001.

21

Sauvage 1999a.

22

Vidal 1996.23 Fiches & Veyrac 1996, pt 635.24 Vidal 1997.

25 Fiches & Veyrac 1996, pt 644.26 Breuil 2000.27 Fiches & Veyrac 1996, pts 613 (Centre routier), 629 et 630 (sites de

Terraube Ouest), 632 (Mas Font-Bœuf), 641 (Les Passes Nord).28 Vidal 1996.29 Poupet 2000 ; Monteil 1999, 462.

LE CAS DE NÎMES 23

NIMES

Bouillargues

Rodilhan

voie Domitienne

voie Domitienne

Autoroute A9

Autoroute Nîmes-Arles

Caissargues

Valla

tduBaou

Vistre

Bassin deBassin deRoquemailleresRoquemailleres

Bassin duBassin duTennisennis

Bassin deBassin del'Oliveraiel'Oliveraie

Bassin duBassin duCimetiCimetièrere

Garage RenaultGarage Renault

626626

Bassin deRoquemailleres

Bassin duTennis

Bassin del'Oliveraie

Bassin duCimetière

Garage Renault

626

-25 m

25 à 50 m75 à 100m

100 à 125 m

125 à 150 m

150 à 175 m

175 à 200 m

50 à 75 m

VIe/IIIe s. av. n. è.IIe/Ier s. av. n.è.sépultures voies

cours d'eau2 km0

N

635

Bassin des Bassin des Tilleulsilleuls

Bassin desBassin desCourbiersCourbiers

Mas de PossacMas de Possac666666

Bassin deBassin deMiremandMiremand

FossFossé de deHaute-MagailleHaute-Magaille

113, route de13, route deBeaucaireBeaucaire

Bassin des Tilleuls

Bassin desCourbiers

Mas de Possac666

Bassin deMiremand

Fossé deHaute-Magaille

113, route deBeaucaire

GoufGouffre des Bouchersfre des Bouchers634634

FossFosséCadereauCadereau

Mas de VignoleMas de Vignole

Gouffre des Bouchers634

FosséCadereau

Mas de Vignole

BasseBasseMagaille-EstMagaille-Est

Le DamierLe Damier

Bassin duBassin duMas NeufMas Neuf

TerraubeerraubeOuestOuest

631631

KilomKilomètre Deltatre Delta613613

Les Passe nordLes Passe nord641641

629629

630630

Mas Font-BMas Font-Bœufuf632632

Viol du Planiol du Plan

ZAC deZAC deHaute-MagailleHaute-Magaille

Bassin du Bassin du Vistreistrede la Fontainede la Fontaine

MasMasCarbonnelCarbonnel

St-AndrSt-Andréde Codolsde Codols

640640

644644

RoussillonneRoussillonneSudSud

ZAC duZAC duMas des Mas des AbeillesAbeilles

BasseMagaille-Est

Le Damier

Bassin duMas Neuf

TerraubeOuest

631

Kilomètre Delta613

Les Passes nord641

629

630

Mas Font-Bœuf632

Viol du Plan

ZAC deHaute-Magaille

Bassin du Vistrede la Fontaine

MasCarbonnel

St-Andréde Codols

640

644

RoussillonneSud

ZAC duMas des Abeilles

Fig. 2 : La proche campagne nîmoise aux VIe/Ier s. a.C. (PCR Nîmes et ses campagnes del.).

24 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

la présence de plusieurs établissements, toutefois plusnombreux à la fin du premier âge du Fer que par la suite.Leurs formes, leurs fonctions et leur chronologie restent àpréciser, mais l'analyse est complexifiée par plusieursfacteurs : occupation intensive et séquences stratigraphiquespeu épaisses ; lisibilité médiocre dans la plaine compte tenud'une homogénéisation des sédiments ; troncatures d'originenaturelle.

Ajoutons à cette image encore floue du monde des vivants,le fait que des ensembles funéraires s'échelonnant entre leBronze Final et le IVe s. a.C. ont été récemment reconnus ;information de première importance au regard de l’indigencedes données pour cette période 30.

2. Les IIe et Ier s. a.C.

2.1. La ville Alors qu'aux IVe/IIIe s. a.C., la ville paraît s'être cantonnée

sur le piémont, une nouvelle phase de croissance etd’aménagements intervient dès la première moitié duIIe s. a.C. et se traduit par la réoccupation progressive du basdes pentes, ainsi que par une réfection sans doute assezgénérale de l’enceinte (fig. 1). Ces indices de vitalité sontplus nets encore au cours du siècle suivant. L'extension del'habitat en direction des sommets des collines se confirme,tandis que plusieurs fouilles indiquent que la partie de la villequi s'étend sur le piémont est désormais à l'étroit dans soncadre antérieur. L'agglomération déborde en effet quelquepeu de ses limites, au sud et à l'est et, vers le milieu duIer s. a.C., le tissu urbain couvre ainsi 35 à 40 ha. Cetteaugmentation de la surface bâtie, qu’il faut relier à unecroissance économique et démographique, se fait audétriment des quelques champs intra muros quidisparaissent.

À ces éléments s’ajoutent l’apparition des premiersédifices publics avec, au début du Ier s. a.C., la constructiond’un bâtiment à portique de tradition hellénistique àproximité de la source de la Fontaine 31, ainsi que de nettestransformations dans les formes de l’habitat privé. Latendance générale semble être, dès le début du Ier s. a.C., àune restructuration des rues permettant la mise en placed’îlots plus vastes (par exemple sur le site de Villa Roma). Àl’intérieur de ceux-ci se développent des maisons à plusieurspièces, dont les formes exactes restent à ce jour très mal

renseignées. L'analyse des plans, aussi embryonnairessoient-ils, permet toutefois de distinguer des maisons à courcentrale assez vastes et des habitations plus petites et de planramassé. Les aménagements intérieurs et les techniques deconstruction de ces deux grands types d’habitats restentencore très traditionnels. On y relève cependant l'apparitionde nouveautés architecturales dont les plus notables sontl'utilisation des toitures en tuile dès le début du Ier s. a.C. et,à compter des années -50/-25, l'apparition des sols en opussigninum, avec ou sans incrustations de tesselles, ainsi quecelle d'enduits peints. Mais, l'acculturation concerne surtoutici le second œuvre alors que l'ordonnancement de la maisonreste traditionnel. Cette période paraît marquer, quoi qu’il ensoit, une rupture : les clivages socio-économiques sont plusnets qu'auparavant, d'autant que l'on note deux exemplesattestés de maisons, datées des années -50/-25, qui adoptentdes plans et des modes de construction d'inspirationsûrement gréco-italique 32.

2.2. Les GarriguesLe domaine des Garrigues qui jouxte la ville antique au

nord a été peu exploré. Découvertes anciennes ou plusrécentes y révèlent toutefois une occupation assez dense dèsau moins la période républicaine, montrant que ces terressont mises en valeur au même titre que celles du piémont etde la plaine. Quelques tombes du Ier s. a.C. ont ainsi étédécouvertes à l’ouest et au nord-ouest de la ville, à desdistances comprises entre 500 et 1500 m de celle-ci 33. Cestombes ont été considérées comme révélatrices d’une miseen exploitation des bassins de ce secteur 34.

On note également, grâce aux prospections de J.-M. Pèneet de L. Lafaye, la présence d'établissements ruraux au nord-ouest ainsi qu’au nord-est de la ville. Ils sont pour la plupartde lecture difficile. Leur surface paraît réduite (500 et 800 m2

pour deux d'entre eux) et leur permanence jusque dans lecourant du Haut-Empire semble vraisemblable dans certainscas 35. À bien y regarder, on peut noter que la majorité de cesétablissements occupe la partie basse des bassins versants, cequi pourrait être mis en relation avec la construction de petitsterroirs agricoles exploités en complément des versants, pluspropices aux pâturages et à l'exploitation des ressourcesnaturelles du milieu.

30 Séjalon et al. 2003.31 Guillet et al. 1992 ; Sauvage 1992.

32 Monteil 1999.33 Py 1981, 121-195 ; Feugère et al. 1995.34 Fiches 1989, 221.35 Fiches & Veyrac 1996, 473-482, pl. XXIX et XXX.

LE CAS DE NÎMES 25

2.3. Les établissements ruraux du piémont et dela plaine du VistrePour l'heure, les établissements qui sont occupés durant les

IIe et Ier s. a.C. sont peu nombreux. Dans l'emprise de la villemoderne et contemporaine, les fouilles n'ont pas permis,jusqu'à présent, de détecter la présence d'habitats ruraux.Plus à l'écart, dans la plaine du Vistre, les interventionsarchéologiques de ces dernières années autorisent, parcontre, un premier bilan (fig. 2).

Les premiers indices qui ont été rassemblés proviennentdes travaux liés à la construction de l’autoroute A54. Sur lacommune de Caissargues, en rive gauche et à proximité duVistre, des décapages de faible emprise ont ainsi permisd’étudier deux petites unités pré-augustéennes (Grande-Terre et Moulin Villard) participant vraisemblablement d’unensemble rural assez étendu.

En rive droite, sur la commune de Nîmes, trois gisementsont également été détectés dans le secteur de Terraube-ouest 36. Deux d’entre eux auraient une origineprotohistorique (pts 629 et 630). Le troisième correspondraità une fondation de la période républicaine et verrait sonoccupation se prolonger durant le Haut-Empire (pt 631).L’un d’eux, enfin, perdure jusque dans l'Antiquité tardive(pt 630).

À quelques centaines de mètres au nord-ouest, au Gouffredes Bouchers, la fouille d’un petit établissement du Haut-Empire a également révélé la présence d’un puits et d’indicesd’un habitat de cette période 37. En 2002, les décapagespratiqués dans la partie sud de la Z.A.C. de Vignole ontpermis de rattacher ces éléments à une ferme de plus de4 000 m2 de superficie 38 (fig. 3). L’établissement, implantédurant la seconde moitié du IIe s. a.C., apparaît élaboré. Il eststructuré par de puissants fossés (près de 3 m d’ouverture ;1,5 à 1,8 m de profondeur) qui délimitent une série d’enclos“emboîtés”, à l’intérieur desquels des vestiges de différentesnatures (fosses, traces agraires, constructions sur poteauxétablis autour d’une dépression, citerne, etc.) se répartissentde manière sectorisée. Leur juxtaposition et leur associationà un mobilier assez abondant permettent d'affirmer laprésence d’une exploitation agricole dont l’ossature pourraitêtre composée, outre les fossés, de levées de terres etd’architectures en matériaux périssables. La présence decouvertures de tegulae peignées peut être envisagée, ici, àpartir du milieu du Ier s. a.C.

À ces premiers acquis s'ajoute depuis peu la découverte, ausud-est de l’agglomération, de l’établissement de BasseMagaille, fouillé par J.-Y. Breuil dans le cadre du PPCI. Unréseau d’importants fossés formant plusieurs enclos ets’articulant avec une voie a, là encore, été mis en évidence(fig. 4). De nombreux trous de poteaux fixés autour d’unedépression et associés à des épandages de mobilier signalentla présence d’un habitat établi durant la deuxième moitié duIIe s. a.C. Comme au Gouffre des Bouchers, on note laconstruction, probablement vers le changement d'ère, d’unepetite unité agricole bâtie en dur autour d’une cour excavée.

Au vu de la documentation disponible et de son caractèrerécent, on ne peut encore aborder avec rigueur les questionsrelatives à l’organisation du réseau d’établissements (densitéet hiérarchie) autour de l’agglomération. La rareté desvestiges du même type enregistrés peut tenir à des conditionsde conservation et à des recherches encore trop limitées, maispeut également traduire, compte tenu de la proximitéimmédiate de la ville, une certaine réalité. On ne peut exclureen effet qu’une partie des terroirs ait été sous l’emprisedirecte de l’agglomération et que la présence de fermes aitété limitée à des propriétés ou à des exploitationsparticulières mais peu nombreuses. Les sites reconnusdevraient en tout cas contribuer à l'étude des exploitationsagricoles et ensembles domaniaux gallo-romains, dont lagenèse reste encore difficile à aborder (cf. infra, 3).

2.4. Parcellaire et traces de culturesEn de nombreux points, tant en périphérie immédiate de

l’agglomération que plus au sud, on note en premier lieu destraces d’amendement organique trahissant un enrichissementrégulier des sols (fig. 2 et 5). Largement datées des IIe/Ier s. a.C., elles peuvent être mises en relation, sur le piémontet dans la plaine du Vistre et à compter de la seconde moitiédu IIe s. a.C., avec une mise en valeur des terres égalementmarquée par des fossés qui dessinent un parcellairecomplexe, ainsi qu’avec la construction de plusieurs voies(axe vers Saint-Gilles, voie Domitienne, etc...). On ne peutexclure toutefois que ces itinéraires recouvrent descheminements plus anciens et indiscernables car plussommairement aménagés.

Toutes les opérations récentes ont livré des tronçons defossés, voire parfois des portions de champs, datés desannées 150/50 a.C. Par comparaison avec la situationantérieure, il est manifeste que ces éléments, bien qu’ilsintègrent sûrement une part d’héritage, traduisent uneréorganisation du parcellaire ancien et de l'assiette foncièredédiée à l'agriculture. Compte tenu de la datation attribuée à

36 Fiches & Veyrac 1996, pts 629, 630 et 631.37 Compan et al. 1993.38 Pomarèdes & Rascalou 2002.

26 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

NN

Autoroute A54

Gouffre des Bouchers (1987)

Diagnostic (2001)

Fouille (2002)

Fouille (2002)

Diagnostic (2001)

50 m0

Fig. 3 : Mas de Vignole/Gouffre des Bouchers. Plan général des vestiges découverts en 1987 et 2002 (P. Rascalou del.).

bâtiment

Haut-Empire

Voie

occupation républicaine

enclos républicain

tombeHt-E

N

0 20 m

Fig. 4 : Le site de Basse Magaille Est (J.-Y. Breuil / V. Lelièvre del.).

N

762.

000

763.

000

173.000

172.000

?

voie

Dom

itien

ne

voie Domitienne

?Florian

Ilot Grill

ZAC des Halles

ZAC des Carmes

80 m

50 m

60 m

70 m

90 m

100 m

100 m 90 m

80 m

70 m

60 m

80 m

70 m

60 m

40 m

Traces de culture (IIe/Ier s. av.)

Viticulture (IIe/Ier s. av.)

Tombes

Tracé restitué de l'effluentde la Fontaine

Faubourgs urbains (Ier s. av.)

Tracés possibles de l'enceinte

0 100 500 m

Source

Fig. 5 : Nîmes et sa proche périphérie aux IIe/Ier s. a.C. : traces de cultures, de viticulture et tombes (M. Monteil del.).

LE CAS DE NÎMES 27

ces réseaux – et la question se pose aussi pour le Haut-Empire –, on ne peut totalement échapper à uneconfrontation avec les travaux sur les cadastres centuriés. Àce titre, il faut bien admettre que l’ensemble des informationsacquises dans ce domaine n’a pas encore été totalementcompilé et l'on constate que les résultats acquis nereprésentent en définitive que peu de choses à l’échelle de lazone étudiée. Du reste, il convient de rappeler quel’archéologie pratiquée à Nîmes est plus propice à l'étude deschamps – compte tenu des surfaces fouillées – qu'à celle deslimitations antiques. Cela dit, les paramètres qui régissent lesorientations des parcellaires d’époque républicaine et duHaut-Empire sont assurément multiples, et il faut tenircompte, dans leur analyse, des fortes contraintes engendréespar le réseau hydrographique, par le réseau viaire quiconverge vers la ville ou encore par l’ancienneté présuméede la structuration du paysage.

La culture la mieux perceptible à cette période, grâce auxtraces tangibles qu’elle laisse dans le sous-sol, est celle de lavigne (fig. 2 et 5). Depuis la recension récente des indices dece type 39, seuls deux sites périurbains ont livré des trous deplantation qui peuvent être rapportés aux IIe/Ier s. a.C. :Z.A.C. de la Gare 40 et Hôtel de Police 41. Jusqu’à il y a peu,cette culture spécifique paraissait s’être surtout développéeaux abords très immédiats de la ville, mais, récemment, dansla plaine et à hauteur du Mas de Vignole-sud, on a égalementobservé la présence de parcelles ainsi plantées à l'époque pré-augustéenne (tranchées de défoncement et fosses deplantation alvéolaires) 42. Si l'on en juge par l’exemple de laZ.A.C. des Halles, la viticulture pourrait être implantée peuavant ou au début du IIe s. a.C. Le mouvement se poursuit demanière continue : dans le courant du IIe s. à la Z.A.C. duForum des Carmes, dans le dernier quart du IIe s. au Florianpuis s’accentue semble-t-il au Ier s. a.C. En l'absence d'autresindices que ceux relevés dans le sous-sol (et l'absence dechai, ou de structure de production, est à ce jour notable), ilest difficile d'assurer que ces vignobles servaient avant tout àla production de vin. L'exemple du site du Florian vatoutefois dans ce sens, avec des densités à l'hectare assezfortes et des investissements importants qui ressortent de lasuccession, en moins d’un siècle, de trois systèmes deplantation 43.

Toujours en périphérie immédiate, l’exemple de la Z.A.C.des Halles, avec des champs en terrasse et irrigués construitsdans les années -100/-75, illustre une autre forme deproduction agricole. Une partie des terres au moins a ici étécultivée en céréales et sans doute en chanvre textile 44. Dansla plaine du Vistre, en dehors de la viticulture, on est bien enpeine de restituer la nature des plantations et la forme desparcelles, à l’exception du secteur du Mas Carbonnel, près duchemin du Mas de Vignole, où un champ et son systèmed'irrigation, matérialisé par des petits sillons parallèles,étroits et régulièrement espacés, est mis en place autour dumilieu du IIe s. a.C. 45 Cette configuration, complétée par unpuits, pourrait être mise au compte de cultures irriguées,comme cela semble également possible dans un des enclosde la ferme repérée au Mas de Vignole-sud.

Comme au Haut-Empire, l’impression d’une viticulturedominante doit donc être pondérée par ces éléments maisaussi par les vastes surfaces qui n’ont pas livré les vestigescaractéristiques de cette production. À ce titre, il est banal derappeler que la place occupée par les céréales et toutes lescultures saisonnièresne peut être facilement évaluée, comptetenu de leur impact “discret” sur le sous-sol. Les étudespaléobotaniques (carpologiques notamment), et pluslargement paléoenvironnementales, sont encore en cours etne peuvent être ici utilisées, comme d’ailleurs pour aborderla question de l’élevage.

2.5. Les tombesJusqu’à une date récente, notre connaissance des

implantations funéraires dans l’environnement proche deNîmes à l’époque républicaine reposait sur un corpus réduitd’une vingtaine de tombes, qui constituait néanmoins (avecBeaucaire et les Alpilles), l’une des plus importantes sériesdisponibles pour le Midi de la Gaule. Cette documentationissue de découvertes anciennes a fait l’objet de publicationsdétaillées et de plusieurs synthèses 46 qui ont principalementabordé la question de la répartition spatiale et del’interprétation sociale des sépultures. Depuis une douzained’années, les travaux d’archéologie préventive ont permis demettre au jour environ 28 nouvelles tombes datées des IIe etIer s. a.C., issues d’une dizaine de sites. À l’exception desdeux sépultures du site du Mail Romain qui ont fait l’objetd’un article collectif 47, ces nouvelles découvertes sont pour

39 Monteil et al. 1999.40 Manniez 2001.41 Manniez 2002a.42 Pomarèdes & Rascalou 2002.43 Monteil et al. 1999.

44 Monteil 1993 ; Monteil 1999, 465-467.45 Fiches & Veyrac 1996, pt 646.46 Py 1981 ; Fiches 1989 ; Py 1990 ; Fiches & Veyrac 1996 ; Vidal &

Manniez 1996 ; Monteil 1999.47 Feugère et al. 1995.

28 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

la plupart inédites, ou mentionnées de manière succinctedans le volume de la Carte archéologique de la Gauleconsacré à Nîmes 48.

Reflet du développement urbain, la carte de répartition dessépultures a considérablement évolué ces dernières années(fig. 2 et 5). Les découvertes sont en effet aujourd’huibeaucoup plus rares qu’auparavant dans le procheenvironnement de l’agglomération protohistorique ou dansle domaine des garrigues. En revanche, le développement del'archéologie en périphérie sud a fait apparaître un semis detombes dispersées, localisées entre 2 et 4 km del’agglomération 49.

L’existence de sépultures datées des IIe et Ier s. a.C. àdistance des oppidums avait déjà été reconnue 50, maisparaissait correspondre à un phénomène d’ampleur plutôtlimitée, surtout perceptible à partir de 125 a.C. Elletémoignerait, selon J.-L. Fiches, d’une exploitation accrue duterritoire en liaison avec un processus de conquête des terresbasses et de constitution de domaines ruraux. L’exemple dela tombe de la rue Alphonse-de-Seyne, située à 1 km del’agglomération protohistorique, permettait de faireremonter l’amorce de ce processus au deuxième ou autroisième quart du IIe s. a.C. 51 Les tombes et les habitatsdispersés récemment reconnus aident à mieux prendre lamesure du phénomène, et à en affiner l’analyse, en se fondantnotamment sur la chronologie des mobiliers révisée parS. Barberan.

On dénombre ainsi pour la période des IIe-Ier s. a.C., dixtombes localisées dans les secteurs de garrigues, et trente-neuf tombes reconnues en plaine, dont vingt situées à moinsde 1500 m de l’agglomération, et dix-neuf éloignées de plusde 2 km. Parmi ces dernières, la plus ancienne est datée desdeuxième ou troisième quart du IIe s. a.C. (site de Kinépolis-Mas des Abeilles). Néanmoins, dans ces secteurs, laproportion de tombes antérieures à 75 a.C. apparaîtnettement inférieure (cinq cas sur quatorze datés avecsuffisamment de précision) à ce qui peut être observé dans leproche environnement de l’agglomération (neuf cas surtreize datés, dont deux antérieurs à 125 a.C.). Les zoneséloignées de la ville, tant en garrigue qu’en plaine,fournissent sept tombes implantées entre 75 et 40 (sur untotal de seize contextes datés) et quatre entre 40 et 20 a.C.,

soit à peu près autant que dans la périphérie (cinq dépôts surtreize datés). Ces différences pourraient refléter les étapes dela mise en valeur de la campagne autour de l’oppidum.

Pour autant que l’on puisse en juger, les tombes dispersées,qu’elles soient en plaine ou sur les versants, témoignent depratiques funéraires homogènes. Ainsi, le dépôt d’une armes’observe-t-il partout, y compris dans la plaine du Vistreaprès 75 (deux tombes datées du milieu du Ier s. a.C., sites deKinépolis et du Mas de Vignole). Il ne semble donc pasmarquer de réelle différence sociale ou culturelle entre lessecteurs d’implantation, comme semblait le suggérer ladocumentation ancienne 52.

Il est probable que l’effet de loupe produit par les récentesinvestigations dans la plaine, induit une sous-représentationdes enfouissements périurbains, mal documentés du faitd’une urbanisation ancienne et dense. Celle-ci explique sansdoute l’absence d’exemple avéré de nécropole – au sens deregroupement d’un grand nombre de sépultures sur une aireplus ou moins étendue – à l’instar de ce que l’on connaît àBeaucaire ou à Ambrussum 53. La concentration desdécouvertes à 500 m au sud de la ville pourrait cependantcorrespondre à une petite nécropole qui se serait développéele long d’une possible voie est-ouest 54. Il s’agit là toutefoisde données ponctuelles, espacées pour la plupart de plus de100 m les unes des autres. Les conditions de découvertes, ycompris pour les observations les plus récentes -tombes de laPlacette 55, de la rue Villeperdrix et du Mail Romain 56, nepermettent guère de préciser l’environnement de cesvestiges, et ne livrent en tout cas aucun indice d’uneoccupation funéraire dense. Il n’est donc pas exclu que l’onse trouve devant un mode d’implantation comparable à cequi a pu être observé sur le site de la Z.A.C. des Carmes, à650 m à l’est de la ville pré-romaine. Les travaux ont icirévélé la présence de deux tombes établies de part et d’autred’une voie fréquentée à l’époque républicaine, l’une datéeentre 125 et 75, la seconde des années 80-70 a.C. 57 La fouilled’une aire de 120 m2 autour de cette dernière n’a révéléaucun autre vestige funéraire, mais des traces de plantationdont la contemporanéité avec la sépulture n’est toutefois pasassurée 58.

Le mode d’implantation des tombes et le fonctionnementdes espaces funéraires ont surtout été appréhendés au travers

48 Fiches & Veyrac 1996.49 Voir, dans l'attente de la publication en cours sous la direction de V. Bel,

les notices des Bilans Scientifiques Régionaux de 1996 à 2001 et Bel2004.

50 Py 1990, 763 ; Fiches 1989, 221.51 Fiches 1989, 221.

52 Fiches 1989, 221.53 Fiches 1989, 214-216.54 Monteil 1999, 449, 463.55 Fiches & Veyrac 1996, pt 254.56 Feugère et al. 1995.57 Bel 1999b.58 Monteil et al. 1999.

LE CAS DE NÎMES 29

des recherches menées au sud de la ville. Celles-ci montrentnotamment que la localisation des tombes le long des voies,suggérée par la cartographie des découvertes anciennes,n’est pas due au hasard ou à un effet de fouille, maiscorrespond à un modèle bien établi dès avant l’époqueromaine. C’est ainsi que les tombes mises au jour dans lessecteurs largement décapés (Kinépolis : 7700 m2, Mas desAbeilles VII : environ 1200 m2), ou celles du Mas de Vignole(environ 3,5 ha), ont été retrouvées à proximité immédiate(soit à moins de 4 m) de chemins antiques. Il est vraicependant que dans la plupart des cas étudiés, les niveaux devoie conservés ne sont pas antérieurs au Ier s. p.C., cesderniers ayant peut-être fait disparaître les aménagementsplus anciens. La présence de tombes de l’âge du Fer, datéesentre le VIe s. et le IIIe s. a.C. à proximité de ces chemins, dansles secteurs de la Roussillonne (fouille de B. Dedet inédite)et du Mas de Vignole 59, suggère même une mise en placeplus ancienne encore d’une partie de ce réseau (notammentles axes nord-sud).

La multiplication des découvertes fait donc apparaître unvéritable maillage de la campagne par les dépôts funéraires.Il serait toutefois quelque peu hasardeux, à partir des donnéesdisponibles, de proposer un modèle d’espacement des airessépulcrales. Les secteurs ouverts le long des voies offrent unevision morcelée de l’occupation de l’espace. La fenêtre laplus importante, sur le site du Mas de Vignole, n’excède pas180 m de long et ne concerne qu’un seul côté de la voie. Danscette emprise, ont été mises au jour deux unités funérairesdistantes de 144 m. L’une est située à proximité d’uncarrefour de voies et au croisement de deux fossés, ce quiouvre la piste, encore peu explorée jusqu’ici à Nîmes, depossibles implantations de tombes à proximité de limitesparcellaires ou de points remarquables du paysage. Unetroisième unité a été repérée le long de la seconde voie, à184 m de ce carrefour. Des espacements d’amplitudesinégales (40 et 184 m) ont été relevés dans le secteur du Violdu Plan où les investigations sont plus discontinues, bien queles fenêtres dégagées aient permis d’étudier au total près de250 m linéaires de bord de voie. Les données chronologiquesmontrent parfois des décalages dans l’utilisation des espacesfunéraires. Par exemple, dans ce même secteur du Viol duPlan, l’ensemble du Mas des Abeilles VII (occupé entre40 a.C. et les IIe-IIIe s. p.C.) paraît en quelque sorte prendre lerelais du groupe voisin de Kinépolis (fréquenté entre 175 et20 a.C.).

En dépit des vastes décapages, aucun habitat n’a pu êtremis en évidence dans l’environnement immédiat de cestombes. Celles-ci sont en revanche fréquemment associées àdes vestiges de fossés parcellaires ou de traces de plantationlivrant des éléments de mobilier des IIe et Ier s. a.C. (parexemple sur les sites des Carmes, de Kinépolis et du Mas desAbeilles VII).

Les ensembles étudiés sont de très petite taille (moins desix tombes). Parmi les groupes archéologiquement complets,trois sont composés de deux tombes (Mas de Vignoles), etdeux de quatre sépultures (Mas des Abeilles VII etKinépolis). L’analyse détaillée des unités les plusimportantes (notamment Kinépolis et Mas des Abeilles II.3)met en évidence une utilisation sélective des zonesfunéraires. Alignées le long des voies, les tombes sontimplantées selon une même orientation et surtout disposéesde manière régulière, voire à égales distances les unes desautres. Les datations des ensembles mobiliers montrent unéchelonnement des enfouissements sur des périodes d’aumoins un siècle, entre 175 et 20 a.C. sur le site de Kinépolis,et entre le début du Ier s. a.C. et le troisième quart du Ier s. p.C.sur celui du Mas des Abeilles II.3. En fait, tout se passecomme si l’on avait installé une tombe par génération.L’imbrication des tombes, la régularité du schémad’implantation, mais aussi l’homogénéité des pratiques,soulignent la continuité de la fréquentation de ces lieux sur lalongue durée, et suggèrent qu’il existait un lien entre cesdépôts successifs que l’on est tenté d’attribuer à un mêmegroupe humain. Le nombre réduit des enfouissementsmontre que l’on est en présence d’un espace funéraire“spécialisé”, réservé à de rares représentants de ce quipourrait être une lignée. Il s’agit là cependant d’unehypothèse invérifiable, dans la mesure où le mode desépulture en usage (la crémation suivie du dépôts de raresesquilles osseuses brûlées) interdit toute observation denature anthropologique. Le dépôt d’une arme est fréquent,mais non systématique. Si la documentation disponibletémoigne en la matière d’une réelle évolution des usages, lachronologie n’explique pas tout, et il est possible que lesvariations (présence/absence, nombre et type d’armes) soientdéterminées par des différences d’âge, de sexe ou de statut.Ainsi, dans l’ensemble du Mas des Abeilles II, l’arme n’estreprésentée que dans la tombe la plus ancienne (début duIer s. a.C.), par une panoplie assez complète (une épée, un ferde lance et deux umbos). Sur le site de Kinépolis enrevanche, la tombe la plus ancienne (175-125 a.C.) n’encomporte pas, seules les sépultures de la première moitié duIer s. ayant fourni respectivement une épée associée à un59 Séjalon et Dedet 2003.

30 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

umbo, et un fer de lance. De manière plus générale, les armessont attestées dans presque tous les espaces funérairesoccupés avant 40 a.C. Le dépôt le plus remarquablecomporte une épée et un umbo en fer, ainsi qu’un casque enbronze (tombe du Mas de Vignole datée du début duIer s. a.C). Cette pièce exceptionnelle, la seule attestée à cejour à Nîmes dans un contexte funéraire, serait l’attribut d’unguerrier de haut rang. Elle est associée au lot de vases le plusimportant qui ait été observé dans les tombes nîmoisesantérieures à 75. Pour une même période, les ensemblesmobiliers font apparaître des disparités entre les différentsgroupes sépulcraux de la plaine (le nombre de vases variantde 1 à 22). Par ailleurs, le caractère sélectif de l’accès àl’espace funéraire semble révéler, au sein de la société,l’existence de clivages peut-être encore plus importants, etconduit à s’interroger sur la localisation des sépulturesexclues de ces aires sépulcrales. Sont-elles égalementdisséminées dans la campagne le long des voies? Ou bienregroupée près des habitats, notamment dans l’hypothétiquenécropole périurbaine? Ce que l’on sait des pratiques enusage à cette époque, notamment du caractère très discret desdépôts de restes humains, conduit à penser que les tombesmanquantes pourraient être tout simplement trop fugacespour être à la portée de l’enquête archéologique.

La fréquentation de certaines aires sépulcrales sur unelongue période par une même lignée témoigne d’un ancrageet d’un attachement à la terre, qui fait penser que l’on aaffaire à ses exploitants, ou, plus sûrement, à sespropriétaires. Cette continuité pourrait également renforcerl’hypothèse déjà évoquée 60, d’une stabilité du peuplement,et peut-être même du maintien partiel de l’organisationfoncière, depuis les décennies précédant la Conquête jusqu’àl’époque augustéenne dans le cas de Kinépolis. Sil’occupation s’interrompt ici dans les années 40-20 a.C.,période au cours de laquelle on situe les premièresimplantations cadastrales 61, il en va autrement de l’ensembledu Mas des Abeilles II, occupé de manière régulière et sansrupture, du début du Ier s. p.C. jusqu’à la période julio-claudienne.

3. Le Haut-Empire

3.1. La villeL'époque augusto-tibérienne signe à Nîmes – comme dans

bon nombre d’autres villes de la Narbonnaise – une

transformation radicale du paysage urbain 62 (fig. 1). Lesprivilèges octroyés par le pouvoir impérial transparaissentprincipalement au travers de l’édification d’une vasteenceinte, longue de 6 km et enserrant près de 220 ha 63, del’installation d’un atelier de frappe de monnaies ou encore del’aménagement de deux pôles publics – forum et augusteum.À ces éléments s’ajoutent le réaménagement et lerenforcement des réseaux viaires et d’assainissement ainsique le lotissement de vastes surfaces sur le piémont, tant àl'est qu'au sud, ou encore la transformation des vieuxquartiers. Le tissu urbain de la ville au Haut-Empire respecteà l’évidence les trames préexistantes : celles de la vieilleville, celles qui sont liées aux contraintes de la topographiesur les pentes nord ou le long de l’ancien rivus de la Fontainedésormais canalisé, mais aussi celles qui régissaient lescampagnes alentour. Il en est ainsi au sud-ouest, secteur oùl’on a proposé de reconnaître les traces d’une centuriation –le Nîmes A – qui aurait servi de base à l’organisation desquartiers sous la forme d’un lotissement à trame régulière.

Le programme augustéen fournit l'essentiel du nouveaucadre dans lequel l'agglomération va désormais sedévelopper. Vers le milieu du Ier s., l’essentiel desinfrastructures publiques est sans doute achevé et la villedispose encore des capacités financières suffisantes pourinvestir dans la construction d'un aqueduc 64. Dans cesannées-là et celles qui suivent, l'expansion urbaine restedurable et la fin du Ier s. marque encore une nouvelle étape demonumentalisation que traduit le dallage de rues majeures ouencore la construction de thermes publics et d’unamphithéâtre. Cette date correspond à l’extension maximumde la ville, qui couvre alors 110 ha, soit la moitié de l'espaceenclos disponible.

Dans les quartiers privés, plusieurs études récentesmontrent des situations contrastées 65. L’essentiel desmaisons fouillées à ce jour correspond à une catégoriemoyenne de citoyens de la cité antique de Nîmes. Leursmaisons à cour manifestent, à des degrés variés, unecertaine aisance matérielle et une adoption des formulesdécoratives en vogue. Haut perchées sur les pentes, desmaisons plus “archaïques”, d’aspect compact etcomprenant un nombre limité de pièces renvoient à desmodes de vie où le respect de la tradition autochtonel'emporte nettement sur les emprunts à la société romaine.Enfin, quelques découvertes, principalement sur le

60 Fiches 1989, 212.61 Fiches 1996, 143.

62 Monteil 1999.63 Varène 1992.64 Fabre et al. 2000.65 Célié et al. 1996.

LE CAS DE NÎMES 31

piémont, permettent de localiser des habitations pluscossues, qui se distinguent, pour l'essentiel, par des sallesd'apparat de dimensions importantes et parfois décoréesavec grand luxe. L’examen de la documentation disponiblea permis de proposer récemment un modèle d’implantationde l’architecture privée, pour partie régi par les courbesaltimétriques, les possibilités d'approvisionnement en eausous pression et la proximité des espaces publics. On aainsi distingué une partie haute au nord largement désertée,une couronne extérieure à mi-pente, caractérisée par deshabitations modestes, une zone intermédiaire, en bas depente, où l'on trouve les résidences de petits ou moyensnotables et enfin un piémont dont le caractère est davantageimbriqué, mais où l'on peut, semble-t-il, définir un “centre”où sont rassemblés les principaux édifices publics et lesdemeures luxueuses de l'élite urbaine 66.

Cela dit, le IIe s. témoigne certes d’une période depermanence des maisons encore occupées etd’enrichissement de leurs décors intérieurs, mais aucunenouvelle construction ne peut-être datée de cette époque. Laville a semble-t-il atteint là son extension maximale et l’onnote même des signes nets d’une première phase derétraction urbaine, annoncée dès la fin du siècle précédent.Cette vague progressive d’abandon touche principalement lapériphérie, sur les pentes de collines et en lisière sud del’enceinte 67. L’étalement dans le temps de ce phénomène, lefait qu’il coexiste avec un maintien de la vie urbaine, etmême de nouvelles constructions publiques dans la premièrepartie du siècle, et qu’il trouve des échos dans plusieursagglomérations secondaires de la région 68, n’est guèrecompatible avec des hypothèses de type catastrophiste ettient sans doute à des paramètres complexes (comme labaisse de la démographie et des investissements).

3.2. Première approche des faubourgs 3.2.1. Tombes et nécropoles

L'inventaire des découvertes funéraires anciennes renforcel’importance des espaces dévolus au monde des morts dansl’immédiate périphérie de l'agglomération et permet demieux les situer dans l'analyse de la topographie urbaine etpériurbaine 69 (fig. 6). Parallèlement, une dizained'opérations récentes a permis d'éclairer d'un jour nouveaucertains aspects du phénomène, même si l'étude de cesensembles est encore en cours.

La majorité des tombes se répartit le long des flancs sud,est et ouest de la ville, en liaison étroite avec le réseau viaire.La concentration des découvertes le long des voiesprincipales a conduit à identifier plusieurs zones denécropoles plus ou moins étirées ou plus ou moins“vastes” 70. En fait, le caractère ponctuel de la plupart desobservations ne permet pas de préciser ce que recouvre enréalité ce terme de nécropole qui, comme le rappellePh. Leveau 71, est un néologisme qui n’a pas véritablementd’équivalent dans le vocabulaire latin, celui-ci étantbeaucoup plus riche pour désigner le monument ou lasépulture.

Les deux concentrations funéraires principales s’étendentainsi le long de la voie Domitienne. La plus importante sedéveloppe de part et d’autre de l’axe qui se dirige versUgernum/Beaucaire et à proximité d'autres voies qui, venantd'Avignon et d'Arles, convergent ici vers la porte d’Auguste.Au sud-ouest, les fouilles de la porte du Cadereau ont permisde montrer que cet accès à la ville antique était également àl'origine d'une convergence de voies extérieures. Là encoreles tombes sont nombreuses – une seule fouille récente, celledu 59, avenue Jean-Jaurès 72 –, y compris le long de la voielorsque celle-ci oblique vers l’ouest pour rejoindreAmbrussum. Quelques tombes d'époque républicainejalonnent ces deux tronçons, mais leur vocation funéraires’affirme surtout à compter du Ier s. p.C. et jusque dans lecourant du IVe s. au moins. Ces deux portions de la voieDomitienne, pénétrant dans le centre urbain par les deuxportes les plus importantes, étaient en outre reliées par unitinéraire de ceinture, longeant les remparts intra et extramuros. Cette double voie périphérique facilitait l'accès auxdivers quartiers et permettait aussi d’éviter le centre urbain.

Dans le secteur de la route de Beaucaire/voie Domitienne,le mieux documenté à ce jour, les rares investigationsquelque peu extensives témoignent d’une implantationfunéraire le plus souvent limitée aux abords immédiats de lavoie, occupant une bande de moins de 14 m de large. C’est lecas notamment de la série de tombes mises en évidence entre1,2 et 2 km de la porte d’Auguste 73. Des aires sépulcrales,incomplètement dégagées et plus ou moins denses ont pu êtrereconnues : trois incinérations et trois édicules sur unesurface de 600 m2 fouillée au 74-76, route de Beaucaire 74,six probables tombes, non fouillées, dans une fenêtre de

66 Garmy & Monteil 2000.67 Monteil 1996.68 Fiches 1996.69 Fiches & Veyrac 1996.

70 Vidal & Manniez 1996, 166 ; Monteil 1999, 470, fig. 333.71 Leveau 1987, 15-16.72 Hervé 1997.73 Fiches & Veyrac 1996, pts 407, 408, 402, 401.74 Fiches & Veyrac 1996, pt 407.

32 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

32 m2 au n° 103 route de Beaucaire 75, et enfin, une douzainede tombes sur une surface de 30 m2 au n° 113 de la mêmerue 76. Les données disponibles ne permettent pasd’appréhender la durée d’utilisation, et encore moins le modede fonctionnement de ces concessions. La densité de certains

groupes, la présence mêlée de tombes de jeunes enfants etd’adultes (attestée sur le site du 59, rue Jean-Jaurès 77),laissent entrevoir un recrutement plus large (de typefamilial?) que ce que l’on peut observer pour l’époquerépublicaine. Souvent délimités par des murs d’enclos, ces

75 Fiches & Veyrac 1996, pt 408.76 Bel 1999a, 69-70. 77 Hervé 1997.

30 m

30 m

50 m

75 m

2 Km2 Km

A

B

2

3

4

5

C

D

?

?

?

Pont-Biais

1 6 78

9

10

11

12

13 14

15

16

17 18

19

20

21

Mont-Cavalier

Mont-Duplan

Vers Uzès

Vers la vallée du Gardon

Vers Sauve Voie Domitienne

Voie Domitienne

Vers le Marduel

Av. Jean-JaurèsBoul

evard

périph

érique

sud

rue

H. R

evoi

l

voie

de ch

emin

de fe

r

voie de chemin de fer

3171,000

764,

000

3174,000

761,

000

périph. ouest

source

Puech du Teil

Montaury

Mont-Mirabel

Vers St-Gilles

Vers Arles

Le Vistre

Cadereau d'U

zès

Cadereau d'Al ès-

N

Forum

Amphithéâtre

Cam

plan

ier

Cours d'eau

Voies principales restituées

Courbes de niveau

Routes actuellesEnceinte préromaineEnceinte augustéenne

ÉtablissementCarrière

Édifice public

Nécropoles

Terres cultivéesEspaces "vides"

00 1 km

Fig. 6 : Nîmes et sa proche périphérie au Haut-Empire : principales découvertes anciennes et récentes (M. Monteil del.).A : porte d’Auguste ; B : porte de France ; C : porte du Cadereau ; D : 7, rue Puech-du-Teil (arc de triomphe). 1 : cimetière protestant ; 2 : carrière de Canteduc ; 3 : carrière de l’Hermitage ; 4 : carrière du quartier d’Espagne ; 5 : carrières de Saint-Baudile ; 6 : Z.A.C. des Carmes ; 7 : rue Séguier ; 8 :

rues Sainte Perpétue/des Amoureux ; 9 : 62, avenue Jean Jaurès ; 10 : 59, avenue Jean Jaurès (nécropole) ; 11 : rue Alphonse-de-Seynes (atelier d’amphores?) ; 12 : centre routier ; 13/14 : Z.A.C. Esplanade Sud ; 15 : Saint-André-de-Codols ; 16 : Viol du Plan ; 17 : Mas Carbonnel ; 18 : Mas de

Boudan ; 19 : Z.A.C. et fossé de Haute-Magaille ; 20 : bassin du Vistre de la Fontaine ; 21 : bassin de Magaille est (M. Monteil del.).

LE CAS DE NÎMES 33

ensembles avoisinent parfois des espaces libres de vestigefunéraire, dotés d’aménagements agraires 78. Éléments sansdoute omniprésents du paysage pour ceux qui empruntaientles principales voies d’accès à la ville, les tombes nesemblent pas pour autant avoir occupé des emprisesimportantes. L’étirement des enfouissements sur près de2 km le long de la voie Domitienne reflète sans doute demanière spectaculaire le caractère particulièrement attractifde celle-ci, ainsi que le dynamisme de l’agglomération, maispeut-être aussi l’existence, dans son voisinage,d’établissements périurbains.

La topographie funéraire ne se limite pas à la colonisationdes bords de voies selon le modèle classique de la“Gräberstrasse”. La fouille de la Z.A.C. des Carmes suggèreainsi l’existence de concessions isolées intercalées à distancede la voie 79. Elle a mis en évidence, à une centaine de mètresde la porte d’Auguste, deux petites unités funérairesincomplètement reconnues, établies de part et d’autre d’unmur de parcelle, à 30 m de la voie Domitienne. La plusancienne, datée des années 25-40 p.C. par la stratigraphie, apeut-être une origine dans les implantations d’époquerépublicaine repérées à proximité. Elle comprend les restesd’au moins trois (probables) incinérations en coffre de dalles.Le lotissement du secteur, avec l’installation dans les années30-40 de deux établissements périurbains attenants, n’a pasmis un terme à cette occupation funéraire. Deux inhumationsdatées du dernier quart du Ier s. ou du premier quart du IIe s.,ont ainsi été établies auprès d’un bâtiment édifié au cours dela même période. Cet espace funéraire ne semble pas avoirété utilisé très longtemps puisqu’un dépotoir vient lerecouvrir dans les années 90-125. L’imbrication des espacesdévolus aux vivants et aux morts va donc de pair avec unetrès grande mobilité du paysage suburbain que viennentillustrer d’autres découvertes récentes effectuées dans lemême quartier 80. Rue Séguier, par exemple, desincinérations installées vers 75-80 sur les ruines d’un habitatsont à leur tour recouvertes par un dépotoir daté de lapremière moitié du IIe s. 81 Rue Condé, le cadrechronologique est plus lâche, mais le phénomène estcomparable et se traduit par l’implantation, à partir de la findu Ier s. p.C., d’un dépotoir aménagé sur les ruines d’unmausolée édifié entre la fin du Ier s. a.C. et le milieu du Ier s.p.C. 82

3.2.2. Champs et établissements ruraux

Les découvertes anciennes et les fouilles de ces dernièresannées témoignent donc, dans l'immédiate périphérie, d’unpaysage funéraire, mais où tombes et monuments funérairesdessinent une trame discontinue et s'intercalent avec desétablissements, des champs, ainsi qu’avec des zones dedépotoirs et d’épandage de déchets 83 (fig. 6).

Des terres cultivées au Haut-Empire ont été ainsiidentifiées à faible distance des remparts. En témoignent destraces d'amendements organiques et de modestesaménagements agricoles qui renvoient l'image de jardins etde champs destinés à l'approvisionnement de la ville 84.

Les établissements périurbains n'étaient connus, jusqu’àdate récente, que par l'intermédiaire de découvertes trèsponctuelles. À l'est de la ville, un sol de tuileau était signalérue Séguier 85 et un possible habitat à l'angle des rues Sainte-Perpétue et des Amoureux 86. Au sud, un dolium et unestatuette avaient été reconnus au 62, avenue Jean-Jaurès 87.Non loin de l'intersection des rues Alphonse-de-Seynes etEspérandieu, un dépotoir d'amphores laissait supposer de soncôté la présence d'un atelier de potiers ou d'un bâtiment àvocation commerciale 88. À l'ouest enfin, il était fait mentiond'un établissement gallo-romain d’une certaine importancedans le cimetière protestant 89.

Deux opérations récentes, situées du côté est de la ville, ontpartiellement amélioré ce premier bilan (fig. 6 et 7). Ainsi,sur le site de la Z.A.C. du forum des Carmes, deuxétablissements mitoyens sont construits dans les années30 p.C. et évoluent jusque vers 70/80 p.C. pour l'un et lemilieu du IIe s. p.C. pour l'autre 90. Les corps de bâtimentintègrent des habitations dotées de cours, d'aires de stockagedont un cellier équipé de doliums. On note également laprésence d'un bâtiment à portique abritant d'éventuellesboutiques. Des équipements techniques (fours domestiques,aires de traitement de matériaux ou de liquides) suggèrent laprésence de possibles activités artisanales.

Au n° 21, rue Séguier, un autre établissement a pu êtrepartiellement dégagé sur 1200 m2. Également créé vers30 p.C., sur un terrain antérieurement dévolu à l'agriculture,cet ensemble se présente sous la forme d'une cour ornée deplantes d'agréments 91, longée sur trois côtés au moins par

78 Fiches & Veyrac 1996, pt 407.79 Bel 1999b.80 Cf. aussi, Monteil 2003 ; Monteil et al. 2003.81 Manniez et al. 1993-1998.82 Fiches & Veyrac 1996, pt 436.

83 Monteil 2003 ; Monteil et al. 2003.84 Monteil 1999.85 Fiches & Veyrac 1996, pt 446.86 Fiches & Veyrac 1996, pt 411.87 Fiches & Veyrac 1996, pt 489.88 Laubenheimer 1985, 147 ; Fiches & Veyrac 1996, pt 496.89 Fiches & Veyrac 1996, pt 531.90 Bel 1999b.91 Barberan 1993-1998.

34 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

une galerie. Les pièces de l'aile nord-ouest, seule reconnue,comprennent notamment un possible impluvium à bassincarré (ou un simple bassin?) et une cave. Au sud et au nord,deux petites aires de stockage ont pu être identifiées (doliumset/ou fonds d'amphores calés en terre). Celle qui est située ausud coexiste avec quelques fosses de plantation et un puits.Bien qu’implanté aux portes de la ville, cet établissement nese maintient que jusque dans les années 75-80 p.C. 92 Les

arguments sont bien ténus pour reconnaître ici uneexploitation rurale et une fonction strictement résidentiellene peut être écartée, notamment au vu du plan qui s'organiseen l'état autour d'un jardin entouré de galeries.

La vision qu'on a de ces divers établissements reste doncmalheureusement trop partielle pour qu'il soit possible de

92 Manniez & Recolin 1994 ; Manniez et al. 1993-1998.

Rue Séguier

RuePierre

Sémard

Boulevard

Amiral

Courbet

via D

omitia

via D

omitia

via D

omitia

Mausoléeet voie

A

B

N

0 100 m

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N

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B

0 10 m

cour

sépultures

galerie

cour

hangar

?

cour

galerie

puits

dépotoir

cellier four

Etablissement A Etablissement B

Etablissement A Etablissement B

Etablissement A Etablissement B

N

N

N

doliamortier

0 10 m

Vers 60 p.C.

Vers 125-150 p.C.

Vers 90-125 p.C.

Fig. 7 : Les établissements périurbains de la Z.A.C. des Carmes et de la rue Séguier (M. Monteil del., d’après V. Bel, V. Lelièvre, Y. Manniez, A. Recolin et L. Vidal).

LE CAS DE NÎMES 35

disserter longuement sur leurs fonctions et leurs formesréelles, même si on sait que les activités à caractèreéconomique qui pouvaient s'y dérouler disposaient dedébouchés immédiats. Ce faubourg, au tissu lâche, quis’étend à proximité de la voie Domitienne et des rempartsaugustéens, constitue en tout cas, avec les nécropoles quil’environnent, une véritable zone d'interface polyvalenteentre la ville et la campagne.

Au sud-ouest de la ville également, la voie Domitiennesemble jouer un rôle important dans le développement deséquipements périurbains. À l'angle des rues Solier et Puech-du-Teil, on a pu reconnaître notamment les fondations d'unprobable arc de triomphe 93. Le monument fut bâti, dans lecourant du Ier s. p.C., en vue de la porte du Cadereau et à undemi-mille (environ 710/730 m) de celle-ci. Élément descénographie, cette construction témoigne de l'emprise de laville sur sa campagne de proximité.

3.3. Le domaine des GarriguesPour cette période comme pour la précédente, les

informations sont très lacunaires dans ce secteur. Lesétablissements recensés grâces aux prospections de J.-M.Pène et L. Lafaye se répartissent au nord et au nord-ouest dela ville, à des distances assez importantes 94. Une partied’entre eux se développe sur un substrat d’époquerépublicaine, tandis que d’autres correspondent à denouvelles fondations. Les surfaces au sol, qui varient entre1000 et 5000 m2, montrent qu’il s'agit d’installations ruralesde petites et moyennes tailles.

Les diagnostics réalisés dans le cadre du PPCI ontégalement fourni quelques indices de structuration de cettezone de Garrigues encore méconnue : par exemple, fosses debornage et de plantation ou chemin de 3 m de large auxTerres de Rouvières 95.

Sur les flancs ouest et nord, enfin, la principaleexploitation à avoir laissé des traces notables est celle qui estliée à la pierre. De nombreuses carrières de calcaire ont eneffet été reconnues en périphérie immédiate ou à courtedistance de la ville et ont servi principalement à laconstruction des édifices publics mais aussi de l’habitat privé(Canteduc, Barutel ou Roquemaillère) 96.

3.4. Les établissements ruraux dans la plaine duVistre Les deux premiers siècles de notre ère semblent marqués

par une augmentation assez sensible du nombred'établissements par rapport aux époques antérieures (fig. 8).Rien d'original en cela par rapport à la situation régionalepour laquelle on enregistre des taux de création importants.On doit cependant garder à l'esprit que l'emploi de nouveauxmatériaux de construction multiplie évidemment les chancesde conservation et de détection des établissements de cettepériode et que la quantité de gisements n'a pas forcément derapport direct avec le développement de la structureagraire 97. La multiplication des installations, qui témoignevraisemblablement d'un agro-système en mutation, peutaussi s'expliquer en partie par des phénomènes nouveauxcomme l'attraction que peut exercer la ville sur certainsinvestissements.

Au-delà de ces généralités, l'analyse reste limitée tant ladocumentation disponible est hétérogène. La localisation oula connaissance d'une partie des gisements repose en effet surdes découvertes, réalisées dans l'urgence ou à l'occasion deprospections rapides, qui ne permettent pas forcémentd'évaluer leur chronologie ou leur superficie. Il en est ainsipour plusieurs sites : Centre routier-Kilomètre Delta 98,Terraube-nord (pt 633), Font-Dame (pt 638), Mas de Boudan(pt 650), Mas Moussier (pt 658) ou encore le Cimetière duPont-de-Justice (pt 665). En l'absence de prospectionssystématiques, les densités reconnues apparaissentégalement difficiles à analyser pour approcher de manièredétaillée l'organisation de la campagne. Il n'y a guère quedans un secteur au sud de la ville (Codols - Viol du Plan -Mas de Vignole) que les opérations préventives permettentune première ébauche de la situation.

Vingt-cinq sites de toutes natures sont recensés à ce jour.Ils se situent pour la majorité, entre 2 et 4 km de l'enceinteaugustéenne et se déploient jusqu'au contact du Vistre ou deses affluents. La superficie d'une partie d'entre eux, décapésintégralement, peut être appréciée. Les plus modestes (entre500 et 1000 m2) correspondent à de petites unités agricolesbâties entre la fin du Ier s. a.C. et le début du Ier s. p.C. Laferme du Gouffre des Bouchers, fut le premier exemplairemis au jour (fig. 3). L'établissement est composé de troiscorps de bâtiment établis autour d'une cour centrale, excavéesur plusieurs dizaines de centimètres et largement ouvertevers le sud 99. Dépourvu d'équipements particuliers,

93 Monteil 1999, 42-46, 457-458.94 Fiches & Veyrac 1996, 473-476, pl. XIX.95 Sauvage 1999b ; Sauvage et al. 2000.96 Bessac 1981.

97 Raynaud 1996, 189-212.98 Fiches & Veyrac 1996, pt 614.99 Compan et al. 1993 ; Fiches & Veyrac 1996, pt 634.

36 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

NIMES

Bassin deBassin deRoquemailleresRoquemailleres

Bassin duBassin duTennisennis

Bassin duBassin duCimetiCimetièrere

Bassin deRoquemailleres

Bassin duTennis

Bassin duCimetière

Bouillargues

Rodilhan

voie Domitienne

voie Domitienne

Autoroute A9

Autoroute Nîmes-Arles

Caissargues

Valla

tduBaou

Vistre

630

-25 m

25 à 50 m75 à 100m

100 à 125 m

125 à 150 m

150 à 175 m

175 à 200 m

50 à 75 m

Ier/IIIe s. de n. è.Antiquité tardivesépultures voies

cours d'eau2 km0

N

Bassin deBassin del'Oliveraiel'Oliveraie

Bassin desBassin desCourbiersCourbiers

663663

Le Creux de HuguenotLe Creux de Huguenot621621

Aérodrome de Courbessacrodrome de Courbessac

Mas MoussierMas Moussier662662

Bassin deBassin deMiremandMiremand

Bassin del'Oliveraie

Bassin desCourbiers

663

Le Creux de Huguenot621

Aérodrome de Courbessac

Mas Moussier662

Bassin deMiremandBassin des Bassin des

Tilleulsilleuls

646646

631631

Mas de BoudanMas de Boudan650650

CimetiCimetière du Pont de Justicere du Pont de Justice665665

BasseBasseMagaille-EstMagaille-Est

FossFossé de deHaute-MagailleHaute-MagailleZAC deZAC de

Haute-MagailleHaute-Magaille

Viol du Planiol du Plan Bassin du Bassin du Vistreistrede la Fontainede la Fontaine

Mas Font-BMas Font-Bœufuf632632

Terraube norderraube nord633633

ZAC duZAC duMas des Mas des AbeillesAbeilles

FossFosséCadereauCadereau

MasMasCarbonnelCarbonnel

Bassin duBassin duMas NeufMas Neuf

St-AndrSt-Andréde Codolsde Codols

Mas de Mas de Vignoleignole

Sur le Mas Sur le Mas Neuf 637Neuf 637

Font DameFont Dame638638 GoufGouffre desfre des

BouchersBouchers634634

Terraube ouesterraube ouest

Garage RenaultGarage Renault

Le DamierLe Damier

Km DeltaKm Delta

Centre routierCentre routier614614

CarsaladeCarsalade616616

CarsaladeCarsalade617617

Mas de MayanMas de Mayan618618

St CSt Césairesaire61611

Bassin des Tilleuls

646

631

Mas de Boudan650

Cimetière du Pont de Justice665

BasseMagaille-Est

Fossé deHaute-MagailleZAC de

Haute-Magaille

Viol du Plan Bassin du Vistrede la Fontaine

Mas Font-Bœuf632

Terraube nord633

ZAC duMas des Abeilles

FosséCadereau

MasCarbonnel

Bassin duMas Neuf

St-Andréde Codols

Mas de Vignole

Sur le Mas Neuf 637

Font Dame638 Gouffre des

Bouchers634

Terraube ouest

Garage Renault

Le Damier

Km Delta

Centre routier614

Carsalade616

Carsalade617

Mas de Mayan618

St Césaire611

Fig. 8 : La proche campagne nîmoise : Haut-Empire et Antiquité tardive (PCR Nîmes et ses campagnes del.).

LE CAS DE NÎMES 37

l'ensemble se développe sur 600 m2 et reste actif jusqu'à la findu IIe s. Des comparaisons sont, depuis peu, possibles avecplusieurs autres établissements fondés vraisemblablement àla même période.

Il en est ainsi de l'établissement de Mas de Mayan

(“Incinérateur III”) qui est également doté d'une courcentrale. Celle-ci est aménagée sur une excavation plusancienne (carrière de limons?) et est flanquée, au nord et àl'ouest, par deux ensembles de pièces. L'ensemble se répartitsur environ 500 à 1000 m2 et ne présente aucune installationde production. On note seulement la présence d'un dolium,de pesons et d'une cloche à bestiau. Son occupation jusqu'àla fin du Ier s. est vraisemblable ainsi qu'entre la fin du IIe etla première moitié du Ve s. 100

Un troisième établissement, fondé un peu plus tardivement(milieu du Ier s. p.C.), a été dégagé récemment par A. Dumontet J.-Y. Breuil sur l'aérodrome de Courbessac, à près de 4 kmà l'est de l'agglomération. L'exploitation, couvrant 800 m2,est composée d'une cour centrale à galerie et de trois corps debâtiment chaînés l'un à l'autre. Dans le bâtiment nord,subdivisé en quatre pièces, le fond d'une cuve maçonnée a étépréservé. Profilé de manière originale, ce bassin se distinguedes fouloirs à raisin équipés généralement d'un cuveau et demarches d'accès. Le bâtiment oriental abrite une vaste sallealors que le corps de ferme occidental en accueille deux.L'abandon de l'ensemble intervient à la fin du IIe s.

Enfin, un dernier cas a été étudié en 2002 par J.-Y. Breuildans l'emprise du bassin de rétention de Basse Magaille Est(PPCI) (fig. 4). L'édifice gallo-romain occupe une surface de900 m2 environ. Il présente également une série de salles, fortdégradées, implantées aux abords d'une cour excavée. Àl'est, quatre doliums autour du soubassement d'unhypothétique pressoir ont été observés et dans le comblementde la cour, des fûts de colonnes, des chapiteaux, des enduitspeints témoignent d'une partie résidentielle assez luxueuse.Les aménagements de la cour (exutoire et raccordement à unfossé) sous-tendent un usage hydraulique de l'ensemble(assainissement, captage et réserve temporaire?) 101.

Certains de ces ensembles (Gouffre des Bouchers, BasseMagaille Est) se développent sur l'emprise ou aux marges defermes d'époque républicaine (cf. supra 2.3.). Ils marquent encela la mise en valeur et l'exploitation durables de propriétésagricoles anciennes, tout en illustrant des phénomènes derelative mobilité et de romanisation de celles-ci. Un cas

similaire est également envisagé au Moulin Villard(Caissargues), en rive gauche du Vistre, où l'on a pu noter lafondation vers le changement d'ère, d'une petite unitéagricole, active durant quelques décennies seulement, àproximité d'installations pré-augustéennes abandonnées 102.

D'autres travaux, notamment les prospections deJ.-M. Pène et J. Kotarba, permettent de noter la présenced'établissements plus importants aux abords de la ville ousuggèrent qu'un certain nombre, à l'image de celui de Saint-André de Codols au début du IIe s., ont pu se développer enplusieurs étapes durant le Haut-Empire. Le site du Mas deMayan 103, d'emprise moyenne (2500 m2) pourrait ainsicorrespondre, comme le site découvert sur le bassin aval deMiremand (1600 m2) 104, à une exploitation de tailleintermédiaire alors que ceux de Terraube-Ouest 105 àproximité du Vistre, ou encore le site du Mas Font Bœuf (pt632) s'étendent pour leur part sur 5 à 6000 m2. Desoccupations protohistoriques ou d'époque républicaine sontégalement attestées sous certains d'entre eux (respectivementpts 632 et 631) confirmant le rôle attractif, bien que nonsystématique, des exploitations et des réseaux anciens. Encomplément de ces établissements, la présence de petitesdépendances agricoles a pu être démontrée. En 1987, lalocalisation d'une concentration de matériel sur 400 m2 aainsi permis de suggérer l'existence de ce type d'installationdès la fin du Ier s. av. ou au début du Ier s. p.C. (pt 637). Ausud de Saint-André de Codols (Z.A.C. Esplanade Sud), l'uned'entre elles, datée de la période flavienne a pu être fouillée(fouille M.-L. Hervé, 1999) et a été intégrée au finage del'établissement (fig. 9). Deux autres exemplaires ont étésignalés sur les terres du Mas Neuf (PPCI) 106. La question deleur subordination à des fermes voisines ou de leur insertiondans un système d’exploitation organisé depuis la ville aalors été posée 107.

Les recherches de ces dernières années ont montré ladiversité du devenir ces établissements ruraux. Lestémoignages d'abandon les plus anciens remontent à la fin duIer s. p.C. ; période à partir de laquelle on enregistre lespremiers signes de déprise urbaine. C'est effectivement àcette époque que les établissements du faubourg oriental (rueSéguier, Z.A.C. du Forum des Carmes) sont abandonnés.Dans le même temps, la ferme du Mas de Mayan

100 Meffre 2002.101 Breuil 2000.

102 Pezin 1987.103 Fiches & Veyrac 1996, pt 618.104 Hasler 2000a.105 Fiches & Veyrac 1996, pts 630 et 631.106 Hervé 2000.107 Pomarèdes & Rascalou 2002, 61.

38 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

(Incinérateur III) ainsi qu'une des unités de Carsalade (pt616) paraissent péricliter. Durant cette période, on enregistrepar contre le déploiement d'un habitat relativementimportant, sur quelque 5000 m2, dans le secteur de Saint-André de Codols. Le plan révèle ici une partition en deuxgrands ensembles de construction séparés par un axe decirculation intérieur. À l'est, trois unités alignées sontimplantées contre la route Nîmes-Générac, et paraissentaffectées à des fonctions particulières (balnéaire, boutiques,auberge?). À l'ouest, des bâtiments d'exploitation et de

l'habitat sont attestés, mais la présence d'une résidenceluxueuse ne peut être assurée. L'hypothèse d'unétablissement spécialisé dans les services etl'approvisionnement de la ville a donc été envisagée etl'avènement d'un ensemble domanial n'est clairement signaléici, qu'au milieu du IIIe s. 108

Plus globalement, le dossier relatif à la présence de villaeà la périphérie de la ville est peu fourni. On note seulement

108 Pomarèdes 2002.

N

Structure "excavée"

Traces de plantation et fossés

Puits

Annexe agricole

0 10 m

Fig. 9 : Z.A.C. Esplanade Sud. Annexe agricole de la période flavienne rattachée à l’établissement de Saint-André de Codols (V. Lelièvre, A. Recolin del.).

LE CAS DE NÎMES 39

la découverte, à 1,3 km à l'est de Codols, d'un fragment demosaïque et quelques éléments lapidaires au Mas deBoudan 109 et celle d'équipements balnéaires et d'unchapiteau ionique au Cimetière du Pont-de-Justice, à 2,8 kmà l'est du centre urbain (pt 665). Ceci étant, à l'instar de lavilla de Careiron et Pesquier à Milhaud 110 et du hameauvoisin de la Condamine 111, il est possible de penser que dansla plaine, des établissements très différents se combinent, dèsle Ier s., pour assurer l'exploitation du territoire del'agglomération et participer au développement d'uneéconomie spéculative et de marché. Les questions dehiérarchie, de subordination ou de faire valoir indirect restentcependant ouvertes.

3.5. Le parcellaire et la campagne Les vestiges de mise en valeur du sol permettent de

reconnaître une structuration et une exploitation assezsystématiques de la campagne (fig. 8). Le réseau decommunication se développe dans la plaine, par exemple auMas Carbonnel 112 et au Mas des Abeilles 113,vraisemblablement pour desservir les nouveauxétablissements.

Des bornes comme celles de Saint-André de Codols ou dela Z.A.C. Esplanade Sud 114, des équipements liés àl'irrigation ainsi que des ensembles de traces de plantationont été régulièrement observés au contact de l'habitat commeà distance de celui-ci. Les découvertes récentes de vignobles,au Mas Carbonnel, à proximité de l'établissement deCodols 115 ou encore à Carsalade 116 tendent à prouverl'ampleur de ce type d'agriculture.

Il en est de même pour les fossés qui témoignent desystèmes parcellaires cohérents et étendus, trahissantl'emprise de pâturages ou de cultures de surface. Pour leHaut-Empire, leurs orientations se regroupentmajoritairement en deux orientations remarquables (NL 16 à19° O et NL 20 à 23 ° O). Si l'on ne peut rattacher la premièreconcentration à aucune organisation bien étayée, la secondepeut-être rapprochée à la fois de l'orientation du cadastreSextansio-Ambrussum et de celle du parcellaire Nîmes C quiconstituent, pour la plupart des chercheurs, deux ensembles

distincts mais d'orientations proches 117. En dehors de ceséléments, on note d'autres faisceaux qui correspondent àl'orientation du cadastre Nîmes B établie autour de NL 13-14° 118. Mais les axes des parcellaires reposent aussi sur descontingences plus locales (influence de l'habitat ou du réseauviaire, contraintes du réseau hydrographique), ainsi que surl'ancienneté de l'organisation du paysage 119.

3.6. Implantations funéraires dans la campagneLa synthèse proposée par L. Vidal et Y. Manniez dans le

volume de la Carte archéologique de la Gaule consacré àNîmes 120 avait déjà souligné le déséquilibre de ladocumentation dans ce domaine en faveur des zonespériurbaines. Les découvertes les plus récentes,exclusivement localisées en plaine, ne remettent pas en causece constat (fig. 8). Les tombes mises au jour à plus de 2 kmde l’enceinte demeurent peu nombreuses (à peine unedizaine de points de découverte contre près de 200 dans lapériphérie), et, qui plus est, pour diverses raisons, encore peuétudiées.

Le modèle d’implantation attesté à l’époque républicaine(petits groupes dispersés localisés le long des voies) reste demise. Dans deux cas cependant – sites du Mas desCourbiers 121 et du Mas des Abeilles VI – aucune voie n’a étémise en évidence, mais cela tient peut-être aux méthodesd’investigation (diagnostic en tranchées). Ces deuxensembles funéraires se trouvent d’ailleurs à proximitéimmédiate de fossés linéaires qui pourraient avoir bordé deschemins. Presque tous les ensembles ayant fait l’objet d’unefouille extensive sinon exhaustive s’avèrent avoir été créésau cours des IIe ou Ier s. a.C. (à l’exception du MasCarbonnel 122). Sur le site du Mas de Vignole, un ustrinumest implanté à fin du Ier s. ou au début du IIe s. p.C. à 2,50 md’une tombe beaucoup plus ancienne, datée des années 60-40a.C. Repéré en limite d’emprise, cet aménagement pourraitavoir été associé à d’autres sépultures d’époque romaine. Legroupe du Mas des Abeilles VII comporte six tombeséchelonnées entre 40 a.C. et le IIe s. p.C. 123 Au Mas desAbeilles II.3, les deux tombes datées entre 25 et 75 p.C.s’inscrivent dans un espace occupé dès le début du Ier s. a.C.Enfin, l’incinération apparemment isolée mise au jour sur le

109 Fiches & Veyrac 1996, pt 650.110 Conche et al. 2002.111 Favory & Raynaud 2002, 586-592.112 Petitot & Vidal 2001.113 Dumont 2001.114 Vidal & Petitot sous presse.115 Fiches & Veyrac 1996, pt 646 ; Paone 1997 ; Petitot & Vidal 2001 ; Bel

2001.116 Breuil 2001.

117 Fiches 1996.118 Fiches 1996.119 Vidal & Sauvage 2000.120 Vidal & Manniez 1996, 166.121 Hasler 2000b.122 Fiches & Veyrac 1996, pt 646.123 Sauvage 1999, 72.

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site de Magaille est établie dans une petite parcelle délimitéepar un fossé quadrangulaire que des indices topographiquespermettent de faire remonter à l’époque républicaine 124.

Contrairement à ce qui a été observé à propos des tombesd’époque républicaine, plusieurs des sépultures d’époqueromaine mises au jour en contexte rural sont localisées dansl’environnement plus ou moins proche d’un établissementrural. C’est le cas des ensembles du Mas des Abeilles (VI etVII) implantés à 180 et 110 m d’une petit bâtiment daté duHaut-Empire. Par ailleurs, la tombe de Magaille (fin Ier s.-IIe s. p.C.) est installée à proximité d’une ferme abandonnéeau IIIe s., qui prend le relais d’un habitat d’époquerépublicaine. Enfin, l’aire sépulcrale du Mas des Courbiersse trouve à environ 450 m d’un établissement reconnu àl’occasion d’une opération de diagnostic dans l’emprise dubassin de Miremand 125.

À ce stade de l’enquête, il semble que ce soit moins lemode de fonctionnement des espaces funéraires que ladensité et le nombre des implantations qui distinguent lapériphérie urbaine de la campagne. La dispersion des tombesou des petits groupes de tombes dans le finage des habitats àproximité des voies ne s’oppose pas fondamentalement aumodèle décrit pour le proche environnement del’agglomération. Certes, contrairement aux concessionsproches de la ville, aucun des ensembles funérairesrépertoriés dans la campagne ne semble avoir été délimitépar un enclos maçonné. En revanche, les édicules ne sont pasabsents : le site du Mas Carbonnel a ainsi livré les restes trèsdégradés d’une construction maçonnée de petites dimensionsqui pourrait avoir été dotée d’une élévation 126. Dans le cadredu diagnostic sur le site du Mas des Abeilles II.2, Y. Mannieza mis au jour, non loin d’une incinération, un blocd’architecture en remploi provenant selon J.-Cl. Bessacd’une construction circulaire de type mausolée 127. Cesquelques indices suggèrent l’existence, aux côtés de dépôtsmodestes, de tombes d’un statut supérieur qui ne sont doncpas spécifiques aux nécropoles périurbaines. Ladocumentation ancienne réunie par J.-L. Fiches 128 témoignede la présence dans la campagne, notamment au sud deNîmes, de nombreuses épitaphes de notables, mais aussi detombes pourvues d’un mobilier de qualité 129. Comme l’avaitpressenti cet auteur, le choix des élites de se faire inhumer

dans la campagne est en fait bien ancré à Nîmes dans leIer s. a.C. comme le montre la découverte sur le site du Masde Vignole d’une tombe à casque du début de ce siècle.

4. En guise de conclusion : le IIIe s. etl’Antiquité tardive

4.1. La situation dans la villeIl faut bien convenir que l’archéologie urbaine n’a guère

permis d’avancées significatives passé le Haut-Empire. Lapériode qui s’étend du IIIe au VIe s. est de fait mal documentéeet n’autorise encore qu’un tableau très général. Après lepremier quart du IIIe s. p.C., l'habitat privé se maintient,particulièrement sur le piémont, dans le cadre du bâti duHaut-Empire, mais une certaine atonie transparaît dansl'absence d'enrichissement des décors intérieurs ou denouvelles constructions. Les infrastructures publiques nesouffrent pas, semble-t-il, de cette moindre prospérité, et l'onnote même, une possible construction et des réfectionsd'édifices. Au IVe s., l'impression générale est semblable àcelle qui prévaut au IIIe s., mais quelques quartierscommencent à être désertés. La fin du IVe et surtout lecourant du Ve s. voient ce processus s'accentuer et aboutir àdes modifications profondes et durables du tissu urbain. Devastes pans de la ville sont progressivement abandonnés, desmonuments publics sont détruits, et l'agglomération finitsans doute par se cantonner pour l'essentiel dans l'emprise dela future ville médiévale. De celle-ci, dont la surface totalen'excédait sans doute pas 20 à 30 ha dès la fin du Ve s., on nesait que peu de choses, si ce n'est que les friches urbaines etles champs et jardins y coexistent avec des habitations.

À partir du IIIe s., il semble donc que la ville perdeprogressivement de son dynamisme. Bien qu'assez rare, ladocumentation concernant la fin de l'Antiquité et le débuthaut Moyen Âge ne signale aucun investissement important.Pourtant, Nîmes devient le siège d'un évêché dans la secondemoitié du IVe s. au plus tard. La fondation de premiersédifices religieux est supposée (cathédrale, église extra-muros de Saint-Baudile et, moins sûrement, celle de Sainte-Perpétue). Mais l'Église nîmoise ne brille guère au regard decelles d'Arles ou de Vienne.

4.2. La campagne périurbaineLa mobilité et le devenir des réseaux parcellaires du Haut-

Empire restent encore peu étudiés, mais il semble qu'unegrande partie du découpage de l'espace de cette période nesoit plus opérante après le IIe s ou le IIIe s. p.C. On observe

124 Renseignements J.-Y. Breuil.125 Hasler 2000a.126 Fiches & Veyrac 1996, pt 646.127 Manniez 2002b.128 Fiches 1993.129 Fiches 1993, 334 et 335.

LE CAS DE NÎMES 41

également que de nouvelles fonctions (mais aussi denouvelles pratiques agricoles?) s'imposent dans certainsterroirs. En témoigne le développement d'une nécropoletardive sur l'emprise d'anciennes zones de culture à Saint-André de Codols 130.

Au début du IIIe s., le démantèlement méthodique decertains habitats, comme celui du Gouffre des Bouchers, esteffectif. Parallèlement on observe le maintien ou lareconfiguration d'un quart à un tiers des établissementsjusque dans le courant du Ve s.

Au sud-ouest de l'agglomération, deux à troisétablissements tardifs distants de quelques centaines demètres sont encore attestés à Carsalade (fig. 8). L'un d'entreeux, couvrant 5000 m2, pourrait être l'élément principal de cedispositif 131. À l'est de l'enceinte, on a pu constater sur le sitede Mas de Mayan (Incinérateur III) que la ferme abandonnéeà la fin du Ier s. est réoccupée entre l'extrême fin du IIe et leVe s. ; le mobilier étant essentiellement daté des IIIe etIVe s. 132 Sur le bassin aval de Miremand (PPCI), l'occupationde l'établissement fondé au Ier s. p.C. se prolonge entre 200 et275 133.

Au sud de la ville, un des sites du quartier de Terraubeouest 134 est occupé au Ve s. à l'inverse des établissementsvoisins (pts 629, 631 et 632). Au Mas des Abeilles, un petitensemble du Haut-Empire semble rester actif entre le IIIe etle Ve s. 135 Au Gouffre des Bouchers, les travaux les plusrécents permettent d'envisager un nouveau déplacement del'habitat vers le nord entre le IIIe et le Ve s.

Dans ce dernier secteur, on note surtout l'importance desinvestissements consacrés à l'édification de l'imposante villa

de Saint-André de Codols qui couvre près d'1 ha. À partir dumilieu du IIIe s. et durant deux siècles, les chantiers vontnotamment se traduire par des réalisations monumentales quiconfortent l'hypothèse du développement d'un importantcentre domanial 136. La cour centrale (4000 m2) est encorel'élément central de la composition. Autour de celle-ci, sontbâtis des bâtiments agricoles contenant un chai, des magasinssitués en rez-de-chaussée, des appartements comme c'est lecas à São Cucufate au Portugal 137 et la résidence elle-même.L'aile nord est équipée de pièces axiales et d'un portique quipermettent de proposer la présence d'un ensemble deréception ou d'audience (fig. 10). En suivant les résultatsd'une précédente enquête faisant le bilan des capitauximmobilisés dans certaines villae, on peut se demander siSaint-André de Codols ne correspond pas alors à unerésidence d'un membre de l'élite locale 138.

Les données rassemblées pour cette longue périodeillustrent donc la diversité des situations et complètent notreperception de l'évolution de la structure de l'espace agraireaux abords de la ville. Si l'on note parfois des transformationsimportantes et de possibles rapports de hiérarchie, il demeurecependant difficile de faire la part exacte, comme à l'intérieurde la ville, entre réorganisation en profondeur et continuités.Tout au plus pouvons-nous nuancer l'impression d'atonie quise dégage des rares informations collectées en milieu urbain.

130 Pomarèdes et al. 1996.131 Fiches & Veyrac 1996, pt 617.132 Meffre 2002.133 Hasler 2000a.134 Fiches & Veyrac 1996, pt 630.135 Sauvage 1998.

136 Pomarèdes 2000.137 Alarcão et al. 1990.138 Pellecuer & Pomarèdes 2001.

0 10m

Fig. 10 : Saint-André de Codols. Proposition de restitution de la façade sud de l’aile nord au IVe s. (R. Thernot del.).

42 MÉLANGES OFFERTS À PHILIPPE LEVEAU

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