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Organisation et collecte des données
En l’an 2000, il s’était écoulé plus d’un quart de siècle depuis l’Atlas
des oiseaux nicheurs de Belgique, pour lequel le travail de terrain
s’était déroulé entre 1973 et 1977 340. Cet ouvrage faisait le point
sur le statut de toutes les espèces nicheuses du pays, en donnant
pour chacune d’elles une carte de distribution des abondances
et une estimation de l’effectif nicheur. L’évolution de l’avifaune est
considérable depuis cette époque. Des espèces ont reculé voire
disparu de Belgique, d’autres sont apparues ou ont progressé,
comme la Cigogne noire, l’Hypolaïs polyglotte et le Pic mar. Il
devenait donc urgent d’entreprendre de nouvelles enquêtes.
Les travaux de terrain de l’Atlas des oiseaux nicheurs de la Région
flamande et de celui de la Région de Bruxelles-Capitale ont débuté
en 2000 : les résultats ont été publiés respectivement en 2004 1479
et 2007 1525. Pour sa part, l’aventure de l’Atlas des oiseaux nicheurs
de Wallonie a démarré en 2001. Avec sa publication, la Belgique
fédérale est ainsi couverte par trois atlas régionaux.
Objectifs
L’Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie a pour but de :
dresser la liste des espèces nicheuses ;
établir leur répartition géographique ;
évaluer leur effectif régional ;
mettre en évidence leurs variations d’abondance à travers la
Wallonie ;
détailler les changements observés depuis l’Atlas antérieur
(1973-1977).
En outre, l’utilité des données de l’Atlas est évidente dans le cadre de
la gestion d’espaces protégés, d’actions de protection, d’inventaires
et de suivis de sites (réserves naturelles, réseau Natura 2000). De
nombreux exemples récents montrent que les informations « de type
atlas » permettent aussi de multiples analyses ultérieures 377, par
exemple sur le plan de l’utilisation des habitats par les oiseaux 1274,
844 ou sur celui de l’étude des communautés d’espèces 1402, 1384.
Organisation générale
L’organisation a été confiée à Aves dans le cadre du programme
« Inventaire et Surveillance de la Biodiversité », mis sur pied par
la Région wallonne à partir de 1989. Ce programme comprend
diverses facettes dont la surveillance par points d’écoute des espèces
répandues, lancée en 1990 1404, 1045, et les suivis d’espèces sensibles
ou rares (oiseaux d’eau, hirondelles, passereaux forestiers...).
La coordination de l’Atlas comprenait au départ une cellule centrale
et sept relais régionaux bénévoles. Les travaux ont été menés en
collaboration avec le Département d’Étude des Milieux Naturels et
Agricoles (DEMNA) ainsi qu’avec d’autres services du Service Public
de Wallonie (SPW), en particulier le Département de la Nature et
des Forêts (DNF). L’Atlas a surtout bénéficié d’une large participation
de naturalistes bénévoles, dont beaucoup ont investi un temps
considérable dans les recherches de terrain ou la coordination
(voir Remerciements). En cours de projet, le choix a été fait d’étaler
les prospections sur sept saisons de reproduction (2001-2007)
plutôt que sur les cinq prévues initialement, afin d’obtenir une
couverture complète du territoire. À partir de 2005, une petite équipe
(Christophe Dehem et Marc Fasol) s’est chargée d’obtenir, région
après région, une base de données complète, cohérente et validée.
En 2006, ont été créés un groupe de travail « Méthodologie », dont
le but était d’analyser les données récoltées, et un groupe de travail
« Rédaction », chargé de finaliser la rédaction de l’ouvrage.
Zone d’étude et grille
La zone d’étude couvre l’entièreté de la Wallonie, soit 16.844 km².
Une grille est appliquée sur le territoire couvert. Les relevés de terrain
ont été effectués séparément sur chacune des unités définies par
cette grille. Ce quadrillage régulier offre notamment des avantages
organisationnels (répartition claire entre les collaborateurs de
l’espace à prospecter) et permet de comparer plus aisément
les différentes parties de la zone d’étude. Les nouvelles cartes
topographiques au 1/10.000e de l’Institut Géographique National
(IGN) constituent le maillage retenu (Fig. 13). Elles correspondent
à des moitiés de cartes de l’ancien découpage au 1/10.000e et
dessinent des rectangles de 5 x 8 km². Dans la suite de l’ouvrage,
nous parlerons de « Carte » (avec majuscule) pour désigner cette
unité de prospection principale de l’Atlas. Le territoire est couvert par
514 Cartes, dont 340 entièrement situées en Wallonie. Au final, 499
Cartes sont prises en compte dans cet Atlas car les Cartes couvrant
moins de 50 ha en Wallonie ont été écartées. Celles traversées par
la frontière régionale avec la Flandre ou par une frontière nationale
n’ont été inventoriées que dans leur partie wallonne.
Plusieurs centaines d’observateurs ont participé aux relevés de terrain.
Par rapport à d’autres options possibles, notamment le maillage
dérivé de la trame UTM (Universal Transverse Mercator), le maillage
choisi offre cinq avantages :
nicheurs de Belgique 1973-1977, puisque deux unités du
présent Atlas (partie nord et sud d’une planchette IGN) égalent
une unité de l’Atlas belge ;
posé par l’existence de mailles de taille variable dans la zone
de raccord des fuseaux UTM dans l’est de la Wallonie ;
fournir une cartographie assez précise ;
entre la nécessaire résolution spatiale de l’information et les
possibilités d’obtenir une couverture complète, compte tenu du
réseau régional d’ornithologues amateurs ;
n’eût pas été le cas si l’on avait utilisé des carrés UTM. Ceux-
ci sont en effet décalés par rapport aux cartes disponibles
sur le marché, ce qui aurait fréquemment imposé l’emploi de
plusieurs cartes IGN pour inventorier un seul carré UTM.
MÉTHODOLOGIE
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39
MÉTHODOLOGIE
Le choix diffère donc de celui opéré pour l’Atlas de la Région
flamande, fondé sur un découpage UTM de 5 x 5 km² 1479, ainsi que
pour l’Atlas de la Région de Bruxelles-Capitale, basé sur des carrés
de 1 km² environ1525.
Individuellement, les Cartes sont identifiées par un code de la forme
« aa/b X » où aa est le numéro de la planche IGN (série des cartes
au 1/50.000e), b le numéro de la planchette (série des cartes IGN au
1/20.000e) et X la lettre « N » ou « S » indiquant s’il s’agit de la carte
au 1/10.000e couvrant la partie nord ou sud de la planchette. Par
exemple, la Carte située dans la partie sud de la première planchette
de la planche IGN 53 s’écrit « 53/1 S ». En revanche, l’unité utilisée
dans l’Atlas des oiseaux nicheurs de Belgique 1973-1977 correspond
à deux Cartes de l’Atlas wallon 2001-2007 ; dans l’exemple cité, les
deux Cartes « 53/1 N » et « 53/1 S » (voir Fig. 14) forment la planchette
53/1, que nous dénommerons conventionnellement « Carte 53/1 ».
Espèces concernées et taxonomie
Toutes les espèces d’oiseaux nichant à l’état sauvage en Wallonie
sont traitées, qu’elles soient indigènes, introduites ou d’origine
domestique (cas des races domestiques du Pigeon biset) (voir notre
infrapaginale). Au début des prospections, la liste totalisait 169
espèces considérées comme nicheuses.
La Rémiz penduline faisait partie des 169 espèces attendues en 2000 : finalement, elle n’aura pas niché durant la période-Atlas.
Note : Les noms scientifiques (latins) des oiseaux nicheurs ne sont pas cités dans les textes généraux mais seulement dans les fiches-espèces.
Fig. 13 Maillage de l’Atlas des
oiseaux nicheurs de Wallonie 2001-2007, avec indication de la
numérotation des planches IGN au 1/50.000e,
sur fond des cinq écorégions.
Fig. 14Exemple de subdivision
d’une planche IGN 1/50.000e en 16 Cartes
unitaires de 8 x 5 km. La planche 53 est délimitée en
rouge. L’unité spatiale de l’Atlas des oiseaux nicheurs
de Belgique de 1973-1977, correspondant aux deux
unités 53/1 N et 53/1 S, est indiquée en grisé
(Carte 53/1).
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MÉTHODOLOGIE
Taxonomie, nomenclature et noms vernaculairesL’ordre systématique des espèces ainsi que la nomenclature
scientifique adoptés dans le cadre de cet Atlas suivent les
propositions du Comité Taxonomique Consultatif (TAC, Taxonomic
Advisory Committee) de l’Association of European Records and
Rarities Committees (AERC) 4. Pour des espèces exotiques non
traitées par l’AERC TAC, un complément a été trouvé dans le travail
de Clements (2000) 169.
Depuis une vingtaine d’années, la biologie moléculaire, en particulier
au travers d’études utilisant la technique de l’hybridation ADN-
ADN 1188, a conduit à des révisions profondes de la représentation
que l’on avait de la phylogenèse des oiseaux 1189. Depuis lors,
ces études pionnières ont été largement confirmées par d’autres
approches 1005. Les remaniements de l’ordre taxonomique qu’elles
suggèrent sont de plus en plus acceptés dans l’usage courant et
sont en application notamment dans la liste de l’AERC TAC adoptée
dans le présent ouvrage. Ainsi, les groupes frères des Ansériformes
et Galliformes (Galloanserae), s’avérant assez primitifs, se placent
dorénavant au début de la classification des ordres, juste après les
Ratites et avant les Plongeons. Pour l’avifaune belge, le changement
le plus perceptible porte donc sur les anatidés, les tétraonidés et
les gallinacés qui figurent dans cette disposition en début de
liste. Signalons que l’ordre taxonomique plus traditionnel 1511, 1513,
1512 a été préféré pour les deux autres Atlas régionaux couvrant la
Belgique 1479, 1525.
La liste adopte certaines corrections grammaticales et
orthographiques des noms scientifiques 233, 232 : Delichon urbicum en
place de Delichon urbica, Saxicola torquatus en place de Saxicola
torquata, Regulus ignicapilla en place de Regulus ignicapillus.
Par contre, certaines modifications de la nomenclature et de la
taxonomie proposées par l’International Ornithological Congress 548,
mais non encore adoptées par l’AERC TAC, n’ont pas été suivies,
comme le placement des genres Luscinia, Saxicola, Phoenicurus
dans la famille des Muscicapidae au lieu de celle des Turdidae.
D’autres modifications parfois proposées, comme l’élévation au
rang d’espèce du Sizerin cabaret (Carduelis cabaret) ou l’usage de
Picoides minor au lieu de Dendrocopos minor, n’ont pas été retenues
non plus. En revanche, des changements de noms scientifiques
génériques sont adoptés pour les mouettes (la Mouette rieuse
devient Chroicocephalus ridibundus) et les mésanges 748. Chez
celles-ci, l’analyse phylogénétique 547 conduit à répartir les espèces
du genre Parus en six clades* principaux. Dès lors, les espèces
présentes en Wallonie sont renommées Cyanistes caeruleus pour la
Mésange bleue, Lophophanes cristatus pour la Mésange huppée,
Periparus ater pour la Mésange noire, Poecile montanus pour la
Mésange boréale et Poecile palustris pour la Mésange nonnette ;
seule la Mésange charbonnière garde le nom générique Parus.
L’Atlas ne considère pas les sous-espèces, à l’exception de certains
Motacillidés, dont l’éventuel rang spécifique n’est pas largement
admis, mais qui sont relativement aisés à reconnaître en période
de nidification. Il s’agit de la Bergeronnette flavéole (Motacilla flava
flavissima) et de la Bergeronnette de Yarrell (Motacilla alba yarrellii).
Les noms vernaculaires français sont ceux proposés par la
Commission pour l’Avifaune française 193 ; dans un petit nombre de
cas, des synonymes restés d’usage courant sont mentionnés dans
les textes (Grand Butor, Chouette chevêche, Hirondelle de cheminée,
par exemple).
Des récents changements taxonomiques ont été pris en compte : ainsi, en termes « savants », la Mésange nonnette se nomme désormais Poecile palustris et la Mouette rieuse Chroicocephalus ridibundus.
La Bergeronnette de Yarrell fait l’objet d’un traitement distinct de celui de la Bergeronnette grise.
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MÉTHODOLOGIE
Catégories d’espècesLes espèces ont été réparties en trois catégories, en fonction de
leur degré de rareté pressenti (voir Annexe 2). À chaque catégorie
correspondent des objectifs particuliers à suivre sur le terrain.
Catégorie 1 - Espèces rares et/ou localisées
(Milan royal, par exemple) :
possible, tous les couples nicheurs ou les cantons occupés et
les localiser sur carte topographique ;
considère que le recensement effectué n’est pas exhaustif ;
Pour les oiseaux les plus rares, comme la Cigogne noire, la recherche de la preuve de reproduction était demandée… avec un maximum de précautions pour une espèce aussi sensible aux dérangements !
Catégorie 2 - Espèces semi-rares à assez communes
(Bruant des roseaux, par exemple) :
trouvés ;
Le Moineau friquet est une espèce assez commune dont la preuve de reproduction est souvent facile à trouver.
Quelques espèces (Caille des blés, Bécasse des bois, certains
rapaces nocturnes, Coucou gris) ont été considérées de cette
manière mais sans recherche obligatoire de la preuve de la
reproduction, qui est difficile à obtenir (espèces de catégorie 2a).
Tableau 4 - Indices de reproduction et degrés de certitude (ou « niveaux de preuve ») correspondants.
Code Degré de certitude de la reproduction
Indice
1.1 Possible Observation de l’espèce dans un habitat favorable, pendant la période de reproduction.
1.2 Possible Audition du chant ou observation de parades dans un habitat favorable, en une occasion, pendant la période de reproduction.
2.1 Probable Observation d’un couple dans un habitat favorable, pendant la période de reproduction.
2.2 Probable Territoire présumé, en raison de l’observation de comportements territoriaux (combats, chants…) à plus d’une semaine d’intervalle et au même endroit.
2.3 Probable Parade nuptiale (couple).
2.4 Probable Visite par l’oiseau d’un site de nid probable.
2.5 Probable Cris d’alarme des adultes ou autres comportements suggérant la présence d’un nid ou de jeunes.
3.1 Certaine Transport de matériel, construction de nid, creusement de loge chez certains cavernicoles.
3.2 Certaine Adulte tentant de détourner l’attention en simulant une blessure ou par une parade de diversion.
3.3 Certaine Découverte d’un nid ou de coquilles récentes.
3.4 Certaine Jeunes récemment envolés (nidicoles), poussins en duvet (nidifuges).
3.5 Certaine Adultes gagnant ou quittant un site de nid, dans des circonstances indiquant qu’il est occupé.
3.6 Certaine Adultes transportant de la nourriture pour les jeunes ou évacuant des fientes.
3.7 Certaine Nid contenant des œufs ; adulte couvant.
3.8 Certaine Nid contenant des jeunes ou jeunes au nid entendus.
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LA WALLONIE. REPÈRES GÉOGRAPHIQUES
1.1 Présence dans un habitat favorable
2.1 Couple dans un habitat favorable
2.3 Parade nuptiale (couple)
2.5 Cris d’alarme
1.2 Manifestation territoriale (chant)
2.2 Territoire présumé
2.4 Visite d’un site de nid probable
Les différents types de preuve de reproduction
1.1 Tarier pâtre1.2 Locustelle tachetée2.1 Chouette chevêche2.2 Phragmite des joncs2.3 Tourterelle des bois2.4 Hirondelle de rivage2.5 Grèbe à cou noir3.1 Gobemouche noir3.2 Vanneau huppé3.3 Milan royal3.4 Cincle plongeur3.5 Pic noir3.6 Galinule poule-d’eau3.7 Grèbe castagneux3.8 Épervier d’Europe
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LA WALLONIE. REPÈRES GÉOGRAPHIQUES
3.1 Construction de nid
3.3 Nid récent
3.5 Adulte quittant un site de nid occupé
3.7 Adulte couvant
3.2 Adulte simulant une blessure
3.4 Poussin en duvet
3.6 Adulte transportant de la nourriture
3.8 Nid contenant des jeunes ou des œufs
MÉTHODOLOGIE
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44
MÉTHODOLOGIE
Pour la Bécasse des bois, comme pour d’autres espèces semi-rares à assez communes dont la reproduction est difficile à établir, la preuve n’était pas demandée.
Catégorie 3 - Espèces communes
(Pouillot fitis, par exemple) :
preuves aurait en effet demandé beaucoup de temps alors que
l’information obtenue est d’un intérêt mineur puisqu’elle n’aurait
fait que confirmer une quasi-évidence.
Pour les espèces les plus communes, telles que la Mésange bleue, seule une estimation de l’abondance devait être fournie.
Lors de la première année de recensement, il est apparu que le Pipit farlouse subissait un déclin inattendu ; l’espèce a été reclassée en Catégorie 2 (preuve de reproduction demandée). Une estimation de l’abondance était requise.
Après la première saison de terrain, le Pipit farlouse a été transféré
de la catégorie 3 à la catégorie 2, au vu de sa rareté inattendue. Les
espèces qui se sont ajoutées en cours de prospection (nouveaux
nicheurs ou espèces redécouvertes) ont toutes été considérées
comme relevant de la catégorie 1.
Méthodologie des prospections
Consignes généralesLes observateurs se sont portés volontaires pour prospecter une ou
plusieurs Cartes. Chacune a ainsi été attribuée à un « responsable
de Carte » qui s’est souvent fait aider par d’autres ornithologues.
Les instructions générales ainsi que plusieurs notes techniques,
comme « un calendrier du participant à l’Atlas », renseignaient
les observateurs sur les principaux modes de prospection, les
meilleures périodes de l’année pour rechercher les différentes
espèces et les preuves de leur reproduction.
Les sorties de terrain en cours d’hiver ont permis de reconnaître les sites et leurs accès mais aussi de repérer quelques espèces sédentaires, comme le Cassenoix moucheté.
Les consignes générales étaient les suivantes :
(notamment auditive) des espèces, prendre contact avec
d’autres personnes concernées par la même carte… ;
de l’hiver et surtout de mars à juillet ;
début d’été et en automne (reprise de l’activité territoriale de la
Chouette hulotte) ;
(voir plus loin), ce mode de prospection étant une bonne
manière de faire connaissance avec les habitats et les espèces
présentes ;
différents propriétaires ou gestionnaires de sites, avec l’aide
de l’attestation de collaboration fournie aux participants par le
Service Public de Wallonie.
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45
MÉTHODOLOGIE
Pour la Chouette hulotte, la recherche sur le terrain s’effectue dès la fin de l’automne.
L’Engoulevent d’Europe fait partie des espèces nocturnes, pour lesquelles des sorties spécifiques ont été nécessaires.
Il était recommandé d’envoyer le bilan des prospections annuelles
chaque automne, de manière à pouvoir encoder les données au fur
et à mesure de l’avancement du travail.
Identification des espèces nicheusesLe premier objectif était d’obtenir la liste des espèces nicheuses pour
chaque Carte. Les observateurs étaient donc invités à parcourir tous
les habitats afin de déceler le plus possible d’espèces nicheuses et de
tenter de prouver la reproduction de celles des catégories 1 et 2. Les
preuves de reproduction sont codifiées à l’aide de l’échelle d’indices
mise au point par l’EOAC (European Ornithological Atlas Committee,
devenu European Bird Census Council), utilisée de manière presque
générale pour les atlas ornithologiques (voir tableau 4).
La preuve de reproduction la plus élevée obtenue pour chaque
espèce a été retenue pour l’ensemble de la Carte. Il n’était donc pas
nécessaire de chercher des indices supplémentaires dès qu’était
atteint un critère qualifiant un couple d’une espèce donnée comme
« nicheur certain » pour une Carte déterminée.
Pour certaines espèces, l’application stricte des critères n’est toutefois
pas toujours pertinente car des individus peuvent manifester des
comportements de nicheurs même en dehors de toute nidification :
des Grands Cormorans qui manipulent des branches et paradent sur
des sites d’hivernage, des Tariers des prés ou d’autres passereaux
qui chantent lors de brèves haltes migratoires printanières en sont
des exemples. Les observateurs ont été informés de ces pièges et
le travail de validation qui a suivi la récolte des données a permis,
notamment, d’affiner l’interprétation des indices de reproduction.
Estimation de l’abondance à l’échelle de la CarteL’estimation de l’abondance des espèces était la deuxième
information demandée. Théoriquement, le « couple » est l’unité
prise en considération dans le présent Atlas. En pratique, dans la
majorité des cas, le comptage des « couples » correspond à celui
des mâles chanteurs ou en parade. Pour la quasi-totalité des
espèces, ce dénombrement est donc reformulé dans les résultats
en termes de couples, indépendamment du mode de reproduction
(polygamie plus ou moins développée, par exemple) et du sex-ratio.
Cependant, les résultats sont bien exprimés en mâles territoriaux
pour des espèces comme le Tétras lyre, la Caille des blés, les
faisans, la Bécasse des bois et le Coucou gris. La précision du
dénombrement des couples cantonnés ou effectivement nicheurs
dépend notamment de la relative facilité à observer l’espèce (par
exemple, les passereaux des milieux ouverts) et à découvrir des nids
(grèbes, rapaces diurnes, vanneaux, pics, hirondelles…).
Pour les espèces de catégorie 1, l’observateur était invité à proposer
une estimation sous forme d’un nombre ou d’une fourchette.
Pour celles de catégories 2 et 3, il était demandé de mentionner
au minimum une classe d’abondance (Tableau 5). Cependant, les
participants étaient incités à fournir aussi souvent que possible une
fourchette plus précise, voire un seul chiffre exprimant le nombre de
couples le plus probable ou minimal.
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46
MÉTHODOLOGIE
Tableau 5 - Classes d’abondance utilisées dans le présent Atlas.
Classe Nombre de couples
Densité kilométrique (couple/km²)
Valeur centrale
A 1 – 5 < 0,125 3
B 6 – 10 0,125 – 0,25 8
C 11 – 20 0,25 – 0,5 15
D 21 – 40 0,5 – 1 30
E 41 – 80 1 – 2 60
F 81 – 160 2 – 4 120
G 160 – 320 4 – 8 240
H 320 – 640 8 – 16 480
I > 640 > 16 960
Carrés-échantillonsEn plus des prospections menées à l’échelle de la Carte, il était
aussi demandé de réaliser des relevés standardisés des oiseaux
potentiellement nicheurs dans des carrés de 1 km², appelés
« carrés-échantillons ». Ceux-ci correspondent à des subdivisions du
maillage principal selon 5 lignes et 8 colonnes (Fig. 15). Par Carte
de 40 km², 8 carrés de 1 km² ont été sélectionnés selon un choix
régulier systématique, représenté par le schéma de la Figure 15.
Cette sélection dessine de longues diagonales à travers la Wallonie,
allant du nord-ouest au sud-est, dans une orientation plus ou moins
perpendiculaire aux principales écorégions.
Fig. 15 Subdivision d’une Carte Atlas en 40 unités kilométriques dans lesquelles sont sélectionnés les carrés-échantillons (en grisé). La numérotation des carrés combine le numéro de ligne (de 1 à 5) et le numéro de colonne (de 1 à 8).
Exceptionnellement, certains carrés-échantillons ont été déplacés
vers un carré voisin lorsque la localisation d’origine coïncide avec
des zones d’accès difficile (grande propriété privée inaccessible,
par exemple). Pour les Cartes partiellement situées en Wallonie, le
nombre de carrés-échantillons (0 à 8) est proportionnel à la surface
wallonne couverte, au besoin avec des décalages par rapport au
choix systématique initial.
Les relevés consistent à parcourir le carré-échantillon durant une
heure exactement et à deux reprises, si possible la même année :
un premier passage entre le 25 mars et le 30 avril (10 mai en Haute-
Belgique) puis un second entre le 15 mai et le 30 juin. Pendant le
relevé, l’observateur note tous les individus vus ou entendus et il
totalise ces informations en deux catégories : respectivement, les
simples présences et les cantonnements ou preuves de nidification.
Il est impératif de respecter les limites temporelle (une heure) et
spatiale (le carré). L’observateur doit :
périmètre ;
durant le temps imparti ;
attardés et les oiseaux en dispersion postnuptiale ;
liés au carré-échantillon.
Une des consignes générales stipulait d’éviter de prendre en compte des oiseaux manifestement migrateurs (Merle à plastron de la sous-espèce torquatus ; Harzé, avril 2007).
Ces relevés standardisés servent surtout à réaliser des cartes de
densités relatives à haute résolution même si, en pratique, les
observateurs ont aussi utilisé ces données pour estimer l’effectif des
espèces sur la Carte concernée.
Localisation des territoiresPour les espèces les moins communes, la consigne était de
cartographier, si possible, les centres approximatifs des territoires,
les colonies ou les nids occupés. Outre le dénombrement plus
précis des nicheurs les moins communs, ces localisations
permettent d’augmenter la valeur ajoutée des données récoltées,
entre autres au bénéfice de la conservation et de la gestion des
espaces naturels, ainsi que de la compréhension des relations
oiseaux-habitats. Cette valeur ajoutée apparaîtra pleinement au
cours d’analyses ultérieures, qui dépassent le cadre du présent
ouvrage. Les localisations sont encodées avec indication de la
précision (100, 200, 500 m).
Conditions météorologiques
Au sens météorologique, le temps détermine de fréquentes
fluctuations à court terme des populations d’oiseaux, notamment
à la suite de phénomènes extrêmes (tempêtes, vagues de froid…).
Ces variations sont plus ou moins vite compensées selon la
démographie des espèces, l’espacement des phénomènes, le
maintien des milieux et des conditions de vie. Il est donc utile de
décrire de manière succincte les conditions ayant prévalu durant les
nidifications des années 2001 à 2007.
Les conditions météorologiques de ces saisons de nidification (mars
à juillet) sont résumées ci-dessous. Une information complémentaire
porte sur les hivers météorologiques qui ont précédé ces sept
printemps car les conditions hivernales peuvent avoir influencé
l’abondance des espèces sédentaires ou migratrices partielles.
Les données sont extraites des bilans mensuels et saisonniers de
René
Dum
oulin
47
MÉTHODOLOGIE
l’Institut Royal Météorologique de Belgique (IRM) publiés dans les
Bulletins climatologiques 918.
Saisons de nidificationLes bilans annuels montrent que les températures ont été supérieures
aux moyennes de celles du 20e siècle. L’année 2003 se démarque
par un été caniculaire, avec des températures parfois aussi élevées
qu’en 1976, et par un ensoleillement sans précédent depuis 1833.
Les années 2006 et 2007 sont également remarquables par leurs
températures moyennes élevées. Cependant, les conditions sont
régulièrement plus mitigées, en particulier au cours des printemps
météorologiques (mars à mai) : 2001 est le troisième printemps
le plus pluvieux en près de 170 ans ; 2002 reste moyen sous tous
rapports et sans chaleur ; 2004, 2005 et même 2006 connaissent
à leur tour des printemps assez médiocres. En 2007, la longue
période sèche et chaude observée en avril est suivie de conditions
bien moins clémentes.
L’incidence du temps sur la réussite des nichées et la dynamique
des populations reste cependant impossible à appréhender avec
précision. Le programme de suivi des oiseaux communs 1045 ne
révèlent pas de variations manifestement attribuables à de tels
événements (l’été caniculaire de 2003, par exemple). Sur le terrain,
les constats effectués par les observateurs se rapportent souvent à
des phénomènes locaux, comme les pertes de nids construits en
hauteur suite à de violentes rafales en avril et juin 2004. Parfois, ils
ont un caractère plus général : ainsi, au printemps 2006, de très
fréquentes lignes de pluie causent de multiples pertes de nichées,
affectant la reproduction de diverses espèces, des hirondelles aux
cigognes.
Résumés annuels
2001 : L’abondance des précipitations caractérise le premier
printemps de prospection. Après un hiver assez doux, les mois
de mars et d’avril sont en effet très humides et frais, avec des
précipitations fréquentes (47 jours sur 61), surtout excédentaires en
Lorraine et en Ardenne. Dans cette dernière région, les averses de
neige perdurent jusqu’au 21 avril sur les hauts-plateaux. Par contre,
le mois de mai est plus chaud et ensoleillé, juin normal et juillet très
chaud et arrosé, avec des pluies parfois fortes. De mai à juillet, les
périodes pluvieuses s’observent surtout les 14-16 mai, 16-18 juin et
du 5 au 23 juillet.
2002 : Dans l’ensemble, le printemps est normal. L’été est chaud à
la fin de juin et de juillet, localement avec de fortes pluies orageuses
(16-18 juin, 1-3, 20 et 30-31 juillet), dont une cote exceptionnelle de
116 mm le 30 juillet en Gaume. Auparavant, les pluies assez faibles
se concentrent du 11 au 20 mars, les 14-16 avril et du 26 avril au 5
mai.
2003 : Cette année reste mémorable en raison d’une chaleur et d’un
ensoleillement exceptionnels (record depuis 1833), conduisant à la
sécheresse en plein été. En début de printemps, la douceur est déjà
sensible fin février, avant de se manifester de nouveau à partir du 12
avril. De rares petites pluies émaillent la période allant du 11 mars au
25 avril, avec les dernières averses de neige en Haute-Belgique lors
du refroidissement de début avril. Le mois de mai est assez normal,
quoique plutôt couvert, avec des averses presque quotidiennes du
11 au 24. Dès le 26 mai, les températures augmentent. Celles de
juin égalent les hautes valeurs de 1976. En juillet, la seconde décade
surtout est très chaude, les premiers et derniers jours du mois étant
moins caniculaires.
Les quatre saisons en images, Fagne de Malchamps.
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48
2004 : Le printemps et l’été 2004 sont des plus normaux. Un temps
assez froid, couvert et humide marque la fin de février et le début de
mars, avec des répliques du 19 au 23 mars et en première décade
d’avril. En Haute-Belgique, l’enneigement de février se prolonge
localement jusqu’au 14 mars, avec une brève reprise les 22-23
mars. En avril, les orages sont fréquents de même que les rafales
dont certaines dépassent 100 km/h, les 3 et 23. Des températures
dans la norme et des pluies faibles en dehors des jours d’orage
prévalent en mai et juin ; des coups de vent violents sont à nouveau
notés, en particulier le 23 juin. Comme d’habitude, juillet est assez
arrosé (jusqu’au 22) mais dans un contexte de fréquents orages
accompagnés de grêle et de bourrasques.
2005 : L’hiver se prolonge en mars. Le dégel s’amorce le 8 mars
mais les températures restent déficitaires pendant la première
quinzaine. À l’image du reste du printemps, avril connaît un temps
variable mais doux dans l’ensemble en raison de la prédominance
de courants maritimes. Le mois de mai est assez normal quoique
peu ensoleillé et marqué par des dégâts locaux dus au vent et à
la grêle ; en fin de mois, une petite vague de chaleur culmine avec
un jour de canicule précoce (31,7 °C maximum le 27). Par la suite, le
mois de juin est partagé entre des influences maritimes fraîches en
première quinzaine et un temps très chaud en seconde ; il en résulte
une température moyenne exceptionnellement élevée. Les pluies
ponctuellement très fortes sont source de dégâts, surtout le 29. En
juillet, la chaleur de la deuxième décade et l’abondance des pluies
sont remarquables, en particulier dans le Tournaisis.
2006 : Les courants polaires de février font place les 7-11 mars à
un temps plus doux avant une nouvelle alternance de froidure (12-
23 mars) et de douceur (24 mars-2 avril). Ce temps frais et assez
peu ensoleillé se prolonge en avril, la neige étant même encore
notée en Ardenne en fin de mois. Aucun changement marquant
n’est enregistré en mai qui est très orageux et pluvieux, surtout en
Haute-Belgique. À l’inverse, juin et juillet sont assez secs, ensoleillés
et chauds, surtout au cours des vagues de forte chaleur des 9-13 juin
et 10-30 juillet. Juillet 2006 est d’ailleurs le plus chaud depuis 1833.
La dégradation observée en août mérite d’être signalée car elle est
brutale (-6,7 °C en moyenne, -214 h de soleil et +155 mm d’eau par
rapport à juillet).
2007 : Cette année est la plus chaude depuis 1833. Le temps très
doux mais aussi pluvieux de février se prolonge en mars, hormis un
épisode plus froid du 19 au 23. Il s’ensuit une extraordinaire période
calme, chaude, sèche et ensoleillée, longue de 36 jours entre le
31 mars et le 6 mai ; elle est sans précédent en plus de 170 ans
de mesures. Même si les températures restent douces, la suite est
moins agréable avec des pluies fréquentes en mai, principalement
en Haute-Belgique. Le mois de juin est assez chaud mais couvert et
pluvieux, tout comme juillet, surtout en Tournaisis.
HiversLes hivers 2000-2001 à 2006-2007 ne connaissent pas
d’événements extrêmes, tels que de fortes vagues de froid, des
inondations ou des tempêtes catastrophiques. Dans l’ensemble,
les températures dépassent les normales saisonnières et, assez
logiquement, les jours de gel sont peu nombreux. Les précipitations
et la couverture nuageuse de tous les mois des sept hivers sont
supérieures aux valeurs normales, avec des records mensuels en
février 2002 (167,8 mm) et janvier 2004 (153,8 mm) ; l’hiver 2001-
2002 est d’ailleurs le troisième plus arrosé depuis 1833.
En résumé, les hivers 2000-2001, 2001-2002 et 2003-2004 sont
dans l’ensemble doux et pluvieux. Trois autres hivers diffèrent
légèrement. Celui de 2002-2003 connaît des conditions un peu
plus hivernales ; il est néanmoins assez pluvieux avant de devenir
sec et ensoleillé en février. L’hiver 2004-2005 est tout à fait normal,
avec des épisodes de gel peu prononcé, mais, à la fin de janvier
et en février, la prédominance de courants polaires est à l’origine
de températures assez basses qui favorisent un enneigement
persistant en Haute-Belgique. En 2005-2006, des périodes froides
alternent avec de brefs redoux, avant le passage à des conditions
anticycloniques donnant un temps ensoleillé, sec et glacial du 21
janvier à début février ; la Wallonie se situe alors en marge de la
zone d’influence d’une vague de froid majeure qui touche l’Europe
centrale et le temps reste ensuite assez froid en février-mars. Enfin,
l’hiver 2006-2007 est d’une extrême douceur, même s’il est nuageux
et pluvieux : ainsi, la moyenne de 7,2 °C en janvier (normale : 2,6°C)
bat un record datant de 1834 à Uccle (Bruxelles), la station belge
disposant de la plus longue série de mesures.
Procédures de récolte et de validation des données
Fiches utiliséesPlusieurs fiches ou formulaires différents étaient à remplir par
l’observateur (Annexe 3).
Fiche de synthèse ». Ce
formulaire de quatre pages au format A4 permet de noter les
informations recueillies pour chaque espèce à l’échelle d’une
Carte déterminée : niveau de preuve obtenu, estimation de
l’abondance au moyen de plusieurs champs disponibles :
nombre de couples trouvés, estimés et classes d’abondance
choisies. Il était demandé de renvoyer chaque année ce
formulaire à la coordination et d’y consigner l’état d’avancement
des prospections.
Carrés-échantillons » (2 pages A4) servait
lors de chaque passage sur un carré-échantillon. Au total, pour
une Carte de 40 km², il fallait donc transmettre 16 formulaires
« carrés-échantillons » différents (2 passages sur 8 carrés-
échantillons).
Observations isolées » permettait de signaler
toutes les observations se rapportant à un oiseau nicheur en
dehors de la Carte dont le collaborateur avait la charge. Le
niveau de preuve associé à l’observation en question ainsi que
ses coordonnées géographiques pouvaient être mentionnés.
Ce formulaire était disponible également pour les ornithologues
n’ayant pas pris une Carte en charge ou se limitant à
des recensements d’espèces particulières. Un formulaire
d’encodage en ligne des observations isolées était également
utilisable via Internet.
Carte IGN prise en charge, avec le carroyage
des carrés-échantillons, étaient fournies. Au minimum, les
localisations des centres de territoires ou des nids des espèces
de catégorie 1 devaient y être indiquées.
Ces formulaires et copies de cartes étaient récoltés par les relais
régionaux de l’Atlas, puis transmis à la coordination centrale où
les informations étaient encodées dans une base de données sous
format Microsoft Access®.
MÉTHODOLOGIE
49
Validations effectuées auprès des observateursUne phase de validation très poussée a été menée à la fin des
prospections sur le terrain. Elle consistait à passer en revue, si
possible avec l’observateur, toutes les données encodées afin de :
l’observateur (erreurs de transcription ou de transmission des
données, par exemple) ou lors de l’encodage ;
territoire (par exemple, un même territoire découvert
indépendamment par deux observateurs situés de part et
d’autre d’une limite de Carte) ;
d’abondance ;
catégorie 1 et 2, ainsi que vérifier la localisation précise des
données encodées ;
aberrantes. Cet examen a toujours été conduit avec prudence
afin de respecter le choix de l’observateur plutôt que d’imposer
le sentiment du validateur ;
ou plus éloignées mais bien connues de l’observateur.
Cette étape, très coûteuse en temps et en énergie, s’est révélée
indispensable en cours de projet vu le haut niveau de fiabilité des
données recherché. Essentiellement menée par des bénévoles, elle
a complété la simple relecture des données encodées sur base des
formulaires reçus et, en outre, a joué un puissant rôle de stimulant
auprès des observateurs.
Validations des niveaux de preuveSur certaines Cartes, la phase de validation a fourni l’occasion de
hausser le niveau de preuve de reproduction de quelques espèces,
les faisant passer de « possible » (selon la stricte application des
critères de l’EOAC, voir Tableau 4) à « probable ». Le dialogue direct
entre le validateur et l’observateur a en effet permis d’évaluer, presque
pour chaque couple dont la localisation a été cartographiée, ce que
l’observateur estimait plausible en termes de nidification effective,
en fonction notamment de son propre effort de prospection. Ainsi,
un unique individu chanteur, observé une seule fois, ne pourrait
théoriquement pas qualifier à lui seul l’espèce par autre chose
que « nicheur possible » dans la Carte concernée (Tableau 4), alors
que l’observateur peut considérer avoir affaire à un cantonnement
flagrant, sans avoir pu le confirmer en repassant à cet endroit en
temps voulu (une Rousserolle verderolle qui chante en juin dans
un milieu favorable, par exemple). Il en va de même dans le cas
d’espèces localement abondantes, comme le Pic mar, mais pour
lesquelles il est parfois difficile, dans le cadre des prospections d’une
Carte, de suivre les mêmes oiseaux à une semaine d’intervalle.
Ainsi, en fonction de l’avis de l’observateur, l’espèce a pu être jugée
« probable » et la Carte concernée a été prise en compte pour le
calcul de l’effectif global et la comparaison entre atlas.
Pour certaines espèces comme le Pic mar, dont la période d’activité vocale est courte, le niveau de preuve se résume souvent à « nicheur possible », faute d’avoir pu recontacter le même couple au même endroit. Dans le cas de nidifications raisonnablement suspectées, le bons sens a parfois conduit à hausser d’un niveau la catégorie de preuve obtenue.
MÉTHODOLOGIE
Phili
ppe
Vanm
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eeck
50
MÉTHODOLOGIE
À l’inverse, la validation a conduit également à négliger des effectifs
renseignés sur certaines Cartes, même si des comportements
correspondant à des niveaux de preuve « probable » ou « certain »
avaient été renseignés. En effet, il pouvait arriver que le couple
concerné fût déjà localisé sur une Carte voisine (une espèce à
large territoire, par exemple). Les niveaux de preuve « certain » et
« probable » non associés à une estimation d’effectif ont été réduits
à « possible ».
Traitement des données
Carte générale de répartition
Le principal résultat de l’Atlas se présente sous forme de cartes de
répartition de toutes les espèces nichant en Wallonie, à la résolution
permise par le maillage retenu et reflétant scrupuleusement les
résultats consignés dans les « Fiches de synthèse ». Ces cartes
fournissent trois informations simultanées : la présence ou l’absence
de l’espèce, le niveau de preuve obtenu et l’abondance estimée (voir
exemple à la Fig. 16). En pratique, cette formulation est le mode de
représentation synthétique le plus utilisé dans les atlas récents.
Présence-absence
Dans la carte générale de répartition, les Cartes vides indiquent
l’absence de l’espèce. Bien entendu, cette absence peut être réelle
ou résulter d’une non-détection de l’espèce. La couverture de
prospection atteinte au cours du présent Atlas est très bonne : les
défauts de détection au niveau des Cartes peuvent être considérés
comme assez rares. Le lecteur est toutefois invité à garder un regard
critique et à examiner, en cas de doute, la figure qui montre le
nombre d’espèces pour chaque Carte de 40 km² (Fig. 19 dans le
chapitre 3) ; elle fournit, en effet, de bonnes indications quant à une
éventuelle faiblesse locale de couverture.
Preuves de nidification
Pour les espèces des catégories 1 et 2, le niveau de preuve le plus
élevé obtenu sur chaque Carte est représenté par la couleur des
barres (voir Fig. 16). Le niveau de preuve « possible » est seulement
figuré par un point, puisque aucune estimation d’effectif n’est
associée à des indices de reproduction de ce type.
Abondances
L’abondance d’une espèce est représentée sur chaque Carte par
un système de barres verticales dont le nombre est proportionnel
à la classe atteinte. Cette dernière est indiquée sur la « Fiche
de synthèse » ou, à défaut, est celle qui correspond à la valeur
centrale de la fourchette proposée par l’observateur. Ce système
de représentation est directement inspiré de l’Atlas des oiseaux
nicheurs de Belgique 340. Il répond à deux exigences : d’une part,
fournir une vue d’ensemble du statut de l’espèce dans la zone
d’étude et, d’autre part, indiquer son abondance sur des Cartes
particulières. Pour les espèces les plus abondantes, un cumul des
classes inférieures a été opéré afin de rendre la carte plus lisible.
Certaines espèces, particulièrement discrètes et peu abondantes, comme la Gélinotte des bois, ont pu échapper à la vigilance des observateurs.
Jean
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51
MÉTHODOLOGIE
Carte de densités relatives
Les atlas ornithologiques récents tentent d’obtenir une image de la
distribution et de l’abondance des espèces à une résolution plus fine
que celle permise par le maillage principal choisi pour organiser
la prospection. À cette fin, ils utilisent une subdivision du maillage
principal en unités d’échantillonnage de plus petites superficies.
Dans le cas présent, les relevés standardisés réalisés au niveau des
carrés-échantillons de 1 x 1 km de résolution ont été mis à profit pour
dresser des « cartes de densités relatives » à fine échelle pour les
espèces assez communes et répandues.
Pour obtenir des cartes portant sur l’ensemble d’une zone
géographique déterminée à partir de relevés effectués dans
une partie de celle-ci seulement, il existe deux techniques non
exclusives : l’interpolation spatiale et la modélisation prédictive de
niches écologiques 441.
L’interpolation spatiale Elle consiste à calculer une « probabilité de présence » d’une espèce
donnée dans chaque carré – échantillonné ou non – sur la base
des présences et des absences connues au niveau des carrés
échantillonnés dans le voisinage. L’hypothèse sous-jacente est que
la probabilité de rencontrer une espèce dans un carré donné est
d’autant plus grande que l’espèce est rencontrée dans un grand
nombre de carrés proches. Différentes variantes d’interpolation
spatiale ont été utilisées dans les atlas ornithologiques récents 540, 1158,
1479, 1525. L’interpolation est très sensible à la répartition géographique
des carrés-échantillons, en particulier aux lacunes locales de
cette répartition. De plus, cette technique fournit des résultats qui
manquent de pertinence lorsque les conditions environnementales
des carrés échantillonnés divergent de celles des carrés pour
lesquels l’interpolation doit prédire la probabilité de présence de
l’espèce. Par exemple, une vallée cultivée non incluse dans des
carrés-échantillons peut séparer deux zones boisées proches
couvertes par des carrés-échantillons ; dans ce cas, l’interpolation
spatiale assignerait à la zone cultivée des probabilités de présence
élevées des espèces des milieux boisés et ne refléterait donc pas
la réalité.
Modèles de niches écologiquesCes modèles offrent l’avantage de pouvoir prendre en compte
cette variabilité locale de l’environnement. Pour chaque espèce,
ces modèles établissent d’abord un lien statistique entre la
présence dans les carrés échantillonnés et une série de variables
environnementales. Ces relations statistiques sont ensuite
appliquées aux carrés non inventoriés pour estimer la probabilité
de présence ou l’abondance de chaque espèce. L’application de
cette technique dépend donc de la disponibilité, à l’échelle requise,
d’informations précises permettant de quantifier les variables
environnementales pour prédire la répartition des oiseaux.
Récemment, la modélisation de niches écologiques a été utilisée
pour réaliser les cartes de distribution à fine résolution de l’atlas de
Catalogne 441. Les cartes de densités relatives ont été réalisées d’une
manière similaire en Wallonie.
La suite de ce chapitre décrit, successivement les variables qui ont
été utilisées pour réaliser les modèles de niches écologiques, la
procédure de modélisation en elle-même, les choix opérés pour
légender les cartes fournies par les modèles et, enfin, fournit des
indications permettant d’interpréter ces cartes.
Les cartes de densités relatives sont le résultat principal de près de 6.000 heures de terrain, passées à arpenter les Carrés-échantillons.
Fig. 16 Exemple de carte de
répartition (ici, le Rossignol philomèle). Les nidifications
du niveau « probable » sont représentées par
des barres bleues, celles du niveau « certain » par des barres noires. Pour
cette espèce, il n’y a que deux Cartes avec une
nidification possible (point gris). L’explication du
calcul de l’effectif et des densités moyennes par
écorégion est donnée dans « Estimation de l’effectif
wallon ».
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52
MÉTHODOLOGIE
Variables environnementalesLe Tableau 6 présente les différentes variables utilisées pour
élaborer les modèles de niches écologiques. Ces variables ont été
retenues pour représenter les grands gradients environnementaux
et expliquer au mieux la répartition régionale des oiseaux.
Toutefois, établir la relation de cause à effet directe entre une ou
plusieurs variables et la répartition des espèces n’est pas le but
recherché. L’objectif est d’essayer de cerner les relations espèces-
environnement de manière à prédire au mieux et de façon non
causale la répartition des espèces étudiées. Ainsi, il est peu probable
que la température annuelle moyenne explique directement
la répartition et l’abondance relative de nombreuses espèces
d’oiseaux en Wallonie. Cependant, cette variable est elle-même
corrélée à certains éléments de l’habitat, plus difficiles à mesurer,
mais qui expliquent directement leur répartition ou leurs variations
d’abondance à l’échelle régionale. En d’autres termes, les variables
utilisées ici ont un but purement prédictif et en aucun cas explicatif.
Les variables 1 à 9 sont calculées à partir de l’occupation du sol
dans les carrés de 1 km² sur la base des données produites par
le « Projet de Cartographie Numérique de l’Occupation du Sol en
Wallonie » (© Direction Générale de l’Agriculture, Ministère de la
Région wallonne, PCNOSW, projet du Gouvernement wallon – GW
VIII / 2005 / Doc.1022 / 28.04 / B.L.). Ces variables d’occupation
du sol expriment la composition générale du paysage au sein de
ces carrés : proportion de milieux boisés, ouverts et/ou cultivés, de
zones urbanisées… Les variables 10 à 17 tentent de représenter
des aspects plus structuraux du paysage, comme la longueur des
lisières séparant les forêts des espaces ouverts ou la densité du
réseau routier. Les variables 18 à 23 décrivent des éléments divers,
comme le nombre d’habitants par km², les conditions climatiques
(température et précipitations) ou encore, seule variable catégorielle
utilisée ici, le type pédologique dominant dans le carré 927. Les
variables climatiques ont été calculées à partir des données
climatiques du projet « Worldclim » 641.
Variables de contagionLes variables environnementales choisies ne permettent pas de
rendre compte de l’entièreté des caractéristiques de l’environnement
ou de certains facteurs historiques, voire populationnels, qui
déterminent la distribution actuelle des espèces en Wallonie. Afin
de rendre compte de ces facteurs supplémentaires, des variables
de « contagion » ont été calculées séparément pour chaque espèce
et incorporées dans les modèles, parallèlement aux 23 variables
environnementales du Tableau 6. L’hypothèse de base est que la
probabilité de rencontrer une espèce dans un carré donné dépend
non seulement des conditions reflétées au travers des 23 variables
environnementales du Tableau 6, mais est également d’autant plus
grande que l’espèce est abondante dans les carrés avoisinants.
Les variables de contagion tentent de rendre compte de ce facteur
spatial. Elles dérivent de la moyenne de l’abondance de l’espèce
concernée dans les carrés proches échantillonnés, dans un certain
rayon autour du carré visé. Ce rayon de contagion étant difficile à
déterminer objectivement, quatre variables de contagion ont été
Tableau 6 - Liste des variables utilisées dans les modèles de niches écologiques appliqués à l’échelle de la Wallonie (voir le texte pour plus de détails). Ces variables ont été calculées pour 16.639 carrés de 1 km² en Wallonie.
N° Variable Unité
1 Surface totale de forêt ha
2 Surface de forêt feuillue ha
3 Surface de forêt résineuse ha
4 Surface de cultures ha
5 Surface de prairies (permanentes ou non) ha
6 Surface de forêt en mutation (buissons, jeunes forêts, taillis…) ha
7 Surface de « zones semi-naturelles », généralement ouvertes (tourbières, terrils, landes…) ha
8 Surface d'habitat bâti ha
9 Surface des plans d'eau ha
10 Diversité en habitats suivant les classes de base de pcnosw (nombre d'habitats différents par carré) n
11 Longueur totale des lisières (entre la forêt et tout autre milieu) m
12 Longueur du réseau hydrologique (ruisseaux et canaux compris) m
13 Distance à la rivière la plus proche m
14 Distance à l'autoroute la plus proche m
15 Longueur totale du réseau routier m
16 Longueur totale des routes nationales m
17 Longueur totale des rues et chemins m
18 Nombre estimé d'habitants à l'échelle de l'entité n
19 Type pédologique (variable catégorielle) cat
20 Précipitations totales annuelles mm
21 Température moyenne annuelle °C x10
22 Coordonnée lambert x du centre du carré (longitude) m
23 Coordonnée lambert y du centre du carré (latitude) m
53
MÉTHODOLOGIE
calculées pour chaque espèce : trois correspondent à des rayons de
7, 14 et 28 km ; la quatrième est composite, avec une pondération
décroissante des moyennes d’abondance en fonction de la distance
(poids égal à 1 entre 0 et 7 km, à 0,5 entre 7 et 14 km et à 0,25 entre
14 et 28 km). Que l’espèce soit détectée ou non, seuls les carrés
échantillonnés sont utilisés pour le calcul des variables de contagion.
Par conséquent, même si moins de carrés voisins sont pris en
compte lorsqu’ils se situent à proximité des frontières wallonnes, les
variables de contagion n’y sont pas biaisées pour autant.
Procédure de modélisationLa technique de modélisation de niches écologiques adoptée
se caractérise par le fait qu’elle ne fait appel qu’à des données
« positives » de présence des espèces. Elle consiste à comparer les
conditions environnementales des carrés où l’espèce a été détectée
avec celles caractérisant l’ensemble des carrés de la région étudiée.
L’approche retenue permet de quantifier les relations entre les
espèces et les conditions environnementales par le biais de fonctions
statistiques. Celles-ci identifient les conditions environnementales
exploitées par chaque espèce eu égard à l’entièreté de celles qui
sont disponibles pour ces mêmes espèces au sein de la région
concernée. Bien entendu, selon ses besoins écologiques, chaque
oiseau « sélectionne » des conditions environnementales différentes.
Ces fonctions statistiques peuvent ensuite être projetées dans
l’espace géographique sur la base de la valeur des variables
environnementales et des variables de contagion au sein de chaque
carré de 1 km², qu’il s’agisse de carrés-échantillons ou non. Ces
projections révèlent ainsi les variations spatiales de la probabilité
de présence ou de la densité relative des espèces à l’échelle de la
région étudiée.
En pratique, les cartes de densités relatives ont été réalisées à
partir de l’application « Maxent » 1072. Maxent est une méthode
de modélisation de niches écologiques des espèces, basée sur
le principe du maximum d’entropie, en référence à la théorie de
l’information. Elle permet de prédire une probabilité de présence
des différentes espèces dans chaque carré de la zone d’étude à
partir des fonctions statistiques calculées au départ des données
collectées au niveau des carrés-échantillons et d’un ensemble de
variables reflétant les conditions environnementales au sein de
ces carrés. L’avantage de cette approche est que la non-détection
de l’espèce n’est pas systématiquement assimilée à une absence
avérée. Dans le cas de données d’abondance comme dans celui
des relevés d’échantillonnages, le résultat obtenu est à interpréter
comme un « indice de densité relative », compris entre 0 et 1.
Les échantillonnages ont été menés au sein de 2.810 carrés, ce qui
représente 86 % de l’objectif initial et 17 % de couverture régionale.
Les données issues des carrés-échantillons servant à la procédure
de modélisation sont utilisées en fonction des options suivantes.
Le nombre de passages : les données proviennent de la
combinaison des deux passages annuels de l’observateur ou
d’un seul des deux passages. Dans la plupart des cas, les deux
sont pris en compte et l’abondance maximale observée à ces
deux occasions a été calculée. Parfois, seul le second passage
a été pris en compte (espèces dont les observations en début de
printemps peuvent concerner des migrateurs en halte).
Pour certains migrateurs tels que le Pouillot fitis, seules les données du second passage ont été utilisées.
L’abondance ou la « simple présence » : dans la majorité des
cas, le nombre d’individus rencontrés dans chaque carré a été
retenu. Pour certaines espèces cependant, les observations
peuvent se traduire par des nombres très élevés dans une
petite minorité de carrés alors que des quantités faibles sont
renseignées dans la plupart des autres. Dans ce cas, la « simple
présence » de l’espèce a été retenue comme information de
base pour la construction des modèles.
Les comportements observés : les données fournies
correspondent soit à des individus territoriaux, soit à des oiseaux
ne présentant aucun comportement reproducteur (« simple
contact »). La plupart du temps, le résultat du nombre de simples
contacts divisé par deux et arrondi à l’unité supérieure a été
cumulé aux contacts territoriaux. Pour certaines espèces, ces
derniers ont été considérés seuls.
Les données des Carrés-échantillons qui concernent le Martinet, oiseau dont la distribution est agrégative, ont été traitées en « présence-absence ».
La procédure adoptée comprend ensuite plusieurs étapes. Tout
d’abord, les quatre variables de contagion sont calculées pour
chaque espèce sur la base de l’abondance ou de la présence dans
les carrés-échantillons lors d’un seul ou des deux passages. Ensuite,
la modélisation proprement dite est réalisée à l’aide de l’application
Maxent. Les variables de contagion ont été introduites chacune
à leur tour avec l’ensemble des variables environnementales et
quatre modèles différents ont été produits. Enfin, la fiabilité de ces
modèles est évaluée en testant les prédictions avec une partie des
données (25 % des observations) préalablement soustraite à celle
utilisée pour construire les modèles eux-mêmes. Les modèles sont
évalués par Maxent au moyen du calcul d’un indice d’évaluation
appelé « aire sous la courbe » ou AUC, variant entre 0,5 et 1 1072. Une
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54
MÉTHODOLOGIE
AUC proche de 0,5 indique que la performance du modèle n’est
pas meilleure que celle d’un modèle aléatoire afin d’identifier les
carrés où l’espèce est présente dans le jeu de données d’évaluation.
Une AUC s’approchant de 1 indique que le modèle est capable de
discriminer et de prédire correctement la présence de l’espèce.
Parmi les quatre modèles construits, celui dont l’AUC est la plus
élevée a donc été retenu pour établir la carte.
Pour chaque espèce dont la carte de densités relatives est publiée,
l’Annexe 2 donne les options prises lors de la construction du
modèle.
Réalisation des cartesPour chaque espèce, l’application Maxent projette les modèles
sur l’ensemble des 16.639 carrés de Wallonie pour lesquels
l’information environnementale est disponible et leur attribue un
« indice de densités relatives » (espèces pour lesquelles l’abondance
dans les carrés-échantillons a été utilisée) ou une « probabilité de
présence » (espèces pour lesquelles seule la présence dans les
carrés-échantillons a été utilisée) compris entre 0 et 1. Les cartes
produites présentent donc une résolution de 1 km², identique à
celle de la grille des carrés-échantillons et de calcul des variables
environnementales, mais elles ont l’avantage de couvrir l’entièreté
de la Wallonie, donc bien au-delà des 2.810 carrés-échantillons
au sein desquels des données ont été collectées. Pour produire les
cartes finales, les cartes initiales fournies par Maxent ont été lissées
en scindant chaque carré en quatre carrés de 500 m de côté qui
conservent la valeur d’indice du km² correspondant. Ensuite, les
valeurs finales ont été recalculées pour chaque carré de 500 m
par la moyenne de l’indice des huit carrés adjacents et du carré
concerné.
La légende à affecter à ces cartes demande un traitement particulier.
En effet, les indices de densités relatives ou de probabilité de
présence issus des modèles ne sont jamais nuls. Pourtant, des
valeurs très basses correspondent à des densités si faibles ou
des présences tellement improbables qu’on peut considérer
l’espèce comme vraisemblablement absente. La représentation
cartographique doit donc permettre de symboliser visuellement
l’absence de l’espèce. Pour ce faire, nous avons choisi de nous
aligner sur une des « valeurs seuils » fournies par Maxent lors de la
phase de calibrage des modèles (appelée « Balanced threshold »).
En conséquence, tous les carrés ayant une valeur d’indice inférieure
à ce seuil sont représentés en blanc sur la carte. Lorsque les valeurs
sont supérieures, un spectre de couleur allant du bleu (faible densité
ou faible probabilité de présence) au rouge (forte densité ou forte
probabilité de présence) a été appliqué pour 10 classes. Leurs limites
sont fixées en divisant en 10 intervalles équidistants les valeurs
d’indice comprises entre le seuil choisi et la valeur maximale de
l’indice observée pour l’espèce concernée (voir exemple à la Fig. 17).
Les « cartes de densités relatives » représentent les variations
spatiales de la densité ou de la probabilité de présence de l’espèce
considérée ; il est à noter que, par souci de simplicité, malgré ces
deux possibilités, seule l’appellation « carte de densités relatives » est
utilisée dans la suite de l’ouvrage. Le grain est suffisamment fin pour
pouvoir mettre en évidence les variations dues, par exemple, aux
principales vallées, aux limites entre sous-régions ou aux massifs
forestiers. De plus, grâce à la méthode de modélisation utilisée
et à la standardisation des relevés, les effets liés aux différences
d’intensité de prospection sont davantage atténués que dans les
Cartes de 40 km².
L’indice de densités relatives, ou de probabilité de présence,
reflète aussi en partie la « qualité de l’habitat ». Celle-ci est liée à la
probabilité de rencontrer l’espèce dans le carré pour un observateur
qui effectuerait un échantillonnage suivant la même méthode que
celle adoptée pour la récolte préalable des données. La projection
de cet indice sur l’ensemble de la zone d’étude permet d’identifier
les gradients régionaux d’abondance ou de répartition des espèces.
Cependant, les valeurs de l’indice ne peuvent être directement
comparées entre les différentes espèces. En effet, un calibrage à
l’aide d’informations précises sur la probabilité de détection des
espèces serait nécessaire pour transformer les densités relatives en
densités absolues.
Fig. 17 Carte de densités relatives
du Rougegorge familier, oiseau dont la densité est
fortement corrélée à la surface de milieux boisés.
55
MÉTHODOLOGIE
Dans quelques cas, de faibles densités relatives peuvent s’observer
au sein de Cartes où une espèce est réputée absente selon la carte
générale de répartition. Ces discordances correspondent souvent
à des présences tellement marginales (seule présence d’individus
isolés, par exemple) que la nidification a pu ne pas être détectée à
l’échelle de la Carte. Elles peuvent aussi suggérer des erreurs locales
de prédiction de la part des modèles qui surestiment la présence ou
la densité relative de l’espèce. Comme les cartes de répartition et de
densités relatives sont réalisées d’une manière indépendante, leur
confrontation permet au lecteur critique de se faire une meilleure
idée des distributions présentées et des incertitudes qui persistent,
le cas échéant.
Estimation de l’effectif wallon des espèces nicheuses
IntroductionEstimer la taille d’une population d’oiseaux est un exercice délicat.
De plus, les valeurs données sont souvent citées d’une manière
simplifiée, voire simplificatrice, dans les travaux qui s’y réfèrent.
Malgré ces écueils, presque tous les atlas récents présentent une
estimation de l’effectif global des populations de la zone qu’ils
couvrent. Au minimum, de telles estimations sont utiles pour :
degré de précision variable ;
(l’effectif constitue, par exemple, un des critères utilisés dans
l’établissement des Listes rouges des espèces menacées).
Dans la plupart des atlas européens modernes, l’estimation globale
est calculée par addition des résultats obtenus à l’échelle des
mailles élémentaires 597, 933 . Dans certains ouvrages, l’effectif n’est
simplement pas livré pour les espèces les plus communes 1479.
Dans d’autres, le lecteur est informé que les évaluations sont très
largement imprécises 1158. Certains auteurs utilisent aussi des
méthodes différentes selon le degré d’abondance des espèces,
avec des estimations plus précises pour les plus rares ou les
coloniales 540, 1211, 441. Enfin, il existe des cas où les densités absolues,
calculées localement à partir des données issues des programmes
de monitoring de l’avifaune commune, ont été utilisées pour déduire
des estimations globales 540, 441. En Wallonie, cette dernière approche
n’est pas envisageable car le suivi des oiseaux communs par points
d’écoute fournit des densités relatives et non absolues.
Nombre d’atlas présentent les résultats sous forme de fourchettes
d’effectifs dont la signification claire (minimum et maximum,
intervalle de confiance…) est rarement indiquée. Ces fourchettes
semblent souvent provenir d’une simple addition des bornes des
classes semi-quantitatives renseignées à l’échelle des mailles
élémentaires. Dans ce cas, elles donnent une fausse impression du
degré de précision car l’amplitude de la fourchette obtenue est alors
directement dépendante de celle des classes d’abondance choisies
et ne tient donc pas compte du degré de fiabilité de chacune des
classes renseignées par les observateurs. En Wallonie par exemple,
les classes d’abondances sont de type [n+1, 2n] (à l’exception de la
classe la plus basse qui va de 1 à 5 couples). Si on prend comme
estimation globale le résultat obtenu en faisant la somme des
bornes des classes renseignées par les observateurs, on obtiendra
approximativement un résultat de type [n, 2n], du moins pour les
espèces assez communes et communes, alors qu’il aurait été de
type [n, 5n] si on avait choisi une progression géométrique d’ordre
5 comme lors de l’Atlas de 1973-1977. En Europe, au moins deux
atlas, dont celui des oiseaux nicheurs de Belgique, ne proposent
pas de fourchettes et se limitent à une valeur unique qui reflète
l’ordre de grandeur de l’effectif sans indication d’incertitude ou de
précision 340, 540.
L’effectif estimé des espèces coloniales, comme le Grand Cormoran, est très proche de la réalité.
Her
vé S
tiéve
nart
56
MÉTHODOLOGIE
À notre connaissance, aucun atlas ne présente les estimations de
l’effectif en les corrigeant par l’effort de prospection mené au sein
de l’unité élémentaire de prospection (par exemple, en accordant
moins de poids dans l’addition aux unités moins bien prospectées),
bien que certains travaux y aient recours mais seulement dans le
cadre de comparaisons entre inventaires successifs 1303, 441, 1384 . Une
analyse, menée sur les données du présent Atlas, a montré que les
estimations des effectifs régionaux ne sont que faiblement corrigées
lorsqu’on pondère l’influence de chaque Carte dans le calcul de
l’effectif en fonction de l’effort de prospection 1276. Il a donc été décidé
de ne pas utiliser ici de facteurs correctifs.
Estimation des populationsL’estimation de l’effectif est fonction des catégories d’espèces (Voir
Annexe 2). Pour les espèces des catégories 1 et 2, seules les Cartes
où la nidification a été jugée « probable » ou « certaine » interviennent
dans le calcul des effectifs.
Espèces de catégorie 1 – calcul de base
Pour les espèces les plus rares, il a été demandé aux collaborateurs
de donner une estimation (ou un recensement) sous forme d’un
nombre ou d’une fourchette. Dans ce cas, la population totale se
présente sous la forme d’une fourchette dont les bornes s’obtiennent
par simple sommation des minima et maxima renseignés.
Espèces de catégorie 2 et 3 – calcul de base
Comme expliqué ci-dessus, la méthodologie utilisée ne permet pas
de calculer des fourchettes absolues. C’est pourquoi seule une valeur indicative a été calculée pour ces espèces. Ceci rejoint l’approche
de l’Atlas de 1973-1977. Cette valeur s’obtient en additionnant, pour
toutes les Cartes, la valeur centrale de la classe d’abondance ou, le
cas échéant, de la fourchette renseignée par l’observateur, c’est-à-
dire la moyenne arithmétique de la borne inférieure et de la borne
supérieure de la fourchette. Toutefois, dans le cas de la classe
d’abondance la plus haute renseignée pour une espèce donnée
(classe G pour le Pic épeiche par exemple), la valeur centrale de
cette classe (= 240 couples pour la classe G) n’est probablement
pas la meilleure manière d’estimer l’effectif réel. En effet, il y a
alors plus de chance que ce dernier soit plus proche de la borne
inférieure que de la valeur centrale. Cependant, cette hypothèse,
déjà évoquée dans l’Atlas de 1973-1977 340, a d’autant moins de
chance de se vérifier que la classe la plus haute est fréquemment
renseignée. Pour tenter de tenir compte de ce phénomène, la valeur
utilisée dans l’addition est fonction du nombre de Cartes tombant
dans la classe d’abondance la plus haute d’une espèce déterminée.
Si plus de 40 Cartes tombent dans cette classe, on utilise la valeur
centrale des bornes de la classe ; par exception, 960 est convenu
pour la classe I qui n’a pas de borne supérieure. Si moins de 40
Cartes tombent dans cette classe, on prend dans l’addition une
valeur comprise entre la borne minimale de cette classe et sa valeur
centrale, au prorata du nombre de Cartes tombant dans la classe,
suivant la formule : V = BI + (x/40)*(M - BI)
où V est la valeur utilisée dans le calcul de l’effectif pour la classe la
plus haute, BI la valeur de la borne inférieure de cette classe la plus
haute, M la valeur centrale de cette classe la plus haute (960 pour
la classe I) et x le nombre de Cartes tombant dans la classe la plus
haute.
Le nombre de 40 Cartes évoqué ici a été fixé arbitrairement, selon le
fait qu’il y aurait environ 40 Cartes tombant dans la classe maximale
si l’on avait une distribution uniforme des 340 Cartes entièrement
en Wallonie entre les 9 classes d’abondance possibles. Dans le cas
du Pic épeiche, pour lequel 17 cartes sont en classe G (161-320), on
prendra la valeur de 195 au lieu de la moyenne arithmétique de la
classe (240).
Le Busard des roseaux se reproduit rarement deux années de suite au même endroit ; cette particularité n’a pas été négligée pour estimer l’effectif nicheur annuel.
Phili
ppe
Van
Mee
nsel
57
MÉTHODOLOGIE
Le plus souvent, ce sont les auteurs des textes spécifiques qui
ont été amenés à revoir le chiffre calculé automatiquement à
partir des données et à proposer un avis d’expert qui fait alors
office d’estimation de référence ; dans ce cas, l’estimation est
accompagnée d’un astérisque.
Fiabilité des estimationsTant pour les espèces de catégorie 1 que pour celles de catégories
2 et 3, les résultats de base obtenus par calcul ont fait l’objet d’un
examen critique et de corrections éventuelles. Les facteurs suivants
ont en particulier été pris en compte :
addition des résultats obtenus par Carte peut conduire à une surévaluation de l’effectif. C’est le cas pour des espèces très rares et localement irrégulières, comme les busards qui peuvent nicher une année sur une Carte et l’année suivante sur une autre, ou pour des oiseaux coloniaux dont des colonies entières peuvent se déplacer (Hirondelle de rivage et Corbeau freux par exemple) ;
détectés ou sous-estimés. Plusieurs espèces parmi les plus communes, des nocturnes qui n’ont pas toujours été recherchés activement, ou d’autres oiseaux plus discrets (Grimpereau des bois par exemple) sont concernés ;
(> 1.280 couples) peut amener un phénomène de saturation et donc une sous-estimation globale de l’effectif.
Des espèces très abondantes, comme le Merle noir, ont sans nul doute été sous-estimées.
Afin d’aider le lecteur à garder un regard critique sur les estimations
d’effectifs totaux proposés dans cet ouvrage, un code de fiabilité est
associé à chaque estimation. Le Tableau 7 détaille les cinq codes
utilisés et leur signification. Les auteurs des textes spécifiques ont
participé à l’attribution de ces codes.
Calcul des densités moyennes par écorégionLes densités moyennes de l’effectif par écorégion sont présentées
pour chaque espèce. À cette fin, les valeurs médianes de
l’estimation d’abondance sont additionnées pour toutes les Cartes
d’une écorégion donnée. Pour les Cartes situées à cheval entre
deux ou trois écorégions, la valeur médiane est répartie entre les
écorégions au prorata de la surface occupée par celles-ci sur les
Cartes concernées. Les effectifs totaux sont ensuite divisés par la
surface totale des écorégions. La densité est exprimée en nombre
de couples par km² ou par 100 km², en fonction de la rareté de
l’espèce. Les valeurs obtenues sont arrondies à la décimale près.
Tableau 7 - Niveaux de fiabilité associés aux estimations d’effectifs.
Fiabilité Signification
AEspèce dont les nicheurs ont été recensés et dont l’estimation est jugée fiable.
BEspèce dont les estimations d’abondance par Carte sont jugées fiables ; de ce fait, l’estimation de l’effectif global est jugée proche de la réalité.
CEspèce dont l’estimation de l’abondance par Carte est jugée difficile et dont l’estimation globale est jugée modérément fiable.
D
Espèce pour laquelle de nombreuses Cartes atteignent la classe d’abondance maximale et dont l’estimation globale est donc très probablement sous-estimée, parfois largement.
EEspèce présentant d’importantes fluctuations interannuelles ou espèce très difficile à détecter, pour laquelle une valeur d’effectif global a peu de sens.
La population du Bec-croisé des sapins est marquée par de fortes variations interannuelles ; l’indice de fiabilité de l’estimation est faible.
Évolution de l’avifaune
IntroductionL’évolution temporelle des populations est un sujet de préoccupation
majeure des ornithologues. La comparaison avec les travaux
antérieurs, et en particulier avec les atlas ornithologiques de
« première génération », constitue ainsi un des principaux problèmes
d’analyse posés aux auteurs des atlas modernes. Entre autres, ces
comparaisons sont importantes pour établir des Listes rouges ainsi
que pour élaborer des mesures de protection et de conservation des
espèces 1294.
La cartographie sur la base d’une grille régulière autorise des
comparaisons fines par unité de prospection, pour autant que
les systèmes de maillage coïncident géographiquement. C’est
le cas du présent Atlas de Wallonie et de l’Atlas belge de 1973-
1977. Celui-ci a été un des premiers atlas ornithologiques à fournir
une estimation de l’abondance par unité de prospection, ce qui
permet de comparer à la fois la distribution et l’abondance des
espèces nicheuses. Cette comparaison sur le long terme (30 ans)
Fréd
éric
Dem
euse
Serg
e So
rbi
58
vient compléter le suivi des tendances annuelles des espèces
communes qui, lui, s’appuie sur le réseau de surveillance de
l’avifaune par points d’écoute, opérationnel depuis 20 ans 1404,
1045. Cette comparaison doit cependant s’opérer de manière très
prudente pour ne pas tomber dans le piège classique auquel sont
sujettes les comparaisons d’inventaires biologiques successifs :
l’influence des biais d’échantillonnage 419. En effet, la couverture et
l’effort de prospection peuvent avoir varié au cours du temps. Ainsi,
dans notre zone d’étude, il est très probable que l’effort d’inventaire
ait augmenté entre les deux périodes que nous comparons ici,
entraînant à la fois un risque de sous-estimation des diminutions
et des régressions, et de surestimation des augmentations et des
expansions. Les auteurs des textes spécifiques ont accordé une
grande attention à ce risque : le paragraphe « évolution » détaille
leur analyse pour chaque espèce.
Sélection des cartes utilisées dans la comparaisonLes unités de prospection de l’Atlas 1973-1977 correspondaient aux
cartes IGN au 1/10.000e de l’époque, c’est-à-dire des cartes qui
couvrent 80 km² et englobent deux Cartes du présent Atlas. Il se fait
cependant qu’un léger décalage est intervenu : l’échelle de base
utilisée par l’IGN est passée de 1/25.000e à 1/20.000e et l’IGN a profité
de ce changement d’échelle pour aligner les nouvelles planches
sur les coordonnées Lambert kilométriques. En conséquence,
les nouvelles planches sont légèrement décalées par rapport
aux anciennes : de 8 mètres horizontalement et de 170 mètres
verticalement. Les « Cartes 1973-1977 » et les « doubles Cartes 2001-
2007 » correspondantes ne se superposent donc pas exactement :
celles-ci coïncident avec les cartes précédentes à raison de 96,5 %
de leur surface. L’erreur qui en résulte a été jugée négligeable.
Par ailleurs, l’Atlas 1973-1977 était national. La comparaison avec
les Cartes à cheval sur la Wallonie et une des deux autres régions
du pays est malheureusement impossible en raison des trames
non compatibles utilisées. Il a donc été décidé d’exclure de la
comparaison les Cartes 1973-1977 dont moins de 90 % se trouvaient
en Wallonie. En revanche, celles qui chevauchent la Wallonie et
les pays voisins (France, Pays-Bas, Allemagne et grand-duché
de Luxembourg) peuvent être comparées car les estimations
successives portent sur le même territoire. Au total, en négligeant
quelques unités frontalières non prospectées lors de l’un ou de
l’autre Atlas, 241 Cartes de 80 km2, dont 154 entièrement en Wallonie,
ont été utilisées pour les comparaisons.
Traduction des classes d’abondance pour la comparaisonAfin de pouvoir comparer l’évolution de la répartition et de
l’abondance des nicheurs entre les deux Atlas, il est nécessaire de
« traduire » au préalable les abondances par Carte obtenues pour
l’Atlas 2001-2007 dans le système de classes d’abondance et le
maillage adoptés en 1973-1977. Cette procédure a déjà été suivie
pour comparer des atlas successifs des Pays-Bas 1384.
Cette traduction se heurte à plusieurs difficultés. D’abord, comme
déjà souligné, deux Cartes de l’Atlas 2001-2007 correspondent à
une seule de celui de 1973-1977. Ensuite, les classes d’abondance
utilisées diffèrent : celles de 1973-1977 suivent une progression
géométrique de raison 5 alors que celles de l’Atlas actuel à une
progression géométrique de raison 2. Enfin, la dernière classe de
l’Atlas 1973-1977 (> 3.000 couples / 80 km²) ne peut être reliée à
aucune classe de l’Atlas 2001-2007 (Tableau 8).
Tableau 8 - Comparaison entre les classes d’abondance utilisées dans l’Atlas belge 1973-1977 et dans l’Atlas de Wallonie 2001-2007.
Atlas 1973-1977 Atlas 2001-2007
ClasseNombre de
couples Classe
Nombre de couples
1 1 – 5 A 1 - 5
B 6 – 10
2 6 – 25 C 11 – 20
D 21 – 40
3 26 – 125 E 41 – 80
F 81 – 160
4 126 – 625 G 160 – 320
H 320 – 640
5 625 – 3.000 I > 640
6 > 3.000
De manière générale, la « traduction » des abondances de l’Atlas 2001-2007 dans le système 1973-1977 consiste à additionner, pour chacune des 241 Cartes de 80 km2 concernées, les valeurs centrales des estimations ayant trait aux deux Cartes de l’Atlas 2001-2007 correspondantes. Cette somme détermine la classe d’abondance 2001-2007 mais selon l’échelle de 1973-1977.
Dans cet exercice de comparaison,
« probable » sont pris en considération ;
5. En effet, la classe la plus haute de l’Atlas 2001-2007 étant I
(plus de 640 couples), on obtient au maximum deux classes I
par Carte de 80 km² (Nord + Sud), soit une estimation de 2 x
960 = 1.920 couples, ce qui tombe dans la classe 5 de l’Atlas
1973-1977 (625 à 3000). Le corollaire de cette disposition est que
la diminution d’une espèce autrefois extrêmement abondante
(nombreuses classes 6 en 1973-1977) peut être sous-estimée
dans la comparaison entre Atlas.
Comparaison cartographiqueLe système des classes d’abondance étant rendu compatible, il
est dès lors aisé de cartographier les changements de répartition
et d’abondance d’un atlas à l’autre. Pour chaque Carte de 80 km2,
le nombre de classes d’abondance perdues, gagnées, ou le statu
quo, est reporté sur la carte des comparaisons (voir exemple à la
Fig. 18).
Évolution des effectifsL’estimation de la taille d’une population étant un exercice délicat,
comparer le résultat obtenu avec des estimations plus anciennes
demande a fortiori beaucoup de prudence. Sauf lors de changements
radicaux, il n’est pas recommandé de comparer directement des
effectifs qui sont calculés de manière différente et à partir de systèmes
de classes d’abondance dissemblables. Une fois les estimations
d’effectifs ramenées au système de classes d’abondance 1973-1977,
l’évolution est mesurée de la façon suivante : pour chaque période-
Atlas (1973-1977 et 2001-2007) séparément, les effectifs sur toutes les
Cartes où l’espèce est présente sont additionnés. L’effectif par Carte
est donné par la moyenne géométrique des bornes inférieures et
supérieurs de la classe obtenue dans le système 1973-1977 ou, dans
le cas de la classe la plus haute atteinte par l’espèce au cours d’une
MÉTHODOLOGIE
59
des deux périodes-Atlas, par la borne inférieure de cette classe. Le
changement entre 1973-1977 et 2001-2007 est ensuite évalué par
la formule :
C ( %) =
où C est le pourcentage de changement d’effectif entre les deux
atlas (période d’environ 30 ans), E73-77
est l’effectif de la période 1973-
1977 recalculé pour les 241 Cartes et E01-07
celui de la période 2001-
2007 recalculé de la même manière. Soulignons que les effectifs
recalculés par cette méthode sont seulement valables dans le cadre
de l’exercice de comparaison.
Le pourcentage d’évolution est repris dans le tableau synthétique des
résultats (voir Annexe 2). Dans celui-ci, figure également, espèce par
espèce, la répartition des Cartes selon les 5 classes d’abondance
1973-1977 pour les deux périodes comparées.
Évolution des populations à court terme
Les populations évoluent parfois très rapidement, même en dehors
des fluctuations naturelles. Or, en vue du présent Atlas, les prospections
de terrain se sont étalées sur sept saisons de reproduction, période
plus longue que celle généralement mise à profit pour ce genre de
recherches. Afin de mesurer d’éventuelles évolutions interannuelles,
les comptages réalisés dans les carrés-échantillons, échelonnés
sur toute la période-Atlas, fournissent l’information nécessaire. Pour
chaque espèce, il suffit simplement de comparer d’année en année le
nombre moyen d’oiseaux recensés par carré et par heure.
On constate que les relevés ont été bien étalés sur les sept années,
avec un léger déficit en 2002. Les deux années surnuméraires (2006
et 2007), équivalent, ensemble, à une année normale.
Deux analyses ont été effectuées :
égalité des moyennes annuelles sur la période ;
tendance.
Ces analyses ont été réalisées séparément : d’une part, sur les
individus territoriaux et, d’autre part, sur les données de « simple
contact ». Lorsque cela a été jugé nécessaire pour l’examen de la
tendance, les deux catégories ont été regroupées. Pour 13 espèces,
des différences divergentes ont en effet été constatées en fonction de
la catégorie. L’explication la plus vraisemblable est un comportement
différent des observateurs entre le début et la fin de la période de
recensement. Dans une majorité des cas, la différence de tendance
s’annule si on prend en compte toutes les données. Pour les
espèces chez lesquelles le nombre de données a été jugé suffisant,
un diagnostic prudent a été établi ; il est présenté dans le tableau
synthétique des résultats (voir Annexe 2). Le nombre de données peut
en effet jouer un rôle ; ainsi, est jugée stable pendant la période de
l’Atlas une espèce pour laquelle on n’a pas pu mettre une tendance
en évidence à cause d’un nombre de données trop faible et/ou une
trop forte variabilité.
E73-77
— E01-07
E73-77
Les carrés rouges représentent une perte d’au moins deux classes d’abondance, les carrés orange une
perte d’une classe. Les carrés vert foncé témoignent d’un gain d’au moins deux classes, les carrés vert pâle
d’une seule classe. Les disques gris indiquent que la classe d’abondance est identique. Les croix identifient
les Cartes ayant perdu l’espèce et les points noirs centraux celles où l’espèce est apparue. Pour chaque
catégorie, le nombre de Cartes est indiqué.
Fig. 18 Carte de comparaison
de la répartition et de l’abondance de la
Tourterelle des bois.
MÉTHODOLOGIE