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AFRIQUE ORIEIVTALE - ABYSSmiE

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AFRIQUE ORIEIVTALE

ABYSSmiEPAR

ACHILLE RAFFRAYChargé par le Ministère de l'instroclion pabliqae d'ane mission scientifiqae

dans l'Afrique orientale.

OUVRAGE ENRICHI D'UNE CARTE SPÉCIALE

ET DE GRAVURES SUR BOIS DESSINÉES FAR BRETONd'aprks des aquarelles et des croqlis de l'auteur

Deuxième Edition

PARISE. PLON ET Ci«, IMPRIMEURS-ÉDITEURS

RIIH GSRAXCIÈnE, 10

1880Tous droits réservés

ABYSSINIE

L'auteur et les éditeurs déclarent réserver leurs droits de traduction

et de reproduction à l'étranger.

Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la

librairie) en avril 1876,

PARIS. — TYPOGRAPHIE DE E. PLON ET C'^, RUE GARANCIÈRE, 8.

Obélisque d'Axoum (d'après un dessin à la chambre claire de Tauteur.)

AFRIQUE ORIENTALE

ABYSSINIEFAR

ACHILLE RAFFRAY\ w

Gfcarfé pii* le Mîiilatère de Tinstroclioa publique d'une Bxiliion seiiiiifig^fî

dans rAfrique orientale.

OUVRAGE ENRICHI D'UNE CARTE SPÉCIALE

D aprIe m$ mmMtLhM m ms cboqiîis de l âumuB

deuxième Édition

PARISE. PLON ET Cie, IMPRIMEURS-ÉDITEURS

iû, RUE GsaaisrGiiRE

1S80fùm âr0Us réarwés

A MONSIEVR

MICHEL-EUGÈNE CHEVBEUL

Grand-croix de l'ordre de la Légion d'honneur^

Grmd-ermm €^^ilm êe fûrâm mpérIM ân tm Mmëéu B^MÏ^

Grmnd-officier de l'ordre du Soleil et du Lion de Pirm^

Commandeur de Vordre du Christ^

Officier ëe fnrêre ân Buneêmg,

Ckê^aliêr de l'ordre de la Conception , ete.^ 0e*î

Membre de VInstitut^

Préslâent du Comité im^ jîr# êt MmM^&tmms^Directeur du JmMm des pi&nim.

Membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts

,

Membre associé étranger de la Société Royale de Londres

,

Bé fâéêiémiê éê ÉtmkAêtm,

Be rAcadémie impériale de Saint-Pétersbourg^

De l'Académie royale des sciences d'Italie,

Président de h Société Agriculture deFrmt^, ^fc^ ^^-m

Ce modeste récit de voyage

est dédié

Comme un hiimhle témoignage de respectueuse admiration

et de profonde reconnaissance.

PRÉFACE

Tottt enfant, je rêvais déjà d'expéditions

lointaines et d'aventures» et le récit dès grands

voyages ne fit plus tard que développer chesj

moi Famour de Finconnu ; mais ce n*était pas

seulement pour voir du pays et des peuples

nouveaux que j'aspirais à parcourir le monde ;

j'avais un but plus précis , plus déterminé : la

passion de Thistoire naturelle.

Apr^ âiroir, pendant plusieurs annéesj fait

la thsme aux insectes en Algérie, je r^olas

daller à l'équateur, où la n^ui^é 4 multiplié

h variété des tenes h richesse des

m demef hm mm, M. Imite l)e|rolIe,

naturalîste à Paris, en me pi?omettant son

tiu IPRÊFACE.

appui et ses conseils , acheva de me décider.

J'adressai au ministère de l'Instruction pu-

blique une demande de mission scientifique

gratuite, qui me fut accordée avec beaucoup

de bienveillance et corroborée de toutes les

recommandations qu'elle comporte et qui

m'ont été bien précieuses.

Le pays que j'avais choisi était l'Afrique

orientale , le pays des grandes découvertes ;

c'était bien présomptueux peut-être à moi

d'aborder du premier coup cette terre qui a

illustré tant de voyageurs ; mais dans toutes

les collections, je voyais toujours la place

laissée vide pour ïes produits de l'Afrique

orientale, et, à défaut de découvertes géogra-

phiques, j'avais l'assurance de recueillir un

grand nombre tHui^^les «t de papillons nou-

veaux pour ïa sei€ritce; cala stifiSt pour medéterminer.

Je passât quelques semaines à étudier les

pays que je me disposais à parcourir et à faire

PRÉFACE.

mes préparatifs de départ ; enfin , tout étant

terminé , et après tiiï dernîtr alîemkMîmMUet aux amis, je partis poîir T-Qwteïi. Le mînis^

tère de ïa Marînô a-s^dt Men srcmitt m*acq0rd«ir

le passage gratuit à h^rd à*m tmtkB de

l'État, le Têm^ c|[UÎ se rendi^ft à Saïgp» et

devait me laisser, en fsîssaïll^ à âden^ d'oà

un natire anglais me eÊ^ïïdairaii a Man^îîbar ;

car ce é^mt être 1| première ^iatiop ^ et

je dirai Mentôt comment une cîrcênstattee

imprévue m'arrêta sur les côtes d'Abyssinîe,

et nae M Mm le voyage dans lequel je imSr

m*0(mef d^eïïtrîtîner le lecteur à m$ suite*

Je lui demaiide d'iêtre îndu%entt car je suis

plus îiabilué à manier le fusxl et le filet à

papillons que la plume, et je coniïais îHieux hs

ruses ht chasseur que les délicatesses de la

rhétorique.

le ât ^îs, dàîis les pages qui vont suivre ^

que coordonner et rendre intelligible un jour-

nal de vo-ya^ej, où j*ai transcrit,jour par jour,

heure par heure, ce que j'ai vu, ce que j'ai

X PRÉFACE.

entendu ; c'est plutôt une photographie qu'une

peinture; mais, à défaut du pinceau de l'ar-

tiste, j'aurai la fidélité d'un instrument de

précision.

Je crois utile d'ajouter que pour Forthô-

graphe des mots abyssiniens et des ftoms

propres , et en présence de la divergence qui

existe entre les différents âute^ qui ont

écrit sur ce pays, j'ai adopté excÎTïSÎ:^e3Pa€^nl

dans ce livre l'orthographe que j'avais em-

ployée dans mon jourml de voyage ,lorsque

,

ê$km le pays ^t HuniiMeu dm Abyssiniens, je

poTOÎs leoirMm irépéter et articuler le inéiae

lïîot 4 loisir j m p^éoeetrpant seiiëïaent d*èû

rendî® mmi exiï<teBênt que possible les sons

à l'aîde^e xios eartçllres» I^orthographe que

j'ai adoptée n'est doncs pmai tefêe sûr la cor-

i^éMioû qui pourmît exister ôMklPfê woiwe icri-

l'écriture éïlîïôpiéîïm, teMère

m^étant jttcônîiue ^ m^m mùmmi^mm mpm^âxiûûùn^ que je m& sttîs efforcé de rendre

idge, de la proa^eiation et d^ mm. Bmm

PRÉFACE. XI

doute, je mm emmB Mm itêtte wmxé k

reproduire aussi exaefemeiït que je l'eusse

désiré les sons que j'euîteEliiîs, mais il est

bien eértâîô que mâm alpliabet , aussi toturè

qu'on le suppose, étant admise d'ailleurs la

vdÎ0nx que nous donnons aux leltret en

français , est insuffisant pour reproduire

exactement tous îes s^ons de la langue éthio-^

Il me reste encoï^e un devoir que je remplis

avec plaisir : c'est de rendre témoignage au

trice^CQnsul de France de Massaouah, M. le

comte E. de Sarjsec, pour FaffabiKté atrec

laquelle il reçu et pour les facilités qu'il

m'a données d'accomplir ce voyage, qu'il m'eût

sans doute été impossible sans cela de mener

à bonne fin. M. le comte de Sarzec fut pour

moi, pendant ces huit mois de voyage, un

charmant et précieux compagnon. Son carac-

tère o®cîel et sa position vis-à-vis du roi

d'Abyssinîe lui donnaient bien des privilèges

dont il m'a faitjouir avec lui. J'ai pu ainsi voir

XII PUÉFACE.

et apprendre beaucoup de choses que j'eusse

peut-être ignorées, et s'il y a quelque intérêt

dans le récit qui va suivre, l'honneur en

revient à M. le comte de Sarzec, car c'est

grâce à lui que j'ai pu voir de près le roi et

les princes d'Abyssinie et vivre, pour ainsi

dire, dans leur intimité.

AFRIQUE ORIENTALE

ABYSSINIE

mVP D^ÔEIL GÉNÉRAL S OR l/âl¥SSlîriE.

De Toulon à Massâouah. — L'Ethiopie. — Physionomie du

pays. — Traditions. — Un mot d'histoire. — La Reine de

Saiba* — L'Ethiopie ahrétienne dès h c|ttatrièwe §ièçle*^i~

Fiis dé Salomon ël fîîs dn dîeu Mars. — La Guerre de I*Éé-

phant; croisade éthiopienne. — Invasion musulmane. —Secours des Portugais : le frère de Vasco de Gama — LeRaz et les Tois fainéants. — Ali et Oubié, — L'usurpateur

Tbéodorôs : ^on suicide devant l'armée anglaise^ — Kassa et

Golmsïèr 1 victoire înatt^ûdué et saci*e du roi mlml loauoes»

— Abyssiniens et Abyssiniennes.

L'excellent commandant du Tarn^ M. Guérin du

Vivier I capitaîii© de frégate , m'avaîl mm^^. kmnhofà ïïwm nm ^Mmm&^mê imlm pMmmeBe^ et le

élmianche 20 juillet 1873, à deux heures, les

ancres cédant sous Teffort des cabestans, Tim-

mense édifice flottant où nous étions près d\in mil-

1

lier 4^1iowuïï^sr «^Ibmnla, Mus mmt se

en quittant îa patrie meç t©iites^ se&afifectîons, mt il

en était qaelques-uns dans le nombre qui ne

devaient jamais la revoir, et, dans cette loterie delà

vie, pour qui seraient les mauvais numéros?

Irtf mMf était pourtatït si Wfe &t m MeiW^ h ciel

de la liédSermitèe si Mlâtrf, qtt^îi BeiàMs que

Fon ne doivejattiais être triste devant un tel horizon ;

aussi le nuage qui avait pesé sur plus d'un front

fut-il bientôt dissipé.

Nous vîmes successivement la Corse , avec ses

montagnes déchiqueté0s ^ et Sft&^bôli ftîBl4nt

çOBimtm ImMm qui «réteinrt; pm î« dltPSMt de

îfeçsîïm^ qui semble Tembonchure d'un fleuve im-

mense, coulant entre les plus belles rives du monde

et dont Tœil stupéfait et ébloui ne sait ce qu'il doit

adnïîrep le plus, de là g#e© de la wj^è.Mm tari* «® fat toilîe et eaiii ^%f|^te^ <ïeite

aîiiq»^[ terre des Pharaons^ où le glnîe d^^ttn hoiWïne

a fait revivre les travaux des siècles passés, en creu-

sant, à travers le désert, un canal qui relie deux

mers et deux mondes.

lions ttôifô ârFê^ffîesiîii}ô«r4îor^ cité aais-

sànte, qui se déveîe^pt sôusï%iuAne«

courant qui va et revient de TOrient à rOccident.

Celui qui pour la première fois traverse le canal de

Suez ne peut guère se défendre d'une étrange impres-

sion : assis sur le pont du navire , il ne voitplus au-

COUP D'OEIL GÉNÉRAL SUR L'ABYSSINIE. 3

tour de lui que du sable à pettë W®, dS loiïpes

Hës de #ai»eô;tixqiï:l ïûércfièiitd'uii faBcadeacé, des

^n<es,4ëS gidwrMs d'âraBes et de Fellahs, le désert

ei0% ^uî a son charme particulier et mélancolique,

comme toutes les grandes scènes de la nature.j

Malgré la largeur et la profondeur du canal, les .

narires d'un fort tonnage comme le Tarn n'avancent

qu'avec précaution, et il wons fallut îrçis jïmys

pour aller de Port-Sgîd à Suez. C'était à la fin de

juillet, sous le sèlmld*%yptei^ et, en dèpît de rorigî*

nalitê du royage, ces trois jours nous parurent longs.

Nous sommes enfin dans la mer Rouge. Sur la

rive asiatique, un bouquet de palmiers, dont la

siBïOïtette té découpe au \mtXiw le sable, cotûiitt

ùttétaehe noire, îndiqtte les foiitaînes dé Moïse.

!« Tarn devait un peu se déranger de sa route,

pour relâcher à Massaouah , sur la côte abyssi-

nienne, et remettre à notre vice-consul des caisses

d'armes que la France envoyait en présent au suc-

desseor ie Théodoros.

Après trois autres fouti de ts0|ageMm eîel de

feu, nous arrivâmes àM^^pinahfâ sî^^^»pesdttsoir.

Sachant que j'avais pour nos consuls des recom-

mandations spéciales, le commandant eut l'amabi-

lité de m'inviter à descendre à terre avec lui ; mais

M* de $arzee,i vîee«eoitsul à Ilfassâvùali, liéute^ dé

voir fibtter ua. pavillon français, nous â^ait de-^

fancès, et à peine étions-nous descendus dans la balei'>

4 ABYSSIME.

nière du commandant, qu'il accostait à bord du

Tarn,

Je n'oublierai de longtemps cette ptemiére im-

pmsîon I nôtre viceHsûMttï afiïîtîdl sur une sorte

de pirogue conduite par des nègres plus qu'à moi-

tié nus; il avait l'air épuisé par le climat brûlant

de ces régions, peut-être les plus chaudes du monde.

Ma proménade à lepré;ft*^avait plus de motifs, et

j'en étais lîkenîeiït dè^oîicerté^ mt lèefte mt^ de

prologue m'invitait à tourner le feuillet. Le com-

mandant eut pitié de mon désappointement et me

permit d'aller passer la soirée chez le vice-consul.

lie conswlal eM élvé de i*atttye e<5t^ de k trîlle, et

nous errà^fiies quelques înstitttls dans un dédale de

rues étroites, couvertes d'une sorte de toit en natte,

éclairées de quelques lampes fumeuses. Il y faisait,

malgré la nuit, une chaleur écrasante, qui se com-

pliqait encore d'émanations de beurre fondu, parti-

CtJfêmaaxfîlîi^ltrâbesdeees pays; odenr à laquelle

|émesu îs habituépins fard, màîs qui» ie pïîme abord

,

me causa une sensation singulièrement désagréable.

Chez le vice-consul, je vis une foule de choses

curieuses, qui me révélèrent l'Abyssinie. Il me

raconta quelques-unes de ses chasses dans la mon-

tagne , me #roïjïà le plan du voyage qu'il aîlaît

entreprendre, peur porter ait m\ les eadeawx qu'il

aMit llui remettre... Enfin, séduit par les jÈtoiJités

qwi se présentaient de visiter l'Abyssinie, Je me

dêeMaîr séance tenante, à devenir Jè compagnon

de voyage de M. de Sarzec, et, comme le Taim

levait l'ancre le lendemain au point du jour, je

n'eus que le temps de retourner à bord pendant la

nuîi, pïîaiire^is bagages, , le lênâeniïBte flftafîû^

sion était irrévocable, car, quelques instants plus

tard, le Tarn continuait sa route, et le pavillon du

consulat lui envoyait son dernier adieu.

Ile vôM êm0 k MiasMèniÉ^ siirpris, tout

JLe îewdemaîn à notre réirMÏ nom ptees la

porte du consulat^ Mil ^irr pilotis, nous jeter à Peau

pour nous baigner; puis nous reçûmes la visite de

M. Coulbaut, Tun des missionnaires lazaristes qui

évan|élîseni FAbyssriïle.

DMd^aeiit les *^«s ài^gentês 4e hm^ia^mû^

beilîssent pas line ville arabe, etîl vaut mieux lavoir

au grand jour. Massaouah ne me paraissait déjà

plus aussi laid,je m'habituais à Todeur du beurre

fondu; il me fallut, il est vrai, un peu plus de

temps pour sa^ fomîlîamer mes lâ^tî-isine, dont

îl est M Base? maïs |e m^étoroe aw|o«î^teî de

B^avoîr pas toujours trouvé cela, sinon excellent,

du moins très-passable..

Le soir, quand le soleil eut un peu baissé, je

voulus connaître la ville, et je me mis en excursion,

guidé par m servîteiïr da ^iisul^t*

nm ^ôtîte île qu plutôt an récif de cofsîl^ fol

pas mille mètres dans son plus grand diamètre et

trois cents dans Tautre. La ville, qui occupe la moi-

tié de ce rocher , se compose de maisons en pierre

consîruites dans le style Kpauresque, mais qui

lie ïfesgemèltïït mi êfeiefe^i^wre cétte i*<âî^

t^^fè ï|a# comme wm émmâjbm à un palais.

Dans plusieurs endroits, notamment au bord de la

mer et autour d'une rue oii se tient le bazar ou

marché, ces maisons en pierre sont remplacées

par àm mlmum m îw^chages, siltfèê? m TScMm

d'une cour qti*éïitOû*eïil des palissades^ dê îïâttes.

Ces cabanes, où les murs en treillis laissent circuler

Tair, ne sont pas toujours les plus désagréables à

habiter, et cependant les gens aisés n'en font pas

généralement leur demeure.

Bm iMà du port, qu'une presqu'île du COiïtÎRétf

âbïiie eôMire la: mm^ e^ aiife iaaîsiMï ptus mste que

les autres, résidence du gouverneur égyptien, ca-

serne et en même temps prison. Une place formant

quai est le Fourdah ou douane ; c'est là que s'em-

barquenl efm âéteqttânt toutes \m fflïiir^aiidîs€S4

A l'autre extrémité de l'île se trouve la Biission

llrançaîse, terre toujours et partout hospitdfilère %im

voyageurs. Une digue relie cette île à une autre

plus petite, qui est elle-même en communication

avec le continent par une jetée d'environ quinze

çênts mètres. Jetée fttï met mtmm à atneîier à

Massaouah une eau à peu près doifce, dont on est

forcé de se contenter faute d'en avoir de meilleure.

Ajoutez à cette description une aridité, une nu-

dité absolues, pas un arbre, pas une feuille, et

vam vont Isrez nm- laiMe idée ée cette trille

,

earieuse à traywseir pm^ètm^ mmu qui «ertaîiie-

inent doit deTrenir un bagne pour ceux qui l'habitent.

L'île est donc toute voisine de la côte , et je

voyais, après une bande de sable, se dresser les

hautes montagnes qui forment le massif éthiopien,

Moiïs tvîoïïs liâte de quitter Jlasst^âîfc> oàj^ â cette

épepè dé Pannée , règne une i&mpêmim^ i^tcii*

rable. Le thermomètre monta h fmahm pM^k54° centigrades. Nous avions beau nous réfugier,

la nuit, sur les terrasses pour trouver un peu de

fraîcheur, nous étouffions partout. Aucun animal ne

peut vwm i to^o^itaàî' fl mi $wï iî{i£|I# té

procuftr ém hêim feg0fïïûi%etîi a^tosÉ^llttl iitt^ii^

dreune semaine a^^aiït d'obtenir les chameaux qui de*

vaîent nous mener jusqu'au pied de la montagne,

où nous espérions trouver des bœufs pour la gravir.

Mais avatoli^enlrer ett plein pays abyssinien, le

toeiijf im Mura gté^ ji p«ftse^ le lai ilfe ftiel-

(^UM mots me fAbfssinîé 0ji ^kxktÛ^ ét de re-

tracer à grands traits rhîstôîre et la physionomie du

peuple qui l'habite.

Il est dans l'histoire d'Ethiopie des questions ob-

scures et déllmteis, sor lesqnefles îl ne iïi*â:(ypartîêtit

pas de me prononcer : |e îtt$ suis horné dans ce cas

à citer l'opinion des auteurs les plus compétents,

tels que MM. Arnaud d'Abbadie, Sait, vicomte

Valentia, Théophile Lefebvre, Ferret et Galinier;

renvoyant k cês OH^rages le lecteur qui voudrait

Uuiïm h qméUti â^utte^fo» plus âppfefoadîe*

L*Ab|ssîme est la Suisse de TAfriq ne, vaste réseau

de montagnes formant un plateau dont l'altitude

moyenne est d'environ 2,000 mètres, et qui sert de

î>tse|fc dé hauts somaiélsdiottl les ç|ni«s a|téî||iaeof au

iïïo%iOO mètres. Cet tinmease tiîâssîf,qm con-

stitue aujourd'hui TAbyssinie proprement dite, diîfî-

sion politique réduite à ses limites géographiques na-

turelles, est compris entre 16° et 9° latitude nord et

34;''-38° longitude orienlale de Paris. De toutes parts,

sauf au sud, râ%8sîttîe est eutourée par l'Egypte,

qUî i*ft?eittt d'ïin cei*de dé îer ; &W la fit© gaiiche

du lîîl Bfett §'étiÈïiié«t Jés pays gallas , sur lesquels

on ne sait encore que bien peu de chose, et dont

quelques tribus descendent même sur les rives de

rocéan Indien, sous réquat^ur et nom Mn du

^ïQèlar. le Cto» |pure*oâ àojoufd-hui pat k îbi

Mêaliîfct s*6stîkî^û> diepuls quelques années, déclaré

indépendant, et ce n'est pas là un desmoindressoucis

du roi d'Abyssinie; mais il est impossible de sépa-

rer le Choa de TAbyssinie, dont pendant tant de

sîèéîcs lï tt% été quVne ftmïnm Iï«feité par la

même race, parlant la même langue, professant la

même religion , il n'est en outre délimité par au-

cune configuration géographique.

Bien qu'entourée de régions brûlantes, TAbyssi-

tti^^ $n ï^ton âm aWtula^ |ptît Êim climat

l^lt-liMipért, ipéttffis aiïslâgw« k eelnî à^m beau

printieinps en France, Au moment où le soleil, pas-

sant dans rhémisphère nord, darderait sur ce pays

des rayons plus perpendiculaires, les pluies, qui

m0t estwales, viennent tempérer le« ajiiëiiî^^

pâriwJlïaijtoSW de cette double com-

binaison qu'il y a bien peu de différence de tempé-

rature entre les deux saisons extrêmes. L'image

poétique d'un printemps perpétuel devient ici une

réftiîté* Ce pays, es§éi)#Êlîeiôeftl montagneux, est

îïéeômîi^eat sillonné fm nm ^uatifitâ innom-

brable de cours d'eau, dont les plus importants sont

le Mareuh, le Taccazé^ et enfin le Nil Bleu ou

Abbaïj le plus grand affluent du Nil Blanc, ce Nil

fameux, que bientôt les découvertes des voyageurs

iiôu^ a^pt#tt4coïît |ïe«t^ h tt^^^màst mmm^desjlut grands %tff!BS éa m^^à^^

L'Abyssinie fait donc ainsi partie du bassin de la

Méditerranée.

Cette abondance d'eau, jointe à un climat mer-

veilleux et toujours égal, entretient partout une

belle végétation î «epmdâKt m m voit qm par

1*

10 ABYSSINIE.

exception et dans les vallées basses cette intensité,

cefte iirraliandaïï^e èe mpr mitfs effervescence de

s^e qnî Gàrâ<^êrisènt k vèg^Won dans les pays

situés sous les mêmes latitudes, mais dont le climat

n'est pas tempéré par raltitiide. Entre des mains

intelligentes et civilisatrices, TAbyssinie deviendrait

m des pays les plus fêcotids dti rnrûnde, Dm les

vallées iàsses, rindigo_|M)nsse spénianèïiieîilî le

blé, l'orge et le^lin prospèrent sur les plateaux les

plus élevés; dans la zone moyenne, le coton donne

d'abondantes récoltes. La vigne trouvait là un sol

et un climat convenables, mais Théodoros, jugeant

que le viw était an hteum^e r$mtvà i des Itres ««-

pèj'îenj» à I%«jfmûj^, it ulre îam les dfnoMes.

De rares essais feiltétpat des Européens et les mis-

sionnaires prouvent que les fruits et les légumes

d'Europe réussiraient parfaitement. Les deux cé-

réales par excellence de rAbyssinie, celles qui con-

stituent la tae de ralîmentation^ surbuÉ dans la

classe moymme^ smih éaff0tt^m^ nommé dourah

par les Arabes [Sorgho paniceum et Indicum), et le

teff [Poa Ahyssinica). Le bananier, le citroniÊer,

l'oranger et le cédratier ne se rencontrent que dans

«sérîaînes plaines. Sur les bords à% Jmm TmMt a

Kouârata en particulier, le caféier est iPës-âboûtol,

et ce joli arbuste y atteint de griandes dïmtîîsîoiîs.

Les forêts abondent en bois précieux. Les minerais

de différentes sortes , le fersurtou t,sont très-fréquents.

et ce éernîe^ i»êta!, mm irmfmB larmes ditmi-

ques, eompose à lui seul des montagnes entières,

Mais pour utiliser foutes ces richesses, il faudrait

la civilisation moderne, des routes, la paix inté^

rieure, un gouvernement stable, et surtout un

peuple jeune^ actî^ kbôrîeuî.

L'âM«î©tt^ Je *êriteMè ûôia An pays est Étliîopîé,

L'origine du mot Abyssinie est bien plus récente,

puisqu'il faut la chercher dans la langue arabe. Les

musulmans appellent le pays qui nous occupe el

Habechj, dénomination injurieuse, signiflant peuple

sans généalogie. M. A* i*Jèi«#e^^ mit^â à'm&

fipn tFès-heBL^ciise Im ttm'âêfmAfim^ ém root

el Habechj trouve que les Portugais en ont ftît

d'abord Hahechi^ puis Abeœim; de là à Abyssinie

il n'y a pas loin, et cette dénomination a si bien pré-

valu, que le nom d'Ethiopie, par lequel les indigènes

clèsîgïieHtîiiirp^St ft'psépltii^ireiïtîlémWa^^Le peittplé érfîîcfpîen est un peuple Mm ifîeïis

dé|à* Il fut sans doute contemporain des plus an-

ciennes dynasties égyptiennes, et peut-être soumis

à leur autorité*

FïWOTs vôïicimîent voir les Abyssfel^ ^m^m^(Mmà^ fm lé iétroit de Bab-el-Manieî*^ titndîs

que le vo^s^m^ §êM véçmsm a0tî|& cfîiïîîîtt^, elles

représente aii contmîre eomine «ne race aborigène.

* Salt, Voyage en Abyssinie, U II, p, 243.

12 ABYSSIÎSIE

Lord iakntîa, avec kqiiel Sait irofagéa en qttaîité

de secrétaire, pense ' que les Éthiopi^Hs furent des

colons ou des réfugiés égyptiens, qui soumirent les

aborigènes et se mêlèrent ensuite à eux.

Les Abyssiniens, bien qu'ayant la peau noire,

appartiêwik^t â nm racé três-dîstineie celle que

l'on apsp^iekrâé© Jîêgrev LeurtfpiJ, leoi^m«Ei«jr^^

letrr religion les rapprochent datrantage des nations

(européennes.

L'esclavage, qui a régné et règne encore en

Abyssmie, a souvent , il mî 'ttpà^ ïstoMU ce type

en întrodnîsant dans la famîïle d«s éléments étran-

gers' ; mais ce sont là des accidents qui, bien que

nombreux, n'ôtent rien à la valeur de cette diffé-

rence physique et morale qu'ils ont été impuis-

sants à faire disparaître.

Il existe une chronique indigène, nommée T^Hk"

* Voijage du vicomte Vale\tia , t. IV, p. 216

2 C'est surloiit, je pense, à l'introduction de Chankallas

qu'il faut altrïbuer cette diversité si frappante d*i type abys-

sinien. On sait que les Chatikalas, stiués aù liord-ouest de

l'Abyssinie, sur la rive gauche du Taccazé et tout voisins par

conséquent de ce dernier pays, offrent avec les Abyssiniens des

différences très-marquées tant au moral qu'au physique. Ondoit peut-être les considérer comnse de véritables nègres; c'est

dit rnôiins l'optnron des Abyssiniens à leur égard. Mais, commel'a très-judicieusement fait remarquer M. le docteur Hamy,dans ces métis, c'est toujours la partie inférieure du visage qui

96 d^i^rade et tend à devenir prognathe, tandis que la partie

snpârieure de la tête conserve les caractères propres à la race

ts f^u» élevée, de I&^elld% t<»nt sortis.

COUP D OEiL oftiitâi. SUE i/at¥tstim mNégueustij traduite et mentionnée par Sait, mais ce

nVst qu'une longue liste nominale des rois. Après

avoir parlé vaguement de monarques qui, dit-elle,

régnèrent plnsleiî^t sî#cles, elle mtîm â la reîise

Ékfeé^^ àmm hqiiëlM hmmmMp â^nlèaïrs irenlenl

reconnaître la reine de Saba. Les Iradîlîont âti pafs

ajoutent que Makéda alla à Jérusalem, y connut

Salomon et mit au monde un fils de ce roi. Cet en-

fant fut nommé Ménélik, et les traditions indigènes,

wmi li^tt que la chroniqne, 1# fi&^aé&iÂiim^

ftoââîaiirié Jt â|nii^!le éliiopieiMïe ïfuî perpé-

tua jusqu'à Tbéodoros. Lord Valentia* croit que

cette tradition ne s'est introduite en Abyssinie

qu'avec le christianisme; M. A. d'Abbadie% et

MM, Ferret et Galinier% d'autre part, semblent

0mm fù0 liaMtfe et la raîM |« itla m h^&^A

qu'ils furent juifs avant d'être cbréfieim, et que

c'est Makéda et son fils Ménélik qui apportèrent

de Judée la loi de Moïse. Sait rappelant les cou-

tumes judaïques encore en vigueur en Abyssinie,

telles t{m l% mHmii^m^ îe céoIx- iîibs loïtniM^

îe voîle du fejnpfe, dît quelque part ^: <t J'étais si

^ Arfmtïd tt*ABBiii>rK, Ùmt^ Ans âmâ lu haute Êthhpîe,t. I, p. 116

^ Ferret et Galinu^r, Voyage en Abyssmie . t. II, p. 294,

* Saiti Voyage en Abyssinie, t» 11^ p. 53.

«frappé 4e «6ite f0ssfimbJ:4iïCé, qtte pârJoîsje m«pouvais in*empêe!iey dé m'îînaginer que j'habitais

i «parmi les Israélites. » MM. A. d'Abbadie, Ferret

* et Galinier, Théophile Lefebvre, qui tous ont lon-

,guement parcouru et consciencieusement étudié ce

' pays, sont m$si de cet atis, $mï, lor4 %Ientia

rejette cette fiée en g^appupi^t mt m passage de

l'inscription grecque d*Axouni» roi dont cette

inscription rappelle les victoires y porte le titre

* de « fils de l'invincible dieu Mars» . « Certainement,

i « âît htà Valeniîa un roi qwî m $mM flatté de

î « désée»dre à$ Saîoioaoïï n'auraît pas pris m titre

« de « fils Mars. »

Il est au moins aussi difficile de savoir quelle

était l'étendue de l'empire d'Ethiopie. Sans vouloir

rappeler l'opinion des anciens, qui nommaient

^iilopîe itôus; les pays situés au sud de fÉgypte , il

reste à savoir si l'Étbiopie proprement dite, c^é«t-

à-dire le pays nommé aujourd'hui Abyssinie, s'éten-

dait sur les deux rives de la mer Rouge.

Si l'on admet l'identité entre Makéda et la reine

deSaba, on est forcé de croire, comme conséquence,

que leé dettx tïves asiatique et aftieaine de ïa mer

Rûufe étateat «>B^îse& au sOTteraîn d'Étbiopîe.

Gnillain, citant M. de Qnatremère, dit que la

reine de Saba avait son empire en Arabie, et il

Voyage du vicomte Valentia , t. IV, p. 217 et suiv.

ajoute plus loltt fîtë ^ For et l'ivoire qu'elle oÊiM

tt à Salomon ne venaient pas d'Arabie, où il n'y en a

(c pas, mais d'Afrique w . Qu'y aurait-il d'étonnant , en

effet, à ce que la reine de Saba eût tiré ces précieuses

tï^tîéres des pays gallas, où les Abyssinlçîiis ^éotencore aujôiifi^lîui qu 'il y a de t^t MM. I^earet et

Galinier', à propos de l'inscription hyémarite qu'ils

avaient découverte à Axoum, émettent l'opinion

qu'à une époque reculée, l'Élhiopie et l'Arabie mé-

ridionale ne formaient qu'un seul empire. Plus tard,

u^lâ mmm d^t^À&m t m qoatrîiiïïé sïfcle 4®

notre ère, êf©que à laquelle fut gravéerînscrîptîoù

grecque d'Axoum, Tempereur Aizina-^ celui qui

s'intitule fils du dieu Mars' porte, sur cette mêmeinscription, le titre de roi des Axumites, des Sa-

béens et des Homérites. Au sixième siècle, il est

certain que l'einfer^r iêÉHOfleû âtîé Kaléà^^t

mte gftëïre ^lôtûûïée t M giïêrré àé TÉIèplî^iit» *

alla pour protéger les chrétiens, rétablir son pou-

voir chancelant en Arabie. Sait cependant^, dans

le savant ouvrage où j'ai largement puisé pour

tout ce qui concerne Thistoire d'Abyssinie, croit

poutoîr <îc^iîîii3P€t dé certtîiis passages ^eriiîifesîrè

d'Arabie, tîrà^ ies îmteïBfs arabes par iclmtews^

que les Éthiopiens n'ont rien de commun avecles

Arabes , «c ces derniers traitant de corneilles les

* Ferret et GiiLmiER, Voyage en Abyssm^^%t^ p# 460.

2 SaltjVùyuge en Aktfs$inie, t. IV, p. Mi,

a ÉlMop^îêîls, (juî leur sont si odieux w . Mais les Ara^

bes, ce me semble, ont bien pu écrire ces lignes

sous Tempire du fanatisme musulman et en haine de

la religion chrétienne professée par les ÈtJiW|)l0W^^^

La giie$tioa îett «s| Il #1 mté^a ieSÏM jwsfïj*â ee

que qml^m -SïïmM ir#ttllle Men lu! consacrer son

temps et son érudition.

Ce n'est qu'au quatrième siècle de notre ère que

saint Frumence, en christianisant TAbyssinie, la mit

en îïifiitîéi^^ Beax c^fs «k$ taM la puissaaôô

de ritliîijplB m fèîMê âatos^ mite ^péMm eottlre

l'Arabie doîli|%î déjà parlé. L'empereiïr éthiopien

Atié Kaleb remporta la victoire, et le souvenir de

cette glorieuse croisade est conservé dans une église

que nous visiterons au cours du voyage. Bientôt le

iâ'ârsMf^ ei lÈmim^^f la m^^cMm d^Abfs-

sînie, le royaume musulman de Zéila.

Par suite d'une coutume ayant acquis force de

loi*, l'Abyssinie relevait directement, au point de

vue religieux, du patrîareïte îd'âlejiandrie ; aussi,

rîtle à sa^fortune, elle suîfit èes cropi^eg et t^mh^

dans le schisme d'Eutychcs. La race dite de Salomon

était toujours maîlresse du trône; mais, au dixième

siècle, une nouvelle Judith, delà race juive des Féla-

chas, réfugiée dans les montagnes du Sémiène,

^ L'abbé PoujKois, fAbyssinie, histoire naturelle, politique

et t0li§îmm^ p. 804<.

Cpïiy D-OETL ââliiRAli SUR l/AB YSSIJ«IE. 11

s'^îtipam j^m pouwï*; et pêûiâsltrôîs mtits m&descendants régnèrent surrAbyssinie. La dynastie sa-

lonionienne, réfugiée dans le Choa, n'était paséteinte

cependant : un moine, Técla Hénianot, que les

Abyssiniens vénèrent coinnie le plus grand de îew^rs

Après cette restauration, conîmençent Jes guerres

contre les musulmans, luttes longues et meurtrières

qui mirent FAbyssinie à deux doigts de sa perte.

II n'entre point dans le plan de ce petit té^mîl à'm

êmwé pas à fm footes let péHpèiesî mm iîfnmfait très-important qu'il est Indispensable de sigtta-

1er: c'est Tarrivée des Portugais, qui vinrent, vers

le milieu du quinzièm^e siècle, aider les chrétiens

d'Abyssinie à repousser l'invasion musulmane. Cette

««>îsaêe eut lea ï^ogâfe mite^ i^m laïale ;

pip^iqtte lûtïs périrent, e% diaprés le P; Jérôme Lofe©^

le chef de cette expédition,Christophe de Gama, le

frère de l'illustre Vasco, fait prisonnier par le sul-

tan Gragne, mourut martyr de sa foi et de son dé-

vouement chevaleresque, en donnant la victoire aux

«îlïfjÉtieiiS* Msâs^ mm la petite mnàée ()ortugaise^

^ttîeat mnm des tnissîonnaires catholiques. Cmm-cî, forts de Tautorilé que leur donnait l'intervention

porlugaise, entreprirent de chasser d'Abyssinie le

schisme d'Eutychès. Ils réussirent un moment à

réeottcilier l'Église éthiopienne avec Borne; mais

18 ABYssram.

Us Mïm^m êt&fm&m t$^fkm^ Um^ % iemm^

ïi f iratpifc désormaisimi pLtih m Bh^sénm ^ lès

catholiques, les schismatiques. On verra les tïiTSsion-

naires catholiques, tour à tour proscrits et martyrs

ou vénérés et comblés d'honneurs, vivre en fugitifs

sur les sôjïwnets, inaCM^essi^ ou réapparaître à îa

mntàm W^^^t fitfnrtiït qmÏB WmetBitt adoptera

les doctrrQes de Rome ou d'Alexandrie.

Les discussions religieuses dégénérèrent en que-

relles politiques, d'où sortit la guerre civile. Vers le

milieu du dix-septième siècle, le schisme triompha,

lesquestî0a?re%miises4ispiTurent ; maîslâ monar-

chie, affaîfolîiB^ par ces luttas inlêstîneSt awît perd» de

sou prestige; le peuple^^êteit Jiabitué à voir couler

son sang, versé par ses propres mains. Peu à peu

les seigneurs s^enhardissent à mesure que la royauté

s'affaisse. Il y a encore un Négouss dans le château

4â Bmèm f Wàsàé il ne gouverne plos ; Tempire est

m% ïmm^ ^m. Ce sont nm rm& fàîBéants

leurs mâîres du palais. L^Écossals ÏBruee ^ qm^ dès

duWîI Bleu ; elles avaient été cependant vues et décrites avant lui par

le P. Paëz, jésuite portugais, comme le prouvent les passages

suivants d'un petit livre dont je dois la communication à l'obli-

geance de M. le docteur Hamy : Discours sur les causes du

^é^mdement du Nil, par M. m la Chambre, 1665; com^

prmmt la 4éQ0Uverte des sources du Nil, faite m i^O^^m*tè R. P. Tàtfs , jésuite, rapportée par Gaspard Schôtto âmsson livre des Fontaines :

« La source du Nil est placée en Ethiopie, dans le royaume

StIE L'ABYSSINIE. Jll

1768, parcourait rAbyssInEîèifilîepjmWïlê^^

cette décadence de la royauté, en racontant les évé-

nements qui se passaient en Abyssinie, sous le

fameux Raz MichaëL La pente était fatale ; il n'y

mâà mBm! Raz, bîi^alôt È 'fm mm èmmqm^ lés àrflmit Ig^ latîn;^ m âisputepoût lâ iwipeii-

dérance dans le g®Meï^tt«ïit^t du pays.

La vallée de Taccazé sépare TAbyssinie en deux

régions, VAmarah à Touest et le Tigré à Test,

dont les habitants parlent deux langues distinctes

et ant im j^amefère el âm îïttèrêfe iîlfôFeiïts,

Cfette eîrçonstattcë mtmî â itoê^rvéîîlè îm B!osM^tîms

des seigneurs, et, féfô 1840, nous voyons Ali et

Oubié, Tun siégeant à G^ndar, JRaz^^^^^

l'autre à Adoua, Raz du Tigré. Le descendant de

Makédaet^e Ménélik est toujours assis sur le trône

dfi ses pères, njaîA tï^dn fest l^aittiftte ài©^

« du Goyam , en un district que les habitants nomment Agous,..

tt Le Nil est appelé par les Ethiopiens Abaoï...^ situé sur une

tt montagne ea forme de plateau où se trouvent deux fontaines

tt larges de quatre palmes, qui n'ont de sortie qu'au pied de la

IV naonlagne.

t habitants et l'empereur affirment que la terre est trem*

blante sur la montagne, parce qu'elle est pleine d'eau. « . . •

Le Nil se jette ensuite dans un grand lac qui est dans la

« province de Bed et dont une partie est dans le royaume de

« Goyam «ife Ifâïiti^ êm$ i^v^ ^ WmM^^ * ^ ^ , * * ,

^ l| t^jg^fëi^^e 0<e: îg|e fâiii; voulant

20 ÀWS§IΫÏE.

bien cepêw^n^; qu'ÀIÎ OiïMé M vêmtèid étt

paix l'un à côté de l'autre. La lullt était iminînente,

elle éclata : Raz Ali est vaincu , mais Oubié ne sait

pas profiter de sa victoire , et son ennemi , revenant

à la charge, le surprend an sein de l'ivresse et des

Mièê MôïWphalès. Alt fut trop grand , trop gèné-

reiïS; il laissa la liberté à Oubié, qui remonta sur le

trône du Tigré. Le Choa,depuis un certain temps

déjà, à la faveur de ces luttes intestines, s'était

déclaré indépendant, avec Sella Sellasé pour roi ;

maïs M^ntôi la de tet 4f 'yhéodijrô& .deviili

faire Têïitrer é& pays sôxfe fiôbéîssâBce éès Mè^oms^

Entre Ali et Oubié, un homme sans importance

s'était fièrement campé en rebelle : c'était Kassa,

qui ne tenait ni de loin ni de près à la race salomo-

filenne* Bans me lutte cOïïtré feiz ÀIî , il sut s'em-

parer 10 k mère âetceâèrnîer, et Im&eéMi^l'âîï fut,

peur îâ ràîîÇôn de sa mère, donnée ea marîa|è 4

Kassa. Bientôt nouvelle bataille entre le maître et

le sujet révolté ; celui-ci est encore défait , mais il

assassine son vainqueur et se fait proclamer, sous le

mm de fhêodôres, rm des rois, empereur d'Étbio-

pie imm).ÎS rm de Choa étant mort, ce pays foi; à Ptisurpa-

teur une proie facile ; Raz Oubié à son tour ne tarda

pas à succomber dans la lutte, et, pour la première

fois depuis longtemps, le triple sceptre d'Abyssinie

fut rlimi é&m «ne seule mafn.

Théodk|p®S était un homme d'une audace Incmle^

intelligent, politique froid et cruel;mais, par mo-

ments, au dire des indigènes, il était comme frappé

de démence.

1« 1*îgF4W &wceessi»ï î^iitelîé, Négoussié,

iète Fileniàti âe 1a féirolte et paye aussitôt de sa

vie cette témérité.

L'orgueil de Théodoros n'avait plus de bornes, le

succès l'enivrait, il osa s'attaquer à l'Europe dans la

personne des consuls et des missionnaires ; des

Anglais^teton§ais^ tolllitu^tids ï^rfBti^mi-gé$

4e fers çar li^poté ifcji^iiïifià. Mm l*âftgïteteïire

sait protéger ses sujets sur quelque point du globe

qu'ils se trouvent. Théodoros refuse de rendre

les prisonniers, on lui fera la guerre. Les armées

anglaises pénètrent m Abyssinie, traînant à leur

snîte nti appareil de gnèrBe $ms0M^^ $mtè de

frè&i Tfiï^dôros^, mm i|ti^f«es fiièl©s sértiLt6iM?s.^

se réfugia sur le ro<àer de Magdala, qtà lui semblait

une forteresse inexpugnable. La supériorité des

armes européennes eut promptement raison de

cette citstdelïé aattiJt$ïlé> ei Magdtlâ fut prise; mm$on ne trotilfa ^ue le cadavre de ratrenteier faîl

roi, qui avait un moment tenu dans ses mains les

destinées de l'Ethiopie : plutôt que de se rendre, il

s'était donné la mort. Théodoros, m'a dit un indi-

gène, témoin oculaire de ses derniers moments, se

voyant investi , devint iCCMûEïîûe ttu êm iirieùx j tout

22 ABYSSINIE

^son entourage tremblait àevmé la fèi^inee. de

faro&sî c'est aîors qm ^ sous rempîre à^un

accès de démence, il saisitm pistolet et se brûla la

cervelle.

L'armée anglaise avait remporté la victoire, grâce

aux millions sacrifiés par le gouvernement britan-

nique; mais si, moins présomptueux ou pltts habllè,

Tbéodorot> m Bm àe É^mîmmm ââm llàfdalâ|.

avait reculé vers le sud et franchi le Nil Bleft^ en

^détruisant le pont portugais qui relie le Godjam au

jBéguémédeur, la victoire fût sans nul doute restée

^finalement aux Anglais , mtîf il eût retardé le dé*

^ïttipïeïîlet^ le ciiio^ai^ rarmée dé MBtmàe-Brefagae èàt é# lônftefittps et «iruéllement décimée

par la faim et lés maladies.

Théodoros mort et les Anglais partis, le pays re-

tomba dans Tanarchie. Avec Ménélik à sa tête, le

Choa recouirra sm Wêpeiidiii^e; l^Àinfrdb

basier pou? Râîs, et le ITîgrê, Mstôsa, deux iwiî^eeajÉEx

fc^mpétiteurs au trône d'Abyssittîe>qui recomî3aen^

çèrent la lutte d'Ali et d'Oubié-

Kassa était à Adoua, pauvre et presque sans ar-

mée ; Gobasier régnait à Gondar, commandant près

4b mhmiïï mil^ stjldats, et tout pouvaîl fêm pï#-

sager qtï-îl atai^rt eetlaînement raison de son adver-

saire. Plus d'un se litîssate^inperpatl^^

et fut victime de son erreur.

Les deux armées se trouvèrent en présence non

m>XSP »*<*EIL GÉNÉRAL SUR I^AtYSSÏim 23

loin de la capitale du Tigré, ok Giûmier éltil veitti

attaquer son ennemi.

J'ai visité ce champ de bataille, que jonchent en-

mfé Im ôss«m^iife Waadbfe êm hiMmm #t des cire-

taux, eî un dès âèleûi^s^e cètté1:ûtté me doima sur

le terrain quelques renseignements que je ne crois

pas inutile de reproduire ici.

A Touest d'Adoua, sur la route d'Axoum, au sud

de la plaine qu'arrose FAssam, se trouve un mame-

lon adossé à h montagne. ^ïrr les ito^es de <5e^

raameloiï fue Kassa étagea sa fBtife afùiéè^ lorle

enwon de douze mille hommes, tandis que les

soixante mille soldats de Gobasier couvraient la

plaine, qui ressemblait à une forêt de javelines. La

fusillade crépita de toutes parts ; mais les soldats de

Kassa,disposés par rangs superposés, pouvaîôîït

tous irer à M fois, ismilà qaû les prtttiîers rangs

seulement de l'armée de Gobasier faisaient usage

de leurs fusils. Kassa donna l'exemple de la bra-

voure, ce C'est de là, me disait le narrateur abyssi-

nien en frappant le sol du talon de sa javeline, que

le roi, un genou en terre ina|assilîÎB #t mâpdsant

le danger, i^ustaîi ses ennemis^ et dhaeune êe ses

balles portait la mort. » Gobasier, voyant ses troupes

décimées par la fusillade, veut tenter l'assaut du

mamelon ; il s'élance , mais son cheval s'abat

,

frappé d'une balle ; tous deux roulent dans la pous-

mèm. h&È Tïgtèeas fcrtiéeral à Um imt sur Fen-

34 ABfSSlIIl.

^neimli fef^ le Mm é^êmm^^ Mt prisonnîar, la no-

toire reste au petit mtobre.

Le trésor et les papiers de Gobasier furent saisis

avec lui , et Kassa eut la preuve de bien des tra-

jliisoiîs ét bien les tîoittpàts. ÎMiifui asta*

cieux, il ne donna point un libre cours à ^ |uste

colère, et, renletmant ses haines dans le plus

profond de son cœur, il ne punit que quelques

hommes, dont la culpabilité était notoire, atten-

dant que son pouvoir fût solidement assis pour

laisser écMer sa vengeance. Instruit totilefois par

f«xeiro|îJe de ses devanciers , il ne pardonna pas

au vaincu.

Les usages du pays voulaient qu'on fît sauter les

yeux à Gobasier en lui bourrant les oreilles avec de

la poudre; gèaêraflepiettt, le crâne satitââû «iêi&é

©emp» Elfôsacomnïtgtk feî!i% et^ sim-

plement les yeux crevés avec une lame de couteau

rougie au feu; il fut ensuite chargé de chaînes

d'argent et transporté sur TAmba Salania,où,

depuis mon retour en France, j'ai appris qu'il était

Seul Hîaltre du |i^s,^Spssâm il sacrer empereur

à Axoum , sous le mm ÛB^hkwmks^ eJ, marchant

sur TAmarah, qui se soumit âu taînqueur, il installa

son camp à Débratabor.

Si incomplet, si laconique qu'il soit, ce petit

canevas de Fhistoîre i^âthîople fera comprendïf%

COUP M^mm GÈ^èmu Sïîit t*Àiîfs#ïsm u|e PèS|tére> tout Vlntérét qûî s^îttteclie à ce petïpîe

dont rorîgîne remonte à la plus hante antiquité.

Le voyageur se trouve là en effet en présence d'une

civilisation véritable, mais qui, depuis bien des

siècles, est restée stationnaire. Pour revivre, par la

penfé#| mt mïitêu âH peuples qui n^GîïitMssé sur

mim glôîiê q«e 4© mmt^ iém^imêë l&m passâfe,

il n'aura qu'à observer ce qui se passe autour de

lui. Qu'il regarde ces bandes de jeunes filles allant

à la fontaine, l'amphore fièrement campée sur la

tète; ces vieillards majestueusement drapés daiïs

leur fo^ et lîs^taEnt èm É^reê'éa pp; qa^il

pénétre % Jte eès princes enteirès d# Jéiîrs

serviteurs et de leurs hommes d'armes;qu'il suive

cette troupe de soldats, se rendant au camp de leur

maître, montés sur une mule richement caparaçon-

née^ la tlte m$ r les cheveux treâsê& et #îtti& 4#

heuiTfe, m& pèlerine de fourrure sur lé$ ^pmû&s^

avec leurs longues javelines, leurs grands safetes

recourbés, leurs boucliers bosselés d'argent et leur

chemma rouge et blanche flottant au vent : tels de-

vaient être Rebecca, les sages de la Grèce et les

«trmàes i'Mmmâm. M qud pays ^out mève kmtableau! quelle lumière pour Fédaîrerî Iteâlpes

sous le soleil des tropiques ! _Toutes les nuances de la peau se retrouvent en

Abyssinie, depuis le jaune doré jusqu'au noir

d'ébène ; seul, le teint européen n'y est point

2

^t»¥tsi»im

représmjtl^ Cfette dîwsîfé m^âmtH K^sl pas

fi} vu de grands seigneurs au teint très-foncé et

de simples paysans à la peau très-claire. La teinte

dominante est le marron.

se *appK)eIïiûl dû t||>ie mtùpëmr âmt ils èpâmâfréquemment la %mnlé^ surtout chez les femmes.

Ils n'offrent que rarement, et par suite de croise-

ments, une faible tendance au prognathisme. Le nez

est allongé avec les narines peu dilatées ; les lèvres,

hien qu*nn peu griîsse^^ n^cwt point ce déf^liE^ppe-

i««ait^tteri ^tti m retrouve àMxm la mm latèpe;

les dents sont d'une blancheur irréprochable; le

regard est vif et perçant ; les cheveux sont noirs et

un peu crépus, la barbe rare ; le torse offre souvent

nm grande p^*toî«>iï de lorin^ ê%Mm dîes jeunes

tomes r^pîïeftl dô hmnx ï>riaizes iôr©nte ; 1^membres sont secs et bien musclés ; le pied, légère-

ment plat, n'est point déformé par la chaussure;

les attaches sont d'une délicatesse tout aristocra-

tique, et plus d'une de nos élégantes d'Europe

sentit diè h ïoiéï àêksAèsm d^îgte êm et

psMés d*!mfe sertattte^sâmmm.Comme les mœurs et les usages, le costume r||î-

pelle l'antiquité : c'est d'abord, pour les hommes,

un pantalon large ou collant, mais qui descend rare-

ment au-dessous du genou. Les riches y ajoutent

mer t^$mmâ ttks4mïg et très^ampk, mm de

longues manches serrées au poignet. Suivant le

degré de fortune ou de position sociale, cette che-

mise est tout unie ou ornée de broderies en soie

de différentes couleurs et de dimensions variables,

est ttïi¥êtoieiit eaméîétîstî^iie de rÉthiopîe, vête-

ment commun aux hommes et aux femmes et dont

il faut rechercher le modèle sur les bas-reliefs et les

statues antiques. Vaste morceau d'étoffe rectangu-

laire, c'es^tlâtoge des Romains, qui, comme elle,

se prête i laile Ir^f^îis gi^îieiis^ 011 sèifêres,

Tmi oaî fojir It pauvre, i pj^ewi h mm ietmB /

orné d'une large bande rouge, il s'appelle houêri

dans le Tigré et chemma dans TAmarah; et porté

par les princes, il devient le marguêf^ si le liteau

rouge est remplacé par une bituide de soie brochée

de différentes <j0ïr|e«i?s. C*e^ toï||c«its le ^iifâe

TêtemenI, m&h ijutlle iitersîtè àmn la iiirtmére de

le porter ! L'Abyssinien se voîlë de sa 1og0 Oïî la

laisse flotter majestueusement, s'en drape avec grâce

ou la roule prestement. Parure provocante et voile

modeste, elle sied à la femme, qui sait tour à tour

faire valoir ses charmes ou eacber sa beanté aux

regards indiscrets. C'est la tente du voyageur^ le

plastron du soldat, la robe du prêtre et le man-

teau des rois. Cette toge^ comme tous les vête-

gS ABYSSIMIE.

înents abyssiniens, est toujours en coton filé et tissé

ptr les feiûttès m€ de petits tttètïffSî ^ fittesisè

est trés-mrîaWe, mais Fétoffe, léfèreioent plu-

cheuse, est toujours d'une grande souplesse. Les

hommes ajoutent à ce costume une vaste ceinture,

dont la longueur n'est subordonnée qu'au goût indi-

vî&él ét qm $MéM mmmé des proporlîûns teoBl*

dables^

Les femmes de toute condition et les hommes des

classes élevées ont grand soin de leur chevelure.

Les coiffures sont les mêmes pour les deux sexes.

Le balagtier ou paysan porte les cheveux courts et

çrépusî midis Ip jpTâIre et h ^mrûer^ deux

iKïbfessts êB FÉlbîï^fe^ vmmi Jmm miïÉvtms 4ê

différentes manières : ce $ônî des tresses partant

du front et des tempes pour se réunir à la nuque,

où leurs extrémités, nouées ensemble, tombent sur

îe éWj «a 1ÎÛ petit paquet de torsades ; il y a cinq

m m ïrefses^ grosses e| m htme de côtes

tle <Mtel©n> <ïftleitr nombre est ç(Hïsîdérable, et elles

sont plates et petites. Cette partie de la toilette

exige beaucoup de temps; aussi ne refait-on cet

édifice qu'à de longs intervalles. Pour rendre la

iîto^ûre fim «ouple peffl^être, présert^ des

tà^ôm im sgMI m iiiténaer k dôîikiM^ qui dcwt

résulter de la tension des eheveux tressés^ M est

d'usage de placer fréquemment sur la tête un mor-

ceau de beurre, qui, sous la double influence de la

COUP D'OEIL GÉNÉRAL SUR L'ABYSSINIE. 29

chaleur de lapeau et du soleil, fond et tombe en ruis-

«etiit graîsfôtti mf la i||i3r«^ H cm «t lies êpawlts,

4 dîstâiiee ^ «etie onèiiôB âoiiae; te îastre à là

peau, mais, de près, elle n'a rien de bien sédui-

sant. Les enfants, jusqu'à l'âge de puberté, portent

une tonsure, indice de virginité ; les cheveux sont

alors dîtîsiés suivant Vaxe ân visage, et les tresses,

an Heu d'aller d*a»ant en arrîèi'e, suivent , ^de

chaque côté , le coîïtoiir dé la léïe. Quelquefois,

dans les pays frontières, notamment chez les Cho~

hoSj la coiffure est toute différente : les cheveux

sur le sommet de la tête semblent crêpés, et, tout

autour, de longues et nombreuses loi^ades t^mb^nt

|iifqiiiç sur lés épaules. Un bijou commun aux deux

sexes, et qui tient eoîeore à la coîflure, est une

longue épingle, piquée au-dessus de la nuque ; elle

est en bois, en corne, en argent ou en vermeil, et,

dans ces deux derniers cas, souvent surmontée d'une

petilé tîOttlé en filigrane. Lés ^&e§im U potténl

piquée en avant, daui l^édl^^e crêpé du sommet de

la tête.

Cette dernière peuplade, dont nous côtoierons le

pays à la fin du voyage, me semble s'éloigner d'ail-

leurs un peu des vrais Éthiopiens ; sa coiffure res-

semMé taueoup à celle les Somalîâ, êt ce it^'est

pé*it-#re |^as% leur seul p«inl de contact avec ces

farouches haî^iiants de l'Afrique orientale.

Les femmes portent de gracieux bijoux, toujo irs

2.

m ABYSSINIE.

en argent, fabriqués dans le pays : ce sont un bou-

ton en filigrane, qui se pique dans le lobe de

roreîUûî ttût teôanîê*© igrafêe fm m mrim l«

so{#| ït)ûStféî|»^fe, des braeelets en totsi^e^ # aux

chevîtles, des anneaux plats en filigrane auxquels

sont attachées une infinité de pendeloques de même

métal. Hommes, femmes et enfants portent au cou,

comme emblème de la religion chîétî^nine, un cor-

âo^tifiJ auquel ilt ajûutenl i^^i^iuatu-

îetfm^ te lemmes m fmtmâ Mmm â^'m collier en

verroterie ou en argent, et, quand elles sont riches,

leurs doigts sont garnis de bagues en argent, dont

elles ont souvent plusieurs à chaque phalange.

Enfin I les Abyssîôicms àe$ âêax nèxm font Umpie&iiuSî m i^eslfaé dàïis rares eîrçonstanees

que quelques prîîHîesi prêtre^ m grandjss dnfjaes

useront de chaussures, alors en cuir rouge; mais

c'est plutôt un luxe embarrassant qu'utile, qui

gâte généralement la désinvolture naturelle de leur

ïl f mmâ% mmaté hmmmtif èé tmtkmu. iéiaiîs à

donner sur les costumes, les armes, les oi^iîiéWï0iits,

les insignes usités en Abyssinie; mais, au cours du

voyage, j'aurai souvent l'occasion de revenir sur ce

sujet, en décrivant les personnages marquants qui

ife*m»tr«Hrt $mmm passage.

CHAPITRE II

LES HAUTS PLATEAUX DE l'hAMACEN,

Départ de Massaouah. — M'KouUou. — Campement à Saâfi.—Un aquarium improvisé, — Sambargoumba. — Un réveil

désagréable. — Le lion nous emporte un domestique. —

Quelques mots à propos des Bots» Quipdaf — Différence

dès sdsotît entre le littorraï Ét la motitâgne* — Asmara. —Les maisons dans le Tigré oriental. — Gomment nous voya-

gions. — La rivière Mareub. — Le Balambaras Desta. —Béitp^lôli au camp du Raz Bariaou. — Portrait du prince

,

tft itfâîlôiî* — Le marché de Kodo-Félassi» — La plaine de

G^fiiséèfc — Mm- f^fà méi&étà. — fcfôàliièri*! àm mm éuHareuk — L'orjreteropps el fliféne.

Il faflsit S0B§^ aux préparatifs ia ïiptîi. Mmmmm éfaîtiit feeatièoiïp iï^ grandes r jîl im en

Èôiifeetioiiiiar de plus petîfes. Des domestiques

étaient indispensables, et avant tout il me fallait un

drogman ou interprète, denrée fort rare à Mas-

saouah. J'en trouvai un qui avait la prétention de

pârliï^ Iranfafe* Il mt émmMâ0, mt conséquence un

pfîx lirés^élevé; il est tniî^ par conipensation, que

aoufn'avt)ns jamais pu nousbien comprendreen fran--

çais et que j'ai dû, de gré ou de force, apprendre

quelques mots d'arabe, ce que je ne regrette pas.

32 ABYSSINIE.

C'était un grand diable, franchement mauvais sujet,

mth âé&fmM&rd^ qj^om m» fai^donae ce moi î îÎ

peîûltrés^-bien un hiaBfiimé qui sait tôujoats m tirer

d'alfeit^» Iline volait un peu, je le savais, mais où

trouver mieux? Je lui adjoignis Ismaïl, jeune gar-

çon d'une quinzaine d'années, bon enfant, mais

naïf, et qui ne tarda pas i ilcfenîr I&fmiit da miré

de toutes les plûîsanl^Brïes, Bnsgdri SM^fi encore

emmené avec lui son fils , eîsSmi i*um Mmlne

d'années à peine, avec d'immenses yeux noirs, de

grandes dents blanches, un vrai petit sauvage, fa-

rouche et méchant; toujours en tête de la cara-

vane, il éiSt parti le prémier et, après huit mois de

iro|i[p>îi e#me«a le premt^i?.

Enfin tout est prêt; no^ïs èèfennons une dernière

fois au consulat en compagnie des rares Européens

qui habitent Massaouah, el, les chameaux nous

ayâMt dèv«n«i|s, nous pj^rfons le 13 aott veris une

heure»

Après atoîr franchi les deux jetées^ qoî relîônt

Massaouah à la terre ferme, nous nous trouvâmes

au milieu d'une plaine sablonne-use, hérissée de

quelques plantes rabougries, et au bout d'une

heure nous étions rendn$ TÎHage de M'Koullou.

Là, sauf une mosquée et la prise d*eâu construite

parle gouvernement égyptien, plus de maisons en

pierre; toujours des huttes en branchage. M'Koul-

lou cependant a cet avantage sur la capitale du pays,

LES HAKft FtâTlâCX DE LVHâMâe^iî- 83

ièjn^lmp^lftt ïessçi^p^^ la mer; ïWfâsî fes méîlês

étroites el empestées ont disparu ; les cabanes sont

disséminées çà et là et tout autour Tair peut circu-

ler. Mais quel air, grand Dieu! au mois d'août, et

^par 50** de chaîéiipl

^ C'est à M'Ioalka qtïg îm ^m^êmm résîdànl à

J&ssaou«li ont leurs mUirs #lté, «t finsiettrt itoV

valent parlé de jardins, tant anglais que potagers,

sur lesquels ils fondaient les plus splendides espé-

rances. Je dois à la vérité de dire, et sans vouloir

â^j^tam Im ÛMem tlljisîoi^ èoni m bercent «les

eûiflp[tfîolèS| qvtUf sauf çufél^nés tafliarix rabougris

et même privés de leurs feuilles en aiguîlle^v ôii

quelques piments chétifs, dont les fruits sont encore

plus brûlants que les rayons du soleil, je n'ai rien

vu que du sable et des dépôts coquilliers de for-

mation témtàtà^ Ém$ mMi^p fUlusIott mt nrn mbelle étoè qu^iéês fauWes malheureux, qm lé

dévouement où Tappât de la fortune enchaîne à

Massaouah, croyaient, en changeant de fournaise,

que le brasier était devenu moins ardent, et, à les

entendre, M'Koullou serait un petit Eden.

Itas âesefûdîiw îa niftlsoaJôs lufssïoïiiîâîf^i^

alors îiiliiaJ3itée> ét^f^^ moiïs4tei4BÎîIe qn& p&ùt

avoir de l'ombre , car nous eûmes grand soin, la

nuit, d'aller coucher dehors.

Il y avait encore bien des oublis à réparer, puis

nous voulions clore nos lettres et annoncier k ams

34 ABYSSINIE.

parents et amis que nous étions enfin partis. Quand

poïïitîiîBSHri^ le èiwlTîii^^ Itaît

immi mmt et mé pu le dire. Dè îi*Kfiîîttoïi

flous pouvions encore ap^êrcef la mer et la fu-

mée des paquebots, qui nous apportaient comme

un air du pays; mais, malgré les tristes réflexions

qu'eût pu nous suggérer cette brusque séparaiïîcm

êû mcrtede^fïKsé» nous étîoM gais et alertes.

compagnon de voyage, qui languissait depuis

longs mois à Massaouah, voyait devant lui les mon-

tagnes, c'est-à-dire un peu de fraîcheur et le réta-

blissement de sa santé; moi, je ne pensais qu'aux

merveilles que j'allais contempler, et cette sôîî if

TiûCOïMMt atâit, Mîïs âtlèfttîer Im dÊ^mm et

mm§mhç que je laissais bien loin, reÉtt]^|aç| pôur

un moment tout autre sentiment dans mon cœur.

Après M'KouUou, le terrain, toujours aussi

aride, devient plus mouvementé; la végétation, plus

abondante peul-êÉf©^ «st tet mmi trfste nim ^compose qie éê qtiialqtUBs^ jg*asse& èt d© ittfe^

mosas, dont les longues épines blanches se déta-

chent en clair sur le sol déjà éblouissant,

Nous rencontrâmes des chameliers, et nous bûmes

avec délice quelques gorgées de lait aigre qu'ils por-*

fût àutreiaeitt i^ttipte ^ue par des lâiacik m àmgazelles fusant à notre approche. Nous avions at-

tendu, pour quitterM'KouUou, que le plus fort de la

^Sklm^fMpiMèimBÛ la aiiil sti^tînMlIô îjî^iitôt

obscnre^tia»i&Ittne- Adix heures, nous ttotùs^anrêtâr*

mes dans une sorte de cul-de-sac où nous sentions

avec plaisir un peu de fraîcheur. Nous allumâmes

une lanterne, et je fus aussitôt envahi par une nuée

#îMe<ït0s^ Jftiâîssô I Jîeîi$ir>sî je songeais à dQïiûïr

rnmâ d^m am^ Mt me mstplê mmmon. 3^êimB$

enfin quelques couvertures sur le sol, et je ne tardât

pas à faire comme tout le monde. Nous devions re-

partir avant le jour afin d'atteindre en une étape le

pied de la montagne, à Sambargoiimba, et je me dé-

S0lal&4 ïa f©asie de fwltler saiïs^le tôlrm ^«ôlti|u| M pârâîssâll sî wehe mitts^êf* Uà mmàmà^qui eut pu devenir désastreux, éôiaMtOTS tmm t

lorsque le matin, vers trois heures, nous nous ap-

prêtâmes à partir, deux mules avaient disparu.

Grande fut notre colère et surtout celle de mon com-

pagnon. Le pays esl: înfbïé déiaiJfés^eltiMïé ^taS*

à mrnm qu'ils avaient fait un festin de nos mon-

tures.

En tout cas, c'était un jour de retard, et le cam-

pement de Saàti n'est pas précisément un séjour de

délices; de plus, nous n'avions pas de vivres, et Feau

éliatdjtegt^«, i^trec le jour, le pays m^apparut en

Bifet aussi peu sédtttoil qtfÛ ai réalitèî eafeft

deux petites collines arides, une sorte de lagune à

moitié desséchée, sauf quelques flaques d'eau crou-*

pissante, et pas un coin où se mettre à l'ombre. Nos

36 ABYSSINIË.

domestiques se laneèretti li la foiïFâiïîte àeê ïmûês,

et moi je Me lûîs en chasseï car notre déjeutier cou-

rait la campagne.

Sans la feim et le soleil, je ne serais rentré que le

soir.

De Fautre côté de la colline je trouvai un véritable

fljftWisiUCîtMu^ Ombragé de quelques taatài^3Ê#t fii^^^

mi^as* toMlite&^gateM^ i^éM pln^

tades, pttïittïaient ;je ne savais plus où donner delà

tête. Je revins chargé de gibier. Nous fîmes grasse

chair, mais nous étions dans une fournaise. Enfin,

notï§ atlsiïneçiiïiè #ïîNietesîf# im% U m^er, et,

ieaâaat ÈMrèmmânm mmmeixmsm^îm ê'émm^

mm ftoût f j^éêî^imes tout haletants^ tîû de nos

domestiques eut pour fonctions de nous arroser

toute la journée, comme un jardinier vigilant arrose

ses laitues. Je m^échappais bien de temps à autre,

pottr r^ëîllir quelques lijie^tes W h hofà êmês^àm i^eâ^i iïsîi le kùMï ttia nm&nmiMmwâe4ans ce que je pourrais appeler notre aquarium.

Vers quatre heures du soir, hommes et mules re-

vinrent, Tun suivant Tautre ; notre supplice allait

finir. Nous ne pouvions plus, il est vrai, arriver le

lérafeleâ^i.

La nuit sucddiiit rftpîiçiMîeiit mi i^udteer du so-

leil, nous dûmes camper sur un mamelon entouré

de forêts. Nous n'avions d'autre eau que celle de

LES HAlîfS t,teATlâtJX 0B L'HAMAGEX. 3T

îlos outres ; aussi, malgré u»e «©îf iïéTOraml:€, cîiâeun

fat rationné. A peine élenduMÛt^lesol, nousfùmes en-

vahis par une bande d'animaux moitié araignées moi-

tié scorpions, que les entomologistes nomment ga-

léodes ; ces horribles bêtes, grosses comme le pouce,

jâuBfi^^t irejtmes, nm% pasiaîent et repassaient wmlesinaiïî et la figure. Mou$ ètiotrs ie plus lUîirale^

ment cernés par les léopards. Les chamea,us él ïes

mules brisaient constamment leurs entraves ; nos

chienshurlaient,etnous passâmesla nuit àmaintenir

nos bêtes el à tirer des coups de fusil, pour éloigner

les fauves. €e fat uné mauvaise mit Le matitt, il

nous fallut partir sans avoir dormi, bu, ni mangé.

Âu pied du mamelon s^étendaît la plaine d'Ailet,

puisla montagne. Cette plaine aride ressemble à celle

qui précède Saàti, et l'étape eût été bien monotone

sans \m bandes de pintades et dé kan^i^liiif» Msoutarde|,|^,ossfs mmmà è& petites «Btolîél^i elles

gr^aîmites gazelles qui, de toutes partf^ fuyaient

devant nous.

Enfin le terrain commence à s'élever, la végéta-

tion devient plus abondante , nous quittons le

Samarh, région bradante ^ désertai pour entrer

dans les premières vallées dés mcMatagiies d*â%s»'

sinie, où, sous la double influence deTeau et dé la

chaleur, la végétation des tropiques atteint tout son

développement.

Nous nous installâmes au fond d'un ravin, sous

3

38 ABÏSSIMJE.

lin grand temariiïî^r, tot î*ép«is feMUâge mmo^î^îl w« ômT)3re feieniimnte. C'e^t Ikqm devaient

nous afcand^nerîe» Rameaux incapables de gravir

la montagne qui se dressait devant nous.

Sambargoumba est le centre d'une exploitation de

bois, que le gouvecûettiént égyptie» a ec>nfié© à liii

ytançaîSj mI^ofsa1>s^^ Le site

était raviâjsattt ; au milieu d'une immense lurêt, mruisseau murmurait en glissant de rochers enrochers

;

des oiseaux au plumage varié, des papillons de mille

couleurs, des singes, de petites mangoustes égayaient

cii#e ;golîtttde.. M0US »^ pour alimente* mire

jprdfe-iBanger, d*aut*e Tjesâoorce çue 1* eltasse.

$àinbargoumba jouit en outre de la triste re-

nommée d'être le rendez-vous favori des lions du

voisinage. Je n'accueillais, je dois le dire, qu'avec

une réserve entachée de scepticisme tous les récits

d:%vënttt*cs fim m molm fantastiqnés çii les Itos

jouaient invêrîabléaiéitt mt r^le terrlWe» Je tt'avaîs

encore vu le roi des animaux que derrière les gril-

lages d'une ménagerie, et je ne pouvais me défendre

d'une certaine curiosité anxieuse, en errant dans

celte forêt qu'on disait peuplée de lions.

Mon compagnon de vô|àge, qui savait, et fùnt

cause, que les lions de Sâtofcargoumba ne souit poîïit

des êtres imaginaires, avait hâte de fuir; mais

comment faire? nous n'avions que sept mules et

nous étions trois, y compris un Italien, M. Piajjia,

LES HAUTS PLATEAUX DE L HAMACEX. 39

qui nous accompagnait pour recueillir des collec-

tions oPOtlli^ogiqnes, lÉâî# âM^uel je n'ai jamais

fti eipfaHI^ iiB seul nEm^am* âptès avoir loBigue-

ment âMkété, il fut àèéûè que nous chargerions

les bagages sur les sept mules, et qu'en ém^voyages nous pouvions les transporter sur un pre-

mier plateau où nous espérions louer à quelques

pâtres abyssiniens te bœufs pour nûm ûmimmJîtsqifâ âsniara ; dans ce premier vîîï^e SOîioqiîs an

BJégouss, nous trouverions bêtes de somnie ôl fUt^^

teurs. Le vice-consul devait monter avec le premier

convoi, pendant que M. Piajjia et moi resterions à

garderie reste des bagages, en attendant que nous

pussions^ à wû^é tcrar^ ^jmit l^ mmk^e^ Il éMtIroîs lïBnres^ entîfon de î^tès^inldîf qnaffld le vfee*

consul partit avec le premier convoi. Le chemin ou

plutôt le sentier montait en lacet au flanc de la

montagne, et nous pouvions voir d'en bas serpenter

la caravane. M, de Sarzec avait un chien favori,

âsphar {jaune m arsbi) j nn îàmm «plfaSide,

mûl& mmïï^ tnicicie. âs|)tîiâr ne if»tflaît pas

suivre son maître, et, à pleine; % tîtfeîques centaines

de mètres, celui-ci renvoya un de ses domestiques,

un pauvre nègre délivré de l'esclavage, un eunuque

surnommé Némo^ pour prendre Asphar en laisse.

Mm femm&m ià mmm^ mi^mmamà iêcîder le

inalhenrenx lévrier à se lalsseï jj^en^ wms |

parvînmes ce|>endanty et Kfèmo, qnî ne se irouvaît

40 ABYSSINIE.

pas à plus de dix minutes en arrière de la cara-

vane, eût pu la rejoindre facilement; malheureu-

sem«M il était à'me wâdmmf, â'vm

^«e pôutâîl mnh ewplk^mt M lâtitîMtîoit dètït il

a*aît été victime dans son enfance. Assis sur un

tronc d'arbre, il se prétendait malade, il avait

comme un pressentiment de la mort, et je dus le

menacer d'une correction s'il ne se hâtait de

rejoindresoïïiKîiîIré. il|[ttrfilt îi'yiteBsapîaSf

J'allai dâtts ies esnrifotièâ la rmém^^ iBmmdîner, qui perchait au haut des arbres soasforîne

de pigeons. J'attrapai de ci de là quelques insectes,

et, après avoir festoyé d'un peu de riz et de ma

chasse, je fis allumer les feux, étendré; â têjrjpe im

petit ïÈiâl^aSj puis ©enebiî, m pïeÉaftt pas

ttïâa^è la. précaution de faire dresser ma tente, tant

il faisait chaud. Je m'endormis ainsi à la belle

étoile, sans plus penser aux lions et à l'Afrique que

si j'avais été au centre de Paris.

âiï èèttl ie quelques lieuréâ: tfûe s^salîôii ée

$tmé îûê ïlireilla î oiî otage èp^umiikl^è^ mMéclaté, et, un peu plus, j'allais flotter comme Moïse

sur les eaux du Nil. Mais, hélas ! Pharaon ne m'eût

point envoyé sa fille pour me recueillir. J'étais trempé

jusqu'aux os, et je n'eus d'autre ressource que de

quitter me& ^êtenaiîtls traiïiieKÉTO en éponges^ liât

plïiîe mmi éteint les feûjt î 11 laî«îy[t si iioîry çue je

ne voyais pas à mes pieds* Après hien des heturts et

LES nmm wmmmx m nuAMAma^ mtâtonnements, je trouvai un manteau en four-

rure, dont je m'enveloppai, et, m'accroupissant à

la manière nègre, les pieds dans l'eau, mais le corps

àTabri, je me résignai à attendre. La pluie cessa

féts ictoiît; îe fis raflttiîM* lés fêm t w^® 4e

ejâfê f^mM&r^^ m^Wfelo dans nm femde bœuf, je tâchai de me reposer un pfiu. L'orage

ne tarda pas à recommencer avec une nouvelle vio-

lence, mais je m'étais blotti dans le creux d'un

arbre, d'où je pouvais braver la tempête. Tout à

emp un chien tout trembteïf^ êi pcii^anl uit Itur*

lèWéïrt farlîcûïfîii!» stot m tèîngfet prés l# mM,C'était Asphar ! J'eus le pressentiment d'un mal-

heur... Les feux s'étaient éteints de nouveau, j'en-

tendis les broussailles craquer à quelques pas de

mm ; il n'y avait plus k m douter, le lioïi était là,

tout près. Je n'aurais pas ene^ pas l^aMltfèe 4ê

mtii^m mmmu.m^Mae ; îl laisaîl uuîl n^m^^It trouver ? et quand même^ lâs ep^#t<ïîfôll^^ teaîeiît

nager quelque part? Il ne me restait que mon re-

volver, arme bien peu sérieuse pour un si terrible

enM^Î* J^eii âls quitte pour la peur; le Jbruîj; le

k^dfejgs çassêes m se retiouv^a fâs, le Itott s^étoft

éloignée J'îgîïoms tfoi^ qa^il avait bien dîûé le

soir... Cependant je ne pouvaîsm'expliquerle retour

d'Asphar, que j'avais renvoyé, tenu en laisse par

Némo. Mes hommes aussi avaient entendu le lion,

et ÏItos#ïi icrltenlâît mÉmn Fwîr tu* Je l^^oyaî

42 ^WïMItlE.

éèê^ le fim^ àn |ottr i#iercîïer lea lEiïïes, afin de

quitterm plot tîtém laïal iwift-^

Némo ni Asphar n avaient paru au camp de

M. deSarzec, et il ne laissait pas que d'être fort in-

quiet; aussi, sa première parole en voyant Hassein

lof ie jy lëmaBàer sî lïêiîi^ atiît ^iwÉè t mûn

émû!pmmû. « Mon^ répondît mm ^Qtm^^mt(cNémo vous a mam hier soir emmenprt âsp^trî

a le chien est revenu cette nuit à notre campement,

ce Le lion a dû emporter Némo hier soir, car il

(c n'avait pas faim cette nuit : il est vettu HOiiS ïêtt^

(^ êm ^sîté^ el tt*a mêmA f&têma^* Mmk mtôïe &

km^jmèBh lîoa, el fsâ m^ déwx yeux ^ eoiaiiie

et deux chandelles, dans la broussaille.

Hassein redescendit la montagne avec les mules

et les domestiques du vice-consul pour aider à lés

charger; maïs eette te itt^çta le smMex wm^ôln ^ prtmr déeôuvrîr les imsm de Uémo.

A Fun des endroîls le$ plus sauvages et les plus

épais de la forêt, une racine d'arbre formait, en

travers du sentier, une sorte de fauteuil naturel.

Hassein y remarqua des traces humaines, résultat

d^îjae fepr i«fMc^ Ibiiiîlit ie^ hfiJïtittîHe$ et

iMùimMi k qnBÏqmÈ mlteet de là^ les vêlements de

Mémo accrochés aux bdtMieiâges et intacts* Ces

tements, il faut le dire, consistaient en un pagne

de cotonnade et un gilet sans manches. Accablé par

la chaleur et pour marcher plus librement, Némo

LES HAUTS PLATEâCX DE L'HâMACEïff, 43

les avait sans nul doute quittés. I^sseîn mééâ mepiste qu'indiquaient les herbes foulées et les bran-

chages cassés; il arriva ainsi, au bout d'un quart

d'heure, au fond d'un ravin et au centre d^un fourré

lîiexfcîeaWev Le pauvre Mêmù Mmt là gisant, à

giguïjQjE^ la lctce'coîiîif& imwe lel à moitié dévoré : le

lîoiï SiêM mfVL mn mi^eem de pi^ilcKïtïcrtt^,

les intestins et les poumons, et il avait CQuiiaencê à

dévorer la chair du haut des cuisses.

De retour à mon campement, Hassein me raconta

m triste épisode, et je songeai |ra$sî|Ôl à itîré

terrer les restes du paiivr#gâreoa î la jréfitxioi)

cette détermination inspira à Hassaîa pèttt dbîîiier

une idée de la philosophie terriblement pratique de

ces pauvres gens : a Enterrer Mémo, me dit-il, ne

ce le ferait point revivre , et tant que le lion aura à

«c manger, ilmM laissé»^ traflfiiilles* »

Sarzec et moi, tout tristes pour quelque temps. Nous

commencions notre voyage sous de bien tristes

auspices; dès le troisième jour la mort éclaircissait

mm rangs; et quelli tiKW^l Saps éo^t harassé

àe lâl%ae et âê chàtour ^ Mèim- s'était assis et en-

dormi dans ce fauteuil formé par une racine,, et

c'est là que le lion a du le saisir pendant son

sommeil.

On se demandera peut-être pourquoi, dans un

44 ABYSSINIE,

pays OÙ les léopards sotît #nm>re jpîus nombreux

qm les îîons^ wôtjs altriBuons k ce ^wkr attîmal

la mort du pauvre Némo. En voici la rtfe&ii.

léopard, malgré sa force musculaire, dévore pres-

que toujours sa proie sur place, tandis que les indi-

gènes assurent que le lion remporte toujours dans

son repaire» Il Cônmïmiiîô ^ di« ptrôhato sa

vmiîm^ d^a mu^ âe pâti© sur lit tèle; h saîsîssaîit

ensuite parla éïlî%% îllli charge sur son dos, où il la

maintient avec sa queue. Il est de fait que toutes

les personnes, assez nombreuses malheureusement,

que j'ai reacôîirêét m Aliyssinie et qui, après

mmf lié alfe^wêeÉ le Itm^ i»«ïMI en fêîm^

naftie Iwtof M échapper ét smrvlirre | Itur

blessure, avaient reçu ce fameux coup de patte, qui

leur avait enlevé une partie du visage et les chairs

de Tépaule.

M. $»mm TO^a S%i<ïirtè que quelque leiBps

avant nôtre tofâ^ffe ^ étantmm pm^ émm^ m tîl-

lage d'Ailet, tout près de Sambargoumba, il enten-

dit, le soir, dans le village des cris et un tumulte

inaccoutumés. Les habitants, armés de tisons, pour-

suivaient en criant un lion qui venait d'enlever une

îeiaaifït'î il se joignit à eux, tira quelques coups de

hmï f et le lion épotrvâîiié lâdbâm tiMîmt^ 1m pau-

vre malheureuse était, me dit-il, dans un état

effroyable, la tête mutilée, et la cuisse par

laquelle le lion Tavait saisie, littéralement broyée.

LES HAUTS PLATÊâïJS DE L HAMACËÎtf* «S

M. Baptiste, ce Français auquel le gouvernement

égyptien a, comme je Tai dit, confié Texploitation

imBôîs èe>Sa^i^^ eut souteal aussi, pen*

àmi Mm imgÉ^f^mâmm m& ftmg^s^ mmB^ k par-

tir avec les lions. Un soir, m'a4-îl dit («f le fait a

eu beaucoup de témoins), je revenais de marquer

des arbres dans la forêt; il faisait déjà presque

scmbre, quand je vis dans la broussaille passer

tivement J^épaulai ïïiott fasll et ût&k âwlaçit memporte le vmk t #étâîî im coup chargé àfloi^îï.

Je hâtai le pas cependant, car je n'étais pas tran-

quille, et je gagnai un petit ravin sablonneux qui

conduisait droit à mon campement. A cinquante

pas eiïtîïoïi mmà i^fmmm^ |é vîsmmmk k m^rencotttr» iom mm hêmmm àtmé& de lancés , êè

tisons, et criant à pleins poumons : Emhessa! em-

bessa! le lion! le lion! Naturellement je me pré-

cipitai vers eux. Il était temps! Deux lions me fai-

saient la conduite, un de chaque côté, àvingt pas en

arrière. A îa tm feoiame^ awœtl^^ lés lions

s^HaMlrenl ians^ h forêt I^VBaplîste^ eut la curio-

sité, le lendemain, de suivre la piste des lions, et il

constata que les deux fauves avaient marché der-

rière lui sur un parcours de plus de cent mètres, se

rapprochant sans doute, sans faire de bruit, pour le

saîsfr à tîittprotMe. Ceci prouve ^ cottWïî^ le d%ftt

d'ailleura les indigènes j ^iie le lion ne chereîïe|as

46 ABTSSINIE.

à attâgwer tm mmmm mvmtmtimi et en face^

Les âï)ytsîniens prétendent encore que si Ton

rencontre un lion et que Ton cherche à le fuir en

iémoignant de la crainte, on sera infailliblement dé-

voré, tandis que siTm f«ifefâvîm et ÎMpssîMfe stns

râttâïiiïBr, il est |>robaMa qu'il pâ^rtt êm émmmsans rien dire. Mais si on l'attaque, disent encore les

indigènes, il devient terrible, et cela est tellement

vrai, paraît-il,que, dans leurs chasses au lion, les

Abyssiniens, qui se réunissent en assez gnpid nôûi«

Aidèrent que cêïvMè « tat h lion,qui a osé

Tattaquer le premier, parce que, disent-ils, le lion

ne s'y trompera pas, et si un homme doit succomber

dans la lutte , ce sera le premier agresseur.

Om el mm. Baïii les eflJrôîfs oir îl y a Bètac^f le

its^tïâux et de gibier, et tant que le lion n'aurâpttS

goûté à la chair humaine, il attaquera de préférence

les animaux. Mais quand les lions, qui vont géné-

ralement par couples, ont établi leur domicile dans

le voisinage d'utt caairt de populatîôîî^ ût WOiùùW^

mexmé à mm^i^ié Vhmm^ M alots^ îl n^f â

pas de milieu, il faudra tuer les lions, ou le village

sera décimé. Ils ne chasseront plus que le gibier hu-

main, dont ils trouvent, paraît-il, la viande plus

succulente que toute autre. Les anthropophages

d'ailleurs sont da même avîsl

Nous avons encore un autre motif pour acewser le

lion. J'ai dit que Némo menait un chien en laisse;

un léopard n'eût pas attaqué l'homme, mais le chien,

îi est certain, ea «fîet, que le léoparâ à nn goût

pâTii^ler fotyp le éMéii, è tél pômt qu^îl est

|DlÉ4iffl0ïi©f four ïîB pas dire impossible, d'en con-

server dans certain pays de l'Abyssinie où les léo-

pards sont très-nombreux.

Guinda n'est point un village; quelques pasteurs

3|)^ss}ïiieiis descendent, pettdant Fété^ avec lewrs

beslkïix et y îftstallent leurs buttes pendant quel-

ques mois. Cest un petit plateau fertile et ver-

doyant, arrosé d'un joli ruisseau dont le lit est

ombragé de grands arbres. Nous nous y installâmes

pour plusieurs jours , car il fallait attendre une oc-

lîom iiotï$ ïalssért^ m pitix^. fîrto lt PâltîtHâê , la

templmt#ê était moins llêtèe. Les bergers d'alen-

tour nous vendaient un peu de lait; il y avait des

insectes, des papillons, des oiseaux, du gibier en

abondance, et je me serais volontiers fait ermite à

Su^lâ; ïifâîs loîït îôît Êmt^ èt iïôws ttOMs lateM en

ï^©po^râsflwtra^ âoni nom a^#îQûs plas^igtiés

que de deux étapes.

Après Madhet, autre station de bergers, la route

devint bien pénible et bien difficile : il nous fallut,

pendant plus de trois heures, escalader la montagne

par âfs seïîtrêrs jaapràticâWes, oà mn0 im nous

48 ABYSSmîm

fènsijaa^ mws rompre le Mm^ émn qa^les

étafeRtHelles ces montagnes B0iï*i^i^tes ^'immenses

forêts, où des arbres de toutes sortes entrelaçaient

leurs branches reliées encore par des lianes ! J'ad-

mirais surtout le holkoual^ sorte d'euphorbe arbo-

te^0tài^t guî, (oBt eïi yesstmblant à im Bsetpf^

%iitmî dé ^ra&éês âlitteit^otts^ Ses ijïaiiches qua^

drangulaîres, garnies sur Jdfli*^ arêtes d'épines re-

courbées, absolument dépourvues de tout feuillage,

sont disposées en forme de candélabre. C'est au

soffifiiet de cBàqUfi tige que poussent de petites

^OTiJs Jtuiïe i^iig«ftfr#^ asixquellfô^ §»çcèâ«ît%

0ttgàîsfede fruits, de petites figues, d^âbord f^^tés

et qui, en mûrissant, deviennent d'un rouge safranè.

D'une incision pratiquée au tronc, coule abon-

damment un lait parfaitement blanc, visqueux et

qui constïMei ^i^^^^^ hlm qwe li^ îttiits, un poison

trés-TÎoient. Cêà éupfeorte àrlioreseetttes , dofl^ J*a1

remarqué plusieurs espèces différentes en Abyssi-^

nie, sont très-nombreuses dans toute l'Afrique inter-

tropicale ; souvent elles couvrent des collines en-

tières, et ces forêts de branches vertes, charnues et

mm îeaillage, prodiïltènt m% }mmntB^

à mémm qmmm m^^m&^ Vmr êmemik flmpur, et il semblait que nous nous éloignions énsoleil. Arrivés au sommet, nous fûmes pris par une

pluie torrentielle, doublement désagréable, parce

qu'aile mm tfimsperça et nous empêcha de jouir

LES HADTS PLÀTIAUX DE l/HâîlâCm 4Ô

du magnifique panorama qui se déroulait à nos

pieds. Nous dûmes renoncer à dire un dernier adieu

à la mer Rouge, que Ton peut apercevoir du haut

de celte montagne, par un temps clair. Le pays

ctangeall coinçllieiMt l'èspct ^ att fkâ ià

ttWîiilg^tiie» nomMmsm mMt ifs fètè et au plus

fort dô la sécheresse, tandis qu'au sommet nous

nous trouvions subitement dans la saison des pluies,

circonstance qui, jointe à l'altitude, modifiait si pro-

fondément la température que nous avions presque

froid.

Cette M^mtim é; îtmîMeim% Im sfîsoits «utre

deux pays situés sous la même latitude ei q[ini taflî^

Méïaîent, de prime abord , devoir être soumis aux

mêm^^es lois climatériques, est un des phénomènes

les plus eurieux de cette région. Sur le littoral de

la mm tmgej mmi que iaifè tmm les ^tfs StîiH

m Mrîqm m mri iu tri»pîqiïti iM plaîts mm-eîdent avec l'hiver, c*est-à-dire de novembre à |àtts

et avril, tandis que, sur tout le plateau éthiopien,

les pluies, comme je l'ai dit déjà, sont estivales, de

juin à septembre.

Autre pJïÉioinène ^roam nm moras ©orieïïx t

pendarat Ittate la saison pluies estivales, il pleut

régulièrement chaque jour à des heures fixes. Le

matin, le ciel est toujours pur et le soleil splen-

dide, mais vers midi les nuages s'amoncellent; bien-

tôt h kmm(m gtmdB^ et mÊa^ t&m àmm heuï?es.

50 A»XSStKÏ^.

roFâge èclàte met me violence înouïe, soutrent

même il tombe de la grêle î puis mif& et six

heures, tout disparaît comme par enchantement, et

le temps redevient beau. Aussi le voyageur qui

parcourt l'Abyssinie à cette époque de rannéfe se

1^ pi,t^t ÛèB U mafîiïi pur 4Jtm arrivé au

c«m|tçme»t mmâ Vîmm 4e la pluleî eâr de tous

les désagréments qui mettent sa patience à l'é-

preuve , la pluie est bien certainement un des plus

redoutables.

La première éhose qm nms vîïttes & âsmara

fut um tante earopéenné» Mms Sâmes tout sur-

pris de trouver un gentleman anglais , le baron de

Cosson, qui revenait d'un voyage en Abyssinie. Il

avait vu le Négouss et Gondar; aussi passâmes-nous

de longues heures à le questionner. Envoyant ses

bîigages à Masaaouah» il se dèdda h rebrousser

jchjemîn, pour nous accompagiièr pendant ijùelqnes

jours.

Asmara est un village peu considérable, situé sur

une petite éminence, au milieu d'un vaste plateau

dénudé et presque complètement inondé pendant la

sâîâôn pIsQVî^ïïse. Les h^îNioat^t mmme &smtoiyt« là pstim orientale du 1P%ré, mnî sîftgnîîère-

mémt construites : ce sont plutôt des caves que des

Il aisons. Adossées en général à un petit monticule,

elles sont creusées dans le sol et recouvertes de ter-

rasses qui se trouvent alors de plain-pied avec le

sommet du monticule; cette sorte de cave é^l fêr-

mée, sur le devant, par un mur, le plus souvent

en pierres sèches, et la terrasse s'avance un peu

pour former une espèce £l© ç^tiiJit des plus pri-

mîtîte^, Uiie Mvlê ôBvertitré âmm^ i«îeès dians la

ïïisîsôn et sert h h Ms % pcwie^ ûb lea^Wte^© et de

cheminée ; aussi ces habitations sont-elles très-hu-

mides et très-sombres. L'ameublement est bien

simple : le long des murs, on a ménagé ou con-

struit de îii:i|[ea jbâîï<^ terre, (jui, reccm^rei^ d*iîïie

simple peau ât himir s^tvtBl Bis, €m wit ce-

pfjîiâil chez lès gens aisés àm lîts fim cmêst^

tables, nommés en abyssinien angareh et en arabe

alga. Ces lits, du reste, sont usités dans toute

TAfrique orientale, et je les ai retrouvés à Zanzibar

SOUS 1$ nottï Mêmtâtt. ça3j*t m lipîs,

monté mt ^m^e pîéâs ét g^tiî trèîHags en

lanières dte «uir ou en cordes. Un soïninle» «m titi

matelas sont préférables; mais, lorsque Fangareb

n'est pas trop infesté d'insectes parasites, on peut y

reposer assez confortablement. A ce meuble, crité-

rliîjïi de la ricliesse, s'ajoutent quelques poteries,

ies coièeilles d'un traftf fias ou moînt iît^ uî»

moulin à brâs^ qiiî ^aé^îte mm mmfs^àm lapécîale, et^

enfin, d'énormes jarres en terre, sorfes de silos

affectant un peu la forme d'une ruche, plus hauts

qu'un homme et dans lesquels on emmagasine la

Jfécit^; wtt Iboiiêiiér, unÉ kïlfie, ùtt saire, et par-

62 A«fSSIIIS.

fois des harnais de mule, complètent Tameuble-

ment. Au milieu de la maison, un espace rond, un

peu plus élevé, sert de foyer.

Quant $11 mmlkt («I dmpe tmkm fossèlè le

mmiif îï est*î^îi»eiît simplicité primitite : h

Tun des angîc§ oïl ïf long du mur est adossée une

petite tour en maçonnerie, haute de 60 à 70 centi-

mètres et tronquée obliquement à son sommet ; là

est enchâssée une pierre en granit, ovale, légère-

ment mmm& et &émTèB^wm rîgc3e î c'est contre

cetl© pmtà qu'à l*ilâ^^ d^ïîîi giPas caillou de granit,

de forme ovoïde, sera écrasé, à force de bras, le

teff ou le dourah qu'on veut réduire en farine, et

c'est aux femmes qu'est dévolu ce pénible labeur,^

dont elles s'acquittent généEfïejpKêiil m^Uïl mnn fallait ûitmâM à âsffiâttt qm ortres

fuissent àoûiïés par le vice-roi du Tigr|^ pour^que

nous pussions continuer notre route. A ce propos et

pour n'y plus revenir, je dois quelques explications

sur cette façon de voyager, qui fut pour nous la

gûïifee ie: tmi ds #ffiettl(é&. Bmn TAbyssin ie , terre*

lèôdilé par 0$mB^$t halaguem ou paysans

sont taillable^etcili^àpllfes àïft^^î.

Quand un personnage veut se mettre en route, il

n'a besoin de se préoccuper ni des moyens de trans-

port, ni des vivres. Les paysans transportent gratis ses

bagages jusqu'au village voîsiti^ ijtiî dmi 4 ï^^ur

fournir des porteurs pour Fétape du lendemain*

Chaque Tîïlàfe 4di m^m^B ^mnm àm *îyeï% mmMtm^ ï^tieîqû«fûlè Wïe"fâi#% miû pùmt fhf-

dromel, du beurre et |^alettes de dourah, sans

compter la bière ou bouza^ et la maison, qu'il faut

abandonner pour la donner au seigneur. Habitués

depuis des sîMés à s$i|éfkrtï > Im Akpêm^s*exémi&M d^S«z lowiié gïtet 4pmMi îï

de Itïirs^ 0c«»pâ^ 1 fôttt m hêier d*ajouter qmces seigneurs sont escortés d'une troupe de soldats,

qui, ne rêvant que plaie et bosse, se chargent avec

plaisir, en cas de refus, de percevoir de force le tri-

îj«iexi|é. Malhpttrm tîli^erèïîaîcîtraiit ! il payera

gers <|oî^ aitlgrè la pr<ï$ectwm % foî^n^wit pas

une autorité directe et sont censés ne pas connaître

les us et coutumes du pays, c'est bien une autre af-

faire ! Les soldats que le roi ou le gouverneur de la

protînee Iiiï dômie fmx êire mèmket les ordmferfoîveDCf s^swveat pour leur fw^re iMïrâpïeî ou, èe

eeïrjaî^eïïee m$C le choum^ chef du village, an-

noncent gravement qu'il n'y a dans le pays ni vi-

vres, ni porteurs. Un autre jour, gagnés par un pré-

sent du choum, les soldats détournent à dessein le

voyageur le si fmU el le conduisent dans un pau-

vre haiBéâa qui lï^cltre réeUaifteiat aucàiie itm^

source; il faut envoyer dans les filîl»ges voisins

quérir vivres et porteurs, prier, menacer, discuter

pendant des journées entières. Prévenu par un

U ABYSSINIE.

complice, le eîïoiim a fai avec les bestiaux, el les

iabîtants, en rahsence àn chef ttoge dèi%srtir

les corvées, refttstftt oî)#Bémen de vous recevoir;

il faut alors organiser une véritable chasse au

choum.

Qu'il me soit permis de donner un conseil à mes

successeurs : quel que^ôîf lewtôtîfie Iwf^age,

gotiss, liefc^rvoir à leurs besôîîit^ Séduits paf Im

apparences, ils croiront réaliser une grande écono-

mie ; mais que de temps perdu, que de cadeaux,

que de bonnes mains il leur faudra donner, sans

ixym les eiiïittîs> àùûî Je ne finirais pas la longue

ênumération !

Pendant les deux jours qui suivirent notre dé-

part d'Asmara, nous marchâmes péniblement sur

un platesii hm&m et teondéi -êxt mm mm^^ esK

Ibopliint fîisqu^aux genoiîx* pt et lâ^ mit â& petits

mameloits, au milieu des broussailles, les kolkouals

dressaient leurs branches charnues et dénudées.

Après le village d'Addi-Guaddad, ce fut celui d'At-

senaï, où nous descendîmes par une pente escarpée

e^imxvmfW S^W^ lelie végétatitp^ 3Le temps

était malbèttrem^eÉïent brumeux, et la pluîe^ qui

commençait à tomber, nous empêcha d'apercevoir

la plaine du haut Mareub et les montagnes qui

Tentourent. A peu de distance d'Atsenaï, nous trou-

LES HAUTS FI.âY&à0X m t'UMi^Cm. Û5

trâraes la rî^ère Marsenfe^ ëmmm prêtât ée forrent,

roïïîâiït SCS eaux boueuses entre deux murs de ro-

chers rougeàtres. Les plateaux, qui ne s'étaient

affaissés un instant que pour livrer passage au Ma-

reub, reparurent sur sa rître droite, mais moins

iâtrempéf et compés plus fréquemment de beaux

bouqufeïs â^ârîîréâ dè tmi& f&^mgés*

Addi-'iSôr«t fut liOtre fr<ïîsième étape. A partir

d'Asmara, nous nous trouvions sur la lisière occi-

dentale des plateaux de l'Hamacen, formée par une

petite chaîne de montagnes, qui va du nod[ âU sud

et çJout 1$ pmû çsilmmmt mi le douîjl^ |îe dé

Dabboaatii* Ce» mûuîaguBs séniMent pôu «scar|jéô§)

et leurs cimes ne sont point tourmentêi^ #t dèçlii-

quetées, comme beaucoup d'autres que nous ren*

contrerons plus tard.

Le chef de uotre ;esjéiprle lâui mmmer que sa

faddîetFoH ae s*éteadait pïjcs pïus Mu» ^t, iaus sMn-

quiéter de nous procurer des porteurs, il utous plàMia

là. Le choum duvillage en fit autant : c'était le com-

mencement de nos ennuis. Nous allâmes à la chasse,

attendîmes toute la journée, et, de guerre lasse,

Toyant que personae uê j^ônaîî garde4 uous, nous

luués éteg^ér saus autre pjpétïubuît uu b#uî et un

âne qui se tt^ouyai^enilâ patîiasscâ, et nous partîmes.

Nous traversâmes des ruisseaux devenus des

torrents, franchîmes un petit col, au milieu des

kolkouals et des mimosas, et il faisait déjà nuit

Là, mm att^fiétîï de là part de Rm teîaô» , crifc^

cle de Fempereur et gouverneur de tout le Tigré,

le Balambaras-Desta. Il nous fallut écouter jusqu'au

bout toutes ses salutations ; mais des compliments,

sî «ofdtaiiâÉ^iïMs fassent» wè nms rempïîssitîanl pas

restômfç*>i, €^éteît d^aîlleurs un bal bomiû# fiia ce

Bal9^mbit;as4)esta. D'une stature de géant, le ¥Îslig0

rond, couronné d'une épaisse toison de cheveux

frisés etlégèrement grisonnants, Tairfranc et jovial,

il me représentait le type du soldat bon vivant et

joyeux compagnon, qui Mt la gnei^r?^ ©a

se sent de faille à^iâer iirCGtt|*« é^exani^^ Milite

$nîs:îiie, du reste, se ressentit promptemetit dé la pré-

sence de l'autorité militaire.

La plaine où Raz Bariaoua planté son camp, non

loin du village d'Addi-Mongondi , nous semblait de

iém wmwi)^ toeïjbs i« foin groupées m mrÛBatitaar d^aatmire flm gitsmè^f m f«î ha âmmMTaspect d'une prairie après lafteiîson. Ces meules

de fourrage n'étaient autre chose que les huttes en

ramée, couvertes de chaume, que se construisent

les Sûldafs* Celle d« centre, plus vaste et iftîeax M-tie^ la iénîéîiîife é& qpï voit ainsi ses

'hommes fi^iipésaiiltitt^ d© IïïL

A cinq cents mètres environ du camp, un chef

vint au-devant de nous, suivi d'une nombreuse es-

corte. Il était monté sur une mule richement capa-

LES HâHTS PLATEAUX BE L'JtâMACEX. 51

racôiilïié et revêtu lui-même d'une foûgiiîe tokjtié

ée soie amaranthe brochée d'or ; c'était le Lika

Mankouas Ouarki, parlant un peu Tarabe, sorte de

ministre des affaires étrangères et chargé par le roi

de recèvoîf Européens. Lorsqu'à la fift dti

voyage, nolfô reramdronç à Adoira^ après tous nos

malheurs, nous Ty retro^uverons et ferons a?ec lui

plus ample connaissance.

Nous mîmes pied à terre, pour échanger les sa-

ints d'usage, et, remontant à mule, nous nous diri-

geâmes vers le^atiip. Uîieliaîid^ 4e mtîsîciens, souf-

flant dans deloflgues flûtes ou îrappaiit sans r^y^thme

ni mesute^nr des nagarits (sorte de timbales en

bois), nous précédait; sur les flancs et à l'arrière

cavalcadaient des soldats fièrement drapés dans leurs

chemmas, la tête nue, les cheveux tressés, portant

Î0«rs longues javelines, leui* iM^tt^iei^ ïamés i^P*

geïït, et, mi^grê (M WÊt^ avec adresse

leurs montures de gjaei^re.

A cent pas du camp nous dûmes faire halte pour

attendre que l'on se fût préparé à nous recevoir.

Tout ce qui m'entourait était nouveau pour moi,

et w-ôfiteîl le plus intéressant spectadé. tm lôtet

noîret èïûeïgeaial d^uïie to|fe liaBeite ra|ée deî^i|%ces lances au fer long et ae#ré> ces. witeîs ca^ftoiin

chières bouclées sur une large ceinture, cet immense

sabre recourbé en forme de faucille, ce bouclier de

peaud'hippopotameenri«Mâ*aPafe$Sftesà'argent,^

S8 ABYSSINIE.

Eflitlîes de filigrane ou de plaque?d^ métal repoussé;

ces beatix honMaet, ^i^ap^^^ tSJMraié des siatues anti*

ques, à l'air frôîd îflîpassible, qui nous regar-

daient silencieusement d'un œil curieux et étonné;

ces chevaux qui piafifaient impatients, en faisant

onduler les longues housses de cuir rouge; ces

d*iin bleu vaporeux , formel Hii isM&m dîgftt dtt

pinceau d'un maître. Je ne pouvais me croire en

Afrique, que j'avais toujours vue , dans mes rêves,

peuplée dé sauvages nus et rep&tt4saiits.

ÈM hmÈ é& M% mîmte , mm mmmâ&Étm à

iBHi^piïîïr Hôii?r^^^ du Raz, située sur

un petit mamelon et beaucoup plus spacieuse que

toutes les autres. Les musiciens nous précédaient

encore; les groupes de soldats que nous traversions

mm sûmbmé tè iïçnfflèrêïis^ Mém^ ttmm^

Une esclave souleva un rideau, jadis blanc, et nous

pénétrâmes enfin dans l'appartement du prince. Sur

une estrade élevée de quelques marches et couverte

de tapis de l'Inde et de peaux de léopard, un lit garni

ÎB ma^^k% to^p #ertaît 4ê ^rèm m Mm*Il s©hm â ïïôtrê âppro##^ embrassa Ife sîije^-fâïnsul,

q^tt'îl fit asseoir près de lui, par ordre dm rM^ nôiis

serra cordialement la main, et nous nous accroupîmes

autour, sur des coussins et des dépouilles de fauves.

LES mmn^ ^^mmm m ï;hamaces, mCette demeure sans fenêtres recevait un i^nt

si sombre et ce spectacle était si nouveau pour moi,

que je ne pus, à cette première visite, saisir par-

lÉïômeat let irtîts Ùm* Wms depuis je r^î tmn^é^mmmM kàèôm, 3é tâîîleMmée^ il â défmir

hoÊpiâ^ sans être obèse, èbs cliôvewx sont grison-

nants, sa figure bienveillante respire la bonhomie

plutôt que Tintelligence, Comme le sire de Beau-

manoir, devenu borgne au métier de la guerre,

<jêfcte Mrmîté meçiHEitffini fss àl^emBdîîr. Gmapês-

i&téèf^W ^ ê|îâiïî«smm éo signe de respect

,

des soldats portaieitt les âmes; deux adolescents

réventaient de chasse-mouches en queue de cheval^

tandis qu'un jeune garçon accroupi à ses pieds lui

servait de tabouret.

he tm/t conique sous lequel nous nous ffoaifioij^

êlali soiîtetto ptr im %mum de ptalwïlers» et sol

recouvert d'une épaisse jonebéè d'herbes fraîches et

odorantes. Sans interprète et ne sachant d'arabe que

quelques mots usuels , la conversation fut bien lan-

guissante, et nous dûmes recourir à ce langage des

g€§t^ 6l des yeux, que It îiéCie^îfé rèBil éloquent*

Au bôîif à& quéjqnm ÎBsIâiit^, pwm$ ^mime^

déposèrent à terre des cruches d'hydroinej.

Toute visite en Ethiopie est accompagnée de

libations. On servit à chacun de nous une carafe

en verre de fabrication européenne , nommée en

abyssinîi^ i^mtêi^ 6t poutant contenir près d^un

^0 IBIfMSIl.

mel , s'incline et tend le creux de la main , où il est

d'usage de verser quelques gouttes du breuvage

qu'il porte à sa bouche pour prouver qu'il n'est pas

empoisonnéi. J'avais été prév^ttii fttè lïirémô--

ïîiîe dètàît Èè mnônmïm Iroîs fois de suite; il était

4«iME> heures, nous êtîoîis encore à jeun, et peut-

être eût-il été dangereux d'absorber trois litres

d'hydromel, liqueur fermentée et très-alcoolique.

Heureusement TAbyssinien, généralement sobre, a

prétil Î0 çitfjt tfr îi fsl ï'eçu que le maîtrÇj^ après

é*itre jiéialté^é,ptss« lé reste d^ mm IrêalJI m%

servîtaurs, qui tendent les deux mains M ^ïi^ïl^

nant ; car en Ethiopie , où tout est soumis aux lois

d'une étiquette qui remonte à la plus haute anti-

quité , il serait Dmiséant m s^rvîleiïi' jtepM

quelque chôse à^i m% ïaaître ie m pas preiïâre

FfeaaiHa poètoe â'm paavte qui supplie, et scm-

vent, surtout s'il est esclave, il baise la main de

son maître en signe de gratitude. Après une courte

visite, nous nous retirâmes sur un petit mamelon.

Ifï3É lêÈ hiîïtôs aviilèttt iti ïïiî&!es^4 lîQtce dli|[C)SîioK.

r peitê annéê soiMaisfe âoï ctfdres dé Raz

Bariaou, composée exclusivement de Tigréens,

pouvait être forte de sept à huit cents hommes. Elle

était venue sur les hauts plateaux de l'Hamacen

pour y trouver des vivres et percevoir le tribut-

iÉM îém'pêm imMï!p âtt Mm^ é% èelte I^ealîll ne meparaissant pas intéressante, je me décidai à prendre

les devants. Je n'étais pas fâché non plus de m'or-

ganiser d'une façon indépendante et de cheminer à

ma guise, pour me livrer plus facilement aux re-

i^e»#eS ^©©logiques qui étaient le but MmvQf^&^ fféMns de mm Mm^ et nous nous

donnâmes rendez-vous à Adoua.

J'allai faire mes adieux à Raz Bariaou, et, après

avoir engagé des porteurs,' je me mis en route pour

Kodo-Félassi,village peu éloigné et centre d'un

dé somHtô M ftmMmm.J'étais à peine en route qu^éclata att orage époî^*

vantable; en traversant un ruisseau grossi par les

pluies, deux de mes porteurs roulèrent dans l'eau

avec leur charge, si bien qu'après uaé hmt&mmpê^ liôiûfiî^ îjagâg^s lurrîïiiîeïit Irempés au

vîliagé de Si^î34)uîian , situé tout près â© Kfiio^

Félassî. Hassein, devenu mon chef de caravane, ne

voulait pas aller à ce dernier village, prétendant

que ses habitants étaient décimés par la fièvre.

C^étaîtab^^meïïlla^^ mais, ccmine je l'igno-

rais alors , |é îtfîûsfallaî â Svati4)«ttin« Wû Texi-

guïté de ma tente et le manque de lit de campe-

ment (j'avais eu la naïveté de laisser le mien à

Massaouah pour diminuer le nombre de mes ba-

gages), j'étais obligé de loger dans les huttes des

62 ABYSSIiMIE.

iûdîgèiies. Une vieille femme, moyennant un petit

Immj^iM ÏM M^xé&^âsm -r quim tmmt $m mvaste emplacement ombragé de quelques vieux

mimosas, n'était pas moins curieux que la réception

du Raz Bariaou. Au camp du prince, j'avais vu la

d'épée; ici, je poa^aîs ètndIeF le peuple,

labour^^rs et irâÉqaantis. Sur la pfece du marché

,

se trouvaient réunis tous les métiers, tous les pro-

duits du pays. A côté du tisserand, qui déployait ses

chemmas blanches comme la neige , le tanneur

montrait ses peaux de bœuf et ses dépouilles de

tïïx fêttx êlfoaîs éls feiHjïtes âe petites gfem, de

rantîmoine pour se noircir les sourcils, des colliers

de verroterie, du fil, des aiguilles et autres bibelots

européens, qu'il était allé troquer à Massaouah

coijfem ém cuirs, de la cire et dît çafé ; plus loin

#ltittfent êet feaiBîés acawittplèsrq^ttî étiflakïit i&m^elles de petits tas de sel ou des pots de miel et de

beurre, des outres pleines de farine, de café ou de

dourah; puis les marchandes de corbeilles ou de

vannerie; les forgerons,qui vendaient aux soldats

k»icés^ des des couteaux; aux paysans,

des iioues et des itisttttïïîtiit& ielâbour; enfin ^

groupés autour d'un arbre ^ les nat^uignons et les

marchands de bestiaux. Un murmure confus planait

au-dessus de tout ce monde ^ riche ou pauvre.

LES HâtITS PLATËâUX DE I/ttAMâCEX, 63

grand on petite qaî allait, venait, seiîoud^jaît, se

chamaillait.

Après avoir jeté mon dévolu sur quelques mules,

je chargeai Hassein de les acheter, certain qu'il les

ôîït'^îidriLÎl à lïiôîlîear compte que si je me fusse

mÊè iti laarché, lllesm ciâtêrent m eflel que

liiîmmm moyenne,

La veille du jour que J'avais feé pour mon dé-

part de Svan-Ounan, me promenant Taprès-midi

autour du village, je découvris, au pied d'un petit

mamelon,, laa amas de pierres qui s«rw«it d*«sîle

4

toïïtm petit p^Bttpïe iïtnseclês âïKt CHPÎèBx* Je lêwr

déclarai une gij^^ftï^ aèi^^ ét^la ^tâ^Ue îie cessa

qu'au bout de trois jours, faute de combattants.

Inutile d^ajouter que je restais maître du champ.

Je continuai cependant ma route à travers les hauts

plateaom.jte îjiÊaafi^feats ^Uti lemîn argileux

et détrempé suçeliâ ^«îaî à-mi ncà 'mmmî d#

cailloux traochants ^ r^nditîeÂfe m^tèhé Mb -

pénible pour les montures et leurs cavaliers. Je

n'ai jamais pu comprendre comment les Abyssi-

niens peuvent voyager pieds nus sur ce sol rabo-

teux qui Hessé les pieds mêûiem lïi^rf i^^aîsses

chaassMi^s.

A deux heures à peine du vîllirge i'Addi-Elguess,

où je passai une nuit affreuse sur un de ces lits en

maçonnerie que je dus partager avec des myriades

de parasites, le plateau se relève un peu de chaque

64 ABYSSINIE.

côté, et je me trouvai subitement sur le bord

€'traê èMb ixam^m,^mm^i 4 mm pl^h m

basaltiques forment une vérîtable muraîlle en bémî-

cycle, au pied de laquelle se déroule une vaste

plaine, couverte d'une luxuriante végétation et que

lîlaltettt tûttt^ parts, à Vhmizpn^ #© Muim mon-

iâgttés s^étageant m. j^mâkln ei ftiî pîetdetit dans les

nuages leurs pitons ôîgiî#,JD*^ un cirque d'ofi

rOlympe assistait aux convulsions de la terre.

Après cette zone des hauts plateaux , froide et

humide durant les pluies, aride et brûlée pendant

la èémn sètè$y t*ceîl est hwewx dem î*®pser mrm fâfsâgs gricîeiix:, <)â imUs les rlibgsses^ d» hHîrtto?e semblent âccunmBm^ M me 4feiat»id^s

comment, à moins d'être oiseaux, nous descendrions

du haut de notre nid d'aigle; mais les indigènes

ist^tlssiiîetit ûB iêB^ér dissimulé par une toufîe de

verdwe. C^étaït à faire tremMtr î.ltrge à peine de

qijrsÉfttet pieds, pavé de pltrré^ îijttlaiiies, barré

souvent de grands blocs de rochers, ce sentier Ber^

pentait, comme suspendu au flanc de la montagne.

Je jugeai prudent de mettre pied à terre; je pou-

mâi$ imné ïïfawitêr 4 ïfta gnîse pour aêDodrifâf h|)àpagôv ^ lûilît hémotts iéùrîs ^ui penêâïênf mgrappes de toutes couleurs, me promettant une

ample moisson de scarabées et de papillons. Nous

eûmes bien des heurts, nous fîmes bien des glis-

LES HAUTS PLATEAUX DE L'HAMACEN. 65

saâes^iiiais nous arrivâmes quand même, sains et

lan^ mm piél 5ô k miMagMe. C'était ùçmmefibangemaït k ime : en haut, des pltfeâDat «ftdîttlés

et uniformes, que limitent au loin des montagnes

raporeuses; en bas, point d'horizon, mais un dôme

de verdure. Au milieu, d'immenses blocs de syénite

grise et polia par l$u &m^.f, iB hè&mi mhms atix

gmaées lêuîlles âëcoiipées ©a a^readies entrela-

çaient leurs branches capricieuses; de t^Qius ÈÔtis»

des buissons en fleur où des papillons aux ailes

diaprées venaient plonger leur trompe longue et

déliée, des oiseaux de toutes formes, de toutes cou-

leurs, depuis fédMâïit sôttînjiinga jusqu'à Taigle

pî guêMB sa pi^ÎÊi sîIencîeiiiêBttêttt ^pei^ié au

sommet d'un arbre.

Je dus, à mon grand regret, traverser rapidement

cette plaine pour aller au sommet d'un mamelon,

loger au village de Goundet. Je laissais derrière

moi I0 ptxs aux mâîfe0iïÉ ealôiîfc^ ii^m h éoL Ïsb

¥Îllâge§ Je ïeiïdOB tretaî d^sow&ais *eïpï:ml lotis

composés âe huttes cylindro-coniques en branchage

et en chaumage. La femme d'un chef absent m'offrit

l'hospitalité, et, séduit par le pays, aussi bien que

par mon installation, relativement confortable, je

me ièméé à resler quelques jours h Gomâei.

générique qui, sans distinction de natîonaîîté, sci î

à désigner les Européens, sont tous considérés

4.

66 ABYSSINIE.

comme médecins. Dès le soir même de mon arrivée,

je vis entrer dans ma chambre, portant humblement

imt^ mmis m M, de lait «hiiiid, im hûmmti

déjà âgé qui venait me supplier d'^aller visiter son

fils ttiaîade.

Je ne voulus pas enlever à ce pauvre père ses illu-

sions; je ne doutais pas qu'à défaut d'un remède

m lûâlsdèetne rendît Féspcwr t salandlle*!^

pressitî de suivre le vieillard et je pênélraî avec lui

dans une misérable cabane, où une pauvre femme,

belle encore, et entourée de petits enfants, prodiguait

les soins les plus affectueux à un garçon d'une qnm^

zmm i^m^èm è^iù smrmfe maigre peau debœtf,

îm flmm$^ m^mmî Gmnâ&i et qtt^trtôse

le Mareub sont justement réputées pour leur insa-*

lubrité. Il y a trente ans environ, deux naturalistes

français, Quartin-Dillon et Petit, n'écoutant que leur

dévouement à la science, voulurent, malgré les con-

des îiïdîgê»eS y «xpl^rèr les rives dangereuses

^0 eette rîvîèré^ Ils farent promptemaBi frfe Je hfièirre; on les ramena en toute hâtt à ââQuâj wmUquand Petit revint à lui, son compagnon était ense-

veli déjà dans la terre étrangère, et plusieurs servi-

Imrs indigènes s^êtâiettt endôTtiiiîs tvieloî àu âom-

meil la mort.

Ëii menant paître dans cette plaine le petîl toii-

peau de son père, mm jenae malade avait con*

LES HAUTS PLATEAUX DE L'HAMAC N. 67

tracté cette fièvre terrible. Sans remèdes, sans soins

eSçtcas^ E giSâlI ÉQja«iù»l^ depuis pîttôîèiw^ wdii

dé|&, s»f ta pâiittf« xmmkût^^ et m tioîîitôie «scaiti-

tution avait seule retardé le dénoûment fatal. Ce

n'était plus qu'un squelette vivant, et il était bien

tard pour tenter de le guérir. Je lui donnai néan-

méitts de la quinine, et j'aime à penser qail en

Tétais à Gounlét sm wàM élévation, à Fabri de la

maladie ; chaque jour je descendais dans cette fertile

vallée, et chaque jour je découvrais de nouveaux

trésors. Le père du jeune malade, soit gratitude, soit

BB^mr i'mtfm mMimiàmS$^ était èeirentt mmm0fngnm fidèle : araié irieux îmÛ à mè<^>il ne me quittait plus. Je lui donnai m p$u dé

poudre et du plomb, mais il s'obstinait, peut-être

pour me prouver son adresse, à charger son fusil

avec des balles, et quelles balles! A défaut de

métal, les Abyssîniètas lâîllent, en baguettes cylin-

d^fqties^ un schiste ass^ aniline 1 1^ mais

de couleur plus claire;}; îfe ©onpent ensuite cette

baguette en tronçons longs comme le doigt, et voilà

leur projectile. Je laisse à penser s'il m'était pos-

sible de tirer quelque parti de la dépouille d'un

petïi Çfîsean tmp^m àmt pm^ miUm^ et pour-

tant les oï^eans é& iontes ©ôiilinFâ aibcndalent mmilieu des arbres. C'étaient deâ ïneflfs mét^Mîqtie^^^

m% ailes jaunes, des souiman|âB> les colibris

68 ABYSSINIE.

de FAfrique au plumage chatoyant, des passereaux

jaunes, noirs et rouge aniaranth; des veuves à la

tunîijua èe vÛGx^m Bôîfmmm ^Ber i'im^m la

ioMîBtealïiè gdsè efc Martehe^ a^ee îa hm et les

pattes rosés^ ét doiît la quatre longue et flexIKte

ondule gracieusement.

L'odeur de cadavres putréfiés me fit un jour dé-

couvrir, au milieu d'tin foiifré^ deux animaux étendus

Fun à côté de Tantrevtm émxi^umimi entamé

îémm èè^moBm ût wêfm liPlsé îm crânes, çé que

je regrettai vivement, car Fun de ces deux mammi-

fères appartenait à une curieuse espèce d'édenté

[orycteropus Capensis); Tautre était une hyène»

ÉtiidemmettI iim «taial^ âélya*tté avait wl lîiïi ^tre

ces deux Bêtes > sans âttfMS fêmôltis que les

èlcïilfis; les branchages froissés et Therbe foulée

ne me laissaient aucun doute à cet égard. Il eût

été curieux d'assister incognito à cette lutte entre

deux animaux si différents. L'iiyène a une ma-

hmmm0m^^^^^ ii^ ps de tets, 31 est en

outre l^îft et turtout plus bas sur ses pattes;

mais c'est un animal qui vit dans les terriers, et la

nature lui a donné des pattes robustes et fouis-

Mttt^^ qi^ s#nt mwflîes d'ongletJ&rnïîAables, épais

et tranchants \ je vdfâîs miÈ le eerps lté ï^hfêïïe

la trace des prodigieux eoups de pitfte ^tie îlî

avait assénés Fédenté, et malgré cela Je m po»-

LES HAUTS PLâTlâtîX MM VMmMMSm €9

irais comprendre comment il avait Tiassî à lutter

contre la terrible mâchoire de son adversaire.

Onoi qu'il en soit, nul des deux champions n'avait

remporté la victoire; ils étaient là tous les deux

Bû^iifia^W ûU mt srttti Crôttttief, je iroyaîs au

sud se dérouler la plaine du Marenb, à travers la^

quelle une large bande sinueuse d'une végétation

plus dense et plus élevée indiquait le cours de la

rivière; à Thorizon se dressaient les montagnes

d*Mi0îiii|^lî^33^t6§ de 4eu3t jpnt^ li màmhe et im^

luîiïéês |itf êm pmn âlgûs m «icÉriSt ^û'on eut

dit la mâchoire d^un crocodile avec des dents irré-

gi lières.

Au moment de quitter Goundet, j'offris à mon

hôtesse quelques bibelots d'Europe; mais j'avais,

immmàu du pâ:pîeï% (Titaît une dîgùe «aatr^e^

encore belle et attrayante, si le beurre dont elle

s'inondait la Icte n'eût ruisselé de toutes parts sur

sa chemise et sa cliemma.

parîîfiulïi^eïtifnt regretté d^ né poawîi?'Mmh pttïftraît 4^ t:îie è# tm iïte^ JélMeïJi^eiït follet

toiïtè Jeune eiïewe et mère déjà d*iin gros poupon|

qui errait tout nu dans la maison.

Il me fallut marcher dix heures pour traverser la

plaine du Mareub. La rivière n'était plus alors un

torreiîf éotutae â Atsimi t à peine plus profonde,

10 ABYSSINIE.

elle fbfmalt me Btppe d'san da plus de cinquaiïte

mètres de large et murmurait doucement sur un lit

de galets, bordée d'une végétation étonnante, dont on

appréciait d'autant mieux Tombre épaisse qu'il faisait

une chaleur écrasante. Cette rivière, avec tous les

trésors qu'elle me promettait, m'attirait comme une

sirène : Je me rappelai la fin terrible de Quartîn-

Dillon, et je continuai mon cîiemîn; aucun de mes

domestiques, du reste, n^eût voulu consentir à cou-

cher dans cette plaine.

Le lendemain, après six heures de marche à tra-

vers Il montagne, j'étais rendu i Âdoua, première

étape de mon vofage»

CHAPITRE m

ADOUA,

lia ville d'Adoii^—? Le marché. — Pourquoi j'y vais à mule.

— RéfleJ^ioii^ Cilftîïlfrdri — L'art çulipaire e» Afejssiniei.

— Be cM^âtktèâ amBâ^sââricei. — Ifemès dans ma cour .

— Un délicieux ravin. — Un peu d^histoire naturelle : un

habile architecte. — A Taffùt. — Comment je force la porte

du gouverneur. — Un magistrat de mauvaise mine* — Lafête du MascaL — Réjouissances nocturnes. — Conseils iplé-

ressés. — Hîi mi pjeti cùmprimntUtkt — Quelques mots

d'entomologie. — L'însecte-canon,

Hassein était déjà venu plusieurs fois à Adoua et

I amM lÊ^mè quelques aiûïs* iRreitt^tî m mmàfmm W0 ctewAér m gîté. Dtttat met g^éteudait

uii|fteletu ondulé, limité de tous côtés par des mon-

tagnes assez élevées; Tune d'elles attirait surtout

mes regards : on eût dit une immense borne mil-

liaire, que le choc d'un lourd chariot eût légère-

CCîâEûiîïô m «Mat âê ltïtpinîére% prasséas les unes

contre les autres.

Il n'y a point d'hôtels en Abyssinie, et, désirant

m'arrêter un certain temps dans la capitale du Ti-

72 ABYâSIfïE.

gré, il ûi©^îiît^iipr 4iine ins(âl!«tîiîa m» fe^

soit fett lïoîîijptâMe. Baâseîû ohiità à*m% hé^kmi

qu'il me cédât sa maison moyennant une faible ré-

tribution; c'était, il est vrai, plutôt une cave qu'une

habitation humaine; mais j'avais déjà appris à n'être

pas difficile. Tout d'abord, je reprs la visiè 4ê «Juel-

fîïes oîitriÊirs ea^èetts ^tîi, rfïilfe par des récits

tpompenrs, s^ètaieiïttat^i ftte im piastres et lès

sequins poussaient spontanément en Abyssinie, et

étaient ^venus pour y chercher fortune; mais ils n'y

ont trouvé que des ennuis, et, après avoir absorbé

©îit ètt retourner misér$W0ïB^ Un seul

Eurôpê^l^^ qm 1© s&çhe^ est arrivé, non pas à

faire une fortune, mais à se créer, par son travail,

une position honorable en Abyssinie; c'est un Pié-

montais, nommé Naretti. Nature douce et affable,

se tenant pru4^pini#nt It Fé^l: êe tsÉite i^e^içttï

|wïîîliq.nê «n r©Iîgtens«i^ â^ réios^y par là rec^îfaide

àe son esprit, la loyauté de sa conduite et son urba-

nité envers tout le monde, à conquérir l'estime et le

respect des Abyssiniens. Entraîné en Abyssinie par

l'appât d'une entreprise qui eut un piteux résultat, il

ïie p*râîtpâs<îewïigé : c^étâil aii memuîsîer, il se fit

architecte, et le roi le chargea dé constrnîre à

Adoua une église, qui fera l'admiration des indi-

gènes. Ses rapports avec le Négouss donneront

une idée des mœurs patriarcales de ce pays : point

^ du Tigré.

AD ou A. Ti

décentrât à forfait, pas même de salaire fixe; le roi

défraye sa maison et lui fournit tout ce dont il ahc-

mmiâé^t&mpsMmit& il lui fait un cadêau enioFgeni

Je m'cn(ï|ïrtssaï d'âlîeriroîr Wateti, q«î est, h Adoua,

la providence des Européens, ^aîs M. SeMm|fer,

botaniste allemand, qui, depuis près de quarante

ans, s'est fixé en Abyssinie, où il s'est marié et est

dei?éau grand-père.

âàowa,d'aprèsME. Ferret et Galînier, est sitMie|iar

ïâ* r 34.* nord et aS** âr ârijQOgifnàè Ofkttld^^^

Paris; son altitude, mesure à l'église de Médani-

Allen (le Sauveur-du-monde), est, d'après les mêmes

voyageurs, de dix-neuf cents mètres. Elle est adossée

âtîX liernî^s cotttre-Corts des montagnes qui liniftifint

la prkîne uers le sjid. Ba côté é\ï nord, an ravin

assez profond selri dè lit à la petite rivièïe A^aiitt,

et les murs des maisons qui bordent le ravia simu-

lent de loin des fortifications.

Les maisons d'Adoua sont généralement con-

stttïites en pierre, coiitreptes en tei'fôsses^ et mmtà-*

posent Ôe petits reiiîlaîifîes îrrégttîîêremeal a^cdlés

les uns aux autres, ave© une cour intérieure, sur

laquelle s'ouvrent les portes et les rares fenê-

tres de la maison. C'est dans cette cour que les

femmes, qui, sauf les esclaves, sortent peu, vaquent

m% mîm àn ménage. Soïivetile*esiit qae se fait la

cuisine, avec trois |jîerfèâ pôar Ipiïijpn^&au î c^est

aussi récurîe pour les mules et le parc |>our lés bes-

5

U ABYSSINIE.

timm. Dans niïtirîaur de la maison, Taménage-

mmi est le même que mhâ fttê mM mmâ iru à

Asmara, maïs Fusage de rmïïgàréb y est â peu près

général. A Adoua cependant, une trace de civilisa-

tion m'a agréablement frappé : presque toutes les

habitations ont, sur un ou plusieurs rectangles, un

premiéir étage qui mk la 4«mënm m%iém àmmaître.

Grâce à Naretti, j'avais quitté Mê^ mtàt et

tais maintenant un de ces étages, que mon pro-

priétaire ou plutôt ma propriétaire, femme veuve,

d'un âge déjà respectable et appartenant à la classe

bourgeiiii% mdt <mmmâ:% me Mh s^lfeîfc

réservé le re^-je^-iiiaHSsée^ elle ioRBait

asile âmes domestiques, qui ne tardèrent pas à faire

bon ménage avec la domesticité de mon hôtesse.

A côté de ces maisons rectangulaires, on en voit

mmi qui affectent la forme cylindréi«Ç0Eique, avec

line torta^e^ en «haiïittie. Ces tedléres, 4*tiflîûaîre

|iliS;liï3Étteuses, sont plutôt urr0 salle lîe rê^ptiron,

une sorte de salemlick, où le seigneur du lieu

donne ses audiences, reçoit ses amis et ses vas-

saux.

BqîwI âe gïtaiies istrtêres, point de Jjonlefmris

pour circuler mmMm ée ms halrftafîoBS^ leatkplus somptueuse égale à peine en splendeur les

plus humbles fermes de la France. Entre les murs

assez élevés et sans ouverture qui enceignent

AD0U4. 15

cliaqu^ haîdtatî&ii, de petites rti^îles êtroîtiS, ot

deux hommes p^vétit à péiûe érmJmt de froBit,

sillonnent Adoua, et eu jUtiïf un labyrinthe inextri-

cable. D'ailleurs, en temps ordinaire, il n'y a au-

cune animation dans ces villes d'Ethiopie. C'est le

commerce, l'industrie, la fièvre des spéculations et

ces Sots humains qui s« pmsent et se poussent

sans se csonnaifre, qni donnent à nos cités un aspect

si vivant; partout des étalages, qui révèlent les

richesses de notre industrie, et les marchands qui

s'efforcent d'attirer les clients. Dans les villes

arabes des États barbaresques, de l'Egypte ou même

du litloraj cle ja mer Rouge, on tétt mmH cemine

m reflet dé mttê ^étîtlté eommei-éitie q»i Mtore

rOcciclent. H'y a-t-iî pas le juif ôh. le banian , ces

éternelles incarnations du lucre, qui, au fond d'une

boutique plus ou moins sombre et enfumée , savent

amasser des fortunes monstt'iiense$f Tèriûi les see^

tatéurs 4* MîslhïiinwÉ, il f a eneipre ouvriers, des

mafehanâs, qtiî ^i^ent aux 0uei?rîei« 4es armes ou

des travaux en maroquin, aux femmes qui, drapées

dans leurs kayks, parcourent nonchalamment les

rues, des bijoux, des étoffes précieuses ou des

friandises, et le bazar oâ se dèbîieni la viande , les

fruits #îes lifumes; les cafés ouverts sur larue,

0ÎL les hommes vont fumer majestnettsement leurs

narguilhés, en écoutant les monotones couplets d'un

marabout qui, d'un ton nasillard, appelle les vrais

76 ABYSSINIE.

croyants à la guerre sainte, et l'échoppe du barbier,

véritable gazette vivante. En Abyssinie, rien de

sèwfeîaMe, il n'y a poial Cooffcîers, point de îïïâr-

chânds, pôlûf êe tetiûftîesî fout se fait àammaison. Les femmes, qui sont pour ainsi dire les

seuls artisans, fabriquent tous les objets nécessaires'

au ménage. Ce sont elles qui modèlent les poteries,

moulent le teff ou le dourah, cuisent le pain, tissent

les êlfiif&Sv ^mâlM qm Ykomme^ mmâ i%m %mker

qui deviendra un lit, un escabeau ou un mortier a

piler les céréales. Les grands ont leurs orfèvres,

leurs bourreliers, leurs armuriers, leurs tisserands,

qui font partie de la maison à Iflte 4t t«tiriteurS|

©t travaillent mûtimmimâ four iettr mûltM^ èmêils reçoÎ¥ênt en échange nourriture et #fïsTOeïïl^

C'est tout à fait, dans la famille comme dans

rÉtat, l'organisation féodale de notre Occident au

moyen âge; tout gravite autour d'un centre, qui

est em même temps le père el le miÉtre ie la

maison*

rétaît arrîté I âioua un dimanche, et toute la

semaine, en parcourant la ville, j'avais été frappé

de cette atonie, de ce silence dans lequel était ense-

velie la capitale du Tigré. C'est à peine si je pou-

vais mé pm&mm les mvt^s f0m lacjî et pour mes

gens, tant cïmeïm ^eniMlrfl pèn désireux de vendre

son superjQa. j'airaîs, jusqu*aIors, mîsérableiûent

ABQÎIA. 1t

vécu de tm éi&m^ et le fatîqttes pôttles fànlMe^ment acqiiises à prix Û^m^mà. Hassein fy«aitîi0p«l%

longtemps miroiter à mes yeux les richesses gastro-

nomiques que me réservait Adoua, et je dois avouer,

au risque d" être taxé de gourmandise, que j'étais

crueilément déçu

Cependant, le samedi matto^ |e tîâ les im0S mplutôt les ruelles qui sillonnent la ville remplies

d'une foule bigarrée et remuante. C'étaient des

paysans chassant devant eux quelques bestiaux

,

fâches, cblwrc$ êtt moutons; des femmes, des

jeûnes illes fli^ sous le 0iâst ^mtè ti#i ïhb«

phore ou d'un $m ett pmM h |mïî## reioadîe;

des hommes de tout âge, presque de toutes cou-

leurs, portant, qui des armes ou des instruments

aratoires, qui des objets en bois ou des peaux tan-

toâefr et d'e$|Éïifrures ; des colporteurs tmMTmaMdans leur hmm Im i^Meax Mjeîots qu'ils sont

ailes 0bei?#èp i la ©ôte; m laîïCtoreur qui , ses pyo

visions faites pour Tannée, apportait le surplus de

ses récoltes; un maquignon avec sa file de mules

et de baudets rétifs, ou un homme de condition,

imiriSlé sur sa iûttïe, drapé datts sa «Éemma, stiîvî

de ses domestiques,qui |Wïrleiit sês arinesî 11 vient

m^eier quelque c^Sit de Injte, un cheval de ba-

taille, une lance, un sabre, ou surveiller la vente de

ses troupeaux. C'est le jour du marché hebdoma-

daire, et, de plusieurs lieues à la ronde, tout le

78 jfcjrrtsiiiE.

pays afiâe h la fîlk. Tairais êéjâ vu le ïMrGbé de

Kodo-Félassi, mais celuî-cî p^mmeftsAt à%tre bren

autrement curieux.

Quand je voulus sortir, je trouvai dans la cour

ma mule sellée et deux domestiques armés de mes

iusils, ^soîîîmt deux Mï^alt i^Eirïttè^

tt Pûniijïiôi eèt -aitiïaîï ? dis-|e M Mméxtt le

marelîésiè tîeût â diiix pas d'ici. Je seraï|lîis lîîjrèà

pied, pour voir et marchander, et la pauvre bête

me saura gré de la renvoyer aux champs. Elle doit

encore faire un lou^ et pénible service; il est inutile

de la fatî^aef sate motif

— Je croyiLîs^ répondit mjOtf dômcsiqué, visible-

ment froissé, Irtre mrtjze d'un grand seigneur;

mais si tu veux aller au marché à pied et sans

escorte, je suis déshonoré;personne ici ne te tien-

dra plus en estime, et Ton dira que les Franguis et

letirs sfâi^leiJi« mtû jiiwîtrrfs ^&m^ ^>

Je tombals de iiirprîM bu surptis© à ©efte Iiaran-^

gue inattendue ; mais en me suppliant de ne pmaller à pied, Hassein m'apprit que tout homme de

condition qui tient à l'estime de ses compatriotes

ne paraît jamais en public que monté et escorté de

pîïî^ëW ^oStti^sHques portiïïlt ses lér^fes ;

de simaïîts^ flm c^mi m grand personnage* J^aî

pour principes, surtout daus iin pays comme l' Abys-

sinie où des usages très-anciennement adoptés ont

acquis force de loi, de me conformer autant que

possible aux mœurs des habitants. Aussi, bien que

cela me dérangeât singulièrement, j'accédai aux

prières d'Hassein, et par la suite j'évitai de sortir

seul et â pied.

M foé4sJ, eiÉ*0 kfl^Êi Ji^ ïfiiôatagïie et l'âssaûï^

s^éténi m tâste imfsm,^èmî le sol piétiné indique

qu'il s'y tient fréquemment de noffiteeùses assem-

blées : c'est la place du marché, qui joue un grand

rôle dans les affaires du pays. Pour le moment, on

n'y ¥oît qu'URf îmU tllés nwres crépues et

gtai$s0tt$«tt d^ <Éôïttnaàs li^É^ et row||^^

Bans toute fâbyssinie, les transadîotts commer-

ciales se font au moyen d'une monnaie européenne,

le thaler d'Autriche, dont la valeur est environ

i fr. M\ tmk iom hn lhalarît n^nt pas mim mâbyssinie : c'est seulem^nî la |>îâs{re de MaJîi^

Thérèse, et parmi mB àmmktm îl feittemom làm^

sir celles oii la souveraine est représentée avec un

diadème de perles et des draperies rattachées sur

l'épaule par une agrafe également ornée de perles,

ilî Fnsure a Mi ilspaï^îîre I0 r^îef d« em mtm-mentB^ la flèc& b% plus cours*

Comment cette monnaiô fel-^ô îtttfç«îîHt& et

adoptée, à l'exclusion de toute autre? je Tignore

absolument ; mais il est un fait curieux : c'est

qu'elle a cours dans l'Afrique orientale, en Abyssi-

nie ^ cli0aî xim fm0& imBàBm^ ehm Im âdîftfo et

«0 ÀBfS^llWlv

las SomiBs^ lôln imm Bfttêdia» to te it

c'est encore la monnaie qui prévaut, mais alors seu-

lement sur la côte, jusqu'au delà de Téquateur.

Cette monnaie, d'une valeur relativement élevée,

ne pQiPiâît eèpeiïlâwt mMte ïorifwt Vm i^oulait

âchèter un objet d^tin prîx mîûîfiie» Les transactions

se font alors par voie d'éefeâïiges.

Dans tout le Tigré, on se sert de cotonnade indi-

gène valant un thaler et qu'on nomme une toile;

on la partage en deux, quatre ou huit parties, qui

représewtirtt îft tmiiià^ le fçârt m le li»îtiliMi& i^nft

emploie, pour échanges > àe petites ^ttesnres de teff

ou de dourah.

Je parcourais ce marché avec une curiosité facile

à comprendre. An milieu de tous ces objets, que

l^iti^s dljl^ |r©nr la plupart, vub à Kodo-JFHâssî^ .se

îî*ciïrfiîe»it étâlè^ iùm le* poinffe j3ii.|€fâ^ et j'ètâîs

désireux de savoir s'il n'y avait point là quelque

richesse à exploiter, car je ne pouvais croire, mal-

gré qu'on me l'eût affirmé, que toutes les entre-

prises CQmm^ër<êd#t»sisej3l#ebc^ Abyssinie, nn

pays d nenfj itM le soï^ a peine éj|ratîgttà pat mùcharrue primitive, rend au centupteîaséiiïeiicé i^ui

lui a été confiée et dont les gras pâturages, les nom-

breux troupeaux et les forêts de bois précieux mesemblaient devoir être autant de mines inépui-

ADOLA. S!

réfléchissant bien, je me rendis parfaitement compte

des raisons de cet insuccès. Ce n'est pas que les ma-

tières premières manquent êkm ce pays prodigieu-

sement fortîlê et mm pmâniU ê imités? fimis m qui

fait défaut, ce qu'il faudrait avant tout y établir, ce

sont des moyens de transport, des routes qui, partant

du centre du pays, vinssent aboutir à un port.

L'Afrique presque toot éiîtîèrei et FAbyssinie en

preaiièreJ%iie^mm ses naoîila^^ ie^tpfl«g^ reste

îïifiipîoîfe M îaex|Èi0îttl»lè. L^taîre se^î^ <m raî*

mn àe sa grande valeur, peut supporter les frsîs

immenses qu'entraîne le transport à dos d'hommes

ou même à mule. Sur la côte orientale, le copal et

rorseille denrées précieuses cependant, né ^ien-

nettt pas deiNi|iïifîis îm^ Ut»§àèê$^ Mmsqtwiîlfesfrms

dlpasseraiewt ter tûmrk^m^m> Mait TAbjs-

sinîe ne fournit qu'une quantité d'ivoîre insignifiante;

il n'y a pas de copal; l'orseille, qu'on y rencontre-

rait peut-être, mais très-peu abondante, n'y est pas

exploitée ; résleot dope sès rliiitsi^^

gétales^ qui sisal <iôi8d«tonêe^^^ pus sortir du fn^^

tés Abyssiniens tissent des étttfi^ supérieures Mmcotonnades européennes. Les armes et les objets de

luxe pourraient être importés; mais, d'une part, il

y a peu de numéraire en Abyssinîe, et, d'autre part,

rÉgypte,qui la mm$^â^ tças^âlès^ ITWÉiïe rigou

*

reusaiïïentrînteiûdi^ quels

qu'ils soient.

5.

ê2 4itssïmE.

exporter, rien à importer, du moins pour le mo^

ment, il est résulté que toutes les entreprises

commerciales qui ont eu pour but TAbyssinie ont

éÈhoué et n'ont laissé Ettx Irardis pionniers, qui

méritaient un mBilIeur sort, qm la plus amère

déception.

Quand, le soir, je rentrai à mon domicile, je

trouvai la cour encombrée de toutes sortes de

choses : guerbes ou outres de tefF et de dourah;

dans un petit sac en cuir, un peu de blé qui ni^itaîl

spêçîaliawj&at têfeïTîéî àn l>«^owé, du sel, des

piments, des moutons; mais je remarqtjiî SBjftont

trois immenses pots de miel dont je ne comprenais

pas bien Fusage, et qui me paraissaient un luxe

superflu : je grondais déjà mon pourvoyeur d'avoir

adietê iinfe fwaiïtîM de friaiidî&es*

tt Mais, me dît Sassiîn^ il | a en .fâ^içsîiïîi qtm

les pauvres gens qui bôît^iit de reauj ce miel est

destiné à faire du taidje.

Je me rappelai celui que j'avais bu au camp

du Raz Bariaou, et je m'apaisai facilement,

lèièl ^Éï<3mm©^ Gn froeêde pouf la ^îai^tfîon

du faîd|è> JMm â'mmmêm msen eat àenro^, af-*

pelés par les indigènes fombos^ on met une

partie de miel pour quatre parties d'eau, après y

avoir ajouté quelques fragments de racines ou les

lettîltas d%n arbustenommé guécho ; m \mém I#

ADOUA. 88

vase d'une rondelle en bois soigneusement lutée

avec de la terre, et, pendant trois jours environ,

on le laisse exposé au soleïL Au bout de ce temps,

fermentation est coaipïèfe^, et Ton peut boîre ca

breuvage renouvelé des anciens. Le taidje est alors

d'une couleur jaune citron, et son goût est à la fois

sucré et acidulé ; il constitue une boisson fort

agréable, mais dont il ne faut pas abuser. En outre

ié la ^ttaniti Micô©l reî$lkeaïeûf ^cmsldltallô

que le taîd|ê a «e^qttlse pa^ ïa fermentation^ îjl est

tûiïtparticulièrêittéiit surexcitant, propriété qmî lui

est sans doute communiquée par le guécho; car, si

Ton a mis une dose trop forte de cette plante, le

taidje devient amer, donne des douleurs d'estomac

et engieîiàre lliîsômiilt^

lié laiijfe est lu Boîssôtt des tném^ èéê pt^es^

des guerrîer&, qui, dans leurs repas homériques^ se

livrent à de copieuses libations.

Il est aussi un autre breuvage moins aristocra-

tique et qui ne laisse pas que d'être agréable : c'est

Maîtrem %mm^. Ckttè Bîèire est^ ac^awat la aMre^

brassée avec de Tôi^ , laiîs % élè préalable*

ment grillée, ce qm âdnttô à «él^^^^ un léger

goût de brûlé ; il y a une seconde espèce de bière

nommée talla^ préparée avec des croûtes fermentées

de pain de dourah. Les Abyssiniens ne veulent

pas prendre% péîïii èM Û^iM icés dèîMÈ sôtttes

bière; aussi y a4-îl mUixkh mattger qu'à boire;

U ABYSSINIE.

malgré cela, la bouza, aussi bien que la falla, est

plus salutaire que le taidje.

JLorsque ïês âfejssîoïeiss m wi^ngent pas du

imti^x m TOtiid# çruè, ils préparetïl: 1mm «Ih

ments avec du lyeùrre. Le lecteur, à moins d'être

Provençal, nous estimera très-heureux d'avoir du

beurre pour faire notre cuisine ; cela demande

quelques explications. On se sert rarem^t 4ê viis«^

en tefïiï pïitfï? ïewferjner ïe làïtî on emploie d«

l^éférenee des pin»ê»s^ d'un tissu végétal tyès-

serré, enduits à l'intérieur d'une sorte de gomme

insoluble dans l'eau et ensuite enfumés au-dessus

d'un grand feu, ce qui, prétend-on dans le pays, est

indispensâMe pouf çonsérvajtîon du \A ïl résulte

de eettê sfngaillrç cotitaioa qai^un îaît excellent

devient promptement détestâMei

La baratte est une outre suspendue au toit de la

hutte et qu'une femme a pour fonctions de balancer

pendant plusieurs heures, au moyen d'une corde. Au

goûidefùfâïée qïi'âfâit déjà le laït^le l>€MFfte|joîiidiia

maintenant #êlïiî du c«îr dans teçjaél il % lté prê-

pïÇpâ* iiaiism beurre frais, qui ferîtit, jnaîgré tout,

une cuisine que le palais d'un voyageur, aiguisé

d'un vigoureux appétit, trouverait excellente, n'est

point encore celui qui sert à confectionner les

ragoûts â%sstniens. Ce n'èst qu^nn cosmétique qui

sera précîeïisement réservé pour gcâîsser la «elieve-

lure d'un seigneur ou de quelque jeune coquette.

Avant d'être considéré comme denrée alimentaire, le

beurre est fondu, et devient ce que les Arabes appel-

lent jy^^m^?/?. Pour aidera sa conservation, les Abyssi-

niens j ^mlmà h tmmm m^àmé^^ màcîîlw êe Im âQmm m îdétestable* 3m ims à

Iflî ?êrité de dire que le beurre ainsi préparé se

conserve fort longtemps sans devenir plus mauvais.

Hassein, pour se faire pardonner les richesses

gastr©n#^ qu'il âwt «t^he^^^ pria mon hô-

tesse de me prépater itn férîtaMe Wîtt âbf^Bîe«»

Il f iftattq^jâitt^ k h *Wê'» 1* M^s prÎBiîîpli le

fameux hrmtâo^ ce lambeau pantelant encore 4«

viande crue ; mais je n'éprouvais âlors nulle Sfîn-

pathie pour ce mets national.

VmMÏ les ragoûts peu variés qa'awjne «ervit , et

tous épfeé^ #tiae lafon uttom^ il en est m qnj

mCwAri^mM et tne séduisait tout sfii^ltto^Éit^

Datos là poîïiiîeose nomenclature qui orne le

menu d'un festin ou la carte d'un restaurateur en

renom, on n'a jamais vu, que je sache, figurer le

ûMro. M cepenianlîe êÏiîp© esl un ûièts délicat,

quoique fea ifêdnîstut It pteinîêre tue : hm^ïtmntt#^ l}firuîlîî# grisiire

,^^ dans une écuelle e»

terre noire et dont un beurre gluant inondait tous

les bords. Enlevez le couvercle en sparterie qui

conserve la chaleur, et laissez prudemment refroi-

difi car le^feîro ett frès-épicé, el $e Irlflec la kftfufe

a^ee nne sâti<^ pïJttientée, c'e^ ^rrîble; goûtez

«6 ABYSSIKÏE.

«iifin, Bif M Toûs êtes un fm ImMt^è k h ttimmrelevée de l'Orient , vous trouverez excdlent ce

mets tout à fait national.

Il est temps de dire ce qu'est le chiro. Lorsque

les Abyssiniens tuent une antilope, qu'ils îèsi^jttmt

sous rappellation gèiiéïlfne €a0ùmn^ ik décou-

pent les chairs en lanières grosses comme le doigt |

on les fait ensuite sécher au soleil et piler dans un

mortier. Ainsi préparée, cette farine de viande peut

se conserver un temps indéfini. On la mélange par

sehimhéra^ et C«ite Bwiïlie , MSaf^atiée à& iots

de samen et relevéi^ dé pj&udtfe dô piment, consti-

tue le chiro, qui ne se sert que sur la table des

riches.

J'avais déjà pas mal de domestiques, mais il ne

â*fK troïiva, tin seiil dans le noBibre qui con-

mtàiX à Miojidre le dottraîi ni k nllêf «èércber 4ti

bois et de l'eau. Ces travaux sont considérés comme

déshonorants, et aucun homme ne veut s'abaisser à

ces fonctions réservées aux femmes. Force me fut,

sous peine 4e ïtfwîr de soif, de prendte à&mfèniines pour domestiques j je ne les ptfàîs pas

eher* Il est vrai,, un demi-tMl<ir |f ïf* 50) par mois,

et les pauvres malheureuses écrasaient du dourah

toute la journée ou revenaient le soir pliant sous

un immense fagot de bois ou sous un vaste gombo,

qu'elles poftaîent sur le 4os, reteuu paaf leur tatib

qui était noué sur le front m mw M pôîtrine.

C'étaient deux pauvres filles, encore à peu près

jeunes, que Hassein avait recrutées je ne sais où;

mais enfin tout fait nombre, et j'avais maintenant

wm mé^^ qui, avec las gens é$ mm^ M^ssa, lorw

maît nm iîè)Mà& mkmie.

Oisero^ Douba (c^éiait le nom de ma propriétaire)

avait chez elle sa nièce, ravissante créature de treize

à quatorze ans, nommée lanoussou. Elle remplissait

près de sa tante les fonctions d'une domestique pri-

vilégiée et n'était occupée qu âUx çôîtis intérieurs

àn toénagè, Sottvent d'autres Jernaies fîïleâ dû voisi-

nage venaient lui rendre visite, poussées peut-être

par la curiosité qu'inspirait ma présence. Il y en

avait dans le nombre de fort jolies, et toutes avaient

une attitude noble et gracieuse, avec leurs cheve-

le soir que j'étais occupé à travailler ou couché,

toute la maisonnée sortait de la réserve, et des

danses s'organisaient dans la cour. Je me gardais

bien de déranger ces petites fêtes improvisées, et

plus #ûiie É)î§, «a3^ dén^lre une peau 4ê %mnf

qui nie servait de vôlet^ fm nssî^é &m éiafn ié

eette Jeunesse. Plus tard,quand on se fut habitué à

moi et que de petits présents, un collier de perles,

^ Oisero, en éthiopien, signifié

un petit miroir, quelques aiguilles, un petit flacon

de grossière parfumerie , m'eurent conquis les

bonnes grâces du beau sexe, ma présence ne fut

plus un trôi3f|l^-iête, et quelquefois mes dfiwes**

tiques s*6iîliardîriïïl Jiiifiï'â m'émofét m aïûfcp-^

sade lanoussou et ses compagnes pour obtenir WRô

distribution de taidje. C'était plaisir de les voir,

tremblantes et confuses, avec leur mine de petit

oiseau efiaroiicbè, îïï'airissâr lêûr IwïûM® requête.

Je ma laîssaîf IouJoîjpps ilchî-r, et les â«ïîsés se pi*-

longeaieiît Mm mmû àms îa Moit*

Ces danses rappellent celles que j'avais vues dans

les hauts plateaux de l'Algérie, exécutées par les

aimées des Ouled-Naïl, mais elles sont plus naïves.

Hôittînes et feiwitifis JÎ&nseïït enseïîîble, rangét ea

eerdfe â^ttit feu ; Îé& mm et lejst âmtrs^ fiè^

tinent sur place plutôt qu'ils ne dansent, et se

balancent d'avant en arrière en chantant d'intermi-

nables cantilènes dont ils marquent la mesure en

frappant dans leurs mains. Comme chez tous les

peuples prîmîtîfe, le iÉ|l}ime en est miwiôfôae et

mélaneolîqiïe. ILa mw^^Wf^ i soi^ cai|fîîie) semble

D'avoir été employée foô fôïir ©x|îrîmer les senti-

ments tristes et langoureux ; c'est une douleur qui

s'épanche, le soupir d'un cœur qui souffre. Le cri

de guerre lui succède, mais le chant d'allégresse,

Je jô|^UxloMptt^ Ji*a|) parai que pins tari.

J'èlaîs déjà installé depuis près d%iie semaîûe à

Adoiia,lorsque M* ie Stme awîWt> Ce lot vm |wr

de gala. Prévoyant que nous passerions nn certain

temps dans cette ville, j'envoyai deux domestiques

porter à Massaouah un paquet de lettres et des

boîtes i'îttSâîgles ; ils âs^aîéni me rapporter

dîfféretïts iôljjg ts dont je n'avais fa« Mt une provi-

sion suflÎMllifé, mais surtout mon lit de câropiSîi^ttf»

qui est une des choses les plus importantes en

voyage. Ces préparatifs terminés, je me livrai tout

entier à Tbistoire naturelle, explorant dans mes

^i^pl^iliôïi^ jcwiaiàiêm les m?îroiïâ pitloreffwes de

la tîïle*

J'ai dit qu'Adoua est située dans une plaine en-

tourée de montagnes. La plus importante de ces der-

nières est le mont Chelloda^ dont l'altitude précise

m'est inconnue, mais qui ne peut pas être inférieure

â èmm la^^ tps^ m ^mm. paîllfe cinq cents

Bîêtrés, wàïè 4e k plaîwê êténl iotinée k âk-nauf

cents mètres. Lîg ïftôtti Cbellodâ, sîtaé m nord-est

de la ville, forme une croupe oblongue de cinq à six

kilomètres et séparée des autres montagnes par de

profondes vallées, où coulent, au sud, TAssam, et

«mmofâ^ î'ifepmjia» %m §m0$ 1J0 cette jpnôntagne,

tttrÏjQûtjdtt côté àn sud, sont peu escarpés, et là vé§ê^

tation est fort clair-semée. La gorge de TAbouna, à

une de ses extrémités, est fort étroite; d'un côté le

Chelloda, et de l'autre un bloc énorme, dont les

parois verticales semblent formées de colonnes po-

90 ABYSSINIE.

lygonales mmMm smmxù^h mmme êMM mi

f«Fl©gfp*ii«§fii^ Le^^ii^fim a défilé, on

se trouve subitement dans une ravissante vallée, où

le cours sinueux de la petite rivière est indiqué par

une ligne de beaux dattiers, où voltigent une foule

4*<34seâîïX m pïmmg^ éfik^mâi des pigeons jaunes

at tertt * TMcoulent dans la verdure étm gôrpût

de dattes; des geais bleus^ ou bronzés avec le

bec blanc ^ se poursuivent d'arbre en arbre, tandis

que des grimpeurs à longues queues, tantôt métal-

liques et fasciés de blanc\ tantôt d'un grîs îsiibeEe

Meîc^ïa têle^Gtiroimée d^une liupp#\ se siï^iûi^t

lïAïiêiie^ ie niîlîe &fows* fM ta Ht sur^

tout un oiseau ravissant et qui construit un nid qui

mérite quelques mots de description : ce charmant

passereau ®, qui ressemble à notre moineau, mais

âmê Ife Iluttïitge est ÉntîliSKiant d'un jaune^'jor

varié ëê néît hmii^ mspmà m demeure aMenite à

Fextrémité d'une branche aussi flexible que pos-

sible ; la feuille elle-même du palmier, si grêle, si

élancée, lui semble encore trop grossière, et il la

fend longitudinalement en deux ou trois parties pour

Ptilorynchus albirostrîs.

^ Promerops erythroryochus.

^ Colius Capensis.

^ Ploceus aureus.

Mm tttgfïïenter la flexibilité. Ce nid resstntblis tin

p€u à une (mmM&k ml mmit i3[v^ sejraît si3tsp«nâue

par le ballon, avec Touverture en dessous. Lorsque

Foiseau veut donner la pâture à ses petits, il se sus-

pend la tête en bas à ce que j'appellerais le ventre

âm nid ;puis, éteftdsîïlm âlî# et s'appuyant mf sa

qmm^ ilm replie sttr ImNniita©^ p^nr en|^|^r sa

tête dans rouverture du nid. L'babile architecte de

ce petit palais aussi confortable qu'élégant n'aime

pas à vivre seul ; on voit ces passereaux, par bandes

innombrables, évoluer comme un tourbillon doré, et

Farbre qu'ils ont choisi pour êltelâ^pîMe délsùr

pelll® ïêpîï^ïlîq^ mi lîtîéiPâleimiiït c0U¥SBPt Ife leii^

liîdB^ 0nM*|fep«ï*çdt plusnif^ ni branchés} cè ne

sont que des grappes de nids, qui oscillent constam-

ment sous le poids de leurs habitants. Mais ces

prudents oiseaux ont la coutume de choisir un arbre

k trané iexîble et dont Im tâmmm jpandiaat

SLmmm du ruisseau. Inoflfensîfs et stnâ défema, îls

ieinMeal ne chercher un abri que da:ns la déHca^

tesse même de leur travail.

Tout n'est pas aussi poétique dans la nature. Il y

a en Abyssinie un autre oiseau, une sorte de gros-

Ijec, encore cousin germain de tW)S n»ïi«6âtt^, msà$

tm pm plot gros I sm plomage^ôf d'tm joli grî&^a-

belle; il a les pattes et le bec rouge comme du co-

rail, il est alerte, gai, sautillant; on est tout prêt à

le trouver charmant; mais il ne faut jamais se fier

anx appareticis i il 4 de i3é|tl0i^|ei b^HliQâétt

gôûti àas§î àèptmès qm «à^aéls. C« petif oikem miCarnivore, il aime la chair, que dis-je! la chair vi-

vante ; aussi les naturalistes l'ont nommé

mange-bœuf. Une pauvre mule, un cheval, un bœuf

mt-îh été Messés par h hafïiftîs, c*ê$t 4i»s «elt#

blessure saignante què le Biîpïîagiïs pl^oger

son joli be^ ; de ses pattes, que ïa iïafîire, bonne

mère en somme, lui a faites rouges, pour dissimu-

ler ses vices, il s'accroche sur les bords de cette

écorchure, qui bientôt, grâce à lui, deviendra une

pîaîe, ïl est % %nt h ém âe ït paawe Mte, pi-

quant^ becq»«tot» dâ^iranï, si isÊdtà hM twste

besogne qu'on peut l'approcher jusqtfà Mettrie la

main sur lui ; sa victime a beau se remuer, se se-

couer, le frapper de sa queue, rien n'y fait, il ne

bouge pas. J'avais d'abord trouvé cet ofsea» Joïl#gracieux j lïiaîs quand je eôiïntis s0s mc^TO, j*^ le

pris d foït eft |^îppe,jqt3te je croyais faire œuvre pie

en en tuant le plus possible.

La vallée de l'Assam, au pied de l'autre versant

du mont Chelloda, était toute difiTcrente; là, plus de

palmiers, plus de beaux arbres t Ciipfiteinset fraî**

ries marécageuses et côutreHes èe jôiics. Pour être

moins pîttQTfsqtïe, elle n'était pas moins intéres-

sante pour moi. Les reptiles abondaient dans ces

terrains humides, les insectes y pullulaient, et des

bandes d'oiseaux se balançaient à la tige flexible des

Joîïcs, Cètéml^ lé mmMmt à gorge Matl^\ lé

veuves d'un noir velouté à ipMJÎettes JawBM^ OU k

collier de ppurpre^, des passereaux encore, mais

ceux-là mi-partis noir de velours et couleur feu ^;

des bandes de vanneaux, des pluviers et Fombrette

sôîîteire^,hMpo» itiwlôngues patte# ,m H sKï^elIâ

qui s*^Bftj|tît|e «©a tejïla IViltMfiliuïtfe^

En soïfatil Ée em ptnîrîêà Jroïaîdes , FAssam

tombe, par petites cascades, dans un lit profond et

escarpé; puis, longeant la ville, il coule vers Fouest

et M titrde à se Joindre I fàhtmn^ pou? 4ller,

iè mMmttf après ïttîlle méandre^ ditns kOijèrî, qui porte à sm tout tm m T^èeaié *

11 y a:çaît fort peu de gros gîMer atttowr d^Adoua,

et je n'y ai jamais vu aucune antilope ; en revanche,

l'entendais chaque nuit de plaintif hululement

des hyènes et le jappement des chacals, qui

îittïeii£|ûiqîie^m^ lltcéd» ^aïc^ Mm Mêùbde fîd^i^tïfI. its feBMfôiï était trop forte pour

que fy pusse résister, et j'allai, par un beau clair de

lune, me poster à Faffût. J'attendis de longues

heures, blotti dans un buisson de jeunes figuiers;

^ Apus mdfaaw2 Merops rhînuîa.

3 Coliiis-passer flaviscapulatus.

^ Colius-passer torquatus

5 Loxia ignicolor.

6 Scopus umbretta.

04 ABYSSINIE.

Fair était pur, la nuit splendide, et le silence n'était

troublé que pat lè &â èm hyènes, qui se répon-

daient àe toiïSr iÉiïéB^Wti àhf&ûmÎMf mmim^ê^ 4tns tous

les pays où vit ce carnassier, il esl considéré comme

un animal immonde.

Son mugissement assez sonore n'a rien de la ma-

jesté de la voix du lion, ni de la farouche âpretè 4tt

jappeméni im<|af lu ^é<ïpIê u»Wuleme^pkMÎ pïdioiigé swr mim mineur, qui va cres^

cendo pour s'évanouir en une finale discordante.

L'hyène qui habite l'Abyssinie est l'hyène tachetée

qui se retrouve aussi au cap de Bonne -Espérance,

imêk (pe iîiîî« 4& F^gérîe #4 Hïliifce âtf Sénégal

mt Fhyla« imyiô. ï/kfl^ lmà^^è^ iBsâ pluê gtmê^le train de derrière est pf0p.0ïJî#îQtîiell6ment plus

élevé, et son pelage, ainsi que son nom l'indique,

est semé de taches, au lieu d'être zébré comme

celui de la hyène d'Algérie.

Sitôt qtt& la tttîît a Mméi mm mM$^ Yhfkm sort

de sa imièm etM iiiB*m quêt© de qujel^e cada-

?ï?e* jElle n'atlaquera jamais l'homme, à moins ^o^iï

ne soit endormi. J'ai vu un jeune pâtre qui, sur-

pris dans son sommeil, avait eu l'oreille dévorée par

une hyèiie ; maïs réveillé en sursaut par la douleur,

il fitm ïnoutemeiit, et le ikmé s^éafiiît épouvanté.

J'ataîs disposé autoiir^le fiiQÎ^ à tiiie vingtaine de

pas, des entrailles de mouton, espérant que cet ap-

pât allécherait les hjènes. J'avais entendu dire, et

ADOC A. mje croyait fluoî-nïâïtt»^ §ne Fbf&ïïé ms^ ï%€<ïyitt pe»

développé, Cliâeaii raecHiinîi à pîàfeîr m âïgérîe,

où, dans la région des hauts plateaux, les hyènes

sont très-abondantes, que cet animal, privé d'odorat,

en était réduit, pour découvrir sa proie, à suivre

le^ljalaée^âejélïiwîals, qui chassiiîeî^^

cal a découvert un cadavre quelcotiquè, Thyène,

qui est là sur ses talons, sait bien, grâce à sa taille

et à sa force, s'attribuer la part du lion. Contes que

tout cela;Thyènea Todoratirès-développé, comme

cil va le voir^ Les mugîss^ïËteïits que j'eiiletoidtë 4t

tous côtés m fâ^procEaîent^ cmam^im cercle tpâ

se rétrécit; m$M^ je vis se profiler à Fhorizon la sil'^

houette d'un grand quadrupède. Je retenais mon

souffle, rhyène se dirigeait vers moi; déjà j'épaulais

ma carabine, j'aurais vendu sa peau comme les

chassants dé îa liM^ ^tuait elk tpaît k i^é^m îaîl

viwgl pas s%rfitâ court, po«m mt long

hululement, et s^enfuit à toutes jambes. J'étais

éventé, bien que parfaitement dissimulé dans une

broussaille et à une distance d'environ deux cents

mètres, La même scène se renouvela plusieurs fois

dates ït îpifiait mMt ftwcmie hyène ne se hasarda à

Enfin, de guerre lasse, pour ne pas revenir bre-*

douille, j'assassinai un beau chacal, qui venait se

désaltérer dans FAssam.

m ADYSSIME.

On peut penser si je eonlitls des jours heuréM:* k

et maL clïâûittîè^ était devenue un vérîtablo musée,

où pendaient, en séchant, des animaux de tau|€S

sortes. J'eus cependant quelques anicroches.

Un jour, en rentrant d'excursion, je trouvai le do-

mestique chargé de pttreiaesMle^lp,%^toute bouleversé^i el^ af^rês Wtaijue mon îpMWàMfi- dal^àWopîen rendait difficiles,

je compris que mes mules avaient été séquestrées.

Déjà le représentant du Raz Bariaou, un subalterne

de vingtième degré, était venu me tourmenter pour

#îeRir queîqwes pfestrea I fitrê âé trîbût* Il avttît

toujours liétee^^ta^ciJti^ à la porte tôtts les

iboiitteurs dus à un garnement de son espèce, et plus

d'une fois je Tavais déjà menacé de lui appliquer

au bas des reins la semelle de mes souliers ferrés;

ïij^ls il Ré sultait pis le^ et, par mena-

ces m îotît mutre procédé mmû hm^ète^ Il s'était

eîîîparé^e ïoes mules et les avait mkm m ÈmiJt^

rière, ne voulant les lâcher que contre «û© grosse

indemnité.

\ Par qui me faire rendre justice? c'était assez

épineiix ; les «lïloïillt éa pays me s^»feltîml

tant de complices* Le chef suprême étaît hm , et

ses représentants, valetaille affamée et avide de

quelque gros bàcchich, n'étaient qu'une bande de

coquins. Heureusement, un personnage dont j'au*

ADOtJA. . 07

rai plusieurs fdî« l^ccÈfcSîmJe pc^^

pmi m ^îm^mimâ pônr aller chm le roî^ Çèlmt

Abyssinien nommé Boarrou^ natif de îa pmvince du Oualkaït, et que pour cette raison nous

appelions Oualkaït-Bourrou, ce qui servait aussi à

le distinguer des innombrables Bourrons qu'on ren-

emîm à chaque pas, fattt te nfittî est Iftf«0îi£ eis

Abyssîaîe. Mais Bourrou était un Abjssîîîîto por*-

tant souliers, pantalon de drap d'Elbeuf, jaquette

et tarbouche; le tout éculé, usé, fripé, rapiécé,

lui donnait une mine de mendiant, et il en était

plus fier que s'il eût porté la toge indigène du

foî liilnttiêiaie. Ce qui proutë feîèft gae %$an^,

de convention. C'es| IshsIm â BûOïlàf^ il

avait fait un séjour assez long, que Bourrou avait

adopté le costume européen, avec tous les vices de

notre civilisation, évitant avec soin de s'assimiler

BIOS fuâïîlês* Maïs îl TOît appris l'anglais, parlait

aassi mu peu Irançalsi M % cet deux titres était pmrnpioî m ffèm&m Merprèie. Je Tallai trouver, et,

moyennant un verre de 7)iouch'7iedif\ il se décida

très-facilement à mettre à mon service ses connais-

sances philologiques.

Je fus, pour cette foi«, obligé d'aller à pied; mâis

^ Le lecteur ne sait pas, sans doute, ce que c'est que le

lïiôueji-^ïiédïf : les comïBerçants européens qui sont fixés â

Massaouâti font venu*, patjr la venidre à bas priv aux iMdi;|èncs,

6

03 ABYSSINIE.

je me vengeai de cette humiliation, en m'entourant

Précéâète cloi»ei% ittéferoîtpksséf ett lié*

rauts d'armes,je me rèjtttîîs ^mm lourrou , chez le

Béléta Garamoussié, qui, en Tabsence du Raz son

maître, remplissait les délicates fonctions de gou-

YmMwmmà mas mules^ qm wm pmmmifmmdoïi de voir de près cet împoriant persoDH

nage.

Après avoir traversé des ruelles étroites, nous

arrivâmes devant une maison aux murailles sombres

et mÊxmém itol la fmîé tm^^^^m «00! mor-

ceâtt Imhs, était fë^iaêe* ie i^ftô p«*tiB

étaient rangés en factionnaires plusieurs grands

gaillards, armés de pied en cap, qui semblaient en

défendre Fentrée.

Ils aïmôîicèreat, m Aitflïé le fôtwtraétMr è^MiMmpé et m f&mmt Me m^m^^ méê&amêiâ le

rusé magistrat, informé du délit, avait prévu mM.

visite, et n'ayant aucune bonne raison à me donner,

il avait trouvé tout simple de ne pas me recevoir.

J'étais, pour ma part, résolu à clore Fîncident le

une sorte de drogue, pompeusement décorée du nom de cognac.

Un jour qp!un Atyssini^ assez cossu et parWt quelques mots

d*arabe ékrt vmm à Màmouah.,^ oïl laî crffrit un petit vei3'e 4ecette liqueur traîtresse, a SToucIi'nédîf m , s*ëcria-t-il eh faisant fe

grimace, « il n'est pas propre t ; et depuis ce temps, cette mau-

vaise eau-de^vie fut baptisée du nom de mouch-nédif.

flm lôt possîbfe wtmé^Lmâh ettip© èe ixi^m re-

J'insistais pour enfefâe^ ïéis lactmîïnaîres s'y ô|)|î0-

saient. Ennuyé de ce manège, je saisis des mains

de mes domestiques une longue lance garnie de fer

mMm ^ 0t ècàyfeBil wmîn $ ^mmmmïâ mmfermement, l«s laditotîitifeSj^ je Èiîpfûé mapà re-

doublés dans la porte, eîi criant t « Fra^guîî Fran-

gui ! c'est un Français.

Le Béléta comprit sans doute au son de ma voix

que je n'étais nullement disposé à faire le pied de

gru« à sa jpôrle | rnsé wlb $mmtiiB tiuMPi^ fm^Ww^ér MmMêmB^^ Jf^ mît ausplôî msîaîwîôlàiïs

Fentre-bàillement de la pOicle et l'ouvris tout entière.

Là, nouvelle discussion : on voulait bien me laisser

entrer maintenant, puisqu'il n'y avait plus moyen

de faire autrement; mais les domestiques devaient

retter dWbôïâ mm lmt$ afîtt^.. Il i^f mmk j^méM^

imtéém 4«falttârfeï Ite BMÊk élult m imâ trop

intelligent pour se laisser entraîner à quelque voie

de fait sur ma personne. J'avais aussi mon revolver

passé comme de coutume à ma ceinture, et si je

teiials tMm entrêr ttiéfs iomestifu«$ ém le gcm-

veriîeïif , -e^élpt me siiaplè ^uéstion de dignîté.

venais réclaimer li Justice et non pas l'implorer.

J'écartai de nouveau de la main les factionnaires,

qui commençaient à devenir plus dociles, et je fis

passer mes hommes devant moi. Le procès était

100 ABYSSINIE.

iêtm et déjà plus qu'à moitié gagné. Je ne voulus

pas aJbtrser de ]â itîclôîtev ^ de eô|»rfikilJi^

laîssani les domest%tie^ iitts h <»tir iwtéWïp% |e

pénétrai seul, avec Bourrou et mon îîîterprète ordl-

aaire Hassein, chez le gouverneur.

Il était, avec deux ou trois personnages, ses con-

seîHers sm$ êùiâe ^ èmm sctrt& de piêc^ ^Imciît*^

et malpr0pr$i> qiïî surfait aussi d^écuria à sa miTle^

Il ne se leva pas pour me recevoir et ne m'offrit pas

de m'asseoir ; sans plus de façon, je fis demander

un siège par mon interprète, et une jeune esclave

m'apporta un billot de bois, sur lequel je m'instaî-

liii coïïjiïig ém$ nm chmise curwle. MitawItwsaïl im pî«li à la tête à'm slapêiè^ iMmtrîsîle me donna du gouverneur la plus triste

nion. J'ai parlé tout à l'heure de Thyène;j'en re-

trouvais une, plus dangereuse assurément, et tout

mm lâche et îgnoMfe

îlarâiaûïîssîé est un de ces lioinïïies i&ai î! est

l^ttôsîlle^e fréèlsér i^ge^ pm Im mmmm$mpassions, ils ont, jeunes encore, un aspect de vieil-

lard, et leur œil cave ne s'illumine plus que de

reflets sinistres; ajoutez à cela une chevelure en

désordre I sioarellî q semblent épineux, une

fmti gmvêîée de peite virol^^ éfc mn$ $mtm Mmla face k plus patlbulaîre que Fou puisse ima-

giner.

Bourrou, dont la bravoure ne fut jamais la vertu

ADOUA. 101

doiriinante, m'exhortait à une prudente modération;

ffitîs^wfant aiî «mporte leièitt* l^éîiliiti le pTeailer

eu matîèrt t

ce Pourquoi, dis-je au gouverneur, le valet du

Raz, dont je suis Tami, s'est-il permis de prendre

mes mules et de menacer mon domestique ? »

Garamoussié semblait visiblement embarrassé, et

$mfmt Iftâttîlît mm vépmrn^ mîiïtisîlîgible,

dans lagutlîê |e ©rtts çféinêler ctp^iaiil i|ii^ïî 0mt

â:iîMge ïp# les trafiquants, surtomt JtS^ IstJfôlîg^

payassent un tribut au RaZ| pour passeï* sur sês

terres.

a Mais, répondis-je, j'ai vu le Raz à Addi-Mon-

gondî, et je n'ai pa^ lté #|îf#comme j'ai dû Mm lit fîettiï©. la $ùb taîdje

dans son breulli, et, s'il avait voulu me faire payer la

douane, il me l'eùtalors demandé. Jene suis pas d'ail-

leurs un trafiquant; je suis venu ici pour recueillir

des bôtes et des plantes qui ont des vertus médî-

càlês. Je mis rmmmmâé m Mm et m Mègmmpar le consul de France , avec leqiii^ Je suis

vicnu*

a Connais-tu ce cachet ? w Et je lui montrai taoû

passe-port, qui portait le cachet du consulat \

ttCesf vrai, dit le Béléta, mais tu aurais àû

^ On sait qu'en Orient la sigïmture autographe n*est pas

usitée et n'a aucune valeur; 0a sart iaujjpurs à'tin sceau, ce

qui prête à bien des rnalversaiions,

6,

102 ABYSSINIE.

faire un cadeau au ouékil du Raz. w Et Bourrou

d'appuyer cette proposition.

^ lia ftacleaii au tralet èa Raâ I Ùxâ^ Je lui en

firîîîw% s'il ose jamais se présenter devant moi, mais

ce sera une distribution de coups de courbache\ et

le drôle n'aura que ce qu'il mérite. Au surplus, je

ifal pas le temps èe Msctâm iPPteM î m «a^ ^sUè

met Brafe^î 'VêQx-itï mê les laîrê renirét

itjiaEls |fe ii'en ai pas le pouvoir, allégua Gara-

moussié ; le ouékil du Raz n'a pas d'ordres à recevoir

de moi. II employait à dessein et pour rehausser à

mes yeux ce domestique du Raz, le mot arabe owe-

]kil^ qui signifie représentant, foniè df© Ç0aitiii^

M. Q«tfe âdS'tû ému dm l^utoritt q»a tê émîhmton titre de Béléta? n'es-tu qu'un gouverneur de

paille, qui tremble devant un valet, ou plutôt n'es-

tu que son complice? Assez parlé du reste : je suis

ici chez toi, et je te déclare que je vais y rester

jusqu'à ce quê mm vmim ïtt^ûl éH i^a^ès*^

ytetrfe da wp^éi&t et la wmm ob%l de

me faire servîïv moî et mes gens. ))

Le gouverneur ne savait plus du tout où il en

était. Il s'était attendu sans doute à une discussion

orageuse, à des menaces, à de la violence peut-être,

^ La courbache est une Iciiigpe et flexible craFache en peaïi

d'hippopotame, qui, vigoureiiiôiîîèiit mmàêé^ ^tient presque

me arme*

ADOUA. 103

tempête qui se fût terminée par quelques thalaris

que j^eôssfe été dblîgi êtè êmmf # «st ÎHSftjiête

itoime eût empâcîiès.

Mn fmmâ que le B^llït teiMîWssîé n%Mi fs§

étranger au rapt de mes mules, je ne m'étais pas

rendu coupable d'un jugement téméraire; elles

étaient tout près, peut-être même daot sôii éciirle,

cat> iKotr» tMèqm termlnl, |%ltêûiiîîs I fekie

qtïflqùes lnsf^afsMmi qum m& Im rendit

Pour prouver que ce n'était pas par avarice, mais

seulement pour maintenir Tintégrité de mes droits,

que j'avais refusé tout cadeau, je donnai un thaler au

jeun^ Siirtîteïir ïmm^fâlâît mm bêtes , et qui, en

signeêe rêccmtttîssâiïïîe^mà1^ tm^^ hêpmmgarçon

,prévoyantsansûmM^% lîeg^ê mà$ fôfce^

on lui enlèverait son petit trésor, me suivit, sons pré*

texte de conduire les mules jusque chez moi ; mais

là, il ne voulut plus me quitter, et comme c'était

nu dôfla€iSfîifÈi# à gages, je le garââî a wmm seiv^

imë*

Je ne m'en allai eepmà&tit pas ainsi de chm le

gouverneur. Cette affaire avait fait du bruit dans la

ville, et quelques groupes dans la rue montraient

une certaine animation. Afin que désormais on ne

^mtûM fim à me jmm ê& mmvm tours ^ je te-

imîs à <ïé qnè îônt le mouàê sût Men qm jû m'étais

fait rendre raison. J'envoyai chercher nja sielle^

et^ enfourchant ma monture dans la ctrur même dm

lOi ABYSSIIVIE.

gouverneur, au risque de me rompre le cou en

passant la porte,je traversa sans encombre quel-

ques ras$èmbleiîi€^iits^ qui semT^lalent ni^êtrô peu

sympathiques. Les rieurs furent de mon côté*

En passant à Addi-Mongondi , au camp du Raz

Bariaou, je n'avais pas pensé à lui demander Tau-

torisalion de me rendre jusqu'auprès du roi. Et

avec uH httmmé t&mm& le Béféle Gariuntî^silè ^ îl

étoît sbsoliiinënt ihdIspÉMâMjB d& më M^ttrè en

réglé; îl eût été trop heureux de saisir la première

occasion de m'être désagréable. En redevenant le

compagnon de M. de Sarzec^ je n'avais nul besoin

de rassentiment du Raz , et rien à craindre du Bé-

léta ; maîsl^ conserver Ik lîlerti lîeirofager

à ma gnîsB^ pfiïr ecli$tÎRii«rplu&l^^ re-

cherches zoologiques qui m'avaient déjà fourni de

Irécieuses collections. J'envoyai donc un domes-

tique au Raz Bariaou, avec une lettre du vice-consul

âtmmimt fom nmi «elt^ aotorisatîôn ; car U avait

mâ àé Wrmùt^ iM mtâ qu'il y eût â Massaôual,

que nul Européen ne serait admis à voyager en

Abyssinie sans une autorisation du vice-consul;

mesure fort sage d'ailleurs et dont le but était de

iffiîlîtef ^attx Eiïropéens VmM 4ô llipsinié^ mles accréditant Buf^ès des agfedtés ïïidlgèiies^ H y

avait donc pas à douter que le Raz Bariaou nem'en-

Vôyàt immédiatement Fautorisation demandée. En

^mëmt le retour Ûb mon àQmmiiqmi |e wpmtranquillement le cours daines exjCttrsîoiïs.

Le 25 septembre, eut lieu une fête relîgîeiise^

la fête du Mascal (fête de la Croix).

Au centre de la ville, sur le mamelon le plus

élevé, se âressfôUtte église, qu#îi* feretâ #tîleii

Iraîn de reconstruire sur «n plaïi qtiî, f&nt ïé

pays, est gigantesque. C'est Féglise de Médanl-

Allen| (le Sauveur-du-Monde). Plusieurs autres

sanctuaires sans intérêt sont disséminés dans la

ville, dont ils rompent la monotonie par leurs

tast^ enclos plaiïtéê #«tÉF^ sicnitîres* 35e l^ttfre

côté de î^âssaM , &û pîei du mmi Chelloda et mmilieu d'une sorte de faubourg, il y a encore

une église vénérée, entourée d'un petit parc ravis-

sant, où des palmiers et des bananiers marient

agréablement leur ombrelle de verdure et leurs

larges ieaîïièt s^ux sombres loa^ls êm câMers el

des ig^ierM^ïKJtoefes. C*est féglise ^e^shbriel, qui , les jours de fête; devleiit un lieu de

pèlerinage.

Dans l'apresmidi, tout le clergé de la ville

se réunit à l'église du Sauveur-du-Monde ; des sol-

dats revêtos de leurs armes et de lôars insignes

,

des cîtadïîii,. ë^m fB^nnm ëû %$MU 4^ fôte^«*esfr-

à*àire avec des ^mmas ou des taBÉs^ pl»s blancs

que de coutume, se joignirent au cortège, qui

se mit bientôt en marche, dans un désordre plus

106 ABYSSINIE.

pittoresque que nos processions régulièrement ali-

Les piétiôîis lû^r^îeM ê^éimàm §tmi^& mnè ;

stir les iîtm€S^ Im eatraliers faisaient caracoler leurs

montures; puis venaient les musiciens avec les

flûtes et les tamhours, les clercs , les deftéras ou

îettrés, portant, comme les prêtres, àê mém ttiiy

lîans de iïrôiassBÏîîiô blanche ; ensuite quelques

prêtres revêtus de chapes en cuir jaune ou verdttrt,

et enfin Tofficianf , dont la chape était en soie rouge

fripée et qui marchait abrité sous de vastes ombrelles

en soie pourpre et violette,portant à la main une

m0x m mmfe û'^m ^mnâ^ Mmmém- Ttm^ mfmpÏB ém^Mi k pleine ml% ^e^hrpnnèèm langue

ghèze. En musique, comme en toutes choses, il n'y

avait ni ordre, ni méthode, et les oreilles les moins

susceptibles étaient déchirées par une semblable

cacophonie; mais de loin, on n'entendait plus

qu^UB ib<aj^0JO5^^ et ce long rubltn ié toutis

I50nïgii3ss ^ jqm i0 <îlr«Hiïtîtm Jnilîéu de k verdurei

produisait lé |lut thwtmmii èlfel.

Je pensais que là se bornerait la fête; 'mais

tandis que le soir j'écrivais les impressions de

la jxiurnêe, que je transcris aujoufd^M^ ôi n^el-

tais en otdi*è mm cdlecfîons, ]%nt«n#s dê toutes

p^fts 0ithy des hourras, des coups de fusil^

et, tout à coup, la ville sembla tout en feu. Sur-

pris et presque inquiet, je sortis précipitamment

Al>OUA. met je tis, en tffet, que ehaqae babîfant mmiallumé un feu àe mr là terrasse. Mes dci^

mestiqaes s'apprêtaient à en faire autant sur la

mienne; mais j'avais toute une petite provision de

poudre et d'alcool, et de crainte d'un accident qui

eût, en quelques instants, anéanti toutes mes col-

lêdtîom pénWèmei^ a^jniàes^ p m'opposai, k

Imr gjmad iês|ipp#inteinent , à tûute ïlltoœmation.

Les feux éteints sur les terrasses, toute la popula-

tion, avide de réjouissances, se transporta sur la

place du marché. Je grimpai sur ma maison, où

j*ét«îs mm préitaléJres loges pour fèmt voî?. Des

iB<jîai«5ïras èe fmÛ:& et 4e îjronssaîîles fureûi bien

irifië âîBeiïMïiîlês; «iiscan, portant une torelîé à la

main, s'empressa d'y mettre le feu; des danses

s'organisèrent autour de ces bûchers, au son des tam-

bours et des flûtes,accompagnées de battements de

mains. Des hommes en costume de guerre, moi^tês

fiùç îfàrs «hevaux de hataSUe, m lîîrfèrent à u»

carronsel échevelé, simulant toutes les péripéties

d'un combat. La fusillade crépitait, les enfants se

poursuivaient avec des torches , les femmes specta-

trices de ces tournois poussaient leur fameux cri :

EaMhîhî^.**^ crî guêï'rê fit d'allégresse ; on Iraiâh

chissâitleshraiBÎ^, on se toaçait des tisons ardfinls^

la place était tont en feu; ot,, aù milieu de eette

illumination sauvage et gigantesque, les longues

javelines étincelaient , les sabres heurtaient les

108 ABYSSIWIE.

boucliers, les chemmas ondulaient, apparaissant et

disparaissatftt tout à coup , comma dans ime fan-

tatwïagôrîe. €è H' étaient plus des iaûses,. mais nms^hmide infernale ef frénétique, Toute la nui

se passa ainsi.

Mon domestique revint de chez le Raz Bariaou;

il était porteur d'une lettre; mais que voulait-elle

iS&ft âîtilM» BeHmpermémg&à de h ttmdiîiréj «i

tînt ïii%ïiî<jECêri|««^^^

de continuer ma route, alléguant que le roi avait dé-

fendu que tout Européen franchît le Taccazé, Je

n'ai jamais été complètement convaincu de la fidé-

lité de mlH traduction- Cela me ^contrariait. Ibrt

cependant. Haïs M* de Satzec m'enga^eant à n'en

tenir aucun compte et à partir avec lui^ j^'^tceeptaî

son offre obligeante, et nous fîmes nos préparatifs de

départ.

Le roi était à Débratabor, dans la province de

Béguémédienr, fèm aîîferlt r^ndra^ bîo»s aidons

à choîsîf entra i&m roatés :

Celle de Touest par le Chiré^^trifcffersanl le Tac*

cazé, le Sémiène, le Ouoguéra, passant par Gottdar

et le lac Tzana;

Celle du sud,passant par les plaines de Tem-

Èîèna^ îeà montagnes des Agos et Solota^ tra-

versant aussi le Tacca^é, niais non loîn de sa

source.

Dans la première > nous devions rencontrer , au

ADOUA. 109

bout de quelques jours, le Taccazé, grossi encore

des pliiMgs rilê el quî ûous opposerait um bar-

îfiére IsItîtiicfeîssaMe^ Elle a¥aît aus^ été Bôaracoîip

plus fréquentée par les voyageurs européens.

Dans la seconde, pas d'obstacle matériel; elle

était aussi fort peu connue. Sait, en parlant de l'An-

glais Pearce, qui était allé à Sokota, dit à peine

quelques ûïofe de la région M^m^ Il f âiaîl

doue ]k vm ?é*lti|Me întétêt ; mms il Mlait ImteTOer

les pîaitïi«s l^ëisilîlïie ,que Ton disait très-fié-

vreuses, et les montagnes des Agaos, dont les habi-

tants jouissent, à juste titre, dans le pays, de la

plus triste réputation. Nous nous décidâmes, après

l'àvtîis des laamlés ponr porter mes bagages ; maïs

M. de Sarzec, ayant bés<iîïi de porteurs pour les siens,

manda le Béléta Garamoussié. J'étais là quand vint

le gouverneur; il ne parut nullement satisfait de

me revoir. La présence à Adoua du vice-consul de

Fran^ était tt^ pmt mi k0mBe foEctioti-

naim 1*0 ïoî màÈ^ pm ÈimxîoM$f.àmmà fméim

de jfeiifair abondamment de vitres toute la maison

du vice-consul, et le Béléta ne se faisait pas faute as-

surément d'extorquer aux babitants œufs, beurre,

pOliles, moutons, filÉies^ mmlf clriaïe#i f|c.>

pour nourrît l^mî itt tm # ses |aïm^ liai» lottt«»

ces provisions n^ont jamais pn ârriovr fosqu'à M. de

Saritee* Gammonssfé était m gouffre sans fond , un7

110 ABYSSlBim

tonneau des Danaïdes, et mon pauvre compagnon

de voyage devait faire une scène toutes les fois

qu'il lui fallait une poule maigre ou une galette de

àmmh,ÎM goïîf«raewr ûUgumï hmmmMêm&té h pau-

vreté du pays , il eût été logique de hâter le départ

du vice-consul ; mais Tavarice parlait plus haut, et

maintenant quMl s'agissait de partir, Garamoussié

opposait tQtiim $mi^^ if raisons spécîeiis«SM

Tàccazé^ dlsail4I, ^1 mfraiichîssahïe ; tu

périras assurément, noyé par le courant, écrasépar

les arbres et les rochers que charrient ses eaux, ou

dévoré par les crocodiles, et le roi, mon maître, medemandera compte de ta vie.

^ Si tupmâ^h mAe é^MM-àiiî M Sokota,

îgnpresNtù qm^ tmmm^eê^ wmm ttêÉiMmm mtfcSfersant ces plaines fiévreuses, et que nulle cara-

vane n'ose s'aventurer dans les défilés des Agaos,

dont chaque rocher, chaque broussaille recèle un

voleur et un assassin? »

G<tt»Éi#ott iiatttr#e i « reste ieî^ o& ta me ajan-

La finale était par trop ironique. Un jour, M. de

Sarzec déclara qu'il voulait partir et qu'il partirait.

Puisque le Taccazé est infranchissable, nous

irons par Fioï^è iwitete* tetf^^KvCfflS telusîls pôBF

les ibaïidîts et de II ^uînlae ftmt la M^te^ ^}

Gfaramoussié n'avail rien à répondre*

^$ mâ JtM^ îûBt les Abyssiniens se servent â

tout propos, est bien difficile à traduire. C'est une

formule d'acquiescement et d'affirmation, mais qui

renferme une pensée restrictive. On dit oui, mais on

ÉH èm ï^erfjgg* %èM^, répond îii»ailaÏ3lefl^

FAbyssîmen^ a comme tti vondràs^ aous terrons. »

Ichi n'engage à rien, l'honneur est sauf si l'on ne

tient pas cette promesse, et tant qu'un Abyssinien

n'a pas prononcé le fameux Négous Imout (par la

mort du roi), on ne doit pas compter sur sa parole.

Le gouverât»? *fM un soir âiûiîflj^er so-*

lendemain.

Je venais de passet à Adoua cinq semaines bien

employées; mes collections entomologiques s'y

étaient enrichies dans des proportions considérables

j&sedles mim^ mémm^ m Jtaâma «Ï)sc^ïii«hI

nouveaux pour la science. C'est de là fiie vleMent

peut-être les plus belles captures qtte j'aie faîtes en

Abyssinie. Ce n'est pas à dire que ce soit le point le

plus intéressant à explorer dans ce pays, mais je

m'y trouvais à une époque favorable, à la fin des

pluies estivales^ qt» cm^mj^eiti â mt£B fûuimufnde J^É^e.

Il faut pour les insectes, aussi bien qme pour les

plantes, l'humidité jointe à la chaleur, pour ra-

mener la vie dans ces corps à sang froid qui

îli ABYSSIKIE.

s^^Êîiftl ôBiiiàfiïïiB im wmmmt àm^ k seiaiiaieE

où les plonge le travail latent de la métamorphose.

Lorsque la pluie, aidant à la fermentation, a dé-

veloppé les germes, vienne le soleil des tropiques,

les plantes étaleront leurs feuîIL&s , ftttWaWittI lem^

mr^m; la çlîfsîJîèev qui » sucfeêdè à la dbenîlle,

m fmdv&kmm toôîP^ pmr laisser écliapper rammal

qui, par un travail mystérieux, est devenu le papil-

lon élégant et folâtre. Voyez ce nouveau-ne, ses

ailes sont encore repliées, fripées et molles; quel-

qués^lîéïïrejg msmB âe mMlf lm ik$m mtmé ac-

quis eijBSîsiâîice^^*^

raîr et le sang circuleront dans les injtiiûiwbrables

vaisseaux qui, malgré sa petite taille, se ramifient

à Tinfini pour porter la vie jusqu^aux extrémités de

ses organes les plus déliés. Il s'agite, il part enfin,

en qnéle de là tîe^tôiis^iïi^ itUssI hUm ^omim ptmtImî* Mais JffllHïe |u© 1Met â%î|lîtîçf mn nîî de la même façon ^ rinBëete,

lui aussi, poussé par les lois immuables de la na-

ture, s'acquittera sans se tromper jamais des fonc-

iîons qui mi èié àèvéum à sôti êiplae el pw ï*ac«

complissement âèsquelles il it |pu|ottrs reeu les

instruments et l'organisme né^essilres^

Si extraordinaires, si étranges que paraissent de

prime abord les organes du plus petit insecte, sous

la loupe ou le microscope, ils sont toujours certai-

îï^ént appropriés au genreieiî%ôïm moé^ ma

4f^0VÀ* lia

besoins de ce petit être, et si nous sommes encore

bien loin de connaître tous leurs usages, toutes

leurs adaptations, c'est que d'abord nous ne saurons

jamais le tûtti âë rîen, et qu'easuîîe l^obsemtiM

ést partkiilïèrtîttëiil ^iî^îlé îcî pottt^^ péfîts

qui sont parfois à peine perceptibles à Tœil nu, et

parmi lesquels, malgré les découvertes qui restent

à faire, on compte déjà par dizaines de mille les

variations de forme ou espèces.

te leefeûr îiie p&tmçttm him de lui dire m fflot

dejneà petites bétes favorites ; il eàt juste d'ailleurs

qu'elles aient une place ^tns lé récit xl^uja voyage

que j'avais entrepris par amour pour elles.

La fourmi n'est pas prêteuse, le bon la Fontaine,

qui était à sa manière un savant naturaliste, a dit

wai; elleestâe plus active^ Igbofîeiise et#TO ^ajfac*

tèrem Mi^ém. ©epïtls IfWigt^ïnp ce|r^daîrt

les eiiffiiïiïôlGgîste^ mt Mêù&nmtrt qu'elle avait des

commensaux, presque des parasites qui vivaient à

ses dépens, et cependant c'étaient de petits êtres ab-

S0lupieiit inoffensifs, dont la fourmi, avec ses formî-

daMts mâcbîQÎJSe^ a*fe«t lâtt gu^titit li&Bclée*

:fte»^êlîes <}|)àeFvâtloiïs frenti c^miatîtife qm^ Imn de

les dévorer, les fourmis avaient pour ces petits in-

sectes des attentions tout à fait maternelles. Il eût été

bien étonnant qu'un semblable dévouement fût, de

la part des jfoîirïttis, désintéressé, Ùn s'aperçutbîen-

tôi, en effet, quû ces insectes sécrétaientt par des

Il* ABYSSINIE.

appareils spéciaux, un liquide sans doute sucré, dont

les fourmis étaient friandes. Ces faits si curieux

étaient observés en France, et ces insectes, nommés

dmijiftrs parce qm l$mê aBteijnes mmk feiles

«QWîttfi itiiï& îûâsiïiiê^ B0Jttt dè fittf Mlle* Maïs

îl arrivait aussi à de rares intervalles, et des régions

les plus chaudes du globe , d'autres insectes fort re-

cherchés dans les collections, tant à cause de leurs

formes bizarres qui ïêi?r excessive r^ï^etê^ Cèttx*

îl M$md beaiiCQttf fias grimKs^ mm dépasser

cependant un eentimètr»M lôîig^

On savait d'une façon à peu près certaine, d'après

le récit de ceux qui les avaient capturés, que ces

insectes nomméspaussus vivaient aussi dans les four-

naîlîèrêsi imis qu'y faisaieaâllâf Ùii néïmt^î&fsâi

pcÉil em Èâmm^x de poSte par ôït les c^Ê^mrs

laissent exsuder cette liqueur aimée des fourmis, et,

d'autre part, on ne trouvait point qu'ils fussent ar-

més de façon à s'imposer aux fourmis. J'avais

résolu d'apporter tous mes soins à la recherche de

ces^Ins^fes^Mtt it^iil^^ ^îi itaîl possî&ï©^ mpetit ioîl^.

â pôxàe débarqué en Abyssinie, je me mis avec

acharnement à bouleverser toutes les fourmilières

que je rencontrai , au risque de me faire dévorer

par les fourmis, très-légitimement irritées contre

moL E ôsl4âBs m»^ régions âes fourmis féroces;

quelques espèces gardaieiit si serapuleuseinenl

Amm. mleurs cités, et la nature les avait douées d'org^it»@3

si bien appropriés à la défense, qu'il me fut impos-

sible, malgré toute la meilleure volonté, de leur

ïiwer feateilîe': fét^îs, en un îBstet, 00»vefl d«

gfôssé^ foûmîs aûîrés, quimeinordakat atee tant

de rage, qu'elles se laissaient décapiter plutôt que

de lâcher prise. C'était à devenir fou de douleur.

Je cherchai longtemps avant de trouver le i^re-

mier paussuSj mais j'eus enfin la satisfaction d'en

plonger ïm âam j(a laiale iïo»teîUè^ «sft Fatïettdaît

une mort foudrofanfè, iSôus é^oti# glcrg en inarche^

et il m'était impossible de l^examiBer §ti£Ssaiiiiiient.

A Adoua je fus plus heureux : sous une pierre où

de toutes petites fourmis rouges et noires avaient

installé leur domicile, j'aperçus, immobile et blotti

^ixne bntti'ehette ie. bpis, un paussus, qui,

psré m% fesrnf», -^omm tien p,8s»r pour méléphant* Je ne tardai pss foip qiillf tmil fâ

toute une famille de ces paussuSj, et, comme les

fourmis étaient bons enfants, je me postai à plat

rentre en observation. Les fourmis allaient et ve-

lïaletït a*0e me prodigieuse acIMté, mm pmssmm hm^êmmâ pm^ ét les propriétaires du lîea

isemblaient les éviter avec soin. Cela ne faisait pas

mon affaire, et je risquais fort de ne rien observer du

tout. Je sortis alors de ma réserve, et, saisissant un

petit brin d'herbe, j'en touchai délicatement mon

paussm^ Bmmil Ia pou;dre lïe^eaiamme pas plus

116 ABYSSINIE.

rapidement. Mon insecte venait de détoner comme

blèrent désagréablement impressionnées par cette

explosion, le vide se fit autour du paussus. Je le

touchai de nouveau, il détona encore.

CIii^éiifi»lté crépitanti în'#talfî)liii ci^

èlfâ rfefleîMfttrè i^aiitfcés însêctes mmmt mv le sol ^

ou vivant sous les pierres dans des endroits humides,

et qui jouissent aussi de cette faculté. Le gaz qu'ils

lancent est même si caustique, qu'il produit sur la

peau une sensation de brûlure très-prononcée, et la

taçhem %m% IWÎï> |>fo|&ïï3liïBil^ que plusieurs

lafôffes m. savdn sont îttf^^ttts pmt toe d&n

paraître la icoulaur btune qui ne s^eiaee <|ii*âu bo^ut

de quelques jours.

Restait à savoir si le gaz lancé par les paussus

jouissait des nièces propriétés; j'en îealïiâ fairt

?éatpépîewee et loti<Éaî Fînsecfe sme le ioigt : il

lîétona, mais je n'eus fis la peau tachée et n'épirott*-

vai pas la moindre sensation de chaud. Je ne me

tins pas pour battu. J'avais sans doute la peau trop

dure. Je fis, avec bien des précautions, détoner un

pamms dans un petit tube en irerre^ I*e-SïW^s éé^

passa mes espéraneesî iMtti-^à^^^ s'em^

|lît de gaz, mais je viS|, far les parois, se former

une cristallisation jaune, assez semblable à celle que

produit le phosphore d'une allumette. Bien vite j'y

ADOUA, lit

goûtai, et fmn la langmê caiitérîiée Cùtame par um

eaustique.

Ces insectes ne se rencontrant que très-rarement,

îl m DSt^ fsm éïé peritti? de pi^tjsser plus loin mes

ÎMeslîgâtîOBS. lô ïi^ti pi# ett le plaMt M Im «ûlr

manger , mais j'ai tout lieu de croire qn^ils vîteiit

au milieu des fourmis sans Tassentiment de ces der-

nières. Sans doute les paussus trouvent dans les

fourmilières une température élevée et toujours

égale, HïiaîjrtMftbiant, satufè if^çfi^ fem qui

leur coûittiettTOïtî irf^ d« pltié^ pitcemùx de leur

nature, ils tîveïït, je pense, des matières ifliiUiales

et végétales accumulées par les fourmis pour la

nourriture de leurs larves. C'est grâce à cette

faculté crépitante qu'ils s'imposent aux fourmis,

quî^. teitraîlfs par .FmpIrÎTOi;^ fîutî^ent pur

rêsîftisr 'à hs: mhitM h& laisser m -plx;

On comprendra, j'espère, par ce simpi faiti tout

l'intérêt qui s'attache à ces petits êtres, qui sont bien

les merveilles du monde, et personne ne trou-

vera étonnant qu'où tulraprenne le longs et pé-

nibles topget fowr les recueillir et étudier leurs

mœurs*

CHAPITRE ÎV

LIS fLAIIES m TEMBlilB*

Un chdtnîn petii toâprtàRêf. — Égâî*é h k chasse. — DMsîonde TAbyssinie en deux régions.— Leurs habitants, leurs pro-

ductions. — Lermonta^aes des Ambas et leur destination.—Arrivée à Abbi-Addi. — Un grand'zhomme. — Jugement

téméraire. — Le balambaras Debbeb. — Une soirée chez utt

seigneur âbyssmîeû; — Des troutrfepes. — Kencoîifre d^ttio

moine. — Méfaits d'un lion. — Bataille de valets. — La

justice en Abyssinie. — Une sentence équitable. — Quelques

mots sur le biobab. — Le fîlli^e de Saka et la mlléê d#

Tellaré.

les porteurs fatfeittont. ^ Et , m mparole, de me lever de grand matin et de faire

charger mes mules pour être exact au rendez-vous.

Empressement inutile, nous attendîmes toute la

Jotmiée; le goufetïtetiftopi ses prière*! flé^îl,

comme ILouîs XI, implorer le pardon de |m^Mie

crime futur.

Le lundi,n'ayant plus le même prétexte , il

amena trois ou quatre porteurs; il en fallait au

moins cinq fois autant. Il s'exécuta enfin, et le

120 ABYSSINIE.

20 octobre, à dix heures du matin, nous quittâmes

Adoua.

I/eseeîiiEt à quelques

MlawètP0% #t ^smsâ n^as séparer, nons pâmes

porter un dernier toast à l'Europe.

Les porteurs et les mules avaient pris les de-

vants, l'étape devant être longue ; mais nous étions

tranquilles ^ mm mmêmâ à m pâêm qm nm$^

MMxt donné h BIMîa. ïl eât éti piideni fe«l^étti&

de se souiKfôîr du poète Ittîn : Tmeo Dmam et

dona ferentes.

En marche ! Et , fouettant nos mules , nous esca-

ladons les montagnes qui bornent au sud la plaine

d'Adoua, Mm^ ^mmm% ^tae r?tvissa#e «alléé oh

%imtmmm ua tiïîâl^ , ^ ^iûûé iwt maîn-

tenant regarder en arrière pour voir encora ce

piton bizarre, incliné comme la tour de Pise,

et qui m'avait frappé lors de mon arrivée à

Sur toi pattt jpMeâii qùe-i^^ mx f%^$m.^ un

hm&M^i âiSêi proprement vêtu , vint au-diittûf de

nous avec force salutations. Ses politesses ne me

semblaient pas de bon aloi ; il causa assez longue-

ment avec notre guide, et, malgré les observations

d'Has^ein qui prét^^prt eoim^ï^ lai^iil^^ mmfit incliner Ters Fouest . yinconïm, non^ iaiîiaM de

mm plus gracieux sourire^ BBûs souhaita boii

loyage* L'étape fut longue encore; il fallut, non

saîîs peine, gravir une ^mmÊM ïo^tttitâgne, am som-^

met de laqa^l© nous ttoas arrêtâmes au premier

village : mais pas de mules, pas de porteurs, et par-

tant pas de bagages, La chose était toute simple :

nous» dedôîti ajler à Soungui , et Ton nom aip^aît

amenés à Sadiî. Iit^^mim de Sointîpïti tî>|atiî

JîiOtFe caravatt^i Jwgë^a; qn^û était fort inutile de

nous recevoir.

Les porteurs , harassés de fatigue , déclarèrent

qu'ils n'iraient pas plus loin; mais, sans se préoc-

cuper# illâîL l%0ïiiw|té êî«îTO était vMMn

dératrt de nous? notait aatre^qm rimmmu si fuli

que nous avions rencontré. Moyennant promesse de

quelque copieuse libation, il avait décidé notre guide

ànous faire faire fausse route. Nous mangeâmes avec

nos doigts une poule grillée sur des charbons, et nous

dàcniîïïïêâ tgtttMem fM« m&l àïïtmmmlmi^ m4à^deîépûws'defitîts wmMBmmà^mimlM imiù lotte

estîmpo^He* Itê leBdemain nous allâmes aitt^nÉrè

nos bagages au village d'Atchélaquié. Bien nous en

prit; c'était un village appartenant à des prêtres

coptes^ riche par conséquent, et oSi jiMtô liniet

passuMemî^ reçut. Î4e fays était Èmi enrieux.

âprés une petite plaine, le terraîni&*îiiïîline dou-

cement, et le village, ombragé de beaux arbres qui

entourent toutes les églises, est construit au milieu

de roches très -singulières qui ressemblent à des

ïniaes. IPàrl&ïït poiïssëht ém &l^$ {ûhm êkàù^

imm) âWôe hxm pêtîfes feaitipes ^raêes ie clo-

ÈÎïêites d'un rouge safrané. Au nord et à deux cents

pas environ du village, s'allonge, de Test à Fouest,

sur un espace de plusieurs kilomètres, une sorte

de muraille , haute d'une dizaine de mètres,large

d^itnteft! ^ ç^pOièÊ tdFuI ejattîire àê Mmn îfrégoîîêrs

jetés sans ûpdre^ ^tâ fmmmt h âommét nmcrête déchiquetée et souvent percée à jour. On se

demande si ce n'est pas là le travail de Thomme ; car

comment imaginer la superposition de ces roches, à

abaissé 0I afÉtni tmt mimr^ les lâîssawî comme de

muets témoins d'une révolution géologique ?

En gravissant au milieu de ces rochers, je remar-

quai avec étonnement qu'ils résonnaient sous mes

pieds comme de l'airain. Frappé de cette singula-

rll§ pfeiït que de l&W étrange aspect, j'en fis mm>(^i^f et, de je#èiiri|ilPîiris> m féologae% mmamîs, M,, le Cessac, a cru, d'après mes notes et

mes dessins, que cette roche était la phonolithe,

nom que lui a valu sa très-grande sonorité.

âu sud d'âtchélaquié, s'étenlâîl ttné fïèine légè-

rement humide etitss^Mm milîît^^ i^tès In^iiélle

nous retrouvâmes la m^tegïîié^ «| h iMk^ d'âd-

dofélassi fut sommé de nous recevoir.

Le choum s'était enfui, et les habitants, en son

absence, refusant de nous donner quoi que ce soit,

m$ homxttm dwamt- m fi^ir de

LES PLAINES DU mMBIÈNE, 123

Le lendemain, le soldat qui nous accompâgiialt se

lança à la poursuite du fugitif et nous le ramena

tout piteux; mais ce petit incident nous fit perdre

une joiirnêé ejïtlêré.

Ce fui d'âtoMïtssi, âîl»é §ur. miï t^ês^éîwè,

que noms a|)er|âmes potr la prettiîêr# Mwf mais

confuses encore et tÈporeuses, les montagnes du

Sémiène.

Pendant l'étape qui suivit, nous traversâmes un

Abs «Mes lèâ plus ravîss«nt$ i^e mm a|Oïïs msen Abyssînie i a|>fès avôîrfaîi ttn «roeîietws i*^!isl,

m inilieu de iâÛlîs épki^n% i tï0us vîmes une im-

mense vallée se creuser à nos pieds comme un

cratère de verdure. Un sentier difficile et dange-

reux descendait à travers une belle forêt, où des

arîïres4e ^mâm sortes eoteela^ient leurs msikmmd^oà pienidaîenl toiatijes, semblalies âax èeriageâ

td^un mifirè» fond de la validée* un étroit défilé

recevait les eaux de la montagne, qui filtraient à

travers un lit de galets.

Comme il arrive toujours en pareille circonstance,

imn les papillon» la forêt» après s'||r$ i»a$sà||#

m Êéi&è des fleurs , tfêiia΀Ht se dêsii^téi'e^r sur ee

sol liumide, qui ressemblait à une mosaïque de

pierres fines. Descendre de mule, saisir mon filet

et me mettre à la poursuite de ces charmants vola-

lïîïBs fut IWàîfe d*ttn instant. La moisson fut mheet abondante. «

m ABYSsiim

La caravane,pendant ce temps, avait confînaé sa

route, et je me trouvais en arrière, seul avec deux

domestiques. Je remontai à mule et partis au trot.

Bientôt je débouchai dans une plaine d'une fer-

tilité M&mmé^; m n^étaient qiïe Ittîssoifâ fltuils^

mimosas oilorinïts, ipajï0«lssaiiflm ualêiî leurs

quenouilles ou leurs boules d'étamines. De tous

côtés évoluaient des insectes, secouant, comme

un nuage parfumé, le pollen dont ils étaient sau-

pmètés. m mm, mm imm ÈmB&. mbfîrenl Mm oibs^wBr qm nom ^à&m êê^ ibft mmtùê; im^ ttlant empêcher un avare marchant

sur un sol couvert de quadruples et de sequins

d'emplir ses poches du précieux métal. Je ne tins

aucun compte de leurs remontrances. Il y avait des

inscctis die iontô taille et de toute mulenrt c*éMt

ime vérifatle pluîç ; j'en niU Jusque dans une pêtil$

gourde où je gardais un peu de café en réserve

contre la soif.

Le soleil venant à baisser à l'horizon, il s'agissait

pourtant de retp^^fer Ja caravane^ et ièë tt*éMtpi

chose aisée dans ce labfrf»liê de verdure. Môîïs sui-

vîmes pendant ttn eertain temps l'empreinte laissée

sur le sol sablonneux par le sabot des mules et le pied

des hommes; mais bientôt le terrain devint moins

friable, et toute piste disparut. Nous allâmes droit

âëvaiïliRïtts h i^wmfyÊLtét m m tofall hm ce^te

plaine inculte nulle trace de village^ et Je supposais

qmB mm. fâoinptgnon àe ¥Ç|agô êlaît été passerknuit dans une montagne qui se dressait devant

nous. Cela était d'autant plus plausible que les

Abyssiniens, qui redoutent le climat meurtrier de

ces plaines à Tégal des étrangers, y construisent

jmrewent htm i^ilfege^.

Au bout d^une heure, nous fêneontîftïûesiiûa

petite rivièrié qui ^ewfeit , m polissant les^fets,^ k

Tabri des rameaux ombreux de gigantesques syco-

mores. C'était la rivière Ouéri^ qui, prenant sa source

dans les montagnes de FHaramat, se dirige vers

1 -Buesl^uâtr^uesl , pour rejoindre I0 T^ecazé* Bfôu»

^îtti^, m f^ajot lè salî© d© àm% iaves |îé-

iîoé, <(|ue lâ caravane avait passé par là. Induitâ eu

erreur par ce faux indice, nous la franchîmes, nous

aussi, et nous mîmes en devoir d'escalader la mon-

tagne. J'appris alors eumment eu Abyssinie , oà le

télégraphe est iueonuti,, 1^ la^Uféîles se tenj^Uî^

ten* d# fIfS m pfp âimc uu& prodigieuse rapldîtlf

Les Abyssiniens,qui m'ont plus d'une fois rap-

pelé les coureurs des bois dont Cooper a immor-

talisé les aventures, ont toutes les qualités physi-

ques lei paux-rouges du Bôu^etu-lto^ |.euri

seuè^ Ié^iîiûp|ï4s uu» g|iuuastique îiïcesisâute,

acquièrent une délîcatesse^ mue intensité surpre-

nante. Desta découvrit sur un mamelon, là où je

ne voyais absolument rien, un pâtre au milieu

de son troupeau ; il le héla d'une voix puissante

en se êe ses êmm iïieîds ma porte-roix^

et lui demanda s'il E^atailpas ¥tt passer la caravane

d'un Frangui, Une voix, que mon oreille euro-

péenne percevait à peine dans le lointain comme

un vague murmure , lui apporta une réponse néga-

tfpr. |îé|^îîilanî îï mmi pas â^auli^e ïrûïitfe j

mm mîvï&m Ivïi^mtml tm siiiïîet frayé;

e'étaîl^ me dîl Besfa, la route royiâe è& kseule et unique qui traversât ces régions sauvages.

Nous étions définitivement égarés, et pas de vil-

lage, disait le pâtre, avant la seconde montagne,

îlês boinaîieâ et im wml$ MmMfà ipeaâws ée &tîpi# ;

ïMïiîSîïiomrîons tous de Mm. Impcitifcle d'aller plus

loin; je me décidai Mett volontiers â coticlier à la

Belle étoile.

Nous nous installâmes sous un beau tamarinier,

daiit Ï6 fiMttagf© pètit rtrfssj^, Jf© i^iïffiaî

pîtîê àeis pîgeôas, des i^ei^ês fiiéttlîlqmês lant les

plumes chatoyantes eussent orné à Paris le chapeau

de plus d'une élégante, mais qui se trouvèrent, pri-

vés de sel comme nous Tétions, aussi détestables

que beaux. Puis, faisant allumer des feux pour

éloigner\m Immm^p im fé^Émixû àism une cou-

^^rùirê et ^àmâm k dormir^ m 411e |%ûrttî& lait

avec plaisir, bien que ma couchette fût un peu

dure, si les hyènes et les léopards n'avaient toute la

nuit rôdé autour de nous.

Le lecteur espère peut-être que je vais, comme

Ï4m ttàmM DU TEMBIÊNl, Itî

beaucoup de voyageurs plus heureux que moi ou

plus habiles, lui narrer quelque grand exploit cyné-

gétique, un massacre de bêtes féroces. Ce n'est pas

qw ïjes bâtes lkïï*jej^ AbfsMuîôj Je^ léo*

paris mif^wïlyl^^ jUiiltis ifâ&s âriteâiix èe rMu»-

gîent dans des fourrés imtisMcables, dans des ravins

inaccessibles, d'oii ils ne sortent que la nuit. Le

bruit, le feu les effrayent, et ils ne se hasardent à

tenter un mauvais coup que lorsqu'ils se croient sûrs

ÛB *àiSSÎ3f î m$û Je 4fi4§ «ftiiér que j'ai souvent

sa présence à la frayeur des bêtfs êa somme; il est

même probable que j'ai dû passer auprès d'un de

ces fauves posté en embuscade, mais je n'ai jamais

vu un seul léopard.

Lelenîdeaiïftïïiaîtlîiî lîîalôïlillë^ çoMrme on leMp-

|Mîse , ftit Bien v^ite teè, tl mt fôîîà iârç#é{ à

lader la montagne. J'ariÉçldm îilW^

où j'appris avec plaisir que mon compagnon de voyage

avait passé la nuit dans un petit village situé dans la

plaine et perdu dans la broussaille. J'avais tout

sîmpleiïietti âowbîê fétâf IPeu après, arrivait ïûèft

mis à ma recherébê. Ht de Sarzec le suivit de près,

et nous allâmes un peu plus loin, à Dabbatadios.

Là se terminait la région des hauts plateaux, que

mous n'avions pas encore quittée réellement depuis

iiotft entrée m Hïys^ïïïe. La largé talée do Ma-

128 ABYSSINIE*

Oaérî, en rompant la motïôtonîe des montagnes, au

centre desquelles elles creusent de vastes affaisse-

ments, ne sont pas assez importantes pour être

mjlîeu de Bauts flâ^e^tî^. T que detrani mm^Sûr une loiîgûeur d'environ vingt lieues, et avec

une largeur à peu près égale, s'étendaient les

vastes plaines du Tembiène et du Sloa; plaines qui

forment avec les hauts plateaux le plus frappant

contraste* Il f n donc m Àl^sçîttîé àm^ m$m 41s-

tîiïciesy Um c^ttnues des îalîgiîîes^^^m Im 4Mhgnent sous les noms de dégas et koUaSj terres

hautes et terres basses. L'altitude des premières

varie entre 2^000 et 3,000 mètres; celle des se-

«onlfes^ mtm I^ÔOi 10B wM;em* H f ^ moutre ïm Jm^ mmm^^ ^ûi sont éïimr® baMtés

|ifôqît% altîlaê^ite ftéê 4e 1,000 mètres; inak

ce ne sont là que des exceptions, qui ne modifient

point d'ailleurs ces deux grandes divisions. Entre

les dégas et les JcoUaSj il n'y a pas seulement une

dlfiiï^ceM nmmu t la tempéi^iM^^Ji^ éu

«ôl^ 1^ piîioiuî^^ irêgèfales^ lèt ji^Etoa^ «itssî ne

sont plus les mêmes, et Thomiafi Jtol^lïOe, bien

que descendant d'une souche commune, a subi à

tel point l'influence du climat qu'il présente, tant

m iûôfâl qu'au physique, des difFérences mm^qnéeê.

LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 129

Bans notre Occident, oii la centralisation a atteint

son toâ]dteiïitt làn 4èMmmt êm ^sâ^ms^hmîmfoh rexpansîôû des idées et récljiflnge i«s prQdttittt

facilités par de rapides moyens de communication,

semblent avoir nivelé les montagnes et réduit les

dislances, ne voyons-nous pas encore, malgré toutes

m «Sôsçs #^ des proviiïçes Ait même«aï|Épe^^iifiîfiï€f0îs^i^^ fin dé-

pit d^nne communàittê i*orTgîne, de lois, de lan-

gage et de religion, une physionomie qui leur est

propre et, dans les campagnes surtout (sans parler

des langues d'oc et des langues d'oïl), ces nombreux

patois, qu'i i|si «cmt^ttl ittlMe num âffléîïe de

Il n'y a dôïijs pfft îîeu d'être surpris que les ha-

bitants d'un pays essentiellement montagneux, iso-

lés les uns des autres par des précipices infranchis-

sables ou des escarpements inaccessibles, sans

routes d^aîliettifs et pritrès sart^iai le eetfe activité

comiaérelale tfùî ne eomaft po&t d*<ïbsiade§^

aient, sous l'influence de climats divers, subi, dans

la suite des siècles, de profondes modifications ^

Les dégas sont les pays que nous avons parcourus

jusqu'ici et que j'ai décrits comme dévastes plateaux

couiferts de gras pâturages où paissent de nombreux

^ M. Schimper, dont j'ai déjà parlé , fixé depuis plus de qua-

rante ans en Abyssinie, a bien voulu, lors de fflfôb j^assage à

Adoua, me donner sur le caractère et les mmts qui diCfé^

troupeaux de bœufs et de moutons. L^aîry est pur et

sec, la température modérée, Peau abondante et de

bonne qualité, la végétation y persiste plus longtemps

pendant la saison sèche, le cIMat 6^ iàfey les M&h^#es^isrtï?ffres. Les iègm^ émmhtè^6^végèM^ mué

earactèrîsées par la pr^etteç de Forge et du blé.

C'est dans cette région que sont construites les plus

grandes villes. La population plus dense, plus in-

dustrieuse, se rapproche davantage encore du type

wopééu^ 0est 11 le voyageur r«tt(xai4reïa le

flm mmmî ém Immmm ©a dm t&irnm m iéiâ

clair ^; les membres sont plus charnus, la taiUe

plus élevée. L'habitant des degas est plus riche,

moins nomade, plus hospitalier, moins querelleur.

Il a plus de dignité, plus de c^lme ; il est plus reli-

remUïii les habitaats des dégas et des kollas, des reiiseî-^

gnemeûts etimtiis^ xjpîi m fàînm de lâi^Êtpîdîté dfe ffiôn voyage,

auraient bien pu m*échapper. Ce que j'en ai vu m*a semblé par-

faitement conforme à son récit, et j'ai été heureux depuis de

trouver que M. Arnaud d'Abbadie, dans son savant ouvrage

Douze ans dans la haute Ethiopie, partage également la

même manière de voir.

t C'est à Adaua^ Sokota et Gandar, toutes villes situées mmôîûâ â dëtfX mille inèires d*àltîtude et cèmprises par con-

séquent dans les dégas, que j'ai vu le plus d'hommes et de

femmes au teint clair. On en rencontre aussi beaucoup à Koua^

rata, sur les bords du lac Tzana; mais les pays qui bordettllt

lac, quoique formés 4e pl^^ines et un peu mpins élevést ûb mesemMéut pas devoir êtré comprîs dans les koIIas. Leur îûëàlu-

brité tient au voisinage du lac, à la présence de quelques

marais ; mais ces plaines ne présentent point dans le règne vé-

gélal| pas plus que dains le règne ammal|^ m fiaraetèrei que

LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 131

gieux ; mais cela tient peut-être à ce que la noblesse

théocratique recherchant de préférence un pays

tîeh% «alnfej^: iBtopèrè, a étetoân m êmxâm^iim BUT les hmh pkJaatK^ qm mnt àmmim en

grande partie les fiefs des églises et des jpfOfiaâlàres^

Dans les kollaSj le sol est sablonneux, sec et

pierreux; au lieu de Forge et du blé, on ne verra

plus maintenant que le maïs et le sorgho ; le coton

tmiplam hË^ih fîguîer, le sycomore

ipiîl ÉsptrK pwrMrf placémx noaibrôtis^ mâê^iês d'^aCaCÎas et de mimosas. Un des arbres caracté-

ristiques de la faune des kollas est le baobab,

dont je parlerai plus loin , et qui ne se rencontre

jamais lans les dégas,pas même antoiir da lâc

Tjzàn^. hê irtrt des feuilles est devenu plus pâlê et

mmmm fm^êtmm^lM mmm 0:Hp^m\n ne parfu-

ment plus Tatmosphère, et quand, après les pluies,

revient la saison sèche, les arbres, dépouillés de

leurs feuilles, ne montrent plus que des branches

îKïtieuses, bèPtsj^ès d^iips ioîi|iié& et a^tées^ èi

la peau d*an lépreux, îl f it mxe compeasatiott ce^

j'oserais presque dire saharien, que Tûti retrouve dans les

kollas du Tembiène et du Sloa. Le sol du Foguéra et du Dem-béa qui entoure le lac Tzana est une terre grasse et fertile,

tandis que le Tembiène et le Sloa sont sablonneux et arides.

Qnmt à la présence à Msiss^oua}]. at daps les il^s de Oahlac

â*hùmmm it §0 Mmmm i p$m ttH^Sém^ m ÔM t^îMim&t

Âf&bes qui y sont en assêjs grand nombre*

13-2 ABYSSINIE.

pendant : dans les dégas, je n'ai jamais rencontré

mmn fruit, taBâk q«#îéî>a9^ TmmgBv^ lecî-

tronnîer et le cédratier prospèrent dans les kollas*

Les rivières, torrents fougueux pendant les pluies,

n'offrent plus, pendant lasaison sèche, qu'un lit sa-

blonneux d'où l'eau a complètement disparu. L'air

est ^ec. et emfemé, le irent dè îa môiitagne nre

venant plus h vàfvâîcMr. Au comftiencement étala

in des pluies, se déclarent des fièvres épid^itiî(J.ues

souvent mortelles. Ça et là sur sa route, le voyageur

rencontrera des villages entiers veufs de leurs habi-

tants, qui ont fai devant le fléau âi^sfatÉpC L©

léofitai et le lîon ptïîÎJîfîeat imm lés iwi^m et

les ïocEers j laftfe te pelage die ee dernier est ifinà

fauve, plus court, sa crinière moins abondante, et

le lion noir\ voisin de celui de l'Atlas, est confiné

dans les montagnes. Les guenons [cercopithecus]

k^adlssewt dw Ip Ijmîiïâages, c'e^ molRS

imm les jbllâi queJé Ms ai Tëïteoiïtrées exdiïSï^^

ment, tandis que j'ai fréquemment vu les singes

cynocéphales sur les dégas. Les pintades dans les

kollas ont remplacé les francolins , sortes de grosses

perdrix à la chair délicate, qui habitent de pré-

i Oq nomme cette variété lion noir parce que l'extrémité

des poils de sa crinière est bien plus tpiiçée ; c'est celui dont la

dépouille est ÈmrtOTf teiÉtfelle* par tei |l%siinî#as pour mn^fectionner le lèMé ou pèleipitie^ que portent las plus gra^seigneurs.

LES PLAINES DU TEMBIÈME. 133

fêrence les dégas;plusietirs espèces d*antiIopes et de

gazelles s^îifttîeîît It iteat^i^ fîaîiiô, gracîeoses et

dertes ^ Il y a peu de milles et pas àç ùhBwmi% damles kollas, les chèvres ont généralement pris la place

des moutons, bien que, parmi ces derniers, il en

existe une espèce à poil ras et sans cornes qui se ren-

etotrtm âÏ3fssîïtîe laiisï. let r^îows «î^ Mdm

fnel^wei parties plas Immm ettcore vivent Fêlé-

phant, le rhinocéros. Les insectes eux-mêmes sui-

vent la loi générale, et Ton retrouve dans les kollas

quelques espèces caractéristiques des régions sablon-

neuses et brûlantes de FAfrique. Les habitants de

ces pkîttes etoitâ petits, secs,

ïïerveux, pêfaolantsi qûÉmtîêtm^ la fëm n me mm^leur plus foncée, le visage est plus rond ; ils aiment

la danse et la musique; gais et enjoués, ils se dra-

pent toujours dans la toge, mais n'ont plus au mêmedegré cette majestueuse dignité des habitants des

iaùteiS detaat îaquella oii gi&âtiit yep^ôftéaai

heamUmpt âm Gm^ et des loiôaîïis.

Je n'ai pas compris dans la description di ijigf

kollas les plaines qui bordent le littoral de la mer

Rouge et qu'habitent les Danakils, les Taltals et les

Adels, plaines brûlantes et arides, qui sont soumises

depuis longtemps à l'îskmîsme. Je n'âï pâs visité

^ Je n*ai jamais rencontré dans les hauts plateaux les anti-

Itipes du gente Oryix:^ qui m Hïe mmblmi haSîtei^ que les i^tiys

très^ehauds»

a

134 ABYSSINIE.

ces régions, et je ne sais pas même si aucun voya-

geur les a jamais parcourues. En dehors des diffî-

oijïlts matârîelli^ èu i?osàge, les habitants de ces

dése^tf sôîït, pa$iilNiI^ tpfeSHkliôspîtâliefs^ se rap**

prochanl en cela dé leurs cerribles voisins les So-

malis. En descendant par mer de Massaouah à

Aden , comme je le dirai plus tard, j'ai relâché un

soir] à un petit îléi toiit foMjtt ïa ées Daaa^

Mk^ «i fal w jÉ. Mn indigène qui me seinbla

offrir quelque différence avec les véritables Éthio-

piens habitant la montagne. C'était un vieillard,

et peut-être est-ce à son âge qu'on doit attri-

buer l'état chétif que présentait toute sa personne;

j*ai 0ïm ï^awjMf en ôiiîi^ê qu'il avait 1» visage

yoïîâ> mm flm fmgm^i la teîate d© $sl

peau était certainement plus sombre, les lèvres plus

charnues et le nez moins aquilin. Quant aux Somalis

et aux Gallas,malgré les hardis voyages de Burton

©i d0 ME. ôMMI^t ««fît P^tt ^ chom ^iMOte

mt Imt compte, le û*aî guèirsèm m â%^ua|è ^edes enfants gallas. J'ai rencontré plus soiif^liî les

Somalis à Aden et à Zanzibar pendant la mousson

du nord. Ce ne sont point encore, malgré leur peau

plus ou moins foncée, ce qu'on appelle des nègres

$ms& MkiQ^ h visage essenlieiî«aai#trt prognathe

et à cheteux laineux, D*aîileurs> lés ©flifiogimphcs

(je me permets de rapporter ici l'opinion très-accré*

ditée de M. le docteurHam ) sont aujourd'hui d'ac*

J-ES PiAlffeSm TÊMfeliîJE. ISS

cord sur ce paitit foîï eurleuai. : ^ti*îl existe datîs

l'Afrique nord-orientale un groupe de peuples, S<£>-

malis, Gallas, Abyssiniens et leurs dérivés, tels que

Taltals, Adels, Danakils, même une partie des Nu-

hîm§ et lés Bîcharis, qui constituent une mêmefamÛh\ désignée le pïii« soat^t tous k iwjjb de

KouscHiTE, famille 4^1 n'estipas iMûîtée à TAfrique,

mais s'étend au contraire, par l'Arabie méridionale,

jusqu'au golfe d'Oman et sur le bas Euphrate, les

habitants de ce dernier pays, les Lemlouns, ayant

été, sur des documents rapportés par Tîxîer,

îdfefltifîés par M. le éoclear M&mf aux Bichârîs,

c'est-^-dîre à te Kouschites trés-volsîns des Éthio-

piens habitant ce pays montagneux, plus spéciale-

ment connu sous le nom d'Abyssinie.

De Dabbatadios, admirablement situé à l'extré-

mîtê iQérîd^oilale de la grande déga du Tigré , nous

jottissions d*un panoraw atfss! étendu^e Mcié, Arouest, se dressaient ïés hautes montagnes du Sê-

miène, dont l'éloignement adoucissait tous les con-

tours; devant nous, les kollas du Tembiène et

du Sloa se déroulaient comme une peau de fauve

zebrêé le taches grisâtres, A Test enfin ,^ les mm-tagties des^Ambat, iemiers contre-forte des massifs

de l'Haramat et de rEnderta, qui courent du nord

au sud sur une longueur d'une vingtaine de lieues,

pour aller se relier aux montagnes du Ouodgérate

et des Agaos. En face de ces fantastiques amas de

136 ABYSSINIE.

rochers, c'est à renoncer à toute description, car le

regard Itïl^ïntot® «rr» iMôfi et fmê^ àmm ce

îdêlalô de looûtâgtïes hizarres, le gé©ÎQgti€ tron-

verait saas doute la preuve irréfragable de quelque

terrible convulsion du globe. Du point culminant

où nous étions placés, nous dominions cette chaîne

Moins élevée, qui mm$ apparaissait iBom^e ntiB

vmte carte en relief. Qu'on s'îinagînem eÉ&nire-

ment subit et escarp^é â*«iHtïi*Ott ïû|#e§; puis

du fond de cet abîme émergent d'autres montagnes

que je ne puis comparer qu'à des amas de ruines.

Ici c'est une muraille crénelée, une tour qui se

êfësâè àte et nienaçaBlê «acore , des aiguilles qui

i*éssemhlènt M àê gîgamtésqàeè |iatâtoiieri^ î là

Ôes^ terre^pîeins, avec bastions, fossés et contres^

carpes, supportant plusieurs étages de citadelles

superposées, diminuant de hauteur à mesure

qu'elles s'élèvent, véritables forteresses avec des

toiïïs^ lottïî^Ues^ poj^rîêïès^ Mi^i^îlJls^, lewt

de longs sièges. La couleur vient encore aider à

l'illusion : les parois verticales de ces montagnes

sont d'un rouge ou d'un gris jaunâtre qui rappelle

lesleîjâfiesiàe la fed^Wieirîieflîfë el#fîritée par le temps.

Depuis loiigteia^s d^ailleurs les ÎHbf^îttî^fis ont

m lîtiliser ces iïi^eressfis mâm^Stm. %m est, pltts

vastes que les autres , doni le sommet forme un

plateau recouvert de terre végUale et fertilisé par

LES PLAINES DU TEMBIÈNE, 137

des sources, circonstance qui permet d'y défier tout

blocus; ce sont des dégas en miniature. Un sentier

escarpé, qu'flfl lit)Bï»a6 ïie peut gravir qu'en s*aî-

éatel d^s |Mi€^ #t dBâ mainSj dissîmalé «ncore dans

quelque repli de la montagne, donne seul accès sur

le plateau supérieur. Quelques rochers mobiles,

lancés dans cet étroit passage, suffiraient pour écra-

ser une armée ; aussi,

privés d'artillerie et des

engins nietoïlTÎ^S que le rafiltt^attt4e WOÎ^

lisaf«Wï tffl|^0i& |ôttr feîr^ lu guiiî»a i lêé âlissi-

niens ne peuvent assiéger cts mtjnts forts,qui con-

tribuent ainsi dans une large mesure à éterniser les

luttes intestines qui désolent FÉthiopie, en offrant

au vaincu un asile inexpugnable où se perpétue la

baîne des jiîSïrtls* ùm siïi^iéfes môtiti|pâ^^m smé

fm mêmmà àés «iteêilles fêiïï^nys àn lattes mé*

morables; de moîiïdrës proportions et d'un accès

plus difficile encore, elles servent la vengeance du

vainqueur et deviennent des prisons d'Etat. On

choisit #orâînaire, pour y déporter les chefs vaincus

dont on ïidouîi îlafiE^^iéï^^ èm m^m^M Wls ém

iùxm eèté§ par les ijïûrtïlle» h pic èt %m lesquels

l'homme ne peut plus arriver que hissé par des

cordages, comme un mineur qui remonte du fond

du puits. Comment parvint-on à escalader pour la

première îm$ -mm^ m^om^^m ïtiat^MSÎbks ?

J« ilguor© î ôB ffôÉd présumer qu^un sentier^

détruit depuis, en perniettait raceès.

8.

138 ABYSSINIE.

Les ambas ont une troisième destination : c'est là

qm si réfugient les ja&înas di^Abyssinie, pour ^îfre

à%m la ^t#re h 1j^n*î èés mçîssîlaiès iw iaaoaiô*

Je ne puis rien dire de ces pieuses retraites, que je

n'ai pas visitées ; mais deux voyageurs français,

MM. Ferret et Galinier, que j'ai déjà cités, visitant

le monastère de Maye-Brasio,près d)Axoum,tout

m î*0iiéàïif k î^stérîilé aïoîiift qui Vk%r

iîtaîettfc^ lâîsâéat êeîïappiBr^ eu fï^ôûeè âe lé pi^fonde ignorance dans laquelle ils croupissent, cette

douloureuse exclamation : a 0 Augustin ! ô Cyrille !

tt ô Athanase ! que dites-vous lorsque vous jetez les

ii yeux $w iw>s Mêm wmmmmt^^ El tôt ^ dîv

ic â^frê ifes j^fïî$«§iç Ô Biol î n^as-tu fat mà i^eiv

« nière épîtrepour cette wialheuréuse Église d'Abys-

c< sinie ? w

De Dabbatadios, nous descendîmes dans la plaine

et, en cinq heures, nous gagnâmes Abbi-Addi, capi-

fâlt àtT Tfelïîblliïè^

A une petite dfôtafîôe M la idlk^ le sôMat qui

imm servait de guiie et d'introducteur nous en-

gagea à faire halte pour aller prévenir les autorités

de notre arrivée.

EïïÇô^ç une réception ! Nous mourîons de faim

%i â# tôîf^ et il mm laUaît atfeiiâtè um heuremBioîïis m ^^Mm ^làél. Les hoanws sont une îieîïe

chose; mais après une longue et pénible étape,

les estomacs les plus patients préfèrent d'ordinaire

LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 139

quelque chose de plus substantiel. Il est bon de

dire, pour nous justifier, qu'il llàil îmm hmrmét qm mmt à^mfkmà mmm p*is àê It }mmè&qu'un peu de café noir. Bourrou, avec lequel le

lecteur a déjà fait connaissance, lors de ma visite

au gouverneur d'Adoua , nous voyant indécis

,

déploya toute son éloquence pour nous prouver

qu'il serai! »ï»Iséaal m pasmm mmàsmtM^m$àm hmûmm qu'ôn mm rèisémil, ét tèFûiîii^

son discours par un argumettt îirféfutable : a Le

gouverneur d'Abbi-Addi est un grand^zhomme ! w

Nous n'avions jamais pu amener ce pauvre Bourrou

à distinguer un singulier d'un pluriel. Je demeurai

convaincu, pour ma part,que le gouteriâéard^^

Addi àmmi Mt^ m ^$mmm^ ImpétUni^ €âr

Bourrou était à jeun aussi bien que nous, et e^élàîl

un des plus grands consommateurs de taidje que

j'aie rencontrés; aussi l'avions -nous surnommé

Sidi Ouanchaj rappelimt, par ce sobriquet bien inof-j

fensî^ la désiMwltee il faîs#ljÈîî^%

d'il» seul trait, iaiis lôt^ï^^k^de ce nom. Le ouancha est un gobelet en corne de

bœuf dans lequel on boit la bière et ThydromeL II

en est qui contiennent jusqu'à un litre,

S imp^^^ M ne pas ii»î|Ktr Jk «ftapi-

aime âbstîttitoçè è% i ^$M^m^ îl était

convenu que le gouverneur d'Ab]bi^A.ddî était un

grand^zhomme^ ét nous nous résignanies à attendre.

140 ABysSi:SIE.

J'étais â pM vetttr© occupé à dépouiller une four-

milière de ses précieux parasites, et, plongé tout

entier dans le monde des infiniment petits, je

n^itïfaîâ flms té Mut ni soî^ faînes mtoe^totalè^iîl

oublié le gâaverneur d'âbbi-Aiâîi, ïjmajad ïuofi <ï$ib-

pôgtion de voyage vint me rappeler qu'il serait teiît

au moins décent de prendre une posture plus con*

venable pour recevoir le gouverneur. Je maudis de

grand cœur la tîîvîfité puèrîlé et hôanête qui mepoursuivait Juâqu'^au cœur de rÉthiOpte^ et, comme

un écolier doni la cloche a interroïnpu la partie de

barre, je remontai en boudant sur ma mule. Au

même instant déboucha devant nous, entre deux

roches rougeâtres, une nombreuse cavalcade. Le

gô^fieMj«ïï^ fiaftî^liwttt m 111% feintît « h màin ttiï

îmii âcmbieî â émm le ^gmï #îiiï& mkè de

ittôssqmeterie, à laquelle nous répondîmes coup

pour coup. Ces démonstrations bruyantes m'ont tou-

jours inspiré une crainte respectueuse ; les fusils

sont inmïîlfeltiHetot chargés jusqu'à la gueule, et

j'avais s^ufèoftîr qu'a liassàôuiib, mmà mm dêptti^

les traitants de l'endroit m'avaient offert des fusils

doubles à 16 francs. Ce n'étaient que de simples

tuyaux en tôle soudée et qui m'ont paru propres,

avant tout, à éclater au nez de leur heureux pos-

Mous 3îïîia«& pted k imm de jpri # é^aufre»

Le balambaras (tel élaît le titre du gouverneur)

pF<c»ioi]^ Ufte longue harangue, dont nous edBa-

primes pits uft i^altrenaot. Maîs.«îh Imgmm d'un

discours en fait la qualité, celui-là deçàil être sin-

gulièrement éloquent. Il eut en tout cas un résultat

certain, celui de me rappeler que je n'avais ni bu

ni mm^è t ce qtti me rendait d^uiie hui^eiir massa-

efante. Grâce à cette matttaîse dispQsMçn d'esprît,

le bakmbaras m'apparut tout d'abord comme un

petit homme au visage de belette, sec, pédant et

prétentieux.

Nos domestiques étaient plus fiers que nous des

h©ttïitH*« ^û^oja mmt fondait j se raiigèrent en

lia^fllB le îûfil sXLt répauîe; nms les suiTÎons

chevauchaiit côte h côte avec le balambaras , dont

la nombreuse escorte formait l'arrière-garde. IVous

fîmes ainsi à Abbi-Addi une entrée triomphale au

milieu des cris des femmes et des salves de mous-

quéteiri^.

le gouverneur itotïs reçai dans sa maiiso», hutte

plus spacieuse que les autres , élevée un pen au-

dessus du sol et décorée d'un simulacre de perron.

Au fond de l'unique appartement de cette demeure

princière et dans une sorte d'alcôve, un angareb

temixnti à*m lapl¥ serwit de dîiran*

.Heureusement, îï n*mt jpîttt en èb|ssinie de

réceptif» sans des flots à%^ArGimsàt malt le gou-

verneur nous ménageait une surprise qui dérida

tous les fronts : une jeune servante vint déposer à

142 jtBt^tistm

lïoa pi0àt \m& itm&émê eôrbeîlle de bananes. Des

fruits ! Bepnîs la France nôns h"m strions pas tn

un seul. On peut penser si ce présent nous était

agréable. Les bananes étaient exquises, je n*en

avais pas encore jamais mangé d'aussi bonnes. Le

gouverneur pour mîi lï/lfaîî pks ie m&ï^ l^ommM^

son o^îl gras ètaît Hiaîntenant petîHant d^îttteîlî*

geaee^ set lèvres pincées n'exprimaient plus le sar

casme, mais la fine ironie. Il se métamorphosait,

c'était à n'en pas douter, à moins que ce ne fût chez

moi I^lfet 4s la reconnai d'un estomac à jeun

dèpalèiaiJlôltri»^^ Ùmmûtk^hl^Btriiou, on nous servit le taidje dans des breiïïlîs;

mais au lieu de tendre le creux de la main pour

goûter le breuvage et prouver ainsi qu'il n'était pas

empoisonné, les serviteurs s'agenouillèrent devant

étmum è$ nous, et, pliant un eëln âe leur 1^^^^

ICÉ^iae dé rfgofe , lis mgm^ M^é ee .^oîidttît

d'un nouveau genre un peu de parvînt

ainsi jusqu'à leur bouche.

La salle, encombrée de soldats et de domestiques

accroupis sur leurs talons, était fort obscure, n'ayant

jî*autf^ éuî?«rture qu'une porté hm$0 oftglruêe in-^

«orêpar k lot d# <?teiai#^ qûl tecen^l pï^esqïi©

jusqu'à terre ; mais le long des murs, des serviteurs,

rangés comme des statues de bronze, portaient des

torches dont la lueur vacillante ajoutait encore au

pîftoresfue de cette tèmfMm,

LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 143

IVous nous retirâmes pour surveiller notre instal-

lation. Le gouverneur donna Thospitalité au vice-

consul; niais je préférai înt tente que je fis

installer dims ïa cour sons tiit lan^ftif* }

âprès le dîner, le balambaras Debbeb (tel était

le nom de notre hôte) nous fit inviter à passer la

soirée avec lui. Une soirée en Abyssinie ! cela pro-

mettait d'être curieux ; nous nous empressâmes

d'accepter mâk hmMsMm^îa sâlîe^ ftie mtm mimésmm^ 4^à, mmi été

lynchée d^herbes fraîches, Fillumination était plus

complète encore, et l'assistance plus nombreuse si

c'est possible. De vastes gombos de taidje, d'élo-

^^ijentes rangées debreuUis etuneaoiffi^^ corbeille

qaele gouverneur, en homme bien appris, connaissaît

tous les devoirs de l'hospitalité la plus écossaise.

Nous voulûmes lui prouver aussi que les Français

avaient le cœur grand et généreux, et nous fîmes

apporter ieaae B<wteî|lis de cognac.

Boiirrou msM mmm^ le bi^ambam est utt per^

sonnage important, et le roi doit le tenir en estime

pour lui avoir confié les délicates fonctions dont il

est investi. L'Amba Salama, sur lequel, comme je

l'ai déjà dit, a été exilé le Raz Gobasier, le vaincu

l^ljoillt, situé Iwt prê» d*âbM-âdiî^ #1 Je|^celte pïîsôîi d^lat , celui qui est chargé lîe

veiller sor le plus terrible eimemi dtt r(rf est préoi*

XU ABYSSINlFt

aiiil©m mtk& lès tedlions de goitteibeor gèiiéral

ëe la province 6tt T^mbîène. Ce détail que nous

avait donné Bourrou pour justifier Tépithète dont

il avait qualifié le gouverneur, ajoutait encore à

Fintérét que noBS dirait ôëte pttîte Me.Après nm ffetmèm ïf!mtm% mm vîmes entrer

trois hommes vêtus à peu près de la même façon,

bien que de physionomies for différentes. Celui qui

marchait en tête était de la taille d'un tambour-

major, mais maigre à faire peur; ou eût dit une

asp erge IjaMÎIé^ CIwbï Ittî Idiîfc élaîifcng, les jambes,

1m hmSf Im n^ém, le vî^age^ 3^ mn, Im deuf»}

son menton proéminent, ses |fiïX -clignotants, lui

donnaient une figure à grimace spirituellement

bête, comme celle d'un jocrisse. Celui qui le sui-

vait était au contraire presque un nain, avec des

yeiïx Hralks et celte mme aspîègle qui semble êlre

r^panage 4es dfehérités de la nature. Le troisième

était une grosse pâte d'homme, bouffie et rebondie,

marqué de petite vérole et qui n'avait nul besoin

de se grimer pour avoir tout l'air d'un imbécile.

Tïrâslm Ié^ les chefôwas courts et légè-

Temeal cr^t^^ m tm^ pûniniôii^ une chemise

serrée à la taille par une ceinture de couleur et

une chemma très-fine, dont une bande de soie bro-

chée remplaçait le liteau rouge. Un violon qu'ils

portaient majestueusement appuyé sur la hanche,

LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 145

comme un roi porte son sceptre, nous révéla de

fois coïnpositettrt et exécûlàïiït, poètes et €iianteurs>

des trouvères, des bardes enfin, en toiit seiBl^tM^

à nos bardes, à nos trouvères du moyen âge*

Comme eux ils chantent la noblesse des princes, les

hauts faits des guerriers et la beauté des femmes,

la glôîre, k vàlemr et I^flWîifé

Ces hmàm Mmpàms smi Jfeappés àn m&amostracisme qui pèse encore, dans nos nations civi-

lisées, sur tous ceux qui osent affronter les lumières

de la rampe. Tour à tour poètes ou bouffons, ils

s^ïtfi^eàl 1 la fortune prince qu'ils âtJnitewi

i& Imvê saillies ott eéïeltt^ lîafts léUfs b^u^Ix^s^

Mais les krges»ÊS 4e Ifïirs aïaîtres ne sont fti^iitte

faible compensation au mépris qui les entoure.

L'instrument dont ils s'accompagnent est un violon

à une corde dont la caisse, en forme de losange, est

é'WÈL m4m m hfàs TtmmtêH dP^tte peau

,

SBOBiflie un iàmhmt î ils en tirent ^ h Tmâ& d^wn

archet semblable à un arc, quelques notes crîarêes

et discordantes. Les trois trouvères défilèrent grave-

ment en saluant l'assemblée, puis se plaçant de

front, le plus grand au milieu, ils commencèren

îmt hm^m et jûwiotoiie rapsodie. C%st Htte des

«Constances àïïim les^ïietles fm k flxm miette de

ne pas comprendre la langue du pays , car il eût

été carieux de transcrire leurs chants improvisés.

9

146 ABYSSINIE.

Aux sourires du balambaras, aux applaudissements

à0 ÏM^m^àBà$^^ é&Si les regards étaient tournés

¥ers AH immé 4e Firmtgm^ ité^nmiammî

répété, il était ^nrtant facile de le^iaprendre que

nous étions en cause ; c'était le moment de faire

sauter le bouchon de nos bouteilles de cognac.

Nous en versâmes de pleines rasades à notre hôte

et mm ïmémti&r^ s©ïnt#r^t priser lortm mon-

vêm h^éiwftgej le tai^ mtsd mmMt k §&k et les

têtes comnafnfajent à s'échauffer ; la verve des trou-

vères s'en ressentit. Bientôt leur corps suivit le

rhythme de leurs chants; lent d'abord et à peine

sensible, ce balaiicetoenlVacçeal^ ê& Jklns en plus,

ks pîdis is^agitèïeîit mit gkcs^ et,, «fiant, "tê^^lmÉM

toutes leurs forces, ilsj^^^ttelwBint enfin en pirouet-

tant, entraînés par un mouvement de valse bien dé-

fini. Le grêle et gigantesque musicien s'arrêta le

dernier, haletant et ruisselant de sueur. Nous le

jrè^ôà|réïtsâiiiieâ jpar Wt Wté àé cognac, qui fnt

mâ^^ «ôMp mt êoïip^ de ^mm vf^fs tettllis de

Mîfe ; il y puisa une nouvelle ardeur, et, après un

moment de repos, les chants recommencèrent. Ses

deux compagnons se retirèrent à l'écart et se bor-

nèrent cette fois au rôle d'accompagnateurs. 11 me

jMimbl0 mît eticérô m ^msà homm^ dégingandé,

tordu en hi^iM ie ïe ôffa tetoim en «arant , la poi-

trine rentrée, les hanches saillantes, les genoux

légèrement pUés, les jambes cambrées, les pieds se

LES PLâiliES nu YËJtfBIÈTiE. iCT

touchant par la pointe, roulant des yeux hagards,

criant à tue-tête. Ses jambes s'entre-choquaient,

tout son corps tremblait comme secoué par un

spasme nerveux, rassemblée chantait ses refrains

en émwt ^ i%«compagnait en frappant daiis les

lââîfiB^ ïm hmM&s MU deh^ts poitssïMetit l&at en

aigu ; c'était comme mm fitfir© .^»î g^gMit to»tâ

Tassistance. Tout à coup une main lui posa sur la

tête un breulli plein de taidje; le danseur se mit à

tottrjbillôimêr^ Sâûs m irerser nm goutte, en faisant

inilîg jéantoïMonsv II aîlâil: s^afias^ftîit 4© pltt*-

plus sur sm jaï*et% etkwjafea min k$mmm î iïmm^

tînua dans cette posture à tourner sur lui-même, le

breulli de taidje demeurant toujours sur sa tête. La

danse, la musique et les chants allèrent smorzandoj

jusqu'à detreiiir wm ta«e oatttîliiie et lairâaws-

jÉenx hiiaiieem«nt #sfez se^tieblf à M iatïse in

ventre des femiaes a^thet; II poâ^sa enfin un der-

nier cri, se releva comme un ressort qui se détend,

salua, et le breulli, par une brusque secousse pas-

sant de sa tête à sa main, se vida d'un trait dans son

vaste gosîeï*

liés iêm autjpes hâ mmèêè^mà^ imàé m ia^élaît

plus la même verve, le même eiitï^în ; aussi notre

hôte, légèrement ému par le cognac, qu'il trouvait

d'ailleurs excellent, mettant de côté sa dignité de

balambaras, mêla sa voix à celle des trouvères,

composant^ nmm dit Bonrrom,, ikwt un %ittffie en

notre honneur. La fête menaçait de tourner en

orgie : autorisés par Texemple de leur maître,

soldats et domestiques chantaient à qui mieux

mieux. Mais comme la nuit touchait à son déclin,

mm levâmes la séance. Aii |>ôlnt éii Jottr^ les chan-

teurs éMîôttt én^re là#salo noire réveil par

une aubade. Tout jlatteur vit aux dépens de celui

qui Vécoute^ a dit le poëte ; cet adage est vrai par-

tout, la fête de la veille et Faubade du matin nous

cottllripl If^^i

filets et je partis en excursion. La petite ville d'Abbi-

Addi, qui peut être peuplée d'environ 1,000 habi-

tants, est adossée à des murailles de roches rou-

geâtres et domine la plaine qui s'étend à ses pieds

vérs le: couchant^ 0k les battfeÀ inontagnes dii

Sémiène ferment rhorîzôn* is sortis de la ville

par un labyrinthe de petites rues tortueuses où

j'eus toutes les peines du monde à ne pas me

rompre le cou. Les rochers qui les pavent naturel-

ï©lft«mf âpiit ètl .à la longue polis par les pieds nus

id^s hi^lâîifsv ff im^ië trlsté igure avec mes sou-

liers ferrés.

En marchant vers le sud, j'arrivai, au bout de

quelques instants, dans un cirque fermé du côté de

Test par des roches verticales d'un jaune rougeâtre

garnies à; leô^piéâ Â^mmte îboîpfc^et le ireriure>

où les \^M% feuîîlès des bananiers se laarîaîMit

agréablement aux rameaux plus sombres des cédra-^

tiers et des orangers. Une ligne sinueuse de roseaux,

de buissons fleuris et de plantes grimpantes, indi-

quât iQm mèm^m ^wm p^lite tîtîàpe qià

gû*l la méMégné fm liae iksiirè si étEôlte^ sî

réguliètev4ô'on la dirait taillée de main d^ôiftttïe.

Plus bas, au milieu de gros cailloux, des hommes et

des femmes lavaient des taubs et des vêtements, en

les piétinant sur une pierre plate, usage presque

géttii^tineiitadopté ^m^lMpm^èM FàSnqmmmf^ qm fsâ %Mîèe. Cette rMlm eslk Tem-

quouUj qui coule de Test à l'ouest, et va mêler ses

eaux à celles delà Guéva, pour rejoindre le Taccazé.

Je passai toute la matinée à butiner autour de la

rivière, et j'y capturai un serpent très-venimeux,

ïa^^ germain du serpent àlutiette {leMajah Hajé).

Jiii jgâiîelifiit Mm lm Jïerbes qui bwdeïît kqiioua, et au moûieat #t favançais la main pour

saisir un beau scarabée qui faisait miroiter au

soleil ses élytres brillants, j'entendis un frôlement

à mes pieds et je vis, dressé presque au ras de ina

pm}m, %n mtfmi I r<»îî étiiieeîaHt^ le eou gôttEé ;

un p⧠de p|iî$fêtais mordu , et je n'eusse probafcle^

ment jamais revu la France. Du manche de mon

filet je rabattis sa tète menaçante, et à Faide d'un

lacet emmanché au bout d'une baguette, je le fis

prisonnier; deIa4ant«Jiiâc6^ ladîs^taiiee

était cûurte^ maïs je ém%^ fu'il appréciât la des-

130 ABYSSINIE.

tinée glorieuse que je lui réservais. Il était jeune et

long à peine de 50 à 60 centimètres. Les indigènes

m'assurèrent qu'il y en avait dans les rochers qui

atteignaient jusqu'à 2 mètres^ ce quim ïHt #nrpre^

ttaît pas àû tfeïiti maïs je m fm pat> toâîgtfê mmrecherches, assez heureux pour les rencontrer. Ces

plaines chaudes du Tembiène et du Sloa sont,

du reste, la terre privilégiée des serpents. Pendant

mon sèjdw à Ailana, le bruit s^ètant répandu dans

le pây§ que fachetais toutes sorterd*«mmaux, un

indigèite jn^apportaBu J^ur la dépouille d'un gigan-

tesque python qui ne mesurait pas moins de 4 mè-

tres de long; préparée par une main inhabile, elle

était tellement mutilée, que je ne voulus pas Tac-

quéttir> Mais j'appris que ce grand reptile, que je

îï^ttî jamais #aîlleuïs reuiîontrè mmmî «ai Ab|ssittîet

avait été tué dans le Tembiène, où îï ii^t jpas j^çre,

parait-il, de les rencontrer dans les cours d'eau.

Je rentrai pour déjeuner, et mon compagnon de

voyage m'ayant appris que le balambaf^s nvâîluaîl

à sm âîspoiîlioa m 4ê courfîert poifter des

letttes à Massaoïialri |e |dN)iÏ8tî êe Î^ôc<58sîoîi fmfdonner de mes nouvelles à ma famille et à mes amis.

J'abandonnai pour un instant l'Abyssinie, et, tra-

versant les mers par la pensée, je m'envolai en

Wmmé.. Mm âm $roîs mots s^êfelent déjà écoulés

àepwîB^tie J^waîs §uîtfcê lé pttrît^ et l»ettqii%icijîie

difficulté sérieuse n'eût encore entrave mon voyage,

j^étaîs heur#W3|: de revivre par le souvenir au milieu

des affections que j'avais laissées derrière moi.

France! que ce mot est doux à Toreille du voya-

geur ! Il faut avoir erré pendant des mois à travers

rAfrîque, pour comprendfe iont ce qu'il y a de

éMitmé k fèvet diï mà mM ; ùta mmit le «slodh^r

du village et les grands chênes qui ont abrité de

leur ombre les ébats de Tenfance. Le soleil dispa-

raissait déjà derrière les montagnes, que nous écri-

vions encore. Il fallut cacheter nos lettres. C'était

comûi^le réveil après un songe doré!

Hoïts pa^mei la soieèemm lé bala^afeiopa mais

les trouvères ne revinrent pas; ils étaient sans dont©

occupés à fétoyer de notre vache. Nous n'y per-

dions rien , car notre hôte,plus calme, nous appa-

ïôl EOïïs soft fIMIable jour^ C'est xm hmajm M^em^

ymtm ^jw?ttïte-€îûq ans, aux ^mmm grisonnanls,

dOiût ïôBle la petite personne seittîïla pêlrie

esprit fin et railleur. Quel dommage que cette

nature délicate soit éclose dans les âpres montagnes

d'Ethiopie! Dans un milieu plus civilisé, cet hommeÈi 4mmM héM$ dîploâialê ^

élô^iîeni m$^f mmmnï jiïriseoiiittB#. Bdiiî'rôii éfâîf mt Mêti paiivm

interprète, # $mxs doute les spînîtfelles questions

de Debbeb ne nous arrivaient que mutilées. Il nous

fallut lui dérouler l'organisation sociale et politique

des peuples d'Occident ; il y avait là pour lui bien

des choses iw^uiriïïe» ^ inais qu'il semblait ftmiffer

ABYSSINIE.

i^ntm watemlles, Ê^iame s*îlm eût ^ natnîtlon,

tÎBiê éhos0 cepesridàîit s^ûiftW QBtre-|>a#sier son

intelligence, c'était IMdée d^anfl fjépuHiqiie. aMéMqui est le maître , disait-il

,puisque vous n'avez pas

de roi ? » Nous avions beau lui expliquer que les

éitts d^ ït »afio», jtMnhm asseraMèe, aytat à leur

tètd an prMdent, reprèsenlaîettt h soutremîn, dfiait

ils avaient tous les pouvoirs : « Ce sont là les conseil-

lers, disait-il, mais le roi? w Nous n'avons jamais

pu lui faire entrer dans la tête que nous nous en

passions. Qu'il eôt ilê lûtèiressant de pouvoir causer

mû à secrl mm mt %omm& et soi^dêr &ùn opM^msur les homiaes «t Im itÉoses de son pays ! Cat les

Abyssiniens, en politique, sont plus habiles qu'on

ne pourrait le supposer. Ils savent répondre sans

se compromettre à une question embarrassante, ont

1# tâle»t â'îWïèWîRer liioraj^paeiit leurs ea^emis

les piits €cIiaïMs $ sëïts cesèë latle Im i;ttis

Cj&ntre les autres, ils rivalisent de dissiiûlikfi.oiï

pour se tendre des pièges, qu'ils évitent avec non

moins d'habileté.

E Allait eependant songer au départ; nous avions

Mjk a|>prîs que lé goiiîfetneur 4» ê63|am s*éf«it

mis en état d'insurrticfioxi é^nfr© JohajsEêâ « son

souverain. Nul doute que celui-ci ne quittât Débra-

tabor pour aller châtier son vassal rebelle, et chaque

jour de retard nous enlevait une chance de rejoindre

le toi ayant qu^ïl se mît en eampagwe, te2è oetotoe,

LES PLAllVES DU TEMBIÈNE. 153

nous quittions Abbi-Addi. Le balambaras vint nous

$S0Offer jusqu'à h ifhîère Tanqtîotm, Après %xm

mrMÈh p(âpi$& ûé mmn et une saîfé d'artillerie,/

nous prîmes congé de Taimable gouverneur.

Après avoir longé le flanc de petits mamelons

boisés, nous retrouvâmes la plaine et fîmes halte

au village de Chouquoua Béraroua, En même temps

que noï% iin long cortège â*l«»ïiiâ^ côîifés ter-

^afts^fcknt^ f êm$M mu ^tatrêie. â sa: tête m teaait^

sur une mule richement caparaçonnée, un îiomuie

littéralement enfoui dans des flots de mousseline

blanche. Ce ne pouvait être qu'un prêtre. Le vice-

mnmi s^èttît ïùh k Vtmihm à^nm ^te s|<îoiHOÉe ,

ttniîs qm j© pî^itak àé &ë moment â%rfêt fome

donner la cïtas&e à un papillon qui fuyait à ^te^

d'aile. L'inconnu mit pied à terre et se dirigea vers

mon compagnon de voyage, auquel il ofl^rit une

corbeille de bananes et de magnifiques cédrats que

potttîtUn jeune garcoft. J^coutïïi fmt assîstér à

rentretîea êt de plot ftèë m personnage.

Lorsque nous serons à Gondar, eu plein pays théo-

cratique, je reviendrai, et ce sera le moment, sur le

clergé abyssinien, dont je n'aurai guère de bien à

dîm jPour rinstant,je me borneî'âî à ééeriré le

frétre ^utjitMis accostait gradeuseiuent. Guéia lé

CruJlïirâ Gi5i|[uis e$:| le supérieur d'un monastère

renommé, situé sur un des ambas voisins. Il est

d'un âge mûr, mais encore vigoureux. Une calotte

m âttsstîîïE*

Wanehe lui couvre la tête et descend jusqu'à ses

yeux qu'elle voile à demi ; il porte une longue robe

noire et par-dessus un cafetan de même couleur;

mm irssfee pièce de iattuM^îlii© btecîit fwxvûô^&

èm pità^ â !â îêlê ^ mè cttik gvèé^m èà mM fètkgè

lEbllement tressé décore sa poitrine, et il tient à la

main une très-belle croix d'argent massif. Guéta lé

Guébra Guorguis paraissait bien convaincu de sa

valeur personnelle; sa parole, comme son visage,

était calme et pleinçâfé cômponction; il t^MÎt éfi*

demment à prodHÎ3Ré $m èt ^EÎègëâît su

f

pierre comme sur un trône épiscopal. De temps à

autre, au cours de son homélie, quand il prononçait

les noms àeMédani Allem et àeMariam (le Sauveur

éii lûwie It "^tge Jtelejy îi Metit tes |eax m(à^ , èm^ p3ftpléï*es ^àbàîssy^ftt éè nmmàu sous'

Bâe ap^Bïeiïèe l^humilité que démentait toute sa

personne. Il nous invita à l'aller visiter à son mo-

nastère, ce que j'eusse beaucoup désiré, mais il

nous fallait rejoindre le roi au plus vite. Nous lui

expiriwitoîô îtttfô ifegrejts^ fu« l?t <;jtîMilê ren^

dMt ttex^rès. Il mtm mtUit «tte liîîigùe étape â

faire ; l'heure de la séparation était fém©. Guéta lé

Guébra Guorguis se leva dans toute sa majesté abba-

tiale et nous donna sa bénédiction. Tous nos hommes

Be sîgtiêrenl relîgieiifement^ etmm partîmes ^tcteit

Le lendemaÎM matin, m vîïlâfe de Befeback^ oit

nous avions coiialié, au momeiif oft nws mwiîs ap^

prêtions à monter à mule pour continuer notre

route, survint encore un prêtre nommé Guébra

céï&è îÉîmeMé terbim Mtne, îm êpmîmrecouvertes d'une longate dNpô d'un cuir jmmverdâtre. Il s'avançait à pas mesurés, le sourire aux

lèvres et les yeux baissés. Comme Guébra Guorguis,

il apportait un petit présent d'œufs et de bananes;

wiA ee ffémïi$ tCMmt point , comme eelwî M Gmà^

4c lé suis, dit le jeune prêlre, le chef de TEglise

de ce pays; le village de Debback m'appartient, et

tu n'ignores pas sans doute qu'il est pour cette rai-

son exempt d'impôts, comme tous les domaines

îîedâsiastiques ; cependant les Iiôtoïïiei çat Mèt mût

fi|ijîiîtî<miïê me jmh$ ^ws 1m ê%&wm èa vîltogt

n^a pas &$é refuser; je suis venu la réclamer moi-

même.

— Je suis étranger, répondit le vice-consul, et ne

ieoniîaas rien aux usages du pays, tmr^ % mn&é^mûjtm % flïï mliûî quï m*es<^rle et est eha:rgé de

les iaire exécuter; ce soldat est rfe^ônsable de ses

actions, et je n'ai rien à y changer; s'il a réquisi-

tionné une vache, c'est qu'il en avait le droit. Je

ne puis te la rendre ; crois bien que Je le regrette,

ïBitît m serait mîtéiiMt^ lé® ^lô^maitndein^ âuT0U

^ ^ âtKJBli pîîûCB n*a jatnais osé rien me refuser^

dît Guébra MikaëL

— Je serai le premier »,riposta le vice-comil

j

et nous le laissons là,

La stiipetïr I^tftît ^ÊWiê sur place ; il ttont regar-

dait d^îitt air èbahî nousm aller àtee sa tâÉÉe, se

demandant sans doute s'il était bien vrai qu'il y eût

sur terre tant d'audace et d'impiété. Refuser de lui

rendre sa vache, à lui, chef de l'Eglise de Deb-

back , c^était à croire que la fin du monde était

L Tout autour de D|lÉ&çk s'étend une plaine disdk

lée, aride et brûlante,que limite au sud la rivière

Guéva, qui va de l'est à l'ouest porter au Taccazé le

tribut de ses eaux en coulant sur un lit de sable

ombragé de ltttî|fl*ISt

^ ÎM l^ÉA dè la Uaèm feêt lîaiîtè toiïîli i^mée

petites collines sans autre végétation que des bftîs^

sons épineux et rabougris. La kolla se continue au

delà, bornée à l'e&t par l'amba Damascal, qui sert

de prison à Fancien Raz âïlou, un des chefs vaiiicas

1 Le lecteur comprend certainement, sans que j'aie besoin de

e dire, qu'il ne s'agit ici et ailleurs que des prêtres schisma^

Égtm '^MI^ |dï ëtiîè d^^uiàul plM pùtU à traite?

liffT^^ t'îl^i^r ^titt jî^ 1^ en Abyssinie, établir j^tpallèla

avec les missîonnairès càfboliques, qui, eux, dévouent leur exis-

tence à une œuvre bien difficile, celle de ramener précisément

ce clergé schismatique aux plus pures pratiques des vertus^

elirétieimes. , î

par Johannès. Nous rencontrons de nombreuses

rivières bordées de beaux arbres, mais à cette

époque de Tannée [V^ novembre), leur lit est sa-

lîbïïi^ôïja: #1 mmï^M^mim^ h Mm^ La plus împor-

tânfc& «stléBkfiin^éûïït k iîimliottfêûérd# s^M©êire du nord-est au sud-ouest. Après quatre jours

de marche à travers cette chaude région, et après

avoir fait étape aux villages de Bamba, Gueddikouaï

et Bellié , notus arrlirltwieB h Finarouah,qui était un

JLêSfeotesâbondent dans les ettstfoias^ elltïmîtptâr

cédente,un lion, franchissant une zariha ^ au milieu

même du village, tomba dans un parc de bestiaux.

Les habitants, réveillés par le beuglement de ces

paufr«s bêtes, se précipitèrent, armés de lisons, 4e

* ÎM tariba est ime sorte de foptîficatiea ou d'enclos fort en

usage en jfibyssmie ; pour la construîre^ m abat de§ arbres

épineux, qu'on range en cercle, le tronc tourné vers le centre et

présentant à l'extérieur leurs branchages hérissés d'épines

aiguës et tranchantes ; on forme ainsi un talus haut souvent de

jïlïisieurs mètres et constituant une barrière qui semblerait

jnes^pu|(uable. Les habitations et Içs jarc^s à bestiaux sont sou-

tient entourés de eette nïuràîllê végétale, derrtère laquelle les

Abyssiniens s'abritent avec confiance, bien qu'ils connaissent, et

pour cause, la force et l'agilité prodigieuses du lion. Ce terrible

félin redoute beaucoup les épines et n'essayera jamais d'enfoncer

la zariha^ mais il a un jarret d'acier, et il n'est pas rare de le

ymf bfludîr ^ar^dôssus les zaribas les plus élevées , saisir un

liaoûton ou tme petite mule et franchir de nouveau rabstacle eû

enttportant sa proie, avant que les bergers aî^nt èu lîe tejs^p^ 4e

lances, de sabres, et faisant un briiit èpW^^ï^table*

Le maraudeur, efifrayé de tout ce vacarme, s'en alla

par où il était venu; mais il avait eu le temps de

faire bien des dégâts; Tune de ces pauvres bêtes,

nm belle vtche> êjtaïi i$m tm él^ fîtôfaMê^ 1b

lion^à\n coup êem puissant© Im méfmUvéune partie de Fépaule , et Ton voyait les longs et

profonds sillons que ses griffes acérées avaient tra-

cés dans les chairs. Elle a dû en périr.

0ms emicsrt el tiglons eiteïn!^^ m liai pour

Biôi ajoutait îiifiûiment de c^mmé h Viiéètêi 4mvoyage. Mais nous avions chacun nos domestiques

respectifs, et parmi eux une sorte de majordome,

sur lequel nous nous déchargions d'une partie des

iilâîfe les fîm mamfptm 4é la »îé wttéïMji* JLe

majordome de M. êè Sarzjec éli^

le kantiba Ouélda Guorguis, qui, pour des motifs

personnels , désirait voir le roi et réclamer près

de lui l'intercession du vice -consul. Il était catho-

lique et protégé parles «ttî^îoiiîiNEtos français,

et é'est à c& titre que M. de Sarzec Wrnli prîâ à

nm 5«rsiee et pmntu m% Mutes âmctlons de major^

dome.

Le mien était Hassein,que le lecteur connaît

déjà; ce dernier, musulman, ne valait pas cher;

mtfe, soit iît^s of]feiis«rle pupille dek missîôiï,

à eus deux ils feisaîmt la paire. Tout le reste delà

LES PLAINES DU TEilllt^®^, im

valetaille s'entendait comme larrons en foire. Maïs

ces deux hommes semblaient, depuis quelque temps

déjà, nourrir l'un pour Tautre une aversion pro-

abis jtï^i[î^iîà3^ tnais à FiaajcNtwtlï^ mm qn^^èdont l'origine est toujours restée obscure fit éclâter

eette animosité.

J'avais planté ma tente tout près d'une hutte où

les domestiques étaient logés, et, tandis quej'em-

pailliaîs m soujNnanga (ratlssittïte féja^ hM% fiïî

rëïopiace ©à âfrîfu© Im ^^âuit-iùôucles â^ial^

rîque), j'entendis dans cette ftâllâne comme le bruit

d'une lutte. Abandonner mes scalpels, saisir macourbache et m'élancer dans la hutte fut l'affaire

d'un instaui* tes deux adirersaîres se livraient un

côïûhét diOïil les luîtes eussent pu deveuîr grfitres* Le

kantibatflrftdéptîîlésw sabre; fliab Hass^tt^

brandissant un gourdin formidable, en avait du

premier coup tordu la lame. Le kantiba, ainsi dé-

sarmé portait déjà la main à un pistolet passé dans

M éeîîltûre^ qotiid un coup de t^#iclù0

setuent ajpplîqué ks «îtifïa tous les deux m ïa Ms;les deux champions en me voyant s'arrêtèrent

ébahis. J'en profitai : d'un bond j'enlevai au kan-

tiba son pistolet, et d'un coup d'épaule j'envoyai

Hassein, tout stupéfié, trébucher contre la mu-

railfe; 11 mét pts m. sang répandu , maïs

l'étais arritré à teiaps; une seconde plus tard , mou

ICO ABYSSINIE.

domestique était morl, à moins que (chose fort

possible) le pistolet du kantiba, qui avait bien dû

coûter 3 à 4 francs, ne lui eût éclaté à la figure.

fat penaudt CB forent msâ4e*ï«

ïiîtteril Mm mMmm ùm iiBcussîçai^ à laquelle,

d^âiHeitrs, Je n*eusse rien compris} niais iin geste

suffit pour leur imposer silence.

Suivi des deux coupables, j'allai trouver le vice-

#9fti?0Ï^^rj|it^ît urgent de prendre des meS«ïM

séirèresi pUgr |iie ^nrWaMe feît m se irèttôttfelât

pas. Le m& êt0t ofescar e| des pins délicats. Nous

prîmes le sage parti de nous en laver les mains, et

de déférer ces deux mauvais sujets à la justice pu-

blique. Ce serait, pensioiss-noius^ hm efifet

pour les autres doiÉesifq^ies èftaiissî pmf les hst%ir

tants. Au risque de recevoît lîiie verte correction,

dont Téchine eût porté Tempreinte plus d'un jour,

les coupables eussent préféré, je crois, être jugés

par nous. Comparaître devant un tribunal indigène

Messtit si^gplîêreiîm Ibbt iiiîtotir-propre.

Cbiw»â eïi^emîîle «ôjnûîêfeles deux <àm3t

mmê0$^èv^0^^ f^^ de cette façon, ne pouvaient

plus se quitter sans que Tun ou Fautre laissât son

vêtement entre les mains de son adversaire. Ce

procédé me paraissait bien niiodin, et j'eusse pré-

Mxè m%& cbaîne soliâe. lîle êlâîl îîïiilEe^^ mt les

Abyssiniens sont pltts raffinés en lèfid^î^ qf« je^

ii^aarais pu le supposer ; la fuite est eonsidérèe

mmm0wmpmmmrkî^ êe^®3pliîîl4 Oa crain t

la |îïstî©e #s i^m ebercbô 4 ^cittstr^tra, et re-

douter ses arrêts dénote une conscience troublée.

Prévenu par nous, le choum de Finarouah convo-

qua le tribunal, qui s'installa sous Tauvent de la

nisée ; la justice est rendue ptr îm pttmm M liés

cbefs du pays, et, en leur absence, par les princi-

paux habitants réputés pour leur sagesse. Certains

crimes ne ressortent que d'un jugement impérial,

et le souféraiit peut |«wij#çfs^ parler simt^eô en

dérailr pi^stort, lift feim édictée est subie îmtné-*

dîatement.

D'après les voyageurs qui ont résidé long-

temps en Abyssinie et qui, connaissant parfaite-

înêwtî^îiuîgae du pays, ont pu éltolW lis iioKltt^

mrÊm étbiôpi^y il exîsta^aît on coêè îiôMmé

Feuta-Negueusti^ qui reproduit, à peu de chose

près, le livre de Moïse et les préceptes de l'Evan-

gile avec quelques lois du Code de Justinien. Il se

composerait de cinquante et un chapitres , dit

M* Théophîb Iifilifeti^\ et seimîl éîvîsè quatre

|:«ttîfes. ^^ie«prti»i#m même autear lit Iwàwçtteft

(le queli|«es paragraphes qui caractérisent la justice

élhiopieniîtv

* Théophile Lefebvre, Wo§ag0 Âé^mnie, U 1, întro-^

duclion, p. XXXVI.

a Qtiîe<ïafîie eii a É:^ppé un autre est conâattmé

a à une amende dont rîmporteucd est kisséeàla

tt décision des juges.

ce Si la personne vient à mourir, les parents de la

ce victime peuvent tuer Tassassin à coups de lance.

« Sï le meurtre est îaifate pn h sang

(t ipaîr «iï0#omme dooBéà à ia Ikjttîlle*

a Quiconque vole, doit avoir le poignet coupé»

tt Le vol à main armée est puni de la privation du

« pied et de la main.

it Quîeôïiqiie «ffiaiiÉaïm ie wemonge ,après

4t avdr Juré par Fe*è0iiïîiîïittîî^ ou par la vie du

« roî, doit avoir la langue coupée.

tt L'aveuglement punit le crime de lèse-majesté.

ce Le père a droit de vie et de mort sur ses en-

ct fants ; il ne jouit pas du même privilège à Tégard

W^sdaves»

« tien comme esclave est condamné à la pendaison,

tt Quand on exécute dans ce dernier cas, on balance

tt sept fois le patient et Ton coupe la corde : s'il

îlâbm «ôèe èst é^û^a^BèmmBnt tombé m dl^uè«

taàBf et je crois que les lois ne sont plus qu'à Fétat

de tradition dénaturée, oii la barbarie de certains

supplices a seule persisté. Nous avons vu, à propos

de Gobasier, que Taveuglement est toujours en

vigiiènr,^et> si je n'ai pas^ fomp^f le poignet ella

cheville, j'ai acquis la certitude que ce cruel sup

plice est encore appliqué, car j'ai rencontré plu

sieurs de ces pauvres mutilés qui avaient survécu.

Le cas qui nous occupait était beaucoup moins

grafft^^ et ^'llïïéUï^^^^ que, paréott

éesmnhùm pém mm^mssM^M les î%iîi«rs

de la peine, qui devait se borner à une amende plus

ou moins forte. Les prêtres les plus âgés du pays

s'étaient constitués juges. Les deux coupables com-

parurent immt h imhnMÛ^ Bês î^iî» I li^nïîf^e pur

leurs chemiîms* "Pom ïm tmmUim imm^i»^^ mïgttrtûît ide lourdes menotîesi é$ I tmif leur mmcontrite, c'était déjà là une grosse punition. Hassein

etlekantiba, debout devant leurs juges, laissèrent

tomber leur chemnias sur les reins en signe de

respect. *r0aîie lit |n^^tîon M îpésuttitît à eeeî ; tm-naître le mtMt de la qaia*eïle ^ mamt qml iteît

l'agresseur. La cause était eiîil)r0nîllé% et le tri-

bunal semblait singulièrement perplexe.

Il n'y a point d'avocats : les Abyssiniens ont

presque tous Télocution facile et le geste éloquent.

Les ptêi^jiiis p^èsenlettl ^t^iwi^ Mm âèî^m;

É& pïai|©fejPjiSûuveiit fert longy se^ lêrffiin© iHirafîgMe-

njent par nn pari; refuser de le tenir, c'est seâê-^

clarer vaincu ; cette règle cependant, malgré les pro-

testations de Hassein, ne fut pas employée. Les

deux coupables étaient d*aecord pour itliriûfr qmI^rgînede la querelle était une êbmi^ qm^m de

164 ABYSSIN ÏE.

préséance. Restait à savoir quel avait #è Fagres-

seur. On fit venir les témoins : c'étaient tous d'au-

tres domestiques soumis à la juridiction des deux

accusés. Ces derniers, le torse nu, montraient leurs

Sôiaîjf^t iiïïistôHlêïix, j(îttî0«stiB«e qui inspira iaws

péctable; aussi les dépositions furent-elles si con-»

fuses, si contradictoires, que personne, les juges les

premiers, n'y pût rien comprendre.

Tôfffâ l^rèi^ittîtf^M employée à eélfiitpBïÉittt

débat. Les èis^mirB ne manquèrent pàs, èt, a if^ît

les gestes espressiitt ïcs Mfixpais de voix^ les pin-

tomimes des orateurs, autant que Fattitude grave et

recueillie des juges, on pouvait pressentir toute

Féloquence des plaidoyers. La cause s'embrouillait

cependant de plus en plus.

Le iiiagfîstrât suâît en son lit de justice.

La cour prononça le renvoi au lendemain. Ceci

m faîtâi|»fli^fîït itotpe a|feï0. fiMf #ètiiï

point iiaê Ci||oa&,t et Motts avions bâta âeeoiïtinuer

notre voyage, tîsant de notre suprême autorité, nous

enjoignîmes aux juges de rendre leur verdict. Le

tribunal abyssinien mit en pratique, sans le con-

naître, cet axiome si vrai du fabuliste :

Qu'à tort et à travers

Ôa ne &mmît manquer , mndmnnmt m pervers,

Hassein el le kantlba OueMa Gnoi^nîs durent

tES PLâlïîiiS m TEMBIÈNE. 165

Mwas soUâmeâ Famende en ai^anee sttif îmrs gages^

et Tîncident fut clos à la satisfaction de tous.

Dieu merci ! cette leçon servit d'exemple, et

dorénavant nos majordomes vécurent, ostensible-

ment du moins, en parfaite intelligence.

Le ïenaiêïûftiiï ia^%nous quittàm^ Fînarôuab,

illustré |ls0Mia|s |«nt iftïs^soiîifetiïi^ Peixdâttt é(mx

heures nous marchons dans tilie plaîne masie?*

lonnée, puis nous trouvons la rivière Zamra ou

Arékoua. Cette différence de noms, qui pourrait

entraîner a éb liaiîe&4# ^oA^îi#^ mt fue km ftie

nous appïiïi^cms êm âgao^, iqtrî eurerit ntt

idiome spécial dJsptFaissant chaque jour pour faire

place à la langue amarhinienne. Arékoua est le

nom agao et Zamra le nom amarliinien de la mêmerivière. Ses eaux limpides coulent de Test à Touest

dâîjstïtt ï^îp ptïiilciïîi et pptftiflBsque vers îe îjlCjdàït*

Feii a^rês la flmm êlall tosqiij^ettt lèrtoîaée

par une montagne haute et abrupte,

qui nous

semblait une barrière infranchissable. A ses flancs

croissaient en abondance des baobabs, et cet arbre

singulier attira tout spé<3aileineiîtmm aiteittion p&r

sai fc^e p B#ptMs, fâîreneontré souvent

le btofeïtlï sur la côte du Zanguebar et même dans

les autres kollas d'Abyssîni6| où il atteint des pro-

portions colossales.

J'avais déjà vu çà et là quelques baobabs au nord

166 ABYSSINIË.

de Finarouah et dans les plaines chaudes que nous

femûîïs if tjratierser, mais ce ne fut que plus tard,

m tmi^^mi ^r^es^ q«i sont lï^ailïrêtiï lès

bords du Taccazé ea A%ssîtïle mt les cotes du

Zanguebar, que je me rappelai ceux dont il est

question en ce moment, et que je pus faire la com-

paraison entre les baobabs de ces différentes loca-

ïl^s^ Sb ne pôfrnî Bm la fenllîêi k f^^oqm

0kl^ les mfésm |îed è$ în liaoïïtagne ie Sàïîa> la

séoberesse les avait dépouillés de toute verdure;

quant au fruit, les singes, qui sont très-friands de

Tamande qu'il contient, n'en avaient pour ainsi dire

laissé âîjéttn j;^ Im mùïs tpà tmtmmsê peiîdtieiïl |

Textrémitê dtlwpltiîc&ês ti^fbjEiMe^ où il ne ïu^ètâît

pas plus possible qu'aux fu^âruaaitw d^aller les

cueillir;cependant, en rappelant mes souvenirs, il

me semble qu'ils étaient moins volumineux que

ceux que j'ai vus depuis.

ïftt peu partot m Afrique, âm$ Ï6S régions

gîgâttti^ue et disgracieux, dont l'élévation n'est

pas proportionnée avec le diamètre du tronc. Il en

est que quinze hommes embrassent à peine en éten-

dant les bras. L'écorce, d'un gris violacé ou vineux,

esï I^se et rappelle la peau àm èmmMt |iâiclï|-

dermes qui, dans un autre tégaéy nmf âùisi lis

géants de l'Afrique : rélépbant, le rhinocéros et

rhippopotame, On dirait que la nature, fatiguée

LES PLAINES DU TEMBIENE. 167

d'inventer, s'est copiée elle-même. L'écorce du

baobab forme* des bourrelets, comme si la main

d'un ouvrier inhabile Teut versée en fusion sans y

passer le polissoîr avant qu'elle se solidifiât, phè-

«KHiiêne qu'expiîqttêftl les k)laajsl®s étt âmaé que

Fécorce du baobab est un suc sécrété par Tarbre et

qui se durcit au contact de Tair. Le bois est formé

de fibres peu serrées qui tombent promptement en

pottssîère, sous M dôixWta imfloîeiMîis |te «1 4^

îftttt Totts Ifs imitais que fm 1}m {m^^é 4mmdes m<rtiîa§^ de Saka) ont k troue ir©ît> imfrapidement acuminé de la base au sommet pour

être gracieux ; à deux ou trois mètres du sol com-

mencent les premières branches; celles-ci, et les

i^slîjMài eax^-toêjW, ^ôfistmi^ sur ïe màme plan

que Im itmm^ mut frôp gros pôur leur Icrujpreur*

Bien que tourmentées, tordues et affectant les formes

les plus diverses, les branches principales sont à

peu près horizontales. L'insertion des branches sur

le tronc et des rameaux sur Ié§ feranches forme

presque tou|ours, et quelle qut ml îw dlr^lîoïi;,

un aa^^fënsî|l$iii«ot ai^^J««r "pïMttt^în^

tîon. Cet ensemble constitue un tout aux fornies

lourdes, massives et disgracieuses.

Les baobabs croissant au pied de la montagne de

Saka scwïl eiwjïMee fim exliaôi^ittaîï^^ le ibis éon-

staler Wjcœi ^m^ Mî%ré leiir nowhre fmâl^em(ils lormaieiït là de véritables boîs), je n'en ai pas

vu qui atteîgnîsseat les proporH&tt» <MûjSiâ!ies ém

tûûjoiirs la même écorce ; mais, à quatre ou cinq

mètres du sol, le tronc semble avoir été coupé

comme celui des arbres dont un jardinier veut

îitrête^^ l%ts©r^ Dmm foînf s^Hweat «ï» o^hïM^des bmïï^«§ p0B»trtteiises, lofiiï^^ feo^lês^

noueuses, se c^^sint, s^antrelaeant ikm tift té*

sordre fantastique, pour incliner enfin leurs rameaux,

comme si, vaincues après une lutte héroïque, une

rnaîn puissante, s'appesantî^ant mt elles, les eût

fSw#èS â ediit^BT lefroiil; Tout cela était laid, et|è

ne fMÎs mieux résumer cette description qu'en

comparant les baobabs de Saka à certains arbres à

racines traçantes, qu'on eût plantés les racines en

Tair.

3u re^. Je toW) iulnsplm i$m fèie^lott f«4

le ièctéii* mé pardonnera de ne fm pa?ief petit

moi.

En Afrique, depuis l'homme jusqu'à l'insecte, le

beau n'est qu'une exception : sur la palette du grand

décorateur bien des couleurs, les plus vives, les

pitts bîilPùMitfes ^ semMent être |fe#pe épail^

âva»t qîi*il sîl entrepris de eolor«r m tftslfe mmiU

tinent. Le noir et le fauve ne manquent pas, en re-

vanche, il en mettra partout. Les formes sont lourdes,

massives; le bizarre remplace l'élégant, l'étrangeté

Les belles §mts tâsât^mm$$à et ii*eicfe[iïleBt

que rarement d^enivrattts par^^^^ lies oiseaux , l#s

insectes, les papillons eux-mêmes ne présentent

que par exception ces formes harmonieuses, cette

richesse de coloris qui caractérisent la forme tropi-

mèB àu nottveatt ttic^îi^ et de Tâsîf, $1 1# n^tura-

listé ifmm mu mm^e êsm la singularité mémê âe

cette nature, le peintre et le poëte vtf rencontre*

ront que déceptions.

Toutes ces choses ne me vinrent que plus tard à

Fesprit , car j'ét#îs alors iafesot^bé par des préoccupa-

ti0n&#tttt o^dre tôttt ÉÉlPiïrt i le soweî ie l^is-

t«néè* Après avoir passé an milieu des baobahs,

nous escaladions la montagne, et ce n'était pas chose

aisée. Un sentier, obstrué ici de blocs énormes dé-

tachés de la cime et entraînés par les eaux, suspendu

îtîieort âtt^âessat des précipices, partoat étrdt,

sînnôiiï ét îifMé^ âtaît la èénlé tôîê qm mm pus-

sions suivre pour arriver au sommet; aussi un sou-

pir de soulagement s'exhala de toutes les poitrines

quand cette pénible ascension fut terminée. Il ne

nous restait plus qu'à continuer notre route sur le

|I$teau pour arï^êtf atf irfliage d« Sala.

Autant ^a*îl ine semMa (je ©àenws pas Faflr*

mer), cette montagne était formée de grès et de

basaltes. A Saka nous fumes très-mal reçus; bien

nous prit d'être patients, car si les habitants

eussent voulu nous chasser, par oii s'enfuir sans

10

no âBYSSiNm.

roïïîer âan0 àm ptèm^oesJM mm fussions tombés

de haut !

Le petit plateau sur lequel est situé Saka , relié

sans cloute à l'est aux massifs du Ouodgerate, s'a-

mtteô «fërs l%|tësi t&mtm vm éperon jusqu^au con^

ûmtd d© k Ëmictû efc dû Mkrê> dont îl sépara les

deux bassins, et c'est à Fextrémité de ce cap qu'est

perché le petit village de Saka. Les bords du pla-

teau sont tellement à pic en cet endroit, qu'on peut

s'y asseoir les pieds peûdttits àm^ le vide.

Mms avotts du â f0U pr^ q[«îtti |^ Mbi^^e»Gore la vallée du T^arè à iMtêriér ^1 mm se-

rons dans la Déga des Agaos, où nous retrouvétons

souvent cette configuration bizarre des montagnes

à parois verticales; nous la verrons encore dans le

massif êm Bémâèmt m^th ifaapîitens pi*mm ^mie^

sÉP : à dbtqiiê Jôot swLÎÊk sa pèitts*

Saka serait un excellent observatoire. L'horizon

du côté du nord était caché, il est vrai, par des

massifs de verdure; à l'est, la vue était bornée par

des montagnes; mais au sud et à l'ouest se dérou-

lait le plus paîïiîïïiBjat* Wê rautpf 0ià d# la

et pfdiÈmds vMè^ lit T*elkfém vù^^tm

dresser les montagnes des âgaôis , construites sur le

même plan que les ambas, mais plus régulières et

surtout plus élevées : elles sont formées de couches

horîzoïïlaliâ dîspofé^s m gradins alternativement

verticaux ou iû#iïês| l«sptémîëï^ $ôtatd'iïttjaîin^

LES PLAINES DU TEMBIÈNE. \1\

rougeâtre, tandis que les secondes, couvertes de

irègélatioiï , m rtvétot , mm à&UtU y d^mie teinte

â*nû hlm m é^m vert Violacé, Le t^iul tàsi mtmmièâe pitons qui couronnent réâifice, comme des toits

de tourelles.

Ces montagnes étaient celles de Samerah et de

Dèbrî, à rest et au sud-est, et de Tébisaïd au sud.

A Pouest s*m aîfeit, se perdant tos la femme, kvallée du Teîlaré grossi de la Zamra*

Nous avions hâte d'aller chercher ailleurs une

hospitalité plus cordiale; aussi, dès le lendemain

matin , nous dégringolâmes dans la vallée du Teî-

laré par des chémîiï§ k felre Iremjbîen Les p«ntes

étaient si abruplesv ^© seîatîer sî êtreif,, qU'©» maints

endroits les indigènes^ malgré leur pe» de souci de

la viabilité des routes , avaient dû , avec des troncs

d'arbres, construire des ponts grossiers et des pa-

rapets, sans lesquels, en vérité, je ne sais comment

on eût fait pour passer* €0ltè dtesçjeate de Safea e^st

une plas terrièles: que faie vues, et les mauvais

pas sont fréquen:te pourtant en Ab|ssînie.

En bas, il nous semblait que nous allions être

écrasés par les montagnes qui se dressaient à pic

autour de nous; nous étions d'autre part enfouis

dansnm luxuriante végêtatioa. K'oms relrouvîons là

encore desIkohaW anssî todltis, atissi tourmentés

que ceux que je viens de décrire.

Au bout de deux heures nous atteignîmes les

172 ABYSSINIE.

rives du Tellaré. Doit-on écrire et prononcer TeU

laré ou Tserraré? Mystère! Sur dix Abyssiniens

îîOiïSBltès, cinq pronpîiegrôiit ^txtm ïfâahîèrfe «1 ^laq

d'one àuliPé. Je livre eê prôMèûiê êkp'^($m^meorum. Peut-être faut-il en cherclier jta sôltit«>tt

dans quelque nota bene de la grammaire éthio-

pienne, mais je m'estimerais heureux d'en connaître

seuiete^iïi i^ règles principales. Quoi qu'il en soit,

i©&fte rîtiHi* lâmim plus împortanies de l*â%s*

$îttî%iàiït à cau^^ de son volume d'eau, de la lon-

gueur de son bassin, qu'en raison de la ligne de

démarcation qu'elle trace entre deux zones bien

distinctes. Dans la dernière partie de son cours,

elle sépare k KoUa de la Déga* m i^mtm h

la hauteur de Saka, élle'0ï^àise tiîi pïcfojtïâ lossè

entre la crête éthiopienne et le massif des Agaos^

qui, cerné d'un autre côté par le Taccazé, forme

une presqu'île reliée par un isthme très-étroit

laré an mmà^ sources nqwî dofveiït être situées un

peu à l'est et au nord-est de Lalibéla,

Le Tellaré coule d'abord dans une direction

générale à peu près sud-nord, puis il s'incline à

l'ouest, pour suivre le promontoire de Saka et con-

tînae tes çetté âîtéétion jusqu'au Tmm^k^ dpKtil

est^ aprls ïe MarëiÉ>, 1« prîîï^païMmé. ionSït

(àTendroit où je l'ai vu au-dessous de Saka), variant

de largeur entre 60 et 100 mètres, est formé de

LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 113

gal^s rt^léf. â cette époque de Tannée (3 no-

veiîîBre) les eanx étaient basses ; sauf dans les

endroits eRJûalssés ét jteti^tttueux, un homme pou-

vait le traverser sans être mouillé au-dessus de la

ceinture; mais les détritus amoncelés sur ses rives,

prouvaient que dans la saison des pluies son niveau

s^élevail de pludettrs mè^fres aa to&ins, et de mai à

fin sêpteinfcrè^ il doit être impossible de lefrancliir^

Ç*esf â eek, pl^s encore qu'à ses montagnes

escarpées, quela province Agao a dû son autonomie.

Pendant cinq mois de Tannée , cernée de tous

eôtés par wmhmtiêreMq^$^^& Kabs^ijctlôWéde

pmt elM tapîdlfé âu cmidÈÛ mmâmî IrjJcanchîs-

sable (le Taccazé au sud et à Test, lô Wlarè à

Touest et au nord), elle demeure isolée et sans con-

tact avec le reste de TAbyssinie, et cette séquestra-

tion a produit dans la suite des âges, mais sur un

éspat^^ îèptt|î^ to0 dlIÎJiiïfetl^^

tnaïagiîôllcidle que leTaccâzè trace entre le Tigré

et TAmarah.

Comme toutes les vallées de TAbyssinie, celle de

Tellaré est chaude, malsaine et couverte d'une puis-

sante végétâtîaW:^

Sur la nw 0mh0 le k rivière nous trou-

vâmes une foeit bïimide, peoplê^ d*ôîiiâiï3Ê et

surtout de perroquets. J'eusse pu certainement

y enrichir mes collections, mais Tétape était trop

lonj^ue encore; je ne pouvais m'arrêter. Il n®

10.

174 ABYSSINIE.

fallait pas songer à y coucher : sans compter la fièvre

et î«s fèaves, le pays était peu gir^ Je liïs^

tenter de regrete ftt|yefitïs Bi de émi &u ttùk

însejctlis qm J^rsaipm m passant. Après la forêt

nous rencontrâmes une muraille de basalte dans le

sein de laquelle nous pénétrâmes par une sorte de

porte très-étroite et dissimulée par des broussailles.

MmB:mm tmmkm àtm m difilé îio®| i^&mimm

trois eêûfeïïïltim>îarg6^ an plm à0 è&m M ptt^kad

d^une dizaine de mètres. Les rochers surplombaient

au-dessus de notre tête, et au sommet le défilé n'était

plus qu'une fente étroite qui laissait à peine passer

nm fsiMe ÎjïîRilre^ Çrltuit presquem inm&lf âmâune des èxtréaiîfés ^^ouirrâîî imm tiû dkqm^ mplutôt un entonnoir profond Cnu moins huit cents

mètres, et où tombaient encore, malgré là sécheresse,

de petites cascades argentées. Le site était beau,

mais d'une beauté âpre, saisissante, presque sépul-

cral, 0e Mi dîtm fond d^une mîne. Mmm not

guides, nous eussîoiiffi eli^ïché longtemp

|iour en sortir. Nous nous accrochâmes au cou des

mules pour ne pas tomber à la renverse, l'ascension

fut très-longue et très-pénible. Combien de fois

déjà n*ifl&ns^«wrf pas iêsc^âtt &tmAàè j&nskmême foiornée îmêmt tmmxitsà'nm to^tâgnèmà^m ï^ttl Ce M iîî^endant une de nos màmétapes, car nous avions marché plus de six heures,

dap§ les chemins que je viens de dire, quand

LES PLAIMES DU TEMBIÈNE. 175

nous arrivâmes sur le plateau, au village d'Alfan.

In ^lapératwré féj^Bvmmisà trMtmâèpÊoàM la ïftïît mr ces hauts plateaux^ et j'en fus

assez fortement incommodé soiîS mê. tente.

Nous vîmes près du village un autre entonnoir

moins vaste et moins profond que celui dont je

viens de parler, mais dont les parois étaient tel-

lemmt perpeuiîéwlak^ qu^îl mm Mbt^ eraîirt&

fond du ravin dans lequel se précipitait un petit

ruisseau dont là source, cachée au milieu de grands

roseaux, était située sur le plateau tout près du hord

de »îîïin«*

à Sokota, mais on fôuîaiï prefôîlîr les auto^

rîtés de l'arrivée du vice-consul, et nous allâmes

coucher au village de Semsemtoukou.

Il y eut vers neuf heures du soir une éclipse par-

fidïé le iïiiïtî Je m'aMeiïâis d^ ïa part im haM-

faïifs à quelqiiê diiwtJlïgtî^ioii extraordinaire, mais

je dois à la vérité de dire que mon espoir fut com-

plètement déçu. Personne n'y semhla prendre garde,

et cependant nos domestiques au moins s'en étaient

aperçus, puisque ce fut Hassein qui vint m'en

prévenir.

â SemsênatràïkjOp mm fbsniiotoètre descendîi

à lâ® cétttîgmdes à sept heures du matiu.

CHAPITRE V

LES MONTAGNES DES AGAOS.

Une réception officielle. — Dignités civiles et militaires d'Abys-

sinie. — Sokota le soir d'un marché. — a Ça beaucoup

d'argent ! v — Comment le sel sert de monnaie et fait lu

fortune de Sokota, — Un présent onéreux, — Un j^nmseigneur et sa cour. — WârBïè répotisè. — Visite à féglise

monolithe d'Ouqaère. — Cérémonies funèbres. — Uneattention trop délicate. — Les fourberies d'un trésorier. —Préparâftfe dfe gù0rfe, -^ Cernés par les insurgés. — Tout

se découvre* — Vm pienr^ sur le cpu. — Le ma3sif des

Agaos. — A k profur^alte ^ges* --^ Ià0 hùhiok d'un

fauve. — Sur les bôrds du Taecazé. — Un peu de géo-

graphie.

Jà m^étaîs mtèié plus qm de coutume à pîller

un buisson tout diapré d'insectes, aussi je pressai

ma mule, car je prévoyais qu'il y aurait à Sokota

ttûfe *|çipi©tt ittfî««se , et je tmdB t f iEs€ÎsfcW-

Je f^%î5Îsli>#S«ï^ee att §mi ênn |Mitoî^gfaô

ravin, où la pfetite rivière de Koulla-Mata formait

une mignonne cascade qui n'arrivait au pied de la

montagne que comme une pluie de perles humides.

Bien conforme à la constitution géologique du pays,

ca tmiu était ^8«ifeOt'# m vaste puits de près de

nS ABYSSINIE.

âem <mmk mètres de profondeur. Tout là haut se

pressait une foule couipaete fttî^ 1^ Iés^

piraissâît mmm^ monde de îlllpulîelïtt Mm-mules sentaient, ce semble, que nous marchions à

la gloire, et nous eûmes bientôt escaladé la mon-

tagne par un sentier indescriptible.

Je ne poiipils ce^èaisHt in^oipêch^ de pj^sfer

que, dans ùï^Beii saaïtoilîey «me p^îgBêed^omines

suffirait pour anéantir une armée entiè|?0M

Les autorités de Sokota, réunies au sommet,

avaient mis pied à terre pour nous recevoir; c'était

un honneur, eoamtna lant #â|itreS| que iïous valait

le mwékm ojSçî^ âu ¥î<se^c<MîsuL

l^tesfi^ pfitt^ nous fîmes de même^

et, tandis que nous échangions de cordiales poî^

gnées de main, la fusillade crépitait.

Nous nous remîmes en selle; mais nos montures,

éfc âei ai&^âffljatîemi fmttïrmi h îmà de tralïï,fi*an^

chissant monticules et fossés comme dans un steeple-

chase. C'était une charge de cavalerie flanquée de

fantassins, où chacun luttait de vitesse. La popula-

tion enthousiasmée nous accueillit avec force cris de

d'une vasfe^ Maison destîitlê t M4 Satzte*

Les libations commencèrent. Mous pûmes alors

examiner plus facilement la nombreuse assemblée :

celui qui paraissait le plus important personnage, en-

LES MOSTAGJÎES Bit ét^OS^ m

siiîie, Mi lk peiil^êfre phm ^0 prtot âHeEirs,

Tapanage de la naissance et de la fortune, était un

jeune adolescent, le Dahanah Choum Liedje^ Ka-

bedé, fils du Raz Téféri; venait en seconde li^ne le

liisfenî Imam ,gouvernant la proviaca m3àhmm&

de scmdïeflïîérti^hîfîie, léOnagci© Cïïôiièi Eaz Té^

lérî; après lui prenait place le Fitorari Toukou,

gouverneur du jeune Kabedé, et enfin FAzadje

Oubié. Les autres ne valent pas la peine d'être

signalés.

Airafll i# itire plus ample le^Mialssafliîemm tois

ces^ i%ïïitMres ^ Fêmplre éthiopien , il n'est pas

sans intérêt, je crois, de savoir quels sont ienrs

titres et leurs fonctions, et, afin de ne plus revenir

sur ce sujet, je dirai tout de suite, en quelques

mots, quelles sont les principales dignités civiles et

lûiiîl^es éfe ce pays.

A tcrtJl«eîgneur, tout hiHinear i commenfons par

iecbefde TÉtat.

Sur le trône d'Ethiopie siège VAtté ou Négouss.

La première de ces désignations, qui, à proprement

parler, signifie père, settiMë «wrcâr été dô prélèrenee

eittjlcifle avant Tbéôioros^ et les indigènes ^ en

pariiiiii âfe leurs anciens empereurs, emploient ce

titre î ainsi ils disant Atii Kaleh^ Atié Fazzilj^ qui

^ Liedje est une sorte de iïtire q«e partent tous tm ili digrande faaaille.

180 ABYSSINIE.

0Erl régné Vnn au «îxïIhïê, Fatitre au quinfièittô

sîiete? feinâîs s*iîs pi^eiît de TMôâçïm mdu roi régnant, ils emploient le titre ànM^êimw^

Celte dénomination était cependant connue avant

Théodoros, car Sait en parle, a Ce titre, dit-il V,

donné par les luropê^^M *ûi«ç^ï^tt de râfeyssî-

nie, n'est qu'une côrrapfioîi m mm déflation dé

négush. A propos de Finscription d'Axoum, où le

souverain s'intitule roi des rois, lord Valentia dit* :

(t Cela répond au Négush Négushij qui continue à

être le titre des empereurs d'Ethiopie^, w

Sait et lord V^finim emploient fenfiore fréquem-

ment le titré et Btikar-Négash ^ ^ fouï désigner les

petits potentats du Tigré , ce qui i^emMe rationnel

d'ailleurs. Bahar en arabe signifie mer, et comme

la province du Tigré avait alors pour limite orien-

tale la mer Rouge, il n'y a ilea Cét<»im»t àee qMIm ^^flmm loat It sa^èfate^iè s^leûdsît|u§^

côte aient porié le titre de Sahjir^Wégàsh^ roî de

la mer.

Comment dans le pays même Négash est-il de-

venu JVégousSj en se substituant au titre Atié? Je

l'ignore ; maiîs le Mi est constant. Cêsf là tiii 4^

^ Salt, Voyage en Abyssinie , t. II, p. 435.

2 Voyages du vicomte Valentia, t. II, p. 185, note.

3 Cette différeooe d'orthograplte provient de la diversité àm%ùm dé fc lettré tJ^ âatïs les langues eûropéennes, Sait % ïoîâi

Valentia, étant Anglais, devaient écTne négmhXki^hnQmi^t^^ais , sommes obligés d'écrire négoush.

LES MO\TAG\ES DES AGA08. 181

nombreux problèmes, — un des moins importants

sms doute, qûî reistenl à résoudre snf rÉtltmfie.

Cliei! un peapïe oû rnsage de récrttnre #st peu tè-

pandu et reste le privilège en quelque sorte exclu-

sif de certaines castes, les traditions orales, si peu

anciennes qu'elles soient, sont constamment déna-

turées, et si leur souvenir mi coniBé â récriture à

deux époques dilTéreittes, le même fait i$em mtimiê

d'une façon eôiitiraidietcïireo« tôm nu moifis mécon-

naissable,parce qu'il est impossible de suivre la

filiation des différentes versions auxquelles le récit

a donné lieu. On a vu dans le premier chapitre

eotïïBèa «oûl oîjsiettîfi «sertaitît^ôéuto qui pour-

raient servir h êdîtèr rhistoire d'AbfS^mîe» à tel

point que plus on les étudie, plus on s'enfonce dans

le doute.

Le Négouss est en même temps le chef civil et

militaire du pays.

Aprèil Ini ttènitefit S tt^ e^at dtttr^fûis

qu'un dtgnitaîrè portant ce titre, et c'était un grade

miIitaîrOv Raz Mikaël,que nous & fait connaître

Bruce, empiéta le premier sur les pouvoirs civils,

et bientôt Raz signifia gouverneur de province. Il y

eut un Raz dansTAmarah, un Raz dans le Tigré, et

j'ai parlé d« kïiîs Ïttît0à. âajiïttrd'W V\mfm%mmde cette dignité est encore plus restrefnté, fel»n-

nès, pour i^^Qltacher des partisans, a tûxMtè le titre

de Raz ans principaux seignenrs ijni ont reconnu

il

182 ABYSSllVIE.

son autorité. Il y en a autant que de provinces. Raz

Bariaou gouverne le Tigré Ra::^ Aréa VOgoulo^

(Sousaïe.^ Ras Vùrmia le Sémiene^ Raz TéférileB

AgmSjf Raz Deslâ la GûâjûM; j^^n passe, — ftt

des meilleurs peut-être. — Les Raz^ malgré

cela, marcBent toujours en première ligne après

le roi.

L'organisation politique de FAbyssînie étant es-

isettSj^léfiattil Sodil% de tm petîtB poteiïtajg

est maître dîez It n'a rien k fetsoîr dans

son gouvernement^ Itnt ji#îl fayc rcgulièr^^îttent

Finipôt, tant en hommes de guerre qu'en argent.

Mais tous ces principicules ont, de par leur nais-

tgtnce, autaBU ^ fïm ^ iroits au trône que le

*0ii?eram «ctïn^^ lei ïeojf secrète pfatie est de

prendre sa place : de lâ, rébellion^ lutte et con»

llit.

lohannès le sait bien;

aussi, sous le falla-

cieux prétexte de les combler d'honneurs , il

retient les Baz â sa cowr, eomme dans une cage

teie, poiiT les e^piçfe^ êm Im^m^ I Fibri

de leurs montagnes^ quelque jnachîâféîîque îûsur-'

rection.

Ce sont des Meslanis ou sous-gouverneurs qui

ïêiMeàt dans la provîjttce et l'adminîstreiit I là place

des iif

.

Il y a mmm les BÊê^ # MÊmi^Métas mconseillers; maïs, à éa Juger par celui que nous

de tèite charge importante doiveBt être Bien dé*-

chus.

Puis viennent les Balamharas ^ qui sont des

écnyers^ les Azadjes ou trésoriers, et enCn le?

^k0Mm$ m Xàniêm % «j^ésNt^îçe gO0?eroe*ûPs le

|tt!î$ districts.

Baiïf les emplois militaires, nous retrouvons en-*

core en première ligne les Raz^ qui, sous les ordres

suprêmes du Négouss, commandent en chef les

guerriers de leurs provinces. A ce point de vue, le

lître de Maz çôwespoftd à notre muiréckal dé

Frame/ mais je croîs quil est plus rationnel, en

rafsoti d0 leur pouvoir à la fois cml et militaire , de

comparer les Raz à nos anciens grands feudataires

de la couronne, dont ils ont toutes les attributions

et toute Tindépendance.

Çe mai eusaîte Im M^mmisê^Ês et Fiimw^^gifiirtiïx de iîf^î^ cof'p^l^if^ée* lîils, én préseince

ên t^mhfè prodigieux de dédjasmatchs que j'aî

rencontrés en Abyssinie, ce me semble être plutôt

un titre honorifique, qui ne comporte nullement

que Ton remplisse les fonctions d'un général d'ar-*

mie*

Cfe^ âIttSî ^tie le fils du Rïïz Arèâ^ que noiis v^er*

^ Choum et hantîba sont deux mots synonymes employés

ruîi diins rintérîeïir dti pâfs, fâUlM \b littoral de la merBouge.

tu AByssiitE

rons plus tard, est appelé Bédfds^ Kmsa^ Mm qui!

ait à peine quinze ans.

Il y a enfin les Alakas ou lieutenants, et les

Bâchas^ qui représentent nos caporaux.

Reprenons maînteïiâBt le <5t)urs de noire récit.

Apurés uîûé courte réceptiôn , iî4)s lîôtes se retirèrent,

et nous pûmes nous installer tout à noire aîsé^ le

plantai ma tente dans la cour, et nous sortîmes pouf

visiter la ville et les environs.

%(m, ^ était trenti dÉrcîiêr fortuné en âîbfssînle^

ïmîtant M. Naretti, M. Dubois s'était fait archîteçte^

maçon et charpentier, et construisait à Sokota une

église pour le compte du Raz Téféri. Depuis deux

ans dans le pays, il avait étudié la langue, qu'il

cîemineûeaît k «t i à^îre afesfi feçîlfâitiênl:.

nous lut un pï*êeiéaï mmmrn^Sokota est située à environ 2,500 mètres d'alti-

tude, sur un plateau entouré de montagnes. La vé-

gétation y est rare, sauf dans le fond des ravins. On

•maçontm fi^qu^inenl fans les mètftegnes dmschistes redressés*^ I;es isnmsêns Sôkota^ nfe iîlÉê-

rent en rien de celles d'Adoua, que j'ai déjà dé-

crites. Comme à Adoua, la population peut être

évaluée, je pense, à 4?,000 habitants au moins;

mais la capitale des Agaos est le centre d'un com-

^ Dédjas est une abréviation de Déiljasmatch, fort employée

mirtoiit qimiid «m lait wmm le titre dïimm fi^c^rét

Ittf MÔ^fAtîïBf m$ âtîAOÎé 185

ïïiePit des pinâ acife. Un marché hebdomadaire se

tient pendant deux jours consécutifs sur «ne place

immense, située au sud-est de la ville. Nous arri-

vions le soir du dernier jour, et quoiqu'il fût à son

déclin, il y avait encore là une foule compacte de

nïsrchanJs^ im ÏÏtm ie jn«l«f ^ Âê é$mmx ei Mhmàéh à n'en pîiïs inir* Chàeati^atnpeâiJi^ lit place

même du marché, et ce vaste bivouac, que nons

visitâmes à la nuit tombante, offrait le plus curieux

spectacle, à la lueur des feux allumés partout pour

le repas du soir.

Tem fTomçîmnm^^^^l^^^tàm île oeffe àftivîié

cômmerfilale^ m piiï m mfpmtmm les habituées

éthiopiennes. Hassein, que j'avais envoyé faire

quelques provisions de miel et de café, revint avec

un véritable cbargement de sel, si bien que je fus

obligé d'acheter une nouvelle mule pour transporter

èetfé pésiiïte malîère. Ùa mM^mx^àt^ hMmamiqml fut mon étonnement,

«Comment! dis-je à Hassein, mais tu es fou!

Veux-tu donc mettre en salaison rAbyssinie tout

entière ?

— Ça fait rien, Kaouaga \ ça fait rien. Moi son

papa, wmî sen mamaiiv toi mm 2*«ïiitiîl# Ç^fiimss

[hemtmp d'ai|fent)*

— Je ne donte pas que cela ne coûte beaneonp

^ Kao^^gn^ ém. %m%mêê W^^0nùh^ mmiié m$be^ mmtié

m ABYSSlïêlE.

d'argent ; il y a du sel pour assaisonner la çuîiinB

d'une armée pendant une campagne. Maïs eafîni

qu'en veux-tu faire ?

— A Sokota beaucoup du sel, pas cher, A Gondar

pas dta seL Beaucoup d'argent ! beaucoup d'ar-

— le comprends;Um ^%6- I«i ml mte k

dar, et il était en effet prudent d*en faire provision;

mais comment pourrons-nous en transporter une

pareille quantité ?

— lopllô * pas cher à Sokoîa ; dôwle tîûgNÈanq

tbaîarit*

— lîfî^, gr#iin , tu veux faire le commerce du

sel avec mon argent ! Attends un peu ! »

J'étais si convaincu qu'on me jouait un mauvais

tour, que j'avais peine à me contenir pour ne pas

introduire dttts h dîséiiisîoii nn arpJûeftt a^l âo*

ce Allah ou akbar ^! Moi son frère , moi pas vo-

leur ! un grouçhe% un demi-grouche ^ jamais

voler ! »

%î. Wûbok , je dort li dire ^ fnteririnl I temps , car

plus Hasseîn m'affirmait son parfeit désîntéresse-

* Bogoîlo est un mot qui n'a, que je sache, droit de cité

dans aucune langue, mais qui, dans le dialêCte Mm^avions créé pour notre usage, signifiait mule.

2 Dieu est grand*

3 Le grouclie est monnaie de cuivre usitée à Massaauah

et qui vmt exmtùû dix eeatîmês.

mm.tÂmm- des agaos. %m

crn> lors mêmj& qu'il àïî la tèrîié, 0étaîf le «as,

parâîMÎ ; en cette circonstance, Hassein avait, par

exception,pris mes intérêts et fait réellement une

bonne affaire.

J'âî Mi à propos àvL imipéhé Mdoua que , dans t&

Tigré, on ^^lefctràit4e côionnad®^ «OîmwiB mottnaî©

divisionnaire; dans TAmarah c'est le sel qui a

cours.

Dans le pays des Danakils, un peu au sud-ouest

de la baie d'Amphila et au pied du versant des

montagnes de fHaraâiaî i se trouve , dans un pays

brûlant et désert^ un ïae entouré de solfatares et de

dépôts de sel gemmé. M. Théophile Lefebvre *

,

qui voulut visiter cette localité intéressante à plus

d'un point de vue, faillit être victime de son dé-

vouement à la science, tant le climat de ces régions

est é|>ouvan^Mêm^t eliand. Û est eôîitrenable d*a*

j^çiutfr qu'il ftiràït teiïté cette e3S|ïédit30n i uneTaau-

vafeê épôqm de Tannée (S }oln)i.

Lé monopole de l'exploitation du sel est entre les

mains des Taltals, tribus fort peu hospitalières,

qui habitent au pied des montagnes. Ils taillent le

sel en pains êe de long sur O^S de largeur

et O''^ d^éptîsseur , et lui donnent exactement

la forme des pierres à aiguiser dont se servent les

* Hié^pliilë Lhpebvrk, m Mfssittie, t II, p. 23et suivantes.

188 ABYSitsriE.

faucheurs 4e ïiôs campagnes. Pour môlitri^îr «aiïs

doute que ces pains sont intacts, plus encore que

pour les protéger , on a soin de les lier dans le sens

âeiettr ïongtfcèOTMee ontserte île ruLan en écorce

â^artre. Cette prèeîetise dep^èe^ foî ttiàm^^ âbs^o-

lument dans certaines pajfitg^da TAfrique c^îîlflile^^

devint, à une époque sans doute reculée, une mon-

naie divisionnaire, et Tusage en est général aujour-

d'hui dans TAhyssinie et dans les pays limitrophes,

ILm âhf^nliefl^i sans qûîlter 1mm incmlagîîes^

vont dans rHaraiOBt à Antalo et parfois jusqu'à

Ficho , acheter aux Taltals leurs pains de sel,

qu'ils vont revendre dans FAmarah et jusque dans

les pays galîtn^

ââtttalby Blé àtmni ïm ffidlgênes^ m a trenté

pains de sel pour un thaler; à Sokota, dî*-*ljîïil â

vingt; à Gondar, neuf à dix, et dans le royaume

de Kouara, à Touest du lac Tzana, on n'en peut

plus acheter que quatre ou cinq pour la même^ftiiiït ^*$r|0ïi. C^gt lifïï alors

I ésm ees damiers

cৠ, une ^<ftMîitté de mïew lliîM^sIfe # pipre^

m^i mnmnÊmmtkè tw le sel, i^eî^s égal , est

moins cher en moreèaut irréguliers que taillé en

forme de pains.

Les Al)|gsiniens qui se livrent à traie (m smâpmt in pîupitft àm tmmxâ&tsm] féftKsent assez

promptemeiit une petite fortune. La feçon dont se

LES MONTAGNES DES AGAOS. î«9

charge ce sel, sur les mules et les baudets, ne

laisse pas que d'être originale : les pains sont reliés

enserolble par d^ îâiîïii^4« ciiîr en bandes longues

j^titm ]êmm4^ pm& placés pat «sw^ts sa* îe émdes botes de somme , et recoutreirts enfin d'une

peau de bœuf tannée. Il s'organise ainsi de petites

caravanes qui , à Taller aussi bien qu'au retour-

passent par Sèfcgite^ «i ve-iNriéiït coïjiia»^^

des changeurs de êd ftiî Mi de îa «npîtale àmAgaos la cîtè la plus commeTçantô peut-être de

l'Abyssinie.

Ces explications calmèrent ma colère, et Hasselti

rentra en grâce,

(kwiïrettcwîf «^^^ guidés parW^Buboîs^

visiter la tîlîe el ses enfirons , lai iômBgtl^ïiê ée

liîedje Kabedé WSf rejoignit, portant datts iflûe

gaine en sparterie une bouteille pleine de raqui \

et Mon maître , dit-il au vice-consul , t'envoie ceci

comme haraket et te fait demander en échange un

l^îsleleî. m

Cela nfitis païmîssait mènÉïijeuï^ mfté^oiilÈilIe

ile lïiauvaîse eau-de-vie en échange d^oiï pîsÉîîél|

nous n'en avions pas d'autres d'ailleurs €[ue nos re*

* Le taqtîi , nùm àrîsfee donné i. iiné liqueur spéciale , et qui

par extension, si^^nifie alcool, est employé en Abyssinie,pour

désigner une mauvaise eau-de-vie, que les indigènes obtiennent

du tajdje par la diftîllatîim,

il.

190 ABYSSITO.

volvers, dont nous ne wQÎfettS pts ïiîîns défaire,

M. Dubois nous donna encore une explication

utile et qui ne manque pas de piquant. Lorsque,

fym$ nos pa|s civilisés, deux persôîiBES loilî»Efc

cadeau, îl est en effet dosage de totaliser Mm

générosité; mais la pudeur la plus élémentaire

défend de rien demander en échange de ce qu'on

offre et surtout de désigner Tobjet que Ton con-

voite. En Abyssinie, les choses se passent avec

mmm i*trtîic0> Bt h itu p^s , à cet è^mâ

plus édh^ qm la uêim^ pssséte miel ipi^nl^

qui ne peut être tradttît qïMe fîm Etie périphrase,

c'est le mot haraket , qui signifie : présent donné

dans Vintention d'en recevoir un plus considérable.

Lwij0 ÏÏàimàè ,malgré son jeune âge, coïrBâîssaît

d^4lo$sïef raîiïieaieïiite ie l^tîijtJôffe étfei0pîenne.

Daiît i'étpeîr è%n présent merveilleux , il envoyait

une pauvre bouteille de raqui , dont la valeur

dans le pays atteignait à peine un quart de thaler.

Mon compagnon de voyage accepta cependant, et, de

réiom if ttptm |rromer)a4e^ îï gm^n m jeune

seîgiretir tu Jélî irôlver de fôçh« avec une

vingtaine de cartouches; râflaire en demeura là

Jusqu'à nouvel ordre.

Liedje Kabedé devait à sa naissance tous les

boïiiiiê«j*r qtie Iuî reniaîf so» «ittourage , son père,

le Raz Tâîérî^ étant un des plm f^mmk 6i àm pluis

ricbes seigneurs d^âbyssînie*

LES MOÏÏAGAES DES A6A0S. 191

Chez les âmes bien nées

La valeur n'attend pas le nombre des années.

Et malgré ses quatorze printemps à peine révolus,

Liedje Kabedé avait parfaitement conscience de ce

Revêtu d'une lÉèmlse «©le cerise à ts^ntm

blanches et vertes,, drapé daas nm chemma 4 lîi

teau de soie, fine comme une mousseline, la tète

partie rasée, partie les cheveux nattés comme les

jeunes filles, les traits du visage gracieux et effémi-

nés^ les èmtréiïïifés Mtm it dHîimîfSi^ le teto

é$$if^ m VeM péÈ pQiit iine «baftmânl^ fiHaffe^

Cbftûiil defe pî56fltïce de Dahanah, 11 eût dû rési-*

der sur ses terres; mais à Sokota, au milieu des

serviteurs de son père, il s'était lait un petit cercle

de courtisans, et son précepteur, leFitorari Toukou,

comraeiine de ces mllèset honnêtes natu res qui com^

mandent toujours le respect, c'est le Meslani Imam.

De haute taille, sec et bien campé sur sa base, la tète

chauve, sans barbe, sauf une épaisse moustache taillée

etiteosse, la figure ronde, le regard Inôisîf ét loyal,

Je ne pttîs ïïîîmi îê dâïrim qa^en lé <î0œ|îtrâiit, sm

physique comme au moral, à ces braves soldats

dont s'enorgueillit Tarmée française, et qui, vieillis

à Fombre du drapeau, n'ont jamais cru qu'il pût y

avoir des accommodements avec le devoir et la con-

m ABYSSINIE.

èt^mce : je crois pouvoir affirmer que^lt ÏÎÊ&tenî

îmam est le plus honïiif© â¥fssîn[îea qn$ j%ïe

rencontré. Le Fitorari Tonkou éttft tttte auHilé,

Quant à TAzadje Ouhié , nops le verrotts bientôt à

Fœuvre.

Le soir nous reçûmes une autre visite : c'était

eiï^em |eMiii h&mrn^^ iCdlïii-li m pMîall poînt

mn léim^hé de solet îl éteît isteiplejoa^I ^M» à%ntmb usé. La miure semlilait pour lui marâtre,

caries traits de son visage, déjà peu harmonieux,

avaient été déformés par la petite vérole, et malgré

eelft SOU repïd êpïiXi laétoÈdique #t intelligent,

întpîrait fe sytopfttîîîei <^uel eontratle àm0 yed|e

Kabedé ! Il appartenait pourtant, lui aussi, à une

illustre famille : cNétait Liedje Féléka, le fils de

Tillustre vaincu d'Adoua, Raz Gobasier. Son frère

aîné avait suivi leur père en captivité sur Tamba

Salftinit , et m ialm> réduite à 1» lei^t^e «id^sè^

vitâîf ^ ïêiîï^e1 ân &mit èe m ttîîîes* La

pauvre princesse n'avait d'autre ressource que de

filer du coton et de l'envoyer vendre au marché par

deux esclaves, tout ce qui lui restait de ses nom-

Quand â Lielje Filiia, îl avait contageHseiaeitl

pris son parti de la déchéance de sa famille et s'é-

tait adonné tout entier à l'étude. Les prêtres qui

s'étaient chargés de son éducation faisaient le plus

grand éloge de son intelligence et des qualités de

son cœur; il était déjà, disaient-ils, fort savant;

mais tout se bornait , hélas ! à savoir lire , transcrire

et réciter des livres de prières. Sous ces humbles

dehors^ Je iît le Gûfcasliêrti emmné totitie h §mîè

M u tàeé. Kabëdé Mt ^^mtmiâ mtût WéUM^ m ap-

parence pour partager ses plaisirs, mais en réalité

pour jouir de son humiliation. Féléka souffre pa-

tiemment sans se plaindre , tant que les méchan-

cetés de Kabedé ne vont pas jusqu'à flétrir sa fa-

raillé î mèb Jour te Êh êm Bâa TêMri pensa que

sm ôfgiîëîî sertît apégMfïn^îtî elitlôttîllê re-

vêtu de ses habits les plus somptueux, monté sur sa

plus belle mule, il se promenait dans Sokota suivi

de Féléka marchant à pied, à peine recouvert d'un

pauvre taub en haillons. A cette nouvelle humilia-

tWHi ,qui dépassël fôntfô^ ïm ènlres^ le fils de fîo^

Imém seàlîl M rii^éilïey h smvBmr de s& màtkorigine : et Non

^dîMl^ Je ne marcherai pas à pied

derrière ta mule, car je suis plus grand que toi,

et je ne veux pas devenir le domestique du fils du

domestique àe mon père» » Kabedé, huûiilié à

SOU fouf , ïenonca â sa iproïiQenââe trîôÉî|ilttîfi.

CàOiiJïfte ftous nous rendions auprès du roi^ et

que Féléka était le fils de celui qui fut son plus re-

doutable adversaire, il eût été impolitique de lui

témoigner trop ouvertement notre sympathie. Aussi

m aîâîî |*olti& de F^^eua^é dt la iiîiît pcmr iMius

rainener , et nous fîmes remettre en cacliette ^ael-

îm ABYSSINIE.

qnes thalaris à sa mère, à laquelle le même motil

nous empêcha de rendre i/isite.

Lé ienlçiw^iïï Wïalitj^ îé dûHpstîcjue de Lîedje

Folirer que loi awîjt mmé^è M. de Sarzec. Monmaître, dit-il, te renvoie ce pistolet, quMl trouve

trop petit et indigne de lui. Pour dire la vérité,

il eût été plus juste d'alléguer que s'étant amusé à

dépenser tmim h^: tmtlméim^ Tmïm hû étaît

imwiï# inutile; peut-être es^éï^l4ï aussi obtenir

enfin un grand pistolet : il fut déçu dans son attente

et dut se passer de Tnn et de Tautrc.

On nous avait parlé d'une église fort curieuse

tailiée dans là montagne ; nous employâmes la jour-

ttéê ëû iMnémén à î'all^ fôîr.. M^m mm Mfîr

^&mMkT0$t de la villf k llatei^ âm mmm mn^vages et assez dénudés, où nous rencontrâmes des

bandes de grands singes cynocéphales. Je les pour-

suivis sans pouvoir les approcher à distance conve-

nûïh. tk mmmb0mi tiimquîllemeïillaf^imfâi maboyant ^ s%rêtet ie tmip^ â aa-tre, coïntne pomme nargiîer. ârpîf^tW* l^àord d'un escarpement^

ils disparurent comme par enchantement dans les

anfractuosités des rochers.

Au bout d'une heure, nous arrivâmes dans le

îonâ d^utt^îû jssez |Mtîôrôf^a& : nn petit ruisseau

s'en #<îliâpf4Ît> èmt h mmm, iMît câefeéé dans «n

massif de verdure, Cétait dans les monlagni^s qui

quêreî ïoiiisnous la cherchions cntaîm du regard.

On nous conduisit au pied d'une grande colline

dans les flancs de laquelle nous pénétrâmes par un

chemin creux. Après cinquante pas environ, nous

mm tmmmmk ïrfotte d'itp fetîl tmttû ^tlmmconduisît âii îmé Ckûfe trachée à cîel o^mt qmfii|aît à notre droite, pour contourner ttîiift énwmémasse de roc en forme de parallélogramme, qui

Tisole de la montagne sur trois de ses faces. Cette

tranchée profonde est relativement étroite, et le

Mpe immm$B qôi m -immi nous , ^'étiif

l*lglfee> fl m ité taïîlé , ereasé t p^lafend, %ïile^ co-

lonnes, murs, dallage, tout est d'un seul morceau

de pierre travaillé par le ciseau deTouvrier; rien

n'a été apporté du dehors; c'est à la lettre un gigan-

tesque monolithe. Au sortir du tunnel, on se trouve

m êNmê pmlM dm c^ïtâ ful âmm smèB dans

mm sçfte dè ^eMÎ&îjïis> Placâ dirtis tmm d%tt trati-

#épt , m vestïlttfe ïoité î?€l« 1 -^gls^r àh mmHgnBsur un de ses côtés, et, percé d'une seconde porte

en face de celle dont nous avons franchi le seuil, il

s'ouvre ainsi sur les deux extrémités de la tranchée

Uïïè pwîe îttterîôtrFè fermât de motiter in té0-^

bule dans l'église, dont le sol est surélefêv plft-*

fond de l'église est supporté par des arcades en

plein cintre, qui reposent sur des piliers carrés,

196 ABYSSINIE.

éJancés et ornés d'un chapiteau. Ces piliers, dis*

posés sur deux rangs, sont an lïOiulTre de six, ét de

cette façon formant pour ainsi dire trois nefs. L*ex-

trémité de Téglise opposée ïïm stslîbule est encore

séparée de la triple nef par une paroi en pierre et

divisée en trois compartiments, le tabernacle au

miiieii et de çîiiw|m côté une sacristie. Cette partie

est éclairé par une fenétrte fîtiite «w-^d^^^^ de Tmi-

tel et que snrnionle encore ttm croix grecqne éë

grandes dimensions, sculptée en relief dans la mu-

raille. Une seconde fenêtre latérale donne du jour

dans le reste de l'église.

1.0 ^1Cm.eg^i^lîl0^ô eotîle^^ et d'un grain itht^

in, M. Blén po m mM in granif, Il présente un

poli remarquable.

A Textérieur aussi bien qu'à Tintérienr, des mou-

lures d'un travail délicat et harmonieux dessinent

des pantittimx^ dès cOMîciies, des souîmsâements ;

î fîtàéfimtf iBOs pannfitti Mïïê fttf ccilonnes

sont ornés de fresqmas nm toUei, roprésentant des

arabesques et des sujets religieux. Le vestibule

aussi en était tout tapissé, mais ces dernières pein-

tures semblaient plus récentes que les autres. Les

pritres moutrèrfttt mm i&f wmm el imeroî* en euiirpé ronge assesMen fmflllîès et desti-

nés an culte.

Au-dessous de l'église se trouve une crypte, taillée

encore dans le rocher et qui sert de caveau sépul-

LES MOXTAGIVES DES AGAOS. 197

ertL s* Dtibôfe^ lîàa* Mrtît cl%terprète pour obtc-

ftîr im frêfret ç»?rfq^n«s rémeîgBeïnents înfétes-

sants.

Lorsque Tenipereur Atié Kaleb, dont j'ai déjà

parlé, fut revenu victorieux de sa croisade en Ara-

bie, il voulut, autant pour perpétuer le souvenir de

son Momphe que pour f^^âidre grâces t Uîétt îu

siïeçès ân sm entreprise^ Mger un monuineut digne

de lui, et cette église fut creusée psr Sits ordres en

Fan 522 de noire ère. Les fresques sont d'une

époque bien plus récente; c'est au commencement

de ce siècle ou à la fin du précédent qu'elles furent

«xé^ïtttées îe Ooague Cbôum Gramadîïre^ père

àu Gùhaswr et aîeuî de Lîfdjie Fêléka,

Cette église devint la sépulture des maîtres du

pays. Dans la crypte se trouvent deux tombeaux où

sont inhumés Ouague Choum Konfou et son fils

Ouague Choum Hassein. Quant à Gramadine, son

ceJ^iiéfl: est déposé 3t|ts le péristyle de l'èglîse.

fém sont âes cofiries^m Ws^, re^0?eHf ën éÉkronge et ornés de clous en cuivre. Les corps quils

renferment sont, paraît-il, momifiés.

Je me hâtai de prendre un croquis et de relever

appro^îmativement le plan de cetle curieuse église.

(kwflïewffïJt «Jllôîfô partir^ vitit wne léaiine jeune

Étli^leëîicore^ mais portîmt our son visage mélan-

Côlîqut le stigmate de la misère et de la douleur.

Cependâiit sa démarche, sa physionomie, ses vête-

198 ABYSSINIB.

ments pauvres, maïs propres, tout en elle dénotait

qu'elle n'avait pas toujours été dans une situation

malheureuse. Intrigué de cette rencontre, je de-

mandai qui elle était. La pauvre femme descendait

aiîssi d'une uoMb faralî^ t$mm^ et

dé<&ië éè $m miii^m sfdtïïdôiir* Lm hommesillustres qui dormaient de l'éternel sommeil dans

l'église d'Ouquère avaient été ses ancêtres, et elle

venait prier sur leurs tombeaux. L'une de ces sépul-

tures Htît eiicw i^i««mf«rtt ê^wm ébmÊim ê'mihm M êî éofeiim^ mscalle #iîiit Im^ tache de

sang ; c'était la cliemma clw Ouagiie Cboum Koiîfô»,

celle qu'il portait lorsque, dans une expédition contre

les tribus du lac Acbangui, il fut frappé à mort. Le

sang qui la tachait avait coulé dans ses veines, et

t^êM 4e te même sang qui coulaîl eïw^te ésmcelI#S de «felte înfortntès iîïe des Ouague Chouuï.

& iâ voir à genoux, bâîser #féc respect cette pré-

cieuse relique et invoquer son aïeul d'une voix

entrecoupée de sanglots, on sentait que c'était là un

cri du cœur. Honneurs, fortune, puissance, tout

s'êtaîl èmatmi pour elle depwîs longfemjis» ce

n^iltît plm ee qtj^elîe lemtndaît mm imit d'ar-

deur; mais elle était mère aussi, la pauvre feiïïitie,

et le Fitorari Théodellé, son fils, son unique appui

peut-être, lui avait été ravi. Sur des ordres venus

de hmîf h lïesliïii toata fméî Mt charger de

chaînes.

LES MONTAGNES DES AGAOS. 199

Peu de pays peut-être offrent tant d'exemples des

tîdsstludi^ iuiatîiie^^ et peu d*lïWWfiS atitsî sairent

s'y soumettre atrec autaîit4eréSlpôtfoiï> C^es^

instruits par Thistoire de lettfS^|>tri!B% îît <îom«rfeot

Tespérance. Puissants hier, vaincus aujourd'hui,

peut-être demain reprendront-ils leurs dignités et

leurs richesses...

E tfÈ^B mm ioiMte Min des ^oses eurîeiiges â

t#lr# k appr^nèpè à Sotota^ et beiïucôop de ém^mantes bestioles à récolter, qui eussent fait bontté

figure dans mes collections ; mais il fallait partir.

Le roi, pressé de se mettre en campagne, avait

donné Tordre qu'on iii voyager ïe fîçe-ctn#ttl im^

rapidement que possible* l-è lîêpil^ Ittl èii #0ijsl*

quence fixé au leiidemtm^ wittîû^

Mon compagnon de voyage avait une délicieuse

petite chienne de chasse nommée Lolotte, et qu'à

force de précautions nous avions jusque-là sauvée

îii B^pard. Bepuîs longtemps déjà la paufre Mt«semblait gmmmmi^ îttaîad% mm m^Géom ftie

c'était du ténia î malgré nos t«te elîe péiit k

kola. Cétaît le second chien que nous perdions de

la même façon. Intrigué de cette maladie bizarre, je

résolus d'essayer d'en faire Tautopsie, et je trouvai

âïïtm le gtm lûtestîn irn fragmeai le lèmsi ^Immtoccasionné une inilamïttatwtt terrible; |e le cô^

serrai dans un tube qui malheureusement s'est

brisé âîi cours du voyage* Cette pauvre bête était

200 ABYSSINIE,

évidemment une victime du ver solitaire. Sa mort

fut pour nous un véritable deuil.

L'heure lia dépar^^ était venue; tous les porteurs

mmt sïMïpesè les «aisses^ les ballots et longuewieiit

discuté, cbacutt se résigma enfin à ptendriB mcharge.

Nos mules étaient sellées; nous avions notre

C0Sttî^f èe voyage, déjà singulièreîneBt d^éirl^^

lîtt jpèifâïïftr ef folgnawi f&mM è H «^*ïltu?e

êms :«a vaste cartouchier , on nout içâï ptfe^ dans

un pays civilisé, pour des détrousseurs de gratid

chemin.

Nous n'attendions plus pour donner le signal du

départ quela t«àîïé de^lie|^ mmmalj&m iiîfe m» mSïmx^ II m m fit ptts" iÉtçïïln&.

Mais quel «haftgement ! Le jeune seigneur était

revêtu d'une simple chemma sale et usée, les har-

nais de sa mule étaient tout déchirés. Comment,

papillon brillant, éfilWHweîïU stffi|)Je lîfii^^

Il avait fallu un lamîMMm pmissâttî m^t Mvà^ pour

amener une telle métamorphose. liei^J^eié se

hâta lui-même de nous l'apprendre, car son orgueil

souffrait évidemment de ce misérable accoutrement.

Il venait, nous dit-il, de prendre le deuil, et son cos-

ttiï««m étâît ïa ff Les l^ssîïiîent^ k la mort

d*un pareitt ou #un ami, revêt^ttt in à$ deuil

les ijêtements ide leurs serviteurs. Nous entenpdîons,

îMt M^mt&mËS DES 201

jBlï è&^^ iàm «oe îMaîson voîsîae> des cris et des

gémissements; mais ces démonstrations bruyantes

sont si fréquentes en Abyssinie que nous n'y

avions pas pris garde. C'étaient les gémissements

d^ iîiàftpies payées pour plcBfidr mt le corps

d*iifl0 |ifrîiîc^S0 Oîsefo^ Saliîm. Qa^îqu^'elle îàt la

seeUr àê G^oiasier, on lui rendait de gran^dt lôû-

neurs parce qu'elle avait épouse un des parents

du roi lobannès et pris parti pour le vainqueur.

L'Ethiopie est bien décidément la terre antique

$» perpétuçîjt |es wsi^és dft sî|^|«s passés,

O&fliïfflm à Rome , «ofiiiMe^ k âîBèBe^i iîdiniftt êsm la

vieille Egypte , dont les nioîïwfliâïils mmuiênt en^

core les vieilles coutumes, quelque personnage

important vient-il à mourir, ses proches et amis ne

se contentent pas de pleurer sa perte dans le recueîl-

hmmi d0 là dôtiîeitr* ît m 4^^mi soît pî^

le monde, et que les gémissements et les saiïglofs

soiententendus de la cité tout entière. On convoque

le ban et Farrière-ban des serviteurs; des pleu-

reuses à gages sont louées pour se lamenter sur le

morts el f quand i&ût mmmàè mirèxim m^&W àu

cadavre» un coryptée m détodie dii k lôute^ et» en

termes émus, retrace les vertus, la gloire, la no-

blesse, les hauts faits du défunt;chaque strophe est

suivie des cris, des sanglots, des lamentations de

l^sistâaee entière. On îuS r&pf<>éfee sôû iiigrali^

202 âBYSSIIVIE.

tilde : « Pourquoi, s'écrie rimprovîsateur, as-tu

quitté tes parents, tes amis? N'avaîs-tu donc pas

nn époux qui faiœaîti des enfants qui te respec-

taî^fetf HTairats-iu pas le^ hmnmM^ les rîcléssés?

Es-tu donc sang fiÊé^ qm im laisses udb fenjîlle,

des amis plongés pour toujours dans la douleur?^)

Et les pleureuses de se tordre, de pousser des

cris, de s'arracher les cheveux, de déchirer leurs

Citait mm scène m gmtê^^ tpà pai^aît Itnâ

une maison voisine^ autour én cadawô de Oisero

Sahim,

Escortés du Meslani,

qui vint nous conduire

jusqu'à une petite distance de la ville, nous quit-

iémm BdktM le f lïovjettifer^ i iîjt îieafes pî émalM

du malin*

Mous franchîmes une montagne escarpée i et,

laissant à nos pieds, au fond d'un pittoresque ravin,

le village de Abou-Iohannès, renommé, paraît-il,

pt>&r ses églises tittérées ©I It laîiiteté êé ses

prllres^noîîs ciHitîntiâmes k marcher sur un plâjtean

IlefI pt |*tipect sauvage. Hous redescendîmes par

un sentier semé de pierres roulantes, au milieu des

buissons épineux et des kolkouals, et trouvâmes un

torrent qui bondissait entre les deux rives escarpées

di'une méàe^ Basaltique lletrltre, qui, mm ses

crêtes ¥Îves et lowWûttoHis^ sêmîïïaîi aîiè iSroaïèe ie

laire à peine réfroî4ie. C*était k ritière Méri,

mxTAmm nm àùAm. mDans le fond de cette vallée , où nous marchâmes

un certain temps, la végétation était plus riche, plus

ahondante. De petits ruisseaux, dont le lit, le plus

souvent desséché , servait de route aux caravanes,

ifâlieit jOttibragés de grands et hmmi «rÎMP«t* fmûaaÉaot^ ii^tfe^idaî^ êm ïàmtàpÈ éB mw^é. âu mî^

lîeu de ces champs, se dressait une plate-forme en

paille supportée par quatre poteaux, et, du haut de

ce belvédère, un jeune garçon, toute la journée, tête

nue au soleil, armé d'un chiffon ou d'une fronde,

s^îferpîl, pur s©» .gj^t£î!$ etm m^îmmMteîet taitâîatïôaiÎJftM^ d'oiseaux qui venaient

faire 1010 réeçllP p^iwattîrèê.

Sur un mamelon perdu au milieu des kolkouals,

on voyait les huttes du village de Mizerem, misé-

rable hameau, qui semblaît inhabité.

I/ï^ î^ptîô^samîc^^ et pompewm#ffljï^ïîdi

ei d® ^fcôtft îî#îï& affeiït èaîîîïiïés a voir venir au

devant de nous les autorités du pays. À llîtiçeni^

il n'en fut rien. Mon compagnon de voyage, qui,

faute de tente, avait coutume de loger dans une

hulte^ çb^tçîiâit tîi irâîîi un gîte. Kous réclamions

àe$ fmJm tm émm^timmmw^mmBMM de

?0|ageura. Impôtsîllè de rîèîi oMèiîîr,

Le soldat qui nous servait de guide et d'intro-

ducteur déclara qu'il n'y avait plus de choum dans

le pays, et que personne ne voulait lui obéir. Le

goïiteraéiïr àn diitrict> le Dcl|«stailtA Enguéla

,

:04 ABYSSINIE.

était parti, disait-on, dans la montagne chasser le

lion, aOn d'écarlef tôtit danger de la route que wtfttS

devions sttître. Cêtaît d« M part ane attention imp

délicate, car, en son aïisence, nos hommes surtout

étaient condamnés à mourir de faim. Le lendemain

nous eûmes la preuve que ce n'était qu'un faux pré-

texte, quand le Bâcha Samrou, — le soldat du roi,—^

tîfiî iïôîîs dire qu'il JM âlait îinpostîfelè 4etP0tef€^

un seul liomaie pùm p^r^ îïo^ b^^gesv Ums fen-

voyâmes à Sokota poar t^éêkîiïBr rassistoce du

Meslani. En même temps un autre soldat se rendit

près du Dedjas Enguéla, pour le prier de revenir

dans son village, afin 4# wm lôtttptr les pôrteuTS

Bieeemîres pour contkttuer mkà ^<M3ie>

Bans raprés-mîdî^ des rumeurs înqnîétantes cir-

culèrent dans le pays : deux Dedjasmatchs du Raz

Téféri avaient été battus, disait-on, et faits prisonniers

par Zagaïé Bourrou, le frère du fameux Ali Bourrou

vaincu et tué par le Bàz f^îM^ ^âmthMm^mmi^raît dêinîtîteflièttlàS^ trône.

Sachant combiefi Î0& Abyssînîéiis $ont enclins

à l'exagération , nous n'avions que médiocre-

ment confiance dans tous ces récits, et cela ne nous

empêcha pas d'aller nous promener dans les envi-

t(mâ 4tt village. Je me mis à recueillir des îiïâectès^

é côijiÉPitpT^ Iés f«^iCant^ #t fm^ hîmiét QtiMîé

toutes nos mésaventoes. Lorsque je rentrai le soir

au bercail,Je n'appris que de fâcheuses nouvelles

LES MOATAGAES DES AGAOS. 205

qui, cette fois, paraissaient authentiques. Le Bâcha

Saiia«iiu, fni msM Mt diligence, était déjà de

ï^toor de ^telâ, aïttéïîtttt à^^itti mtf rettlbrt de

quatre hommes etVAszadje Oubié. Je B%fâ|s fûèrô

fait attention jusque-là à ce dernier personnage.

C'était un homme gros, gras, rebondi, le vérilable

type du trésorier, qui sait amener dans son escar^

celle les ém^ àemm rné^p ^s^m^é$m h prmm^

rer Im tenanciers. Cette i&m^ eMmm^ ces yeux

clignotants, perdus dans des joues bouffies, ne medisaient rien de bon. Quant au Bâcha Samrou, il

était fidèle adorateur d'une bouteille de raqui ou

i^m 6mmlm M iMM^à^ mm^ m è&ïàèùtmt htm

gàrpïi^ %Tme et 4èirpoi* lia positkîi iew#tendae : non - settltSient les méfiiiîfe dct eftotiïla

(insurgé) Zagaïé Bourrou n'étaient pas imaginaires,

mais d'autres chouftas cernaient la ville de Sokota

elle-même, et le village où nous avions couché trois

jours aupttrairattt âlajt mâm Immmmm^ hBW^mûnTOS envoyait seulémeiit quatre liommes, en s^exca-

sant de ne pas venir lui-même à notre secours ;a mais

si j'abandonne Sokota, disait-il, les ennemis vont

s'en emparer, Nous nous trouvions entre deux feux*

Le Dedjas Enguéla n'avait jamais songé à chasser

lelî^î m rfêtalt ÇtirtïB» l&mîe pour gagner dtt

tèiHps^ eé BOBS nè éotttîons' pas gti'îl ne s©

bel et bien liîîs en ètel ^îtim^^G^on. Cependant

le soldat qaè ntJusavrons envoyé vers lui n'était |)as

206 ABYSSIWIE.

encore de retour, et il nous restait une lueur d'espoir.

L'arrivée de TAzadje et de quatre hommes de

renlart sèBalïïa pi^eâtiîre m Iwwi éM^ m nous

èmm tîîie taeîiè én ptiMïBlimt des porteur* pmr lé

lendemain. Piège que tout cela pour iï0mé|ûi|^«r

de Sokota et nous faire tomber dans un guet-apens.

Il était tard, la nuit porte conseil, nous allâmes nous

coucher.

Le leîîâeHïaîn ttiaitîïi, îï imm mitnqiîtît toxiradtoès* îfen^seiïlaineBt oti mmt repris celle (p^mt

avait donnée^ îàais, avec elle, on en avait v^ïê

une autre. L'ennemi était donc tout près de nous

et devait même avoir des intelligences dans la place.

Cela nous donnait à liSédhir.

Le tolâMt mévâ im em jentrefeîte% et Efot avéré

^e le Bfe^s s^étaît dêfilirl cliôufta. La

route était coupée, que faire? Retourner en arrière?

Mais Sokota était cernée aussi, et fuir n'aurait servi

qu'à accroître l'audace de nos ennemis. Nous nous

rêîinînias eu, <msM ûà furèot ijpwvïMjïiét ritoiît

Ôubîé M le Bâéhn &irardii. €e Égniîer prît lâ

parole : ce Le roi, mon maître, dit-il, m'a donné

l'ordre de veiller à la sécurité du consul et de

ceux qui l'accompagnent. La route est coupée par

les chouftas, je ne puis prendre sur ma responsa-

bilité de le meîïer plus loin* i^É mîmtm à

Sôloiôt fW ï80HQiÉsïe trower 1* je lai

ilraî votre pôsîtîon çritîinie; îl enverra un déta^

LES MONTAGNES DES AGAOS. 201

chement assez fort pour soumettre les insurgés, et

vous pourrez continuer votre route en sûreté.

Ii^l^arf|e Oalîê ii^^tait pas de cet svîs î i^li© roî,

rexpédUîoii qu'il entreprend contré lé Godjtttiî

à Sokota, vous ne serez guère plus en sécurité

qu'ici ; marchons de l'avant, je me fais fort de vous

frayer la route. »

Blé» â^opiMM SI àîteeiité^j lei àm%étaient â^accïïri p®iîr|t]^Bê^îé cc«r^iiî d©ïran

h question. Us vQïiîâtot évidemment mettre de

cette manière leur responsabilité à l'abri. Nul heu-

reusement ne comprenait le français et nous pûmes

délibérer tout à notre aise. En présence de deux

opîitois m ilâifeêfmleî«eïrt <>fpo^és, nous è$mmMrî éJûBamiaés. Si ^Bmêm B&mmny homme de

guerre, qui ne rêvait que pitiés et bosses, nous con-

seillait de rétrograder, pourquoi l'Azadje Oubié, qui

n'avait sans doute jamais livré bataille qu'à un

festin ou à une amphcre de taidje^ faisait-il tant le

lepa^tebf i fié mmm§& é pe^ en rapport mm sâ

toiïrtttîM né nous séBtiMail pa^ de hm aloî ;

malgré mn éloquence, il n'eut pas le don de n^tx^

convaincre. Nous répondîmes, du reste, d'une ma-

nière évasive. a Etranger au pays, dit M. de Sarzec,

Je ne puis juger aussi bien que vous la situaltott»

Bîtn qm Tavis du Bâcha Samroa me smiMè le

plus sage, il lamt, avant de reloumer à Sokote^

908 ABYSSIN lE.

Mit épuisé tous les moyens de maricher en

àTant. »

L'Azadje Oubié avait son idée : c'était de nous

mener dans la gueule du loup; nous étions vendus,

comme nous eu eômes plus taipdi la pi^ûve* « Ek^

m^0m d'abord, dit-il, un second messager mMeslanî Imam. » Bien <ie plus naturel , et il

donna des ordres en conséquence ; mais ce fut un

de ses hommes qu'il chargea de la commission,

a Ensuite, ajouta-t-il, il nous reste encore un

moyen : le dfslriet t^jîsin à pour chef le Dedijas

l^îlifa» (^elutt même qni çîeni i*être feît pn-

sonnier par les chouto,^ et, en son absence, le

gouvernement du pays revient à son fils Liedje

Kassa. Par cela même que son père est aux mains

le î'eAne^î, mm pouvons ie«tmptier âur m idén

litév Eiifoyons-lui un messager, et, s*il se sent

assez f0tt,. il viendra nous prot%jÊr. « pirtî nous

parut sage, et l'Azadje fit encore partir un cour-

rier dans cette direction.

Le conseil fut déclaré dissous. Prudence est

mère dé sûreté I litron î cet adage nous retint h

propos en mémoire, et nous nous préparâmes à

une vigoufeuse résistance en cas d'attaque. Avec

M.Dubois, quinousavait accompagnés, et M. Piajjia,

nous étions quatre Européens; chacun de nous pos-

sédait au moins à$s% fusils, BouFtou ét0 w&iannê, et Hasseîn, daus l'espoir d*un gr<» bénéfice.

LES MONTAGNES DES AGAOS. 209

avait acheté avant son départ des fusils de pacotille,

powr les revendre au du i^oî. Je n'eusse pas

voulu M*m servir pour to^t mmméB, amîs tout

fait nombre. Nous nous mîmes tn detoîr <le londifo

des balles de tout calibre; chacun reçut une distri-

bution de poudre, de balles, de capsules. Nous

avions bien vingt-cinq hommes et nous nous trou-

iïommmh mmir h îatéte 4*ttïïëiti*tttâîn» le fusils,

Cêtôit ane vêfitaMe armée. Kous la rangeHines

en bataille d'un aîrTOetOoeux. Tout cela se piissaiii

dans le village, en présence des indigènes, que ce

déploiement de forces semblait vivement impres-

sionner.

Lajôufûéê s^ançait cependjEffli, etnm c^uirîers

m reveHaîent pas. £eltti que ràiKtdje ataît enifoyé

"Béï^S Liedge Kassa nous rapporta le soir une ïut»-

vaise nouvelle. Le fils du Dedjasmatch nous assu-

rait de tout son dévouement , mais il ne pouvait

quitter son pays, prétendait4l, retenu par l^tî^éces*

sité o^b ïl se trouvaîï de F^mtmr les noiftlireîrx awîs

qui waiêîïtîttî elîrty ïeursJîompI^^ de condo-

léance sur le triste événement à la suite duquel son

père avait été fait prisonnier. « Je suis tout prêt,

ajoutait-il, à vous recevoir; venez, et je vous proté-

gerai î la rovte est sure àm^ nijoiii pays.» EtrAzadje

de broder sur ce thème» aioutant qti'îl avait des

porteurs, et que nous partirions le leudemaîn

matin.

12.

210 ABYSSIIMIE.

Cette réponse, hâtons-nous de le dire, était trop

singulière potiir mm mtmaimtt i mèkmm isfi-^

rîoftsioï^owî^^ 10 Meslanî de Sekota^ înstrttït ie

ftotr& |iôj#tïGn tiendrai t nous tirer d*affaire.

Nous nous couchâmes tout habillés, après avoir mis

nos armes à portée.

Au point du jour, nous étions sur pied ; FAzadje

dûrBïâît ênrc0re*

Sans dotiïa il supputait di?Jâ| dans &m têtm^ le

nombre des thalaris qu'il recevrait pour prix de sa

trahison. Nous allâmes le secouer, en lui demandant

où étaient ses porteurs, et Je vais les réunir, dit-il,

mom ïïUms partît^ n ^iisonge grossîéri 0©

pôrfettrs^ 11 n'en aimîî |amtls noias ravîons

toujours pensé. Après avoir, pour la forme, erré

dans le village, il revint seul.

tt Les gredins, dit-il, ont déserté cette nuit;

mais peu importe, nous allons leur montrer

qtilan w& se Daoque pas ainsi à'm âiaîi|év jyis»

mm M Im l^agages ; alksâà rt|oîHdre Lîedje

Kassa, et avec lui n&v^ pourrons châtier ms in-

solents chouftas.

— Laisser là nos bagages, pour que les bandits

s^eii emparent sans coup férir > ce serait être par

trop naïfo î

^ Mh Mm^ ft^Mm §Mâmm un Jour mcore ;

Je trais envoyer un autre homme au Meslani.

— Assez de courriers comme cela, et trêve de

LES MONTAGIMES DES AGAOS. 211

discours. Tu n'es qu'un traître, et si tu désires si

fbfl ïïoiïiS îa»Bjfer m msiMi ^imt mus re-

mettre aux mém te dhoûÉâs ^ et pèrfaj|er a?ee

mm nèi dépouilles. Va les rejoindre, ndtîs^ tt*â*-

vons peur ni de toi ni d'eux. Nous retournons à

Sokota , et nous ne tarderons pas à t'apprendre

qu*onne se joue pas ainsi des Franguis. Au revoir;

porte-toi tien ! »

lit «lallîéorèïnc Itaîl éimâ j il m mit 4 à$m^nmm pour protester de son dè?Ottêi»ent et de son

innocence, nous suppliant de ne point retourner à

Sokota. Plus il insistait, plus nous persistions dans

noire projet. J^ajfâis àiioriMi$eïneiît âm moIbs de

<Éti^g« ; iipisi ©aîai^nî^s Imiy tu rîsque^ de

les éïéînler , nos objets les plos prlcisajt^ et nous

laissâmes quelques domestiques à la garde des

autres bagages. L'Azadje était toujours à genoux,

comme pétrifié. Son bel échafaudage s'écroulait, et

il toyàit af0© jitîés s^«iïlttl^ lilajàrîs* Là ptar I0

clouait sur place : donner k ses^l^gues le mgmld*une attaque subite, c'était signer son arrêt de

mort, car, il le savait bien, notre première balle

était pour lui. Il se trouvait à son tour pris entre

deux feux: à Sokota tout allait s'éclaircir ; nous

refiendrîaiïs mm lôûle %t$ troiip^ respec-

table. Bm Ben pièces d^i^emt» îl poimiît s«p-

puter miitifcêôant les coups de bâton qui allaîfftt

marbrer ses reim de taches sanglantes^ et la pe&aii-

213 ABYSSINIE.

leur des chaînes dont fl siîaîi làtifét Crétaîlfîâîsîr

de voit sa i|çwva«ti»ir Ifesi 1^ ij^ftânies m lui

Grand fut Teffroi dans Sokota, quand on vit notre

bande sur le sommet de la montagne. On nous prit

pour les chouftas ; mais on sut bientôt que c'étaient

Im Wfmï^ak. Mmm. èmmtéîttm cfca^ H. Dtifcoîs. Le

Meslani^ foi^ii ^ï^prîli se bâta d'aecourîr.

^ ÛMQftïfi^ial, mmm $méi^ xi^m f Vms n'mez pas

reçu les courriers de TAzadje?

— Absolument rien, » dit-il.

On envoya cbez Liedge Kadebé.

ti — Rien non plus, w

Toutes les paroles d'Oubié n'étaient que men-

songerM JiœiÉiefies, U n'avait jaratîs Mm&^ê nwftttll

coumefv plttsi Sokota qn^aîlleurs,

hë- Mmhm ^eïûbïaal fort embarmisév Qïisnt à

IJedge Kadebé, qui, entre parenthèses, avait déjà

quitté le deuil, il eut un mot naïf et qui le peint

tout entier.

tt Pourquoi, dit-il en s'adressant au vice-consul,

ïï*âMiï |ss I^M MtçtrfM foùlt ^elle csïwîlle ? ^

iC^i^tMm ïk me rtptïtîe #fiil»nt giii. Mâk^

pour rinstant , îl ne s'agissait pas de faire bâtonner

des rebelles qui couraient la montagne ; il fallait

d'abord les prendre, et Sokota étant cernée de

toutes parts, le Meslani, à la tête de douze à quinze

XES MÔltMiîES DES AGAOâ. mcents soldats tout au plus, se trowrait dans une po-

sition critique.

(t Raz Téféri, mon maître, d'accord avec le roi,

m'a ordonné, dit-il, de veiller à votre sécurité,

et de faire arriver le we*-€©iïsnl | BitetÉhor le

plus promptameRf peimBle, ctt le I^^Ufs î*ât-

imâ avec impaiience. Les ordres sont formels;

je suis soldat, et je dois obéir. Mais la route est

coupée, et si j'abandonne Sokota pour vous escorter,

je livre la fifle tttx ewiiemis, car je n'ai persôttjtte

m$. feratpIsHjet^ J^:Sttîi êmlrMm séul^ istifourè

de traîtres ; je H'ai pas un Borame sur lequel |e

puisse compter.

— Je ne veux pas, répondit le vice-consul, que,

pour moi , le Négouss perde Sokota. Envoyons

irei« lui le Bdsebt Saîstou, et atïenions lel m ti-

ponse^ Si les ennemît ^Hâqnent la flUe^ nôus

iFôws battrons avec toi. Je prenls, prêt du roi , la

responsabilité de cette décision^ que me dicte rin-

térét que je lui porte.

Le Meslani demanda quelques instants pourréflé-

BfeftsMmmMm m Sôkota ; m retati im wn^Isawaît pMé J'aurais au moins le temps d'étudier le

pays, et, au pis aller, une bataille serait un épisode

curieux. Le Meslani pensa tout autrement.

' ^ fotts ne p0Ute^^ #1-11^ rester â Solota î méiiB

seittMeiîi<ïïis mâr peur , l'iiuéace des ennemîs

214 AB^BilIE.

s'èn tfogmeateraity et si Um tmm «ttt^tïftîénl^ nomserions ceftftîmenient battus. Puis wtf^ séjour

est ruineux pour la ville. Le Négouss a donné

Tordre de traiter le consul de France comme

un prince. 5)

En eflet^ cinq cents pletles de l^inrab defâieïil

chaque Jour être foumfes à fiôs Èommes, et p©tr hvice-consul, chaque jour aussi, une vache, un pot

de miel, un pot de beurre, un nombre incalculable

de poules et d'œufs, et enfin tout le lait des vaches

du pays ! âsfttî#o#îil ï©fet«t]t|s pfftaît le wc#*-cf

sôlpottr un ÊÉtr^aiittia. Mm% miim^ ipmeêi jmqu%ce jour, ces ordres royaux.

L'hospitalier Négouss en voulant faire trop bien

les choses avait dépassé le but, car c'était inévita-

blement là la cause de TefiTroi des choums de village

à notre arrîtréè* &îxmmm attaîl jôffiam^ mi msà^

ieiimâ ie femblablas lûiiMitagiïes de^î^totiËès, et

sotivent ttîijQtie iios gens, aussi bien que nous,

n'avaient rien eu à se mettre sous la dent. M. de

Sarzec se récria devant cette longue énumération

èn tribut qu'impomît sa pi#èfflpé|^ #1 déclara que

nous étions dîsp^ls à mm ^frii^ler tlïifinîjïiettl

moins, c'es^iniîïé lû jrtrîçt fiècessaîre.

« Si je ne vous fournis pas, ajouta le Meslani, tout

ce que le roi a ordonné, personne ne le croira, et

je serai regardé comme concussionnaire. Si vous

v^mm fm tîum Inité ijtrloût ,croyez Mm

LES MoitâGiis to&s Aââos. mb

que le peuple a payé, mais que les chefs ont em-

poché la valeur de cette contribution dont chacun

a, d'ailleurs, le droit de se libérer en argent.

Vous, ne pouvez rester ici, mon honneur y est en-

gagé : soldat, je n'ai jamaîs ^eenlé, et goufirnétir^

^ Wrai jtniaîs mlè ; je me trouverais émê l^alter-

native de ruiner le pays ou de tefïiir ma réputa-

tion. J'ai quinze cents hommes;

j'en laisserai

mille à Sokota, la présence de Liedje Kabedé

entravera, je pense, les trahisons, et moi, avec

cinq cents soldats. Je vous accompagnerai jusqu'à

ce qmmmmfmm sôtiÉé* ^

Nous ne pûmes que serrer la main de cet hon-

nête homme et déclarer que nous étions prêts à le

suivre. La journée était très-avancée, et le départ

ftït remît a» lendemai»^

Les i^ôaftastte «^étaient fm atteft^as i mèêmu^mmtt qttî retiviersait tous letitâ projeta* âttîssî, teavant notre départ, le Dedjas fâîgiiéia, prévenu par

son complice l'Azadje Oubié, envoyait au Meslani

un serviteur protester de sa soumission en offrant

lemmMm tB^&mt # à& omis Trow^ë

ttmfmmtètê îûm^ hWMmâ aewaliît pas croire à

son repentir, et nous nous mîmes en ïtiarche pré-

cédés de joueurs de flûte et de nagarits. Cinq

cents hommes nous suivaient cavalcadant au milieu

des rochers et entonnant déjà leur thème de

Notre mitré* à Mmt^ lût mû trîswîïplîe. Tous

les bsMlaïtts mm awmftillreût des <îtlt 4e

joie; TAzadje vint au-devant de nous le sourire sur

]es lèvres, mais nous n'eûmes pas Fair de le voir,

et, continuant notre route, nous escaladâmes la mon-

tagne, Feâescen<îîio€S lia sitmi^^ i$ÎIé«^ où

coole la rivière T^la^ fttî ^^oîfldre lé llèrî|

^ratissant imâ môftlaipîe k par un chemin

en escalier, nous campâmes au village de Chou-

quoua, perché comme un nid d'aigle sur un roc

escarpé» De chouftas, il tt'eii était plus question,

lottt èttît rentré ààm fim^M contins irne^ hmàed^écoliers à la vue d'une férule.

Le Dedjas Enguéla, devant ce déploiement de

forces, vint se rendre à merci. Avant d'aller plus loin,

le Meslani supplia M. de Sarzec de lui pardonner

ainsi qu'à TAzadje, lit #Ke-^ôltsttl f eott^

êitê B^èsbke^m qm avait été si bienveillant

pour nous.

Les deux coupables furent introduits; ils se pro-

sternèrent le front contre terre, tenant sur leur cou

nm énorme pierre, et rest^ïtnl^ #rft6 jpositfiiû*

Jiiâftt^ït ce que letîee-eontnï leur eût lait signé le

se relever.

Je fus, plusieurs fois depuis, témoin de cette

humiliation volontaire, à laquelle se condamnent

les vaincus pour obtenir un pardon qu'il n'est pas,

d'aiieaps , de leur .refuser^ gnrtont

LES MO\TAG\ES DES AGAOS 217

jurent par le Nég[ouss Imout (la mort du roi) de ne

pja$ réioâiber ànm h même Itote. Hôs d^mes»»

^qum nièteni et abusèrent soturent de rimmunité

attachée à ce serment.

Heureux d'en être quittes à si bon compte, les deux

coupables s'en allèrent sans demander leur reste.

Liedje Kassa aussi était venu au-devant de nous;

jamais îl n'avait reçu le âôi^âîsânt iEttésîsa|e à^^Oabié,

et le prétexte des visites de e^dôlêançê éiïill pure

teinjtion de ce rusé coquin. Il n'était qni^ ïrop vrai

que son père, fidèle serviteur du Mégouss, avait été

fait prisonnier par les chouftas, et c'était un motif

suffisant pour croire à la fidélité du fils.

Inqa¥t dv sort de laiffille confiée à sa garde, voyant

qtt*eii Gê qffll mm e&n^mmt imi ètaït rentré àaml'ordre, le Meslani Imam transmit à Liedje Kassa îâ^

soin de veiller à notre sûreté. Nous quittâmes avec

regret le brave et honnête gouverneur, non sans

échanger de cordiales et chaleureuses poignées de

main. M» Biïbpîîs^, qi^î nous avait été sî util» en cette

çîreoiistàne©, retOTîma aiossi à Sfffeâta» et noas conti-

nuâmes notre route vers le Sud.

Le pays est bien comme les habitants, âpre et

inhospitalier : ce ne sont que montagnes abruptes,

sntreMpét^a de pf&fô^^ j^aviar, eà bondisséiiides

torrents, qm tous eouîént vers le Taccazé. La triste

réputation, d'ailleurs parfaitement métMe, dont

jouit ce pays date de loin; son nom suffit pour l'in-

m

218 ÂBYSSINIË.

dîquer. Mimr^m «t Ghouq[uoua sont sttjiéB êsnftS lit

pro¥Înce de Sedebj mot îiidîgêwe signifié m--

suite; il est vrai qu'au Sedeb soccêâ* le Dahanah^

c'est-à-dire le pardon. Ces deux mots résumaient

bien Fépopée semi-plaisante dans laquelle, pen-

dant cinq jours, nous avions joué les premiers rôles.

PiBÈÉiàild^ nm^m toes que nWMiter et

dès^to, p^tïT a«4f«r^ mÊïi^ mst le sommet d'une

montagne, au village d'Anderquoué.

C'est pour moi un véritable regret de n'avoir pu

explorer à loisir cette intéressante région, d'où j'ai

rapporté, malgré une marche rapide, des insectes

lôït ctttîetffi. âaderijuieïii $é 0mê I alfî|id#

d';envirtoB^(iÉOTOte^^ Ji^laieiit |ltïsî^^^

humides et monotones de rHamacen. Sur ces pentes

rapides, l'eau ne peut séjourner, et tout le pays est

drainé en grand par de profondes vallées. Malgré

cela, la végétation y estlî^ll*W PêiO^i^

tm .grand itaîmoia rapp^lattt, ptf m îétmé m oiil^

leiliB^ le pin parasol d'Italie , et dont la séve produit

une gomme abondante et limpide qui pourrait être

utilement exploitée.

Nous étions, depuis la rivière Enguéla, qui coule

atipi^d idtfei^ïîtteptejttlrï^^ dans

teraenr. Quant à la montagne elle-même, son nom,

par un oubli impardonnable et que je ne puis d'ail-

leurs m'expliquer, est resté en blanc sur mon journal

LES MO\TAG\ES DES AGAOS. 219

de voyage. Je pense que c'est celle que j'ai vue indi-

quée sur pïjrtsî^Rttrs^^ies soash imm Bôo|lèïm.

Les lîtgâfet» I jeattse des dîficultés du cheiiiiii>

mfnf$tâwthrwkà^ en même temps que

nous, et nous dûmes attendre là pendant deux jours

qui ne furent pas perdus pour moi. J'allai d'abord

visiter une église délicieusement située sur une

petite élévi^ôm, m milîeii Im^ml #ârbres

sèmliateî è& làf je suivis \m petit rûîsiêltat et

farrivai bientôt sur le bord d'un immense effondre-

ment. Le coup d'œil était splendide : une tranchée

profonde de plusieurs centaines de mètres s'allon-

geait à perle les t«ê e^trê éeijm rauMillesilé létÉreiPs

àont dhm^e tspêïîtl fré^îïtiît Bn «aîllieiitt Isiiîs^

son couvert de fleùrs^ Le petit ruisseau se prâeîpî--

tait dans l'abîme. La vapeur blanche et bienfaisante

de la cascade entretenait dans ce lieu une riche

végétation. Les aigles planaient au-dessus de ma

tête, tandis que je damlïiâls la çîme des plus grands

arbres ou gaioiiîîlaîMt en s^^êWîatfl dés iméeg

d'oiseaux multicolores; de grands papilliais folâ-

traient à mes pieds, et c'était bien pour moi le

supplice de Tantale. Je m'en allai de dépit et memis à chasser dans un bois de mimosas, où je melîoi^aî eii preimal 4# gratis longicomes ato pour-

ffiiïîit de velours qui n^gmîmÈ ûb branche en

branche, et des buprestes cuirassés d*or, qui buti-'

aaientsurdes fleurs de chrysanthènifis.

220 ABYSSINIE

Le soir, après un dîner assaisonné d*un appétit

de chasseur, et que nous avions déchiqueté sans

assîettés m itocbitlss^^ feoîd de la nrnt m Msmtmnût à cette altitude ^ mm mîmm^ ^mmcowïpgfi^ de iroyâge et moi , au coîu du îm^ à

fumer et à causer. On pense, sans doute, que nous

passions en revue les péripéties de notre vie no-

made? Non. Sur la terre étrangère, pour deux

Français isolés, il estm àttfntlltème inépuisable de

sooi^îîs et d© «^ttâeïiéâ* C'tîsila Frafteeî Sôiïf««it

findattt 4es felîtt Wioîs de voyage où nous vécùmeiS

presque constamment seuls en face Fun de l'autre,

de longues heures s'écoulèrent et le silence de la

nuit se fit insensiblement autour de nous, pendant

que mnà échangions les mt^^mém du pays

aafed ; uïùm^fil^ pltîii^ d^tïîdôïï et ^mM& qms'envolaient tou|t)iirs pour moi trop rapid^eii.

Il faisait à peine jour, quand Hassein secoua matente pour me réveiller. Je sautai à bas de ma cou-

elœlte, et, tout inquiet, j'enti^Qiî*ifc|iâ ïïl^

iéûé, C^étïtif lôut Miwpîemenf mm baiide à# singes

cynocéphales, qui défilaient gravement à une centâîne

de mètres. Après avoir dévasté , la nuit, les plantations

de sorgho qui entouraient le village, ils rega-

gnaient paisiblement leurs ravins escarpés, témoi-

gnant, de temps m texaps^ leur eotoleti^^ par

mi aboiemeal siguificatil Je le«r êttvijpî lïBti bslle

qui ii'eut d'autre résultat que de couper me

LES MOXTAGÎiiil DES AGAOS. 221

branche de kolkoual, en rasant un vénérable singe

à barbe blanche. La muscade ne disparaît pas plus

prestement dans le double fond d'un prcstidigita-

|6iï^ ftt%îïe battâe âe $înges qui se précipite Itiïi

me forêt. Vn qmktt à^hmiris après |e Ifes^ tmh mtttnecîme de rocher d'où ils seiïïMitîent me défifif

en grignotant quelque fruit sauvage. Je leur gar

dais rancune cependant^ et, après le déjeuner, je

proposai à M. iia^fç wm fx^ariîcrti àm^ le

ratîîî je hm mm& ^mdvét^ C3bafsear pas-

sîôBttèt %m expédition de p^re le trouvait fou*

jours prêt.

Un sentier fait pour le pied d'un chamois nous

conduisit dans le fond de la vallée, où nous nous

tîteftvêmes enflroîs immm îâb|rînthe IrieiirîcâMe

de îitncs et de troncs i^riapes* Ces fburrés d^une

végétation puissafti» al Sl?r;rée ne sont rien umîmqu'habités. Ce que nous appelons forêts vierges

,

mot qui m'avait toujours rempli d'enthousiasme,

profondes retraites que mon imagination, avant de

las avoir vues, peuplait iàfai^ièîêï^^

lasifEes , %ml im\ nm^%mmù, irèrîtefelès dé-

serts. Une nature belW^. f^mi ï&aîs d'une

beauté sépulcrale. L'homme se sent comme écrasé

sous ces dômes de verdure où rien ne bouge, où

rien ne bruit. C'est le silence le plus absolu : pas

un être «liant, pas hb oîsea*^ pas Josecte. L'air

est épais,, humide^ miasmatique; I« soî, où ne

S22 ABYSSIWIE.

pousse a«û«ïie plante , n'est qu'un amas de détritus

en décomposition. Tel nous apparut le fond de cette

vallée qui, d'en haut, nous semblait si gaie, si

verdoyante. Mais après avoir erré quelque temps

éaiïs cette solîtule, iïows lfôpiiiltjcîonpt de sabre un

à tmp dans une clairière inondée de lumière. Là

nous revenions à la vie ; tout s'agitait autour de nous ;

chaque plante était un monde en miniature, grands

et petits, faibles etpuisstots, se pours^iivâ#i $^éirîlan^^^^

se llveriEîié 0u f^fékot f^^ ïuile mofens iîvm

pour s%ttk dttiS lé Bat suprême de leur existence.

Nous trouvâmes aussi, à Fombre d'un beau mi-

mosa dont le feuillage délicat tamisait les rayons du

soleil, protégé de tous côtés par d'épais buissons, le

Des ôisemeiîls â èenjt li^és ptttii^ qu^m f

avait fait grasse chère, et les hautes heties pliées et

foulées semblaient conserver l'empreinte, chaude

encore, des membres souples et musculeux du

léopard.

mtêmm imi et «I M$m, tettôl daiis 1^

ûâMk^mt tattiôi m plus sombre des fourre»^

que nous nous perdîmes. Impossible de retrouver

notre piste. Il fallait cependant rentrer avant que le

soleil se couchât, car c'est l'heure où les fauves

^rlteiïfM leurs repakes* Îm- mtm^pm $ê Pressait à

pîc de chaque côté ; il ne nous ïestait d'autre res*

LES MOXTAGXES DES AGAOS. 223

source que de Tescalader : c'est alors qu'il fallut se

rappeler les souvenirs du jeune âge, et mettre à

profit ll^ifilp de gymnastique que m0m avions

rei»©s4» coï^ Ifelt^t imlii^ m. hmèmUère,nous qïtitlàBB*^ nm ^m$m^ pmt éîm |i«s

alertes, et, tranformés en lézards, nous nous mîmes

à grimper des pieds et des mains; creux et saillies,

racines et touffes d'herbes, tout fut utilisé. Après

cette pénible et pérîîî^ise ascension , nous attei^

pîwei^ haletajïts el riiîs^ejants de mmt^ les

Oû|^ts Msis> lit pi^^^^^ première crête,

d'où nous regagnâmes sans danger le village.

Pendant toute l'étape qui suivit, nous marchâmes

à la file par des sentiers en corniche, accrochés au

flwicdes lai^ilipii^* Le pays était toujouï^leïïïlmfe^

niais pîtos nms «ppr0#îon« Mb liordt iiï pla4ea# ^

plus l'horizon s'étenisit* âu nord-ouest, nous aper-

cevions encore les croupes gigantesques du Sémiène,

Au sud, s'étendait à perte de vue, comme une mer

houleuse, toute une succession de petites mon-

tajpes (jxie doniinai4> no|é âfûs le jbleiï i« éM^^ le

pfeM nêmmm. â nm pieât le HkmméMmm,ta feââe sâ sombre vallér,t les iîauosités de son

cours, et ce magnifique panorama, vu à la lumière

opaline d'un soleil couchant, formait bien un des

plus féeriques tableaux que j^aîe janJàlsei^iife^

Le second jour après notre départ d*Att<îerf«onê^

nous ne fîmes plus que descendre; nous eussions

224 ABYSSISIE.

pu, d'une traite, franchir le Taccazé sans le mau-

vais vouloir de nos guides. Arrivés sur une des der-

nières collines qui vont en s'afïaissant jusqu'au fond

1% ¥âllie ^ m nmm <IM«ra quHÎ tCfmM fm è&

wîilà^ ét <|tfîl laîlal^ <îiâîapér en rase osowpftffite* Peu

nous mportaîf à mm^ nemt trouverions tôii|oiïrs

de quoi dîner et nous avions ma tente ; mais com-

ment nourrir nos hommes et surtout les porteurs

ÇTtti étâtalpïïts dmflïaMstt^lP^ , la jouraê&fiïiîe,

cMÎîomnres ^Dulaîent iftgaftfer îeut irîîkge, et le

lendemain, comment continuer notre route? Hassein

et le Kanliba allèrent , chacun de leur côté, en

reconnaissance, et ils ne tardèrent pas à découvrir

un hameau. Il y avait encore là quelque machina-

tî®â la èîi^um iu pays, et je soupçonne que Bouf-

mm^ Mt^êmM mM Mk piftf^ar août înêaîrt ï^ïi

erreur , tant il insistait poùt Mfôtttquer sur pkce.

Sans autre forme de procès , nous allâmes nous

installer dans ce village dont les habitants nous

Mîêre. Peii #enlallut que leur mêmtâmik&mmtmse traduisît d'une M&m taîigîliç él ilsl^|p*eî^^

Nous déclarâmes, à notre tour, que nous vou-

lions passer vingt-quatre heures sur les bords du

Taccazé pour y chasiser. Bourrou jeta les hauts cris,

et Jamais je ti 'ai im Immm^ |îî»s îiupîel*

aWkh m^m lmus|u:îll#^ mon hmm Boutrou,

fous n'êtes pas obligé àè chasser avéc nous; vous

tmt j^lfflTAeîCES DES AGAOS» Îâ5

jjôïtâ $&em wêïtte h plus grand plaisa* mlâîssâîît seuls, im pçrl^m feront Fêtape witoede coutume, et vOttS îiês a^sM jusqu'au

village voisin. Nous prendrons seulement quel-

ques domestiques avec Hassein; mes mules trans-

porteront pia tente et quelques provisions, el

i?j&tts km l^m^MmïïmA nmè^ ttodre de Ymtmcôté èu "TaccMé. ^>

Cette courte harangue ramena le calme dans son

âme, mais il n'était pas encore pleinement con-*

vaincu de Topportunité de cette partie de chasse.

(ç lgnôfp^ô^S^ lît-il,qu'il règne dânâ k vâîlie

de Tàmmè âé* tèirm ifiortélies ? Et les wîîèiirsf

Et les bêtes fauves?

— Nous avons de la quinine pour la fièvre et des

balles pour les maraudeurs bipèdes et quadru-

pèdes. Nous avons décidé de chasser au Taccazé,

nous y chaâseWBS. ||atnt à toiiÀ^ &m êomïïïe îï

Confiant en effel les bagages à Bourrou et au

Kantiba Guorguis, nous partîmes dès le point du jour,

pleins d^ardeur et d'espoir^

0» nous avait raconté qu*auTâ6eàiê Ij?s

et Im l[ifp6|»ÉtW^ pilBJôîeiït. M- de S$tÉm mrêtriil qjî*€af|)Mt» çfpégéâqttes. Un crocodile^ mhippopotame, quel beau coup de fusil! Je pensais

bien, pour ma part, qu'il y aurait sur les bords du

fleuve nombre de beaux papillons et d'insectes eu-

13.

îrîtaxi smd Je me bourrai de flacons et ii*oubliai

aucun de mes engins de chasse. Nous trouvâmes un

torrent desséché dont le lit nous servit de route, et

bientôt nous vîmes devant nous couler le Taccazé. Aquoi hm décrire àe ïtmvem cette imlîée, qm res^

semble à s*y méprendre, ixmh m plus grand , à la

vallée duTellaré? Je souhaitai à mon compagnon le

gibier le plus fantastique, et chacun alla de son côté.

Il y avait trop de petites bêtes voltigeant au mi-

Beu lls gtl^iétsw pour que je songeasse

La journée se ptssin^pidement^ ïûâlgjfé une

chaleur torride , nous ne rentrâmes que pour dîner.

Mes boîtes , mes flacons étaient pleins. AI. de Sarzec,

sauf un héron goliath et quelques volatiles, reve-

niïrft i ftê$ bréiîôîîîïlft. JLes kîpp^ïpit^ftmes mravalent pas honoré du lîîoînÉre grogueia^k

Quant aux crocodiles, ils pullulaient comme des

grenouilles dans une mare, partout où le remous

de la rivière formait un bassin assez profond. Peu

itaît ^tife^fiïiiimtt^Ûm rsâff^fât mtidteeg^

énormes situriens r u Û f m mdt pliisîeurs^^, mmdit-il, qui dormaient au soleil; à juger de ÏMt-

taille , ce devaient être des adolescents. Je memis à ramper avec précaution et j'envoyai une

balle dans le ventre de Tun d'eux; les autres sau-

Vk&d k fmm. Senl^ le Uémè re$k^ k s^imèm mtle sable I qui! rougissait de son sang, Wm bond

LES MONTAGNES DES AGAOS. 227

je fus près de lui, et, le saisissant par la queue,

je me mis à tournoyer avec mon terrible adver-

Sâîn?* Sî mm mmim Mè là ^ê^M belle proie ne

mm #t pfô éÉfâppè , âtaîs le îemnî à deux

mains je ne pouvais tirer. J^avais beau tourner,

tourner comme un cheval de manège, le monstre

gagnait sur moi, en se repliant sur lui-même. Ce

lût â tmm tôwr sauver mes mollets; je lâchai

fêm^ e$ mmà feusse î© temps le sitisîr moii

ftisÊ, lé eï^ïÊÇNàîle avait dîspara mm Tmm- ^

Cétait vexant sans doute et je regrettais de ne

m'être pas trouvé là; mais j'étais tout consolé

d'avance en contemplant les charmantes bestioles

dont l'î^ste ânïpkîaôîis^^^ Ito pî^©$ TOceîlent ^lîi ians un endrôîl trôp pm pteêmà pmrles Érôcodiles. Puis la nuit venue nous nous éten-

dîmes sur le sable à fumer joyeusement. Tout se

passa sans encombre;pas le moindre fauve, pas le

moindre bandit. Le lendemain matin, nous vou-

Mmmt.

fiïi &isa»t mm «bltlioas dans le fleiive , lui

dire un dernier adieu, et itous continuàm.es notre

route.

Avant d'aller plus loin, il n'est pas, je pense, sans

intérêt de jeter un coup d'œil en arrière et de ré-

sumer en quelques mots Taspect et les divisions

politiques des pays que nous avons traversés depuis

âdoua. Cette partie de râ%fiijÉ^ étâlt eilBïJïe $mt

pe« coBiïueî si incomplets qmlls soient, les rensei^

228 ABYSSINIE.

gnements que j'ai recueillis viendront peui-ètre

combler une lacune.

D'AloBa aa Tmm^é, hô^js îtviMt fait tîMgî et une

M«j^mi â travers des pays bîen différeiîtis.' iLu nord

du Tellaré, nous avions voyagé dans les plaines les

plus chaudes peut-être de l'Abyssinie. Au sud de

cette rivière nous avions rencontré un massif mon-

tagneux fortéieçé, coupé de îïô#îïfBW CîWits à'èau,

ij&i y lomient comitte dès tîdes traittsversales, avec

son point culminant un peu au nord du Taccazé.

Voici, en allant du nord au sud, quelles sont les dif-

férentes provinces des deux régions. Ce sont généra-

lement des rivières qui tracent leurs frontières.

I>*âdoïi4 hh fîtiM^ 04ïéw s^étettd j moiîtàgnejise

encore, ïa proviMe ÛérêUm.

Entre lès ritières Ouéri et Guéva règneflt les

plaines basses qui forment le Temhiène, avec Abbi-

Addi pour capitale, autrefois cboumat très-impor-

tant, mais divisé aujourd'hui en plusieurs petits fiefs*

Le gowernreur priftôîpal êst le BalambaFas Debbed.

De la rive gauche de la Guéva à la rive droite de

la Zamra, toujours en plaines, c'est la province de

Sloa,

Ces deux dernières provinces sont comprises,

comme je l'aï dU dè|l, êmm Im kolîàs* I*a Mmmest, de ^nS j la jfro^tilre mMdl&tta^e du T%i^ ? stur

sa rive gauche commence le pays d*Attiârah et

réapparaissent les montagnes.

LES MONTAG\ES DES AGAOS. 229

De la Zamra au Tellaré est la province de Saha.

Du Telkré m Méri celle du Ouague^ divisée en

Sokota en est la eapitale et le îa^ Tèférî le gou-

verneur.

Viennent ensuite : entre le Méri et TEnguéla la

province de Sédeh^ gouvernée par le Dedjasmatch

Euguéla; et suiu^ le la fîtîire Enguéla au ITtc-

«até, le Bakmah, soumit aux ordres de liedja

labedé.

La région nommée Déga recommence avec le

promontoire de Saka^ et les provinces de Ouague^

de Sédeh et de Dahanah constituent Tancien pays

Agao^ dont Sokota était la capitale, et qui posiêde

eucore^ comme je rai dît, uu idiome particulier.

CttAPIÎEE m

m mh mm^ m roi d^ibyssi^ie et le lac fzâwA.

là€ Sigtiëitïêd^tïr* — Rêflèxîôtts sçtr là iàitûé âfrîeâitiè. — Une

dangereuse capture. — Débratabor. — Une possédée du

démon. — Singulière médication. — Vingt-quatre heures

trop tard! — Un guerrier abyssinien. —• L'armée en marche.

— Un pont portugais. — Le Nil Bleu et sa cataracte. — Le

feu est afix fearibe^» — Visite au toL — Lé STégc^iK sous sa

tente. — Org^jûisiitîoii; miKtaire. — Idées? àé îop,mè& sur hpolitique inférieure et extérieure. — Comment le collîef d*un

bœuf gras de Paris passe au cou de Sa Majesté abyssinienne.

— Le lac Tzana, — Un lion au lieu d'une antilope ! — Pas-

sage du M Bleu. — A tratreis les plaines in Fôgîïéi^â*

Sur la rive gauche du Taccazé, encore des mon-

tagnes et toujours des montagnes. J'ai emporté de

m Bem î©^souf«ftîr Caa icoîliot de voyageMea iit^

signifiant , mais qui êÊBtmtUm teï(est&4 Bmw im

sentier étroit, rapide et scabreux, j'avais, confiant

dans l'adresse de ma mule, laissé flotter ma bride,

et, à demi retourné sur ma selle, je contemplais la

belle vallée du Taccazé, qui serpentait derrière.

*^mt^im coup,je reçus un é^m imê là poîtriiïe |

îtiBtinetift»i«Btt> Je portai mas mmm m avant ; c^é-

tait une brantèé d^arbre ijui s'avançait au trîttfers

232 ABYSSINIE.

du chemin ; ma mule avait pu passer dessous, mais

la paofre Mte ai^^^^^ calculé que je dépassais

édîîîe î#t tetJte h lïitttteur du torsê. M}k je

^liab lès ârplï^ hBWeiisement mes doigts mcramponnèrent convulsivement à la branche , ma

mule alla son train, et je restai suspendu. Si j'avais

lâché prise, je roulais dans un précipice où, de ro-

ek&t^m ït^^smi Je fmm Immmn0 fois

pQm nm. Tm im qîrîMe fsmr h peai' Quelques

légères égratignures. Mais cet accident me rendît

prudent, et désormais, quand je voulus jouir en

paix du paysage, je fis guider ma monture par un

dài»ii8q[iie*

ÏStoïKiïiîéfflîtïto trois

Jôurs à trppMs la province d'Ébbénatte. Nous nous

arrêtâmes encore toute une journée sur le bord

d'une charmante rivière , la Tecken,qui , descen-

dant du massif de Dèbratabor, coule du sud au nord

forme âê hêliMmmwSm^ le fit eacc»^ sarsesBcii^

une belle moisson d'insectes et de papillons. Ceux-ci,

aussi bien que ceuxque j'avais recueillis au Taccazé,

furent perdus à la suite d'un nouvel accident, beau-

coup plus giwe <ï«tté J'étais, il fetfM%atier^^

dws wï>e ftîîiB de mallieiit. Be cèâqiïe côté de maseîlei favais coutume d'accrocher deux petites sa-

coches en cuir, que j'avais fabriquées moi-même,

où je mettais des flacons, des boîtes, mon journal

ut NIL BLEU. mde voyage, des cartouches, de la poudre, etc., toutes

choses enfin que je roulais avoir sous la main, sans

ouvrir mes caisses et mes ballots. Hassein, sans en

penser plus long > avait glksê mé hùiie à*a3I«Wïetléi

daïi*Biii| ra^ saceehes^ éelle précisénï#4ït o& se

trouvait une poudrière en corne, coiitê»|îï| m

moins une livre de poudre. Pendant que nous étions

en marche, il se produisit tout à coup une détona-

tion épouvantable, et je fus enveloppé de fumée.

ïiCtifllwiQettjes afaient pris îmii # M ymé^i^ m$lk

êêsÊà t** « le j^'aviaîs$Mmï jm%m$i$ h mmém, était

eifeûirâeî èï)ît^ et flacons, brisés en millê|iîi©Ès,

avaient été projetés à plus de vingt mètres; quant

aux papillons , il n'en restait pas même des débris.

Citait là ce qui me vexait le plus, mais je devais

m'èstîmer #ls^0ureui[ d^en être jçiatte à |l Jbon

compte.

A partir de la Tecken , la physionomie du pays

changea complètement. Nous laissions derrière nous

les âpres montagnes desAgaos; ce n'étaient pas non

plus les pWaet cààwâ^ le TteraMise et tu Slea

,

uî les pkteaux: biimîdes de Fîfatûôceii r nous nous

trouvions dans une zone moyenne, où Thumidité,

la chaleur et Taltitude semblent s'équilibrer dans

de si justes proportions, que rien ne manque à ce

pays pour être un des plus ravissants de la terre.

Le têtïA est ondiulè le sùl est couver! ie pas-

ries rutilantes I ombragées çà et là de beaux massife

d'arbres, Lm em&^tm foreslflres iHes^mèines

semblent différer assez sensiblement; le plus bel

arbre que j'aie rencontré dans cette région est une

espèce de genévrier qui atteint de grandes propor-

tîotts* ira|éres arteôseèafôs laîssmit

le^^ïïiiiyîr Jteiirs éhéti^âm îiiadtes et irotes, et

lewifs mm$m^ sont souvent garnis de longues

mousses, sans doute tinctoriales, comme l'orseille,

à laquelle elles ressemblent. Il y a aussi des eu-

pBorbes m kolkïutk^ jniuis plus weltes, plus

élaHcés t îm Immkm soiit Mmtm cbarnEes, leurs

crêtes très-saillantes et fortement décotfpties | -mMit

dans les prairies, j'ai remarqué de gigantesques car-

duacées. Les unes, à tiges très-courtes, à vastes

feuilles qui s'allongent sur le sol , laissent épanouir

m ^e»trô lie pe bouquet et presque ittt rms êti seî

uTLè îmmmm fleâr iryiàeéë ; d*âuà?è&,^m mmâvsâm,

deviennent |]rï?es*[ne des arbustes. D'un panachede

feuilles immenses, profondément déchiquetées et

hérissées de redoutables piquants, s'élance une

hampe forte et élevée , couronnée d'une fleur plus

grosse qm h téte. Ule iîaîi alors ea tôî© de êttxi^

iealioîi , et je ne pus t(m h ^mâèm des étoniîm>

qui ne formaient plus qu'un duvet SO|eux>qu'arra-

chaient le vent ou les oiseaux.

Je ne pus, malheureusement, recueillir beau-

coup dlirsêctes èms éefte région ; nous étions en

pleitte sécheresse, ce quî| daàs ces îalîtudeSi re*

LE KIL BLEU. 235

présente pour la vie animale et végétale notre hiver

d'Europe. De plus, les difficultés et surtout la rapi-

dité du voyage oe ûïé ïaissàTèal pas liieâiieoup de

teiîa|tSy M faî d'autant plus regrettl qvê ôelle ré-

gion éisît d'abord, à ee point de fiiè, fort peu

connue, et l'étude de ces petits êtres, si humbles

qu'ils paraissent , fournit souvent de précieux ren-

seignements sur les divisions ou les rapprochements

â étaibllr entpe des pigs i?iôîsiii&,

La faune a^îcàîne pirêsebte» il est vrai, ua iflé-

nomène tout partiiGiElîer, qtdi ne se retr^iive mmême degré dans aucun autre continent : c'est

l'immense dispersion d'une même espèce zoolo-

gique. Sauf le littoral méditerranéen des États bar-

baresques, qui appartieni a là %mm âm miài de

l'luro|re d^ane façon si meïintèslable qu'on dîtaît

que ces deux régions sont encore reliées parle détroit

de Gibraltar d'une part, l'Italie, la Sicile et la pointe

orientale de l'Atlas d'auti-e part, et en exceptant

encore, nsaîs d'ane f$^n. niiQîns absalue, la faune

saharienne » on në ïetfôwyeplns en âfe-îïfHe qu'une

seule faune, qu'on aille du nord an sud on de

l'orient à roccident.

Si des divisions peuvent être établies , ce ne sera

pas dans le sens de la longitude, mais bien plutôt

dans eeiiïî ée la ïatftnde, II sénïble qu'il y ait de

chaque côté de l'équateur , à latitud«s é^ïes, des

faunes similaires. Mais cette division, vraie duns

236 ABYSStîilB.

certains cas, n'existe pas d'une façon i»%ûliête.

Bien des lignes courbes ou obliques viennent en

rompre l'harmonie, de même que l'on sait que les

lignes î$ofiifrnie$ ne stiktémt pas régulîêrenienl ïé

tracé des latitudes. Il serait pr^aturè, d'aiïîetors»

de porter un jugement définitif sur la faune afri-

caine, dont le littoral seul est connu. On ne sait

rien ou à peu près, en zoologie, de la région du

centre ou des lacs, et malgré les nombreux voya-

geurs qui se déyoueftï h résôtiâpe m problèiiiè , il

est à ^â'aîûirè que- bien des aïittles m s'écoulent

avant qu'on ait pu arriver à une certitude.

Il faut se hâter d'ajouter que l'île de Madagascar,

considérée généralement comme terre africaine,

n^'a rîen de ©ommun avec le 60HtÎH«!ît ; elle possède

une faune ^Oôlogique jquî lut e*t prcfpre^ «t qui,

pour cette raison, doit être isolée de toutes les

autres.

Il est vrai de dire que ces classifications enfantées

par l'homme ne sont que d'ingénieux artifices

déstwiés k faciliter I*étuâë» I^a n«ture» qui m ri* de

nos efforts, procédé tout autrement» Bu cryptogame

à rb^omme pans l'ordre physique) on suit une filia-

tion insensible, et les êtres, dans le monde, se

succèdent et se remplacent avec une harmonie par-

faîte.

Je elm Um irîtë mtie parenthèse, lîtfiïf p àer

mande pardon au lecteur, et je reviens àrÂbyssinie.

â âiîiïi^tclï r ïïïïût létîtopâ^ eîâq jours après

nôtre 4ipati du Taccazé, les reptiles semblaient

être assez nombreux. Je pris d'abord un grand ser-

pent jaune d'une espèce inconnue \ et qui constitua

une des nouveautés les plus curieuses de mes col-

h placé à fs^iMt^ jt vh M. de Sarzeé m&m^rîr vers moi le bras tendu, et tenant j^t la quette

un reptile vivant et d'une taille très-respectable.

L'animal se tordait sur lui-même pour atteindre la

main qui le tenait prisonnier. M. de Sarzec , avec

mm 4#icï^é ai^nreîlîew^e;, Ib ^èiNa^aS coastim-

m&àim ï# ïôttaîiï eaîfee^ im ixâ^^ nomme mm fi-

leuse roule êm îs^MM, €^ mmê^s^m pôaialt iijïer

bien longtemps, et j'avoue que j'eus un frisson de

terreur, car je reconnus de suite que ce reptile ap-

partenait à une espèce très-dangereuse, voisine des

vipères K Qu m^mt qm, $6& lmmf ms téér

mim "vmmmms éBmêmi être fôBtes ei toutes

prêtes à laisser écouler le poîsoîi i^ue les dèuts à

crochets, creuses ou cannelées, introduisent dans la

plaie. L'animal venimeux s'enroulait autour de son

propre corps, comme pour grimper le long d'un

itûae d^arbre. A eeïMas moments il Itail sm le

^ Q$4jenr|ieat a été acquis par le Muséum de Paris , et nommépar M. Bo&ditrt Scaphiophis Raffrayù

2 Ce reptile, déterraiïié par M. Bocourt^ ise trouva être le

Causus rhombeatiis.

238 ABYSSINIE.

point d'atteindre la main qui le tenait, et la mor-

mm tttî été IHorMÎ^ ,je pense. licte eât êti

mmi împl'ùdiM : je iûe lâtei à^ttsa-îr ime hmbonne d'alcool , et ^oand elle fut refermée mt la

bête je respirai.

K Vous l'avez échappé belle ! dis-je à M. de Sarzec,

c'est un reptile très-dangereux ; le saftez-^oiis?

— le ïe ^upî^osaîs, me répïïïidît4i trânfaîîle-

menl Tout |>fês ^^îcl , les femmes s'enfuyaîeat

d'une hutte en poussant des cris;je compris que

c'était un serpent, j'allai voir; l'animal s'était à

moitié faufilé à travers les branchages qui forment

la muraîlie. h fm saîsî par la queue, et le loîlâ.

Tout est hîm fuî itiit Meu. «

J'avoue que j'étais ahuri. Là-dessus nom |ttîl*

tâmes Addaniotch,qui resta célèbre dans mes sou-

venirs erpétologiques.

Le plateau se continue pendant quelque temps;

puis nous feonfeôMiîn i^îiiirïrf& et verdoyant, él

ôe PsiBtrè càiài Éî haut d*iiii m^alfcule, un hùiâmi

înfinî nous apparaît tout à coup entre deux bouquets

d'arbres qui servent de cadre à ce magnifique ta-

bleau. Tout au fond, comme une légère vapeur,

ondule ùiié JÉtiaîïïe 4e Montagnes à peîxte lisibles;

eiitf6 elles et mous s^'éteiid tme plaîtie îromease

mondée é^e lïmiiêre, et là-bas, là-bas, au pîeâ éé$

montagnes , une traînée étincelante miroite commeune lame d'argent : c'est le lac Tzana ! Le voilà donc

m Mih mm. 239

enfin, ce lae apfès ïaquel notis asiïirions depuis près

deqtmtre mois! Nous nous arrêtons un instant pour

le contempler. Oui, c'est bien lui, et par derrière

les montagnes de Gondar et du Kouara; et plus loin,

au delà de tout cela, notre œil ne voit plus, mais

notre esptîf nmè^ f trmsj^m^ t f^mt lé Sentiaar

qu'arrose ieiivô Bleu,.*.

Est-ce un effet de cette heureuse dispositî6aj|*ôS-

prit ou la réalité? La route ce jour-là me parut

agréable et facile; je voyais les arbres gracieux, les

prairies plus verdoyantes, les rochers moins abrupts;

le lait est^ je croîs, que bobs Irarersîtais nm Wle

Le lendemain, le mauvais vouloir du choum

d'Amoirabiet, qui refusait de nous donner des por-

teurs, nous laissa le temps d'aller visiter un joli

tmmm fond diïqtïii le Mék mmtmvê watM de

gâlêfe. C^Mt îft pi^jmîêt# M% qm mm rencon-

trions une rivière tributaire du lac. Elle prend sa

source non loin de là, dans le massif de Débratabor

qui se dressait devant nous; puis, se dirigeant vers

le nord-ouest , elle sort de la montagne, traverse les

plaînes> l'oguéra, où nous la ï^rowii^tïs pltt$

t3«*d^ et mtpitt se perdre dans les eaux proiîndes

du lae ItmÊm*

A mesure que de Fautre côté du Reb nous gra-

vissons une haute montagne, Tair devient plus frais

et plus vif. Sur une croupe légèrement inclinée

240 ABYSSIIVIE.

au nord, huiaîde et dénudée ^ nous apparaît Biîwrâ**

itelçip ©ôîttme amas de tmrnU,

Wous approchons sans rencontrer personne; nous

entrons dans la ville, rien : on dirait une nécro-

pole. Le Négouss est parti, entraînant son armée, et

Débratabor, camp plutôt que ville, est aujourd'hui

teeri îl n'y a plus que des l^tMloïjrs qui placent

dsng fm m sse^ di^J?tfal eiïreass», défarîs

d*aa dernier festin it^M^m^ Mi ^gognes noires

qui arpentent à longs pas un terrain humide, à la

recherche de quelque grenouille.

Attfte ^taiïiMB êiMmm pourtant , nôiis atîsâttras

ttixi Îïtttt0 la lâqiieîle îlmm sembla

toit fiJfrâî! filôlques êtres humaîtis. Mous nous lan-

çâmes dans cette direction , et nous y trouvâmes de

pauvres gens qui nous offrirent un peu de bouza

pour nous faire patienter.

Bléilîtt nom vîmes se dîrîger ireïi;wm il» cmnr^

lîejr galopattt II font de tmm. Wism fmmàmm avec

mîssftqne c'était quelque chef, laissé pàf lèlJégouss

pour recevoir le vice-consuL C'était encore un tré-

sorier, TAzadje Oubchiet. Cette place est bonne,

paraît-îl, en Abyssîaîe* te é.m% Àïadjes que j'ai

vm sont iêt àoînittes |îlantiir^3È^ ft^^ i:^niîâ|

et<?©8sas^fttî plus est; mais celirfi^ifelIttrlâijiïaMf

et nous emmena dans son village, où nous ne man-

quâmes de rien. Il donna même sa maison à M. de

Sarzec. C'était une très-vaste hutte, divisée à Tinté-

mut m plmïmvs iôompwtÛtmàU p&t des eloisons

un roseaux. La salle principale servait en mêmetemps d'écurie, mais c'est l'usiige. Les Abyssiniens

pensent sans doute , avec raison, que la mule qui a

courageusement porté son maître pendant un long

voyageiou le cheval qui a partagé sa gloire et ses

àaogfr%©ïït imn mérité d'a^crfr leur plac&aïi %©rdotlQKSstiflie, comme dé d^vôMés serviteurs. Je fis,

comme de coutume, dresser ma petite tente dans la

cour : j'aimais à m'y blottir au milieu de mes collec-

tions, et je me troatais làmieux que partout ailleurs.

Dépuî$ ^uelfues |ûTim, Je senlaîs » 1« sàirj, une

Êiil|^e însolîte, de* maux de tête, tes ver%es, des

crampes d'estomac. Je n'y faisais pas grande atten-

tion ; mais ce soir-là, après avoir goûté sans appétit

un ragoût abyssinien que je trouvais d'ordinaire

ea^c^Uent, je fus pris de frî^ons, de sueurs froides,

de la fi€we enfîu , dotit j^aïfaîs sans dûufe ccmtmcté

le germe sur les bords du Taccazé. J'eus le délire

toute la nuit. Le lendemain, comme l'on pense, je

n'étais guère en état de continuer mon chemin. Ce-

pendant le Négouss marchait vers le sud, et l'Azadje

smlt ôrdre de lui amener le^ vke^oasuî h flmmt&possible. Mon état n'avait rien de bien grave*

M. de Sarzec partit', et je luî promm de îe M*joindre si je me rétablissais assez promptement, ou

bien de Taller attendre sur les bords du lac Tzana,

à Kouarata.

t4

242 ABYSSINIE.

Une médication prompte et énergique m'eut

Meiilôt débâïTaciili lûdîsposition*

M songeais m âè^mt^ qui devEît s -efifectuer Hlendemain , et je me ïi^|@iaîils©as ïWà tente

,quand

j'entendis, dans une cabane voisine, un bruit épou-

vantable. On chantait, on hurlait, on frappait les

um em^^ les mÊms âm m&tmmm â« métal ;

c'était êjtoiîi^iSsaBi l'appiM Hàstèîii pimt cou-

naître la caote de ce vacarme, et il m'apprit que

les matrones du pays, réunies autour d'une femme

gravement malade, faisaient tout ce bruit pour la.

guérir. Je ne suis pas bien fort en médecine, mais

m i^eJSMe me msâàél h>M Itwrt slmpIeiReat pour

tcè^f^ la palieatt^ MêM mmm$^t mêBê pîtlé,

fallai la wîr.

Dans une misérable hutte, assise à terre sur

quelques nattes,

je trouvai une pauvre femme

Kicmï^fi^ïO^àéWOiïhl^ Ô& îm ^taït^ de force

,

fait avaler Je ne sais eombiefl le Ëtms de laît à

moitié aigre. Son estomac n'avait pa S0|rp«r|et Une

telle quantité d'un aliment indigeste, et les ef-

forts qu'elle avait faits pour vomir avaient aggravé

son état. Mais ce n'était là qu'un traitement prépa-

fftloîpftî âtîlTOr l'eies, accroupiesmt lalMs,

étaienl ïigmfées Wtiâm les ^még^es àu pays ^ «rîtitt^

hurlant et faisant un tapage infernal à l'aide d'un

petit instrument en fer, ressemblant à une vieille

serrure*

LE NIL ÏÏÈJm^ MB

%m à^wâtdm& j Mm (^ i^Jt^mm^ mê 4^gaiîêres superstitions. Les màkôîeSi diseiiNk^ sôat

produites par le Bouda (mauvais esprit), qui a pris

possession d'un corps humain. Tant qu'il est là, le

patient souffre jusqu'à ce que mort s'ensuive, ce

qmh Mààé tttent f eïftp<>i*t«i* sm to^v il laot

donc forcer le malin esprit â déguêrpîr, tmk nmpas sans tambours ni trompettes. Le Bouda n'aime

pas le bruit : on lui offrira une bacchanale ; il fau-

dra bien qu'il s'en aille épouvanté. En attendant,

la malade s'en allait aussi, et le diable avait assu-

fêm&s^ tfmmà iatts les migferis de prédôBX col-

Idbcralêttïs^ MâlléiiréûseiïiiÊnt pôiiî? Inî, je metrouvais là.

Ce n'était pas dans le corps de la femme, mais

autour d'elle que je voyais les esprits malins; je

n'usai pas de leur moyen pour les chasser; j'en

avais un meilleur : je les fis flanqttef à H porte |>ar

guidées par le bon sens, et je défendis toute espèce

de bruit. La pauvre malade a-t-elle guéri? Je

l'ignore; mais elle a toujours vécu jusqu'au lende-

Tmt semblslf copatpîrer contre moL A rheure

fixée pQwr lu diparl, plusieurs de nos caisses èf

baMots manquaient à l'appel , et les abandonner

ainsi, c'était les perdre déOnitivement;je ne pou-

vais m'y résoudre. Sur ces entrefaites, je vis venir

2U ABYSSINIE.

un drôle à mine patibulaire,que j'avais remarqué

quelques jours auparavant parmi nos porteurs. Je

Jhïî i# ifeinâRtler par ïîasséî» c^: mmi MiMnos hôgagm» II laè sot qné Jjîi|totî«f. ]K*îâêiïiitteïit

il ne s'était pas attendu à m& tfomet encore à Dé-

bratabor, et cette reconnaissance inattendue lui

semblait singulièrement désagréable. Sur ma de-

lûAlilli^ Ife éboum, qui n'était peiit^fti^ pm îêAé

s© llÎMirassir êe «hem , Fencbaîim. On se mît â

la re<;b6f#0 fies MiQfe égarés^ qu'on retrouva dans

un hameau voisin.

Enfin tout est prêt, je vais partir. Erreur!

Dans les montagnes des Agaos, trois de mes

inniàs déjà avaî«iat^eo#liê i$ iM^am to%ï ifa*|

Débralaiôt^m môittént la éi|)lrt^.fmm iés ^»^re

qui me tesfaîent s'affaisse sous la charge pour ne

plus se relever. Il faut des porteurs pour la rem-

placer : au moins trois hommes robustes. Où les

trommîet Pars, ine dît leefeicnî«ï^|e fmv^f&i tes bagages,

— Non, non, mes bagages défileront devant moi

et je partirai le dernier, v

On trouva mes porteurs je ne sais où, et me voilà

enfin en route.

Je ïimten^ $ii^^sîfenî;éwt le* fîtiêret &roa^Croum»rît et ismenat qtâ fibnfit ^gmUmû en cas-

cades, tantôt murmurent au fond de ravissantes

vallées et se dirigent vers le lac Tzana. Je laisse

liprîirt lûôj un piton semblaWife à un gigantesque

oMîsqâe^ «1^ àprès mdm âmm loîs^ mhfk Jafit

porteurs et couché au hameau de Denâ#if| fItrieife

à la nuit, épuisé de faim et de fatigue, au village

il'Addjiecko, situé sur un magnifique plateau. Tout

ce beau pays, hélaâ! est déseït au|ôitfd'htiï :; Tar^

mée du Mègouss a pâ&sé païf là. Il w^y a plus que

deux fcùimes à AdcJlîccko. Il lafe faut cependant

niarcher à tout prix si je veux rejoindre mon com-

pagnon de* voyage. Je promets une récompense à

mes porteurs s'ils consentent à continuer le lende-

vmm^ l^mmom àn gain remporte mt ïâ Éiîîgii*^

G^iBïidiiul lô l$miéméim^ mts iîeiMî, mes hommes,

partîs au pmtii du jour, n'en pouvaient plus. Pro-

messes, menaces, tout fut inutile. Ils m'abandonnè-

rent dans un petit village. Je ne voulais pas rester là

pourtant, tandis que le Négouss s'éloignait de moi.

Je deBœsôiaî tu «â^um dè be^b lîurnîr à'a:«tffes

liommes. H m iroulaît rîeu entendre ; la discussion

fut longue et orageuse.

ce C'est bien, lui dis-je, je m'installe chez toi;

tu me nourriras, moi et mes gens, jusqu'à ce que

fa SOIS dîlpQsi h me fournît àe^.fOftmm- ^

Cela ne lui eoweuâît pa» âairaiifâge. !<# pauvre

llfmm^ pèf0paît à perdre haleine. Je m'assis

tranquillement et j'attendis, défendant à Hassein

et à chcvcun de mes domestiques de lui répondre.

Au bout d'une heure, fatigué de se débattre

n.

246 ABYSSINIE.

contre lui-même, le choum se rendit, j'eus

mes porteurs. J'espérais gagner le camp du Né-

g0uss h soir iûêttîê t ce retard rmdît la ekm^è^

Htepo^îîîle. J0 u^m èim pas IcAn toutefois, mr }e

voyais partout des traces de son passage. Au pied

de ce village inhospitalier s'étendait une plaine

ondulée, couverte d'une herbe épaisse et longue,

semée çà éî M à& Iwquets de mîmosas.^ #t lit

un f&m EiîglâîS^ isM êtment gmeieuses les ônèula-

tîons du terrain, tant étaient heiïtftiîsement groupés

les massifs d'arbres. Mais elle apparaissait coupée

en deux par une traînée jaune, large de près d'un

kilomètre. C'était la route qu'avait suivie Farmée

Mègouss. tlietle |t»l Imé^ét^ ïe soi

pîéïltté^ les atlwfes iïiMs^ Im rttisseaiix Boueux à

demi comblés par leurs berges écroulées, et, de

distance en distance, de petites huttes abandonnées,

des tisons encore fumants, des débris de victuailles

que se idlspïiiaîéiil des vautours et des e«>r|teâax> Aeette vue y <m sentffît ItB ttmr se serter.

Je dus coucher au village d'Aï|#seii^ mais le

lendemain j'arrivai de bonne heure au camp du

Négouss. Après avoir erré au milieu d'un véri-

table labyrinthe de huttes, je parvins sur une

petite èfflîûfitee^, oû^ mu Imx ê^ttm feafê rouge

,

proven$iit évîèemtoeût dlittrope , se éressaît ^ne

autre teflte,très-vaste, en laine noire tissée dans

le pays. Je soulevai T étoffe et je trouvai M* de

%mme atlaÉtê aiRee tin Miiiraaféem Iw^lé «I revêtu

fané. C'était le général Kîrckam , avec lequel nous

ferons plus ample connaissance. Pour l'instant, ces

messieurs étaient installés autour d'une délicieuse

grilM© è0 hmS et i'un oloraHf pkâ àè tel* Il yavait mmm jî^^cèllieiiî la^a ^ piréseiit rïîfat qm UMégMU.^tmefmt ehaque matin au Tice-eonsul dans

une énorme corne de bœuf cerclée d'argent. Nous

eûmes un jour la fantaisie de la mesurer; elle con-

tenait tout près de quatorze litres. J'arrivais à temps

poîir ttïi festin, mais vingt-qualfè feèiifës t^p tftffl

pour voir le Mégt>tiss ïôIîiWïï^ èœas i&téé h poiape

de la royauté éthiopienne ! C'est alors que je mau*

dis la fièvre qui m'avait retenu à Débratabor, et les

choums, etles routes d'Abyssinie, et toutesles petites

vicissitudes du voyage, qui d'ordinaire n'avaient

pas lé im éû m'èMmwék hémmé^. Ù&st^mêmfâfgît rieiïèïïiab* lïitïïfei mtt hèm spectacle : la

veille, le Négouss avait officiellement reçu le vice-

consuL Impossible de faire bisser le spectacle, et je

dus me contenter du récit, très-coloré du reste, que

me fit M. de Sarzec, récit qui ne fit qu'accroître mon

dépit.

Im lÉmptmn atâît été três-solenneïle.

Au fond d'une vaste tente, surunïît recout-ert de

riches tapis, le roi se tenait accroupi comme une

idole, enveloppé d'un manteau de brocart d'or et le

us ABYSSINIE.

front ceint d'une couronne d'or à triple étage.

àmWmt àe IM^ i?tiigês en cercle^ v^fus de longues

robes àe soie i^û^gtl)tombée couronne â'or mtête, se tenaient àeb©ut les Raz; dèïrière se pre^tll

une foule de seigneurs et de guerriers, la lance au

poing, les épaules ornées du lebdé, le sabre à

la ceinture ^ le bouçlierm htm^ îa têts mm èî lès

cb^éux tressés dé frais et oints de beurre. Rien ne

manquait^ paraîHl^ è ée tableau, pas même le lion

traditionnel des empereurs d'Ethiopie. Il était là en

chair et en os, parfaitement libre, et couché aux

pieds de son maître.

CMt ît W$ i^mmâm^ que j'arrltaîs nînsi a»

mmf iii îffî%6as§^ I ^^dît^ir, ims h pemxmm le

Béguélûédeur, une lïes plus riches de rAb|ssinîe,

une des plus belles aussi, mais fiévrewse, dit-on,^^

dans la saison des pluies.

LeîeiïêiBÈmîn, le Négousslenitii l%irtéçîfveit îô

Caiiip, èt nous îna^féhlrtte è«esl^ï«#^Oïi^il irefs le

Mil Bleu, De vastes prairies couv^ert^B i0 gras pâtu-

rages s^étendaient à perte de vue, et sur chaque

mamelon s'épanouissait un bouquet d'arbres om-

brageant une église ou un monastère. Nous lais-

termÎB sWefàat freate icïuiîe, iious «îtîïnes

bivouaquer sur nti pkteaii qui domine la vallée du

Nil Bleu.

Tandis que nous devisions tranquillement des

m nth BLEU.

hommes et des choses du pays, un cavalier abyssi-

nien s'arrêta court à Tentrée de notre tente. Sauter

à terre et nous presser dans ses bras, tout cela fut

si rapide quemm rmimm isîapréÊèf. C^élttît

Gûhtmp W l«ttî M. éé Sâïi8é0^ qïill ataif fti

près dm fôî à âloua , dans un précédent voyage,

une de ces natures de feu que dévore la soif

des combats, mais un cœur d'or, doux, afiectueux,

expansif.

0abîiatï e4 feIttW auquel

îl êû Hèj Je e^ôk,fA^ imMëm ë& fàxmîè. Il pîi#tiîf

sur ses épaules le lebdé royal, superbe peau de léo-

pard noir enrichie de filigrane de vermeil, dont le

Négouss Tavait revêtu en signe d'amitié,

tt Je passe comme le vent, nous dit Dedjas Gabrou,

et que Um^ éêmm eïttlmsser, peut-être

pmt la ieaiîére éM. Îm Mè^ms w^b àmmé hcominandeinent de Tavant-garde et je me rends à

mon poste, w M. de Sarzec lui fit présent d'un

revolver, ce Merci, dit Gabrou, j'accepte ; cette arme

me portera bonheur. Adieu, Et il partit comme

îl était t^entt^ seaiblaMe âm Ic^ftrbîlltiiï*

Gâbireîu pi^rsemïifîe m |É|éîqttè eatomé «u Mêmlh type le plus complet du guerrier abyssinien :

grand, sec, nerveux, fort comme Hercule et beau

comme Apollon, Tœil scintillant, les cheveux coquet-

téiaeal Iressis^ ça:v$lîer accoin^î el tftfktigiile,

brateltts^u^ k têarérîté, fidëe et dévoué, sus-.

2S0 ^swmtïï.

çêptîMe de profondfis a:ffe€tiotis et ïiâfeM ênrst-'

Une armée éthiopienne en marche offre un spec-

tacle curieux et triste; c'est bien Fidéal du désordre

et de l'indiscipline ; mais cette foule bigarrée et

disparate, qui se heurte, se pousse , se bî>us0<île,

lutte de irîtesse oii êmmMe ïtMqmllBixi^ ce mé-

lange d'hommes, de femmes, de guerriers, de ser-

viteurs, de chevaux, de mules, d'ânes, défilant

pêle-mêle avec les accoutrements les plus variés,

semble une fantasmagorie. ¥u^ à ilsIaiauÊe^ mx dirait

les changements pei^ittiels MiM^

é^wo^^-WImm-m mMtmt élrcil et dfilôile , chacun

veut passer le premier; on se pousse, on s'étouffe,

c'est un flot humain qui ondule sur place, une cohue

indescriptible, et il faut une journée pour passer là

<âi iitî corps discipliné ïi'^emplpîtraît que quelques

heures. Semblable #010mm arriva m 4il®e0n!â|tïït

les pentes tapides et escarpées qui conjlnîsent au

Nil-Bleu.

Nous n'avions plus à nous préoccuper des diffi-

1 Pendant que se comp^^M c^i^]Sgûe$t iij^l^bÊ^ m'ij-

prennent la mort de notre arnî tiâBrôu. 11 est resté sdr îè champ

de bataille de Goundet que ses ennemis ont jonché de leurs

cadavres , et nous ne nous étonnons pas que les Egyptiens

comptent cette mort au nombre des faits qui peuvent atténuer

la douleur de leur sangjÊ^nte défoite, Gabrou était, en effet,, mde ces guerriers ^mi1^Mê$ aiïx pteux du moyen âge, et îï eût

été capabk dWronter à lai séul, 1^ k^ee m poi«g, une arrtïée

entière.

LE \lh BÏ,EU, mmltê$ BilktMéiles in fofâ§e. La itonnifîceoee TCrytla

pourvoyait à tous nos besoins. Aussi, con&mi â nos

domestiques le soin d'installer notre campement

au fond d'une gorge qu'arrosait une jolie petite

rivière, nous filâmes droit vers le Nil Bleu, qui nous

%fès «tôlf fhm &nm hê^atê à travers

une plaine ^um lèrtîîité lntîfe|aM% il nmM Mkàdescendre une seconde pente qui nous amena enfin

sur les bords du fleuve.

Au fonâ d^uné vallâê escarpée i ti'avee^ m chaos

jnextji0|tîâfe4e tisif^am Msittllgnes, le Mï Mmt que

iMâbfSsîntef mm^mâ M^ûï (le père ierean),

roulait ses eaux mugissantes et blanches d^éeume*

Cest un torrent, mais un torrent gigantesque,

qui bondit de chute en chute, se brisant avec fureur

eÉntrelàinontagne qu'il polit sans pouvoir^^bofâ^

Ç^est là, dans un eni^t plus re^jpr^^ plus

élroit encore, où le fleuve emprisonné dans mî éé-

filé profond , mais large au plus de deux mètres, se

débat impuissant contre des murailles monolithes,

que les Portugais au quinzième siècle construisirent

un pont qui teïié î# Cïûdjaitt àu Béguémédeur. Wmhord à rawtre de eette fissure ^ nne àrehe , d-nne

conslruction hardie, fut jetê#. Le poïït se continue

ensuite percé de cinq autres ouvertures, qui, dans

les grandes eaux, laissent écouler le trop plein du

fleuve.

252 ABYSSIWIE.

Cet antique viaduc, assez élevé au-dessus des eaux,

et îlci^gê jd© àm% ffltètres easîiiàtt, est constJJuit avec

me TGêke mmifyt r pâm sans doute mr h Bmmême et disposée en petit appareil assez peu ré-

gulier. Le ciment des joints, effrité par Teau et par

le temps, a disparu, et des plantes parasites ont pris

sa place. Les parapets m maîats éo^iïïîls sost àé*-

mméèj^t la iiîaMissié mémê mi crevassée et le§

âbjssmiens, au lieu à'entT^^ë^c^ pïsài&i^ Vim-

portance stratégique est immense, se bornent à

remplacer la maçonnerie par des palissades ou des

iém iÉ^B^Mq^ét àsdse sut mm pomtê âe

défend l'accès du pôttl et commande de elif^ùe #té

toute la vallée.

La nuit nous surprit avant que nous fussions de

retour à notre campement, et nous nous égarâmes

ne fiiîï^ tefagfîer mite tete que gttîdîts psr

soldat f«e le général Kirckam, par un argument

ad homînem^ força à marcher devant nous* Nous

rencontrâmes aussi, en chevauchant à travers le

camp, le lion favori du roi nommé Agos, magni-

fique aijlttïï^l pit<a»| toute sa aî|a|lre* H là

attâcit aa |îèd à^m mbm^ et ppié pai? ^on cornae

.

ïî est si Men apprivoisé^ et ses gïrimât |euit t<^$^^^^

ont un regard si débonnaire, que nous pûmes le

caresser : sa satisfaction se traduisait par ces mou-

L'armée tra^versarit le j^ont constirilii; p

LE NIL BLEir. 253

veïtteiife flll^ qmî donnent à un pmm chat tanl àe

gentillesse.

Le lendemain on leva le camp de nouveau pour

aller le poser sur Fautre rive de TAbbaï, et, laissant

iier nos bagages, nous résolûmes d^lto cfeâs&er

sur les botds du fleuve. Mbttsmm en|{«pâmas dans

Iei laiiJie plaine que la veille, mais en remontant un

peu vers le nord. Chemin faisant, nous vîmes des

soldats qui s'exerçaient à des simulacres de com-

bats. Ces fantassins , divisés en deux camps , s'élan-

prn^ Im wm mnlT4 lé» tût*:i|s^ h Iwme ©a «rrêt,

êt de ïéïirs VÉfâtBs bôwtiîers abiejKsltaîent à parer les

coups de leurs adlfersaires,reculaient, puis reve-

naient à la charge, se jetaient de côté pour laisser

passer Fennemi et le frapper par derrière. Nul ne

semblait les commander, et cependant ces tournois

X»# tirïiîiï lté tolit pas 4 Iéirenfc miilcafeai.

DléWnt nous se dressait un épais rideau de virinrei

qui nous cachait le fleuve. Partout on voyait des

pistes d'hippopotames, et, d'après ces empreintes,

je jugeai qu'il devàîl y e& mok de taille gigan-*

lèsqiïe.

Mous pénllrâniâs, mn mas peine* èam «ette

sombre et épaisse forêt qui, sur une largeur de

plusieurs centaines de mètres, borde FAbbaï. J'ai

déjà plusieurs fois décrit cette belle végétation des

tropiques, qui s'épanouît soiis la dirttMe ijttiiteaet

254 ABYSSINIE.

de rhumidité et de la chaleur. J'aimais tant à voir

ces graââs arBres,qn^l tm mmhMi ehmim

précédemmeà^^ Étt tout cas , ceux de rjibhai sont

des plus beaux que j'aie rencontrés.

Enfin nous voilà derechef sur les bords de l'Ab-

bai i mais ce n*est plus le iùttmi mms 4Vioi|$

vu la veille : le fleuve i^uTë ma$uf#X(â!Ul mïm^ et

Saajestueux jKU luîlliU^ d'une plaine qu'il fertilise; il

a plus de quatre cents mètres de large ; de nom-

breux îlots de verdure divisent son cours en plu-

sieurs bras; quelques rochers, des troncs d'arbres

forment de petit» barÉages êt dès rapides. On en*

t0iitd de tous côtés les grognexuenls iïiodtriês d^^

Mppopotames, et les crocodiles flottent à la surface

comme des épaves. C'était un beau spectacle que je

ne me lassais pas d'admirer. Cependant, en suivant

le cours du fleuve, à travers les marais et les

làurrés, nms pms apérfûiues qu'il im^Mït^plus m plus rapide, etm bruit Î6î»taî» et coïi^nu

nous fit supposer une cataracte. Mous marchâmes

dans cette direction, décrivant mille sinuosités,

tantôt pour éviter une fondrière , tantôt pour tour-

ner un massif où la hache mvàe tât ^u l^ac^ un

sentier. tJn petit affinent coulant m hiûtà 4^une

grande fissure du sol nous barra su^tem^nt le pas*

sage. De la difierence de niveau entre cette petite

rivière et l'Abbaï , nous conclûmes nécessairement

LE IMIL BLEU. 255

que le lit du fleuve devait s'abaisser d'une manière

étonnante. Nous parvînmes à franchir cet étroit

jravin, et,suÎTWlsarîve opposée, noJïisfâiïmM^iilô^

rèeompensés de nos peinès.

La plaine s'entr'ouvrait tout à coup, formant un

vaste entonnoir, et TAbbaï, dont le lit était déjà

resserré^ mais large encore d'environ deux cents

mètres, se précipitait en mugissant dans cet abîme.

Presqneî m w0m de cefjte eftttmof©^ tm rôelif'

strgî^saît cotttJfiïî* Bîie iot^, et tm arbre avait ttôwé

assez de terre végétale pour y prendre racine. Il

était là assurément à l'abri de la cognée du bûche-

ron. Le fond de la vallée (la même que nous avions

vue la veille à l'endroit où est construit le pont)

eït Si ^^j^ $I^ M$ ]^Qis^ quoique bien rapides,

ÈiSttiiÊrt^^mm si Iptta tr%étttîwî Mmm et âe

bananiers^ qu^on eût pu croire que FAbbaï tombait

et disparaissait dans un lit de verdure.

Après avoir bien contemplé d'en haut cette cata-

racte, nous voulûmes la voir d'en bas ; c'était plus

^îfiëîle* Il M'f â fùiïàm âfcfssîûie è$ cm émâitù

rustiques, de m& pwfs de bois, ôe ces sentit en

corniche, mais garnis d'un parapet, où les élégantes

et frêles touristes peuvent, comme dans nos Alpes

et nos Pyrénées, poser sans crainte un pied mignon,

en s'appuyant tij* robûste épMÎt 4%» awwifet*

giîàriv Mtîi iefïttis quatre moisJ|tte itômf mtflm& à

traders les Hjontagaes d^Élhîopie, nous étions de-

venus moins que jamais frêles et élégants. Aussi de

liane en liane, de rocher en rocher, nous nous lais-

sâmes glisser jusqu'en bas.

ï ^ôHS mil itûS ït Tâse jusqu'au genou, # mH

Hrîllèn d^Biîe végêlteioM d. dtofeê fu^l mm eit été

impossîMe d'avancer si les hippopotames n'avaient

eu l'heureuse idée de nous frayer un chemin qui

nous conduisit au pied de la cataracte. Elle peut

avoir environ 25 mètres de hauteur, autant que

j'en pus juger, car nmk M^mm li çoiptiaB mmfImB ji^Ofâge^ j|ttî èn i|Helqu^s insfeiitt mm Iraas-

perça. Nous nous hâtâmes de remonter pour nous

réchauffer au soleil ; il était déjà bien bas sur l'ho-

rizon. Pour comble de malheur ma mule s'était

éohappéç.

0im^ Mfssmicusl que j^avaîs tué pendant iC^tfé

excursion, je l'avais accroché à ma selle. En traver-

sant une fondrière, ma pauvre mule jfit un soubre-

saut pour se tirer de la vase, la longe que tenait un

dcaa^tîpia et î*oîseau qui bdlotMt lelong do

ses Haûes vêaurf: k T^êÊm^m^ s^enfiiît à teutes

jambes. Je du^ regagner le camp à pied. Je fis

promettre récompense à qui retrouverait ma mule,

et le soir même un soldat me la ramena. Du calao

il ne restait plus que des débris. Cet accident me

imiisa^ eft oiifr^i un* ptrtç îïr^papiMe i m^ bous-

Bolei mon dernier therniomèire et une trousse

LE miir wtm^ m%

pleine de petits instruments précieux en voyage.

Chaque jour le vice-consul demandait au Négouss

une nouvelle audience. J'avais aussi un vif désir de

feftisant, âïlégûàlt to«joai*à la néeessîté où il se

trouvait de marcher vers l'ennemi. IVous pouvions

nous croire décidément enrôlés dans Tarmée d'Abys-

sinie. A^ous avons su depuis que lohannès exploitait

notre présence à son camp. On avait, peut-être par

wet oiÉi^es, répandu le Ikmt fefctileitx qm h tmmàM Wfm^ amenaîl un renfort àe trois cents Euro-

péens I

Mais ce retard nous inquiétait peu. Nous y gagne-

rions, au contraire, de visiter le Godjam, où il a été

donné à peu d'Européens de pénétrer, et peut-être

autfettMàiïts lâ^^ï^^ dî^ssiàter à quelque combat.

Hous ççûjiitïiiiaeas âmç de sni?re l'ïmïié», êmûy

avec le Négouss, nous formions Tarrière-garde.

L'armée était si nombreuse qu'elle avait employé

plus de trois jours pour défiler sur le pont de TAb-

haU et Maderakal nous disait MM emphase qu'il

liiidimit II îîn pîlîorô ttiîs jours ilfe inat^^ pour

Nous entrions cependant en pays ennemi, et le

Négouss nous fit recommander de la façon la plus

formelle de ne nous éloigner désormais du camp

s<tos an(ïcan ptMm^.Dans le district de Metcba nont Émversons lajolîe

fitiêpe iti mêmm Uim^ |mî ^ ds renés* h

fmt et se jette dans lllMiSÛi puis nous rentrons*

dans la montagne. Mais ce ne sont plus ces roches

perpendiculaires, ces pitons aigus, dentelés, déchi-

rés, terminés par une plate-forme, que noiis îwriôws

Ipouïfs àm$ %m âgtos, îm mmdî du Godjam, qui

forme imB^ autre Déga, est bien moins escarpé,

quoique son altitude doive atteindre à 2,500 mètres.

La roche n^est plus qu'en de rares endroits dénudée;

partout le sol fertile est couvert d'herbages telle-

mm Ipufe ipm,mmm mrtm mmk^, mmi^îssiuns: qu©l:qtï#>îs complètement dans ces éptîs

foûrrés dp graminées^

Du sommet nous apercevions d'un seul coup d'œil

la majestueuse vallée du Nil, sa cataracte enve-

loppée de ItoiBll^dt^ la Mpfé ifîttçelaiïtë^da lac

Iksm i sîtôt que M i^aflî de terraîa

eut voilé mlmm décor^ le ptfs devÉti ^mm wm^^tone. Doucement ondulé et couvert à perte de vue

de jungles immenses, l'uniformité du paysage

n'était rompue que par des bouquets de mimosas,

$et$M i§h el Mh 0. qni î^cÉCrtol au voyageur que

fmnbmimmMsm^ de hm ffeûllïtge dêîitdié*

Soit que le pays fût peu peuplé, soit que l'armée

s'éloignât volontairement des centres de popula-

tion, nous ne rencontrions pas de villages. Le trans-

port de nos bagages devenait par suite de plus en

plus difîïcile> naalgri la toaî# iMÎciptà^ les^^es

du IVégouss. Aussi, dés le second J^iit d^ «lareîïîÇ

sur les hauts plateaux du Godjam, nous restâmes

tout à fait en arrière pour attendre des porteurs;

cette circonstance faillit nous mettre dans une situa-

tion périlleuse.

En paft eutieia^^ lê$ mttièes it^fisi^ennes onl

pour habitude d'iniaittdîer le pays. Pendant que

nous étions là, Farme au pied, à attendre le départ

de nos caisses, nous vîmes des colonnes de fumée

qui s'élevaient dans le ciel et se rapprochaient de

mMé Sîert^t miÉnâimm le çt^îteittiat des

Bephei ^èehes qMt ^mÊMûm^àmâ^ èi umà pou-

vions prévoir que dans quelques inltaûis nous

serions cernés par le feu, et que notre camp lui-

même serait livré à Tembrasement. La perspective

était peu réjouissante : il y avait danger probable

poui^ liiûttS, et, pour nos bagages, danger cÉPtî^a, le

voyiîs d^ Iginte Mm eiillectîons, âtiiasséii mprix Je lltiii de fatigues, et j'en étais au désespoir.

Je me rappelai alors le procédé employé dans

les savanes du nouveau monde et qui consiste à

combattre le feu par le feu. Mais Farmée, qui in-

«igi^îaîlto «es ieitïêiFès el mar^iwat detsal tMOiié^

se thm^Miï l'àlluaier le contre-ïô©^ife*

Lorsque, dans une plaine où Therbe longue et

épaisse a été desséchée par le soleil des tropiques,

un incendie se déclare, il marche^ poussé par le

vent^ avec une rapidité qui iêieles plm lomgttetix

mO ABYSSINIE.

GDafsîers* Parfois, sur une grande distance, les

traînée de foiï^m. C^t l«Mr cfui sillonne le

sol , et Têtre vivant surpris par Fincendie n'a plus

qu'à périr; les antilopes fuient, éperdues, et malgré

la rapidité de leur course, n'arrivent pas toujours à

Msîrtî«teifrliftx$i^]b<>m que son îîïfcdîîg^wÊéafeît

ml i*iïm toiltiit êo^ il ne mmiî ^ téiiiît âîâ seule

force animale,qu'un des plus faibles êtres , a un

moyen de se préserver de cette terrible mort. Il n'a

qu'à allumer devant lui un second incendie, et le

feu qui le poursuit s'éteindra , faute d'aliment. C'est

aussi cf&qtïj i|©»s^Bimfa^

II f avaîtiptii êg âîitimiBei il est vraî^ entre les

deux feux; mais, transportant nous-mêmes nos

bagages avec l'aide de nos domestiques, nous nous

réfugiâmes dans un endroit déjà brûlé. Le sol était

emifcrt dt <^ndres mmim i^mmàmt la cfeaJeur

pânitrâil tim thmmmm t iioi lômmes, qui mar-

chaient pieds nus, et les mules, dansaient surplace,

car, au milieu de ces débris, il y avait encore sou-

vent un charbon incandescent. C'était un triste

spectacle, que rendait plus navrant encore la pré-

sftttee le lan^îe^ ijpjMniï^ç^^ t?t|ïtïW^^

tiwrnofiïitstt-àessiis i&nm têtes, âtten^entiw^départ

,pour se repaître en paix des immondices et

des débris de toute sorte que laisse une armée

derrière elle. Leur cercle allait se rétrécissant de

LE NIL BLEU 261

plus en plus; quelques arbres en furent bientôt

eiîiï¥e¥ts^ »t cm oiseai^ axi^^ immmâes que vo-

raees s^eiilitrlïssâiê»t |ïiSfû^ s^âlbattre pregqiete^ti

milieu de nous. Noaçôttps de fusil les effrayaient à

peine. Etendant leurs grandes ailes, ils s'envolaient

un instant, mais pour revenir aussitôt à leur hideux

festin.

€Îîanl de droite 41 ii pttfilie tfiiélifttes paysans qui^

degré ou de force, se chargèrent de nos bagages.

Nous quittâmes sans regret ce lieu sinistre, et en

quelques heures nous rejoignîmes le gros de Tar-

mée , oix notre place avait été réservée au pied d'une

ijplîlïie mp lé mmmet de laqu^e^lf Iffiptïss iifait

planté Sa t^ûle.

Sur de nouvelles iiïstâiîces dîtt irîclHîoftS^

sans doute de nous remorquer à sa suite, craignant

peut-être aussi des .complications ultérieures^

ïûhaoïtêâ mm meofM me mMeme pour le Im^

J)e t^et Êttdroît, nous dicwifrions au sud les

hautes montagnes du Godjam , où TAbbaï prend sa

source, visitées déjà et décrites par le Père Paëz et

Bruce ; à Test, une coupure nous laissait apercevoir

la vallée isïtv^ nm Mnâ»fmâtM où est §itué

Blota ; au nord enfin se dressaît i«i fUén eenique,

auquel se rattache un épisode da règne de Thée^

doros.

15,

26â ABYS&ÏKIÏ,

Cette montagne, nommée la montagne du Diable,

était, dit-on, habitée par les esprits malins. Théo-

doros, qui ne connaissait d'autre procédé de gou-

cewsloatge eut la Mmm&iàéê de Mtebonibti^er la montagne. Après une vive canonnade,

il envoya des émissaires pour juger du résultat.

Comme on le pense bien , on ne trouva pas la moindre

trace de démoits^

tu Ils otê hi^ iîi VmgiïmtkBm Mè^mm^ m^m>tant les €sjâiwn&!i de leurs morts pour ^îsslûîmbf

leur défaîte; mais, vous le voyez, la montagne

est aujourd'hui délivrée des démons; rien ne ré-

siste à ma valeur, w

iipliafiiLi« ? 1W îie lé smiM jtïnaÉi. Mmw îÏ fmi se

rappeler ifii'^il eut assez de foi dans son étoile pour

s'enfermer sur un rocher, et, de Içi, braver Tarmée

anglaise !

L'heure de Taudience accordée par le Négouss

éîteM vemifi* i^lftis enfin voir Jê swïv^rife drAi3fs-

sinie, le succes^r4é ee fameBas ThWoim.Revêtus de nos plus beaux atours, escortés de

nos domestiques armés et de Madérakal, Finterprète

de lohannès, nous gravîmes la colline. Tout au

lei^met, une petite plat##«eiat

à» soie ; e*est là que le Mégouss nous atten*

LE NIL BLEU. 263

dait, accoudé sur des coussins. Derrière lui, des

serviteurs tenaient un immense parasol en soie

rouge, quelques seigneurs étaient groupés niitôiir

de lui, «I h ses fî«ds te t^nfif aecroiipî son lion fa-

vori.

IVous nous approchâmes pour le saluer ; il nous

tendit très-gracieusement la main , et nous allâmes

nous asseoir en face de lui, à la place qui nous avait

été réservéé. U êsl d'usage, pour çe-^lra M<^ Wiit

des souverains d'Ethiopie, deleur ol^r impi^ése]^»

et les armes européennes sont particulièrem^mi

agréables à ces rois guerriers. Je n'avais nullement

prévu ce nouveau genre d'impôt en quittant la

France, et je dus me dessaisir de mon revolver. J'y

ajwkî dè 4lés îriaM^, des capsules, etc.

,

et mMm0 }e m^éxcusds attprés deM dm peu de va-

leur de ce présent :

a Je ne regarde pas, répondit lohannès, à la

valeur du cadeau, mais à l'intention de celui qui

le fait. »

Je ne ^^tleiiâàis pàâ kmïi$ féfonâé iHi$si civili-

sée*,» C*est qîtt'eo eWfohaaiïèsiï^esipî0Îiïl^ commeon p^^ail le êfôîte et çomme je le crofais moi-

même, un roi sauvage.

C'est un homme jeune, qui avait alors trente-

quatré ans, de Mille m&fmne , la peau d'un hmnfoncé, les cheveux artiftement tressés,, le me^

mince, le visage allongé^ les extrémités très-fines;

m4 àBmnmm.m plr|iîo»oîiïîe est câlmû ^ êùn aîr hmà Si^»©;

il scmte du regard son interlocuteur* mais s^ilirient

lui-même à parler, il baisse ou détourne les yeux,

de peur qu'on ne devine sa pensée. Son costume

était des plus simples : une grande robe étroite en

cotonnade Hâttclie^ et une ùhemïm très-fine à

bande dê soie hmehèe. Il avait la tête et les pieds

nus 5 mis dans les nattes de sa chevelure èfaîl

piquée une grande épingle d'argent terminée par

une boule en filigrane que surmontait une croix.

Le NégoK^ ïi*#fsîl fejïcôïe que prince Kassa,

lol^qn^i devînt v&â^ i^îrt tt» ©nfent en bas âgé^

jeiine prince est éleviittt milieu d'amis dans stjÉ

pays natal , loin de la cour et à Fabri des vissicî-

tudes de la politique éthiopienne.

La cour emprunte un caractère d'austérité à cet

Bolpiîttot dnRoi fnerrier, dans rentourage duquel

oîi im Jâïûaîs «ne leitittié^ lîn vcm mlmtel ,

qm lè clergé abyssinien lui a imposé comme con-

dition de son sacre , le lie à cet égard d*une façon

absolue. Le Négouss ne se remariera pas et n'aura

jamais d'âuite^ âèfitier jgwfe mkà qui lui étaîi nè^

lott heui^ttsefla»»! pçvtm l|«tstîê> mmïi qu^l eut

éprouvé des mallt^ws fôfaux , ofejiét des scrupttlés

du clergé,qui ne seraient pas sans analogie avec

ceux qui empoisonnèrent les derniers jours de notre

roi François P'.o

ït^ iVégoass anDoaçaàmm compagnon die ir^pge

LE KIL BLEU. 205

que , ne voulant pas Tentraîner plus loin dans le

Godjam , il avait résolu de s'arrêter quelques jours

pcjttïT mMèfi^ mm ïttl èt ^iilî îe reeê^rial éà

Mmm fâïicuilr© Impmm disants.

Après TOÎr écîïtttgé de nouvelles poignées de

main, nous prîmes congé de Sa Majesté Abyssi-

nienne.

De retour à notre tente , nous nous mîmes à causer

ie dt^^ et i^ûfmmm MàMmMl et % fêtoémï

rarmés des Indes, prit part à la campagne abyssi-

nienne contre Théodoros et resta ensuite au service

de Kassa. C'est lui qui donna au prince Fheureuse

idée d'étager ses troïipes stif nn mamelon et

lui fit ainsi gagner la bataille d'Adoua* ts Kféfouss

le réeempwa d'ajbord imM tenant rim^iliire

de plusieurs districts très-fertiles, et un jour que, le

gouvernement anglais ayant envoyé des présents à

lohannès, celui-ci admirait les armes et les riches

éttil%Si en îês #strîln^t 4 mn ealôurage , il fit

êm k Xîï^kam d*un ««jstnîae de général aiiglaîf ^

Kirckam Tendossa immédiatement et porte depuis

le titre de général dont il a, en effet, en Abyssinîe,

toutes les attributions. C'était un bon compagnon,

couvert de cicatrices qui attestaient sa bravoure , et

de pias iKrt ireirsèêaBt la sei^iee cuîiiiaîre, ce qui

^ Wpfe , a l^îin sa valeiîF,

Madéraial esl Fîntèrprèfe du Hégoass qm

M. Théophile Ï^IÉWâWffiB» France, lorsqu'il

était tout jeune encore , vers 1840. Il apprit à

parler et à écrire très-correctement le français dans

lî» lîes ^raptiâ^^ collèges dé Pmis^ pàs fefôurn*

âam Èm mmâ^Ê^nM^^ îl r^êiiâ k «Mi sôûtréraîn

anssî Mm ^m^im^s éteaagers àê précieux et intel-

ligents services.

L'armée de lohannès, me dit Madérakal, com-

prend environ 40,000 hommes armés , sur lesquels

â^OOO âû tà^m mms$mâ âm ÊaM$. ces deux

ï^îfire^ , Tm miÈ^ fsmii Irêp «oustâémBé et Feutre

âU'^âéSSOiî* ie la vérité. Il est fort difficileitm iSÊ^f

de rien savoir de précis, car il n'existe pas en Abys-

sinie d'armée régulière; il n'y a pas d'enrôlement,

pas Jï5 i^M©^ liés armées abyssiniennes sont com-

p<fâêes 4# déir^ ^^^û^^ âi^iiïefei, jWtîs qul^

au miJïtt«ftt de la lutte , se trouvent ^ônfoîiâïisv II ya deux sortes de soldats : les soldats de professsîoîi

et les recrues volontaires ou forcées qui, guerriers

aujourd'hui , retournent demain à leurs troupeaux

ou i leur charrue. Ce scml IM ^îtffààs iffm Ittu*

sêîfneuir &mkmûî f&tÈim % nméim mm luî ou

qui, plus souvent, s'of|rétit ^©ûtanément. Le chef

ou le motif de la campagne sont-ils populaires

dans le pays que traverse l'armée, tous les hommes

valides se joindront à elles. Le général s'inquiète

fort peu èé ïéar soMe et ë0 lètir iiourrîtiirev Ww^-J pas la réquisition à mmn armée et le pillage f

LE NIL BLEU, 267

Cest le théâtre de la guerre qui défrayera Tarmée

,

sîjaçampagne est longue, il sera tûinè*

villages incendiés, démol^^ tfeufs de leûrs habi-

tants , entourés de champs en friche !

Et que de choums ont usé à tort ou à raison

de ce prétexte pour refuser poliment de nous

«ïûîiRir rhospîtalité !

En teiïïps de paor^ fouliez ces Te<srtt€S retourne-

rtWii k leurs travaux , et il ne restera plus qu# îés

hommes ayant fait du métier de la guerre leur pro-

fession et qui , avides d'aventures , ont attaché leur

fortune à celle d*am cbef ^lèhre* Mais c'est en-

têve le |eiî|le qrâ les mmrka, t m tîlïàge est

iie|piê ^ ^ttî àmra. subtenîï i îi^tirs besoins. Le

soliîât^ prenant sa lance et son bouclier, s*eiî va yprélever sa solde et ses aliments.

Les soldats sont cavaliers ou fantassins , et parmi

ees dwîers il y a encore les fusiliers et ceux qui

sont siffl^leittent armés â»%mm.Lesioœïtssotffcâ'i^ mbi^ f tantôt pr^que

droit, à un seul tranchant, assez semblable à nos

anciens briquets; Fautre recourbé, à deux tran-

chants , et ressemblant à une gigantesque faucille.

Totis les soldats portent indifféreinœeiit ï*iin mYm^e ée ces rnkte^ mecroehé m ei^tè drdi i eel

usage vient de ce que les Ab|tsîlQÎens montent à

ehevîil ou à mule du côté hors-mentoir* Pour les

268 , ABYSSISIIlÎ.

êâtaîî^ elles lanciers, Féquîfameal #&!3[l|î^^

par un vaste bouclier rond,légèrement convexe

,

de 0,60 centimètres de diamètre, en peau de buffle

ou d'hippopotame, et plus ou moins artistement

jgîmirè i% à6mm& catte®ntriques (caJïîidUii«% ïigiïi^

ondulées en mgzB^ ùu pointilléBs) , et â'ûm m piu^

sieurs lances ou javelines.

Cette dernière arme est généralement de grande

dimension; elle atteint jusqu'à 2 mètres 25 centi-

mèfres lé longueur, et le far parfois ne te^ pas

itioîns de I^BO^ eétiîîîîiMiP^ il est pîil> ftisiforme^

caréné dant loiîl# sa longueur, trancbirât #t acèrôî

son embout y. aussi bien que la hampe , sont souvent

ornés de spirales en fil de cuivre, et le talon de

cette dernière est garni de fer qui sert à équilibrer

h javeline,

lim sddmts abysiintos manîienfc eôtte arme avec

une grande dextérité, et frappent avec beaucoup

de justesse un but éloigné d'une trentaine de mè-

tres. Les cavaliers mettent leur cheval au galop et

profitent de cette allure rapide pour lancer la ja-

ifelîâe*

Quant aux fusiliers, 4ont le nombre décide le

plus souvent du sort des batailles, leurs armes sont

bien défectueuses : ce sont généralement des fusils

à mèche, d'origine orientale, ou laissés dans le

pays par Ifit PâJîtapîs tu fainiièma mèeh. G«s

derniers, parl&ls inemstés d^aïfenl^ sértièûiBaieiix

k îtnr place dans le cabinet d'un aiïiîfiîtîfe* La

crosse afiecte toujours la forme des crosses arabes,

et des lanières de cuir relient le bois et le fer. Us

n'ont point de moules à balles^ leurs projectiles

®(ptilfs lingots de îfer ibfgé, i»iêin^ , <50fl«a« je

Vm iêfa t ^fes liaHes cftiiiddqtte^m scbiste. Ils

renferment leurs munitions dans un vaste cartou-

chier en cuir où de petits étuis de roseau servent

de poudrières.

La selle im cirtfiâKers Pgp^^Ie là selle 4és ârabes

oa des ^eiwilîers itt mo|^ âge, avee nn fomMmnet on dossier; îe toiït est recouvert d'une feôtïste en

cuir qui traîne jusqu'à terre. Cette housse constitue

un insigne réservé aux chefs et aux personnages de

distinction,quand elle est en cuir rouge orné d'ap-

pliques m eiiîr vert Ibr^tean^ im dessins plus mWmm variés* Il est encore d^autret niia3rq[iîes dé

: un butoîs, ou vaste bracelet en argent pl«s

ou moins enrichi de filigrane et qui se met au poi-

gnet droit; des lambeaux de peaux de lion accro-

chés au bouclier, et enfin la pèlerine ou lebdé dont

j'ai déjà parlé ï elle est en léopard noir * potir le téï

* Il existe en Abyssinie um variété noire du léopard aaa^

logue à cellà de h panth&ré qàî itatîtë Jâira* Il iïi*k été te*

possible de m'en procurer, d'abord parce que cette variété est

fort rare, et ensuite parce qu'elle est très- recherchée

comme ornement. Une peau de léopard noir vaut dans le pays

jusqu'à trois cents francs. J'en ai vu plusieurs fois sur les

épaules des prineés* La couleur foncière est â*m mmrou tirant

du guerrier si cettê lôtfrrure est en peau de lion

>

de lionne, de loutre^ ûa simplement de moutoa

noir ou blanc.

L'étrier de la selle est très-petit et ne permet d'y

passer TotteiL %m mm èst le ca¥efOîi èmâfahes, éi m gûîse de gi-elofs ^ 1# èhêml et surtout

la mule portent un lourd collier de losanges en

feuilles de cuivre qui miroitent au soleil et réson-

nent comme des clochettes „

En outre de ces 40,000 soldats, Farwile était

mâ^m # eïMSû^ïÉ»^ d^wa mmhtB temteaïafcîe de

tettMtîftiest le wMê i^mmm^ de palefreniers

,

de servantes de tout âge, de toute condition, doiit

on peut porter le nombre peut-être à 60,000.

Les cavaliers, pour ménager leur cheval de ba*

taille^ h i«it dfHadwîre es laaî» pmm àmmsÊqae

iÊ^mfSLgBié kMv^B. Le bouclier pend à l'arçon de

la selle^ d^autres servîteûrs portent le reste de leiirs

armes.

Comme il n*y a point d'intendance organisée,

chacun doit pourvoir à ses besoins et entraîne à sa

sur le noir, mais les taches noires sont encore très-visibles, sur-

tout sous un certain jour. Je dis que c'est une variété du léopard

ordinaire, mais ce n'est qu'une supposition basée sur ce que

lû'en ont dit les indigènes, qui assurent qu'il n'y a pas d'autre

éiÊètefntÉ, lî serait irês-^diôiix l'âvoîi* line dléjpmiîlïê eii hmétat de cet animal^ mais cela serait bien difficile à obtenir def

digènes, et il faudrait y sacrifier une somme considérable.

LE KII, tLEU. ât|

suite, en campagne, tous ses serviteurs. Les femmes

vont, comme d'habitude, chercher le bois et Teau,

et après avoir aiarclté toute la journée, pliant sous

le poîis ëm id^$nMe& de méttage qu'ellet sont

chargées de ^Kansporter^ dies pifô«Rttt Isk miït à

moudre le grain en chantant. Ce sotil dig feoimès èt

joyeuses créatures qui égayent le camp , encoura-

gent le soldat an combat, pansent ses blessures après

la bataîlk # teilfeiii km qm *îe Iwî munqm.Mus #tmfii îmx&é «aésî mM m& , et renfanl

fait la caottfmgiie en cPMpê mt là ôiule ou sur le

dos de sa mère, suivant que celle-ci, riche,voyage

à mule, ou pauvre, suit à pied son mari, dont elle

partage bravement la fortune et les dangers. Arrivés

m bïtoaacr^ (àaeutt s'agite , et attioliif de la fcettte #a

chef se forme «tomaftè ûm éMèdfitê de lïulte& e&

branchages où s'abritent les soldats et leur famille.

Nous n'eûmes poinit, hélas! la bonne fortune d'as-

sister à un combat.

Raz Adal , le dernier Raz qui n'eût point encore

reconii«i la sazôrfÉstei^ le lobaniiès» âftfît ^^imsé

mû filte gàlla> ©f ïîètie màm hà m^ mêmj^é de

nombreuses alliances parmi les peuplades d'outre-

Nil. Le Négouss avait prononcé sa déchéance et

donné l'investiture du Godjam au frère du révolté

,

Raz Desta. Mais Adal, trop faible peut-être pour se

risquer dam ttaé bal^îlîe rangée , eu dans respotr

d'eiifcraîûer son eimentïi Jusque dans les pays gallas^

âBmmmi mt$ le sud. Raz âréa * m ém mém ié

lohannès, qui, venant à travers le pays de Kouara,

à Touest du lac Tzana , devait faire sa jonction avec

le Négouss et couper Adal sur ses derrières pour

le preiïéî^ «îttsi ûtêre ààm tm%^ âtwm imp

lard, il MMt maîutsftaBt ptwir^^wfé Fënîieiiïi^ el

le Négouss se bornait à saccager le pays. Le soir,

rhorizon s'enflammait tout entier, et, vu de la col-

line où nous campions, c'était un saisissant spec-

tacle. Chaque jour partaient de petits détachements

qui alkîetil p^m lé pfs ét tm$immd traînant à

On saisissait ainsi de 700 à 800 Im^B par jour;

mais lohannès, plus prévoyant que ses prédéces-

seurs, après avoir prélevé ce qui était indispensable

pour la noufrfliim dêf efrefs, car les simples ^®M«IN^

lïïimf ijaf©Bïtîrt île la vîàoâe,Mmk fr&màm mie

iii nombre dé bettîaux enlevés à chaque village^

pour les restituer aux habitants après la soumission

du pays. Si les rois éthiopiens s'étaient toujours

tracé une telle ligne de conduite, nombre de pro-

irîiîc^,jadis fort rîcjbcîs ét «Mjowd^fctHÎ mîïiêési

seraient rsdat8iin:ês pimpèrim

Dn reste , dans une secondé éûlpéfaé avec le

Négouss, Jé fus frappé de sa sagesse et de modé-

ration.

Le souverain nous reçut alors sous une vaste

tente en tôîl©| le sol était encore recôniferît 40

tapis et de peaux de lion. Au fond, sur un angareb

qui lui servait de trône , lohannès était à demi

couché sur des coussins de soie, enveloppé jusqu'au

menton dans sa cheninta* Quelques sçri?iteurs et

Quelques amis étaîeot rangés autour de lui. I/en-

tervue fut longuet et, entre autres choses, on y

parla des missionnaires catholiques, pour lesquels

le vice-consul réclamait Fappui du souverain.

vm mhêmnmmrBÈ^ p feraî amîîîé avec mm^ |ji les

installerai dans la province où je suis n|| ogtu înîîîfea

de ma famille et de mes amis; je leur construirai

des maisons, des écoles et des églises; je pourvoirai

à leurs besoins; je veillerai à leur sûreté, et je ne

djoule pas que Fexemple de lôïrrs vfïlûs ne gagne

mes pèwpJôS^ pte èimor© que leur i^aiN^le^ »

Et, parlant de TÉgypte, question brûltffite sMl en

fut, et qui devait soulever dans son cœur toute

Tanimosité bien naturelle à un souverain que Ton

dépouille de ses provinces :

^ L'Éppte, dit4î^ ^ôHiôîlé mon pays ; BÏh

cerne èè ims ^Mè^ âprès i^ttre âmpurlt iê mmprovinces, elle a dit qu'elle n^Sa^ait faJI qm re-

prendre son bien. Jusqu'à ce jour, je n'ai point

voulu m'opposer par la force à ces envahissements.

À quoi bon verser le sang de nos peuples?

appelle mx m^cm d^Occideiii le m préteadt

âi4 ABYSSINIE.

point que les rois chrétiens de l'Europe viennent

protéger par les armes le roi chrétien d'Ethiopie

©fftttre Fîttriisîott latïsiilînane qui ménàCômÉtti pays;

italtlâ qné ces rois, âuxtjuiefe |& demâiidê léur âpi^ui^

s*entendeïit pour envoyer des hommes s|ige$ $É in-

tègres, des arbitres désintéressés qui prononceront

entre Ismaïl-Pacha et moi. Qu'ils viennent, et ils

verront lequel de nous deux a raison, quel est Ten-

vaM*sôWip* lit lîéîïinîterôjiï mm fem^ktm màpm^tîves* Ce qa*ih auront fait mm Mm Éît^ ei oes

limites qui ïïï%iuroiit été tracées,je m'engage à ne

pas les dépasser.

ce Mon pays, je le sais, a besoin d'être réorganisé}

souvent mes peuples ne savent pas distinguer leurs

amis ûê îmtB miarnih dont la vo%% mt trompeuse.

Je travaille en ce moment à unifier mon pays ; il

me faut la paix à l'intérieur aussi bien qu'à l'exté-

rieur. Que l'on m^aide au lieu de m'entraver, et,

quand j'aurai vaincu le dernier rebelle et ramené

le ctlme émë mm Êtals^ émm je m'ïidressii# t

w&m^ fïit tmmî(A mfj^^&àmh Wmnrn^ etjemMdirai de m^envoyer vos compatriotes

,qui viendront

répandre au milieu de nous votre civilisation, qui

nous apprendront à faire toutes ces belles choses q^ue

Vous fabriquez en Europe. »

Et quand on songe que celui qui pûrlaîï àîttsl

ÉtaJf le Sfégoûss d'âbyssinîe, c'est-à-dire le soute-

rain à'un pays que nous considérons comme bar-*

bare , cdtùmB mxm^Bt qûattâ on m mpfelh qml'Egypte lui a déjà enlevé Métemmah et le pays

d'Ouchéni, les Bogos, Massaouah et tout le littoral

de la mer Rouge , l'isolant , le parquant ainsi au

milieu de ses montagnes, le privant de débouchés,

et que ce cerclem $e reBserranl fous les joars, on

ne peut s'empêcher d'être vivement ému m prii^

sence de la sagesse de fi$ |eutt0 àottverain qui

n'eut d'autres maîtres que sa conscience et sa géné-

reuse et droite nature.

lohannès a en effet en M Têtoffe d'un hommesupémi^. âossi #nergîqiie peut*S§tre que Théo*»

dorôs, i&ait il aiarait toute la bravoure, il mmontre qu'un courage froid, réfléchi. Non moins

ambitieux, il sait profiter de son exemple. C'est

d'ailleurs une noble ambition que celle de pacifier

son peuple et de le régéJïér«r.

« C'est là mon hut, nous dit «Mre le ÎVégouss;

j*y arriverai ou }'y perdrai la couronne et la

vie. M

Un jour, je reçus la visite très-intéressée de l'or-

fèvre du Négouss, qui m'apportait une de ces

épingles en vermeÛ que hs, eheU planent âtim

lem&émmm- MM ê^mé un thal?^, ét je cher-

chilif dans m^ Mhelols iqïie^lque objet de fabrication

européenne, quand je me rappelai que j'avais des

bijoux parisiens.

Lors de mon départ, mon ami Beyrotlé m'atâîl

ABYSSINIE.

doanié un grand collier en mmm Ûm^ lé M ferre

dû ftùs lenIMe effet.

Ce collier avait toute une histoire. Lorsqiî*#î|

1867 M. Deyrolle empailla ,pour le faire figurer

à l'Exposition universelle , le célèbre bœuf gras la

Lune ^ il avait orttê le cou dn monglmeui roininaiil

â'm ^lî^ de dînî|usnf , c^Méi celui-là mêmeqifli ttfavait donné en me disant :

ce Emportez-le en Afrique; qui sait? un roi sau-

vage sera peut-être heureux de vous Téchangcr

contre quelque beau diamant brut.

ÏM4 m fmméM wâ0m tfmhèt 1 h môrfêtre î e*êtnît le mé êal^ |.|b| faire. Insiî mùuhomme partit content. Quelques instants plus tard^

je le vis revenir apportant une seconde épingle,

plus belle que la première :

a Veux-tu, dit-il, m'échanger cette épingle contre

un mké éê tes l^i^m f t

J^a:vâii #i ]priîdeiit et n^«fil« pm tonâ tout

le collier d'un seul coup , mais seulement une

des agrafes. Je lui en donnai une seconde, me

demandant si le souhait de mon ami Peyrolle n'al-

lait poîntse i^âlîSisrv fi t^eil timif mais jugez de

îïïoii éIcMnèment loi^qns, i iim nouvelle visite qmnous fîmes au Négouss, je vis mes agrafes orner le

cou de Sa Majesté. J'eus toutes les peines du

monde à conserver ma gravité, car certes le

rapprochement était tout au moins bizarre : le col-

lier bœuf gras de Paris devenu la parure de

l'empereur d'Ethiopie, du Négouss Négouschi, le

Roi des rois. J'ai bien pensé à lui offrir moi-même

le reste de mes agrafes , mais , en vérité,je n'osai

pas. Il èèt Mil! #3i^ mm tfii sêiîëîix éM je ne

mn seflrt i^asr cjstpabk.

Je racontai Thisloire à mon compagnon de voyage,

et nous en rîmes à gorge déployée, mais entre nous,

comme les augures, car j'avais fait la chose bien

innocemment , et il lie MkM pas la divulguer.

Le îféfottss , ûoits 4îl Msèi^jkaï^ eit bîett voulu

mm JHfiter à dîner^ m&m û ne possèdaîf M as-

siettes ni fourchettes, et comme il n'ignorait pas

que nous avions l'habitude de nous servir de ces

superfluités de la civilisation , son amour-propre eût

tro|) soufiWt à0 mm ^ê^^flaeiïi MtmM îwàâ^M ^&Mê

fai^ei^ àe fkmmut^ iétl màm% mm de*ilê, âe

nous asseoir à la table royale. J'aurais bien, pour mapart, envoyé de dépit assiettes et fourchettes dans

le Nil , et fait vœu de ne plus manger qu'avec mes

doigts tout le reste du voyage.

E Mk$ qtiitter cette «cmm^ mim mm tt0àxUm

d Mm^ fmréMm e«i«ote taat à i^p|)reïiiir# sur

les mœurs si curieuses iètâ%s4aî^ns; mais le Né-

gouss voulait continuer sa marche contre Raz Adal,

et le départ fut fixé au 11 décembre au matin

îlo^S allâmes fém l^m aâîiîJf à lïAâjftpiès^ Ses

tentas èti^nl plîées^sâ mviU^ meii une ^élle an

16

278 ABYSSINIE.

velours violet, l'attendait; lui-même était assis à

istm mr nti tapis, enveloppé d'un vaste morceau

àe laousseline Bïanclie* JLe Mégottss nous tendît af-

feotitetisement la xnaîn m nous souhaitât bon

voyage , et nous fit remettre quelques présents con-

sistant en mules, cheval et armes; puis nous nous

séparâmes, sans doute pour ne plus nous revoir.

Au pied ie la cdlïinemm altfeiï^ît um tme^kimém

escorte , t^m ôti ipatre m&U soldats pmMti'è^

qui devaient nous accompagner jmqtt'â notre sortie

du Godjam.

Déjà le feu était au camp, quand nous nous

mim0à m «ell^, Mmm diripaïi* ver^M nord , nous

allâmes^ aptès é& hsmm à^me marche rapîiê>

éôuèher au village de Débra-Ma:|e* De cet endroit

assez élevé, nous pouvions distinguer le lac Tzana

et TAbbaï, à Tendroit où le fleuve se jette dans le

lac , à Touest de la presqu'île de Zéguié.

D«s0eiîdliil «ttswîtê dlttis une plàîïiê naagnifique

cônpl0 de riwss^ ^senaée de îtouquets d'arbres,

habitée de nomireu^ tttïîai|>0t1^x d'antilopes, qui

fuyaient à notre approche, nous arrivâmes à Bahar-

dar , sur les bords du lac Tzana, et cependant nous

ne voyions pas encore le lac , tant était épaisse la

ceinture de grands arbres qui reifitour*. Wm$ nous

courons ! Le lac , où est le lac ? Blôuâ IrtvèrionB le

village , des fourrés de roseaux , et nous niions nous

asseoir sur une roche noire, volcanique ,

qui s'op-

tu mt mtWi 219

pose m cet awirtit t TeiitaîrîiseHieiit des emx.

Le soleil baissait àTliorizon, de petites vagues cla--

potaient à nos pieds , de chaque côté une végétation

féerique, et devant nous, aussi loin que la vue pou-

vait s'étendre , une nappe argentée que ridait à

peine um |rîsé îl|^t, Le n'hait intei^

mm^n ip0 p«p le ronfleineMl des îiîpp&|ï6tamfis

qni W0tm^0fé ïfispirer à la surface, en attendant

l^heureprochaine où, quittant leur humide demeure,

ils iraient pâturer dans les marais et les prairies.

Mms mtîOîîs «îleoçîeû^t aussi, recueillis dans

oôftre âdmlratîott. La nttit iaer jysaît, alo»i?ifs^tles

teintes, Tair élait rafraielî par les émanafîéMS dû 1*^*

Je n'oublierai de longtemps ce délicieux moment.

Le lendemain, nous voulûmes essayer d'abattre

quelques-unes des nombreuses antilopes que nous

#ia€iïtt dê îîotrê lèôïé,gaMés par âms hommm ist

pays pour ne pas nous égarer dans cette vaste plaîtie-

J'allais à l'aventure , tantôt dans des marais , tan-

tôt dans de fertiles prairies où paissaient de nom-

breux troupeaux , au milieu de bandes innombrables

de petite Mrpts Mipq^ IMriÏM hmhwhmlus) qui se

perehaî^ istjr te àm ém feeeuii et des va-

ches Je tuais des oîseattï^ î© p^en^îs des insectes

et des papillons, mais Je ne foyais pas la moindre

trace d'antilope.

lin d«g indigènes qui in*t<;compagnaient me eôîiH

S80 ABYSSINIE

iseîUa de me diriger lers Fouest, de Tautre côté

d'une petite élévation couverte de figuiers, de kol-

kouals et d'arbres de toute espèce. Ce pays était

vraiment superbe, riant, plantureux, cela réjouis-

sait 1© ewnr^

De l'atîto côlé im mm^k^vM^ axmi léiu qm mavue pouvait s'étendre, je ^'apercevais pas le plus

petit gibier. J'allais toujours devant moi. Bientôt,

à cent cinquante pas environ, j'aperçus une masse

lai^ couchée au pied Mm^tm, 3$ mim i&ét

mm «utîlepe , el tôiil jofeui jë tae mm â «tiai^è^

dans les hautes herbes.

Je n'étais plus qu'à trente ou quarante pas de

l'arbre et rien ne bougeait encore. Couché à plat

ventre, je ne pouvais voir et n'étais pas non plus

âmm une position favorable pofltr ir^r-M tm l^iti^

et cë lïimieiïi^at^ laîstMiîrii|»^ htîitis sèéles^

réveilla ranimai, qui se leva à son tour* Au lîètt

d'une craintive antilope, c'était un lion magnifique

qui était là debout, dardant sur moi, d'un air plus

surpris que màéïBtât Bm ^rafii* fèiwt de iGp$M*

Uîï IWssoa mm fmmnmî im |«éds è h tête , et wmprèffiîère pensée fttl de tirer ; mais je compris à

temps que j'engagerais là un combat où l'un des

deux adversaires devrait fatalement rester sur le

terrain. Cette première et terrible émotion passée,

mais 1^ étais aneore trop loin pour être sûr de frapper

LE NIL BLEU, 281

juste, car il fallait foudroyer le lion : son agonie est

tfrrîMte^ Le pays était plat, rien ne pouvait lûe |ïro*

^ê§Bt mMfê sm âéfwàèrm éémuMom. Ma pttiîé

n'était pas assez belle. Je restai donc en nMH^ le

fusil au poing, bien décidé à n'être pas l'agresseur,

a Le Seigneur à la grosse tête , comme rappellent

les Arabes, s'en alla d'un pas lent et majestueux,

sans mita© iaïgttet M tôlê^

n'en faut pour le raconter ; mais je restai à la même

place tant que je pus apercevoir la croupe fauve de

l'animal et les herbes onduler sous ses puissantes

pattes; car le lion Élî toïolttiKfi im dêto*"

j« ftî âït ,beaucoHp lafeallre de tout ce qu^on

raconte sur sa prétendue magnanimité.

Je comprenais maintenant pourquoi les antilopes

avaient fui ; ces gracieux animaux n'ont chance de

salut qm êms hmx agilité , et cepeûcbffttle ïîcHi iôit

faire gras&ê ©hèrè éaiïs èètte plaine deBahardarj car

s'il a témoigné si peu d'empressement à me man-

ger, c'est qu'il était repu, ou bien qu'il a pensé que

les antilopes étaient un morceau plus succulent et

surtout moins dangereux à capturer.

M tmim âlors tiMéM l*âlïlml* mm sans re-

tourner la lite d^ietop^en Um^u fmit m^m^métque le terrible félin, prl& jl^tit fêtïïords suhîl, fie

s^éHit point décidé à revenir sur ses pas.

10.

282 ABYSSINIE.

Comme on le sait, le Nil Bleu, nommé Ahbaï

par les Abyssiniens, Bahr^eUAzrah par les Arabes,

la méiïte encore que les^ toeiëîî& désignaient sons le

nom di Ast&puSj, ftmà st wmem dans les montagnes

situées au centre du Godjam; puis, remontant vers

le nord, il se jette dans le lac Tzana, à Touest de la

presqu'île de Zégnié , ressort du lac à Test de la

même presqu'île , coule ters le sui^ «I dèërîi^aïjt

courbe immense, Il cîreon&cifïf Je Ébiijtiîi ét le

Damot, provinces abyssiniennes qu'il isole des tribus

gallas du pays d'Enaréa; puis remontant de nou-

veau vers le nord , il arrose le Fazokl et le Sennaar,

et vient enfin à Kartoum se jeter dans le Nil Blanc,

Ce êfeTîîiee SLptèê mmt t^u mn ^MMmâ^ qttî I

lui seul est un grand fleuve, devient le Nil fameux

qui fertilise TÉgypte, après avoir arrosé Philae,

Thèbes et les Pyramides.

A Bahardar, à T^st delà presqu'île de Zéguié, nous

mm tPOtïtîôûâ mmlmê^ de tous côtés par îe lac et

FAbbai. Aussi lorsque continaant notre rotitesBrlés

rives verdoyantes du lac, nous marchions à l'est vers

Kouarata et Gondar, nous nous trouvâmes subite-

ment en face du fleuve à l'endroit où il sort du lac.

II coulait alors large de plus de quatre oeiïtâiaiiiRBS,

entre deux berges peu esearpies i&rmées t&ntôt de

FOebes volcaniques, tantôt de vertes prairies qu'om-

lirageaient çà et là des massifs d'arbres.Ce n'était pas

tme w^mm besogne que feiïe^Pàwerser^tte îa^

meiase nappe d'eau à imim immmxmj quim mmpo^sait eïK50re de près de deux cents personnes, de

beaucoup de chevaux, de mules et de plusieurs

bœufs, sans compter tous nos bagages. En amont et

en aval, le fleuve formait deux petits rapides; le

«lottrîttït ^nît 90m imt) hippopotafflie»wmîmtde itmpÉ à aiîtffe mplrér à h saiface^ mais heu-

reusement il n'y a pâi de crocodiles en cet endroit.

Chose singulière! ces gigantesques sauriens, qui

pullulent dans toutes les rivières d'Abyssinie et que

nûmmmm tm m é ^mmà mmkm dgn» flibbaî

liîl-Bïlitte^ |uiiqpe» Ile««s plus m mà^ n^habîtent

pas llÈus Im $m% du lac et ne se Featëïtôfï^^ le

fleuve, après sa sortie du lac, qu'en aval d'un ra-

pide assez fort situé à quelques kilomètres plus bas.

Les Portugais avaient oublié de nous construire un

pont, et ne BOUS restSilt que àmm tïtennîttites f

tmeerser à h mgèmimmtimpmm^ t&féouas.

Or la tankoua est un esquif aussi peu solide que

possible, auquel les indigènes se confient cependant

pour exécuter de véritables voyages sur le lac. Ces!

un bateau en joncs fortement reliés entre eux, rap-

pelant par $t f#rïne les gondoles de Venise. Comme©6lte coque est p^âi^ffentenf |terméabî^^ i Teau, on

ineldans sa cavité une sorte de radeau, toujours en

joncs et très-épais : c'est sur ce volumineux pail-

lasson que se placent les passagers, de trois à dix^

suivant les dimensions de cette frêle nacelle. Le

nautonier se tient à Farrière, armé d'une grande

perche qui, lorsqu'il ne trouve pins le fond, lui sert

de çâïHB% ÎTî&is le cm hsàmrn transportèrent mmaceîd^nly d'une riva à Fautre, les boinwies les

bagages. Quant aux animaux, on les fit entrer dans

le fleuve et ils traversèrent à la nage, suivis d'un

homme qui les excitait de la^voix et d'une longue

baguette, comme ttnherger qui cMJiiduîttèS tt^^

m fillartgje. Xat ti^ersée dura plus de deux heures.

Ires soldats qm nous servaient d'escorte remor-

quaient à leur suite leurs femmes et leurs ser-

vantes; plus d'un petit cri de frayeur féminine se

mêla à la voix des hommes qui se hélaient d'un

hennissements Ûé$ «hêwâax* ïï y avait ptr nstomeats

un tumulte burlesque • Bien les liâtes forcés ou

inattendus furent pris. Il n'y manqua pas même les

ruades des mules récalcitrantes,

qui couvraient

d'eau et de boue leur conducteur, à la grande joie

ie tont le aiflîïie, ïi* |âietè> la hmm àutaesr de

chacun ne fîit pm assombrie d'ailleurs par le plus

petit accident.

Nous n'étions pas pourtant au bout de nos peines.

Toutes ces plaines qui bordent le lac sont coupées

#îi^taiit m lïmltot Ée^rîvllt^ larges et profondes,

qui sont ses trihttteîmj; lel au moment où noiïs

apercevions, au miliett delàirerdurei les toits pointus

LE NIL BLEU. 285

de la petite ville de Koiia»itt?t, mè sêfionde rîfîëre

nous h^ym le ^emin. C*étaît la Goumara (nom

abyssîtiîêïi I» Ftippopotame).

Là, pas même de tankoua. Les hommes et les

animaux pourraient passer facilement, la rivière

n'ayant pas plus de 50 mètres de large ; mais les

bagages «aiâm« lnûm^f Jlnfin, après Vimdes sofilages^ m Umm tm gïrè &k les boiatties les

pîttS grands avaient pied à condition de lever la tête

pour avoir la bouche hors de Teau. Etre un bel

homme n*est pas toujours un avantage. Les tam-

bours-majors de notre caravane durent opérer la

ip^tMù^tt î«s bagages #de&ife«imes, ce qui àmmÎi0ïi à de îiOïiveiiis îièiiîes et i l« a^tiveaiix accès

de gâÎ0ié, Quant à nous, quittant nos vêtements,

nous nous élançâmes les premiers à Teau, dans le

but de prouver aux indigènes que nous n'avions

nullement besoin de leur secours pour nous tirer

Kûuarata est tiîji ll^#cmti|ïï« fm ijoi^ta^

lîèm. Je Be croîs pas é|rt de térîtiM esti-

mant sa population à deux mille âmes. Assise sur

un petit promontoire de roches volcaniques taillé

à pic du côté du lac, ses maisons à toit pointu sont

ïîttêralemerrt enfouies dans une forêt verdoyante.

Après bien des poûrparlers, bîeii des discussions

ar/imées et acerbes^ les soldats obtinrent qu*on nous

cédât une maison assez confortable.

366 ABYSSINIE.

La propriétaire, épouse d'un dedjasmatch guer**

r0|«iït aï^rs mm le Négouss, étaîl uuê femme

presçw ytïKÉâ^ lielii me&tB^ md^è ses cheveux

gris, au nez aquilîn, aux lèvres pincées ; il ne lui

manquait qu'une robe à falbalas et une perruque

poudrée, pour ressembler de tout point à une douai-

rférê dël%ïéj^ff jT^îmt. ÏTéftîjê t|3pfe le plus par«^

•feiteiïtiçat i^faîf et mî^^p^fy^^ f^s^m mâk^mme, Mmééie d'abord # l^ï^iûeatWfe^de ce dérangement, elle ne nous cacha pas sa mau-

vaise humeur, mais voyant qu'en somme nous ne

mettions pas sa maison au pillage, comme elle

fmM fiii^Çtre «eÉïWtêt #1^ ^nît par s'aàjiï^ir et

laîre confié mtm^mMêJ^^ ^m eam^* G^ltaît im

huen retira délicieux q[ae rhabitation 4e ttotre mar-

quise (c'est ainsi que nous l'avions surnommée à

cause de ses grands airs), une maison assez vaste,

èttMè à Flttljèrîiear ©ïi plusieurs compartiments,

entoiiifée d- uir p!tàia oh pôïjisaiesit à Bwrentîim Implus beaux arbre$ te l%îoias iiiapleafel et tem-

pérées. D'immenses genévriers au tronc dégarni,

aux branches noueuses, servaient de perchoir aux

aigles et aux vautours ; au milieu des bananiers,

det cédratîfijrs eHes CMcaiJgers voltigeaient âéss §ôiïîh

fflaups; de pelîlef peî*iîiiïeseiw|iietw à rentrée

de leur trou ou glissaient de branche en branche^

tandis que des merles métalliques et un oiseau

charmant, non pas tant par l'éclat de ses couleurs

LE IVilL BLEU. !2S7

que par leur harmonie et par la vivacité de ses mou-

jouaient au milieu des charmilles et des buîssoiïs

de caféiers , à l'ombre desquels nous aimions à nous

reposer.

Kouarata possède plusieurs églises, toutes mys-

^Msimtiqiîe lë clêi^^i^ssîitf^u^ etttendaiit i mer-

veille le confortable, choisit toujours, pour y vivre

dans la béatitude du far niente^ les sites les plus

pittoresques et les plus plantureux du pays. Sur

une petite plage , des tankouas sont tirées à sec et

tiim&mà fii^ leurs fi^rî#iîf^^ pi^teot

beau teaip^ s^aireiïlîiïeiilk k pêcbç surk lic^ Çëïte

|>I$ge se continue en marais ju§qm*| nti petit rpîs-

seau qui vient, à travers les joncs, apporter au lac

rhumble tribut de ses eaux, encombrées de nénu-

phars. J'y poursuivis souvent, au risque de m'en-

vaséri 4e h^m% lépidoptères ow mmwm^^m^31e mtmï à tïsvèrs sèalîers i^îlleiiii etaïon-

tueux, qui servent de rues èt qïie barrent d'endr&ît

en endroit les toiles d'énormes araignées du genre

dvgyope^ au ventre charnu et argenté, je croisai

souvent les habitants de Kouarata, et je fus frappé

dtt lîcimb^ei^ i^È^^îte^p»! e^tî^ femmes

pres^aè Maafihes qiïj JiaMlint ^ette pelite ville.

Malgré la clarté de leur teint, je ne trouvais pas que

rensemble de leur physionomie offrit avec nous*

métàm um tmsmtùàmme plus grande que «te

les «utei^ Mfislftî«te:i leurs lÈmm vm semMâliat

liiême particulièrement charnues, à moins que ce

ne fût précisément un effet du contraste de leur

teint et de la forme de leurs traits qui exagérât le

pdrtâîtntMsm loiïgt «l qùî j^Mm^ pM ôatfés, î»#

parurent plus crépus que d'habitude. Il est vrai

qu'il est en général assez difficile déjuger des che-

veux des Abyssiniens, parce qu'ils les portent tou-

jours très-ras ou nattés. Dans ce dernier cas, les

chei?eax soni si forteinent tendus, que leur aspect

Bâtur^X est i^mpUîmieni moàiûé^ comme J0 m'msuis assuré d^^s d'autres pays en voyant de véri-

tables négresses, qui avaient adopté la même coif-

fure en nattes.

liftlac, nous dit-on, est très-profond, et plusieof^s

voyageurs pensant quB c^est un ancien cratéjrêy

opînîoH que p^i^îssent justifier les rûtitet ^tii

forment ses berges à Bahardar et à Kouaratâ ei qui

m'ont semblé essentiellement volcaniques.

Tout au loin, à Thorizon, nous voyions émerger

ewaïae m eôae Tile à& Beck^ «t nom mmtmmd'envie de Faller vÎsïI^^ B^eitx se nfcargea de

nous chercher êe$ tanJkoaas et des pilotes, l^ous

n'emmenions avec nous que deux domestiques, car

les petites barques ne pouvaient contenir que trois

hommes chacune. Mais à peine embarqués sur ces

ilfiOHGORây VUS du village de Forkabeur.

IM NIL BtEHr

fbUes eis^îls pmt un voyage rçlàtîveîaettt ïm$cours p cl^l f îfrdk en^tros êf»qf t é% UmmJiomt'fki^ h Vile de Deck), nos pilotes nous dirigè-

rent vers un petit îlot tout voisin, où se cachait une

église au milieu des arbres^ Nous leur fîmes remar*

^uerqm m n'êtaît pus à cet îloi , tnàîs à la grande

îleïè-ba^ , là-l>as, <pt0 vmMm&^sï^. B^êrîm

leur eflroî serait cirose împmsîlïlê* « î^ïIb àe

Deck! dirent-ils, nous n'y pourrions jamais ar-

river avec nos tankouas; personne n'ose faire ce

voyage; nous serons noyés avant d'être à moitié

route, et quand même nous afeortoà>tt* è fîle,

mm mn&m é^âmmïâ fmèm : elk est Bsiîlêe

par des ïÉoufîtt qxâ nous chargeraîent de j(ii»îneSt

s'ils ne nous massacraient pas. Prières,

pro-

messes, arguments de toute sorte, rien ne put les

convaincre ni les fléchir, pas même le suprême

arguBitiat éês llal^pît^ ^r^e bUms fut de rêimnlr à

terre. Lbs tankôiiâs qwè ttôti* môMlteus étaient à la

vérité bieti petites pour résister aux clapotements dtt

lac, mais on eût pu en trouver de plus grandes, et ce

refus opiniâtre de nous mener â l'île de Deck ne

nous paraissait pas clair. Plus tard, quand nous

Itoes îôîii ^mm^t IJâreé de questîcmfl# îîps

dofiaeslîq««^, mcîUf fiiiliîtes par leur faire avouer le

véritable motif de cette oBftfetîçu^

Les prêtres abyssiniens, qui aiment à s'immiscer

dans les affaires politiques du pays, mais veulent

17

2T)0 ABYSSIMIE.

sortir sains et saufs de la mêlée, ont choisi Tile de

Deck, que protégé sa eeifttiîïe liquide, pour y dé-

poser leurs trésors, éîihm m sôtieîaîent nuîleimeîit

de voir deux Franguis pénétrer dans leur sanctuaire.

Telle était la véritable raison du refus de nos pi-

lotes, que les prêtres de Kouarata avaient sans doute

menacés de Texcommunication, voire même d'une

peine plus corporelle et plus palpable.

Les ri^es du lac étaié»t peuplées â'aîs«awl d' eiftii

pélicans, ibis sacrés, iêroDf ,canards, oies d'E-

gypte, etc., etc. Nous avons souvent porté la déso-

lation dans ce monde emplumé, qui n'était guère

habitué à trouver des ennemis si meurtriers. Mais

faîfiaaîs â«r|oï^ rëlc«ïï3iW 4aBf lâ pïaiïie^îyte^

les marais, des ibis blancs* ou bronzés^, des hé-

rons de différentes espèces. Dans les flaques d'eau,

les gracieux jacanas% àl'aide de leurs doigts déme*'

suréittettt longs, couraient sur les leulHes àés vMm^fars coiûDie siiruR jîâttete^^^àt^

aussi Bit ïïiMin^ldbèiîr *^ plmpétii^ué le nôtre^

msm uti tèrîlaMe fsphir, avec une motîttaïàt d«

plumes azurées; quelques antilopes, toujours insai-

sissables, qui venaient paître et se désaltérer dans

1 Ibis religiosa.

2 Ibis falciaellas.

LE NIL BLEU. 201

les joncs, puis entin le plus bel habitant de ces ré-

gîom, le guêpier Wttâ^ fti* ItW^iîc^fiiiatt en

tdb lîwhè^êttx y ïHfïmter au sôleîl tantôt sa

tête azurée ou son dos et ses ailes de pourpref

tantôt sa poitrine d'une teinte plus délicate que la

rose la plus pure. Sa forme élancée et gracieuse

ses ailes cambrées, les daix longues plumes de sa

queue iwÉàfeat de faire de cet oiseau un des plus

hmm êtres q«*îî sôll fôtsîble de iênm^

Quand,après avoir passé huit jours à Kouarata^^

nous nous décidâmes à nous rendre à Gondar, nous

longeâmes la rive orientale du lac Tzana, à travers

les plaines dit foguérat qu^arrm dt titïfuïiî^îites

rivières î le Keb, une ^aj&ie piytwajart, l'Arno, le

OaïûO^ <îi>a5^ter d» petits fcfïafrt à'^m ^ns im-

portance. Toutes ces rîfîlrê$ étaient encore, malgré

la saison sèche, larges et profondes. Chaque fois,

pour les faire franchir à notre arche de Noé, c'é-

taient ie nmm^mm Mâmïfm ^saîsoûtiés è$ fé»mal de gros sel.

Ces plaines, que le lac inonde plus 0tt moins

dans la saison des pluies, étaient alors couvertes de

bestiaux, qui s'engraissaient de Fherbe touffue.

Nulle part ailleurs, je n'ai vu tant d'oiseaux que sur

lês hmÛB 4tL Mb% Sfes toge^ âtaîeut IM^émàmâliprrées comme rhaHt d'un arléfUîn; des vols

^ Mewps îiiilïiciit.

29-2 ABYSSINIE.

d'oies et de canards s'ébattaient dans ses eaux,

tandis qu'un peu plus loin, semblables à des cava^

lîers mec leurs têtês mnêês â^wêi jpiBâ<É# Jiiïîiïe

,

se pressait im ÎBBôïfti>i^Me feffeiil^ êe grues cou*

ronnées, qu'on désigne souvent aussi sous le nom

d'oiseau royal {Pavonina Balearica). Tous ces

pauvres volatiles étaient si peu habitués à s'effrayer

êtxm coup de fusil, qu'à chaque clltonalto îls

s'életfàietït m croBâsaal^ aitîs pour revenir à la

même plaee^ m ^ètxt de quelques miButes^ servir

de cible à nos coups.

Les montagnes d'Ifag limitaient cette plaine à

l'est, et l'on voyait encore au sud le massif de Débra-

tabor^ que déjà apparaîss^^ôi^it tm Imt^^ïéi^

itmU Oirefuêra , eà Qmàm esl as^^

.

Cette plaine fertile est semée de villages perdus

dans la plus luxuriante végétation. Quand, au cou-

cher du soleil, nous nous promenions sous ces

Bîfsiérîeux «mbrageSi nous entendions les bandes

de grues ^ de hérons, d'ibîs, qui ventieiit, e»pôa#^

sant leur cri guttural,percher pour la nuit au som-

met des arbres, et V aigle vocifer^ tout brun, avec

le cou, la tête et la poitrine blancs, troublé dans

son sommeil et sa digestion, étendait ses grandes

âîltSi -vôitteÊîlm mmmk fw rfftnîr à fhmreprendre son sonjmifeînterrônîpîî»

C^était vraiment un beau pays, où surabondait la

vie animale et végétale, et dans chacun de ces vil-

lages il y aiaît «ne pètîtè êgiisê ân milîm de sen

bois sacré.

Dans Tune d'elles , où nous nous promenions un

jour en emmmmt foDl d'uii œil curieux, nous trou-

domestiques, par respect pour le sam^^^ s'étaient

tenus à l'écart, et nous pûmes continuer notre

examen tout à notre aise. C'était un sarcophage rus-

tique, qui cônt^Hiail ï© ijqîîëlèîjfe d^titt t&fent* Un

tronc d'arbre m0i Mè çtjm$à fît $tàtm0 d^nge,

piïîs enfeloppé i^èmtmn d%rbrt& reliées atrec

des cordes en sparterie, et pieusement déposé

dans le péristyle de Téglise. C'est la seule fois que

j'aie rencontré en Abyssinie un semblable tom-

1mmTiMê ë^e végîoît e^ rep*itée^ lorl tttaïiaîm lin

soir qu'après avoir fait une lèî^giie étap« sams ren'-

contrer le moindre village nous voulûmes nous

arrêter au premier hameau qui se rencontra sur

notre chemin, le chef de notre escorte refusa de

nous I spîvr^ï ôlï%u»i|t lli^f^iîbwiê du pays.

Cette cralnle #aîf puérile, ear mm é0àtit mIotè

in pleine saison sèche, époque à laquelle les fièvres

ne sont pas à redouter. Le village cependant ne

contenait presque plus personne, et les rares habi-

tants erraient comme des âmes en peine, amaigris,

éttï^, eonsuméf par une fîirct ImU # èCHftiîiïiie.

m4 âBYSSmiE.

C^étaît le petit ¥ÎlI«p |*to«?-6arK0, aîniî ncmmèparce qm'îl sa trottire au coEflueml de ces àeu% ri-

tri ère s.

Du village de Forkabeur, situé sur une petite

émînence, nous apercevions les plaines du Deiïibèa,

entre le lac et Gondar ;puis à Touest, à rtorizon,

le promontoire de GorgoTa.

Laissant derrière nous les plaines du Foguéra,

nous entrâmes dans de petites collines plus ou

moins boisées, entre lesquelles coule la rivière

Maguetch,que nom traversânjes sur nn pont de

cinq arches, construit par les Portugais.

Du haut d'^un mitmelon, nous apercevons enfin

Gondar, dans son amphithéâtre de montagnes, as-

sise au milieu de ses ruines, sur des croupes arron-

dies et dénudées. Une heure encore, et nous serons

toff la capitale de râfcpsînîe.

eÔl&Afl ET LE ODOGUiftâ.

Gondar. — Le palais des empereurs. — Eglises abyssiniennes.

— Le clergé. — L'Abonna et TEtchéquié. — Le kosso* —Les hauts plateaux du Ouoguéra. — ]gtraagm mc^îititgiii^^

Attaque imprétrue. — Lê eoîîilat. — Reltaîte dans ï*êgifea*

— Un protecteur inattendu. — Moment terrible. — Lavieux choum. — Un enterrement. — Négociations. —Rançonnés. — Libres enfin ! — Débareck. — Le Sémiène,

— Un repaire de bandits. — JVous revoyons le Taccazé,

ân mtû le M fkkm ân BéMMa, stir àen mame-

lons dénudés qui s'étagent au pied des montilfttes

duOuoguéra, est située Gondar. De là, on aperçoit

le lac Tzana et les contrées fertiles qui Tentourent.

Deux petites rivières, la Kaha et FAngareb, qui

miàm^ mfÈ: le lae, djmôn^lréûi M tile propre-

ment Ifte.

Gondar, qui est aujourd'hui la capitale de rA%s^

sinie, et, malgré ses ruines, la ville la plus impor-

(ante de ce pays, la résidence de TAbouna et de

TEtchéquié , les deux chefs du clergé , est bien

^il en fut,ptiisftte leiatidens c0nTûâîssaîent ce pafs

296 ABYSSIJSIE.

mm ié nom Empire des éwmm^m^ et §0 -ïoîx

premiers sîècîes iû notre ère h foî â'Éthîopîe

prenait ce tilre , comme le proutre l%scriptïOtî

grecque d'Axoum.

Ctontom §màèè qwe iooie çettls ans plus

tàtè i vùm îe ^mmèmB siècle , mm le tègne âe

l^empereur que Sait appelle Facîlidas, le mëim,

sans doute dont j'ai entendu parler à Gondar sous

le nom d'Atié Fazzil. Cest aux Portugais que Gon-

dar doit d'être devenue une cité importante, et

cette opinîoii âemïîle mfl^mnieat justifiée par les

îwînes d'orîgîîie enropèenae que Von y reaconlre

à chaque pas.

Gondar fut longtemps la résidence des Atiés et

desRaz d'Amarah, qui se plaisaient dans les palais

qm hm «imîettl ecmteïîîs 1m ^taljù|Éâs.

Tbéodôros le premier, à^hiiineiïr guerrière #avenitur^èiise, préféra vivre dans un camp, au milieu

de son armée, et il choisit un nid d'aigle, Débrata-

bor, d'où son œil pouvait découvrir au loin ses

ennemis. lohannès, à l'époque où je le vis en

Abysdïïîe^ tt^êtait pas enèore assei Isrineflaent mmmr le trôiie po^r se p^lôeeiiper d*une résidence

royale.

Afin d^éviter toute trahison de leur part, et sous

le prétexte de les combler d'honneurs, le Négouss

retenaît im coiir ribeunt et fltchéquié , et Gon-

dar^ vetive de ses tnattres^ n^était plus alors i|»Vfie

GOXnaR ET LE OUOGUÉRA. S01

cité morne et languissante, qu'un marché hebdoma-

daire parvenait à peine à faire revivre périodique-

ment pendant vingt-quatre heures. Mais pour nous

voyageurs, elle était pleine ifi ^èmimm mWêmm^et, malgré rhostîlité mal dîsdMialèe âèà biBitante

ttWS lîlsôMniê^ quelques jours. On n'osa

pas encore nous refuser l'hospitalité, mais le chef

de notre escorte, un Dedjasmatch, s'il vous plaît, et

porteur des ordres du Négouss , encore ! en fut

réduit à ÈOBéMr far ïà ffeee du marché, parce que

lès^ ppHret fFiteniîTetïl qm la ville était sacrée et

exempte de toute contribution.

Gondar est divisée en deux villes nettement sépa-

rées, la ville chrétienne et la ville musulmane. Cette

lerttîère est une sorte de faubourg situé au pieâ de

la éolBîie, et ftt'iiMle taàle wm p©|»ilatî©t de

mi^téhâtïâs : marchands degltlê^ débits, de coton,

de toutes sortes de choses; et aussi, faut-il le dire?

marchands d'esclaves, que leur fournissent les pays

gallas. Il faut pourtant reconnaître que ce quartier

m«illlmEa mspîrfe î^aîsance , la propreté, To^tl^^

lates â%sfflîttî#tts musulmane |iôrteîît lê même cou-

tume que le» c^i^ltîttts^à cette difiérence près qu'ils

ornent fréquemment leur tète d'un turban, à l'instar

des Egyptiens et des habitants de Massaouab, des

îles et du littoral de la mer Rouge.

Quant à îa^ ?îlle #i^lîeniie> éîlê est eû^^-iniitte

partagée en àm% par an ptofond ravin qmi sert de

17.

déiiiftreàtiéii à âsm qnartiers, nîoraleïûBmt encore

pltis âîstinefs, lé qoârtier de l'Abouna et le guartier

de TEtchéquié.

A l'est de ce dernier, sur un vaste plateau, se

dresse,majestueux encore malgré les outrages du

i temps et des hommes, lé ehâleân l^s éM|>*ifeurs ,

entouré d'une muraillé |>e^èe d« pottes wàtées.

La partie la mieux conservée est un grand corps de

bâtiment, flanqué d'une haute tour massive et

carrée et d'autres tourelles rondes de moindre

importance. C'était la demeure de l'empereur lui-

œlme^ *ûi^ess^iôn de vmkts mU:m qui 4oBiî^t wrBit pèï^ôn^ et âmt les fenêtres, âoîoiïrd*htii béantes

ou à demi fermées par des ais brisés, étaient garnies

d'un balcon en bois dont il ne reste que quelques

vestiges. Ce palais, couvert en terrasse, avait des

murs crénelés eomme ^ienx d%n «hâteait fort. Tout

frés se trwe }& i^mUlm réservé h FimpèrstriCô^

d'une conslPtictic^û anoîns sévère,plus gra«iènsé î

les croisées sont ornementées de croix grecques,

plus ou moins fleuronnées ; la façade offre des cor-

niches , et la terrasse est bordée d'une balustrade à

jour. On sent que d'èiajt là la dexneui'e d^iinefsmnie»

Mus loin, ce châlêaai ^t immensg,. sônt

les bâtiments destinés à la cour ^ lies salles d^armi^Si

les écuries et jusqu'aux fosses aux lions. Les

ornements des corniches, les encadrements des

fenêtres et des portes sont faits d'une pierre

€tIDAR ET LE OUOGUÉRA. 299

rougeâtre, assez friable, et si semblable à de la

brique que Fillusîon, pour moi, eût été complète

si je n'avais vu, à quelque distance de Gondar, la

cardéréd^iiron avait tjrée^«jBiïrÎ0ufe|)îtrre^ qui

m ^Sttttsçrvé sa comlenr vinettse api?ès plas de trois

siècles.

En général, Farchitecture de ce palais est lourde

et massive et absolument dénuée de sculptures, sauf

leà croix grecques qui, sur quelques façades,

surmontent le cintre des prînèïj^Iîit |M?rtes et

A quelque distance de là se voit un autre palais,

également construit par les Portugais, mais de bien

moindres dimensions. C'est un bâtiment carré,

crénelé et flanqué d'un haut iGa|On, cacri tiissî,

qii%ïèîlaîêtft Im Mmf ^ â%ik îïs fOttvâiaiïf surveil-

ler rempereur leur îûiîtïîft*

La ville et les environs sont partout semés

d'églises; il y en a, nous dit-on, quarante-trois,

dont plusieurs ont été construites par les Portugais.

tmllm pltîs solides etplusïigidlères.

En Abyssînîe, les %lîset sonl t«mt#s coiïslrBîtes

sur le même plan. Elles sont plus ou moins

grandes; les boiseries sont plus ou moins réguliè-

rement taillées, voilà la seule différence. Je meBoriieriti lèmâ k âire, en quelques mots, ce qu'elas

sont en généraL

300 ABYSSIllE.

L'église est toujoa^s fîtuée au milieu d'un bois

sacré, qu'environne une muraille. C'est au pied

de ces arbres séculaires , à Fabri de leur ombrage

,

qu'on ensevelit les morts, dont un petit tumulus en

pîérrè mâffue la fGmb&i nulle Inscrîptîôti^ màmmnmrni^m mpfMmi les noais, les qmlîMs in

dèfunl Les princes, les grands de la terre sont

inhumés dans des cercueils en bois et déposés dans

le péristyle même de l'église, comme nous l'avons

m k ri^îsjà d'Ouquère, cômMtè îrtttîâ le vatrôfts

en€0i^ à Goiîdsr*

Lorsqu'on va à une Iflîli t ^ pénétré

dans l'enceinte extérieure par une porte percée au

milieu d'un petit bâtiment carré, dont le premier et

unique étage sert de domicile au gardien du lieu,

tt^ $ms le passage ^ôûté qïif disAitt^ mmè» àmn le

infirmes, des malades, tous plus repoussants les uns

que les autres, qui viennent là implorer la charité

publique, ou des âmes ferventes qui, voyant arriver

irestîbiïïe de la aiô^^a de Mm^ pour mourir pîmprès de lui et plus saintement; d'autres enfin qui

espèrent obtenir une guérison miraculeuse qu'ils

demandent au ciel à grand renfort de plaintes et de

génîîssements.

Wmim eêtftfe forle, ti^ipèrsèz le bois mystérieux^

et vous arriverez à um construction c|lîndrîqtte,

êOîîDAR ET LE OUOGCiRA. mmmeriê à^nm luât mniqne en chaume, que smJ^

monte une croix grecque ornée de boules peintes en

blanc. La muraille est percée de plusieurs portes

en plein cintre et d'autant de petites fenêtres mu-

i^êm âm îtiïi^ t^t$ et i# hm$ éésâ^^ grossière-

wmwâ itîllÉs mm U hache et I%«fîiîîttette* ftm^chîssant ce seuil, vous vous trouverez dans une

galerie circulaire, ouverte à tous les vents, et qui

entoure une construction intérieure carrée, sans

autre ©uttrture çu'une porte, à laquelle conduisent

iâeiix m trois degrés «t que fermeftt ^tùx fcâtt^ttSi.

chaôiiîi ê^mn seul morceau de bois, eiïchaînês par

un grossier cadenas. C'est Téglise proprement dite,

renfermant le tabernacle, que voile encore un im-

mense rideau. Lors des cérémonies religieuses, les

deux partes &^©wvf#îty ef les êêiMm se fî«pnéJrt

hmtm âèerotipîs èsm k galerie^ ^tatïs ïes prêtres

et leurs desservants approchent du tahernaçlë et

pénètrent dans la seconde enceinte.

On voit souvent dans la galerie des nagarits ou

tambours, des timbales, de petites clochettes en

cuivre m w imfrainpïl de jansîffte très^i^rpe^

C^mM lîTÉMi sorle d^ïïm ifer, mmi d'une poignée à sa

base, fermé à son ouverture par une tige où sméenfilées de petites rondelles qui résonnent en se

choquant, quand on agite rinstrument. On voit

encore là des bouquins enfumés âved des cowver-*

tares en bois et cuir gaufiréî çè sont les livres de

pïiè*feS| le papier n'a pas mmm têïïiplacê le

parcfeemîû bb peaa de g&mllB^ et Vhm^^iâmmàMy

récriture manuscrite. Quelques-uns sont de véri-

tables chefs - d'œuvre de calligraphie, où Fencre

noire et rouge et quelques arabesques simples, mais

bon goût , sô mailfiit liwew&ffi^ôi Ihtres

$mé^ pàïmît41, écrits en langue glêse^ la Mngnè

morte, la langue sacrée. Je ne dirai point quelle

elle est, ne connaissant même pas Tamarbinien, ni

le tigrinien,langues vivantes

,qui en procèdent.

Le toit de chaume est, à Tintérieur, très-habilement

coiîstrtfll r ies J^emlïQiis en roseaux qui le formant,

SiymétriquBaietït disposés, sont encore reliés par des

bandes d'étoffe rouge et bleue, et les cercles qui

servent de traverses sont entourés de torsades de

mêmes couleurs, qui, se détachant alternative-

ment mp 1^ felâft^ $m msÈ^ttx^prftdiîi^nt le plus

eïïti*ttiàttï dK&t. Bettt-itre mêû mm mil âë Vtmmnétait-il agréablement impressionné en revoyant, au

cœur de TEthiopie, les couleurs nationales et

l'image du drapeau tricolore, que tant de malheurs

n'ont pu assombrir ni décolorer.

ou trois flerrmpMt^elMlïichâ qui, lorsqtt%tt

les frappe avec un caillou, rendent un son argen-

tin ; ce sont les cloches qui servent à convier le

peuple à la priêPè.

Daiîs l^îsés ïlcîi^s, ïè Mnclïïàîre tsf souvent

tepîssé, du côté de la galerie, de fresques stir toîle

représentant les principales scènes du christianisme.

Ces peintures sont curieuses à plus d'un titre ; elles

rappellent d'abord le style byzantin dont elles ont

lit t&^dsm eïteiff k imteti* La perspective

f Imçoaïitte; le àiàhlB mâ f est i*epfésentè sous

les traits d'un nègre , tous les autres personnages

ont la peau blanche et rouge; les costumes, les

étoffes, rappellent vaguement Flnde et ses coutumes,

ce qu'il faut, je pense, attribuer à Fintervention des

Portugais qui, wmmà le r&irôpe et flade^ ont

wftM «appeler lès^ ^tttreïîîf^^ le It |«itrie, et mtiburni ainsi aux îndiglttês des modèles que cetrX'^d

ont depuis scrupuleusement copiés. On voit encore,

du reste, aujourd'hui dans plusieurs églises de

TAmarah des peintures que les Abyssiniens disent

e«3Hûiéîppe& ^OT^ été Mises piir ie§ artistes portu-

gais j fm M m âmÈi leâ sâEcttMrîi^â 4m Gmim^^entre autres dettitet de Christ et de Miliitei^ tmï^

ment belles ; ce n'étaient pas des fresques, mais

des tableaux sur toile collée sur bois, flanqués de

imx petits volets comme ceri^ «.rstéim d»

mûfm âgé.

Les A%«slaîetis aiment à représenter surtout

saint Georges, saint Michel et les miracles de la

Vierge. Ils ont pour la mère du Christ une dévotion

toute particulière, qui se traduit incessamment par

304 ABYSSIim

le teffcEittles allégories dans le but de proutrer à In

fois sa puissance et sa bonté.

J'ai été frappé par l'expression, dans une de ces

peintures, d'une idée originale et naïve : le Père

éternel, entouré d'anges, y est représenté tenant i

ÏE ïnaîn le drapeau aux eoiileurs abfssinîeniî^s

,

blanc, î?ôuge^ et blanc, disposées horizontalement.

Nous avons visité la majeure partie des églises de

Gondar, les plus importantes du moins et les plus

belles, et presque dans toutes nous avons vu ces

paîntBrîs litml^ nlm^ é$ parler,

11 noms Mstâït mmm kmk^ cfu^ques ruines et

rabbaye de Kouskouam, située sur un autre mame-

lon, en face de la ville et de Tautre côté de la vallée

qu'arrose la Kaha. Nous avions pour cicérone un

Grec nommé ôtiorguis , ait tiïâaFaîs dr^Ie én

fût, devenu âbyssrafetî: firt portant le eostirme îndi-

gêne.

Nous trouvâmes d'abord au fond de la vallée un

petit monument que je pris à première vue pour

une construction arabe, tant il ressemble aux mara-

hmtsqm Tm retiieoiïlre dans les pays ntiotsîitoaàiï* t

trois pîkstrts^ rlwtîs pardes iroâles m plein cintre,

supportent un dôme* La destination de ce monu-

ment est plus bizarre encore ; c'est le tombeau érigé

à un cheval, mais à un cheval d'empereur, par les

orirts i|ésm mêSké -ÉMè fmM^Prè$ imMm trouvent les bains du mèwm ^mpe-

<îtïS&4t ET Ll OUOCUÊRA. 3Ô5

reiit, construits encore par les Portugais et trans-

formés aujourd'hui en église.

Au centre d\ine enceinte de murailles flanquées

de tours se trouve, ombragé de beaux arbres, un

lâtîBifRt carré enteûfé i^a l&âsé qu*ôn traverse

sur 11» fùnt àêhhté. î^ê fossê^ dêtattl la ^itde

méridionale, formait une vaste piscine carrée ; mais

tout cela est aujourd'hui desséché. A deux cents

pas au nord, on voit encore une autre petite con-

struction qui renfermait les pompes. L'eau tombait

éms âm Êjassiut ^1$ ètaîl èhnollê et^ p^r tecOBchjîts sfioteraÉt^ «trftàît^ iéde encorè, ênmIm salles de bain. Tout cela est en ruine ; les

conduits sont bouchés, les pompes n'existent plus,

et il ne reste plus que les puits à demi comblés,

HbsM% $iïr la eolliiie^ au milieii d'une fî&rêt û&

rumes de VMi^é^ JW^fale ÎKdii^louam, moitié

castel et moitié monastère, entourées d'une haute

muraille. Nous errâmes un certain temps dans le

bois sombre et silencieux, puis un enfant ouvrit un

vaste portail et lmW M |>àfflètr©r àm& mmmmf ©fe

q^ujeïqpa^ Imttes sertOTt i^alïitatîon mm ptètrès^

aqit «f^SSêfvants et à leurs familles. L'abbaye est un

long corps de bâtiment, dont il ne reste plus que

les murailles rougies et noircies par le feu ; l'archi-

tecture en est sobre et sévère. Accolée à l'abbaye,

se trottfftît ttttê petite église cylindrique égalçiâctdnl

300 ÂBfS^tîïlË.

en ruine. Il en exî^ wm smïtê^ pîo» récente évi-

demment, construite comme toutes les ègîîses «Bys-

siniennes, mais très-vaste ; elle renferme un grand

nombre de peintures, et, dans un réduit obscur,

derrière le sanctuaire, on nous montra deux coffres

recouverts en eiîr rcuge, ornés à& él^tts at èe

riiTès en mtivm^ qnî renferment les ossements d'em-

pereurs et d'impératrices.

Cette église avait le triste et singulier privilège

d'abriter, avec les cendres des anciens et puissants

mâîlrés du pays, le dernier rejeton vivant de leur

Tace, de ijetlé mm royale qm^ diaprés la tedîfîon,

sentait conïer làns ses veines le sang de Salomon :

c'était un pauvre vieillard qui vivait là, hébergé par

les prêtres, dans le souvenir de la gloire de ses

ancêtres, et était comme Fexpression vivante de cette

pensée pleine 4« plllmoplîe lel êé Uristess® ^ $ie

trmê^i ^kina fmmdiî

Beveniint par une autre route, nous visitâmes sur

notre passage la carrière d'où ont été extraites ces

pierres rougeâtres qui ornent le palais de Gondar.

Après la visite des églises, le moment est venu de

prier A. clergé d,jssi»ién, ,«e «oas tronvoù» i

^mè&t flm mtE^tmm que l^ai-toiit ailkirs. Ses

ux chefs sont YAhouna et VEtckêqméj, les ^eux

hommes les plus puissants peut-être du royaume.

VAbonna est l'évèque, chef purement spirituel

de tout Je clergé abyssînîèji. H est nemml fat le

fiÔNDAR ET LE OUOGUÉ*A* 3(n

patriarche copte d'Alexandrie et doit toujours être un

étranger. Le plus souvent ce ne sont que de pauvres

sires, qui ne consentent à accepter la mitre d'Ethio-

pie que dafts: l^ê^ir é$ Mr^ Smimm ei de refèâîy

ensuite dâiîë l&oùt pip^ Wnîw c^est un taîti eà|i^^

Les Abyssiniens, qui payent une gfôsse somme a«

patriarche, à Favénement de chaque nouvel évêque,

considèrent leur Abonna comme un capital qu'il

faut ménager et le surveillent de près pour empê-

1* f m Imx êéis^^. te jg^hî-ôî parti, il

Ikod^aîl f$£fÈt à0 ïiôwèawt pour éti oMeiétm mlim*

Malgré les défauts qui lui tiennent lieu en général

de science et de sainteté, TAbouna ordonne les

prêtres et tient surtout entre ses mains les foudres

de l'excommunication, menace terrible auprès d'un

peuple atï^si flftteeîîjè I si^ foi que le sont, pour la

plufirij^ les lbyssînîen&.

VMtCàéquié est le chef fempor©! du clergé;

comme pour l'Abouna, il ne peut y avoir qu'un

Etchéquié dans toute l'Abyssinie. On le choisit tou-

jours parmi les indigènes, et il a sur l'Abouna cet

atmntag© 4*ttr0 i« f ^® fi<»îUâître \m mmwts fit

M caractère idu peuple* lî |ossid© ém fifi]fe quilui

assurent de grands reveuu% et s^il ne peut consa-

crer les prêtres, il partage avec l'Abouna le pouvoir

d'anathématiser. Aussi les deux quartiers qu'ils

habitent à Gondar, l'Abouna-biet et TEtchéquié-biet,

sonl-ils regardés cottime des âsîks îipvîoltîîî^s et

308 ABtSSlilE.

sacrés, cmifê ï^sfttèls tîtaiaeiit se brîsêr la mn^geance des emp^tsar^ #I^jy^t(^^ des lois. Ce pri-

vilège d'asile est commun encore à plusieurs autres

ailles saintes, notamment à Axoum, et à la plupart

des monastères et églises.

Aa^ssstts 4f fîts deux #e|k fti^rè^ifes lî^neat

leis^ prMms de différents iegréi^ qiâ d^tstr?eut les

églises, les moines qui vivent à l'ombre d^un mo^

nastère, les clercs et enfin les deftéras. Tous, à l'ex-

ception de FAbouna, peuvent se marier. Lorsque

ttQus rencontrions m village de riche apparence où

tout reèpiraît le mïïnè et le bien-être j on nous disait

invariablement que c'était un village de prêtres;

c'est qu'en effet les districts les plus riches sont

l'apanage du clergé, exempts de toute contribution,

respectés par les armées ; la richesse a pu s'y déve-

lopper étt dè^f i# fiiiÉîtp©. âux reveîîiîs: ie htmtû ^mmmk ^wS^étété i^^$tm le «iiso€l qtte

fournit l^exercîce de leût ministère et les àom des

fidèles.

Les deftéras forment la transition du clergé à

rélément çitJl. Ils n'ont poîtîjt Mà mmàcvès; ce

sôiit sîln|jIeiBeïïl âéB lettrés qui inwmà éê leiîr

pitiîpte en transcrivant les livres de prières ou en

composant des amulettes et des talismans qu'ils

vendent aux fidèles. Il y en a pour les hommes et

pour les animaux ; les uns et les autres les portent

m cou, êatt» é$ petits sadbeît M îmrfemx m

GOXDAK ET LK #lîMïîÊaA. 309

cuir* Les «ii^Iaiîaa^ les acddeots y mrà ftèvns ,

souvent représentés par des figiires allégoriques et

conjurés par une prière ou une formule cabalis-

tique. Ces talismans sont écrits sur des bandes de

parchemin, proportionnées au nombre de maladies

ôu ^i0eî(léîïfe <^irtre lôsqueïâ ils êMvent protéger,

jmÎB plas âncore au nombre de tîi^litrîs les

deftéras ont su extorquer â la naïireté de leurs

clients.

Il est inutile de dire avec quelle confiance aveugle

et quel religieux respect les Abyssiniens portent au

Wmm mmm déjà m im^l 0éljtâtalwr m sitrî-

huait au malin espirîl Is ïnaîtdîe d'une pauvre

femme. Les Abyssiniens ont encore d'autres super-

stitions. C'est rinfluence du mauvais œil, ce que

Fou appellei^ît fift Itâïîe Ibl jetiatura. Aus^ Im

4è|SSïttîens fie ptgtiiïittt-îlâ laïûàîis atïcun alîmeut

m public,pas mêmê «u verre d^eau , eaf é*est

,pré-

lendent-ils, pendant cette fonction de la vie animale

que rinfluence du mauvais œil est surtout à redou-

ter. Lorsque,voyageant en plein midi , nous ren-

00ufrîô«& tm fWr tuissetu ^ 1^ t^e ©àtf

Iraîehe et ttïiJWijtfrâtt^ ravivait raîguilîon delà soî^

et I sans mettre jpîed à terre, nouf ciivoyîons un

domestique puiser un gobelet d'eau; mais si sau-

vages, si désertes que fussent les rives du ruisseau,

le bon serviteur ne manquait jamais, pendant que!

310 ABYSSINIE.

nous buvions, de nous entourer de son taub ou de sa

chemma, de peur que quelqu'un ne jetât un coup

û^îl n&t^& htmmn^ el ij»© mi oiï ^ fôf le

gnant d'avoir, à son insu, le regafll^ûeste^

Si, l'étape étant trop longue, nous venions à

manger en plein champ, ce qui , même en voyage,

€stl0H|ûiïr« ïi^ plaisir, nm êomestiques

Eotis cdîïffecïîeïïtfaffetït îMinédialeiftent nm «aWe <fe

festin avec leurs chemmas, et quand, atîdes de

grand air, désireux de jouir du paysage ou redou-

tant pour de bons motifs le voisinage suspect de

leurs vêtements, nous donnions l'ordre d'enlever

im m^^^jBs Im^mmsém^ qui éttsseiit au sonteut

besc^ffli"éîmpfts^ cfetBy, les Migtaine dissimulaient pas leur mécontentement. Ve-

naient-ils eux-mêmes à prendre leur repas en plein

air, c'était bien autre chose : ils empilaient sur un

lamlréitfii Malte^ Jes |^etttf ie èùnr^ ; puis , se

rawgêant m eétêB^ Ife él^iieTïl a^-4eisiït ^^mleurs taubs de manière tôu^

qu'on eût pris volontiers pour une masse inerte sans

le bruit très-significatif de mâchoires qui se faisait

entendre à l'intérieur.

Aucïin r«î$Qnûatïient, si probant qu'il fût, nWit

pu %mmmémifè , tant est pt^îaid cet aikîssBmenl

moral et religieux dans lequçî it pu tomber nu

peuple intelligent et chrétien ^ sous rjnflueneè

GOWDAR ET Ll OCOGtiiîtA.

d'tm clergé ^ont rambition n'a d'égale fîgtto-

rance.

Les Abyssiniens cependant ont une foi vive et

solidement enracinée. Un jour que, causant à

Adoua avec un indigène qui épelait comme moi

quelques ffliots d'arabe,je lui mmitraîs: mon ÈkM se

iàmfgm0: la <îïiltss# et que fè^it|i»s 4^ lui

feïire côHiprendre la supériorité des armes eiiKH

péennes, les prodigieux effets de Fartillerie, que je

lui dépeignais nos nombreuses armées, manœu-

vrittit comme un seul homme, comparant les forces

wïîîl^M^ de î'iïii^ôfe â mïïm de fâbfssîîiîe t

« €*est viiî^ m$ yèpôtidffiNil, nos soldat*m pmay

raient pas lutter contre les vôtres , mais nous avons,

pour nous protéger, Martam [IdiVierge), etMedani-

âïlem (le Sauveur du monde), contre lesquels vous

sej^lïHfnlsganls. Croyez-vous qu'ils n# se charge-^

raient fas de défendre eo*-nîtoes les égBs^ que

BOUS leur avons élevées ? Vos fusils , vos canoifâ lié

pourraient triompher de Dieu,qui viendrait avec

ses anges combattre pour nous, y)

Je n'avais rien à répondre à un tel argument; il

n'y a pas à \%ï%m mtém wm hî M naïve ^ etaiiai

homme s^en tlla^convaînciï^ne rintervention divine

lui donnerait la victoire.

Je n'ai pas assisté aux cérémonies religieuses des

Abyssiniens, mais j'ai pu constater souvent avec

quelle ponctualité,malgré les tEâtàiii les plus pé-

sa ABYSSINIE.

ÈMm^ ils <^ï>8érftïïï let jeanes fréqaeiits, longs et

ïîg^iï^^I

qiîié leur impose leur r^îgîôM ,puîsqiïâ,

âutïtilt ces jours de pénitence, ils ne doivent pren-

dre aucun aliment avant trois heures de Taprès-midi

.

Cette fidèle observance des préceptes religieux

n'est pas eepewdaitt k mémn àïïmiùm Im eat^ Il ya en âbyssîiiî^ deux iriaffaps t lé tftarîage èîiiî et

le mariage liglîglittXr Ge^ contracté à Féglise

devant les prêtres et après que les deux époux ont

communié ensemble, est seul indissoluble; aussi,

les Abyssiniens, de mœurs assez relâchées^ crai-

gnent^lis^ ita^tt^tip^ lîei iiittiage religieux, qui est

é& imamm Mi&im «sïtê ;m lttrîi« k se laaipitr

civilement pour pouvoir divorcèf àlôîsîr^ et ce n'est

plus alors qu'une formalité qui paSse entre les

deux familles,

femîlle an âbyssînî« , m qui n'mapèém pas les

sigîgtïittRS # les gens riches d'enfreindre cette loi ,

sans que cela nuise en rien à la considération dont

ils jouissent auprès de leurs compatriotes. Les

Agars ne sont pas rares dans ces familles patriarcales,

et, quaJBt I^«S^îP?lifl its feiainii^^ les gens tkkM

et Ûemn^m ne se gèaent pas poar teîtfer îmts

voisins les musulmans.

Pendant notre séjour à Gondar, il y eut un marché

assez important qui se tient sur la place de la ville,

irtstê terJPialii vague, raboteux, raviné, çônirert de

è^SBâii.m m # 00 Gu

i

r a. îis

autres ^il^li avait peine à lesdisïîîiguer. J'y reoiar-

quai un grand nombre dechemmas, qui sont répu-

tées pour leur finesse et aussi pour leur bon marché,

ce qui tient sans doute à ce que Gondar est tout

voisin des pays i^Oii^tefeâi Mde MtttôiiiiBaB

pâi^lt^îî^ m aJrtaito^m coton d« hmm qualité,

J*y vis encore des cuirs de bœuf tannés assez artîs-

tement, le dessus étant poli , luisant , et le dessous

plucheux; mais ils étaient rigides; pour les assou-

plir, 0X1 les graisse avec âtt bwirej M jmasM

attpamvattt^ Ils devIetHieiit ttes brun

rooge et pras^ttè împeruilalîës m qvLÏ lés rend

précieux envoyage. Il y avait aussi beaucoup debes-

tiaux. Tous les bœufs d'Abyssinie offrent à la racine

du cou une bosse, qui acquiert souvent un grand dé-

veloppement : c*estÎ0beeiilièton, qui se rétronv^ âaws

râîrîque orientale mm YèqmlmT$ at msm dans

rinde; mais j'ai vu dans le nombre > à Gondar, ces

fameux bœufs gallas qui , tout en présentant cette

bosse, sont munis de cornes véritablement colos-

sales. J'ai dit déjà que le Négouss en possédait une

é^um capMllé dt qmXmm U^mi c^e^l la m il?é-

loppem^t rare ^ niais J^î vu frèfneiaînent d'an^

très cornes mesurant six, sept et huit litres, ce

qui est déjà fort respectable. A Gondar, il n'est pas

rare, les jours de marché, de voir ces animaux vi-

vants. Ceux que j'ai rencontrés dans cette circon-

18

mê 4EÏSSIN1E-

§%itaa étaieûl sam îûnle dégénérés par àuîte d#

crtnsements^

car, Mà» j^iie monts ié très^b^îles

cornes > CBS cornes n'offraient point ces proporfions

gigantesques dont j'ai déjà parlé.

Il me reste, avant de quitter Gondar, à dire un mot

de ses waisons, qui ne soïit canstriiltes , en général,

l^ïfcc^ta, c'est-à-dire quelles m sont pas i^yrèes,.

mais cylindriques et couvertes d'un toit conique en

chaurne. Cette forme cylindro-conique est du reste

celle qui domine dans toute TAbyssinie , avec cette

difcenije q^a les; inaîsoiîi4i Swîéaf font Mbm fias

spaéîeiites el confortaMé^ qiiê ïm haïtes tm^avions vues dans les nombreux villages #1^ nmmavions plus ou moins séjourné pendant notre voyage.

Au lieu d'être en ramée, les murailles sont en

épaisse et solide maçonnerie, puis à rintérîeur on

a construit wm létàtabre carrée, qui touAt àlft

nïnrëîlM|târm paire tngles , isolant ainsi fwitfrtsegments qui servent soit de vestibule, soit de pièces

accessoires; le tout est surmonté d'un plafond avec

solives et soliveaux isolant du toit, et mettant ainsi,

pair^ôntéquent , à rabri j^î^itenipêïî^ In^elnMrs

la plétôe ittléri^oï^ fa maîsôos ^e tronvent ton^^

Jours an mîîièn d%ne mm où d'autres constructions

servent aux usages domestiques. Cet ensemble con-

stitue des habitations vraiment confortables, bien

qu'un peu obscures.

GONDAR ET LE OUOGUÉRA. 315

Ce ne fut pas sans difficultés que nous obtînmes

,

m mùmm^in départ, les porfea^ ftéce^aîtetfour

les bagagês ,^et cdt en dépit de la force armée qui

nouipir#êge$it. Mais malhe^ireiiseMTOt j(îi^

breuse escorte ne devait pas nous accompagner plus

loin, et Ton verra bientôt de quels malheurs cet

abandon et Téloignement du Négouss furent pour

soïiffliîs an lâMgà ^aî n'îgttiwmît pais â^aill^ys j^^oe

le vice-consul avait, près 4w Négouss , cbâwdeinetit

plaidé la cause des missionnaires français catbo^

liques, c'est-à-dire de leurs adversaires.

U» vieillard à lairbe Jïlâït<Éd ^ çéléljrft |fr $msympatMés p<ràr ImiiiitypâeDts^ m tîje vtrta©^ et

«ôû îaf#igéêiCi^ taiplà^eai^ se sont

plu, dans leurs écrits, à reconnaître les bons offices,

le kantiba Aïlou , vint nous conduire jusqu^au de-

hors de la ville et ne nous quitta pas sans nous

mrtm ȧmlà$mmti^ h imm et nmê sotibaîterun

hm v0iip^

îibusnetârdâïipiespas, après quelques ondulations

du terrain , à rentrer en pleine montagne. Je m'étais

un peu attardé, et il était presque nuit quand j'attei-

gnis le sommet du plateau. Je contemplai une

âerftîère m M àiswil actieu^ le tm î!mmqu'empô«^r|>ilaîfeftt les feux â'm mkÊ tmiiém^. ts

froid se faisait vivement sentir sttf <jettejbaitti&i^^j

j'avais perdu la trace de la caravaiie^ et, Èonnaîs*

316 ABYSSIN lE.

sant le caractère peu hospitalier des habitants, je

commençais à être inquiet. Sans cette préoccu-

pation, j*euss0 ÈêMivê le pays où je me tPôOTaîs,

Vêêlm ffMiiim sîtuies ^ de 3,060 mètres

d'altitude et où la végétation avait conservé

toute sa fraîcheur. Aux exhalaisons du soir se

mêlait le parfum des fleurs blanches , dont d'ira-

ift#îïsts rosiers «a pralent tomme â^^um Wîbe irir-

Guidé par les indiestîiEwas qm Hassein tlîâ

cueillir dans un hameau,je rejoignis M. de Sarzec

au petit village de Kossoguié, ce qui veut dire

ville du kosso. Jamais nom ne fut mieux mérité,

^arïiWit spÉûiir d# te tîîlàgj& sté groupaient en gra-

mmmîs im homm^ tm te plat folîs arbres

d'Abyssinie, ua 4«S plus utile&|iii$sî. Le kosso, que

les botanistes nomment Brayera authelminthica

est un arbre dioïque de moyenne taille , au port

grêle et élégant, avec de grandes feuilles com-

poséés à^m ir©rt ^aibî^ et %mû chaque foji#8

est elle-mêmè émîi^ sm S(ftî pouFtoaf çômïûB

une feuille de rose. Les fleurs forment une grappe

allongée d'un rose vineux et du plus charmant

efl^et.

Lé kosscr^ aÎMJûtol èm% mâmms trions de

râbyiSîaîÉ^ êsl cepenitat ïté%^mûhh, Mm l'ai vu

que dans deux endroits, sur les plateaux un peu aji

sud de Débratabor, et sur eaux du Ouoguéra, toa-

GOIVDAR ET LE OUOGUÉRA. 311

joîïrs i iiïift altitude qui n'était pas inférieure h

notre dépîô^lrit ïSIâûîe ûe dénaturer tous

les noms indigènes, nous avons fait de kosso

cousso j ce fameux ténicide dont tout le monde a

entendu parler, et qui tient, dans notre pharma-

copée , le preniÎÊir ftfif îMÎ l⧠fîeiBMés pteserîts

• piïilf Cônalalfre les ténias m mm solitaires j déno-

minatîôtt qtïi, ^titre parenthèses, est absolument

impropre , car il y a d'abord plusieurs espèces de

ténias, et il n'est pas sans exemple d'en rencon-

trer chez le même malade deux ou plusieurs

îndifidiis.

|Lt Hîïîa est um imliâlé tr<^*4rlqaénte les

Abyssiniens : presque tous même en sont atteints,

du moins ils le prétendent. Quelle en peut être la

cause? Beaucoup assurent que Ton doit en re-

chercher l'origine dmm Vvm$^ ioiniodérê de la

irîâîiéè ûii taïwîût di*âiilr«s péï)sêiït qrt ïaut

altfîkiiôrîi^ présence cel entozoaire anx alîiïieaîs

mucîlagîneux^ tels que les galettes de teff ou de

dourah, qui forment la base de l'alimentation en

Abyssinie. Mais le docteur Petit \ rappelant qu'en

^ Voir T. Lekebvre, Voyage en Abyssinie, t. II, p. 368.

he docteur Petit faisait partie de cette expédition française

qui explora um pajrliç 4e TAby^sioie de 1839 à 1843, expé-

drtîôîî dont iî. Th. Leffefcvre était fe clief ét qui produMt de

grands résultats scientifiques, mais dont l'issue fut si désas-

treuse. J'ai déjà dit, en effet^que Quartin-Dillou /un de ses

18.

SIt ABYSSIXIE.

Suisse, où Ton ne mange ni viande crue, ni ma-

tières mucilagineuses , le ténia est très-fréquent, et

faisant ressortir la frappante analogie qui existe

entre TAbyssinie et la Suisse , croit pouvoir con-

clure que c'est à la nature des eaux que bôîfeiit

les habitants qîi^il faut attribuer Forigine de cet

helminthe.

J'ajouterai que le ténia est encore très-fréquent

en Algérie, où Ton ne mange pas non plus de viande

QMm qxj^Um soîl, les AByssInîetïs^ fui eoiiBaîsseiji

parfaîtei»eut celte maladie, n'ignorent pas le remède

que la nature a placé à côté du mal. Ce sont les

fleurs du kosso qu'on emploie. Elles sont émondées,

séçbées, et, quand on veut administrer le remède,

on les é&mm stM? vmM pmm ttefc le fèaHi Ïsl

bière ott dtt lîitîc^#^ |usfm'a en faire une pâte, qn*6n

délaye ensuite. Les plus raffinés la filtrent, mais j*aî

souvent vu administrer le kosso sans cette précau-

tion. La dose généralement employée est une poi-

gnée dt fleurs Bêchés .

niemtres, fut emporté par la fièvre du Mareub» Petit, qui avait

survécu , traversant le Nil Bleu à la nage,disparut tout à coup>

entraîné par les terribles mâchoires d'un crocodile. Vigneaux^

le peintre de Texpédition, mourut de la fièvre M reîrenâiït 4eMàsmpiih àSuez* Seul^ Lefebvrç revit la Fi^aa^f^ qftîl %i*iu

pas luî-ïîiênié à succoniber aux suîtês d*nne maîadié contractée

en Abyssinie. Terrible exemple, qui n'empêche pas que bien

d'autres se dévouent et se dévoueront encore à marcher sur les

tracer de cm imrt|rs de la sdence !

GONDAR ET LE OUOGUÉRA. 319

Tous les deux mois chaque Abyssinien, homme,

femme ou enfant, prend le kosso. Ils expulsent alors

tim partlè êm lèiaîà l aiaîs pôiif obleîiîr une guéri--

SQîimtti|»lite, ïî:Éïiirâît im^ dotite continii^rlë Wm-lemant pendant plttsîeurs jours. Peut être les Abyssi-

niens ont-ils reconnu l'inutilité de toute tentative

pour se débarrasser complètement de cet hôte obstiné

qui ne tarderait pas à revenir, et ils préfèrent sans

d^iem traîtemetït pall^tîl jÉtn« te 1ml ^*«i]Èi|ê<slifâr

M M$hMé âm ftmàm ié ttép graniés p^^ûrtfoïis

.

Peut-être aussi redoutent-ils les dangers de ce trai-

tement par le kosso, dont Fingestion rend, paraît-il,

très-souffrant. Ceci me fut expliqué à propos du

jour de congé que mes domestiques w&mimi tam

à four me dfiaa^jfeï^ à im é|ï>fp^® fym^ p^mpmit^ h kmQf dîiaimt-ils. Je v®ij!tts ^oâtei* au

kosBo, et je troBvaî cette drogue atrocement matt-

vaise.

Nous étions à quelques minutes de Kossoguié, sur

le bord occidental de la déga du Ouoguéra, qui sert

4e hme aux pîiis hmh s&mmèk du Séjôîàfte, êt

quanl |t dis le bord de la déga, je n'emploie fmune métaphore : le terrain était plat, brusquement

coupé à pic du côté de Fouest. Nous marchions

parallèlement à une vallée profonde de près de

ÎJiO inifcDBs et IdiïI im p$réîi étoîeut m exaiïte-

ment verticales^ ^u^u euî pu ^ dôiïiuje Je l*aî dît

déjà a propos d*une autre déga, s^asseoîr sur le

hôtif lm fiais pEtttdltîi^ d«îi& îêifîfle. A peine si

nous apercevions, perdu dans la brunie, le fond de

cet abîme, d'où s'élançait un chaos de montagnes,

toutes plus extracïftdliaaîres Jès mm qiié lét àuli^$^

ÏI y en avait de coniques , de tronquées , ^^mttm an

forme de dômes ou de p|râinîdes ; aîgiîiîlés

semblables à de gigantesques obélisques et annelées

comme un roseau. Leurs plus hauts sommets res-

taient bien bas encore au-dessous de nous, et, vu

aîôsîm risêmmé^f m éèâ^ àé montagnes semblait

l^m fettlâsîfqfte mmm. à%t loin une ligne nébu-

leuse de montagnes bleues et déchiquetées fermait

rhorizon : c'étaient les massifs du Tagadé et du

Ouolkaït, qui formaient aussi Tautre versant de la

tîâiâe.

^mi m âéittîmnl ce patwifâma 4ms m im^rn^

tueuse étrangeté, nous arrivâmes tout au bord du

plateau, au village de Ouébéïn-Mariam , dont on

voyait, perdue dans les arbres, la petite église au

toit pointu. Nous n'avions plus comme escorte que

lé §1^0 bâchai Sâmfrou^ qtiî Bt>us avait pas qîujïté

jiepïiî^ â4ijm> *t un antee- jeune homme nommé

Ouarouari, qu'on appelait généralement chounij, je

ne sais pourquoi, car il semblait plutôt être un sol-

dat ; en réalité, il avait été délégué par le Raz

0tt^kSAs4 fôfltemewr M Otw^mîèm ^ alomè

l!*aï^ée è% Blêgôtiss^ pcmr nous servir d*iîîtroduo-

leur éms les villages et réquisitionner vivres et

pii^itetirs mx nom du Râz, le JM^îtife wûi^éîliftt de

cette prûfijflrcev

Il eteitdonc revêtu d'un caractère officiel et, cîe

plus, connu dans le pays. Quant au bâcha Samrou,

il était porteur d'une lettre du Négouss, signée du

$mm îinpérial, Mbm âàtts laquelle le souverain

ordonnait à tous sfs snjets de nfrù# îrta%sf conmeses amis ; mais en même temps que nous étioiïS lès

amis de ses amis, nous devenions les ennemis de

ses ennemis, et je soupçonne fort que le clergé

abyssinien lui gardait rancune de la bienveillance

qu'il avait pretiïlse &m mk^rniÈLakén îcâlîiôlîques

sur la ieÉtonde dm viee-cûtiSfiL

Compagnon de M. de Sarzec, j'étais englobé dans

celte animadversion ; il était trop juste, d'ailleurs,

que je partageasse les périls d'un voyage que je

n'aurais pu accomplir tout entier sans son obligeant

nous passons devant l'église et entrons dans le vil-

lage, dont il est indispensable, pour rintelligcnce

de ce qui va suivre, de faire en quelques mots la

topographie*

A l'ouest et tout pris |iteau est située

Figlise; à l'est de cette 4mm^$ tmwê uti

espace libre, sorte de place entourée au nord et à

l'est d'un ravin, sur les flancs duquel s'étage le vil-

lage ; au sud s'étendent les plateaux que nous

322 ABYSSINIE

venions de parcourir; sur de petits mamelons au

mti et If©ilM kmmm^mi^û de pafis villages ;

içia#q««s maisons sont ^ en outre, adossées m wmtd'ênceînte deréglîse, qui est encore dissiaitilêpar

des arbres et des buissons. La porte d'entrée de

Féglise est située de Fautre côté, c'est-à-dire à

Touest,

tJmB. cm ïïmmx& «djâssÉês tu iEar dt règlise

fut rédâîuèe par Ouifci^iiri fmt mm eompâgaoîi

de TOfage, et cette négociation donna lieu à l'échange

de quelques paroles acerbes; mais nous étions si

habitués à cet accueil peu hospitalier, que nous n'y

prîmes pas gardée

î^lkqm je t^itêNiîs^m emplàeêîiaitîil ©on^-

ïjahle fjmr f îastdtler fente, fentsiidls uéù

grande rumeur. Hassein, effaré, accourait vers moi

en criant : « On nous attaque ! Je sautai sur mon

fusil et, d'un bond, m'élançai vers la place. Le vice-

çoîjiul #y Iroffvaîl Sé^ht % ^ît précipitamfflîeîSl

:qîîltlè sà i^dMEnc mfs laqiieHe m tmli un flot

humain. Tous nos hommes l'avaient suivi.

Nous étions maîtres de la place, qui fort heureu-

sement dominait les environs, mais les indigènes

nous investissaient de toutes parts. Les hommes de

plùsîaiff Villages eteîeiil M#§iinMés là^ et ntous

voyîoîîs arriver de tèm eôtlSi çe qui prouve bien

que nous venions de tomltêp èïïm nu gaeNpens

prémédité et préparé de longue mninf

GONDAR ET LE OUOGUÉRA. .'523

Ûf minn 4É©œêïi|i*jbâédl§îon^ Les deux armées

Moîis ne coBÈLmaïïdions plus une si nombreuse

armée qu'à Mizerem ; M. Piajjia et Bourrou étaient

restés au camp du Négouss. Nous en étions réduits

à nos deux fusils Lefaucheux, à une carabine et un

fosil à piston, i&nî éttîôtîl mm$B Hâ^tiîô M mèôîïïeîitiqtte ûb M*- 4a Sartec^ wMiîffil Btmgaellî*

Hassein, le bâcha Samrou, Ouarouari et le kantiba

Guorguis portaient les longs sabres abyssiniens;

nous avions en outre quelques lances et deux ou

trois boucliers.

Proitol lé m mèïïmâ Iw hmM Sam-

rou Itmagita le peaple^ rniamkm^ à tous la lettre et

le sceau du Négouss.

Le kantiba, du fourreau de son sabre et de sa

chemma, se faisait un bouclier ; M. de Sarzec et

moi, nous étions Tun près de l'autre au centre de

la plac©^ Ï0 Iftsîl #ârgé et aïiûê t ttiâîs âHeftdâii^

ei|Séjpwit toujours que cette écbEttflburée se cal-

merait.

Au discours du bâcha Samrou, les balaguers

(paysans) répondirent par une rumeur menaçante,

et aussitôt des pi erres>parfois très-grosses, landes

a?ee des frûndM^îi siïBpïfemjÊïîlâ làinairr, se nii rent

à pleuf^ mtmm de tous eêfès.

Nous attendions encore, espérant que devant

lotre calme la fureur des assaillants s^apaiserait.

324 ABYSSINIE.

Vain espoir ! Les pierres tombent plus serrées que

Jamais* Quelquei-iMJt ie mm àim&^qum ïmMMM^sent et les r©d*çîent à leurs ad?ersaires.

Un coup de feu part énfîn î Mùmmm régardons.

Qui a tiré ?

C'est Baraguelli. Une pierre énorme lui a fait

une longue blessure h la tête ; Il «st fôwt couvert de

Bjm^J $& fmBéésûé fins, îl a fmi îext.

HaiMû tfrie^|.fôïi lïW^v/I^^ftrreu^^ des Mlagnct^

augmente... La colère nous monte à la tête, nous

nous maintenons encore ; tant que nous n'aurons

pas tiré nous-mêmes, Tafiairo pourra toujours s'ar-

ranger.

Le kaiïtibà liu<>rgûîf it pW)rê d^ûf grande

bravoure : son mhm m f&^Mg, il s^élâîiçait en

bondissant jusque sur les ennemis qui reculaient.

Samrou protégeait le vice-consul d'un bouclier.

OuarOKari, encore adolescent, avait aussi dégainé.

Hôs aattes domestiques s*éîâîêiït mmè$ dô lattçes j

inaîs ces derniers restèrent pour ainsi dire neutres^

Enfin un véritable pàfè vient me frapper moi-

même à la tête. J'avais par bonheur un de ces

immenses chapeaux en moelle d'agavé, si usités

en Orient, et connus sous le noïû âé cst^^et

salakos* Il ÎM^ âm emp^ ©oupè eu àmm^ ci f«ws le

bourrelet de roreîlle fentiu. Me voilà atissi inondé

de sang !

Il n'y avait plus à hésiter, l'audace de nos

GONDAR ET LE OUOGLÉRA. 315

ennemis croissait d'instant en instant; si nous ne

nous défendions, nous allions être lapidés. J'ajuste

un Balaguer et lui eOToie une décharge de plomb

eïï pleine figure^ H Tcmb à terre*

Les pîtfres coialîiîuaient i pleuvoir sur nous,

comme une grêle. L*ttne d'elles, effleurant la main

de M. de Sarzec, lui enleva la peau du dessus des

doigts, tandis qu'une autre, qui lui arrivait en

pleine figure, hfeurettSjgïïieût parée par SainfOïi.^

hewfiB le reîïôrd du Bouclier et rejbondil par-dessus

sa tête. Il fait feu à son tour^àpai!fï^âé ee iEliOI^

devant le cercle des Balaguers,qui va toujours se

resserrant, nous ne fîmes plus que tirer et re-

charger précipitamment nos armes.

D'autres pierres m- atteignent ^mmê m hm^f

dan# Jesreîns^ k f^mlét cm iê wè puis éviter Improjeetîles, qui viennent par derrière.

Nos cartouchières se vident cependant. Tout

près, avec nos bagages, sont nos caisses de muni-

tions, mais il n'y faut pas songer. Déjà les Balaguers

nôos ^is^^lent*

l^aperçoîs un grand gaillard quî, se âîj^miikïît

derrière un arbre, se dirige vers moi, sa fronde à

la main. Je le couche en joue. Il se rase derrière

Tarbre, puis reparaît. Je l'ajuste de nouveau : il se

dissimule encore. Ce manège se répéta cinq à six

fois; quanidt tôufr-â-doupi —^ et c'est ici que je pus

me coniraîncre dn mépris que les âbyssinîeûs piofes-

326 ABYSSINIE,

sent pour la mort,— il se découvre complètement et

s'élance sur moi en faisant tournoyer sa fronde. Je

l'attends à dix pas. Le coup fait balle. Il étend les

hïâs et s^flliîsse foudroyé,

ï^mmbâi cessa îûstetsïiim*^^^^ et les Balaguers

se relirèrent dans le fond djl Patin.

J'allai vers le cadavre de mon adversaire : il avait

reçu toute la charge dans la tempe ! Je pris sa

frïBïâe, que je mis iattr êt que j'ai rap-

portée, comme sotrveiiïr êe ce lertîMè ttionae^t.

Puis, me rappelant que je n'avais plws<|ue deux

ou trois cartouches, j'ouvris ma caisse, y puisai à

pleines mains, en remplissant toutes mes poches et

ma cartouchière. M. de Sarzec fit de même, et nous

rgilïiim^«m Hïliîett le la place.

lié hmbè: StmrôM ièn ta de nouveati de Mtt eotiî-

prendre à ces forceiilf qm nous voyagions sottslâ

protection du Négouss.

Nous étions là bien anxieux, en Tattendant. De

tous côtés, nous voyions aeéôûfîï de nombreux ren-

ier pmt tm émemm. iM i&mf Imkmti € éMi

cinq heures ; noire sîfiiîkîloil scaggr^tvaît à chaque

minute, car la nuit nous surprenant ainsi, nous

serions infailliblement massacrés. Nous discutions

sur le meilleur parti à prendre : je proposais de

XkbM& réfugier Mm fê0^# m^^ f hmmà^^a àMmèmm h ImcM Stmpou soit revenu,

tm répondît M- âe Sartec, peut-être tout cela ta^

GONDAR ET LE 01 OGUÉRA. ' :S27

t-il se terminer à TaDiiable. Et nous gardâmes le

silence.., y*

Cefte «ïi^eiïSïéft i%rn|é$ èmm près itmt àmâ^Iteiire.

Éc Regardez, dis-je, cette masse coinpacte d^hom-

Wies, qui s'agitent au fond du ravin, w

A l'instant même, une clameur s'élève, semblable

au roulement du tonnerre. Le bâcha Samrou revient

E était temps ! Les ]|âlâgiiers, m ïiôïfifeFè îm^

mense,

s'élançaient sur moiïs coinine tine ava-

lanche.

Nous eussions déchargé nm fuiîli^..* mais efin»

sïtilêlt.>I^Mmt ïwiiijf hfm^m Wmx^m^ m rase

campagoè^j^nl^ l#e masse d^homines t Com-^

bien de centaines ? Je rîgnore.

Instinctivement , nous nous précipitions,pour

entrer dans l'église, vers la porte que nous avions

trué du côté opposé* Heure«seoie»l ïli^isato éêecwEH

wât mm pôteriïe caeMe jtos tiiï «itssîî. Oé Bit notre

siltil^ ear l'autre porte était gardée. Les Balaguers

nous y attendaient pour nous barrer le chemin. Pris

entre deux feux , il ne nous serait plus resté qu'à

vendre chèrement notre vie.

lîoiïs foîlâ âàas Je boîs sacrè^, se réfugient içte

BOUS tous nos bommes. BIjà m mm mm sépare

de ttos ennemis, mais ce n^est pas assex; les dettx

portes sont en leur pouvoir. Franchissant la galerie

extérieure de Téglise , nous nous réfugions dans le

sanctuaire, non sans avoir eu la précaution de bar-

rîeiiâfir derrière nous la poterne. Et cej)étidant, au

dehofBi la roetïte hijinaîne , affolée de colère, hurle

en voyant sa prôte îiiî échapper. Déjà nous voyons

des hommes se presser sur le seuiL

Toute église est un asile sacré, inviolable, mais

la frénésie des Balaguers n'avait plus de bornes, et,

si un reste de regpiçl^ jôînl & dsrftîNilusils,

les ïetenaît encore, îl y smM Um de craindre qua

cette hésitation ne fût pas longue.

Cest alors que vint vers nous un homme à la peau

très-noire, aux cheveux laineux, portant sabre, lance

et hôiïelitP, $mé If é$mm l^ôf& IwïûHïés

lement iwiïîésu

$ |ç suis soldat, dil-il, et sold^tû HêgOTits. %mmêtes ses amis, je le sais^ et je vrens v&us^ sauver ou

mourir avec vous, w

IVfous étions muets de surprise et ne ti^fâmes

irîett k Mi lf%ëfiite,

DégâîttanI tîô^t.swi grand sabre en lauciUe, il

alla se camper sur le seuil de la porte extérieure,

déclarant qu'on lui passerait sur le corps avant

d'entrer. Nous-mêmes, sur la porte du sanctuaire,

le lù#îl en itwit , mms î& m^îmm lutter em^ leâ

paysans, jBfappnt d'estoc et de taille.

(Tétait notre vie qui se jouait en ee momeutl

ëd^^âH ET LE OUOGUÉM. Md

Une femme, en signe de paîx, faisait résonner,

sur les cloches en pierre, le son du Dahanah

\(pardon) : on eût dit le glas funèbre sonnant déjà

poiïr noiis.

CM& ètira lottt au plus cînif mteîïtês.^^, , #tti|

siècles !

' Dans Temportement de la lutte,je n'avais pas

songé à la mort. Je n'avais pu m'imaginer d'abord

que cela fût sérieux. Mais je jugeais maintenant de

sauf-froid tmim jlfnélwMi t %tms itbm mmm^à te

€ôïièi«û| |ïit ^ m l*é€Îi«tEtti^ attend % ré-

ponse à son rectmrs m grleê^ Je pansti à iftioa

père, à la famille, à la patrie,que je ne reverrais

plus sans doute, et, du fond du cœur, je leur adres-

%t\ WL suprême adïéû î iPiiis^ ik^éÈmé ésm$. vml^dhe lïïi flacon k insectes qaf ^ponfenaît du cfiniïr©

de potassiiim

tt Partageons en bons camarades, dis-je à M. de

Sarzec ; il y en a plus qu'il n'en faut pour nous deux,

et les sauvages , au moins , ne nous prendront pas

vivants mm mnîïîer^ ^

G^^^ant ÎBt Bilâgners ne s^étaîent çits atten-

dus à ce renfort , dont ils ignoraient sans doute

reffectif réel. Non moins surpris que nous-mêmes,

ils hésitaient visiblement. Le sentiment de respect

qu'inspirait, malgré tout, le saint lieu, la crainte

le iftof îosîls^ êmi ils setftaîeni Im mmm îwaquis

Sûr eux^ derrière îe soldat noir, tout cek fit qu^ils

remilèrent m fm^ et^ à'm i0wt ée' tsmu^ mtre

noTOl âliSélBrîïia ©t barrîcadn lâ perte»

Il II est des émotions dans la vie qu'il faut renoncer

à décrire ; celle que je ressentis alors était de ce

nombre. Nous n'étions pas, sans doute, hors de

danger, mais, après ce ftiedês, nous poïifÎ4îis b^^tt-

mnf mpêmt. Le motil de rattaquSj que nous afiBtts

peine à démêler, se découvrirait peut-être. Les

Balaguers allaient compter leurs blessés, réfléchir,

et se dire sans doute que , si en rase campagne la

victoire leur avait coûté si cher, il faudrait sacri-

fier MôB iu M0nêB pour hgïïs fcarcér dans notre

retraite. Le bruît de eetté latllllô iîîiff m ré-

pandre dans le pays; nous espérioat qn'îl se tron-

verait encore quelques soldats qui, dans Fespoir

d'une récompense , viendraient grossir notre petite

armée^

In àttmâm% mm èiïm^MM bien prisonniers,

car, comme le disait Hfts&eln dans une pittoresque

métaphore : ce Balaguers zaïdé el schar fok el

raz (il y en a comme des cheveux sur la tête)!

Nous pressâmes cordialement la main du soldat

noîr> m flïiiatant ie m fceîle èSMiâïiîle, Ce Imme

La nuit était venue; nous nong ewjpMînes. Il

y avait deux absents : Faraga, un jeune Galla

délivré de resclavage, et un domestique abys-

ÉîïiiM , îlabronfe* Le ehetal eî la inole de sells

dé M* de Sarzec avaient aussi disparu. MabiPôJôfe ttS

nous inquiétait guère; c'était un grand mauvais

sujet, qui avait dû tourner les talons à la première

attaque , eismmmâ h éimnl fet h ittul». Faraga

ittfaît tmm à^nté éfé p#îs pm les Balltgu«E$i m&îs

qu'y faire pour Tinstant? Quant à nos bagageâ^ îlt

étaient tous restés dans le village ; nous n'avions

que les couvertures que j'avais coutume de rouler

derrière ma selle, et, pour toute fortune, quelques

de Môtr#argent Itittt^ô^ mtrè éms mscaisses. Et cepeûâilït c'était là un polMcâ|îii3^

en Abyssinie comme partout ailleurs, OE peut avec

de l'argent faire bien des choses.

Le kantiba Guorguis avait, au camp du Négouss,

lié 0c>ïi«iEÎs^ Mtm ittie îsiiîvtiite dije scsMà^i

hmm$ vîeillii et laîdè, mais à flï|^w»îûîe

expressive et qai &^était attachée à lui.

C'était elle qui avait sonné les cloches, et, par

une heureuse coïncidence, il se trouva qu'elle con-

«âîssâit quelqu'un dans ee tillage, un parenl m m»

âMi le feît eé qif«île: oaoatra m âèmmmemtintelligent et nous rendît de grands s0rvîèîès„ Mle^

s'offrit d'elle-même à sortir de l'église pour aller

dans le village rôder autour de nos bagages et tâcher

de s'emparer de notre argent. Mais comment trou-

mr ces hîeïîàweox Ihalails i$.m nm nmuhtmné^

caîsses? Il ii*y avait que les domestiques attachés à

333 AtYSSltïB-

notre persoîiïie qui éiiiîsjprt um ÈuWmxiie mmtm^sance de nos caisses pour avoir chance de réussir,

Hassein et le kantiba étaient dans ce cas, mais ils

ne pouvaient sortir sans s'exposer à être tués. Res-

tait mùîi jeune domestique arabe femaïL Cette îiïis-

sîôîi lie liiî sOLurîMt gûère^^ «âr c^ètaît un poltron

âckevé; cependant il se résîgBâ, On lui fît endosser

un costume de femme, et, muni de toutes nos

instructions et de nos clefs, il sortit, guidé par la

iû^t,^ ee qui di^îMaît M êm^; ïûi%Fé ^e^p

leur absencemm p^rat loof^le. ïlt ^f%r#nl eniu

chargés des précieuses sacoches; ils apportaient en

outre de Teau, un peu de miel, trois œufs, des car-

touches, de la poudre, des balles et des capsules,

êtttttèpatîte ^]^er«ofe îes papiers du vice*

consul.

Il n'y avait plus personne, nous dirent-ils, autour

de Téglise ; tous les habitants étaient rentrés dans

leurs huttes. Nous aurions pu fuir peut-être; mais

où aller ? Le pays entier pouvait être soulevé , nous

poïîî3*îotiS; être ^otti^uitîs^ et swrlôiït ^tâîl pmâmmm lagaget et mm mÊmMmml Wàm-jn^émù plu»

prudent de rester dams notre forteresse improvisée

et d'attendre.

Pendant que nous discutions ainsi notre plan de

campagne, HaSs#ÎB tîliî ^Ire que quelqu'un de-

mauâiil â iïiWïS pa^r^ âfres i|uelqtoes hésitations^

nous reçùmis^ im ilsileûr, h h coBdîtion qïi*îl ne

porterait aucune arme.

C'était un vieillard à barbe blanche , un des

choums du pays, nommé Magdalé GottfcIfcc^aÉ

a ParloiîS^ hm^ dît- il ^ personne ne è(M nmmentenifè. Cé ^liî t'est pm$è utijoBfâ'hni est très-

maîBBureux. Tout ce pays appartient aux prêtres,

qui ont soulevé le peuple contre vous, parce qu'ils

savent que vous avez demandé au roi de faire amitié

ateic tos prêtresJrmgms. Bârs pttmî lés Balaguers

il y a beauèônp de blessés etm mmi^ et ils ne se

soucient guère de recommeneei* à se battre contre

vos fusils qui tirent toujours.

(c Moi, je suis vieux et sage, sans compter que je

sais bien ce que le Négouss a fait du village Chan-

kalla^ ôi î'Aïi|îik^ méi M& $smmnê Mm& sa

femme. Le vilkgé k lié fc^tiê, et lesialïtorts^ont

tous mortSo Malheureusement tous les chefs du pays

sont à l'armée du Négouss, là-bas, dans le Godjam,

et il n'y a plus guère de soldats aux environs. Ce-

pendant je vais essayer de faire prévenir ceux qui

mà afin qvCîh wmmjmi*^ le Ifertî tawtïttôn

ps^M^ ^mw mtïïm^t teiH âfifaire; tcros pouvez

compter sur rniiâ, liais ne sortez pas de Féglise,

vous seriez massacrés aussitôt. Ne dites non plus à

personne que je suis venu vous parler, w

334 ABYSSIIIB,

Nous lui glissâmes, en le remerciant, quelques

thalaris dans la main, et le bonhomme s'en alla

contrat

gardien de la porte i^srlérieure; le kanliba Guorguis

et le bâcha Samrou surveillaient la poterne; le petit

choum Ouarouari avait, je ne sais comment, trouvé

le moyen de s'évader pour aller prévenir les chefs

tîiâîre, nous nous barricadâmes pour plus de sûreté*

Le sol nu de Téglise, sur lequel nous étendîmes nos

couvertures, fut notre lit. Nous nous y couchâmes

Tarm*m fcs n^arétr© |ftts k la première alertes-

pétiàiir^ mais j^étais si heureux de me sentir encore

vivant que je comptais tout cela pour rien. Quelques

gorgées d'eau composèrent notre dîner. Tout était

calme : notre anxiété ne nous permit pas pourtant

de fettttêf feil i0h mîtts tm^mmà lïïâfîn (gtaiedl) îtogd^ê tjtetisêhou

retint accompagné d'un autre choum très-âgé^

nommé Madden Daratekli, chef d'un des villages

voisins. C'était un homme à figure dure, portant au

in^îïtcïii mm lûftgiie bari^e blancbetilJIèem f0inie.

Ils mm assurèrent mm çctlt y airiiîl p^m à ^liïire

qm les Balaguers vculussent récômnjencer là latte

à mmn armée

GOIDAR ET LE 0XI06UÉRA* m

important, demandèrent qu'on leur racontât ce qui

s'était passé. Hassein se chargea d'être le narrateur.

Après avoir entendu la cause, ils se retirèrent ma-

jestueusamîïlîîaïî^ïîën êSm.

Les Bilaguers ataîent à enterrer lear inert ; ils

fOôlaient l'ensevelir en temfô saî»i&î ê^était là une

grave difficulté , car nous étions maîtres de l'église

et du cimetière. Nous consentîmes à la condition

que nul n'entrerait armé, même d'un bâton, et

qui Ils noffl|rri4es^ iiôraïïitgt itcêompagnant îe corps

Le clèrgé^ trompé dans son espoir de nous faire

assassiner, pensait encore à ameuter le peuple au

moment de cette sépulture, et, s'il n'y réussit pas,

nous ne devons assurément lui en savoir aucun

gré.

lié dix bêiiiPês itt iiiàllfrâ feroîs heures iel^^ês^

midi , on promena le cadavre autour (îe Peii^ïêîiif©

de l'église, tambours et flûtes en tête, accompagnés

de cris et de lamentations sinistres du plus mauvais

augure. A chaque crescendo de cette sauvage

musique, t^m ^tmmm m& âPfiaes , nous lepaïM-

èmi€i la Icttilewr lï^aJlmtpâs se changer ein ex^spé^

ration et si la populace, affolée par cette lugiîlït^é

cérémonie, n'allait pas chercher à venger le sang

du défunt en nous immolant comme des victimes

expiatoires sur son tombéatit Les heures noas pè-

538 ABYSSINIE.

rtireiil longues, et je n'oublierai de longtemps cês

cris qui semblaient damander notre sang.

Le mort enterré, les cris cessèrent et tout rentra

dans le calme.

D'autres chefs vinrent avec ceux que nous avions

vus le matin et Ton entama pour la première fois

des îiégocîaliôm ïl ht qmûtm Mbmà de

référer tîa j^keda légou^^^^ liojigredemandions

fm mieux, mais les fiakgmers réclamaient que,

suivant Tusage du pays, on nous enchaînât avec les

frères du défunt. C'était une ruse grossière ; nous

repoussâmes cette proposition, alléguant qu*<Èrïi*a'eii*

chaînait pas desgeiisdewïre^rte. «Prenez gàrde^

ajoutions-nous, que si liotrs allons demander justice

auNégouss,il ne vous en coûte bien cher. Nous

sommes ses amis, vous le savez, vous avez vu sa

lettre timbrée de son sceau.

Les paysans ïi^Sfiuenl évî^^

^Mey réclamer ïa |Oétlce r^fîtîe. Gé q^lls vou-

l|rîi;nt, e^était nous charger de chaînes pour nous

massacrer tout à leur aise.

Les négociations en restèrent là pour le premier

Jour. Hasseîû mm dît en conidence^ pfour wusrendre iwalèûfe^ queîes laîtgiieriavaîën;t Ml pro-

piser ISôs domestiques de nous abandonner, leur

promettant qu'il ne leur serait fait aucun mal.

<t Nous n'en voulons, disaient-ils, qu'aux deux Fran-

çais et à leur serviteur musulman, v La vie de Has-

COiXDAR ET LE OUOGIîÉRA. Sâï

saîn i?iïtifâSt âîïtsî Jlèê à la lïôtfe» $i imm pfm-

vions compter sur son dévouement. D'ailleurs les

autres domestiques, que, sauf queJques-unes de ces

légères corrections qui ne font que cimenter Fami-

itàm filéles^ 3?éotétremsmi »%tîtttî-îlâ i|tî%ne mé-

diocre confiance dans lis fMniiis^ës des Balaguers,

Hassein avait appris, en outre, que les aimables

habitants de Gondar nous faisaient charitablement

prévenir que, si nous pensions à nous réfugier dans

ïfiXr i^ile, ïïi ménageaienf um. r§mp$m Itt

mèmB gmm^ m tpà tt^était pas mmemâgimâ^

Mous mangeâmes nos trois œufs et, pour âèuxi

hommes à jeun depuis plus de vingt-quatre heures,

ce fut un maigre dîner. La nuit se passa sans

encombre.

Le dîBiaiiiîlï^ laatto^ leiss <à«>ïïttïs tini^irt îm&mmé^msée^ fmfBsBnïmmm lé recours au Mégouss.

Mdus devenions plus audacieux, à mesure que nos

adversaires lâchaient pied. Nous savions aussi qu'il

était arrivé quelques cavaliers armés, ce qui nous

donnait le droit de parler plus haut.

<ç T«iïte« ces propositions sônf *Î4Î<îw1#s^ Jmr dit

lïe nous laisserons pas enchaîner. Nous voulons jbîîii>

terminer l'affaire à Tamiable, mais hâtez-vous, nous

sommes décidés à partir demain, et si vous ne nous

avez pas, d'ici là, fait des propositions raisonnables,

3.]8 ABYSSINIE.

nous sortirons les armes à la main et nous saurons

bien nous frayer un passage. »

Ils S'en allèrent.

Mous mourions de fiaîra m^^mâméf Bi n^rtre

entourage, malgré Tétonnante facilité avec laquelle

les Abyssiniens supportent les plus longs jeûnes,

commençait à crier famine. La femme du kantiba

lut eai^e Btîm pôfMenm Mie apporta mysté-

riê£rfeêamîit sous sa chemma qtiai^ne» gaïétt^s^ de

dourah. Chacun en eut sa part, bien petite il est

trai, mais dont il fallut se contenter.

Dans l'après-midi, les choums revinrent et se

décidèrent à parler d'une indemnité à payer à la

fettiïîle la mmî et âHx Mêssit. t^Mmî ïnafre plus

i?îf désîr î wMh aiifeirt p^ïir dîssîiaiîîer notre satis-

faction que pour obtenir une diminution sur la

somme demandée, nous nous récriâmes, disant que

nous n'avions pas l'argent qu'on nous demandait et

que, somaie %iîte^ ce iï*étaît pas à nous qu^ïi È^éà

allaqoés sans ïrKifîfs, à nous qui avions été Messis

ainsi que nos domestiques, qu'il éoinrenait de payer

une indemnité, mais que, bien au contraire, nous

avions" l'intention d^en demander une au village

pour notre sang versé, les ennuis de cette affaire,

le temps enfin iju'on nous faisait perdre.

Les çhoMtnt se regttlàîeiit staipéiés^ saèàaat

i|!îô pensif à^nn tel langage. Ils s'en allèrent tout

peiïâwds raconter eela aux balaguers. Grand fut

iéîlèl« «I le feâtttilm feu^feââlTO môiiteaia la

porte et la poterne, fout le monde se mit sur la

défensive, dans Fattente d'une nouvelle attaque.

Nous avions maintenant un renfort d'une dizaine de

sollfilt ârttiés 4e quelques iaslfo; mm B^emmmde près de cinq een% ^rtofi^èbès, }$$ gîfeeraes de

tous nos guerrî$r$ ffâleftt largement approvision-

nées. Les balaguers^eussent cette fois compté leurs

morts par centaines, tandis, que derrière les mu-

railles de l'église, nous étions à l'abri de leurs

pierres*

âussî toute Gtîfcs dêmwîsiratioii belliqueuse s'éva?-

nouit en fumée. Les chottms revinrent jnolns âiTo-

gants, moins impérieux.

La conférence fut toutefois longue et orageuse,

et se termina sans résultat définif, bien*qu'il ne fût

plus question que de payement; iniîs Gn mmdemaniait qijttrt êmte tltladSi somme que nons

n'étions nuUment disposés à Itttttér, et pour une

excellente raîison^ c'est que nous ne les avions

pas*

Le lundi matin, — et nous étions enfermés dans

Féglisè depnîs If «eniredi éïïîr, --iï^ï^^Ib amb

sade des cbôwins^ Mcyuti^sâwes d^^bôr^ àe les rea&-

voir tant qu'ils n'auraient pas rabattu de leurs pré-

tentions exagérées, et nous fûmes longtemps avant

de céder, bien que nous eussions, dans notre for

intérieur, ^Im finfîe ^a%m wér. k

fal décidé que nous donnerions à la veuve du mort

cinquante thalaris et deux mules; aux blessés, six

vaches, et aux négociateurs deux mules encore.

BtfBi atîoîtïs m mM0^ dMrîl«i4 4 ^mm^m^gement, tat^l m% àm% viem ékiïmm f

» '«lix iidiâts

et à la femme du kantiba, plus de soixattic-éîx tfea-

laris. Tout compte fait, celte bataille nous revenait

à quinze cents francs. C'était un peu cher, mais

nous estimions notre vie à un prix bien plus élevé.

Mous mm imm^ de là îatac^ latI lr#iiyeos€!i»#nt^

iiwf fttflqites %iPiÉ%ttiîffS 011 <^ôntupslons> ©ep^w-

dtnt deux |ûurs et trois nuits auparavant notre

existence mm avait seifiiblé siïigulièrenient coin**

promise.

La vmm imsê escortée de trois petits enfants,

Woiislui dôttntoes le^ éînqBsnle Éalârîi ef lêë iettx

mules. C'était une femme j#Otoe encore, et qui

semblait bien peu triste pour une veuve. Sans doute

elle comptait que, riche désormais du prix du sang,

elle trouverait à remplacer avantageusement le

défuïîi W&m rmdmm m% ^(àmmM les wàesfmr les Messé^ el tm è&m iÉiéeâ |tfis stalent

exigées pour prix de leur interventlaa* Cé lernîer

payement était bien simple à faire : on nous les

avait prises, on n'avait qu'à ne pas nous les rendre»

Toïrtle iia«n*le HmSf étodanl la màiu terij î^tt-

COADAR ET LE OUOGUÊRA^ 9^1

tel et prononçant le terrible lohannès Imout ! jura

que la paix était rétablie et que les victimes de cette

triste aventure renonçaient à la vengeance.

mMf irtfiî|ofer après un tel serment- est un crime

des plus graves 6ï fort rare.

Nous voulions partir aussitôt, mais nos hommes,

non moins heureux que nous pourtant de recouvrer

la liberté, nous firent remarquer qu'il était trop

ÙB mmmm^im mm\ l^.pgiltJ^ragt. âw ijiîlîeu

du tumulte de la bataille, utli fieille femme, voyant

cet enfant exposé au danger, en eut pitié et l'em-

mena chez elle, où elle le cacha dans un de ces

grands silos qui servent à emmagasiner la récolte.

%ùm la i^é^oflipenllfflies âe ^eHà Imrné àêttes.

psiuwe ettiiiït se lassait fm é# 1mm emlbrassèr

les mains en signe de joie ; et pourtant, nous lui

avions bien administré de temps à autre quelques

corrections, car c'était un espiègle de la meilleure

espèce; mais, devant raffection qu'il nous témoi-

gnait, j'en eus, pour ma part^ ^efèrîtàMés reffioîls.

Rien tre, Ma*tfïia âu limité à& paix. I^îè; iêsei*ewf

Mâbrouk nous fut livré à merci, avec le cheval et la

mule; mais la mère de ce lâche serviteur étant

venue implorer sa grâce > M. de Sarzec se contenta

de chasse* îpwiiïiîttîettfew^

lôuê éSÉMït ^cartïs è& féglise pour prendre l'air

dam U Mb mméy m mm t^mmmmfaîr^ iQïïJeorf qiiJiîqae ewlks*^

cade, Ife gifltïë fÎBt alors pour purifier Téglise

souillée par notre présence. Escorté de deux

jeunes acolytes, il pénétra dans le sanctuaire dont

il fit plusiettrs Mi Jte wmtm émmm^h^ tàum*

Kom èiiém pt^ âe la pûrfe tpMûïà iï sortit, et le

regard qu'il nous lançâ IMt cîiargé de dépit et de

haine. Il avait, en tout cas, une bien ignoble figure,

et si chez lui le moral ressemblait au physique, je

soupçonne qu'il devait être l'inventeur du terrible

Des vîjvffis €ttssi nous furent duitaés, p^ai^w^

nîeusement il est vrai, mais chacun mangea de bon

appétit. Il n'était pas jusqu'à une chienne, fidèle

bien que sauvage et hargneuse, surnommée Gou-

MUfà (l'hippopotame), la seule qui nousirêstât, qui,

de ses longues denft Mancliôs et ^^kM^m^^^^m^

tât avec déKceâ quelques pois chldliês*

Une chose nous inquiétait encore, c'étaient les

blessés. Si quelqu'un d'entre eux venait à mourir,

il faudrait sans doute recommencer les négociations

mt Ttmm^mm ^m%^ âbpsînîe, si graves que

soient les blesstim, 3*aflyre est eûàsîiâéfèe tmmepeu sérieuse tant qu'il n'y a pas isttôtt i^Qffliine*

Nous demandâmes donc de leurs nouvelles en dissi-

mulant le véritable motif de cette sollicitude, et les

iélaîls qn'on nous €ottna sar i^ctfieurs griwres Mès^

60^D1R IT LE OKâfiïîiRA^ ^gares ne firent qu'augmenter notre impatience

quitter le village de Ouébéin-Mariam. Quelques-uns

légèrement atteints vinrent se faire soigner, et nous

eûmes toutes les peines du monde à ne pas éclater de

rire ^<?ePtôÎDS^€iitre eux avaîeni laûgm&^ùmoMm à#

¥érîtables écumc^rtl^ On coi^ïepiî laeileiattïti â^mi^

leurs, que des ér#ês aprls mmt Mî tout leur

possible pour nous assassiner, avaient l'audace de

venir réclamer nos soins ne nous inspiraient pas une

grande pitié. Avec eux vîiit tout un bataillom de ma-'

tf i • ÎMlfto©s.f èlè Wtte çolîfeïîôttptMmimdans la cKniqut i^îas^ de Bildecîne. Il y avait

desjambes déformées parréléphantiasîs^deslépreux,

des plaies de toute espèce spéciales à ces régions.

Nous usâmes ce jour-là tout un crayon de pierre

îaferaal^^. * ^ qm à& bttuïëtt^ d« mî© pm sat-

fotilyêfit le io^dtâa& fùjrent àlffrU^iïées mm %^ce

Dès le mardi matin nous nous occupâmes du

départ ; on nous avait rendu la majeure partie de

nos bagages ; il ne fallait pas être trop exigeants !...

Des portears* êîafe»f liiôas^IrBs et en plus grand

nombre en©oiHB <|tte d^fcalJtïtdev pmisfae fmm è&

donner quatre de mes muk§ cïiarge. Il fut diffi-

cile d'en obtenir, mais avec un peu de fermeté et

encore beaucoup plus de patience, on y arriva.

Nos mules sont sellées enfin et nous attendent à

la portô à& réglîse mm iom les soMafe t c'est le

îBôiatîjrl iMsîf. â imé hasard ni^ f sont

bourrées de cartouches. Nous enfourçfeûïïtîlCW^ïttl^^

et, le fusil en travers de la selle, nous partons au

grand trot, traversant le village dont tous les habi-

tants, sortis pour nous voir, sont là rangés devant

leur butte daiis une attitude inquiétante* Ce m%st

pas sans împressîoa que nous revoyons notre cbanip

de bataille.

Nous marchâmes ainsi d'une allure rapide pen-

dant plusieurs heures, et il était presque nuit déjà

quand niErBf srrîflJiief & un petîl village dont je n'aî

|as eonserfé ïe nom^

La plupart des soldats, nous considérant en

sûreté, retournèrent chez eux. Oubié Zelléka lui-

même, qui s^était montré si dévoué et nous avait

promis de nous accompagner jusqu'à Adoua, nous

IfÉs Il^léâîiiiÉ «e eoiçtwïttiîeni levanl nous, servant

d#l»syse è lïiï^jon^l^ que nous contournâmes

pour arriver à un autre village. C'est encore un

Ouébéin! Même nom, mêmes habitants! Peu s'en

Muiqm mm U'mmhm encore 11 tinë ^réeeptîon

dé^p^êable. lîôus en Ilotes ^#ttit p^ la peur.

Mm èm hâ§B>g0B tnanfttsîe»!mmt^ I Tairpêl, mmnous continuâmes notre route, considérant que nous

ne serions en sûreté qu'après avoir franchi de nou-

veau le Taccazé.

Le terrain sMIevait gradueiement et les l^lâteaiix

GONDAR ET LE OUOGUÉRA. 345

devenaient de plus en plus arides à mesure que

mm mmMmkm^mm h ^mèm*

lées et sur un mamelon absolument nu qu'est située

la petite ville de Débarek, où nous allâmes coucher

le troisième jour après notre départ du fameux

Ouébéin. Oubié Zelléka et le vieux choum Magdalé

fîomsclîoîi ïfOus y rejoignireût. Mous èûSsîôM loiiïa

visiter la vîlk,mm tons w^m iimimM^éai de mpas sortir de la hutte qu'on nous avait donnée, car

les habitants sont imbus de ce même fanatisme et

de cet esprit querelleur qui infestent cette région

a^î#ïtifkiïïï nom être si funestes.

Mou^ 1Ï0 paumes 4ôm rîm wéTf sî ce ii*est la

place du ïttarïÉé que %&m mlam irav^rsée et

qui nous parut très-vaste.

Il faisait froid à Débarek, la nuit surtout, et

nous dûmes, pour nous réchauffer, allumer du

fou êsm mtfn lïiitl#* û^îi %xmt k fûèm^^ àn

lîeo, car raltllnde èë ÎMbarêi ioit 1^ estimée,

je pense , à environ 4,000 métrés.

J'y vis de grands oiseaux de proie,qui habitent

aussi nos Pyrénées et l'Atlas algérien, le gypaète

barbu. La prudence m'empêcha de leur faire la

icîîts$e^ mmi ftt*a de gtôt ec»^àttx porteort d*ïta

bec énorme et ornés d'une calotte bknehe (fiorms

cmssirmtris).

Deux routes s'ofiraient à nous pour reigagner

Mùm, Tune montant à une altitude pltts ^^véMencore par les hauts cols du Sémiène, passant par

Maye-Tlialo et traversant le Taccazé, près de Tché-

Mehékéné ; l'autre descendant m comtPaire teplateaux du Ouoguéra, contournant îê Sêmiène à

mi-côte et venant aboutir au Taccazé , à Ënketo , au

nord-ouest de la province du Chiré.

La première nous promettait d'être de beaucoup

la plus intéressante, et il était entré dans nos projets

4<î îf^frê^ pçur 'Btsîtejî'ï «e voyage çlrçuîfûrç

% tr«¥®rs FIUj|ssinie , toitt m qm m pays offre 4e

flm çrtrîeuxi ngiiis Jbonimes se refusèrent à

nous y suivre , les montagnes du Sémiène étant au

pouvoir d'un chef insoumis, Liedje Kassa, le fils de

Tandiên %m Qubié ¥aîneu et iué far ^IcMiorm*

Môm é^mm mm résigner It prendre le û&mtià îti-

ni^mte* lîous en avions assez d'ailleurs, pour notre

propre compte , des batailles et des aventures.

A peu de distance au nord-ouest de Débarek,

nous nous retrouvâmes sur le bord d'abîmes sem-

blables à ceux <jue nous mi&m vm entre Kossoguîê

et Ouébêîtï î naaitH ne f'agissait pliit setileïHeiït êe

les rei^der, îl fallait s'aTrenturer au milieu de ces

escarpements.

Pendant deux étapes , nous descendîmes presque

constammwl de téiit^es escdîersv. Comment

nous arrîtfâm^es sâins^ et saufô m Iras de ces prêci*

piees , c'est ce que je ne puis trop hîm m^expliquer

COADATi ET LE OLOGUÊRA. 347

à moi-même. Quand les difflciiltés de la route ne

M^âl^SorBaîent pas entièrement^je redÊirfâ»aî$ imî

sanl tout à la fois qui s'offrait ànôs tegards. Suitaiii

que le sentier s'enfonçait dans un repli de la mon-

tagne ou se suspendait à ses flancs dans un endroit

déçcwîimrt , nous étions enfimlsm seiïi âtum |hïîs-

mdB Tpégitetîoiii prettant mém dans les anfrao

taosîtià àest parois Jbuniidés tapisièe» ée jûousses,

où nous voyions s'étendre devant nous , à perte de

vue, un horizon d'une beauté incomparable. Parfois

nous débouchions subitement d'un sombre défilé

mt me gaie plâte^#MOT0, tomte plsatê© de bô^iïîtets

Ceiie descente nous amena dans une vallée oïl

réapparaissait la faune tropicale avec les baobabs

,

les oiseaux multicolores et les bandes de guenons

{cercopithecus griseoviridis). Une belle rivière

Goiiklt âii lani de miÊM tâMêe mtm 11 4e falêts ?

c'était la SiriMïa: ^ qui , du siid*est au nord-ouest^ va

|Wler au Taccazé les eaux qui descendent des hamtâ

sommets du Sémiène. Il nous fallut gravir de nou-

veau une montagne pendant près de deux heures^

au bout desquelles nous arrivâmes devant une mu-

raille eîfigaïsjre de fôdïiffs feaEês t |^e> oà nous

dkerehîôûB en vain â découvrir m passage. Dans

tïîi repli de la montagne se trouvait une fissure

formant une véritable porte naturelle et laissant

$0- âWSSIlVIE.

apercevoir un panorama d'une beauté saisissante.

C'est d'abord un bas-fond où s'entassent, dans un

désordre indescriptible, des rochers aux formes les

plus extraordinaires, puis le Sêmiène imposant et

nî^Jestueux , àmi les cimes cltenues^ $é fmàmidans les nuages. Un petit village était placé, C^tûïûe

une sentinelle perdue, à l'extrémité d'un promon-

toire. C'est là que nous allâmes coucher, et nous

y f&nês TBp^s d'une façon três-ho^italière. Has-

sein nous prévînt cependant de neus tenir sur nos

gardes, ce pays, disait il> apparte'ïiant aux insur-

gés et le chef de ce même village étant un des

partisans de Liedje Kassa. Tout s'y passa d'une

façon parfaite. Je soupçonne même que le fils

i'DnMé^ prévoyant qu'un jour p& fmttB il f0atit

mm^mtU trône ^âbysslnlet fat asset întelîipBi

pour penser qu'il serait heureux ii ce moment d'être

l'ami de la France, et, dans cette prévision, il eût

été impolitique de maltraiter le vice-consul qui la

xeprèsentiltMjiTiînB taçon toute spéciale. Il y avait

àm petit wH«0fe plas de îàefe qne ne eôinpôryi le

nojïïbTe èi sé&BâIÉants, et il n'y aurait mêiae aen

d'étonnant à ce que Liedje Kassa les eût envoyés

tout exprès pour nous recevoir et nous protéger taci-

tement.

Wms l©nptnaMt an «ïfftîr étt tillage, le pied

d'une 4e ces lerfcéimses lïttiupelles dont j'ai déjà

parlé| rÀmba Galîma, qnï était alors au pouvoir des

îtmfgh. Jamais fêpaîrô ne: Jût nrlèm éiMé fmt

des brigands. On nous JîiôtrtraL lé si^i^r éàtml ei

abrupt qui conduit au sommet; mais, à part quel-

ques hommes proprement vêtus qui se dissimu-

laient dans les fourrés en nous regardant d'un air

çpfîêflximmm tmmiÉfêmm personm Ç^étalent

d'aigle pour nous voir^ et sans la protection

invisible de Liedje Kassa, eussent tenté probable-

ment de nous rançonner, comme ils ont coutume

de le faire pour les caravanes qui traversent le

pays.

Quelqim lûïa^màs qui mm t^tâpimià mmapprirent, chemin faisant, que nous avions quitté à

temps le village de Ouébéin. Le lendemain de notre

départ, un des blessés était mort, et depuis plusieurs

autres ravaîent suivi* On parlait AhiHe douzaine au

©oins; maïs il pamîssail M©» «Jertaia que trois on

qwatte avaient suceombé aux suites de leurs bles^

sures.

A quelque chose malheur est bon : cette sanglante

affaire avait valu à nous, et surtout à nos fusils, une

réputfitMïtt tierFilIft. kmé t fîHagfe i*âddéragaï,

<tti les pfétï?es m TOtiJaiient pas nous recevoir, on se

çontenta 4^ lïQui faire mauvaise figure.

Nous apercevons déjà la vallée du Taccazé , dont

nous ne sommes plus éloignés que de quelques

jours. Les Abyssiniens, pendant la saison sèche, ont

m

350 ABYSSINIE.

Pli#îttfle ie mettra leim mm heikmM mm htm$-

saîlles pùiît défricherm Tmmm&hï'}0 ^0mm^.Ces incendies prenne»! fttëîip^

colossales, et, dans un pays montagneux, il se pro-

duit naturellement des illuminations dont nos feux

d'artifice ne peuvent donner qu'une idée bien

pâle. Ce m $mé des foste, ém^ èeïatieftt^ m mmHim iraïmîâgiiet ewiîlre»

qui s'embrasent, mais non pas simultanément ; les

feux semblent se poursuivre comme en jouant; par-

fois un arbre tout entier vient à flamber comme

nn immensé caaiéfobre; ailléûrs #0sl lïtt wïBxm

hmimm qui ïpm& m h pmtàï imtmmiiè

des montagnes , ou un massif tout entier qui brûle,

illuminant les roches à faire croire que c'est une

ville entière qui est en feu. D'Addéragaï, situé sur

un point élevé et d'où nous découvrons le jour un

liorîzoïi de plât 4b w§i ^m$& fm^Mtê^ mwÉt$m$iom fmismt mrn w&B Me» mket k wt0 à& ces

îlluminations,qui est bîeïi ceftaînement la plus

èplendide que j'aie vue«

Nous traversons encore deux rivières, la Goya et

la S^reatig^ ajirueirfs 4û iTa et nm^ mrîmmeBfiïî à lîaalefei>ij ioiaîiitïit lâ firlép in Tmcmè^

nous revofii?ïjs ee flâîiir flas de deux Mûmaprès Favoir traversé pour la première fois, au

sud des Agaos, environ quatre-vingts lieues plus au

sud.

CHâPITlE fin

R;ET00R a MâSSAOUAH*

Chafs^ à rblpj^^^ltoie. — Axoum et ses ruines. — Les mou-

eà^ÎFi àB||$îû|i|t|^* — Le Lika Alankouas Ouarki. — Fête

p0tir la mùtt â^nû êîéphaat. — Prodigieux appéfît. — Les

Chohos ; leur indépendance ; la peine du talion. — Aven-

tures du kantiba Ouelda Guorguis. — Hébo et la mission

française. -— Le mont Assati. — Un phénomène climaté-

rique. — De retour à Massaouah : déception. — Le Zirck

et fesr Aûtvichm.— L'^^àwbîpaï à& ï)ablak; — J?mfe naturels.

Chaleur torride de côârégioiïs*— Un homme peu pressé. —Comment je réussis à m;*embarquer- — Un Banian et des

poules. — Calme plat sur mer et orage à bard« — J'arrive

à temps à Aden !

Wégoîiss et Gofudar^ liwé une bataille raBgée^ noire

voyage pouvait sembler complet. Il y manquait une

chose cependant, c'était un exploit cynégétique, et

Ton nous disait qu'au Taccazé il y avait une quan-

tilé Chippopotaaasm» Baip F-^|sî çt If Im T^ama,

mus lÊ^ammB m fue de hû îda ««g TOêitstrae*»;:

pachydermes. L'ocdtôWïipt paraissait ex^^lante pour

leur faire une chasse en règle; comment ne pas

céder à la tentation? Comme nous l'avions déjà fait

3St ABYSSINIE.

en pareille circonstance , confiant nos bagages au

kantiba Guorguis, nous partîmes de très -bonne

heure fom im&mdt0 sur leè lmTi&M la tiïïète,

àîr ttôût éoftiuisît ùttè pêMê lôttfue ét î^piie.

C'était le 26 janvier;depuis cinq mois il n^iteît

pas tombé une goutte d'eau dans les montagnes

d'Abyssinie ; aussi la rivière n'était plus qu'une

succession de bassins qui s^écoulaient les uns dans

tftiFêB ptrcle aimee? Hets 4%ini*

crdeodiîe$ et poîssoHB, m troutaîent parqués dans

ces bassins, où nous poiivîoiis las fusiller tout à

notre aise,

BiS iaroêes singes gatttMlaîèïil tos les

arbjreSt êm p^rfequ^ls caquetaient au-dessuB de

MêP têtes , des pintades fuyaient à travers les buis-

sons, des insectes, des papillons couraient sur le

sable ou voltigeaient autour des fleurs ; c'était à ne

savoir par où commencer l'attaque. Je n'avais pas à

bésiter; je fis la chasse aux papillons et aux ôîseàux^

todis ^j& mm mm^n^m m postait sur les bords

de la rivière.

L'hippopotame vient la nuit à terre pour pâturer,

et les indigènes prétendent qu'il est alors dange-

rs ^ I^ttaipï^^ (ktié tttâsM iiMjriEt m mmt00m agîîltij^ im hmmi0 m fmi lui à^hai^per i la

course, surtout si le terrain est vaseux; mais le |0wy

il reste dans Feau et n^apparaît à la surface que

RETOUR A MASSAOTAH. 353

toutes les cinq ou huit minutes pour respirer. Il

îiiônire alors le iî«ss4:is de sou éïïornia museau^ mû(fcîl ef ses petites oreilles, respire awbriJîl,

p:uîs s*enfonce de nouveau dans sa liquide de-

jmeure.

On peut, lorsque la rivière n'est pas large, le

tirer de très-près; mais sa peau est à Tabri de la

flm i^p^evoir d^ûii coup de fusil que d%ne dbî-

quenaude.

Les indigènes ne nous avaient point trompés en

disant que les hippopotames pullulaient dans le Tac-

mzê^Èém^BmMém ent^ditît m grognement,

m v^ôpM êmm^^ nm mmm hmm^ : vite un coup

de fusil la saluait au passage, mais toujours sans

résultat.

Vers quatre heures du soir, il fallait songer à

regagner le village où nous devions coucher. Nous

éibfl* naaatéââ ittûîè et miu ûom dîi^îgtôias i^éts un

gué, quand ^ nêiûfmî là rîtrière^ wm vîmes

quatre ou cinq hippopotames qui, joiïaàt ou se

battant, sortaient de Teau jusqu'à mi-corps» M. de

Sarzec saute à terre, saisit son fusil, et, plus heu-

reux cette foiSj atteint Tun d'eux dans Toeil. Les

tatmi fisparaîss^ttl iitistllèt^ ttïÀlte Wfi^sé testai

h mtfémt fê dibtltimtt lî^iianî TOclhicat éi per-

dant des iletf de sang. C'était une agonie mons-

trueuse. Je me mis alors de la partie, et nous le

m , ABYSSIBÎIE.

crîîïlâwitf sa mort sans pûDTÇflîr

Il cessa peu à peu de se débattre, devint immo-

bile et, entraîné par le courant, alla disparaître sous

l'eau, dans un endroit plus profond. Tout cela avait

ànré pïiit ^mé kemêy éllè jow iëômto#tt$âïî à

3jiîisêf> Mùmm pouirioas ç&p^êxâ mmn licÉièi* i

abandonner une si belle proie ;quant à se mettre à

Teau pour rechercher l'hippopotame, il n'y ftillait

pas songer, tant il y avait de crocodiles qui flottaient

J'en airds^daMla |oixrnèe ûOMpté m^B^ rangés à

la file sur le sable et se chôiifiant au soleil comme

de grands lézards.

Nous avions bien cherché aussi à les approcher,

mais ces affreuses bêtes ne dormaient que d%n œil,

Il MkÊ^ëôm MMmêité ïpe la màmw rhippo-

potame flottât à la surface et , entraîné par le cou-

rant , vînt s'échouer sur les galets ; c'est ce que nous

fîmes. Une pintade grillée sur des charbons com-

posa notre dîner, et, étèadAnl mm mu$i^i^me& mtle B^Me

f mm nous y eôw^âïâm^ Imni^uîlkffiwl.

Le lendemain matin au point du jour , nous trou-

vâmes l'hippopotame échoué au milieu de la rivière,

sur un banc de galets. Il fallait se mettre à l'eau pour

arriver jusqu'à lui. De nombreux crocodiles com-

meaçaieiït k k ditorérv

RETOUR A MASSAOUAII. 355

Nous ne perdîmes pas courage cependant, et nous

mm mimm aussitôt 4 itbtîj|u«r an radeau ôc éês

âflrîÉ^ BïOrts. Séduit par la pérâpéetiw& â^mn tibalar^

un î# iï0§- Sommes se décida à tenter Taventure^

A peine posait-il le pied sur le radeau, que les

troncs , reliés par des lanières en cuir, se séparè-

rent; il ne se rebuta pas, et, s'entourant des troncs

d^arbres eirWJroe d'iïJti rempart, îl i%ança dans

Tcau. D®s lords de la rMIré^ nous tîrîoiis des

coups de fusil, lancions des pteyfjptâ, poussions des

cris à faire trembler la montagne , pour effrayer les

crocodiles.

L'Abyssinien arriva sans encombre jusqu'à Thip-

popotame,M alftMiïa Ik patteme lanière et w^mlM

h tmré sâîû et àwkt Ma Féiîôriae a»îiïial^

imîw les berges étaîeilt trop hautes en cet endroit

pour qu'on pût songer tin seul instant à le hisser à

terre-

Ce fut à notre tour de nous mettre à l'eau. Dégai-

nant alca^ tôut ce que ïiohs ailôtis ée couteaux

et làe |oî|Biir|f ^ ncms. eîïtrifrînj^ l# lui couper

la tète pour remporter son crâne comme tm tro-

phée.

Notre victime était une jeune femelle et malgré

cda â!utm m h00 faille,qu'il mm MhàfhémM

%mfm ^'un travail achp^i pwr venir à hmî €e

notrè besogne. La tete iflétachée du tronc, on la tira

k terre pour la disséquet.

356 ABYSSIKIE.

Nos hommes, pendant ce temps, découpaient sur

son dos des lanières de cuir pour faire des courba-

ches, et se taillaient des beefsteaks dont ils se réga-

lèrent. La vîtnâe entrelardée smM mi aspect

séduisant et ressemMaîi à celle iu pomj comrena-

Wement assaisoîïïiêë , ce serait, je eroig, une très-

bonne viande à manger.

Laissant le tronc mutilé en pâture aux crocodiles,

nous nous remîmes en route; la journée tout

eirtllre Hfâil #1^ employée à m àèpè^mamâ.

#râ¥issâW la îBôAtâgûe qui borde la fÎ¥e droite

du Taccazéi nous atteignîmes un plateau assez aride

sur lequel nous chevauchâmes pendant plusieurs

jours, sans qu'aucun incident vînt rompre la mo-

notonie de notre voyage. Nous étions dans la pro-

tkm de Cfeîre* Sa^t iâ mtjin#se t^icwalè ti^adî^

tïonnelle des chounis , les hahttants étaient assez

hospitaliers.

Peu s'en fallut cependant qu'au village de Maye-

Goundo, on ne nous fît une réception analogue à

Jbe elonui^ îl itat le d«fe, ^âvaîl lât^é sès esprits

au fond d^un gombo de taidje. Telle élaît la cause

de son humeur belliqueuse. Sa femme eut l'intelli-

gente idée de nous en prévenir. Comme il menaçait

de tout pourfendre et que ses cris forcenés ameu-

tsieûl la popttiEtîon , nous le §mm saisir par nos

honïnîes, solidement attacher et enfermer an plus

RËTODR A MASSâOIIAI!. 35T

fin à l'incident. Le lefedemaîn , îl avait cuvé son

taidge et recouvré sa raison , ce qui ne Tempêcha

pas de nous refuser obstinément des porteurs. Pour

éviter toute notiv^le «Qm|ïiî0aioii, nous laîiito^s

Bôs bagages à la gaMe de deux doiiîestîqaes et par-

tîmes pour Adoua dont nous n'étions plus éloignés

que de deux jours de marche.

Bien que nous fussions très-désireux d'arriver

dans la capitale du Tigré, pour y reprendre un peu

ttQi^e «ssïfiffr ^ imm iî# fc^vloiit pif r fm p^ïle

ville â'AxGûm mtmm tMîm ïm ïulnes^

Axouni n'est plus aujourd'hui une ville considé-

rable, tout au plus si elle compte 2^000 habitants;

Gondar Ta détrônée.

Il existe en Abyssinie une tradition qui fait re-

date aussi reculée, il est bien certain qu'Axoum

était très-anciennement une ville importante, puis-

que le pays dont elle fut la capitale s'appela Tempire

des Aœumites avant d'être désigné sous le nom

â'É:liî0ple.

Il exista in ïWN^ It^oUîtt des «îonuments qui

prouvent sa haute antiquité. Ce sont d'abord des

inscriptions, Tune grecque, l'autre hyémarite : la

première est gravée sur une sorte de borne plantée

tnlerre, à quelque distance dé Ift vîîl&î «ïlôt lté

358 ABYSSINIE.

relevée avec soin, comme je l'ai dit, par Sait et

lord Valentia, qui en ont donné une traduction, et

par Théophî΀ Lsi?lti^0, Elle menlîôQue simple-

meiit «ne fîctoÎTe de l^BmpeïeirÀîitïWfc, qui irégîitïl

vefs Vm 330 de notre ère. Toute son importance

consiste, comme je Tai rappelé en plusieurs en-

droits, dans rénumération des pays dont le souve-

è^âxôiïïû M lêctoe èfa*ôîil tûâSIm.

I4 séeôîîle lat découvertê pàj^ liL Femt et Galî-

nier dans un jardin ; c'est sans l^ntg la même dont

on m'a parlé comme étant dans une maison dont le

propriétaire ne se souciait pas de me permettre

l'accès. Si j'avais eu du temps devant moi, j'eusse

peiït-ètre fêiissi à^m^ lafosm ifviie âtttre h fôreer

la eonsigîie éti en preaire m e&tâMfâge; mais II

iïe me fut pas possible de le tenter.

Bien qu'on ignore les faits qu'elle relate, on com-

prend de quelle importance était la découverte

îftfcriptlsii B^pmjarîïeaii aoettïf Bitliîopie

,

épeque, des relatioïïs intimes entre le pays qtiî nous

occupe et l'Arabie.

Les autres témoins de l'antique splendeur d'Axoum

sont des obélisques dont le lecteur me permettra de

dire quelques mois.

E I â pltisieurs obélisque* k àmum ; tous o^

frent le même caractère, mais un seul est encore

debout et intact. C'est celui que je vais décrire et

qiïî«s4%Bré dans ee volume^ un acquis

rigoureusement exact que j^'en ai fait ^ à raîde d^une

chambre claire.

La hauteur, a dît Sait, je crois- est de quatre-

vingts pieds, ce qui ne me paraît pas exagéré, car,

tout prêfs de Im ^t Èmime point de comparaison,

se trouve îïji gigantesque figiiîer i&^côlnore, un des

plus grands arbres d'Abpsraîé, aussi élevé que nos

beaux chênes de France , et le sommet de robé-*

lisque dépasse sa plus haute branche.

Il n'est pas carré, mais moins épais que large;

trois d^ s*s fmm mté mâm «t ^élm mm soîn^ la

qïïaitî^iÊ èsi iïiîtîeîix âes^s* Le mîlîen

de cette façade dan* un plan rentrant par rapport

aux deux côtés,

qui sont saillants , absolument

comme les deux ailes d'un bâtiment. L'artiste a

voulu, — et cela santé aux yeux , — simnier npe

tenf i hmi étugesi îî f a, ûtt efïel^ Bïp| hod-

zontales de qnaîre im^l^fgàoiinles^ ûmm sîttfèes

sur le plan rentrant que je pourrais comparer au

corps de la tour, et une plus étroite de chaque côté

sur les ailes en saillie. Chaque croisée est entourée

eneadrenifiît en téîîef,rappelant le stfle grec

d^une iaçan eddenfc^ j |fe& €<>j?nît;iBB ornées de des-

sins circnlairts réparent chaque étage; à la base et

dans chaque partie rentrante est simulée une porte,

tandis que le sommet est couronné d'une sorte de

fronton.

âtt pîei éô; rMifie0> ne immé um IsMa m^aid mm(Mké^ omè èam son poortot d*ttn«

gwlâiïde d'arabesques , détenues frustes par

l'usure.

Les autres obélisques, qui tous, avec quelques

variantes, offrent les iniiaes dessins , sont abattus

et brpiês^ par tronçons plus ou iu^ins jiaportonts.

Il y a, en outre de ces obélisques monolithes,

d'un travail achevé , un nombre assez considé-

rable d'aiguilles en pierre de dimensions et de

formes variables, plus ou moins habilement taillées

et polies.

J'ai vu mmm dans la ta^e fôout d*UM maison

un bloc à moitié enfoui dans le soJ;, à peîUEe dègrosd

et destiné sans doute à devenir un obélisque; ses

proportions étaient telles qu'il formait une chaus-

sée monolithe ot eînq ou six hommes pouvaient

marcher de front.

Quant à l'origine de ces monuments, je lakse la

parole au voyageur Sait, qui a si conseieneîeusè-

ment étudié ce pays ^:

tt Je ne puis parler avec certitude de l'ancienneté

iâe m$ mommmî^f maîS; je ©Jttjeetttrer^'s c(u*îls

n'ont pas été étîgès avaçtt Im Ffoléméesi eàr î^orâre

en est grec, et il tt'ést pat probable qu'il ait été

introduit à une époque moins avancée. La tradition

* SâLï, Voyage en Abyssinie, t. II, p. 117,

RETOUR A MASSAOUAH, 361

du pays place l'érection du grand obélisque au

règne de rempeyeur âïssana,qui ààit 4e jpïiïS 4$

trois cents ans apris Tire çîitétienne. » Et plmMole même auteur ajoute : « Je pense toutefois qu;*iî

n'y a pas lieu de douter que les obélisques d'Axoum

n'aient été élevés par des artistes venus d'Egypte. »

Il y a à Axoum d'autres monuments qui,pour être

meîni im^ej^Si ne laiisseflt pas que d'offrir de Tînté-

rêt. C'est sûrtcinl nnè église if^sti^îftefâ* Ittyortii-

gais vers le quinzième siècle. Elle diffère essentiel-'

lement de toutes celles que j'ai vues ailleurs enAbys-

sinie, tant parla formequepar les dimensions. C'est

un vaste quadrilatère plus de deux lois pluslongqn©

large, Sj&Iîdetaenl cOî^ttuil, couvert en ferrasse.

La façade est etné* ^nm galerie à colannaie sttp-

montée d^un fronton triangulaire. On y arrive par

un vaste escalier en granit d'une dizaine de mar-

ches. Le tout présente un ensemble très-harmonieux

et qui dénote qu'un hm ûtéïitéàïeptésràd. % îdtsôn*

«tTBfttton de ràdîifïce.

Au pied l'escalier, sur les dalles em |[ranil|

j'ai remarque quelques dessins gravés, parmi les-

quels j'ai très-nettement reconnu une lance abyssi-

nienne ; la pierre qui portait ces dessins me sembla

n'être qu'un fragnièttt détaché d*ane mmré plus

considérable.

Cette église, comme partout en Ab|Sâinîe, €Èt

entourée d'un vaste préau, planté de beaux arbres.

21

362 ABYSSINIE.

On voit encore là des blocs de granit travaillés

avec soin et qui m'ont paru très-singuliers. Ce sont

let Mocs à peu près ^rrM» Sort€^ d^ttt^s, pré^en-

tîmt â lêîw' lice^âttp^ m mmmm hméat mmune rigole destinée à laisser couler ce qu'on aurait

mis dans le bassin. Il y en a un certain nombre qui

tous, avec de légères modifications et des formes

plus ou jmoîîïs compliquées, s^gaaM^ été

affecjllt^ wittïe osage^ Mé S6fiileirMe ï^mt là des

autels aput smti m% hâmm^im ^ Telle fut du

moins ma première pensée en les examinant.

Au milieu d'une allée en dallages,qui conduit de

la porte exlérieure du préau à l'escàlicr de l'église,

il y a enorem hlm ée granit Isûiîpê à ses <|ttMre

angles d^une coloniiette carrée. CfeôîWliiTOeiit A€0

servé jusqu'à nosjours sa destination primitive. C'est

le trône sur lequel siègent les Négouss pour la céré-

monie du sacre. Rangé sur la même ligne que les

ârtit6Îtdôôt|«ti«tfôde pârî même style, je

serais porté à croire qu'il remonte à la mlBae

époque , certainementbien antérieure à la construc^

tion de l'église.

Axoum est la résidence d'un personnage important,

le Nébrid^ grand dignitaire de l'Eglise abyssiolenne,

açrts î'^botiBa^l ritchéqiïÎB, et de idwtgweriieur

4e la ville et du pays. Le Nébrld^&ôwiBÎdère comme

le gardien des tables de la loi , et en effet une tradi-

tion indigène rapporte que Ménélik, enquiltantla

RETOUR A MASSAOLAH. 363

cour du roi Salomon, son père, où il avait été élevé,

lérôta imn I0 teiaple el ap^|iôiftom ÈMopie quel-

ques-unes de ces tables.

Nous n'avons pas pu voir le Nébrid, pas pïùS qor

Tintérieur de Téglise. Il était absent d'Axoum,et,

sans son autorisation, on ne voulut pas nous per-

mettre de visiter le monument sacré dont il a la garde.

II eilMijf fmt m^mÈt sm& smn îout m ^0

dant un certain temps; mais nous étions pres-

sés de rentrer à Adoua pour obtenir du Raz Bariaou

qu'il nous fît rendre nos bagages.

A fmàê dî^iteîice i^iïmdaas la plîfflié q^^ fâssâte^ tmm itemémes

une déptttutfon venue au-devant de nous ; et quel

ne fut pas notre étonnement de voir , au nailieii des

indigènes, un petit groupe européen !

C'étaient d'abord l'excellent Naretti et deux tou-

ristes,m Mkjièmt M< Mmhmmst Bt m Italien,

Mé BMlhstiî^ fuh quéqmÈ ouwers français dont

j*ai déjà parlé. On pense combien cette rencontre

nous fut particulièrement agréable. Que de choses

à apprc ndre et à raconter !

Le chef abyssinien chargé de nous recevoir était

le Lika Mankç^uâsCNiarki, que lawit mtittm di^à vu

au camp àtt Mm Wmâàm^Quelques jours après, le Raz Bariaou revint à

Adoua, et nous allâmes tout de suite implorer sa

364 âJi^ïSjSif lE.

protection pour recouvrer nos bagages. Malheureu-

sement le Raz manque absolument d'énergie ; c'est

une bonne pâte d'homme qui, à tout propos, répond

içM^ mum wé sâit pas se feire obèÎF* M im seraî$

jbabile, eût cliôîsi tout exprès un homme de cette

nature pour vice-roi du Tigré, certain que, s'il ne

peut lui rendre de grands services, il est tout au

©oins incapable de devenir nn eopspîmteur. Aussi,

grâce à CBtte indolence,, nos iiagages mirent trois se-

maines â faim «Ji iropg* de deux jours; il fallut une

semaine encore pour trouver des porteurs : total, un

mois, que nous passâmes à Adoua à nous morfondre

dans l'attente.

fmè êe tôHs wm ê^mm^ , dm mm ffl«ts » mmmimîtîttts die «Éâtsie, dlttuê êafi» 4e fa«ft m fâîm'était indispensable pour recueillir et préparât*

des collections zoologiques, ce fut pour mes travaux

un mois presque complètement perdu.

Mous allions de temps à Attire tenjjffe TÎiite au

0*èltit toufotiïs It même inîse en scène que

fm dêjl décrite, avec la suite bigarrée de soldats et

de serviteurs, les inévitables libations de taidje et

le tabouret humain, qui tenait dans ses mains les

pieds du Raz et les caressait comme pour les réchauf-

fer, âaire Jètaîl è& immm îiïfîïttes t le llz^ êiûî

sans doute enrhumé du cerveau, m «Mit peu^être

Itumê quelques prises de tabac, ce èmà les Al)|ssi*

niens sont très-friands; i *sl41 que, dans les

circonstances où un bourgeois français eût cherché

clans sa poche un mouchoir à carreaux, un domes-

tique présÈHtaîl m Mm m fri^ife ^mùmm qn&

ciîttl-d itîsâît Sfertîr m même tmge. Lû sêriîtêur

prenait alors rhumM» posture et la %tî^ fmmk^

naissante d'un homme qui reçoit de son supérieur

un précieux cadeau. J'avoue que ce détail, dont je

demande pardon à mes lecteurs, fît baisser dans

rnett mikm ïe miSfe le néi^.

ïlm dfes %um Im pîtts îûar^uâwîeÀ â& mtî&

petîte cour était le Lika Mankouas Ouarkî.

Le Lika Mankouas était autrefois un des plus

grands dignitaires de Tempire éthiopien, une sorte

de grand juge qui marchait de pair avec le Raz ;

iB«îs^#tté ©barge a aujourd*bîil iâmiMmif€0&fM^

Wm el rii^oiidftît plutôt m titre de Ministre dos

affaires étrangères,

Ouarki avait, si je ne me trompe, visité TEgyptc

et servi, contre Théodoros, les armées anglaises. Il

iïi0til*^ dttï^t&^irtriîï un splendîde pîs^^

let k mmm m^ùêê é'm^^ éM^è, que lui avait

êcwaésîï^ lilpîér. Il s'était done^ plias que ses com-

patriotes, frotté à la civilisation européenne ; il par-

lait Tarabe, langue plus répandue que Téthiopien,

et comme c'était un homme fort avenant, de bonnes

wimMkr^f intelligent ef awilyîlîâiix^ Miatt«#a Ittî

avait confié la délicafa mission de recevoir les

étrangers qui viendraient en Abyssînîe. C'est pour

cela, d'ailleurs, qu'il habitait la province du Tigré,

par laquelle on pénètre d'ordinaire dans Fintérieur

du pays.

Aa plfsî^tte II ItBït âè taîîïè iBoyéBii^, Mén jn^portîonné^la fîftau très-claire, le regard vif et f&hçant, mais un peu faux ; la barbe rare, les cheveux

légèrement crépus. Nous avons pénétré plusieurs

fois dans son intérieur ; il nous invita même à dîner,

tmhr hilts î m iîmv tewt I ifeît européen,, mm èmIpfwreîitttfes et êm «oîllers m hr^ hntî% m lim

du ouaneba traàîtîonnel, dès verres de toutes formes

et de toutes couleurs. Sa femme, digne matrone de

trente et des années, ce qui est un âge respectable

m âbyssinie, ne prenait pas part àft fei^% mmè

tiré leirtlêfta^ et où elle était couchée noudiglam*

ment sur un angareb.

Pendant notre séjour à Adoua, nous allâmes un

soir, avec M. Nachenius, assister à une fantasia

tfôHiEï|i$ en riionnaur â^nn tucEr d'éléphants»

Il est à^m^gB âsm 1» ps^^ qwand m. grand

exploit cynégétique a eu lieu, la mort d'un lion ou

d'un éléphant, que le héros, promenant en trophée

la dépouille de sa victime, aille de porte en porte la

présèïttèT eïi ii^aimnlant qûs eljaistt îe rêflatmêre

mt^ïm tendu.

ï! n'éfaît pas fossîble de montrer la peau entière

ftETOUR A MASSAOUAFL

de Téléphant, ce qui eût été singulièrement volu-

mineux h promener, mais dans ce cas on se con-

tente de la queue de Tanimal.

Les Abyssiniens, qui, tsooîmf tops les peuples

d^Orient et d'Afrique, soirt gï^iï<ît amâtéiïfs de

réjouissances, ne laissent pas perdre une û belle

occasion d'organiser une fête.

On invite les amis, les amis des amis, chacun

apporte son petit cadeau, et, par une belle nuit

C0Bi3iie îl n'y eu a que dans cet régions, toutes Î0s

dani^euses du pays sont convoquées; on porte en

triomphe la queue de Féléphant; les danses com-

mencent au son des tambours et des flûtes, et se

prolongent souvent jusqu'au matin.

Que djrds-je ds ce^ de plus que ce que

fm ài ûm ït^st fu^l^rs les Atonies restent

simples spectateurs ? Elles resseniMent aux danses

des femmes arabes, mais n'ont pas ce caractère de

volupté lascive qui constitue la seule originalité de

ces dernières.

Nous f^fûmes plosrfeurs fois la visite de DedjM

Kassâ^ fiît Mm irèa , jeune homme à^um qMÎm^

zaine d*années, infatué de sa petite personne,

d'ailleurs parfaitement insignifiante. Tout prêt à

mendier quelque cadeau, il aimait surtout avoir, à

manier nos jfiïëïs,témoignant itw$ flifôn trop

évidente le plaisir quenous îoî ferions en lui olîrant

une de ces armes* Vivant à Àdoua avec quelqxies

368 ABYSSINIE.

serviteurs dans une oisiveté absolue, il en était as-

gmrmmt^pmmm^ se» èflé, et «sepieîïifiïit

c'était le cousin du MègOnsSi dont il était Hen loÎQ

d'avoir Tintelligence.

Les journées étaient un peu monotones. Malgré

MO* instances , nos bagages n'arrivaient pas; leBiz

BarîEou diisiit tûïï|o!jïS n'en MmM rîiïi^

Par exemple^ ïfâsâSBÎû^ fit» ém services qu'il nous

avait rendus, était devenu insupportable. Tout bon

musulman qu^ilfût, il adorait le taidje et le raquî.

Oubié Zelléka, notre sauveur de Ouébéin, lui tenait

naient à tout le mott<|s* Mm ^vme fcis Imtn

incartades faillirent nous causer de graves em-

barras. Un jour, entre autres, Hassein, légèrement

ému, pérorait jl^irant mu ittôïûl«f©^ auditoire,

racontaiît $m mpMU lïiagiiK^rjïSy êiramérant hnombre ÎJ3ical<SQl]abit iM xrîcsHffltes gûII avait feîtet 4

Ouébéin, victimes qui vivaient encore! Il se trouva

par malheur un contradicteur. Hassein dégaina son

sabre pour prouver la vérité de ses paroles, et

côUtîïï^ on vûtiîalf ls éésarmer, Il §t ntt€ large

bîes&uffe k l& îaiÉi i'mi èB ses aiîiileti«s qni^ tmxjh

vant que l'aïîgttiaettl aCeetait une forme un pm îf&jj^

tranchante , se mit en devoir d'employer avec

lui le même genre d'éloquence. Prévenu à temps

RETOUR A MASSAOUAH.

par le bruit, j'eus heureusement assez d'empire

sur Hassein pour le désarmer, et donnant un thaler

lui Messé, qui ttaît îa iBôîn presque coupée miéiïXtfâpôîMi fkt^êmi.

tJne autre fois, c'était Oubié Zelléka qui vou-^

lait pourfendre tout le monde. Nous eûmes beau-

coup de peine à nous emparer de ce fou furieux

,

à le lier et à le bâillonner.

Quand îl n^étaît plan Itrait îl fèttaît, une pierre

Émh mu i l^âni«r f$rdm^ qu% îallsît bien

lui accorder ainsi qu'àHaimn, en recoBnaissaace

de leur dévouement.

C'était peut-être Tabondance des vivres fournis

par 1$ Ifif» qm témâîM tiôM dâmesfîcîlê si turla^

Imte.

ÏM Abyssiniens ont réellement un estotôa^î qieî

tient du prodige. Combien de fois j'ai vu nos

hommes, après une longue étape, se coucher sans

manger et repartir à jeun,pour marcher loute la

«tt^pi ^ isfatïsi ÉliKôîgïier d^îBE être lie wma$ûa iflôndé î&eommodés; mais aussi, comme ils

râftrapenf le temps perdu loriqm'îls sont en face

d^un monceau de victuailles!

Il arriva à Adoua qu'un jour, vers deux ou trois

heures de l'après-midi , nous fîmes tuer une vache

de taille mofeiïîwi^ Qn mèllai dt <#têp0ii)r n^xw^les

M^Uf h hôssâi In laî^îié atee quelques |îti*p^de

viande pour foira un bon pot-au-feu, et le reste était

21.

piwrî^riôiû^âtîqties. Mom sortîmes diaeiin de notre

cdté^ Vers six heures nous reirtrêraes^ et, tout en

dînant, il nous vint à l'idée d'envoyer un cuissot â»x

autres Français qui étaient à Adoua.

M, de Sarzec alla donner cet ordre aux domes-

tiques; hîentôt îl m'appela ; j'y allai à moa tour.

« Plus de vache ! me dît4L

— Coinment,plus de vachef ùtê la liiaît tautôt

comme je sortais !

— Eh Lien, il n'y en a plus, îl ne reste que

h$m l ^

Et de ^ lé sol 4e la pUc^^iïî isfervaîlde r«palre

à ces voraces était ^mféké â*m parfaitement

toyés. Vingt et un hommes en trois ou quatre heures

avaient dévoré une vache presque entière! Ils

n'avaient pas même allaaié de fea^ II y en avait un

dans ttft «iôîft ^sctirr^ $m^m^ à terrei^ai îmét

d'une main un lambeati de chair pantelante, y

mordant à pleines dents, tandis qu'à l'aide d'un

couteau il coupait les morceaux au ras de sa

bouche.

G'fiîsl Ml m ^» îm âlftifnîeiis appêlleiït lé

èr&^d% ètiî paraît^ue i dant certains feiifls frî^^^

cîêrs, plusieurs bœufs ou vaches sotrt dévei^^^^^ e^^^

séance tenante. M. Naretti, auquel nous racontions

l'aventure, voulut nous faire goûter au brondo,

quil disait être excellent; je dois à la vérité de dire

q»e étinets éssentîelleHient nafîoiml^ eoiïf«nable--

RETOUR A MASSAOUAH. 371

ment saupoudré de sel et de piment, n*a rien de

désagréable, et que plus d'un Européen surmonte

&es répngnaiîçes l^ûur seMm h tê vê0m0f(^0hLtû,

Il ^al «ipeMfdtïïl qm le hrmàù &&rt ferfî aus-

sitôt qu'on tue Tanimal , sans quoi la trîimde se

flétrit et n'est plus bonne.

Nous mîmes désormais bon ordre à ces orgies de

Gtrgantaa , et pouratûîr anâ lcrîs shxn^ % pm^Biissloft, »os lïG^rnfes lorent par la sutte scrapit-

leusèment ratiotiftls*

Enfin , le 4 mars, nous nous mîmes définitivement

en route pour Massaouab ; mais au lieu de repasser

par les plateaux de THamacen, que nous avions vi-

par l'Opïtîô^êôiîiâiei l%l 11 résulte que notre

itinéraire en Abyssînie affecte assez sensiblement

la forme d'un 8, le point d'intersection étant

Adoua.

Les plate^âtteÊ cTâBfssiiiîe, % âîttlades égales,

mm^ à p$m êé efiôss près Im mêmas. Ceux àm

VÙpmMSmmim qui sont p^s^t ainsi dire paral-

lèles aux plateaux de l'Hamacen, dont les séparent

la plaine et la vallée du Mareub, ont cependant un

aspect plus pittoresque; leur uniformité est rom-

pue plu$ spiff^1 pm peëieé mmU0$n ^mlàm^

qui oîfoiiît toujotum^ m mofns i%n ^Mè^ ce$

murailles à pic qtiî carâctérîsfint les montagnes

d'Abyssinje»

Le sôl ittîi ilwî^ ^essècité, les h^ei pm»mfléirîes, las arlflpês tôiifïéïïl clèpouîllls îàsim

feuilles; c'est que nous étions à la fin de la saison

sèche, qui durait depuis six mois. Encore quelques

semaines, et la pluie tombant à flots va ramener la

lié M reafa a Ïî^ lerre mii lôaïïfeaii M vm^^inm,

Tinhospitalité traditionnelle des chôatïïltfîïî imM^sait que croître et embellir à mesure que nous

avancions. Il était dit qu'elle nous poursuivrait jus-

qu'à la dernière heure.

Au wîîïît|fe ie Wèm i wm àes dernières étap^ sur

Duflot, un des missionnaires lazaristes qui s'effor-

cent de catholiciser TAbyssinie. Nous revînmes avec

lui àHalaï, qui est situé sur le col du mont Tarenta,

à une granie «Mfetiit*

Ce villi^t^É^j^euplé m fmûè de calIwÉqiîas^ mpartie de s^ïtîfûiatiques. Les premiers vinrent âtt-

devant de nous, en faisant de la musique, et, pour

la première fois, nous trouvâmes une cordiale

hospitalité.

1^ lïibjteti «elle i^î^îjîci Hïttltrepîïe êm

indépendant, fier et belliqueux, qui les rend peu

sociables. M. l'abbé Duflot, qui vit depuis long-

temps au milieu d'eux, nous donna quelques détails

intéressants.

REfOB» a MASSAOUAH. 3T3

Les Chohos proprement dits et les pays qui les

entourent, nominalement soumis au ]Végouss,ne

payent que rarement Fimpôt,lorsque le sou-

f€*tia 0ïïW»lê mm loïte mmàé pocr le par-

mvoit.

Les Chohos sont pour la plupart musulmans, les

autres pays limitrophes chrétiens schismatiques^ et

dans le nombre il y a quelques villages entière-

ment catholiques.

Ils n'ont pas fie ç|«&^ mime choisis parmi m% ?

par leur âge et leur sagesse s'assemhléiîit e| iîâ(îM^

rent sur les affaires du pays, en commun avec pres-

que tous les habitants. Il se tient de véritables mee^

tmgs^ si quelqu'un eherehe à y ftmèm nn

îWïg prèponiéttni^ m î^xiîltît , fet gouvent mêmeil paye de sa vfi mn ambition. Le NégouSS es^sfa

parfois de leur envoyer des chefs; ils furent promp-

tement assassinés, et, depuis lors, il dut prendre

son parti de cette situation.

On pense Mittfji^mrec wm fflîtf fopnte é$ gôo-

vememéiît, lâ îégisïitlôii ioît ^oîr aussi nn mtm-tère particulier; ses bases sont la peina du taliônit

et la solidarité poussée à Textrême. Un exemple en

donnera la preuve.

Deux villages étaient en mauvaise intelligence,

îe ién côBviil i#pnî^ longtenrpi^ sons la cendre...

0n beau jonr il y eut une rîxe^ presque une \mr

taille. Qnî ataît tortt J© Fignore; p©u ImportB

d'ailleurs.

Le kantiba Ouelda Guorguis, que le lecteur con-

naît déjà, était avec son frère parmi les combat-

t«pi§t^^ îfor^ftt qoî remportèrent k victoire^

èt le fi?ir© âu kantiba tua m 4# ôâimrsaîr^^

Mais cette sorte de combat des Trente s'était fait

d'une façon régulière, et la victoire demeurant au

plus fort, l'incident eût dû être terminé. Pas du fout.

ï^ iati| j^all mnlé^^ il immâ être racheté par le

sangi %s §tèm itt JiâMîïfii Ib savait sî Mm qn'îl se

sauva aussitôt dans un aiitite pays; mais les pa-

rents et amis du mort ne se contentèrent pas de

cela. Le meurtrier, dirent-ils, s'est soustrait à la

justice, c'est bien ; mais.il A iim frère qui payera

pour im.

Il n'était pas cependaftï^ goût du katitiba Guor-

guis d'être pendu haut et court pour le crime d'au-

trui,— si crime il y a à tuer son ennemi en se défen-

dant en bataille rangée. 11 se cacha à son tour, et,

3Fte»Hinîaii4ê pàr i^îésîôaniiî^^^^^^ acéGttt*

pagwâ le ifeiHïotîSuI priâ im Mê^&nm^ afin d'ob-

tUftîrt ps*^ ^intercession de M. de Sarzec, que le

souverain, usant de sa suprême autorité, imposât à

ses ennemis de le laisser vivre en paix.

lobatînès,trop intelligent potïr ne pas compren-

dre tout ce qu^a d^oilittii «etle l%}s}«tlôtt barBari i

fit avertir les eniieinîs du kantiba que sa volonté

RETOUE A MASSAOUAH. 375

formelle était qu'on cessât d'inquiéter le kantil)a.

Ce pauvre homme , tout joyeux de cet arrêt,revint,

€Gmm&m h atît, jiô«f*

îilaîis en a|ï|>rocîiawt de mti pays, loi «î Brava,

si résolu, si gai d'ordinaire, redevint triste, aTlIiflix,

timide. Il savait qu'il serait fort difficile de faire

exécuter les ordres du Négouss.

Au village d'Ento, le choum était absent et l'on

reftifaîf absolumentde nons fournir quoi que ce fût.

Le choam eul?oyà un émissaire pour engager le

kantiba Guorguis à l'aller trouter afin de s'enienijre

avec lui sur les moyens de nous procurer vivres et

porteurs. Guorguis refusa d'aller à ce rendez-vous

qui n'était, paraît-il,qu'un piège pour l'assas-

sîiier à rîittpro^îste* Le yîllafe mena^aît de se

révolter î c*étalf à n'y rîen ediaprendrie* Iïë;ureïi-

sement , un de nos hommes nous donna le mot de

l'énigme.

Les habitants d'Ento avaient fait ce raisonnement :

nms âîloB& «anser imî d%nnuisnm àem Fi?anguis,

qu% s*ensifîiffa iine drsettSsîott5 de là , il sera facile

d*arriver à une batailk^ Honis »« hm unions pas

de mal, mais nous en profiterons pour tuer le

kantiba.

Instruits de leurs projets, nous nous tînmes cois

pendant imjn }mr&; totttes let iretalîottt possibles

n'eopcttf pas le don de nous tou^^er»

0e guerre lasse, les bons habitants d'Ento durent

abandoïîîier leur projet de trengeance et îiotis laîs-

sêreiït partît.

Nous avons réussi ainsi à ramener le kantiba sain

et sauf dans son village; mais il n'osait plus en sor-

tir : il était là prisonnier.

Souvent la fûlîdaritè est poussée pînsl&îtï m^mê t

si^ dà»s ufte rîxe^ Il y a mmi ^hmmù M le

meurtrier n'ait pas de parents, on tire au sort avec

des bâtons à qui payera le prix du sang. L'incident

se perpétue ainsi indéfiniment, à moins que la

feraîllé âe la fiel&af fx^loîrf né cpminie h sa

pendaison et que ses parëiils elses aï&îs m vien-

nent eux-mêmes tirer, cliât^n à son tour, sur

une corde qu'on attache aux pieds du patient.

Ayant ainsi participé à la mort de leur partisan,

persoune ne peut plus réclamer le prix du sang,

et la paix est réîaMîej mak^ k mmm âê cela,

cette |ûstice sommaire devient le prîttoipe d'une

série de représailles sanglantes qui n^ont pas de

fin.

De Halaï, franchissant les cols duTarenta, par

ém msitàmw Ipoiivaftfables, jûotûs conttû^^tçâffit^ à

âiscenlre^ âm plateta aî^yssîmen dans les vallées

chaudes du littoral^ et nous arrivâmes à Hébo.

M. l'abbé Bartès nous reçut de la façon la plus ami-

cale; on nous hébergea à la mission : pour nous,

c'était presque la terre de France.

lie petit vîHage de Hébo est assez tvMe i placé a»

tETOK» A MASSAOUâH* âît

Ibnd âVii entonnoir formé par les sommets du Ta-

renta, il n'a pas d'horizon; de tous côtés, Tocil ne

découvre que des montagnes hautes et abruptes qui

semblent prêtes k s^è&tQtâmwt le voyageur. Uicn

y est encore très-agréaM€> tûrtfeïitBÎ 3t tompir©

à celle des rives de la mer Rouge. Les habitants sont

tous catholiques.

A partir de Hébo, nous quittons les terres du

Négouss, et, sauf le petîl iFÎlllifè i"âfcF0nr, qui est

sîtïîé toïit pï#8^ nous ne rencontreroni ^im mmnvillage avant d'arriver à Massaouah.

La région qui s'étend de Hébo à la mer n'est habi-

tée que par les bêtes sauvages. Je ne comprends pas

trop pourquoi,car, avant d'arriver aux plaines qui

li3«iîeÉl:I* Mét lottp^ |ïl«î#esWî^^ ^1 iêi&*^*0%

m vcfagè êa©0M pmêmt flm^^sj^ njliîctt

de vallées des plus pittoresques et qui ne m^ont pas

semblé du tout stériles.

La configuration de ces vallées est assez bizarre :

ce tant èm ttMMiSkà^.^ ptrÉ»* trêMtTOÎfeSi êttîfe

im lamelles veyfejes, iftaît ^éiïiraletotnt t^ï^

médiocre élévartiou. Leurs sfntïosîiés, à angles

droits ou aigus, ne dessinent pas des courbes

harmonieuses. Elles se croisent, s'enchevêtrent,

formant des carrefours en étoiles plus ou moins

compliquées* Att îmà de elmettne #aïles> îl y a

ïiécessaîrenïenf un ruisseau ^ mais il filtre souvent h

trarors le séâé comme pmr m Bomtrûke aux

râyotis du soleil.

Arrivés à un de ces carrefours, site ravissant,

ombragé de beaux palmiers, nous abandonnâmes la

route ordinaire pour aller visiter une belle mon-

Éague, ier^îircQiili^^lbr^ iaà$sîf éthiopien, qui

séBïMe m âresier encore ^vtt ft^mlM mm der*

nière fois, par sa luxuriante végétation et sa douce

température, contre Taridité et la chaleur torride

de la plaine qui s'étend à ses pieds, du côté de Test.

llôïïS »0iîS engageâmes àtïîS tîtï étroit défilé ûû

un lion av^it du paiser mmî mm^ eitr |^#ii4iiDit

un eertain temps nous suivîmes sarié SâMô reitr-'

preînte qu'y avaient laissée ses larges pattes; son

garde -manger devait être d'ailleurs largement

approvisionné , car le gibier pullulait dans ces

^tilles*

ïl Mhi tiiie lefî^ére fois eseiWâr une pente

rapide qui nouis âmetia sur le soiûnaet du mont

Assatî.

L'herbe y était épaisse et tout imprégnée de

rosée; chaque feuille l^trfcare pôi^t#t me f&rle

TmmMe^ W&m retrowions subîleinent , mus ttanil-

tîon iïa saison pluvieuse. De ce plateau , nous pou-

vions découvrir au loin Thorizon. A l'ouest, le ciel

était pur et d'un bleu éblouissant; mais, à l'est, les

nuages s'amoncelaient, près de crever. L'un des

versante de la montagne était brûlé , et^ sur

RETOTJR A MASSAOUAH. 379

raiitré, les arbres avaient revêtu tous leurs atours.

Cette montagne présente un phénomène bien

curieux : lorsque vient le mois de novembre , il

pleiit àw sott w^aïii orîéîiîaî^ m mêjsm temps que

Mï^liè BItio^ Rdoge ; àrrîve m eStïtraîre

le mois de mai, c'est sur son versant occidental que

tomberont les pluies d'été qui fertilisent TAbys*

sinie.

Le petit pkteatt t^ul forma le sommet du mont

âssatî est ntk0 barrière q«e les iïïii|p^:, le^irapt à^ttn

éôH m â0 Fautre , ne franchisse pas^ mm^ battu

tour à tour par les pluies d'hiver et par les pluies

d'été, il est, d'un bout de Tannée à Tautre, arrosé

par ces ondées fertilisantes. Nous nous en aper-

çâtttes lîen ; car, penèfttitifi éiwi^é lieitres fBt WWScmthpêmêB mf é& plateâM ^- mm ww^mm presque

constamment la pluie, m qui était bien loin demmréjouir.

Les pasteurs abyssiniens font comme la pluie et

passent six mois de Tannée sur un des versants de

la «rontagne et six mnh sm Taïitrfe, tin i'îpri&îr

toujours de Teau et des pâturages pour leurs

bestiaux.

Les dernières pentes de la montagne se relèvent

plusieurs fois vers Test, comme si elles ne cédaient

qu'à regret la place à la plaine. Bii joiïïniét l# flim

de ces cr<mp^ t mm» ^memxms la mm ft Mas-

^ualî , oh BOUS trouirerons enfin des nouvelles

m Mmmmt%

Dans les dernières vallées, nous vîmes des li^ftéiS

d'éléphants. Le géant des quadrupèdes fait aussi

comme les bergers; il émigré, suivant les saisons,

vfrâure.

Nous retrouvons Im îiserts du Sama^^ Çlijil^

décrits au début de ce voyage ; ils sont un peu moins

secs peut-être, un peu moins arides, mais, après

les fertiles vallées d'Abyssinie, cette région nous

tûi Séfliilê Mm ^feusti^ M m tt*«ftt êtô mîte der-

Voilà M^KouIIoul ]|femouaà mm apparaît

comme noyé dans la mer; nous traversons les

jetées; la barrière de la douane s'ouvre devant

nom ; mv^ i^mmm m lâm^emx^iM M iPt^tm^

pïos hmmm encore èè k ifôtoii^ t|u^mm la'm^tm

été iteureux de le quitter. Partis le 13 août 1873^

nous revenions le 3 avril 1874.

J'eus une cruelle déception : les lettres que

j'attendais avec anxiété n'étaient pas à Massaouah,

liaail 4 âl^ ; Targent sur lequel je comptais pour

t'èjîïpîfr mm «sfeâFGéllè ajj^iii&tïil: iM^i tmt mhétaîf à AàMUt «n© a^taînt $mm plus loin !

J'écrivis en France et me résignai à attendre la

réponse. Un voyageur doit avoir une provision iné-

puisable de patience.

B&TOUR A MâSSAÔtîAH mJe mettais en ordre mes «ollactbns ; je éomplé-

tais mes notes de voyage^ mes croquis; j'alkîs

chercher quelques insectes, quelques volatiles aux

environs de HrKoullou; mais le soleil, dès la fin

d'avril, m'interdit de faire aucune excursion de huit

heures âïi ioâtîtt h éîaq heures êa soîr*

Mm fmqité à Wsmsméài^ la vie était bien mo*-

Bô^fofte. La scène la plus curieuse qui vint en

rompre Tuniformité fut une cérémonie religieuse

des musulmans, le Zirck^ qui avait lieu presque

toutes les nuits.

Lmsqm^ du batil 3!ttîiîii:rat^ im$MéM â| foiyr

MJhtmè^M §mSi appelé les tÈofaiifs 4 Jà prière du

soir, que tout est rentré dans le silence, que Tair

est calme et la nuit resplendissante, des derviches

s'assemblent devant la mosquée et se rangent en

cercle, les bras p«nd«tit^ le lôn0 corps, les deux

pîeit seïi^ésl^»^ côi^ fautre* Le chef se pltce au

eeatf^e àtL mt^ei quelques enfants se groupent

autour; on entonne des versets du Coran. Bientôt

les derviches balancent leur corps d'arrière en

avant en prononçant avec effort, d'une voix rauque

et gutturale , le tmâ Mk^ pîeiï| «eotoïent

en deux syllabes ^uiiaal le biÉlâueemeiit âa emps^

Très-lent au début, le mouvement s'accélère, #e

précipite... les derviches, les pieds toujours immo-

biles, se balancent avec une prodigieuse rapidité,

si Lien qu'ils n'ont pas le temps de prononcer

382 ABYSSINIE.

Allah. On n'entend plus qu'un son inarticulé qu

s'échappe de leur poitrine haletante à chaque oscil-

lalion* %%% llplâ^ aux towiîtiM^ |0 p«r^êt^

traî d« côiûpâifef leuï pïîêre aceéléjèe à Féelâ|^j^ê-

ment de mpeuf d*une locomotive marchant à petite

vitesse.

La nuit s'avance cependant ; les derviches se

balancent toujours et se balanceront encore jusqu'à

m quiïi loinJjeïit ltiiffieai# m «alâlepîm. L'Idèd

serait ée se Imïwmm mm t^&^m al trit# fttsqtt

%

l'heure suprême où Mohammeii les sai^s^^ par la

chevelure, les enlèvera dans son paradis pour les

y faire jouir du sourire éternellement vierge des

lotïrîs.

Je complais \m fônrs^ les h^^res, en attendant le

retour du paquebot. Plus d'une fois un feu allumé

sur le bord de la mer et simulant la fumée d'un

steamer me causa d'amères illusions. Un mât se

profile enfin à l'horizon! Le paquebot entre dans

îi i^ofl.*... J'ai des lettres de ma §mM^t é& mm

En possession de ce bienheureux métal, dont on

ne peut pas plus se passer en Abyssinie qu'ailleurs,

je voulus, avant de quitter définitivement les rives

de la: mer Eouge , visiter TarchipetiîeDiÉïai;^ oà

PoB feîlk |>ieh«te |îef|èSu

J'arrivai malheureusement trop tard , la saison

de la pêche était passée^

La' |p!«M Hé de Dahkk^ cdle qm fd p&r^

courue, est formée par un mélmge de coraux et de

roches volcaniques. On comprend dès lors que, le

soleil aidant , c'est bien le pays le plus sec , le plus

aride, le plus désolé que Ton puisse rêver.

Ltîlé^ élmée de quelques mèfrtf setîiiiî^ ta*

dessus dê 1e mer^ mi plate. Ses eôtes «ônt prcfibndé-*

ment déchiquetées, formant partout des baies, des

caps, dont Taccès est fort diffîcilei même pour les

barques d'un petit tonnage.

La végétation y élaît Mm mà^^B 'i quelques toi*

mdsas ^ fûelqitte#palmîei?s ââ qtiïpiOtts^Éarit^

dépit d'un sol pierreux qtieiié leaQÉ^Ml pm mmmle moindre humus.

L'île est habitée cependant, et j'y avais été reçu

de la façon la plus hospitalière, grâce à une lettre

que m'avait imnée pour h eàmb 4& Wiïafc h^nMt^R^t êê Mmmm&k ^ âi^ïÉel-Bef; Mmm. de

Bîubar-Pacha , et Arménien d'origine,Arakel-Bey

avait reçu une éducation tout à fait française ; il par-

lait la plupart des langues européennes, et savait

mèmB i^prèeier toutes les dèlîcalèsses de leur Ht-

témture^ |£»|aiiiil k em mmm^d!mès farîées

beaucoup de bieûfeilfe^ et une exquise distinc-

tion. L'Egypte fit une perte le jour où il périt mal-

heureusement à Goundet, dans cette guerre que

le Khédive a entreprise contre l'Abyssinie.

11 1 a ûïïà$ Tïh iê Biilîtt des hoîûûits et âe^ aû^^

mms. î îî tef êmm qtfïï y ait de Vem àmmt ^tottt an ïBKHls le i*tau réputée telle.

¥ersle centre de Tîle, de place en place, on voit

à la surface du sol une roche bleuâtre, très-dure,

aux arêtes vives et tourmentées, qui forme de

^miâ& Mmm iipîaïés à$m hm ïnîîiBu, de Mte:

sorte qtrÊ Im i&m boïis résSiiHMent aux livres

d'utie cicatrice. Si le filon vient à s'élargir, la dé-

pression s'accentue et finit par devenir une fissure

quelquefois très-profonde. C'est là que, dans la

saison des pli:ies, Teau s'emmagasine en quantité

luffisânle f^iijf les mtm habitants al hmM petils

troupéaux âà clahitês^

Cette eau est loin d*être bonne ; cela tient peut-

être à ce que le sol, en grande parfie de formation

marine, serait imprégné de sel.

Il I fi ÎBsefctés partout , et % »%tJ|tfe pss de

fê^$ si dêsart^ si Iralé ip'cœ llmagîtièi o& le

natpmlîst© ne puisse faire quelque capture inté-

ressante.

Une plage sablonneuse , située à une certaine dis-

tance du petit village où j'habitais , nourrissait

nôfâïûittint quelques ÎBitctés fçrt mn^m^ ixiafs

sur le sable humMê avec une agilité diabolique; le

moindre bruit, une ombre même, suffisaient pour les

faire envoler. J'étais obligé de ramper à plat ventre

pouif m^tt ôpfroôber t drstaaçfi eiJttimûaMei ©t

RETOUU A MASSAOUAH, 385

dans celte position, le soleil, malgré mon grand

chapeau , me frappait en plein sur la nuque. J'avais

beau pâttfr àiràttt le jour , lè mMl me classait tou-

jôms îtof iôt*

Un matin,je m^oiiblial Jasi^u*! dix heures. Il me

fallait une heure pour revenir au village. Il faisait

une chaleur épouvantable qui faillit m'être fatale

En rentrant dans la maison que j'habitais , sous Tin-

fluenee ^m^^ dioixte 1%» changement subît teïfl**

pèraiiife, je tombai liratieaL Ismaifl , tam pelM do-

mestique arabe , eut l'intelligente idée de me jeter

de l'eau à la figure. Je revins à moi. Immédiate-

ment je respirai de l'ammoniaque et en mis un peu

dans de fëm dont je me frottai les tempes. Moncuisinier atraît hetireiiseifiteni mh le pot-^u-feu j le

bouillon me fit un excellent bain de pied, où j'ajou-

tai force sel et piment.

C'était bel et bien un commencement d'insola-

tion; quelques instants plus tard j'étais foudroyé.

J'en fus quitte pour la petïi^ et lim forte migraine

q^i âmA pimrenm Jofrs^ liiaîs |e in'ettrpjpe^sai

quitter cette plage iniospitalîère et revins tout de

suite à Massaouah.

On ne peut pas dire cependant, malgré la cha-

l&m lotïide qui rend les rîires de la mer Bouge si

dangereuses |iettdant Tété , qm. lïas^oaali isoît mal-

sain. Il n'y t^gne pas de maladies^ ni épîdémiqa^

ni endéniiques. Biais les Européens y deviennent

22

380 ABYSSIN lE,

promptement anémiques, et malheur à eux s'ils

sortent en plein midi,pendant les mois de la saison

im k&m0&^ sôrtés dé toiles m soie, se muiiir

d'ombrelles, rien n'y fait. Le feël, comme une

brique réfractaire, rejette les rayons de chaleur

avec une telle intensité, que cela suffit pour

amener une insolation. On en a vu , hélas ! de tristes

im âbfsiiniétîS, baMlàtiis de la maûliftiéy ne

sont pas eux-mêmes à Tabri de cette pernicieuse

influence du soleil, quand ils descendent dans les

plaines brûlantes du littoral.

C^€teH à la fia de juin ; il faijsajît sî chrawd à Mas-

sào«?ih fue çupHS m étions réduits^ pouB pdtitfoîr

dorïEîr^ â nous cowcher sur une natte en plein

air; encore est-il que le drap le plus léger nous

paraissait insupportable. Parfois je me jetais à

Feau au milieu de la nuit, et je me recouchais

tout mouillé §ôm immêt dans réiapiï^Kin une

bîènfaî^Bile feiiadhêur qui fffâoûîi aux paupières de

se fermer.

On pense bien que j'avais hâte de quitter cet

affreux pays, malgré le bienveillant accueil du vice-

mmû M. Ite mmie le Sarzec, de M. Çbwîîm^t eldè

M. Duiôt^ jaîssîoôîîaim et de Mi. VmBauxhall et Carrière, représentants de la maison

Tramier-Coste et G*% de Marseille, (j^ue je suis heu-

RETO0R â MâSSâÔlAB^ mi

rmt ie ffOMircÉr remercier îoî de tous les senrîces

qu'ils m'ont rendus.

Entre Massaouah et Aden, les communications

par la voie des paquebots sont longues et dispen-

dieuses : îl fant remomter en Egypte pour descendre

éiîswîte foBte la mer Roage* ie trouvai beaucoup

plus simple de feîre le vopige directement sur un

houtre arabe.

Les boutres sont de grandes barques non pontées,

sauf àTarrière, qui, comme dans les plus anciens na-

vires, sni^f^i 3r^p^^ m çotlr^jr»^ ejrt Îï«# et

très-effilé. Ce^lNarques^ ttLC^i qu-iïtt mit munî d%»e

longue antenne qui soutient une grande voile à peu

près carrée. Avec vent arrière ces boutres sont fins

marcbeurs, mais le maniement de cette immense

voile exige, surtoi^t pOTir virer d« b^rd, de grandes

précKiïfîooSi û fm m ve^ eliivÎFeî? et devèaîr la

pmî# des requins qui ne manquent jamais de rMer

autour de la barque.

J'arrêtai mon passage sur un de ces boutres, jolie

barque toute neuve et jaugeant près de 50 tonneaux.

I/tam ift 4lpaft fat feée j mal^t comwê cm le

sait, rBxaetEude^ ïi^e^ pas une vertu aral>e. On ne

pourra jamais faire comprendre à un Oriental ce

mot si vrai de nos voisins d'outre-HIanche : Times

is money. J'allais cbaque jour, et plusieurs fois par

jour, tourmenter raïs (capitaine) pourle dàjïder

à lever rantîre-

388 ABYSSINIE.

ce Boulera in cha Allah ! « me répondait-il; et de-

msm f sll plaît à Mm^l'âttendîf aîûâî bnlt puni éMéi fîm ijH© je

n^airajs de patienc^v Je fis porter mes caisses à bord>

et, prenant mon couteau, je déclarai que si dans

une heure on ne levait pas Tancre, j'allais couper le

câble et partir tout seul.

I,^ mM m& prît hiwçiîiem^ m êêéêm^ el

H0iï# f8ïlî«i^* Bàm e^a |%HSse lté fort embarrassé

de mettre ma menace à exécution.

Un tel empressement, — après huit jours d'at-

tente! — dépassait tout ce que mon Arabe avait

it Pourquoi, mû dlsaSHl^ és4« m fî^êf ttt arri-

veras toujours, s'il plaît â Dieu, detnam ou âans un

mois. C'est écrit. ^

Il se trouva que le propriétaire du boutre était

un Banian qui, ayant amassé, sou par aou, une

petite fortune à Massa#aai, tetotirnaît dmt FJbda^

son |ïâ|s* emmenant avec lui un petit troupeau de

boucs pelés, de brebis galeuses, dans le corps des-

quels il voyait les âmes de ses ancêtres ou de ses

amis.

Le voyage dé Mî^owtfe IMm iwrt Oï^âînslre-

ment de eîttf jwrt I àêâ% bbôÎs. î¥ttttïit nne

tnôfeaïîs ^p:p1tJ|tWtlfes avaries probables, j'avais^

pour ma nourriture, embarqué une cinquantaine

de poules dans une cage. Quand le Banian s'en

RETOUR A MASSAOUAH. 589

aperçut, nous étions fort heureusement en mer, car

il ne m-eût, ni pour or ni pour argent, admis sur

son Mtôâiî:. V0tïi étaîi coïïtrâîre paur Fetôurjieif

h Massaonah; je B:*àvaîs donc rien à craindre; le

Banian ne jetterait certainement pas mes poules à

la mer : c'eiit été les tuer, crime capital pour un

croyant de la métempsycose. Il imagina de me les

acheter ; mais n'ayant rien autre chose à me mettre

sons la âent, je àm résister à l'appât d'un bénèiîce

de SÛÔ à â00 ^mt 100. Î4& Banian enM rédiwt à

s'aller cacher à fond de cale, entre les; caisses et les

ballots, toutes les fois que l'on coupait le coû à un

de ces malheureux volatiles.

Nous eûmes nîi' fent terrîMei maïs fewable» Achaque ttifaïe le ailt craqiiaal, ïa pTOwe dtt lateàm

ipli^ngeaîit àms, la km^; H était impossiMê de se

tenir debout et d'allumer du feu. Mais nous filions

comme une flèche, tant et si bien que le soir du

quatrième jour, après avoir passé sous les canons

anglais de Pêvîm et francM lé d^fôit de Bab-eî-

Mîûïdebv nôus éiîons en vue d^âd«n.

Mon Banian jubilait. Je n'avais piït manger ^iué

deux poules. Je ne m'en plaignais pas, et je regret-

tais seulement de ne pas les lui avoir vendues.

Nous étions tout près d'Aden, mais pas encore

dans le port, quand iùmi à mvLp survint un Oaînie

^hi, aussi s^lendide que déseâpjlrant» Pas une ride

sur l'eau, pas un souffle dans Tair.^ La voile tombait

21.

390 ABYSSINIE,

inerte le long du mât. Nous restâmes ainsi vingt-

quatre heures. Au bout de ce temps, je vis à Thori-

zon une masse noire qui marchait vers nous en

gfosskst»! h fut I^LCfétait h ittalïfe anglaîsev îmcptôkifquê Je

devais prenâte pour me rendre à Zanzibar partait

le surlendemain. Si je le manquais, il me fallait

attendre vingt-sept jours à Aden, et j'avais ouï dire

que Ja vît cette répieïic^ ti'est ni agréable mî

ècôE0tnîqiie.

Je déclarai au raïs que je lui ferais un eadeaii

de dix thalaris (52 fr. 50) si nous arrivions à temps.

Cette perspective le tira de son apathie. Il n'y avait

qu'un moyen d'arriver : marcher à l'aviron. Ce

n'était pas du §oM Téquipage, Pour élÉelrlsfr

ses hoiMEHïfes^ ïe raïs saisit m Mtôn #t tiiiiînîâtra

aux matelots une volée dans toutes les règles.

Il y eut un moment d'un tumulte indescriptible.

Plusieurs hommes de l'équipage, agiles comme des

sînges, grimpèrent m màt ^ ésm Itl ^rdages,

è^oU Us Jie wômlweRt deseendre qn*à la lïOïïilioii

portasse praittt qull ne leur serait infligé

aucune correction.

Tout rentra dans le calme ; mais Teffet était pro-

duit, on s'empara des avirons, et, aux chants

cBâm$é^ d'une c^raiJfeè -î&iaiîôtôîîe, (imm mit

à ramer.....

Au tout de quatre heures , j*étaîs à terre. Pour

RETOUR A MASSAOUAH. 391

indemniser les matelots^ je leur donnai mes poules,

qn'îh mî éu mmâm fort cher an Banian. 11 n'y a

pas granïi mal d'ailïeiïrs t duper tm îmmpmt^

et les Baiîâïii sont passés maîtres en cette matière.

Je ne pus, à mon grand regret, visiter Aden, le

Gibraltar de l'océan Indien, assis au fond de son

cratère, où ses gigantesques citernes seraient îm^

puissantes à Tempêcher de mourir de .soif, si les

Anglais n'avaient établi d'immenses machines à dis-

tiller Teau de mer.

Après une visite au consulat de France, où j'avais

reçu de M. Chauvet le plus cordial accueil, je mon-

tai sur VEuphmie p paquebot d%Bt Compagnie

anglaise qui m'emporta à Zmmhm^

TABLE BIS MâTIÈBlS

PREFACE, . . . , ^ • . I

--^Da Toulon à Massaouah.— L'Ethiopie, — Physionomie du

pays. — Traditions. — Un mot d'histoire. — La Reine de

Saba. — L'Ethiopie chrétienne dès le quatrième siècle. —Fils de Salomon et fils du dieu Mars. — La Guerre de rÉIc-

lihànt; croisade élhîopienne. — Invasion musulmane. —Secoure 4^s Poi^fugirîs t Je frère dé V^sca de ^mnB.^ —Raz et les rois faînéknts. — Ali et Oubid. — L'usurpateur

Théodoros : son suicide devant l'armée anglaise. — Kassa et

Gobasier : victoire inattendue et sacre du roi actuel loannès,

— Abyssiniens et Abyssîmennes. 1

CHAPITRE II. — Les hauts plateaux de l'Hamacen. —Départ de Massaouah. — M'Koullou. — Campement à Saâli*

— Un aquarium improvisé. — Saiiib^tgâtfmb|t, —^ témitdésagréable. — Le lion 0en§ MmplÈi^ tiR dpfliMtiqiie* ^Quelques mots à propos des lions. — Guînda. — Différence

des saisons entre le littoral et la montagne. — Asmara. —Les maisons dans le Tigré oriental. — Comment nous voya-

gions. — l4 FÎpère Mareub. — Le Balambaras Desta. —Réçeptioiim Câiïîp du Raz Bariaou» — Portrait du prii^ce^

sa maîs<)n. — Le ïïlarcîiê de Eodo-Pêlassî. — Ïm ptaînè de

Goundet. — Me voilà médecin. — Insalubrité des rives du

Mareub. — L'orycteropus et l'hyène 31

CHiPTTRt ÏÏr. — Adoua. — Lâ i^îltê Adéna. — Le mardhé.

— Pourquoi j'y vais à mule. — Réflexions commerciales. —L'art culinaire en Abyssinie. — De charmantes ambassadrices.

^ Danses dans mà cour* — Un délicieux ravin. — Un pea

394 TABLE DES MATIÈRES.

d^îiîstdîî^ë nâttireïlie : nn trâhîlê ardiitecte. — A fâffttt. —Comment je force la porte du gouverneur. — Un magistrat

de mauvaise mine. — La fête du Mascal. — Réjouissances

nocturnes. — Conseils intéressés. — Un oui peu compro-

mettant, — Quelques mots d'entomologie. — L'insecte-

eation. fi

CHAPITRE IV. ~ Les Plaides du Tembiène, — Un chonm

fm hospitalier. — Égaré h la eliaSfÇ^,— Division de rAbys*

sxifîe eïi deux régions. — Létirs hâMlantS, létirs prnducw

tions. — Les montagnes des Ambas et leur destinatioii. —Arrivée à Abbi-Addi. — Un grand'zhomme, — Jugenlent

téméraire. — Le balambaras Debbeb. — Une soirée chez un

seigneur abyssinien. — Des trouvères. — Rencontre d'un

lïl^îm — Méfaits d'un lion. — Ba^W^l# de valets. — La

Imtim m. Abyssinie. — Une senténoe éçtiïjàble. — Quelques

mûU éttr le baobab. — Le village iô 0t k iriAfe du

îellaré. ........ w ^ . . . . .... ... 1119

CHAPITRE V. — Les Montagnes des Agaos. — Une réception

officielle. — Dignités civiles et militaires d'Abyssinie. —Sokota le soir d*un marché. — a Ça beaucoup d'argent ! u

— Comment le sel sert de monnaie et fait la fortune de

^ lift prlsélîi ^EilirèiaaÊ^ — Un jeune seigneur et

m cmt^ ^ îi^fite ^^flse* — Visite â Téglis^ iutnaiithe

d'Ouquéré. — Cérémonies funèbres. — Une attention

trop délicate. — Les fourberies d'un trésorier. — Pré-

paratifs de guerre. — Cernés par les insurgés. — Tout

se découvre. — Une pierre sur le cou. — Le massif des

Agaos . — A la poursuite des singes, — Le boudoir d'un

îknm ^ %m \m Jtor|t du TCae^zè* — Un peu de géo-*

grapliic. , ^ ^ . , • t • ^ * , ^ , ^ * , ^ • 177

GIlAPiTEE Vï. — Le Nil Bleu, lew n'AByssw et McTzANA. — Le Béguémédeur. — Réflexions sur la faune afri-

caine. — Une dangereuse capture. — Débratabor. — Une

possédée du démon. — Singulière médication. — Vingt-

quatre heures trop tard ! — Un guerrier abyssinien. —L'armée marçhe. — Un pont ^o^tii^^îs^» Le Nil Bleu

— JLe NcgQ4î5s: jloiïs sa tente, — OrgMî^|i[iciii ittîîifeît®:,

Idées de loaiinès sur la politique intérîëure et extérieure. —Comment le collier d'un bœuf gras de Paris passe au cou de

Sa Majesté abyssinienne. — Le lac Tzana. — Un lion au lieu

d'une antilope ! — PMsage du Mil Bkn* —^ A travers les

plaines du Foguéra 231

CHAPITRE VII. — GoNDAR et le Ouoguéra. — Gondar. —Le palais des empereurs. — Eglises abyssiniennes. — Le

clergé* — L'Abouna et rEtché<jiiié^ — Le kosm. — hn$

hauts pktêâtit du Ouogttêlrà. — Étràtigês liiôtitagnés,. —Attaque imprévue. — Le combat. — Retraite dans Téglise.

— Un protecteur inattendu, — Moment terrible. — Le vieux

choutn« — Un enterrement. — Négociations. — Rançonnés,

~. iiîfoas enfin ! — Débareck, — Le Semiène, — Un repait^ô

i^nâffe — iaii^ tévcifom îé Taéc^té* ...... t9i

GHAPITIE VIIL ~ Betour a Massaouah. — Chasse à Thippo-

poiainic^^ *~ JtXtîiSôt 4t ruines. ~ Les mouchoirs abys-

sîttîeïis. — Le Lîikâ MtiniôuàS Oùarkî. — Fête pour la mort

d'un éléphant. — Prodigieux appétit. — Les Chohos ; leur

indépendance ; la peine du talion. — Aventures du kantiba

Ouelda Guorguis. — Hébo et la mission française. — Le

pi0ut 4^8361 ti. — Un phénomène climatérinue.— De retour h

MàssàOdah : ftécëjrfton. — Lè MteM ét léi ê&téém. —L'archipel de Dahlak. — Puits naturels. — Chaleur torride

de ces régions. — Un homme peu pressé. — Comment je

réussis à m'embarquer. — Un banian et des poules. —Calme plat sur mer et orage à bord. — J'arrive à temps à

TABLE DES GRAVURES

Obélisque d*Axoum. Frontispice.

Adoua, capitale du Tigré. 72

Montagnes des Ambas 124

Gorges de la Tanquoua à Abbi-Addi . • . . 168

Montagnes des Agaos et vallée du Tellaré , . • , . • . 217

Campement dans un village de l'ilmarah 233

Le pont portugais sur le Nil Bleu 252

Le lac Tzana vu de Forkabeur 288

Le palais du Négouss à Gondar. ............ 313

Église copte à Adoua. .«.••••..«•...••• 361

DE A. RAFFRAY EN AB^SSIWEP aris 1870 , E . p1 0 lî_ et C f Gsr.^îiciçr-ç,

SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES

3 9088 00574 6680