Upload
khangminh22
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
AFRIQUE ORIEIVTALE
ABYSSmiEPAR
ACHILLE RAFFRAYChargé par le Ministère de l'instroclion pabliqae d'ane mission scientifiqae
dans l'Afrique orientale.
OUVRAGE ENRICHI D'UNE CARTE SPÉCIALE
ET DE GRAVURES SUR BOIS DESSINÉES FAR BRETONd'aprks des aquarelles et des croqlis de l'auteur
Deuxième Edition
PARISE. PLON ET Ci«, IMPRIMEURS-ÉDITEURS
RIIH GSRAXCIÈnE, 10
1880Tous droits réservés
L'auteur et les éditeurs déclarent réserver leurs droits de traduction
et de reproduction à l'étranger.
Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la
librairie) en avril 1876,
PARIS. — TYPOGRAPHIE DE E. PLON ET C'^, RUE GARANCIÈRE, 8.
AFRIQUE ORIENTALE
ABYSSINIEFAR
ACHILLE RAFFRAY\ w
Gfcarfé pii* le Mîiilatère de Tinstroclioa publique d'une Bxiliion seiiiiifig^fî
dans rAfrique orientale.
OUVRAGE ENRICHI D'UNE CARTE SPÉCIALE
D aprIe m$ mmMtLhM m ms cboqiîis de l âumuB
deuxième Édition
PARISE. PLON ET Cie, IMPRIMEURS-ÉDITEURS
iû, RUE GsaaisrGiiRE
1S80fùm âr0Us réarwés
A MONSIEVR
MICHEL-EUGÈNE CHEVBEUL
Grand-croix de l'ordre de la Légion d'honneur^
Grmd-ermm €^^ilm êe fûrâm mpérIM ân tm Mmëéu B^MÏ^
Grmnd-officier de l'ordre du Soleil et du Lion de Pirm^
Commandeur de Vordre du Christ^
Officier ëe fnrêre ân Buneêmg,
Ckê^aliêr de l'ordre de la Conception , ete.^ 0e*î
Membre de VInstitut^
Préslâent du Comité im^ jîr# êt MmM^&tmms^Directeur du JmMm des pi&nim.
Membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts
,
Membre associé étranger de la Société Royale de Londres
,
Bé fâéêiémiê éê ÉtmkAêtm,
Be rAcadémie impériale de Saint-Pétersbourg^
De l'Académie royale des sciences d'Italie,
Président de h Société Agriculture deFrmt^, ^fc^ ^^-m
Ce modeste récit de voyage
est dédié
Comme un hiimhle témoignage de respectueuse admiration
et de profonde reconnaissance.
PRÉFACE
Tottt enfant, je rêvais déjà d'expéditions
lointaines et d'aventures» et le récit dès grands
voyages ne fit plus tard que développer chesj
moi Famour de Finconnu ; mais ce n*était pas
seulement pour voir du pays et des peuples
nouveaux que j'aspirais à parcourir le monde ;
j'avais un but plus précis , plus déterminé : la
passion de Thistoire naturelle.
Apr^ âiroir, pendant plusieurs annéesj fait
la thsme aux insectes en Algérie, je r^olas
daller à l'équateur, où la n^ui^é 4 multiplié
h variété des tenes h richesse des
m demef hm mm, M. Imite l)e|rolIe,
naturalîste à Paris, en me pi?omettant son
tiu IPRÊFACE.
appui et ses conseils , acheva de me décider.
J'adressai au ministère de l'Instruction pu-
blique une demande de mission scientifique
gratuite, qui me fut accordée avec beaucoup
de bienveillance et corroborée de toutes les
recommandations qu'elle comporte et qui
m'ont été bien précieuses.
Le pays que j'avais choisi était l'Afrique
orientale , le pays des grandes découvertes ;
c'était bien présomptueux peut-être à moi
d'aborder du premier coup cette terre qui a
illustré tant de voyageurs ; mais dans toutes
les collections, je voyais toujours la place
laissée vide pour ïes produits de l'Afrique
orientale, et, à défaut de découvertes géogra-
phiques, j'avais l'assurance de recueillir un
grand nombre tHui^^les «t de papillons nou-
veaux pour ïa sei€ritce; cala stifiSt pour medéterminer.
Je passât quelques semaines à étudier les
pays que je me disposais à parcourir et à faire
PRÉFACE.
mes préparatifs de départ ; enfin , tout étant
terminé , et après tiiï dernîtr alîemkMîmMUet aux amis, je partis poîir T-Qwteïi. Le mînis^
tère de ïa Marînô a-s^dt Men srcmitt m*acq0rd«ir
le passage gratuit à h^rd à*m tmtkB de
l'État, le Têm^ c|[UÎ se rendi^ft à Saïgp» et
devait me laisser, en fsîssaïll^ à âden^ d'oà
un natire anglais me eÊ^ïïdairaii a Man^îîbar ;
car ce é^mt être 1| première ^iatiop ^ et
je dirai Mentôt comment une cîrcênstattee
imprévue m'arrêta sur les côtes d'Abyssinîe,
et nae M Mm le voyage dans lequel je imSr
m*0(mef d^eïïtrîtîner le lecteur à m$ suite*
Je lui demaiide d'iêtre îndu%entt car je suis
plus îiabilué à manier le fusxl et le filet à
papillons que la plume, et je coniïais îHieux hs
ruses ht chasseur que les délicatesses de la
rhétorique.
le ât ^îs, dàîis les pages qui vont suivre ^
que coordonner et rendre intelligible un jour-
nal de vo-ya^ej, où j*ai transcrit,jour par jour,
heure par heure, ce que j'ai vu, ce que j'ai
X PRÉFACE.
entendu ; c'est plutôt une photographie qu'une
peinture; mais, à défaut du pinceau de l'ar-
tiste, j'aurai la fidélité d'un instrument de
précision.
Je crois utile d'ajouter que pour Forthô-
graphe des mots abyssiniens et des ftoms
propres , et en présence de la divergence qui
existe entre les différents âute^ qui ont
écrit sur ce pays, j'ai adopté excÎTïSÎ:^e3Pa€^nl
dans ce livre l'orthographe que j'avais em-
ployée dans mon jourml de voyage ,lorsque
,
ê$km le pays ^t HuniiMeu dm Abyssiniens, je
poTOÎs leoirMm irépéter et articuler le inéiae
lïîot 4 loisir j m p^éoeetrpant seiiëïaent d*èû
rendî® mmi exiï<teBênt que possible les sons
à l'aîde^e xios eartçllres» I^orthographe que
j'ai adoptée n'est doncs pmai tefêe sûr la cor-
i^éMioû qui pourmît exister ôMklPfê woiwe icri-
l'écriture éïlîïôpiéîïm, teMère
m^étant jttcônîiue ^ m^m mùmmi^mm mpm^âxiûûùn^ que je m& sttîs efforcé de rendre
idge, de la proa^eiation et d^ mm. Bmm
PRÉFACE. XI
doute, je mm emmB Mm itêtte wmxé k
reproduire aussi exaefemeiït que je l'eusse
désiré les sons que j'euîteEliiîs, mais il est
bien eértâîô que mâm alpliabet , aussi toturè
qu'on le suppose, étant admise d'ailleurs la
vdÎ0nx que nous donnons aux leltret en
français , est insuffisant pour reproduire
exactement tous îes s^ons de la langue éthio-^
Il me reste encoï^e un devoir que je remplis
avec plaisir : c'est de rendre témoignage au
trice^CQnsul de France de Massaouah, M. le
comte E. de Sarjsec, pour FaffabiKté atrec
laquelle il reçu et pour les facilités qu'il
m'a données d'accomplir ce voyage, qu'il m'eût
sans doute été impossible sans cela de mener
à bonne fin. M. le comte de Sarzec fut pour
moi, pendant ces huit mois de voyage, un
charmant et précieux compagnon. Son carac-
tère o®cîel et sa position vis-à-vis du roi
d'Abyssinîe lui donnaient bien des privilèges
dont il m'a faitjouir avec lui. J'ai pu ainsi voir
XII PUÉFACE.
et apprendre beaucoup de choses que j'eusse
peut-être ignorées, et s'il y a quelque intérêt
dans le récit qui va suivre, l'honneur en
revient à M. le comte de Sarzec, car c'est
grâce à lui que j'ai pu voir de près le roi et
les princes d'Abyssinie et vivre, pour ainsi
dire, dans leur intimité.
AFRIQUE ORIENTALE
ABYSSINIE
mVP D^ÔEIL GÉNÉRAL S OR l/âl¥SSlîriE.
De Toulon à Massâouah. — L'Ethiopie. — Physionomie du
pays. — Traditions. — Un mot d'histoire. — La Reine de
Saiba* — L'Ethiopie ahrétienne dès h c|ttatrièwe §ièçle*^i~
Fiis dé Salomon ël fîîs dn dîeu Mars. — La Guerre de I*Éé-
phant; croisade éthiopienne. — Invasion musulmane. —Secours des Portugais : le frère de Vasco de Gama — LeRaz et les Tois fainéants. — Ali et Oubié, — L'usurpateur
Tbéodorôs : ^on suicide devant l'armée anglaise^ — Kassa et
Golmsïèr 1 victoire înatt^ûdué et saci*e du roi mlml loauoes»
— Abyssiniens et Abyssiniennes.
L'excellent commandant du Tarn^ M. Guérin du
Vivier I capitaîii© de frégate , m'avaîl mm^^. kmnhofà ïïwm nm ^Mmm&^mê imlm pMmmeBe^ et le
élmianche 20 juillet 1873, à deux heures, les
ancres cédant sous Teffort des cabestans, Tim-
mense édifice flottant où nous étions près d\in mil-
1
lier 4^1iowuïï^sr «^Ibmnla, Mus mmt se
en quittant îa patrie meç t©iites^ se&afifectîons, mt il
en était qaelques-uns dans le nombre qui ne
devaient jamais la revoir, et, dans cette loterie delà
vie, pour qui seraient les mauvais numéros?
Irtf mMf était pourtatït si Wfe &t m MeiW^ h ciel
de la liédSermitèe si Mlâtrf, qtt^îi BeiàMs que
Fon ne doivejattiais être triste devant un tel horizon ;
aussi le nuage qui avait pesé sur plus d'un front
fut-il bientôt dissipé.
Nous vîmes successivement la Corse , avec ses
montagnes déchiqueté0s ^ et Sft&^bôli ftîBl4nt
çOBimtm ImMm qui «réteinrt; pm î« dltPSMt de
îfeçsîïm^ qui semble Tembonchure d'un fleuve im-
mense, coulant entre les plus belles rives du monde
et dont Tœil stupéfait et ébloui ne sait ce qu'il doit
adnïîrep le plus, de là g#e© de la wj^è.Mm tari* «® fat toilîe et eaiii ^%f|^te^ <ïeite
aîiiq»^[ terre des Pharaons^ où le glnîe d^^ttn hoiWïne
a fait revivre les travaux des siècles passés, en creu-
sant, à travers le désert, un canal qui relie deux
mers et deux mondes.
lions ttôifô ârFê^ffîesiîii}ô«r4îor^ cité aais-
sànte, qui se déveîe^pt sôusï%iuAne«
courant qui va et revient de TOrient à rOccident.
Celui qui pour la première fois traverse le canal de
Suez ne peut guère se défendre d'une étrange impres-
sion : assis sur le pont du navire , il ne voitplus au-
COUP D'OEIL GÉNÉRAL SUR L'ABYSSINIE. 3
tour de lui que du sable à pettë W®, dS loiïpes
Hës de #ai»eô;tixqiï:l ïûércfièiitd'uii faBcadeacé, des
^n<es,4ëS gidwrMs d'âraBes et de Fellahs, le désert
ei0% ^uî a son charme particulier et mélancolique,
comme toutes les grandes scènes de la nature.j
Malgré la largeur et la profondeur du canal, les .
narires d'un fort tonnage comme le Tarn n'avancent
qu'avec précaution, et il wons fallut îrçis jïmys
pour aller de Port-Sgîd à Suez. C'était à la fin de
juillet, sous le sèlmld*%yptei^ et, en dèpît de rorigî*
nalitê du royage, ces trois jours nous parurent longs.
Nous sommes enfin dans la mer Rouge. Sur la
rive asiatique, un bouquet de palmiers, dont la
siBïOïtette té découpe au \mtXiw le sable, cotûiitt
ùttétaehe noire, îndiqtte les foiitaînes dé Moïse.
!« Tarn devait un peu se déranger de sa route,
pour relâcher à Massaouah , sur la côte abyssi-
nienne, et remettre à notre vice-consul des caisses
d'armes que la France envoyait en présent au suc-
desseor ie Théodoros.
Après trois autres fouti de ts0|ageMm eîel de
feu, nous arrivâmes àM^^pinahfâ sî^^^»pesdttsoir.
Sachant que j'avais pour nos consuls des recom-
mandations spéciales, le commandant eut l'amabi-
lité de m'inviter à descendre à terre avec lui ; mais
M* de $arzee,i vîee«eoitsul à Ilfassâvùali, liéute^ dé
voir fibtter ua. pavillon français, nous â^ait de-^
fancès, et à peine étions-nous descendus dans la balei'>
4 ABYSSIME.
nière du commandant, qu'il accostait à bord du
Tarn,
Je n'oublierai de longtemps cette ptemiére im-
pmsîon I nôtre viceHsûMttï afiïîtîdl sur une sorte
de pirogue conduite par des nègres plus qu'à moi-
tié nus; il avait l'air épuisé par le climat brûlant
de ces régions, peut-être les plus chaudes du monde.
Ma proménade à lepré;ft*^avait plus de motifs, et
j'en étais lîkenîeiït dè^oîicerté^ mt lèefte mt^ de
prologue m'invitait à tourner le feuillet. Le com-
mandant eut pitié de mon désappointement et me
permit d'aller passer la soirée chez le vice-consul.
lie conswlal eM élvé de i*atttye e<5t^ de k trîlle, et
nous errà^fiies quelques înstitttls dans un dédale de
rues étroites, couvertes d'une sorte de toit en natte,
éclairées de quelques lampes fumeuses. Il y faisait,
malgré la nuit, une chaleur écrasante, qui se com-
pliqait encore d'émanations de beurre fondu, parti-
CtJfêmaaxfîlîi^ltrâbesdeees pays; odenr à laquelle
|émesu îs habituépins fard, màîs qui» ie pïîme abord
,
me causa une sensation singulièrement désagréable.
Chez le vice-consul, je vis une foule de choses
curieuses, qui me révélèrent l'Abyssinie. Il me
raconta quelques-unes de ses chasses dans la mon-
tagne , me #roïjïà le plan du voyage qu'il aîlaît
entreprendre, peur porter ait m\ les eadeawx qu'il
aMit llui remettre... Enfin, séduit par les jÈtoiJités
qwi se présentaient de visiter l'Abyssinie, Je me
dêeMaîr séance tenante, à devenir Jè compagnon
de voyage de M. de Sarzec, et, comme le Taim
levait l'ancre le lendemain au point du jour, je
n'eus que le temps de retourner à bord pendant la
nuîi, pïîaiire^is bagages, , le lênâeniïBte flftafîû^
sion était irrévocable, car, quelques instants plus
tard, le Tarn continuait sa route, et le pavillon du
consulat lui envoyait son dernier adieu.
Ile vôM êm0 k MiasMèniÉ^ siirpris, tout
JLe îewdemaîn à notre réirMÏ nom ptees la
porte du consulat^ Mil ^irr pilotis, nous jeter à Peau
pour nous baigner; puis nous reçûmes la visite de
M. Coulbaut, Tun des missionnaires lazaristes qui
évan|élîseni FAbyssriïle.
DMd^aeiit les *^«s ài^gentês 4e hm^ia^mû^
beilîssent pas line ville arabe, etîl vaut mieux lavoir
au grand jour. Massaouah ne me paraissait déjà
plus aussi laid,je m'habituais à Todeur du beurre
fondu; il me fallut, il est vrai, un peu plus de
temps pour sa^ fomîlîamer mes lâ^tî-isine, dont
îl est M Base? maïs |e m^étoroe aw|o«î^teî de
B^avoîr pas toujours trouvé cela, sinon excellent,
du moins très-passable..
Le soir, quand le soleil eut un peu baissé, je
voulus connaître la ville, et je me mis en excursion,
guidé par m servîteiïr da ^iisul^t*
nm ^ôtîte île qu plutôt an récif de cofsîl^ fol
pas mille mètres dans son plus grand diamètre et
trois cents dans Tautre. La ville, qui occupe la moi-
tié de ce rocher , se compose de maisons en pierre
consîruites dans le style Kpauresque, mais qui
lie ïfesgemèltïït mi êfeiefe^i^wre cétte i*<âî^
t^^fè ï|a# comme wm émmâjbm à un palais.
Dans plusieurs endroits, notamment au bord de la
mer et autour d'une rue oii se tient le bazar ou
marché, ces maisons en pierre sont remplacées
par àm mlmum m îw^chages, siltfèê? m TScMm
d'une cour qti*éïitOû*eïil des palissades^ dê îïâttes.
Ces cabanes, où les murs en treillis laissent circuler
Tair, ne sont pas toujours les plus désagréables à
habiter, et cependant les gens aisés n'en font pas
généralement leur demeure.
Bm iMà du port, qu'une presqu'île du COiïtÎRétf
âbïiie eôMire la: mm^ e^ aiife iaaîsiMï ptus mste que
les autres, résidence du gouverneur égyptien, ca-
serne et en même temps prison. Une place formant
quai est le Fourdah ou douane ; c'est là que s'em-
barquenl efm âéteqttânt toutes \m fflïiir^aiidîs€S4
A l'autre extrémité de l'île se trouve la Biission
llrançaîse, terre toujours et partout hospitdfilère %im
voyageurs. Une digue relie cette île à une autre
plus petite, qui est elle-même en communication
avec le continent par une jetée d'environ quinze
çênts mètres. Jetée fttï met mtmm à atneîier à
Massaouah une eau à peu près doifce, dont on est
forcé de se contenter faute d'en avoir de meilleure.
Ajoutez à cette description une aridité, une nu-
dité absolues, pas un arbre, pas une feuille, et
vam vont Isrez nm- laiMe idée ée cette trille
,
earieuse à traywseir pm^ètm^ mmu qui «ertaîiie-
inent doit deTrenir un bagne pour ceux qui l'habitent.
L'île est donc toute voisine de la côte , et je
voyais, après une bande de sable, se dresser les
hautes montagnes qui forment le massif éthiopien,
Moiïs tvîoïïs liâte de quitter Jlasst^âîfc> oàj^ â cette
épepè dé Pannée , règne une i&mpêmim^ i^tcii*
rable. Le thermomètre monta h fmahm pM^k54° centigrades. Nous avions beau nous réfugier,
la nuit, sur les terrasses pour trouver un peu de
fraîcheur, nous étouffions partout. Aucun animal ne
peut vwm i to^o^itaàî' fl mi $wï iî{i£|I# té
procuftr ém hêim feg0fïïûi%etîi a^tosÉ^llttl iitt^ii^
dreune semaine a^^aiït d'obtenir les chameaux qui de*
vaîent nous mener jusqu'au pied de la montagne,
où nous espérions trouver des bœufs pour la gravir.
Mais avatoli^enlrer ett plein pays abyssinien, le
toeiijf im Mura gté^ ji p«ftse^ le lai ilfe ftiel-
(^UM mots me fAbfssinîé 0ji ^kxktÛ^ ét de re-
tracer à grands traits rhîstôîre et la physionomie du
peuple qui l'habite.
Il est dans l'histoire d'Ethiopie des questions ob-
scures et déllmteis, sor lesqnefles îl ne iïi*â:(ypartîêtit
pas de me prononcer : |e îtt$ suis horné dans ce cas
à citer l'opinion des auteurs les plus compétents,
tels que MM. Arnaud d'Abbadie, Sait, vicomte
Valentia, Théophile Lefebvre, Ferret et Galinier;
renvoyant k cês OH^rages le lecteur qui voudrait
Uuiïm h qméUti â^utte^fo» plus âppfefoadîe*
L*Ab|ssîme est la Suisse de TAfriq ne, vaste réseau
de montagnes formant un plateau dont l'altitude
moyenne est d'environ 2,000 mètres, et qui sert de
î>tse|fc dé hauts somaiélsdiottl les ç|ni«s a|téî||iaeof au
iïïo%iOO mètres. Cet tinmease tiîâssîf,qm con-
stitue aujourd'hui TAbyssinie proprement dite, diîfî-
sion politique réduite à ses limites géographiques na-
turelles, est compris entre 16° et 9° latitude nord et
34;''-38° longitude orienlale de Paris. De toutes parts,
sauf au sud, râ%8sîttîe est eutourée par l'Egypte,
qUî i*ft?eittt d'ïin cei*de dé îer ; &W la fit© gaiiche
du lîîl Bfett §'étiÈïiié«t Jés pays gallas , sur lesquels
on ne sait encore que bien peu de chose, et dont
quelques tribus descendent même sur les rives de
rocéan Indien, sous réquat^ur et nom Mn du
^ïQèlar. le Cto» |pure*oâ àojoufd-hui pat k îbi
Mêaliîfct s*6stîkî^û> diepuls quelques années, déclaré
indépendant, et ce n'est pas là un desmoindressoucis
du roi d'Abyssinie; mais il est impossible de sépa-
rer le Choa de TAbyssinie, dont pendant tant de
sîèéîcs lï tt% été quVne ftmïnm Iï«feité par la
même race, parlant la même langue, professant la
même religion , il n'est en outre délimité par au-
cune configuration géographique.
Bien qu'entourée de régions brûlantes, TAbyssi-
tti^^ $n ï^ton âm aWtula^ |ptît Êim climat
l^lt-liMipért, ipéttffis aiïslâgw« k eelnî à^m beau
printieinps en France, Au moment où le soleil, pas-
sant dans rhémisphère nord, darderait sur ce pays
des rayons plus perpendiculaires, les pluies, qui
m0t estwales, viennent tempérer le« ajiiëiiî^^
pâriwJlïaijtoSW de cette double com-
binaison qu'il y a bien peu de différence de tempé-
rature entre les deux saisons extrêmes. L'image
poétique d'un printemps perpétuel devient ici une
réftiîté* Ce pays, es§éi)#Êlîeiôeftl montagneux, est
îïéeômîi^eat sillonné fm nm ^uatifitâ innom-
brable de cours d'eau, dont les plus importants sont
le Mareuh, le Taccazé^ et enfin le Nil Bleu ou
Abbaïj le plus grand affluent du Nil Blanc, ce Nil
fameux, que bientôt les découvertes des voyageurs
iiôu^ a^pt#tt4coïît |ïe«t^ h tt^^^màst mmm^desjlut grands %tff!BS éa m^^à^^
L'Abyssinie fait donc ainsi partie du bassin de la
Méditerranée.
Cette abondance d'eau, jointe à un climat mer-
veilleux et toujours égal, entretient partout une
belle végétation î «epmdâKt m m voit qm par
1*
10 ABYSSINIE.
exception et dans les vallées basses cette intensité,
cefte iirraliandaïï^e èe mpr mitfs effervescence de
s^e qnî Gàrâ<^êrisènt k vèg^Won dans les pays
situés sous les mêmes latitudes, mais dont le climat
n'est pas tempéré par raltitiide. Entre des mains
intelligentes et civilisatrices, TAbyssinie deviendrait
m des pays les plus fêcotids dti rnrûnde, Dm les
vallées iàsses, rindigo_|M)nsse spénianèïiieîilî le
blé, l'orge et le^lin prospèrent sur les plateaux les
plus élevés; dans la zone moyenne, le coton donne
d'abondantes récoltes. La vigne trouvait là un sol
et un climat convenables, mais Théodoros, jugeant
que le viw était an hteum^e r$mtvà i des Itres ««-
pèj'îenj» à I%«jfmûj^, it ulre îam les dfnoMes.
De rares essais feiltétpat des Européens et les mis-
sionnaires prouvent que les fruits et les légumes
d'Europe réussiraient parfaitement. Les deux cé-
réales par excellence de rAbyssinie, celles qui con-
stituent la tae de ralîmentation^ surbuÉ dans la
classe moymme^ smih éaff0tt^m^ nommé dourah
par les Arabes [Sorgho paniceum et Indicum), et le
teff [Poa Ahyssinica). Le bananier, le citroniÊer,
l'oranger et le cédratier ne se rencontrent que dans
«sérîaînes plaines. Sur les bords à% Jmm TmMt a
Kouârata en particulier, le caféier est iPës-âboûtol,
et ce joli arbuste y atteint de griandes dïmtîîsîoiîs.
Les forêts abondent en bois précieux. Les minerais
de différentes sortes , le fersurtou t,sont très-fréquents.
et ce éernîe^ i»êta!, mm irmfmB larmes ditmi-
ques, eompose à lui seul des montagnes entières,
Mais pour utiliser foutes ces richesses, il faudrait
la civilisation moderne, des routes, la paix inté^
rieure, un gouvernement stable, et surtout un
peuple jeune^ actî^ kbôrîeuî.
L'âM«î©tt^ Je *êriteMè ûôia An pays est Étliîopîé,
L'origine du mot Abyssinie est bien plus récente,
puisqu'il faut la chercher dans la langue arabe. Les
musulmans appellent le pays qui nous occupe el
Habechj, dénomination injurieuse, signiflant peuple
sans généalogie. M. A* i*Jèi«#e^^ mit^â à'm&
fipn tFès-heBL^ciise Im ttm'âêfmAfim^ ém root
el Habechj trouve que les Portugais en ont ftît
d'abord Hahechi^ puis Abeœim; de là à Abyssinie
il n'y a pas loin, et cette dénomination a si bien pré-
valu, que le nom d'Ethiopie, par lequel les indigènes
clèsîgïieHtîiiirp^St ft'psépltii^ireiïtîlémWa^^Le peittplé érfîîcfpîen est un peuple Mm ifîeïis
dé|à* Il fut sans doute contemporain des plus an-
ciennes dynasties égyptiennes, et peut-être soumis
à leur autorité*
FïWOTs vôïicimîent voir les Abyssfel^ ^m^m^(Mmà^ fm lé iétroit de Bab-el-Manieî*^ titndîs
que le vo^s^m^ §êM véçmsm a0tî|& cfîiïîîîtt^, elles
représente aii contmîre eomine «ne race aborigène.
* Salt, Voyage en Abyssinie, U II, p, 243.
12 ABYSSIÎSIE
Lord iakntîa, avec kqiiel Sait irofagéa en qttaîité
de secrétaire, pense ' que les Éthiopi^Hs furent des
colons ou des réfugiés égyptiens, qui soumirent les
aborigènes et se mêlèrent ensuite à eux.
Les Abyssiniens, bien qu'ayant la peau noire,
appartiêwik^t â nm racé três-dîstineie celle que
l'on apsp^iekrâé© Jîêgrev LeurtfpiJ, leoi^m«Ei«jr^^
letrr religion les rapprochent datrantage des nations
(européennes.
L'esclavage, qui a régné et règne encore en
Abyssmie, a souvent , il mî 'ttpà^ ïstoMU ce type
en întrodnîsant dans la famîïle d«s éléments étran-
gers' ; mais ce sont là des accidents qui, bien que
nombreux, n'ôtent rien à la valeur de cette diffé-
rence physique et morale qu'ils ont été impuis-
sants à faire disparaître.
Il existe une chronique indigène, nommée T^Hk"
* Voijage du vicomte Vale\tia , t. IV, p. 216
2 C'est surloiit, je pense, à l'introduction de Chankallas
qu'il faut altrïbuer cette diversité si frappante d*i type abys-
sinien. On sait que les Chatikalas, stiués aù liord-ouest de
l'Abyssinie, sur la rive gauche du Taccazé et tout voisins par
conséquent de ce dernier pays, offrent avec les Abyssiniens des
différences très-marquées tant au moral qu'au physique. Ondoit peut-être les considérer comnse de véritables nègres; c'est
dit rnôiins l'optnron des Abyssiniens à leur égard. Mais, commel'a très-judicieusement fait remarquer M. le docteur Hamy,dans ces métis, c'est toujours la partie inférieure du visage qui
96 d^i^rade et tend à devenir prognathe, tandis que la partie
snpârieure de la tête conserve les caractères propres à la race
ts f^u» élevée, de I&^elld% t<»nt sortis.
COUP D OEiL oftiitâi. SUE i/at¥tstim mNégueustij traduite et mentionnée par Sait, mais ce
nVst qu'une longue liste nominale des rois. Après
avoir parlé vaguement de monarques qui, dit-elle,
régnèrent plnsleiî^t sî#cles, elle mtîm â la reîise
Ékfeé^^ àmm hqiiëlM hmmmMp â^nlèaïrs irenlenl
reconnaître la reine de Saba. Les Iradîlîont âti pafs
ajoutent que Makéda alla à Jérusalem, y connut
Salomon et mit au monde un fils de ce roi. Cet en-
fant fut nommé Ménélik, et les traditions indigènes,
wmi li^tt que la chroniqne, 1# fi&^aé&iÂiim^
ftoââîaiirié Jt â|nii^!le éliiopieiMïe ïfuî perpé-
tua jusqu'à Tbéodoros. Lord Valentia* croit que
cette tradition ne s'est introduite en Abyssinie
qu'avec le christianisme; M. A. d'Abbadie% et
MM, Ferret et Galinier% d'autre part, semblent
0mm fù0 liaMtfe et la raîM |« itla m h^&^A
qu'ils furent juifs avant d'être cbréfieim, et que
c'est Makéda et son fils Ménélik qui apportèrent
de Judée la loi de Moïse. Sait rappelant les cou-
tumes judaïques encore en vigueur en Abyssinie,
telles t{m l% mHmii^m^ îe céoIx- iîibs loïtniM^
îe voîle du fejnpfe, dît quelque part ^: <t J'étais si
^ Arfmtïd tt*ABBiii>rK, Ùmt^ Ans âmâ lu haute Êthhpîe,t. I, p. 116
^ Ferret et Galinu^r, Voyage en Abyssmie . t. II, p. 294,
* Saiti Voyage en Abyssinie, t» 11^ p. 53.
«frappé 4e «6ite f0ssfimbJ:4iïCé, qtte pârJoîsje m«pouvais in*empêe!iey dé m'îînaginer que j'habitais
i «parmi les Israélites. » MM. A. d'Abbadie, Ferret
* et Galinier, Théophile Lefebvre, qui tous ont lon-
,guement parcouru et consciencieusement étudié ce
' pays, sont m$si de cet atis, $mï, lor4 %Ientia
rejette cette fiée en g^appupi^t mt m passage de
l'inscription grecque d*Axouni» roi dont cette
inscription rappelle les victoires y porte le titre
* de « fils de l'invincible dieu Mars» . « Certainement,
i « âît htà Valeniîa un roi qwî m $mM flatté de
î « désée»dre à$ Saîoioaoïï n'auraît pas pris m titre
« de « fils Mars. »
Il est au moins aussi difficile de savoir quelle
était l'étendue de l'empire d'Ethiopie. Sans vouloir
rappeler l'opinion des anciens, qui nommaient
^iilopîe itôus; les pays situés au sud de fÉgypte , il
reste à savoir si l'Étbiopie proprement dite, c^é«t-
à-dire le pays nommé aujourd'hui Abyssinie, s'éten-
dait sur les deux rives de la mer Rouge.
Si l'on admet l'identité entre Makéda et la reine
deSaba, on est forcé de croire, comme conséquence,
que leé dettx tïves asiatique et aftieaine de ïa mer
Rûufe étateat «>B^îse& au sOTteraîn d'Étbiopîe.
Gnillain, citant M. de Qnatremère, dit que la
reine de Saba avait son empire en Arabie, et il
Voyage du vicomte Valentia , t. IV, p. 217 et suiv.
ajoute plus loltt fîtë ^ For et l'ivoire qu'elle oÊiM
tt à Salomon ne venaient pas d'Arabie, où il n'y en a
(c pas, mais d'Afrique w . Qu'y aurait-il d'étonnant , en
effet, à ce que la reine de Saba eût tiré ces précieuses
tï^tîéres des pays gallas, où les Abyssinlçîiis ^éotencore aujôiifi^lîui qu 'il y a de t^t MM. I^earet et
Galinier', à propos de l'inscription hyémarite qu'ils
avaient découverte à Axoum, émettent l'opinion
qu'à une époque reculée, l'Élhiopie et l'Arabie mé-
ridionale ne formaient qu'un seul empire. Plus tard,
u^lâ mmm d^t^À&m t m qoatrîiiïïé sïfcle 4®
notre ère, êf©que à laquelle fut gravéerînscrîptîoù
grecque d'Axoum, Tempereur Aizina-^ celui qui
s'intitule fils du dieu Mars' porte, sur cette mêmeinscription, le titre de roi des Axumites, des Sa-
béens et des Homérites. Au sixième siècle, il est
certain que l'einfer^r iêÉHOfleû âtîé Kaléà^^t
mte gftëïre ^lôtûûïée t M giïêrré àé TÉIèplî^iit» *
alla pour protéger les chrétiens, rétablir son pou-
voir chancelant en Arabie. Sait cependant^, dans
le savant ouvrage où j'ai largement puisé pour
tout ce qui concerne Thistoire d'Abyssinie, croit
poutoîr <îc^iîîii3P€t dé certtîiis passages ^eriiîifesîrè
d'Arabie, tîrà^ ies îmteïBfs arabes par iclmtews^
que les Éthiopiens n'ont rien de commun avecles
Arabes , «c ces derniers traitant de corneilles les
* Ferret et GiiLmiER, Voyage en Abyssm^^%t^ p# 460.
2 SaltjVùyuge en Aktfs$inie, t. IV, p. Mi,
a ÉlMop^îêîls, (juî leur sont si odieux w . Mais les Ara^
bes, ce me semble, ont bien pu écrire ces lignes
sous Tempire du fanatisme musulman et en haine de
la religion chrétienne professée par les ÈtJiW|)l0W^^^
La giie$tioa îett «s| Il #1 mté^a ieSÏM jwsfïj*â ee
que qml^m -SïïmM ir#ttllle Men lu! consacrer son
temps et son érudition.
Ce n'est qu'au quatrième siècle de notre ère que
saint Frumence, en christianisant TAbyssinie, la mit
en îïifiitîéi^^ Beax c^fs «k$ taM la puissaaôô
de ritliîijplB m fèîMê âatos^ mite ^péMm eottlre
l'Arabie doîli|%î déjà parlé. L'empereiïr éthiopien
Atié Kaleb remporta la victoire, et le souvenir de
cette glorieuse croisade est conservé dans une église
que nous visiterons au cours du voyage. Bientôt le
iâ'ârsMf^ ei lÈmim^^f la m^^cMm d^Abfs-
sînie, le royaume musulman de Zéila.
Par suite d'une coutume ayant acquis force de
loi*, l'Abyssinie relevait directement, au point de
vue religieux, du patrîareïte îd'âlejiandrie ; aussi,
rîtle à sa^fortune, elle suîfit èes cropi^eg et t^mh^
dans le schisme d'Eutychcs. La race dite de Salomon
était toujours maîlresse du trône; mais, au dixième
siècle, une nouvelle Judith, delà race juive des Féla-
chas, réfugiée dans les montagnes du Sémiène,
^ L'abbé PoujKois, fAbyssinie, histoire naturelle, politique
et t0li§îmm^ p. 804<.
Cpïiy D-OETL ââliiRAli SUR l/AB YSSIJ«IE. 11
s'^îtipam j^m pouwï*; et pêûiâsltrôîs mtits m&descendants régnèrent surrAbyssinie. La dynastie sa-
lonionienne, réfugiée dans le Choa, n'était paséteinte
cependant : un moine, Técla Hénianot, que les
Abyssiniens vénèrent coinnie le plus grand de îew^rs
Après cette restauration, conîmençent Jes guerres
contre les musulmans, luttes longues et meurtrières
qui mirent FAbyssinie à deux doigts de sa perte.
II n'entre point dans le plan de ce petit té^mîl à'm
êmwé pas à fm footes let péHpèiesî mm iîfnmfait très-important qu'il est Indispensable de sigtta-
1er: c'est Tarrivée des Portugais, qui vinrent, vers
le milieu du quinzièm^e siècle, aider les chrétiens
d'Abyssinie à repousser l'invasion musulmane. Cette
««>îsaêe eut lea ï^ogâfe mite^ i^m laïale ;
pip^iqtte lûtïs périrent, e% diaprés le P; Jérôme Lofe©^
le chef de cette expédition,Christophe de Gama, le
frère de l'illustre Vasco, fait prisonnier par le sul-
tan Gragne, mourut martyr de sa foi et de son dé-
vouement chevaleresque, en donnant la victoire aux
«îlïfjÉtieiiS* Msâs^ mm la petite mnàée ()ortugaise^
^ttîeat mnm des tnissîonnaires catholiques. Cmm-cî, forts de Tautorilé que leur donnait l'intervention
porlugaise, entreprirent de chasser d'Abyssinie le
schisme d'Eutychès. Ils réussirent un moment à
réeottcilier l'Église éthiopienne avec Borne; mais
18 ABYssram.
Us Mïm^m êt&fm&m t$^fkm^ Um^ % iemm^
ïi f iratpifc désormaisimi pLtih m Bh^sénm ^ lès
catholiques, les schismatiques. On verra les tïiTSsion-
naires catholiques, tour à tour proscrits et martyrs
ou vénérés et comblés d'honneurs, vivre en fugitifs
sur les sôjïwnets, inaCM^essi^ ou réapparaître à îa
mntàm W^^^t fitfnrtiït qmÏB WmetBitt adoptera
les doctrrQes de Rome ou d'Alexandrie.
Les discussions religieuses dégénérèrent en que-
relles politiques, d'où sortit la guerre civile. Vers le
milieu du dix-septième siècle, le schisme triompha,
lesquestî0a?re%miises4ispiTurent ; maîslâ monar-
chie, affaîfolîiB^ par ces luttas inlêstîneSt awît perd» de
sou prestige; le peuple^^êteit Jiabitué à voir couler
son sang, versé par ses propres mains. Peu à peu
les seigneurs s^enhardissent à mesure que la royauté
s'affaisse. Il y a encore un Négouss dans le château
4â Bmèm f Wàsàé il ne gouverne plos ; Tempire est
m% ïmm^ ^m. Ce sont nm rm& fàîBéants
leurs mâîres du palais. L^Écossals ÏBruee ^ qm^ dès
duWîI Bleu ; elles avaient été cependant vues et décrites avant lui par
le P. Paëz, jésuite portugais, comme le prouvent les passages
suivants d'un petit livre dont je dois la communication à l'obli-
geance de M. le docteur Hamy : Discours sur les causes du
^é^mdement du Nil, par M. m la Chambre, 1665; com^
prmmt la 4éQ0Uverte des sources du Nil, faite m i^O^^m*tè R. P. Tàtfs , jésuite, rapportée par Gaspard Schôtto âmsson livre des Fontaines :
« La source du Nil est placée en Ethiopie, dans le royaume
StIE L'ABYSSINIE. Jll
1768, parcourait rAbyssInEîèifilîepjmWïlê^^
cette décadence de la royauté, en racontant les évé-
nements qui se passaient en Abyssinie, sous le
fameux Raz MichaëL La pente était fatale ; il n'y
mâà mBm! Raz, bîi^alôt È 'fm mm èmmqm^ lés àrflmit Ig^ latîn;^ m âisputepoût lâ iwipeii-
dérance dans le g®Meï^tt«ïit^t du pays.
La vallée de Taccazé sépare TAbyssinie en deux
régions, VAmarah à Touest et le Tigré à Test,
dont les habitants parlent deux langues distinctes
et ant im j^amefère el âm îïttèrêfe iîlfôFeiïts,
Cfette eîrçonstattcë mtmî â itoê^rvéîîlè îm B!osM^tîms
des seigneurs, et, féfô 1840, nous voyons Ali et
Oubié, Tun siégeant à G^ndar, JRaz^^^^^
l'autre à Adoua, Raz du Tigré. Le descendant de
Makédaet^e Ménélik est toujours assis sur le trône
dfi ses pères, njaîA tï^dn fest l^aittiftte ài©^
« du Goyam , en un district que les habitants nomment Agous,..
tt Le Nil est appelé par les Ethiopiens Abaoï...^ situé sur une
tt montagne ea forme de plateau où se trouvent deux fontaines
tt larges de quatre palmes, qui n'ont de sortie qu'au pied de la
IV naonlagne.
t habitants et l'empereur affirment que la terre est trem*
blante sur la montagne, parce qu'elle est pleine d'eau. « . . •
Le Nil se jette ensuite dans un grand lac qui est dans la
« province de Bed et dont une partie est dans le royaume de
« Goyam «ife Ifâïiti^ êm$ i^v^ ^ WmM^^ * ^ ^ , * * ,
^ l| t^jg^fëi^^e 0<e: îg|e fâiii; voulant
20 ÀWS§IΫÏE.
bien cepêw^n^; qu'ÀIÎ OiïMé M vêmtèid étt
paix l'un à côté de l'autre. La lullt était iminînente,
elle éclata : Raz Ali est vaincu , mais Oubié ne sait
pas profiter de sa victoire , et son ennemi , revenant
à la charge, le surprend an sein de l'ivresse et des
Mièê MôïWphalès. Alt fut trop grand , trop gèné-
reiïS; il laissa la liberté à Oubié, qui remonta sur le
trône du Tigré. Le Choa,depuis un certain temps
déjà, à la faveur de ces luttes intestines, s'était
déclaré indépendant, avec Sella Sellasé pour roi ;
maïs M^ntôi la de tet 4f 'yhéodijrô& .deviili
faire Têïitrer é& pays sôxfe fiôbéîssâBce éès Mè^oms^
Entre Ali et Oubié, un homme sans importance
s'était fièrement campé en rebelle : c'était Kassa,
qui ne tenait ni de loin ni de près à la race salomo-
filenne* Bans me lutte cOïïtré feiz ÀIî , il sut s'em-
parer 10 k mère âetceâèrnîer, et Im&eéMi^l'âîï fut,
peur îâ ràîîÇôn de sa mère, donnée ea marîa|è 4
Kassa. Bientôt nouvelle bataille entre le maître et
le sujet révolté ; celui-ci est encore défait , mais il
assassine son vainqueur et se fait proclamer, sous le
mm de fhêodôres, rm des rois, empereur d'Étbio-
pie imm).ÎS rm de Choa étant mort, ce pays foi; à Ptisurpa-
teur une proie facile ; Raz Oubié à son tour ne tarda
pas à succomber dans la lutte, et, pour la première
fois depuis longtemps, le triple sceptre d'Abyssinie
fut rlimi é&m «ne seule mafn.
Théodk|p®S était un homme d'une audace Incmle^
intelligent, politique froid et cruel;mais, par mo-
ments, au dire des indigènes, il était comme frappé
de démence.
1« 1*îgF4W &wceessi»ï î^iitelîé, Négoussié,
iète Fileniàti âe 1a féirolte et paye aussitôt de sa
vie cette témérité.
L'orgueil de Théodoros n'avait plus de bornes, le
succès l'enivrait, il osa s'attaquer à l'Europe dans la
personne des consuls et des missionnaires ; des
Anglais^teton§ais^ tolllitu^tids ï^rfBti^mi-gé$
4e fers çar li^poté ifcji^iiïifià. Mm l*âftgïteteïire
sait protéger ses sujets sur quelque point du globe
qu'ils se trouvent. Théodoros refuse de rendre
les prisonniers, on lui fera la guerre. Les armées
anglaises pénètrent m Abyssinie, traînant à leur
snîte nti appareil de gnèrBe $ms0M^^ $mtè de
frè&i Tfiï^dôros^, mm i|ti^f«es fiièl©s sértiLt6iM?s.^
se réfugia sur le ro<àer de Magdala, qtà lui semblait
une forteresse inexpugnable. La supériorité des
armes européennes eut promptement raison de
cette citstdelïé aattiJt$ïlé> ei Magdtlâ fut prise; mm$on ne trotilfa ^ue le cadavre de ratrenteier faîl
roi, qui avait un moment tenu dans ses mains les
destinées de l'Ethiopie : plutôt que de se rendre, il
s'était donné la mort. Théodoros, m'a dit un indi-
gène, témoin oculaire de ses derniers moments, se
voyant investi , devint iCCMûEïîûe ttu êm iirieùx j tout
22 ABYSSINIE
^son entourage tremblait àevmé la fèi^inee. de
faro&sî c'est aîors qm ^ sous rempîre à^un
accès de démence, il saisitm pistolet et se brûla la
cervelle.
L'armée anglaise avait remporté la victoire, grâce
aux millions sacrifiés par le gouvernement britan-
nique; mais si, moins présomptueux ou pltts habllè,
Tbéodorot> m Bm àe É^mîmmm ââm llàfdalâ|.
avait reculé vers le sud et franchi le Nil Bleft^ en
^détruisant le pont portugais qui relie le Godjam au
jBéguémédeur, la victoire fût sans nul doute restée
^finalement aux Anglais , mtîf il eût retardé le dé*
^ïttipïeïîlet^ le ciiio^ai^ rarmée dé MBtmàe-Brefagae èàt é# lônftefittps et «iruéllement décimée
par la faim et lés maladies.
Théodoros mort et les Anglais partis, le pays re-
tomba dans Tanarchie. Avec Ménélik à sa tête, le
Choa recouirra sm Wêpeiidiii^e; l^Àinfrdb
basier pou? Râîs, et le ITîgrê, Mstôsa, deux iwiî^eeajÉEx
fc^mpétiteurs au trône d'Abyssittîe>qui recomî3aen^
çèrent la lutte d'Ali et d'Oubié-
Kassa était à Adoua, pauvre et presque sans ar-
mée ; Gobasier régnait à Gondar, commandant près
4b mhmiïï mil^ stjldats, et tout pouvaîl fêm pï#-
sager qtï-îl atai^rt eetlaînement raison de son adver-
saire. Plus d'un se litîssate^inperpatl^^
et fut victime de son erreur.
Les deux armées se trouvèrent en présence non
m>XSP »*<*EIL GÉNÉRAL SUR I^AtYSSÏim 23
loin de la capitale du Tigré, ok Giûmier éltil veitti
attaquer son ennemi.
J'ai visité ce champ de bataille, que jonchent en-
mfé Im ôss«m^iife Waadbfe êm hiMmm #t des cire-
taux, eî un dès âèleûi^s^e cètté1:ûtté me doima sur
le terrain quelques renseignements que je ne crois
pas inutile de reproduire ici.
A Touest d'Adoua, sur la route d'Axoum, au sud
de la plaine qu'arrose FAssam, se trouve un mame-
lon adossé à h montagne. ^ïrr les ito^es de <5e^
raameloiï fue Kassa étagea sa fBtife afùiéè^ lorle
enwon de douze mille hommes, tandis que les
soixante mille soldats de Gobasier couvraient la
plaine, qui ressemblait à une forêt de javelines. La
fusillade crépita de toutes parts ; mais les soldats de
Kassa,disposés par rangs superposés, pouvaîôîït
tous irer à M fois, ismilà qaû les prtttiîers rangs
seulement de l'armée de Gobasier faisaient usage
de leurs fusils. Kassa donna l'exemple de la bra-
voure, ce C'est de là, me disait le narrateur abyssi-
nien en frappant le sol du talon de sa javeline, que
le roi, un genou en terre ina|assilîÎB #t mâpdsant
le danger, i^ustaîi ses ennemis^ et dhaeune êe ses
balles portait la mort. » Gobasier, voyant ses troupes
décimées par la fusillade, veut tenter l'assaut du
mamelon ; il s'élance , mais son cheval s'abat
,
frappé d'une balle ; tous deux roulent dans la pous-
mèm. h&È Tïgtèeas fcrtiéeral à Um imt sur Fen-
34 ABfSSlIIl.
^neimli fef^ le Mm é^êmm^^ Mt prisonnîar, la no-
toire reste au petit mtobre.
Le trésor et les papiers de Gobasier furent saisis
avec lui , et Kassa eut la preuve de bien des tra-
jliisoiîs ét bien les tîoittpàts. ÎMiifui asta*
cieux, il ne donna point un libre cours à ^ |uste
colère, et, renletmant ses haines dans le plus
profond de son cœur, il ne punit que quelques
hommes, dont la culpabilité était notoire, atten-
dant que son pouvoir fût solidement assis pour
laisser écMer sa vengeance. Instruit totilefois par
f«xeiro|îJe de ses devanciers , il ne pardonna pas
au vaincu.
Les usages du pays voulaient qu'on fît sauter les
yeux à Gobasier en lui bourrant les oreilles avec de
la poudre; gèaêraflepiettt, le crâne satitââû «iêi&é
©emp» Elfôsacomnïtgtk feî!i% et^ sim-
plement les yeux crevés avec une lame de couteau
rougie au feu; il fut ensuite chargé de chaînes
d'argent et transporté sur TAmba Salania,où,
depuis mon retour en France, j'ai appris qu'il était
Seul Hîaltre du |i^s,^Spssâm il sacrer empereur
à Axoum , sous le mm ÛB^hkwmks^ eJ, marchant
sur TAmarah, qui se soumit âu taînqueur, il installa
son camp à Débratabor.
Si incomplet, si laconique qu'il soit, ce petit
canevas de Fhistoîre i^âthîople fera comprendïf%
COUP M^mm GÈ^èmu Sïîit t*Àiîfs#ïsm u|e PèS|tére> tout Vlntérét qûî s^îttteclie à ce petïpîe
dont rorîgîne remonte à la plus hante antiquité.
Le voyageur se trouve là en effet en présence d'une
civilisation véritable, mais qui, depuis bien des
siècles, est restée stationnaire. Pour revivre, par la
penfé#| mt mïitêu âH peuples qui n^GîïitMssé sur
mim glôîiê q«e 4© mmt^ iém^imêë l&m passâfe,
il n'aura qu'à observer ce qui se passe autour de
lui. Qu'il regarde ces bandes de jeunes filles allant
à la fontaine, l'amphore fièrement campée sur la
tète; ces vieillards majestueusement drapés daiïs
leur fo^ et lîs^taEnt èm É^reê'éa pp; qa^il
pénétre % Jte eès princes enteirès d# Jéiîrs
serviteurs et de leurs hommes d'armes;qu'il suive
cette troupe de soldats, se rendant au camp de leur
maître, montés sur une mule richement caparaçon-
née^ la tlte m$ r les cheveux treâsê& et #îtti& 4#
heuiTfe, m& pèlerine de fourrure sur lé$ ^pmû&s^
avec leurs longues javelines, leurs grands safetes
recourbés, leurs boucliers bosselés d'argent et leur
chemma rouge et blanche flottant au vent : tels de-
vaient être Rebecca, les sages de la Grèce et les
«trmàes i'Mmmâm. M qud pays ^out mève kmtableau! quelle lumière pour Fédaîrerî Iteâlpes
sous le soleil des tropiques ! _Toutes les nuances de la peau se retrouvent en
Abyssinie, depuis le jaune doré jusqu'au noir
d'ébène ; seul, le teint européen n'y est point
2
^t»¥tsi»im
représmjtl^ Cfette dîwsîfé m^âmtH K^sl pas
fi} vu de grands seigneurs au teint très-foncé et
de simples paysans à la peau très-claire. La teinte
dominante est le marron.
se *appK)eIïiûl dû t||>ie mtùpëmr âmt ils èpâmâfréquemment la %mnlé^ surtout chez les femmes.
Ils n'offrent que rarement, et par suite de croise-
ments, une faible tendance au prognathisme. Le nez
est allongé avec les narines peu dilatées ; les lèvres,
hien qu*nn peu griîsse^^ n^cwt point ce déf^liE^ppe-
i««ait^tteri ^tti m retrouve àMxm la mm latèpe;
les dents sont d'une blancheur irréprochable; le
regard est vif et perçant ; les cheveux sont noirs et
un peu crépus, la barbe rare ; le torse offre souvent
nm grande p^*toî«>iï de lorin^ ê%Mm dîes jeunes
tomes r^pîïeftl dô hmnx ï>riaizes iôr©nte ; 1^membres sont secs et bien musclés ; le pied, légère-
ment plat, n'est point déformé par la chaussure;
les attaches sont d'une délicatesse tout aristocra-
tique, et plus d'une de nos élégantes d'Europe
sentit diè h ïoiéï àêksAèsm d^îgte êm et
psMés d*!mfe sertattte^sâmmm.Comme les mœurs et les usages, le costume r||î-
pelle l'antiquité : c'est d'abord, pour les hommes,
un pantalon large ou collant, mais qui descend rare-
ment au-dessous du genou. Les riches y ajoutent
mer t^$mmâ ttks4mïg et très^ampk, mm de
longues manches serrées au poignet. Suivant le
degré de fortune ou de position sociale, cette che-
mise est tout unie ou ornée de broderies en soie
de différentes couleurs et de dimensions variables,
est ttïi¥êtoieiit eaméîétîstî^iie de rÉthiopîe, vête-
ment commun aux hommes et aux femmes et dont
il faut rechercher le modèle sur les bas-reliefs et les
statues antiques. Vaste morceau d'étoffe rectangu-
laire, c'es^tlâtoge des Romains, qui, comme elle,
se prête i laile Ir^f^îis gi^îieiis^ 011 sèifêres,
Tmi oaî fojir It pauvre, i pj^ewi h mm ietmB /
orné d'une large bande rouge, il s'appelle houêri
dans le Tigré et chemma dans TAmarah; et porté
par les princes, il devient le marguêf^ si le liteau
rouge est remplacé par une bituide de soie brochée
de différentes <j0ïr|e«i?s. C*e^ toï||c«its le ^iifâe
TêtemenI, m&h ijutlle iitersîtè àmn la iiirtmére de
le porter ! L'Abyssinien se voîlë de sa 1og0 Oïî la
laisse flotter majestueusement, s'en drape avec grâce
ou la roule prestement. Parure provocante et voile
modeste, elle sied à la femme, qui sait tour à tour
faire valoir ses charmes ou eacber sa beanté aux
regards indiscrets. C'est la tente du voyageur^ le
plastron du soldat, la robe du prêtre et le man-
teau des rois. Cette toge^ comme tous les vête-
gS ABYSSIMIE.
înents abyssiniens, est toujours en coton filé et tissé
ptr les feiûttès m€ de petits tttètïffSî ^ fittesisè
est trés-mrîaWe, mais Fétoffe, léfèreioent plu-
cheuse, est toujours d'une grande souplesse. Les
hommes ajoutent à ce costume une vaste ceinture,
dont la longueur n'est subordonnée qu'au goût indi-
vî&él ét qm $MéM mmmé des proporlîûns teoBl*
dables^
Les femmes de toute condition et les hommes des
classes élevées ont grand soin de leur chevelure.
Les coiffures sont les mêmes pour les deux sexes.
Le balagtier ou paysan porte les cheveux courts et
çrépusî midis Ip jpTâIre et h ^mrûer^ deux
iKïbfessts êB FÉlbîï^fe^ vmmi Jmm miïÉvtms 4ê
différentes manières : ce $ônî des tresses partant
du front et des tempes pour se réunir à la nuque,
où leurs extrémités, nouées ensemble, tombent sur
îe éWj «a 1ÎÛ petit paquet de torsades ; il y a cinq
m m ïrefses^ grosses e| m htme de côtes
tle <Mtel©n> <ïftleitr nombre est ç(Hïsîdérable, et elles
sont plates et petites. Cette partie de la toilette
exige beaucoup de temps; aussi ne refait-on cet
édifice qu'à de longs intervalles. Pour rendre la
iîto^ûre fim «ouple peffl^être, présert^ des
tà^ôm im sgMI m iiiténaer k dôîikiM^ qui dcwt
résulter de la tension des eheveux tressés^ M est
d'usage de placer fréquemment sur la tête un mor-
ceau de beurre, qui, sous la double influence de la
COUP D'OEIL GÉNÉRAL SUR L'ABYSSINIE. 29
chaleur de lapeau et du soleil, fond et tombe en ruis-
«etiit graîsfôtti mf la i||i3r«^ H cm «t lies êpawlts,
4 dîstâiiee ^ «etie onèiiôB âoiiae; te îastre à là
peau, mais, de près, elle n'a rien de bien sédui-
sant. Les enfants, jusqu'à l'âge de puberté, portent
une tonsure, indice de virginité ; les cheveux sont
alors dîtîsiés suivant Vaxe ân visage, et les tresses,
an Heu d'aller d*a»ant en arrîèi'e, suivent , ^de
chaque côté , le coîïtoiir dé la léïe. Quelquefois,
dans les pays frontières, notamment chez les Cho~
hoSj la coiffure est toute différente : les cheveux
sur le sommet de la tête semblent crêpés, et, tout
autour, de longues et nombreuses loi^ades t^mb^nt
|iifqiiiç sur lés épaules. Un bijou commun aux deux
sexes, et qui tient eoîeore à la coîflure, est une
longue épingle, piquée au-dessus de la nuque ; elle
est en bois, en corne, en argent ou en vermeil, et,
dans ces deux derniers cas, souvent surmontée d'une
petilé tîOttlé en filigrane. Lés ^&e§im U potténl
piquée en avant, daui l^édl^^e crêpé du sommet de
la tête.
Cette dernière peuplade, dont nous côtoierons le
pays à la fin du voyage, me semble s'éloigner d'ail-
leurs un peu des vrais Éthiopiens ; sa coiffure res-
semMé taueoup à celle les Somalîâ, êt ce it^'est
pé*it-#re |^as% leur seul p«inl de contact avec ces
farouches haî^iiants de l'Afrique orientale.
Les femmes portent de gracieux bijoux, toujo irs
2.
m ABYSSINIE.
en argent, fabriqués dans le pays : ce sont un bou-
ton en filigrane, qui se pique dans le lobe de
roreîUûî ttût teôanîê*© igrafêe fm m mrim l«
so{#| ït)ûStféî|»^fe, des braeelets en totsi^e^ # aux
chevîtles, des anneaux plats en filigrane auxquels
sont attachées une infinité de pendeloques de même
métal. Hommes, femmes et enfants portent au cou,
comme emblème de la religion chîétî^nine, un cor-
âo^tifiJ auquel ilt ajûutenl i^^i^iuatu-
îetfm^ te lemmes m fmtmâ Mmm â^'m collier en
verroterie ou en argent, et, quand elles sont riches,
leurs doigts sont garnis de bagues en argent, dont
elles ont souvent plusieurs à chaque phalange.
Enfin I les Abyssîôicms àe$ âêax nèxm font Umpie&iiuSî m i^eslfaé dàïis rares eîrçonstanees
que quelques prîîHîesi prêtre^ m grandjss dnfjaes
useront de chaussures, alors en cuir rouge; mais
c'est plutôt un luxe embarrassant qu'utile, qui
gâte généralement la désinvolture naturelle de leur
ïl f mmâ% mmaté hmmmtif èé tmtkmu. iéiaiîs à
donner sur les costumes, les armes, les oi^iîiéWï0iits,
les insignes usités en Abyssinie; mais, au cours du
voyage, j'aurai souvent l'occasion de revenir sur ce
sujet, en décrivant les personnages marquants qui
ife*m»tr«Hrt $mmm passage.
CHAPITRE II
LES HAUTS PLATEAUX DE l'hAMACEN,
Départ de Massaouah. — M'KouUou. — Campement à Saâfi.—Un aquarium improvisé, — Sambargoumba. — Un réveil
désagréable. — Le lion nous emporte un domestique. —
•
Quelques mots à propos des Bots» Quipdaf — Différence
dès sdsotît entre le littorraï Ét la motitâgne* — Asmara. —Les maisons dans le Tigré oriental. — Gomment nous voya-
gions. — La rivière Mareub. — Le Balambaras Desta. —Béitp^lôli au camp du Raz Bariaou. — Portrait du prince
,
tft itfâîlôiî* — Le marché de Kodo-Félassi» — La plaine de
G^fiiséèfc — Mm- f^fà méi&étà. — fcfôàliièri*! àm mm éuHareuk — L'orjreteropps el fliféne.
Il faflsit S0B§^ aux préparatifs ia ïiptîi. Mmmmm éfaîtiit feeatièoiïp iï^ grandes r jîl im en
Èôiifeetioiiiiar de plus petîfes. Des domestiques
étaient indispensables, et avant tout il me fallait un
drogman ou interprète, denrée fort rare à Mas-
saouah. J'en trouvai un qui avait la prétention de
pârliï^ Iranfafe* Il mt émmMâ0, mt conséquence un
pfîx lirés^élevé; il est tniî^ par conipensation, que
aoufn'avt)ns jamais pu nousbien comprendreen fran--
çais et que j'ai dû, de gré ou de force, apprendre
quelques mots d'arabe, ce que je ne regrette pas.
32 ABYSSINIE.
C'était un grand diable, franchement mauvais sujet,
mth âé&fmM&rd^ qj^om m» fai^donae ce moi î îÎ
peîûltrés^-bien un hiaBfiimé qui sait tôujoats m tirer
d'alfeit^» Iline volait un peu, je le savais, mais où
trouver mieux? Je lui adjoignis Ismaïl, jeune gar-
çon d'une quinzaine d'années, bon enfant, mais
naïf, et qui ne tarda pas i ilcfenîr I&fmiit da miré
de toutes les plûîsanl^Brïes, Bnsgdri SM^fi encore
emmené avec lui son fils , eîsSmi i*um Mmlne
d'années à peine, avec d'immenses yeux noirs, de
grandes dents blanches, un vrai petit sauvage, fa-
rouche et méchant; toujours en tête de la cara-
vane, il éiSt parti le prémier et, après huit mois de
iro|i[p>îi e#me«a le premt^i?.
Enfin tout est prêt; no^ïs èèfennons une dernière
fois au consulat en compagnie des rares Européens
qui habitent Massaouah, el, les chameaux nous
ayâMt dèv«n«i|s, nous pj^rfons le 13 aott veris une
heure»
Après atoîr franchi les deux jetées^ qoî relîônt
Massaouah à la terre ferme, nous nous trouvâmes
au milieu d'une plaine sablonne-use, hérissée de
quelques plantes rabougries, et au bout d'une
heure nous étions rendn$ TÎHage de M'Koullou.
Là, sauf une mosquée et la prise d*eâu construite
parle gouvernement égyptien, plus de maisons en
pierre; toujours des huttes en branchage. M'Koul-
lou cependant a cet avantage sur la capitale du pays,
LES HAKft FtâTlâCX DE LVHâMâe^iî- 83
ièjn^lmp^lftt ïessçi^p^^ la mer; ïWfâsî fes méîlês
étroites el empestées ont disparu ; les cabanes sont
disséminées çà et là et tout autour Tair peut circu-
ler. Mais quel air, grand Dieu! au mois d'août, et
^par 50** de chaîéiipl
^ C'est à M'Ioalka qtïg îm ^m^êmm résîdànl à
J&ssaou«li ont leurs mUirs #lté, «t finsiettrt itoV
valent parlé de jardins, tant anglais que potagers,
sur lesquels ils fondaient les plus splendides espé-
rances. Je dois à la vérité de dire, et sans vouloir
â^j^tam Im ÛMem tlljisîoi^ èoni m bercent «les
eûiflp[tfîolèS| qvtUf sauf çufél^nés tafliarix rabougris
et même privés de leurs feuilles en aiguîlle^v ôii
quelques piments chétifs, dont les fruits sont encore
plus brûlants que les rayons du soleil, je n'ai rien
vu que du sable et des dépôts coquilliers de for-
mation témtàtà^ Ém$ mMi^p fUlusIott mt nrn mbelle étoè qu^iéês fauWes malheureux, qm lé
dévouement où Tappât de la fortune enchaîne à
Massaouah, croyaient, en changeant de fournaise,
que le brasier était devenu moins ardent, et, à les
entendre, M'Koullou serait un petit Eden.
Itas âesefûdîiw îa niftlsoaJôs lufssïoïiiîâîf^i^
alors îiiliiaJ3itée> ét^f^^ moiïs4tei4BÎîIe qn& p&ùt
avoir de l'ombre , car nous eûmes grand soin, la
nuit, d'aller coucher dehors.
Il y avait encore bien des oublis à réparer, puis
nous voulions clore nos lettres et annoncier k ams
34 ABYSSINIE.
parents et amis que nous étions enfin partis. Quand
poïïitîiîBSHri^ le èiwlTîii^^ Itaît
immi mmt et mé pu le dire. Dè îi*Kfiîîttoïi
flous pouvions encore ap^êrcef la mer et la fu-
mée des paquebots, qui nous apportaient comme
un air du pays; mais, malgré les tristes réflexions
qu'eût pu nous suggérer cette brusque séparaiïîcm
êû mcrtede^fïKsé» nous étîoM gais et alertes.
compagnon de voyage, qui languissait depuis
longs mois à Massaouah, voyait devant lui les mon-
tagnes, c'est-à-dire un peu de fraîcheur et le réta-
blissement de sa santé; moi, je ne pensais qu'aux
merveilles que j'allais contempler, et cette sôîî if
TiûCOïMMt atâit, Mîïs âtlèfttîer Im dÊ^mm et
mm§mhç que je laissais bien loin, reÉtt]^|aç| pôur
un moment tout autre sentiment dans mon cœur.
Après M'KouUou, le terrain, toujours aussi
aride, devient plus mouvementé; la végétation, plus
abondante peul-êÉf©^ «st tet mmi trfste nim ^compose qie éê qtiialqtUBs^ jg*asse& èt d© ittfe^
mosas, dont les longues épines blanches se déta-
chent en clair sur le sol déjà éblouissant,
Nous rencontrâmes des chameliers, et nous bûmes
avec délice quelques gorgées de lait aigre qu'ils por-*
fût àutreiaeitt i^ttipte ^ue par des lâiacik m àmgazelles fusant à notre approche. Nous avions at-
tendu, pour quitterM'KouUou, que le plus fort de la
^Sklm^fMpiMèimBÛ la aiiil sti^tînMlIô îjî^iitôt
obscnre^tia»i&Ittne- Adix heures, nous ttotùs^anrêtâr*
mes dans une sorte de cul-de-sac où nous sentions
avec plaisir un peu de fraîcheur. Nous allumâmes
une lanterne, et je fus aussitôt envahi par une nuée
#îMe<ït0s^ Jftiâîssô I Jîeîi$ir>sî je songeais à dQïiûïr
rnmâ d^m am^ Mt me mstplê mmmon. 3^êimB$
enfin quelques couvertures sur le sol, et je ne tardât
pas à faire comme tout le monde. Nous devions re-
partir avant le jour afin d'atteindre en une étape le
pied de la montagne, à Sambargoiimba, et je me dé-
S0lal&4 ïa f©asie de fwltler saiïs^le tôlrm ^«ôlti|u| M pârâîssâll sî wehe mitts^êf* Uà mmàmà^qui eut pu devenir désastreux, éôiaMtOTS tmm t
lorsque le matin, vers trois heures, nous nous ap-
prêtâmes à partir, deux mules avaient disparu.
Grande fut notre colère et surtout celle de mon com-
pagnon. Le pays esl: înfbïé déiaiJfés^eltiMïé ^taS*
à mrnm qu'ils avaient fait un festin de nos mon-
tures.
En tout cas, c'était un jour de retard, et le cam-
pement de Saàti n'est pas précisément un séjour de
délices; de plus, nous n'avions pas de vivres, et Feau
éliatdjtegt^«, i^trec le jour, le pays m^apparut en
Bifet aussi peu sédtttoil qtfÛ ai réalitèî eafeft
deux petites collines arides, une sorte de lagune à
moitié desséchée, sauf quelques flaques d'eau crou-*
pissante, et pas un coin où se mettre à l'ombre. Nos
36 ABYSSINIË.
domestiques se laneèretti li la foiïFâiïîte àeê ïmûês,
et moi je Me lûîs en chasseï car notre déjeutier cou-
rait la campagne.
Sans la feim et le soleil, je ne serais rentré que le
soir.
De Fautre côté de la colline je trouvai un véritable
fljftWisiUCîtMu^ Ombragé de quelques taatài^3Ê#t fii^^^
mi^as* toMlite&^gateM^ i^éM pln^
tades, pttïittïaient ;je ne savais plus où donner delà
tête. Je revins chargé de gibier. Nous fîmes grasse
chair, mais nous étions dans une fournaise. Enfin,
notï§ atlsiïneçiiïiè #ïîNietesîf# im% U m^er, et,
ieaâaat ÈMrèmmânm mmmeixmsm^îm ê'émm^
mm ftoût f j^éêî^imes tout haletants^ tîû de nos
domestiques eut pour fonctions de nous arroser
toute la journée, comme un jardinier vigilant arrose
ses laitues. Je m^échappais bien de temps à autre,
pottr r^ëîllir quelques lijie^tes W h hofà êmês^àm i^eâ^i iïsîi le kùMï ttia nm&nmiMmwâe4ans ce que je pourrais appeler notre aquarium.
Vers quatre heures du soir, hommes et mules re-
vinrent, Tun suivant Tautre ; notre supplice allait
finir. Nous ne pouvions plus, il est vrai, arriver le
lérafeleâ^i.
La nuit sucddiiit rftpîiçiMîeiit mi i^udteer du so-
leil, nous dûmes camper sur un mamelon entouré
de forêts. Nous n'avions d'autre eau que celle de
LES HAlîfS t,teATlâtJX 0B L'HAMAGEX. 3T
îlos outres ; aussi, malgré u»e «©îf iïéTOraml:€, cîiâeun
fat rationné. A peine élenduMÛt^lesol, nousfùmes en-
vahis par une bande d'animaux moitié araignées moi-
tié scorpions, que les entomologistes nomment ga-
léodes ; ces horribles bêtes, grosses comme le pouce,
jâuBfi^^t irejtmes, nm% pasiaîent et repassaient wmlesinaiïî et la figure. Mou$ ètiotrs ie plus lUîirale^
ment cernés par les léopards. Les chamea,us él ïes
mules brisaient constamment leurs entraves ; nos
chienshurlaient,etnous passâmesla nuit àmaintenir
nos bêtes el à tirer des coups de fusil, pour éloigner
les fauves. €e fat uné mauvaise mit Le matitt, il
nous fallut partir sans avoir dormi, bu, ni mangé.
Âu pied du mamelon s^étendaît la plaine d'Ailet,
puisla montagne. Cette plaine aride ressemble à celle
qui précède Saàti, et l'étape eût été bien monotone
sans \m bandes de pintades et dé kan^i^liiif» Msoutarde|,|^,ossfs mmmà è& petites «Btolîél^i elles
gr^aîmites gazelles qui, de toutes partf^ fuyaient
devant nous.
Enfin le terrain commence à s'élever, la végéta-
tion devient plus abondante , nous quittons le
Samarh, région bradante ^ désertai pour entrer
dans les premières vallées dés mcMatagiies d*â%s»'
sinie, où, sous la double influence deTeau et dé la
chaleur, la végétation des tropiques atteint tout son
développement.
Nous nous installâmes au fond d'un ravin, sous
3
38 ABÏSSIMJE.
lin grand temariiïî^r, tot î*ép«is feMUâge mmo^î^îl w« ômT)3re feieniimnte. C'e^t Ikqm devaient
nous afcand^nerîe» Rameaux incapables de gravir
la montagne qui se dressait devant nous.
Sambargoumba est le centre d'une exploitation de
bois, que le gouvecûettiént égyptie» a ec>nfié© à liii
ytançaîSj mI^ofsa1>s^^ Le site
était raviâjsattt ; au milieu d'une immense lurêt, mruisseau murmurait en glissant de rochers enrochers
;
des oiseaux au plumage varié, des papillons de mille
couleurs, des singes, de petites mangoustes égayaient
cii#e ;golîtttde.. M0US »^ pour alimente* mire
jprdfe-iBanger, d*aut*e Tjesâoorce çue 1* eltasse.
$àinbargoumba jouit en outre de la triste re-
nommée d'être le rendez-vous favori des lions du
voisinage. Je n'accueillais, je dois le dire, qu'avec
une réserve entachée de scepticisme tous les récits
d:%vënttt*cs fim m molm fantastiqnés çii les Itos
jouaient invêrîabléaiéitt mt r^le terrlWe» Je tt'avaîs
encore vu le roi des animaux que derrière les gril-
lages d'une ménagerie, et je ne pouvais me défendre
d'une certaine curiosité anxieuse, en errant dans
celte forêt qu'on disait peuplée de lions.
Mon compagnon de vô|àge, qui savait, et fùnt
cause, que les lions de Sâtofcargoumba ne souit poîïit
des êtres imaginaires, avait hâte de fuir; mais
comment faire? nous n'avions que sept mules et
nous étions trois, y compris un Italien, M. Piajjia,
LES HAUTS PLATEAUX DE L HAMACEX. 39
qui nous accompagnait pour recueillir des collec-
tions oPOtlli^ogiqnes, lÉâî# âM^uel je n'ai jamais
fti eipfaHI^ iiB seul nEm^am* âptès avoir loBigue-
ment âMkété, il fut àèéûè que nous chargerions
les bagages sur les sept mules, et qu'en ém^voyages nous pouvions les transporter sur un pre-
mier plateau où nous espérions louer à quelques
pâtres abyssiniens te bœufs pour nûm ûmimmJîtsqifâ âsniara ; dans ce premier vîîï^e SOîioqiîs an
BJégouss, nous trouverions bêtes de somnie ôl fUt^^
teurs. Le vice-consul devait monter avec le premier
convoi, pendant que M. Piajjia et moi resterions à
garderie reste des bagages, en attendant que nous
pussions^ à wû^é tcrar^ ^jmit l^ mmk^e^ Il éMtIroîs lïBnres^ entîfon de î^tès^inldîf qnaffld le vfee*
consul partit avec le premier convoi. Le chemin ou
plutôt le sentier montait en lacet au flanc de la
montagne, et nous pouvions voir d'en bas serpenter
la caravane. M, de Sarzec avait un chien favori,
âsphar {jaune m arsbi) j nn îàmm «plfaSide,
mûl& mmïï^ tnicicie. âs|)tîiâr ne if»tflaît pas
suivre son maître, et, à pleine; % tîtfeîques centaines
de mètres, celui-ci renvoya un de ses domestiques,
un pauvre nègre délivré de l'esclavage, un eunuque
surnommé Némo^ pour prendre Asphar en laisse.
Mm femm&m ià mmm^ mi^mmamà iêcîder le
inalhenrenx lévrier à se lalsseï jj^en^ wms |
parvînmes ce|>endanty et Kfèmo, qnî ne se irouvaît
40 ABYSSINIE.
pas à plus de dix minutes en arrière de la cara-
vane, eût pu la rejoindre facilement; malheureu-
sem«M il était à'me wâdmmf, â'vm
^«e pôutâîl mnh ewplk^mt M lâtitîMtîoit dètït il
a*aît été victime dans son enfance. Assis sur un
tronc d'arbre, il se prétendait malade, il avait
comme un pressentiment de la mort, et je dus le
menacer d'une correction s'il ne se hâtait de
rejoindresoïïiKîiîIré. il|[ttrfilt îi'yiteBsapîaSf
J'allai dâtts ies esnrifotièâ la rmém^^ iBmmdîner, qui perchait au haut des arbres soasforîne
de pigeons. J'attrapai de ci de là quelques insectes,
et, après avoir festoyé d'un peu de riz et de ma
chasse, je fis allumer les feux, étendré; â têjrjpe im
petit ïÈiâl^aSj puis ©enebiî, m pïeÉaftt pas
ttïâa^è la. précaution de faire dresser ma tente, tant
il faisait chaud. Je m'endormis ainsi à la belle
étoile, sans plus penser aux lions et à l'Afrique que
si j'avais été au centre de Paris.
âiï èèttl ie quelques lieuréâ: tfûe s^salîôii ée
$tmé îûê ïlireilla î oiî otage èp^umiikl^è^ mMéclaté, et, un peu plus, j'allais flotter comme Moïse
sur les eaux du Nil. Mais, hélas ! Pharaon ne m'eût
point envoyé sa fille pour me recueillir. J'étais trempé
jusqu'aux os, et je n'eus d'autre ressource que de
quitter me& ^êtenaiîtls traiïiieKÉTO en éponges^ liât
plïiîe mmi éteint les feûjt î 11 laî«îy[t si iioîry çue je
ne voyais pas à mes pieds* Après hien des heturts et
LES nmm wmmmx m nuAMAma^ mtâtonnements, je trouvai un manteau en four-
rure, dont je m'enveloppai, et, m'accroupissant à
la manière nègre, les pieds dans l'eau, mais le corps
àTabri, je me résignai à attendre. La pluie cessa
féts ictoiît; îe fis raflttiîM* lés fêm t w^® 4e
ejâfê f^mM&r^^ m^Wfelo dans nm femde bœuf, je tâchai de me reposer un pfiu. L'orage
ne tarda pas à recommencer avec une nouvelle vio-
lence, mais je m'étais blotti dans le creux d'un
arbre, d'où je pouvais braver la tempête. Tout à
emp un chien tout trembteïf^ êi pcii^anl uit Itur*
lèWéïrt farlîcûïfîii!» stot m tèîngfet prés l# mM,C'était Asphar ! J'eus le pressentiment d'un mal-
heur... Les feux s'étaient éteints de nouveau, j'en-
tendis les broussailles craquer à quelques pas de
mm ; il n'y avait plus k m douter, le lioïi était là,
tout près. Je n'aurais pas ene^ pas l^aMltfèe 4ê
mtii^m mmmu.m^Mae ; îl laisaîl uuîl n^m^^It trouver ? et quand même^ lâs ep^#t<ïîfôll^^ teaîeiît
nager quelque part? Il ne me restait que mon re-
volver, arme bien peu sérieuse pour un si terrible
enM^Î* J^eii âls quitte pour la peur; le Jbruîj; le
k^dfejgs çassêes m se retiouv^a fâs, le Itott s^étoft
éloignée J'îgîïoms tfoi^ qa^il avait bien dîûé le
soir... Cependant je ne pouvaîsm'expliquerle retour
d'Asphar, que j'avais renvoyé, tenu en laisse par
Némo. Mes hommes aussi avaient entendu le lion,
et ÏItos#ïi icrltenlâît mÉmn Fwîr tu* Je l^^oyaî
42 ^WïMItlE.
éèê^ le fim^ àn |ottr i#iercîïer lea lEiïïes, afin de
quitterm plot tîtém laïal iwift-^
Némo ni Asphar n avaient paru au camp de
M. deSarzec, et il ne laissait pas que d'être fort in-
quiet; aussi, sa première parole en voyant Hassein
lof ie jy lëmaBàer sî lïêiîi^ atiît ^iwÉè t mûn
émû!pmmû. « Mon^ répondît mm ^Qtm^^mt(cNémo vous a mam hier soir emmenprt âsp^trî
a le chien est revenu cette nuit à notre campement,
ce Le lion a dû emporter Némo hier soir, car il
(c n'avait pas faim cette nuit : il est vettu HOiiS ïêtt^
(^ êm ^sîté^ el tt*a mêmA f&têma^* Mmk mtôïe &
km^jmèBh lîoa, el fsâ m^ déwx yeux ^ eoiaiiie
et deux chandelles, dans la broussaille.
Hassein redescendit la montagne avec les mules
et les domestiques du vice-consul pour aider à lés
charger; maïs eette te itt^çta le smMex wm^ôln ^ prtmr déeôuvrîr les imsm de Uémo.
A Fun des endroîls le$ plus sauvages et les plus
épais de la forêt, une racine d'arbre formait, en
travers du sentier, une sorte de fauteuil naturel.
Hassein y remarqua des traces humaines, résultat
d^îjae fepr i«fMc^ Ibiiiîlit ie^ hfiJïtittîHe$ et
iMùimMi k qnBÏqmÈ mlteet de là^ les vêlements de
Mémo accrochés aux bdtMieiâges et intacts* Ces
tements, il faut le dire, consistaient en un pagne
de cotonnade et un gilet sans manches. Accablé par
la chaleur et pour marcher plus librement, Némo
LES HAUTS PLATEâCX DE L'HâMACEïff, 43
les avait sans nul doute quittés. I^sseîn mééâ mepiste qu'indiquaient les herbes foulées et les bran-
chages cassés; il arriva ainsi, au bout d'un quart
d'heure, au fond d'un ravin et au centre d^un fourré
lîiexfcîeaWev Le pauvre Mêmù Mmt là gisant, à
giguïjQjE^ la lctce'coîiîif& imwe lel à moitié dévoré : le
lîoiï SiêM mfVL mn mi^eem de pi^ilcKïtïcrtt^,
les intestins et les poumons, et il avait CQuiiaencê à
dévorer la chair du haut des cuisses.
De retour à mon campement, Hassein me raconta
m triste épisode, et je songeai |ra$sî|Ôl à itîré
terrer les restes du paiivr#gâreoa î la jréfitxioi)
cette détermination inspira à Hassaîa pèttt dbîîiier
une idée de la philosophie terriblement pratique de
ces pauvres gens : a Enterrer Mémo, me dit-il, ne
ce le ferait point revivre , et tant que le lion aura à
«c manger, ilmM laissé»^ traflfiiilles* »
Sarzec et moi, tout tristes pour quelque temps. Nous
commencions notre voyage sous de bien tristes
auspices; dès le troisième jour la mort éclaircissait
mm rangs; et quelli tiKW^l Saps éo^t harassé
àe lâl%ae et âê chàtour ^ Mèim- s'était assis et en-
dormi dans ce fauteuil formé par une racine,, et
c'est là que le lion a du le saisir pendant son
sommeil.
On se demandera peut-être pourquoi, dans un
44 ABYSSINIE,
pays OÙ les léopards sotît #nm>re jpîus nombreux
qm les îîons^ wôtjs altriBuons k ce ^wkr attîmal
la mort du pauvre Némo. En voici la rtfe&ii.
léopard, malgré sa force musculaire, dévore pres-
que toujours sa proie sur place, tandis que les indi-
gènes assurent que le lion remporte toujours dans
son repaire» Il Cônmïmiiîô ^ di« ptrôhato sa
vmiîm^ d^a mu^ âe pâti© sur lit tèle; h saîsîssaîit
ensuite parla éïlî%% îllli charge sur son dos, où il la
maintient avec sa queue. Il est de fait que toutes
les personnes, assez nombreuses malheureusement,
que j'ai reacôîirêét m Aliyssinie et qui, après
mmf lié alfe^wêeÉ le Itm^ i»«ïMI en fêîm^
naftie Iwtof M échapper ét smrvlirre | Itur
blessure, avaient reçu ce fameux coup de patte, qui
leur avait enlevé une partie du visage et les chairs
de Tépaule.
M. $»mm TO^a S%i<ïirtè que quelque leiBps
avant nôtre tofâ^ffe ^ étantmm pm^ émm^ m tîl-
lage d'Ailet, tout près de Sambargoumba, il enten-
dit, le soir, dans le village des cris et un tumulte
inaccoutumés. Les habitants, armés de tisons, pour-
suivaient en criant un lion qui venait d'enlever une
îeiaaifït'î il se joignit à eux, tira quelques coups de
hmï f et le lion épotrvâîiié lâdbâm tiMîmt^ 1m pau-
vre malheureuse était, me dit-il, dans un état
effroyable, la tête mutilée, et la cuisse par
laquelle le lion Tavait saisie, littéralement broyée.
LES HAUTS PLATÊâïJS DE L HAMACËÎtf* «S
M. Baptiste, ce Français auquel le gouvernement
égyptien a, comme je Tai dit, confié Texploitation
imBôîs èe>Sa^i^^ eut souteal aussi, pen*
àmi Mm imgÉ^f^mâmm m& ftmg^s^ mmB^ k par-
tir avec les lions. Un soir, m'a4-îl dit («f le fait a
eu beaucoup de témoins), je revenais de marquer
des arbres dans la forêt; il faisait déjà presque
scmbre, quand je vis dans la broussaille passer
tivement J^épaulai ïïiott fasll et ût&k âwlaçit memporte le vmk t #étâîî im coup chargé àfloi^îï.
Je hâtai le pas cependant, car je n'étais pas tran-
quille, et je gagnai un petit ravin sablonneux qui
conduisait droit à mon campement. A cinquante
pas eiïtîïoïi mmà i^fmmm^ |é vîsmmmk k m^rencotttr» iom mm hêmmm àtmé& de lancés , êè
tisons, et criant à pleins poumons : Emhessa! em-
bessa! le lion! le lion! Naturellement je me pré-
cipitai vers eux. Il était temps! Deux lions me fai-
saient la conduite, un de chaque côté, àvingt pas en
arrière. A îa tm feoiame^ awœtl^^ lés lions
s^HaMlrenl ians^ h forêt I^VBaplîste^ eut la curio-
sité, le lendemain, de suivre la piste des lions, et il
constata que les deux fauves avaient marché der-
rière lui sur un parcours de plus de cent mètres, se
rapprochant sans doute, sans faire de bruit, pour le
saîsfr à tîittprotMe. Ceci prouve ^ cottWïî^ le d%ftt
d'ailleura les indigènes j ^iie le lion ne chereîïe|as
46 ABTSSINIE.
à attâgwer tm mmmm mvmtmtimi et en face^
Les âï)ytsîniens prétendent encore que si Ton
rencontre un lion et que Ton cherche à le fuir en
iémoignant de la crainte, on sera infailliblement dé-
voré, tandis que siTm f«ifefâvîm et ÎMpssîMfe stns
râttâïiiïBr, il est |>robaMa qu'il pâ^rtt êm émmmsans rien dire. Mais si on l'attaque, disent encore les
indigènes, il devient terrible, et cela est tellement
vrai, paraît-il,que, dans leurs chasses au lion, les
Abyssiniens, qui se réunissent en assez gnpid nôûi«
Aidèrent que cêïvMè « tat h lion,qui a osé
Tattaquer le premier, parce que, disent-ils, le lion
ne s'y trompera pas, et si un homme doit succomber
dans la lutte , ce sera le premier agresseur.
Om el mm. Baïii les eflJrôîfs oir îl y a Bètac^f le
its^tïâux et de gibier, et tant que le lion n'aurâpttS
goûté à la chair humaine, il attaquera de préférence
les animaux. Mais quand les lions, qui vont géné-
ralement par couples, ont établi leur domicile dans
le voisinage d'utt caairt de populatîôîî^ ût WOiùùW^
mexmé à mm^i^ié Vhmm^ M alots^ îl n^f â
pas de milieu, il faudra tuer les lions, ou le village
sera décimé. Ils ne chasseront plus que le gibier hu-
main, dont ils trouvent, paraît-il, la viande plus
succulente que toute autre. Les anthropophages
d'ailleurs sont da même avîsl
Nous avons encore un autre motif pour acewser le
lion. J'ai dit que Némo menait un chien en laisse;
un léopard n'eût pas attaqué l'homme, mais le chien,
îi est certain, ea «fîet, que le léoparâ à nn goût
pâTii^ler fotyp le éMéii, è tél pômt qu^îl est
|DlÉ4iffl0ïi©f four ïîB pas dire impossible, d'en con-
server dans certain pays de l'Abyssinie où les léo-
pards sont très-nombreux.
Guinda n'est point un village; quelques pasteurs
3|)^ss}ïiieiis descendent, pettdant Fété^ avec lewrs
beslkïix et y îftstallent leurs buttes pendant quel-
ques mois. Cest un petit plateau fertile et ver-
doyant, arrosé d'un joli ruisseau dont le lit est
ombragé de grands arbres. Nous nous y installâmes
pour plusieurs jours , car il fallait attendre une oc-
lîom iiotï$ ïalssért^ m pitix^. fîrto lt PâltîtHâê , la
templmt#ê était moins llêtèe. Les bergers d'alen-
tour nous vendaient un peu de lait; il y avait des
insectes, des papillons, des oiseaux, du gibier en
abondance, et je me serais volontiers fait ermite à
Su^lâ; ïifâîs loîït îôît Êmt^ èt iïôws ttOMs lateM en
ï^©po^râsflwtra^ âoni nom a^#îQûs plas^igtiés
que de deux étapes.
Après Madhet, autre station de bergers, la route
devint bien pénible et bien difficile : il nous fallut,
pendant plus de trois heures, escalader la montagne
par âfs seïîtrêrs jaapràticâWes, oà mn0 im nous
48 ABYSSmîm
fènsijaa^ mws rompre le Mm^ émn qa^les
étafeRtHelles ces montagnes B0iï*i^i^tes ^'immenses
forêts, où des arbres de toutes sortes entrelaçaient
leurs branches reliées encore par des lianes ! J'ad-
mirais surtout le holkoual^ sorte d'euphorbe arbo-
te^0tài^t guî, (oBt eïi yesstmblant à im Bsetpf^
%iitmî dé ^ra&éês âlitteit^otts^ Ses ijïaiiches qua^
drangulaîres, garnies sur Jdfli*^ arêtes d'épines re-
courbées, absolument dépourvues de tout feuillage,
sont disposées en forme de candélabre. C'est au
soffifiiet de cBàqUfi tige que poussent de petites
^OTiJs Jtuiïe i^iig«ftfr#^ asixquellfô^ §»çcèâ«ît%
0ttgàîsfede fruits, de petites figues, d^âbord f^^tés
et qui, en mûrissant, deviennent d'un rouge safranè.
D'une incision pratiquée au tronc, coule abon-
damment un lait parfaitement blanc, visqueux et
qui constïMei ^i^^^^^ hlm qwe li^ îttiits, un poison
trés-TÎoient. Cêà éupfeorte àrlioreseetttes , dofl^ J*a1
remarqué plusieurs espèces différentes en Abyssi-^
nie, sont très-nombreuses dans toute l'Afrique inter-
tropicale ; souvent elles couvrent des collines en-
tières, et ces forêts de branches vertes, charnues et
mm îeaillage, prodiïltènt m% }mmntB^
à mémm qmmm m^^m&^ Vmr êmemik flmpur, et il semblait que nous nous éloignions énsoleil. Arrivés au sommet, nous fûmes pris par une
pluie torrentielle, doublement désagréable, parce
qu'aile mm tfimsperça et nous empêcha de jouir
LES HADTS PLÀTIAUX DE l/HâîlâCm 4Ô
du magnifique panorama qui se déroulait à nos
pieds. Nous dûmes renoncer à dire un dernier adieu
à la mer Rouge, que Ton peut apercevoir du haut
de celte montagne, par un temps clair. Le pays
ctangeall coinçllieiMt l'èspct ^ att fkâ ià
ttWîiilg^tiie» nomMmsm mMt ifs fètè et au plus
fort dô la sécheresse, tandis qu'au sommet nous
nous trouvions subitement dans la saison des pluies,
circonstance qui, jointe à l'altitude, modifiait si pro-
fondément la température que nous avions presque
froid.
Cette M^mtim é; îtmîMeim% Im sfîsoits «utre
deux pays situés sous la même latitude ei q[ini taflî^
Méïaîent, de prime abord , devoir être soumis aux
mêm^^es lois climatériques, est un des phénomènes
les plus eurieux de cette région. Sur le littoral de
la mm tmgej mmi que iaifè tmm les ^tfs StîiH
m Mrîqm m mri iu tri»pîqiïti iM plaîts mm-eîdent avec l'hiver, c*est-à-dire de novembre à |àtts
et avril, tandis que, sur tout le plateau éthiopien,
les pluies, comme je l'ai dit déjà, sont estivales, de
juin à septembre.
Autre pJïÉioinène ^roam nm moras ©orieïïx t
pendarat Ittate la saison pluies estivales, il pleut
régulièrement chaque jour à des heures fixes. Le
matin, le ciel est toujours pur et le soleil splen-
dide, mais vers midi les nuages s'amoncellent; bien-
tôt h kmm(m gtmdB^ et mÊa^ t&m àmm heuï?es.
50 A»XSStKÏ^.
roFâge èclàte met me violence înouïe, soutrent
même il tombe de la grêle î puis mif& et six
heures, tout disparaît comme par enchantement, et
le temps redevient beau. Aussi le voyageur qui
parcourt l'Abyssinie à cette époque de rannéfe se
1^ pi,t^t ÛèB U mafîiïi pur 4Jtm arrivé au
c«m|tçme»t mmâ Vîmm 4e la pluleî eâr de tous
les désagréments qui mettent sa patience à l'é-
preuve , la pluie est bien certainement un des plus
redoutables.
La première éhose qm nms vîïttes & âsmara
fut um tante earopéenné» Mms Sâmes tout sur-
pris de trouver un gentleman anglais , le baron de
Cosson, qui revenait d'un voyage en Abyssinie. Il
avait vu le Négouss et Gondar; aussi passâmes-nous
de longues heures à le questionner. Envoyant ses
bîigages à Masaaouah» il se dèdda h rebrousser
jchjemîn, pour nous accompagiièr pendant ijùelqnes
jours.
Asmara est un village peu considérable, situé sur
une petite éminence, au milieu d'un vaste plateau
dénudé et presque complètement inondé pendant la
sâîâôn pIsQVî^ïïse. Les h^îNioat^t mmme &smtoiyt« là pstim orientale du 1P%ré, mnî sîftgnîîère-
mémt construites : ce sont plutôt des caves que des
Il aisons. Adossées en général à un petit monticule,
elles sont creusées dans le sol et recouvertes de ter-
rasses qui se trouvent alors de plain-pied avec le
sommet du monticule; cette sorte de cave é^l fêr-
mée, sur le devant, par un mur, le plus souvent
en pierres sèches, et la terrasse s'avance un peu
pour former une espèce £l© ç^tiiJit des plus pri-
mîtîte^, Uiie Mvlê ôBvertitré âmm^ i«îeès dians la
ïïisîsôn et sert h h Ms % pcwie^ ûb lea^Wte^© et de
cheminée ; aussi ces habitations sont-elles très-hu-
mides et très-sombres. L'ameublement est bien
simple : le long des murs, on a ménagé ou con-
struit de îii:i|[ea jbâîï<^ terre, (jui, reccm^rei^ d*iîïie
simple peau ât himir s^tvtBl Bis, €m wit ce-
pfjîiâil chez lès gens aisés àm lîts fim cmêst^
tables, nommés en abyssinien angareh et en arabe
alga. Ces lits, du reste, sont usités dans toute
TAfrique orientale, et je les ai retrouvés à Zanzibar
SOUS 1$ nottï Mêmtâtt. ça3j*t m lipîs,
monté mt ^m^e pîéâs ét g^tiî trèîHags en
lanières dte «uir ou en cordes. Un soïninle» «m titi
matelas sont préférables; mais, lorsque Fangareb
n'est pas trop infesté d'insectes parasites, on peut y
reposer assez confortablement. A ce meuble, crité-
rliîjïi de la ricliesse, s'ajoutent quelques poteries,
ies coièeilles d'un traftf fias ou moînt iît^ uî»
moulin à brâs^ qiiî ^aé^îte mm mmfs^àm lapécîale, et^
enfin, d'énormes jarres en terre, sorfes de silos
affectant un peu la forme d'une ruche, plus hauts
qu'un homme et dans lesquels on emmagasine la
Jfécit^; wtt Iboiiêiiér, unÉ kïlfie, ùtt saire, et par-
62 A«fSSIIIS.
fois des harnais de mule, complètent Tameuble-
ment. Au milieu de la maison, un espace rond, un
peu plus élevé, sert de foyer.
Quant $11 mmlkt («I dmpe tmkm fossèlè le
mmiif îï est*î^îi»eiît simplicité primitite : h
Tun des angîc§ oïl ïf long du mur est adossée une
petite tour en maçonnerie, haute de 60 à 70 centi-
mètres et tronquée obliquement à son sommet ; là
est enchâssée une pierre en granit, ovale, légère-
ment mmm& et &émTèB^wm rîgc3e î c'est contre
cetl© pmtà qu'à l*ilâ^^ d^ïîîi giPas caillou de granit,
de forme ovoïde, sera écrasé, à force de bras, le
teff ou le dourah qu'on veut réduire en farine, et
c'est aux femmes qu'est dévolu ce pénible labeur,^
dont elles s'acquittent généEfïejpKêiil m^Uïl mnn fallait ûitmâM à âsffiâttt qm ortres
fuissent àoûiïés par le vice-roi du Tigr|^ pour^que
nous pussions continuer notre route. A ce propos et
pour n'y plus revenir, je dois quelques explications
sur cette façon de voyager, qui fut pour nous la
gûïifee ie: tmi ds #ffiettl(é&. Bmn TAbyssin ie , terre*
lèôdilé par 0$mB^$t halaguem ou paysans
sont taillable^etcili^àpllfes àïft^^î.
Quand un personnage veut se mettre en route, il
n'a besoin de se préoccuper ni des moyens de trans-
port, ni des vivres. Les paysans transportent gratis ses
bagages jusqu'au village voîsiti^ ijtiî dmi 4 ï^^ur
fournir des porteurs pour Fétape du lendemain*
Chaque Tîïlàfe 4di m^m^B ^mnm àm *îyeï% mmMtm^ ï^tieîqû«fûlè Wïe"fâi#% miû pùmt fhf-
dromel, du beurre et |^alettes de dourah, sans
compter la bière ou bouza^ et la maison, qu'il faut
abandonner pour la donner au seigneur. Habitués
depuis des sîMés à s$i|éfkrtï > Im Akpêm^s*exémi&M d^S«z lowiié gïtet 4pmMi îï
de Itïirs^ 0c«»pâ^ 1 fôttt m hêier d*ajouter qmces seigneurs sont escortés d'une troupe de soldats,
qui, ne rêvant que plaie et bosse, se chargent avec
plaisir, en cas de refus, de percevoir de force le tri-
îj«iexi|é. Malhpttrm tîli^erèïîaîcîtraiit ! il payera
gers <|oî^ aitlgrè la pr<ï$ectwm % foî^n^wit pas
une autorité directe et sont censés ne pas connaître
les us et coutumes du pays, c'est bien une autre af-
faire ! Les soldats que le roi ou le gouverneur de la
protînee Iiiï dômie fmx êire mèmket les ordmferfoîveDCf s^swveat pour leur fw^re iMïrâpïeî ou, èe
eeïrjaî^eïïee m$C le choum^ chef du village, an-
noncent gravement qu'il n'y a dans le pays ni vi-
vres, ni porteurs. Un autre jour, gagnés par un pré-
sent du choum, les soldats détournent à dessein le
voyageur le si fmU el le conduisent dans un pau-
vre haiBéâa qui lï^cltre réeUaifteiat aucàiie itm^
source; il faut envoyer dans les filîl»ges voisins
quérir vivres et porteurs, prier, menacer, discuter
pendant des journées entières. Prévenu par un
U ABYSSINIE.
complice, le eîïoiim a fai avec les bestiaux, el les
iabîtants, en rahsence àn chef ttoge dèi%srtir
les corvées, refttstftt oî)#Bémen de vous recevoir;
il faut alors organiser une véritable chasse au
choum.
Qu'il me soit permis de donner un conseil à mes
successeurs : quel que^ôîf lewtôtîfie Iwf^age,
gotiss, liefc^rvoir à leurs besôîîit^ Séduits paf Im
apparences, ils croiront réaliser une grande écono-
mie ; mais que de temps perdu, que de cadeaux,
que de bonnes mains il leur faudra donner, sans
ixym les eiiïittîs> àùûî Je ne finirais pas la longue
ênumération !
Pendant les deux jours qui suivirent notre dé-
part d'Asmara, nous marchâmes péniblement sur
un platesii hm&m et teondéi -êxt mm mm^^ esK
Ibopliint fîisqu^aux genoiîx* pt et lâ^ mit â& petits
mameloits, au milieu des broussailles, les kolkouals
dressaient leurs branches charnues et dénudées.
Après le village d'Addi-Guaddad, ce fut celui d'At-
senaï, où nous descendîmes par une pente escarpée
e^imxvmfW S^W^ lelie végétatitp^ 3Le temps
était malbèttrem^eÉïent brumeux, et la pluîe^ qui
commençait à tomber, nous empêcha d'apercevoir
la plaine du haut Mareub et les montagnes qui
Tentourent. A peu de distance d'Atsenaï, nous trou-
LES HAUTS FI.âY&à0X m t'UMi^Cm. Û5
trâraes la rî^ère Marsenfe^ ëmmm prêtât ée forrent,
roïïîâiït SCS eaux boueuses entre deux murs de ro-
chers rougeàtres. Les plateaux, qui ne s'étaient
affaissés un instant que pour livrer passage au Ma-
reub, reparurent sur sa rître droite, mais moins
iâtrempéf et compés plus fréquemment de beaux
bouqufeïs â^ârîîréâ dè tmi& f&^mgés*
Addi-'iSôr«t fut liOtre fr<ïîsième étape. A partir
d'Asmara, nous nous trouvions sur la lisière occi-
dentale des plateaux de l'Hamacen, formée par une
petite chaîne de montagnes, qui va du nod[ âU sud
et çJout 1$ pmû çsilmmmt mi le douîjl^ |îe dé
Dabboaatii* Ce» mûuîaguBs séniMent pôu «scar|jéô§)
et leurs cimes ne sont point tourmentêi^ #t dèçlii-
quetées, comme beaucoup d'autres que nous ren*
contrerons plus tard.
Le chef de uotre ;esjéiprle lâui mmmer que sa
faddîetFoH ae s*éteadait pïjcs pïus Mu» ^t, iaus sMn-
quiéter de nous procurer des porteurs, il utous plàMia
là. Le choum duvillage en fit autant : c'était le com-
mencement de nos ennuis. Nous allâmes à la chasse,
attendîmes toute la journée, et, de guerre lasse,
Toyant que personae uê j^ônaîî garde4 uous, nous
luués éteg^ér saus autre pjpétïubuît uu b#uî et un
âne qui se tt^ouyai^enilâ patîiasscâ, et nous partîmes.
Nous traversâmes des ruisseaux devenus des
torrents, franchîmes un petit col, au milieu des
kolkouals et des mimosas, et il faisait déjà nuit
Là, mm att^fiétîï de là part de Rm teîaô» , crifc^
cle de Fempereur et gouverneur de tout le Tigré,
le Balambaras-Desta. Il nous fallut écouter jusqu'au
bout toutes ses salutations ; mais des compliments,
sî «ofdtaiiâÉ^iïMs fassent» wè nms rempïîssitîanl pas
restômfç*>i, €^éteît d^aîlleurs un bal bomiû# fiia ce
Bal9^mbit;as4)esta. D'une stature de géant, le ¥Îslig0
rond, couronné d'une épaisse toison de cheveux
frisés etlégèrement grisonnants, Tairfranc et jovial,
il me représentait le type du soldat bon vivant et
joyeux compagnon, qui Mt la gnei^r?^ ©a
se sent de faille à^iâer iirCGtt|*« é^exani^^ Milite
$nîs:îiie, du reste, se ressentit promptemetit dé la pré-
sence de l'autorité militaire.
La plaine où Raz Bariaoua planté son camp, non
loin du village d'Addi-Mongondi , nous semblait de
iém wmwi)^ toeïjbs i« foin groupées m mrÛBatitaar d^aatmire flm gitsmè^f m f«î ha âmmMTaspect d'une prairie après lafteiîson. Ces meules
de fourrage n'étaient autre chose que les huttes en
ramée, couvertes de chaume, que se construisent
les Sûldafs* Celle d« centre, plus vaste et iftîeax M-tie^ la iénîéîiîife é& qpï voit ainsi ses
'hommes fi^iipésaiiltitt^ d© IïïL
A cinq cents mètres environ du camp, un chef
vint au-devant de nous, suivi d'une nombreuse es-
corte. Il était monté sur une mule richement capa-
LES HâHTS PLATEAUX BE L'JtâMACEX. 51
racôiilïié et revêtu lui-même d'une foûgiiîe tokjtié
ée soie amaranthe brochée d'or ; c'était le Lika
Mankouas Ouarki, parlant un peu Tarabe, sorte de
ministre des affaires étrangères et chargé par le roi
de recèvoîf Européens. Lorsqu'à la fift dti
voyage, nolfô reramdronç à Adoira^ après tous nos
malheurs, nous Ty retro^uverons et ferons a?ec lui
plus ample connaissance.
Nous mîmes pied à terre, pour échanger les sa-
ints d'usage, et, remontant à mule, nous nous diri-
geâmes vers le^atiip. Uîieliaîid^ 4e mtîsîciens, souf-
flant dans deloflgues flûtes ou îrappaiit sans r^y^thme
ni mesute^nr des nagarits (sorte de timbales en
bois), nous précédait; sur les flancs et à l'arrière
cavalcadaient des soldats fièrement drapés dans leurs
chemmas, la tête nue, les cheveux tressés, portant
Î0«rs longues javelines, leui* iM^tt^iei^ ïamés i^P*
geïït, et, mi^grê (M WÊt^ avec adresse
leurs montures de gjaei^re.
A cent pas du camp nous dûmes faire halte pour
attendre que l'on se fût préparé à nous recevoir.
Tout ce qui m'entourait était nouveau pour moi,
et w-ôfiteîl le plus intéressant spectadé. tm lôtet
noîret èïûeïgeaial d^uïie to|fe liaBeite ra|ée deî^i|%ces lances au fer long et ae#ré> ces. witeîs ca^ftoiin
chières bouclées sur une large ceinture, cet immense
sabre recourbé en forme de faucille, ce bouclier de
peaud'hippopotameenri«Mâ*aPafe$Sftesà'argent,^
S8 ABYSSINIE.
Eflitlîes de filigrane ou de plaque?d^ métal repoussé;
ces beatix honMaet, ^i^ap^^^ tSJMraié des siatues anti*
ques, à l'air frôîd îflîpassible, qui nous regar-
daient silencieusement d'un œil curieux et étonné;
ces chevaux qui piafifaient impatients, en faisant
onduler les longues housses de cuir rouge; ces
d*iin bleu vaporeux , formel Hii isM&m dîgftt dtt
pinceau d'un maître. Je ne pouvais me croire en
Afrique, que j'avais toujours vue , dans mes rêves,
peuplée dé sauvages nus et rep&tt4saiits.
ÈM hmÈ é& M% mîmte , mm mmmâ&Étm à
iBHi^piïîïr Hôii?r^^^ du Raz, située sur
un petit mamelon et beaucoup plus spacieuse que
toutes les autres. Les musiciens nous précédaient
encore; les groupes de soldats que nous traversions
mm sûmbmé tè iïçnfflèrêïis^ Mém^ ttmm^
Une esclave souleva un rideau, jadis blanc, et nous
pénétrâmes enfin dans l'appartement du prince. Sur
une estrade élevée de quelques marches et couverte
de tapis de l'Inde et de peaux de léopard, un lit garni
ÎB ma^^k% to^p #ertaît 4ê ^rèm m Mm*Il s©hm â ïïôtrê âppro##^ embrassa Ife sîije^-fâïnsul,
q^tt'îl fit asseoir près de lui, par ordre dm rM^ nôiis
serra cordialement la main, et nous nous accroupîmes
autour, sur des coussins et des dépouilles de fauves.
LES mmn^ ^^mmm m ï;hamaces, mCette demeure sans fenêtres recevait un i^nt
si sombre et ce spectacle était si nouveau pour moi,
que je ne pus, à cette première visite, saisir par-
lÉïômeat let irtîts Ùm* Wms depuis je r^î tmn^é^mmmM kàèôm, 3é tâîîleMmée^ il â défmir
hoÊpiâ^ sans être obèse, èbs cliôvewx sont grison-
nants, sa figure bienveillante respire la bonhomie
plutôt que Tintelligence, Comme le sire de Beau-
manoir, devenu borgne au métier de la guerre,
<jêfcte Mrmîté meçiHEitffini fss àl^emBdîîr. Gmapês-
i&téèf^W ^ ê|îâiïî«smm éo signe de respect
,
des soldats portaieitt les âmes; deux adolescents
réventaient de chasse-mouches en queue de cheval^
tandis qu'un jeune garçon accroupi à ses pieds lui
servait de tabouret.
he tm/t conique sous lequel nous nous ffoaifioij^
êlali soiîtetto ptr im %mum de ptalwïlers» et sol
recouvert d'une épaisse jonebéè d'herbes fraîches et
odorantes. Sans interprète et ne sachant d'arabe que
quelques mots usuels , la conversation fut bien lan-
guissante, et nous dûmes recourir à ce langage des
g€§t^ 6l des yeux, que It îiéCie^îfé rèBil éloquent*
Au bôîif à& quéjqnm ÎBsIâiit^, pwm$ ^mime^
déposèrent à terre des cruches d'hydroinej.
Toute visite en Ethiopie est accompagnée de
libations. On servit à chacun de nous une carafe
en verre de fabrication européenne , nommée en
abyssinîi^ i^mtêi^ 6t poutant contenir près d^un
^0 IBIfMSIl.
mel , s'incline et tend le creux de la main , où il est
d'usage de verser quelques gouttes du breuvage
qu'il porte à sa bouche pour prouver qu'il n'est pas
empoisonnéi. J'avais été prév^ttii fttè lïirémô--
ïîiîe dètàît Èè mnônmïm Iroîs fois de suite; il était
4«iME> heures, nous êtîoîis encore à jeun, et peut-
être eût-il été dangereux d'absorber trois litres
d'hydromel, liqueur fermentée et très-alcoolique.
Heureusement TAbyssinien, généralement sobre, a
prétil Î0 çitfjt tfr îi fsl ï'eçu que le maîtrÇj^ après
é*itre jiéialté^é,ptss« lé reste d^ mm IrêalJI m%
servîtaurs, qui tendent les deux mains M ^ïi^ïl^
nant ; car en Ethiopie , où tout est soumis aux lois
d'une étiquette qui remonte à la plus haute anti-
quité , il serait Dmiséant m s^rvîleiïi' jtepM
quelque chôse à^i m% ïaaître ie m pas preiïâre
FfeaaiHa poètoe â'm paavte qui supplie, et scm-
vent, surtout s'il est esclave, il baise la main de
son maître en signe de gratitude. Après une courte
visite, nous nous retirâmes sur un petit mamelon.
Ifï3É lêÈ hiîïtôs aviilèttt iti ïïiî&!es^4 lîQtce dli|[C)SîioK.
r peitê annéê soiMaisfe âoï ctfdres dé Raz
Bariaou, composée exclusivement de Tigréens,
pouvait être forte de sept à huit cents hommes. Elle
était venue sur les hauts plateaux de l'Hamacen
pour y trouver des vivres et percevoir le tribut-
iÉM îém'pêm imMï!p âtt Mm^ é% èelte I^ealîll ne meparaissant pas intéressante, je me décidai à prendre
les devants. Je n'étais pas fâché non plus de m'or-
ganiser d'une façon indépendante et de cheminer à
ma guise, pour me livrer plus facilement aux re-
i^e»#eS ^©©logiques qui étaient le but MmvQf^&^ fféMns de mm Mm^ et nous nous
donnâmes rendez-vous à Adoua.
J'allai faire mes adieux à Raz Bariaou, et, après
avoir engagé des porteurs,' je me mis en route pour
Kodo-Félassi,village peu éloigné et centre d'un
dé somHtô M ftmMmm.J'étais à peine en route qu^éclata att orage époî^*
vantable; en traversant un ruisseau grossi par les
pluies, deux de mes porteurs roulèrent dans l'eau
avec leur charge, si bien qu'après uaé hmt&mmpê^ liôiûfiî^ îjagâg^s lurrîïiiîeïit Irempés au
vîliagé de Si^î34)uîian , situé tout près â© Kfiio^
Félassî. Hassein, devenu mon chef de caravane, ne
voulait pas aller à ce dernier village, prétendant
que ses habitants étaient décimés par la fièvre.
C^étaîtab^^meïïlla^^ mais, ccmine je l'igno-
rais alors , |é îtfîûsfallaî â Svati4)«ttin« Wû Texi-
guïté de ma tente et le manque de lit de campe-
ment (j'avais eu la naïveté de laisser le mien à
Massaouah pour diminuer le nombre de mes ba-
gages), j'étais obligé de loger dans les huttes des
62 ABYSSIiMIE.
iûdîgèiies. Une vieille femme, moyennant un petit
Immj^iM ÏM M^xé&^âsm -r quim tmmt $m mvaste emplacement ombragé de quelques vieux
mimosas, n'était pas moins curieux que la réception
du Raz Bariaou. Au camp du prince, j'avais vu la
d'épée; ici, je poa^aîs ètndIeF le peuple,
labour^^rs et irâÉqaantis. Sur la pfece du marché
,
se trouvaient réunis tous les métiers, tous les pro-
duits du pays. A côté du tisserand, qui déployait ses
chemmas blanches comme la neige , le tanneur
montrait ses peaux de bœuf et ses dépouilles de
tïïx fêttx êlfoaîs éls feiHjïtes âe petites gfem, de
rantîmoine pour se noircir les sourcils, des colliers
de verroterie, du fil, des aiguilles et autres bibelots
européens, qu'il était allé troquer à Massaouah
coijfem ém cuirs, de la cire et dît çafé ; plus loin
#ltittfent êet feaiBîés acawittplèsrq^ttî étiflakïit i&m^elles de petits tas de sel ou des pots de miel et de
beurre, des outres pleines de farine, de café ou de
dourah; puis les marchandes de corbeilles ou de
vannerie; les forgerons,qui vendaient aux soldats
k»icés^ des des couteaux; aux paysans,
des iioues et des itisttttïïîtiit& ielâbour; enfin ^
groupés autour d'un arbre ^ les nat^uignons et les
marchands de bestiaux. Un murmure confus planait
au-dessus de tout ce monde ^ riche ou pauvre.
LES HâtITS PLATËâUX DE I/ttAMâCEX, 63
grand on petite qaî allait, venait, seiîoud^jaît, se
chamaillait.
Après avoir jeté mon dévolu sur quelques mules,
je chargeai Hassein de les acheter, certain qu'il les
ôîït'^îidriLÎl à lïiôîlîear compte que si je me fusse
mÊè iti laarché, lllesm ciâtêrent m eflel que
liiîmmm moyenne,
La veille du jour que J'avais feé pour mon dé-
part de Svan-Ounan, me promenant Taprès-midi
autour du village, je découvris, au pied d'un petit
mamelon,, laa amas de pierres qui s«rw«it d*«sîle
4
toïïtm petit p^Bttpïe iïtnseclês âïKt CHPÎèBx* Je lêwr
déclarai une gij^^ftï^ aèi^^ ét^la ^tâ^Ue îie cessa
qu'au bout de trois jours, faute de combattants.
Inutile d^ajouter que je restais maître du champ.
Je continuai cependant ma route à travers les hauts
plateaom.jte îjiÊaafi^feats ^Uti lemîn argileux
et détrempé suçeliâ ^«îaî à-mi ncà 'mmmî d#
cailloux traochants ^ r^nditîeÂfe m^tèhé Mb -
pénible pour les montures et leurs cavaliers. Je
n'ai jamais pu comprendre comment les Abyssi-
niens peuvent voyager pieds nus sur ce sol rabo-
teux qui Hessé les pieds mêûiem lïi^rf i^^aîsses
chaassMi^s.
A deux heures à peine du vîllirge i'Addi-Elguess,
où je passai une nuit affreuse sur un de ces lits en
maçonnerie que je dus partager avec des myriades
de parasites, le plateau se relève un peu de chaque
64 ABYSSINIE.
côté, et je me trouvai subitement sur le bord
€'traê èMb ixam^m,^mm^i 4 mm pl^h m
basaltiques forment une vérîtable muraîlle en bémî-
cycle, au pied de laquelle se déroule une vaste
plaine, couverte d'une luxuriante végétation et que
lîlaltettt tûttt^ parts, à Vhmizpn^ #© Muim mon-
iâgttés s^étageant m. j^mâkln ei ftiî pîetdetit dans les
nuages leurs pitons ôîgiî#,JD*^ un cirque d'ofi
rOlympe assistait aux convulsions de la terre.
Après cette zone des hauts plateaux , froide et
humide durant les pluies, aride et brûlée pendant
la èémn sètè$y t*ceîl est hwewx dem î*®pser mrm fâfsâgs gricîeiix:, <)â imUs les rlibgsses^ d» hHîrtto?e semblent âccunmBm^ M me 4feiat»id^s
comment, à moins d'être oiseaux, nous descendrions
du haut de notre nid d'aigle; mais les indigènes
ist^tlssiiîetit ûB iêB^ér dissimulé par une toufîe de
verdwe. C^étaït à faire tremMtr î.ltrge à peine de
qijrsÉfttet pieds, pavé de pltrré^ îijttlaiiies, barré
souvent de grands blocs de rochers, ce sentier Ber^
pentait, comme suspendu au flanc de la montagne.
Je jugeai prudent de mettre pied à terre; je pou-
mâi$ imné ïïfawitêr 4 ïfta gnîse pour aêDodrifâf h|)àpagôv ^ lûilît hémotts iéùrîs ^ui penêâïênf mgrappes de toutes couleurs, me promettant une
ample moisson de scarabées et de papillons. Nous
eûmes bien des heurts, nous fîmes bien des glis-
LES HAUTS PLATEAUX DE L'HAMACEN. 65
saâes^iiiais nous arrivâmes quand même, sains et
lan^ mm piél 5ô k miMagMe. C'était ùçmmefibangemaït k ime : en haut, des pltfeâDat «ftdîttlés
et uniformes, que limitent au loin des montagnes
raporeuses; en bas, point d'horizon, mais un dôme
de verdure. Au milieu, d'immenses blocs de syénite
grise et polia par l$u &m^.f, iB hè&mi mhms atix
gmaées lêuîlles âëcoiipées ©a a^readies entrela-
çaient leurs branches capricieuses; de t^Qius ÈÔtis»
des buissons en fleur où des papillons aux ailes
diaprées venaient plonger leur trompe longue et
déliée, des oiseaux de toutes formes, de toutes cou-
leurs, depuis fédMâïit sôttînjiinga jusqu'à Taigle
pî guêMB sa pi^ÎÊi sîIencîeiiiêBttêttt ^pei^ié au
sommet d'un arbre.
Je dus, à mon grand regret, traverser rapidement
cette plaine pour aller au sommet d'un mamelon,
loger au village de Goundet. Je laissais derrière
moi I0 ptxs aux mâîfe0iïÉ ealôiîfc^ ii^m h éoL Ïsb
¥Îllâge§ Je ïeiïdOB tretaî d^sow&ais *eïpï:ml lotis
composés âe huttes cylindro-coniques en branchage
et en chaumage. La femme d'un chef absent m'offrit
l'hospitalité, et, séduit par le pays, aussi bien que
par mon installation, relativement confortable, je
me ièméé à resler quelques jours h Gomâei.
générique qui, sans distinction de natîonaîîté, sci î
à désigner les Européens, sont tous considérés
4.
66 ABYSSINIE.
comme médecins. Dès le soir même de mon arrivée,
je vis entrer dans ma chambre, portant humblement
imt^ mmis m M, de lait «hiiiid, im hûmmti
déjà âgé qui venait me supplier d'^aller visiter son
fils ttiaîade.
Je ne voulus pas enlever à ce pauvre père ses illu-
sions; je ne doutais pas qu'à défaut d'un remède
m lûâlsdèetne rendît Féspcwr t salandlle*!^
pressitî de suivre le vieillard et je pênélraî avec lui
dans une misérable cabane, où une pauvre femme,
belle encore, et entourée de petits enfants, prodiguait
les soins les plus affectueux à un garçon d'une qnm^
zmm i^m^èm è^iù smrmfe maigre peau debœtf,
îm flmm$^ m^mmî Gmnâ&i et qtt^trtôse
le Mareub sont justement réputées pour leur insa-*
lubrité. Il y a trente ans environ, deux naturalistes
français, Quartin-Dillon et Petit, n'écoutant que leur
dévouement à la science, voulurent, malgré les con-
des îiïdîgê»eS y «xpl^rèr les rives dangereuses
^0 eette rîvîèré^ Ils farent promptemaBi frfe Je hfièirre; on les ramena en toute hâtt à ââQuâj wmUquand Petit revint à lui, son compagnon était ense-
veli déjà dans la terre étrangère, et plusieurs servi-
Imrs indigènes s^êtâiettt endôTtiiiîs tvieloî àu âom-
meil la mort.
Ëii menant paître dans cette plaine le petîl toii-
peau de son père, mm jenae malade avait con*
LES HAUTS PLATEAUX DE L'HAMAC N. 67
tracté cette fièvre terrible. Sans remèdes, sans soins
eSçtcas^ E giSâlI ÉQja«iù»l^ depuis pîttôîèiw^ wdii
dé|&, s»f ta pâiittf« xmmkût^^ et m tioîîitôie «scaiti-
tution avait seule retardé le dénoûment fatal. Ce
n'était plus qu'un squelette vivant, et il était bien
tard pour tenter de le guérir. Je lui donnai néan-
méitts de la quinine, et j'aime à penser qail en
Tétais à Gounlét sm wàM élévation, à Fabri de la
maladie ; chaque jour je descendais dans cette fertile
vallée, et chaque jour je découvrais de nouveaux
trésors. Le père du jeune malade, soit gratitude, soit
BB^mr i'mtfm mMimiàmS$^ était èeirentt mmm0fngnm fidèle : araié irieux îmÛ à mè<^>il ne me quittait plus. Je lui donnai m p$u dé
poudre et du plomb, mais il s'obstinait, peut-être
pour me prouver son adresse, à charger son fusil
avec des balles, et quelles balles! A défaut de
métal, les Abyssîniètas lâîllent, en baguettes cylin-
d^fqties^ un schiste ass^ aniline 1 1^ mais
de couleur plus claire;}; îfe ©onpent ensuite cette
baguette en tronçons longs comme le doigt, et voilà
leur projectile. Je laisse à penser s'il m'était pos-
sible de tirer quelque parti de la dépouille d'un
petïi Çfîsean tmp^m àmt pm^ miUm^ et pour-
tant les oï^eans é& iontes ©ôiilinFâ aibcndalent mmilieu des arbres. C'étaient deâ ïneflfs mét^Mîqtie^^^
m% ailes jaunes, des souiman|âB> les colibris
68 ABYSSINIE.
de FAfrique au plumage chatoyant, des passereaux
jaunes, noirs et rouge aniaranth; des veuves à la
tunîijua èe vÛGx^m Bôîfmmm ^Ber i'im^m la
ioMîBtealïiè gdsè efc Martehe^ a^ee îa hm et les
pattes rosés^ ét doiît la quatre longue et flexIKte
ondule gracieusement.
L'odeur de cadavres putréfiés me fit un jour dé-
couvrir, au milieu d'tin foiifré^ deux animaux étendus
Fun à côté de Tantrevtm émxi^umimi entamé
îémm èè^moBm ût wêfm liPlsé îm crânes, çé que
je regrettai vivement, car Fun de ces deux mammi-
fères appartenait à une curieuse espèce d'édenté
[orycteropus Capensis); Tautre était une hyène»
ÉtiidemmettI iim «taial^ âélya*tté avait wl lîiïi ^tre
ces deux Bêtes > sans âttfMS fêmôltis que les
èlcïilfis; les branchages froissés et Therbe foulée
ne me laissaient aucun doute à cet égard. Il eût
été curieux d'assister incognito à cette lutte entre
deux animaux si différents. L'iiyène a une ma-
hmmm0m^^^^^ ii^ ps de tets, 31 est en
outre l^îft et turtout plus bas sur ses pattes;
mais c'est un animal qui vit dans les terriers, et la
nature lui a donné des pattes robustes et fouis-
Mttt^^ qi^ s#nt mwflîes d'ongletJ&rnïîAables, épais
et tranchants \ je vdfâîs miÈ le eerps lté ï^hfêïïe
la trace des prodigieux eoups de pitfte ^tie îlî
avait assénés Fédenté, et malgré cela Je m po»-
LES HAUTS PLâTlâtîX MM VMmMMSm €9
irais comprendre comment il avait Tiassî à lutter
contre la terrible mâchoire de son adversaire.
Onoi qu'il en soit, nul des deux champions n'avait
remporté la victoire; ils étaient là tous les deux
Bû^iifia^W ûU mt srttti Crôttttief, je iroyaîs au
sud se dérouler la plaine du Marenb, à travers la^
quelle une large bande sinueuse d'une végétation
plus dense et plus élevée indiquait le cours de la
rivière; à Thorizon se dressaient les montagnes
d*Mi0îiii|^lî^33^t6§ de 4eu3t jpnt^ li màmhe et im^
luîiïéês |itf êm pmn âlgûs m «icÉriSt ^û'on eut
dit la mâchoire d^un crocodile avec des dents irré-
gi lières.
Au moment de quitter Goundet, j'offris à mon
hôtesse quelques bibelots d'Europe; mais j'avais,
immmàu du pâ:pîeï% (Titaît une dîgùe «aatr^e^
encore belle et attrayante, si le beurre dont elle
s'inondait la Icte n'eût ruisselé de toutes parts sur
sa chemise et sa cliemma.
parîîfiulïi^eïtifnt regretté d^ né poawîi?'Mmh pttïftraît 4^ t:îie è# tm iïte^ JélMeïJi^eiït follet
toiïtè Jeune eiïewe et mère déjà d*iin gros poupon|
qui errait tout nu dans la maison.
Il me fallut marcher dix heures pour traverser la
plaine du Mareub. La rivière n'était plus alors un
torreiîf éotutae â Atsimi t à peine plus profonde,
10 ABYSSINIE.
elle fbfmalt me Btppe d'san da plus de cinquaiïte
mètres de large et murmurait doucement sur un lit
de galets, bordée d'une végétation étonnante, dont on
appréciait d'autant mieux Tombre épaisse qu'il faisait
une chaleur écrasante. Cette rivière, avec tous les
trésors qu'elle me promettait, m'attirait comme une
sirène : Je me rappelai la fin terrible de Quartîn-
Dillon, et je continuai mon cîiemîn; aucun de mes
domestiques, du reste, n^eût voulu consentir à cou-
cher dans cette plaine.
Le lendemain, après six heures de marche à tra-
vers Il montagne, j'étais rendu i Âdoua, première
étape de mon vofage»
CHAPITRE m
ADOUA,
lia ville d'Adoii^—? Le marché. — Pourquoi j'y vais à mule.
— RéfleJ^ioii^ Cilftîïlfrdri — L'art çulipaire e» Afejssiniei.
— Be cM^âtktèâ amBâ^sââricei. — Ifemès dans ma cour .
— Un délicieux ravin. — Un peu d^histoire naturelle : un
habile architecte. — A Taffùt. — Comment je force la porte
du gouverneur. — Un magistrat de mauvaise mine* — Lafête du MascaL — Réjouissances nocturnes. — Conseils iplé-
ressés. — Hîi mi pjeti cùmprimntUtkt — Quelques mots
d'entomologie. — L'însecte-canon,
Hassein était déjà venu plusieurs fois à Adoua et
I amM lÊ^mè quelques aiûïs* iRreitt^tî m mmàfmm W0 ctewAér m gîté. Dtttat met g^éteudait
uii|fteletu ondulé, limité de tous côtés par des mon-
tagnes assez élevées; Tune d'elles attirait surtout
mes regards : on eût dit une immense borne mil-
liaire, que le choc d'un lourd chariot eût légère-
CCîâEûiîïô m «Mat âê ltïtpinîére% prasséas les unes
contre les autres.
Il n'y a point d'hôtels en Abyssinie, et, désirant
m'arrêter un certain temps dans la capitale du Ti-
72 ABYâSIfïE.
gré, il ûi©^îiît^iipr 4iine ins(âl!«tîiîa m» fe^
soit fett lïoîîijptâMe. Baâseîû ohiità à*m% hé^kmi
qu'il me cédât sa maison moyennant une faible ré-
tribution; c'était, il est vrai, plutôt une cave qu'une
habitation humaine; mais j'avais déjà appris à n'être
pas difficile. Tout d'abord, je reprs la visiè 4ê «Juel-
fîïes oîitriÊirs ea^èetts ^tîi, rfïilfe par des récits
tpompenrs, s^ètaieiïttat^i ftte im piastres et lès
sequins poussaient spontanément en Abyssinie, et
étaient ^venus pour y chercher fortune; mais ils n'y
ont trouvé que des ennuis, et, après avoir absorbé
©îit ètt retourner misér$W0ïB^ Un seul
Eurôpê^l^^ qm 1© s&çhe^ est arrivé, non pas à
faire une fortune, mais à se créer, par son travail,
une position honorable en Abyssinie; c'est un Pié-
montais, nommé Naretti. Nature douce et affable,
se tenant pru4^pini#nt It Fé^l: êe tsÉite i^e^içttï
|wïîîliq.nê «n r©Iîgtens«i^ â^ réios^y par là rec^îfaide
àe son esprit, la loyauté de sa conduite et son urba-
nité envers tout le monde, à conquérir l'estime et le
respect des Abyssiniens. Entraîné en Abyssinie par
l'appât d'une entreprise qui eut un piteux résultat, il
ïie p*râîtpâs<îewïigé : c^étâil aii memuîsîer, il se fit
architecte, et le roi le chargea dé constrnîre à
Adoua une église, qui fera l'admiration des indi-
gènes. Ses rapports avec le Négouss donneront
une idée des mœurs patriarcales de ce pays : point
AD ou A. Ti
décentrât à forfait, pas même de salaire fixe; le roi
défraye sa maison et lui fournit tout ce dont il ahc-
mmiâé^t&mpsMmit& il lui fait un cadêau enioFgeni
Je m'cn(ï|ïrtssaï d'âlîeriroîr Wateti, q«î est, h Adoua,
la providence des Européens, ^aîs M. SeMm|fer,
botaniste allemand, qui, depuis près de quarante
ans, s'est fixé en Abyssinie, où il s'est marié et est
dei?éau grand-père.
âàowa,d'aprèsME. Ferret et Galînier, est sitMie|iar
ïâ* r 34.* nord et aS** âr ârijQOgifnàè Ofkttld^^^
Paris; son altitude, mesure à l'église de Médani-
Allen (le Sauveur-du-monde), est, d'après les mêmes
voyageurs, de dix-neuf cents mètres. Elle est adossée
âtîX liernî^s cotttre-Corts des montagnes qui liniftifint
la prkîne uers le sjid. Ba côté é\ï nord, an ravin
assez profond selri dè lit à la petite rivièïe A^aiitt,
et les murs des maisons qui bordent le ravia simu-
lent de loin des fortifications.
Les maisons d'Adoua sont généralement con-
stttïites en pierre, coiitreptes en tei'fôsses^ et mmtà-*
posent Ôe petits reiiîlaîifîes îrrégttîîêremeal a^cdlés
les uns aux autres, ave© une cour intérieure, sur
laquelle s'ouvrent les portes et les rares fenê-
tres de la maison. C'est dans cette cour que les
femmes, qui, sauf les esclaves, sortent peu, vaquent
m% mîm àn ménage. Soïivetile*esiit qae se fait la
cuisine, avec trois |jîerfèâ pôar Ipiïijpn^&au î c^est
aussi récurîe pour les mules et le parc |>our lés bes-
5
U ABYSSINIE.
timm. Dans niïtirîaur de la maison, Taménage-
mmi est le même que mhâ fttê mM mmâ iru à
Asmara, maïs Fusage de rmïïgàréb y est â peu près
général. A Adoua cependant, une trace de civilisa-
tion m'a agréablement frappé : presque toutes les
habitations ont, sur un ou plusieurs rectangles, un
premiéir étage qui mk la 4«mënm m%iém àmmaître.
Grâce à Naretti, j'avais quitté Mê^ mtàt et
tais maintenant un de ces étages, que mon pro-
priétaire ou plutôt ma propriétaire, femme veuve,
d'un âge déjà respectable et appartenant à la classe
bourgeiiii% mdt <mmmâ:% me Mh s^lfeîfc
réservé le re^-je^-iiiaHSsée^ elle ioRBait
asile âmes domestiques, qui ne tardèrent pas à faire
bon ménage avec la domesticité de mon hôtesse.
A côté de ces maisons rectangulaires, on en voit
mmi qui affectent la forme cylindréi«Ç0Eique, avec
line torta^e^ en «haiïittie. Ces tedléres, 4*tiflîûaîre
|iliS;liï3Étteuses, sont plutôt urr0 salle lîe rê^ptiron,
une sorte de salemlick, où le seigneur du lieu
donne ses audiences, reçoit ses amis et ses vas-
saux.
BqîwI âe gïtaiies istrtêres, point de Jjonlefmris
pour circuler mmMm ée ms halrftafîoBS^ leatkplus somptueuse égale à peine en splendeur les
plus humbles fermes de la France. Entre les murs
assez élevés et sans ouverture qui enceignent
AD0U4. 15
cliaqu^ haîdtatî&ii, de petites rti^îles êtroîtiS, ot
deux hommes p^vétit à péiûe érmJmt de froBit,
sillonnent Adoua, et eu jUtiïf un labyrinthe inextri-
cable. D'ailleurs, en temps ordinaire, il n'y a au-
cune animation dans ces villes d'Ethiopie. C'est le
commerce, l'industrie, la fièvre des spéculations et
ces Sots humains qui s« pmsent et se poussent
sans se csonnaifre, qni donnent à nos cités un aspect
si vivant; partout des étalages, qui révèlent les
richesses de notre industrie, et les marchands qui
s'efforcent d'attirer les clients. Dans les villes
arabes des États barbaresques, de l'Egypte ou même
du litloraj cle ja mer Rouge, on tétt mmH cemine
m reflet dé mttê ^étîtlté eommei-éitie q»i Mtore
rOcciclent. H'y a-t-iî pas le juif ôh. le banian , ces
éternelles incarnations du lucre, qui, au fond d'une
boutique plus ou moins sombre et enfumée , savent
amasser des fortunes monstt'iiense$f Tèriûi les see^
tatéurs 4* MîslhïiinwÉ, il f a eneipre ouvriers, des
mafehanâs, qtiî ^i^ent aux 0uei?rîei« 4es armes ou
des travaux en maroquin, aux femmes qui, drapées
dans leurs kayks, parcourent nonchalamment les
rues, des bijoux, des étoffes précieuses ou des
friandises, et le bazar oâ se dèbîieni la viande , les
fruits #îes lifumes; les cafés ouverts sur larue,
0ÎL les hommes vont fumer majestnettsement leurs
narguilhés, en écoutant les monotones couplets d'un
marabout qui, d'un ton nasillard, appelle les vrais
76 ABYSSINIE.
croyants à la guerre sainte, et l'échoppe du barbier,
véritable gazette vivante. En Abyssinie, rien de
sèwfeîaMe, il n'y a poial Cooffcîers, point de îïïâr-
chânds, pôlûf êe tetiûftîesî fout se fait àammaison. Les femmes, qui sont pour ainsi dire les
seuls artisans, fabriquent tous les objets nécessaires'
au ménage. Ce sont elles qui modèlent les poteries,
moulent le teff ou le dourah, cuisent le pain, tissent
les êlfiif&Sv ^mâlM qm Ykomme^ mmâ i%m %mker
qui deviendra un lit, un escabeau ou un mortier a
piler les céréales. Les grands ont leurs orfèvres,
leurs bourreliers, leurs armuriers, leurs tisserands,
qui font partie de la maison à Iflte 4t t«tiriteurS|
©t travaillent mûtimmimâ four iettr mûltM^ èmêils reçoÎ¥ênt en échange nourriture et #fïsTOeïïl^
C'est tout à fait, dans la famille comme dans
rÉtat, l'organisation féodale de notre Occident au
moyen âge; tout gravite autour d'un centre, qui
est em même temps le père el le miÉtre ie la
maison*
rétaît arrîté I âioua un dimanche, et toute la
semaine, en parcourant la ville, j'avais été frappé
de cette atonie, de ce silence dans lequel était ense-
velie la capitale du Tigré. C'est à peine si je pou-
vais mé pm&mm les mvt^s f0m lacjî et pour mes
gens, tant cïmeïm ^eniMlrfl pèn désireux de vendre
son superjQa. j'airaîs, jusqu*aIors, mîsérableiûent
ABQÎIA. 1t
vécu de tm éi&m^ et le fatîqttes pôttles fànlMe^ment acqiiises à prix Û^m^mà. Hassein fy«aitîi0p«l%
longtemps miroiter à mes yeux les richesses gastro-
nomiques que me réservait Adoua, et je dois avouer,
au risque d" être taxé de gourmandise, que j'étais
crueilément déçu
Cependant, le samedi matto^ |e tîâ les im0S mplutôt les ruelles qui sillonnent la ville remplies
d'une foule bigarrée et remuante. C'étaient des
paysans chassant devant eux quelques bestiaux
,
fâches, cblwrc$ êtt moutons; des femmes, des
jeûnes illes fli^ sous le 0iâst ^mtè ti#i ïhb«
phore ou d'un $m ett pmM h |mïî## reioadîe;
des hommes de tout âge, presque de toutes cou-
leurs, portant, qui des armes ou des instruments
aratoires, qui des objets en bois ou des peaux tan-
toâefr et d'e$|Éïifrures ; des colporteurs tmMTmaMdans leur hmm Im i^Meax Mjeîots qu'ils sont
ailes 0bei?#èp i la ©ôte; m laîïCtoreur qui , ses pyo
visions faites pour Tannée, apportait le surplus de
ses récoltes; un maquignon avec sa file de mules
et de baudets rétifs, ou un homme de condition,
imiriSlé sur sa iûttïe, drapé datts sa «Éemma, stiîvî
de ses domestiques,qui |Wïrleiit sês arinesî 11 vient
m^eier quelque c^Sit de Injte, un cheval de ba-
taille, une lance, un sabre, ou surveiller la vente de
ses troupeaux. C'est le jour du marché hebdoma-
daire, et, de plusieurs lieues à la ronde, tout le
78 jfcjrrtsiiiE.
pays afiâe h la fîlk. Tairais êéjâ vu le ïMrGbé de
Kodo-Félassi, mais celuî-cî p^mmeftsAt à%tre bren
autrement curieux.
Quand je voulus sortir, je trouvai dans la cour
ma mule sellée et deux domestiques armés de mes
iusils, ^soîîîmt deux Mï^alt i^Eirïttè^
tt Pûniijïiôi eèt -aitiïaîï ? dis-|e M Mméxtt le
marelîésiè tîeût â diiix pas d'ici. Je seraï|lîis lîîjrèà
pied, pour voir et marchander, et la pauvre bête
me saura gré de la renvoyer aux champs. Elle doit
encore faire un lou^ et pénible service; il est inutile
de la fatî^aef sate motif
•
— Je croyiLîs^ répondit mjOtf dômcsiqué, visible-
ment froissé, Irtre mrtjze d'un grand seigneur;
mais si tu veux aller au marché à pied et sans
escorte, je suis déshonoré;personne ici ne te tien-
dra plus en estime, et Ton dira que les Franguis et
letirs sfâi^leiJi« mtû jiiwîtrrfs ^&m^ ^>
Je tombals de iiirprîM bu surptis© à ©efte Iiaran-^
gue inattendue ; mais en me suppliant de ne pmaller à pied, Hassein m'apprit que tout homme de
condition qui tient à l'estime de ses compatriotes
ne paraît jamais en public que monté et escorté de
pîïî^ëW ^oStti^sHques portiïïlt ses lér^fes ;
de simaïîts^ flm c^mi m grand personnage* J^aî
pour principes, surtout daus iin pays comme l' Abys-
sinie où des usages très-anciennement adoptés ont
acquis force de loi, de me conformer autant que
possible aux mœurs des habitants. Aussi, bien que
cela me dérangeât singulièrement, j'accédai aux
prières d'Hassein, et par la suite j'évitai de sortir
seul et â pied.
M foé4sJ, eiÉ*0 kfl^Êi Ji^ ïfiiôatagïie et l'âssaûï^
s^éténi m tâste imfsm,^èmî le sol piétiné indique
qu'il s'y tient fréquemment de noffiteeùses assem-
blées : c'est la place du marché, qui joue un grand
rôle dans les affaires du pays. Pour le moment, on
n'y ¥oît qu'URf îmU tllés nwres crépues et
gtai$s0tt$«tt d^ <Éôïttnaàs li^É^ et row||^^
Bans toute fâbyssinie, les transadîotts commer-
ciales se font au moyen d'une monnaie européenne,
le thaler d'Autriche, dont la valeur est environ
i fr. M\ tmk iom hn lhalarît n^nt pas mim mâbyssinie : c'est seulem^nî la |>îâs{re de MaJîi^
Thérèse, et parmi mB àmmktm îl feittemom làm^
sir celles oii la souveraine est représentée avec un
diadème de perles et des draperies rattachées sur
l'épaule par une agrafe également ornée de perles,
ilî Fnsure a Mi ilspaï^îîre I0 r^îef d« em mtm-mentB^ la flèc& b% plus cours*
Comment cette monnaiô fel-^ô îtttfç«îîHt& et
adoptée, à l'exclusion de toute autre? je Tignore
absolument ; mais il est un fait curieux : c'est
qu'elle a cours dans l'Afrique orientale, en Abyssi-
nie ^ cli0aî xim fm0& imBàBm^ ehm Im âdîftfo et
«0 ÀBfS^llWlv
las SomiBs^ lôln imm Bfttêdia» to te it
c'est encore la monnaie qui prévaut, mais alors seu-
lement sur la côte, jusqu'au delà de Téquateur.
Cette monnaie, d'une valeur relativement élevée,
ne pQiPiâît eèpeiïlâwt mMte ïorifwt Vm i^oulait
âchèter un objet d^tin prîx mîûîfiie» Les transactions
se font alors par voie d'éefeâïiges.
Dans tout le Tigré, on se sert de cotonnade indi-
gène valant un thaler et qu'on nomme une toile;
on la partage en deux, quatre ou huit parties, qui
représewtirtt îft tmiiià^ le fçârt m le li»îtiliMi& i^nft
emploie, pour échanges > àe petites ^ttesnres de teff
ou de dourah.
Je parcourais ce marché avec une curiosité facile
à comprendre. An milieu de tous ces objets, que
l^iti^s dljl^ |r©nr la plupart, vub à Kodo-JFHâssî^ .se
îî*ciïrfiîe»it étâlè^ iùm le* poinffe j3ii.|€fâ^ et j'ètâîs
désireux de savoir s'il n'y avait point là quelque
richesse à exploiter, car je ne pouvais croire, mal-
gré qu'on me l'eût affirmé, que toutes les entre-
prises CQmm^ër<êd#t»sisej3l#ebc^ Abyssinie, nn
pays d nenfj itM le soï^ a peine éj|ratîgttà pat mùcharrue primitive, rend au centupteîaséiiïeiicé i^ui
lui a été confiée et dont les gras pâturages, les nom-
breux troupeaux et les forêts de bois précieux mesemblaient devoir être autant de mines inépui-
ADOLA. S!
réfléchissant bien, je me rendis parfaitement compte
des raisons de cet insuccès. Ce n'est pas que les ma-
tières premières manquent êkm ce pays prodigieu-
sement fortîlê et mm pmâniU ê imités? fimis m qui
fait défaut, ce qu'il faudrait avant tout y établir, ce
sont des moyens de transport, des routes qui, partant
du centre du pays, vinssent aboutir à un port.
L'Afrique presque toot éiîtîèrei et FAbyssinie en
preaiièreJ%iie^mm ses naoîila^^ ie^tpfl«g^ reste
îïifiipîoîfe M îaex|Èi0îttl»lè. L^taîre se^î^ <m raî*
mn àe sa grande valeur, peut supporter les frsîs
immenses qu'entraîne le transport à dos d'hommes
ou même à mule. Sur la côte orientale, le copal et
rorseille denrées précieuses cependant, né ^ien-
nettt pas deiNi|iïifîis îm^ Ut»§àèê$^ Mmsqtwiîlfesfrms
dlpasseraiewt ter tûmrk^m^m> Mait TAbjs-
sinîe ne fournit qu'une quantité d'ivoîre insignifiante;
il n'y a pas de copal; l'orseille, qu'on y rencontre-
rait peut-être, mais très-peu abondante, n'y est pas
exploitée ; résleot dope sès rliiitsi^^
gétales^ qui sisal <iôi8d«tonêe^^^ pus sortir du fn^^
tés Abyssiniens tissent des étttfi^ supérieures Mmcotonnades européennes. Les armes et les objets de
luxe pourraient être importés; mais, d'une part, il
y a peu de numéraire en Abyssinîe, et, d'autre part,
rÉgypte,qui la mm$^â^ tças^âlès^ ITWÉiïe rigou
*
reusaiïïentrînteiûdi^ quels
qu'ils soient.
5.
ê2 4itssïmE.
exporter, rien à importer, du moins pour le mo^
ment, il est résulté que toutes les entreprises
commerciales qui ont eu pour but TAbyssinie ont
éÈhoué et n'ont laissé Ettx Irardis pionniers, qui
méritaient un mBilIeur sort, qm la plus amère
déception.
Quand, le soir, je rentrai à mon domicile, je
trouvai la cour encombrée de toutes sortes de
choses : guerbes ou outres de tefF et de dourah;
dans un petit sac en cuir, un peu de blé qui ni^itaîl
spêçîaliawj&at têfeïTîéî àn l>«^owé, du sel, des
piments, des moutons; mais je remarqtjiî SBjftont
trois immenses pots de miel dont je ne comprenais
pas bien Fusage, et qui me paraissaient un luxe
superflu : je grondais déjà mon pourvoyeur d'avoir
adietê iinfe fwaiïtîM de friaiidî&es*
tt Mais, me dît Sassiîn^ il | a en .fâ^içsîiïîi qtm
les pauvres gens qui bôît^iit de reauj ce miel est
destiné à faire du taidje.
Je me rappelai celui que j'avais bu au camp
du Raz Bariaou, et je m'apaisai facilement,
lèièl ^Éï<3mm©^ Gn froeêde pouf la ^îai^tfîon
du faîd|è> JMm â'mmmêm msen eat àenro^, af-*
pelés par les indigènes fombos^ on met une
partie de miel pour quatre parties d'eau, après y
avoir ajouté quelques fragments de racines ou les
lettîltas d%n arbustenommé guécho ; m \mém I#
ADOUA. 88
vase d'une rondelle en bois soigneusement lutée
avec de la terre, et, pendant trois jours environ,
on le laisse exposé au soleïL Au bout de ce temps,
fermentation est coaipïèfe^, et Ton peut boîre ca
breuvage renouvelé des anciens. Le taidje est alors
d'une couleur jaune citron, et son goût est à la fois
sucré et acidulé ; il constitue une boisson fort
agréable, mais dont il ne faut pas abuser. En outre
ié la ^ttaniti Micô©l reî$lkeaïeûf ^cmsldltallô
que le taîd|ê a «e^qttlse pa^ ïa fermentation^ îjl est
tûiïtparticulièrêittéiit surexcitant, propriété qmî lui
est sans doute communiquée par le guécho; car, si
Ton a mis une dose trop forte de cette plante, le
taidje devient amer, donne des douleurs d'estomac
et engieîiàre lliîsômiilt^
lié laiijfe est lu Boîssôtt des tném^ èéê pt^es^
des guerrîer&, qui, dans leurs repas homériques^ se
livrent à de copieuses libations.
Il est aussi un autre breuvage moins aristocra-
tique et qui ne laisse pas que d'être agréable : c'est
Maîtrem %mm^. Ckttè Bîèire est^ ac^awat la aMre^
brassée avec de Tôi^ , laiîs % élè préalable*
ment grillée, ce qm âdnttô à «él^^^^ un léger
goût de brûlé ; il y a une seconde espèce de bière
nommée talla^ préparée avec des croûtes fermentées
de pain de dourah. Les Abyssiniens ne veulent
pas prendre% péîïii èM Û^iM icés dèîMÈ sôtttes
bière; aussi y a4-îl mUixkh mattger qu'à boire;
U ABYSSINIE.
malgré cela, la bouza, aussi bien que la falla, est
plus salutaire que le taidje.
JLorsque ïês âfejssîoïeiss m wi^ngent pas du
imti^x m TOtiid# çruè, ils préparetïl: 1mm «Ih
ments avec du lyeùrre. Le lecteur, à moins d'être
Provençal, nous estimera très-heureux d'avoir du
beurre pour faire notre cuisine ; cela demande
quelques explications. On se sert rarem^t 4ê viis«^
en tefïiï pïitfï? ïewferjner ïe làïtî on emploie d«
l^éférenee des pin»ê»s^ d'un tissu végétal tyès-
serré, enduits à l'intérieur d'une sorte de gomme
insoluble dans l'eau et ensuite enfumés au-dessus
d'un grand feu, ce qui, prétend-on dans le pays, est
indispensâMe pouf çonsérvajtîon du \A ïl résulte
de eettê sfngaillrç cotitaioa qai^un îaît excellent
devient promptement détestâMei
La baratte est une outre suspendue au toit de la
hutte et qu'une femme a pour fonctions de balancer
pendant plusieurs heures, au moyen d'une corde. Au
goûidefùfâïée qïi'âfâit déjà le laït^le l>€MFfte|joîiidiia
maintenant #êlïiî du c«îr dans teçjaél il % lté prê-
pïÇpâ* iiaiism beurre frais, qui ferîtit, jnaîgré tout,
une cuisine que le palais d'un voyageur, aiguisé
d'un vigoureux appétit, trouverait excellente, n'est
point encore celui qui sert à confectionner les
ragoûts â%sstniens. Ce n'èst qu^nn cosmétique qui
sera précîeïisement réservé pour gcâîsser la «elieve-
lure d'un seigneur ou de quelque jeune coquette.
Avant d'être considéré comme denrée alimentaire, le
beurre est fondu, et devient ce que les Arabes appel-
lent jy^^m^?/?. Pour aidera sa conservation, les Abyssi-
niens j ^mlmà h tmmm m^àmé^^ màcîîlw êe Im âQmm m îdétestable* 3m ims à
Iflî ?êrité de dire que le beurre ainsi préparé se
conserve fort longtemps sans devenir plus mauvais.
Hassein, pour se faire pardonner les richesses
gastr©n#^ qu'il âwt «t^he^^^ pria mon hô-
tesse de me prépater itn férîtaMe Wîtt âbf^Bîe«»
Il f iftattq^jâitt^ k h *Wê'» 1* M^s prÎBiîîpli le
fameux hrmtâo^ ce lambeau pantelant encore 4«
viande crue ; mais je n'éprouvais âlors nulle Sfîn-
pathie pour ce mets national.
VmMÏ les ragoûts peu variés qa'awjne «ervit , et
tous épfeé^ #tiae lafon uttom^ il en est m qnj
mCwAri^mM et tne séduisait tout sfii^ltto^Éit^
Datos là poîïiiîeose nomenclature qui orne le
menu d'un festin ou la carte d'un restaurateur en
renom, on n'a jamais vu, que je sache, figurer le
ûMro. M cepenianlîe êÏiîp© esl un ûièts délicat,
quoique fea ifêdnîstut It pteinîêre tue : hm^ïtmntt#^ l}firuîlîî# grisiire
,^^ dans une écuelle e»
terre noire et dont un beurre gluant inondait tous
les bords. Enlevez le couvercle en sparterie qui
conserve la chaleur, et laissez prudemment refroi-
difi car le^feîro ett frès-épicé, el $e Irlflec la kftfufe
a^ee nne sâti<^ pïJttientée, c'e^ ^rrîble; goûtez
«6 ABYSSIKÏE.
«iifin, Bif M Toûs êtes un fm ImMt^è k h ttimmrelevée de l'Orient , vous trouverez excdlent ce
mets tout à fait national.
Il est temps de dire ce qu'est le chiro. Lorsque
les Abyssiniens tuent une antilope, qu'ils îèsi^jttmt
sous rappellation gèiiéïlfne €a0ùmn^ ik décou-
pent les chairs en lanières grosses comme le doigt |
on les fait ensuite sécher au soleil et piler dans un
mortier. Ainsi préparée, cette farine de viande peut
se conserver un temps indéfini. On la mélange par
sehimhéra^ et C«ite Bwiïlie , MSaf^atiée à& iots
de samen et relevéi^ dé pj&udtfe dô piment, consti-
tue le chiro, qui ne se sert que sur la table des
riches.
J'avais déjà pas mal de domestiques, mais il ne
â*fK troïiva, tin seiil dans le noBibre qui con-
mtàiX à Miojidre le dottraîi ni k nllêf «èércber 4ti
bois et de l'eau. Ces travaux sont considérés comme
déshonorants, et aucun homme ne veut s'abaisser à
ces fonctions réservées aux femmes. Force me fut,
sous peine 4e ïtfwîr de soif, de prendte à&mfèniines pour domestiques j je ne les ptfàîs pas
eher* Il est vrai,, un demi-tMl<ir |f ïf* 50) par mois,
et les pauvres malheureuses écrasaient du dourah
toute la journée ou revenaient le soir pliant sous
un immense fagot de bois ou sous un vaste gombo,
qu'elles poftaîent sur le 4os, reteuu paaf leur tatib
qui était noué sur le front m mw M pôîtrine.
C'étaient deux pauvres filles, encore à peu près
jeunes, que Hassein avait recrutées je ne sais où;
mais enfin tout fait nombre, et j'avais maintenant
wm mé^^ qui, avec las gens é$ mm^ M^ssa, lorw
maît nm iîè)Mà& mkmie.
Oisero^ Douba (c^éiait le nom de ma propriétaire)
avait chez elle sa nièce, ravissante créature de treize
à quatorze ans, nommée lanoussou. Elle remplissait
près de sa tante les fonctions d'une domestique pri-
vilégiée et n'était occupée qu âUx çôîtis intérieurs
àn toénagè, Sottvent d'autres Jernaies fîïleâ dû voisi-
nage venaient lui rendre visite, poussées peut-être
par la curiosité qu'inspirait ma présence. Il y en
avait dans le nombre de fort jolies, et toutes avaient
une attitude noble et gracieuse, avec leurs cheve-
le soir que j'étais occupé à travailler ou couché,
toute la maisonnée sortait de la réserve, et des
danses s'organisaient dans la cour. Je me gardais
bien de déranger ces petites fêtes improvisées, et
plus #ûiie É)î§, «a3^ dén^lre une peau 4ê %mnf
qui nie servait de vôlet^ fm nssî^é &m éiafn ié
eette Jeunesse. Plus tard,quand on se fut habitué à
moi et que de petits présents, un collier de perles,
^ Oisero, en éthiopien, signifié
un petit miroir, quelques aiguilles, un petit flacon
de grossière parfumerie , m'eurent conquis les
bonnes grâces du beau sexe, ma présence ne fut
plus un trôi3f|l^-iête, et quelquefois mes dfiwes**
tiques s*6iîliardîriïïl Jiiifiï'â m'émofét m aïûfcp-^
sade lanoussou et ses compagnes pour obtenir WRô
distribution de taidje. C'était plaisir de les voir,
tremblantes et confuses, avec leur mine de petit
oiseau efiaroiicbè, îïï'airissâr lêûr IwïûM® requête.
Je ma laîssaîf IouJoîjpps ilchî-r, et les â«ïîsés se pi*-
longeaieiît Mm mmû àms îa Moit*
Ces danses rappellent celles que j'avais vues dans
les hauts plateaux de l'Algérie, exécutées par les
aimées des Ouled-Naïl, mais elles sont plus naïves.
Hôittînes et feiwitifis JÎ&nseïït enseïîîble, rangét ea
eerdfe â^ttit feu ; Îé& mm et lejst âmtrs^ fiè^
tinent sur place plutôt qu'ils ne dansent, et se
balancent d'avant en arrière en chantant d'intermi-
nables cantilènes dont ils marquent la mesure en
frappant dans leurs mains. Comme chez tous les
peuples prîmîtîfe, le iÉ|l}ime en est miwiôfôae et
mélaneolîqiïe. ILa mw^^Wf^ i soi^ cai|fîîie) semble
D'avoir été employée foô fôïir ©x|îrîmer les senti-
ments tristes et langoureux ; c'est une douleur qui
s'épanche, le soupir d'un cœur qui souffre. Le cri
de guerre lui succède, mais le chant d'allégresse,
Je jô|^UxloMptt^ Ji*a|) parai que pins tari.
J'èlaîs déjà installé depuis près d%iie semaîûe à
Adoiia,lorsque M* ie Stme awîWt> Ce lot vm |wr
de gala. Prévoyant que nous passerions nn certain
temps dans cette ville, j'envoyai deux domestiques
porter à Massaouah un paquet de lettres et des
boîtes i'îttSâîgles ; ils âs^aîéni me rapporter
dîfféretïts iôljjg ts dont je n'avais fa« Mt une provi-
sion suflÎMllifé, mais surtout mon lit de câropiSîi^ttf»
qui est une des choses les plus importantes en
voyage. Ces préparatifs terminés, je me livrai tout
entier à Tbistoire naturelle, explorant dans mes
^i^pl^iliôïi^ jcwiaiàiêm les m?îroiïâ pitloreffwes de
la tîïle*
J'ai dit qu'Adoua est située dans une plaine en-
tourée de montagnes. La plus importante de ces der-
nières est le mont Chelloda^ dont l'altitude précise
m'est inconnue, mais qui ne peut pas être inférieure
â èmm la^^ tps^ m ^mm. paîllfe cinq cents
Bîêtrés, wàïè 4e k plaîwê êténl iotinée k âk-nauf
cents mètres. Lîg ïftôtti Cbellodâ, sîtaé m nord-est
de la ville, forme une croupe oblongue de cinq à six
kilomètres et séparée des autres montagnes par de
profondes vallées, où coulent, au sud, TAssam, et
«mmofâ^ î'ifepmjia» %m §m0$ 1J0 cette jpnôntagne,
tttrÏjQûtjdtt côté àn sud, sont peu escarpés, et là vé§ê^
tation est fort clair-semée. La gorge de TAbouna, à
une de ses extrémités, est fort étroite; d'un côté le
Chelloda, et de l'autre un bloc énorme, dont les
parois verticales semblent formées de colonnes po-
90 ABYSSINIE.
lygonales mmMm smmxù^h mmme êMM mi
f«Fl©gfp*ii«§fii^ Le^^ii^fim a défilé, on
se trouve subitement dans une ravissante vallée, où
le cours sinueux de la petite rivière est indiqué par
une ligne de beaux dattiers, où voltigent une foule
4*<34seâîïX m pïmmg^ éfik^mâi des pigeons jaunes
at tertt * TMcoulent dans la verdure étm gôrpût
de dattes; des geais bleus^ ou bronzés avec le
bec blanc ^ se poursuivent d'arbre en arbre, tandis
que des grimpeurs à longues queues, tantôt métal-
liques et fasciés de blanc\ tantôt d'un grîs îsiibeEe
Meîc^ïa têle^Gtiroimée d^une liupp#\ se siï^iûi^t
lïAïiêiie^ ie niîlîe &fows* fM ta Ht sur^
tout un oiseau ravissant et qui construit un nid qui
mérite quelques mots de description : ce charmant
passereau ®, qui ressemble à notre moineau, mais
âmê Ife Iluttïitge est ÉntîliSKiant d'un jaune^'jor
varié ëê néît hmii^ mspmà m demeure aMenite à
Fextrémité d'une branche aussi flexible que pos-
sible ; la feuille elle-même du palmier, si grêle, si
élancée, lui semble encore trop grossière, et il la
fend longitudinalement en deux ou trois parties pour
Ptilorynchus albirostrîs.
^ Promerops erythroryochus.
^ Colius Capensis.
^ Ploceus aureus.
Mm tttgfïïenter la flexibilité. Ce nid resstntblis tin
p€u à une (mmM&k ml mmit i3[v^ sejraît si3tsp«nâue
par le ballon, avec Touverture en dessous. Lorsque
Foiseau veut donner la pâture à ses petits, il se sus-
pend la tête en bas à ce que j'appellerais le ventre
âm nid ;puis, éteftdsîïlm âlî# et s'appuyant mf sa
qmm^ ilm replie sttr ImNniita©^ p^nr en|^|^r sa
tête dans rouverture du nid. L'babile architecte de
ce petit palais aussi confortable qu'élégant n'aime
pas à vivre seul ; on voit ces passereaux, par bandes
innombrables, évoluer comme un tourbillon doré, et
Farbre qu'ils ont choisi pour êltelâ^pîMe délsùr
pelll® ïêpîï^ïlîq^ mi lîtîéiPâleimiiït c0U¥SBPt Ife leii^
liîdB^ 0nM*|fep«ï*çdt plusnif^ ni branchés} cè ne
sont que des grappes de nids, qui oscillent constam-
ment sous le poids de leurs habitants. Mais ces
prudents oiseaux ont la coutume de choisir un arbre
k trané iexîble et dont Im tâmmm jpandiaat
SLmmm du ruisseau. Inoflfensîfs et stnâ défema, îls
ieinMeal ne chercher un abri que da:ns la déHca^
tesse même de leur travail.
Tout n'est pas aussi poétique dans la nature. Il y
a en Abyssinie un autre oiseau, une sorte de gros-
Ijec, encore cousin germain de tW)S n»ïi«6âtt^, msà$
tm pm plot gros I sm plomage^ôf d'tm joli grî&^a-
belle; il a les pattes et le bec rouge comme du co-
rail, il est alerte, gai, sautillant; on est tout prêt à
le trouver charmant; mais il ne faut jamais se fier
anx appareticis i il 4 de i3é|tl0i^|ei b^HliQâétt
gôûti àas§î àèptmès qm «à^aéls. C« petif oikem miCarnivore, il aime la chair, que dis-je! la chair vi-
vante ; aussi les naturalistes l'ont nommé
mange-bœuf. Une pauvre mule, un cheval, un bœuf
mt-îh été Messés par h hafïiftîs, c*ê$t 4i»s «elt#
blessure saignante què le Biîpïîagiïs pl^oger
son joli be^ ; de ses pattes, que ïa iïafîire, bonne
mère en somme, lui a faites rouges, pour dissimu-
ler ses vices, il s'accroche sur les bords de cette
écorchure, qui bientôt, grâce à lui, deviendra une
pîaîe, ïl est % %nt h ém âe ït paawe Mte, pi-
quant^ becq»«tot» dâ^iranï, si isÊdtà hM twste
besogne qu'on peut l'approcher jusqtfà Mettrie la
main sur lui ; sa victime a beau se remuer, se se-
couer, le frapper de sa queue, rien n'y fait, il ne
bouge pas. J'avais d'abord trouvé cet ofsea» Joïl#gracieux j lïiaîs quand je eôiïntis s0s mc^TO, j*^ le
pris d foït eft |^îppe,jqt3te je croyais faire œuvre pie
en en tuant le plus possible.
La vallée de l'Assam, au pied de l'autre versant
du mont Chelloda, était toute difiTcrente; là, plus de
palmiers, plus de beaux arbres t Ciipfiteinset fraî**
ries marécageuses et côutreHes èe jôiics. Pour être
moins pîttQTfsqtïe, elle n'était pas moins intéres-
sante pour moi. Les reptiles abondaient dans ces
terrains humides, les insectes y pullulaient, et des
bandes d'oiseaux se balançaient à la tige flexible des
Joîïcs, Cètéml^ lé mmMmt à gorge Matl^\ lé
veuves d'un noir velouté à ipMJÎettes JawBM^ OU k
collier de ppurpre^, des passereaux encore, mais
ceux-là mi-partis noir de velours et couleur feu ^;
des bandes de vanneaux, des pluviers et Fombrette
sôîîteire^,hMpo» itiwlôngues patte# ,m H sKï^elIâ
qui s*^Bftj|tît|e «©a tejïla IViltMfiliuïtfe^
En soïfatil Ée em ptnîrîêà Jroïaîdes , FAssam
tombe, par petites cascades, dans un lit profond et
escarpé; puis, longeant la ville, il coule vers Fouest
et M titrde à se Joindre I fàhtmn^ pou? 4ller,
iè mMmttf après ïttîlle méandre^ ditns kOijèrî, qui porte à sm tout tm m T^èeaié *
11 y a:çaît fort peu de gros gîMer atttowr d^Adoua,
et je n'y ai jamais vu aucune antilope ; en revanche,
l'entendais chaque nuit de plaintif hululement
des hyènes et le jappement des chacals, qui
îittïeii£|ûiqîie^m^ lltcéd» ^aïc^ Mm Mêùbde fîd^i^tïfI. its feBMfôiï était trop forte pour
que fy pusse résister, et j'allai, par un beau clair de
lune, me poster à Faffût. J'attendis de longues
heures, blotti dans un buisson de jeunes figuiers;
^ Apus mdfaaw2 Merops rhînuîa.
3 Coliiis-passer flaviscapulatus.
^ Colius-passer torquatus
5 Loxia ignicolor.
6 Scopus umbretta.
04 ABYSSINIE.
Fair était pur, la nuit splendide, et le silence n'était
troublé que pat lè &â èm hyènes, qui se répon-
daient àe toiïSr iÉiïéB^Wti àhf&ûmÎMf mmim^ê^ 4tns tous
les pays où vit ce carnassier, il esl considéré comme
un animal immonde.
Son mugissement assez sonore n'a rien de la ma-
jesté de la voix du lion, ni de la farouche âpretè 4tt
jappeméni im<|af lu ^é<ïpIê u»Wuleme^pkMÎ pïdioiigé swr mim mineur, qui va cres^
cendo pour s'évanouir en une finale discordante.
L'hyène qui habite l'Abyssinie est l'hyène tachetée
qui se retrouve aussi au cap de Bonne -Espérance,
imêk (pe iîiîî« 4& F^gérîe #4 Hïliifce âtf Sénégal
mt Fhyla« imyiô. ï/kfl^ lmà^^è^ iBsâ pluê gtmê^le train de derrière est pf0p.0ïJî#îQtîiell6ment plus
élevé, et son pelage, ainsi que son nom l'indique,
est semé de taches, au lieu d'être zébré comme
celui de la hyène d'Algérie.
Sitôt qtt& la tttîît a Mméi mm mM$^ Yhfkm sort
de sa imièm etM iiiB*m quêt© de qujel^e cada-
?ï?e* jElle n'atlaquera jamais l'homme, à moins ^o^iï
ne soit endormi. J'ai vu un jeune pâtre qui, sur-
pris dans son sommeil, avait eu l'oreille dévorée par
une hyèiie ; maïs réveillé en sursaut par la douleur,
il fitm ïnoutemeiit, et le ikmé s^éafiiît épouvanté.
J'ataîs disposé autoiir^le fiiQÎ^ à tiiie vingtaine de
pas, des entrailles de mouton, espérant que cet ap-
pât allécherait les hjènes. J'avais entendu dire, et
ADOC A. mje croyait fluoî-nïâïtt»^ §ne Fbf&ïïé ms^ ï%€<ïyitt pe»
développé, Cliâeaii raecHiinîi à pîàfeîr m âïgérîe,
où, dans la région des hauts plateaux, les hyènes
sont très-abondantes, que cet animal, privé d'odorat,
en était réduit, pour découvrir sa proie, à suivre
le^ljalaée^âejélïiwîals, qui chassiiîeî^^
cal a découvert un cadavre quelcotiquè, Thyène,
qui est là sur ses talons, sait bien, grâce à sa taille
et à sa force, s'attribuer la part du lion. Contes que
tout cela;Thyènea Todoratirès-développé, comme
cil va le voir^ Les mugîss^ïËteïits que j'eiiletoidtë 4t
tous côtés m fâ^procEaîent^ cmam^im cercle tpâ
se rétrécit; m$M^ je vis se profiler à Fhorizon la sil'^
houette d'un grand quadrupède. Je retenais mon
souffle, rhyène se dirigeait vers moi; déjà j'épaulais
ma carabine, j'aurais vendu sa peau comme les
chassants dé îa liM^ ^tuait elk tpaît k i^é^m îaîl
viwgl pas s%rfitâ court, po«m mt long
hululement, et s^enfuit à toutes jambes. J'étais
éventé, bien que parfaitement dissimulé dans une
broussaille et à une distance d'environ deux cents
mètres, La même scène se renouvela plusieurs fois
dates ït îpifiait mMt ftwcmie hyène ne se hasarda à
Enfin, de guerre lasse, pour ne pas revenir bre-*
douille, j'assassinai un beau chacal, qui venait se
désaltérer dans FAssam.
m ADYSSIME.
On peut penser si je eonlitls des jours heuréM:* k
et maL clïâûittîè^ était devenue un vérîtablo musée,
où pendaient, en séchant, des animaux de tau|€S
sortes. J'eus cependant quelques anicroches.
Un jour, en rentrant d'excursion, je trouvai le do-
mestique chargé de pttreiaesMle^lp,%^toute bouleversé^i el^ af^rês Wtaijue mon îpMWàMfi- dal^àWopîen rendait difficiles,
je compris que mes mules avaient été séquestrées.
Déjà le représentant du Raz Bariaou, un subalterne
de vingtième degré, était venu me tourmenter pour
#îeRir queîqwes pfestrea I fitrê âé trîbût* Il avttît
toujours liétee^^ta^ciJti^ à la porte tôtts les
iboiitteurs dus à un garnement de son espèce, et plus
d'une fois je Tavais déjà menacé de lui appliquer
au bas des reins la semelle de mes souliers ferrés;
ïij^ls il Ré sultait pis le^ et, par mena-
ces m îotît mutre procédé mmû hm^ète^ Il s'était
eîîîparé^e ïoes mules et les avait mkm m ÈmiJt^
rière, ne voulant les lâcher que contre «û© grosse
indemnité.
\ Par qui me faire rendre justice? c'était assez
épineiix ; les «lïloïillt éa pays me s^»feltîml
tant de complices* Le chef suprême étaît hm , et
ses représentants, valetaille affamée et avide de
quelque gros bàcchich, n'étaient qu'une bande de
coquins. Heureusement, un personnage dont j'au*
ADOtJA. . 07
rai plusieurs fdî« l^ccÈfcSîmJe pc^^
pmi m ^îm^mimâ pônr aller chm le roî^ Çèlmt
Abyssinien nommé Boarrou^ natif de îa pmvince du Oualkaït, et que pour cette raison nous
appelions Oualkaït-Bourrou, ce qui servait aussi à
le distinguer des innombrables Bourrons qu'on ren-
emîm à chaque pas, fattt te nfittî est Iftf«0îi£ eis
Abyssîaîe. Mais Bourrou était un Abjssîîîîto por*-
tant souliers, pantalon de drap d'Elbeuf, jaquette
et tarbouche; le tout éculé, usé, fripé, rapiécé,
lui donnait une mine de mendiant, et il en était
plus fier que s'il eût porté la toge indigène du
foî liilnttiêiaie. Ce qui proutë feîèft gae %$an^,
de convention. C'es| IshsIm â BûOïlàf^ il
avait fait un séjour assez long, que Bourrou avait
adopté le costume européen, avec tous les vices de
notre civilisation, évitant avec soin de s'assimiler
BIOS fuâïîlês* Maïs îl TOît appris l'anglais, parlait
aassi mu peu Irançalsi M % cet deux titres était pmrnpioî m ffèm&m Merprèie. Je Tallai trouver, et,
moyennant un verre de 7)iouch'7iedif\ il se décida
très-facilement à mettre à mon service ses connais-
sances philologiques.
Je fus, pour cette foi«, obligé d'aller à pied; mâis
^ Le lecteur ne sait pas, sans doute, ce que c'est que le
lïiôueji-^ïiédïf : les comïBerçants européens qui sont fixés â
Massaouâti font venu*, patjr la venidre à bas priv aux iMdi;|èncs,
6
03 ABYSSINIE.
je me vengeai de cette humiliation, en m'entourant
Précéâète cloi»ei% ittéferoîtpksséf ett lié*
rauts d'armes,je me rèjtttîîs ^mm lourrou , chez le
Béléta Garamoussié, qui, en Tabsence du Raz son
maître, remplissait les délicates fonctions de gou-
YmMwmmà mas mules^ qm wm pmmmifmmdoïi de voir de près cet împoriant persoDH
nage.
Après avoir traversé des ruelles étroites, nous
arrivâmes devant une maison aux murailles sombres
et mÊxmém itol la fmîé tm^^^^m «00! mor-
ceâtt Imhs, était fë^iaêe* ie i^ftô p«*tiB
étaient rangés en factionnaires plusieurs grands
gaillards, armés de pied en cap, qui semblaient en
défendre Fentrée.
Ils aïmôîicèreat, m Aitflïé le fôtwtraétMr è^MiMmpé et m f&mmt Me m^m^^ méê&amêiâ le
rusé magistrat, informé du délit, avait prévu mM.
visite, et n'ayant aucune bonne raison à me donner,
il avait trouvé tout simple de ne pas me recevoir.
J'étais, pour ma part, résolu à clore Fîncident le
une sorte de drogue, pompeusement décorée du nom de cognac.
Un jour qp!un Atyssini^ assez cossu et parWt quelques mots
d*arabe ékrt vmm à Màmouah.,^ oïl laî crffrit un petit vei3'e 4ecette liqueur traîtresse, a SToucIi'nédîf m , s*ëcria-t-il eh faisant fe
grimace, « il n'est pas propre t ; et depuis ce temps, cette mau-
vaise eau-de^vie fut baptisée du nom de mouch-nédif.
flm lôt possîbfe wtmé^Lmâh ettip© èe ixi^m re-
J'insistais pour enfefâe^ ïéis lactmîïnaîres s'y ô|)|î0-
saient. Ennuyé de ce manège, je saisis des mains
de mes domestiques une longue lance garnie de fer
mMm ^ 0t ècàyfeBil wmîn $ ^mmmmïâ mmfermement, l«s laditotîitifeSj^ je Èiîpfûé mapà re-
doublés dans la porte, eîi criant t « Fra^guîî Fran-
gui ! c'est un Français.
Le Béléta comprit sans doute au son de ma voix
que je n'étais nullement disposé à faire le pied de
gru« à sa jpôrle | rnsé wlb $mmtiiB tiuMPi^ fm^Ww^ér MmMêmB^^ Jf^ mît ausplôî msîaîwîôlàiïs
Fentre-bàillement de la pOicle et l'ouvris tout entière.
Là, nouvelle discussion : on voulait bien me laisser
entrer maintenant, puisqu'il n'y avait plus moyen
de faire autrement; mais les domestiques devaient
retter dWbôïâ mm lmt$ afîtt^.. Il i^f mmk j^méM^
imtéém 4«falttârfeï Ite BMÊk élult m imâ trop
intelligent pour se laisser entraîner à quelque voie
de fait sur ma personne. J'avais aussi mon revolver
passé comme de coutume à ma ceinture, et si je
teiials tMm entrêr ttiéfs iomestifu«$ ém le gcm-
veriîeïif , -e^élpt me siiaplè ^uéstion de dignîté.
venais réclaimer li Justice et non pas l'implorer.
J'écartai de nouveau de la main les factionnaires,
qui commençaient à devenir plus dociles, et je fis
passer mes hommes devant moi. Le procès était
100 ABYSSINIE.
iêtm et déjà plus qu'à moitié gagné. Je ne voulus
pas aJbtrser de ]â itîclôîtev ^ de eô|»rfikilJi^
laîssani les domest%tie^ iitts h <»tir iwtéWïp% |e
pénétrai seul, avec Bourrou et mon îîîterprète ordl-
aaire Hassein, chez le gouverneur.
Il était, avec deux ou trois personnages, ses con-
seîHers sm$ êùiâe ^ èmm sctrt& de piêc^ ^Imciît*^
et malpr0pr$i> qiïî surfait aussi d^écuria à sa miTle^
Il ne se leva pas pour me recevoir et ne m'offrit pas
de m'asseoir ; sans plus de façon, je fis demander
un siège par mon interprète, et une jeune esclave
m'apporta un billot de bois, sur lequel je m'instaî-
liii coïïjiïig ém$ nm chmise curwle. MitawItwsaïl im pî«li à la tête à'm slapêiè^ iMmtrîsîle me donna du gouverneur la plus triste
nion. J'ai parlé tout à l'heure de Thyène;j'en re-
trouvais une, plus dangereuse assurément, et tout
mm lâche et îgnoMfe
îlarâiaûïîssîé est un de ces lioinïïies i&ai î! est
l^ttôsîlle^e fréèlsér i^ge^ pm Im mmmm$mpassions, ils ont, jeunes encore, un aspect de vieil-
lard, et leur œil cave ne s'illumine plus que de
reflets sinistres; ajoutez à cela une chevelure en
désordre I sioarellî q semblent épineux, une
fmti gmvêîée de peite virol^^ éfc mn$ $mtm Mmla face k plus patlbulaîre que Fou puisse ima-
giner.
Bourrou, dont la bravoure ne fut jamais la vertu
ADOUA. 101
doiriinante, m'exhortait à une prudente modération;
ffitîs^wfant aiî «mporte leièitt* l^éîiliiti le pTeailer
eu matîèrt t
ce Pourquoi, dis-je au gouverneur, le valet du
Raz, dont je suis Tami, s'est-il permis de prendre
mes mules et de menacer mon domestique ? »
Garamoussié semblait visiblement embarrassé, et
$mfmt Iftâttîlît mm vépmrn^ mîiïtisîlîgible,
dans lagutlîê |e ©rtts çféinêler ctp^iaiil i|ii^ïî 0mt
â:iîMge ïp# les trafiquants, surtomt JtS^ IstJfôlîg^
payassent un tribut au RaZ| pour passeï* sur sês
terres.
a Mais, répondis-je, j'ai vu le Raz à Addi-Mon-
gondî, et je n'ai pa^ lté #|îf#comme j'ai dû Mm lit fîettiï©. la $ùb taîdje
dans son breulli, et, s'il avait voulu me faire payer la
douane, il me l'eùtalors demandé. Jene suis pas d'ail-
leurs un trafiquant; je suis venu ici pour recueillir
des bôtes et des plantes qui ont des vertus médî-
càlês. Je mis rmmmmâé m Mm et m Mègmmpar le consul de France , avec leqiii^ Je suis
vicnu*
a Connais-tu ce cachet ? w Et je lui montrai taoû
passe-port, qui portait le cachet du consulat \
ttCesf vrai, dit le Béléta, mais tu aurais àû
^ On sait qu'en Orient la sigïmture autographe n*est pas
usitée et n'a aucune valeur; 0a sart iaujjpurs à'tin sceau, ce
qui prête à bien des rnalversaiions,
6,
102 ABYSSINIE.
faire un cadeau au ouékil du Raz. w Et Bourrou
d'appuyer cette proposition.
^ lia ftacleaii au tralet èa Raâ I Ùxâ^ Je lui en
firîîîw% s'il ose jamais se présenter devant moi, mais
ce sera une distribution de coups de courbache\ et
le drôle n'aura que ce qu'il mérite. Au surplus, je
ifal pas le temps èe Msctâm iPPteM î m «a^ ^sUè
met Brafe^î 'VêQx-itï mê les laîrê renirét
itjiaEls |fe ii'en ai pas le pouvoir, allégua Gara-
moussié ; le ouékil du Raz n'a pas d'ordres à recevoir
de moi. II employait à dessein et pour rehausser à
mes yeux ce domestique du Raz, le mot arabe owe-
]kil^ qui signifie représentant, foniè df© Ç0aitiii^
M. Q«tfe âdS'tû ému dm l^utoritt q»a tê émîhmton titre de Béléta? n'es-tu qu'un gouverneur de
paille, qui tremble devant un valet, ou plutôt n'es-
tu que son complice? Assez parlé du reste : je suis
ici chez toi, et je te déclare que je vais y rester
jusqu'à ce quê mm vmim ïtt^ûl éH i^a^ès*^
ytetrfe da wp^éi&t et la wmm ob%l de
me faire servîïv moî et mes gens. ))
Le gouverneur ne savait plus du tout où il en
était. Il s'était attendu sans doute à une discussion
orageuse, à des menaces, à de la violence peut-être,
^ La courbache est une Iciiigpe et flexible craFache en peaïi
d'hippopotame, qui, vigoureiiiôiîîèiit mmàêé^ ^tient presque
me arme*
ADOUA. 103
tempête qui se fût terminée par quelques thalaris
que j^eôssfe été dblîgi êtè êmmf # «st ÎHSftjiête
itoime eût empâcîiès.
Mn fmmâ que le B^llït teiMîWssîé n%Mi fs§
étranger au rapt de mes mules, je ne m'étais pas
rendu coupable d'un jugement téméraire; elles
étaient tout près, peut-être même daot sôii éciirle,
cat> iKotr» tMèqm termlnl, |%ltêûiiîîs I fekie
qtïflqùes lnsf^afsMmi qum m& Im rendit
Pour prouver que ce n'était pas par avarice, mais
seulement pour maintenir Tintégrité de mes droits,
que j'avais refusé tout cadeau, je donnai un thaler au
jeun^ Siirtîteïir ïmm^fâlâît mm bêtes , et qui, en
signeêe rêccmtttîssâiïïîe^mà1^ tm^^ hêpmmgarçon
,prévoyantsansûmM^% lîeg^ê mà$ fôfce^
on lui enlèverait son petit trésor, me suivit, sons pré*
texte de conduire les mules jusque chez moi ; mais
là, il ne voulut plus me quitter, et comme c'était
nu dôfla€iSfîifÈi# à gages, je le garââî a wmm seiv^
imë*
Je ne m'en allai eepmà&tit pas ainsi de chm le
gouverneur. Cette affaire avait fait du bruit dans la
ville, et quelques groupes dans la rue montraient
une certaine animation. Afin que désormais on ne
^mtûM fim à me jmm ê& mmvm tours ^ je te-
imîs à <ïé qnè îônt le mouàê sût Men qm jû m'étais
fait rendre raison. J'envoyai chercher nja sielle^
et^ enfourchant ma monture dans la ctrur même dm
lOi ABYSSIIVIE.
gouverneur, au risque de me rompre le cou en
passant la porte,je traversa sans encombre quel-
ques ras$èmbleiîi€^iits^ qui semT^lalent ni^êtrô peu
sympathiques. Les rieurs furent de mon côté*
En passant à Addi-Mongondi , au camp du Raz
Bariaou, je n'avais pas pensé à lui demander Tau-
torisalion de me rendre jusqu'auprès du roi. Et
avec uH httmmé t&mm& le Béféle Gariuntî^silè ^ îl
étoît sbsoliiinënt ihdIspÉMâMjB d& më M^ttrè en
réglé; îl eût été trop heureux de saisir la première
occasion de m'être désagréable. En redevenant le
compagnon de M. de Sarzec^ je n'avais nul besoin
de rassentiment du Raz , et rien à craindre du Bé-
léta ; maîsl^ conserver Ik lîlerti lîeirofager
à ma gnîsB^ pfiïr ecli$tÎRii«rplu&l^^ re-
cherches zoologiques qui m'avaient déjà fourni de
Irécieuses collections. J'envoyai donc un domes-
tique au Raz Bariaou, avec une lettre du vice-consul
âtmmimt fom nmi «elt^ aotorisatîôn ; car U avait
mâ àé Wrmùt^ iM mtâ qu'il y eût â Massaôual,
que nul Européen ne serait admis à voyager en
Abyssinie sans une autorisation du vice-consul;
mesure fort sage d'ailleurs et dont le but était de
iffiîlîtef ^attx Eiïropéens VmM 4ô llipsinié^ mles accréditant Buf^ès des agfedtés ïïidlgèiies^ H y
avait donc pas à douter que le Raz Bariaou nem'en-
Vôyàt immédiatement Fautorisation demandée. En
^mëmt le retour Ûb mon àQmmiiqmi |e wpmtranquillement le cours daines exjCttrsîoiïs.
Le 25 septembre, eut lieu une fête relîgîeiise^
la fête du Mascal (fête de la Croix).
Au centre de la ville, sur le mamelon le plus
élevé, se âressfôUtte église, qu#îi* feretâ #tîleii
Iraîn de reconstruire sur «n plaïi qtiî, f&nt ïé
pays, est gigantesque. C'est Féglise de Médanl-
Allen| (le Sauveur-du-Monde). Plusieurs autres
sanctuaires sans intérêt sont disséminés dans la
ville, dont ils rompent la monotonie par leurs
tast^ enclos plaiïtéê #«tÉF^ sicnitîres* 35e l^ttfre
côté de î^âssaM , &û pîei du mmi Chelloda et mmilieu d'une sorte de faubourg, il y a encore
une église vénérée, entourée d'un petit parc ravis-
sant, où des palmiers et des bananiers marient
agréablement leur ombrelle de verdure et leurs
larges ieaîïièt s^ux sombres loa^ls êm câMers el
des ig^ierM^ïKJtoefes. C*est féglise ^e^shbriel, qui , les jours de fête; devleiit un lieu de
pèlerinage.
Dans l'apresmidi, tout le clergé de la ville
se réunit à l'église du Sauveur-du-Monde ; des sol-
dats revêtos de leurs armes et de lôars insignes
,
des cîtadïîii,. ë^m fB^nnm ëû %$MU 4^ fôte^«*esfr-
à*àire avec des ^mmas ou des taBÉs^ pl»s blancs
que de coutume, se joignirent au cortège, qui
se mit bientôt en marche, dans un désordre plus
106 ABYSSINIE.
pittoresque que nos processions régulièrement ali-
Les piétiôîis lû^r^îeM ê^éimàm §tmi^& mnè ;
stir les iîtm€S^ Im eatraliers faisaient caracoler leurs
montures; puis venaient les musiciens avec les
flûtes et les tamhours, les clercs , les deftéras ou
îettrés, portant, comme les prêtres, àê mém ttiiy
lîans de iïrôiassBÏîîiô blanche ; ensuite quelques
prêtres revêtus de chapes en cuir jaune ou verdttrt,
et enfin Tofficianf , dont la chape était en soie rouge
fripée et qui marchait abrité sous de vastes ombrelles
en soie pourpre et violette,portant à la main une
m0x m mmfe û'^m ^mnâ^ Mmmém- Ttm^ mfmpÏB ém^Mi k pleine ml% ^e^hrpnnèèm langue
ghèze. En musique, comme en toutes choses, il n'y
avait ni ordre, ni méthode, et les oreilles les moins
susceptibles étaient déchirées par une semblable
cacophonie; mais de loin, on n'entendait plus
qu^UB ib<aj^0JO5^^ et ce long rubltn ié toutis
I50nïgii3ss ^ jqm i0 <îlr«Hiïtîtm Jnilîéu de k verdurei
produisait lé |lut thwtmmii èlfel.
Je pensais que là se bornerait la fête; 'mais
tandis que le soir j'écrivais les impressions de
la jxiurnêe, que je transcris aujoufd^M^ ôi n^el-
tais en otdi*è mm cdlecfîons, ]%nt«n#s dê toutes
p^fts 0ithy des hourras, des coups de fusil^
et, tout à coup, la ville sembla tout en feu. Sur-
pris et presque inquiet, je sortis précipitamment
Al>OUA. met je tis, en tffet, que ehaqae babîfant mmiallumé un feu àe mr là terrasse. Mes dci^
mestiqaes s'apprêtaient à en faire autant sur la
mienne; mais j'avais toute une petite provision de
poudre et d'alcool, et de crainte d'un accident qui
eût, en quelques instants, anéanti toutes mes col-
lêdtîom pénWèmei^ a^jniàes^ p m'opposai, k
Imr gjmad iês|ipp#inteinent , à tûute ïlltoœmation.
Les feux éteints sur les terrasses, toute la popula-
tion, avide de réjouissances, se transporta sur la
place du marché. Je grimpai sur ma maison, où
j*ét«îs mm préitaléJres loges pour fèmt voî?. Des
iB<jîai«5ïras èe fmÛ:& et 4e îjronssaîîles fureûi bien
irifië âîBeiïMïiîlês; «iiscan, portant une torelîé à la
main, s'empressa d'y mettre le feu; des danses
s'organisèrent autour de ces bûchers, au son des tam-
bours et des flûtes,accompagnées de battements de
mains. Des hommes en costume de guerre, moi^tês
fiùç îfàrs «hevaux de hataSUe, m lîîrfèrent à u»
carronsel échevelé, simulant toutes les péripéties
d'un combat. La fusillade crépitait, les enfants se
poursuivaient avec des torches , les femmes specta-
trices de ces tournois poussaient leur fameux cri :
EaMhîhî^.**^ crî guêï'rê fit d'allégresse ; on Iraiâh
chissâitleshraiBÎ^, on se toaçait des tisons ardfinls^
la place était tont en feu; ot,, aù milieu de eette
illumination sauvage et gigantesque, les longues
javelines étincelaient , les sabres heurtaient les
108 ABYSSIWIE.
boucliers, les chemmas ondulaient, apparaissant et
disparaissatftt tout à coup , comma dans ime fan-
tatwïagôrîe. €è H' étaient plus des iaûses,. mais nms^hmide infernale ef frénétique, Toute la nui
se passa ainsi.
Mon domestique revint de chez le Raz Bariaou;
il était porteur d'une lettre; mais que voulait-elle
iS&ft âîtilM» BeHmpermémg&à de h ttmdiîiréj «i
tînt ïii%ïiî<jECêri|««^^^
de continuer ma route, alléguant que le roi avait dé-
fendu que tout Européen franchît le Taccazé, Je
n'ai jamais été complètement convaincu de la fidé-
lité de mlH traduction- Cela me ^contrariait. Ibrt
cependant. Haïs M* de Satzec m'enga^eant à n'en
tenir aucun compte et à partir avec lui^ j^'^tceeptaî
son offre obligeante, et nous fîmes nos préparatifs de
départ.
Le roi était à Débratabor, dans la province de
Béguémédienr, fèm aîîferlt r^ndra^ bîo»s aidons
à choîsîf entra i&m roatés :
Celle de Touest par le Chiré^^trifcffersanl le Tac*
cazé, le Sémiène, le Ouoguéra, passant par Gottdar
et le lac Tzana;
Celle du sud,passant par les plaines de Tem-
Èîèna^ îeà montagnes des Agos et Solota^ tra-
versant aussi le Tacca^é, niais non loîn de sa
source.
Dans la première > nous devions rencontrer , au
ADOUA. 109
bout de quelques jours, le Taccazé, grossi encore
des pliiMgs rilê el quî ûous opposerait um bar-
îfiére IsItîtiicfeîssaMe^ Elle a¥aît aus^ été Bôaracoîip
plus fréquentée par les voyageurs européens.
Dans la seconde, pas d'obstacle matériel; elle
était aussi fort peu connue. Sait, en parlant de l'An-
glais Pearce, qui était allé à Sokota, dit à peine
quelques ûïofe de la région M^m^ Il f âiaîl
doue ]k vm ?é*lti|Me întétêt ; mms il Mlait ImteTOer
les pîaitïi«s l^ëisilîlïie ,que Ton disait très-fié-
vreuses, et les montagnes des Agaos, dont les habi-
tants jouissent, à juste titre, dans le pays, de la
plus triste réputation. Nous nous décidâmes, après
l'àvtîis des laamlés ponr porter mes bagages ; maïs
M. de Sarzec, ayant bés<iîïi de porteurs pour les siens,
manda le Béléta Garamoussié. J'étais là quand vint
le gouverneur; il ne parut nullement satisfait de
me revoir. La présence à Adoua du vice-consul de
Fran^ était tt^ pmt mi k0mBe foEctioti-
naim 1*0 ïoî màÈ^ pm ÈimxîoM$f.àmmà fméim
de jfeiifair abondamment de vitres toute la maison
du vice-consul, et le Béléta ne se faisait pas faute as-
surément d'extorquer aux babitants œufs, beurre,
pOliles, moutons, filÉies^ mmlf clriaïe#i f|c.>
pour nourrît l^mî itt tm # ses |aïm^ liai» lottt«»
ces provisions n^ont jamais pn ârriovr fosqu'à M. de
Saritee* Gammonssfé était m gouffre sans fond , un7
110 ABYSSlBim
tonneau des Danaïdes, et mon pauvre compagnon
de voyage devait faire une scène toutes les fois
qu'il lui fallait une poule maigre ou une galette de
àmmh,ÎM goïîf«raewr ûUgumï hmmmMêm&té h pau-
vreté du pays , il eût été logique de hâter le départ
du vice-consul ; mais Tavarice parlait plus haut, et
maintenant quMl s'agissait de partir, Garamoussié
opposait tQtiim $mi^^ if raisons spécîeiis«SM
Tàccazé^ dlsail4I, ^1 mfraiichîssahïe ; tu
périras assurément, noyé par le courant, écrasépar
les arbres et les rochers que charrient ses eaux, ou
dévoré par les crocodiles, et le roi, mon maître, medemandera compte de ta vie.
^ Si tupmâ^h mAe é^MM-àiiî M Sokota,
îgnpresNtù qm^ tmmm^eê^ wmm ttêÉiMmm mtfcSfersant ces plaines fiévreuses, et que nulle cara-
vane n'ose s'aventurer dans les défilés des Agaos,
dont chaque rocher, chaque broussaille recèle un
voleur et un assassin? »
G<tt»Éi#ott iiatttr#e i « reste ieî^ o& ta me ajan-
La finale était par trop ironique. Un jour, M. de
Sarzec déclara qu'il voulait partir et qu'il partirait.
Puisque le Taccazé est infranchissable, nous
irons par Fioï^è iwitete* tetf^^KvCfflS telusîls pôBF
les ibaïidîts et de II ^uînlae ftmt la M^te^ ^}
Gfaramoussié n'avail rien à répondre*
^$ mâ JtM^ îûBt les Abyssiniens se servent â
tout propos, est bien difficile à traduire. C'est une
formule d'acquiescement et d'affirmation, mais qui
renferme une pensée restrictive. On dit oui, mais on
ÉH èm ï^erfjgg* %èM^, répond îii»ailaÏ3lefl^
FAbyssîmen^ a comme tti vondràs^ aous terrons. »
Ichi n'engage à rien, l'honneur est sauf si l'on ne
tient pas cette promesse, et tant qu'un Abyssinien
n'a pas prononcé le fameux Négous Imout (par la
mort du roi), on ne doit pas compter sur sa parole.
Le gouverât»? *fM un soir âiûiîflj^er so-*
lendemain.
Je venais de passet à Adoua cinq semaines bien
employées; mes collections entomologiques s'y
étaient enrichies dans des proportions considérables
j&sedles mim^ mémm^ m Jtaâma «Ï)sc^ïii«hI
nouveaux pour la science. C'est de là fiie vleMent
peut-être les plus belles captures qtte j'aie faîtes en
Abyssinie. Ce n'est pas à dire que ce soit le point le
plus intéressant à explorer dans ce pays, mais je
m'y trouvais à une époque favorable, à la fin des
pluies estivales^ qt» cm^mj^eiti â mt£B fûuimufnde J^É^e.
Il faut pour les insectes, aussi bien qme pour les
plantes, l'humidité jointe à la chaleur, pour ra-
mener la vie dans ces corps à sang froid qui
îli ABYSSIKIE.
s^^Êîiftl ôBiiiàfiïïiB im wmmmt àm^ k seiaiiaieE
où les plonge le travail latent de la métamorphose.
Lorsque la pluie, aidant à la fermentation, a dé-
veloppé les germes, vienne le soleil des tropiques,
les plantes étaleront leurs feuîIL&s , ftttWaWittI lem^
mr^m; la çlîfsîJîèev qui » sucfeêdè à la dbenîlle,
m fmdv&kmm toôîP^ pmr laisser écliapper rammal
qui, par un travail mystérieux, est devenu le papil-
lon élégant et folâtre. Voyez ce nouveau-ne, ses
ailes sont encore repliées, fripées et molles; quel-
qués^lîéïïrejg msmB âe mMlf lm ik$m mtmé ac-
quis eijBSîsiâîice^^*^
raîr et le sang circuleront dans les injtiiûiwbrables
vaisseaux qui, malgré sa petite taille, se ramifient
à Tinfini pour porter la vie jusqu^aux extrémités de
ses organes les plus déliés. Il s'agite, il part enfin,
en qnéle de là tîe^tôiis^iïi^ itUssI hUm ^omim ptmtImî* Mais JffllHïe |u© 1Met â%î|lîtîçf mn nîî de la même façon ^ rinBëete,
lui aussi, poussé par les lois immuables de la na-
ture, s'acquittera sans se tromper jamais des fonc-
iîons qui mi èié àèvéum à sôti êiplae el pw ï*ac«
complissement âèsquelles il it |pu|ottrs reeu les
instruments et l'organisme né^essilres^
Si extraordinaires, si étranges que paraissent de
prime abord les organes du plus petit insecte, sous
la loupe ou le microscope, ils sont toujours certai-
îï^ént appropriés au genreieiî%ôïm moé^ ma
4f^0VÀ* lia
besoins de ce petit être, et si nous sommes encore
bien loin de connaître tous leurs usages, toutes
leurs adaptations, c'est que d'abord nous ne saurons
jamais le tûtti âë rîen, et qu'easuîîe l^obsemtiM
ést partkiilïèrtîttëiil ^iî^îlé îcî pottt^^ péfîts
qui sont parfois à peine perceptibles à Tœil nu, et
parmi lesquels, malgré les découvertes qui restent
à faire, on compte déjà par dizaines de mille les
variations de forme ou espèces.
te leefeûr îiie p&tmçttm him de lui dire m fflot
dejneà petites bétes favorites ; il eàt juste d'ailleurs
qu'elles aient une place ^tns lé récit xl^uja voyage
que j'avais entrepris par amour pour elles.
La fourmi n'est pas prêteuse, le bon la Fontaine,
qui était à sa manière un savant naturaliste, a dit
wai; elleestâe plus active^ Igbofîeiise et#TO ^ajfac*
tèrem Mi^ém. ©epïtls IfWigt^ïnp ce|r^daîrt
les eiiffiiïiïôlGgîste^ mt Mêù&nmtrt qu'elle avait des
commensaux, presque des parasites qui vivaient à
ses dépens, et cependant c'étaient de petits êtres ab-
S0lupieiit inoffensifs, dont la fourmi, avec ses formî-
daMts mâcbîQÎJSe^ a*fe«t lâtt gu^titit li&Bclée*
:fte»^êlîes <}|)àeFvâtloiïs frenti c^miatîtife qm^ Imn de
les dévorer, les fourmis avaient pour ces petits in-
sectes des attentions tout à fait maternelles. Il eût été
bien étonnant qu'un semblable dévouement fût, de
la part des jfoîirïttis, désintéressé, Ùn s'aperçutbîen-
tôi, en effet, quû ces insectes sécrétaientt par des
Il* ABYSSINIE.
appareils spéciaux, un liquide sans doute sucré, dont
les fourmis étaient friandes. Ces faits si curieux
étaient observés en France, et ces insectes, nommés
dmijiftrs parce qm l$mê aBteijnes mmk feiles
«QWîttfi itiiï& îûâsiïiiê^ B0Jttt dè fittf Mlle* Maïs
îl arrivait aussi à de rares intervalles, et des régions
les plus chaudes du globe , d'autres insectes fort re-
cherchés dans les collections, tant à cause de leurs
formes bizarres qui ïêi?r excessive r^ï^etê^ Cèttx*
îl M$md beaiiCQttf fias grimKs^ mm dépasser
cependant un eentimètr»M lôîig^
On savait d'une façon à peu près certaine, d'après
le récit de ceux qui les avaient capturés, que ces
insectes nomméspaussus vivaient aussi dans les four-
naîlîèrêsi imis qu'y faisaieaâllâf Ùii néïmt^î&fsâi
pcÉil em Èâmm^x de poSte par ôït les c^Ê^mrs
laissent exsuder cette liqueur aimée des fourmis, et,
d'autre part, on ne trouvait point qu'ils fussent ar-
més de façon à s'imposer aux fourmis. J'avais
résolu d'apporter tous mes soins à la recherche de
ces^Ins^fes^Mtt it^iil^^ ^îi itaîl possî&ï©^ mpetit ioîl^.
â pôxàe débarqué en Abyssinie, je me mis avec
acharnement à bouleverser toutes les fourmilières
que je rencontrai , au risque de me faire dévorer
par les fourmis, très-légitimement irritées contre
moL E ôsl4âBs m»^ régions âes fourmis féroces;
quelques espèces gardaieiit si serapuleuseinenl
Amm. mleurs cités, et la nature les avait douées d'org^it»@3
si bien appropriés à la défense, qu'il me fut impos-
sible, malgré toute la meilleure volonté, de leur
ïiwer feateilîe': fét^îs, en un îBstet, 00»vefl d«
gfôssé^ foûmîs aûîrés, quimeinordakat atee tant
de rage, qu'elles se laissaient décapiter plutôt que
de lâcher prise. C'était à devenir fou de douleur.
Je cherchai longtemps avant de trouver le i^re-
mier paussuSj mais j'eus enfin la satisfaction d'en
plonger ïm âam j(a laiale iïo»teîUè^ «sft Fatïettdaît
une mort foudrofanfè, iSôus é^oti# glcrg en inarche^
et il m'était impossible de l^examiBer §ti£Ssaiiiiiient.
A Adoua je fus plus heureux : sous une pierre où
de toutes petites fourmis rouges et noires avaient
installé leur domicile, j'aperçus, immobile et blotti
^ixne bntti'ehette ie. bpis, un paussus, qui,
psré m% fesrnf», -^omm tien p,8s»r pour méléphant* Je ne tardai pss foip qiillf tmil fâ
toute une famille de ces paussuSj, et, comme les
fourmis étaient bons enfants, je me postai à plat
rentre en observation. Les fourmis allaient et ve-
lïaletït a*0e me prodigieuse acIMté, mm pmssmm hm^êmmâ pm^ ét les propriétaires du lîea
isemblaient les éviter avec soin. Cela ne faisait pas
mon affaire, et je risquais fort de ne rien observer du
tout. Je sortis alors de ma réserve, et, saisissant un
petit brin d'herbe, j'en touchai délicatement mon
paussm^ Bmmil Ia pou;dre lïe^eaiamme pas plus
116 ABYSSINIE.
rapidement. Mon insecte venait de détoner comme
blèrent désagréablement impressionnées par cette
explosion, le vide se fit autour du paussus. Je le
touchai de nouveau, il détona encore.
CIii^éiifi»lté crépitanti în'#talfî)liii ci^
èlfâ rfefleîMfttrè i^aiitfcés însêctes mmmt mv le sol ^
ou vivant sous les pierres dans des endroits humides,
et qui jouissent aussi de cette faculté. Le gaz qu'ils
lancent est même si caustique, qu'il produit sur la
peau une sensation de brûlure très-prononcée, et la
taçhem %m% IWÎï> |>fo|&ïï3liïBil^ que plusieurs
lafôffes m. savdn sont îttf^^ttts pmt toe d&n
paraître la icoulaur btune qui ne s^eiaee <|ii*âu bo^ut
de quelques jours.
Restait à savoir si le gaz lancé par les paussus
jouissait des nièces propriétés; j'en îealïiâ fairt
?éatpépîewee et loti<Éaî Fînsecfe sme le ioigt : il
lîétona, mais je n'eus fis la peau tachée et n'épirott*-
vai pas la moindre sensation de chaud. Je ne me
tins pas pour battu. J'avais sans doute la peau trop
dure. Je fis, avec bien des précautions, détoner un
pamms dans un petit tube en irerre^ I*e-SïW^s éé^
passa mes espéraneesî iMtti-^à^^^ s'em^
|lît de gaz, mais je viS|, far les parois, se former
une cristallisation jaune, assez semblable à celle que
produit le phosphore d'une allumette. Bien vite j'y
ADOUA, lit
goûtai, et fmn la langmê caiitérîiée Cùtame par um
eaustique.
Ces insectes ne se rencontrant que très-rarement,
îl m DSt^ fsm éïé peritti? de pi^tjsser plus loin mes
ÎMeslîgâtîOBS. lô ïi^ti pi# ett le plaMt M Im «ûlr
manger , mais j'ai tout lieu de croire qn^ils vîteiit
au milieu des fourmis sans Tassentiment de ces der-
nières. Sans doute les paussus trouvent dans les
fourmilières une température élevée et toujours
égale, HïiaîjrtMftbiant, satufè if^çfi^ fem qui
leur coûittiettTOïtî irf^ d« pltié^ pitcemùx de leur
nature, ils tîveïït, je pense, des matières ifliiUiales
et végétales accumulées par les fourmis pour la
nourriture de leurs larves. C'est grâce à cette
faculté crépitante qu'ils s'imposent aux fourmis,
quî^. teitraîlfs par .FmpIrÎTOi;^ fîutî^ent pur
rêsîftisr 'à hs: mhitM h& laisser m -plx;
On comprendra, j'espère, par ce simpi faiti tout
l'intérêt qui s'attache à ces petits êtres, qui sont bien
les merveilles du monde, et personne ne trou-
vera étonnant qu'où tulraprenne le longs et pé-
nibles topget fowr les recueillir et étudier leurs
mœurs*
CHAPITRE ÎV
LIS fLAIIES m TEMBlilB*
Un chdtnîn petii toâprtàRêf. — Égâî*é h k chasse. — DMsîonde TAbyssinie en deux régions.— Leurs habitants, leurs pro-
ductions. — Lermonta^aes des Ambas et leur destination.—Arrivée à Abbi-Addi. — Un grand'zhomme. — Jugement
téméraire. — Le balambaras Debbeb. — Une soirée chez utt
seigneur âbyssmîeû; — Des troutrfepes. — Kencoîifre d^ttio
moine. — Méfaits d'un lion. — Bataille de valets. — La
justice en Abyssinie. — Une sentence équitable. — Quelques
mots sur le biobab. — Le fîlli^e de Saka et la mlléê d#
Tellaré.
les porteurs fatfeittont. ^ Et , m mparole, de me lever de grand matin et de faire
charger mes mules pour être exact au rendez-vous.
Empressement inutile, nous attendîmes toute la
Jotmiée; le goufetïtetiftopi ses prière*! flé^îl,
comme ILouîs XI, implorer le pardon de |m^Mie
crime futur.
Le lundi,n'ayant plus le même prétexte , il
amena trois ou quatre porteurs; il en fallait au
moins cinq fois autant. Il s'exécuta enfin, et le
120 ABYSSINIE.
20 octobre, à dix heures du matin, nous quittâmes
Adoua.
I/eseeîiiEt à quelques
MlawètP0% #t ^smsâ n^as séparer, nons pâmes
porter un dernier toast à l'Europe.
Les porteurs et les mules avaient pris les de-
vants, l'étape devant être longue ; mais nous étions
tranquilles ^ mm mmêmâ à m pâêm qm nm$^
MMxt donné h BIMîa. ïl eât éti piideni fe«l^étti&
de se souiKfôîr du poète Ittîn : Tmeo Dmam et
dona ferentes.
En marche ! Et , fouettant nos mules , nous esca-
ladons les montagnes qui bornent au sud la plaine
d'Adoua, Mm^ ^mmm% ^tae r?tvissa#e «alléé oh
%imtmmm ua tiïîâl^ , ^ ^iûûé iwt maîn-
tenant regarder en arrière pour voir encora ce
piton bizarre, incliné comme la tour de Pise,
et qui m'avait frappé lors de mon arrivée à
Sur toi pattt jpMeâii qùe-i^^ mx f%^$m.^ un
hm&M^i âiSêi proprement vêtu , vint au-diittûf de
nous avec force salutations. Ses politesses ne me
semblaient pas de bon aloi ; il causa assez longue-
ment avec notre guide, et, malgré les observations
d'Has^ein qui prét^^prt eoim^ï^ lai^iil^^ mmfit incliner Ters Fouest . yinconïm, non^ iaiîiaM de
mm plus gracieux sourire^ BBûs souhaita boii
loyage* L'étape fut longue encore; il fallut, non
saîîs peine, gravir une ^mmÊM ïo^tttitâgne, am som-^
met de laqa^l© nous ttoas arrêtâmes au premier
village : mais pas de mules, pas de porteurs, et par-
tant pas de bagages, La chose était toute simple :
nous» dedôîti ajler à Soungui , et Ton nom aip^aît
amenés à Sadiî. Iit^^mim de Sointîpïti tî>|atiî
JîiOtFe caravatt^i Jwgë^a; qn^û était fort inutile de
nous recevoir.
Les porteurs , harassés de fatigue , déclarèrent
qu'ils n'iraient pas plus loin; mais, sans se préoc-
cuper# illâîL l%0ïiiw|té êî«îTO était vMMn
dératrt de nous? notait aatre^qm rimmmu si fuli
que nous avions rencontré. Moyennant promesse de
quelque copieuse libation, il avait décidé notre guide
ànous faire faire fausse route. Nous mangeâmes avec
nos doigts une poule grillée sur des charbons, et nous
dàcniîïïïêâ tgtttMem fM« m&l àïïtmmmlmi^ m4à^deîépûws'defitîts wmMBmmà^mimlM imiù lotte
estîmpo^He* Itê leBdemain nous allâmes aitt^nÉrè
nos bagages au village d'Atchélaquié. Bien nous en
prit; c'était un village appartenant à des prêtres
coptes^ riche par conséquent, et oSi jiMtô liniet
passuMemî^ reçut. Î4e fays était Èmi enrieux.
âprés une petite plaine, le terraîni&*îiiïîline dou-
cement, et le village, ombragé de beaux arbres qui
entourent toutes les églises, est construit au milieu
de roches très -singulières qui ressemblent à des
ïniaes. IPàrl&ïït poiïssëht ém &l^$ {ûhm êkàù^
imm) âWôe hxm pêtîfes feaitipes ^raêes ie clo-
ÈÎïêites d'un rouge safrané. Au nord et à deux cents
pas environ du village, s'allonge, de Test à Fouest,
sur un espace de plusieurs kilomètres, une sorte
de muraille , haute d'une dizaine de mètres,large
d^itnteft! ^ ç^pOièÊ tdFuI ejattîire àê Mmn îfrégoîîêrs
jetés sans ûpdre^ ^tâ fmmmt h âommét nmcrête déchiquetée et souvent percée à jour. On se
demande si ce n'est pas là le travail de Thomme ; car
comment imaginer la superposition de ces roches, à
abaissé 0I afÉtni tmt mimr^ les lâîssawî comme de
muets témoins d'une révolution géologique ?
En gravissant au milieu de ces rochers, je remar-
quai avec étonnement qu'ils résonnaient sous mes
pieds comme de l'airain. Frappé de cette singula-
rll§ pfeiït que de l&W étrange aspect, j'en fis mm>(^i^f et, de je#èiiri|ilPîiris> m féologae% mmamîs, M,, le Cessac, a cru, d'après mes notes et
mes dessins, que cette roche était la phonolithe,
nom que lui a valu sa très-grande sonorité.
âu sud d'âtchélaquié, s'étenlâîl ttné fïèine légè-
rement humide etitss^Mm milîît^^ i^tès In^iiélle
nous retrouvâmes la m^tegïîié^ «| h iMk^ d'âd-
dofélassi fut sommé de nous recevoir.
Le choum s'était enfui, et les habitants, en son
absence, refusant de nous donner quoi que ce soit,
m$ homxttm dwamt- m fi^ir de
LES PLAINES DU mMBIÈNE, 123
Le lendemain, le soldat qui nous accompâgiialt se
lança à la poursuite du fugitif et nous le ramena
tout piteux; mais ce petit incident nous fit perdre
une joiirnêé ejïtlêré.
Ce fui d'âtoMïtssi, âîl»é §ur. miï t^ês^éîwè,
que noms a|)er|âmes potr la prettiîêr# Mwf mais
confuses encore et tÈporeuses, les montagnes du
Sémiène.
Pendant l'étape qui suivit, nous traversâmes un
Abs «Mes lèâ plus ravîss«nt$ i^e mm a|Oïïs msen Abyssînie i a|>fès avôîrfaîi ttn «roeîietws i*^!isl,
m inilieu de iâÛlîs épki^n% i tï0us vîmes une im-
mense vallée se creuser à nos pieds comme un
cratère de verdure. Un sentier difficile et dange-
reux descendait à travers une belle forêt, où des
arîïres4e ^mâm sortes eoteela^ient leurs msikmmd^oà pienidaîenl toiatijes, semblalies âax èeriageâ
td^un mifirè» fond de la validée* un étroit défilé
recevait les eaux de la montagne, qui filtraient à
travers un lit de galets.
Comme il arrive toujours en pareille circonstance,
imn les papillon» la forêt» après s'||r$ i»a$sà||#
m Êéi&è des fleurs , tfêiia΀Ht se dêsii^téi'e^r sur ee
sol liumide, qui ressemblait à une mosaïque de
pierres fines. Descendre de mule, saisir mon filet
et me mettre à la poursuite de ces charmants vola-
lïîïBs fut IWàîfe d*ttn instant. La moisson fut mheet abondante. «
m ABYSsiim
La caravane,pendant ce temps, avait confînaé sa
route, et je me trouvais en arrière, seul avec deux
domestiques. Je remontai à mule et partis au trot.
Bientôt je débouchai dans une plaine d'une fer-
tilité M&mmé^; m n^étaient qiïe Ittîssoifâ fltuils^
mimosas oilorinïts, ipajï0«lssaiiflm ualêiî leurs
quenouilles ou leurs boules d'étamines. De tous
côtés évoluaient des insectes, secouant, comme
un nuage parfumé, le pollen dont ils étaient sau-
pmètés. m mm, mm imm ÈmB&. mbfîrenl Mm oibs^wBr qm nom ^à&m êê^ ibft mmtùê; im^ ttlant empêcher un avare marchant
sur un sol couvert de quadruples et de sequins
d'emplir ses poches du précieux métal. Je ne tins
aucun compte de leurs remontrances. Il y avait des
inscctis die iontô taille et de toute mulenrt c*éMt
ime vérifatle pluîç ; j'en niU Jusque dans une pêtil$
gourde où je gardais un peu de café en réserve
contre la soif.
Le soleil venant à baisser à l'horizon, il s'agissait
pourtant de retp^^fer Ja caravane^ et ièë tt*éMtpi
chose aisée dans ce labfrf»liê de verdure. Môîïs sui-
vîmes pendant ttn eertain temps l'empreinte laissée
sur le sol sablonneux par le sabot des mules et le pied
des hommes; mais bientôt le terrain devint moins
friable, et toute piste disparut. Nous allâmes droit
âëvaiïliRïtts h i^wmfyÊLtét m m tofall hm ce^te
plaine inculte nulle trace de village^ et Je supposais
qmB mm. fâoinptgnon àe ¥Ç|agô êlaît été passerknuit dans une montagne qui se dressait devant
nous. Cela était d'autant plus plausible que les
Abyssiniens, qui redoutent le climat meurtrier de
ces plaines à Tégal des étrangers, y construisent
jmrewent htm i^ilfege^.
Au bout d^une heure, nous fêneontîftïûesiiûa
petite rivièrié qui ^ewfeit , m polissant les^fets,^ k
Tabri des rameaux ombreux de gigantesques syco-
mores. C'était la rivière Ouéri^ qui, prenant sa source
dans les montagnes de FHaramat, se dirige vers
1 -Buesl^uâtr^uesl , pour rejoindre I0 T^ecazé* Bfôu»
^îtti^, m f^ajot lè salî© d© àm% iaves |îé-
iîoé, <(|ue lâ caravane avait passé par là. Induitâ eu
erreur par ce faux indice, nous la franchîmes, nous
aussi, et nous mîmes en devoir d'escalader la mon-
tagne. J'appris alors eumment eu Abyssinie , oà le
télégraphe est iueonuti,, 1^ la^Uféîles se tenj^Uî^
ten* d# fIfS m pfp âimc uu& prodigieuse rapldîtlf
Les Abyssiniens,qui m'ont plus d'une fois rap-
pelé les coureurs des bois dont Cooper a immor-
talisé les aventures, ont toutes les qualités physi-
ques lei paux-rouges du Bôu^etu-lto^ |.euri
seuè^ Ié^iîiûp|ï4s uu» g|iuuastique îiïcesisâute,
acquièrent une délîcatesse^ mue intensité surpre-
nante. Desta découvrit sur un mamelon, là où je
ne voyais absolument rien, un pâtre au milieu
de son troupeau ; il le héla d'une voix puissante
en se êe ses êmm iïieîds ma porte-roix^
et lui demanda s'il E^atailpas ¥tt passer la caravane
d'un Frangui, Une voix, que mon oreille euro-
péenne percevait à peine dans le lointain comme
un vague murmure , lui apporta une réponse néga-
tfpr. |îé|^îîilanî îï mmi pas â^auli^e ïrûïitfe j
mm mîvï&m Ivïi^mtml tm siiiïîet frayé;
e'étaîl^ me dîl Besfa, la route royiâe è& kseule et unique qui traversât ces régions sauvages.
Nous étions définitivement égarés, et pas de vil-
lage, disait le pâtre, avant la seconde montagne,
îlês boinaîieâ et im wml$ MmMfà ipeaâws ée &tîpi# ;
ïMïiîSîïiomrîons tous de Mm. Impcitifcle d'aller plus
loin; je me décidai Mett volontiers â coticlier à la
Belle étoile.
Nous nous installâmes sous un beau tamarinier,
daiit Ï6 fiMttagf© pètit rtrfssj^, Jf© i^iïffiaî
pîtîê àeis pîgeôas, des i^ei^ês fiiéttlîlqmês lant les
plumes chatoyantes eussent orné à Paris le chapeau
de plus d'une élégante, mais qui se trouvèrent, pri-
vés de sel comme nous Tétions, aussi détestables
que beaux. Puis, faisant allumer des feux pour
éloigner\m Immm^p im fé^Émixû àism une cou-
^^rùirê et ^àmâm k dormir^ m 411e |%ûrttî& lait
avec plaisir, bien que ma couchette fût un peu
dure, si les hyènes et les léopards n'avaient toute la
nuit rôdé autour de nous.
Le lecteur espère peut-être que je vais, comme
Ï4m ttàmM DU TEMBIÊNl, Itî
beaucoup de voyageurs plus heureux que moi ou
plus habiles, lui narrer quelque grand exploit cyné-
gétique, un massacre de bêtes féroces. Ce n'est pas
qw ïjes bâtes lkïï*jej^ AbfsMuîôj Je^ léo*
paris mif^wïlyl^^ jUiiltis ifâ&s âriteâiix èe rMu»-
gîent dans des fourrés imtisMcables, dans des ravins
inaccessibles, d'oii ils ne sortent que la nuit. Le
bruit, le feu les effrayent, et ils ne se hasardent à
tenter un mauvais coup que lorsqu'ils se croient sûrs
ÛB *àiSSÎ3f î m$û Je 4fi4§ «ftiiér que j'ai souvent
sa présence à la frayeur des bêtfs êa somme; il est
même probable que j'ai dû passer auprès d'un de
ces fauves posté en embuscade, mais je n'ai jamais
vu un seul léopard.
Lelenîdeaiïftïïiaîtlîiî lîîalôïlillë^ çoMrme on leMp-
|Mîse , ftit Bien v^ite teè, tl mt fôîîà iârç#é{ à
lader la montagne. J'ariÉçldm îilW^
où j'appris avec plaisir que mon compagnon de voyage
avait passé la nuit dans un petit village situé dans la
plaine et perdu dans la broussaille. J'avais tout
sîmpleiïietti âowbîê fétâf IPeu après, arrivait ïûèft
mis à ma recherébê. Ht de Sarzec le suivit de près,
et nous allâmes un peu plus loin, à Dabbatadios.
Là se terminait la région des hauts plateaux, que
mous n'avions pas encore quittée réellement depuis
iiotft entrée m Hïys^ïïïe. La largé talée do Ma-
128 ABYSSINIE*
Oaérî, en rompant la motïôtonîe des montagnes, au
centre desquelles elles creusent de vastes affaisse-
ments, ne sont pas assez importantes pour être
mjlîeu de Bauts flâ^e^tî^. T que detrani mm^Sûr une loiîgûeur d'environ vingt lieues, et avec
une largeur à peu près égale, s'étendaient les
vastes plaines du Tembiène et du Sloa; plaines qui
forment avec les hauts plateaux le plus frappant
contraste* Il f n donc m Àl^sçîttîé àm^ m$m 41s-
tîiïciesy Um c^ttnues des îalîgiîîes^^^m Im 4Mhgnent sous les noms de dégas et koUaSj terres
hautes et terres basses. L'altitude des premières
varie entre 2^000 et 3,000 mètres; celle des se-
«onlfes^ mtm I^ÔOi 10B wM;em* H f ^ moutre ïm Jm^ mmm^^ ^ûi sont éïimr® baMtés
|ifôqît% altîlaê^ite ftéê 4e 1,000 mètres; inak
ce ne sont là que des exceptions, qui ne modifient
point d'ailleurs ces deux grandes divisions. Entre
les dégas et les JcoUaSj il n'y a pas seulement une
dlfiiï^ceM nmmu t la tempéi^iM^^Ji^ éu
«ôl^ 1^ piîioiuî^^ irêgèfales^ lèt ji^Etoa^ «itssî ne
sont plus les mêmes, et Thomiafi Jtol^lïOe, bien
que descendant d'une souche commune, a subi à
tel point l'influence du climat qu'il présente, tant
m iûôfâl qu'au physique, des difFérences mm^qnéeê.
LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 129
Bans notre Occident, oii la centralisation a atteint
son toâ]dteiïitt làn 4èMmmt êm ^sâ^ms^hmîmfoh rexpansîôû des idées et récljiflnge i«s prQdttittt
facilités par de rapides moyens de communication,
semblent avoir nivelé les montagnes et réduit les
dislances, ne voyons-nous pas encore, malgré toutes
m «Sôsçs #^ des proviiïçes Ait même«aï|Épe^^iifiîfiï€f0îs^i^^ fin dé-
pit d^nne communàittê i*orTgîne, de lois, de lan-
gage et de religion, une physionomie qui leur est
propre et, dans les campagnes surtout (sans parler
des langues d'oc et des langues d'oïl), ces nombreux
patois, qu'i i|si «cmt^ttl ittlMe num âffléîïe de
Il n'y a dôïijs pfft îîeu d'être surpris que les ha-
bitants d'un pays essentiellement montagneux, iso-
lés les uns des autres par des précipices infranchis-
sables ou des escarpements inaccessibles, sans
routes d^aîliettifs et pritrès sart^iai le eetfe activité
comiaérelale tfùî ne eomaft po&t d*<ïbsiade§^
aient, sous l'influence de climats divers, subi, dans
la suite des siècles, de profondes modifications ^
Les dégas sont les pays que nous avons parcourus
jusqu'ici et que j'ai décrits comme dévastes plateaux
couiferts de gras pâturages où paissent de nombreux
^ M. Schimper, dont j'ai déjà parlé , fixé depuis plus de qua-
rante ans en Abyssinie, a bien voulu, lors de fflfôb j^assage à
Adoua, me donner sur le caractère et les mmts qui diCfé^
troupeaux de bœufs et de moutons. L^aîry est pur et
sec, la température modérée, Peau abondante et de
bonne qualité, la végétation y persiste plus longtemps
pendant la saison sèche, le cIMat 6^ iàfey les M&h^#es^isrtï?ffres. Les iègm^ émmhtè^6^végèM^ mué
earactèrîsées par la pr^etteç de Forge et du blé.
C'est dans cette région que sont construites les plus
grandes villes. La population plus dense, plus in-
dustrieuse, se rapproche davantage encore du type
wopééu^ 0est 11 le voyageur r«tt(xai4reïa le
flm mmmî ém Immmm ©a dm t&irnm m iéiâ
clair ^; les membres sont plus charnus, la taiUe
plus élevée. L'habitant des degas est plus riche,
moins nomade, plus hospitalier, moins querelleur.
Il a plus de dignité, plus de c^lme ; il est plus reli-
remUïii les habitaats des dégas et des kollas, des reiiseî-^
gnemeûts etimtiis^ xjpîi m fàînm de lâi^Êtpîdîté dfe ffiôn voyage,
auraient bien pu m*échapper. Ce que j'en ai vu m*a semblé par-
faitement conforme à son récit, et j'ai été heureux depuis de
trouver que M. Arnaud d'Abbadie, dans son savant ouvrage
Douze ans dans la haute Ethiopie, partage également la
même manière de voir.
t C'est à Adaua^ Sokota et Gandar, toutes villes situées mmôîûâ â dëtfX mille inèires d*àltîtude et cèmprises par con-
séquent dans les dégas, que j'ai vu le plus d'hommes et de
femmes au teint clair. On en rencontre aussi beaucoup à Koua^
rata, sur les bords du lac Tzana; mais les pays qui bordettllt
lac, quoique formés 4e pl^^ines et un peu mpins élevést ûb mesemMéut pas devoir êtré comprîs dans les koIIas. Leur îûëàlu-
brité tient au voisinage du lac, à la présence de quelques
marais ; mais ces plaines ne présentent point dans le règne vé-
gélal| pas plus que dains le règne ammal|^ m fiaraetèrei que
LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 131
gieux ; mais cela tient peut-être à ce que la noblesse
théocratique recherchant de préférence un pays
tîeh% «alnfej^: iBtopèrè, a étetoân m êmxâm^iim BUT les hmh pkJaatK^ qm mnt àmmim en
grande partie les fiefs des églises et des jpfOfiaâlàres^
Dans les kollaSj le sol est sablonneux, sec et
pierreux; au lieu de Forge et du blé, on ne verra
plus maintenant que le maïs et le sorgho ; le coton
tmiplam hË^ih fîguîer, le sycomore
ipiîl ÉsptrK pwrMrf placémx noaibrôtis^ mâê^iês d'^aCaCÎas et de mimosas. Un des arbres caracté-
ristiques de la faune des kollas est le baobab,
dont je parlerai plus loin , et qui ne se rencontre
jamais lans les dégas,pas même antoiir da lâc
Tjzàn^. hê irtrt des feuilles est devenu plus pâlê et
mmmm fm^êtmm^lM mmm 0:Hp^m\n ne parfu-
ment plus Tatmosphère, et quand, après les pluies,
revient la saison sèche, les arbres, dépouillés de
leurs feuilles, ne montrent plus que des branches
îKïtieuses, bèPtsj^ès d^iips ioîi|iié& et a^tées^ èi
la peau d*an lépreux, îl f it mxe compeasatiott ce^
j'oserais presque dire saharien, que Tûti retrouve dans les
kollas du Tembiène et du Sloa. Le sol du Foguéra et du Dem-béa qui entoure le lac Tzana est une terre grasse et fertile,
tandis que le Tembiène et le Sloa sont sablonneux et arides.
Qnmt à la présence à Msiss^oua}]. at daps les il^s de Oahlac
â*hùmmm it §0 Mmmm i p$m ttH^Sém^ m ÔM t^îMim&t
Âf&bes qui y sont en assêjs grand nombre*
13-2 ABYSSINIE.
pendant : dans les dégas, je n'ai jamais rencontré
mmn fruit, taBâk q«#îéî>a9^ TmmgBv^ lecî-
tronnîer et le cédratier prospèrent dans les kollas*
Les rivières, torrents fougueux pendant les pluies,
n'offrent plus, pendant lasaison sèche, qu'un lit sa-
blonneux d'où l'eau a complètement disparu. L'air
est ^ec. et emfemé, le irent dè îa môiitagne nre
venant plus h vàfvâîcMr. Au comftiencement étala
in des pluies, se déclarent des fièvres épid^itiî(J.ues
souvent mortelles. Ça et là sur sa route, le voyageur
rencontrera des villages entiers veufs de leurs habi-
tants, qui ont fai devant le fléau âi^sfatÉpC L©
léofitai et le lîon ptïîÎJîfîeat imm lés iwi^m et
les ïocEers j laftfe te pelage die ee dernier est ifinà
fauve, plus court, sa crinière moins abondante, et
le lion noir\ voisin de celui de l'Atlas, est confiné
dans les montagnes. Les guenons [cercopithecus]
k^adlssewt dw Ip Ijmîiïâages, c'e^ molRS
imm les jbllâi queJé Ms ai Tëïteoiïtrées exdiïSï^^
ment, tandis que j'ai fréquemment vu les singes
cynocéphales sur les dégas. Les pintades dans les
kollas ont remplacé les francolins , sortes de grosses
perdrix à la chair délicate, qui habitent de pré-
i Oq nomme cette variété lion noir parce que l'extrémité
des poils de sa crinière est bien plus tpiiçée ; c'est celui dont la
dépouille est ÈmrtOTf teiÉtfelle* par tei |l%siinî#as pour mn^fectionner le lèMé ou pèleipitie^ que portent las plus gra^seigneurs.
LES PLAINES DU TEMBIÈME. 133
fêrence les dégas;plusietirs espèces d*antiIopes et de
gazelles s^îifttîeîît It iteat^i^ fîaîiiô, gracîeoses et
dertes ^ Il y a peu de milles et pas àç ùhBwmi% damles kollas, les chèvres ont généralement pris la place
des moutons, bien que, parmi ces derniers, il en
existe une espèce à poil ras et sans cornes qui se ren-
etotrtm âÏ3fssîïtîe laiisï. let r^îows «î^ Mdm
fnel^wei parties plas Immm ettcore vivent Fêlé-
phant, le rhinocéros. Les insectes eux-mêmes sui-
vent la loi générale, et Ton retrouve dans les kollas
quelques espèces caractéristiques des régions sablon-
neuses et brûlantes de FAfrique. Les habitants de
ces pkîttes etoitâ petits, secs,
ïïerveux, pêfaolantsi qûÉmtîêtm^ la fëm n me mm^leur plus foncée, le visage est plus rond ; ils aiment
la danse et la musique; gais et enjoués, ils se dra-
pent toujours dans la toge, mais n'ont plus au mêmedegré cette majestueuse dignité des habitants des
iaùteiS detaat îaquella oii gi&âtiit yep^ôftéaai
heamUmpt âm Gm^ et des loiôaîïis.
Je n'ai pas compris dans la description di ijigf
kollas les plaines qui bordent le littoral de la mer
Rouge et qu'habitent les Danakils, les Taltals et les
Adels, plaines brûlantes et arides, qui sont soumises
depuis longtemps à l'îskmîsme. Je n'âï pâs visité
^ Je n*ai jamais rencontré dans les hauts plateaux les anti-
Itipes du gente Oryix:^ qui m Hïe mmblmi haSîtei^ que les i^tiys
très^ehauds»
a
134 ABYSSINIE.
ces régions, et je ne sais pas même si aucun voya-
geur les a jamais parcourues. En dehors des diffî-
oijïlts matârîelli^ èu i?osàge, les habitants de ces
dése^tf sôîït, pa$iilNiI^ tpfeSHkliôspîtâliefs^ se rap**
prochanl en cela dé leurs cerribles voisins les So-
malis. En descendant par mer de Massaouah à
Aden , comme je le dirai plus tard, j'ai relâché un
soir] à un petit îléi toiit foMjtt ïa ées Daaa^
Mk^ «i fal w jÉ. Mn indigène qui me seinbla
offrir quelque différence avec les véritables Éthio-
piens habitant la montagne. C'était un vieillard,
et peut-être est-ce à son âge qu'on doit attri-
buer l'état chétif que présentait toute sa personne;
j*ai 0ïm ï^awjMf en ôiiîi^ê qu'il avait 1» visage
yoïîâ> mm flm fmgm^i la teîate d© $sl
peau était certainement plus sombre, les lèvres plus
charnues et le nez moins aquilin. Quant aux Somalis
et aux Gallas,malgré les hardis voyages de Burton
©i d0 ME. ôMMI^t ««fît P^tt ^ chom ^iMOte
mt Imt compte, le û*aî guèirsèm m â%^ua|è ^edes enfants gallas. J'ai rencontré plus soiif^liî les
Somalis à Aden et à Zanzibar pendant la mousson
du nord. Ce ne sont point encore, malgré leur peau
plus ou moins foncée, ce qu'on appelle des nègres
$ms& MkiQ^ h visage essenlieiî«aai#trt prognathe
et à cheteux laineux, D*aîileurs> lés ©flifiogimphcs
(je me permets de rapporter ici l'opinion très-accré*
ditée de M. le docteurHam ) sont aujourd'hui d'ac*
J-ES PiAlffeSm TÊMfeliîJE. ISS
cord sur ce paitit foîï eurleuai. : ^ti*îl existe datîs
l'Afrique nord-orientale un groupe de peuples, S<£>-
malis, Gallas, Abyssiniens et leurs dérivés, tels que
Taltals, Adels, Danakils, même une partie des Nu-
hîm§ et lés Bîcharis, qui constituent une mêmefamÛh\ désignée le pïii« soat^t tous k iwjjb de
KouscHiTE, famille 4^1 n'estipas iMûîtée à TAfrique,
mais s'étend au contraire, par l'Arabie méridionale,
jusqu'au golfe d'Oman et sur le bas Euphrate, les
habitants de ce dernier pays, les Lemlouns, ayant
été, sur des documents rapportés par Tîxîer,
îdfefltifîés par M. le éoclear M&mf aux Bichârîs,
c'est-^-dîre à te Kouschites trés-volsîns des Éthio-
piens habitant ce pays montagneux, plus spéciale-
ment connu sous le nom d'Abyssinie.
De Dabbatadios, admirablement situé à l'extré-
mîtê iQérîd^oilale de la grande déga du Tigré , nous
jottissions d*un panoraw atfss! étendu^e Mcié, Arouest, se dressaient ïés hautes montagnes du Sê-
miène, dont l'éloignement adoucissait tous les con-
tours; devant nous, les kollas du Tembiène et
du Sloa se déroulaient comme une peau de fauve
zebrêé le taches grisâtres, A Test enfin ,^ les mm-tagties des^Ambat, iemiers contre-forte des massifs
de l'Haramat et de rEnderta, qui courent du nord
au sud sur une longueur d'une vingtaine de lieues,
pour aller se relier aux montagnes du Ouodgérate
et des Agaos. En face de ces fantastiques amas de
136 ABYSSINIE.
rochers, c'est à renoncer à toute description, car le
regard Itïl^ïntot® «rr» iMôfi et fmê^ àmm ce
îdêlalô de looûtâgtïes hizarres, le gé©ÎQgti€ tron-
verait saas doute la preuve irréfragable de quelque
terrible convulsion du globe. Du point culminant
où nous étions placés, nous dominions cette chaîne
Moins élevée, qui mm$ apparaissait iBom^e ntiB
vmte carte en relief. Qu'on s'îinagînem eÉ&nire-
ment subit et escarp^é â*«iHtïi*Ott ïû|#e§; puis
du fond de cet abîme émergent d'autres montagnes
que je ne puis comparer qu'à des amas de ruines.
Ici c'est une muraille crénelée, une tour qui se
êfësâè àte et nienaçaBlê «acore , des aiguilles qui
i*éssemhlènt M àê gîgamtésqàeè |iatâtoiieri^ î là
Ôes^ terre^pîeins, avec bastions, fossés et contres^
carpes, supportant plusieurs étages de citadelles
superposées, diminuant de hauteur à mesure
qu'elles s'élèvent, véritables forteresses avec des
toiïïs^ lottïî^Ues^ poj^rîêïès^ Mi^i^îlJls^, lewt
de longs sièges. La couleur vient encore aider à
l'illusion : les parois verticales de ces montagnes
sont d'un rouge ou d'un gris jaunâtre qui rappelle
lesleîjâfiesiàe la fed^Wieirîieflîfë el#fîritée par le temps.
Depuis loiigteia^s d^ailleurs les ÎHbf^îttî^fis ont
m lîtiliser ces iïi^eressfis mâm^Stm. %m est, pltts
vastes que les autres , doni le sommet forme un
plateau recouvert de terre végUale et fertilisé par
LES PLAINES DU TEMBIÈNE, 137
des sources, circonstance qui permet d'y défier tout
blocus; ce sont des dégas en miniature. Un sentier
escarpé, qu'flfl lit)Bï»a6 ïie peut gravir qu'en s*aî-
éatel d^s |Mi€^ #t dBâ mainSj dissîmalé «ncore dans
quelque repli de la montagne, donne seul accès sur
le plateau supérieur. Quelques rochers mobiles,
lancés dans cet étroit passage, suffiraient pour écra-
ser une armée ; aussi,
privés d'artillerie et des
engins nietoïlTÎ^S que le rafiltt^attt4e WOÎ^
lisaf«Wï tffl|^0i& |ôttr feîr^ lu guiiî»a i lêé âlissi-
niens ne peuvent assiéger cts mtjnts forts,qui con-
tribuent ainsi dans une large mesure à éterniser les
luttes intestines qui désolent FÉthiopie, en offrant
au vaincu un asile inexpugnable où se perpétue la
baîne des jiîSïrtls* ùm siïi^iéfes môtiti|pâ^^m smé
fm mêmmà àés «iteêilles fêiïï^nys àn lattes mé*
morables; de moîiïdrës proportions et d'un accès
plus difficile encore, elles servent la vengeance du
vainqueur et deviennent des prisons d'Etat. On
choisit #orâînaire, pour y déporter les chefs vaincus
dont on ïidouîi îlafiE^^iéï^^ èm m^m^M Wls ém
iùxm eèté§ par les ijïûrtïlle» h pic èt %m lesquels
l'homme ne peut plus arriver que hissé par des
cordages, comme un mineur qui remonte du fond
du puits. Comment parvint-on à escalader pour la
première îm$ -mm^ m^om^^m ïtiat^MSÎbks ?
J« ilguor© î ôB ffôÉd présumer qu^un sentier^
détruit depuis, en perniettait raceès.
8.
138 ABYSSINIE.
Les ambas ont une troisième destination : c'est là
qm si réfugient les ja&înas di^Abyssinie, pour ^îfre
à%m la ^t#re h 1j^n*î èés mçîssîlaiès iw iaaoaiô*
Je ne puis rien dire de ces pieuses retraites, que je
n'ai pas visitées ; mais deux voyageurs français,
MM. Ferret et Galinier, que j'ai déjà cités, visitant
le monastère de Maye-Brasio,près d)Axoum,tout
m î*0iiéàïif k î^stérîilé aïoîiift qui Vk%r
iîtaîettfc^ lâîsâéat êeîïappiBr^ eu fï^ôûeè âe lé pi^fonde ignorance dans laquelle ils croupissent, cette
douloureuse exclamation : a 0 Augustin ! ô Cyrille !
tt ô Athanase ! que dites-vous lorsque vous jetez les
ii yeux $w iw>s Mêm wmmmmt^^ El tôt ^ dîv
ic â^frê ifes j^fïî$«§iç Ô Biol î n^as-tu fat mà i^eiv
« nière épîtrepour cette wialheuréuse Église d'Abys-
c< sinie ? w
De Dabbatadios, nous descendîmes dans la plaine
et, en cinq heures, nous gagnâmes Abbi-Addi, capi-
fâlt àtT Tfelïîblliïè^
A une petite dfôtafîôe M la idlk^ le sôMat qui
imm servait de guiie et d'introducteur nous en-
gagea à faire halte pour aller prévenir les autorités
de notre arrivée.
EïïÇô^ç une réception ! Nous mourîons de faim
%i â# tôîf^ et il mm laUaît atfeiiâtè um heuremBioîïis m ^^Mm ^làél. Les hoanws sont une îieîïe
chose; mais après une longue et pénible étape,
les estomacs les plus patients préfèrent d'ordinaire
LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 139
quelque chose de plus substantiel. Il est bon de
dire, pour nous justifier, qu'il llàil îmm hmrmét qm mmt à^mfkmà mmm p*is àê It }mmè&qu'un peu de café noir. Bourrou, avec lequel le
lecteur a déjà fait connaissance, lors de ma visite
au gouverneur d'Adoua , nous voyant indécis
,
déploya toute son éloquence pour nous prouver
qu'il serai! »ï»Iséaal m pasmm mmàsmtM^m$àm hmûmm qu'ôn mm rèisémil, ét tèFûiîii^
son discours par un argumettt îirféfutable : a Le
gouverneur d'Abbi-Addi est un grand^zhomme ! w
Nous n'avions jamais pu amener ce pauvre Bourrou
à distinguer un singulier d'un pluriel. Je demeurai
convaincu, pour ma part,que le gouteriâéard^^
Addi àmmi Mt^ m ^$mmm^ ImpétUni^ €âr
Bourrou était à jeun aussi bien que nous, et e^élàîl
un des plus grands consommateurs de taidje que
j'aie rencontrés; aussi l'avions -nous surnommé
Sidi Ouanchaj rappelimt, par ce sobriquet bien inof-j
fensî^ la désiMwltee il faîs#ljÈîî^%
d'il» seul trait, iaiis lôt^ï^^k^de ce nom. Le ouancha est un gobelet en corne de
bœuf dans lequel on boit la bière et ThydromeL II
en est qui contiennent jusqu'à un litre,
S imp^^^ M ne pas ii»î|Ktr Jk «ftapi-
aime âbstîttitoçè è% i ^$M^m^ îl était
convenu que le gouverneur d'Ab]bi^A.ddî était un
grand^zhomme^ ét nous nous résignanies à attendre.
140 ABysSi:SIE.
J'étais â pM vetttr© occupé à dépouiller une four-
milière de ses précieux parasites, et, plongé tout
entier dans le monde des infiniment petits, je
n^itïfaîâ flms té Mut ni soî^ faînes mtoe^totalè^iîl
oublié le gâaverneur d'âbbi-Aiâîi, ïjmajad ïuofi <ï$ib-
pôgtion de voyage vint me rappeler qu'il serait teiît
au moins décent de prendre une posture plus con*
venable pour recevoir le gouverneur. Je maudis de
grand cœur la tîîvîfité puèrîlé et hôanête qui mepoursuivait Juâqu'^au cœur de rÉthiOpte^ et, comme
un écolier doni la cloche a interroïnpu la partie de
barre, je remontai en boudant sur ma mule. Au
même instant déboucha devant nous, entre deux
roches rougeâtres, une nombreuse cavalcade. Le
gô^fieMj«ïï^ fiaftî^liwttt m 111% feintît « h màin ttiï
îmii âcmbieî â émm le ^gmï #îiiï& mkè de
ittôssqmeterie, à laquelle nous répondîmes coup
pour coup. Ces démonstrations bruyantes m'ont tou-
jours inspiré une crainte respectueuse ; les fusils
sont inmïîlfeltiHetot chargés jusqu'à la gueule, et
j'avais s^ufèoftîr qu'a liassàôuiib, mmà mm dêptti^
les traitants de l'endroit m'avaient offert des fusils
doubles à 16 francs. Ce n'étaient que de simples
tuyaux en tôle soudée et qui m'ont paru propres,
avant tout, à éclater au nez de leur heureux pos-
Mous 3îïîia«& pted k imm de jpri # é^aufre»
Le balambaras (tel élaît le titre du gouverneur)
pF<c»ioi]^ Ufte longue harangue, dont nous edBa-
primes pits uft i^altrenaot. Maîs.«îh Imgmm d'un
discours en fait la qualité, celui-là deçàil être sin-
gulièrement éloquent. Il eut en tout cas un résultat
certain, celui de me rappeler que je n'avais ni bu
ni mm^è t ce qtti me rendait d^uiie hui^eiir massa-
efante. Grâce à cette matttaîse dispQsMçn d'esprît,
le bakmbaras m'apparut tout d'abord comme un
petit homme au visage de belette, sec, pédant et
prétentieux.
Nos domestiques étaient plus fiers que nous des
h©ttïitH*« ^û^oja mmt fondait j se raiigèrent en
lia^fllB le îûfil sXLt répauîe; nms les suiTÎons
chevauchaiit côte h côte avec le balambaras , dont
la nombreuse escorte formait l'arrière-garde. IVous
fîmes ainsi à Abbi-Addi une entrée triomphale au
milieu des cris des femmes et des salves de mous-
quéteiri^.
le gouverneur itotïs reçai dans sa maiiso», hutte
plus spacieuse que les autres , élevée un pen au-
dessus du sol et décorée d'un simulacre de perron.
Au fond de l'unique appartement de cette demeure
princière et dans une sorte d'alcôve, un angareb
temixnti à*m lapl¥ serwit de dîiran*
.Heureusement, îï n*mt jpîttt en èb|ssinie de
réceptif» sans des flots à%^ArGimsàt malt le gou-
verneur nous ménageait une surprise qui dérida
tous les fronts : une jeune servante vint déposer à
142 jtBt^tistm
lïoa pi0àt \m& itm&émê eôrbeîlle de bananes. Des
fruits ! Bepnîs la France nôns h"m strions pas tn
un seul. On peut penser si ce présent nous était
agréable. Les bananes étaient exquises, je n*en
avais pas encore jamais mangé d'aussi bonnes. Le
gouverneur pour mîi lï/lfaîî pks ie m&ï^ l^ommM^
son o^îl gras ètaît Hiaîntenant petîHant d^îttteîlî*
geaee^ set lèvres pincées n'exprimaient plus le sar
casme, mais la fine ironie. Il se métamorphosait,
c'était à n'en pas douter, à moins que ce ne fût chez
moi I^lfet 4s la reconnai d'un estomac à jeun
dèpalèiaiJlôltri»^^ Ùmmûtk^hl^Btriiou, on nous servit le taidje dans des breiïïlîs;
mais au lieu de tendre le creux de la main pour
goûter le breuvage et prouver ainsi qu'il n'était pas
empoisonné, les serviteurs s'agenouillèrent devant
étmum è$ nous, et, pliant un eëln âe leur 1^^^^
ICÉ^iae dé rfgofe , lis mgm^ M^é ee .^oîidttît
d'un nouveau genre un peu de parvînt
ainsi jusqu'à leur bouche.
La salle, encombrée de soldats et de domestiques
accroupis sur leurs talons, était fort obscure, n'ayant
jî*autf^ éuî?«rture qu'une porté hm$0 oftglruêe in-^
«orêpar k lot d# <?teiai#^ qûl tecen^l pï^esqïi©
jusqu'à terre ; mais le long des murs, des serviteurs,
rangés comme des statues de bronze, portaient des
torches dont la lueur vacillante ajoutait encore au
pîftoresfue de cette tèmfMm,
LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 143
IVous nous retirâmes pour surveiller notre instal-
lation. Le gouverneur donna Thospitalité au vice-
consul; niais je préférai înt tente que je fis
installer dims ïa cour sons tiit lan^ftif* }
âprès le dîner, le balambaras Debbeb (tel était
le nom de notre hôte) nous fit inviter à passer la
soirée avec lui. Une soirée en Abyssinie ! cela pro-
mettait d'être curieux ; nous nous empressâmes
d'accepter mâk hmMsMm^îa sâlîe^ ftie mtm mimésmm^ 4^à, mmi été
lynchée d^herbes fraîches, Fillumination était plus
complète encore, et l'assistance plus nombreuse si
c'est possible. De vastes gombos de taidje, d'élo-
^^ijentes rangées debreuUis etuneaoiffi^^ corbeille
qaele gouverneur, en homme bien appris, connaissaît
tous les devoirs de l'hospitalité la plus écossaise.
Nous voulûmes lui prouver aussi que les Français
avaient le cœur grand et généreux, et nous fîmes
apporter ieaae B<wteî|lis de cognac.
Boiirrou msM mmm^ le bi^ambam est utt per^
sonnage important, et le roi doit le tenir en estime
pour lui avoir confié les délicates fonctions dont il
est investi. L'Amba Salama, sur lequel, comme je
l'ai déjà dit, a été exilé le Raz Gobasier, le vaincu
l^ljoillt, situé Iwt prê» d*âbM-âdiî^ #1 Je|^celte pïîsôîi d^lat , celui qui est chargé lîe
veiller sor le plus terrible eimemi dtt r(rf est préoi*
XU ABYSSINlFt
aiiil©m mtk& lès tedlions de goitteibeor gèiiéral
ëe la province 6tt T^mbîène. Ce détail que nous
avait donné Bourrou pour justifier Tépithète dont
il avait qualifié le gouverneur, ajoutait encore à
Fintérét que noBS dirait ôëte pttîte Me.Après nm ffetmèm ïf!mtm% mm vîmes entrer
trois hommes vêtus à peu près de la même façon,
bien que de physionomies for différentes. Celui qui
marchait en tête était de la taille d'un tambour-
major, mais maigre à faire peur; ou eût dit une
asp erge IjaMÎIé^ CIwbï Ittî Idiîfc élaîifcng, les jambes,
1m hmSf Im n^ém, le vî^age^ 3^ mn, Im deuf»}
son menton proéminent, ses |fiïX -clignotants, lui
donnaient une figure à grimace spirituellement
bête, comme celle d'un jocrisse. Celui qui le sui-
vait était au contraire presque un nain, avec des
yeiïx Hralks et celte mme aspîègle qui semble êlre
r^panage 4es dfehérités de la nature. Le troisième
était une grosse pâte d'homme, bouffie et rebondie,
marqué de petite vérole et qui n'avait nul besoin
de se grimer pour avoir tout l'air d'un imbécile.
Tïrâslm Ié^ les chefôwas courts et légè-
Temeal cr^t^^ m tm^ pûniniôii^ une chemise
serrée à la taille par une ceinture de couleur et
une chemma très-fine, dont une bande de soie bro-
chée remplaçait le liteau rouge. Un violon qu'ils
portaient majestueusement appuyé sur la hanche,
LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 145
comme un roi porte son sceptre, nous révéla de
fois coïnpositettrt et exécûlàïiït, poètes et €iianteurs>
des trouvères, des bardes enfin, en toiit seiBl^tM^
à nos bardes, à nos trouvères du moyen âge*
Comme eux ils chantent la noblesse des princes, les
hauts faits des guerriers et la beauté des femmes,
la glôîre, k vàlemr et I^flWîifé
Ces hmàm Mmpàms smi Jfeappés àn m&amostracisme qui pèse encore, dans nos nations civi-
lisées, sur tous ceux qui osent affronter les lumières
de la rampe. Tour à tour poètes ou bouffons, ils
s^ïtfi^eàl 1 la fortune prince qu'ils âtJnitewi
i& Imvê saillies ott eéïeltt^ lîafts léUfs b^u^Ix^s^
Mais les krges»ÊS 4e Ifïirs aïaîtres ne sont fti^iitte
faible compensation au mépris qui les entoure.
L'instrument dont ils s'accompagnent est un violon
à une corde dont la caisse, en forme de losange, est
é'WÈL m4m m hfàs TtmmtêH dP^tte peau
,
SBOBiflie un iàmhmt î ils en tirent ^ h Tmâ& d^wn
archet semblable à un arc, quelques notes crîarêes
et discordantes. Les trois trouvères défilèrent grave-
ment en saluant l'assemblée, puis se plaçant de
front, le plus grand au milieu, ils commencèren
îmt hm^m et jûwiotoiie rapsodie. C%st Htte des
«Constances àïïim les^ïietles fm k flxm miette de
ne pas comprendre la langue du pays , car il eût
été carieux de transcrire leurs chants improvisés.
9
146 ABYSSINIE.
Aux sourires du balambaras, aux applaudissements
à0 ÏM^m^àBà$^^ é&Si les regards étaient tournés
¥ers AH immé 4e Firmtgm^ ité^nmiammî
répété, il était ^nrtant facile de le^iaprendre que
nous étions en cause ; c'était le moment de faire
sauter le bouchon de nos bouteilles de cognac.
Nous en versâmes de pleines rasades à notre hôte
et mm ïmémti&r^ s©ïnt#r^t priser lortm mon-
vêm h^éiwftgej le tai^ mtsd mmMt k §&k et les
têtes comnafnfajent à s'échauffer ; la verve des trou-
vères s'en ressentit. Bientôt leur corps suivit le
rhythme de leurs chants; lent d'abord et à peine
sensible, ce balaiicetoenlVacçeal^ ê& Jklns en plus,
ks pîdis is^agitèïeîit mit gkcs^ et,, «fiant, "tê^^lmÉM
toutes leurs forces, ilsj^^^ttelwBint enfin en pirouet-
tant, entraînés par un mouvement de valse bien dé-
fini. Le grêle et gigantesque musicien s'arrêta le
dernier, haletant et ruisselant de sueur. Nous le
jrè^ôà|réïtsâiiiieâ jpar Wt Wté àé cognac, qui fnt
mâ^^ «ôMp mt êoïip^ de ^mm vf^fs tettllis de
Mîfe ; il y puisa une nouvelle ardeur, et, après un
moment de repos, les chants recommencèrent. Ses
deux compagnons se retirèrent à l'écart et se bor-
nèrent cette fois au rôle d'accompagnateurs. 11 me
jMimbl0 mît eticérô m ^msà homm^ dégingandé,
tordu en hi^iM ie ïe ôffa tetoim en «arant , la poi-
trine rentrée, les hanches saillantes, les genoux
légèrement pUés, les jambes cambrées, les pieds se
LES PLâiliES nu YËJtfBIÈTiE. iCT
touchant par la pointe, roulant des yeux hagards,
criant à tue-tête. Ses jambes s'entre-choquaient,
tout son corps tremblait comme secoué par un
spasme nerveux, rassemblée chantait ses refrains
en émwt ^ i%«compagnait en frappant daiis les
lââîfiB^ ïm hmM&s MU deh^ts poitssïMetit l&at en
aigu ; c'était comme mm fitfir© .^»î g^gMit to»tâ
Tassistance. Tout à coup une main lui posa sur la
tête un breulli plein de taidje; le danseur se mit à
tottrjbillôimêr^ Sâûs m irerser nm goutte, en faisant
inilîg jéantoïMonsv II aîlâil: s^afias^ftîit 4© pltt*-
plus sur sm jaï*et% etkwjafea min k$mmm î iïmm^
tînua dans cette posture à tourner sur lui-même, le
breulli de taidje demeurant toujours sur sa tête. La
danse, la musique et les chants allèrent smorzandoj
jusqu'à detreiiir wm ta«e oatttîliiie et lairâaws-
jÉenx hiiaiieem«nt #sfez se^tieblf à M iatïse in
ventre des femiaes a^thet; II poâ^sa enfin un der-
nier cri, se releva comme un ressort qui se détend,
salua, et le breulli, par une brusque secousse pas-
sant de sa tête à sa main, se vida d'un trait dans son
vaste gosîeï*
liés iêm autjpes hâ mmèêè^mà^ imàé m ia^élaît
plus la même verve, le même eiitï^în ; aussi notre
hôte, légèrement ému par le cognac, qu'il trouvait
d'ailleurs excellent, mettant de côté sa dignité de
balambaras, mêla sa voix à celle des trouvères,
composant^ nmm dit Bonrrom,, ikwt un %ittffie en
notre honneur. La fête menaçait de tourner en
orgie : autorisés par Texemple de leur maître,
soldats et domestiques chantaient à qui mieux
mieux. Mais comme la nuit touchait à son déclin,
mm levâmes la séance. Aii |>ôlnt éii Jottr^ les chan-
teurs éMîôttt én^re là#salo noire réveil par
une aubade. Tout jlatteur vit aux dépens de celui
qui Vécoute^ a dit le poëte ; cet adage est vrai par-
tout, la fête de la veille et Faubade du matin nous
cottllripl If^^i
filets et je partis en excursion. La petite ville d'Abbi-
Addi, qui peut être peuplée d'environ 1,000 habi-
tants, est adossée à des murailles de roches rou-
geâtres et domine la plaine qui s'étend à ses pieds
vérs le: couchant^ 0k les battfeÀ inontagnes dii
Sémiène ferment rhorîzôn* is sortis de la ville
par un labyrinthe de petites rues tortueuses où
j'eus toutes les peines du monde à ne pas me
rompre le cou. Les rochers qui les pavent naturel-
ï©lft«mf âpiit ètl .à la longue polis par les pieds nus
id^s hi^lâîifsv ff im^ië trlsté igure avec mes sou-
liers ferrés.
En marchant vers le sud, j'arrivai, au bout de
quelques instants, dans un cirque fermé du côté de
Test par des roches verticales d'un jaune rougeâtre
garnies à; leô^piéâ Â^mmte îboîpfc^et le ireriure>
où les \^M% feuîîlès des bananiers se laarîaîMit
agréablement aux rameaux plus sombres des cédra-^
tiers et des orangers. Une ligne sinueuse de roseaux,
de buissons fleuris et de plantes grimpantes, indi-
quât iQm mèm^m ^wm p^lite tîtîàpe qià
gû*l la méMégné fm liae iksiirè si étEôlte^ sî
réguliètev4ô'on la dirait taillée de main d^ôiftttïe.
Plus bas, au milieu de gros cailloux, des hommes et
des femmes lavaient des taubs et des vêtements, en
les piétinant sur une pierre plate, usage presque
géttii^tineiitadopté ^m^lMpm^èM FàSnqmmmf^ qm fsâ %Mîèe. Cette rMlm eslk Tem-
quouUj qui coule de Test à l'ouest, et va mêler ses
eaux à celles delà Guéva, pour rejoindre le Taccazé.
Je passai toute la matinée à butiner autour de la
rivière, et j'y capturai un serpent très-venimeux,
ïa^^ germain du serpent àlutiette {leMajah Hajé).
Jiii jgâiîelifiit Mm lm Jïerbes qui bwdeïît kqiioua, et au moûieat #t favançais la main pour
saisir un beau scarabée qui faisait miroiter au
soleil ses élytres brillants, j'entendis un frôlement
à mes pieds et je vis, dressé presque au ras de ina
pm}m, %n mtfmi I r<»îî étiiieeîaHt^ le eou gôttEé ;
un p⧠de p|iî$fêtais mordu , et je n'eusse probafcle^
ment jamais revu la France. Du manche de mon
filet je rabattis sa tète menaçante, et à Faide d'un
lacet emmanché au bout d'une baguette, je le fis
prisonnier; deIa4ant«Jiiâc6^ ladîs^taiiee
était cûurte^ maïs je ém%^ fu'il appréciât la des-
130 ABYSSINIE.
tinée glorieuse que je lui réservais. Il était jeune et
long à peine de 50 à 60 centimètres. Les indigènes
m'assurèrent qu'il y en avait dans les rochers qui
atteignaient jusqu'à 2 mètres^ ce quim ïHt #nrpre^
ttaît pas àû tfeïiti maïs je m fm pat> toâîgtfê mmrecherches, assez heureux pour les rencontrer. Ces
plaines chaudes du Tembiène et du Sloa sont,
du reste, la terre privilégiée des serpents. Pendant
mon sèjdw à Ailana, le bruit s^ètant répandu dans
le pây§ que fachetais toutes sorterd*«mmaux, un
indigèite jn^apportaBu J^ur la dépouille d'un gigan-
tesque python qui ne mesurait pas moins de 4 mè-
tres de long; préparée par une main inhabile, elle
était tellement mutilée, que je ne voulus pas Tac-
quéttir> Mais j'appris que ce grand reptile, que je
îï^ttî jamais #aîlleuïs reuiîontrè mmmî «ai Ab|ssittîet
avait été tué dans le Tembiène, où îï ii^t jpas j^çre,
parait-il, de les rencontrer dans les cours d'eau.
Je rentrai pour déjeuner, et mon compagnon de
voyage m'ayant appris que le balambaf^s nvâîluaîl
à sm âîspoiîlioa m 4ê courfîert poifter des
letttes à Massaoïialri |e |dN)iÏ8tî êe Î^ôc<58sîoîi fmfdonner de mes nouvelles à ma famille et à mes amis.
J'abandonnai pour un instant l'Abyssinie, et, tra-
versant les mers par la pensée, je m'envolai en
Wmmé.. Mm âm $roîs mots s^êfelent déjà écoulés
àepwîB^tie J^waîs §uîtfcê lé pttrît^ et l»ettqii%icijîie
difficulté sérieuse n'eût encore entrave mon voyage,
j^étaîs heur#W3|: de revivre par le souvenir au milieu
des affections que j'avais laissées derrière moi.
France! que ce mot est doux à Toreille du voya-
geur ! Il faut avoir erré pendant des mois à travers
rAfrîque, pour comprendfe iont ce qu'il y a de
éMitmé k fèvet diï mà mM ; ùta mmit le «slodh^r
du village et les grands chênes qui ont abrité de
leur ombre les ébats de Tenfance. Le soleil dispa-
raissait déjà derrière les montagnes, que nous écri-
vions encore. Il fallut cacheter nos lettres. C'était
comûi^le réveil après un songe doré!
Hoïts pa^mei la soieèemm lé bala^afeiopa mais
les trouvères ne revinrent pas; ils étaient sans dont©
occupés à fétoyer de notre vache. Nous n'y per-
dions rien , car notre hôte,plus calme, nous appa-
ïôl EOïïs soft fIMIable jour^ C'est xm hmajm M^em^
ymtm ^jw?ttïte-€îûq ans, aux ^mmm grisonnanls,
dOiût ïôBle la petite personne seittîïla pêlrie
esprit fin et railleur. Quel dommage que cette
nature délicate soit éclose dans les âpres montagnes
d'Ethiopie! Dans un milieu plus civilisé, cet hommeÈi 4mmM héM$ dîploâialê ^
élô^iîeni m$^f mmmnï jiïriseoiiittB#. Bdiiî'rôii éfâîf mt Mêti paiivm
interprète, # $mxs doute les spînîtfelles questions
de Debbeb ne nous arrivaient que mutilées. Il nous
fallut lui dérouler l'organisation sociale et politique
des peuples d'Occident ; il y avait là pour lui bien
des choses iw^uiriïïe» ^ inais qu'il semblait ftmiffer
ABYSSINIE.
i^ntm watemlles, Ê^iame s*îlm eût ^ natnîtlon,
tÎBiê éhos0 cepesridàîit s^ûiftW QBtre-|>a#sier son
intelligence, c'était IMdée d^anfl fjépuHiqiie. aMéMqui est le maître , disait-il
,puisque vous n'avez pas
de roi ? » Nous avions beau lui expliquer que les
éitts d^ ït »afio», jtMnhm asseraMèe, aytat à leur
tètd an prMdent, reprèsenlaîettt h soutremîn, dfiait
ils avaient tous les pouvoirs : « Ce sont là les conseil-
lers, disait-il, mais le roi? w Nous n'avons jamais
pu lui faire entrer dans la tête que nous nous en
passions. Qu'il eôt ilê lûtèiressant de pouvoir causer
mû à secrl mm mt %omm& et soi^dêr &ùn opM^msur les homiaes «t Im itÉoses de son pays ! Cat les
Abyssiniens, en politique, sont plus habiles qu'on
ne pourrait le supposer. Ils savent répondre sans
se compromettre à une question embarrassante, ont
1# tâle»t â'îWïèWîRer liioraj^paeiit leurs ea^emis
les piits €cIiaïMs $ sëïts cesèë latle Im i;ttis
Cj&ntre les autres, ils rivalisent de dissiiûlikfi.oiï
pour se tendre des pièges, qu'ils évitent avec non
moins d'habileté.
E Allait eependant songer au départ; nous avions
Mjk a|>prîs que lé goiiîfetneur 4» ê63|am s*éf«it
mis en état d'insurrticfioxi é^nfr© JohajsEêâ « son
souverain. Nul doute que celui-ci ne quittât Débra-
tabor pour aller châtier son vassal rebelle, et chaque
jour de retard nous enlevait une chance de rejoindre
le toi ayant qu^ïl se mît en eampagwe, te2è oetotoe,
LES PLAllVES DU TEMBIÈNE. 153
nous quittions Abbi-Addi. Le balambaras vint nous
$S0Offer jusqu'à h ifhîère Tanqtîotm, Après %xm
mrMÈh p(âpi$& ûé mmn et une saîfé d'artillerie,/
nous prîmes congé de Taimable gouverneur.
Après avoir longé le flanc de petits mamelons
boisés, nous retrouvâmes la plaine et fîmes halte
au village de Chouquoua Béraroua, En même temps
que noï% iin long cortège â*l«»ïiiâ^ côîifés ter-
^afts^fcknt^ f êm$M mu ^tatrêie. â sa: tête m teaait^
sur une mule richement caparaçonnée, un îiomuie
littéralement enfoui dans des flots de mousseline
blanche. Ce ne pouvait être qu'un prêtre. Le vice-
mnmi s^èttît ïùh k Vtmihm à^nm ^te s|<îoiHOÉe ,
ttniîs qm j© pî^itak àé &ë moment â%rfêt fome
donner la cïtas&e à un papillon qui fuyait à ^te^
d'aile. L'inconnu mit pied à terre et se dirigea vers
mon compagnon de voyage, auquel il ofl^rit une
corbeille de bananes et de magnifiques cédrats que
potttîtUn jeune garcoft. J^coutïïi fmt assîstér à
rentretîea êt de plot ftèë m personnage.
Lorsque nous serons à Gondar, eu plein pays théo-
cratique, je reviendrai, et ce sera le moment, sur le
clergé abyssinien, dont je n'aurai guère de bien à
dîm jPour rinstant,je me borneî'âî à ééeriré le
frétre ^utjitMis accostait gradeuseiuent. Guéia lé
CruJlïirâ Gi5i|[uis e$:| le supérieur d'un monastère
renommé, situé sur un des ambas voisins. Il est
d'un âge mûr, mais encore vigoureux. Une calotte
m âttsstîîïE*
Wanehe lui couvre la tête et descend jusqu'à ses
yeux qu'elle voile à demi ; il porte une longue robe
noire et par-dessus un cafetan de même couleur;
mm irssfee pièce de iattuM^îlii© btecîit fwxvûô^&
èm pità^ â !â îêlê ^ mè cttik gvèé^m èà mM fètkgè
lEbllement tressé décore sa poitrine, et il tient à la
main une très-belle croix d'argent massif. Guéta lé
Guébra Guorguis paraissait bien convaincu de sa
valeur personnelle; sa parole, comme son visage,
était calme et pleinçâfé cômponction; il t^MÎt éfi*
demment à prodHÎ3Ré $m èt ^EÎègëâît su
f
pierre comme sur un trône épiscopal. De temps à
autre, au cours de son homélie, quand il prononçait
les noms àeMédani Allem et àeMariam (le Sauveur
éii lûwie It "^tge Jtelejy îi Metit tes |eax m(à^ , èm^ p3ftpléï*es ^àbàîssy^ftt éè nmmàu sous'
Bâe ap^Bïeiïèe l^humilité que démentait toute sa
personne. Il nous invita à l'aller visiter à son mo-
nastère, ce que j'eusse beaucoup désiré, mais il
nous fallait rejoindre le roi au plus vite. Nous lui
expiriwitoîô îtttfô ifegrejts^ fu« l?t <;jtîMilê ren^
dMt ttex^rès. Il mtm mtUit «tte liîîigùe étape â
faire ; l'heure de la séparation était fém©. Guéta lé
Guébra Guorguis se leva dans toute sa majesté abba-
tiale et nous donna sa bénédiction. Tous nos hommes
Be sîgtiêrenl relîgieiifement^ etmm partîmes ^tcteit
Le lendemaÎM matin, m vîïlâfe de Befeback^ oit
nous avions coiialié, au momeiif oft nws mwiîs ap^
prêtions à monter à mule pour continuer notre
route, survint encore un prêtre nommé Guébra
céï&è îÉîmeMé terbim Mtne, îm êpmîmrecouvertes d'une longate dNpô d'un cuir jmmverdâtre. Il s'avançait à pas mesurés, le sourire aux
lèvres et les yeux baissés. Comme Guébra Guorguis,
il apportait un petit présent d'œufs et de bananes;
wiA ee ffémïi$ tCMmt point , comme eelwî M Gmà^
4c lé suis, dit le jeune prêlre, le chef de TEglise
de ce pays; le village de Debback m'appartient, et
tu n'ignores pas sans doute qu'il est pour cette rai-
son exempt d'impôts, comme tous les domaines
îîedâsiastiques ; cependant les Iiôtoïïiei çat Mèt mût
fi|ijîiîtî<miïê me jmh$ ^ws 1m ê%&wm èa vîltogt
n^a pas &$é refuser; je suis venu la réclamer moi-
même.
— Je suis étranger, répondit le vice-consul, et ne
ieoniîaas rien aux usages du pays, tmr^ % mn&é^mûjtm % flïï mliûî quï m*es<^rle et est eha:rgé de
les iaire exécuter; ce soldat est rfe^ônsable de ses
actions, et je n'ai rien à y changer; s'il a réquisi-
tionné une vache, c'est qu'il en avait le droit. Je
ne puis te la rendre ; crois bien que Je le regrette,
ïBitît m serait mîtéiiMt^ lé® ^lô^maitndein^ âuT0U
^ ^ âtKJBli pîîûCB n*a jatnais osé rien me refuser^
dît Guébra MikaëL
— Je serai le premier »,riposta le vice-comil
j
et nous le laissons là,
La stiipetïr I^tftît ^ÊWiê sur place ; il ttont regar-
dait d^îitt air èbahî nousm aller àtee sa tâÉÉe, se
demandant sans doute s'il était bien vrai qu'il y eût
sur terre tant d'audace et d'impiété. Refuser de lui
rendre sa vache, à lui, chef de l'Eglise de Deb-
back , c^était à croire que la fin du monde était
L Tout autour de D|lÉ&çk s'étend une plaine disdk
lée, aride et brûlante,que limite au sud la rivière
Guéva, qui va de l'est à l'ouest porter au Taccazé le
tribut de ses eaux en coulant sur un lit de sable
ombragé de ltttî|fl*ISt
^ ÎM l^ÉA dè la Uaèm feêt lîaiîtè toiïîli i^mée
petites collines sans autre végétation que des bftîs^
sons épineux et rabougris. La kolla se continue au
delà, bornée à l'e&t par l'amba Damascal, qui sert
de prison à Fancien Raz âïlou, un des chefs vaiiicas
1 Le lecteur comprend certainement, sans que j'aie besoin de
e dire, qu'il ne s'agit ici et ailleurs que des prêtres schisma^
Égtm '^MI^ |dï ëtiîè d^^uiàul plM pùtU à traite?
liffT^^ t'îl^i^r ^titt jî^ 1^ en Abyssinie, établir j^tpallèla
avec les missîonnairès càfboliques, qui, eux, dévouent leur exis-
tence à une œuvre bien difficile, celle de ramener précisément
ce clergé schismatique aux plus pures pratiques des vertus^
elirétieimes. , î
par Johannès. Nous rencontrons de nombreuses
rivières bordées de beaux arbres, mais à cette
époque de Tannée [V^ novembre), leur lit est sa-
lîbïïi^ôïja: #1 mmï^M^mim^ h Mm^ La plus împor-
tânfc& «stléBkfiin^éûïït k iîimliottfêûérd# s^M©êire du nord-est au sud-ouest. Après quatre jours
de marche à travers cette chaude région, et après
avoir fait étape aux villages de Bamba, Gueddikouaï
et Bellié , notus arrlirltwieB h Finarouah,qui était un
JLêSfeotesâbondent dans les ettstfoias^ elltïmîtptâr
cédente,un lion, franchissant une zariha ^ au milieu
même du village, tomba dans un parc de bestiaux.
Les habitants, réveillés par le beuglement de ces
paufr«s bêtes, se précipitèrent, armés de lisons, 4e
* ÎM tariba est ime sorte de foptîficatiea ou d'enclos fort en
usage en jfibyssmie ; pour la construîre^ m abat de§ arbres
épineux, qu'on range en cercle, le tronc tourné vers le centre et
présentant à l'extérieur leurs branchages hérissés d'épines
aiguës et tranchantes ; on forme ainsi un talus haut souvent de
jïlïisieurs mètres et constituant une barrière qui semblerait
jnes^pu|(uable. Les habitations et Içs jarc^s à bestiaux sont sou-
tient entourés de eette nïuràîllê végétale, derrtère laquelle les
Abyssiniens s'abritent avec confiance, bien qu'ils connaissent, et
pour cause, la force et l'agilité prodigieuses du lion. Ce terrible
félin redoute beaucoup les épines et n'essayera jamais d'enfoncer
la zariha^ mais il a un jarret d'acier, et il n'est pas rare de le
ymf bfludîr ^ar^dôssus les zaribas les plus élevées , saisir un
liaoûton ou tme petite mule et franchir de nouveau rabstacle eû
enttportant sa proie, avant que les bergers aî^nt èu lîe tejs^p^ 4e
lances, de sabres, et faisant un briiit èpW^^ï^table*
Le maraudeur, efifrayé de tout ce vacarme, s'en alla
par où il était venu; mais il avait eu le temps de
faire bien des dégâts; Tune de ces pauvres bêtes,
nm belle vtche> êjtaïi i$m tm él^ fîtôfaMê^ 1b
lion^à\n coup êem puissant© Im méfmUvéune partie de Fépaule , et Ton voyait les longs et
profonds sillons que ses griffes acérées avaient tra-
cés dans les chairs. Elle a dû en périr.
0ms emicsrt el tiglons eiteïn!^^ m liai pour
Biôi ajoutait îiifiûiment de c^mmé h Viiéètêi 4mvoyage. Mais nous avions chacun nos domestiques
respectifs, et parmi eux une sorte de majordome,
sur lequel nous nous déchargions d'une partie des
iilâîfe les fîm mamfptm 4é la »îé wttéïMji* JLe
majordome de M. êè Sarzjec éli^
le kantiba Ouélda Guorguis, qui, pour des motifs
personnels , désirait voir le roi et réclamer près
de lui l'intercession du vice -consul. Il était catho-
lique et protégé parles «ttî^îoiiîiNEtos français,
et é'est à c& titre que M. de Sarzec Wrnli prîâ à
nm 5«rsiee et pmntu m% Mutes âmctlons de major^
dome.
Le mien était Hassein,que le lecteur connaît
déjà; ce dernier, musulman, ne valait pas cher;
mtfe, soit iît^s of]feiis«rle pupille dek missîôiï,
à eus deux ils feisaîmt la paire. Tout le reste delà
LES PLAINES DU TEilllt^®^, im
valetaille s'entendait comme larrons en foire. Maïs
ces deux hommes semblaient, depuis quelque temps
déjà, nourrir l'un pour Tautre une aversion pro-
abis jtï^i[î^iîà3^ tnais à FiaajcNtwtlï^ mm qn^^èdont l'origine est toujours restée obscure fit éclâter
eette animosité.
J'avais planté ma tente tout près d'une hutte où
les domestiques étaient logés, et, tandis quej'em-
pailliaîs m soujNnanga (ratlssittïte féja^ hM% fiïî
rëïopiace ©à âfrîfu© Im ^^âuit-iùôucles â^ial^
rîque), j'entendis dans cette ftâllâne comme le bruit
d'une lutte. Abandonner mes scalpels, saisir macourbache et m'élancer dans la hutte fut l'affaire
d'un instaui* tes deux adirersaîres se livraient un
côïûhét diOïil les luîtes eussent pu deveuîr grfitres* Le
kantibatflrftdéptîîlésw sabre; fliab Hass^tt^
brandissant un gourdin formidable, en avait du
premier coup tordu la lame. Le kantiba, ainsi dé-
sarmé portait déjà la main à un pistolet passé dans
M éeîîltûre^ qotiid un coup de t^#iclù0
setuent ajpplîqué ks «îtifïa tous les deux m ïa Ms;les deux champions en me voyant s'arrêtèrent
ébahis. J'en profitai : d'un bond j'enlevai au kan-
tiba son pistolet, et d'un coup d'épaule j'envoyai
Hassein, tout stupéfié, trébucher contre la mu-
railfe; 11 mét pts m. sang répandu , maïs
l'étais arritré à teiaps; une seconde plus tard , mou
ICO ABYSSINIE.
domestique était morl, à moins que (chose fort
possible) le pistolet du kantiba, qui avait bien dû
coûter 3 à 4 francs, ne lui eût éclaté à la figure.
fat penaudt CB forent msâ4e*ï«
ïiîtteril Mm mMmm ùm iiBcussîçai^ à laquelle,
d^âiHeitrs, Je n*eusse rien compris} niais iin geste
suffit pour leur imposer silence.
Suivi des deux coupables, j'allai trouver le vice-
#9fti?0Ï^^rj|it^ît urgent de prendre des meS«ïM
séirèresi pUgr |iie ^nrWaMe feît m se irèttôttfelât
pas. Le m& êt0t ofescar e| des pins délicats. Nous
prîmes le sage parti de nous en laver les mains, et
de déférer ces deux mauvais sujets à la justice pu-
blique. Ce serait, pensioiss-noius^ hm efifet
pour les autres doiÉesifq^ies èftaiissî pmf les hst%ir
tants. Au risque de recevoît lîiie verte correction,
dont Téchine eût porté Tempreinte plus d'un jour,
les coupables eussent préféré, je crois, être jugés
par nous. Comparaître devant un tribunal indigène
Messtit si^gplîêreiîm Ibbt iiiîtotir-propre.
Cbiw»â eïi^emîîle «ôjnûîêfeles deux <àm3t
mmê0$^èv^0^^ f^^ de cette façon, ne pouvaient
plus se quitter sans que Tun ou Fautre laissât son
vêtement entre les mains de son adversaire. Ce
procédé me paraissait bien niiodin, et j'eusse pré-
Mxè m%& cbaîne soliâe. lîle êlâîl îîïiilEe^^ mt les
Abyssiniens sont pltts raffinés en lèfid^î^ qf« je^
ii^aarais pu le supposer ; la fuite est eonsidérèe
mmm0wmpmmmrkî^ êe^®3pliîîl4 Oa crain t
la |îïstî©e #s i^m ebercbô 4 ^cittstr^tra, et re-
douter ses arrêts dénote une conscience troublée.
Prévenu par nous, le choum de Finarouah convo-
qua le tribunal, qui s'installa sous Tauvent de la
nisée ; la justice est rendue ptr îm pttmm M liés
cbefs du pays, et, en leur absence, par les princi-
paux habitants réputés pour leur sagesse. Certains
crimes ne ressortent que d'un jugement impérial,
et le souféraiit peut |«wij#çfs^ parler simt^eô en
dérailr pi^stort, lift feim édictée est subie îmtné-*
dîatement.
D'après les voyageurs qui ont résidé long-
temps en Abyssinie et qui, connaissant parfaite-
înêwtî^îiuîgae du pays, ont pu éltolW lis iioKltt^
mrÊm étbiôpi^y il exîsta^aît on coêè îiôMmé
Feuta-Negueusti^ qui reproduit, à peu de chose
près, le livre de Moïse et les préceptes de l'Evan-
gile avec quelques lois du Code de Justinien. Il se
composerait de cinquante et un chapitres , dit
M* Théophîb Iifilifeti^\ et seimîl éîvîsè quatre
|:«ttîfes. ^^ie«prti»i#m même autear lit Iwàwçtteft
(le queli|«es paragraphes qui caractérisent la justice
élhiopieniîtv
* Théophile Lefebvre, Wo§ag0 Âé^mnie, U 1, întro-^
duclion, p. XXXVI.
a Qtiîe<ïafîie eii a É:^ppé un autre est conâattmé
a à une amende dont rîmporteucd est kisséeàla
tt décision des juges.
ce Si la personne vient à mourir, les parents de la
ce victime peuvent tuer Tassassin à coups de lance.
« Sï le meurtre est îaifate pn h sang
(t ipaîr «iï0#omme dooBéà à ia Ikjttîlle*
a Quiconque vole, doit avoir le poignet coupé»
tt Le vol à main armée est puni de la privation du
« pied et de la main.
it Quîeôïiqiie «ffiaiiÉaïm ie wemonge ,après
4t avdr Juré par Fe*è0iiïîiîïittîî^ ou par la vie du
« roî, doit avoir la langue coupée.
tt L'aveuglement punit le crime de lèse-majesté.
ce Le père a droit de vie et de mort sur ses en-
ct fants ; il ne jouit pas du même privilège à Tégard
W^sdaves»
« tien comme esclave est condamné à la pendaison,
tt Quand on exécute dans ce dernier cas, on balance
tt sept fois le patient et Ton coupe la corde : s'il
îlâbm «ôèe èst é^û^a^BèmmBnt tombé m dl^uè«
taàBf et je crois que les lois ne sont plus qu'à Fétat
de tradition dénaturée, oii la barbarie de certains
supplices a seule persisté. Nous avons vu, à propos
de Gobasier, que Taveuglement est toujours en
vigiiènr,^et> si je n'ai pas^ fomp^f le poignet ella
cheville, j'ai acquis la certitude que ce cruel sup
plice est encore appliqué, car j'ai rencontré plu
sieurs de ces pauvres mutilés qui avaient survécu.
Le cas qui nous occupait était beaucoup moins
grafft^^ et ^'llïïéUï^^^^ que, paréott
éesmnhùm pém mm^mssM^M les î%iîi«rs
de la peine, qui devait se borner à une amende plus
ou moins forte. Les prêtres les plus âgés du pays
s'étaient constitués juges. Les deux coupables com-
parurent immt h imhnMÛ^ Bês î^iî» I li^nïîf^e pur
leurs chemiîms* "Pom ïm tmmUim imm^i»^^ mïgttrtûît ide lourdes menotîesi é$ I tmif leur mmcontrite, c'était déjà là une grosse punition. Hassein
etlekantiba, debout devant leurs juges, laissèrent
tomber leur chemnias sur les reins en signe de
respect. *r0aîie lit |n^^tîon M îpésuttitît à eeeî ; tm-naître le mtMt de la qaia*eïle ^ mamt qml iteît
l'agresseur. La cause était eiîil)r0nîllé% et le tri-
bunal semblait singulièrement perplexe.
Il n'y a point d'avocats : les Abyssiniens ont
presque tous Télocution facile et le geste éloquent.
Les ptêi^jiiis p^èsenlettl ^t^iwi^ Mm âèî^m;
É& pïai|©fejPjiSûuveiit fert longy se^ lêrffiin© iHirafîgMe-
njent par nn pari; refuser de le tenir, c'est seâê-^
clarer vaincu ; cette règle cependant, malgré les pro-
testations de Hassein, ne fut pas employée. Les
deux coupables étaient d*aecord pour itliriûfr qmI^rgînede la querelle était une êbmi^ qm^m de
164 ABYSSIN ÏE.
préséance. Restait à savoir quel avait #è Fagres-
seur. On fit venir les témoins : c'étaient tous d'au-
tres domestiques soumis à la juridiction des deux
accusés. Ces derniers, le torse nu, montraient leurs
Sôiaîjf^t iiïïistôHlêïix, j(îttî0«stiB«e qui inspira iaws
péctable; aussi les dépositions furent-elles si con-»
fuses, si contradictoires, que personne, les juges les
premiers, n'y pût rien comprendre.
Tôfffâ l^rèi^ittîtf^M employée à eélfiitpBïÉittt
débat. Les èis^mirB ne manquèrent pàs, èt, a if^ît
les gestes espressiitt ïcs Mfixpais de voix^ les pin-
tomimes des orateurs, autant que Fattitude grave et
recueillie des juges, on pouvait pressentir toute
Féloquence des plaidoyers. La cause s'embrouillait
cependant de plus en plus.
Le iiiagfîstrât suâît en son lit de justice.
La cour prononça le renvoi au lendemain. Ceci
m faîtâi|»fli^fîït itotpe a|feï0. fiMf #ètiiï
point iiaê Ci||oa&,t et Motts avions bâta âeeoiïtinuer
notre voyage, tîsant de notre suprême autorité, nous
enjoignîmes aux juges de rendre leur verdict. Le
tribunal abyssinien mit en pratique, sans le con-
naître, cet axiome si vrai du fabuliste :
Qu'à tort et à travers
Ôa ne &mmît manquer , mndmnnmt m pervers,
Hassein el le kantlba OueMa Gnoi^nîs durent
tES PLâlïîiiS m TEMBIÈNE. 165
Mwas soUâmeâ Famende en ai^anee sttif îmrs gages^
et Tîncident fut clos à la satisfaction de tous.
Dieu merci ! cette leçon servit d'exemple, et
dorénavant nos majordomes vécurent, ostensible-
ment du moins, en parfaite intelligence.
Le ïenaiêïûftiiï ia^%nous quittàm^ Fînarôuab,
illustré |ls0Mia|s |«nt iftïs^soiîifetiïi^ Peixdâttt é(mx
heures nous marchons dans tilie plaîne masie?*
lonnée, puis nous trouvons la rivière Zamra ou
Arékoua. Cette différence de noms, qui pourrait
entraîner a éb liaiîe&4# ^oA^îi#^ mt fue km ftie
nous appïiïi^cms êm âgao^, iqtrî eurerit ntt
idiome spécial dJsptFaissant chaque jour pour faire
place à la langue amarhinienne. Arékoua est le
nom agao et Zamra le nom amarliinien de la mêmerivière. Ses eaux limpides coulent de Test à Touest
dâîjstïtt ï^îp ptïiilciïîi et pptftiflBsque vers îe îjlCjdàït*
Feii a^rês la flmm êlall tosqiij^ettt lèrtoîaée
par une montagne haute et abrupte,
qui nous
semblait une barrière infranchissable. A ses flancs
croissaient en abondance des baobabs, et cet arbre
singulier attira tout spé<3aileineiîtmm aiteittion p&r
sai fc^e p B#ptMs, fâîreneontré souvent
le btofeïtlï sur la côte du Zanguebar et même dans
les autres kollas d'Abyssîni6| où il atteint des pro-
portions colossales.
J'avais déjà vu çà et là quelques baobabs au nord
166 ABYSSINIË.
de Finarouah et dans les plaines chaudes que nous
femûîïs if tjratierser, mais ce ne fut que plus tard,
m tmi^^mi ^r^es^ q«i sont lï^ailïrêtiï lès
bords du Taccazé ea A%ssîtïle mt les cotes du
Zanguebar, que je me rappelai ceux dont il est
question en ce moment, et que je pus faire la com-
paraison entre les baobabs de ces différentes loca-
ïl^s^ Sb ne pôfrnî Bm la fenllîêi k f^^oqm
0kl^ les mfésm |îed è$ în liaoïïtagne ie Sàïîa> la
séoberesse les avait dépouillés de toute verdure;
quant au fruit, les singes, qui sont très-friands de
Tamande qu'il contient, n'en avaient pour ainsi dire
laissé âîjéttn j;^ Im mùïs tpà tmtmmsê peiîdtieiïl |
Textrémitê dtlwpltiîc&ês ti^fbjEiMe^ où il ne ïu^ètâît
pas plus possible qu'aux fu^âruaaitw d^aller les
cueillir;cependant, en rappelant mes souvenirs, il
me semble qu'ils étaient moins volumineux que
ceux que j'ai vus depuis.
ïftt peu partot m Afrique, âm$ Ï6S régions
gîgâttti^ue et disgracieux, dont l'élévation n'est
pas proportionnée avec le diamètre du tronc. Il en
est que quinze hommes embrassent à peine en éten-
dant les bras. L'écorce, d'un gris violacé ou vineux,
esï I^se et rappelle la peau àm èmmMt |iâiclï|-
dermes qui, dans un autre tégaéy nmf âùisi lis
géants de l'Afrique : rélépbant, le rhinocéros et
rhippopotame, On dirait que la nature, fatiguée
LES PLAINES DU TEMBIENE. 167
d'inventer, s'est copiée elle-même. L'écorce du
baobab forme* des bourrelets, comme si la main
d'un ouvrier inhabile Teut versée en fusion sans y
passer le polissoîr avant qu'elle se solidifiât, phè-
«KHiiêne qu'expiîqttêftl les k)laajsl®s étt âmaé que
Fécorce du baobab est un suc sécrété par Tarbre et
qui se durcit au contact de Tair. Le bois est formé
de fibres peu serrées qui tombent promptement en
pottssîère, sous M dôixWta imfloîeiMîis |te «1 4^
îftttt Totts Ifs imitais que fm 1}m {m^^é 4mmdes m<rtiîa§^ de Saka) ont k troue ir©ît> imfrapidement acuminé de la base au sommet pour
être gracieux ; à deux ou trois mètres du sol com-
mencent les premières branches; celles-ci, et les
i^slîjMài eax^-toêjW, ^ôfistmi^ sur ïe màme plan
que Im itmm^ mut frôp gros pôur leur Icrujpreur*
Bien que tourmentées, tordues et affectant les formes
les plus diverses, les branches principales sont à
peu près horizontales. L'insertion des branches sur
le tronc et des rameaux sur Ié§ feranches forme
presque tou|ours, et quelle qut ml îw dlr^lîoïi;,
un aa^^fënsî|l$iii«ot ai^^J««r "pïMttt^în^
tîon. Cet ensemble constitue un tout aux fornies
lourdes, massives et disgracieuses.
Les baobabs croissant au pied de la montagne de
Saka scwïl eiwjïMee fim exliaôi^ittaîï^^ le ibis éon-
staler Wjcœi ^m^ Mî%ré leiir nowhre fmâl^em(ils lormaieiït là de véritables boîs), je n'en ai pas
vu qui atteîgnîsseat les proporH&tt» <MûjSiâ!ies ém
tûûjoiirs la même écorce ; mais, à quatre ou cinq
mètres du sol, le tronc semble avoir été coupé
comme celui des arbres dont un jardinier veut
îitrête^^ l%ts©r^ Dmm foînf s^Hweat «ï» o^hïM^des bmïï^«§ p0B»trtteiises, lofiiï^^ feo^lês^
noueuses, se c^^sint, s^antrelaeant ikm tift té*
sordre fantastique, pour incliner enfin leurs rameaux,
comme si, vaincues après une lutte héroïque, une
rnaîn puissante, s'appesantî^ant mt elles, les eût
fSw#èS â ediit^BT lefroiil; Tout cela était laid, et|è
ne fMÎs mieux résumer cette description qu'en
comparant les baobabs de Saka à certains arbres à
racines traçantes, qu'on eût plantés les racines en
Tair.
3u re^. Je toW) iulnsplm i$m fèie^lott f«4
le ièctéii* mé pardonnera de ne fm pa?ief petit
moi.
En Afrique, depuis l'homme jusqu'à l'insecte, le
beau n'est qu'une exception : sur la palette du grand
décorateur bien des couleurs, les plus vives, les
pitts bîilPùMitfes ^ semMent être |fe#pe épail^
âva»t qîi*il sîl entrepris de eolor«r m tftslfe mmiU
tinent. Le noir et le fauve ne manquent pas, en re-
vanche, il en mettra partout. Les formes sont lourdes,
massives; le bizarre remplace l'élégant, l'étrangeté
Les belles §mts tâsât^mm$$à et ii*eicfe[iïleBt
que rarement d^enivrattts par^^^^ lies oiseaux , l#s
insectes, les papillons eux-mêmes ne présentent
que par exception ces formes harmonieuses, cette
richesse de coloris qui caractérisent la forme tropi-
mèB àu nottveatt ttic^îi^ et de Tâsîf, $1 1# n^tura-
listé ifmm mu mm^e êsm la singularité mémê âe
cette nature, le peintre et le poëte vtf rencontre*
ront que déceptions.
Toutes ces choses ne me vinrent que plus tard à
Fesprit , car j'ét#îs alors iafesot^bé par des préoccupa-
ti0n&#tttt o^dre tôttt ÉÉlPiïrt i le soweî ie l^is-
t«néè* Après avoir passé an milieu des baobahs,
nous escaladions la montagne, et ce n'était pas chose
aisée. Un sentier, obstrué ici de blocs énormes dé-
tachés de la cime et entraînés par les eaux, suspendu
îtîieort âtt^âessat des précipices, partoat étrdt,
sînnôiiï ét îifMé^ âtaît la èénlé tôîê qm mm pus-
sions suivre pour arriver au sommet; aussi un sou-
pir de soulagement s'exhala de toutes les poitrines
quand cette pénible ascension fut terminée. Il ne
nous restait plus qu'à continuer notre route sur le
|I$teau pour arï^êtf atf irfliage d« Sala.
Autant ^a*îl ine semMa (je ©àenws pas Faflr*
mer), cette montagne était formée de grès et de
basaltes. A Saka nous fumes très-mal reçus; bien
nous prit d'être patients, car si les habitants
eussent voulu nous chasser, par oii s'enfuir sans
10
no âBYSSiNm.
roïïîer âan0 àm ptèm^oesJM mm fussions tombés
de haut !
Le petit plateau sur lequel est situé Saka , relié
sans cloute à l'est aux massifs du Ouodgerate, s'a-
mtteô «fërs l%|tësi t&mtm vm éperon jusqu^au con^
ûmtd d© k Ëmictû efc dû Mkrê> dont îl sépara les
deux bassins, et c'est à Fextrémité de ce cap qu'est
perché le petit village de Saka. Les bords du pla-
teau sont tellement à pic en cet endroit, qu'on peut
s'y asseoir les pieds peûdttits àm^ le vide.
Mms avotts du â f0U pr^ q[«îtti |^ Mbi^^e»Gore la vallée du T^arè à iMtêriér ^1 mm se-
rons dans la Déga des Agaos, où nous retrouvétons
souvent cette configuration bizarre des montagnes
à parois verticales; nous la verrons encore dans le
massif êm Bémâèmt m^th ifaapîitens pi*mm ^mie^
sÉP : à dbtqiiê Jôot swLÎÊk sa pèitts*
Saka serait un excellent observatoire. L'horizon
du côté du nord était caché, il est vrai, par des
massifs de verdure; à l'est, la vue était bornée par
des montagnes; mais au sud et à l'ouest se dérou-
lait le plus paîïiîïïiBjat* Wê rautpf 0ià d# la
et pfdiÈmds vMè^ lit T*elkfém vù^^tm
dresser les montagnes des âgaôis , construites sur le
même plan que les ambas, mais plus régulières et
surtout plus élevées : elles sont formées de couches
horîzoïïlaliâ dîspofé^s m gradins alternativement
verticaux ou iû#iïês| l«sptémîëï^ $ôtatd'iïttjaîin^
LES PLAINES DU TEMBIÈNE. \1\
rougeâtre, tandis que les secondes, couvertes de
irègélatioiï , m rtvétot , mm à&UtU y d^mie teinte
â*nû hlm m é^m vert Violacé, Le t^iul tàsi mtmmièâe pitons qui couronnent réâifice, comme des toits
de tourelles.
Ces montagnes étaient celles de Samerah et de
Dèbrî, à rest et au sud-est, et de Tébisaïd au sud.
A Pouest s*m aîfeit, se perdant tos la femme, kvallée du Teîlaré grossi de la Zamra*
Nous avions hâte d'aller chercher ailleurs une
hospitalité plus cordiale; aussi, dès le lendemain
matin , nous dégringolâmes dans la vallée du Teî-
laré par des chémîiï§ k felre Iremjbîen Les p«ntes
étaient si abruplesv ^© seîatîer sî êtreif,, qU'©» maints
endroits les indigènes^ malgré leur pe» de souci de
la viabilité des routes , avaient dû , avec des troncs
d'arbres, construire des ponts grossiers et des pa-
rapets, sans lesquels, en vérité, je ne sais comment
on eût fait pour passer* €0ltè dtesçjeate de Safea e^st
une plas terrièles: que faie vues, et les mauvais
pas sont fréquen:te pourtant en Ab|ssînie.
En bas, il nous semblait que nous allions être
écrasés par les montagnes qui se dressaient à pic
autour de nous; nous étions d'autre part enfouis
dansnm luxuriante végêtatioa. K'oms relrouvîons là
encore desIkohaW anssî todltis, atissi tourmentés
que ceux que je viens de décrire.
Au bout de deux heures nous atteignîmes les
172 ABYSSINIE.
rives du Tellaré. Doit-on écrire et prononcer TeU
laré ou Tserraré? Mystère! Sur dix Abyssiniens
îîOiïSBltès, cinq pronpîiegrôiit ^txtm ïfâahîèrfe «1 ^laq
d'one àuliPé. Je livre eê prôMèûiê êkp'^($m^meorum. Peut-être faut-il en cherclier jta sôltit«>tt
dans quelque nota bene de la grammaire éthio-
pienne, mais je m'estimerais heureux d'en connaître
seuiete^iïi i^ règles principales. Quoi qu'il en soit,
i©&fte rîtiHi* lâmim plus împortanies de l*â%s*
$îttî%iàiït à cau^^ de son volume d'eau, de la lon-
gueur de son bassin, qu'en raison de la ligne de
démarcation qu'elle trace entre deux zones bien
distinctes. Dans la dernière partie de son cours,
elle sépare k KoUa de la Déga* m i^mtm h
la hauteur de Saka, élle'0ï^àise tiîi pïcfojtïâ lossè
entre la crête éthiopienne et le massif des Agaos^
qui, cerné d'un autre côté par le Taccazé, forme
une presqu'île reliée par un isthme très-étroit
laré an mmà^ sources nqwî dofveiït être situées un
peu à l'est et au nord-est de Lalibéla,
Le Tellaré coule d'abord dans une direction
générale à peu près sud-nord, puis il s'incline à
l'ouest, pour suivre le promontoire de Saka et con-
tînae tes çetté âîtéétion jusqu'au Tmm^k^ dpKtil
est^ aprls ïe MarëiÉ>, 1« prîîï^païMmé. ionSït
(àTendroit où je l'ai vu au-dessous de Saka), variant
de largeur entre 60 et 100 mètres, est formé de
LES PLAINES DU TEMBIÈNE. 113
gal^s rt^léf. â cette époque de Tannée (3 no-
veiîîBre) les eanx étaient basses ; sauf dans les
endroits eRJûalssés ét jteti^tttueux, un homme pou-
vait le traverser sans être mouillé au-dessus de la
ceinture; mais les détritus amoncelés sur ses rives,
prouvaient que dans la saison des pluies son niveau
s^élevail de pludettrs mè^fres aa to&ins, et de mai à
fin sêpteinfcrè^ il doit être impossible de lefrancliir^
Ç*esf â eek, pl^s encore qu'à ses montagnes
escarpées, quela province Agao a dû son autonomie.
Pendant cinq mois de Tannée , cernée de tous
eôtés par wmhmtiêreMq^$^^& Kabs^ijctlôWéde
pmt elM tapîdlfé âu cmidÈÛ mmâmî IrjJcanchîs-
sable (le Taccazé au sud et à Test, lô Wlarè à
Touest et au nord), elle demeure isolée et sans con-
tact avec le reste de TAbyssinie, et cette séquestra-
tion a produit dans la suite des âges, mais sur un
éspat^^ îèptt|î^ to0 dlIÎJiiïfetl^^
tnaïagiîôllcidle que leTaccâzè trace entre le Tigré
et TAmarah.
Comme toutes les vallées de TAbyssinie, celle de
Tellaré est chaude, malsaine et couverte d'une puis-
sante végétâtîaW:^
Sur la nw 0mh0 le k rivière nous trou-
vâmes une foeit bïimide, peoplê^ d*ôîiiâiï3Ê et
surtout de perroquets. J'eusse pu certainement
y enrichir mes collections, mais Tétape était trop
lonj^ue encore; je ne pouvais m'arrêter. Il n®
10.
174 ABYSSINIE.
fallait pas songer à y coucher : sans compter la fièvre
et î«s fèaves, le pays était peu gir^ Je liïs^
tenter de regrete ftt|yefitïs Bi de émi &u ttùk
însejctlis qm J^rsaipm m passant. Après la forêt
nous rencontrâmes une muraille de basalte dans le
sein de laquelle nous pénétrâmes par une sorte de
porte très-étroite et dissimulée par des broussailles.
MmB:mm tmmkm àtm m difilé îio®| i^&mimm
trois eêûfeïïïltim>îarg6^ an plm à0 è&m M ptt^kad
d^une dizaine de mètres. Les rochers surplombaient
au-dessus de notre tête, et au sommet le défilé n'était
plus qu'une fente étroite qui laissait à peine passer
nm fsiMe ÎjïîRilre^ Çrltuit presquem inm&lf âmâune des èxtréaiîfés ^^ouirrâîî imm tiû dkqm^ mplutôt un entonnoir profond Cnu moins huit cents
mètres, et où tombaient encore, malgré là sécheresse,
de petites cascades argentées. Le site était beau,
mais d'une beauté âpre, saisissante, presque sépul-
cral, 0e Mi dîtm fond d^une mîne. Mmm not
guides, nous eussîoiiffi eli^ïché longtemp
|iour en sortir. Nous nous accrochâmes au cou des
mules pour ne pas tomber à la renverse, l'ascension
fut très-longue et très-pénible. Combien de fois
déjà n*ifl&ns^«wrf pas iêsc^âtt &tmAàè j&nskmême foiornée îmêmt tmmxitsà'nm to^tâgnèmà^m ï^ttl Ce M iîî^endant une de nos màmétapes, car nous avions marché plus de six heures,
dap§ les chemins que je viens de dire, quand
LES PLAIMES DU TEMBIÈNE. 175
nous arrivâmes sur le plateau, au village d'Alfan.
In ^lapératwré féj^Bvmmisà trMtmâèpÊoàM la ïftïît mr ces hauts plateaux^ et j'en fus
assez fortement incommodé soiîS mê. tente.
Nous vîmes près du village un autre entonnoir
moins vaste et moins profond que celui dont je
viens de parler, mais dont les parois étaient tel-
lemmt perpeuiîéwlak^ qu^îl mm Mbt^ eraîirt&
fond du ravin dans lequel se précipitait un petit
ruisseau dont là source, cachée au milieu de grands
roseaux, était située sur le plateau tout près du hord
de »îîïin«*
à Sokota, mais on fôuîaiï prefôîlîr les auto^
rîtés de l'arrivée du vice-consul, et nous allâmes
coucher au village de Semsemtoukou.
Il y eut vers neuf heures du soir une éclipse par-
fidïé le iïiiïtî Je m'aMeiïâis d^ ïa part im haM-
faïifs à quelqiiê diiwtJlïgtî^ioii extraordinaire, mais
je dois à la vérité de dire que mon espoir fut com-
plètement déçu. Personne n'y semhla prendre garde,
et cependant nos domestiques au moins s'en étaient
aperçus, puisque ce fut Hassein qui vint m'en
prévenir.
â SemsênatràïkjOp mm fbsniiotoètre descendîi
à lâ® cétttîgmdes à sept heures du matiu.
CHAPITRE V
LES MONTAGNES DES AGAOS.
Une réception officielle. — Dignités civiles et militaires d'Abys-
sinie. — Sokota le soir d'un marché. — a Ça beaucoup
d'argent ! v — Comment le sel sert de monnaie et fait lu
fortune de Sokota, — Un présent onéreux, — Un j^nmseigneur et sa cour. — WârBïè répotisè. — Visite à féglise
monolithe d'Ouqaère. — Cérémonies funèbres. — Uneattention trop délicate. — Les fourberies d'un trésorier. —Préparâftfe dfe gù0rfe, -^ Cernés par les insurgés. — Tout
se découvre* — Vm pienr^ sur le cpu. — Le ma3sif des
Agaos. — A k profur^alte ^ges* --^ Ià0 hùhiok d'un
fauve. — Sur les bôrds du Taecazé. — Un peu de géo-
graphie.
Jà m^étaîs mtèié plus qm de coutume à pîller
un buisson tout diapré d'insectes, aussi je pressai
ma mule, car je prévoyais qu'il y aurait à Sokota
ttûfe *|çipi©tt ittfî««se , et je tmdB t f iEs€ÎsfcW-
Je f^%î5Îsli>#S«ï^ee att §mi ênn |Mitoî^gfaô
ravin, où la pfetite rivière de Koulla-Mata formait
une mignonne cascade qui n'arrivait au pied de la
montagne que comme une pluie de perles humides.
Bien conforme à la constitution géologique du pays,
ca tmiu était ^8«ifeOt'# m vaste puits de près de
nS ABYSSINIE.
âem <mmk mètres de profondeur. Tout là haut se
pressait une foule couipaete fttî^ 1^ Iés^
piraissâît mmm^ monde de îlllpulîelïtt Mm-mules sentaient, ce semble, que nous marchions à
la gloire, et nous eûmes bientôt escaladé la mon-
tagne par un sentier indescriptible.
Je ne poiipils ce^èaisHt in^oipêch^ de pj^sfer
que, dans ùï^Beii saaïtoilîey «me p^îgBêed^omines
suffirait pour anéantir une armée entiè|?0M
Les autorités de Sokota, réunies au sommet,
avaient mis pied à terre pour nous recevoir; c'était
un honneur, eoamtna lant #â|itreS| que iïous valait
le mwékm ojSçî^ âu ¥î<se^c<MîsuL
l^tesfi^ pfitt^ nous fîmes de même^
et, tandis que nous échangions de cordiales poî^
gnées de main, la fusillade crépitait.
Nous nous remîmes en selle; mais nos montures,
éfc âei ai&^âffljatîemi fmttïrmi h îmà de tralïï,fi*an^
chissant monticules et fossés comme dans un steeple-
chase. C'était une charge de cavalerie flanquée de
fantassins, où chacun luttait de vitesse. La popula-
tion enthousiasmée nous accueillit avec force cris de
d'une vasfe^ Maison destîitlê t M4 Satzte*
Les libations commencèrent. Mous pûmes alors
examiner plus facilement la nombreuse assemblée :
celui qui paraissait le plus important personnage, en-
LES MOSTAGJÎES Bit ét^OS^ m
siiîie, Mi lk peiil^êfre phm ^0 prtot âHeEirs,
Tapanage de la naissance et de la fortune, était un
jeune adolescent, le Dahanah Choum Liedje^ Ka-
bedé, fils du Raz Téféri; venait en seconde li^ne le
liisfenî Imam ,gouvernant la proviaca m3àhmm&
de scmdïeflïîérti^hîfîie, léOnagci© Cïïôiièi Eaz Té^
lérî; après lui prenait place le Fitorari Toukou,
gouverneur du jeune Kabedé, et enfin FAzadje
Oubié. Les autres ne valent pas la peine d'être
signalés.
Airafll i# itire plus ample le^Mialssafliîemm tois
ces^ i%ïïitMres ^ Fêmplre éthiopien , il n'est pas
sans intérêt, je crois, de savoir quels sont ienrs
titres et leurs fonctions, et, afin de ne plus revenir
sur ce sujet, je dirai tout de suite, en quelques
mots, quelles sont les principales dignités civiles et
lûiiîl^es éfe ce pays.
A tcrtJl«eîgneur, tout hiHinear i commenfons par
iecbefde TÉtat.
Sur le trône d'Ethiopie siège VAtté ou Négouss.
La première de ces désignations, qui, à proprement
parler, signifie père, settiMë «wrcâr été dô prélèrenee
eittjlcifle avant Tbéôioros^ et les indigènes ^ en
pariiiiii âfe leurs anciens empereurs, emploient ce
titre î ainsi ils disant Atii Kaleh^ Atié Fazzilj^ qui
^ Liedje est une sorte de iïtire q«e partent tous tm ili digrande faaaille.
180 ABYSSINIE.
0Erl régné Vnn au «îxïIhïê, Fatitre au quinfièittô
sîiete? feinâîs s*iîs pi^eiît de TMôâçïm mdu roi régnant, ils emploient le titre ànM^êimw^
Celte dénomination était cependant connue avant
Théodoros, car Sait en parle, a Ce titre, dit-il V,
donné par les luropê^^M *ûi«ç^ï^tt de râfeyssî-
nie, n'est qu'une côrrapfioîi m mm déflation dé
négush. A propos de Finscription d'Axoum, où le
souverain s'intitule roi des rois, lord Valentia dit* :
(t Cela répond au Négush Négushij qui continue à
être le titre des empereurs d'Ethiopie^, w
Sait et lord V^finim emploient fenfiore fréquem-
ment le titré et Btikar-Négash ^ ^ fouï désigner les
petits potentats du Tigré , ce qui i^emMe rationnel
d'ailleurs. Bahar en arabe signifie mer, et comme
la province du Tigré avait alors pour limite orien-
tale la mer Rouge, il n'y a ilea Cét<»im»t àee qMIm ^^flmm loat It sa^èfate^iè s^leûdsît|u§^
côte aient porié le titre de Sahjir^Wégàsh^ roî de
la mer.
Comment dans le pays même Négash est-il de-
venu JVégousSj en se substituant au titre Atié? Je
l'ignore ; maiîs le Mi est constant. Cêsf là tiii 4^
^ Salt, Voyage en Abyssinie , t. II, p. 435.
2 Voyages du vicomte Valentia, t. II, p. 185, note.
3 Cette différeooe d'orthograplte provient de la diversité àm%ùm dé fc lettré tJ^ âatïs les langues eûropéennes, Sait % ïoîâi
Valentia, étant Anglais, devaient écTne négmhXki^hnQmi^t^^ais , sommes obligés d'écrire négoush.
LES MO\TAG\ES DES AGA08. 181
nombreux problèmes, — un des moins importants
sms doute, qûî reistenl à résoudre snf rÉtltmfie.
Cliei! un peapïe oû rnsage de récrttnre #st peu tè-
pandu et reste le privilège en quelque sorte exclu-
sif de certaines castes, les traditions orales, si peu
anciennes qu'elles soient, sont constamment déna-
turées, et si leur souvenir mi coniBé â récriture à
deux époques dilTéreittes, le même fait i$em mtimiê
d'une façon eôiitiraidietcïireo« tôm nu moifis mécon-
naissable,parce qu'il est impossible de suivre la
filiation des différentes versions auxquelles le récit
a donné lieu. On a vu dans le premier chapitre
eotïïBèa «oûl oîjsiettîfi «sertaitît^ôéuto qui pour-
raient servir h êdîtèr rhistoire d'AbfS^mîe» à tel
point que plus on les étudie, plus on s'enfonce dans
le doute.
Le Négouss est en même temps le chef civil et
militaire du pays.
Aprèil Ini ttènitefit S tt^ e^at dtttr^fûis
qu'un dtgnitaîrè portant ce titre, et c'était un grade
miIitaîrOv Raz Mikaël,que nous & fait connaître
Bruce, empiéta le premier sur les pouvoirs civils,
et bientôt Raz signifia gouverneur de province. Il y
eut un Raz dansTAmarah, un Raz dans le Tigré, et
j'ai parlé d« kïiîs Ïttît0à. âajiïttrd'W V\mfm%mmde cette dignité est encore plus restrefnté, fel»n-
nès, pour i^^Qltacher des partisans, a tûxMtè le titre
de Raz ans principaux seignenrs ijni ont reconnu
il
182 ABYSSllVIE.
son autorité. Il y en a autant que de provinces. Raz
Bariaou gouverne le Tigré Ra::^ Aréa VOgoulo^
(Sousaïe.^ Ras Vùrmia le Sémiene^ Raz TéférileB
AgmSjf Raz Deslâ la GûâjûM; j^^n passe, — ftt
des meilleurs peut-être. — Les Raz^ malgré
cela, marcBent toujours en première ligne après
le roi.
L'organisation politique de FAbyssînie étant es-
isettSj^léfiattil Sodil% de tm petîtB poteiïtajg
est maître dîez It n'a rien k fetsoîr dans
son gouvernement^ Itnt ji#îl fayc rcgulièr^^îttent
Finipôt, tant en hommes de guerre qu'en argent.
Mais tous ces principicules ont, de par leur nais-
tgtnce, autaBU ^ fïm ^ iroits au trône que le
*0ii?eram «ctïn^^ lei ïeojf secrète pfatie est de
prendre sa place : de lâ, rébellion^ lutte et con»
llit.
lohannès le sait bien;
aussi, sous le falla-
cieux prétexte de les combler d'honneurs , il
retient les Baz â sa cowr, eomme dans une cage
teie, poiiT les e^piçfe^ êm Im^m^ I Fibri
de leurs montagnes^ quelque jnachîâféîîque îûsur-'
rection.
Ce sont des Meslanis ou sous-gouverneurs qui
ïêiMeàt dans la provîjttce et l'adminîstreiit I là place
des iif
.
Il y a mmm les BÊê^ # MÊmi^Métas mconseillers; maïs, à éa Juger par celui que nous
de tèite charge importante doiveBt être Bien dé*-
chus.
Puis viennent les Balamharas ^ qui sont des
écnyers^ les Azadjes ou trésoriers, et enCn le?
^k0Mm$ m Xàniêm % «j^ésNt^îçe gO0?eroe*ûPs le
|tt!î$ districts.
Baiïf les emplois militaires, nous retrouvons en-*
core en première ligne les Raz^ qui, sous les ordres
suprêmes du Négouss, commandent en chef les
guerriers de leurs provinces. A ce point de vue, le
lître de Maz çôwespoftd à notre muiréckal dé
Frame/ mais je croîs quil est plus rationnel, en
rafsoti d0 leur pouvoir à la fois cml et militaire , de
comparer les Raz à nos anciens grands feudataires
de la couronne, dont ils ont toutes les attributions
et toute Tindépendance.
Çe mai eusaîte Im M^mmisê^Ês et Fiimw^^gifiirtiïx de iîf^î^ cof'p^l^if^ée* lîils, én préseince
ên t^mhfè prodigieux de dédjasmatchs que j'aî
rencontrés en Abyssinie, ce me semble être plutôt
un titre honorifique, qui ne comporte nullement
que Ton remplisse les fonctions d'un général d'ar-*
mie*
Cfe^ âIttSî ^tie le fils du Rïïz Arèâ^ que noiis v^er*
^ Choum et hantîba sont deux mots synonymes employés
ruîi diins rintérîeïir dti pâfs, fâUlM \b littoral de la merBouge.
tu AByssiitE
rons plus tard, est appelé Bédfds^ Kmsa^ Mm qui!
ait à peine quinze ans.
Il y a enfin les Alakas ou lieutenants, et les
Bâchas^ qui représentent nos caporaux.
Reprenons maînteïiâBt le <5t)urs de noire récit.
Apurés uîûé courte réceptiôn , iî4)s lîôtes se retirèrent,
et nous pûmes nous installer tout à noire aîsé^ le
plantai ma tente dans la cour, et nous sortîmes pouf
visiter la ville et les environs.
%(m, ^ était trenti dÉrcîiêr fortuné en âîbfssînle^
ïmîtant M. Naretti, M. Dubois s'était fait archîteçte^
maçon et charpentier, et construisait à Sokota une
église pour le compte du Raz Téféri. Depuis deux
ans dans le pays, il avait étudié la langue, qu'il
cîemineûeaît k «t i à^îre afesfi feçîlfâitiênl:.
nous lut un pï*êeiéaï mmmrn^Sokota est située à environ 2,500 mètres d'alti-
tude, sur un plateau entouré de montagnes. La vé-
gétation y est rare, sauf dans le fond des ravins. On
•maçontm fi^qu^inenl fans les mètftegnes dmschistes redressés*^ I;es isnmsêns Sôkota^ nfe iîlÉê-
rent en rien de celles d'Adoua, que j'ai déjà dé-
crites. Comme à Adoua, la population peut être
évaluée, je pense, à 4?,000 habitants au moins;
mais la capitale des Agaos est le centre d'un com-
^ Dédjas est une abréviation de Déiljasmatch, fort employée
mirtoiit qimiid «m lait wmm le titre dïimm fi^c^rét
Ittf MÔ^fAtîïBf m$ âtîAOÎé 185
ïïiePit des pinâ acife. Un marché hebdomadaire se
tient pendant deux jours consécutifs sur «ne place
immense, située au sud-est de la ville. Nous arri-
vions le soir du dernier jour, et quoiqu'il fût à son
déclin, il y avait encore là une foule compacte de
nïsrchanJs^ im ÏÏtm ie jn«l«f ^ Âê é$mmx ei Mhmàéh à n'en pîiïs inir* Chàeati^atnpeâiJi^ lit place
même du marché, et ce vaste bivouac, que nons
visitâmes à la nuit tombante, offrait le plus curieux
spectacle, à la lueur des feux allumés partout pour
le repas du soir.
Tem fTomçîmnm^^^^l^^^tàm île oeffe àftivîié
cômmerfilale^ m piiï m mfpmtmm les habituées
éthiopiennes. Hassein, que j'avais envoyé faire
quelques provisions de miel et de café, revint avec
un véritable cbargement de sel, si bien que je fus
obligé d'acheter une nouvelle mule pour transporter
èetfé pésiiïte malîère. Ùa mM^mx^àt^ hMmamiqml fut mon étonnement,
«Comment! dis-je à Hassein, mais tu es fou!
Veux-tu donc mettre en salaison rAbyssinie tout
entière ?
— Ça fait rien, Kaouaga \ ça fait rien. Moi son
papa, wmî sen mamaiiv toi mm 2*«ïiitiîl# Ç^fiimss
[hemtmp d'ai|fent)*
— Je ne donte pas que cela ne coûte beaneonp
^ Kao^^gn^ ém. %m%mêê W^^0nùh^ mmiié m$be^ mmtié
m ABYSSlïêlE.
d'argent ; il y a du sel pour assaisonner la çuîiinB
d'une armée pendant une campagne. Maïs eafîni
qu'en veux-tu faire ?
— A Sokota beaucoup du sel, pas cher, A Gondar
pas dta seL Beaucoup d'argent ! beaucoup d'ar-
— le comprends;Um ^%6- I«i ml mte k
dar, et il était en effet prudent d*en faire provision;
mais comment pourrons-nous en transporter une
pareille quantité ?
— lopllô * pas cher à Sokoîa ; dôwle tîûgNÈanq
tbaîarit*
— lîfî^, gr#iin , tu veux faire le commerce du
sel avec mon argent ! Attends un peu ! »
J'étais si convaincu qu'on me jouait un mauvais
tour, que j'avais peine à me contenir pour ne pas
introduire dttts h dîséiiisîoii nn arpJûeftt a^l âo*
ce Allah ou akbar ^! Moi son frère , moi pas vo-
leur ! un grouçhe% un demi-grouche ^ jamais
voler ! »
%î. Wûbok , je dort li dire ^ fnteririnl I temps , car
plus Hasseîn m'affirmait son parfeit désîntéresse-
* Bogoîlo est un mot qui n'a, que je sache, droit de cité
dans aucune langue, mais qui, dans le dialêCte Mm^avions créé pour notre usage, signifiait mule.
2 Dieu est grand*
3 Le grouclie est monnaie de cuivre usitée à Massaauah
et qui vmt exmtùû dix eeatîmês.
mm.tÂmm- des agaos. %m
crn> lors mêmj& qu'il àïî la tèrîié, 0étaîf le «as,
parâîMÎ ; en cette circonstance, Hassein avait, par
exception,pris mes intérêts et fait réellement une
bonne affaire.
J'âî Mi à propos àvL imipéhé Mdoua que , dans t&
Tigré, on ^^lefctràit4e côionnad®^ «OîmwiB mottnaî©
divisionnaire; dans TAmarah c'est le sel qui a
cours.
Dans le pays des Danakils, un peu au sud-ouest
de la baie d'Amphila et au pied du versant des
montagnes de fHaraâiaî i se trouve , dans un pays
brûlant et désert^ un ïae entouré de solfatares et de
dépôts de sel gemmé. M. Théophile Lefebvre *
,
qui voulut visiter cette localité intéressante à plus
d'un point de vue, faillit être victime de son dé-
vouement à la science, tant le climat de ces régions
est é|>ouvan^Mêm^t eliand. Û est eôîitrenable d*a*
j^çiutfr qu'il ftiràït teiïté cette e3S|ïédit30n i uneTaau-
vafeê épôqm de Tannée (S }oln)i.
Lé monopole de l'exploitation du sel est entre les
mains des Taltals, tribus fort peu hospitalières,
qui habitent au pied des montagnes. Ils taillent le
sel en pains êe de long sur O^S de largeur
et O''^ d^éptîsseur , et lui donnent exactement
la forme des pierres à aiguiser dont se servent les
* Hié^pliilë Lhpebvrk, m Mfssittie, t II, p. 23et suivantes.
188 ABYSitsriE.
faucheurs 4e ïiôs campagnes. Pour môlitri^îr «aiïs
doute que ces pains sont intacts, plus encore que
pour les protéger , on a soin de les lier dans le sens
âeiettr ïongtfcèOTMee ontserte île ruLan en écorce
â^artre. Cette prèeîetise dep^èe^ foî ttiàm^^ âbs^o-
lument dans certaines pajfitg^da TAfrique c^îîlflile^^
devint, à une époque sans doute reculée, une mon-
naie divisionnaire, et Tusage en est général aujour-
d'hui dans TAhyssinie et dans les pays limitrophes,
ILm âhf^nliefl^i sans qûîlter 1mm incmlagîîes^
vont dans rHaraiOBt à Antalo et parfois jusqu'à
Ficho , acheter aux Taltals leurs pains de sel,
qu'ils vont revendre dans FAmarah et jusque dans
les pays galîtn^
ââtttalby Blé àtmni ïm ffidlgênes^ m a trenté
pains de sel pour un thaler; à Sokota, dî*-*ljîïil â
vingt; à Gondar, neuf à dix, et dans le royaume
de Kouara, à Touest du lac Tzana, on n'en peut
plus acheter que quatre ou cinq pour la même^ftiiiït ^*$r|0ïi. C^gt lifïï alors
I ésm ees damiers
cৠ, une ^<ftMîitté de mïew lliîM^sIfe # pipre^
m^i mnmnÊmmtkè tw le sel, i^eî^s égal , est
moins cher en moreèaut irréguliers que taillé en
forme de pains.
Les Al)|gsiniens qui se livrent à traie (m smâpmt in pîupitft àm tmmxâ&tsm] féftKsent assez
promptemeiit une petite fortune. La feçon dont se
LES MONTAGNES DES AGAOS. î«9
charge ce sel, sur les mules et les baudets, ne
laisse pas que d'être originale : les pains sont reliés
enserolble par d^ îâiîïii^4« ciiîr en bandes longues
j^titm ]êmm4^ pm& placés pat «sw^ts sa* îe émdes botes de somme , et recoutreirts enfin d'une
peau de bœuf tannée. Il s'organise ainsi de petites
caravanes qui , à Taller aussi bien qu'au retour-
passent par Sèfcgite^ «i ve-iNriéiït coïjiia»^^
des changeurs de êd ftiî Mi de îa «npîtale àmAgaos la cîtè la plus commeTçantô peut-être de
l'Abyssinie.
Ces explications calmèrent ma colère, et Hasselti
rentra en grâce,
(kwiïrettcwîf «^^^ guidés parW^Buboîs^
visiter la tîlîe el ses enfirons , lai iômBgtl^ïiê ée
liîedje Kabedé WSf rejoignit, portant datts iflûe
gaine en sparterie une bouteille pleine de raqui \
et Mon maître , dit-il au vice-consul , t'envoie ceci
comme haraket et te fait demander en échange un
l^îsleleî. m
Cela nfitis païmîssait mènÉïijeuï^ mfté^oiilÈilIe
ile lïiauvaîse eau-de-vie en échange d^oiï pîsÉîîél|
nous n'en avions pas d'autres d'ailleurs €[ue nos re*
* Le taqtîi , nùm àrîsfee donné i. iiné liqueur spéciale , et qui
par extension, si^^nifie alcool, est employé en Abyssinie,pour
désigner une mauvaise eau-de-vie, que les indigènes obtiennent
du tajdje par la diftîllatîim,
il.
190 ABYSSITO.
volvers, dont nous ne wQÎfettS pts ïiîîns défaire,
M. Dubois nous donna encore une explication
utile et qui ne manque pas de piquant. Lorsque,
fym$ nos pa|s civilisés, deux persôîiBES loilî»Efc
cadeau, îl est en effet dosage de totaliser Mm
générosité; mais la pudeur la plus élémentaire
défend de rien demander en échange de ce qu'on
offre et surtout de désigner Tobjet que Ton con-
voite. En Abyssinie, les choses se passent avec
mmm i*trtîic0> Bt h itu p^s , à cet è^mâ
plus édh^ qm la uêim^ pssséte miel ipi^nl^
qui ne peut être tradttît qïMe fîm Etie périphrase,
c'est le mot haraket , qui signifie : présent donné
dans Vintention d'en recevoir un plus considérable.
Lwij0 ÏÏàimàè ,malgré son jeune âge, coïrBâîssaît
d^4lo$sïef raîiïieaieïiite ie l^tîijtJôffe étfei0pîenne.
Daiît i'étpeîr è%n présent merveilleux , il envoyait
une pauvre bouteille de raqui , dont la valeur
dans le pays atteignait à peine un quart de thaler.
Mon compagnon de voyage accepta cependant, et, de
réiom if ttptm |rromer)a4e^ îï gm^n m jeune
seîgiretir tu Jélî irôlver de fôçh« avec une
vingtaine de cartouches; râflaire en demeura là
Jusqu'à nouvel ordre.
Liedje Kabedé devait à sa naissance tous les
boïiiiiê«j*r qtie Iuî reniaîf so» «ittourage , son père,
le Raz Tâîérî^ étant un des plm f^mmk 6i àm pluis
ricbes seigneurs d^âbyssînie*
LES MOÏÏAGAES DES A6A0S. 191
Chez les âmes bien nées
La valeur n'attend pas le nombre des années.
Et malgré ses quatorze printemps à peine révolus,
Liedje Kabedé avait parfaitement conscience de ce
Revêtu d'une lÉèmlse «©le cerise à ts^ntm
blanches et vertes,, drapé daas nm chemma 4 lîi
teau de soie, fine comme une mousseline, la tète
partie rasée, partie les cheveux nattés comme les
jeunes filles, les traits du visage gracieux et effémi-
nés^ les èmtréiïïifés Mtm it dHîimîfSi^ le teto
é$$if^ m VeM péÈ pQiit iine «baftmânl^ fiHaffe^
Cbftûiil defe pî56fltïce de Dahanah, 11 eût dû rési-*
der sur ses terres; mais à Sokota, au milieu des
serviteurs de son père, il s'était lait un petit cercle
de courtisans, et son précepteur, leFitorari Toukou,
comraeiine de ces mllèset honnêtes natu res qui com^
mandent toujours le respect, c'est le Meslani Imam.
De haute taille, sec et bien campé sur sa base, la tète
chauve, sans barbe, sauf une épaisse moustache taillée
etiteosse, la figure ronde, le regard Inôisîf ét loyal,
Je ne pttîs ïïîîmi îê dâïrim qa^en lé <î0œ|îtrâiit, sm
physique comme au moral, à ces braves soldats
dont s'enorgueillit Tarmée française, et qui, vieillis
à Fombre du drapeau, n'ont jamais cru qu'il pût y
avoir des accommodements avec le devoir et la con-
m ABYSSINIE.
èt^mce : je crois pouvoir affirmer que^lt ÏÎÊ&tenî
îmam est le plus honïiif© â¥fssîn[îea qn$ j%ïe
rencontré. Le Fitorari Tonkou éttft tttte auHilé,
Quant à TAzadje Ouhié , nops le verrotts bientôt à
Fœuvre.
Le soir nous reçûmes une autre visite : c'était
eiï^em |eMiii h&mrn^^ iCdlïii-li m pMîall poînt
mn léim^hé de solet îl éteît isteiplejoa^I ^M» à%ntmb usé. La miure semlilait pour lui marâtre,
caries traits de son visage, déjà peu harmonieux,
avaient été déformés par la petite vérole, et malgré
eelft SOU repïd êpïiXi laétoÈdique #t intelligent,
întpîrait fe sytopfttîîîei <^uel eontratle àm0 yed|e
Kabedé ! Il appartenait pourtant, lui aussi, à une
illustre famille : cNétait Liedje Féléka, le fils de
Tillustre vaincu d'Adoua, Raz Gobasier. Son frère
aîné avait suivi leur père en captivité sur Tamba
Salftinit , et m ialm> réduite à 1» lei^t^e «id^sè^
vitâîf ^ ïêiîï^e1 ân &mit èe m ttîîîes* La
pauvre princesse n'avait d'autre ressource que de
filer du coton et de l'envoyer vendre au marché par
deux esclaves, tout ce qui lui restait de ses nom-
Quand â Lielje Filiia, îl avait contageHseiaeitl
pris son parti de la déchéance de sa famille et s'é-
tait adonné tout entier à l'étude. Les prêtres qui
s'étaient chargés de son éducation faisaient le plus
grand éloge de son intelligence et des qualités de
son cœur; il était déjà, disaient-ils, fort savant;
mais tout se bornait , hélas ! à savoir lire , transcrire
et réciter des livres de prières. Sous ces humbles
dehors^ Je iît le Gûfcasliêrti emmné totitie h §mîè
M u tàeé. Kabëdé Mt ^^mtmiâ mtût WéUM^ m ap-
parence pour partager ses plaisirs, mais en réalité
pour jouir de son humiliation. Féléka souffre pa-
tiemment sans se plaindre , tant que les méchan-
cetés de Kabedé ne vont pas jusqu'à flétrir sa fa-
raillé î mèb Jour te Êh êm Bâa TêMri pensa que
sm ôfgiîëîî sertît apégMfïn^îtî elitlôttîllê re-
vêtu de ses habits les plus somptueux, monté sur sa
plus belle mule, il se promenait dans Sokota suivi
de Féléka marchant à pied, à peine recouvert d'un
pauvre taub en haillons. A cette nouvelle humilia-
tWHi ,qui dépassël fôntfô^ ïm ènlres^ le fils de fîo^
Imém seàlîl M rii^éilïey h smvBmr de s& màtkorigine : et Non
^dîMl^ Je ne marcherai pas à pied
derrière ta mule, car je suis plus grand que toi,
et je ne veux pas devenir le domestique du fils du
domestique àe mon père» » Kabedé, huûiilié à
SOU fouf , ïenonca â sa iproïiQenââe trîôÉî|ilttîfi.
CàOiiJïfte ftous nous rendions auprès du roi^ et
que Féléka était le fils de celui qui fut son plus re-
doutable adversaire, il eût été impolitique de lui
témoigner trop ouvertement notre sympathie. Aussi
m aîâîî |*olti& de F^^eua^é dt la iiîiît pcmr iMius
rainener , et nous fîmes remettre en cacliette ^ael-
îm ABYSSINIE.
qnes thalaris à sa mère, à laquelle le même motil
nous empêcha de rendre i/isite.
Lé ienlçiw^iïï Wïalitj^ îé dûHpstîcjue de Lîedje
Folirer que loi awîjt mmé^è M. de Sarzec. Monmaître, dit-il, te renvoie ce pistolet, quMl trouve
trop petit et indigne de lui. Pour dire la vérité,
il eût été plus juste d'alléguer que s'étant amusé à
dépenser tmim h^: tmtlméim^ Tmïm hû étaît
imwiï# inutile; peut-être es^éï^l4ï aussi obtenir
enfin un grand pistolet : il fut déçu dans son attente
et dut se passer de Tnn et de Tautrc.
On nous avait parlé d'une église fort curieuse
tailiée dans là montagne ; nous employâmes la jour-
ttéê ëû iMnémén à î'all^ fôîr.. M^m mm Mfîr
^&mMkT0$t de la villf k llatei^ âm mmm mn^vages et assez dénudés, où nous rencontrâmes des
bandes de grands singes cynocéphales. Je les pour-
suivis sans pouvoir les approcher à distance conve-
nûïh. tk mmmb0mi tiimquîllemeïillaf^imfâi maboyant ^ s%rêtet ie tmip^ â aa-tre, coïntne pomme nargiîer. ârpîf^tW* l^àord d'un escarpement^
ils disparurent comme par enchantement dans les
anfractuosités des rochers.
Au bout d'une heure, nous arrivâmes dans le
îonâ d^utt^îû jssez |Mtîôrôf^a& : nn petit ruisseau
s'en #<îliâpf4Ît> èmt h mmm, iMît câefeéé dans «n
massif de verdure, Cétait dans les monlagni^s qui
quêreî ïoiiisnous la cherchions cntaîm du regard.
On nous conduisit au pied d'une grande colline
dans les flancs de laquelle nous pénétrâmes par un
chemin creux. Après cinquante pas environ, nous
mm tmmmmk ïrfotte d'itp fetîl tmttû ^tlmmconduisît âii îmé Ckûfe trachée à cîel o^mt qmfii|aît à notre droite, pour contourner ttîiift énwmémasse de roc en forme de parallélogramme, qui
Tisole de la montagne sur trois de ses faces. Cette
tranchée profonde est relativement étroite, et le
Mpe immm$B qôi m -immi nous , ^'étiif
l*lglfee> fl m ité taïîlé , ereasé t p^lafend, %ïile^ co-
lonnes, murs, dallage, tout est d'un seul morceau
de pierre travaillé par le ciseau deTouvrier; rien
n'a été apporté du dehors; c'est à la lettre un gigan-
tesque monolithe. Au sortir du tunnel, on se trouve
m êNmê pmlM dm c^ïtâ ful âmm smèB dans
mm sçfte dè ^eMÎ&îjïis> Placâ dirtis tmm d%tt trati-
#épt , m vestïlttfe ïoité î?€l« 1 -^gls^r àh mmHgnBsur un de ses côtés, et, percé d'une seconde porte
en face de celle dont nous avons franchi le seuil, il
s'ouvre ainsi sur les deux extrémités de la tranchée
Uïïè pwîe îttterîôtrFè fermât de motiter in té0-^
bule dans l'église, dont le sol est surélefêv plft-*
fond de l'église est supporté par des arcades en
plein cintre, qui reposent sur des piliers carrés,
196 ABYSSINIE.
éJancés et ornés d'un chapiteau. Ces piliers, dis*
posés sur deux rangs, sont an lïOiulTre de six, ét de
cette façon formant pour ainsi dire trois nefs. L*ex-
trémité de Téglise opposée ïïm stslîbule est encore
séparée de la triple nef par une paroi en pierre et
divisée en trois compartiments, le tabernacle au
miiieii et de çîiiw|m côté une sacristie. Cette partie
est éclairé par une fenétrte fîtiite «w-^d^^^^ de Tmi-
tel et que snrnionle encore ttm croix grecqne éë
grandes dimensions, sculptée en relief dans la mu-
raille. Une seconde fenêtre latérale donne du jour
dans le reste de l'église.
1.0 ^1Cm.eg^i^lîl0^ô eotîle^^ et d'un grain itht^
in, M. Blén po m mM in granif, Il présente un
poli remarquable.
A Textérieur aussi bien qu'à Tintérienr, des mou-
lures d'un travail délicat et harmonieux dessinent
des pantittimx^ dès cOMîciies, des souîmsâements ;
î fîtàéfimtf iBOs pannfitti Mïïê fttf ccilonnes
sont ornés de fresqmas nm toUei, roprésentant des
arabesques et des sujets religieux. Le vestibule
aussi en était tout tapissé, mais ces dernières pein-
tures semblaient plus récentes que les autres. Les
pritres moutrèrfttt mm i&f wmm el imeroî* en euiirpé ronge assesMen fmflllîès et desti-
nés an culte.
Au-dessous de l'église se trouve une crypte, taillée
encore dans le rocher et qui sert de caveau sépul-
LES MOXTAGIVES DES AGAOS. 197
ertL s* Dtibôfe^ lîàa* Mrtît cl%terprète pour obtc-
ftîr im frêfret ç»?rfq^n«s rémeîgBeïnents înfétes-
sants.
Lorsque Tenipereur Atié Kaleb, dont j'ai déjà
parlé, fut revenu victorieux de sa croisade en Ara-
bie, il voulut, autant pour perpétuer le souvenir de
son Momphe que pour f^^âidre grâces t Uîétt îu
siïeçès ân sm entreprise^ Mger un monuineut digne
de lui, et cette église fut creusée psr Sits ordres en
Fan 522 de noire ère. Les fresques sont d'une
époque bien plus récente; c'est au commencement
de ce siècle ou à la fin du précédent qu'elles furent
«xé^ïtttées îe Ooague Cbôum Gramadîïre^ père
àu Gùhaswr et aîeuî de Lîfdjie Fêléka,
Cette église devint la sépulture des maîtres du
pays. Dans la crypte se trouvent deux tombeaux où
sont inhumés Ouague Choum Konfou et son fils
Ouague Choum Hassein. Quant à Gramadine, son
ceJ^iiéfl: est déposé 3t|ts le péristyle de l'èglîse.
fém sont âes cofiries^m Ws^, re^0?eHf ën éÉkronge et ornés de clous en cuivre. Les corps quils
renferment sont, paraît-il, momifiés.
Je me hâtai de prendre un croquis et de relever
appro^îmativement le plan de cetle curieuse église.
(kwflïewffïJt «Jllôîfô partir^ vitit wne léaiine jeune
Étli^leëîicore^ mais portîmt our son visage mélan-
Côlîqut le stigmate de la misère et de la douleur.
Cependâiit sa démarche, sa physionomie, ses vête-
198 ABYSSINIB.
ments pauvres, maïs propres, tout en elle dénotait
qu'elle n'avait pas toujours été dans une situation
malheureuse. Intrigué de cette rencontre, je de-
mandai qui elle était. La pauvre femme descendait
aiîssi d'une uoMb faralî^ t$mm^ et
dé<&ië éè $m miii^m sfdtïïdôiir* Lm hommesillustres qui dormaient de l'éternel sommeil dans
l'église d'Ouquère avaient été ses ancêtres, et elle
venait prier sur leurs tombeaux. L'une de ces sépul-
tures Htît eiicw i^i««mf«rtt ê^wm ébmÊim ê'mihm M êî éofeiim^ mscalle #iîiit Im^ tache de
sang ; c'était la cliemma clw Ouagiie Cboum Koiîfô»,
celle qu'il portait lorsque, dans une expédition contre
les tribus du lac Acbangui, il fut frappé à mort. Le
sang qui la tachait avait coulé dans ses veines, et
t^êM 4e te même sang qui coulaîl eïw^te ésmcelI#S de «felte înfortntès iîïe des Ouague Chouuï.
& iâ voir à genoux, bâîser #féc respect cette pré-
cieuse relique et invoquer son aïeul d'une voix
entrecoupée de sanglots, on sentait que c'était là un
cri du cœur. Honneurs, fortune, puissance, tout
s'êtaîl èmatmi pour elle depwîs longfemjis» ce
n^iltît plm ee qtj^elîe lemtndaît mm imit d'ar-
deur; mais elle était mère aussi, la pauvre feiïïitie,
et le Fitorari Théodellé, son fils, son unique appui
peut-être, lui avait été ravi. Sur des ordres venus
de hmîf h lïesliïii toata fméî Mt charger de
chaînes.
LES MONTAGNES DES AGAOS. 199
Peu de pays peut-être offrent tant d'exemples des
tîdsstludi^ iuiatîiie^^ et peu d*lïWWfiS atitsî sairent
s'y soumettre atrec autaîit4eréSlpôtfoiï> C^es^
instruits par Thistoire de lettfS^|>tri!B% îît <îom«rfeot
Tespérance. Puissants hier, vaincus aujourd'hui,
peut-être demain reprendront-ils leurs dignités et
leurs richesses...
E tfÈ^B mm ioiMte Min des ^oses eurîeiiges â
t#lr# k appr^nèpè à Sotota^ et beiïucôop de ém^mantes bestioles à récolter, qui eussent fait bontté
figure dans mes collections ; mais il fallait partir.
Le roi, pressé de se mettre en campagne, avait
donné Tordre qu'on iii voyager ïe fîçe-ctn#ttl im^
rapidement que possible* l-è lîêpil^ Ittl èii #0ijsl*
quence fixé au leiidemtm^ wittîû^
Mon compagnon de voyage avait une délicieuse
petite chienne de chasse nommée Lolotte, et qu'à
force de précautions nous avions jusque-là sauvée
îii B^pard. Bepuîs longtemps déjà la paufre Mt«semblait gmmmmi^ îttaîad% mm m^Géom ftie
c'était du ténia î malgré nos t«te elîe péiit k
kola. Cétaît le second chien que nous perdions de
la même façon. Intrigué de cette maladie bizarre, je
résolus d'essayer d'en faire Tautopsie, et je trouvai
âïïtm le gtm lûtestîn irn fragmeai le lèmsi ^Immtoccasionné une inilamïttatwtt terrible; |e le cô^
serrai dans un tube qui malheureusement s'est
brisé âîi cours du voyage* Cette pauvre bête était
200 ABYSSINIE,
évidemment une victime du ver solitaire. Sa mort
fut pour nous un véritable deuil.
L'heure lia dépar^^ était venue; tous les porteurs
mmt sïMïpesè les «aisses^ les ballots et longuewieiit
discuté, cbacutt se résigma enfin à ptendriB mcharge.
Nos mules étaient sellées; nous avions notre
C0Sttî^f èe voyage, déjà singulièreîneBt d^éirl^^
lîtt jpèifâïïftr ef folgnawi f&mM è H «^*ïltu?e
êms :«a vaste cartouchier , on nout içâï ptfe^ dans
un pays civilisé, pour des détrousseurs de gratid
chemin.
Nous n'attendions plus pour donner le signal du
départ quela t«àîïé de^lie|^ mmmalj&m iiîfe m» mSïmx^ II m m fit ptts" iÉtçïïln&.
Mais quel «haftgement ! Le jeune seigneur était
revêtu d'une simple chemma sale et usée, les har-
nais de sa mule étaient tout déchirés. Comment,
papillon brillant, éfilWHweîïU stffi|)Je lîfii^^
Il avait fallu un lamîMMm pmissâttî m^t Mvà^ pour
amener une telle métamorphose. liei^J^eié se
hâta lui-même de nous l'apprendre, car son orgueil
souffrait évidemment de ce misérable accoutrement.
Il venait, nous dit-il, de prendre le deuil, et son cos-
ttiï««m étâît ïa ff Les l^ssîïiîent^ k la mort
d*un pareitt ou #un ami, revêt^ttt in à$ deuil
les ijêtements ide leurs serviteurs. Nous entenpdîons,
îMt M^mt&mËS DES 201
jBlï è&^^ iàm «oe îMaîson voîsîae> des cris et des
gémissements; mais ces démonstrations bruyantes
sont si fréquentes en Abyssinie que nous n'y
avions pas pris garde. C'étaient les gémissements
d^ iîiàftpies payées pour plcBfidr mt le corps
d*iifl0 |ifrîiîc^S0 Oîsefo^ Saliîm. Qa^îqu^'elle îàt la
seeUr àê G^oiasier, on lui rendait de gran^dt lôû-
neurs parce qu'elle avait épouse un des parents
du roi lobannès et pris parti pour le vainqueur.
L'Ethiopie est bien décidément la terre antique
$» perpétuçîjt |es wsi^és dft sî|^|«s passés,
O&fliïfflm à Rome , «ofiiiMe^ k âîBèBe^i iîdiniftt êsm la
vieille Egypte , dont les nioîïwfliâïils mmuiênt en^
core les vieilles coutumes, quelque personnage
important vient-il à mourir, ses proches et amis ne
se contentent pas de pleurer sa perte dans le recueîl-
hmmi d0 là dôtiîeitr* ît m 4^^mi soît pî^
le monde, et que les gémissements et les saiïglofs
soiententendus de la cité tout entière. On convoque
le ban et Farrière-ban des serviteurs; des pleu-
reuses à gages sont louées pour se lamenter sur le
morts el f quand i&ût mmmàè mirèxim m^&W àu
cadavre» un coryptée m détodie dii k lôute^ et» en
termes émus, retrace les vertus, la gloire, la no-
blesse, les hauts faits du défunt;chaque strophe est
suivie des cris, des sanglots, des lamentations de
l^sistâaee entière. On îuS r&pf<>éfee sôû iiigrali^
202 âBYSSIIVIE.
tilde : « Pourquoi, s'écrie rimprovîsateur, as-tu
quitté tes parents, tes amis? N'avaîs-tu donc pas
nn époux qui faiœaîti des enfants qui te respec-
taî^fetf HTairats-iu pas le^ hmnmM^ les rîcléssés?
Es-tu donc sang fiÊé^ qm im laisses udb fenjîlle,
des amis plongés pour toujours dans la douleur?^)
Et les pleureuses de se tordre, de pousser des
cris, de s'arracher les cheveux, de déchirer leurs
Citait mm scène m gmtê^^ tpà pai^aît Itnâ
une maison voisine^ autour én cadawô de Oisero
Sahim,
Escortés du Meslani,
qui vint nous conduire
jusqu'à une petite distance de la ville, nous quit-
iémm BdktM le f lïovjettifer^ i iîjt îieafes pî émalM
du malin*
Mous franchîmes une montagne escarpée i et,
laissant à nos pieds, au fond d'un pittoresque ravin,
le village de Abou-Iohannès, renommé, paraît-il,
pt>&r ses églises tittérées ©I It laîiiteté êé ses
prllres^noîîs ciHitîntiâmes k marcher sur un plâjtean
IlefI pt |*tipect sauvage. Hous redescendîmes par
un sentier semé de pierres roulantes, au milieu des
buissons épineux et des kolkouals, et trouvâmes un
torrent qui bondissait entre les deux rives escarpées
di'une méàe^ Basaltique lletrltre, qui, mm ses
crêtes ¥Îves et lowWûttoHis^ sêmîïïaîi aîiè iSroaïèe ie
laire à peine réfroî4ie. C*était k ritière Méri,
mxTAmm nm àùAm. mDans le fond de cette vallée , où nous marchâmes
un certain temps, la végétation était plus riche, plus
ahondante. De petits ruisseaux, dont le lit, le plus
souvent desséché , servait de route aux caravanes,
ifâlieit jOttibragés de grands et hmmi «rÎMP«t* fmûaaÉaot^ ii^tfe^idaî^ êm ïàmtàpÈ éB mw^é. âu mî^
lîeu de ces champs, se dressait une plate-forme en
paille supportée par quatre poteaux, et, du haut de
ce belvédère, un jeune garçon, toute la journée, tête
nue au soleil, armé d'un chiffon ou d'une fronde,
s^îferpîl, pur s©» .gj^t£î!$ etm m^îmmMteîet taitâîatïôaiÎJftM^ d'oiseaux qui venaient
faire 1010 réeçllP p^iwattîrèê.
Sur un mamelon perdu au milieu des kolkouals,
on voyait les huttes du village de Mizerem, misé-
rable hameau, qui semblaît inhabité.
I/ï^ î^ptîô^samîc^^ et pompewm#ffljï^ïîdi
ei d® ^fcôtft îî#îï& affeiït èaîîîïiïés a voir venir au
devant de nous les autorités du pays. À llîtiçeni^
il n'en fut rien. Mon compagnon de voyage, qui,
faute de tente, avait coutume de loger dans une
hulte^ çb^tçîiâit tîi irâîîi un gîte. Kous réclamions
àe$ fmJm tm émm^timmmw^mmBMM de
?0|ageura. Impôtsîllè de rîèîi oMèiîîr,
Le soldat qui nous servait de guide et d'intro-
ducteur déclara qu'il n'y avait plus de choum dans
le pays, et que personne ne voulait lui obéir. Le
goïiteraéiïr àn diitrict> le Dcl|«stailtA Enguéla
,
:04 ABYSSINIE.
était parti, disait-on, dans la montagne chasser le
lion, aOn d'écarlef tôtit danger de la route que wtfttS
devions sttître. Cêtaît d« M part ane attention imp
délicate, car, en son aïisence, nos hommes surtout
étaient condamnés à mourir de faim. Le lendemain
nous eûmes la preuve que ce n'était qu'un faux pré-
texte, quand le Bâcha Samrou, — le soldat du roi,—^
tîfiî iïôîîs dire qu'il JM âlait îinpostîfelè 4etP0tef€^
un seul liomaie pùm p^r^ îïo^ b^^gesv Ums fen-
voyâmes à Sokota poar t^éêkîiïBr rassistoce du
Meslani. En même temps un autre soldat se rendit
près du Dedjas Enguéla, pour le prier de revenir
dans son village, afin 4# wm lôtttptr les pôrteuTS
Bieeemîres pour contkttuer mkà ^<M3ie>
Bans raprés-mîdî^ des rumeurs înqnîétantes cir-
culèrent dans le pays : deux Dedjasmatchs du Raz
Téféri avaient été battus, disait-on, et faits prisonniers
par Zagaïé Bourrou, le frère du fameux Ali Bourrou
vaincu et tué par le Bàz f^îM^ ^âmthMm^mmi^raît dêinîtîteflièttlàS^ trône.
Sachant combiefi Î0& Abyssînîéiis $ont enclins
à l'exagération , nous n'avions que médiocre-
ment confiance dans tous ces récits, et cela ne nous
empêcha pas d'aller nous promener dans les envi-
t(mâ 4tt village. Je me mis à recueillir des îiïâectès^
é côijiÉPitpT^ Iés f«^iCant^ #t fm^ hîmiét QtiMîé
toutes nos mésaventoes. Lorsque je rentrai le soir
au bercail,Je n'appris que de fâcheuses nouvelles
LES MOATAGAES DES AGAOS. 205
qui, cette fois, paraissaient authentiques. Le Bâcha
Saiia«iiu, fni msM Mt diligence, était déjà de
ï^toor de ^telâ, aïttéïîtttt à^^itti mtf rettlbrt de
quatre hommes etVAszadje Oubié. Je B%fâ|s fûèrô
fait attention jusque-là à ce dernier personnage.
C'était un homme gros, gras, rebondi, le vérilable
type du trésorier, qui sait amener dans son escar^
celle les ém^ àemm rné^p ^s^m^é$m h prmm^
rer Im tenanciers. Cette i&m^ eMmm^ ces yeux
clignotants, perdus dans des joues bouffies, ne medisaient rien de bon. Quant au Bâcha Samrou, il
était fidèle adorateur d'une bouteille de raqui ou
i^m 6mmlm M iMM^à^ mm^ m è&ïàèùtmt htm
gàrpïi^ %Tme et 4èirpoi* lia positkîi iew#tendae : non - settltSient les méfiiiîfe dct eftotiïla
(insurgé) Zagaïé Bourrou n'étaient pas imaginaires,
mais d'autres chouftas cernaient la ville de Sokota
elle-même, et le village où nous avions couché trois
jours aupttrairattt âlajt mâm Immmmm^ hBW^mûnTOS envoyait seulémeiit quatre liommes, en s^exca-
sant de ne pas venir lui-même à notre secours ;a mais
si j'abandonne Sokota, disait-il, les ennemis vont
s'en emparer, Nous nous trouvions entre deux feux*
Le Dedjas Enguéla n'avait jamais songé à chasser
lelî^î m rfêtalt ÇtirtïB» l&mîe pour gagner dtt
tèiHps^ eé BOBS nè éotttîons' pas gti'îl ne s©
bel et bien liîîs en ètel ^îtim^^G^on. Cependant
le soldat qaè ntJusavrons envoyé vers lui n'était |)as
206 ABYSSIWIE.
encore de retour, et il nous restait une lueur d'espoir.
L'arrivée de TAzadje et de quatre hommes de
renlart sèBalïïa pi^eâtiîre m Iwwi éM^ m nous
èmm tîîie taeîiè én ptiMïBlimt des porteur* pmr lé
lendemain. Piège que tout cela pour iï0mé|ûi|^«r
de Sokota et nous faire tomber dans un guet-apens.
Il était tard, la nuit porte conseil, nous allâmes nous
coucher.
Le leîîâeHïaîn ttiaitîïi, îï imm mitnqiîtît toxiradtoès* îfen^seiïlaineBt oti mmt repris celle (p^mt
avait donnée^ îàais, avec elle, on en avait v^ïê
une autre. L'ennemi était donc tout près de nous
et devait même avoir des intelligences dans la place.
Cela nous donnait à liSédhir.
Le tolâMt mévâ im em jentrefeîte% et Efot avéré
^e le Bfe^s s^étaît dêfilirl cliôufta. La
route était coupée, que faire? Retourner en arrière?
Mais Sokota était cernée aussi, et fuir n'aurait servi
qu'à accroître l'audace de nos ennemis. Nous nous
rêîinînias eu, <msM ûà furèot ijpwvïMjïiét ritoiît
Ôubîé M le Bâéhn &irardii. €e Égniîer prît lâ
parole : ce Le roi, mon maître, dit-il, m'a donné
l'ordre de veiller à la sécurité du consul et de
ceux qui l'accompagnent. La route est coupée par
les chouftas, je ne puis prendre sur ma responsa-
bilité de le meîïer plus loin* i^É mîmtm à
Sôloiôt fW ï80HQiÉsïe trower 1* je lai
ilraî votre pôsîtîon çritîinie; îl enverra un déta^
LES MONTAGNES DES AGAOS. 201
chement assez fort pour soumettre les insurgés, et
vous pourrez continuer votre route en sûreté.
Ii^l^arf|e Oalîê ii^^tait pas de cet svîs î i^li© roî,
rexpédUîoii qu'il entreprend contré lé Godjtttiî
à Sokota, vous ne serez guère plus en sécurité
qu'ici ; marchons de l'avant, je me fais fort de vous
frayer la route. »
Blé» â^opiMM SI àîteeiité^j lei àm%étaient â^accïïri p®iîr|t]^Bê^îé cc«r^iiî d©ïran
h question. Us vQïiîâtot évidemment mettre de
cette manière leur responsabilité à l'abri. Nul heu-
reusement ne comprenait le français et nous pûmes
délibérer tout à notre aise. En présence de deux
opîitois m ilâifeêfmleî«eïrt <>fpo^és, nous è$mmMrî éJûBamiaés. Si ^Bmêm B&mmny homme de
guerre, qui ne rêvait que pitiés et bosses, nous con-
seillait de rétrograder, pourquoi l'Azadje Oubié, qui
n'avait sans doute jamais livré bataille qu'à un
festin ou à une amphcre de taidje^ faisait-il tant le
lepa^tebf i fié mmm§& é pe^ en rapport mm sâ
toiïrtttîM né nous séBtiMail pa^ de hm aloî ;
malgré mn éloquence, il n'eut pas le don de n^tx^
convaincre. Nous répondîmes, du reste, d'une ma-
nière évasive. a Etranger au pays, dit M. de Sarzec,
Je ne puis juger aussi bien que vous la situaltott»
Bîtn qm Tavis du Bâcha Samroa me smiMè le
plus sage, il lamt, avant de reloumer à Sokote^
908 ABYSSIN lE.
Mit épuisé tous les moyens de maricher en
àTant. »
L'Azadje Oubié avait son idée : c'était de nous
mener dans la gueule du loup; nous étions vendus,
comme nous eu eômes plus taipdi la pi^ûve* « Ek^
m^0m d'abord, dit-il, un second messager mMeslanî Imam. » Bien <ie plus naturel , et il
donna des ordres en conséquence ; mais ce fut un
de ses hommes qu'il chargea de la commission,
a Ensuite, ajouta-t-il, il nous reste encore un
moyen : le dfslriet t^jîsin à pour chef le Dedijas
l^îlifa» (^elutt même qni çîeni i*être feît pn-
sonnier par les chouto,^ et, en son absence, le
gouvernement du pays revient à son fils Liedje
Kassa. Par cela même que son père est aux mains
le î'eAne^î, mm pouvons ie«tmptier âur m idén
litév Eiifoyons-lui un messager, et, s*il se sent
assez f0tt,. il viendra nous prot%jÊr. « pirtî nous
parut sage, et l'Azadje fit encore partir un cour-
rier dans cette direction.
Le conseil fut déclaré dissous. Prudence est
mère dé sûreté I litron î cet adage nous retint h
propos en mémoire, et nous nous préparâmes à
une vigoufeuse résistance en cas d'attaque. Avec
M.Dubois, quinousavait accompagnés, et M. Piajjia,
nous étions quatre Européens; chacun de nous pos-
sédait au moins à$s% fusils, BouFtou ét0 w&iannê, et Hasseîn, daus l'espoir d*un gr<» bénéfice.
LES MONTAGNES DES AGAOS. 209
avait acheté avant son départ des fusils de pacotille,
powr les revendre au du i^oî. Je n'eusse pas
voulu M*m servir pour to^t mmméB, amîs tout
fait nombre. Nous nous mîmes tn detoîr <le londifo
des balles de tout calibre; chacun reçut une distri-
bution de poudre, de balles, de capsules. Nous
avions bien vingt-cinq hommes et nous nous trou-
iïommmh mmir h îatéte 4*ttïïëiti*tttâîn» le fusils,
Cêtôit ane vêfitaMe armée. Kous la rangeHines
en bataille d'un aîrTOetOoeux. Tout cela se piissaiii
dans le village, en présence des indigènes, que ce
déploiement de forces semblait vivement impres-
sionner.
Lajôufûéê s^ançait cependjEffli, etnm c^uirîers
m reveHaîent pas. £eltti que ràiKtdje ataît enifoyé
"Béï^S Liedge Kassa nous rapporta le soir une ïut»-
vaise nouvelle. Le fils du Dedjasmatch nous assu-
rait de tout son dévouement , mais il ne pouvait
quitter son pays, prétendait4l, retenu par l^tî^éces*
sité o^b ïl se trouvaîï de F^mtmr les noiftlireîrx awîs
qui waiêîïtîttî elîrty ïeursJîompI^^ de condo-
léance sur le triste événement à la suite duquel son
père avait été fait prisonnier. « Je suis tout prêt,
ajoutait-il, à vous recevoir; venez, et je vous proté-
gerai î la rovte est sure àm^ nijoiii pays.» EtrAzadje
de broder sur ce thème» aioutant qti'îl avait des
porteurs, et que nous partirions le leudemaîn
matin.
12.
210 ABYSSIIMIE.
Cette réponse, hâtons-nous de le dire, était trop
singulière potiir mm mtmaimtt i mèkmm isfi-^
rîoftsioï^owî^^ 10 Meslanî de Sekota^ înstrttït ie
ftotr& |iôj#tïGn tiendrai t nous tirer d*affaire.
Nous nous couchâmes tout habillés, après avoir mis
nos armes à portée.
Au point du jour, nous étions sur pied ; FAzadje
dûrBïâît ênrc0re*
Sans dotiïa il supputait di?Jâ| dans &m têtm^ le
nombre des thalaris qu'il recevrait pour prix de sa
trahison. Nous allâmes le secouer, en lui demandant
où étaient ses porteurs, et Je vais les réunir, dit-il,
mom ïïUms partît^ n ^iisonge grossîéri 0©
pôrfettrs^ 11 n'en aimîî |amtls noias ravîons
toujours pensé. Après avoir, pour la forme, erré
dans le village, il revint seul.
tt Les gredins, dit-il, ont déserté cette nuit;
mais peu importe, nous allons leur montrer
qtilan w& se Daoque pas ainsi à'm âiaîi|év jyis»
mm M Im l^agages ; alksâà rt|oîHdre Lîedje
Kassa, et avec lui n&v^ pourrons châtier ms in-
solents chouftas.
— Laisser là nos bagages, pour que les bandits
s^eii emparent sans coup férir > ce serait être par
trop naïfo î
^ Mh Mm^ ft^Mm §Mâmm un Jour mcore ;
Je trais envoyer un autre homme au Meslani.
— Assez de courriers comme cela, et trêve de
LES MONTAGIMES DES AGAOS. 211
discours. Tu n'es qu'un traître, et si tu désires si
fbfl ïïoiïiS îa»Bjfer m msiMi ^imt mus re-
mettre aux mém te dhoûÉâs ^ et pèrfaj|er a?ee
mm nèi dépouilles. Va les rejoindre, ndtîs^ tt*â*-
vons peur ni de toi ni d'eux. Nous retournons à
Sokota , et nous ne tarderons pas à t'apprendre
qu*onne se joue pas ainsi des Franguis. Au revoir;
porte-toi tien ! »
lit «lallîéorèïnc Itaîl éimâ j il m mit 4 à$m^nmm pour protester de son dè?Ottêi»ent et de son
innocence, nous suppliant de ne point retourner à
Sokota. Plus il insistait, plus nous persistions dans
noire projet. J^ajfâis àiioriMi$eïneiît âm moIbs de
<Éti^g« ; iipisi ©aîai^nî^s Imiy tu rîsque^ de
les éïéînler , nos objets les plos prlcisajt^ et nous
laissâmes quelques domestiques à la garde des
autres bagages. L'Azadje était toujours à genoux,
comme pétrifié. Son bel échafaudage s'écroulait, et
il toyàit af0© jitîés s^«iïlttl^ lilajàrîs* Là ptar I0
clouait sur place : donner k ses^l^gues le mgmld*une attaque subite, c'était signer son arrêt de
mort, car, il le savait bien, notre première balle
était pour lui. Il se trouvait à son tour pris entre
deux feux: à Sokota tout allait s'éclaircir ; nous
refiendrîaiïs mm lôûle %t$ troiip^ respec-
table. Bm Ben pièces d^i^emt» îl poimiît s«p-
puter miitifcêôant les coups de bâton qui allaîfftt
marbrer ses reim de taches sanglantes^ et la pe&aii-
213 ABYSSINIE.
leur des chaînes dont fl siîaîi làtifét Crétaîlfîâîsîr
de voit sa i|çwva«ti»ir Ifesi 1^ ij^ftânies m lui
Grand fut Teffroi dans Sokota, quand on vit notre
bande sur le sommet de la montagne. On nous prit
pour les chouftas ; mais on sut bientôt que c'étaient
Im Wfmï^ak. Mmm. èmmtéîttm cfca^ H. Dtifcoîs. Le
Meslani^ foi^ii ^ï^prîli se bâta d'aecourîr.
^ ÛMQftïfi^ial, mmm $méi^ xi^m f Vms n'mez pas
reçu les courriers de TAzadje?
— Absolument rien, » dit-il.
On envoya cbez Liedge Kadebé.
ti — Rien non plus, w
Toutes les paroles d'Oubié n'étaient que men-
songerM JiœiÉiefies, U n'avait jaratîs Mm&^ê nwftttll
coumefv plttsi Sokota qn^aîlleurs,
hë- Mmhm ^eïûbïaal fort embarmisév Qïisnt à
IJedge Kadebé, qui, entre parenthèses, avait déjà
quitté le deuil, il eut un mot naïf et qui le peint
tout entier.
tt Pourquoi, dit-il en s'adressant au vice-consul,
ïï*âMiï |ss I^M MtçtrfM foùlt ^elle csïwîlle ? ^
iC^i^tMm ïk me rtptïtîe #fiil»nt giii. Mâk^
pour rinstant , îl ne s'agissait pas de faire bâtonner
des rebelles qui couraient la montagne ; il fallait
d'abord les prendre, et Sokota étant cernée de
toutes parts, le Meslani, à la tête de douze à quinze
XES MÔltMiîES DES AGAOâ. mcents soldats tout au plus, se trowrait dans une po-
sition critique.
(t Raz Téféri, mon maître, d'accord avec le roi,
m'a ordonné, dit-il, de veiller à votre sécurité,
et de faire arriver le we*-€©iïsnl | BitetÉhor le
plus promptameRf peimBle, ctt le I^^Ufs î*ât-
imâ avec impaiience. Les ordres sont formels;
je suis soldat, et je dois obéir. Mais la route est
coupée, et si j'abandonne Sokota pour vous escorter,
je livre la fifle tttx ewiiemis, car je n'ai persôttjtte
m$. feratpIsHjet^ J^:Sttîi êmlrMm séul^ istifourè
de traîtres ; je H'ai pas un Borame sur lequel |e
puisse compter.
— Je ne veux pas, répondit le vice-consul, que,
pour moi , le Négouss perde Sokota. Envoyons
irei« lui le Bdsebt Saîstou, et atïenions lel m ti-
ponse^ Si les ennemît ^Hâqnent la flUe^ nôus
iFôws battrons avec toi. Je prenls, prêt du roi , la
responsabilité de cette décision^ que me dicte rin-
térét que je lui porte.
Le Meslani demanda quelques instants pourréflé-
BfeftsMmmMm m Sôkota ; m retati im wn^Isawaît pMé J'aurais au moins le temps d'étudier le
pays, et, au pis aller, une bataille serait un épisode
curieux. Le Meslani pensa tout autrement.
' ^ fotts ne p0Ute^^ #1-11^ rester â Solota î méiiB
seittMeiîi<ïïis mâr peur , l'iiuéace des ennemîs
214 AB^BilIE.
s'èn tfogmeateraity et si Um tmm «ttt^tïftîénl^ nomserions ceftftîmenient battus. Puis wtf^ séjour
est ruineux pour la ville. Le Négouss a donné
Tordre de traiter le consul de France comme
un prince. 5)
En eflet^ cinq cents pletles de l^inrab defâieïil
chaque Jour être foumfes à fiôs Èommes, et p©tr hvice-consul, chaque jour aussi, une vache, un pot
de miel, un pot de beurre, un nombre incalculable
de poules et d'œufs, et enfin tout le lait des vaches
du pays ! âsfttî#o#îil ï©fet«t]t|s pfftaît le wc#*-cf
sôlpottr un ÊÉtr^aiittia. Mm% miim^ ipmeêi jmqu%ce jour, ces ordres royaux.
L'hospitalier Négouss en voulant faire trop bien
les choses avait dépassé le but, car c'était inévita-
blement là la cause de TefiTroi des choums de village
à notre arrîtréè* &îxmmm attaîl jôffiam^ mi msà^
ieiimâ ie femblablas lûiiMitagiïes de^î^totiËès, et
sotivent ttîijQtie iios gens, aussi bien que nous,
n'avaient rien eu à se mettre sous la dent. M. de
Sarzec se récria devant cette longue énumération
èn tribut qu'impomît sa pi#èfflpé|^ #1 déclara que
nous étions dîsp^ls à mm ^frii^ler tlïifinîjïiettl
moins, c'es^iniîïé lû jrtrîçt fiècessaîre.
« Si je ne vous fournis pas, ajouta le Meslani, tout
ce que le roi a ordonné, personne ne le croira, et
je serai regardé comme concussionnaire. Si vous
v^mm fm tîum Inité ijtrloût ,croyez Mm
LES MoitâGiis to&s Aââos. mb
que le peuple a payé, mais que les chefs ont em-
poché la valeur de cette contribution dont chacun
a, d'ailleurs, le droit de se libérer en argent.
Vous, ne pouvez rester ici, mon honneur y est en-
gagé : soldat, je n'ai jamaîs ^eenlé, et goufirnétir^
^ Wrai jtniaîs mlè ; je me trouverais émê l^alter-
native de ruiner le pays ou de tefïiir ma réputa-
tion. J'ai quinze cents hommes;
j'en laisserai
mille à Sokota, la présence de Liedje Kabedé
entravera, je pense, les trahisons, et moi, avec
cinq cents soldats. Je vous accompagnerai jusqu'à
ce qmmmmfmm sôtiÉé* ^
Nous ne pûmes que serrer la main de cet hon-
nête homme et déclarer que nous étions prêts à le
suivre. La journée était très-avancée, et le départ
ftït remît a» lendemai»^
Les i^ôaftastte «^étaient fm atteft^as i mèêmu^mmtt qttî retiviersait tous letitâ projeta* âttîssî, teavant notre départ, le Dedjas fâîgiiéia, prévenu par
son complice l'Azadje Oubié, envoyait au Meslani
un serviteur protester de sa soumission en offrant
lemmMm tB^&mt # à& omis Trow^ë
ttmfmmtètê îûm^ hWMmâ aewaliît pas croire à
son repentir, et nous nous mîmes en ïtiarche pré-
cédés de joueurs de flûte et de nagarits. Cinq
cents hommes nous suivaient cavalcadant au milieu
des rochers et entonnant déjà leur thème de
Notre mitré* à Mmt^ lût mû trîswîïplîe. Tous
les bsMlaïtts mm awmftillreût des <îtlt 4e
joie; TAzadje vint au-devant de nous le sourire sur
]es lèvres, mais nous n'eûmes pas Fair de le voir,
et, continuant notre route, nous escaladâmes la mon-
tagne, Feâescen<îîio€S lia sitmi^^ i$ÎIé«^ où
coole la rivière T^la^ fttî ^^oîfldre lé llèrî|
^ratissant imâ môftlaipîe k par un chemin
en escalier, nous campâmes au village de Chou-
quoua, perché comme un nid d'aigle sur un roc
escarpé» De chouftas, il tt'eii était plus question,
lottt èttît rentré ààm fim^M contins irne^ hmàed^écoliers à la vue d'une férule.
Le Dedjas Enguéla, devant ce déploiement de
forces, vint se rendre à merci. Avant d'aller plus loin,
le Meslani supplia M. de Sarzec de lui pardonner
ainsi qu'à TAzadje, lit #Ke-^ôltsttl f eott^
êitê B^èsbke^m qm avait été si bienveillant
pour nous.
Les deux coupables furent introduits; ils se pro-
sternèrent le front contre terre, tenant sur leur cou
nm énorme pierre, et rest^ïtnl^ #rft6 jpositfiiû*
Jiiâftt^ït ce que letîee-eontnï leur eût lait signé le
se relever.
Je fus, plusieurs fois depuis, témoin de cette
humiliation volontaire, à laquelle se condamnent
les vaincus pour obtenir un pardon qu'il n'est pas,
d'aiieaps , de leur .refuser^ gnrtont
LES MO\TAG\ES DES AGAOS 217
jurent par le Nég[ouss Imout (la mort du roi) de ne
pja$ réioâiber ànm h même Itote. Hôs d^mes»»
^qum nièteni et abusèrent soturent de rimmunité
attachée à ce serment.
Heureux d'en être quittes à si bon compte, les deux
coupables s'en allèrent sans demander leur reste.
Liedje Kassa aussi était venu au-devant de nous;
jamais îl n'avait reçu le âôi^âîsânt iEttésîsa|e à^^Oabié,
et le prétexte des visites de e^dôlêançê éiïill pure
teinjtion de ce rusé coquin. Il n'était qni^ ïrop vrai
que son père, fidèle serviteur du Mégouss, avait été
fait prisonnier par les chouftas, et c'était un motif
suffisant pour croire à la fidélité du fils.
Inqa¥t dv sort de laiffille confiée à sa garde, voyant
qtt*eii Gê qffll mm e&n^mmt imi ètaït rentré àaml'ordre, le Meslani Imam transmit à Liedje Kassa îâ^
soin de veiller à notre sûreté. Nous quittâmes avec
regret le brave et honnête gouverneur, non sans
échanger de cordiales et chaleureuses poignées de
main. M» Biïbpîîs^, qi^î nous avait été sî util» en cette
çîreoiistàne©, retOTîma aiossi à Sfffeâta» et noas conti-
nuâmes notre route vers le Sud.
Le pays est bien comme les habitants, âpre et
inhospitalier : ce ne sont que montagnes abruptes,
sntreMpét^a de pf&fô^^ j^aviar, eà bondisséiiides
torrents, qm tous eouîént vers le Taccazé. La triste
réputation, d'ailleurs parfaitement métMe, dont
jouit ce pays date de loin; son nom suffit pour l'in-
m
218 ÂBYSSINIË.
dîquer. Mimr^m «t Ghouq[uoua sont sttjiéB êsnftS lit
pro¥Înce de Sedebj mot îiidîgêwe signifié m--
suite; il est vrai qu'au Sedeb soccêâ* le Dahanah^
c'est-à-dire le pardon. Ces deux mots résumaient
bien Fépopée semi-plaisante dans laquelle, pen-
dant cinq jours, nous avions joué les premiers rôles.
PiBÈÉiàild^ nm^m toes que nWMiter et
dès^to, p^tïT a«4f«r^ mÊïi^ mst le sommet d'une
montagne, au village d'Anderquoué.
C'est pour moi un véritable regret de n'avoir pu
explorer à loisir cette intéressante région, d'où j'ai
rapporté, malgré une marche rapide, des insectes
lôït ctttîetffi. âaderijuieïii $é 0mê I alfî|id#
d';envirtoB^(iÉOTOte^^ Ji^laieiit |ltïsî^^^
humides et monotones de rHamacen. Sur ces pentes
rapides, l'eau ne peut séjourner, et tout le pays est
drainé en grand par de profondes vallées. Malgré
cela, la végétation y estlî^ll*W PêiO^i^
tm .grand itaîmoia rapp^lattt, ptf m îétmé m oiil^
leiliB^ le pin parasol d'Italie , et dont la séve produit
une gomme abondante et limpide qui pourrait être
utilement exploitée.
Nous étions, depuis la rivière Enguéla, qui coule
atipi^d idtfei^ïîtteptejttlrï^^ dans
teraenr. Quant à la montagne elle-même, son nom,
par un oubli impardonnable et que je ne puis d'ail-
leurs m'expliquer, est resté en blanc sur mon journal
LES MO\TAG\ES DES AGAOS. 219
de voyage. Je pense que c'est celle que j'ai vue indi-
quée sur pïjrtsî^Rttrs^^ies soash imm Bôo|lèïm.
Les lîtgâfet» I jeattse des dîficultés du cheiiiiii>
mfnf$tâwthrwkà^ en même temps que
nous, et nous dûmes attendre là pendant deux jours
qui ne furent pas perdus pour moi. J'allai d'abord
visiter une église délicieusement située sur une
petite élévi^ôm, m milîeii Im^ml #ârbres
sèmliateî è& làf je suivis \m petit rûîsiêltat et
farrivai bientôt sur le bord d'un immense effondre-
ment. Le coup d'œil était splendide : une tranchée
profonde de plusieurs centaines de mètres s'allon-
geait à perle les t«ê e^trê éeijm rauMillesilé létÉreiPs
àont dhm^e tspêïîtl fré^îïtiît Bn «aîllieiitt Isiiîs^
son couvert de fleùrs^ Le petit ruisseau se prâeîpî--
tait dans l'abîme. La vapeur blanche et bienfaisante
de la cascade entretenait dans ce lieu une riche
végétation. Les aigles planaient au-dessus de ma
tête, tandis que je damlïiâls la çîme des plus grands
arbres ou gaioiiîîlaîMt en s^^êWîatfl dés iméeg
d'oiseaux multicolores; de grands papilliais folâ-
traient à mes pieds, et c'était bien pour moi le
supplice de Tantale. Je m'en allai de dépit et memis à chasser dans un bois de mimosas, où je melîoi^aî eii preimal 4# gratis longicomes ato pour-
ffiiïîit de velours qui n^gmîmÈ ûb branche en
branche, et des buprestes cuirassés d*or, qui buti-'
aaientsurdes fleurs de chrysanthènifis.
220 ABYSSINIE
Le soir, après un dîner assaisonné d*un appétit
de chasseur, et que nous avions déchiqueté sans
assîettés m itocbitlss^^ feoîd de la nrnt m Msmtmnût à cette altitude ^ mm mîmm^ ^mmcowïpgfi^ de iroyâge et moi , au coîu du îm^ à
fumer et à causer. On pense, sans doute, que nous
passions en revue les péripéties de notre vie no-
made? Non. Sur la terre étrangère, pour deux
Français isolés, il estm àttfntlltème inépuisable de
sooi^îîs et d© «^ttâeïiéâ* C'tîsila Frafteeî Sôiïf««it
findattt 4es felîtt Wioîs de voyage où nous vécùmeiS
presque constamment seuls en face Fun de l'autre,
de longues heures s'écoulèrent et le silence de la
nuit se fit insensiblement autour de nous, pendant
que mnà échangions les mt^^mém du pays
aafed ; uïùm^fil^ pltîii^ d^tïîdôïï et ^mM& qms'envolaient tou|t)iirs pour moi trop rapid^eii.
Il faisait à peine jour, quand Hassein secoua matente pour me réveiller. Je sautai à bas de ma cou-
elœlte, et, tout inquiet, j'enti^Qiî*ifc|iâ ïïl^
iéûé, C^étïtif lôut Miwpîemenf mm baiide à# singes
cynocéphales, qui défilaient gravement à une centâîne
de mètres. Après avoir dévasté , la nuit, les plantations
de sorgho qui entouraient le village, ils rega-
gnaient paisiblement leurs ravins escarpés, témoi-
gnant, de temps m texaps^ leur eotoleti^^ par
mi aboiemeal siguificatil Je le«r êttvijpî lïBti bslle
qui ii'eut d'autre résultat que de couper me
LES MOXTAGÎiiil DES AGAOS. 221
branche de kolkoual, en rasant un vénérable singe
à barbe blanche. La muscade ne disparaît pas plus
prestement dans le double fond d'un prcstidigita-
|6iï^ ftt%îïe battâe âe $înges qui se précipite Itiïi
me forêt. Vn qmktt à^hmiris après |e Ifes^ tmh mtttnecîme de rocher d'où ils seiïïMitîent me défifif
en grignotant quelque fruit sauvage. Je leur gar
dais rancune cependant^ et, après le déjeuner, je
proposai à M. iia^fç wm fx^ariîcrti àm^ le
ratîîî je hm mm& ^mdvét^ C3bafsear pas-
sîôBttèt %m expédition de p^re le trouvait fou*
jours prêt.
Un sentier fait pour le pied d'un chamois nous
conduisit dans le fond de la vallée, où nous nous
tîteftvêmes enflroîs immm îâb|rînthe IrieiirîcâMe
de îitncs et de troncs i^riapes* Ces fburrés d^une
végétation puissafti» al Sl?r;rée ne sont rien umîmqu'habités. Ce que nous appelons forêts vierges
,
mot qui m'avait toujours rempli d'enthousiasme,
profondes retraites que mon imagination, avant de
las avoir vues, peuplait iàfai^ièîêï^^
lasifEes , %ml im\ nm^%mmù, irèrîtefelès dé-
serts. Une nature belW^. f^mi ï&aîs d'une
beauté sépulcrale. L'homme se sent comme écrasé
sous ces dômes de verdure où rien ne bouge, où
rien ne bruit. C'est le silence le plus absolu : pas
un être «liant, pas hb oîsea*^ pas Josecte. L'air
est épais,, humide^ miasmatique; I« soî, où ne
S22 ABYSSIWIE.
pousse a«û«ïie plante , n'est qu'un amas de détritus
en décomposition. Tel nous apparut le fond de cette
vallée qui, d'en haut, nous semblait si gaie, si
verdoyante. Mais après avoir erré quelque temps
éaiïs cette solîtule, iïows lfôpiiiltjcîonpt de sabre un
à tmp dans une clairière inondée de lumière. Là
nous revenions à la vie ; tout s'agitait autour de nous ;
chaque plante était un monde en miniature, grands
et petits, faibles etpuisstots, se pours^iivâ#i $^éirîlan^^^^
se llveriEîié 0u f^fékot f^^ ïuile mofens iîvm
pour s%ttk dttiS lé Bat suprême de leur existence.
Nous trouvâmes aussi, à Fombre d'un beau mi-
mosa dont le feuillage délicat tamisait les rayons du
soleil, protégé de tous côtés par d'épais buissons, le
Des ôisemeiîls â èenjt li^és ptttii^ qu^m f
avait fait grasse chère, et les hautes heties pliées et
foulées semblaient conserver l'empreinte, chaude
encore, des membres souples et musculeux du
léopard.
mtêmm imi et «I M$m, tettôl daiis 1^
ûâMk^mt tattiôi m plus sombre des fourre»^
que nous nous perdîmes. Impossible de retrouver
notre piste. Il fallait cependant rentrer avant que le
soleil se couchât, car c'est l'heure où les fauves
^rlteiïfM leurs repakes* Îm- mtm^pm $ê Pressait à
pîc de chaque côté ; il ne nous ïestait d'autre res*
LES MOXTAGXES DES AGAOS. 223
source que de Tescalader : c'est alors qu'il fallut se
rappeler les souvenirs du jeune âge, et mettre à
profit ll^ifilp de gymnastique que m0m avions
rei»©s4» coï^ Ifelt^t imlii^ m. hmèmUère,nous qïtitlàBB*^ nm ^m$m^ pmt éîm |i«s
alertes, et, tranformés en lézards, nous nous mîmes
à grimper des pieds et des mains; creux et saillies,
racines et touffes d'herbes, tout fut utilisé. Après
cette pénible et pérîîî^ise ascension , nous attei^
pîwei^ haletajïts el riiîs^ejants de mmt^ les
Oû|^ts Msis> lit pi^^^^^ première crête,
d'où nous regagnâmes sans danger le village.
Pendant toute l'étape qui suivit, nous marchâmes
à la file par des sentiers en corniche, accrochés au
flwicdes lai^ilipii^* Le pays était toujouï^leïïïlmfe^
niais pîtos nms «ppr0#îon« Mb liordt iiï pla4ea# ^
plus l'horizon s'étenisit* âu nord-ouest, nous aper-
cevions encore les croupes gigantesques du Sémiène,
Au sud, s'étendait à perte de vue, comme une mer
houleuse, toute une succession de petites mon-
tajpes (jxie doniinai4> no|é âfûs le jbleiï i« éM^^ le
pfeM nêmmm. â nm pieât le HkmméMmm,ta feââe sâ sombre vallér,t les iîauosités de son
cours, et ce magnifique panorama, vu à la lumière
opaline d'un soleil couchant, formait bien un des
plus féeriques tableaux que j^aîe janJàlsei^iife^
Le second jour après notre départ d*Att<îerf«onê^
nous ne fîmes plus que descendre; nous eussions
224 ABYSSISIE.
pu, d'une traite, franchir le Taccazé sans le mau-
vais vouloir de nos guides. Arrivés sur une des der-
nières collines qui vont en s'afïaissant jusqu'au fond
1% ¥âllie ^ m nmm <IM«ra quHÎ tCfmM fm è&
wîilà^ ét <|tfîl laîlal^ <îiâîapér en rase osowpftffite* Peu
nous mportaîf à mm^ nemt trouverions tôii|oiïrs
de quoi dîner et nous avions ma tente ; mais com-
ment nourrir nos hommes et surtout les porteurs
ÇTtti étâtalpïïts dmflïaMstt^lP^ , la jouraê&fiïiîe,
cMÎîomnres ^Dulaîent iftgaftfer îeut irîîkge, et le
lendemain, comment continuer notre route? Hassein
et le Kanliba allèrent , chacun de leur côté, en
reconnaissance, et ils ne tardèrent pas à découvrir
un hameau. Il y avait encore là quelque machina-
tî®â la èîi^um iu pays, et je soupçonne que Bouf-
mm^ Mt^êmM mM Mk piftf^ar août înêaîrt ï^ïi
erreur , tant il insistait poùt Mfôtttquer sur pkce.
Sans autre forme de procès , nous allâmes nous
installer dans ce village dont les habitants nous
Mîêre. Peii #enlallut que leur mêmtâmik&mmtmse traduisît d'une M&m taîigîliç él ilsl^|p*eî^^
Nous déclarâmes, à notre tour, que nous vou-
lions passer vingt-quatre heures sur les bords du
Taccazé pour y chasiser. Bourrou jeta les hauts cris,
et Jamais je ti 'ai im Immm^ |îî»s îiupîel*
aWkh m^m lmus|u:îll#^ mon hmm Boutrou,
fous n'êtes pas obligé àè chasser avéc nous; vous
tmt j^lfflTAeîCES DES AGAOS» Îâ5
jjôïtâ $&em wêïtte h plus grand plaisa* mlâîssâîît seuls, im pçrl^m feront Fêtape witoede coutume, et vOttS îiês a^sM jusqu'au
village voisin. Nous prendrons seulement quel-
ques domestiques avec Hassein; mes mules trans-
porteront pia tente et quelques provisions, el
i?j&tts km l^m^MmïïmA nmè^ ttodre de Ymtmcôté èu "TaccMé. ^>
Cette courte harangue ramena le calme dans son
âme, mais il n'était pas encore pleinement con-*
vaincu de Topportunité de cette partie de chasse.
(ç lgnôfp^ô^S^ lît-il,qu'il règne dânâ k vâîlie
de Tàmmè âé* tèirm ifiortélies ? Et les wîîèiirsf
Et les bêtes fauves?
— Nous avons de la quinine pour la fièvre et des
balles pour les maraudeurs bipèdes et quadru-
pèdes. Nous avons décidé de chasser au Taccazé,
nous y chaâseWBS. ||atnt à toiiÀ^ &m êomïïïe îï
Confiant en effel les bagages à Bourrou et au
Kantiba Guorguis, nous partîmes dès le point du jour,
pleins d^ardeur et d'espoir^
0» nous avait raconté qu*auTâ6eàiê Ij?s
et Im l[ifp6|»ÉtW^ pilBJôîeiït. M- de S$tÉm mrêtriil qjî*€af|)Mt» çfpégéâqttes. Un crocodile^ mhippopotame, quel beau coup de fusil! Je pensais
bien, pour ma part, qu'il y aurait sur les bords du
fleuve nombre de beaux papillons et d'insectes eu-
13.
îrîtaxi smd Je me bourrai de flacons et ii*oubliai
aucun de mes engins de chasse. Nous trouvâmes un
torrent desséché dont le lit nous servit de route, et
bientôt nous vîmes devant nous couler le Taccazé. Aquoi hm décrire àe ïtmvem cette imlîée, qm res^
semble à s*y méprendre, ixmh m plus grand , à la
vallée duTellaré? Je souhaitai à mon compagnon le
gibier le plus fantastique, et chacun alla de son côté.
Il y avait trop de petites bêtes voltigeant au mi-
Beu lls gtl^iétsw pour que je songeasse
La journée se ptssin^pidement^ ïûâlgjfé une
chaleur torride , nous ne rentrâmes que pour dîner.
Mes boîtes , mes flacons étaient pleins. AI. de Sarzec,
sauf un héron goliath et quelques volatiles, reve-
niïrft i ftê$ bréiîôîîîïlft. JLes kîpp^ïpit^ftmes mravalent pas honoré du lîîoînÉre grogueia^k
Quant aux crocodiles, ils pullulaient comme des
grenouilles dans une mare, partout où le remous
de la rivière formait un bassin assez profond. Peu
itaît ^tife^fiïiiimtt^Ûm rsâff^fât mtidteeg^
énormes situriens r u Û f m mdt pliisîeurs^^, mmdit-il, qui dormaient au soleil; à juger de ÏMt-
taille , ce devaient être des adolescents. Je memis à ramper avec précaution et j'envoyai une
balle dans le ventre de Tun d'eux; les autres sau-
Vk&d k fmm. Senl^ le Uémè re$k^ k s^imèm mtle sable I qui! rougissait de son sang, Wm bond
LES MONTAGNES DES AGAOS. 227
je fus près de lui, et, le saisissant par la queue,
je me mis à tournoyer avec mon terrible adver-
Sâîn?* Sî mm mmim Mè là ^ê^M belle proie ne
mm #t pfô éÉfâppè , âtaîs le îemnî à deux
mains je ne pouvais tirer. J^avais beau tourner,
tourner comme un cheval de manège, le monstre
gagnait sur moi, en se repliant sur lui-même. Ce
lût â tmm tôwr sauver mes mollets; je lâchai
fêm^ e$ mmà feusse î© temps le sitisîr moii
ftisÊ, lé eï^ïÊÇNàîle avait dîspara mm Tmm- ^
Cétait vexant sans doute et je regrettais de ne
m'être pas trouvé là; mais j'étais tout consolé
d'avance en contemplant les charmantes bestioles
dont l'î^ste ânïpkîaôîis^^^ Ito pî^©$ TOceîlent ^lîi ians un endrôîl trôp pm pteêmà pmrles Érôcodiles. Puis la nuit venue nous nous éten-
dîmes sur le sable à fumer joyeusement. Tout se
passa sans encombre;pas le moindre fauve, pas le
moindre bandit. Le lendemain matin, nous vou-
Mmmt.
fiïi &isa»t mm «bltlioas dans le fleiive , lui
dire un dernier adieu, et itous continuàm.es notre
route.
Avant d'aller plus loin, il n'est pas, je pense, sans
intérêt de jeter un coup d'œil en arrière et de ré-
sumer en quelques mots Taspect et les divisions
politiques des pays que nous avons traversés depuis
âdoua. Cette partie de râ%fiijÉ^ étâlt eilBïJïe $mt
pe« coBiïueî si incomplets qmlls soient, les rensei^
228 ABYSSINIE.
gnements que j'ai recueillis viendront peui-ètre
combler une lacune.
D'AloBa aa Tmm^é, hô^js îtviMt fait tîMgî et une
M«j^mi â travers des pays bîen différeiîtis.' iLu nord
du Tellaré, nous avions voyagé dans les plaines les
plus chaudes peut-être de l'Abyssinie. Au sud de
cette rivière nous avions rencontré un massif mon-
tagneux fortéieçé, coupé de îïô#îïfBW CîWits à'èau,
ij&i y lomient comitte dès tîdes traittsversales, avec
son point culminant un peu au nord du Taccazé.
Voici, en allant du nord au sud, quelles sont les dif-
férentes provinces des deux régions. Ce sont généra-
lement des rivières qui tracent leurs frontières.
I>*âdoïi4 hh fîtiM^ 04ïéw s^étettd j moiîtàgnejise
encore, ïa proviMe ÛérêUm.
Entre lès ritières Ouéri et Guéva règneflt les
plaines basses qui forment le Temhiène, avec Abbi-
Addi pour capitale, autrefois cboumat très-impor-
tant, mais divisé aujourd'hui en plusieurs petits fiefs*
Le gowernreur priftôîpal êst le BalambaFas Debbed.
De la rive gauche de la Guéva à la rive droite de
la Zamra, toujours en plaines, c'est la province de
Sloa,
Ces deux dernières provinces sont comprises,
comme je l'aï dU dè|l, êmm Im kolîàs* I*a Mmmest, de ^nS j la jfro^tilre mMdl&tta^e du T%i^ ? stur
sa rive gauche commence le pays d*Attiârah et
réapparaissent les montagnes.
LES MONTAG\ES DES AGAOS. 229
De la Zamra au Tellaré est la province de Saha.
Du Telkré m Méri celle du Ouague^ divisée en
Sokota en est la eapitale et le îa^ Tèférî le gou-
verneur.
Viennent ensuite : entre le Méri et TEnguéla la
province de Sédeh^ gouvernée par le Dedjasmatch
Euguéla; et suiu^ le la fîtîire Enguéla au ITtc-
«até, le Bakmah, soumit aux ordres de liedja
labedé.
La région nommée Déga recommence avec le
promontoire de Saka^ et les provinces de Ouague^
de Sédeh et de Dahanah constituent Tancien pays
Agao^ dont Sokota était la capitale, et qui posiêde
eucore^ comme je rai dît, uu idiome particulier.
CttAPIÎEE m
m mh mm^ m roi d^ibyssi^ie et le lac fzâwA.
là€ Sigtiëitïêd^tïr* — Rêflèxîôtts sçtr là iàitûé âfrîeâitiè. — Une
dangereuse capture. — Débratabor. — Une possédée du
démon. — Singulière médication. — Vingt-quatre heures
trop tard! — Un guerrier abyssinien. —• L'armée en marche.
— Un pont portugais. — Le Nil Bleu et sa cataracte. — Le
feu est afix fearibe^» — Visite au toL — Lé STégc^iK sous sa
tente. — Org^jûisiitîoii; miKtaire. — Idées? àé îop,mè& sur hpolitique inférieure et extérieure. — Comment le collîef d*un
bœuf gras de Paris passe au cou de Sa Majesté abyssinienne.
— Le lac Tzana, — Un lion au lieu d'une antilope ! — Pas-
sage du M Bleu. — A tratreis les plaines in Fôgîïéi^â*
Sur la rive gauche du Taccazé, encore des mon-
tagnes et toujours des montagnes. J'ai emporté de
m Bem î©^souf«ftîr Caa icoîliot de voyageMea iit^
signifiant , mais qui êÊBtmtUm teï(est&4 Bmw im
sentier étroit, rapide et scabreux, j'avais, confiant
dans l'adresse de ma mule, laissé flotter ma bride,
et, à demi retourné sur ma selle, je contemplais la
belle vallée du Taccazé, qui serpentait derrière.
*^mt^im coup,je reçus un é^m imê là poîtriiïe |
îtiBtinetift»i«Btt> Je portai mas mmm m avant ; c^é-
tait une brantèé d^arbre ijui s'avançait au trîttfers
232 ABYSSINIE.
du chemin ; ma mule avait pu passer dessous, mais
la paofre Mte ai^^^^^ calculé que je dépassais
édîîîe î#t tetJte h lïitttteur du torsê. M}k je
^liab lès ârplï^ hBWeiisement mes doigts mcramponnèrent convulsivement à la branche , ma
mule alla son train, et je restai suspendu. Si j'avais
lâché prise, je roulais dans un précipice où, de ro-
ek&t^m ït^^smi Je fmm Immmn0 fois
pQm nm. Tm im qîrîMe fsmr h peai' Quelques
légères égratignures. Mais cet accident me rendît
prudent, et désormais, quand je voulus jouir en
paix du paysage, je fis guider ma monture par un
dài»ii8q[iie*
ÏStoïKiïiîéfflîtïto trois
Jôurs à trppMs la province d'Ébbénatte. Nous nous
arrêtâmes encore toute une journée sur le bord
d'une charmante rivière , la Tecken,qui , descen-
dant du massif de Dèbratabor, coule du sud au nord
forme âê hêliMmmwSm^ le fit eacc»^ sarsesBcii^
une belle moisson d'insectes et de papillons. Ceux-ci,
aussi bien que ceuxque j'avais recueillis au Taccazé,
furent perdus à la suite d'un nouvel accident, beau-
coup plus giwe <ï«tté J'étais, il fetfM%atier^^
dws wï>e ftîîiB de mallieiit. Be cèâqiïe côté de maseîlei favais coutume d'accrocher deux petites sa-
coches en cuir, que j'avais fabriquées moi-même,
où je mettais des flacons, des boîtes, mon journal
ut NIL BLEU. mde voyage, des cartouches, de la poudre, etc., toutes
choses enfin que je roulais avoir sous la main, sans
ouvrir mes caisses et mes ballots. Hassein, sans en
penser plus long > avait glksê mé hùiie à*a3I«Wïetléi
daïi*Biii| ra^ saceehes^ éelle précisénï#4ït o& se
trouvait une poudrière en corne, coiitê»|îï| m
moins une livre de poudre. Pendant que nous étions
en marche, il se produisit tout à coup une détona-
tion épouvantable, et je fus enveloppé de fumée.
ïiCtifllwiQettjes afaient pris îmii # M ymé^i^ m$lk
êêsÊà t** « le j^'aviaîs$Mmï jm%m$i$ h mmém, était
eifeûirâeî èï)ît^ et flacons, brisés en millê|iîi©Ès,
avaient été projetés à plus de vingt mètres; quant
aux papillons , il n'en restait pas même des débris.
Citait là ce qui me vexait le plus, mais je devais
m'èstîmer #ls^0ureui[ d^en être jçiatte à |l Jbon
compte.
A partir de la Tecken , la physionomie du pays
changea complètement. Nous laissions derrière nous
les âpres montagnes desAgaos; ce n'étaient pas non
plus les pWaet cààwâ^ le TteraMise et tu Slea
,
uî les pkteaux: biimîdes de Fîfatûôceii r nous nous
trouvions dans une zone moyenne, où Thumidité,
la chaleur et Taltitude semblent s'équilibrer dans
de si justes proportions, que rien ne manque à ce
pays pour être un des plus ravissants de la terre.
Le têtïA est ondiulè le sùl est couver! ie pas-
ries rutilantes I ombragées çà et là de beaux massife
d'arbres, Lm em&^tm foreslflres iHes^mèines
semblent différer assez sensiblement; le plus bel
arbre que j'aie rencontré dans cette région est une
espèce de genévrier qui atteint de grandes propor-
tîotts* ira|éres arteôseèafôs laîssmit
le^^ïïiiiyîr Jteiirs éhéti^âm îiiadtes et irotes, et
lewifs mm$m^ sont souvent garnis de longues
mousses, sans doute tinctoriales, comme l'orseille,
à laquelle elles ressemblent. Il y a aussi des eu-
pBorbes m kolkïutk^ jniuis plus weltes, plus
élaHcés t îm Immkm soiit Mmtm cbarnEes, leurs
crêtes très-saillantes et fortement décotfpties | -mMit
dans les prairies, j'ai remarqué de gigantesques car-
duacées. Les unes, à tiges très-courtes, à vastes
feuilles qui s'allongent sur le sol , laissent épanouir
m ^e»trô lie pe bouquet et presque ittt rms êti seî
uTLè îmmmm fleâr iryiàeéë ; d*âuà?è&,^m mmâvsâm,
deviennent |]rï?es*[ne des arbustes. D'un panachede
feuilles immenses, profondément déchiquetées et
hérissées de redoutables piquants, s'élance une
hampe forte et élevée , couronnée d'une fleur plus
grosse qm h téte. Ule iîaîi alors ea tôî© de êttxi^
iealioîi , et je ne pus t(m h ^mâèm des étoniîm>
qui ne formaient plus qu'un duvet SO|eux>qu'arra-
chaient le vent ou les oiseaux.
Je ne pus, malheureusement, recueillir beau-
coup dlirsêctes èms éefte région ; nous étions en
pleitte sécheresse, ce quî| daàs ces îalîtudeSi re*
LE KIL BLEU. 235
présente pour la vie animale et végétale notre hiver
d'Europe. De plus, les difficultés et surtout la rapi-
dité du voyage oe ûïé ïaissàTèal pas liieâiieoup de
teiîa|tSy M faî d'autant plus regrettl qvê ôelle ré-
gion éisît d'abord, à ee point de fiiè, fort peu
connue, et l'étude de ces petits êtres, si humbles
qu'ils paraissent , fournit souvent de précieux ren-
seignements sur les divisions ou les rapprochements
â étaibllr entpe des pigs i?iôîsiii&,
La faune a^îcàîne pirêsebte» il est vrai, ua iflé-
nomène tout partiiGiElîer, qtdi ne se retr^iive mmême degré dans aucun autre continent : c'est
l'immense dispersion d'une même espèce zoolo-
gique. Sauf le littoral méditerranéen des États bar-
baresques, qui appartieni a là %mm âm miài de
l'luro|re d^ane façon si meïintèslable qu'on dîtaît
que ces deux régions sont encore reliées parle détroit
de Gibraltar d'une part, l'Italie, la Sicile et la pointe
orientale de l'Atlas d'auti-e part, et en exceptant
encore, nsaîs d'ane f$^n. niiQîns absalue, la faune
saharienne » on në ïetfôwyeplns en âfe-îïfHe qu'une
seule faune, qu'on aille du nord an sud on de
l'orient à roccident.
Si des divisions peuvent être établies , ce ne sera
pas dans le sens de la longitude, mais bien plutôt
dans eeiiïî ée la ïatftnde, II sénïble qu'il y ait de
chaque côté de l'équateur , à latitud«s é^ïes, des
faunes similaires. Mais cette division, vraie duns
236 ABYSStîilB.
certains cas, n'existe pas d'une façon i»%ûliête.
Bien des lignes courbes ou obliques viennent en
rompre l'harmonie, de même que l'on sait que les
lignes î$ofiifrnie$ ne stiktémt pas régulîêrenienl ïé
tracé des latitudes. Il serait pr^aturè, d'aiïîetors»
de porter un jugement définitif sur la faune afri-
caine, dont le littoral seul est connu. On ne sait
rien ou à peu près, en zoologie, de la région du
centre ou des lacs, et malgré les nombreux voya-
geurs qui se déyoueftï h résôtiâpe m problèiiiè , il
est à ^â'aîûirè que- bien des aïittles m s'écoulent
avant qu'on ait pu arriver à une certitude.
Il faut se hâter d'ajouter que l'île de Madagascar,
considérée généralement comme terre africaine,
n^'a rîen de ©ommun avec le 60HtÎH«!ît ; elle possède
une faune ^Oôlogique jquî lut e*t prcfpre^ «t qui,
pour cette raison, doit être isolée de toutes les
autres.
Il est vrai de dire que ces classifications enfantées
par l'homme ne sont que d'ingénieux artifices
déstwiés k faciliter I*étuâë» I^a n«ture» qui m ri* de
nos efforts, procédé tout autrement» Bu cryptogame
à rb^omme pans l'ordre physique) on suit une filia-
tion insensible, et les êtres, dans le monde, se
succèdent et se remplacent avec une harmonie par-
faîte.
Je elm Um irîtë mtie parenthèse, lîtfiïf p àer
mande pardon au lecteur, et je reviens àrÂbyssinie.
â âiîiïi^tclï r ïïïïût létîtopâ^ eîâq jours après
nôtre 4ipati du Taccazé, les reptiles semblaient
être assez nombreux. Je pris d'abord un grand ser-
pent jaune d'une espèce inconnue \ et qui constitua
une des nouveautés les plus curieuses de mes col-
h placé à fs^iMt^ jt vh M. de Sarzeé m&m^rîr vers moi le bras tendu, et tenant j^t la quette
un reptile vivant et d'une taille très-respectable.
L'animal se tordait sur lui-même pour atteindre la
main qui le tenait prisonnier. M. de Sarzec , avec
mm 4#icï^é ai^nreîlîew^e;, Ib ^èiNa^aS coastim-
m&àim ï# ïôttaîiï eaîfee^ im ixâ^^ nomme mm fi-
leuse roule êm îs^MM, €^ mmê^s^m pôaialt iijïer
bien longtemps, et j'avoue que j'eus un frisson de
terreur, car je reconnus de suite que ce reptile ap-
partenait à une espèce très-dangereuse, voisine des
vipères K Qu m^mt qm, $6& lmmf ms téér
mim "vmmmms éBmêmi être fôBtes ei toutes
prêtes à laisser écouler le poîsoîi i^ue les dèuts à
crochets, creuses ou cannelées, introduisent dans la
plaie. L'animal venimeux s'enroulait autour de son
propre corps, comme pour grimper le long d'un
itûae d^arbre. A eeïMas moments il Itail sm le
^ Q$4jenr|ieat a été acquis par le Muséum de Paris , et nommépar M. Bo&ditrt Scaphiophis Raffrayù
2 Ce reptile, déterraiïié par M. Bocourt^ ise trouva être le
Causus rhombeatiis.
238 ABYSSINIE.
point d'atteindre la main qui le tenait, et la mor-
mm tttî été IHorMÎ^ ,je pense. licte eât êti
mmi împl'ùdiM : je iûe lâtei à^ttsa-îr ime hmbonne d'alcool , et ^oand elle fut refermée mt la
bête je respirai.
K Vous l'avez échappé belle ! dis-je à M. de Sarzec,
c'est un reptile très-dangereux ; le saftez-^oiis?
— le ïe ^upî^osaîs, me répïïïidît4i trânfaîîle-
menl Tout |>fês ^^îcl , les femmes s'enfuyaîeat
d'une hutte en poussant des cris;je compris que
c'était un serpent, j'allai voir; l'animal s'était à
moitié faufilé à travers les branchages qui forment
la muraîlie. h fm saîsî par la queue, et le loîlâ.
Tout est hîm fuî itiit Meu. «
J'avoue que j'étais ahuri. Là-dessus nom |ttîl*
tâmes Addaniotch,qui resta célèbre dans mes sou-
venirs erpétologiques.
Le plateau se continue pendant quelque temps;
puis nous feonfeôMiîn i^îiiirïrf& et verdoyant, él
ôe PsiBtrè càiài Éî haut d*iiii m^alfcule, un hùiâmi
înfinî nous apparaît tout à coup entre deux bouquets
d'arbres qui servent de cadre à ce magnifique ta-
bleau. Tout au fond, comme une légère vapeur,
ondule ùiié JÉtiaîïïe 4e Montagnes à peîxte lisibles;
eiitf6 elles et mous s^'éteiid tme plaîtie îromease
mondée é^e lïmiiêre, et là-bas, là-bas, au pîeâ éé$
montagnes , une traînée étincelante miroite commeune lame d'argent : c'est le lac Tzana ! Le voilà donc
m Mih mm. 239
enfin, ce lae apfès ïaquel notis asiïirions depuis près
deqtmtre mois! Nous nous arrêtons un instant pour
le contempler. Oui, c'est bien lui, et par derrière
les montagnes de Gondar et du Kouara; et plus loin,
au delà de tout cela, notre œil ne voit plus, mais
notre esptîf nmè^ f trmsj^m^ t f^mt lé Sentiaar
qu'arrose ieiivô Bleu,.*.
Est-ce un effet de cette heureuse dispositî6aj|*ôS-
prit ou la réalité? La route ce jour-là me parut
agréable et facile; je voyais les arbres gracieux, les
prairies plus verdoyantes, les rochers moins abrupts;
le lait est^ je croîs, que bobs Irarersîtais nm Wle
Le lendemain, le mauvais vouloir du choum
d'Amoirabiet, qui refusait de nous donner des por-
teurs, nous laissa le temps d'aller visiter un joli
tmmm fond diïqtïii le Mék mmtmvê watM de
gâlêfe. C^Mt îft pi^jmîêt# M% qm mm rencon-
trions une rivière tributaire du lac. Elle prend sa
source non loin de là, dans le massif de Débratabor
qui se dressait devant nous; puis, se dirigeant vers
le nord-ouest , elle sort de la montagne, traverse les
plaînes> l'oguéra, où nous la ï^rowii^tïs pltt$
t3«*d^ et mtpitt se perdre dans les eaux proiîndes
du lae ItmÊm*
A mesure que de Fautre côté du Reb nous gra-
vissons une haute montagne, Tair devient plus frais
et plus vif. Sur une croupe légèrement inclinée
240 ABYSSIIVIE.
au nord, huiaîde et dénudée ^ nous apparaît Biîwrâ**
itelçip ©ôîttme amas de tmrnU,
Wous approchons sans rencontrer personne; nous
entrons dans la ville, rien : on dirait une nécro-
pole. Le Négouss est parti, entraînant son armée, et
Débratabor, camp plutôt que ville, est aujourd'hui
teeri îl n'y a plus que des l^tMloïjrs qui placent
dsng fm m sse^ di^J?tfal eiïreass», défarîs
d*aa dernier festin it^M^m^ Mi ^gognes noires
qui arpentent à longs pas un terrain humide, à la
recherche de quelque grenouille.
Attfte ^taiïiMB êiMmm pourtant , nôiis atîsâttras
ttixi Îïtttt0 la lâqiieîle îlmm sembla
toit fiJfrâî! filôlques êtres humaîtis. Mous nous lan-
çâmes dans cette direction , et nous y trouvâmes de
pauvres gens qui nous offrirent un peu de bouza
pour nous faire patienter.
Bléilîtt nom vîmes se dîrîger ireïi;wm il» cmnr^
lîejr galopattt II font de tmm. Wism fmmàmm avec
mîssftqne c'était quelque chef, laissé pàf lèlJégouss
pour recevoir le vice-consuL C'était encore un tré-
sorier, TAzadje Oubchiet. Cette place est bonne,
paraît-îl, en Abyssîaîe* te é.m% Àïadjes que j'ai
vm sont iêt àoînittes |îlantiir^3È^ ft^^ i:^niîâ|
et<?©8sas^fttî plus est; mais celirfi^ifelIttrlâijiïaMf
et nous emmena dans son village, où nous ne man-
quâmes de rien. Il donna même sa maison à M. de
Sarzec. C'était une très-vaste hutte, divisée à Tinté-
mut m plmïmvs iôompwtÛtmàU p&t des eloisons
un roseaux. La salle principale servait en mêmetemps d'écurie, mais c'est l'usiige. Les Abyssiniens
pensent sans doute , avec raison, que la mule qui a
courageusement porté son maître pendant un long
voyageiou le cheval qui a partagé sa gloire et ses
àaogfr%©ïït imn mérité d'a^crfr leur plac&aïi %©rdotlQKSstiflie, comme dé d^vôMés serviteurs. Je fis,
comme de coutume, dresser ma petite tente dans la
cour : j'aimais à m'y blottir au milieu de mes collec-
tions, et je me troatais làmieux que partout ailleurs.
Dépuî$ ^uelfues |ûTim, Je senlaîs » 1« sàirj, une
Êiil|^e însolîte, de* maux de tête, tes ver%es, des
crampes d'estomac. Je n'y faisais pas grande atten-
tion ; mais ce soir-là, après avoir goûté sans appétit
un ragoût abyssinien que je trouvais d'ordinaire
ea^c^Uent, je fus pris de frî^ons, de sueurs froides,
de la fi€we enfîu , dotit j^aïfaîs sans dûufe ccmtmcté
le germe sur les bords du Taccazé. J'eus le délire
toute la nuit. Le lendemain, comme l'on pense, je
n'étais guère en état de continuer mon chemin. Ce-
pendant le Négouss marchait vers le sud, et l'Azadje
smlt ôrdre de lui amener le^ vke^oasuî h flmmt&possible. Mon état n'avait rien de bien grave*
M. de Sarzec partit', et je luî promm de îe M*joindre si je me rétablissais assez promptement, ou
bien de Taller attendre sur les bords du lac Tzana,
à Kouarata.
t4
242 ABYSSINIE.
Une médication prompte et énergique m'eut
Meiilôt débâïTaciili lûdîsposition*
M songeais m âè^mt^ qui devEît s -efifectuer Hlendemain , et je me ïi^|@iaîils©as ïWà tente
,quand
j'entendis, dans une cabane voisine, un bruit épou-
vantable. On chantait, on hurlait, on frappait les
um em^^ les mÊms âm m&tmmm â« métal ;
c'était êjtoiîi^iSsaBi l'appiM Hàstèîii pimt cou-
naître la caote de ce vacarme, et il m'apprit que
les matrones du pays, réunies autour d'une femme
gravement malade, faisaient tout ce bruit pour la.
guérir. Je ne suis pas bien fort en médecine, mais
m i^eJSMe me msâàél h>M Itwrt slmpIeiReat pour
tcè^f^ la palieatt^ MêM mmm$^t mêBê pîtlé,
fallai la wîr.
Dans une misérable hutte, assise à terre sur
quelques nattes,
je trouvai une pauvre femme
Kicmï^fi^ïO^àéWOiïhl^ Ô& îm ^taït^ de force
,
fait avaler Je ne sais eombiefl le Ëtms de laît à
moitié aigre. Son estomac n'avait pa S0|rp«r|et Une
telle quantité d'un aliment indigeste, et les ef-
forts qu'elle avait faits pour vomir avaient aggravé
son état. Mais ce n'était là qu'un traitement prépa-
fftloîpftî âtîlTOr l'eies, accroupiesmt lalMs,
étaienl ïigmfées Wtiâm les ^még^es àu pays ^ «rîtitt^
hurlant et faisant un tapage infernal à l'aide d'un
petit instrument en fer, ressemblant à une vieille
serrure*
LE NIL ÏÏÈJm^ MB
%m à^wâtdm& j Mm (^ i^Jt^mm^ mê 4^gaiîêres superstitions. Les màkôîeSi diseiiNk^ sôat
produites par le Bouda (mauvais esprit), qui a pris
possession d'un corps humain. Tant qu'il est là, le
patient souffre jusqu'à ce que mort s'ensuive, ce
qmh Mààé tttent f eïftp<>i*t«i* sm to^v il laot
donc forcer le malin esprit â déguêrpîr, tmk nmpas sans tambours ni trompettes. Le Bouda n'aime
pas le bruit : on lui offrira une bacchanale ; il fau-
dra bien qu'il s'en aille épouvanté. En attendant,
la malade s'en allait aussi, et le diable avait assu-
fêm&s^ tfmmà iatts les migferis de prédôBX col-
Idbcralêttïs^ MâlléiiréûseiïiiÊnt pôiiî? Inî, je metrouvais là.
Ce n'était pas dans le corps de la femme, mais
autour d'elle que je voyais les esprits malins; je
n'usai pas de leur moyen pour les chasser; j'en
avais un meilleur : je les fis flanqttef à H porte |>ar
guidées par le bon sens, et je défendis toute espèce
de bruit. La pauvre malade a-t-elle guéri? Je
l'ignore; mais elle a toujours vécu jusqu'au lende-
Tmt semblslf copatpîrer contre moL A rheure
fixée pQwr lu diparl, plusieurs de nos caisses èf
baMots manquaient à l'appel , et les abandonner
ainsi, c'était les perdre déOnitivement;je ne pou-
vais m'y résoudre. Sur ces entrefaites, je vis venir
2U ABYSSINIE.
un drôle à mine patibulaire,que j'avais remarqué
quelques jours auparavant parmi nos porteurs. Je
Jhïî i# ifeinâRtler par ïîasséî» c^: mmi MiMnos hôgagm» II laè sot qné Jjîi|totî«f. ]K*îâêiïiitteïit
il ne s'était pas attendu à m& tfomet encore à Dé-
bratabor, et cette reconnaissance inattendue lui
semblait singulièrement désagréable. Sur ma de-
lûAlilli^ Ife éboum, qui n'était peiit^fti^ pm îêAé
s© llÎMirassir êe «hem , Fencbaîim. On se mît â
la re<;b6f#0 fies MiQfe égarés^ qu'on retrouva dans
un hameau voisin.
Enfin tout est prêt, je vais partir. Erreur!
Dans les montagnes des Agaos, trois de mes
inniàs déjà avaî«iat^eo#liê i$ iM^am to%ï ifa*|
Débralaiôt^m môittént la éi|)lrt^.fmm iés ^»^re
qui me tesfaîent s'affaisse sous la charge pour ne
plus se relever. Il faut des porteurs pour la rem-
placer : au moins trois hommes robustes. Où les
trommîet Pars, ine dît leefeicnî«ï^|e fmv^f&i tes bagages,
— Non, non, mes bagages défileront devant moi
et je partirai le dernier, v
On trouva mes porteurs je ne sais où, et me voilà
enfin en route.
Je ïimten^ $ii^^sîfenî;éwt le* fîtiêret &roa^Croum»rît et ismenat qtâ fibnfit ^gmUmû en cas-
cades, tantôt murmurent au fond de ravissantes
vallées et se dirigent vers le lac Tzana. Je laisse
liprîirt lûôj un piton semblaWife à un gigantesque
oMîsqâe^ «1^ àprès mdm âmm loîs^ mhfk Jafit
porteurs et couché au hameau de Denâ#if| fItrieife
à la nuit, épuisé de faim et de fatigue, au village
il'Addjiecko, situé sur un magnifique plateau. Tout
ce beau pays, hélaâ! est déseït au|ôitfd'htiï :; Tar^
mée du Mègouss a pâ&sé païf là. Il w^y a plus que
deux fcùimes à AdcJlîccko. Il lafe faut cependant
niarcher à tout prix si je veux rejoindre mon com-
pagnon de* voyage. Je promets une récompense à
mes porteurs s'ils consentent à continuer le lende-
vmm^ l^mmom àn gain remporte mt ïâ Éiîîgii*^
G^iBïidiiul lô l$miéméim^ mts iîeiMî, mes hommes,
partîs au pmtii du jour, n'en pouvaient plus. Pro-
messes, menaces, tout fut inutile. Ils m'abandonnè-
rent dans un petit village. Je ne voulais pas rester là
pourtant, tandis que le Négouss s'éloignait de moi.
Je deBœsôiaî tu «â^um dè be^b lîurnîr à'a:«tffes
liommes. H m iroulaît rîeu entendre ; la discussion
fut longue et orageuse.
ce C'est bien, lui dis-je, je m'installe chez toi;
tu me nourriras, moi et mes gens, jusqu'à ce que
fa SOIS dîlpQsi h me fournît àe^.fOftmm- ^
Cela ne lui eoweuâît pa» âairaiifâge. !<# pauvre
llfmm^ pèf0paît à perdre haleine. Je m'assis
tranquillement et j'attendis, défendant à Hassein
et à chcvcun de mes domestiques de lui répondre.
Au bout d'une heure, fatigué de se débattre
n.
246 ABYSSINIE.
contre lui-même, le choum se rendit, j'eus
mes porteurs. J'espérais gagner le camp du Né-
g0uss h soir iûêttîê t ce retard rmdît la ekm^è^
Htepo^îîîle. J0 u^m èim pas IcAn toutefois, mr }e
voyais partout des traces de son passage. Au pied
de ce village inhospitalier s'étendait une plaine
ondulée, couverte d'une herbe épaisse et longue,
semée çà éî M à& Iwquets de mîmosas.^ #t lit
un f&m EiîglâîS^ isM êtment gmeieuses les ônèula-
tîons du terrain, tant étaient heiïtftiîsement groupés
les massifs d'arbres. Mais elle apparaissait coupée
en deux par une traînée jaune, large de près d'un
kilomètre. C'était la route qu'avait suivie Farmée
Mègouss. tlietle |t»l Imé^ét^ ïe soi
pîéïltté^ les atlwfes iïiMs^ Im rttisseaiix Boueux à
demi comblés par leurs berges écroulées, et, de
distance en distance, de petites huttes abandonnées,
des tisons encore fumants, des débris de victuailles
que se idlspïiiaîéiil des vautours et des e«>r|teâax> Aeette vue y <m sentffît ItB ttmr se serter.
Je dus coucher au village d'Aï|#seii^ mais le
lendemain j'arrivai de bonne heure au camp du
Négouss. Après avoir erré au milieu d'un véri-
table labyrinthe de huttes, je parvins sur une
petite èfflîûfitee^, oû^ mu Imx ê^ttm feafê rouge
,
proven$iit évîèemtoeût dlittrope , se éressaît ^ne
autre teflte,très-vaste, en laine noire tissée dans
le pays. Je soulevai T étoffe et je trouvai M* de
%mme atlaÉtê aiRee tin Miiiraaféem Iw^lé «I revêtu
fané. C'était le général Kîrckam , avec lequel nous
ferons plus ample connaissance. Pour l'instant, ces
messieurs étaient installés autour d'une délicieuse
grilM© è0 hmS et i'un oloraHf pkâ àè tel* Il yavait mmm jî^^cèllieiiî la^a ^ piréseiit rïîfat qm UMégMU.^tmefmt ehaque matin au Tice-eonsul dans
une énorme corne de bœuf cerclée d'argent. Nous
eûmes un jour la fantaisie de la mesurer; elle con-
tenait tout près de quatorze litres. J'arrivais à temps
poîir ttïi festin, mais vingt-qualfè feèiifës t^p tftffl
pour voir le Mégt>tiss ïôIîiWïï^ èœas i&téé h poiape
de la royauté éthiopienne ! C'est alors que je mau*
dis la fièvre qui m'avait retenu à Débratabor, et les
choums, etles routes d'Abyssinie, et toutesles petites
vicissitudes du voyage, qui d'ordinaire n'avaient
pas lé im éû m'èMmwék hémmé^. Ù&st^mêmfâfgît rieiïèïïiab* lïitïïfei mtt hèm spectacle : la
veille, le Négouss avait officiellement reçu le vice-
consuL Impossible de faire bisser le spectacle, et je
dus me contenter du récit, très-coloré du reste, que
me fit M. de Sarzec, récit qui ne fit qu'accroître mon
dépit.
Im lÉmptmn atâît été três-solenneïle.
Au fond d'une vaste tente, surunïît recout-ert de
riches tapis, le roi se tenait accroupi comme une
idole, enveloppé d'un manteau de brocart d'or et le
us ABYSSINIE.
front ceint d'une couronne d'or à triple étage.
àmWmt àe IM^ i?tiigês en cercle^ v^fus de longues
robes àe soie i^û^gtl)tombée couronne â'or mtête, se tenaient àeb©ut les Raz; dèïrière se pre^tll
une foule de seigneurs et de guerriers, la lance au
poing, les épaules ornées du lebdé, le sabre à
la ceinture ^ le bouçlierm htm^ îa têts mm èî lès
cb^éux tressés dé frais et oints de beurre. Rien ne
manquait^ paraîHl^ è ée tableau, pas même le lion
traditionnel des empereurs d'Ethiopie. Il était là en
chair et en os, parfaitement libre, et couché aux
pieds de son maître.
CMt ît W$ i^mmâm^ que j'arrltaîs nînsi a»
mmf iii îffî%6as§^ I ^^dît^ir, ims h pemxmm le
Béguélûédeur, une lïes plus riches de rAb|ssinîe,
une des plus belles aussi, mais fiévrewse, dit-on,^^
dans la saison des pluies.
LeîeiïêiBÈmîn, le Négousslenitii l%irtéçîfveit îô
Caiiip, èt nous îna^féhlrtte è«esl^ï«#^Oïi^il irefs le
Mil Bleu, De vastes prairies couv^ert^B i0 gras pâtu-
rages s^étendaient à perte de vue, et sur chaque
mamelon s'épanouissait un bouquet d'arbres om-
brageant une église ou un monastère. Nous lais-
termÎB sWefàat freate icïuiîe, iious «îtîïnes
bivouaquer sur nti pkteaii qui domine la vallée du
Nil Bleu.
Tandis que nous devisions tranquillement des
m nth BLEU.
hommes et des choses du pays, un cavalier abyssi-
nien s'arrêta court à Tentrée de notre tente. Sauter
à terre et nous presser dans ses bras, tout cela fut
si rapide quemm rmimm isîapréÊèf. C^élttît
Gûhtmp W l«ttî M. éé Sâïi8é0^ qïill ataif fti
près dm fôî à âloua , dans un précédent voyage,
une de ces natures de feu que dévore la soif
des combats, mais un cœur d'or, doux, afiectueux,
expansif.
0abîiatï e4 feIttW auquel
îl êû Hèj Je e^ôk,fA^ imMëm ë& fàxmîè. Il pîi#tiîf
sur ses épaules le lebdé royal, superbe peau de léo-
pard noir enrichie de filigrane de vermeil, dont le
Négouss Tavait revêtu en signe d'amitié,
tt Je passe comme le vent, nous dit Dedjas Gabrou,
et que Um^ éêmm eïttlmsser, peut-être
pmt la ieaiîére éM. Îm Mè^ms w^b àmmé hcominandeinent de Tavant-garde et je me rends à
mon poste, w M. de Sarzec lui fit présent d'un
revolver, ce Merci, dit Gabrou, j'accepte ; cette arme
me portera bonheur. Adieu, Et il partit comme
îl était t^entt^ seaiblaMe âm Ic^ftrbîlltiiï*
Gâbireîu pi^rsemïifîe m |É|éîqttè eatomé «u Mêmlh type le plus complet du guerrier abyssinien :
grand, sec, nerveux, fort comme Hercule et beau
comme Apollon, Tœil scintillant, les cheveux coquet-
téiaeal Iressis^ ça:v$lîer accoin^î el tftfktigiile,
brateltts^u^ k têarérîté, fidëe et dévoué, sus-.
2S0 ^swmtïï.
çêptîMe de profondfis a:ffe€tiotis et ïiâfeM ênrst-'
Une armée éthiopienne en marche offre un spec-
tacle curieux et triste; c'est bien Fidéal du désordre
et de l'indiscipline ; mais cette foule bigarrée et
disparate, qui se heurte, se pousse , se bî>us0<île,
lutte de irîtesse oii êmmMe ïtMqmllBixi^ ce mé-
lange d'hommes, de femmes, de guerriers, de ser-
viteurs, de chevaux, de mules, d'ânes, défilant
pêle-mêle avec les accoutrements les plus variés,
semble une fantasmagorie. ¥u^ à ilsIaiauÊe^ mx dirait
les changements pei^ittiels MiM^
é^wo^^-WImm-m mMtmt élrcil et dfilôile , chacun
veut passer le premier; on se pousse, on s'étouffe,
c'est un flot humain qui ondule sur place, une cohue
indescriptible, et il faut une journée pour passer là
<âi iitî corps discipliné ïi'^emplpîtraît que quelques
heures. Semblable #010mm arriva m 4il®e0n!â|tïït
les pentes tapides et escarpées qui conjlnîsent au
Nil-Bleu.
Nous n'avions plus à nous préoccuper des diffi-
1 Pendant que se comp^^M c^i^]Sgûe$t iij^l^bÊ^ m'ij-
prennent la mort de notre arnî tiâBrôu. 11 est resté sdr îè champ
de bataille de Goundet que ses ennemis ont jonché de leurs
cadavres , et nous ne nous étonnons pas que les Egyptiens
comptent cette mort au nombre des faits qui peuvent atténuer
la douleur de leur sangjÊ^nte défoite, Gabrou était, en effet,, mde ces guerriers ^mi1^Mê$ aiïx pteux du moyen âge, et îï eût
été capabk dWronter à lai séul, 1^ k^ee m poi«g, une arrtïée
entière.
LE \lh BÏ,EU, mmltê$ BilktMéiles in fofâ§e. La itonnifîceoee TCrytla
pourvoyait à tous nos besoins. Aussi, con&mi â nos
domestiques le soin d'installer notre campement
au fond d'une gorge qu'arrosait une jolie petite
rivière, nous filâmes droit vers le Nil Bleu, qui nous
%fès «tôlf fhm &nm hê^atê à travers
une plaine ^um lèrtîîité lntîfe|aM% il nmM Mkàdescendre une seconde pente qui nous amena enfin
sur les bords du fleuve.
Au fonâ d^uné vallâê escarpée i ti'avee^ m chaos
jnextji0|tîâfe4e tisif^am Msittllgnes, le Mï Mmt que
iMâbfSsîntef mm^mâ M^ûï (le père ierean),
roulait ses eaux mugissantes et blanches d^éeume*
Cest un torrent, mais un torrent gigantesque,
qui bondit de chute en chute, se brisant avec fureur
eÉntrelàinontagne qu'il polit sans pouvoir^^bofâ^
Ç^est là, dans un eni^t plus re^jpr^^ plus
élroit encore, où le fleuve emprisonné dans mî éé-
filé profond , mais large au plus de deux mètres, se
débat impuissant contre des murailles monolithes,
que les Portugais au quinzième siècle construisirent
un pont qui teïié î# Cïûdjaitt àu Béguémédeur. Wmhord à rawtre de eette fissure ^ nne àrehe , d-nne
conslruction hardie, fut jetê#. Le poïït se continue
ensuite percé de cinq autres ouvertures, qui, dans
les grandes eaux, laissent écouler le trop plein du
fleuve.
252 ABYSSIWIE.
Cet antique viaduc, assez élevé au-dessus des eaux,
et îlci^gê jd© àm% ffltètres easîiiàtt, est constJJuit avec
me TGêke mmifyt r pâm sans doute mr h Bmmême et disposée en petit appareil assez peu ré-
gulier. Le ciment des joints, effrité par Teau et par
le temps, a disparu, et des plantes parasites ont pris
sa place. Les parapets m maîats éo^iïïîls sost àé*-
mméèj^t la iiîaMissié mémê mi crevassée et le§
âbjssmiens, au lieu à'entT^^ë^c^ pïsài&i^ Vim-
portance stratégique est immense, se bornent à
remplacer la maçonnerie par des palissades ou des
iém iÉ^B^Mq^ét àsdse sut mm pomtê âe
défend l'accès du pôttl et commande de elif^ùe #té
toute la vallée.
La nuit nous surprit avant que nous fussions de
retour à notre campement, et nous nous égarâmes
ne fiiîï^ tefagfîer mite tete que gttîdîts psr
soldat f«e le général Kirckam, par un argument
ad homînem^ força à marcher devant nous* Nous
rencontrâmes aussi, en chevauchant à travers le
camp, le lion favori du roi nommé Agos, magni-
fique aijlttïï^l pit<a»| toute sa aî|a|lre* H là
attâcit aa |îèd à^m mbm^ et ppié pai? ^on cornae
.
ïî est si Men apprivoisé^ et ses gïrimât |euit t<^$^^^^
ont un regard si débonnaire, que nous pûmes le
caresser : sa satisfaction se traduisait par ces mou-
LE NIL BLEir. 253
veïtteiife flll^ qmî donnent à un pmm chat tanl àe
gentillesse.
Le lendemain on leva le camp de nouveau pour
aller le poser sur Fautre rive de TAbbaï, et, laissant
iier nos bagages, nous résolûmes d^lto cfeâs&er
sur les botds du fleuve. Mbttsmm en|{«pâmas dans
Iei laiiJie plaine que la veille, mais en remontant un
peu vers le nord. Chemin faisant, nous vîmes des
soldats qui s'exerçaient à des simulacres de com-
bats. Ces fantassins , divisés en deux camps , s'élan-
prn^ Im wm mnlT4 lé» tût*:i|s^ h Iwme ©a «rrêt,
êt de ïéïirs VÉfâtBs bôwtiîers abiejKsltaîent à parer les
coups de leurs adlfersaires,reculaient, puis reve-
naient à la charge, se jetaient de côté pour laisser
passer Fennemi et le frapper par derrière. Nul ne
semblait les commander, et cependant ces tournois
X»# tirïiîiï lté tolit pas 4 Iéirenfc miilcafeai.
DléWnt nous se dressait un épais rideau de virinrei
qui nous cachait le fleuve. Partout on voyait des
pistes d'hippopotames, et, d'après ces empreintes,
je jugeai qu'il devàîl y e& mok de taille gigan-*
lèsqiïe.
Mous pénllrâniâs, mn mas peine* èam «ette
sombre et épaisse forêt qui, sur une largeur de
plusieurs centaines de mètres, borde FAbbaï. J'ai
déjà plusieurs fois décrit cette belle végétation des
tropiques, qui s'épanouît soiis la dirttMe ijttiiteaet
254 ABYSSINIE.
de rhumidité et de la chaleur. J'aimais tant à voir
ces graââs arBres,qn^l tm mmhMi ehmim
précédemmeà^^ Étt tout cas , ceux de rjibhai sont
des plus beaux que j'aie rencontrés.
Enfin nous voilà derechef sur les bords de l'Ab-
bai i mais ce n*est plus le iùttmi mms 4Vioi|$
vu la veille : le fleuve i^uTë ma$uf#X(â!Ul mïm^ et
Saajestueux jKU luîlliU^ d'une plaine qu'il fertilise; il
a plus de quatre cents mètres de large ; de nom-
breux îlots de verdure divisent son cours en plu-
sieurs bras; quelques rochers, des troncs d'arbres
forment de petit» barÉages êt dès rapides. On en*
t0iitd de tous côtés les grognexuenls iïiodtriês d^^
Mppopotames, et les crocodiles flottent à la surface
comme des épaves. C'était un beau spectacle que je
ne me lassais pas d'admirer. Cependant, en suivant
le cours du fleuve, à travers les marais et les
làurrés, nms pms apérfûiues qu'il im^Mït^plus m plus rapide, etm bruit Î6î»taî» et coïi^nu
nous fit supposer une cataracte. Mous marchâmes
dans cette direction, décrivant mille sinuosités,
tantôt pour éviter une fondrière , tantôt pour tour-
ner un massif où la hache mvàe tât ^u l^ac^ un
sentier. tJn petit affinent coulant m hiûtà 4^une
grande fissure du sol nous barra su^tem^nt le pas*
sage. De la difierence de niveau entre cette petite
rivière et l'Abbaï , nous conclûmes nécessairement
LE IMIL BLEU. 255
que le lit du fleuve devait s'abaisser d'une manière
étonnante. Nous parvînmes à franchir cet étroit
jravin, et,suÎTWlsarîve opposée, noJïisfâiïmM^iilô^
rèeompensés de nos peinès.
La plaine s'entr'ouvrait tout à coup, formant un
vaste entonnoir, et TAbbaï, dont le lit était déjà
resserré^ mais large encore d'environ deux cents
mètres, se précipitait en mugissant dans cet abîme.
Presqneî m w0m de cefjte eftttmof©^ tm rôelif'
strgî^saît cotttJfiïî* Bîie iot^, et tm arbre avait ttôwé
assez de terre végétale pour y prendre racine. Il
était là assurément à l'abri de la cognée du bûche-
ron. Le fond de la vallée (la même que nous avions
vue la veille à l'endroit où est construit le pont)
eït Si ^^j^ $I^ M$ ]^Qis^ quoique bien rapides,
ÈiSttiiÊrt^^mm si Iptta tr%étttîwî Mmm et âe
bananiers^ qu^on eût pu croire que FAbbaï tombait
et disparaissait dans un lit de verdure.
Après avoir bien contemplé d'en haut cette cata-
racte, nous voulûmes la voir d'en bas ; c'était plus
^îfiëîle* Il M'f â fùiïàm âfcfssîûie è$ cm émâitù
rustiques, de m& pwfs de bois, ôe ces sentit en
corniche, mais garnis d'un parapet, où les élégantes
et frêles touristes peuvent, comme dans nos Alpes
et nos Pyrénées, poser sans crainte un pied mignon,
en s'appuyant tij* robûste épMÎt 4%» awwifet*
giîàriv Mtîi iefïttis quatre moisJ|tte itômf mtflm& à
traders les Hjontagaes d^Élhîopie, nous étions de-
venus moins que jamais frêles et élégants. Aussi de
liane en liane, de rocher en rocher, nous nous lais-
sâmes glisser jusqu'en bas.
ï ^ôHS mil itûS ït Tâse jusqu'au genou, # mH
Hrîllèn d^Biîe végêlteioM d. dtofeê fu^l mm eit été
impossîMe d'avancer si les hippopotames n'avaient
eu l'heureuse idée de nous frayer un chemin qui
nous conduisit au pied de la cataracte. Elle peut
avoir environ 25 mètres de hauteur, autant que
j'en pus juger, car nmk M^mm li çoiptiaB mmfImB ji^Ofâge^ j|ttî èn i|Helqu^s insfeiitt mm Iraas-
perça. Nous nous hâtâmes de remonter pour nous
réchauffer au soleil ; il était déjà bien bas sur l'ho-
rizon. Pour comble de malheur ma mule s'était
éohappéç.
0im^ Mfssmicusl que j^avaîs tué pendant iC^tfé
excursion, je l'avais accroché à ma selle. En traver-
sant une fondrière, ma pauvre mule jfit un soubre-
saut pour se tirer de la vase, la longe que tenait un
dcaa^tîpia et î*oîseau qui bdlotMt lelong do
ses Haûes vêaurf: k T^êÊm^m^ s^enfiiît à teutes
jambes. Je du^ regagner le camp à pied. Je fis
promettre récompense à qui retrouverait ma mule,
et le soir même un soldat me la ramena. Du calao
il ne restait plus que des débris. Cet accident me
imiisa^ eft oiifr^i un* ptrtç îïr^papiMe i m^ bous-
Bolei mon dernier therniomèire et une trousse
LE miir wtm^ m%
pleine de petits instruments précieux en voyage.
Chaque jour le vice-consul demandait au Négouss
une nouvelle audience. J'avais aussi un vif désir de
feftisant, âïlégûàlt to«joai*à la néeessîté où il se
trouvait de marcher vers l'ennemi. IVous pouvions
nous croire décidément enrôlés dans Tarmée d'Abys-
sinie. A^ous avons su depuis que lohannès exploitait
notre présence à son camp. On avait, peut-être par
wet oiÉi^es, répandu le Ikmt fefctileitx qm h tmmàM Wfm^ amenaîl un renfort àe trois cents Euro-
péens I
Mais ce retard nous inquiétait peu. Nous y gagne-
rions, au contraire, de visiter le Godjam, où il a été
donné à peu d'Européens de pénétrer, et peut-être
autfettMàiïts lâ^^ï^^ dî^ssiàter à quelque combat.
Hous ççûjiitïiiiaeas âmç de sni?re l'ïmïié», êmûy
avec le Négouss, nous formions Tarrière-garde.
L'armée était si nombreuse qu'elle avait employé
plus de trois jours pour défiler sur le pont de TAb-
haU et Maderakal nous disait MM emphase qu'il
liiidimit II îîn pîlîorô ttiîs jours ilfe inat^^ pour
Nous entrions cependant en pays ennemi, et le
Négouss nous fit recommander de la façon la plus
formelle de ne nous éloigner désormais du camp
s<tos an(ïcan ptMm^.Dans le district de Metcba nont Émversons lajolîe
fitiêpe iti mêmm Uim^ |mî ^ ds renés* h
fmt et se jette dans lllMiSÛi puis nous rentrons*
dans la montagne. Mais ce ne sont plus ces roches
perpendiculaires, ces pitons aigus, dentelés, déchi-
rés, terminés par une plate-forme, que noiis îwriôws
Ipouïfs àm$ %m âgtos, îm mmdî du Godjam, qui
forme imB^ autre Déga, est bien moins escarpé,
quoique son altitude doive atteindre à 2,500 mètres.
La roche n^est plus qu'en de rares endroits dénudée;
partout le sol fertile est couvert d'herbages telle-
mm Ipufe ipm,mmm mrtm mmk^, mmi^îssiuns: qu©l:qtï#>îs complètement dans ces éptîs
foûrrés dp graminées^
Du sommet nous apercevions d'un seul coup d'œil
la majestueuse vallée du Nil, sa cataracte enve-
loppée de ItoiBll^dt^ la Mpfé ifîttçelaiïtë^da lac
Iksm i sîtôt que M i^aflî de terraîa
eut voilé mlmm décor^ le ptfs devÉti ^mm wm^^tone. Doucement ondulé et couvert à perte de vue
de jungles immenses, l'uniformité du paysage
n'était rompue que par des bouquets de mimosas,
$et$M i§h el Mh 0. qni î^cÉCrtol au voyageur que
fmnbmimmMsm^ de hm ffeûllïtge dêîitdié*
Soit que le pays fût peu peuplé, soit que l'armée
s'éloignât volontairement des centres de popula-
tion, nous ne rencontrions pas de villages. Le trans-
port de nos bagages devenait par suite de plus en
plus difîïcile> naalgri la toaî# iMÎciptà^ les^^es
du IVégouss. Aussi, dés le second J^iit d^ «lareîïîÇ
sur les hauts plateaux du Godjam, nous restâmes
tout à fait en arrière pour attendre des porteurs;
cette circonstance faillit nous mettre dans une situa-
tion périlleuse.
En paft eutieia^^ lê$ mttièes it^fisi^ennes onl
pour habitude d'iniaittdîer le pays. Pendant que
nous étions là, Farme au pied, à attendre le départ
de nos caisses, nous vîmes des colonnes de fumée
qui s'élevaient dans le ciel et se rapprochaient de
mMé Sîert^t miÉnâimm le çt^îteittiat des
Bephei ^èehes qMt ^mÊMûm^àmâ^ èi umà pou-
vions prévoir que dans quelques inltaûis nous
serions cernés par le feu, et que notre camp lui-
même serait livré à Tembrasement. La perspective
était peu réjouissante : il y avait danger probable
poui^ liiûttS, et, pour nos bagages, danger cÉPtî^a, le
voyiîs d^ Iginte Mm eiillectîons, âtiiasséii mprix Je lltiii de fatigues, et j'en étais au désespoir.
Je me rappelai alors le procédé employé dans
les savanes du nouveau monde et qui consiste à
combattre le feu par le feu. Mais Farmée, qui in-
«igi^îaîlto «es ieitïêiFès el mar^iwat detsal tMOiié^
se thm^Miï l'àlluaier le contre-ïô©^ife*
Lorsque, dans une plaine où Therbe longue et
épaisse a été desséchée par le soleil des tropiques,
un incendie se déclare, il marche^ poussé par le
vent^ avec une rapidité qui iêieles plm lomgttetix
mO ABYSSINIE.
GDafsîers* Parfois, sur une grande distance, les
traînée de foiï^m. C^t l«Mr cfui sillonne le
sol , et Têtre vivant surpris par Fincendie n'a plus
qu'à périr; les antilopes fuient, éperdues, et malgré
la rapidité de leur course, n'arrivent pas toujours à
Msîrtî«teifrliftx$i^]b<>m que son îîïfcdîîg^wÊéafeît
ml i*iïm toiltiit êo^ il ne mmiî ^ téiiiît âîâ seule
force animale,qu'un des plus faibles êtres , a un
moyen de se préserver de cette terrible mort. Il n'a
qu'à allumer devant lui un second incendie, et le
feu qui le poursuit s'éteindra , faute d'aliment. C'est
aussi cf&qtïj i|©»s^Bimfa^
II f avaîtiptii êg âîitimiBei il est vraî^ entre les
deux feux; mais, transportant nous-mêmes nos
bagages avec l'aide de nos domestiques, nous nous
réfugiâmes dans un endroit déjà brûlé. Le sol était
emifcrt dt <^ndres mmim i^mmàmt la cfeaJeur
pânitrâil tim thmmmm t iioi lômmes, qui mar-
chaient pieds nus, et les mules, dansaient surplace,
car, au milieu de ces débris, il y avait encore sou-
vent un charbon incandescent. C'était un triste
spectacle, que rendait plus navrant encore la pré-
sftttee le lan^îe^ ijpjMniï^ç^^ t?t|ïtïW^^
tiwrnofiïitstt-àessiis i&nm têtes, âtten^entiw^départ
,pour se repaître en paix des immondices et
des débris de toute sorte que laisse une armée
derrière elle. Leur cercle allait se rétrécissant de
LE NIL BLEU 261
plus en plus; quelques arbres en furent bientôt
eiîiï¥e¥ts^ »t cm oiseai^ axi^^ immmâes que vo-
raees s^eiilitrlïssâiê»t |ïiSfû^ s^âlbattre pregqiete^ti
milieu de nous. Noaçôttps de fusil les effrayaient à
peine. Etendant leurs grandes ailes, ils s'envolaient
un instant, mais pour revenir aussitôt à leur hideux
festin.
€Îîanl de droite 41 ii pttfilie tfiiélifttes paysans qui^
degré ou de force, se chargèrent de nos bagages.
Nous quittâmes sans regret ce lieu sinistre, et en
quelques heures nous rejoignîmes le gros de Tar-
mée , oix notre place avait été réservée au pied d'une
ijplîlïie mp lé mmmet de laqu^e^lf Iffiptïss iifait
planté Sa t^ûle.
Sur de nouvelles iiïstâiîces dîtt irîclHîoftS^
sans doute de nous remorquer à sa suite, craignant
peut-être aussi des .complications ultérieures^
ïûhaoïtêâ mm meofM me mMeme pour le Im^
J)e t^et Êttdroît, nous dicwifrions au sud les
hautes montagnes du Godjam , où TAbbaï prend sa
source, visitées déjà et décrites par le Père Paëz et
Bruce ; à Test, une coupure nous laissait apercevoir
la vallée isïtv^ nm Mnâ»fmâtM où est §itué
Blota ; au nord enfin se dressaît i«i fUén eenique,
auquel se rattache un épisode da règne de Thée^
doros.
15,
26â ABYS&ÏKIÏ,
Cette montagne, nommée la montagne du Diable,
était, dit-on, habitée par les esprits malins. Théo-
doros, qui ne connaissait d'autre procédé de gou-
cewsloatge eut la Mmm&iàéê de Mtebonibti^er la montagne. Après une vive canonnade,
il envoya des émissaires pour juger du résultat.
Comme on le pense bien , on ne trouva pas la moindre
trace de démoits^
tu Ils otê hi^ iîi VmgiïmtkBm Mè^mm^ m^m>tant les €sjâiwn&!i de leurs morts pour ^îsslûîmbf
leur défaîte; mais, vous le voyez, la montagne
est aujourd'hui délivrée des démons; rien ne ré-
siste à ma valeur, w
iipliafiiLi« ? 1W îie lé smiM jtïnaÉi. Mmw îÏ fmi se
rappeler ifii'^il eut assez de foi dans son étoile pour
s'enfermer sur un rocher, et, de Içi, braver Tarmée
anglaise !
L'heure de Taudience accordée par le Négouss
éîteM vemifi* i^lftis enfin voir Jê swïv^rife drAi3fs-
sinie, le succes^r4é ee fameBas ThWoim.Revêtus de nos plus beaux atours, escortés de
nos domestiques armés et de Madérakal, Finterprète
de lohannès, nous gravîmes la colline. Tout au
lei^met, une petite plat##«eiat
à» soie ; e*est là que le Mégouss nous atten*
LE NIL BLEU. 263
dait, accoudé sur des coussins. Derrière lui, des
serviteurs tenaient un immense parasol en soie
rouge, quelques seigneurs étaient groupés niitôiir
de lui, «I h ses fî«ds te t^nfif aecroiipî son lion fa-
vori.
IVous nous approchâmes pour le saluer ; il nous
tendit très-gracieusement la main , et nous allâmes
nous asseoir en face de lui, à la place qui nous avait
été réservéé. U êsl d'usage, pour çe-^lra M<^ Wiit
des souverains d'Ethiopie, deleur ol^r impi^ése]^»
et les armes européennes sont particulièrem^mi
agréables à ces rois guerriers. Je n'avais nullement
prévu ce nouveau genre d'impôt en quittant la
France, et je dus me dessaisir de mon revolver. J'y
ajwkî dè 4lés îriaM^, des capsules, etc.
,
et mMm0 }e m^éxcusds attprés deM dm peu de va-
leur de ce présent :
a Je ne regarde pas, répondit lohannès, à la
valeur du cadeau, mais à l'intention de celui qui
le fait. »
Je ne ^^tleiiâàis pàâ kmïi$ féfonâé iHi$si civili-
sée*,» C*est qîtt'eo eWfohaaiïèsiï^esipî0Îiïl^ commeon p^^ail le êfôîte et çomme je le crofais moi-
même, un roi sauvage.
C'est un homme jeune, qui avait alors trente-
quatré ans, de Mille m&fmne , la peau d'un hmnfoncé, les cheveux artiftement tressés,, le me^
mince, le visage allongé^ les extrémités très-fines;
m4 àBmnmm.m plr|iîo»oîiïîe est câlmû ^ êùn aîr hmà Si^»©;
il scmte du regard son interlocuteur* mais s^ilirient
lui-même à parler, il baisse ou détourne les yeux,
de peur qu'on ne devine sa pensée. Son costume
était des plus simples : une grande robe étroite en
cotonnade Hâttclie^ et une ùhemïm très-fine à
bande dê soie hmehèe. Il avait la tête et les pieds
nus 5 mis dans les nattes de sa chevelure èfaîl
piquée une grande épingle d'argent terminée par
une boule en filigrane que surmontait une croix.
Le NégoK^ ïi*#fsîl fejïcôïe que prince Kassa,
lol^qn^i devînt v&â^ i^îrt tt» ©nfent en bas âgé^
jeiine prince est éleviittt milieu d'amis dans stjÉ
pays natal , loin de la cour et à Fabri des vissicî-
tudes de la politique éthiopienne.
La cour emprunte un caractère d'austérité à cet
Bolpiîttot dnRoi fnerrier, dans rentourage duquel
oîi im Jâïûaîs «ne leitittié^ lîn vcm mlmtel ,
qm lè clergé abyssinien lui a imposé comme con-
dition de son sacre , le lie à cet égard d*une façon
absolue. Le Négouss ne se remariera pas et n'aura
jamais d'âuite^ âèfitier jgwfe mkà qui lui étaîi nè^
lott heui^ttsefla»»! pçvtm l|«tstîê> mmïi qu^l eut
éprouvé des mallt^ws fôfaux , ofejiét des scrupttlés
du clergé,qui ne seraient pas sans analogie avec
ceux qui empoisonnèrent les derniers jours de notre
roi François P'.o
ït^ iVégoass anDoaçaàmm compagnon die ir^pge
LE KIL BLEU. 205
que , ne voulant pas Tentraîner plus loin dans le
Godjam , il avait résolu de s'arrêter quelques jours
pcjttïT mMèfi^ mm ïttl èt ^iilî îe reeê^rial éà
Mmm fâïicuilr© Impmm disants.
Après TOÎr écîïtttgé de nouvelles poignées de
main, nous prîmes congé de Sa Majesté Abyssi-
nienne.
De retour à notre tente , nous nous mîmes à causer
ie dt^^ et i^ûfmmm MàMmMl et % fêtoémï
rarmés des Indes, prit part à la campagne abyssi-
nienne contre Théodoros et resta ensuite au service
de Kassa. C'est lui qui donna au prince Fheureuse
idée d'étager ses troïipes stif nn mamelon et
lui fit ainsi gagner la bataille d'Adoua* ts Kféfouss
le réeempwa d'ajbord imM tenant rim^iliire
de plusieurs districts très-fertiles, et un jour que, le
gouvernement anglais ayant envoyé des présents à
lohannès, celui-ci admirait les armes et les riches
éttil%Si en îês #strîln^t 4 mn ealôurage , il fit
êm k Xîï^kam d*un ««jstnîae de général aiiglaîf ^
Kirckam Tendossa immédiatement et porte depuis
le titre de général dont il a, en effet, en Abyssinîe,
toutes les attributions. C'était un bon compagnon,
couvert de cicatrices qui attestaient sa bravoure , et
de pias iKrt ireirsèêaBt la sei^iee cuîiiiaîre, ce qui
^ Wpfe , a l^îin sa valeiîF,
Madéraial esl Fîntèrprèfe du Hégoass qm
M. Théophile Ï^IÉWâWffiB» France, lorsqu'il
était tout jeune encore , vers 1840. Il apprit à
parler et à écrire très-correctement le français dans
lî» lîes ^raptiâ^^ collèges dé Pmis^ pàs fefôurn*
âam Èm mmâ^Ê^nM^^ îl r^êiiâ k «Mi sôûtréraîn
anssî Mm ^m^im^s éteaagers àê précieux et intel-
ligents services.
L'armée de lohannès, me dit Madérakal, com-
prend environ 40,000 hommes armés , sur lesquels
â^OOO âû tà^m mms$mâ âm ÊaM$. ces deux
ï^îfire^ , Tm miÈ^ fsmii Irêp «oustâémBé et Feutre
âU'^âéSSOiî* ie la vérité. Il est fort difficileitm iSÊ^f
de rien savoir de précis, car il n'existe pas en Abys-
sinie d'armée régulière; il n'y a pas d'enrôlement,
pas Jï5 i^M©^ liés armées abyssiniennes sont com-
p<fâêes 4# déir^ ^^^û^^ âi^iiïefei, jWtîs qul^
au miJïtt«ftt de la lutte , se trouvent ^ônfoîiâïisv II ya deux sortes de soldats : les soldats de professsîoîi
et les recrues volontaires ou forcées qui, guerriers
aujourd'hui , retournent demain à leurs troupeaux
ou i leur charrue. Ce scml IM ^îtffààs iffm Ittu*
sêîfneuir &mkmûî f&tÈim % nméim mm luî ou
qui, plus souvent, s'of|rétit ^©ûtanément. Le chef
ou le motif de la campagne sont-ils populaires
dans le pays que traverse l'armée, tous les hommes
valides se joindront à elles. Le général s'inquiète
fort peu èé ïéar soMe et ë0 lètir iiourrîtiirev Ww^-J pas la réquisition à mmn armée et le pillage f
LE NIL BLEU, 267
Cest le théâtre de la guerre qui défrayera Tarmée
,
sîjaçampagne est longue, il sera tûinè*
villages incendiés, démol^^ tfeufs de leûrs habi-
tants , entourés de champs en friche !
Et que de choums ont usé à tort ou à raison
de ce prétexte pour refuser poliment de nous
«ïûîiRir rhospîtalité !
En teiïïps de paor^ fouliez ces Te<srtt€S retourne-
rtWii k leurs travaux , et il ne restera plus qu# îés
hommes ayant fait du métier de la guerre leur pro-
fession et qui , avides d'aventures , ont attaché leur
fortune à celle d*am cbef ^lèhre* Mais c'est en-
têve le |eiî|le qrâ les mmrka, t m tîlïàge est
iie|piê ^ ^ttî àmra. subtenîï i îi^tirs besoins. Le
soliîât^ prenant sa lance et son bouclier, s*eiî va yprélever sa solde et ses aliments.
Les soldats sont cavaliers ou fantassins , et parmi
ees dwîers il y a encore les fusiliers et ceux qui
sont siffl^leittent armés â»%mm.Lesioœïtssotffcâ'i^ mbi^ f tantôt pr^que
droit, à un seul tranchant, assez semblable à nos
anciens briquets; Fautre recourbé, à deux tran-
chants , et ressemblant à une gigantesque faucille.
Totis les soldats portent indifféreinœeiit ï*iin mYm^e ée ces rnkte^ mecroehé m ei^tè drdi i eel
usage vient de ce que les Ab|tsîlQÎens montent à
ehevîil ou à mule du côté hors-mentoir* Pour les
268 , ABYSSISIIlÎ.
êâtaîî^ elles lanciers, Féquîfameal #&!3[l|î^^
par un vaste bouclier rond,légèrement convexe
,
de 0,60 centimètres de diamètre, en peau de buffle
ou d'hippopotame, et plus ou moins artistement
jgîmirè i% à6mm& catte®ntriques (caJïîidUii«% ïigiïi^
ondulées en mgzB^ ùu pointilléBs) , et â'ûm m piu^
sieurs lances ou javelines.
Cette dernière arme est généralement de grande
dimension; elle atteint jusqu'à 2 mètres 25 centi-
mèfres lé longueur, et le far parfois ne te^ pas
itioîns de I^BO^ eétiîîîîiMiP^ il est pîil> ftisiforme^
caréné dant loiîl# sa longueur, trancbirât #t acèrôî
son embout y. aussi bien que la hampe , sont souvent
ornés de spirales en fil de cuivre, et le talon de
cette dernière est garni de fer qui sert à équilibrer
h javeline,
lim sddmts abysiintos manîienfc eôtte arme avec
une grande dextérité, et frappent avec beaucoup
de justesse un but éloigné d'une trentaine de mè-
tres. Les cavaliers mettent leur cheval au galop et
profitent de cette allure rapide pour lancer la ja-
ifelîâe*
Quant aux fusiliers, 4ont le nombre décide le
plus souvent du sort des batailles, leurs armes sont
bien défectueuses : ce sont généralement des fusils
à mèche, d'origine orientale, ou laissés dans le
pays par Ifit PâJîtapîs tu fainiièma mèeh. G«s
derniers, parl&ls inemstés d^aïfenl^ sértièûiBaieiix
k îtnr place dans le cabinet d'un aiïiîfiîtîfe* La
crosse afiecte toujours la forme des crosses arabes,
et des lanières de cuir relient le bois et le fer. Us
n'ont point de moules à balles^ leurs projectiles
®(ptilfs lingots de îfer ibfgé, i»iêin^ , <50fl«a« je
Vm iêfa t ^fes liaHes cftiiiddqtte^m scbiste. Ils
renferment leurs munitions dans un vaste cartou-
chier en cuir où de petits étuis de roseau servent
de poudrières.
La selle im cirtfiâKers Pgp^^Ie là selle 4és ârabes
oa des ^eiwilîers itt mo|^ âge, avee nn fomMmnet on dossier; îe toiït est recouvert d'une feôtïste en
cuir qui traîne jusqu'à terre. Cette housse constitue
un insigne réservé aux chefs et aux personnages de
distinction,quand elle est en cuir rouge orné d'ap-
pliques m eiiîr vert Ibr^tean^ im dessins plus mWmm variés* Il est encore d^autret niia3rq[iîes dé
: un butoîs, ou vaste bracelet en argent pl«s
ou moins enrichi de filigrane et qui se met au poi-
gnet droit; des lambeaux de peaux de lion accro-
chés au bouclier, et enfin la pèlerine ou lebdé dont
j'ai déjà parlé ï elle est en léopard noir * potir le téï
* Il existe en Abyssinie um variété noire du léopard aaa^
logue à cellà de h panth&ré qàî itatîtë Jâira* Il iïi*k été te*
possible de m'en procurer, d'abord parce que cette variété est
fort rare, et ensuite parce qu'elle est très- recherchée
comme ornement. Une peau de léopard noir vaut dans le pays
jusqu'à trois cents francs. J'en ai vu plusieurs fois sur les
épaules des prineés* La couleur foncière est â*m mmrou tirant
du guerrier si cettê lôtfrrure est en peau de lion
>
de lionne, de loutre^ ûa simplement de moutoa
noir ou blanc.
L'étrier de la selle est très-petit et ne permet d'y
passer TotteiL %m mm èst le ca¥efOîi èmâfahes, éi m gûîse de gi-elofs ^ 1# èhêml et surtout
la mule portent un lourd collier de losanges en
feuilles de cuivre qui miroitent au soleil et réson-
nent comme des clochettes „
En outre de ces 40,000 soldats, Farwile était
mâ^m # eïMSû^ïÉ»^ d^wa mmhtB temteaïafcîe de
tettMtîftiest le wMê i^mmm^ de palefreniers
,
de servantes de tout âge, de toute condition, doiit
on peut porter le nombre peut-être à 60,000.
Les cavaliers, pour ménager leur cheval de ba*
taille^ h i«it dfHadwîre es laaî» pmm àmmsÊqae
iÊ^mfSLgBié kMv^B. Le bouclier pend à l'arçon de
la selle^ d^autres servîteûrs portent le reste de leiirs
armes.
Comme il n*y a point d'intendance organisée,
chacun doit pourvoir à ses besoins et entraîne à sa
sur le noir, mais les taches noires sont encore très-visibles, sur-
tout sous un certain jour. Je dis que c'est une variété du léopard
ordinaire, mais ce n'est qu'une supposition basée sur ce que
lû'en ont dit les indigènes, qui assurent qu'il n'y a pas d'autre
éiÊètefntÉ, lî serait irês-^diôiix l'âvoîi* line dléjpmiîlïê eii hmétat de cet animal^ mais cela serait bien difficile à obtenir def
digènes, et il faudrait y sacrifier une somme considérable.
LE KII, tLEU. ât|
suite, en campagne, tous ses serviteurs. Les femmes
vont, comme d'habitude, chercher le bois et Teau,
et après avoir aiarclté toute la journée, pliant sous
le poîis ëm id^$nMe& de méttage qu'ellet sont
chargées de ^Kansporter^ dies pifô«Rttt Isk miït à
moudre le grain en chantant. Ce sotil dig feoimès èt
joyeuses créatures qui égayent le camp , encoura-
gent le soldat an combat, pansent ses blessures après
la bataîlk # teilfeiii km qm *îe Iwî munqm.Mus #tmfii îmx&é «aésî mM m& , et renfanl
fait la caottfmgiie en cPMpê mt là ôiule ou sur le
dos de sa mère, suivant que celle-ci, riche,voyage
à mule, ou pauvre, suit à pied son mari, dont elle
partage bravement la fortune et les dangers. Arrivés
m bïtoaacr^ (àaeutt s'agite , et attioliif de la fcettte #a
chef se forme «tomaftè ûm éMèdfitê de lïulte& e&
branchages où s'abritent les soldats et leur famille.
Nous n'eûmes poinit, hélas! la bonne fortune d'as-
sister à un combat.
Raz Adal , le dernier Raz qui n'eût point encore
reconii«i la sazôrfÉstei^ le lobaniiès» âftfît ^^imsé
mû filte gàlla> ©f ïîètie màm hà m^ mêmj^é de
nombreuses alliances parmi les peuplades d'outre-
Nil. Le Négouss avait prononcé sa déchéance et
donné l'investiture du Godjam au frère du révolté
,
Raz Desta. Mais Adal, trop faible peut-être pour se
risquer dam ttaé bal^îlîe rangée , eu dans respotr
d'eiifcraîûer son eimentïi Jusque dans les pays gallas^
âBmmmi mt$ le sud. Raz âréa * m ém mém ié
lohannès, qui, venant à travers le pays de Kouara,
à Touest du lac Tzana , devait faire sa jonction avec
le Négouss et couper Adal sur ses derrières pour
le preiïéî^ «îttsi ûtêre ààm tm%^ âtwm imp
lard, il MMt maîutsftaBt ptwir^^wfé Fënîieiiïi^ el
le Négouss se bornait à saccager le pays. Le soir,
rhorizon s'enflammait tout entier, et, vu de la col-
line où nous campions, c'était un saisissant spec-
tacle. Chaque jour partaient de petits détachements
qui alkîetil p^m lé pfs ét tm$immd traînant à
On saisissait ainsi de 700 à 800 Im^B par jour;
mais lohannès, plus prévoyant que ses prédéces-
seurs, après avoir prélevé ce qui était indispensable
pour la noufrfliim dêf efrefs, car les simples ^®M«IN^
lïïimf ijaf©Bïtîrt île la vîàoâe,Mmk fr&màm mie
iii nombre dé bettîaux enlevés à chaque village^
pour les restituer aux habitants après la soumission
du pays. Si les rois éthiopiens s'étaient toujours
tracé une telle ligne de conduite, nombre de pro-
irîiîc^,jadis fort rîcjbcîs ét «Mjowd^fctHÎ mîïiêési
seraient rsdat8iin:ês pimpèrim
Dn reste , dans une secondé éûlpéfaé avec le
Négouss, Jé fus frappé de sa sagesse et de modé-
ration.
Le souverain nous reçut alors sous une vaste
tente en tôîl©| le sol était encore recôniferît 40
tapis et de peaux de lion. Au fond, sur un angareb
qui lui servait de trône , lohannès était à demi
couché sur des coussins de soie, enveloppé jusqu'au
menton dans sa cheninta* Quelques sçri?iteurs et
Quelques amis étaîeot rangés autour de lui. I/en-
tervue fut longuet et, entre autres choses, on y
parla des missionnaires catholiques, pour lesquels
le vice-consul réclamait Fappui du souverain.
vm mhêmnmmrBÈ^ p feraî amîîîé avec mm^ |ji les
installerai dans la province où je suis n|| ogtu înîîîfea
de ma famille et de mes amis; je leur construirai
des maisons, des écoles et des églises; je pourvoirai
à leurs besoins; je veillerai à leur sûreté, et je ne
djoule pas que Fexemple de lôïrrs vfïlûs ne gagne
mes pèwpJôS^ pte èimor© que leur i^aiN^le^ »
Et, parlant de TÉgypte, question brûltffite sMl en
fut, et qui devait soulever dans son cœur toute
Tanimosité bien naturelle à un souverain que Ton
dépouille de ses provinces :
^ L'Éppte, dit4î^ ^ôHiôîlé mon pays ; BÏh
cerne èè ims ^Mè^ âprès i^ttre âmpurlt iê mmprovinces, elle a dit qu'elle n^Sa^ait faJI qm re-
prendre son bien. Jusqu'à ce jour, je n'ai point
voulu m'opposer par la force à ces envahissements.
À quoi bon verser le sang de nos peuples?
appelle mx m^cm d^Occideiii le m préteadt
âi4 ABYSSINIE.
point que les rois chrétiens de l'Europe viennent
protéger par les armes le roi chrétien d'Ethiopie
©fftttre Fîttriisîott latïsiilînane qui ménàCômÉtti pays;
italtlâ qné ces rois, âuxtjuiefe |& demâiidê léur âpi^ui^
s*entendeïit pour envoyer des hommes s|ige$ $É in-
tègres, des arbitres désintéressés qui prononceront
entre Ismaïl-Pacha et moi. Qu'ils viennent, et ils
verront lequel de nous deux a raison, quel est Ten-
vaM*sôWip* lit lîéîïinîterôjiï mm fem^ktm màpm^tîves* Ce qa*ih auront fait mm Mm Éît^ ei oes
limites qui ïïï%iuroiit été tracées,je m'engage à ne
pas les dépasser.
ce Mon pays, je le sais, a besoin d'être réorganisé}
souvent mes peuples ne savent pas distinguer leurs
amis ûê îmtB miarnih dont la vo%% mt trompeuse.
Je travaille en ce moment à unifier mon pays ; il
me faut la paix à l'intérieur aussi bien qu'à l'exté-
rieur. Que l'on m^aide au lieu de m'entraver, et,
quand j'aurai vaincu le dernier rebelle et ramené
le ctlme émë mm Êtals^ émm je m'ïidressii# t
w&m^ fïit tmmî(A mfj^^&àmh Wmnrn^ etjemMdirai de m^envoyer vos compatriotes
,qui viendront
répandre au milieu de nous votre civilisation, qui
nous apprendront à faire toutes ces belles choses q^ue
Vous fabriquez en Europe. »
Et quand on songe que celui qui pûrlaîï àîttsl
ÉtaJf le Sfégoûss d'âbyssinîe, c'est-à-dire le soute-
rain à'un pays que nous considérons comme bar-*
bare , cdtùmB mxm^Bt qûattâ on m mpfelh qml'Egypte lui a déjà enlevé Métemmah et le pays
d'Ouchéni, les Bogos, Massaouah et tout le littoral
de la mer Rouge , l'isolant , le parquant ainsi au
milieu de ses montagnes, le privant de débouchés,
et que ce cerclem $e reBserranl fous les joars, on
ne peut s'empêcher d'être vivement ému m prii^
sence de la sagesse de fi$ |eutt0 àottverain qui
n'eut d'autres maîtres que sa conscience et sa géné-
reuse et droite nature.
lohannès a en effet en M Têtoffe d'un hommesupémi^. âossi #nergîqiie peut*S§tre que Théo*»
dorôs, i&ait il aiarait toute la bravoure, il mmontre qu'un courage froid, réfléchi. Non moins
ambitieux, il sait profiter de son exemple. C'est
d'ailleurs une noble ambition que celle de pacifier
son peuple et de le régéJïér«r.
« C'est là mon hut, nous dit «Mre le ÎVégouss;
j*y arriverai ou }'y perdrai la couronne et la
vie. M
Un jour, je reçus la visite très-intéressée de l'or-
fèvre du Négouss, qui m'apportait une de ces
épingles en vermeÛ que hs, eheU planent âtim
lem&émmm- MM ê^mé un thal?^, ét je cher-
chilif dans m^ Mhelols iqïie^lque objet de fabrication
européenne, quand je me rappelai que j'avais des
bijoux parisiens.
Lors de mon départ, mon ami Beyrotlé m'atâîl
ABYSSINIE.
doanié un grand collier en mmm Ûm^ lé M ferre
dû ftùs lenIMe effet.
Ce collier avait toute une histoire. Lorsqiî*#î|
1867 M. Deyrolle empailla ,pour le faire figurer
à l'Exposition universelle , le célèbre bœuf gras la
Lune ^ il avait orttê le cou dn monglmeui roininaiil
â'm ^lî^ de dînî|usnf , c^Méi celui-là mêmeqifli ttfavait donné en me disant :
ce Emportez-le en Afrique; qui sait? un roi sau-
vage sera peut-être heureux de vous Téchangcr
contre quelque beau diamant brut.
ÏM4 m fmméM wâ0m tfmhèt 1 h môrfêtre î e*êtnît le mé êal^ |.|b| faire. Insiî mùuhomme partit content. Quelques instants plus tard^
je le vis revenir apportant une seconde épingle,
plus belle que la première :
a Veux-tu, dit-il, m'échanger cette épingle contre
un mké éê tes l^i^m f t
J^a:vâii #i ]priîdeiit et n^«fil« pm tonâ tout
le collier d'un seul coup , mais seulement une
des agrafes. Je lui en donnai une seconde, me
demandant si le souhait de mon ami Peyrolle n'al-
lait poîntse i^âlîSisrv fi t^eil timif mais jugez de
îïïoii éIcMnèment loi^qns, i iim nouvelle visite qmnous fîmes au Négouss, je vis mes agrafes orner le
cou de Sa Majesté. J'eus toutes les peines du
monde à conserver ma gravité, car certes le
rapprochement était tout au moins bizarre : le col-
lier bœuf gras de Paris devenu la parure de
l'empereur d'Ethiopie, du Négouss Négouschi, le
Roi des rois. J'ai bien pensé à lui offrir moi-même
le reste de mes agrafes , mais , en vérité,je n'osai
pas. Il èèt Mil! #3i^ mm tfii sêiîëîix éM je ne
mn seflrt i^asr cjstpabk.
Je racontai Thisloire à mon compagnon de voyage,
et nous en rîmes à gorge déployée, mais entre nous,
comme les augures, car j'avais fait la chose bien
innocemment , et il lie MkM pas la divulguer.
Le îféfottss , ûoits 4îl Msèi^jkaï^ eit bîett voulu
mm JHfiter à dîner^ m&m û ne possèdaîf M as-
siettes ni fourchettes, et comme il n'ignorait pas
que nous avions l'habitude de nous servir de ces
superfluités de la civilisation , son amour-propre eût
tro|) soufiWt à0 mm ^ê^^flaeiïi MtmM îwàâ^M ^&Mê
fai^ei^ àe fkmmut^ iétl màm% mm de*ilê, âe
nous asseoir à la table royale. J'aurais bien, pour mapart, envoyé de dépit assiettes et fourchettes dans
le Nil , et fait vœu de ne plus manger qu'avec mes
doigts tout le reste du voyage.
E Mk$ qtiitter cette «cmm^ mim mm tt0àxUm
d Mm^ fmréMm e«i«ote taat à i^p|)reïiiir# sur
les mœurs si curieuses iètâ%s4aî^ns; mais le Né-
gouss voulait continuer sa marche contre Raz Adal,
et le départ fut fixé au 11 décembre au matin
îlo^S allâmes fém l^m aâîiîJf à lïAâjftpiès^ Ses
tentas èti^nl plîées^sâ mviU^ meii une ^élle an
16
278 ABYSSINIE.
velours violet, l'attendait; lui-même était assis à
istm mr nti tapis, enveloppé d'un vaste morceau
àe laousseline Bïanclie* JLe Mégottss nous tendît af-
feotitetisement la xnaîn m nous souhaitât bon
voyage , et nous fit remettre quelques présents con-
sistant en mules, cheval et armes; puis nous nous
séparâmes, sans doute pour ne plus nous revoir.
Au pied ie la cdlïinemm altfeiï^ît um tme^kimém
escorte , t^m ôti ipatre m&U soldats pmMti'è^
qui devaient nous accompagner jmqtt'â notre sortie
du Godjam.
Déjà le feu était au camp, quand nous nous
mim0à m «ell^, Mmm diripaïi* ver^M nord , nous
allâmes^ aptès é& hsmm à^me marche rapîiê>
éôuèher au village de Débra-Ma:|e* De cet endroit
assez élevé, nous pouvions distinguer le lac Tzana
et TAbbaï, à Tendroit où le fleuve se jette dans le
lac , à Touest de la presqu'île de Zéguié.
D«s0eiîdliil «ttswîtê dlttis une plàîïiê naagnifique
cônpl0 de riwss^ ^senaée de îtouquets d'arbres,
habitée de nomireu^ tttïîai|>0t1^x d'antilopes, qui
fuyaient à notre approche, nous arrivâmes à Bahar-
dar , sur les bords du lac Tzana, et cependant nous
ne voyions pas encore le lac , tant était épaisse la
ceinture de grands arbres qui reifitour*. Wm$ nous
courons ! Le lac , où est le lac ? Blôuâ IrtvèrionB le
village , des fourrés de roseaux , et nous niions nous
asseoir sur une roche noire, volcanique ,
qui s'op-
tu mt mtWi 219
pose m cet awirtit t TeiitaîrîiseHieiit des emx.
Le soleil baissait àTliorizon, de petites vagues cla--
potaient à nos pieds , de chaque côté une végétation
féerique, et devant nous, aussi loin que la vue pou-
vait s'étendre , une nappe argentée que ridait à
peine um |rîsé îl|^t, Le n'hait intei^
mm^n ip0 p«p le ronfleineMl des îiîpp&|ï6tamfis
qni W0tm^0fé ïfispirer à la surface, en attendant
l^heureprochaine où, quittant leur humide demeure,
ils iraient pâturer dans les marais et les prairies.
Mms mtîOîîs «îleoçîeû^t aussi, recueillis dans
oôftre âdmlratîott. La nttit iaer jysaît, alo»i?ifs^tles
teintes, Tair élait rafraielî par les émanafîéMS dû 1*^*
Je n'oublierai de longtemps ce délicieux moment.
Le lendemain, nous voulûmes essayer d'abattre
quelques-unes des nombreuses antilopes que nous
#ia€iïtt dê îîotrê lèôïé,gaMés par âms hommm ist
pays pour ne pas nous égarer dans cette vaste plaîtie-
J'allais à l'aventure , tantôt dans des marais , tan-
tôt dans de fertiles prairies où paissaient de nom-
breux troupeaux , au milieu de bandes innombrables
de petite Mrpts Mipq^ IMriÏM hmhwhmlus) qui se
perehaî^ istjr te àm ém feeeuii et des va-
ches Je tuais des oîseattï^ î© p^en^îs des insectes
et des papillons, mais Je ne foyais pas la moindre
trace d'antilope.
lin d«g indigènes qui in*t<;compagnaient me eôîiH
S80 ABYSSINIE
iseîUa de me diriger lers Fouest, de Tautre côté
d'une petite élévation couverte de figuiers, de kol-
kouals et d'arbres de toute espèce. Ce pays était
vraiment superbe, riant, plantureux, cela réjouis-
sait 1© ewnr^
De l'atîto côlé im mm^k^vM^ axmi léiu qm mavue pouvait s'étendre, je ^'apercevais pas le plus
petit gibier. J'allais toujours devant moi. Bientôt,
à cent cinquante pas environ, j'aperçus une masse
lai^ couchée au pied Mm^tm, 3$ mim i&ét
mm «utîlepe , el tôiil jofeui jë tae mm â «tiai^è^
dans les hautes herbes.
Je n'étais plus qu'à trente ou quarante pas de
l'arbre et rien ne bougeait encore. Couché à plat
ventre, je ne pouvais voir et n'étais pas non plus
âmm une position favorable pofltr ir^r-M tm l^iti^
et cë lïimieiïi^at^ laîstMiîrii|»^ htîitis sèéles^
réveilla ranimai, qui se leva à son tour* Au lîètt
d'une craintive antilope, c'était un lion magnifique
qui était là debout, dardant sur moi, d'un air plus
surpris que màéïBtât Bm ^rafii* fèiwt de iGp$M*
Uîï IWssoa mm fmmnmî im |«éds è h tête , et wmprèffiîère pensée fttl de tirer ; mais je compris à
temps que j'engagerais là un combat où l'un des
deux adversaires devrait fatalement rester sur le
terrain. Cette première et terrible émotion passée,
mais 1^ étais aneore trop loin pour être sûr de frapper
LE NIL BLEU, 281
juste, car il fallait foudroyer le lion : son agonie est
tfrrîMte^ Le pays était plat, rien ne pouvait lûe |ïro*
^ê§Bt mMfê sm âéfwàèrm éémuMom. Ma pttiîé
n'était pas assez belle. Je restai donc en nMH^ le
fusil au poing, bien décidé à n'être pas l'agresseur,
a Le Seigneur à la grosse tête , comme rappellent
les Arabes, s'en alla d'un pas lent et majestueux,
sans mita© iaïgttet M tôlê^
n'en faut pour le raconter ; mais je restai à la même
place tant que je pus apercevoir la croupe fauve de
l'animal et les herbes onduler sous ses puissantes
pattes; car le lion Élî toïolttiKfi im dêto*"
j« ftî âït ,beaucoHp lafeallre de tout ce qu^on
raconte sur sa prétendue magnanimité.
Je comprenais maintenant pourquoi les antilopes
avaient fui ; ces gracieux animaux n'ont chance de
salut qm êms hmx agilité , et cepeûcbffttle ïîcHi iôit
faire gras&ê ©hèrè éaiïs èètte plaine deBahardarj car
s'il a témoigné si peu d'empressement à me man-
ger, c'est qu'il était repu, ou bien qu'il a pensé que
les antilopes étaient un morceau plus succulent et
surtout moins dangereux à capturer.
M tmim âlors tiMéM l*âlïlml* mm sans re-
tourner la lite d^ietop^en Um^u fmit m^m^métque le terrible félin, prl& jl^tit fêtïïords suhîl, fie
s^éHit point décidé à revenir sur ses pas.
10.
282 ABYSSINIE.
Comme on le sait, le Nil Bleu, nommé Ahbaï
par les Abyssiniens, Bahr^eUAzrah par les Arabes,
la méiïte encore que les^ toeiëîî& désignaient sons le
nom di Ast&puSj, ftmà st wmem dans les montagnes
situées au centre du Godjam; puis, remontant vers
le nord, il se jette dans le lac Tzana, à Touest de la
presqu'île de Zégnié , ressort du lac à Test de la
même presqu'île , coule ters le sui^ «I dèërîi^aïjt
courbe immense, Il cîreon&cifïf Je Ébiijtiîi ét le
Damot, provinces abyssiniennes qu'il isole des tribus
gallas du pays d'Enaréa; puis remontant de nou-
veau vers le nord , il arrose le Fazokl et le Sennaar,
et vient enfin à Kartoum se jeter dans le Nil Blanc,
Ce êfeTîîiee SLptèê mmt t^u mn ^MMmâ^ qttî I
lui seul est un grand fleuve, devient le Nil fameux
qui fertilise TÉgypte, après avoir arrosé Philae,
Thèbes et les Pyramides.
A Bahardar, à T^st delà presqu'île de Zéguié, nous
mm tPOtïtîôûâ mmlmê^ de tous côtés par îe lac et
FAbbai. Aussi lorsque continaant notre rotitesBrlés
rives verdoyantes du lac, nous marchions à l'est vers
Kouarata et Gondar, nous nous trouvâmes subite-
ment en face du fleuve à l'endroit où il sort du lac.
II coulait alors large de plus de quatre oeiïtâiaiiiRBS,
entre deux berges peu esearpies i&rmées t&ntôt de
FOebes volcaniques, tantôt de vertes prairies qu'om-
lirageaient çà et là des massifs d'arbres.Ce n'était pas
tme w^mm besogne que feiïe^Pàwerser^tte îa^
meiase nappe d'eau à imim immmxmj quim mmpo^sait eïK50re de près de deux cents personnes, de
beaucoup de chevaux, de mules et de plusieurs
bœufs, sans compter tous nos bagages. En amont et
en aval, le fleuve formait deux petits rapides; le
«lottrîttït ^nît 90m imt) hippopotafflie»wmîmtde itmpÉ à aiîtffe mplrér à h saiface^ mais heu-
reusement il n'y a pâi de crocodiles en cet endroit.
Chose singulière! ces gigantesques sauriens, qui
pullulent dans toutes les rivières d'Abyssinie et que
nûmmmm tm m é ^mmà mmkm dgn» flibbaî
liîl-Bïlitte^ |uiiqpe» Ile««s plus m mà^ n^habîtent
pas llÈus Im $m% du lac et ne se Featëïtôfï^^ le
fleuve, après sa sortie du lac, qu'en aval d'un ra-
pide assez fort situé à quelques kilomètres plus bas.
Les Portugais avaient oublié de nous construire un
pont, et ne BOUS restSilt que àmm tïtennîttites f
tmeerser à h mgèmimmtimpmm^ t&féouas.
Or la tankoua est un esquif aussi peu solide que
possible, auquel les indigènes se confient cependant
pour exécuter de véritables voyages sur le lac. Ces!
un bateau en joncs fortement reliés entre eux, rap-
pelant par $t f#rïne les gondoles de Venise. Comme©6lte coque est p^âi^ffentenf |terméabî^^ i Teau, on
ineldans sa cavité une sorte de radeau, toujours en
joncs et très-épais : c'est sur ce volumineux pail-
lasson que se placent les passagers, de trois à dix^
suivant les dimensions de cette frêle nacelle. Le
nautonier se tient à Farrière, armé d'une grande
perche qui, lorsqu'il ne trouve pins le fond, lui sert
de çâïHB% ÎTî&is le cm hsàmrn transportèrent mmaceîd^nly d'une riva à Fautre, les boinwies les
bagages. Quant aux animaux, on les fit entrer dans
le fleuve et ils traversèrent à la nage, suivis d'un
homme qui les excitait de la^voix et d'une longue
baguette, comme ttnherger qui cMJiiduîttèS tt^^
m fillartgje. Xat ti^ersée dura plus de deux heures.
Ires soldats qm nous servaient d'escorte remor-
quaient à leur suite leurs femmes et leurs ser-
vantes; plus d'un petit cri de frayeur féminine se
mêla à la voix des hommes qui se hélaient d'un
hennissements Ûé$ «hêwâax* ïï y avait ptr nstomeats
un tumulte burlesque • Bien les liâtes forcés ou
inattendus furent pris. Il n'y manqua pas même les
ruades des mules récalcitrantes,
qui couvraient
d'eau et de boue leur conducteur, à la grande joie
ie tont le aiflîïie, ïi* |âietè> la hmm àutaesr de
chacun ne fîit pm assombrie d'ailleurs par le plus
petit accident.
Nous n'étions pas pourtant au bout de nos peines.
Toutes ces plaines qui bordent le lac sont coupées
#îi^taiit m lïmltot Ée^rîvllt^ larges et profondes,
qui sont ses trihttteîmj; lel au moment où noiïs
apercevions, au miliett delàirerdurei les toits pointus
LE NIL BLEU. 285
de la petite ville de Koiia»itt?t, mè sêfionde rîfîëre
nous h^ym le ^emin. C*étaît la Goumara (nom
abyssîtiîêïi I» Ftippopotame).
Là, pas même de tankoua. Les hommes et les
animaux pourraient passer facilement, la rivière
n'ayant pas plus de 50 mètres de large ; mais les
bagages «aiâm« lnûm^f Jlnfin, après Vimdes sofilages^ m Umm tm gïrè &k les boiatties les
pîttS grands avaient pied à condition de lever la tête
pour avoir la bouche hors de Teau. Etre un bel
homme n*est pas toujours un avantage. Les tam-
bours-majors de notre caravane durent opérer la
ip^tMù^tt î«s bagages #de&ife«imes, ce qui àmmÎi0ïi à de îiOïiveiiis îièiiîes et i l« a^tiveaiix accès
de gâÎ0ié, Quant à nous, quittant nos vêtements,
nous nous élançâmes les premiers à Teau, dans le
but de prouver aux indigènes que nous n'avions
nullement besoin de leur secours pour nous tirer
Kûuarata est tiîji ll^#cmti|ïï« fm ijoi^ta^
lîèm. Je Be croîs pas é|rt de térîtiM esti-
mant sa population à deux mille âmes. Assise sur
un petit promontoire de roches volcaniques taillé
à pic du côté du lac, ses maisons à toit pointu sont
ïîttêralemerrt enfouies dans une forêt verdoyante.
Après bien des poûrparlers, bîeii des discussions
ar/imées et acerbes^ les soldats obtinrent qu*on nous
cédât une maison assez confortable.
366 ABYSSINIE.
La propriétaire, épouse d'un dedjasmatch guer**
r0|«iït aï^rs mm le Négouss, étaîl uuê femme
presçw ytïKÉâ^ lielii me&tB^ md^è ses cheveux
gris, au nez aquilîn, aux lèvres pincées ; il ne lui
manquait qu'une robe à falbalas et une perruque
poudrée, pour ressembler de tout point à une douai-
rférê dël%ïéj^ff jT^îmt. ÏTéftîjê t|3pfe le plus par«^
•feiteiïtiçat i^faîf et mî^^p^fy^^ f^s^m mâk^mme, Mmééie d'abord # l^ï^iûeatWfe^de ce dérangement, elle ne nous cacha pas sa mau-
vaise humeur, mais voyant qu'en somme nous ne
mettions pas sa maison au pillage, comme elle
fmM fiii^Çtre «eÉïWtêt #1^ ^nît par s'aàjiï^ir et
laîre confié mtm^mMêJ^^ ^m eam^* G^ltaît im
huen retira délicieux q[ae rhabitation 4e ttotre mar-
quise (c'est ainsi que nous l'avions surnommée à
cause de ses grands airs), une maison assez vaste,
èttMè à Flttljèrîiear ©ïi plusieurs compartiments,
entoiiifée d- uir p!tàia oh pôïjisaiesit à Bwrentîim Implus beaux arbre$ te l%îoias iiiapleafel et tem-
pérées. D'immenses genévriers au tronc dégarni,
aux branches noueuses, servaient de perchoir aux
aigles et aux vautours ; au milieu des bananiers,
det cédratîfijrs eHes CMcaiJgers voltigeaient âéss §ôiïîh
fflaups; de pelîlef peî*iîiiïeseiw|iietw à rentrée
de leur trou ou glissaient de branche en branche^
tandis que des merles métalliques et un oiseau
charmant, non pas tant par l'éclat de ses couleurs
LE IVilL BLEU. !2S7
que par leur harmonie et par la vivacité de ses mou-
jouaient au milieu des charmilles et des buîssoiïs
de caféiers , à l'ombre desquels nous aimions à nous
reposer.
Kouarata possède plusieurs églises, toutes mys-
^Msimtiqiîe lë clêi^^i^ssîitf^u^ etttendaiit i mer-
veille le confortable, choisit toujours, pour y vivre
dans la béatitude du far niente^ les sites les plus
pittoresques et les plus plantureux du pays. Sur
une petite plage , des tankouas sont tirées à sec et
tiim&mà fii^ leurs fi^rî#iîf^^ pi^teot
beau teaip^ s^aireiïlîiïeiilk k pêcbç surk lic^ Çëïte
|>I$ge se continue en marais ju§qm*| nti petit rpîs-
seau qui vient, à travers les joncs, apporter au lac
rhumble tribut de ses eaux, encombrées de nénu-
phars. J'y poursuivis souvent, au risque de m'en-
vaséri 4e h^m% lépidoptères ow mmwm^^m^31e mtmï à tïsvèrs sèalîers i^îlleiiii etaïon-
tueux, qui servent de rues èt qïie barrent d'endr&ît
en endroit les toiles d'énormes araignées du genre
dvgyope^ au ventre charnu et argenté, je croisai
souvent les habitants de Kouarata, et je fus frappé
dtt lîcimb^ei^ i^È^^îte^p»! e^tî^ femmes
pres^aè Maafihes qiïj JiaMlint ^ette pelite ville.
Malgré la clarté de leur teint, je ne trouvais pas que
rensemble de leur physionomie offrit avec nous*
métàm um tmsmtùàmme plus grande que «te
les «utei^ Mfislftî«te:i leurs lÈmm vm semMâliat
liiême particulièrement charnues, à moins que ce
ne fût précisément un effet du contraste de leur
teint et de la forme de leurs traits qui exagérât le
pdrtâîtntMsm loiïgt «l qùî j^Mm^ pM ôatfés, î»#
parurent plus crépus que d'habitude. Il est vrai
qu'il est en général assez difficile déjuger des che-
veux des Abyssiniens, parce qu'ils les portent tou-
jours très-ras ou nattés. Dans ce dernier cas, les
chei?eax soni si forteinent tendus, que leur aspect
Bâtur^X est i^mpUîmieni moàiûé^ comme J0 m'msuis assuré d^^s d'autres pays en voyant de véri-
tables négresses, qui avaient adopté la même coif-
fure en nattes.
liftlac, nous dit-on, est très-profond, et plusieof^s
voyageurs pensant quB c^est un ancien cratéjrêy
opînîoH que p^i^îssent justifier les rûtitet ^tii
forment ses berges à Bahardar et à Kouaratâ ei qui
m'ont semblé essentiellement volcaniques.
Tout au loin, à Thorizon, nous voyions émerger
ewaïae m eôae Tile à& Beck^ «t nom mmtmmd'envie de Faller vÎsïI^^ B^eitx se nfcargea de
nous chercher êe$ tanJkoaas et des pilotes, l^ous
n'emmenions avec nous que deux domestiques, car
les petites barques ne pouvaient contenir que trois
hommes chacune. Mais à peine embarqués sur ces
IM NIL BtEHr
fbUes eis^îls pmt un voyage rçlàtîveîaettt ïm$cours p cl^l f îfrdk en^tros êf»qf t é% UmmJiomt'fki^ h Vile de Deck), nos pilotes nous dirigè-
rent vers un petit îlot tout voisin, où se cachait une
église au milieu des arbres^ Nous leur fîmes remar*
^uerqm m n'êtaît pus à cet îloi , tnàîs à la grande
îleïè-ba^ , là-l>as, <pt0 vmMm&^sï^. B^êrîm
leur eflroî serait cirose împmsîlïlê* « î^ïIb àe
Deck! dirent-ils, nous n'y pourrions jamais ar-
river avec nos tankouas; personne n'ose faire ce
voyage; nous serons noyés avant d'être à moitié
route, et quand même nous afeortoà>tt* è fîle,
mm mn&m é^âmmïâ fmèm : elk est Bsiîlêe
par des ïÉoufîtt qxâ nous chargeraîent de j(ii»îneSt
s'ils ne nous massacraient pas. Prières,
pro-
messes, arguments de toute sorte, rien ne put les
convaincre ni les fléchir, pas même le suprême
arguBitiat éês llal^pît^ ^r^e bUms fut de rêimnlr à
terre. Lbs tankôiiâs qwè ttôti* môMlteus étaient à la
vérité bieti petites pour résister aux clapotements dtt
lac, mais on eût pu en trouver de plus grandes, et ce
refus opiniâtre de nous mener â l'île de Deck ne
nous paraissait pas clair. Plus tard, quand nous
Itoes îôîii ^mm^t IJâreé de questîcmfl# îîps
dofiaeslîq««^, mcîUf fiiiliîtes par leur faire avouer le
véritable motif de cette oBftfetîçu^
Les prêtres abyssiniens, qui aiment à s'immiscer
dans les affaires politiques du pays, mais veulent
17
2T)0 ABYSSIMIE.
sortir sains et saufs de la mêlée, ont choisi Tile de
Deck, que protégé sa eeifttiîïe liquide, pour y dé-
poser leurs trésors, éîihm m sôtieîaîent nuîleimeîit
de voir deux Franguis pénétrer dans leur sanctuaire.
Telle était la véritable raison du refus de nos pi-
lotes, que les prêtres de Kouarata avaient sans doute
menacés de Texcommunication, voire même d'une
peine plus corporelle et plus palpable.
Les ri^es du lac étaié»t peuplées â'aîs«awl d' eiftii
pélicans, ibis sacrés, iêroDf ,canards, oies d'E-
gypte, etc., etc. Nous avons souvent porté la déso-
lation dans ce monde emplumé, qui n'était guère
habitué à trouver des ennemis si meurtriers. Mais
faîfiaaîs â«r|oï^ rëlc«ïï3iW 4aBf lâ pïaiïie^îyte^
les marais, des ibis blancs* ou bronzés^, des hé-
rons de différentes espèces. Dans les flaques d'eau,
les gracieux jacanas% àl'aide de leurs doigts déme*'
suréittettt longs, couraient sur les leulHes àés vMm^fars coiûDie siiruR jîâttete^^^àt^
aussi Bit ïïiMin^ldbèiîr *^ plmpétii^ué le nôtre^
msm uti tèrîlaMe fsphir, avec une motîttaïàt d«
plumes azurées; quelques antilopes, toujours insai-
sissables, qui venaient paître et se désaltérer dans
1 Ibis religiosa.
2 Ibis falciaellas.
LE NIL BLEU. 201
les joncs, puis entin le plus bel habitant de ces ré-
gîom, le guêpier Wttâ^ fti* ItW^iîc^fiiiatt en
tdb lîwhè^êttx y ïHfïmter au sôleîl tantôt sa
tête azurée ou son dos et ses ailes de pourpref
tantôt sa poitrine d'une teinte plus délicate que la
rose la plus pure. Sa forme élancée et gracieuse
ses ailes cambrées, les daix longues plumes de sa
queue iwÉàfeat de faire de cet oiseau un des plus
hmm êtres q«*îî sôll fôtsîble de iênm^
Quand,après avoir passé huit jours à Kouarata^^
nous nous décidâmes à nous rendre à Gondar, nous
longeâmes la rive orientale du lac Tzana, à travers
les plaines dit foguérat qu^arrm dt titïfuïiî^îites
rivières î le Keb, une ^aj&ie piytwajart, l'Arno, le
OaïûO^ <îi>a5^ter d» petits fcfïafrt à'^m ^ns im-
portance. Toutes ces rîfîlrê$ étaient encore, malgré
la saison sèche, larges et profondes. Chaque fois,
pour les faire franchir à notre arche de Noé, c'é-
taient ie nmm^mm Mâmïfm ^saîsoûtiés è$ fé»mal de gros sel.
Ces plaines, que le lac inonde plus 0tt moins
dans la saison des pluies, étaient alors couvertes de
bestiaux, qui s'engraissaient de Fherbe touffue.
Nulle part ailleurs, je n'ai vu tant d'oiseaux que sur
lês hmÛB 4tL Mb% Sfes toge^ âtaîeut IM^émàmâliprrées comme rhaHt d'un arléfUîn; des vols
^ Mewps îiiilïiciit.
29-2 ABYSSINIE.
d'oies et de canards s'ébattaient dans ses eaux,
tandis qu'un peu plus loin, semblables à des cava^
lîers mec leurs têtês mnêês â^wêi jpiBâ<É# Jiiïîiïe
,
se pressait im ÎBBôïfti>i^Me feffeiil^ êe grues cou*
ronnées, qu'on désigne souvent aussi sous le nom
d'oiseau royal {Pavonina Balearica). Tous ces
pauvres volatiles étaient si peu habitués à s'effrayer
êtxm coup de fusil, qu'à chaque clltonalto îls
s'életfàietït m croBâsaal^ aitîs pour revenir à la
même plaee^ m ^ètxt de quelques miButes^ servir
de cible à nos coups.
Les montagnes d'Ifag limitaient cette plaine à
l'est, et l'on voyait encore au sud le massif de Débra-
tabor^ que déjà apparaîss^^ôi^it tm Imt^^ïéi^
itmU Oirefuêra , eà Qmàm esl as^^
.
Cette plaine fertile est semée de villages perdus
dans la plus luxuriante végétation. Quand, au cou-
cher du soleil, nous nous promenions sous ces
Bîfsiérîeux «mbrageSi nous entendions les bandes
de grues ^ de hérons, d'ibîs, qui ventieiit, e»pôa#^
sant leur cri guttural,percher pour la nuit au som-
met des arbres, et V aigle vocifer^ tout brun, avec
le cou, la tête et la poitrine blancs, troublé dans
son sommeil et sa digestion, étendait ses grandes
âîltSi -vôitteÊîlm mmmk fw rfftnîr à fhmreprendre son sonjmifeînterrônîpîî»
C^était vraiment un beau pays, où surabondait la
vie animale et végétale, et dans chacun de ces vil-
lages il y aiaît «ne pètîtè êgiisê ân milîm de sen
bois sacré.
Dans Tune d'elles , où nous nous promenions un
jour en emmmmt foDl d'uii œil curieux, nous trou-
domestiques, par respect pour le sam^^^ s'étaient
tenus à l'écart, et nous pûmes continuer notre
examen tout à notre aise. C'était un sarcophage rus-
tique, qui cônt^Hiail ï© ijqîîëlèîjfe d^titt t&fent* Un
tronc d'arbre m0i Mè çtjm$à fît $tàtm0 d^nge,
piïîs enfeloppé i^èmtmn d%rbrt& reliées atrec
des cordes en sparterie, et pieusement déposé
dans le péristyle de Téglise. C'est la seule fois que
j'aie rencontré en Abyssinie un semblable tom-
1mmTiMê ë^e végîoît e^ rep*itée^ lorl tttaïiaîm lin
soir qu'après avoir fait une lèî^giie étap« sams ren'-
contrer le moindre village nous voulûmes nous
arrêter au premier hameau qui se rencontra sur
notre chemin, le chef de notre escorte refusa de
nous I spîvr^ï ôlï%u»i|t lli^f^iîbwiê du pays.
Cette cralnle #aîf puérile, ear mm é0àtit mIotè
in pleine saison sèche, époque à laquelle les fièvres
ne sont pas à redouter. Le village cependant ne
contenait presque plus personne, et les rares habi-
tants erraient comme des âmes en peine, amaigris,
éttï^, eonsuméf par une fîirct ImU # èCHftiîiïiie.
m4 âBYSSmiE.
C^étaît le petit ¥ÎlI«p |*to«?-6arK0, aîniî ncmmèparce qm'îl sa trottire au coEflueml de ces àeu% ri-
tri ère s.
Du village de Forkabeur, situé sur une petite
émînence, nous apercevions les plaines du Deiïibèa,
entre le lac et Gondar ;puis à Touest, à rtorizon,
le promontoire de GorgoTa.
Laissant derrière nous les plaines du Foguéra,
nous entrâmes dans de petites collines plus ou
moins boisées, entre lesquelles coule la rivière
Maguetch,que nom traversânjes sur nn pont de
cinq arches, construit par les Portugais.
Du haut d'^un mitmelon, nous apercevons enfin
Gondar, dans son amphithéâtre de montagnes, as-
sise au milieu de ses ruines, sur des croupes arron-
dies et dénudées. Une heure encore, et nous serons
toff la capitale de râfcpsînîe.
eÔl&Afl ET LE ODOGUiftâ.
Gondar. — Le palais des empereurs. — Eglises abyssiniennes.
— Le clergé. — L'Abonna et TEtchéquié. — Le kosso* —Les hauts plateaux du Ouoguéra. — ]gtraagm mc^îititgiii^^
Attaque imprétrue. — Lê eoîîilat. — Reltaîte dans ï*êgifea*
— Un protecteur inattendu. — Moment terrible. — Lavieux choum. — Un enterrement. — Négociations. —Rançonnés. — Libres enfin ! — Débareck. — Le Sémiène,
— Un repaire de bandits. — JVous revoyons le Taccazé,
ân mtû le M fkkm ân BéMMa, stir àen mame-
lons dénudés qui s'étagent au pied des montilfttes
duOuoguéra, est située Gondar. De là, on aperçoit
le lac Tzana et les contrées fertiles qui Tentourent.
Deux petites rivières, la Kaha et FAngareb, qui
miàm^ mfÈ: le lae, djmôn^lréûi M tile propre-
ment Ifte.
Gondar, qui est aujourd'hui la capitale de rA%s^
sinie, et, malgré ses ruines, la ville la plus impor-
(ante de ce pays, la résidence de TAbouna et de
TEtchéquié , les deux chefs du clergé , est bien
^il en fut,ptiisftte leiatidens c0nTûâîssaîent ce pafs
296 ABYSSIJSIE.
mm ié nom Empire des éwmm^m^ et §0 -ïoîx
premiers sîècîes iû notre ère h foî â'Éthîopîe
prenait ce tilre , comme le proutre l%scriptïOtî
grecque d'Axoum.
Ctontom §màèè qwe iooie çettls ans plus
tàtè i vùm îe ^mmèmB siècle , mm le tègne âe
l^empereur que Sait appelle Facîlidas, le mëim,
sans doute dont j'ai entendu parler à Gondar sous
le nom d'Atié Fazzil. Cest aux Portugais que Gon-
dar doit d'être devenue une cité importante, et
cette opinîoii âemïîle mfl^mnieat justifiée par les
îwînes d'orîgîîie enropèenae que Von y reaconlre
à chaque pas.
Gondar fut longtemps la résidence des Atiés et
desRaz d'Amarah, qui se plaisaient dans les palais
qm hm «imîettl ecmteïîîs 1m ^taljù|Éâs.
Tbéodôros le premier, à^hiiineiïr guerrière #avenitur^èiise, préféra vivre dans un camp, au milieu
de son armée, et il choisit un nid d'aigle, Débrata-
bor, d'où son œil pouvait découvrir au loin ses
ennemis. lohannès, à l'époque où je le vis en
Abysdïïîe^ tt^êtait pas enèore assei Isrineflaent mmmr le trôiie po^r se p^lôeeiiper d*une résidence
royale.
Afin d^éviter toute trahison de leur part, et sous
le prétexte de les combler d'honneurs, le Négouss
retenaît im coiir ribeunt et fltchéquié , et Gon-
dar^ vetive de ses tnattres^ n^était plus alors i|»Vfie
GOXnaR ET LE OUOGUÉRA. S01
cité morne et languissante, qu'un marché hebdoma-
daire parvenait à peine à faire revivre périodique-
ment pendant vingt-quatre heures. Mais pour nous
voyageurs, elle était pleine ifi ^èmimm mWêmm^et, malgré rhostîlité mal dîsdMialèe âèà biBitante
ttWS lîlsôMniê^ quelques jours. On n'osa
pas encore nous refuser l'hospitalité, mais le chef
de notre escorte, un Dedjasmatch, s'il vous plaît, et
porteur des ordres du Négouss , encore ! en fut
réduit à ÈOBéMr far ïà ffeee du marché, parce que
lès^ ppHret fFiteniîTetïl qm la ville était sacrée et
exempte de toute contribution.
Gondar est divisée en deux villes nettement sépa-
rées, la ville chrétienne et la ville musulmane. Cette
lerttîère est une sorte de faubourg situé au pieâ de
la éolBîie, et ftt'iiMle taàle wm p©|»ilatî©t de
mi^téhâtïâs : marchands degltlê^ débits, de coton,
de toutes sortes de choses; et aussi, faut-il le dire?
marchands d'esclaves, que leur fournissent les pays
gallas. Il faut pourtant reconnaître que ce quartier
m«illlmEa mspîrfe î^aîsance , la propreté, To^tl^^
lates â%sfflîttî#tts musulmane |iôrteîît lê même cou-
tume que le» c^i^ltîttts^à cette difiérence près qu'ils
ornent fréquemment leur tète d'un turban, à l'instar
des Egyptiens et des habitants de Massaouab, des
îles et du littoral de la mer Rouge.
Quant à îa^ ?îlle #i^lîeniie> éîlê est eû^^-iniitte
partagée en àm% par an ptofond ravin qmi sert de
17.
déiiiftreàtiéii à âsm qnartiers, nîoraleïûBmt encore
pltis âîstinefs, lé qoârtier de l'Abouna et le guartier
de TEtchéquié.
A l'est de ce dernier, sur un vaste plateau, se
dresse,majestueux encore malgré les outrages du
i temps et des hommes, lé ehâleân l^s éM|>*ifeurs ,
entouré d'une muraillé |>e^èe d« pottes wàtées.
La partie la mieux conservée est un grand corps de
bâtiment, flanqué d'une haute tour massive et
carrée et d'autres tourelles rondes de moindre
importance. C'était la demeure de l'empereur lui-
œlme^ *ûi^ess^iôn de vmkts mU:m qui 4oBiî^t wrBit pèï^ôn^ et âmt les fenêtres, âoîoiïrd*htii béantes
ou à demi fermées par des ais brisés, étaient garnies
d'un balcon en bois dont il ne reste que quelques
vestiges. Ce palais, couvert en terrasse, avait des
murs crénelés eomme ^ienx d%n «hâteait fort. Tout
frés se trwe }& i^mUlm réservé h FimpèrstriCô^
d'une conslPtictic^û anoîns sévère,plus gra«iènsé î
les croisées sont ornementées de croix grecques,
plus ou moins fleuronnées ; la façade offre des cor-
niches , et la terrasse est bordée d'une balustrade à
jour. On sent que d'èiajt là la dexneui'e d^iinefsmnie»
Mus loin, ce châlêaai ^t immensg,. sônt
les bâtiments destinés à la cour ^ lies salles d^armi^Si
les écuries et jusqu'aux fosses aux lions. Les
ornements des corniches, les encadrements des
fenêtres et des portes sont faits d'une pierre
€tIDAR ET LE OUOGUÉRA. 299
rougeâtre, assez friable, et si semblable à de la
brique que Fillusîon, pour moi, eût été complète
si je n'avais vu, à quelque distance de Gondar, la
cardéréd^iiron avait tjrée^«jBiïrÎ0ufe|)îtrre^ qui
m ^Sttttsçrvé sa comlenr vinettse api?ès plas de trois
siècles.
En général, Farchitecture de ce palais est lourde
et massive et absolument dénuée de sculptures, sauf
leà croix grecques qui, sur quelques façades,
surmontent le cintre des prînèïj^Iîit |M?rtes et
A quelque distance de là se voit un autre palais,
également construit par les Portugais, mais de bien
moindres dimensions. C'est un bâtiment carré,
crénelé et flanqué d'un haut iGa|On, cacri tiissî,
qii%ïèîlaîêtft Im Mmf ^ â%ik îïs fOttvâiaiïf surveil-
ler rempereur leur îûiîtïîft*
La ville et les environs sont partout semés
d'églises; il y en a, nous dit-on, quarante-trois,
dont plusieurs ont été construites par les Portugais.
tmllm pltîs solides etplusïigidlères.
En Abyssînîe, les %lîset sonl t«mt#s coiïslrBîtes
sur le même plan. Elles sont plus ou moins
grandes; les boiseries sont plus ou moins réguliè-
rement taillées, voilà la seule différence. Je meBoriieriti lèmâ k âire, en quelques mots, ce qu'elas
sont en généraL
300 ABYSSIllE.
L'église est toujoa^s fîtuée au milieu d'un bois
sacré, qu'environne une muraille. C'est au pied
de ces arbres séculaires , à Fabri de leur ombrage
,
qu'on ensevelit les morts, dont un petit tumulus en
pîérrè mâffue la fGmb&i nulle Inscrîptîôti^ màmmnmrni^m mpfMmi les noais, les qmlîMs in
dèfunl Les princes, les grands de la terre sont
inhumés dans des cercueils en bois et déposés dans
le péristyle même de l'église, comme nous l'avons
m k ri^îsjà d'Ouquère, cômMtè îrtttîâ le vatrôfts
en€0i^ à Goiîdsr*
Lorsqu'on va à une Iflîli t ^ pénétré
dans l'enceinte extérieure par une porte percée au
milieu d'un petit bâtiment carré, dont le premier et
unique étage sert de domicile au gardien du lieu,
tt^ $ms le passage ^ôûté qïif disAitt^ mmè» àmn le
infirmes, des malades, tous plus repoussants les uns
que les autres, qui viennent là implorer la charité
publique, ou des âmes ferventes qui, voyant arriver
irestîbiïïe de la aiô^^a de Mm^ pour mourir pîmprès de lui et plus saintement; d'autres enfin qui
espèrent obtenir une guérison miraculeuse qu'ils
demandent au ciel à grand renfort de plaintes et de
génîîssements.
Wmim eêtftfe forle, ti^ipèrsèz le bois mystérieux^
et vous arriverez à um construction c|lîndrîqtte,
êOîîDAR ET LE OUOGCiRA. mmmeriê à^nm luât mniqne en chaume, que smJ^
monte une croix grecque ornée de boules peintes en
blanc. La muraille est percée de plusieurs portes
en plein cintre et d'autant de petites fenêtres mu-
i^êm âm îtiïi^ t^t$ et i# hm$ éésâ^^ grossière-
wmwâ itîllÉs mm U hache et I%«fîiîîttette* ftm^chîssant ce seuil, vous vous trouverez dans une
galerie circulaire, ouverte à tous les vents, et qui
entoure une construction intérieure carrée, sans
autre ©uttrture çu'une porte, à laquelle conduisent
iâeiix m trois degrés «t que fermeftt ^tùx fcâtt^ttSi.
chaôiiîi ê^mn seul morceau de bois, eiïchaînês par
un grossier cadenas. C'est Téglise proprement dite,
renfermant le tabernacle, que voile encore un im-
mense rideau. Lors des cérémonies religieuses, les
deux partes &^©wvf#îty ef les êêiMm se fî«pnéJrt
hmtm âèerotipîs èsm k galerie^ ^tatïs ïes prêtres
et leurs desservants approchent du tahernaçlë et
pénètrent dans la seconde enceinte.
On voit souvent dans la galerie des nagarits ou
tambours, des timbales, de petites clochettes en
cuivre m w imfrainpïl de jansîffte très^i^rpe^
C^mM lîTÉMi sorle d^ïïm ifer, mmi d'une poignée à sa
base, fermé à son ouverture par une tige où sméenfilées de petites rondelles qui résonnent en se
choquant, quand on agite rinstrument. On voit
encore là des bouquins enfumés âved des cowver-*
tares en bois et cuir gaufiréî çè sont les livres de
pïiè*feS| le papier n'a pas mmm têïïiplacê le
parcfeemîû bb peaa de g&mllB^ et Vhm^^iâmmàMy
récriture manuscrite. Quelques-uns sont de véri-
tables chefs - d'œuvre de calligraphie, où Fencre
noire et rouge et quelques arabesques simples, mais
bon goût , sô mailfiit liwew&ffi^ôi Ihtres
$mé^ pàïmît41, écrits en langue glêse^ la Mngnè
morte, la langue sacrée. Je ne dirai point quelle
elle est, ne connaissant même pas Tamarbinien, ni
le tigrinien,langues vivantes
,qui en procèdent.
Le toit de chaume est, à Tintérieur, très-habilement
coiîstrtfll r ies J^emlïQiis en roseaux qui le formant,
SiymétriquBaietït disposés, sont encore reliés par des
bandes d'étoffe rouge et bleue, et les cercles qui
servent de traverses sont entourés de torsades de
mêmes couleurs, qui, se détachant alternative-
ment mp 1^ felâft^ $m msÈ^ttx^prftdiîi^nt le plus
eïïti*ttiàttï dK&t. Bettt-itre mêû mm mil âë Vtmmnétait-il agréablement impressionné en revoyant, au
cœur de TEthiopie, les couleurs nationales et
l'image du drapeau tricolore, que tant de malheurs
n'ont pu assombrir ni décolorer.
ou trois flerrmpMt^elMlïichâ qui, lorsqtt%tt
les frappe avec un caillou, rendent un son argen-
tin ; ce sont les cloches qui servent à convier le
peuple à la priêPè.
Daiîs l^îsés ïlcîi^s, ïè Mnclïïàîre tsf souvent
tepîssé, du côté de la galerie, de fresques stir toîle
représentant les principales scènes du christianisme.
Ces peintures sont curieuses à plus d'un titre ; elles
rappellent d'abord le style byzantin dont elles ont
lit t&^dsm eïteiff k imteti* La perspective
f Imçoaïitte; le àiàhlB mâ f est i*epfésentè sous
les traits d'un nègre , tous les autres personnages
ont la peau blanche et rouge; les costumes, les
étoffes, rappellent vaguement Flnde et ses coutumes,
ce qu'il faut, je pense, attribuer à Fintervention des
Portugais qui, wmmà le r&irôpe et flade^ ont
wftM «appeler lès^ ^tttreïîîf^^ le It |«itrie, et mtiburni ainsi aux îndiglttês des modèles que cetrX'^d
ont depuis scrupuleusement copiés. On voit encore,
du reste, aujourd'hui dans plusieurs églises de
TAmarah des peintures que les Abyssiniens disent
e«3Hûiéîppe& ^OT^ été Mises piir ie§ artistes portu-
gais j fm M m âmÈi leâ sâEcttMrîi^â 4m Gmim^^entre autres dettitet de Christ et de Miliitei^ tmï^
ment belles ; ce n'étaient pas des fresques, mais
des tableaux sur toile collée sur bois, flanqués de
imx petits volets comme ceri^ «.rstéim d»
mûfm âgé.
Les A%«slaîetis aiment à représenter surtout
saint Georges, saint Michel et les miracles de la
Vierge. Ils ont pour la mère du Christ une dévotion
toute particulière, qui se traduit incessamment par
304 ABYSSIim
le teffcEittles allégories dans le but de proutrer à In
fois sa puissance et sa bonté.
J'ai été frappé par l'expression, dans une de ces
peintures, d'une idée originale et naïve : le Père
éternel, entouré d'anges, y est représenté tenant i
ÏE ïnaîn le drapeau aux eoiileurs abfssinîeniî^s
,
blanc, î?ôuge^ et blanc, disposées horizontalement.
Nous avons visité la majeure partie des églises de
Gondar, les plus importantes du moins et les plus
belles, et presque dans toutes nous avons vu ces
paîntBrîs litml^ nlm^ é$ parler,
11 noms Mstâït mmm kmk^ cfu^ques ruines et
rabbaye de Kouskouam, située sur un autre mame-
lon, en face de la ville et de Tautre côté de la vallée
qu'arrose la Kaha. Nous avions pour cicérone un
Grec nommé ôtiorguis , ait tiïâaFaîs dr^Ie én
fût, devenu âbyssrafetî: firt portant le eostirme îndi-
gêne.
Nous trouvâmes d'abord au fond de la vallée un
petit monument que je pris à première vue pour
une construction arabe, tant il ressemble aux mara-
hmtsqm Tm retiieoiïlre dans les pays ntiotsîitoaàiï* t
trois pîkstrts^ rlwtîs pardes iroâles m plein cintre,
supportent un dôme* La destination de ce monu-
ment est plus bizarre encore ; c'est le tombeau érigé
à un cheval, mais à un cheval d'empereur, par les
orirts i|ésm mêSké -ÉMè fmM^Prè$ imMm trouvent les bains du mèwm ^mpe-
<îtïS&4t ET Ll OUOCUÊRA. 3Ô5
reiit, construits encore par les Portugais et trans-
formés aujourd'hui en église.
Au centre d\ine enceinte de murailles flanquées
de tours se trouve, ombragé de beaux arbres, un
lâtîBifRt carré enteûfé i^a l&âsé qu*ôn traverse
sur 11» fùnt àêhhté. î^ê fossê^ dêtattl la ^itde
méridionale, formait une vaste piscine carrée ; mais
tout cela est aujourd'hui desséché. A deux cents
pas au nord, on voit encore une autre petite con-
struction qui renfermait les pompes. L'eau tombait
éms âm Êjassiut ^1$ ètaîl èhnollê et^ p^r tecOBchjîts sfioteraÉt^ «trftàît^ iéde encorè, ênmIm salles de bain. Tout cela est en ruine ; les
conduits sont bouchés, les pompes n'existent plus,
et il ne reste plus que les puits à demi comblés,
HbsM% $iïr la eolliiie^ au milieii d'une fî&rêt û&
rumes de VMi^é^ JW^fale ÎKdii^louam, moitié
castel et moitié monastère, entourées d'une haute
muraille. Nous errâmes un certain temps dans le
bois sombre et silencieux, puis un enfant ouvrit un
vaste portail et lmW M |>àfflètr©r àm& mmmmf ©fe
q^ujeïqpa^ Imttes sertOTt i^alïitatîon mm ptètrès^
aqit «f^SSêfvants et à leurs familles. L'abbaye est un
long corps de bâtiment, dont il ne reste plus que
les murailles rougies et noircies par le feu ; l'archi-
tecture en est sobre et sévère. Accolée à l'abbaye,
se trottfftît ttttê petite église cylindrique égalçiâctdnl
300 ÂBfS^tîïlË.
en ruine. Il en exî^ wm smïtê^ pîo» récente évi-
demment, construite comme toutes les ègîîses «Bys-
siniennes, mais très-vaste ; elle renferme un grand
nombre de peintures, et, dans un réduit obscur,
derrière le sanctuaire, on nous montra deux coffres
recouverts en eiîr rcuge, ornés à& él^tts at èe
riiTès en mtivm^ qnî renferment les ossements d'em-
pereurs et d'impératrices.
Cette église avait le triste et singulier privilège
d'abriter, avec les cendres des anciens et puissants
mâîlrés du pays, le dernier rejeton vivant de leur
Tace, de ijetlé mm royale qm^ diaprés la tedîfîon,
sentait conïer làns ses veines le sang de Salomon :
c'était un pauvre vieillard qui vivait là, hébergé par
les prêtres, dans le souvenir de la gloire de ses
ancêtres, et était comme Fexpression vivante de cette
pensée pleine 4« plllmoplîe lel êé Uristess® ^ $ie
trmê^i ^kina fmmdiî
Beveniint par une autre route, nous visitâmes sur
notre passage la carrière d'où ont été extraites ces
pierres rougeâtres qui ornent le palais de Gondar.
Après la visite des églises, le moment est venu de
prier A. clergé d,jssi»ién, ,«e «oas tronvoù» i
^mè&t flm mtE^tmm que l^ai-toiit ailkirs. Ses
ux chefs sont YAhouna et VEtckêqméj, les ^eux
hommes les plus puissants peut-être du royaume.
VAbonna est l'évèque, chef purement spirituel
de tout Je clergé abyssînîèji. H est nemml fat le
fiÔNDAR ET LE OUOGUÉ*A* 3(n
patriarche copte d'Alexandrie et doit toujours être un
étranger. Le plus souvent ce ne sont que de pauvres
sires, qui ne consentent à accepter la mitre d'Ethio-
pie que dafts: l^ê^ir é$ Mr^ Smimm ei de refèâîy
ensuite dâiîë l&oùt pip^ Wnîw c^est un taîti eà|i^^
Les Abyssiniens, qui payent une gfôsse somme a«
patriarche, à Favénement de chaque nouvel évêque,
considèrent leur Abonna comme un capital qu'il
faut ménager et le surveillent de près pour empê-
1* f m Imx êéis^^. te jg^hî-ôî parti, il
Ikod^aîl f$£fÈt à0 ïiôwèawt pour éti oMeiétm mlim*
Malgré les défauts qui lui tiennent lieu en général
de science et de sainteté, TAbouna ordonne les
prêtres et tient surtout entre ses mains les foudres
de l'excommunication, menace terrible auprès d'un
peuple atï^si flftteeîîjè I si^ foi que le sont, pour la
plufirij^ les lbyssînîen&.
VMtCàéquié est le chef fempor©! du clergé;
comme pour l'Abouna, il ne peut y avoir qu'un
Etchéquié dans toute l'Abyssinie. On le choisit tou-
jours parmi les indigènes, et il a sur l'Abouna cet
atmntag© 4*ttr0 i« f ^® fi<»îUâître \m mmwts fit
M caractère idu peuple* lî |ossid© ém fifi]fe quilui
assurent de grands reveuu% et s^il ne peut consa-
crer les prêtres, il partage avec l'Abouna le pouvoir
d'anathématiser. Aussi les deux quartiers qu'ils
habitent à Gondar, l'Abouna-biet et TEtchéquié-biet,
sonl-ils regardés cottime des âsîks îipvîoltîîî^s et
308 ABtSSlilE.
sacrés, cmifê ï^sfttèls tîtaiaeiit se brîsêr la mn^geance des emp^tsar^ #I^jy^t(^^ des lois. Ce pri-
vilège d'asile est commun encore à plusieurs autres
ailles saintes, notamment à Axoum, et à la plupart
des monastères et églises.
Aa^ssstts 4f fîts deux #e|k fti^rè^ifes lî^neat
leis^ prMms de différents iegréi^ qiâ d^tstr?eut les
églises, les moines qui vivent à l'ombre d^un mo^
nastère, les clercs et enfin les deftéras. Tous, à l'ex-
ception de FAbouna, peuvent se marier. Lorsque
ttQus rencontrions m village de riche apparence où
tout reèpiraît le mïïnè et le bien-être j on nous disait
invariablement que c'était un village de prêtres;
c'est qu'en effet les districts les plus riches sont
l'apanage du clergé, exempts de toute contribution,
respectés par les armées ; la richesse a pu s'y déve-
lopper étt dè^f i# fiiiÉîtp©. âux reveîîiîs: ie htmtû ^mmmk ^wS^étété i^^$tm le «iiso€l qtte
fournit l^exercîce de leût ministère et les àom des
fidèles.
Les deftéras forment la transition du clergé à
rélément çitJl. Ils n'ont poîtîjt Mà mmàcvès; ce
sôiit sîln|jIeiBeïïl âéB lettrés qui inwmà éê leiîr
pitiîpte en transcrivant les livres de prières ou en
composant des amulettes et des talismans qu'ils
vendent aux fidèles. Il y en a pour les hommes et
pour les animaux ; les uns et les autres les portent
m cou, êatt» é$ petits sadbeît M îmrfemx m
GOXDAK ET LK #lîMïîÊaA. 309
cuir* Les «ii^Iaiîaa^ les acddeots y mrà ftèvns ,
souvent représentés par des figiires allégoriques et
conjurés par une prière ou une formule cabalis-
tique. Ces talismans sont écrits sur des bandes de
parchemin, proportionnées au nombre de maladies
ôu ^i0eî(léîïfe <^irtre lôsqueïâ ils êMvent protéger,
jmÎB plas âncore au nombre de tîi^litrîs les
deftéras ont su extorquer â la naïireté de leurs
clients.
Il est inutile de dire avec quelle confiance aveugle
et quel religieux respect les Abyssiniens portent au
Wmm mmm déjà m im^l 0éljtâtalwr m sitrî-
huait au malin espirîl Is ïnaîtdîe d'une pauvre
femme. Les Abyssiniens ont encore d'autres super-
stitions. C'est rinfluence du mauvais œil, ce que
Fou appellei^ît fift Itâïîe Ibl jetiatura. Aus^ Im
4è|SSïttîens fie ptgtiiïittt-îlâ laïûàîis atïcun alîmeut
m public,pas mêmê «u verre d^eau , eaf é*est
,pré-
lendent-ils, pendant cette fonction de la vie animale
que rinfluence du mauvais œil est surtout à redou-
ter. Lorsque,voyageant en plein midi , nous ren-
00ufrîô«& tm fWr tuissetu ^ 1^ t^e ©àtf
Iraîehe et ttïiJWijtfrâtt^ ravivait raîguilîon delà soî^
et I sans mettre jpîed à terre, nouf ciivoyîons un
domestique puiser un gobelet d'eau; mais si sau-
vages, si désertes que fussent les rives du ruisseau,
le bon serviteur ne manquait jamais, pendant que!
310 ABYSSINIE.
nous buvions, de nous entourer de son taub ou de sa
chemma, de peur que quelqu'un ne jetât un coup
û^îl n&t^& htmmn^ el ij»© mi oiï ^ fôf le
gnant d'avoir, à son insu, le regafll^ûeste^
Si, l'étape étant trop longue, nous venions à
manger en plein champ, ce qui , même en voyage,
€stl0H|ûiïr« ïi^ plaisir, nm êomestiques
Eotis cdîïffecïîeïïtfaffetït îMinédialeiftent nm «aWe <fe
festin avec leurs chemmas, et quand, atîdes de
grand air, désireux de jouir du paysage ou redou-
tant pour de bons motifs le voisinage suspect de
leurs vêtements, nous donnions l'ordre d'enlever
im m^^^jBs Im^mmsém^ qui éttsseiit au sonteut
besc^ffli"éîmpfts^ cfetBy, les Migtaine dissimulaient pas leur mécontentement. Ve-
naient-ils eux-mêmes à prendre leur repas en plein
air, c'était bien autre chose : ils empilaient sur un
lamlréitfii Malte^ Jes |^etttf ie èùnr^ ; puis , se
rawgêant m eétêB^ Ife él^iieTïl a^-4eisiït ^^mleurs taubs de manière tôu^
qu'on eût pris volontiers pour une masse inerte sans
le bruit très-significatif de mâchoires qui se faisait
entendre à l'intérieur.
Aucïin r«î$Qnûatïient, si probant qu'il fût, nWit
pu %mmmémifè , tant est pt^îaid cet aikîssBmenl
moral et religieux dans lequçî it pu tomber nu
peuple intelligent et chrétien ^ sous rjnflueneè
GOWDAR ET Ll OCOGtiiîtA.
d'tm clergé ^ont rambition n'a d'égale fîgtto-
rance.
Les Abyssiniens cependant ont une foi vive et
solidement enracinée. Un jour que, causant à
Adoua avec un indigène qui épelait comme moi
quelques ffliots d'arabe,je lui mmitraîs: mon ÈkM se
iàmfgm0: la <îïiltss# et que fè^it|i»s 4^ lui
feïire côHiprendre la supériorité des armes eiiKH
péennes, les prodigieux effets de Fartillerie, que je
lui dépeignais nos nombreuses armées, manœu-
vrittit comme un seul homme, comparant les forces
wïîîl^M^ de î'iïii^ôfe â mïïm de fâbfssîîiîe t
« €*est viiî^ m$ yèpôtidffiNil, nos soldat*m pmay
raient pas lutter contre les vôtres , mais nous avons,
pour nous protéger, Martam [IdiVierge), etMedani-
âïlem (le Sauveur du monde), contre lesquels vous
sej^lïHfnlsganls. Croyez-vous qu'ils n# se charge-^
raient fas de défendre eo*-nîtoes les égBs^ que
BOUS leur avons élevées ? Vos fusils , vos canoifâ lié
pourraient triompher de Dieu,qui viendrait avec
ses anges combattre pour nous, y)
Je n'avais rien à répondre à un tel argument; il
n'y a pas à \%ï%m mtém wm hî M naïve ^ etaiiai
homme s^en tlla^convaînciï^ne rintervention divine
lui donnerait la victoire.
Je n'ai pas assisté aux cérémonies religieuses des
Abyssiniens, mais j'ai pu constater souvent avec
quelle ponctualité,malgré les tEâtàiii les plus pé-
sa ABYSSINIE.
ÈMm^ ils <^ï>8érftïïï let jeanes fréqaeiits, longs et
ïîg^iï^^I
qiîié leur impose leur r^îgîôM ,puîsqiïâ,
âutïtilt ces jours de pénitence, ils ne doivent pren-
dre aucun aliment avant trois heures de Taprès-midi
.
Cette fidèle observance des préceptes religieux
n'est pas eepewdaitt k mémn àïïmiùm Im eat^ Il ya en âbyssîiiî^ deux iriaffaps t lé tftarîage èîiiî et
le mariage liglîglittXr Ge^ contracté à Féglise
devant les prêtres et après que les deux époux ont
communié ensemble, est seul indissoluble; aussi,
les Abyssiniens, de mœurs assez relâchées^ crai-
gnent^lis^ ita^tt^tip^ lîei iiittiage religieux, qui est
é& imamm Mi&im «sïtê ;m lttrîi« k se laaipitr
civilement pour pouvoir divorcèf àlôîsîr^ et ce n'est
plus alors qu'une formalité qui paSse entre les
deux familles,
femîlle an âbyssînî« , m qui n'mapèém pas les
sigîgtïittRS # les gens riches d'enfreindre cette loi ,
sans que cela nuise en rien à la considération dont
ils jouissent auprès de leurs compatriotes. Les
Agars ne sont pas rares dans ces familles patriarcales,
et, quaJBt I^«S^îP?lifl its feiainii^^ les gens tkkM
et Ûemn^m ne se gèaent pas poar teîtfer îmts
voisins les musulmans.
Pendant notre séjour à Gondar, il y eut un marché
assez important qui se tient sur la place de la ville,
irtstê terJPialii vague, raboteux, raviné, çônirert de
è^SBâii.m m # 00 Gu
i
r a. îis
autres ^il^li avait peine à lesdisïîîiguer. J'y reoiar-
quai un grand nombre dechemmas, qui sont répu-
tées pour leur finesse et aussi pour leur bon marché,
ce qui tient sans doute à ce que Gondar est tout
voisin des pays i^Oii^tefeâi Mde MtttôiiiiBaB
pâi^lt^îî^ m aJrtaito^m coton d« hmm qualité,
J*y vis encore des cuirs de bœuf tannés assez artîs-
tement, le dessus étant poli , luisant , et le dessous
plucheux; mais ils étaient rigides; pour les assou-
plir, 0X1 les graisse avec âtt bwirej M jmasM
attpamvattt^ Ils devIetHieiit ttes brun
rooge et pras^ttè împeruilalîës m qvLÏ lés rend
précieux envoyage. Il y avait aussi beaucoup debes-
tiaux. Tous les bœufs d'Abyssinie offrent à la racine
du cou une bosse, qui acquiert souvent un grand dé-
veloppement : c*estÎ0beeiilièton, qui se rétronv^ âaws
râîrîque orientale mm YèqmlmT$ at msm dans
rinde; mais j'ai vu dans le nombre > à Gondar, ces
fameux bœufs gallas qui , tout en présentant cette
bosse, sont munis de cornes véritablement colos-
sales. J'ai dit déjà que le Négouss en possédait une
é^um capMllé dt qmXmm U^mi c^e^l la m il?é-
loppem^t rare ^ niais J^î vu frèfneiaînent d'an^
très cornes mesurant six, sept et huit litres, ce
qui est déjà fort respectable. A Gondar, il n'est pas
rare, les jours de marché, de voir ces animaux vi-
vants. Ceux que j'ai rencontrés dans cette circon-
18
mê 4EÏSSIN1E-
§%itaa étaieûl sam îûnle dégénérés par àuîte d#
crtnsements^
car, Mà» j^iie monts ié très^b^îles
cornes > CBS cornes n'offraient point ces proporfions
gigantesques dont j'ai déjà parlé.
Il me reste, avant de quitter Gondar, à dire un mot
de ses waisons, qui ne soïit canstriiltes , en général,
l^ïfcc^ta, c'est-à-dire quelles m sont pas i^yrèes,.
mais cylindriques et couvertes d'un toit conique en
chaurne. Cette forme cylindro-conique est du reste
celle qui domine dans toute TAbyssinie , avec cette
difcenije q^a les; inaîsoiîi4i Swîéaf font Mbm fias
spaéîeiites el confortaMé^ qiiê ïm haïtes tm^avions vues dans les nombreux villages #1^ nmmavions plus ou moins séjourné pendant notre voyage.
Au lieu d'être en ramée, les murailles sont en
épaisse et solide maçonnerie, puis à rintérîeur on
a construit wm létàtabre carrée, qui touAt àlft
nïnrëîlM|târm paire tngles , isolant ainsi fwitfrtsegments qui servent soit de vestibule, soit de pièces
accessoires; le tout est surmonté d'un plafond avec
solives et soliveaux isolant du toit, et mettant ainsi,
pair^ôntéquent , à rabri j^î^itenipêïî^ In^elnMrs
la plétôe ittléri^oï^ fa maîsôos ^e tronvent ton^^
Jours an mîîièn d%ne mm où d'autres constructions
servent aux usages domestiques. Cet ensemble con-
stitue des habitations vraiment confortables, bien
qu'un peu obscures.
GONDAR ET LE OUOGUÉRA. 315
Ce ne fut pas sans difficultés que nous obtînmes
,
m mùmm^in départ, les porfea^ ftéce^aîtetfour
les bagagês ,^et cdt en dépit de la force armée qui
nouipir#êge$it. Mais malhe^ireiiseMTOt j(îi^
breuse escorte ne devait pas nous accompagner plus
loin, et Ton verra bientôt de quels malheurs cet
abandon et Téloignement du Négouss furent pour
soïiffliîs an lâMgà ^aî n'îgttiwmît pais â^aill^ys j^^oe
le vice-consul avait, près 4w Négouss , cbâwdeinetit
plaidé la cause des missionnaires français catbo^
liques, c'est-à-dire de leurs adversaires.
U» vieillard à lairbe Jïlâït<Éd ^ çéléljrft |fr $msympatMés p<ràr ImiiiitypâeDts^ m tîje vtrta©^ et
«ôû îaf#igéêiCi^ taiplà^eai^ se sont
plu, dans leurs écrits, à reconnaître les bons offices,
le kantiba Aïlou , vint nous conduire jusqu^au de-
hors de la ville et ne nous quitta pas sans nous
mrtm ȧmlà$mmti^ h imm et nmê sotibaîterun
hm v0iip^
îibusnetârdâïipiespas, après quelques ondulations
du terrain , à rentrer en pleine montagne. Je m'étais
un peu attardé, et il était presque nuit quand j'attei-
gnis le sommet du plateau. Je contemplai une
âerftîère m M àiswil actieu^ le tm î!mmqu'empô«^r|>ilaîfeftt les feux â'm mkÊ tmiiém^. ts
froid se faisait vivement sentir sttf <jettejbaitti&i^^j
j'avais perdu la trace de la caravaiie^ et, Èonnaîs*
316 ABYSSIN lE.
sant le caractère peu hospitalier des habitants, je
commençais à être inquiet. Sans cette préoccu-
pation, j*euss0 ÈêMivê le pays où je me tPôOTaîs,
Vêêlm ffMiiim sîtuies ^ de 3,060 mètres
d'altitude et où la végétation avait conservé
toute sa fraîcheur. Aux exhalaisons du soir se
mêlait le parfum des fleurs blanches , dont d'ira-
ift#îïsts rosiers «a pralent tomme â^^um Wîbe irir-
Guidé par les indiestîiEwas qm Hassein tlîâ
cueillir dans un hameau,je rejoignis M. de Sarzec
au petit village de Kossoguié, ce qui veut dire
ville du kosso. Jamais nom ne fut mieux mérité,
^arïiWit spÉûiir d# te tîîlàgj& sté groupaient en gra-
mmmîs im homm^ tm te plat folîs arbres
d'Abyssinie, ua 4«S plus utile&|iii$sî. Le kosso, que
les botanistes nomment Brayera authelminthica
est un arbre dioïque de moyenne taille , au port
grêle et élégant, avec de grandes feuilles com-
poséés à^m ir©rt ^aibî^ et %mû chaque foji#8
est elle-mêmè émîi^ sm S(ftî pouFtoaf çômïûB
une feuille de rose. Les fleurs forment une grappe
allongée d'un rose vineux et du plus charmant
efl^et.
Lé kosscr^ aÎMJûtol èm% mâmms trions de
râbyiSîaîÉ^ êsl cepenitat ïté%^mûhh, Mm l'ai vu
que dans deux endroits, sur les plateaux un peu aji
sud de Débratabor, et sur eaux du Ouoguéra, toa-
GOIVDAR ET LE OUOGUÉRA. 311
joîïrs i iiïift altitude qui n'était pas inférieure h
notre dépîô^lrit ïSIâûîe ûe dénaturer tous
les noms indigènes, nous avons fait de kosso
cousso j ce fameux ténicide dont tout le monde a
entendu parler, et qui tient, dans notre pharma-
copée , le preniÎÊir ftfif îMÎ l⧠fîeiBMés pteserîts
• piïilf Cônalalfre les ténias m mm solitaires j déno-
minatîôtt qtïi, ^titre parenthèses, est absolument
impropre , car il y a d'abord plusieurs espèces de
ténias, et il n'est pas sans exemple d'en rencon-
trer chez le même malade deux ou plusieurs
îndifidiis.
|Lt Hîïîa est um imliâlé tr<^*4rlqaénte les
Abyssiniens : presque tous même en sont atteints,
du moins ils le prétendent. Quelle en peut être la
cause? Beaucoup assurent que Ton doit en re-
chercher l'origine dmm Vvm$^ ioiniodérê de la
irîâîiéè ûii taïwîût di*âiilr«s péï)sêiït qrt ïaut
altfîkiiôrîi^ présence cel entozoaire anx alîiïieaîs
mucîlagîneux^ tels que les galettes de teff ou de
dourah, qui forment la base de l'alimentation en
Abyssinie. Mais le docteur Petit \ rappelant qu'en
^ Voir T. Lekebvre, Voyage en Abyssinie, t. II, p. 368.
he docteur Petit faisait partie de cette expédition française
qui explora um pajrliç 4e TAby^sioie de 1839 à 1843, expé-
drtîôîî dont iî. Th. Leffefcvre était fe clief ét qui produMt de
grands résultats scientifiques, mais dont l'issue fut si désas-
treuse. J'ai déjà dit, en effet^que Quartin-Dillou /un de ses
18.
SIt ABYSSIXIE.
Suisse, où Ton ne mange ni viande crue, ni ma-
tières mucilagineuses , le ténia est très-fréquent, et
faisant ressortir la frappante analogie qui existe
entre TAbyssinie et la Suisse , croit pouvoir con-
clure que c'est à la nature des eaux que bôîfeiit
les habitants qîi^il faut attribuer Forigine de cet
helminthe.
J'ajouterai que le ténia est encore très-fréquent
en Algérie, où Ton ne mange pas non plus de viande
QMm qxj^Um soîl, les AByssInîetïs^ fui eoiiBaîsseiji
parfaîtei»eut celte maladie, n'ignorent pas le remède
que la nature a placé à côté du mal. Ce sont les
fleurs du kosso qu'on emploie. Elles sont émondées,
séçbées, et, quand on veut administrer le remède,
on les é&mm stM? vmM pmm ttefc le fèaHi Ïsl
bière ott dtt lîitîc^#^ |usfm'a en faire une pâte, qn*6n
délaye ensuite. Les plus raffinés la filtrent, mais j*aî
souvent vu administrer le kosso sans cette précau-
tion. La dose généralement employée est une poi-
gnée dt fleurs Bêchés .
niemtres, fut emporté par la fièvre du Mareub» Petit, qui avait
survécu , traversant le Nil Bleu à la nage,disparut tout à coup>
entraîné par les terribles mâchoires d'un crocodile. Vigneaux^
le peintre de Texpédition, mourut de la fièvre M reîrenâiït 4eMàsmpiih àSuez* Seul^ Lefebvrç revit la Fi^aa^f^ qftîl %i*iu
pas luî-ïîiênié à succoniber aux suîtês d*nne maîadié contractée
en Abyssinie. Terrible exemple, qui n'empêche pas que bien
d'autres se dévouent et se dévoueront encore à marcher sur les
tracer de cm imrt|rs de la sdence !
GONDAR ET LE OUOGUÉRA. 319
Tous les deux mois chaque Abyssinien, homme,
femme ou enfant, prend le kosso. Ils expulsent alors
tim partlè êm lèiaîà l aiaîs pôiif obleîiîr une guéri--
SQîimtti|»lite, ïî:Éïiirâît im^ dotite continii^rlë Wm-lemant pendant plttsîeurs jours. Peut être les Abyssi-
niens ont-ils reconnu l'inutilité de toute tentative
pour se débarrasser complètement de cet hôte obstiné
qui ne tarderait pas à revenir, et ils préfèrent sans
d^iem traîtemetït pall^tîl jÉtn« te 1ml ^*«i]Èi|ê<slifâr
M M$hMé âm ftmàm ié ttép graniés p^^ûrtfoïis
.
Peut-être aussi redoutent-ils les dangers de ce trai-
tement par le kosso, dont Fingestion rend, paraît-il,
très-souffrant. Ceci me fut expliqué à propos du
jour de congé que mes domestiques w&mimi tam
à four me dfiaa^jfeï^ à im é|ï>fp^® fym^ p^mpmit^ h kmQf dîiaimt-ils. Je v®ij!tts ^oâtei* au
kosBo, et je troBvaî cette drogue atrocement matt-
vaise.
Nous étions à quelques minutes de Kossoguié, sur
le bord occidental de la déga du Ouoguéra, qui sert
4e hme aux pîiis hmh s&mmèk du Séjôîàfte, êt
quanl |t dis le bord de la déga, je n'emploie fmune métaphore : le terrain était plat, brusquement
coupé à pic du côté de Fouest. Nous marchions
parallèlement à une vallée profonde de près de
ÎJiO inifcDBs et IdiïI im p$réîi étoîeut m exaiïte-
ment verticales^ ^u^u euî pu ^ dôiïiuje Je l*aî dît
déjà a propos d*une autre déga, s^asseoîr sur le
hôtif lm fiais pEtttdltîi^ d«îi& îêifîfle. A peine si
nous apercevions, perdu dans la brunie, le fond de
cet abîme, d'où s'élançait un chaos de montagnes,
toutes plus extracïftdliaaîres Jès mm qiié lét àuli^$^
ÏI y en avait de coniques , de tronquées , ^^mttm an
forme de dômes ou de p|râinîdes ; aîgiîiîlés
semblables à de gigantesques obélisques et annelées
comme un roseau. Leurs plus hauts sommets res-
taient bien bas encore au-dessous de nous, et, vu
aîôsîm risêmmé^f m éèâ^ àé montagnes semblait
l^m fettlâsîfqfte mmm. à%t loin une ligne nébu-
leuse de montagnes bleues et déchiquetées fermait
rhorizon : c'étaient les massifs du Tagadé et du
Ouolkaït, qui formaient aussi Tautre versant de la
tîâiâe.
^mi m âéittîmnl ce patwifâma 4ms m im^rn^
tueuse étrangeté, nous arrivâmes tout au bord du
plateau, au village de Ouébéïn-Mariam , dont on
voyait, perdue dans les arbres, la petite église au
toit pointu. Nous n'avions plus comme escorte que
lé §1^0 bâchai Sâmfrou^ qtiî Bt>us avait pas qîujïté
jiepïiî^ â4ijm> *t un antee- jeune homme nommé
Ouarouari, qu'on appelait généralement chounij, je
ne sais pourquoi, car il semblait plutôt être un sol-
dat ; en réalité, il avait été délégué par le Raz
0tt^kSAs4 fôfltemewr M Otw^mîèm ^ alomè
l!*aï^ée è% Blêgôtiss^ pcmr nous servir d*iîîtroduo-
leur éms les villages et réquisitionner vivres et
pii^itetirs mx nom du Râz, le JM^îtife wûi^éîliftt de
cette prûfijflrcev
Il eteitdonc revêtu d'un caractère officiel et, cîe
plus, connu dans le pays. Quant au bâcha Samrou,
il était porteur d'une lettre du Négouss, signée du
$mm îinpérial, Mbm âàtts laquelle le souverain
ordonnait à tous sfs snjets de nfrù# îrta%sf conmeses amis ; mais en même temps que nous étioiïS lès
amis de ses amis, nous devenions les ennemis de
ses ennemis, et je soupçonne fort que le clergé
abyssinien lui gardait rancune de la bienveillance
qu'il avait pretiïlse &m mk^rniÈLakén îcâlîiôlîques
sur la ieÉtonde dm viee-cûtiSfiL
Compagnon de M. de Sarzec, j'étais englobé dans
celte animadversion ; il était trop juste, d'ailleurs,
que je partageasse les périls d'un voyage que je
n'aurais pu accomplir tout entier sans son obligeant
nous passons devant l'église et entrons dans le vil-
lage, dont il est indispensable, pour rintelligcnce
de ce qui va suivre, de faire en quelques mots la
topographie*
A l'ouest et tout pris |iteau est située
Figlise; à l'est de cette 4mm^$ tmwê uti
espace libre, sorte de place entourée au nord et à
l'est d'un ravin, sur les flancs duquel s'étage le vil-
lage ; au sud s'étendent les plateaux que nous
322 ABYSSINIE
venions de parcourir; sur de petits mamelons au
mti et If©ilM kmmm^mi^û de pafis villages ;
içia#q««s maisons sont ^ en outre, adossées m wmtd'ênceînte deréglîse, qui est encore dissiaitilêpar
des arbres et des buissons. La porte d'entrée de
Féglise est située de Fautre côté, c'est-à-dire à
Touest,
tJmB. cm ïïmmx& «djâssÉês tu iEar dt règlise
fut rédâîuèe par Ouifci^iiri fmt mm eompâgaoîi
de TOfage, et cette négociation donna lieu à l'échange
de quelques paroles acerbes; mais nous étions si
habitués à cet accueil peu hospitalier, que nous n'y
prîmes pas gardée
î^lkqm je t^itêNiîs^m emplàeêîiaitîil ©on^-
ïjahle fjmr f îastdtler fente, fentsiidls uéù
grande rumeur. Hassein, effaré, accourait vers moi
en criant : « On nous attaque ! Je sautai sur mon
fusil et, d'un bond, m'élançai vers la place. Le vice-
çoîjiul #y Iroffvaîl Sé^ht % ^ît précipitamfflîeîSl
:qîîltlè sà i^dMEnc mfs laqiieHe m tmli un flot
humain. Tous nos hommes l'avaient suivi.
Nous étions maîtres de la place, qui fort heureu-
sement dominait les environs, mais les indigènes
nous investissaient de toutes parts. Les hommes de
plùsîaiff Villages eteîeiil M#§iinMés là^ et ntous
voyîoîîs arriver de tèm eôtlSi çe qui prouve bien
que nous venions de tomltêp èïïm nu gaeNpens
prémédité et préparé de longue mninf
GONDAR ET LE OUOGUÉRA. .'523
Ûf minn 4É©œêïi|i*jbâédl§îon^ Les deux armées
Moîis ne coBÈLmaïïdions plus une si nombreuse
armée qu'à Mizerem ; M. Piajjia et Bourrou étaient
restés au camp du Négouss. Nous en étions réduits
à nos deux fusils Lefaucheux, à une carabine et un
fosil à piston, i&nî éttîôtîl mm$B Hâ^tiîô M mèôîïïeîitiqtte ûb M*- 4a Sartec^ wMiîffil Btmgaellî*
Hassein, le bâcha Samrou, Ouarouari et le kantiba
Guorguis portaient les longs sabres abyssiniens;
nous avions en outre quelques lances et deux ou
trois boucliers.
Proitol lé m mèïïmâ Iw hmM Sam-
rou Itmagita le peaple^ rniamkm^ à tous la lettre et
le sceau du Négouss.
Le kantiba, du fourreau de son sabre et de sa
chemma, se faisait un bouclier ; M. de Sarzec et
moi, nous étions Tun près de l'autre au centre de
la plac©^ Ï0 Iftsîl #ârgé et aïiûê t ttiâîs âHeftdâii^
ei|Séjpwit toujours que cette écbEttflburée se cal-
merait.
Au discours du bâcha Samrou, les balaguers
(paysans) répondirent par une rumeur menaçante,
et aussitôt des pi erres>parfois très-grosses, landes
a?ee des frûndM^îi siïBpïfemjÊïîlâ làinairr, se nii rent
à pleuf^ mtmm de tous eêfès.
Nous attendions encore, espérant que devant
lotre calme la fureur des assaillants s^apaiserait.
324 ABYSSINIE.
Vain espoir ! Les pierres tombent plus serrées que
Jamais* Quelquei-iMJt ie mm àim&^qum ïmMMM^sent et les r©d*çîent à leurs ad?ersaires.
Un coup de feu part énfîn î Mùmmm régardons.
Qui a tiré ?
C'est Baraguelli. Une pierre énorme lui a fait
une longue blessure h la tête ; Il «st fôwt couvert de
Bjm^J $& fmBéésûé fins, îl a fmi îext.
HaiMû tfrie^|.fôïi lïW^v/I^^ftrreu^^ des Mlagnct^
augmente... La colère nous monte à la tête, nous
nous maintenons encore ; tant que nous n'aurons
pas tiré nous-mêmes, Tafiairo pourra toujours s'ar-
ranger.
Le kaiïtibà liu<>rgûîf it pW)rê d^ûf grande
bravoure : son mhm m f&^Mg, il s^élâîiçait en
bondissant jusque sur les ennemis qui reculaient.
Samrou protégeait le vice-consul d'un bouclier.
OuarOKari, encore adolescent, avait aussi dégainé.
Hôs aattes domestiques s*éîâîêiït mmè$ dô lattçes j
inaîs ces derniers restèrent pour ainsi dire neutres^
Enfin un véritable pàfè vient me frapper moi-
même à la tête. J'avais par bonheur un de ces
immenses chapeaux en moelle d'agavé, si usités
en Orient, et connus sous le noïû âé cst^^et
salakos* Il ÎM^ âm emp^ ©oupè eu àmm^ ci f«ws le
bourrelet de roreîlle fentiu. Me voilà atissi inondé
de sang !
Il n'y avait plus à hésiter, l'audace de nos
GONDAR ET LE OUOGLÉRA. 315
ennemis croissait d'instant en instant; si nous ne
nous défendions, nous allions être lapidés. J'ajuste
un Balaguer et lui eOToie une décharge de plomb
eïï pleine figure^ H Tcmb à terre*
Les pîtfres coialîiîuaient i pleuvoir sur nous,
comme une grêle. L*ttne d'elles, effleurant la main
de M. de Sarzec, lui enleva la peau du dessus des
doigts, tandis qu'une autre, qui lui arrivait en
pleine figure, hfeurettSjgïïieût parée par SainfOïi.^
hewfiB le reîïôrd du Bouclier et rejbondil par-dessus
sa tête. Il fait feu à son tour^àpai!fï^âé ee iEliOI^
devant le cercle des Balaguers,qui va toujours se
resserrant, nous ne fîmes plus que tirer et re-
charger précipitamment nos armes.
D'autres pierres m- atteignent ^mmê m hm^f
dan# Jesreîns^ k f^mlét cm iê wè puis éviter Improjeetîles, qui viennent par derrière.
Nos cartouchières se vident cependant. Tout
près, avec nos bagages, sont nos caisses de muni-
tions, mais il n'y faut pas songer. Déjà les Balaguers
nôos ^is^^lent*
l^aperçoîs un grand gaillard quî, se âîj^miikïît
derrière un arbre, se dirige vers moi, sa fronde à
la main. Je le couche en joue. Il se rase derrière
Tarbre, puis reparaît. Je l'ajuste de nouveau : il se
dissimule encore. Ce manège se répéta cinq à six
fois; quanidt tôufr-â-doupi —^ et c'est ici que je pus
me coniraîncre dn mépris que les âbyssinîeûs piofes-
326 ABYSSINIE,
sent pour la mort,— il se découvre complètement et
s'élance sur moi en faisant tournoyer sa fronde. Je
l'attends à dix pas. Le coup fait balle. Il étend les
hïâs et s^flliîsse foudroyé,
ï^mmbâi cessa îûstetsïiim*^^^^ et les Balaguers
se relirèrent dans le fond djl Patin.
J'allai vers le cadavre de mon adversaire : il avait
reçu toute la charge dans la tempe ! Je pris sa
frïBïâe, que je mis iattr êt que j'ai rap-
portée, comme sotrveiiïr êe ce lertîMè ttionae^t.
Puis, me rappelant que je n'avais plws<|ue deux
ou trois cartouches, j'ouvris ma caisse, y puisai à
pleines mains, en remplissant toutes mes poches et
ma cartouchière. M. de Sarzec fit de même, et nous
rgilïiim^«m Hïliîett le la place.
lié hmbè: StmrôM ièn ta de nouveati de Mtt eotiî-
prendre à ces forceiilf qm nous voyagions sottslâ
protection du Négouss.
Nous étions là bien anxieux, en Tattendant. De
tous côtés, nous voyions aeéôûfîï de nombreux ren-
ier pmt tm émemm. iM i&mf Imkmti € éMi
cinq heures ; noire sîfiiîkîloil scaggr^tvaît à chaque
minute, car la nuit nous surprenant ainsi, nous
serions infailliblement massacrés. Nous discutions
sur le meilleur parti à prendre : je proposais de
XkbM& réfugier Mm fê0^# m^^ f hmmà^^a àMmèmm h ImcM Stmpou soit revenu,
tm répondît M- âe Sartec, peut-être tout cela ta^
GONDAR ET LE 01 OGUÉRA. ' :S27
t-il se terminer à TaDiiable. Et nous gardâmes le
silence.., y*
Cefte «ïi^eiïSïéft i%rn|é$ èmm près itmt àmâ^Iteiire.
Éc Regardez, dis-je, cette masse coinpacte d^hom-
Wies, qui s'agitent au fond du ravin, w
A l'instant même, une clameur s'élève, semblable
au roulement du tonnerre. Le bâcha Samrou revient
E était temps ! Les ]|âlâgiiers, m ïiôïfifeFè îm^
mense,
s'élançaient sur moiïs coinine tine ava-
lanche.
Nous eussions déchargé nm fuiîli^..* mais efin»
sïtilêlt.>I^Mmt ïwiiijf hfm^m Wmx^m^ m rase
campagoè^j^nl^ l#e masse d^homines t Com-^
bien de centaines ? Je rîgnore.
Instinctivement , nous nous précipitions,pour
entrer dans l'église, vers la porte que nous avions
trué du côté opposé* Heure«seoie»l ïli^isato éêecwEH
wât mm pôteriïe caeMe jtos tiiï «itssîî. Oé Bit notre
siltil^ ear l'autre porte était gardée. Les Balaguers
nous y attendaient pour nous barrer le chemin. Pris
entre deux feux , il ne nous serait plus resté qu'à
vendre chèrement notre vie.
lîoiïs foîlâ âàas Je boîs sacrè^, se réfugient içte
BOUS tous nos bommes. BIjà m mm mm sépare
de ttos ennemis, mais ce n^est pas assex; les dettx
portes sont en leur pouvoir. Franchissant la galerie
extérieure de Téglise , nous nous réfugions dans le
sanctuaire, non sans avoir eu la précaution de bar-
rîeiiâfir derrière nous la poterne. Et cej)étidant, au
dehofBi la roetïte hijinaîne , affolée de colère, hurle
en voyant sa prôte îiiî échapper. Déjà nous voyons
des hommes se presser sur le seuiL
Toute église est un asile sacré, inviolable, mais
la frénésie des Balaguers n'avait plus de bornes, et,
si un reste de regpiçl^ jôînl & dsrftîNilusils,
les ïetenaît encore, îl y smM Um de craindre qua
cette hésitation ne fût pas longue.
Cest alors que vint vers nous un homme à la peau
très-noire, aux cheveux laineux, portant sabre, lance
et hôiïelitP, $mé If é$mm l^ôf& IwïûHïés
lement iwiïîésu
$ |ç suis soldat, dil-il, et sold^tû HêgOTits. %mmêtes ses amis, je le sais^ et je vrens v&us^ sauver ou
mourir avec vous, w
IVfous étions muets de surprise et ne ti^fâmes
irîett k Mi lf%ëfiite,
DégâîttanI tîô^t.swi grand sabre en lauciUe, il
alla se camper sur le seuil de la porte extérieure,
déclarant qu'on lui passerait sur le corps avant
d'entrer. Nous-mêmes, sur la porte du sanctuaire,
le lù#îl en itwit , mms î& m^îmm lutter em^ leâ
paysans, jBfappnt d'estoc et de taille.
(Tétait notre vie qui se jouait en ee momeutl
ëd^^âH ET LE OUOGUÉM. Md
Une femme, en signe de paîx, faisait résonner,
sur les cloches en pierre, le son du Dahanah
\(pardon) : on eût dit le glas funèbre sonnant déjà
poiïr noiis.
CM& ètira lottt au plus cînif mteîïtês.^^, , #tti|
siècles !
' Dans Temportement de la lutte,je n'avais pas
songé à la mort. Je n'avais pu m'imaginer d'abord
que cela fût sérieux. Mais je jugeais maintenant de
sauf-froid tmim jlfnélwMi t %tms itbm mmm^à te
€ôïièi«û| |ïit ^ m l*é€Îi«tEtti^ attend % ré-
ponse à son rectmrs m grleê^ Je pansti à iftioa
père, à la famille, à la patrie,que je ne reverrais
plus sans doute, et, du fond du cœur, je leur adres-
%t\ WL suprême adïéû î iPiiis^ ik^éÈmé ésm$. vml^dhe lïïi flacon k insectes qaf ^ponfenaît du cfiniïr©
de potassiiim
tt Partageons en bons camarades, dis-je à M. de
Sarzec ; il y en a plus qu'il n'en faut pour nous deux,
et les sauvages , au moins , ne nous prendront pas
vivants mm mnîïîer^ ^
G^^^ant ÎBt Bilâgners ne s^étaîent çits atten-
dus à ce renfort , dont ils ignoraient sans doute
reffectif réel. Non moins surpris que nous-mêmes,
ils hésitaient visiblement. Le sentiment de respect
qu'inspirait, malgré tout, le saint lieu, la crainte
le iftof îosîls^ êmi ils setftaîeni Im mmm îwaquis
Sûr eux^ derrière îe soldat noir, tout cek fit qu^ils
remilèrent m fm^ et^ à'm i0wt ée' tsmu^ mtre
noTOl âliSélBrîïia ©t barrîcadn lâ perte»
Il II est des émotions dans la vie qu'il faut renoncer
à décrire ; celle que je ressentis alors était de ce
nombre. Nous n'étions pas, sans doute, hors de
danger, mais, après ce ftiedês, nous poïifÎ4îis b^^tt-
mnf mpêmt. Le motil de rattaquSj que nous afiBtts
peine à démêler, se découvrirait peut-être. Les
Balaguers allaient compter leurs blessés, réfléchir,
et se dire sans doute que , si en rase campagne la
victoire leur avait coûté si cher, il faudrait sacri-
fier MôB iu M0nêB pour hgïïs fcarcér dans notre
retraite. Le bruît de eetté latllllô iîîiff m ré-
pandre dans le pays; nous espérioat qn'îl se tron-
verait encore quelques soldats qui, dans Fespoir
d'une récompense , viendraient grossir notre petite
armée^
In àttmâm% mm èiïm^MM bien prisonniers,
car, comme le disait Hfts&eln dans une pittoresque
métaphore : ce Balaguers zaïdé el schar fok el
raz (il y en a comme des cheveux sur la tête)!
Nous pressâmes cordialement la main du soldat
noîr> m flïiiatant ie m fceîle èSMiâïiîle, Ce Imme
La nuit était venue; nous nong ewjpMînes. Il
y avait deux absents : Faraga, un jeune Galla
délivré de resclavage, et un domestique abys-
ÉîïiiM , îlabronfe* Le ehetal eî la inole de sells
dé M* de Sarzec avaient aussi disparu. MabiPôJôfe ttS
nous inquiétait guère; c'était un grand mauvais
sujet, qui avait dû tourner les talons à la première
attaque , eismmmâ h éimnl fet h ittul». Faraga
ittfaît tmm à^nté éfé p#îs pm les Balltgu«E$i m&îs
qu'y faire pour Tinstant? Quant à nos bagageâ^ îlt
étaient tous restés dans le village ; nous n'avions
que les couvertures que j'avais coutume de rouler
derrière ma selle, et, pour toute fortune, quelques
de Môtr#argent Itittt^ô^ mtrè éms mscaisses. Et cepeûâilït c'était là un polMcâ|îii3^
en Abyssinie comme partout ailleurs, OE peut avec
de l'argent faire bien des choses.
Le kantiba Guorguis avait, au camp du Négouss,
lié 0c>ïi«iEÎs^ Mtm ittie îsiiîvtiite dije scsMà^i
hmm$ vîeillii et laîdè, mais à flï|^w»îûîe
expressive et qai &^était attachée à lui.
C'était elle qui avait sonné les cloches, et, par
une heureuse coïncidence, il se trouva qu'elle con-
«âîssâit quelqu'un dans ee tillage, un parenl m m»
âMi le feît eé qif«île: oaoatra m âèmmmemtintelligent et nous rendît de grands s0rvîèîès„ Mle^
s'offrit d'elle-même à sortir de l'église pour aller
dans le village rôder autour de nos bagages et tâcher
de s'emparer de notre argent. Mais comment trou-
mr ces hîeïîàweox Ihalails i$.m nm nmuhtmné^
caîsses? Il ii*y avait que les domestiques attachés à
333 AtYSSltïB-
notre persoîiïie qui éiiiîsjprt um ÈuWmxiie mmtm^sance de nos caisses pour avoir chance de réussir,
Hassein et le kantiba étaient dans ce cas, mais ils
ne pouvaient sortir sans s'exposer à être tués. Res-
tait mùîi jeune domestique arabe femaïL Cette îiïis-
sîôîi lie liiî sOLurîMt gûère^^ «âr c^ètaît un poltron
âckevé; cependant il se résîgBâ, On lui fît endosser
un costume de femme, et, muni de toutes nos
instructions et de nos clefs, il sortit, guidé par la
iû^t,^ ee qui di^îMaît M êm^; ïûi%Fé ^e^p
leur absencemm p^rat loof^le. ïlt ^f%r#nl eniu
chargés des précieuses sacoches; ils apportaient en
outre de Teau, un peu de miel, trois œufs, des car-
touches, de la poudre, des balles et des capsules,
êtttttèpatîte ^]^er«ofe îes papiers du vice*
consul.
Il n'y avait plus personne, nous dirent-ils, autour
de Téglise ; tous les habitants étaient rentrés dans
leurs huttes. Nous aurions pu fuir peut-être; mais
où aller ? Le pays entier pouvait être soulevé , nous
poïîî3*îotiS; être ^otti^uitîs^ et swrlôiït ^tâîl pmâmmm lagaget et mm mÊmMmml Wàm-jn^émù plu»
prudent de rester dams notre forteresse improvisée
et d'attendre.
Pendant que nous discutions ainsi notre plan de
campagne, HaSs#ÎB tîliî ^Ire que quelqu'un de-
mauâiil â iïiWïS pa^r^ âfres i|uelqtoes hésitations^
nous reçùmis^ im ilsileûr, h h coBdîtion qïi*îl ne
porterait aucune arme.
C'était un vieillard à barbe blanche , un des
choums du pays, nommé Magdalé GottfcIfcc^aÉ
a ParloiîS^ hm^ dît- il ^ personne ne è(M nmmentenifè. Cé ^liî t'est pm$è utijoBfâ'hni est très-
maîBBureux. Tout ce pays appartient aux prêtres,
qui ont soulevé le peuple contre vous, parce qu'ils
savent que vous avez demandé au roi de faire amitié
ateic tos prêtresJrmgms. Bârs pttmî lés Balaguers
il y a beauèônp de blessés etm mmi^ et ils ne se
soucient guère de recommeneei* à se battre contre
vos fusils qui tirent toujours.
(c Moi, je suis vieux et sage, sans compter que je
sais bien ce que le Négouss a fait du village Chan-
kalla^ ôi î'Aïi|îik^ méi M& $smmnê Mm& sa
femme. Le vilkgé k lié fc^tiê, et lesialïtorts^ont
tous mortSo Malheureusement tous les chefs du pays
sont à l'armée du Négouss, là-bas, dans le Godjam,
et il n'y a plus guère de soldats aux environs. Ce-
pendant je vais essayer de faire prévenir ceux qui
mà afin qvCîh wmmjmi*^ le Ifertî tawtïttôn
ps^M^ ^mw mtïïm^t teiH âfifaire; tcros pouvez
compter sur rniiâ, liais ne sortez pas de Féglise,
vous seriez massacrés aussitôt. Ne dites non plus à
personne que je suis venu vous parler, w
334 ABYSSIIIB,
Nous lui glissâmes, en le remerciant, quelques
thalaris dans la main, et le bonhomme s'en alla
contrat
gardien de la porte i^srlérieure; le kanliba Guorguis
et le bâcha Samrou surveillaient la poterne; le petit
choum Ouarouari avait, je ne sais comment, trouvé
le moyen de s'évader pour aller prévenir les chefs
tîiâîre, nous nous barricadâmes pour plus de sûreté*
Le sol nu de Téglise, sur lequel nous étendîmes nos
couvertures, fut notre lit. Nous nous y couchâmes
Tarm*m fcs n^arétr© |ftts k la première alertes-
pétiàiir^ mais j^étais si heureux de me sentir encore
vivant que je comptais tout cela pour rien. Quelques
gorgées d'eau composèrent notre dîner. Tout était
calme : notre anxiété ne nous permit pas pourtant
de fettttêf feil i0h mîtts tm^mmà lïïâfîn (gtaiedl) îtogd^ê tjtetisêhou
retint accompagné d'un autre choum très-âgé^
nommé Madden Daratekli, chef d'un des villages
voisins. C'était un homme à figure dure, portant au
in^îïtcïii mm lûftgiie bari^e blancbetilJIèem f0inie.
Ils mm assurèrent mm çctlt y airiiîl p^m à ^liïire
qm les Balaguers vculussent récômnjencer là latte
à mmn armée
GOIDAR ET LE 0XI06UÉRA* m
important, demandèrent qu'on leur racontât ce qui
s'était passé. Hassein se chargea d'être le narrateur.
Après avoir entendu la cause, ils se retirèrent ma-
jestueusamîïlîîaïî^ïîën êSm.
Les Bilaguers ataîent à enterrer lear inert ; ils
fOôlaient l'ensevelir en temfô saî»i&î ê^était là une
grave difficulté , car nous étions maîtres de l'église
et du cimetière. Nous consentîmes à la condition
que nul n'entrerait armé, même d'un bâton, et
qui Ils noffl|rri4es^ iiôraïïitgt itcêompagnant îe corps
Le clèrgé^ trompé dans son espoir de nous faire
assassiner, pensait encore à ameuter le peuple au
moment de cette sépulture, et, s'il n'y réussit pas,
nous ne devons assurément lui en savoir aucun
gré.
lié dix bêiiiPês itt iiiàllfrâ feroîs heures iel^^ês^
midi , on promena le cadavre autour (îe Peii^ïêîiif©
de l'église, tambours et flûtes en tête, accompagnés
de cris et de lamentations sinistres du plus mauvais
augure. A chaque crescendo de cette sauvage
musique, t^m ^tmmm m& âPfiaes , nous lepaïM-
èmi€i la Icttilewr lï^aJlmtpâs se changer ein ex^spé^
ration et si la populace, affolée par cette lugiîlït^é
cérémonie, n'allait pas chercher à venger le sang
du défunt en nous immolant comme des victimes
expiatoires sur son tombéatit Les heures noas pè-
538 ABYSSINIE.
rtireiil longues, et je n'oublierai de longtemps cês
cris qui semblaient damander notre sang.
Le mort enterré, les cris cessèrent et tout rentra
dans le calme.
D'autres chefs vinrent avec ceux que nous avions
vus le matin et Ton entama pour la première fois
des îiégocîaliôm ïl ht qmûtm Mbmà de
référer tîa j^keda légou^^^^ liojigredemandions
fm mieux, mais les fiakgmers réclamaient que,
suivant Tusage du pays, on nous enchaînât avec les
frères du défunt. C'était une ruse grossière ; nous
repoussâmes cette proposition, alléguant qu*<Èrïi*a'eii*
chaînait pas desgeiisdewïre^rte. «Prenez gàrde^
ajoutions-nous, que si liotrs allons demander justice
auNégouss,il ne vous en coûte bien cher. Nous
sommes ses amis, vous le savez, vous avez vu sa
lettre timbrée de son sceau.
Les paysans ïi^Sfiuenl évî^^
^Mey réclamer ïa |Oétlce r^fîtîe. Gé q^lls vou-
l|rîi;nt, e^était nous charger de chaînes pour nous
massacrer tout à leur aise.
Les négociations en restèrent là pour le premier
Jour. Hasseîû mm dît en conidence^ pfour wusrendre iwalèûfe^ queîes laîtgiieriavaîën;t Ml pro-
piser ISôs domestiques de nous abandonner, leur
promettant qu'il ne leur serait fait aucun mal.
<t Nous n'en voulons, disaient-ils, qu'aux deux Fran-
çais et à leur serviteur musulman, v La vie de Has-
COiXDAR ET LE OUOGIîÉRA. Sâï
saîn i?iïtifâSt âîïtsî Jlèê à la lïôtfe» $i imm pfm-
vions compter sur son dévouement. D'ailleurs les
autres domestiques, que, sauf queJques-unes de ces
légères corrections qui ne font que cimenter Fami-
itàm filéles^ 3?éotétremsmi »%tîtttî-îlâ i|tî%ne mé-
diocre confiance dans lis fMniiis^ës des Balaguers,
Hassein avait appris, en outre, que les aimables
habitants de Gondar nous faisaient charitablement
prévenir que, si nous pensions à nous réfugier dans
ïfiXr i^ile, ïïi ménageaienf um. r§mp$m Itt
mèmB gmm^ m tpà tt^était pas mmemâgimâ^
Mous mangeâmes nos trois œufs et, pour âèuxi
hommes à jeun depuis plus de vingt-quatre heures,
ce fut un maigre dîner. La nuit se passa sans
encombre.
Le dîBiaiiiîlï^ laatto^ leiss <à«>ïïttïs tini^irt îm&mmé^msée^ fmfBsBnïmmm lé recours au Mégouss.
Mdus devenions plus audacieux, à mesure que nos
adversaires lâchaient pied. Nous savions aussi qu'il
était arrivé quelques cavaliers armés, ce qui nous
donnait le droit de parler plus haut.
<ç T«iïte« ces propositions sônf *Î4Î<îw1#s^ Jmr dit
lïe nous laisserons pas enchaîner. Nous voulons jbîîii>
terminer l'affaire à Tamiable, mais hâtez-vous, nous
sommes décidés à partir demain, et si vous ne nous
avez pas, d'ici là, fait des propositions raisonnables,
3.]8 ABYSSINIE.
nous sortirons les armes à la main et nous saurons
bien nous frayer un passage. »
Ils S'en allèrent.
Mous mourions de fiaîra m^^mâméf Bi n^rtre
entourage, malgré Tétonnante facilité avec laquelle
les Abyssiniens supportent les plus longs jeûnes,
commençait à crier famine. La femme du kantiba
lut eai^e Btîm pôfMenm Mie apporta mysté-
riê£rfeêamîit sous sa chemma qtiai^ne» gaïétt^s^ de
dourah. Chacun en eut sa part, bien petite il est
trai, mais dont il fallut se contenter.
Dans l'après-midi, les choums revinrent et se
décidèrent à parler d'une indemnité à payer à la
fettiïîle la mmî et âHx Mêssit. t^Mmî ïnafre plus
i?îf désîr î wMh aiifeirt p^ïir dîssîiaiîîer notre satis-
faction que pour obtenir une diminution sur la
somme demandée, nous nous récriâmes, disant que
nous n'avions pas l'argent qu'on nous demandait et
que, somaie %iîte^ ce iï*étaît pas à nous qu^ïi È^éà
allaqoés sans ïrKifîfs, à nous qui avions été Messis
ainsi que nos domestiques, qu'il éoinrenait de payer
une indemnité, mais que, bien au contraire, nous
avions" l'intention d^en demander une au village
pour notre sang versé, les ennuis de cette affaire,
le temps enfin iju'on nous faisait perdre.
Les çhoMtnt se regttlàîeiit staipéiés^ saèàaat
i|!îô pensif à^nn tel langage. Ils s'en allèrent tout
peiïâwds raconter eela aux balaguers. Grand fut
iéîlèl« «I le feâtttilm feu^feââlTO môiiteaia la
porte et la poterne, fout le monde se mit sur la
défensive, dans Fattente d'une nouvelle attaque.
Nous avions maintenant un renfort d'une dizaine de
sollfilt ârttiés 4e quelques iaslfo; mm B^emmmde près de cinq een% ^rtofi^èbès, }$$ gîfeeraes de
tous nos guerrî$r$ ffâleftt largement approvision-
nées. Les balaguers^eussent cette fois compté leurs
morts par centaines, tandis, que derrière les mu-
railles de l'église, nous étions à l'abri de leurs
pierres*
âussî toute Gtîfcs dêmwîsiratioii belliqueuse s'éva?-
nouit en fumée. Les chottms revinrent jnolns âiTo-
gants, moins impérieux.
La conférence fut toutefois longue et orageuse,
et se termina sans résultat définif, bien*qu'il ne fût
plus question que de payement; iniîs Gn mmdemaniait qijttrt êmte tltladSi somme que nons
n'étions nuUment disposés à Itttttér, et pour une
excellente raîison^ c'est que nous ne les avions
pas*
Le lundi matin, — et nous étions enfermés dans
Féglisè depnîs If «eniredi éïïîr, --iï^ï^^Ib amb
sade des cbôwins^ Mcyuti^sâwes d^^bôr^ àe les rea&-
voir tant qu'ils n'auraient pas rabattu de leurs pré-
tentions exagérées, et nous fûmes longtemps avant
de céder, bien que nous eussions, dans notre for
intérieur, ^Im finfîe ^a%m wér. k
fal décidé que nous donnerions à la veuve du mort
cinquante thalaris et deux mules; aux blessés, six
vaches, et aux négociateurs deux mules encore.
BtfBi atîoîtïs m mM0^ dMrîl«i4 4 ^mm^m^gement, tat^l m% àm% viem ékiïmm f
» '«lix iidiâts
et à la femme du kantiba, plus de soixattic-éîx tfea-
laris. Tout compte fait, celte bataille nous revenait
à quinze cents francs. C'était un peu cher, mais
nous estimions notre vie à un prix bien plus élevé.
Mous mm imm^ de là îatac^ latI lr#iiyeos€!i»#nt^
iiwf fttflqites %iPiÉ%ttiîffS 011 <^ôntupslons> ©ep^w-
dtnt deux |ûurs et trois nuits auparavant notre
existence mm avait seifiiblé siïigulièrenient coin**
promise.
La vmm imsê escortée de trois petits enfants,
Woiislui dôttntoes le^ éînqBsnle Éalârîi ef lêë iettx
mules. C'était une femme j#Otoe encore, et qui
semblait bien peu triste pour une veuve. Sans doute
elle comptait que, riche désormais du prix du sang,
elle trouverait à remplacer avantageusement le
défuïîi W&m rmdmm m% ^(àmmM les wàesfmr les Messé^ el tm è&m iÉiéeâ |tfis stalent
exigées pour prix de leur interventlaa* Cé lernîer
payement était bien simple à faire : on nous les
avait prises, on n'avait qu'à ne pas nous les rendre»
Toïrtle iia«n*le HmSf étodanl la màiu terij î^tt-
COADAR ET LE OUOGUÊRA^ 9^1
tel et prononçant le terrible lohannès Imout ! jura
que la paix était rétablie et que les victimes de cette
triste aventure renonçaient à la vengeance.
mMf irtfiî|ofer après un tel serment- est un crime
des plus graves 6ï fort rare.
Nous voulions partir aussitôt, mais nos hommes,
non moins heureux que nous pourtant de recouvrer
la liberté, nous firent remarquer qu'il était trop
ÙB mmmm^im mm\ l^.pgiltJ^ragt. âw ijiîlîeu
du tumulte de la bataille, utli fieille femme, voyant
cet enfant exposé au danger, en eut pitié et l'em-
mena chez elle, où elle le cacha dans un de ces
grands silos qui servent à emmagasiner la récolte.
%ùm la i^é^oflipenllfflies âe ^eHà Imrné àêttes.
psiuwe ettiiiït se lassait fm é# 1mm emlbrassèr
les mains en signe de joie ; et pourtant, nous lui
avions bien administré de temps à autre quelques
corrections, car c'était un espiègle de la meilleure
espèce; mais, devant raffection qu'il nous témoi-
gnait, j'en eus, pour ma part^ ^efèrîtàMés reffioîls.
Rien tre, Ma*tfïia âu limité à& paix. I^îè; iêsei*ewf
Mâbrouk nous fut livré à merci, avec le cheval et la
mule; mais la mère de ce lâche serviteur étant
venue implorer sa grâce > M. de Sarzec se contenta
de chasse* îpwiiïiîttîettfew^
lôuê éSÉMït ^cartïs è& féglise pour prendre l'air
dam U Mb mméy m mm t^mmmmfaîr^ iQïïJeorf qiiJiîqae ewlks*^
cade, Ife gifltïë fÎBt alors pour purifier Téglise
souillée par notre présence. Escorté de deux
jeunes acolytes, il pénétra dans le sanctuaire dont
il fit plusiettrs Mi Jte wmtm émmm^h^ tàum*
Kom èiiém pt^ âe la pûrfe tpMûïà iï sortit, et le
regard qu'il nous lançâ IMt cîiargé de dépit et de
haine. Il avait, en tout cas, une bien ignoble figure,
et si chez lui le moral ressemblait au physique, je
soupçonne qu'il devait être l'inventeur du terrible
Des vîjvffis €ttssi nous furent duitaés, p^ai^w^
nîeusement il est vrai, mais chacun mangea de bon
appétit. Il n'était pas jusqu'à une chienne, fidèle
bien que sauvage et hargneuse, surnommée Gou-
MUfà (l'hippopotame), la seule qui nousirêstât, qui,
de ses longues denft Mancliôs et ^^kM^m^^^^m^
tât avec déKceâ quelques pois chldliês*
Une chose nous inquiétait encore, c'étaient les
blessés. Si quelqu'un d'entre eux venait à mourir,
il faudrait sans doute recommencer les négociations
mt Ttmm^mm ^m%^ âbpsînîe, si graves que
soient les blesstim, 3*aflyre est eûàsîiâéfèe tmmepeu sérieuse tant qu'il n'y a pas isttôtt i^Qffliine*
Nous demandâmes donc de leurs nouvelles en dissi-
mulant le véritable motif de cette sollicitude, et les
iélaîls qn'on nous €ottna sar i^ctfieurs griwres Mès^
60^D1R IT LE OKâfiïîiRA^ ^gares ne firent qu'augmenter notre impatience
quitter le village de Ouébéin-Mariam. Quelques-uns
légèrement atteints vinrent se faire soigner, et nous
eûmes toutes les peines du monde à ne pas éclater de
rire ^<?ePtôÎDS^€iitre eux avaîeni laûgm&^ùmoMm à#
¥érîtables écumc^rtl^ On coi^ïepiî laeileiattïti â^mi^
leurs, que des ér#ês aprls mmt Mî tout leur
possible pour nous assassiner, avaient l'audace de
venir réclamer nos soins ne nous inspiraient pas une
grande pitié. Avec eux vîiit tout un bataillom de ma-'
tf i • ÎMlfto©s.f èlè Wtte çolîfeïîôttptMmimdans la cKniqut i^îas^ de Bildecîne. Il y avait
desjambes déformées parréléphantiasîs^deslépreux,
des plaies de toute espèce spéciales à ces régions.
Nous usâmes ce jour-là tout un crayon de pierre
îaferaal^^. * ^ qm à& bttuïëtt^ d« mî© pm sat-
fotilyêfit le io^dtâa& fùjrent àlffrU^iïées mm %^ce
Dès le mardi matin nous nous occupâmes du
départ ; on nous avait rendu la majeure partie de
nos bagages ; il ne fallait pas être trop exigeants !...
Des portears* êîafe»f liiôas^IrBs et en plus grand
nombre en©oiHB <|tte d^fcalJtïtdev pmisfae fmm è&
donner quatre de mes muk§ cïiarge. Il fut diffi-
cile d'en obtenir, mais avec un peu de fermeté et
encore beaucoup plus de patience, on y arriva.
Nos mules sont sellées enfin et nous attendent à
la portô à& réglîse mm iom les soMafe t c'est le
îBôiatîjrl iMsîf. â imé hasard ni^ f sont
bourrées de cartouches. Nous enfourçfeûïïtîlCW^ïttl^^
et, le fusil en travers de la selle, nous partons au
grand trot, traversant le village dont tous les habi-
tants, sortis pour nous voir, sont là rangés devant
leur butte daiis une attitude inquiétante* Ce m%st
pas sans împressîoa que nous revoyons notre cbanip
de bataille.
Nous marchâmes ainsi d'une allure rapide pen-
dant plusieurs heures, et il était presque nuit déjà
quand niErBf srrîflJiief & un petîl village dont je n'aî
|as eonserfé ïe nom^
La plupart des soldats, nous considérant en
sûreté, retournèrent chez eux. Oubié Zelléka lui-
même, qui s^était montré si dévoué et nous avait
promis de nous accompagner jusqu'à Adoua, nous
IfÉs Il^léâîiiiÉ «e eoiçtwïttiîeni levanl nous, servant
d#l»syse è lïiï^jon^l^ que nous contournâmes
pour arriver à un autre village. C'est encore un
Ouébéin! Même nom, mêmes habitants! Peu s'en
Muiqm mm U'mmhm encore 11 tinë ^réeeptîon
dé^p^êable. lîôus en Ilotes ^#ttit p^ la peur.
Mm èm hâ§B>g0B tnanfttsîe»!mmt^ I Tairpêl, mmnous continuâmes notre route, considérant que nous
ne serions en sûreté qu'après avoir franchi de nou-
veau le Taccazé.
Le terrain sMIevait gradueiement et les l^lâteaiix
GONDAR ET LE OUOGUÉRA. 345
devenaient de plus en plus arides à mesure que
mm mmMmkm^mm h ^mèm*
lées et sur un mamelon absolument nu qu'est située
la petite ville de Débarek, où nous allâmes coucher
le troisième jour après notre départ du fameux
Ouébéin. Oubié Zelléka et le vieux choum Magdalé
fîomsclîoîi ïfOus y rejoignireût. Mous èûSsîôM loiiïa
visiter la vîlk,mm tons w^m iimimM^éai de mpas sortir de la hutte qu'on nous avait donnée, car
les habitants sont imbus de ce même fanatisme et
de cet esprit querelleur qui infestent cette région
a^î#ïtifkiïïï nom être si funestes.
Mou^ 1Ï0 paumes 4ôm rîm wéTf sî ce ii*est la
place du ïttarïÉé que %&m mlam irav^rsée et
qui nous parut très-vaste.
Il faisait froid à Débarek, la nuit surtout, et
nous dûmes, pour nous réchauffer, allumer du
fou êsm mtfn lïiitl#* û^îi %xmt k fûèm^^ àn
lîeo, car raltllnde èë ÎMbarêi ioit 1^ estimée,
je pense , à environ 4,000 métrés.
J'y vis de grands oiseaux de proie,qui habitent
aussi nos Pyrénées et l'Atlas algérien, le gypaète
barbu. La prudence m'empêcha de leur faire la
icîîts$e^ mmi ftt*a de gtôt ec»^àttx porteort d*ïta
bec énorme et ornés d'une calotte bknehe (fiorms
cmssirmtris).
Deux routes s'ofiraient à nous pour reigagner
Mùm, Tune montant à une altitude pltts ^^véMencore par les hauts cols du Sémiène, passant par
Maye-Tlialo et traversant le Taccazé, près de Tché-
Mehékéné ; l'autre descendant m comtPaire teplateaux du Ouoguéra, contournant îê Sêmiène à
mi-côte et venant aboutir au Taccazé , à Ënketo , au
nord-ouest de la province du Chiré.
La première nous promettait d'être de beaucoup
la plus intéressante, et il était entré dans nos projets
4<î îf^frê^ pçur 'Btsîtejî'ï «e voyage çlrçuîfûrç
% tr«¥®rs FIUj|ssinie , toitt m qm m pays offre 4e
flm çrtrîeuxi ngiiis Jbonimes se refusèrent à
nous y suivre , les montagnes du Sémiène étant au
pouvoir d'un chef insoumis, Liedje Kassa, le fils de
Tandiên %m Qubié ¥aîneu et iué far ^IcMiorm*
Môm é^mm mm résigner It prendre le û&mtià îti-
ni^mte* lîous en avions assez d'ailleurs, pour notre
propre compte , des batailles et des aventures.
A peu de distance au nord-ouest de Débarek,
nous nous retrouvâmes sur le bord d'abîmes sem-
blables à ceux <jue nous mi&m vm entre Kossoguîê
et Ouébêîtï î naaitH ne f'agissait pliit setileïHeiït êe
les rei^der, îl fallait s'aTrenturer au milieu de ces
escarpements.
Pendant deux étapes , nous descendîmes presque
constammwl de téiit^es escdîersv. Comment
nous arrîtfâm^es sâins^ et saufô m Iras de ces prêci*
piees , c'est ce que je ne puis trop hîm m^expliquer
COADATi ET LE OLOGUÊRA. 347
à moi-même. Quand les difflciiltés de la route ne
M^âl^SorBaîent pas entièrement^je redÊirfâ»aî$ imî
sanl tout à la fois qui s'offrait ànôs tegards. Suitaiii
que le sentier s'enfonçait dans un repli de la mon-
tagne ou se suspendait à ses flancs dans un endroit
déçcwîimrt , nous étions enfimlsm seiïi âtum |hïîs-
mdB Tpégitetîoiii prettant mém dans les anfrao
taosîtià àest parois Jbuniidés tapisièe» ée jûousses,
où nous voyions s'étendre devant nous , à perte de
vue, un horizon d'une beauté incomparable. Parfois
nous débouchions subitement d'un sombre défilé
mt me gaie plâte^#MOT0, tomte plsatê© de bô^iïîtets
Ceiie descente nous amena dans une vallée oïl
réapparaissait la faune tropicale avec les baobabs
,
les oiseaux multicolores et les bandes de guenons
{cercopithecus griseoviridis). Une belle rivière
Goiiklt âii lani de miÊM tâMêe mtm 11 4e falêts ?
c'était la SiriMïa: ^ qui , du siid*est au nord-ouest^ va
|Wler au Taccazé les eaux qui descendent des hamtâ
sommets du Sémiène. Il nous fallut gravir de nou-
veau une montagne pendant près de deux heures^
au bout desquelles nous arrivâmes devant une mu-
raille eîfigaïsjre de fôdïiffs feaEês t |^e> oà nous
dkerehîôûB en vain â découvrir m passage. Dans
tïîi repli de la montagne se trouvait une fissure
formant une véritable porte naturelle et laissant
$0- âWSSIlVIE.
apercevoir un panorama d'une beauté saisissante.
C'est d'abord un bas-fond où s'entassent, dans un
désordre indescriptible, des rochers aux formes les
plus extraordinaires, puis le Sêmiène imposant et
nî^Jestueux , àmi les cimes cltenues^ $é fmàmidans les nuages. Un petit village était placé, C^tûïûe
une sentinelle perdue, à l'extrémité d'un promon-
toire. C'est là que nous allâmes coucher, et nous
y f&nês TBp^s d'une façon três-ho^italière. Has-
sein nous prévînt cependant de neus tenir sur nos
gardes, ce pays, disait il> apparte'ïiant aux insur-
gés et le chef de ce même village étant un des
partisans de Liedje Kassa. Tout s'y passa d'une
façon parfaite. Je soupçonne même que le fils
i'DnMé^ prévoyant qu'un jour p& fmttB il f0atit
mm^mtU trône ^âbysslnlet fat asset întelîipBi
pour penser qu'il serait heureux ii ce moment d'être
l'ami de la France, et, dans cette prévision, il eût
été impolitique de maltraiter le vice-consul qui la
xeprèsentiltMjiTiînB taçon toute spéciale. Il y avait
àm petit wH«0fe plas de îàefe qne ne eôinpôryi le
nojïïbTe èi sé&BâIÉants, et il n'y aurait mêiae aen
d'étonnant à ce que Liedje Kassa les eût envoyés
tout exprès pour nous recevoir et nous protéger taci-
tement.
Wms l©nptnaMt an «ïfftîr étt tillage, le pied
d'une 4e ces lerfcéimses lïttiupelles dont j'ai déjà
parlé| rÀmba Galîma, qnï était alors au pouvoir des
îtmfgh. Jamais fêpaîrô ne: Jût nrlèm éiMé fmt
des brigands. On nous JîiôtrtraL lé si^i^r éàtml ei
abrupt qui conduit au sommet; mais, à part quel-
ques hommes proprement vêtus qui se dissimu-
laient dans les fourrés en nous regardant d'un air
çpfîêflximmm tmmiÉfêmm personm Ç^étalent
d'aigle pour nous voir^ et sans la protection
invisible de Liedje Kassa, eussent tenté probable-
ment de nous rançonner, comme ils ont coutume
de le faire pour les caravanes qui traversent le
pays.
Quelqim lûïa^màs qui mm t^tâpimià mmapprirent, chemin faisant, que nous avions quitté à
temps le village de Ouébéin. Le lendemain de notre
départ, un des blessés était mort, et depuis plusieurs
autres ravaîent suivi* On parlait AhiHe douzaine au
©oins; maïs il pamîssail M©» «Jertaia que trois on
qwatte avaient suceombé aux suites de leurs bles^
sures.
A quelque chose malheur est bon : cette sanglante
affaire avait valu à nous, et surtout à nos fusils, une
réputfitMïtt tierFilIft. kmé t fîHagfe i*âddéragaï,
<tti les pfétï?es m TOtiJaiient pas nous recevoir, on se
çontenta 4^ lïQui faire mauvaise figure.
Nous apercevons déjà la vallée du Taccazé , dont
nous ne sommes plus éloignés que de quelques
jours. Les Abyssiniens, pendant la saison sèche, ont
m
350 ABYSSINIE.
Pli#îttfle ie mettra leim mm heikmM mm htm$-
saîlles pùiît défricherm Tmmm&hï'}0 ^0mm^.Ces incendies prenne»! fttëîip^
colossales, et, dans un pays montagneux, il se pro-
duit naturellement des illuminations dont nos feux
d'artifice ne peuvent donner qu'une idée bien
pâle. Ce m $mé des foste, ém^ èeïatieftt^ m mmHim iraïmîâgiiet ewiîlre»
qui s'embrasent, mais non pas simultanément ; les
feux semblent se poursuivre comme en jouant; par-
fois un arbre tout entier vient à flamber comme
nn immensé caaiéfobre; ailléûrs #0sl lïtt wïBxm
hmimm qui ïpm& m h pmtàï imtmmiiè
des montagnes , ou un massif tout entier qui brûle,
illuminant les roches à faire croire que c'est une
ville entière qui est en feu. D'Addéragaï, situé sur
un point élevé et d'où nous découvrons le jour un
liorîzoïi de plât 4b w§i ^m$& fm^Mtê^ mwÉt$m$iom fmismt mrn w&B Me» mket k wt0 à& ces
îlluminations,qui est bîeïi ceftaînement la plus
èplendide que j'aie vue«
Nous traversons encore deux rivières, la Goya et
la S^reatig^ ajirueirfs 4û iTa et nm^ mrîmmeBfiïî à lîaalefei>ij ioiaîiitïit lâ firlép in Tmcmè^
nous revofii?ïjs ee flâîiir flas de deux Mûmaprès Favoir traversé pour la première fois, au
sud des Agaos, environ quatre-vingts lieues plus au
sud.
CHâPITlE fin
R;ET00R a MâSSAOUAH*
Chafs^ à rblpj^^^ltoie. — Axoum et ses ruines. — Les mou-
eà^ÎFi àB||$îû|i|t|^* — Le Lika Alankouas Ouarki. — Fête
p0tir la mùtt â^nû êîéphaat. — Prodigieux appéfît. — Les
Chohos ; leur indépendance ; la peine du talion. — Aven-
tures du kantiba Ouelda Guorguis. — Hébo et la mission
française. -— Le mont Assati. — Un phénomène climaté-
rique. — De retour à Massaouah : déception. — Le Zirck
et fesr Aûtvichm.— L'^^àwbîpaï à& ï)ablak; — J?mfe naturels.
Chaleur torride de côârégioiïs*— Un homme peu pressé. —Comment je réussis à m;*embarquer- — Un Banian et des
poules. — Calme plat sur mer et orage à bard« — J'arrive
à temps à Aden !
Wégoîiss et Gofudar^ liwé une bataille raBgée^ noire
voyage pouvait sembler complet. Il y manquait une
chose cependant, c'était un exploit cynégétique, et
Ton nous disait qu'au Taccazé il y avait une quan-
tilé Chippopotaaasm» Baip F-^|sî çt If Im T^ama,
mus lÊ^ammB m fue de hû îda ««g TOêitstrae*»;:
pachydermes. L'ocdtôWïipt paraissait ex^^lante pour
leur faire une chasse en règle; comment ne pas
céder à la tentation? Comme nous l'avions déjà fait
3St ABYSSINIE.
en pareille circonstance , confiant nos bagages au
kantiba Guorguis, nous partîmes de très -bonne
heure fom im&mdt0 sur leè lmTi&M la tiïïète,
àîr ttôût éoftiuisît ùttè pêMê lôttfue ét î^piie.
C'était le 26 janvier;depuis cinq mois il n^iteît
pas tombé une goutte d'eau dans les montagnes
d'Abyssinie ; aussi la rivière n'était plus qu'une
succession de bassins qui s^écoulaient les uns dans
tftiFêB ptrcle aimee? Hets 4%ini*
crdeodiîe$ et poîssoHB, m troutaîent parqués dans
ces bassins, où nous poiivîoiis las fusiller tout à
notre aise,
BiS iaroêes singes gatttMlaîèïil tos les
arbjreSt êm p^rfequ^ls caquetaient au-dessuB de
MêP têtes , des pintades fuyaient à travers les buis-
sons, des insectes, des papillons couraient sur le
sable ou voltigeaient autour des fleurs ; c'était à ne
savoir par où commencer l'attaque. Je n'avais pas à
bésiter; je fis la chasse aux papillons et aux ôîseàux^
todis ^j& mm mm^n^m m postait sur les bords
de la rivière.
L'hippopotame vient la nuit à terre pour pâturer,
et les indigènes prétendent qu'il est alors dange-
rs ^ I^ttaipï^^ (ktié tttâsM iiMjriEt m mmt00m agîîltij^ im hmmi0 m fmi lui à^hai^per i la
course, surtout si le terrain est vaseux; mais le |0wy
il reste dans Feau et n^apparaît à la surface que
RETOUR A MASSAOTAH. 353
toutes les cinq ou huit minutes pour respirer. Il
îiiônire alors le iî«ss4:is de sou éïïornia museau^ mû(fcîl ef ses petites oreilles, respire awbriJîl,
p:uîs s*enfonce de nouveau dans sa liquide de-
jmeure.
On peut, lorsque la rivière n'est pas large, le
tirer de très-près; mais sa peau est à Tabri de la
flm i^p^evoir d^ûii coup de fusil que d%ne dbî-
quenaude.
Les indigènes ne nous avaient point trompés en
disant que les hippopotames pullulaient dans le Tac-
mzê^Èém^BmMém ent^ditît m grognement,
m v^ôpM êmm^^ nm mmm hmm^ : vite un coup
de fusil la saluait au passage, mais toujours sans
résultat.
Vers quatre heures du soir, il fallait songer à
regagner le village où nous devions coucher. Nous
éibfl* naaatéââ ittûîè et miu ûom dîi^îgtôias i^éts un
gué, quand ^ nêiûfmî là rîtrière^ wm vîmes
quatre ou cinq hippopotames qui, joiïaàt ou se
battant, sortaient de Teau jusqu'à mi-corps» M. de
Sarzec saute à terre, saisit son fusil, et, plus heu-
reux cette foiSj atteint Tun d'eux dans Toeil. Les
tatmi fisparaîss^ttl iitistllèt^ ttïÀlte Wfi^sé testai
h mtfémt fê dibtltimtt lî^iianî TOclhicat éi per-
dant des iletf de sang. C'était une agonie mons-
trueuse. Je me mis alors de la partie, et nous le
m , ABYSSIBÎIE.
crîîïlâwitf sa mort sans pûDTÇflîr
Il cessa peu à peu de se débattre, devint immo-
bile et, entraîné par le courant, alla disparaître sous
l'eau, dans un endroit plus profond. Tout cela avait
ànré pïiit ^mé kemêy éllè jow iëômto#tt$âïî à
3jiîisêf> Mùmm pouirioas ç&p^êxâ mmn licÉièi* i
abandonner une si belle proie ;quant à se mettre à
Teau pour rechercher l'hippopotame, il n'y ftillait
pas songer, tant il y avait de crocodiles qui flottaient
J'en airds^daMla |oixrnèe ûOMpté m^B^ rangés à
la file sur le sable et se chôiifiant au soleil comme
de grands lézards.
Nous avions bien cherché aussi à les approcher,
mais ces affreuses bêtes ne dormaient que d%n œil,
Il MkÊ^ëôm MMmêité ïpe la màmw rhippo-
potame flottât à la surface et , entraîné par le cou-
rant , vînt s'échouer sur les galets ; c'est ce que nous
fîmes. Une pintade grillée sur des charbons com-
posa notre dîner, et, étèadAnl mm mu$i^i^me& mtle B^Me
f mm nous y eôw^âïâm^ Imni^uîlkffiwl.
Le lendemain matin au point du jour , nous trou-
vâmes l'hippopotame échoué au milieu de la rivière,
sur un banc de galets. Il fallait se mettre à l'eau pour
arriver jusqu'à lui. De nombreux crocodiles com-
meaçaieiït k k ditorérv
RETOUR A MASSAOUAII. 355
Nous ne perdîmes pas courage cependant, et nous
mm mimm aussitôt 4 itbtîj|u«r an radeau ôc éês
âflrîÉ^ BïOrts. Séduit par la pérâpéetiw& â^mn tibalar^
un î# iï0§- Sommes se décida à tenter Taventure^
A peine posait-il le pied sur le radeau, que les
troncs , reliés par des lanières en cuir, se séparè-
rent; il ne se rebuta pas, et, s'entourant des troncs
d^arbres eirWJroe d'iïJti rempart, îl i%ança dans
Tcau. D®s lords de la rMIré^ nous tîrîoiis des
coups de fusil, lancions des pteyfjptâ, poussions des
cris à faire trembler la montagne , pour effrayer les
crocodiles.
L'Abyssinien arriva sans encombre jusqu'à Thip-
popotame,M alftMiïa Ik patteme lanière et w^mlM
h tmré sâîû et àwkt Ma Féiîôriae a»îiïial^
imîw les berges étaîeilt trop hautes en cet endroit
pour qu'on pût songer tin seul instant à le hisser à
terre-
Ce fut à notre tour de nous mettre à l'eau. Dégai-
nant alca^ tôut ce que ïiohs ailôtis ée couteaux
et làe |oî|Biir|f ^ ncms. eîïtrifrînj^ l# lui couper
la tète pour remporter son crâne comme tm tro-
phée.
Notre victime était une jeune femelle et malgré
cda â!utm m h00 faille,qu'il mm MhàfhémM
%mfm ^'un travail achp^i pwr venir à hmî €e
notrè besogne. La tete iflétachée du tronc, on la tira
k terre pour la disséquet.
356 ABYSSIKIE.
Nos hommes, pendant ce temps, découpaient sur
son dos des lanières de cuir pour faire des courba-
ches, et se taillaient des beefsteaks dont ils se réga-
lèrent. La vîtnâe entrelardée smM mi aspect
séduisant et ressemMaîi à celle iu pomj comrena-
Wement assaisoîïïiêë , ce serait, je eroig, une très-
bonne viande à manger.
Laissant le tronc mutilé en pâture aux crocodiles,
nous nous remîmes en route; la journée tout
eirtllre Hfâil #1^ employée à m àèpè^mamâ.
#râ¥issâW la îBôAtâgûe qui borde la fÎ¥e droite
du Taccazéi nous atteignîmes un plateau assez aride
sur lequel nous chevauchâmes pendant plusieurs
jours, sans qu'aucun incident vînt rompre la mo-
notonie de notre voyage. Nous étions dans la pro-
tkm de Cfeîre* Sa^t iâ mtjin#se t^icwalè ti^adî^
tïonnelle des chounis , les hahttants étaient assez
hospitaliers.
Peu s'en fallut cependant qu'au village de Maye-
Goundo, on ne nous fît une réception analogue à
Jbe elonui^ îl itat le d«fe, ^âvaîl lât^é sès esprits
au fond d^un gombo de taidje. Telle élaît la cause
de son humeur belliqueuse. Sa femme eut l'intelli-
gente idée de nous en prévenir. Comme il menaçait
de tout pourfendre et que ses cris forcenés ameu-
tsieûl la popttiEtîon , nous le §mm saisir par nos
honïnîes, solidement attacher et enfermer an plus
RËTODR A MASSâOIIAI!. 35T
fin à l'incident. Le lefedemaîn , îl avait cuvé son
taidge et recouvré sa raison , ce qui ne Tempêcha
pas de nous refuser obstinément des porteurs. Pour
éviter toute notiv^le «Qm|ïiî0aioii, nous laîiito^s
Bôs bagages à la gaMe de deux doiiîestîqaes et par-
tîmes pour Adoua dont nous n'étions plus éloignés
que de deux jours de marche.
Bien que nous fussions très-désireux d'arriver
dans la capitale du Tigré, pour y reprendre un peu
ttQi^e «ssïfiffr ^ imm iî# fc^vloiit pif r fm p^ïle
ville â'AxGûm mtmm tMîm ïm ïulnes^
Axouni n'est plus aujourd'hui une ville considé-
rable, tout au plus si elle compte 2^000 habitants;
Gondar Ta détrônée.
Il existe en Abyssinie une tradition qui fait re-
date aussi reculée, il est bien certain qu'Axoum
était très-anciennement une ville importante, puis-
que le pays dont elle fut la capitale s'appela Tempire
des Aœumites avant d'être désigné sous le nom
â'É:liî0ple.
Il exista in ïWN^ It^oUîtt des «îonuments qui
prouvent sa haute antiquité. Ce sont d'abord des
inscriptions, Tune grecque, l'autre hyémarite : la
première est gravée sur une sorte de borne plantée
tnlerre, à quelque distance dé Ift vîîl&î «ïlôt lté
358 ABYSSINIE.
relevée avec soin, comme je l'ai dit, par Sait et
lord Valentia, qui en ont donné une traduction, et
par Théophî΀ Lsi?lti^0, Elle menlîôQue simple-
meiit «ne fîctoÎTe de l^BmpeïeirÀîitïWfc, qui irégîitïl
vefs Vm 330 de notre ère. Toute son importance
consiste, comme je Tai rappelé en plusieurs en-
droits, dans rénumération des pays dont le souve-
è^âxôiïïû M lêctoe èfa*ôîil tûâSIm.
I4 séeôîîle lat découvertê pàj^ liL Femt et Galî-
nier dans un jardin ; c'est sans l^ntg la même dont
on m'a parlé comme étant dans une maison dont le
propriétaire ne se souciait pas de me permettre
l'accès. Si j'avais eu du temps devant moi, j'eusse
peiït-ètre fêiissi à^m^ lafosm ifviie âtttre h fôreer
la eonsigîie éti en preaire m e&tâMfâge; mais II
iïe me fut pas possible de le tenter.
Bien qu'on ignore les faits qu'elle relate, on com-
prend de quelle importance était la découverte
îftfcriptlsii B^pmjarîïeaii aoettïf Bitliîopie
,
épeque, des relatioïïs intimes entre le pays qtiî nous
occupe et l'Arabie.
Les autres témoins de l'antique splendeur d'Axoum
sont des obélisques dont le lecteur me permettra de
dire quelques mois.
E I â pltisieurs obélisque* k àmum ; tous o^
frent le même caractère, mais un seul est encore
debout et intact. C'est celui que je vais décrire et
qiïî«s4%Bré dans ee volume^ un acquis
rigoureusement exact que j^'en ai fait ^ à raîde d^une
chambre claire.
La hauteur, a dît Sait, je crois- est de quatre-
vingts pieds, ce qui ne me paraît pas exagéré, car,
tout prêfs de Im ^t Èmime point de comparaison,
se trouve îïji gigantesque figiiîer i&^côlnore, un des
plus grands arbres d'Abpsraîé, aussi élevé que nos
beaux chênes de France , et le sommet de robé-*
lisque dépasse sa plus haute branche.
Il n'est pas carré, mais moins épais que large;
trois d^ s*s fmm mté mâm «t ^élm mm soîn^ la
qïïaitî^iÊ èsi iïiîtîeîix âes^s* Le mîlîen
de cette façade dan* un plan rentrant par rapport
aux deux côtés,
qui sont saillants , absolument
comme les deux ailes d'un bâtiment. L'artiste a
voulu, — et cela santé aux yeux , — simnier npe
tenf i hmi étugesi îî f a, ûtt efïel^ Bïp| hod-
zontales de qnaîre im^l^fgàoiinles^ ûmm sîttfèes
sur le plan rentrant que je pourrais comparer au
corps de la tour, et une plus étroite de chaque côté
sur les ailes en saillie. Chaque croisée est entourée
eneadrenifiît en téîîef,rappelant le stfle grec
d^une iaçan eddenfc^ j |fe& €<>j?nît;iBB ornées de des-
sins circnlairts réparent chaque étage; à la base et
dans chaque partie rentrante est simulée une porte,
tandis que le sommet est couronné d'une sorte de
fronton.
âtt pîei éô; rMifie0> ne immé um IsMa m^aid mm(Mké^ omè èam son poortot d*ttn«
gwlâiïde d'arabesques , détenues frustes par
l'usure.
Les autres obélisques, qui tous, avec quelques
variantes, offrent les iniiaes dessins , sont abattus
et brpiês^ par tronçons plus ou iu^ins jiaportonts.
Il y a, en outre de ces obélisques monolithes,
d'un travail achevé , un nombre assez considé-
rable d'aiguilles en pierre de dimensions et de
formes variables, plus ou moins habilement taillées
et polies.
J'ai vu mmm dans la ta^e fôout d*UM maison
un bloc à moitié enfoui dans le soJ;, à peîUEe dègrosd
et destiné sans doute à devenir un obélisque; ses
proportions étaient telles qu'il formait une chaus-
sée monolithe ot eînq ou six hommes pouvaient
marcher de front.
Quant à l'origine de ces monuments, je lakse la
parole au voyageur Sait, qui a si conseieneîeusè-
ment étudié ce pays ^:
tt Je ne puis parler avec certitude de l'ancienneté
iâe m$ mommmî^f maîS; je ©Jttjeetttrer^'s c(u*îls
n'ont pas été étîgès avaçtt Im Ffoléméesi eàr î^orâre
en est grec, et il tt'ést pat probable qu'il ait été
introduit à une époque moins avancée. La tradition
* SâLï, Voyage en Abyssinie, t. II, p. 117,
RETOUR A MASSAOUAH, 361
du pays place l'érection du grand obélisque au
règne de rempeyeur âïssana,qui ààit 4e jpïiïS 4$
trois cents ans apris Tire çîitétienne. » Et plmMole même auteur ajoute : « Je pense toutefois qu;*iî
n'y a pas lieu de douter que les obélisques d'Axoum
n'aient été élevés par des artistes venus d'Egypte. »
Il y a à Axoum d'autres monuments qui,pour être
meîni im^ej^Si ne laiisseflt pas que d'offrir de Tînté-
rêt. C'est sûrtcinl nnè église if^sti^îftefâ* Ittyortii-
gais vers le quinzième siècle. Elle diffère essentiel-'
lement de toutes celles que j'ai vues ailleurs enAbys-
sinie, tant parla formequepar les dimensions. C'est
un vaste quadrilatère plus de deux lois pluslongqn©
large, Sj&Iîdetaenl cOî^ttuil, couvert en ferrasse.
La façade est etné* ^nm galerie à colannaie sttp-
montée d^un fronton triangulaire. On y arrive par
un vaste escalier en granit d'une dizaine de mar-
ches. Le tout présente un ensemble très-harmonieux
et qui dénote qu'un hm ûtéïitéàïeptésràd. % îdtsôn*
«tTBfttton de ràdîifïce.
Au pied l'escalier, sur les dalles em |[ranil|
j'ai remarque quelques dessins gravés, parmi les-
quels j'ai très-nettement reconnu une lance abyssi-
nienne ; la pierre qui portait ces dessins me sembla
n'être qu'un fragnièttt détaché d*ane mmré plus
considérable.
Cette église, comme partout en Ab|Sâinîe, €Èt
entourée d'un vaste préau, planté de beaux arbres.
21
362 ABYSSINIE.
On voit encore là des blocs de granit travaillés
avec soin et qui m'ont paru très-singuliers. Ce sont
let Mocs à peu près ^rrM» Sort€^ d^ttt^s, pré^en-
tîmt â lêîw' lice^âttp^ m mmmm hméat mmune rigole destinée à laisser couler ce qu'on aurait
mis dans le bassin. Il y en a un certain nombre qui
tous, avec de légères modifications et des formes
plus ou jmoîîïs compliquées, s^gaaM^ été
affecjllt^ wittïe osage^ Mé S6fiileirMe ï^mt là des
autels aput smti m% hâmm^im ^ Telle fut du
moins ma première pensée en les examinant.
Au milieu d'une allée en dallages,qui conduit de
la porte exlérieure du préau à l'escàlicr de l'église,
il y a enorem hlm ée granit Isûiîpê à ses <|ttMre
angles d^une coloniiette carrée. CfeôîWliiTOeiit A€0
servé jusqu'à nosjours sa destination primitive. C'est
le trône sur lequel siègent les Négouss pour la céré-
monie du sacre. Rangé sur la même ligne que les
ârtit6Îtdôôt|«ti«tfôde pârî même style, je
serais porté à croire qu'il remonte à la mlBae
époque , certainementbien antérieure à la construc^
tion de l'église.
Axoum est la résidence d'un personnage important,
le Nébrid^ grand dignitaire de l'Eglise abyssiolenne,
açrts î'^botiBa^l ritchéqiïÎB, et de idwtgweriieur
4e la ville et du pays. Le Nébrld^&ôwiBÎdère comme
le gardien des tables de la loi , et en effet une tradi-
tion indigène rapporte que Ménélik, enquiltantla
RETOUR A MASSAOLAH. 363
cour du roi Salomon, son père, où il avait été élevé,
lérôta imn I0 teiaple el ap^|iôiftom ÈMopie quel-
ques-unes de ces tables.
Nous n'avons pas pu voir le Nébrid, pas pïùS qor
Tintérieur de Téglise. Il était absent d'Axoum,et,
sans son autorisation, on ne voulut pas nous per-
mettre de visiter le monument sacré dont il a la garde.
II eilMijf fmt m^mÈt sm& smn îout m ^0
dant un certain temps; mais nous étions pres-
sés de rentrer à Adoua pour obtenir du Raz Bariaou
qu'il nous fît rendre nos bagages.
A fmàê dî^iteîice i^iïmdaas la plîfflié q^^ fâssâte^ tmm itemémes
une déptttutfon venue au-devant de nous ; et quel
ne fut pas notre étonnement de voir , au nailieii des
indigènes, un petit groupe européen !
C'étaient d'abord l'excellent Naretti et deux tou-
ristes,m Mkjièmt M< Mmhmmst Bt m Italien,
Mé BMlhstiî^ fuh quéqmÈ ouwers français dont
j*ai déjà parlé. On pense combien cette rencontre
nous fut particulièrement agréable. Que de choses
à apprc ndre et à raconter !
Le chef abyssinien chargé de nous recevoir était
le Lika Mankç^uâsCNiarki, que lawit mtittm di^à vu
au camp àtt Mm Wmâàm^Quelques jours après, le Raz Bariaou revint à
Adoua, et nous allâmes tout de suite implorer sa
364 âJi^ïSjSif lE.
protection pour recouvrer nos bagages. Malheureu-
sement le Raz manque absolument d'énergie ; c'est
une bonne pâte d'homme qui, à tout propos, répond
içM^ mum wé sâit pas se feire obèÎF* M im seraî$
jbabile, eût cliôîsi tout exprès un homme de cette
nature pour vice-roi du Tigré, certain que, s'il ne
peut lui rendre de grands services, il est tout au
©oins incapable de devenir nn eopspîmteur. Aussi,
grâce à CBtte indolence,, nos iiagages mirent trois se-
maines â faim «Ji iropg* de deux jours; il fallut une
semaine encore pour trouver des porteurs : total, un
mois, que nous passâmes à Adoua à nous morfondre
dans l'attente.
fmè êe tôHs wm ê^mm^ , dm mm ffl«ts » mmmimîtîttts die «Éâtsie, dlttuê êafi» 4e fa«ft m fâîm'était indispensable pour recueillir et préparât*
des collections zoologiques, ce fut pour mes travaux
un mois presque complètement perdu.
Mous allions de temps à Attire tenjjffe TÎiite au
0*èltit toufotiïs It même inîse en scène que
fm dêjl décrite, avec la suite bigarrée de soldats et
de serviteurs, les inévitables libations de taidje et
le tabouret humain, qui tenait dans ses mains les
pieds du Raz et les caressait comme pour les réchauf-
fer, âaire Jètaîl è& immm îiïfîïttes t le llz^ êiûî
sans doute enrhumé du cerveau, m «Mit peu^être
Itumê quelques prises de tabac, ce èmà les Al)|ssi*
niens sont très-friands; i *sl41 que, dans les
circonstances où un bourgeois français eût cherché
clans sa poche un mouchoir à carreaux, un domes-
tique présÈHtaîl m Mm m fri^ife ^mùmm qn&
ciîttl-d itîsâît Sfertîr m même tmge. Lû sêriîtêur
prenait alors rhumM» posture et la %tî^ fmmk^
naissante d'un homme qui reçoit de son supérieur
un précieux cadeau. J'avoue que ce détail, dont je
demande pardon à mes lecteurs, fît baisser dans
rnett mikm ïe miSfe le néi^.
ïlm dfes %um Im pîtts îûar^uâwîeÀ â& mtî&
petîte cour était le Lika Mankouas Ouarkî.
Le Lika Mankouas était autrefois un des plus
grands dignitaires de Tempire éthiopien, une sorte
de grand juge qui marchait de pair avec le Raz ;
iB«îs^#tté ©barge a aujourd*bîil iâmiMmif€0&fM^
Wm el rii^oiidftît plutôt m titre de Ministre dos
affaires étrangères,
Ouarki avait, si je ne me trompe, visité TEgyptc
et servi, contre Théodoros, les armées anglaises. Il
iïi0til*^ dttï^t&^irtriîï un splendîde pîs^^
let k mmm m^ùêê é'm^^ éM^è, que lui avait
êcwaésîï^ lilpîér. Il s'était done^ plias que ses com-
patriotes, frotté à la civilisation européenne ; il par-
lait Tarabe, langue plus répandue que Téthiopien,
et comme c'était un homme fort avenant, de bonnes
wimMkr^f intelligent ef awilyîlîâiix^ Miatt«#a Ittî
avait confié la délicafa mission de recevoir les
étrangers qui viendraient en Abyssînîe. C'est pour
cela, d'ailleurs, qu'il habitait la province du Tigré,
par laquelle on pénètre d'ordinaire dans Fintérieur
du pays.
Aa plfsî^tte II ItBït âè taîîïè iBoyéBii^, Mén jn^portîonné^la fîftau très-claire, le regard vif et f&hçant, mais un peu faux ; la barbe rare, les cheveux
légèrement crépus. Nous avons pénétré plusieurs
fois dans son intérieur ; il nous invita même à dîner,
tmhr hilts î m iîmv tewt I ifeît européen,, mm èmIpfwreîitttfes et êm «oîllers m hr^ hntî% m lim
du ouaneba traàîtîonnel, dès verres de toutes formes
et de toutes couleurs. Sa femme, digne matrone de
trente et des années, ce qui est un âge respectable
m âbyssinie, ne prenait pas part àft fei^% mmè
tiré leirtlêfta^ et où elle était couchée noudiglam*
ment sur un angareb.
Pendant notre séjour à Adoua, nous allâmes un
soir, avec M. Nachenius, assister à une fantasia
tfôHiEï|i$ en riionnaur â^nn tucEr d'éléphants»
Il est à^m^gB âsm 1» ps^^ qwand m. grand
exploit cynégétique a eu lieu, la mort d'un lion ou
d'un éléphant, que le héros, promenant en trophée
la dépouille de sa victime, aille de porte en porte la
présèïttèT eïi ii^aimnlant qûs eljaistt îe rêflatmêre
mt^ïm tendu.
ï! n'éfaît pas fossîble de montrer la peau entière
ftETOUR A MASSAOUAFL
de Téléphant, ce qui eût été singulièrement volu-
mineux h promener, mais dans ce cas on se con-
tente de la queue de Tanimal.
Les Abyssiniens, qui, tsooîmf tops les peuples
d^Orient et d'Afrique, soirt gï^iï<ît amâtéiïfs de
réjouissances, ne laissent pas perdre une û belle
occasion d'organiser une fête.
On invite les amis, les amis des amis, chacun
apporte son petit cadeau, et, par une belle nuit
C0Bi3iie îl n'y eu a que dans cet régions, toutes Î0s
dani^euses du pays sont convoquées; on porte en
triomphe la queue de Féléphant; les danses com-
mencent au son des tambours et des flûtes, et se
prolongent souvent jusqu'au matin.
Que djrds-je ds ce^ de plus que ce que
fm ài ûm ït^st fu^l^rs les Atonies restent
simples spectateurs ? Elles resseniMent aux danses
des femmes arabes, mais n'ont pas ce caractère de
volupté lascive qui constitue la seule originalité de
ces dernières.
Nous f^fûmes plosrfeurs fois la visite de DedjM
Kassâ^ fiît Mm irèa , jeune homme à^um qMÎm^
zaine d*années, infatué de sa petite personne,
d'ailleurs parfaitement insignifiante. Tout prêt à
mendier quelque cadeau, il aimait surtout avoir, à
manier nos jfiïëïs,témoignant itw$ flifôn trop
évidente le plaisir quenous îoî ferions en lui olîrant
une de ces armes* Vivant à Àdoua avec quelqxies
368 ABYSSINIE.
serviteurs dans une oisiveté absolue, il en était as-
gmrmmt^pmmm^ se» èflé, et «sepieîïifiïit
c'était le cousin du MègOnsSi dont il était Hen loÎQ
d'avoir Tintelligence.
Les journées étaient un peu monotones. Malgré
MO* instances , nos bagages n'arrivaient pas; leBiz
BarîEou diisiit tûïï|o!jïS n'en MmM rîiïi^
Par exemple^ ïfâsâSBÎû^ fit» ém services qu'il nous
avait rendus, était devenu insupportable. Tout bon
musulman qu^ilfût, il adorait le taidje et le raquî.
Oubié Zelléka, notre sauveur de Ouébéin, lui tenait
naient à tout le mott<|s* Mm ^vme fcis Imtn
incartades faillirent nous causer de graves em-
barras. Un jour, entre autres, Hassein, légèrement
ému, pérorait jl^irant mu ittôïûl«f©^ auditoire,
racontaiît $m mpMU lïiagiiK^rjïSy êiramérant hnombre ÎJ3ical<SQl]abit iM xrîcsHffltes gûII avait feîtet 4
Ouébéin, victimes qui vivaient encore! Il se trouva
par malheur un contradicteur. Hassein dégaina son
sabre pour prouver la vérité de ses paroles, et
côUtîïï^ on vûtiîalf ls éésarmer, Il §t ntt€ large
bîes&uffe k l& îaiÉi i'mi èB ses aiîiileti«s qni^ tmxjh
vant que l'aïîgttiaettl aCeetait une forme un pm îf&jj^
tranchante , se mit en devoir d'employer avec
lui le même genre d'éloquence. Prévenu à temps
RETOUR A MASSAOUAH.
par le bruit, j'eus heureusement assez d'empire
sur Hassein pour le désarmer, et donnant un thaler
lui Messé, qui ttaît îa iBôîn presque coupée miéiïXtfâpôîMi fkt^êmi.
tJne autre fois, c'était Oubié Zelléka qui vou-^
lait pourfendre tout le monde. Nous eûmes beau-
coup de peine à nous emparer de ce fou furieux
,
à le lier et à le bâillonner.
Quand îl n^étaît plan Itrait îl fèttaît, une pierre
Émh mu i l^âni«r f$rdm^ qu% îallsît bien
lui accorder ainsi qu'àHaimn, en recoBnaissaace
de leur dévouement.
C'était peut-être Tabondance des vivres fournis
par 1$ Ifif» qm témâîM tiôM dâmesfîcîlê si turla^
Imte.
ÏM Abyssiniens ont réellement un estotôa^î qieî
tient du prodige. Combien de fois j'ai vu nos
hommes, après une longue étape, se coucher sans
manger et repartir à jeun,pour marcher loute la
«tt^pi ^ isfatïsi ÉliKôîgïier d^îBE être lie wma$ûa iflôndé î&eommodés; mais aussi, comme ils
râftrapenf le temps perdu loriqm'îls sont en face
d^un monceau de victuailles!
Il arriva à Adoua qu'un jour, vers deux ou trois
heures de l'après-midi , nous fîmes tuer une vache
de taille mofeiïîwi^ Qn mèllai dt <#têp0ii)r n^xw^les
M^Uf h hôssâi In laî^îié atee quelques |îti*p^de
viande pour foira un bon pot-au-feu, et le reste était
21.
piwrî^riôiû^âtîqties. Mom sortîmes diaeiin de notre
cdté^ Vers six heures nous reirtrêraes^ et, tout en
dînant, il nous vint à l'idée d'envoyer un cuissot â»x
autres Français qui étaient à Adoua.
M, de Sarzec alla donner cet ordre aux domes-
tiques; hîentôt îl m'appela ; j'y allai à moa tour.
« Plus de vache ! me dît4L
— Coinment,plus de vachef ùtê la liiaît tautôt
comme je sortais !
— Eh Lien, il n'y en a plus, îl ne reste que
h$m l ^
Et de ^ lé sol 4e la pUc^^iïî isfervaîlde r«palre
à ces voraces était ^mféké â*m parfaitement
toyés. Vingt et un hommes en trois ou quatre heures
avaient dévoré une vache presque entière! Ils
n'avaient pas même allaaié de fea^ II y en avait un
dans ttft «iôîft ^sctirr^ $m^m^ à terrei^ai îmét
d'une main un lambeati de chair pantelante, y
mordant à pleines dents, tandis qu'à l'aide d'un
couteau il coupait les morceaux au ras de sa
bouche.
G'fiîsl Ml m ^» îm âlftifnîeiis appêlleiït lé
èr&^d% ètiî paraît^ue i dant certains feiifls frî^^^
cîêrs, plusieurs bœufs ou vaches sotrt dévei^^^^^ e^^^
séance tenante. M. Naretti, auquel nous racontions
l'aventure, voulut nous faire goûter au brondo,
quil disait être excellent; je dois à la vérité de dire
q»e étinets éssentîelleHient nafîoiml^ eoiïf«nable--
RETOUR A MASSAOUAH. 371
ment saupoudré de sel et de piment, n*a rien de
désagréable, et que plus d'un Européen surmonte
&es répngnaiîçes l^ûur seMm h tê vê0m0f(^0hLtû,
Il ^al «ipeMfdtïïl qm le hrmàù &&rt ferfî aus-
sitôt qu'on tue Tanimal , sans quoi la trîimde se
flétrit et n'est plus bonne.
Nous mîmes désormais bon ordre à ces orgies de
Gtrgantaa , et pouratûîr anâ lcrîs shxn^ % pm^Biissloft, »os lïG^rnfes lorent par la sutte scrapit-
leusèment ratiotiftls*
Enfin , le 4 mars, nous nous mîmes définitivement
en route pour Massaouab ; mais au lieu de repasser
par les plateaux de THamacen, que nous avions vi-
par l'Opïtîô^êôiîiâiei l%l 11 résulte que notre
itinéraire en Abyssînie affecte assez sensiblement
la forme d'un 8, le point d'intersection étant
Adoua.
Les plate^âtteÊ cTâBfssiiiîe, % âîttlades égales,
mm^ à p$m êé efiôss près Im mêmas. Ceux àm
VÙpmMSmmim qui sont p^s^t ainsi dire paral-
lèles aux plateaux de l'Hamacen, dont les séparent
la plaine et la vallée du Mareub, ont cependant un
aspect plus pittoresque; leur uniformité est rom-
pue plu$ spiff^1 pm peëieé mmU0$n ^mlàm^
qui oîfoiiît toujotum^ m mofns i%n ^Mè^ ce$
murailles à pic qtiî carâctérîsfint les montagnes
d'Abyssinje»
Le sôl ittîi ilwî^ ^essècité, les h^ei pm»mfléirîes, las arlflpês tôiifïéïïl clèpouîllls îàsim
feuilles; c'est que nous étions à la fin de la saison
sèche, qui durait depuis six mois. Encore quelques
semaines, et la pluie tombant à flots va ramener la
lié M reafa a Ïî^ lerre mii lôaïïfeaii M vm^^inm,
Tinhospitalité traditionnelle des chôatïïltfîïî imM^sait que croître et embellir à mesure que nous
avancions. Il était dit qu'elle nous poursuivrait jus-
qu'à la dernière heure.
Au wîîïît|fe ie Wèm i wm àes dernières étap^ sur
Duflot, un des missionnaires lazaristes qui s'effor-
cent de catholiciser TAbyssinie. Nous revînmes avec
lui àHalaï, qui est situé sur le col du mont Tarenta,
à une granie «Mfetiit*
Ce villi^t^É^j^euplé m fmûè de calIwÉqiîas^ mpartie de s^ïtîfûiatiques. Les premiers vinrent âtt-
devant de nous, en faisant de la musique, et, pour
la première fois, nous trouvâmes une cordiale
hospitalité.
1^ lïibjteti «elle i^î^îjîci Hïttltrepîïe êm
indépendant, fier et belliqueux, qui les rend peu
sociables. M. l'abbé Duflot, qui vit depuis long-
temps au milieu d'eux, nous donna quelques détails
intéressants.
REfOB» a MASSAOUAH. 3T3
Les Chohos proprement dits et les pays qui les
entourent, nominalement soumis au ]Végouss,ne
payent que rarement Fimpôt,lorsque le sou-
f€*tia 0ïïW»lê mm loïte mmàé pocr le par-
mvoit.
Les Chohos sont pour la plupart musulmans, les
autres pays limitrophes chrétiens schismatiques^ et
dans le nombre il y a quelques villages entière-
ment catholiques.
Ils n'ont pas fie ç|«&^ mime choisis parmi m% ?
par leur âge et leur sagesse s'assemhléiîit e| iîâ(îM^
rent sur les affaires du pays, en commun avec pres-
que tous les habitants. Il se tient de véritables mee^
tmgs^ si quelqu'un eherehe à y ftmèm nn
îWïg prèponiéttni^ m î^xiîltît , fet gouvent mêmeil paye de sa vfi mn ambition. Le NégouSS es^sfa
parfois de leur envoyer des chefs; ils furent promp-
tement assassinés, et, depuis lors, il dut prendre
son parti de cette situation.
On pense Mittfji^mrec wm fflîtf fopnte é$ gôo-
vememéiît, lâ îégisïitlôii ioît ^oîr aussi nn mtm-tère particulier; ses bases sont la peina du taliônit
et la solidarité poussée à Textrême. Un exemple en
donnera la preuve.
Deux villages étaient en mauvaise intelligence,
îe ién côBviil i#pnî^ longtenrpi^ sons la cendre...
0n beau jonr il y eut une rîxe^ presque une \mr
taille. Qnî ataît tortt J© Fignore; p©u ImportB
d'ailleurs.
Le kantiba Ouelda Guorguis, que le lecteur con-
naît déjà, était avec son frère parmi les combat-
t«pi§t^^ îfor^ftt qoî remportèrent k victoire^
èt le fi?ir© âu kantiba tua m 4# ôâimrsaîr^^
Mais cette sorte de combat des Trente s'était fait
d'une façon régulière, et la victoire demeurant au
plus fort, l'incident eût dû être terminé. Pas du fout.
ï^ iati| j^all mnlé^^ il immâ être racheté par le
sangi %s §tèm itt JiâMîïfii Ib savait sî Mm qn'îl se
sauva aussitôt dans un aiitite pays; mais les pa-
rents et amis du mort ne se contentèrent pas de
cela. Le meurtrier, dirent-ils, s'est soustrait à la
justice, c'est bien ; mais.il A iim frère qui payera
pour im.
Il n'était pas cependaftï^ goût du katitiba Guor-
guis d'être pendu haut et court pour le crime d'au-
trui,— si crime il y a à tuer son ennemi en se défen-
dant en bataille rangée. 11 se cacha à son tour, et,
3Fte»Hinîaii4ê pàr i^îésîôaniiî^^^^^^ acéGttt*
pagwâ le ifeiHïotîSuI priâ im Mê^&nm^ afin d'ob-
tUftîrt ps*^ ^intercession de M. de Sarzec, que le
souverain, usant de sa suprême autorité, imposât à
ses ennemis de le laisser vivre en paix.
lobatînès,trop intelligent potïr ne pas compren-
dre tout ce qu^a d^oilittii «etle l%}s}«tlôtt barBari i
fit avertir les eniieinîs du kantiba que sa volonté
RETOUE A MASSAOUAH. 375
formelle était qu'on cessât d'inquiéter le kantil)a.
Ce pauvre homme , tout joyeux de cet arrêt,revint,
€Gmm&m h atît, jiô«f*
îilaîis en a|ï|>rocîiawt de mti pays, loi «î Brava,
si résolu, si gai d'ordinaire, redevint triste, aTlIiflix,
timide. Il savait qu'il serait fort difficile de faire
exécuter les ordres du Négouss.
Au village d'Ento, le choum était absent et l'on
reftifaîf absolumentde nons fournir quoi que ce fût.
Le choam eul?oyà un émissaire pour engager le
kantiba Guorguis à l'aller trouter afin de s'enienijre
avec lui sur les moyens de nous procurer vivres et
porteurs. Guorguis refusa d'aller à ce rendez-vous
qui n'était, paraît-il,qu'un piège pour l'assas-
sîiier à rîittpro^îste* Le yîllafe mena^aît de se
révolter î c*étalf à n'y rîen ediaprendrie* Iïë;ureïi-
sement , un de nos hommes nous donna le mot de
l'énigme.
Les habitants d'Ento avaient fait ce raisonnement :
nms âîloB& «anser imî d%nnuisnm àem Fi?anguis,
qu% s*ensifîiffa iine drsettSsîott5 de là , il sera facile
d*arriver à une batailk^ Honis »« hm unions pas
de mal, mais nous en profiterons pour tuer le
kantiba.
Instruits de leurs projets, nous nous tînmes cois
pendant imjn }mr&; totttes let iretalîottt possibles
n'eopcttf pas le don de nous tou^^er»
0e guerre lasse, les bons habitants d'Ento durent
abandoïîîier leur projet de trengeance et îiotis laîs-
sêreiït partît.
Nous avons réussi ainsi à ramener le kantiba sain
et sauf dans son village; mais il n'osait plus en sor-
tir : il était là prisonnier.
Souvent la fûlîdaritè est poussée pînsl&îtï m^mê t
si^ dà»s ufte rîxe^ Il y a mmi ^hmmù M le
meurtrier n'ait pas de parents, on tire au sort avec
des bâtons à qui payera le prix du sang. L'incident
se perpétue ainsi indéfiniment, à moins que la
feraîllé âe la fiel&af fx^loîrf né cpminie h sa
pendaison et que ses parëiils elses aï&îs m vien-
nent eux-mêmes tirer, cliât^n à son tour, sur
une corde qu'on attache aux pieds du patient.
Ayant ainsi participé à la mort de leur partisan,
persoune ne peut plus réclamer le prix du sang,
et la paix est réîaMîej mak^ k mmm âê cela,
cette |ûstice sommaire devient le prîttoipe d'une
série de représailles sanglantes qui n^ont pas de
fin.
De Halaï, franchissant les cols duTarenta, par
ém msitàmw Ipoiivaftfables, jûotûs conttû^^tçâffit^ à
âiscenlre^ âm plateta aî^yssîmen dans les vallées
chaudes du littoral^ et nous arrivâmes à Hébo.
M. l'abbé Bartès nous reçut de la façon la plus ami-
cale; on nous hébergea à la mission : pour nous,
c'était presque la terre de France.
lie petit vîHage de Hébo est assez tvMe i placé a»
tETOK» A MASSAOUâH* âît
Ibnd âVii entonnoir formé par les sommets du Ta-
renta, il n'a pas d'horizon; de tous côtés, Tocil ne
découvre que des montagnes hautes et abruptes qui
semblent prêtes k s^è&tQtâmwt le voyageur. Uicn
y est encore très-agréaM€> tûrtfeïitBÎ 3t tompir©
à celle des rives de la mer Rouge. Les habitants sont
tous catholiques.
A partir de Hébo, nous quittons les terres du
Négouss, et, sauf le petîl iFÎlllifè i"âfcF0nr, qui est
sîtïîé toïit pï#8^ nous ne rencontreroni ^im mmnvillage avant d'arriver à Massaouah.
La région qui s'étend de Hébo à la mer n'est habi-
tée que par les bêtes sauvages. Je ne comprends pas
trop pourquoi,car, avant d'arriver aux plaines qui
li3«iîeÉl:I* Mét lottp^ |ïl«î#esWî^^ ^1 iêi&*^*0%
m vcfagè êa©0M pmêmt flm^^sj^ njliîctt
de vallées des plus pittoresques et qui ne m^ont pas
semblé du tout stériles.
La configuration de ces vallées est assez bizarre :
ce tant èm ttMMiSkà^.^ ptrÉ»* trêMtTOÎfeSi êttîfe
im lamelles veyfejes, iftaît ^éiïiraletotnt t^ï^
médiocre élévartiou. Leurs sfntïosîiés, à angles
droits ou aigus, ne dessinent pas des courbes
harmonieuses. Elles se croisent, s'enchevêtrent,
formant des carrefours en étoiles plus ou moins
compliquées* Att îmà de elmettne #aïles> îl y a
ïiécessaîrenïenf un ruisseau ^ mais il filtre souvent h
trarors le séâé comme pmr m Bomtrûke aux
râyotis du soleil.
Arrivés à un de ces carrefours, site ravissant,
ombragé de beaux palmiers, nous abandonnâmes la
route ordinaire pour aller visiter une belle mon-
Éague, ier^îircQiili^^lbr^ iaà$sîf éthiopien, qui
séBïMe m âresier encore ^vtt ft^mlM mm der*
nière fois, par sa luxuriante végétation et sa douce
température, contre Taridité et la chaleur torride
de la plaine qui s'étend à ses pieds, du côté de Test.
llôïïS »0iîS engageâmes àtïîS tîtï étroit défilé ûû
un lion av^it du paiser mmî mm^ eitr |^#ii4iiDit
un eertain temps nous suivîmes sarié SâMô reitr-'
preînte qu'y avaient laissée ses larges pattes; son
garde -manger devait être d'ailleurs largement
approvisionné , car le gibier pullulait dans ces
^tilles*
ïl Mhi tiiie lefî^ére fois eseiWâr une pente
rapide qui nouis âmetia sur le soiûnaet du mont
Assatî.
L'herbe y était épaisse et tout imprégnée de
rosée; chaque feuille l^trfcare pôi^t#t me f&rle
TmmMe^ W&m retrowions subîleinent , mus ttanil-
tîon iïa saison pluvieuse. De ce plateau , nous pou-
vions découvrir au loin Thorizon. A l'ouest, le ciel
était pur et d'un bleu éblouissant; mais, à l'est, les
nuages s'amoncelaient, près de crever. L'un des
versante de la montagne était brûlé , et^ sur
RETOTJR A MASSAOUAH. 379
raiitré, les arbres avaient revêtu tous leurs atours.
Cette montagne présente un phénomène bien
curieux : lorsque vient le mois de novembre , il
pleiit àw sott w^aïii orîéîiîaî^ m mêjsm temps que
Mï^liè BItio^ Rdoge ; àrrîve m eStïtraîre
le mois de mai, c'est sur son versant occidental que
tomberont les pluies d'été qui fertilisent TAbys*
sinie.
Le petit pkteatt t^ul forma le sommet du mont
âssatî est ntk0 barrière q«e les iïïii|p^:, le^irapt à^ttn
éôH m â0 Fautre , ne franchisse pas^ mm^ battu
tour à tour par les pluies d'hiver et par les pluies
d'été, il est, d'un bout de Tannée à Tautre, arrosé
par ces ondées fertilisantes. Nous nous en aper-
çâtttes lîen ; car, penèfttitifi éiwi^é lieitres fBt WWScmthpêmêB mf é& plateâM ^- mm ww^mm presque
constamment la pluie, m qui était bien loin demmréjouir.
Les pasteurs abyssiniens font comme la pluie et
passent six mois de Tannée sur un des versants de
la «rontagne et six mnh sm Taïitrfe, tin i'îpri&îr
toujours de Teau et des pâturages pour leurs
bestiaux.
Les dernières pentes de la montagne se relèvent
plusieurs fois vers Test, comme si elles ne cédaient
qu'à regret la place à la plaine. Bii joiïïniét l# flim
de ces cr<mp^ t mm» ^memxms la mm ft Mas-
^ualî , oh BOUS trouirerons enfin des nouvelles
m Mmmmt%
Dans les dernières vallées, nous vîmes des li^ftéiS
d'éléphants. Le géant des quadrupèdes fait aussi
comme les bergers; il émigré, suivant les saisons,
vfrâure.
Nous retrouvons Im îiserts du Sama^^ Çlijil^
décrits au début de ce voyage ; ils sont un peu moins
secs peut-être, un peu moins arides, mais, après
les fertiles vallées d'Abyssinie, cette région nous
tûi Séfliilê Mm ^feusti^ M m tt*«ftt êtô mîte der-
Voilà M^KouIIoul ]|femouaà mm apparaît
comme noyé dans la mer; nous traversons les
jetées; la barrière de la douane s'ouvre devant
nom ; mv^ i^mmm m lâm^emx^iM M iPt^tm^
pïos hmmm encore èè k ifôtoii^ t|u^mm la'm^tm
été iteureux de le quitter. Partis le 13 août 1873^
nous revenions le 3 avril 1874.
J'eus une cruelle déception : les lettres que
j'attendais avec anxiété n'étaient pas à Massaouah,
liaail 4 âl^ ; Targent sur lequel je comptais pour
t'èjîïpîfr mm «sfeâFGéllè ajj^iii&tïil: iM^i tmt mhétaîf à AàMUt «n© a^taînt $mm plus loin !
J'écrivis en France et me résignai à attendre la
réponse. Un voyageur doit avoir une provision iné-
puisable de patience.
B&TOUR A MâSSAÔtîAH mJe mettais en ordre mes «ollactbns ; je éomplé-
tais mes notes de voyage^ mes croquis; j'alkîs
chercher quelques insectes, quelques volatiles aux
environs de HrKoullou; mais le soleil, dès la fin
d'avril, m'interdit de faire aucune excursion de huit
heures âïi ioâtîtt h éîaq heures êa soîr*
Mm fmqité à Wsmsméài^ la vie était bien mo*-
Bô^fofte. La scène la plus curieuse qui vint en
rompre Tuniformité fut une cérémonie religieuse
des musulmans, le Zirck^ qui avait lieu presque
toutes les nuits.
Lmsqm^ du batil 3!ttîiîii:rat^ im$MéM â| foiyr
MJhtmè^M §mSi appelé les tÈofaiifs 4 Jà prière du
soir, que tout est rentré dans le silence, que Tair
est calme et la nuit resplendissante, des derviches
s'assemblent devant la mosquée et se rangent en
cercle, les bras p«nd«tit^ le lôn0 corps, les deux
pîeit seïi^ésl^»^ côi^ fautre* Le chef se pltce au
eeatf^e àtL mt^ei quelques enfants se groupent
autour; on entonne des versets du Coran. Bientôt
les derviches balancent leur corps d'arrière en
avant en prononçant avec effort, d'une voix rauque
et gutturale , le tmâ Mk^ pîeiï| «eotoïent
en deux syllabes ^uiiaal le biÉlâueemeiit âa emps^
Très-lent au début, le mouvement s'accélère, #e
précipite... les derviches, les pieds toujours immo-
biles, se balancent avec une prodigieuse rapidité,
si Lien qu'ils n'ont pas le temps de prononcer
382 ABYSSINIE.
Allah. On n'entend plus qu'un son inarticulé qu
s'échappe de leur poitrine haletante à chaque oscil-
lalion* %%% llplâ^ aux towiîtiM^ |0 p«r^êt^
traî d« côiûpâifef leuï pïîêre aceéléjèe à Féelâ|^j^ê-
ment de mpeuf d*une locomotive marchant à petite
vitesse.
La nuit s'avance cependant ; les derviches se
balancent toujours et se balanceront encore jusqu'à
m quiïi loinJjeïit ltiiffieai# m «alâlepîm. L'Idèd
serait ée se Imïwmm mm t^&^m al trit# fttsqtt
%
l'heure suprême où Mohammeii les sai^s^^ par la
chevelure, les enlèvera dans son paradis pour les
y faire jouir du sourire éternellement vierge des
lotïrîs.
Je complais \m fônrs^ les h^^res, en attendant le
retour du paquebot. Plus d'une fois un feu allumé
sur le bord de la mer et simulant la fumée d'un
steamer me causa d'amères illusions. Un mât se
profile enfin à l'horizon! Le paquebot entre dans
îi i^ofl.*... J'ai des lettres de ma §mM^t é& mm
En possession de ce bienheureux métal, dont on
ne peut pas plus se passer en Abyssinie qu'ailleurs,
je voulus, avant de quitter définitivement les rives
de la: mer Eouge , visiter TarchipetiîeDiÉïai;^ oà
PoB feîlk |>ieh«te |îef|èSu
J'arrivai malheureusement trop tard , la saison
de la pêche était passée^
La' |p!«M Hé de Dahkk^ cdle qm fd p&r^
courue, est formée par un mélmge de coraux et de
roches volcaniques. On comprend dès lors que, le
soleil aidant , c'est bien le pays le plus sec , le plus
aride, le plus désolé que Ton puisse rêver.
Ltîlé^ élmée de quelques mèfrtf setîiiiî^ ta*
dessus dê 1e mer^ mi plate. Ses eôtes «ônt prcfibndé-*
ment déchiquetées, formant partout des baies, des
caps, dont Taccès est fort diffîcilei même pour les
barques d'un petit tonnage.
La végétation y élaît Mm mà^^B 'i quelques toi*
mdsas ^ fûelqitte#palmîei?s ââ qtiïpiOtts^Éarit^
dépit d'un sol pierreux qtieiié leaQÉ^Ml pm mmmle moindre humus.
L'île est habitée cependant, et j'y avais été reçu
de la façon la plus hospitalière, grâce à une lettre
que m'avait imnée pour h eàmb 4& Wiïafc h^nMt^R^t êê Mmmm&k ^ âi^ïÉel-Bef; Mmm. de
Bîubar-Pacha , et Arménien d'origine,Arakel-Bey
avait reçu une éducation tout à fait française ; il par-
lait la plupart des langues européennes, et savait
mèmB i^prèeier toutes les dèlîcalèsses de leur Ht-
témture^ |£»|aiiiil k em mmm^d!mès farîées
beaucoup de bieûfeilfe^ et une exquise distinc-
tion. L'Egypte fit une perte le jour où il périt mal-
heureusement à Goundet, dans cette guerre que
le Khédive a entreprise contre l'Abyssinie.
11 1 a ûïïà$ Tïh iê Biilîtt des hoîûûits et âe^ aû^^
mms. î îî tef êmm qtfïï y ait de Vem àmmt ^tottt an ïBKHls le i*tau réputée telle.
¥ersle centre de Tîle, de place en place, on voit
à la surface du sol une roche bleuâtre, très-dure,
aux arêtes vives et tourmentées, qui forme de
^miâ& Mmm iipîaïés à$m hm ïnîîiBu, de Mte:
sorte qtrÊ Im i&m boïis résSiiHMent aux livres
d'utie cicatrice. Si le filon vient à s'élargir, la dé-
pression s'accentue et finit par devenir une fissure
quelquefois très-profonde. C'est là que, dans la
saison des pli:ies, Teau s'emmagasine en quantité
luffisânle f^iijf les mtm habitants al hmM petils
troupéaux âà clahitês^
Cette eau est loin d*être bonne ; cela tient peut-
être à ce que le sol, en grande parfie de formation
marine, serait imprégné de sel.
Il I fi ÎBsefctés partout , et % »%tJ|tfe pss de
fê^$ si dêsart^ si Iralé ip'cœ llmagîtièi o& le
natpmlîst© ne puisse faire quelque capture inté-
ressante.
Une plage sablonneuse , située à une certaine dis-
tance du petit village où j'habitais , nourrissait
nôfâïûittint quelques ÎBitctés fçrt mn^m^ ixiafs
sur le sable humMê avec une agilité diabolique; le
moindre bruit, une ombre même, suffisaient pour les
faire envoler. J'étais obligé de ramper à plat ventre
pouif m^tt ôpfroôber t drstaaçfi eiJttimûaMei ©t
RETOUU A MASSAOUAH, 385
dans celte position, le soleil, malgré mon grand
chapeau , me frappait en plein sur la nuque. J'avais
beau pâttfr àiràttt le jour , lè mMl me classait tou-
jôms îtof iôt*
Un matin,je m^oiiblial Jasi^u*! dix heures. Il me
fallait une heure pour revenir au village. Il faisait
une chaleur épouvantable qui faillit m'être fatale
En rentrant dans la maison que j'habitais , sous Tin-
fluenee ^m^^ dioixte 1%» changement subît teïfl**
pèraiiife, je tombai liratieaL Ismaifl , tam pelM do-
mestique arabe , eut l'intelligente idée de me jeter
de l'eau à la figure. Je revins à moi. Immédiate-
ment je respirai de l'ammoniaque et en mis un peu
dans de fëm dont je me frottai les tempes. Moncuisinier atraît hetireiiseifiteni mh le pot-^u-feu j le
bouillon me fit un excellent bain de pied, où j'ajou-
tai force sel et piment.
C'était bel et bien un commencement d'insola-
tion; quelques instants plus tard j'étais foudroyé.
J'en fus quitte pour la petïi^ et lim forte migraine
q^i âmA pimrenm Jofrs^ liiaîs |e in'ettrpjpe^sai
quitter cette plage iniospitalîère et revins tout de
suite à Massaouah.
On ne peut pas dire cependant, malgré la cha-
l&m lotïide qui rend les rîires de la mer Bouge si
dangereuses |iettdant Tété , qm. lïas^oaali isoît mal-
sain. Il n'y t^gne pas de maladies^ ni épîdémiqa^
ni endéniiques. Biais les Européens y deviennent
22
380 ABYSSIN lE,
promptement anémiques, et malheur à eux s'ils
sortent en plein midi,pendant les mois de la saison
im k&m0&^ sôrtés dé toiles m soie, se muiiir
d'ombrelles, rien n'y fait. Le feël, comme une
brique réfractaire, rejette les rayons de chaleur
avec une telle intensité, que cela suffit pour
amener une insolation. On en a vu , hélas ! de tristes
im âbfsiiniétîS, baMlàtiis de la maûliftiéy ne
sont pas eux-mêmes à Tabri de cette pernicieuse
influence du soleil, quand ils descendent dans les
plaines brûlantes du littoral.
C^€teH à la fia de juin ; il faijsajît sî chrawd à Mas-
sào«?ih fue çupHS m étions réduits^ pouB pdtitfoîr
dorïEîr^ â nous cowcher sur une natte en plein
air; encore est-il que le drap le plus léger nous
paraissait insupportable. Parfois je me jetais à
Feau au milieu de la nuit, et je me recouchais
tout mouillé §ôm immêt dans réiapiï^Kin une
bîènfaî^Bile feiiadhêur qui fffâoûîi aux paupières de
se fermer.
On pense bien que j'avais hâte de quitter cet
affreux pays, malgré le bienveillant accueil du vice-
mmû M. Ite mmie le Sarzec, de M. Çbwîîm^t eldè
M. Duiôt^ jaîssîoôîîaim et de Mi. VmBauxhall et Carrière, représentants de la maison
Tramier-Coste et G*% de Marseille, (j^ue je suis heu-
RETO0R â MâSSâÔlAB^ mi
rmt ie ffOMircÉr remercier îoî de tous les senrîces
qu'ils m'ont rendus.
Entre Massaouah et Aden, les communications
par la voie des paquebots sont longues et dispen-
dieuses : îl fant remomter en Egypte pour descendre
éiîswîte foBte la mer Roage* ie trouvai beaucoup
plus simple de feîre le vopige directement sur un
houtre arabe.
Les boutres sont de grandes barques non pontées,
sauf àTarrière, qui, comme dans les plus anciens na-
vires, sni^f^i 3r^p^^ m çotlr^jr»^ ejrt Îï«# et
très-effilé. Ce^lNarques^ ttLC^i qu-iïtt mit munî d%»e
longue antenne qui soutient une grande voile à peu
près carrée. Avec vent arrière ces boutres sont fins
marcbeurs, mais le maniement de cette immense
voile exige, surtoi^t pOTir virer d« b^rd, de grandes
précKiïfîooSi û fm m ve^ eliivÎFeî? et devèaîr la
pmî# des requins qui ne manquent jamais de rMer
autour de la barque.
J'arrêtai mon passage sur un de ces boutres, jolie
barque toute neuve et jaugeant près de 50 tonneaux.
I/tam ift 4lpaft fat feée j mal^t comwê cm le
sait, rBxaetEude^ ïi^e^ pas une vertu aral>e. On ne
pourra jamais faire comprendre à un Oriental ce
mot si vrai de nos voisins d'outre-HIanche : Times
is money. J'allais cbaque jour, et plusieurs fois par
jour, tourmenter raïs (capitaine) pourle dàjïder
à lever rantîre-
388 ABYSSINIE.
ce Boulera in cha Allah ! « me répondait-il; et de-
msm f sll plaît à Mm^l'âttendîf aîûâî bnlt puni éMéi fîm ijH© je
n^airajs de patienc^v Je fis porter mes caisses à bord>
et, prenant mon couteau, je déclarai que si dans
une heure on ne levait pas Tancre, j'allais couper le
câble et partir tout seul.
I,^ mM m& prît hiwçiîiem^ m êêéêm^ el
H0iï# f8ïlî«i^* Bàm e^a |%HSse lté fort embarrassé
de mettre ma menace à exécution.
Un tel empressement, — après huit jours d'at-
tente! — dépassait tout ce que mon Arabe avait
it Pourquoi, mû dlsaSHl^ és4« m fî^êf ttt arri-
veras toujours, s'il plaît â Dieu, detnam ou âans un
mois. C'est écrit. ^
Il se trouva que le propriétaire du boutre était
un Banian qui, ayant amassé, sou par aou, une
petite fortune à Massa#aai, tetotirnaît dmt FJbda^
son |ïâ|s* emmenant avec lui un petit troupeau de
boucs pelés, de brebis galeuses, dans le corps des-
quels il voyait les âmes de ses ancêtres ou de ses
amis.
Le voyage dé Mî^owtfe IMm iwrt Oï^âînslre-
ment de eîttf jwrt I àêâ% bbôÎs. î¥ttttïit nne
tnôfeaïîs ^p:p1tJ|tWtlfes avaries probables, j'avais^
pour ma nourriture, embarqué une cinquantaine
de poules dans une cage. Quand le Banian s'en
RETOUR A MASSAOUAH. 589
aperçut, nous étions fort heureusement en mer, car
il ne m-eût, ni pour or ni pour argent, admis sur
son Mtôâiî:. V0tïi étaîi coïïtrâîre paur Fetôurjieif
h Massaonah; je B:*àvaîs donc rien à craindre; le
Banian ne jetterait certainement pas mes poules à
la mer : c'eiit été les tuer, crime capital pour un
croyant de la métempsycose. Il imagina de me les
acheter ; mais n'ayant rien autre chose à me mettre
sons la âent, je àm résister à l'appât d'un bénèiîce
de SÛÔ à â00 ^mt 100. Î4& Banian enM rédiwt à
s'aller cacher à fond de cale, entre les; caisses et les
ballots, toutes les fois que l'on coupait le coû à un
de ces malheureux volatiles.
Nous eûmes nîi' fent terrîMei maïs fewable» Achaque ttifaïe le ailt craqiiaal, ïa pTOwe dtt lateàm
ipli^ngeaîit àms, la km^; H était impossiMê de se
tenir debout et d'allumer du feu. Mais nous filions
comme une flèche, tant et si bien que le soir du
quatrième jour, après avoir passé sous les canons
anglais de Pêvîm et francM lé d^fôit de Bab-eî-
Mîûïdebv nôus éiîons en vue d^âd«n.
Mon Banian jubilait. Je n'avais piït manger ^iué
deux poules. Je ne m'en plaignais pas, et je regret-
tais seulement de ne pas les lui avoir vendues.
Nous étions tout près d'Aden, mais pas encore
dans le port, quand iùmi à mvLp survint un Oaînie
^hi, aussi s^lendide que déseâpjlrant» Pas une ride
sur l'eau, pas un souffle dans Tair.^ La voile tombait
21.
390 ABYSSINIE,
inerte le long du mât. Nous restâmes ainsi vingt-
quatre heures. Au bout de ce temps, je vis à Thori-
zon une masse noire qui marchait vers nous en
gfosskst»! h fut I^LCfétait h ittalïfe anglaîsev îmcptôkifquê Je
devais prenâte pour me rendre à Zanzibar partait
le surlendemain. Si je le manquais, il me fallait
attendre vingt-sept jours à Aden, et j'avais ouï dire
que Ja vît cette répieïic^ ti'est ni agréable mî
ècôE0tnîqiie.
Je déclarai au raïs que je lui ferais un eadeaii
de dix thalaris (52 fr. 50) si nous arrivions à temps.
Cette perspective le tira de son apathie. Il n'y avait
qu'un moyen d'arriver : marcher à l'aviron. Ce
n'était pas du §oM Téquipage, Pour élÉelrlsfr
ses hoiMEHïfes^ ïe raïs saisit m Mtôn #t tiiiiînîâtra
aux matelots une volée dans toutes les règles.
Il y eut un moment d'un tumulte indescriptible.
Plusieurs hommes de l'équipage, agiles comme des
sînges, grimpèrent m màt ^ ésm Itl ^rdages,
è^oU Us Jie wômlweRt deseendre qn*à la lïOïïilioii
portasse praittt qull ne leur serait infligé
aucune correction.
Tout rentra dans le calme ; mais Teffet était pro-
duit, on s'empara des avirons, et, aux chants
cBâm$é^ d'une c^raiJfeè -î&iaiîôtôîîe, (imm mit
à ramer.....
Au tout de quatre heures , j*étaîs à terre. Pour
RETOUR A MASSAOUAH. 391
indemniser les matelots^ je leur donnai mes poules,
qn'îh mî éu mmâm fort cher an Banian. 11 n'y a
pas granïi mal d'ailïeiïrs t duper tm îmmpmt^
et les Baiîâïii sont passés maîtres en cette matière.
Je ne pus, à mon grand regret, visiter Aden, le
Gibraltar de l'océan Indien, assis au fond de son
cratère, où ses gigantesques citernes seraient îm^
puissantes à Tempêcher de mourir de .soif, si les
Anglais n'avaient établi d'immenses machines à dis-
tiller Teau de mer.
Après une visite au consulat de France, où j'avais
reçu de M. Chauvet le plus cordial accueil, je mon-
tai sur VEuphmie p paquebot d%Bt Compagnie
anglaise qui m'emporta à Zmmhm^
TABLE BIS MâTIÈBlS
PREFACE, . . . , ^ • . I
--^Da Toulon à Massaouah.— L'Ethiopie, — Physionomie du
pays. — Traditions. — Un mot d'histoire. — La Reine de
Saba. — L'Ethiopie chrétienne dès le quatrième siècle. —Fils de Salomon et fils du dieu Mars. — La Guerre de rÉIc-
lihànt; croisade élhîopienne. — Invasion musulmane. —Secoure 4^s Poi^fugirîs t Je frère dé V^sca de ^mnB.^ —Raz et les rois faînéknts. — Ali et Oubid. — L'usurpateur
Théodoros : son suicide devant l'armée anglaise. — Kassa et
Gobasier : victoire inattendue et sacre du roi actuel loannès,
— Abyssiniens et Abyssîmennes. 1
CHAPITRE II. — Les hauts plateaux de l'Hamacen. —Départ de Massaouah. — M'Koullou. — Campement à Saâli*
— Un aquarium improvisé. — Saiiib^tgâtfmb|t, —^ témitdésagréable. — Le lion 0en§ MmplÈi^ tiR dpfliMtiqiie* ^Quelques mots à propos des lions. — Guînda. — Différence
des saisons entre le littoral et la montagne. — Asmara. —Les maisons dans le Tigré oriental. — Comment nous voya-
gions. — l4 FÎpère Mareub. — Le Balambaras Desta. —Réçeptioiim Câiïîp du Raz Bariaou» — Portrait du prii^ce^
sa maîs<)n. — Le ïïlarcîiê de Eodo-Pêlassî. — Ïm ptaînè de
Goundet. — Me voilà médecin. — Insalubrité des rives du
Mareub. — L'orycteropus et l'hyène 31
CHiPTTRt ÏÏr. — Adoua. — Lâ i^îltê Adéna. — Le mardhé.
— Pourquoi j'y vais à mule. — Réflexions commerciales. —L'art culinaire en Abyssinie. — De charmantes ambassadrices.
^ Danses dans mà cour* — Un délicieux ravin. — Un pea
394 TABLE DES MATIÈRES.
d^îiîstdîî^ë nâttireïlie : nn trâhîlê ardiitecte. — A fâffttt. —Comment je force la porte du gouverneur. — Un magistrat
de mauvaise mine. — La fête du Mascal. — Réjouissances
nocturnes. — Conseils intéressés. — Un oui peu compro-
mettant, — Quelques mots d'entomologie. — L'insecte-
eation. fi
CHAPITRE IV. ~ Les Plaides du Tembiène, — Un chonm
fm hospitalier. — Égaré h la eliaSfÇ^,— Division de rAbys*
sxifîe eïi deux régions. — Létirs hâMlantS, létirs prnducw
tions. — Les montagnes des Ambas et leur destinatioii. —Arrivée à Abbi-Addi. — Un grand'zhomme, — Jugenlent
téméraire. — Le balambaras Debbeb. — Une soirée chez un
seigneur abyssinien. — Des trouvères. — Rencontre d'un
lïl^îm — Méfaits d'un lion. — Ba^W^l# de valets. — La
Imtim m. Abyssinie. — Une senténoe éçtiïjàble. — Quelques
mûU éttr le baobab. — Le village iô 0t k iriAfe du
îellaré. ........ w ^ . . . . .... ... 1119
CHAPITRE V. — Les Montagnes des Agaos. — Une réception
officielle. — Dignités civiles et militaires d'Abyssinie. —Sokota le soir d*un marché. — a Ça beaucoup d'argent ! u
— Comment le sel sert de monnaie et fait la fortune de
^ lift prlsélîi ^EilirèiaaÊ^ — Un jeune seigneur et
m cmt^ ^ îi^fite ^^flse* — Visite â Téglis^ iutnaiithe
d'Ouquéré. — Cérémonies funèbres. — Une attention
trop délicate. — Les fourberies d'un trésorier. — Pré-
paratifs de guerre. — Cernés par les insurgés. — Tout
se découvre. — Une pierre sur le cou. — Le massif des
Agaos . — A la poursuite des singes, — Le boudoir d'un
îknm ^ %m \m Jtor|t du TCae^zè* — Un peu de géo-*
grapliic. , ^ ^ . , • t • ^ * , ^ , ^ * , ^ • 177
GIlAPiTEE Vï. — Le Nil Bleu, lew n'AByssw et McTzANA. — Le Béguémédeur. — Réflexions sur la faune afri-
caine. — Une dangereuse capture. — Débratabor. — Une
possédée du démon. — Singulière médication. — Vingt-
quatre heures trop tard ! — Un guerrier abyssinien. —L'armée marçhe. — Un pont ^o^tii^^îs^» Le Nil Bleu
— JLe NcgQ4î5s: jloiïs sa tente, — OrgMî^|i[iciii ittîîifeît®:,
Idées de loaiinès sur la politique intérîëure et extérieure. —Comment le collier d'un bœuf gras de Paris passe au cou de
Sa Majesté abyssinienne. — Le lac Tzana. — Un lion au lieu
d'une antilope ! — PMsage du Mil Bkn* —^ A travers les
plaines du Foguéra 231
CHAPITRE VII. — GoNDAR et le Ouoguéra. — Gondar. —Le palais des empereurs. — Eglises abyssiniennes. — Le
clergé* — L'Abouna et rEtché<jiiié^ — Le kosm. — hn$
hauts pktêâtit du Ouogttêlrà. — Étràtigês liiôtitagnés,. —Attaque imprévue. — Le combat. — Retraite dans Téglise.
— Un protecteur inattendu, — Moment terrible. — Le vieux
choutn« — Un enterrement. — Négociations. — Rançonnés,
~. iiîfoas enfin ! — Débareck, — Le Semiène, — Un repait^ô
i^nâffe — iaii^ tévcifom îé Taéc^té* ...... t9i
GHAPITIE VIIL ~ Betour a Massaouah. — Chasse à Thippo-
poiainic^^ *~ JtXtîiSôt 4t ruines. ~ Les mouchoirs abys-
sîttîeïis. — Le Lîikâ MtiniôuàS Oùarkî. — Fête pour la mort
d'un éléphant. — Prodigieux appétit. — Les Chohos ; leur
indépendance ; la peine du talion. — Aventures du kantiba
Ouelda Guorguis. — Hébo et la mission française. — Le
pi0ut 4^8361 ti. — Un phénomène climatérinue.— De retour h
MàssàOdah : ftécëjrfton. — Lè MteM ét léi ê&téém. —L'archipel de Dahlak. — Puits naturels. — Chaleur torride
de ces régions. — Un homme peu pressé. — Comment je
réussis à m'embarquer. — Un banian et des poules. —Calme plat sur mer et orage à bord. — J'arrive à temps à
TABLE DES GRAVURES
Obélisque d*Axoum. Frontispice.
Adoua, capitale du Tigré. 72
Montagnes des Ambas 124
Gorges de la Tanquoua à Abbi-Addi . • . . 168
Montagnes des Agaos et vallée du Tellaré , . • , . • . 217
Campement dans un village de l'ilmarah 233
Le pont portugais sur le Nil Bleu 252
Le lac Tzana vu de Forkabeur 288
Le palais du Négouss à Gondar. ............ 313
Église copte à Adoua. .«.••••..«•...••• 361