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Dr Jacques COULARDEAU A la rencontre de Jean COCTEAU Jean COCTEAU revisited The God father of my class in high school Le parrain de ma promotion d’École Normale JAMAIS TROP TARD POUR BIEN FAIRE NEVER TOO LATE TO DO GOOD SOMMAIRE 1. JEAN COCTEAU – LE SANG D’UN POÈTE – 1933 – (non disponible sauf sur l’Internet) – SCÉNARIO – EDITIONS DU ROCHER - 1999 2. JEAN COCTEAU – JEAN DELANNOY – JEAN MARAIS – L’ÉTERNEL RETOUR – 1943 3. JEAN COCTEAU – LES PARENTS TERRIBLES – 1948 4. JEAN COCTEAU – JEAN-PIERRE MELVILLE – LES ENFANTS TERRIBLES - 1950 5. JEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – ORPHÉE – 1950 6. JEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – LE TESTAMENT D’ORPHÉE - 1959 7. JEAN COCTEAU – JOSÉE DAYAN – LES PARENTS TERRIBLES – 2003

A la rencontre de Jean COCTEAU - Jean COCTEAU revisited

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Dr Jacques COULARDEAU

A la rencontre de Jean COCTEAUJean COCTEAU revisited

The God father of my class in high schoolLe parrain de ma promotion d’École Normale

JAMAIS TROP TARD POUR BIEN FAIRENEVER TOO LATE TO DO GOOD

SOMMAIRE

1. JEAN COCTEAU – LE SANG D’UN POÈTE – 1933 – (non disponible sauf surl’Internet) – SCÉNARIO – EDITIONS DU ROCHER - 1999

2. JEAN COCTEAU – JEAN DELANNOY – JEAN MARAIS – L’ÉTERNEL RETOUR –1943

3. JEAN COCTEAU – LES PARENTS TERRIBLES – 1948

4. JEAN COCTEAU – JEAN-PIERRE MELVILLE – LES ENFANTS TERRIBLES -1950

5. JEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – ORPHÉE – 1950

6. JEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – LE TESTAMENT D’ORPHÉE - 1959

7. JEAN COCTEAU – JOSÉE DAYAN – LES PARENTS TERRIBLES – 2003

La pornographie surréaliste jouait à grands flots avec lesmétaphores spermiquesJEAN COCTEAU – LE SANG D’UN POÈTE – 1933 – (nondisponible sauf surl’Internet) – SCÉNARIO – EDITIOSN DU ROCHER - 1999

Il s’agit là d’un film d’auteur, qui plus est de poète, ce que certains appelleraient « agenre movie » parce qu’en anglais le concept de film d’auteur n’existe pas. Mais ? soyezsûr qu’il s’agit de genre, sans théorie mais avec tous les détails nécessaires.

On ne devrait pas autoriser les poètes à faire des films et qui plus est à parlerd’eux-mêmes. Mais de toute façon ils feraient des films et ils parleraient d’eux-mêmes. Ilssont des êtres sans lois ni règles et ils ne savent pas ce que non veut dire. Qui plus est ilssont obsédés par leur passé, leur enfance, leurs souvenirs, en un mot leur nombril (ah !s’ils pouvaient en avoir plusieurs !)et ils ne savent pas faire mieux que de l’étaler, commela confiture, mais à la différence de la confiture, plus on en a moins on l’étale. Cocteau estde ces poètes là et s’il osait il prendrait des bains de confiture.

La première caractéristique est que le poète étant un être qui n’utilise qu’un seulemédia pour s’exprimer, les mots, qui en principe sont nécessairement alignés de gaucheou droite ou de droite à gauche selon les langues, parfois de Haut en bas, mais la plupartdu temps, presque toujours dans un seule sens, ils sont plus qu’heureux de n’utiliserqu’une seule couleur c'est-à-dire à la fois l’absence de lumière et la pure lumière quimélange toutes les couleurs. Ainsi ils choisissent le noir et blanc qui couvre toutes lesteintes de gris, du blanc jamais parfait au noir jamais absolu.

Et puis Cocteau étant obsédé par sa jeunesse, son enfance, les drames,traumatismes et autres incidents et cauchemars que l’on peut imaginer dans cette périodetendre, il ne peut pas s’empêcher d’étaler tout cela car il est lui, encore lui, lui-même etmême lui encore, en bref un nombril hypertrophié qui mesure tout à son aune ombilicale.Et justement le nombril c’est comme la confiture, il faut l’étaler, mais à la différence de laconfiture, voyez ce qui précède. Imaginez alors l’épaisseur de la couche de confitureombilicale que l’on a dans ce film et le freudien est pratiquement signalé d’une étoile oud’une flèche.

La statue ne peut alors qu’être grecque puisqu’il n’aime que les profils grecs. Elleest sans bras et c’est une femme : suivez donc mon regard jusqu’au Louvre. Victoire, vousla voyez d’ici. La moitié du film sera centré sur un jeune homme à moitié nu ou habillé sivous le voulez de la taille aux genoux, cela pourrait être pire, comme des épaules auxchevilles, ou bien encore mieux (imaginez ce que ce serait), et il fera sa gymnastiquemusculaire sur les murs d’un hôtel où il rencontrera des hermaphrodites, des fumeursd’opium et autres créatures de la nuit mentale. Cachez ce sexe que je ne saurais voir,dirions-nous, mais Cocteau lui dit toujours : Révélez cette orientation sexuelle que je n’osemême pas cacher, même si je ne la nomme jamais.

On passe alors à une troupe d’élèves en pèlerine  qui se lancent des boules deneige. L’un d’eux sera étranglé avec un cache-nez, censure de fellation. Un autre sera tuépar deux boules de neige. Censure à nouveau de quelque projection phallique. Puis leslieux des crimes se transforment en théâtre baroque avec des gens en costumes barioléstout de gris du 18ème siècle, un couple qui joue aux cartes comme si c’était un strip-pokerqui ne se déshabillerait pas, un ange noir (tiens cela me rappelle une chanson qui viendrabien plus tard) nu et luisant, sauf du nombril à l’aine, viendra récupérer l’écolier mort en seplaquant sur lui ventre covtre dos, suivez mon regard à nouveau, et en l’absorbantlittéralement comme une éponge absorbe votre café répandu maladroitement sur la table.

Et on arrive malencontreusement à la fin finale qui revoit la statue revenir d’on nesait où et repartir puis rentrer pour finalement sortir une bonne fois pour toutes. La femmesans mains hante Cocteau, à croire qu’il n’a jamais connu de femme avec des mains oùqu’il a toujours interdit aux femmes de le toucher. Freud dirait qu’il y a là un signe de plus,j’ai bien dit de plus, d’une relation pervertie avec la mère, à rapprocher de la Vierge Mariequ’il fusille deux fois.

Et comme le film s’est ouvert sur une immense cheminée industrielle, plus phalliqueque cela je meurs, il finit avec la même cheminée mais qui s’écroule dans un effondrementde poussière, plus éjaculatoire que cela je meurs à nouveau. Certains diront cependant

que cela révèle le manque de Viagra, la carence de testostérone. Le résultat est le même,le rabougrissement vers le bas de la hampe dressée d’un drapeau qui se met en berne.

Ce film n’a pas plus de valeur que d’être une vaste métaphore filée et suiviesexuelle d’un genre qu’on dira plutôt gay, pour ne pas dire homo, avec la syntaxesurréaliste des années 30 sous pression de la grande crise qui bien sûr n’arrive pas àtrouver sa solution en France. Cela a tellement vieilli que pour le faire revivre il faudrait unmiracle.

Le scénario que nous avons ici, en plus des descriptions scène à scène, nousassène un corpus de notes de Dominique Haas et de l’auteur qui sont pour le moinssensiblement vaines :

« J’ai voulu prendre mon film de face et sans art. Mais si le cinéma interdit lesdéformations dans l’espace, il permet les déformations  dans le temps. Une histoire demon enfance me hante toujours. On la retrouve dans quelques unes de mes œuvres. Unjeune garçon blessé par une boule de neige. DansLes Enfants Terribles, l’enfant ne meurtpas. Dans mon [ce] film, l’enfant meurt » (page 66)

La page 66 est une page privilégiée puisqu’elle est la page du baiser, en contrasteavec 69. Mais quelle allusion directe à un viol, au moins traumatisant sinon mortel !

« On ne peut pas raconter un film pareil. Je pourrais en donner une interprétation quim’est propre… » (page 84)

Mais non Monsieur Jean Cocteau. Lorsque, l’acteur à moitié nu ou un tiers vêtu se lavant les mains, voit apparaître une bouche dans sa main droite, il l’embrasse d’une part,puis la promène sur son torse nu, avec arrêts à chaque sein et puis la main descend endessous de la ceinture à la limite inférieure de l’image et l’image disparait sur cette directedésignation d’un onanisme à la fois manuel et buccal.

Vous n’avez plus rien à dire Jean Cocteau. Tout est dit par vos images.

Dr Jacques COULARDEAU

Lapornographiesurréaliste jouaitàgrandsflotsavec lesmétaphoresspermiqueshttp://drjacquescoulardeau.blogspot.fr/JEAN COCTEAU – LE SANG D’UN POÈTE – 1933 – (nondisponible sauf sur l’Internet) – SCÉNARIO –EDITIOSN DU ROCHER - 1999

Il s’agit là d’un film d’auteur, qui plus est de poète, ce que certains appelleraient « a genre movie »parce qu’en anglais le concept de film d’auteur n’existe pas. Mais ? soyez sûr qu’il s’agit de genre, sansthéorie mais avec tous les détails nécessaires. […]

De l'Éternel Retour au Testamentd'Orphée, une descente auxenfersJEAN COCTEAU – JEAN DELANNOY – JEAN MARAIS – L’ÉTERNEL RETOUR – 1943

Ce film est un classique qui a été tourné et produit pendant l’occupation de laFrance par les Allemands. Ce n’était pas une période bien favorable pour le cinéma. Pourcomprendre il faut se souvenir que Tristan et Iseut est un grand thème romanesque,théâtral et musical européen qui plonge ses racines dans la tradition celte de la Bretagne,la Cornouaille, le Pays de Galles et l’Irlande, et dans la tradition dite anglo-normande dufait des écritures romanesques du 12ème siècle en français normand. Mais cette légende,

ce thème, ce mythe disent certains a été adopté par les diverses traditions germaniquesgrâce à la version d’Eilhart von Oberg de la fin du 12ème siècle, la version de Gottfried vonStrassburg de 1210, la traduction de la version de Thomas en norrois en 1226 et bien sûrl’opéra de Wagner en 1865, pour n’en citer que quelques uns.

Sur ce sujet éternel qui existe en versions écrites puis en versions musicales oudramatiques depuis le 12èmesiècle et est le résultat d’une tradition celte d’abord et au-delàau moins indo-européenne, couvre au bas mot 25 à 30 siècles, dont les quinze premierssont les siècles de gestation et d’émergence suivant plusieurs lignes de développementdans diverses communautés même si les communautés celtes semblent avoir été le nidouest-européen que le développement anglo-normand après la conquête de l’Angleterrepar Guillaume le Conquérant en1066 a relayé pour l’entier du continent européen.

Le défi que Jean Cocteau et Jean Delannoy se posent en l’année 1942-43 c’est decouler le mythe dans le monde quasi moderne du 20ème siècle. Il a bien sûr besoin dechanger quelques paramètres mais reste plutôt fidèle à la géographie générale del’histoire. Marc est donc un « baron » moderne qui vit dans un château féodal aménagé etqui règne sur un vaste domaine terrien, avec probablement des affaires en ville pourlesquelles il s’absente régulièrement. Il héberge une branche parallèle de la famille autourd’une sœur et de son mari qui ont un fils nain. Le nain est donc naturel. Il a plus de vingtans et il se comporte en véritable espion et même saboteur de la vie des gens quil’entourent, tuant ici un chien, espionnant tout le monde et il finira par tirer un coup de fusilmortel sur Patrice. Cette situation est renforcée par l’allusion au qu’en-dira-t-on de lacommunauté du village. En face il y a une île sur laquelle vivent entre autres un pêcheurbrutal et ivrogne appelé le Morholt qui a des visées sur une jeune femme orpheline,d’origine norvégienne, Nathalie. Le neveu de Marc, Patrice, veut remarier son oncle et ilchoisit cette Nathalie qu’il amène lui-même au château pour lui permettre de fuir leMorholt.

Patrice est clairement chassé du château, mais il emmène Nathalie avec lui. Marcla récupère et Patrice se tourne vers un ami d’enfance qui est garagiste dans le village. Làil rencontre sa sœur, aussi appelé Nathalie, qui essaie, avec l’aide de son frère, de mettrela main sur Patrice. Cependant Patrice est attaché à la première Nathalie, l’épouse de sononcle. Il veut la revoir une dernière fois avant d’épouser la seconde Nathalie, et c’est ledrame. Le nain qui avait versé le « poison » du vin herbé dans les verres de Nathalie etPatrice un soir d’orage tire un coup de fusil sur Patrice, un coup de fusil qui serarapidement fatal. Juste le temps de rentrer sur l’île. Patrice demande à son ami Lioneld’aller chercher Nathalie dite la Blonde pour qu’il la voie une dernière fois avant de mouriravec la convention d’une écharpe blanche ou d’un fanion de couleur noire. Nathalie dite laBrune a entendu et elle annoncera quand le bateau arrive que le fanion est normal etrouge ce qui signifie que Nathalie la Blonde n’est pas à bord. Patrice « ne peut pas retenirsa vie plus longtemps » et il meurt quand Nathalie la Blonde débarque avec Marc etLionel. Nathalie la Blonde rejoint Patrice et s’allonge à côté de lui et meurt à son tour.Quatre siècles avant Roméo et Juliette.

Ce film fait en noir et blanc et avec peu de moyens dans une période sombre deguerre est un vrai succès car il joue sur le jeu des acteurs, un jeu relativement rapide etexpressif qui donne au film une intensité dont il a besoin pour qu’on suive les conventionsémotionnelles. Jean Delannoy possède déjà bien son métier et est capable de diriger cesacteurs avec la nécessaire autorité et humanité. On a un film qui est à la foisconventionnel mais expressif sans tomber dans le sentimental facile. Il est vrai que le rôlede Gertrude, la tante, et de son cher bambin adulte, le nain Achille, font beaucoup pourdonner du rythme et de la vigueur cruelle à des situations qui auraient pu facilementsombrer dans le liquoreux, voire le larmoyant.

La situation moderne mise en avant est aussi crédible car il existe encoreaujourd’hui dans certaines zones montagneuses ou reculées d’Europe, et en fait trèsproches par exemple de chez moi dans le Massif Central où le film a été tourné en ce qui

concerne le château, des situations qui seraient tout à fait similaires, même avec la télé etl’internet. L’homme est un animal très conservateur au niveau de ses émotions et de sespassions.

Le dernier point sur lequel il est possible de faire une remarque concerne bien sûrl’orientation sexuelle de Jean Marais et de Jean Cocteau qui donne au script des valeursambiguës devenues aujourd’hui légèrement humoristiques. Il est bien sûr qu’en 1943l’orientation sexuelle de l’acteur et de l’auteur du film n’était pas connue du grand public etdonc ces bouts de phrases du script qui ont un double sens ne l’avaient que pour les gensde l’équipe. Cela me permet de dire que Jean Delannoy que j’ai connu comme présidentdu Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs et qui était un chrétien clairementdéfini, dirons-nous, a été un réalisateur dans le cinéma qui n’a jamais hésité à travailleravec des gens que certains auraient pu éviter et à toucher des sujets parfois fortementdifficiles comme l’homosexualité adolescente dépeinte par Roger Peyrefitte dans ses« Amitiés Particulières » à une époque où l’Assemblée Nationale votait un amendementdit Mirguet qui criminalisait toutes activités homosexuelles quelles qu’elles soient en 1964.

Un film donc qui ne dépareille pas avec les autres œuvres de la vaste épopéetristanienne.

Dr Jacques COULARDEAU

Del'ÉternelRetourauTestamentd'Orphée,unedescenteauxenfershttp://drjacquescoulardeau.blogspot.fr/JEAN COCTEAU – JEAN DELANNOY – JEAN MARAIS – L’ÉTERNEL RETOUR – 1943

Ce film est un classique qui a été tourné et produit pendant l’occupation de la France par lesAllemands. Ce n’était pas une période bien favorable pour le cinéma. Pour comprendre il faut se souvenirque Tristan et Iseut est un grand thème romanesque, théâtral et musical européen qui plonge ses racines

dans la tradition celte de la Bretagne, la Cornouaille, le Pays de Galles et l’Irlande, et dans la tradition diteanglo-normande du fait des écritures romanesques du 12ème siècle en français normand. […]

JEAN COCTEAU – LES PARENTS TERRIBLES – 1948

La situation de base n’a pas changé cinquante-cinq ans après l’écriture et lapremière production avec Jean marais. Pas de surréalisme déplacé, pas d’effets sur-dramatiques inutiles. La situation rien que la situation, seule et sans aucune déviation ousans aucun divertissement.

La situation est une situation de drame au pire et de comédie au mieux deboulevard. Un jeune homme de 23 ans tombe amoureux d’une jeune fille de vingt-cinq.Mais cette jeune fille a une relation avec le père de ce jeune homme, parce qu’il esttotalement négligé par sa femme, la mère du jeune homme qu’il a épousé par dépit plusqu’autre chose alors qu’il aimait le sœur de cette femme, donc sa belle-sœur avant mêmede penser amourette avec celle qui deviendra sa femme et la mère de son fils.

Tout tient dans une seule question. Quand le père va-t-il accepter de dire la vérité etdonc de perdre sa petite amie au profit de son fils ? Le fils est typiquement œdipien parceque son père est insignifiant et a laissé son fils développer une passion excessive pour samère qui a compensé la distance du père par cette relation œdipienne avec son proprefils.

Le fils finit par vouloir rompre avec ce cercle vicieux et à se libérer de l’emprisematernelle et de l’insignifiance du père sans savoir qu’il littéralement castre son proprepère. Plus freudien que moi tu meurs. C’est la tante, belle-sœur et sœur qui sauve la mise

en finissant par faire en sorte que le père accepte de dire la vérité.

C’est alors que la comédie à la Labiche tourne au mélodrame car la mère alorss’empoisonne et meurt devant son fils, son mari, sa sœur et la jeune fille en question. Cefilm se termine avec une scène trouble entre la mère morte et le fils et une déclarationambiguë de celui-ci qui laisserait entendre que la relation entre le fils et la mère n’était pastotalement maternelle ou filiale.

Dr Jacques COULARDEAU

Ne pas s'y tromper: c'est un récitant qui tire les ficellesJEAN COCTEAU – JEAN-PIERRE MELVILLE – LES ENFANTS TERRIBLES - 1950

Le film le plus décadent qui puissent être jamais fait sur des adolescents avancésen âge, ici Paul et Elizabeth ou Lise. Pas de père, une mère grabataire qui leur meurtentre les doigts. Ils vivent dans un capharnaüm infâme rue du Rocher dans ce qui avaitété un appartement parisien de luxe. Ils s’attachent à un copain de Paul, Gérard, qui vitavec son riche oncle et n’a donc pas de famille directe, comme le Tristan de la fable.

Lise aura une courte période comme modèle de mode, suffisamment longue pourramener une certaine Agathe dans le groupe. Puis elle recrutera aussi un riche Américainjuif Michael. Lise l’épouse avant un voyage sur la Côté d’Azur bien sûr mais il mourra dansun accident de voiture entre Cannes et Nice. Elle hérite d’un palais à Paris et d’une vastefortune et elle devient veuve comme je ne sais qu’elle mante religieuse, ou est-ce unearaignée ? La bande emménage dans le palais déserté.

Le jeu devient alors complètement pervers de la part de Lise.

Tout avait commencé avec une bataille de boules de neige dans laquelle un élèvebrutal et dominant avait envoyé une boule de neige en pleine poitrine à Paul qui en tombamalade. Cette brute de cour d’école est viré de l’école à laquelle Paul n’ira plus jamais detoute façon. Après la mort de Michael, Gérard dans un voyage rencontre cet élèvedénommé Dargelos (Serait-ce une allusion à Roland Dorgelès, romancier contemporainde Jean Cocteau et membre de l’Académie Goncourt, et donc une sorte de règlement decompte ?) et celui-ci lui donne une boule de poison ramené d’un pays lointain, boule depoison qui sera mis an trésor de Lise et Paul.

Lise veut marier Agathe à Gérard contre leurs vœux car Agathe aime Paul et Paulaime Agathe. Elle réussit si bien dans sa manœuvre que le mariage est annoncé. Sonobjectif est de garder Paul pour elle seule. Une nuit plus tard Paul mange le poison deDargelos qui ainsi aura tué son camarade avec une boule de poison après l’avoir réduit àla maladie parasitaire avec une boule de neige. Devant ce drame Lise alors tire une arme,explique sa frustration puisqu’elle a perdu le seul homme qu’elle aimait, d’un amour on nepeut plus coupable non pas parce qu’il était incestueux mais parce qu’il causa la mort dePaul qui en aimait une autre en dehors de toute relation incestueuse. Elle se tire une balledans la tête et le mélodrame pervers est terminé.

Que dire de ce délire surréaliste ?

D’abord qu’il n’est possible que parce que l’on traite ici avec des gens désœuvrésdans la classe supérieure ou au moins moyenne supérieure qui ont perdu toutes attachesfamiliales normales ou directes. Cocteau est obsédé par Tristan et Yseult et il recrée despersonnages qui vivent dans des situations similaires de déracinement familial. Paul-Tristan n’a pas de parents, orphelin de père et mère. Lise-Yseult même chose. Il suffitd’introduire des doubles dans ce miroir pour que tout explose. Lise-Yseult se marierad’abord avec un riche jeune homme d’au-delà des mers, qui plus est juif, qui mourrarapidement d’un accident de voiture comme Hyppolite l’amant de Phèdre. Lise-Yseult peutalors travailler sur le couple dans son miroir pervers d’inceste inavoué. Elle marie Gérard-Tristan qui n’a qu’un riche oncle (le roi Marc) derrière lui comme toute famille à Agathe-Yseult venue de l’extérieur de la structure de base. Elle trahit ainsi le vrai amour d’Agathe-Yseult et de Paul-Tristan causant la mort de Paul-Tristan par empoisonnement comme levrai Tristan et la mort de Lise-Yseult sur son corps par balle auto-infligée, presque commela vraie Yseult.

Et tout cela pour garder son frère dans sa coupe amoureuse sans qu’on n’ait jamaisvu le moindre débordement sexuel, mais le sexe est la chose la plus simple du monde àcacher même et surtout en plein cœur d’une foule, raison de plus dans un film où on nevoit que ce que l’on veut bien nous montrer.

Je ne dirai rien sur l’auteur car cela n’a aucune valeur. Je ne psychanalyserai pasl’auteur. Mais la société qui produit de telles histoires est malade. En 1950 la maladie étaitprofonde. Les frères ennemis qui avaient conquis le pouvoir après la deuxième guerremondiale se déchirent comme des chiffonniers à la fois criminels et indignes. Ils étaienttrois originellement. Les gaullistes ont été marginalisés à Colombey-les-deux-églises. Lescommunistes sont devenus l’ennemi intérieur à détruire de quelque façon que ce soit. LeRubicon a été franchi en 1947 avec une grève des mineurs perdue et suicidaire menée

par les plus extrémistes parmi les extrémistes communistes qui vont recommencer en1948. Les socialistes triomphent dans ce bourbier sépultural avec les morceaux de centrequ’ils peuvent trouver et quelques pionniers gaullistes qui mettent leurs pions surl’échiquier pour préparer leur grand coup qui viendra en 1958.

Dans ces luttes fratricides parfaitement incestueuses dans la langue populaire quiemploie des métaphores sexuelles, malgré le plan Marshall et la reconstruction et bientôtle démarrage économique il ne reste devant nos yeux qu’un cloaque dans lequel seuls lespires araignées d’eau, les pires  piranhas sont capables de survivre et la morale netriomphe que quand le piranha assassin se suicide après son crime qui ne lui sera doncpas salutaire.

Plus glauque que moi tu meurs, mais aujourd’hui le film a perdu beaucoup de sasignification.

Dr Jacques COULARDEAU

Nepass'y tromper:c'estunrécitantqui tire les ficelleshttp://drjacquescoulardeau.blogspot.fr/JEAN COCTEAU – JEAN-PIERRE MELVILLE – LES ENFANTS TERRIBLES - 1950

Le film le plus décadent qui puissent être jamais fait sur des adolescents avancés en âge, ici Paul etElizabeth ou Lise. Pas de père, une mère grabataire qui leur meurt entre les doigts. Ils vivent dans uncapharnaüm infâme rue du Rocher dans ce qui avait été un appartement parisien de luxe. Ils s’attachent àun copain de Paul, Gérard, qui vit avec son riche oncle et n’a donc pas de famille directe, comme le Tristande la fable. […]

Il n'y a pas plus orphique que CocteauJEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – ORPHÉE – 1950

Voilà un petit film intrigant plus qu’autre chose.

Avec les vieux mythes grecs ou autres il semble qu’il suffise de les reprendre et deleur donner de nouvelles couleurs, même en noir et blanc, pour que ce soit une nouvellesauce, une nouvelle soupe, une nouvelle potée, auvergnate bien sûr. Comme le dira sibien Jean Cocteau lui-même et en personne dans le Testament d’Orphée neuf ans plustard :

« C’est Iseult. Elle est sur tous les bateaux du monde. Elle cherche à rejoindreTristan. »

Il a tout compris, ce Jean Cocteau. Notre amour pour la mort est l’amour de Tristanpour Iseult. Et il ne se demande même pas « jusqu’où on peut aller trop loin ». Cela merappelle un certain Daniel Mesguich qui racontait qu’un jour une étudiante duconservatoire lui posa justement cette question, et il lui aurait répondu : « Ne t’en inquiètepas. Je te dirai quand ce sera le cas. »

Et donc la mort apparaît tout de noir vêtue, dans une Rolls Royce noire, mais j’aibien peur qu’il  n’y ait pas d’autre couleur, même pas du gris anthracite. Elle récupère quielle veut, comme ça, par caprice et sans ordres. Cela lui coûtera cher ? Bien fait la mort.

Elle communique avec l’au-delà par des messages des morts aux morts ou desmorts aux mourants, comme si c’était la BBC et « Les Français parlent aux Français. » Etle dialogue est fait de bouts de rien et de tête-à-queue multiples qui tiennent du petit chiende Chopin. Il finira bien par se la mordre la queue en un onanisme canin bien juteux.

C’est un peu dommage car les insanités que l’on peut entendre dans la rue tous lesjours comme : « Les hommes reviennent toujours, ils sont tellement absurdes. » vousdébarquent dans les oreilles à chaque réplique. On en mourrait de sourire jaune et de rireviolet.

Alors Eurydice mourra. Alors Orphée la suivra. Alors Orphée obtiendra leur liberté àcondition qu’Orphée ne regarde jamais Eurydice. Autant demander à la pluie d’être sècheou à un lapin de pousser des ailes.

Bien sûr qu’il suffira alors d’un regard dans un rétroviseur pour qu’Eurydice reparteet il suffira encore d’une émeute de gamins qui cherchent un autre gamin pour qu’un gitanà la tête de la foule tue d’un coup de feu mal placé le pauvre Orphée qui est aussitôtrécupéré par la mort et ses larbins dans la Rolls Royce de madame.

Celle-ci, bonne enfant, fera en sorte qu’Orphée remonte le temps jusqu’à avant samort et avant celle d’Eurydice et les voilà à nouveau réunis. C’est charmant. C’estsurréaliste à point, comme le bifteck que l’on mange avec des frites et de la mayonnaise.Ou peut-être est-ce à en serrer les poings de désolation devant une telle naïveté.

Tout cela en 1950 était peut-être le bon vieux temps d’avant la guerre. Maisaujourd’hui c’est une époque historique révolue et que nous ne voudrions pas revoir.Aujourd’hui on sait que tous ces délires ne sont que les conséquences néfastes, lessymptômes cruels du stress post traumatique (PTSS comme ils disent dans les sériesaméricaines) de la vie car la vie est un traumatisme permanent que seule la mort peutguérir.

Il faut voir ces bouts de poésie surannée au moins une fois dans sa vie et puis lesoublier. Ma promotion d’Ecole Normale avait en 1960 Jean Cocteau comme parrain etnous vivions sous un de ses profils grecs et une citation de Jean Rostand.

« La science a fait de nous des dieux avant que nous méritions d’être deshommes. »

C’était un monde aujourd’hui disparu et que je ne regrette pas. Il était beau maisd’une beauté à la fois pauvre et traumatisante. J’en ai encore quelques cauchemars, et cene sont pas des souvenirs, et il faut que je me dépêche de les écrire pour qu’ils ne soientpas d’outre-tombe. Je les ai d’ailleurs promis à mon assistant.

Dr Jacques COULARDEAU

Iln'yapasplusorphiquequeCocteauhttp://drjacquescoulardeau.blogspot.fr/JEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – ORPHÉE – 1950

Voilà un petit film intrigant plus qu’autre chose.Avec les vieux mythes grecs ou autres il semble qu’il suffise de les reprendre et de leur donner de

nouvelles couleurs, même en noir et blanc, pour que ce soit une nouvelle sauce, une nouvelle soupe, unenouvelle potée, auvergnate bien sûr. Comme le dira si bien Jean Cocteau lui-même et en personne dans leTestament d’Orphée neuf ans plus tard : « C’est Iseult. Elle est sur tous les bateaux du monde. Elle chercheà rejoindre Tristan. » […]

De l'Éternel Retour au Testamentd'Orphée, une descente auxenfersJEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – LE TESTAMENT D’ORPHÉE - 1959

Ce film est un film surréaliste décalé dans le temps d’au moins trente ans. En 1959il fait déjà un peu vieilli et aujourd’hui gentiment ringard. Il est comme le testament detoute une période, une époque, et d’ailleurs il reprend un film plus ancien « Orphée »(1950) et un autre encore plus ancien « Le sang d’un poète » (1930). Mais comme untémoignage de ce monde qui en 59-60 bascule complètement en France avec de Gaulle,

la guerre d’Algérie qui devra se finir rapidement, un moralisme montant exacerbé, unintégrisme religieux qui semble ne pas vouloir comprendre le besoin de changer, et tout unnombre de corporatismes qui bloquent, freinent ou gèlent l’évolution sociale, etc.

Il est nécessaire de prendre ce film comme une suite d’images, de vignettes sansvéritable ordre ni logique. Ce sont des impressions qui se succèdent portant et portées pardes souvenirs, des réminiscences de films et évènements anciens, d’œuvres passées etd’écritures des décennies précédant la seconde guerre mondiale. Il y a une bonne dosede nostalgie dans ce film, la nostalgie d’un homme qui trois ans plus tard quittera cemonde sans vraiment voir ce qui est en train de naître.

Il est donc descendu en enfer, a voulu en remonter mais est arrivé alors dans unmonde qui ne le comprend pas, qui ne le voit pas, qui l’ignore et il découvre qu’il estinvisible et c’est un personnage d’un de ses films anciens, peu importe le quel, qui le tirehors du monde, l’emporte dans la roche de la montagne où il ne sera plus qu’uneprésence dématérialisée, virtualisée dirions-nous aujourd’hui. Et il est vrai que Cocteau estbien présent aujourd’hui dans d’assez nombreuses niches virtuelles, mais encore une foiscomme une voix éternelle qui nous vient du passé et qui témoigne que l’humanité est unecontinuité sans autre profondeur que le temps qui passe, l’âge qui s’accumule et lesémotions qui ne changent jamais mais s’érodent avec les ans, s’effritent avec lesdécennies.

Ce film en noir et blanc avec deux tâches de couleur rouge à la fin est un petitmoment d’évasion de ce que le monde actuel est, de distanciation du monde virtuel danslequel nous vivons. Un moment de repos même peut-être

Dr Jacques COULARDEAU

Del'ÉternelRetourauTestamentd'Orphée,unedescenteauxenfershttp://drjacquescoulardeau.blogspot.fr/JEAN COCTEAU – JEAN MARAIS – LE TESTAMENT D’ORPHÉE - 1959

Ce film est un film surréaliste décalé dans le temps d’au moins trente ans. En 1959 il fait déjà un peuvieilli et aujourd’hui gentiment ringard. Il est comme le testament de toute une période, une époque, etd’ailleurs il reprend un film plus ancien « Orphée » (1950) et un autre encore plus ancien « Le sang d’unpoète » (1930) […]

Des parents terribles avec unemèremaudite en plusJEAN COCTEAU – JOSÉE DAYAN– LES PARENTS TERRIBLES – 2003

La situation de base n’a pas changé cinquante-cinq ans après l’écriture et lapremière production, mais on est à la télévision, ou dans de la fiction pour la télévisiondigne de ce nom. Pas de surréalisme déplacé, pas d’effets sur-dramatiques inutiles. Lasituation rien que la situation, seule et sans aucune déviation ou sans aucundivertissement.

La situation est une situation  de drame au pire et de comédie au mieux deboulevard. Un jeune homme de 23 ans tombe amoureux d’une jeune fille de vingt-cinq.Mais cette jeune fille a une relation avec le père de ce jeune homme, parce qu’il esttotalement négligé par sa femme, la mère du jeune homme qu’il a épousé par dépit plusqu’autre chose alors qu’il aimait le sœur de cette femme, donc sa belle-sœur avant mêmede penser amourette avec celle qui deviendra sa femme et la mère de son fils.

Tout tient dans une seule question. Quand le père va-t-il accepter de dire la vérité etdonc de perdre sa petite amie au profit de son fils ? Le fils est typiquement œdipien parceque son père est insignifiant et a laissé son fils développer une passion excessive pour sa

mère qui a compensé la distance du père par cette relation œdipienne avec son proprefils.

Le fils finit par vouloir rompre avec ce cercle vicieux et à se libérer de l’emprisematernelle et de l’insignifiance du père sans savoir qu’il littéralement castre son proprepère. Plus freudien que moi tu meurs. C’est la tante, belle-sœur et sœur qui sauve la miseen finissant par faire en sorte que le père accepte de dire la vérité.

C’est alors que la comédie à la Labiche tourne au mélodrame car la mère alorss’empoisonne et meurt devant son fils, son mari, sa sœur et la jeune fille en question. Cefilm se termine avec une scène trouble entre la mère morte et le fils et une déclarationambiguë de celui-ci qui laisserait entendre que la relation entre le fils et la mère n’était pastotalement maternelle ou filiale.

C’est bien sûr extrêmement bien joué dans un décor réel tout à fait convaincant. Dela belle ouvrage.

Dr Jacques COULARDEAU

Desparents terriblesavecunemèremauditeenplushttp://drjacquescoulardeau.blogspot.fr/JEAN COCTEAU – JOSÉE DAYAN – LES PARENTS TERRIBLES – 2003

La situation de base n’a pas changé cinquante-cinq ans après l’écriture et la première production,mais on est à la télévision, ou dans de la fiction pour la télévision digne de ce nom. Pas de surréalismedéplacé, pas d’effets sur-dramatiques inutiles. La situation rien que la situation, seule et sans aucunedéviation ou sans aucun divertissement. […]