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© Shaheen Shariff, Ph. D. Attention! filles dans le cyberespace : trouver un équilibre entre la liberté d'expression, la vie privée et la protection Shaheen Shariff, Ph. D. Université McGill Montréal (Québec) Canada Le 5 mars 2010 Débat d'experts : L'influence du réseautage social sur le sexe, l'égalité et la vie privée, une véritable transformation? Université d'Ottawa

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Attention! filles dans le cyberespace :

trouver un équilibre entre la liberté d'expression, la vie privée et la protection

Shaheen Shariff, Ph. D.Université McGill

Montréal (Québec) CanadaLe 5 mars 2010

Débat d'experts : L'influence du réseautage social sur le sexe, l'égalité et la vie privée,

une véritable transformation?Université d'Ottawa

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La présentation d'aujourd'hui

1. Les filles, les femmes et les technologies émergentes : • Mise en situation des communications sociales en ligne par les médias• Contexte historique• Les effets de Lolita et de Twilight

2. Les réponses juridiques et politiques qui se dessinent (É.-U. et Canada)

3. Quelle est la réalité? Un regard sur la recherche internationale afin d'évaluer :• Comment le réseautage social renforce-t-il l'autonomie des filles et

façonne-t-il leur identité?• Les filles et les femmes sont-elles aussi vulnérables ou coupables qu'on

essaie de nous le faire croire?

4. Conséquences juridiques et politiques

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Rapport spécial de CTV sur la cyberintimidation

La cyberintimidation cible les professeurs

Un cadeau empoisonné : vous devriez vous inquiéter des activités en ligne

La cyberintimidation : Internet est

l'arme la plus récente dans l'arsenal de

l'intimidateur.Internet fournit aux ados qui

intimident des armes permettant

de blesser à distanceLes professeurs déclarent la

guerre à la cyberintimidation

Dans beaucoup d'écoles, le sextage inquiète.

Le sextage chez les ados : bouleversant

Mise en situation par les médias

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« To Catch a Predator », à l'émission Dateline de NBC

créer une panique morale

– L'émission cite des agents de la force publique qui estiment qu'il y a 50 000 prédateurs en ligne en tout temps.

– Les responsables gouvernementaux se sentent « pressés d'agir », p. ex. : La loi sur les délinquants sexuels de Bush

Cassel et Cramer (2008) demandent :

– Internet représente-t-il un danger aussi constant et inhabituel de viol, d'enlèvement, de meurtre et de sollicitation sexuelle?

– Est-ce que les 11 millions d'enfants américains qui utilisent

quotidiennement Internet s'exposent à de tels dangers sans le savoir?

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« To Catch a Predator », à l'émission Dateline de NBC

créer une panique morale

Ce n'est pas un hasard si le spectateur voit :• une belle maison en banlieue, une voiture de police, une clôture,

une fenêtre avec le logo d'un système de sécurité;• deux parents blancs, une télévision à grand écran et un salon

propre. (Cassell et Cramer, 2008:54, l'accentuation est voulue).

Tout au long de l'histoire s'installe une panique morale.

Les menaces réelles sont exagérées afin d'intégrer des inquiétudes sur : • la vertu compromise des jeunes filles;• la perte de contrôle des parents face à une machine attrayante;• le débat à savoir si les femmes peuvent être expertes en

technologie, sans être en danger.

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Contexte historique : La Révolution industriellel’ère victorienne, la réforme du puritanisme

Préoccupations publiques quant à l'indépendance des femmes et des filles pendant l‘ère victorienne et la réforme du puritanisme :

Le problème de l'adolescente de la maison familiale, de l'usine ou du magasin s'est fait sentir de façon aiguë. . . Non seulement les femmes devaient respecter l'incertitude morale générale de l'époque, mais aussi affronter les problèmes moraux imposés par la réorganisation des sphères de la vie envahies par l'industrie moderne. (Woods et Kennedy, Young Working Girls, 1913, tel qu'il est cité par Cassell et Cramer, 2008*).

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Contexte historique : Le téléphoneDébut du vingtième siècle

La délinquance sexuelle attribuée au téléphone :Comme il fallait s'y attendre, la forme la plus courante de délinquance chez les filles est un comportement sexuel antisocial. . . [C'était] la seule caractéristique de la délinquance qui a mené à la « promiscuité, à la prostitution et au manque d'hygiène sexuelle ». (Richmond, W. The Adolescent Girl: A Book for Parents and Teachers. 1925, tel qu'il est cité par Cassell et Cramer, 2008: *).

Dans une telle atmosphère d'adultes, il est peu surprenant que l'approche des sexes devienne de plus en plus franche. À l'énoncé suivant « Neuf élèves sur dix ont des « soirées d'attouchement » à l'école secondaire, 48 % des garçons et 51 % des filles ont répondu « vrai » (sur 315 élèves interrogés). 44 % des garçons et 34 % des filles ont indiqué avoir participé à de telles soirées. (Lunds**, **). [Le téléphone permet] une « une approche semi-privée partiellement dépersonnalisée ». (**). [Les Mothers of Middletown sont d'accord sur le fait que] : « Les filles sont beaucoup plus audacieuses aujourd'hui. Elles appellent les garçons pour organiser des sorties, ce qu'elles ne faisaient jamais quand j'étais jeune. Les filles sont plus entreprenantes qu'avant. Avant, si une fille appelait un garçon pour qu'il sorte avec elle, cela voulait dire qu'elle avait de mauvaises intentions, mais maintenant, elles font toutes ça. » (**)

Les portes peuvent être fermées et on peut empêcher un prétendant rejeté d'entrer, mais comment surveiller le téléphone? [Il] offre des possibilités sans précédent de séduction et d'infidélité. (**, dans Cassell et **, 2008, *).

On perçoit le téléphone comme un moyen de créer des occasions de « séduction des vulnérables par l'habileté. » (**)

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Parallèles avec la panique morale actuelle

– Modernisation rapide et percées technologiques

– Le contrôle ne réside plus au sein des familles

– La nouvelle mobilité des femmes et les capacités techniques ont déclenché une réponse sociétale d'une vaste portée

– Le fait de blâmer les prédateurs, les filles et les femmes reflète la rhétorique de la panique actuelle à propos d'Internet

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Les effets de « Lolita » et de « Twilight »

L'effet « Lolita » vise les enfants et les adolescentes par l'entremise de la publicité institutionnelle et des médias qui sexualisent les filles et entretiennent cinq mythes :1. Le mythe du « corps parfait » (mince, mais avec des courbes et préférablement

caucasien);2. Qu'exhiber un tel corps est la seule façon d'exprimer la sexualité ou la féminité;3. Que les filles doivent faire plaisir aux garçons et les attirer, mais que leur propre

plaisir est sans importance;4. Que plus la fille est jeune, plus elle est sexy; 5. Que la violence est séduisante.

La série Twilight de Stephanie Meyer est devenue un phénomène culturel populaire :Elle renforce le stéréotype des femmes perçues comme étant : • soumises et ayant besoin d'être protégées;• Elle ferme les yeux sur la subordination des femmes aux hommes et la violence à

l'égard des femmes.

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Réponses juridiques réactionnellesLois sur la pornographie juvénile (É.-U.)

Réponse juridique face à la panique morale à propos du « sextage » :

• À Philadelphie, trois jeunes filles ont été accusées d'avoir diffusé du matériel pornographique en contravention des lois contre la pornographie de l’État de Pennsylvanie parce qu‘elles avaient diffusé des photos de deux jeunes filles de 12 ans en soutien-gorge et d’une jeune fille de 16 ans sortant de la douche, les seins nus. La United States Court of Appeals for the Third Circuit entendra l'appel. Le juge du tribunal inférieur a demandé que les accusées suivent des cours de « rééducation », ce qui, selon leurs avocats, contrevient au Premier amendement.

• En Floride, Philip Albert, âgé de 18 ans, voulant se venger de sa petite amie, Jesse Logan, a envoyé une photographie d’elle nue à 70 personnes, dont ses grands-parents. Elle s'est suicidée tandis que Philip a été reconnu coupable de délinquance sexuelle aux termes des lois de l'État de la Floride et il a été placé sous haute surveillance et inscrit au registre draconien des délinquants sexuels de la Floride (Slane, 2009).

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Réponses juridiques (suite)

• Lawrence Walters, avocat spécialisé du Premier amendement et de la loi sur Internet, soutient que même si la distribution de telles photos est fautive, les coupables ne devraient pas être jugés selon les lois sur la pornographie juvénile, car : a) ces lois visent les sévices sexuels commis par des adultes sur des enfants;

b) on soumet les ados à un standard plus élevé que les adultes, puisque les adultes qui adoptent ce comportement ne sont pas punis (Slane, 2009, **).

• L'approche canadienne ne tient pas compte de la prise et du partage de photos à caractère sexuel

de mineurs ayant l'âge du consentement, pourvu que ces photos restent privées et soient utilisées pour le plaisir personnel des partenaires intimes concernés (R. c. Sharpe, **).

• Par conséquent, au Canada, seulement les cas où des photos sont distribuées en dehors de la relation privée sont considérés comme des infractions relatives à la pornographie juvénile. C'est précisément cette situation qui doit être abordée.

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Réponse juridique :qu'en est-il des lois sur la vie privée?

Certains professeurs de droit (Andrea Slane, 2009) laissent entendre que les lois sur la vie privée pourraient être plus pertinentes :

• Au Québec, dans l'affaire Aubry c. Éditions Vice Versa , la circulation de photographies privées a été considérée comme étant une infraction à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne qui protège la vie privée.

• Le tribunal a donné raison à la fille de 17 ans en tenant compte de son cercle social et en précisant que la « sensibilité de l'adolescente face aux railleries de ses amis » était un préjudice prévisible. En d'autres mots, la « réputation » est plus importante que la liberté d'expression dans ce cas-ci.

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Cours suprême du Canada :Expression c. Réputation (diffamation)

TEST : Si une personne « ordinaire » est susceptible de croire que des commentaires en ligne sont injustes, attaquant la réputation

:Une bonne réputation se rattache étroitement à la valeur et à la dignité innées de la personne. Elle est un attribut qui doit, au même titre que la liberté d’expression, être protégé par les lois de la société… Les démocraties ont toujours reconnu et révéré l’importance fondamentale de la personne. .. Et une réputation ternie par le libelle peut rarement regagner son lustre passé. Une société démocratique a donc intérêt à s’assurer que ses membres puissent jouir d’une bonne réputation et la protéger aussi longtemps qu’ils en sont dignes. [italique ajouté]

SCC : Hill c. Church of Scientology of Toronto (1995)

Question : Est-ce que le teste de la « personne ordinaire » peut aussi être utilisé pour des enfants, des adolescents et des adultes?

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Les cas qui ne sont jamais soumis aux tribunaux

• Des cas très diffusés comme la suspension de Bram Koch qui a affirmé à la blague sur Facebook avoir vu sa professeure se masturber en classe;

• Des élèves de l'école St. Thomas à Montréal et de deux écoles en Ontario ont participé en ligne à des conversations à connotation sexuelle semblables qui portaient atteinte à la réputation des professeurs et des administrateurs des écoles.

• Tous les élèves ont été suspendus ou expulsés en vertu de politiques générales de tolérance zéro

• En 2008, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a demandé que la cyberintimidation soit ajoutée au Code criminel. En fait, ils voulaient vraiment dire la diffamation en ligne contre les professeurs.

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Chine : le tribunal tient compte de l'âge et de l'immaturité

Une enseignante de Foshan Guangdong a trouvé des photos de son visage sur :

• un corps humain nu;• le corps d'un singe;• le corps d'une poule.

Ces images ont été publiées en ligne, dans le Foshan Daily Forum. L'élève (Xioarong) a affirmé qu'il ne s'était pas rendu compte qu'il avait

transgressé la loi en modifiant des photos pornographiques au moyen d'un logiciel.

Il pensait que ses gestes allaient être interprétés comme une blague. • Il a soutenu qu'il ne voulait pas causer de tort à son enseignante avec ses

photos. • Il voulait tout simplement faire rire ses amis. (Zhang et Wei, 2007, juiller 22).

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Propos contre l'autorité : Opinions permises aux États-Unis

Eh! espèce de m... de Green-Castle

Que penses-tu de moi [maintenant] que tu peux pas me contrôler? Hein?

Hahaha! Devine quoi : je vais porter mes [cri...] de piercings toute la journée à l'école et tu peux rien faire! Ha! Os.. de bâtard!

Et bravo à la personne qui a fait ça, je pense savoir c'est qui.

Informe-toi. (Demande de l'appelant, p. 69)

Le jour suivant, le message suivant est publié : meurs . . . gobert . . . meurs. ( Ibid., p.70).

A.B. v. State of Indiana, No. 67A01-0609-JV-372, 2007 Ind. App. LEXIS 694 (Ind. Ct. App. Apr. 9, 2007)

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Adultes : Diffamation contre l'autorité

• Cette affaire concerne des délits de diffamation contre des professeurs commis par un adulte et non un élève.

• De nombreux plaignants (professeurs) ont intenté des poursuites pour diffamation.

• Mme Halstead était une activiste communautaire qui œuvrait au sein d'organisations de parents et de comités d'école.

• Elle se servait du courriel et de sites Web pour accuser des professeurs de violence, d'intimidation et autres comportements inappropriés (à l'intérieur comme à l'extérieur de l'école).

• Elle a insinué (à tort) que certains professeurs faisaient l’objet d’une enquête criminelle.• Le tribunal l'a accusée de diffamation et condamnée à payer 626 000 $ en dommages-

intérêts. Newman et al c. Halstead (2006)

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LE RAPPORT PALFREY: Congrès américain

En septembre 2009, John Palfrey, professeur de droit de Harvard, a témoigné devant le Congrès américain :

• Il a pressé les législateurs de se pencher sur les problèmes d'intimidation et d'autres préoccupations liées à Internet et de ne pas seulement blâmer les nouvelles technologies.

Premièrement, dans la très grande majorité des cas, la façon dont les jeunes personnes se servent des technologies numériques est très positive. . . La plupart des jeunes, du moins aux États-Unis, ne font pas la différence entre leur vie « en ligne » et leur vie « hors ligne ». Par conséquent, beaucoup des bonnes choses qui se passent hors ligne, peu importe leur forme, peuvent se passer aussi en ligne. De la même façon, les mauvaises choses qui ont lieu dans la vie de tous les jours se passent aussi en ligne.

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LE RAPPORT PALFREY: Congrès américain

On trouvait en litige la loi Megan Meier Cyberbullying Prevention Act (H.R. 1966) et la loi Adolescent Web Awareness Requires Education Act (loi AWARE) (H.R. 3630).

Tandis qu'une nouvelle loi pour régir la cyberintimidation est sensée, la criminalisation d'un vaste discours en ligne ne constitue pas la meilleure approche. Je ne suis pas non plus en faveur d'un ensemble de règles s'appliquant seulement au cyberespace, et non à la vie hors ligne. Dans la mesure du possible, les règles devraient être les mêmes en ligne que hors ligne. Nous devrions nous efforcer à appliquer des règles d'application générale dans le contexte d'Internet. Lorsque les faits changent, comme dans le domaine de la sécurité sur Internet, nous devrions repenser la façon dont nous rédigeons et appliquons ces règles générales, pour être certains ».

La loi AWARE est une bonne idée, car elle soutient des bourses pour les jeunes à risque et appuie des partenariats entre les secteurs public et privé. Enfin, elle rapproche la communauté des chercheurs de la communauté scolaire.

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RAPPORT PALFREY – Congrès américainRôle des entreprises spécialisées

dans les technologies• Le droit doit fournir des mesures incitatives aux entreprises spécialisées dans la

technologie afin qu'elles utilisent leurs innovations pour appuyer les jeunes et aider à les protéger et à exploiter ces innovations.

• Il faut éviter d'établir un cadre qui permet à ces entreprises d'ignorer les problèmes.

• Il faut repenser les lois actuelles en examinant de nouveau les cadres juridiques en vue d'un caractère exécutoire raisonnable.

• Il faut repenser la section 230 de la Communications Decency Act (la pierre angulaire permettant à la technologie des communications de prospérer, mais aussi à la liberté d'expression de se développer).

• Des cas de diffamation comme Zeran (**) définissent les intermédiaires en ligne comme Facebook et MySpace comme étant des « distributeurs » et non des « éditeurs ». Il est donc plus difficile de les tenir responsables du manque de surveillance des propos diffamatoires ou offensants.

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LE RAPPORT PALFREY: Congrès américain

Le Congrès devrait envisager des façons de veiller à ce que les intermédiaires en ligne aient une obligation de ne pas ignorer le tort que subissent leurs utilisateurs en ligne.

Les sites de potins en ligne comme AutoAdmit et Juicy Campus sont devenus des symboles de mauvais comportements, car les exploitants des sites refusent souvent de coopérer avec les victimes de diffamation ou d'intimidation.

Les exploitants se cachent derrière une mauvaise loi.

À ce titre, le groupe de travail du Berkman Centre for Internet and Society a proposé un ensemble de lignes directrices qui :

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LE RAPPORT PALFREY: Congrès américain

• exigent que les intermédiaires conservent les fichiers de consignation pendant une période donnée et participent aux efforts d'application de la loi afin de traduire en justice les diffamateurs;

• • exigent que les intermédiaires en ligne répondent aux avis des personnes

qui ont été victimes de diffamation en retirant le contenu diffamatoire si l'intermédiaire souhaite être protégé par une règle refuge (semblable aux lois sur le droit d'auteur);

• d'exempter les intermédiaires de la règle refuge CDA230 dans les cas où du tort a été causé à des jeunes.

• Les critiques soutiennent que les tribunaux seraient inondés par des cas de droit de la responsabilité délictuelle (diffamation en ligne), Il y aurait des effets négatifs sur la protection de la vie privée.

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.

Que se passe-t-il vraiment?

La recherche de Pew (**) indique que seulement 4 % des filles participent au sextage.

Weber et Mitchell (2008) observent que le réseautage social virtuel est un moyen pour les adolescentes de développer leur personnalité et d’acquérir une grande indépendance identitaire, ce que les jeunes filles font surtout par le truchement de journaux en ligne qu’elles appellent journaux intimes « publics ». (p. 28)

Du point de vue juridique, il s'agit d'un dilemme entre vie privée et vie publique.L'opinion de leurs amies est éminemment importante. En conséquence, la

réputation telle qu'elle est reconnue par la Cour du Québec dans l'affaire Aubry et par la Cour suprême dans l'affaire Hill représente une importante réflexion.

1er cas (Isabel) : Sites Web personnels et amitiés (11 ans)Les activités en ligne d'Isabel illustrent la diversité, les contrastes et les

contradictions qui sont à la base de la construction identitaire de la préadolescente qui est en partie une enfant et en partie une adolescente :

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Construction de l'identité des préadolescentes

Tendances des activités en ligne

– Inclusion nostalgique d'animaux en peluche et d'images associées à des enfants plus jeunes;

– Poses séduisantes et images plus typiques de bandes dessinées pour enfants ou un mélange des deux;

– Ces images sont modifiées et se contextualisent mutuellement. Le mot « sexy » peut simplement signifier « mignon » dans un message et dans un autre message, il peut prendre le sens, plus répandu, que lui confèrent les adultes.

– La création de sites Web personnels offre aux jeunes diverses façons de construire et de forger leur identité grâce à des images et à des mots.

– Les sites comprennent une variété de photos, de propos et de références touchant la culture populaire des médias, nouveaux et anciens.

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Construction de l'identité des préadolescentes

Tendances des activités en ligne• Cette combinaison improvisée, presque naturelle, d'éléments analogiques et

numériques (comme la numérisation de photos papier ou la création de médias) reflète ce que Jenkins appelle la « culture de convergence ». (*)

• La publication de messages en ligne représente une déclaration d'appartenance ou une identification à un groupe de camarades, à un groupe familial, ethnique, linguistique ou patrimonial, à un courant de culture populaire ainsi qu'à une période, un espace et un lieu particuliers.

• Ces jeunes partagent leurs connaissances, s'empruntent des images ou des idées et d'une certaine façon, construisent leur identité en coopération.

• Il est important de souligner que les identités publiées en ligne ne sont ni

prévisibles, ni homogènes.

• Les différences et les variations, parfois subtiles, parfois évidentes, prouvent, même si elles consomment la même culture populaire, qu'elles ne sont pas toutes pareilles. (Weber et Mitchell, 200*:31)

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Construction de l'identité (suite)

2e cas (Walia) : Pourquoi j'adore mon téléphone (fille de 15 ans)

Walia, une réfugiée africaine vivant à Londres, a participé à un exercice de narration d'histoire numérique au moyen d'une présentation PowerPoint intitulée Retrouver mon téléphone ou mourir

Un jeune qui l'intimidait régulièrement lui a volé son téléphone, mais elle n'a pas hésité à le confronter afin de récupérer son téléphone. Elle ne voulait pas un téléphone de remplacement Elle a utilisé une forme de poésie d'amour pour décrire l'importance de son téléphone :

Mon téléphone est comme un chien, car il est mignon et loyal. Mon téléphone est comme New York. Il est toujours occupé. . . . Mon téléphone est comme une pizza suprême avec croûte farcie, la chose la plus savoureuse qui soit. . . Mon téléphone est comme des bottes (photo de bottes noires sexy en suède) pour sortir et s'amuser. . . Mon téléphone est comme des boucles d'oreille, je ne quitte jamais la maison sans lui. (Weber et Mitchell, 200*:32)

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L'amour de Walia pour son téléphone

Weber et Mitchell (**) observent que cet exemple de prise en charge technologique est important pour plusieurs raisons :

• Il illustre l'utilisation d'un média numérique à la place d'un autre (photographie/PowerPoint) pour évoquer l'importance personnelle d'un autre média;

• Walia a intégré cette technologie dans sa vie quotidienne de sorte qu'elle est devenue indispensable; elle est un prolongement d'elle-même, presque une partie de son corps.

• Elle n'envisage même pas de s'en procurer un nouveau.• Elle semble dire littéralement qu'elle mourrait sans son téléphone, ou du

moins qu'elle ne serait plus la même.• Elle se décrit en ces mots : « Je suis une personne qui possède et utilise son

propre téléphone. » • Pour Walia, ce téléphone représente symboliquement un lien entre son

identité sociale et personnelle, même lorsqu'elle ne s'en sert pas.

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Walia n'est pas une victime

Weber et Mitchell (**) expliquent comment les technologies aident l'autonomisation de Walia :

L'identité que Walia se forge dans son message en ligne (photo et voix) est celle d'une jeune femme sociable, forte et peut-être élégante (selon les bottes et les boucles d'oreille). Lorsqu'elle parle de ses amis, de son téléphone et de ses sorties, elle évoque d'autres personnes et son désir d'être liée à ses amis, d'être disponible. En se servant d'une forme poétique en public et en choisissant minutieusement des photos pour décrire ses sentiments, elle apparaît comme une artiste. En confrontant un intimidateur et en ayant le meilleur sur lui, elle exprime ses valeurs et affirme une identité qui révèle catégoriquement ce qu'elle N'est PAS. Elle n'est pas une victime. (p. 33).

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AUTONOMISATION EN LIGNE ASIE DU SUD

Mitra, A. (2004). « Voices of the marginalized on the Internet: Examples from a website for women of South Asia » Journal of Communication, 54. no 3, 2004, P. 492-510.

Résumé : En raison de l'augmentation de la disponibilité d'Internet, beaucoup de groupes marginaux révèlent leur présence dans le cyberespace. On peut expliquer cette présence comme un phénomène où Internet offre un forum unique aux personnes exclues afin qu'elles trouvent une voix dans la sphère publique. Selon la théorie de la voix, la présence dans le cyberespace donne lieu à des questions de confiance, d'authenticité et de pouvoir relativement aux « orateurs » individuels et institutionnels. Cet article explore les stratégies textuelles et discursives qu'un portail Web pour femmes d'Asie du Sud utilise afin de comprendre les conséquences découlant de l'obtention d'une voix dans le cyberespace.

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Construction de l'identité des filles(Weber et Mitchell, **)

Collectivité et construction sociale : Le processus de développement identitaire permet l'amélioration grâce à la fluidité et aux choix qu'offrent les technologies. Inclusion et appartenance.

Convergence : « de multiples systèmes médiatiques coexistent dans lesquels un contenu se diffuse avec fluidité; un processus continu ou des séries d'intersections entre différents systèmes, une relation qui n'est pas fixe. » (Jenkins, *:282, tel que cité dans Weber et Mitchell, **:40).

Réflexivité et négociation : L'utilisation des multimédias force les jeunes à s'observer afin de réfléchir sur comment les autres les perçoivent et à prendre des décisions éclairées à propos des autres.

Incarnation : La notion que même si nous oublions notre corps alors que nous naviguons dans le cyberespace, toutes nos actions passent par notre corps.

Apprentissage interactif : Peu importe leur contexte éducatif réel, les multimédias transforment les expériences d'apprentissage lorsque l'on sollicite des opinions et que l'on enseigne aux autres.

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Autonomisation en Asie du Sud

Clark, A. (2007) « Can Career-minded young women reverse gender discrimination? A view from Bangalore’s high-tech sector ». Gender, Technology and Development, Vol. 11, no 3, p. 285-319.

Résumé : En Inde, le statut de la femme est ambivalent, avec de nombreux indicateurs positifs et négatifs. La dévalorisation des filles a amené les parents à se tourner vers l'avortement et l'infanticide sélectifs, des pratiques qui se répandent dans des régions jusque-là épargnées. En lien avec cette situation négative, des entrevues menées auprès de femmes travaillant dans le domaine des technologies de l'information à Bangalore semblent indiquer le contraire : un renversement partiel de la dévalorisation des filles est en train de naître dans les familles des jeunes filles œuvrant dans le secteur de la haute technologie. Des études sur l'emploi dans le secteur des TI en Inde n'ont pas tenu compte de l'importance à long terme des effets intergénérationnels de ce nouveau développement sur l'ensemble de la culture de la dévalorisation des filles. Cet article cherche à combler cette lacune en montrant que lorsque les jeunes femmes trouvent des occasions d'améliorer leur autonomie financière, leur mobilité et leur acceptation sociale dans une société dominée par les hommes, il en résulte des conséquences d'une grande portée sur le changement démographique social et sur l'égalité entre les sexes grâce à l'évolution du modèle de famille à deux revenus au détriment du concept du père comme soutien de la famille.

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Les barrières intangibles persistent

Wajcman, J. et Lobb, L.A. P. 2007. « The gender relations of software work in Vietnam ». Gender, Technology and Development, vol. 11, no 1, 1-26.

Résumé : Cet article présente des données du premier sondage méthodique sur la main-d'œuvre du Vietnam dans le domaine informatique. Même si cette industrie est relativement jeune, la ségrégation des sexes est déjà fermement ancrée. Les femmes sont limitées aux emplois nécessitant moins d'aptitudes que ceux réservés aux hommes, comme l'essai par rapport à la programmation et à la conception de systèmes. Cette situation mène à des inégalités au chapitre du salaire et de la formation, perpétuant la marginalisation des femmes.

Hafkin, N. et Huyer, S. (2006). « Cinderella or Cyberella? Empowering women in the knowledge society ». [Publisher**?]. Les livres offrent un aperçu des questions essentielles concernant la participation mondiale des filles et des femmes dans la société de l'information d'aujourd'hui. Grâce à des études de cas d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, on y illustre les possibilités d'autonomisation des femmes au moyen des TIC et de l'accent mis sur des emplois en TI, plutôt que sur les façons dont elles peuvent être autonomes socialement et politiquement.

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Faire participer la jeunesse et renforcer son autonomie

• Reconnaître l'hégémonie et valoriser le pluralisme (reconnaître les racines de la discrimination : sexisme, homophobie, besoins spéciaux, etc.).

• Rendre le programme d'études pertinent par rapport aux expériences historiques et vécues des jeunes – Contexte – ÉCOLE DE WINNIPEG et EXCUSES DU PREMIER MINISTRE

• http://www.youtube.com/watch?v=dGCJ46vyR9o

• Dialoguer avec les enfants et les sensibiliser aux conséquences de leurs mots.

• Aborder la mentalité adulte quant à l'utilisation des technologies (Lankshear & Knobel, 2007)

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© Shaheen Shariff, Ph. D.

Collaboration des intervenants

Qui doit participer?• Les médias d'information doivent assurer une divulgation responsable.• Les entreprises doivent faire de la publicité responsable.• Les administrateurs des écoles et les enseignants doivent améliorer la

communication.• Les parents doivent faire de même, en plus de valoriser les commentaires.• Il est essentiel de dialoguer avec les élèves, de leur faire confiance et de leur

donner de l'information sur les codes de conduite et l'apprentissage en ligne. • Former des partenariats avec les bibliothécaires pour offrir de l'information

(pour les enseignants, élèves et les parents). Ils ont reçu une formation à cet effet.

• Élaborer des réponses éclairées en matière de politique à l'échelon des syndicats et du gouvernement

• Établir des réseaux avec les organismes communautaires, les psychologues, les criminologues, les professeurs de droit, les agents de la force publique, les fournisseurs de technologies, les ONG comme NetSafe, ChildNet, Media Awareness Network et les producteurs artistiques comme l'Office national du film du Canada.