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Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
Jean‐Edouard BIGRAT
Karine MARISSAL
Guillaume POTARD
Dossier d’étude approfondie – MCL temps plein – 2012
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
1
« Les hommes ne vivraient pas longtemps en société, s’ils n’étaient les dupes les uns des
autres »
LA ROCHEFOUCAULT – Max. 87.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
2
Sommaire
1 INTRODUCTION 4
2 LA TRAÇABILITE 5
2.1 Définition 5
2.2 Les enjeux de la traçabilité 6
2.3 La traçabilité au sein de la logistique 8
2.4 L’architecture des systèmes de traçabilité 10
3 LA TECHNOLOGIE RFID 11
3.1 Présentation de la technologie RFID 12 3.1.1 Définition 12 3.1.2 Fonctionnement 12
3.1 Les types d’étiquettes 13 3.1.1 Les étiquettes passives 13 3.1.2 Les étiquettes actives 14
3.2 Historique de la RFID 14
3.3 Le marché de la RFID 15 3.3.1 Les applications professionnelles 17 3.3.2 Les applications dans le quotidien de chacun 18
4 LA RFID COMME SOLUTION DE TRAÇABILITE, UNE PERFORMANCE CONTRASTEE 19
4.1 Ce que la RFID apporte 19 4.1.1 Du point de vue des entreprises et leur chaîne logistique 19 4.1.2 Pour les consommateurs, usagers, patients et citoyens 22
4.2 Une révolution lente et contestée 23 4.2.1 De nombreux obstacles pour les entreprises 23 4.2.2 Une technologie socialement contestable 26
5 SOLUTIONS 28
5.1 Le rôle des acteurs de la RFID 29
5.2 La protection des données 29
5.3 Les solutions en entreprise 31
6 DEUX CAS D’APPLICATIONS DE LA TECHNOLOGIE RFID 32
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
3
6.1 La technologie dans l’agro‐alimentaire : une application vertueuse 32 6.1.1 Les enjeux d’une traçabilité optimum 33 6.1.2 Normalisation et réglementation 34 6.1.3 Principes et problème de la traçabilité 35 6.1.4 Le recours à la RFID 36 6.1.5 Bilan 38
6.2 De la logistique au marketing : les dangers de la RFID 39 6.2.1 Principe marketing de la RFID 40 6.2.2 Les enjeux marketing de la traçabilité RFID 41 6.2.3 Le cas BENETTON 41 6.2.4 Bilan 43
7 CONCLUSION 44
8 BIBLIOGRAPHIE 46
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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1 Introduction
L’exigence de traçabilité trouve son origine au moment de la prise de conscience des pratiques
courantes d’élevage avec la crise sanitaire de la vache folle en 1996. Les consommateurs
s’inquiètent alors de la possible transmission de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) à
l'homme via l'ingestion de viande bovine. Sa consommation s’effondre alors.
Le cheptel britannique est le plus touché en Europe, et dès mars 1996, la France et plusieurs autres
pays d’Europe suspendent leurs importations de viande en provenance d’outre manche. Le
gouvernement français annonce ainsi la mise en place d’un système d’identification pour connaître
la provenance des viandes bovines. Cette première étape de traçabilité franchie, l’embargo est
étendu à l’ensemble des viandes d’origine britanniques et leurs produits dérivés.
La crise de la vache folle laisse comme héritage une amélioration des pratiques dans la filière
bovine, à travers le retrait de certaines parties de la carcasse à l'abattoir lors de la découpe, mais
aussi une traçabilité renforcée des animaux. En santé publique, cette crise a également entraîné le
développement du concept de précaution.
Dans ce contexte, la technologie d’identification par radio‐fréquence, plus communément appelée
RFID, apparaît comme la solution idoine. Ce système permet en effet de suivre le déroulement de
la production sur l’ensemble de la chaîne de production, de la matière première au produit fini, et
même au delà, sur l’ensemble de la chaîne logistique, du fournisseur jusqu’au consommateur final.
Mais si la RFID est la solution qui révolutionne les bonnes pratiques logistiques de traçabilité, ses
applications ne se cantonnent pas aux seuls usages garantissant un produit sain aux clients.
L’exploitation de cette technologie dans les modes d’identification de transport ou les moyens de
paiement par carte par exemple, la rende aussi apte à tracer les us et coutumes des usagers. Se
profile alors le spectre d’une société sous l’œil, soit disant bienveillant mais néanmoins inquisiteur,
de « Big Brother », où les sacrosaints principes de liberté et de vie privée sont écorchés.
On peut alors se demander dans quelle mesure la technologie RFID offre t‐elle une solution de
traçabilité en adéquation avec les exigences de rigueur, sans toutefois remettre en cause les
principes fondamentaux de liberté et de respect de la vie privée de chacun ?
Pour répondre à cette problématique, nous évoquerons dans un premier temps les contours du
concept de traçabilité, puis nous irons voir comment cette notion s’applique dans la technologie
RFID. Nous en mesurerons les avantages et les inconvénients et proposerons des solutions pour
pallier ces derniers. Avant de conclure, nous vous proposons d’étudier en détail deux cas
d’application concrète de la solution RFID.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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2 La traçabilité
2.1 Définition
Du point de vue de l’utilisateur, la traçabilité permet d’avoir une vision sur le suivi de la quantité et
de la qualité d’un produit dans l’espace et dans le temps. Du coté de la gestion d’information, la
traçabilité va permettre d’associer un flux d’information à un flux physique. Le but final étant
d’être capable de retrouver, à partir d’identifiants clefs, à l’instant voulu, des informations
précédemment enregistrées et rattachées à des lots, des regroupements de produits ou un produit
fini spécifique.
D’après la norme ISO 8402, la traçabilité est définie comme « l'aptitude à retrouver l'historique,
l'utilisation ou la localisation d'un produit ou d'une activité (ou d'un groupe de produits ou
d'activités semblables) au moyen d'informations enregistrées. »
En général, la traçabilité peut se décrire en quatre parties :
• Identifier : L’identification est une approche permettant la différentiation d’un objet, d’une
personne ou d’un groupe parmi d'autres et de le reconnaître dans un ensemble. Celle‐ci
doit être unique pour ce groupe ou l’unité.
• Authentifier : Il s’agit de s'assurer qu'un objet ou une personne ayant déjà été "certifié(e)"
est bien rattaché(e) à une signature authentique.
• Localiser : La traçabilité permet la localisation d’un objet dans l'espace et dans le temps.
• Sécuriser : Elle garantie l'intégrité des informations de traçabilité associées au produit.
Néanmoins, on peut identifier plusieurs types de traçabilité :
La traçabilité amont : Elle représente tous les outils et procédures mis en place permettant de
retrouver ce qui est arrivé avant que l’acteur ne devienne responsable physiquement ou
légalement du produit.
La traçabilité aval : Elle représente tous les outils et procédures mis en place permettant de
retrouver ce qui est arrivé après le transfert de propriété du produit, depuis l’acteur vers un tiers.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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La traçabilité ascendante : C’est la capacité, à tout moment, dans la chaîne d’approvisionnement
de retrouver les caractéristiques et les origines d’un produit à partir de différents critères. On
l’utilise notamment pour rappeler un produit, voire le retirer de la chaîne.
La traçabilité descendante : C’est la capacité, à tout moment, dans la chaîne d’approvisionnement
de localiser un produit à partir de critères définis. On l’utilise notamment pour trouver les causes
de non‐qualité. Elle apporte des solutions en matière d'identification, de localisation,
d'authentification et de sécurisation.
La traçabilité interne : Elle est indépendante des partenaires commerciaux. Elle désigne la
traçabilité mise en place au sein de l’entreprise pour suivre les différentes transformations du
produit réalisées par les acteurs.
La traçabilité logistique : C’est un suivi quantitatif. Il va dépendre de la crédibilité des liens entre
les produits successifs de la filière. Par ce biais, on est capable de localiser le produit, de connaître
sa destination ainsi que sa provenance. Ce genre de traçabilité porte l’accent sur le positionnement
géographique de l’objet recherché. La traçabilité logistique représente le mot « tracking » dans
l’expression « tracking and tracing ». Le tracking répond aux questions : « Où ? » et «Quand ?»
La traçabilité produit : C’est un suivi qualitatif. Tout repose sur l’exactitude des données rattachées
à l’article. La traçabilité produit intervient souvent lors de problèmes qualité. Il est alors possible de
rechercher la cause principale de non‐qualité, à la fois chez le fournisseur et le client. La traçabilité
produt représente le mot « tracing » dans l’expression « tracking and tracing ». Ce tracing amène
cinq nouvelles questions : « Quoi ? », « Avec quoi ? », « Par qui ? », « Pourquoi ? » et
« Comment ? »
2.2 Les enjeux de la traçabilité
Comme nous l’avons évoqué, la traçabilité a pour but de lier un flux d’information et un flux
physique. Mais cette méthode porte aussi de grands enjeux, maîtriser la qualité, assurer la sécurité
du consommateur et optimiser les rappels de produits, maîtriser les flux logistiques, respecter la
réglementation, profiter d'un atout commercial ou protéger une image de marque.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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• Définir les responsabilités : En effet, la traçabilité en amont/aval va délimiter les
responsabilités des différents partis. Celle‐ci peut éviter la surproduction liée à des
réclamations client n’ayant , soit disant, jamais reçu le produit, ou bien reçu mais dans un
mauvais état.
• Maîtriser les flux dans un contexte de mondialisation des échanges : L’ouverture à de
nouveaux marchés à l’échelle internationale demande une amélioration des méthodes de
communication et de partage des données, voire une standardisation des outils afin de
minimiser les erreurs et d’augmenter sa réactivité. De plus, certaines règlementations en
vigueur dans certains pays exigent que l’on puisse savoir la provenance et l’origine du
produit.
• Protéger son produit, son savoir‐faire, son image face : La traçabilité va permettre de
réduire les ventes de contrefaçon. Mais pour cela, il faut que le consommateur final ait un
référentiel auquel il peut rattacher la marque du produit. Ainsi, il peut procéder lui‐même à
un contrôle. L’authenticité est importante pour le consommateur qui évitera ainsi
d’acheter un produit contrefait par la vérification de sa traçabilité, mais également pour
l’entreprise veillant à protéger son image et son produit de la contrefaçon.
• Respecter les valeurs du consommateur : La traçabilité vient jouer un rôle important
lorsque différents clients n’ont pas les mêmes critères de choix pour l’achat d’un produit et
que ces choix se font sur les méthodes de transformation ou la provenance de celui‐ci. Si la
traçabilité n’est pas faisable, l’entreprise risque de se fermer les portes d’un marché,
comme par exemple celui de la viande Hallal.
• Réduire une partie des coûts indirects : Sans traçabilité, une entreprise devant retrouver
l’historique d’un produit ayant été fabriqué plusieurs mois auparavant, va devoir déployer
de nombreux effectifs, pour une durée indéterminée, afin de recueillir les informations de
la part des différents acteurs, de l’approvisionnement à l’expédition. De plus, il y a des
chances pour que ces informations soient erronées ou inexistantes compte tenu du délai
écoulé. Grâce à un système de traçabilité, l’entreprise n’aura plus besoin de déployer
autant d’hommes sur une durée aussi longue et ces informations auront une plus grande
justesse.
• Fiabiliser les données : Avec un système de traçabilité, la probabilité que les données
véhiculées soient réelles est accrue. En effet, il n’y a pas d’altération de l’information dans
le temps, contrairement à la capacité de la mémoire humaine.
• Améliorer sa réactivité : Munie d’un système de traçabilité, l’entreprise est capable de
connaître la localisation de ses produits en temps réel. De telles capacités vont lui
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permettre de répondre plus aisément aux commandes exceptionnelles de clients. En effet,
si un produit est en rupture dans l’ouest de la France et qu’il faut deux semaines pour
fabriquer et livrer un nouvel exemplaire, le système de traçabilité va permettre à
l’entreprise de vérifier s’il a des produits identiques disponibles dans les régions alentours.
Ainsi, le client pourra être livré dans un délai de deux ou trois jours au lieu d’avoir à
attendre une ou plusieurs semaines.
• Détecter les anomalies : Grâce à la traçabilité, on peut connaître les différentes étapes de
fabrication du produit. De ce fait, on est capable de reconnaître à coups sûr des erreurs
survenues lors de la réalisation d’une gamme standard.
2.3 La traçabilité au sein de la logistique
Dans le domaine de la logistique, la traçabilité joue un rôle important dans le flux d’information.
Celle‐ci facilite la réactivité et la fiabilité du processus.
Les échanges internationaux et les besoins de visibilité étant en pleine croissance, la traçabilité
devient un axe inévitable au sein la chaîne logistique, reliant le fournisseur de matières premières
au consommateur ultime. Par le biais de la traçabilité, on s’assure que le produit est conforme aux
règlementations légales et commerciales, que ce soit au niveau de ses composants (provenance,
pureté, critères organiques) ou de la méthode d’acheminement (rupture de la chaîne du froid,
exposition indésirable, etc.)
Pour que la traçabilité soit opérationnelle, le produit doit être identifié et authentifiable. Il faut
donc impérativement que le système de lecture des données soit au moins égale à la puissance de
la méthode de traçabilité appliquée au produit. Ceci évite un surcoût des moyens d’identification et
permet de mettre en contexte l’information récupérée. Les identifications automatiques prennent
part à une technologie mise en œuvre pour assurer le marquage et la lecture des identifiants. On
peut prendre la plaque minéralogique d'une automobile ou le code à barres sur un produit de
grande consommation qui sont des exemples d'identifiants communément utilisés dans la vie
courante. On peut aussi citer le système d'identification RFID dont nous verrons les particularités
au chapitre suivant.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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Il y a très peu d’intérêt à vouloir mettre en place une traçabilité stable si celle‐ci n’est pas soutenue
par un système de traitement adapté à la puissance de la traçabilité souhaitée. Celui‐ci doit réunir
les données générées par des systèmes disparates de dizaines d'intermédiaires, dans le but de
rendre un historique précis et exact des transactions. Ceci exige une connectivité des systèmes,
une communication des données, un recours à des standards de transmission et de représentation
des données. En manipulant ces données, on crée des opportunités de progrès considérables. À
l'inverse, dans les mains d'acteurs peu scrupuleux, ces données peuvent permettre le commerce de
contrefaçons ou ouvrir l'accès à des marchandises polluées ou munies d'agents néfastes, d'origine
terroriste par exemple. Il convient d'assurer la sécurité et la confidentialité des données, mais aussi
l'inviolabilité des données stockées.
Des avantages immédiats :
• Disposer d'un état des stocks et d'un inventaire permanent, en temps réel : En effet, avec
une traçabilité bien implémentée, on est capable de savoir où se trouve nos produits, nos
palettes, nos camions, etc.
• Contrôler la réception des marchandises, les cycles de production, les livraisons, créer et
gérer des lots : La traçabilité va permettre de simplifier les transactions, de raccourcir leur
temps de traitement, tout en augmentant leur fiabilité.
• Provoquer des rappels ou retraits de marchandises, répondre à une situation de crise :
Que ce soit en cas de non‐qualité ou de retard livraison client, le fait d’avoir la capacité de
traquer les articles permet d’améliorer la réactivité envers le client et de prendre des
décisions rapidement, sur la base de données factuelles.
• Contrôler des mouvements, des opérations de maintenance, un parc de matériel : Si le
système de traçabilité est assez puissant, on va pouvoir garder en mémoire tous les états
du produit ainsi que les actions tierces. On utilise ainsi ces données pour rechercher des
axes d’amélioration.
• Pouvoir authentifier ses produits et ses actes, se préserver des contrefaçons : On évite le
« grey market », c’est à dire qu’un client d’une certaine région achète votre produit pour le
revendre dans une autre région où celui‐ci est interdit à la vente. On devient aussi capable
de discerner un produit ayant été fabriqué par l’entreprise d’une copie frauduleuse.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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Des avantages « capitalisables » :
• La traçabilité établit des relations de confiance : En effet, que ce soit le client ou le
fournisseur, l’utilisation de la traçabilité démontre un souci de transparence et de qualité.
• Elle améliore la performance en termes d’efficacité et de compétitivité : Les temps de
manutention sont améliorés, et la réactivité est bien plus performante. De plus, le taux de
service client est naturellement accru.
• Elle crée de la valeur (différenciation des produits, de l'entreprise) : Le fait d’être capable
de suivre ses produits en temps réel est une capacité pouvant grandement démarquer
l’entreprise de ses concurrents.
2.4 L’architecture des systèmes de traçabilité Dans un système de traçabilité, quatre couches sont nécessaires à son bon fonctionnement. En
voici le détail et quelques exemples concrets d’application :
La couche d’indentification
• La désignation en clair : C’est une méthode simple et peu onéreuse afin de récupérer une
information de traçabilité spécifique. Elle peut se faire à l’œil nu.
• Les codes à barres mono et bi directionnels : Ils se présentent sous la forme d’étiquettes
intégrant une donnée numérique codifiée destinée à une lecture automatisée. Une fois
créée, l’étiquette ne peut plus être modifiée.
• L’étiquette RFID : Elle a le même rôle que les codes à barres, mais a pour avantage de
pouvoir actualiser les informations véhiculées en temps réel.
La couche de capture
• Relevé sur document, elle n’a pas besoin de matériel spécifique. Cette solution est peu
onéreuse.
• La déclaration vocale : Il s’agit d’utiliser un microphone afin de garder en mémoire les
actions de l’opérateur.
• La lecture du code‐barres : Elle nécessite un système d’information capable de traiter le
code à barre flashé. Un investissement plus important est nécessaire.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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• Lecture de l’étiquette RFID : Elle a une capacité de lecture groupée et à plus grande
distance. Il est possible de réécrire les étiquettes. Il nécessite cependant de gros
investissements.
La couche d’archivage
• Sur un système central : Celui‐ci est indispensable pour stocker toutes les informations
récupérées depuis la mise en place de la traçabilité. Il peut être physique (étagère avec
dossier) ou numérique (serveurs). La deuxième option prend beaucoup moins de place et a
peu de risques de perte sur le long terme, contrairement aux archives papiers.
La couche d’exploitation
• L’investigation de traçabilité ascendante et descendante : Elle permet la réalisation
d’analyses et de recherches.
• La détection et diffusion des alertes par et vers les différents acteurs de la chaîne : En cas
de non‐conformité, elle permet une diffusion standardisée et identique vers tous les
acteurs.
Les contours du principe de la traçabilité étant posés, nous allons à présent étudier un cas concret
de solution avec la technologie RFID.
3 La technologie RFID
Les besoins de traçabilité, d’identification, d’authentification et de relation client sont
fondamentaux pour les entreprises, qu’elles soient du secteur pharmaceutique ou bancaire,
qu’elles soient des industries du secteur agro‐alimentaire ou de grands groupes de la distribution.
La demande se précise au fur et à mesure des évolutions technologiques vers des solutions de
traçabilité toujours plus performantes en matière de capacité, des produits plus souples, plus
petits, plus personnalisables, des possibilités étendues aux problématiques de leurs spécificités
comme l’identification des variations de température, par exemple.
Si RFID rime avec sécurité et traçabilité, le phénomène va beaucoup plus loin. Il s'agit littéralement
de communiquer avec les objets. Les opportunités qu'offre une telle technologie sont nombreuses
et d’envergure.
Véritable outils permettant de faciliter l’accès à l’information en temps réel, la technologie RFID
autorise les entreprises à réagir, le plus immédiatement possible, à un événement qui pourrait
survenir dans la supply chain, comme une alerte sanitaire ou un produit en carence par exemple.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
12
3.1 Présentation de la technologie RFID
3.1.1 Définition
L'abréviation RFID signifie littéralement « Radio Frequency IDentification », en français
« Identification par Radio‐Fréquence ». Cette technologie permet l’identification unique de tout
objet, d’en suivre le cheminement, d’enregistrer et de lire à distance, sans contact et sans ligne
de vue directe, une quantité d’informations spécifiques à l’objet en question, grâce à une
étiquette émettant des ondes radio, attachée ou incorporée à l’objet.
C’est l’intelligence virtuelle, apportée aux hommes il y a plusieurs années par le web, qui s’applique
cette fois aux objets.
3.1.2 Fonctionnement
Il y a quatre éléments constitutifs dans un système RFID : les marqueurs, les interrogateurs, les
antennes et les systèmes de traitement des informations.
Les marqueurs, aussi appelés « tags », sont fixés au produit, voire ils peuvent être directement
moulés à l’intérieur. Chacun possède un identifiant numérique unique permettant ainsi leur
différenciation. Pour les opérations en supply chain, il est convenu de mettre dans cet identifiant le
SGTIN de l’article auquel il est fixé, issu de la norme de codification internationale (Global Trading
Identification Number).
Les interrogateurs, ou lecteurs, sont des émetteurs‐récepteurs radio‐fréquence qui communiquent
avec les tags RFID. Ils interrogent les tags sur leur contenu, et peuvent également encoder ou écrire
certaines informations dans les tags RFID. Ils sont capables de capter tous les tags qui se trouvent
dans leur périmètre. Enfin, ils sont conçus de manière à pouvoir s’interfacer facilement avec le
système informatique en place dans l’entreprise.
Les antennes sont connectées au lecteur et sont requises pour les communications radio‐
fréquencées entre le tag et le lecteur. Leurs formes et leurs tailles diverses ont un impact sur les
portées de lecture et la performance du lecteur.
Enfin, les lecteurs sont connectés à un système informatique de traitement des informations RFID.
Celui‐ci fourni des instructions aux lecteurs, il coordonne leur fonctionnement, collecte les données
reçues et surtout, il prend des décisions fondées sur les règles propres à l’entreprise à propos des
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
13
données recueillies. Souvent appelés middlewares ou edgewares, ces programmes informatiques
inter‐opèrent avec les autres appareils de l’entreprises tels que les capteurs industriels (détecteurs
de mouvement, moniteurs environnementaux), les appareils de feedback (écrans, avertisseurs
sonores) ou systèmes de contrôle des automates (déclencheurs, robots, etc.)
Schéma de principe du système RFID
3.1 Les types d’étiquettes
L’étiquette radiofréquence, autrement nommée transpondeur ou étiquette RFID, est composée
d’une puce (chip, en anglais) reliée à une antenne, encapsulée dans un support (RFID Tag ou RFID
Label). Elle est lue par un lecteur qui capte et transmet l’information.
3.1.1 Les étiquettes passives
Certaines étiquettes sont dites « passives », c’est‐à‐dire qu’elles ne peuvent émettre sans qu’un
champ magnétique soit activé à proximité. Elles sont sans énergie propre, sans pile ou courant
continu, c’est le signal électromagnétique du lecteur qui les active et leur permet de fonctionner.
L'énergie nécessaire à leur fonctionnement est fournie par démodulation de la longueur d'onde
émise par le lecteur. Elles ne fonctionnent qu'en lecture seule et les données transcrites ne sont
plus modifiables.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
14
Ces étiquettes coûtent en moyenne entre 10 et 20 centimes d’euro l’unité.
3.1.2 Les étiquettes actives
Elle sont appelées « actives » car dans ce cas la technologie RFID permet d’échanger des
informations à double sens, entre l’interrogateur et l’étiquette alors munie de capteurs. L’intérêt
réside dans la capacité à obtenir et stocker des informations. Véritable innovation, le système actif
est promis à un bel avenir lorsque l’on imagine la multitude d’applications possibles dans le
transport de marchandises, le secteur médical ou encore celui de l’armement.
Les étiquettes sont alimentées par une source d'énergie suffisamment puissante afin de faire
fonctionner un émetteur. Celle‐ci est incorporée dans l'étiquette uniquement pour préserver les
données stockées dans la mémoire. Elles pourront être écrites, effacées, modifiées et lues
plusieurs fois.
Leur coût est beaucoup plus élevé et oscille en moyenne entre 15 et 40 euro l’unité, alors qu’il était
compris entre 40 et plus de 250 euros lors de sa mise
sur le marché. La fourchette inclue des qualités et des
performances différentes. Elles peuvent être « anti
arrachement », étanches, et offrent la possibilité d’y
intégrer des capteurs d’humidité, de pression, de choc
bien utiles pour contrôler les conditions de transport.
Leur durée d’autonomie dépasse aujourd’hui les dix
années.
3.2 Historique de la RFID
Lointaine héritière du radar développé dès 1922, la technologie RFID, dont les principes trouvent
leur paternité dans les travaux de l’américain Harry Stockman en 1948, est issue d’une longue
lignée d’avancées technologiques à usages militaires. Ses plus proches aïeux sont sans doute le
transpondeur IFF, « Identification Friend or Foe », développé par les anglais au cours de la seconde
guerre mondiale afin de repérer les avions alliés d’un côté, et le système d’écoute espion, utilisant
l’induction électromagnétique pour transmettre un signal audio, inventé par le savant russe Léon
Theremin en 1946 de l’autre.
Des étiquettes imprimables
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
15
Dans les années 60, le premier brevet est déposé aux USA par Mario Cardullo pour l'identification
des locomotives. Jusque dans les années 70 la RFID est principalement utilisée pour la protection
militaire ou pour la sécurité nucléaire.
En Europe, au cours de la décennie suivante, on assiste à la première application de cette
technologie dans le privé pour l'identification du bétail, puis elle va progressivement intégrer les
chaînes de production des constructeurs automobiles.
En 1982, se crée la société Mikron, qui sera le premier grand acteur industriel à proposer la
technologie RFID. Au cours de la décennie suivante, IBM rentre en lice en miniaturisant le système
RFID : il intègre, sur une seule puce, l’ensemble des composants nécessaires au fonctionnement
d’un badge RFID.
C’est au même moment que les normes internationales sont mises en place (1993 : naissance de la
norme ISO EID) et la RFID se déploie massivement dans la vie de tous les jours. En 1999, le
prestigieux Massachusetts Institute of Technology crée l’AUTO ID center (qui deviendra EPCglobal
en 2004) ; Il développe les standards « Electronic Product Code ». Par EPC on entend une étiquette
RFID en mesure d'identifier, avec un code univoque au plan mondial, tout objet produit ou
commercialisé.
Au début du 21ème siècle on assiste au regroupement entre les standards de l'EPC et les normes
ISO, ainsi la RFID s'étend à différents champs d'application l'intégration de la technologie dans les
mobiles. En 2003, pendant la deuxième guerre du Golf, la marine américaine taggue ses blessés
grâce à une puce cousue dans le bracelet des patients, les informations médicales sont ainsi
consultables et modifiables pendant toutes les étapes de transfert du patient. Les applications en
bibliothèques se multiplient à cette période.
Si la technologie RFID existe depuis plusieurs décennies, c’est le développement considérable de
l’informatique associée aux protocoles Internet qui sont à l’origine de son décollage ces six
dernières années.
3.3 Le marché de la RFID
Le marché de la RFID est aujourd’hui estimé à plus de 8 milliards de dollars. Le chiffre d’affaire
affiche en 2010 une progression à deux chiffres, + 14%, il a ainsi triplé par rapport à celui de 2005.
A cette même date, on évalue à 30 milliards le nombre d’étiquettes produites dans le monde, soit
une progression de 80% depuis 2007, avec un quasi monopole de la production en Chine.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
16
Pour les applications dans le domaine de la distribution, ce sont les Etats‐Unis et l’Europe qui
arrivent en tête, alors que la Corée tire le marché dans le secteur pharmaceutique. En Chine, la
demande est forte en raison du problème de la contrefaçon de vins et de tabac.
Les estimations pour 2017 sont de 27 milliards de dollars avec une répartition de 30% pour les
logiciels, de même que pour la prestation de service, notons que cette dernière a un bel avenir
compte tenu des coûts d’investissement prohibitifs pour les plus petites entreprises, 15% pour le
hardwares et 25% pour la fourniture de tags.
La projection du chiffre d’affaires donne une répartition des applications de 40% dans les systèmes
de localisation en temps réels, 40% dans les tags actifs, 9% dans les tags actifs intégrés dans les
téléphones mobiles et 3% dans les Keys fobs (porte‐clés intelligents), le delta se répartissant dans
diverses autres applications.
Malgré un retard au démarrage, le marché français bénéficie de solides fondamentaux structurels.
N’ayant pas été épargné par la crise de 2009, il pourra toutefois tirer parti de grands leviers dans
les années à venir. En effet, l’émulation autour de la recherche fondamentale et appliquée conduit
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
17
les industriels impliqués dans la production liée à la RFID à une proposer rapidement de nouvelles
innovations. De même, la compétitivité accrue par l’internationalisation et la complexification des
flux qui en découle induisent une exigence de qualité et de traçabilité toujours plus grande,
favorisant ainsi le recours aux technologies les plus fiables telles que la RFID, d’autant que les
entreprises ne serait se passer de cet outil garantissant à leurs clients un produit sans risque. La
RFID permet aux entreprises elles‐mêmes de se prémunir contre le vol et le fléau de la contrefaçon.
Enfin, à l’heure où le consommateur se montre de plus en plus pressé, exigeant, versatile et
infidèle, la RFID peut s’imposer comme un outil marketing puissant de conquête et de fidélisation.
3.3.1 Les applications professionnelles
Les applications professionnelles sont classées en trois grands domaines d’application, à savoir :
L’identification et suivi des personnes :
Ici on distingue le contrôle d’accès longue distance des piétons et des véhicules avec la possibilité de
géo‐localisation en temps réel dans la zone couverte…
• Contrôle d’accès parking
• Patients dans les hôpitaux
• Voyageurs dans les salles d’attentes
• Suivi de flotte de véhicules
… du contrôle de présence pour des applications liée à la sécurité.
• Contrôles de présence dans les bureaux et antivol matériel (badge utilisateur et matériel)
• Comptage de présence de véhicules dans les tunnels
La traçabilité d’objet
• Identification et localisation d’outils
• Inventaire permanent d’objets présents sur un site
• Identification et traçabilité de matériels en location
• Gestion de véhicules sur parc
• Identification des animaux, le tag RFID remplace le tatouage
• Équipement de boîtes de médicament, notamment pour limiter la contrefaçon
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
18
Les applications liées aux activités de transport et logistiques.
• Traçabilité de la chaîne du froid
• Identification, traçabilité et inventaire permanent de conteneurs, rolls, palettes,…
• Suivi de flotte automobile
• Suivis industriels en chaîne de montage
• Suivi des colis
• Saisie automatique d’une liste de produits achetés ou sortis du stock
• Identification des bogies et wagons (SNCF)
Sondage réalisé en 2005 auprès d’un panel de distributeurs et d’industriels du secteur agro‐alimentaire
3.3.2 Les applications dans le quotidien de chacun
La RFID fait aujourd’hui partie du quotidien de millions de français. Leurs applications sont si
nombreuses que nous ne saurions les évoquer de manière exhaustive. En voici quelques exemples
les plus courants :
• L’accès aux transports publics parisiens avec la carte Navigo, angevins avec la carte Irigo et
brestois avec la carte Korrigo
• Le péage automatique sur les autoroutes
• Les forfaits de ski pour l’accès aux équipements des stations
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
19
• L’identification et la surveillance des nouveau‐nés
• La traçabilité des bouteilles de gaz d’Air Liquide
• La gestion des livres d’une bibliothèque
• Le passeport biométrique français
• L’affichage publicitaire où la RFID est utilisée afin de délivrer de l'information ciblée aux
piétons
4 La RFID comme solution de traçabilité, une performance contrastée
Comme nous venons de la voir, la technologie RFID offre des possibilités de traçabilité étendues,
voire même quasi illimitées. En effet, utilisées comme moyen de localisation ou comme moyen
d’identification, ces puces très discrètes sont aussi pleines de ressources et nous permettent
d’améliorer considérablement notre quotidien, qu’il soit professionnel ou privé.
Il y a toutefois un revers à la médaille. Si la grande majorité des utilisations de la RFID est à notre
avantage, d’autres sont plus douteuses, voire abusives, et remettent en cause son bienfondé.
4.1 Ce que la RFID apporte
4.1.1 Du point de vue des entreprises et leur chaîne logistique
Une révolution dans les entrepôts
La RFID est utilisable sur tous types de produits et peut s’appliquer à l’ensemble des opérations en
entrepôt. Les transformations ou les mouvements de chaque palette, reconditionnement,
préparations de commandes, transport et livraison, sont tracés et interrogeables de façon
sécurisée pour garantir une traçabilité sans faille et aboutit ainsi au contrôle de leur emplacement
à chaque opération. Il est aussi plus simple de détecter les anomalies ou l’identification immédiate
de palettes manquante. Les inventaires sont plus faciles, plus fiables et donc moins fréquents.
L’information disponible permet une visibilité en temps réel, avec à la clé des gains de productivité
grâce à l’accélération des flux, une fiabilité accrue des opérations de contrôle et de gestion de la
traçabilité, et enfin une meilleure gestion des stocks.
Financièrement, l’intérêt n’est pas neutre. Les besoins de main d’œuvre sont considérablement
abaissés, de même que ceux liés à la gestion des stocks.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
20
Retours d’expériences
• Chez Throttleman, une des principales maisons de prêt‐à‐porter portugaise, un carton de
150 pièces est lu en 5 secondes avec une fiabilité de lecture de 99,99%. Le dispositif RFID
permet de traiter 18.000 articles à l’heure, suivis par seulement deux opérateurs. De plus,
le dispositif associé à la mise en place d’un système de cross docking a réduit les délais
d’envoi de l’entrepôt vers les magasins, passant de 5 jours à 24 heures. Ce gain de temps
favorise la disponibilité du produit sur les points de vente et a permis d’augmenter la
capacité de stockage de l’entrepôt de 60%, sans déménagement ni travaux.
• Dans les entrepôts de Marks & Spencer, où la solution est mise en place depuis 2004, les
inventaires, qui mobilisaient auparavant une douzaine de personnes pendant 24 heures
deux fois l’an, sont aujourd’hui bihebdomadaires et ne nécessitent qu’une vingtaine de
minutes. Les inventaires sont ainsi plus faciles, plus fiables et moins onéreux.
• Chez Cooperl, premier groupe porcin français qui utilise près de 100. 000 bacs plastiques
tagués, le taux de non lecture est tombé de 200 à 0,5 pour 10.000 par rapport à son ancien
système à codes‐à‐barres. Les interventions manuelles sont ainsi réduites.
Sondage réalisé en 2005 auprès d’un panel de distributeurs et d’industriels du secteur agro‐alimentaire
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
21
De la valeur ajoutée dans le process de fabrication
Selon un rapport d’Aberdeen Research publié en 2007, 38% des entreprises qui utilisent la RFID le
font pour améliorer les coûts, la sécurité et la fiabilité de leur processus de fabrication.
En effet, la RFID permet de valider automatiquement les étapes de la production, de gérer des
configurations, de calibrer, suivre, maintenir et retrouver rapidement des outils. Elle assure ainsi un
meilleur suivi des étapes de fabrication ou de transformation subies par un produit. C’est alors une
technologie qui dégage de la valeur ajoutée.
Une solution innovante dans le transport
La technologie FRID est une solution innovante pour la gestion des flux de l’entrepôt jusqu’au point
de vente. Auchan possède 1,8 million de bacs plastiques suivis à la trace, depuis les maraîchers
jusqu’aux linéaires, en passant par les plates‐formes logistiques.
De même, on peut maintenant connaître la disponibilité en temps réel des éléments prêts à l’usage
et ceux en cours de transport.
Une autre facette de la RFID réside en ce qu’elle peut intégrer des capteurs qui mesurent les
conditions de transport. En cela elle offre une réponse plus que satisfaisante aux fabricants de
produits sensibles tels que ceux qui évoluent dans l’industrie pharmaceutique, ou les prestataires
de transport spécialisés dans le froid.
Un vigil sur chaque produit en magasin
La RFID permet de lutter efficacement contre le vol en magasin et ceci grâce aux formes discrètes
des étiquettes qui sont proposées sur le marché. Ainsi, le joaillier Cleor a une vision en temps réel
des bijoux en vitrine et une traçabilité complète des objets lors des ouvertures et fermetures des
vitrines.
Dans le commerce de textile, on pose l’étiquette « à la source », c’est à dire directement sur le
vêtement. Son prix ayant considérablement fondu ces dernières années, on en propose aujourd’hui
à seulement 7 centimes d’euro face aux 35 centimes que coûte le hard tag à clou qui troue le
vêtement et le rend peu esthétique lors de l’essayage.
Un ROI spectaculaire
S’il est vrai que le montant des investissements à engager pour mettre en place la RFID dans une
entreprise est colossal au regard des moyens dont disposent les PME, on note que bons nombres
d’expériences montrent un retour sur investissement à court terme. Ainsi, en 2006 Toshiba TEC
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
22
annonce un retour sur investissement de six mois seulement après la mise en place d’une solution
RFID, pour Throttleman qui est pourtant une petite structure de prêt à porter portugaise, le ROI est
inférieur à un an en 2008, et chez Airbus, il est de l’ordre d’un an en 2007.
Une source d’informations attrayante pour le marketing
Enfin, comme nous l’avons fait remarquer plus haut, le consommateur est aujourd’hui plus volatil.
La difficulté des entreprises réside alors dans sa capacité à le capter sur des marchés où les offres
se multiplient. La RFID propose alors une base de données providentielle pour la mise en œuvre
d’un merchandising plus adapté aux habitudes d’achats du consommateur et ainsi lui soumettre
des bons de réductions ciblés en fonction des produits déjà dans son chariot de supermarché lors
de son passage en caisse par exemple.
4.1.2 Pour les consommateurs, usagers, patients et citoyens
Un produit de consommation mieux identifié
Nous l’avons évoqué en préambule à ce chapitre, face aux grandes crises sanitaires de ces deux
dernières décennies, vache folle, grippe aviaire, poulet à la dioxine, les consommateurs ont besoins
de retrouver de la confiance dans leurs assiettes. C’est la raison d’être de la traçabilité telle que
nous l’exigeons aujourd’hui. Or, la RFID offre toutes les garanties d’une traçabilité sans faille tout
au long de la chaîne de production.
Au delà de cette assurance, le consommateur désire également en connaître davantage sur le
produit qu’il achète, notamment en terme de qualité et de valeur. Le vin est un marché colossal qui
dépend d’une montagne d’informations en tous genres. Du cépage au millésime, de la région au
procédé de fermentation, du nom de domaine à celui du caviste, ce sont autant d’informations qui
doivent être prises en compte lors de l’achat d’un bon vin. Pour cette raison, un processus de
stockage et de croisement de données comme la RFID représente donc un véritable atout pour un
marché comme celui‐ci, ainsi que pour l’amateur de produits viticoles.
Il suffit de passer une bouteille étiquetée (la puce est apposée sur les bouteilles ou incorporée dans
les bouchons) à proximité du lecteur RFID et les informations s’affichent. Le consommateur peut
ainsi choisir en toute lucidité.
La RFID peut aussi, par exemple, être associée à des capteurs de température afin de gérer les
conditions dans lesquelles le vin doit vieillir pour être le meilleur, garantissant ainsi l’achat du
client.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
23
Une technologie à usage sécuritaire
En ce qui concerne le quotidien de chacun, la RFID apparaît comme un nouveau moyen de
sécuriser notre mode de vie. Elle propose une alternative efficace pour parer aux vols de voiture ou
de portable. Effectivement, grâce à son système de traçage, il est facile pour la police de localiser
les biens dérobés.
C’est aussi une réalité en ce qui concerne la prévention contre le rapt des nouveaux né dans les
maternités où les bébés sont parfois munis de bracelets. Celui‐ci contient une puce sur laquelle
sont stockées les informations d’identité de l’enfant : nom, prénom, date de naissance, nom de la
mère. Il émet des ondes qui permettent à la fois de localiser le nourrisson au sein de l’hôpital, tant
et si bien que, si un individu tente d’emmener un bébé hors de la maternité, une alarme retentit
dans l’ensemble du service et la technologie permet au personnel de garde de localiser
immédiatement le lieu où il se trouve. L’alarme s’active également si la bandelette d’attache d’un
bracelet est coupée.
4.2 Une révolution lente et contestée
4.2.1 De nombreux obstacles pour les entreprises
Des contraintes techniques
La RFID a un temps été limitée par les contraintes locales inhérentes à l’entreprise. Ainsi, dans
certains environnements, les ondes interfèrent avec les métaux. La lecture pouvait aussi poser des
problèmes avec certains produits contenant des liquides. Mais ces obstacles tendent aujourd’hui à
se dissiper grâce à la recherche et à l’amélioration constante des performances des lecteurs. En
effet, ceux‐ci sont aujourd’hui capables de lire les données à travers de fines couches de peinture.
De même, lorsque la RFID faisait ses début, il était fréquent que les étiquettes se collent entre‐elles
et faisaient alors l’objet d’une seule lecture. De même lors de la lecture de nombreuses étiquettes
en simultané des problèmes de collision se posaient alors. Ces types de problèmes se sont
aujourd’hui marginalisés.
Par ailleurs, les puces contiennent une masse de données énorme, et c’est autant d’informations
mises à disposition de celui qui, par malveillance, les détourneraient. On imagine aisément la
gravité des conséquences lorsqu’il s’agit de tagger un produit sensible à l’heure où l’espionnage
industriel n’est pas que fiction, et les échanges internationaux se font avec, ou passent par des
pays à risques.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
24
Si bon nombre de ces problèmes ont été résolus au fur et à mesure des innovations techniques, il
n’en reste pas moins que ces difficultés ont contribué à limiter le recours à cette technologie.
Des projets lourds en investissement
Le projet de mise en place d’un système RFID est souvent jugé trop lourd en investissement,
notamment pour les PME qui représentent la grande majorité du tissu économique de l’Hexagone.
Ainsi, au sondage BVA réalisé en 2005 sur le projet des entreprises agroalimentaire en matière de
RFID, 57% des industriels et 47% des distributeurs estimaient que le principal frein à la mise en
place de cette solution était le coût de l’investissement.
C’est d’autant plus vrai au regard des dernières années où la crise économique n’a pas épargné le
marché de la RFID. En 2009, bien que toujours en croissance, celui‐ci a fortement ralenti. S’il a
bénéficié de l’attrait de la nouveauté, les projets de mise en place de la RFID n’étaient plus une
priorité.
Sondage réalisé en 2005 auprès d’un panel de distributeurs et d’industriels du secteur agro‐alimentaire
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
25
Des étiquettes encore trop chères
Au delà du poids de l’investissement, le coût des étiquettes, bien qu’ayant fortement baissé,
pèsent encore trop lourd pour des produits de consommation courante. Ainsi on estime qu’une
étiquette allant de 0,10 centime à 1 euro représente, dans la grande distribution, 10% du coût du
produit, là où les marges sont parfois faibles et l’argument du prix une stratégie pour attirer le
chaland.
Le coût des tags n’est pas anodin, surtout si on considère que c’est dans le tag actif, autrement plus
onéreux que le passif, que réside toute la puissance de la RFID en terme de traçabilité.
Une solution qui reste souvent en boucle fermée
Pourtant, proclamée véritable solution qui révolutionnera le monde de la logistique lors de son
avènement à la fin des années 90, la technologie RFID mettra pourtant du temps avant de
s’imposer en France. Et pour cause, les investissements nécessaires à sa mise en place sont à la
hauteur de ses prouesses. Ainsi, pour bon nombre de PME, le poids financier à engager est colossal
et peu d’entre elles franchissent le pas.
La RFID se développe bien en « boucle fermée », c’est à dire en intra entreprise, mais
l’inconvénient principal est d’en étendre le principe à toute la chaîne logistique et d’équiper tous
ses acteurs, les usines, les entrepôts, les magasins, mais aussi les prestataires, tels que les
transporteurs, et les fournisseurs. Ce fonctionnement est dit en « boucle ouverte ». Or, c’est dans
ce périmètre que la technologie RFID déploie toute sa force.
Aujourd’hui, les solutions de radio‐identification, bien qu’opérationnelles, souffrent d’un manque
de normalisation. La jungle des solutions proposées par les différents fabricants rend la traçabilité
universelle difficile à réaliser.
Difficultés de mise en place
La mise en place d’un système RFID nécessite souvent au préalable une refonte des processus et
des postes de travail afin de garantir un fonctionnement optimal des lecteurs et des étiquettes.
C’est un travail long et qui nécessite des coûts d’investissement supplémentaire.
De plus, les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites, ne peuvent prendre le risque de
déployer un système défaillant qui dégraderait la qualité du service. Ainsi elles mettent en place
des « pilotes » pour tester le projet. Souvent elles ne dépassent pas ce stade.
Toutes ces étapes de mise en place font que la solution n’est active que plusieurs mois après le
début du projet.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
26
Enfin, cette technologie remet en cause les effectif présents dans l’entreprise, ce qui soulève la
méfiance des salariés, et l’acceptation et la contribution au projet est difficile. Or, l’un des premiers
facteurs clé de succès d’un projet réside dans l’implication et l’adhésion de l’ensemble de
l’entreprise.
4.2.2 Une technologie socialement contestable
Effet négatif sur l’emploi
Comme nous venons de l’évoquer, la première récrimination à l’égard de la RFID est sa propension
à réduire les effectifs en entreprises. De fait, cette solution permet de contracter le temps
nécessaire pour bon nombre d’opérations tout en mobilisant moins de personnel. Du point de vue
de la société, c’est difficilement acceptable.
Une technologie difficile à appréhender
D’abord, la RFID est d’une grande discrétion. Invisible ou bien souvent ignorée, cette technologie
nous entoure pourtant. Ce qui en fait un de ses atouts induit aussi des effets pervers. La puce RFID
contenue dans un objet permet notamment de géolocaliser l’utilisateur à son insu, mais également
de lire à distance toutes les informations intégrées.
Par ailleurs, ses tenants et ses aboutissants échappent au grand public ce qui favorise la méfiance à
l’égard des puces. L’absence de législation pousse aussi les consommateurs à craindre l’inconnu.
L’engouement général pour la technologie semble avoir occulté la nécessité d’encadrer cet outil de
contrôle, et la vie privée du consommateur, ou du simple citoyen, en pâtit fortement.
Protection des données
Autre point de méfiance, la sécurité des données renfermée dans les tags. Chaque puce peut
contenir une multitude de données, casier judiciaire, adresse, identité, informations médicales, et
rend possible une traçabilité en temps réel et au mètre près. Dans un monde où toute structure,
magasins, transports, restaurants etc., serait équipée de récepteurs RFID, certains abus pourraient
être commis.
Des hackers ont par exemple trouvé le moyen de pirater les informations de paiement à l’aide d’un
lecteur de radiofréquence disponible sur Internet (environ 8 euros). Il suffit alors de passer à côté
d’une carte de crédit équipée de la puce pour scanner sa fréquence et enregistrer les informations
de payements sur le lecteur.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
27
Un outil de « tracking »
La technologie RFID est souvent perçue comme intrusive, et pose des questions tant éthiques que
sociétales en devenant un outil de surveillance permanente.
Les puces RFID capturent toutes sortes d’informations sur leurs utilisateurs : de l’âge aux
déplacements en métro, en passant par les habitudes de consommations, elles nous tracent au
quotidien.
• En début d’année 2009, la RATP oblige ses usagers à s’équiper d’une carte « Navigo »
munie d’une puce RFID. Les allers et venues de quelques millions de franciliens sont alors
enregistrés par les bornes magnétiques, permettant ainsi de connaître précisément les
trajets de chacun, sans qu’ils s’en rendent vraiment compte.
• De même pour les possesseurs de cartes de fidélité à puce qui au fil des utilisations
compilent un nombre incroyable de données sur chaque client : de leurs marques
préférées à la fréquence des visites, tout est enregistré et crée une base de donnée
extrêmement précise révélant les modes vie.
Les services que nous utilisons sont donc possesseurs d’une partie de notre vie et se constituent
une véritable bibliothèque. De plus, le stockage de ces données ne présentant plus le traditionnel
problème de stockage d’archives, la conservation des informations peut être faite sur des durées
beaucoup plus longues et être source d’études de natures diverses, études de comportement ou
ethnologiques, profils d'achat, etc.
Enfin, que ce soit pour la surveillance à l’entrée des établissements scolaires ou encore le suivi du
dossier scolaire, la puce RFID pourrait prochainement envahir les crèches, écoles, collèges et
lycées.
• Un collège californien a ainsi imposé en 2009 à ses élèves de porter des badges RFID, afin
de simplifier l’intendance de l’établissement, contrôler les absences et réduire le
vandalisme. Mais les parents de ces élèves, n’ayant pas été consultés avant cette nouvelle
mesure, ont choisi de protester et d’attaquer le collège en justice.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
28
Cet exemple montre les limites que la puce RFID peut avoir en devenant un outil de tracking
important. Bien que les parents semblent prêts à surveiller personnellement leurs enfants en
installant des GPS et autres applications de traçage sur leur téléphone portable, ils ne paraissent
pas encore prêts à permettre à une institution de s’y mettre également.
Une nécessité contestable
Le premier bracelet électronique contenant une puce RFID a été posé à la cheville d’un nourrisson
en 2007, à l’hôpital intercommunal du Raincy‐Montfermeil (Seine‐Saint‐Denis), suite à deux
enlèvements survenus à la maternité. Pourtant, malgré ses apparentes qualités, seuls 63
établissements de santé dans le monde en étaient équipés en 2008, dont une dizaine seulement en
France. On peut s’interroger ici sur la véritable utilité de la RFID alors que le ratio annuel est assez
faible entre le nombre extrêmement faible d’enlèvements et les 800 000 naissances en moyenne
par an en France. Par ailleurs, l’intérêt de tels bracelets se pose dans des structures de taille
restreinte où le personnel est en nombre suffisant pour assurer la sécurité des nourrissons.
Aucun recul quant à sa nocivité
Paradoxalement, la RFID a profité de l’effort porté sur la traçabilité en même temps que se
généralisait le principe de précaution au lendemain de la crise sanitaire de la vache folle. Or, à
l’heure actuelle, aucune preuve scientifique n’a été apportée pour démontrer que les puces RFID
n’étaient pas nocives. Et qu’en est‐il de l’exposition de la santé du personnel qui travaille au
contact quotidien des ondes qu’elles dégagent quand celles‐ci sont autrement plus élevé ?
De même, ces puces fabriquées à base de silicium ne font l’objet d’aucune filière à l’étude en ce qui
concerne leur recyclage.
5 Solutions
La RFID est donc omniprésence et participe à bien des égards à nos modes de vie. Si ses apports
sont parfois contrebalancés par des pratiques douteuses qui émergent des possibilités inhérentes à
sa raison d’être, il n’en reste pas moins qu’on ne saurait s’en passer aujourd’hui, notamment parce
qu’elle est un atout pour l’avenir des entreprises. Il convient alors de rechercher le meilleur
équilibre possible entre le technologiquement faisable et le socialement acceptable. Ainsi, nous
vous proposons quelques pistes de réflexions sur les solutions à apporter.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
29
5.1 Le rôle des acteurs de la RFID
Dans une entreprise, vous pouvez avoir les meilleures machines à disposition, si vous n’avez pas les
hommes avec les bonnes compétences et les meilleures volontés pour les faire fonctionner, elles
ne serviront à rien. Il est en est de même en ce qui concerne la RFID. Les acteurs du secteur
industriels, entreprises clientes, instances de régulation, organismes privés ou étatiques, tous ont
un rôle à jouer, aussi bien pour le déploiement de la solution, que dans les recherches pour
l’innovation ou dans les moyens mis en œuvre pour limiter les usages abusifs.
Parmi eux, nous citerons en premier lieu les gouvernements nationaux à travers le GTI (Conseil
Général des Technologue de l’Information dépendant du ministère de l’industrie pour la France,
l’Union Européenne ; et les organisations intergouvernementales comme l’union internationale des
télécommunications (International Telecommunication Union ou ITU) ; la CNIL (Commission
Nationale de l’Informatique et des Libertés) chargée de « veiller à ce que l’informatique soit au
service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à
la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques », conformément à la loi informatique et
liberté ; les associations privées nationales et internationales telles que la FILRFID (Fédération des
industriels, intégrateurs, conseils et éditeurs de logiciels RFID), GS1, organisation mondiale
paritaire, qui a crée un laboratoire mobile pour la RFID dès 2005.
5.2 La protection des données
Le juridique
La loi française informatique et liberté rédigée en 1978 et modifié le 6 août 2004 pour répondre
aux directives européennes, oblige les utilisateurs de données personnelles à :
• Adopter des mesures de sécurité physiques (sécurité des locaux), logiques (sécurité des
systèmes d’information) et adaptées à la nature des données et aux risques présentés par
le traitement. Le non‐respect de l’obligation de sécurité est sanctionné de 5 ans
d'emprisonnement et de 300 000 € d'amende.
• Assurer la confidentialité des données. Seules les personnes autorisées peuvent accéder
aux données personnelles contenues dans un fichier. Il s’agit des destinataires
explicitement désignés pour en obtenir régulièrement communication et des «tiers
autorisés» ayant qualité pour les recevoir de façon ponctuelle et motivée (ex. : la police, le
fisc). La communication d’informations à des personnes non‐autorisées est punie de 5 ans
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
30
d'emprisonnement et de 300 000 € d'amende. La divulgation d’informations commise par
imprudence ou négligence est punie de 3 ans d'emprisonnement et de 100 000 €
d’amende.
• Limiter la durée de conservation des informations. Les données personnelles ont une date
de péremption. Le responsable d’un fichier fixe une durée de conservation raisonnable en
fonction de l’objectif du fichier. Le code pénal sanctionne la conservation des données
pour une durée supérieure à celle qui a été déclarée de 5 ans d'emprisonnement et de 300
000 € d'amende.
• Informer les personnes. Le responsable d’un fichier doit permettre aux personnes
concernées par des informations qu’il détient d'exercer pleinement leurs droits. Pour cela,
il doit leur communiquer : son identité, la finalité de son traitement, le caractère
obligatoire ou facultatif des réponses, les destinataires des informations, l’existence de
droits, les transmissions envisagées. Le refus ou l'entrave au bon exercice des droits des
personnes est puni de 1500 € par infraction constatée et 3 000 € en cas de récidive.
• Recevoir l'autorisation de la CNIL. Les traitements informatiques de données personnelles
qui présentent des risques particuliers d’atteinte aux droits et aux libertés doivent, avant
leur mise en œuvre, être soumis à l'autorisation de la CNIL. Le non‐accomplissement des
formalités auprès de la CNIL est sanctionné de 5 ans d'emprisonnement et 300 000 €
d'amende.
• Communiquer la finalité des traitements. Un fichier doit avoir un objectif précis. Les
informations exploitées dans un fichier doivent être cohérentes par rapport à son objectif.
Les informations ne peuvent pas être réutilisées de manière incompatible avec la finalité
pour laquelle elles ont été collectées. Tout détournement de finalité est passible de 5 ans
d'emprisonnement et de 300 000 € d'amende.
Ainsi, pour un consommateur, le simple fait de savoir si un produit est pourvu d’une puce RFID lui
permettrait de mieux appréhender cette technologie.
Par ailleurs, l’Union Européenne a décidé d’adopter en 2009 des recommandations visant à
garantir le respect de la vie privée avec des mesures telles que l’obligation d’apposer sur les
produits RFID une information claire, la mise en place d’un signe européen gage de sécurité et
qualité, ou la possibilité pour le consommateur de demander la désactivation de la puce.
Mais le cadre législatif ne saurait suffire sans une prise de conscience des utilisateurs. Aussi est‐il
nécessaire que les consommateurs connaissent l’existence des puces, leur rôle, leur implication
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
31
dans les usages quotidiens et les risques, ainsi, ils seront à même d’exercer leurs droits et de se
prémunir plus efficacement contre les usages indésirables de leurs données personnelles. De
même, il appartient aux marques de gagner la confiance des consommateurs en s’imposant un
fonctionnement éthique et en sécurisant les données qu’elles possèdent.
Au demeurant, bien que la somme de données collectées soit en perpétuelle hausse et permette
une identification de plus en plus précise des personnes, leur utilisation reste limitée. En effet, les
consommateurs, particulièrement concernés par les problématiques d’utilisation des données et
d’intrusion dans la vie privée, semblent favoriser une certaine frilosité des marques, d’autant plus
que les vides juridiques laissent les annonceurs sceptiques quant à leurs réels droits sur les
données.
Rendre inopérante la puce
La protection du consommateur et de l’usager pourrait être augmentée par des mesures de data
management consistant à neutraliser définitivement, soit de manière systématique, la solution est
alors à la charge du distributeur, soit par l’utilisateur qui devra alors disposé de moyens simples,
immédiats et gratuits pour désactiver la puce.
5.3 Les solutions en entreprise
Le recours à la prestation de service
Contracter la solution sous forme de service auprès d’un prestataire permet d’éviter
l’investissement pour les PME, celui est alors supporté par l’intégrateur qui propose une
facturation du matériel à l’usage. L’entreprise Bluelinea, qui officie auprès des établissements de
santé français, multiplie les solutions pour faciliter l’accès à cette technologie. Elle propose
notamment la location, d’un minimum de 3 ans, d’un « package » de bracelets électroniques,
remplacements et réparation inclus.
Maintenir la paix sociale dans l’entreprise
Dans le concept de l’entreprise pérenne, toute innovation technologique qui aboutit à une
réduction des effectifs est alors mal employée. Effectivement, ici le concept « lean » est envisagé
comme une respiration, c’est à dire comme une solution permettant de dégager du temps, de la
disponibilité pour l’amélioration continue d’un côté, et pour répondre aux imprévus que rencontre
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
32
toute entreprise de l’autre. Cette nouvelle manière de concevoir l’entreprise et la philosophie sur
laquelle elle s’appuie donnent une nouvelle dimension sociale et humaine à la RFID.
6 Deux cas d’applications de la technologie RFID
6.1 La technologie dans l’agro‐alimentaire : une application vertueuse
Particulièrement réglementé, le secteur agroalimentaire est a récemment traversé de nombreuses
crises et le consommateur final est devenu de plus en plus sensible quant à l’origine et à la
conservation des produits achetés. La sécurité alimentaire est devenue autant une exigence qu’une
obligation réglementaire. Ainsi la logistique de ce secteur doit impérativement faire preuve de
réactivité, de précision et surtout de transparence. On parle désormais de traçabilité « de la
fourche à la fourchette ».
Si la traçabilité logistique est la mise en place d’un dispositif préoccupant uniquement de suivre le
flux physique du produit , la traçabilité qualitative est un dispositif associant à la fois des
informations relatives au flux physique de produit et des informations supplémentaires sur le
produit lui‐même. Ces informations peuvent être, par exemple, la nature des ingrédients qui le
composent, la quantité, l’origine des matières premières, le lien entre des produits, des matières
premières, le produit fini, etc.
Dans l’industrie agroalimentaire, la traçabilité se définit donc comme « la capacité de retracer, à
travers toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution, le
cheminement d'une denrée alimentaire, d'un aliment pour animaux, d'un animal producteur de
denrées alimentaires ou d'une substance destinée à être incorporée ou susceptible d'être
incorporée dans une denrée alimentaire ou un aliment pour animaux. »
Depuis le 1er janvier 2005, la traçabilité des denrées alimentaires est devenue obligatoire (les pays
membres de l’Union Européenne doivent installer une traçabilité pour tous les produits ayant à
voir avec le contact humain).
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
33
Répartition des lois dans la chaine logistique agroalimentaire De part sa technologie et sa facilité de mise en œuvre, la RFID apparaît comme une solution
complète et possédant un niveau d’évolution en adéquation avec les besoins, en évolution
constante, de l’industrie agro‐alimentaire
6.1.1 Les enjeux d’une traçabilité optimum
• Enjeu sécuritaire, lié à la maîtrise des risques et la gestion des crises.
En terme de santé publique, une traçabilité généralisée aide les autorités à déterminer les causes
de contamination et à réduire le danger. La traçabilité peut également être de nature à limiter la
responsabilité de l’entreprise.
Elle peut en effet être considérée comme un effort d’organisation de celle‐ci permettant d’éviter
la mise sur le marché d’un produit défectueux.
• Enjeu économique, car l’entreprise doit suivre et respecter les évolutions des normes et de
tout en augmentant sa capacité concurrentielle à travers la garantie de qualité des ses
produit et du maintien de la confiance des consommateurs.
La traçabilité est un outil logistique qui permet d’assurer notamment une gestion efficace des
stocks et d’éviter à la fois un sur‐stockage ainsi que des ruptures de stocks.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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• ‐Enjeu de qualité car des produits vivants inclut une part de variabilité.
La maîtrise de la qualité passe entre autres par le choix et le suivi des fournisseurs, la qualité des
composants, le retrait rapide des produits défectueux, des causes de non‐conformité, le rappel des
produits, la rotation des stocks à partir des dates de péremption.
La traçabilité permet donc de suivre, à la fois, ses partenaires extérieurs, leurs fournisseurs et leurs
clients, et, de manière interne, d’assurer le suivi qualitatif des produits.
6.1.2 Normalisation et réglementation Le champ de la normalisation dans le secteur agro‐alimentaire s’est progressivement élargi,
épousant ainsi les attentes des industriels comme des consommateurs et des pouvoirs publics.
D’abord axée sur le contrôle qualité avec les méthodes d’analyse et spécifications de produits, la
normalisation fournit aujourd’hui, aussi bien des outils de référence par la normalisation des
bonnes pratiques de production et de transformation, que des instruments d’accompagnement de
la maîtrise de la sécurité alimentaire avec l’établissement de méthodologies en hygiène comme le
calcul de la durée de vie microbiologique des aliments.
Des normes ont été ainsi développées pour la filière bovine, puis pour la filière porcine et
maintenant par la réalisation d’un guide méthodologique (FD V01 02) destiné à accompagner
toutes les filières alimentaires qui souhaitent mettre en œuvre cette démarche.
Comme nous l’avons précédemment présentée, la traçabilité dans le secteur agro‐alimentaire
concerne toutes les étapes de la production à la distribution. Cette définition engendre donc un
certain nombre d’obligations pour les différents intervenants de la chaîne agroalimentaire :
• à qui ils achètent quoi et quand
• à qui ils vendent quoi et quand
• à assurer la filiation, c’est‐à‐dire à savoir comment à été éclaté une palette, où sont passés
les différents lots.
Ainsi, les industriels et distributeurs du secteur doivent :
• assurer un archivage des flux pendant 5 ans
• savoir restituer l’information dans un délai de 4heures
• assurer la traçabilité immédiate de l’étape précédente et suivante, la traçabilité totale
étant reconstituée par les Autorités.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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L’agroalimentaire compte parmi les premiers à avoir été abordé par la normalisation
internationale. Les systèmes de management de la traçabilité et de la sécurité alimentaire sont
aujourd’hui des enjeux majeurs pour la normalisation internationale.
6.1.3 Principes et problème de la traçabilité
Toutes entreprises manipulant des denrées alimentaires, des aliments pour animaux, des
substances destinées à être intégrées ou susceptibles d’être intégrées dans la fabrication de
denrées alimentaires ou d’aliments pour animaux, y compris les éleveurs d’animaux vivants
doivent :
• Identifier les fournisseurs de toutes denrées, produits, substances
• Identifier les clients professionnels par produit commercialisé
• Organiser un archivage des informations de traçabilité
• Être en mesure de fournir aux autorités les informations de traçabilité
Toute entreprise doit être en conformité avec les normes et règles, ce qui impose de :
Mettre en œuvre des process conformes à la réglementation
Contrôler à toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution le respect
des prescriptions de la législation en vigueur applicable à leur activité
Surveiller l’évolution de la réglementation applicable
Ne pas mettre sur le marché des produits suspectés dangereux ou non conformes.
Repérer les produits non destinés à être ingérés mais susceptibles de l’être et les soumettre aux
contrôles appropriés.
Toutes les entreprises de la filière d’alimentation humaine (et animale commercialisant des
aliments pour animaux à destination des particuliers) doivent assurer le suivi de leurs produits.
Impliquant de :
• Réaliser, dans tous les cas où cela est approprié, des essais par sondage sur les produits
commercialisés
• Fournir aux consommateurs les coordonnées du lieu où adresser leurs réclamations
comme également prévu par la directive CE 2000/13 relative à l’étiquetage des denrées
alimentaires.
• Mettre en œuvre des moyens suffisants pour examiner les réclamations des
consommateurs
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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• Archiver les réclamations de manière à pouvoir réaliser des croisements d’informations
6.1.4 Le recours à la RFID
Chaque acteur du secteur agroalimentaire doit donc :
• Identifier les marchandises réceptionnées, transformées et expédiées ainsi que les
fournisseurs, les produits livrés et les clients.
• Enregistrer les informations associées aux marchandises
• Pouvoir identifier et retirer du marché un produit fabriqué, transformé ou distribué.
L’acheminement des matières premières des produits finis ou semi‐finis est impacté par la gestion
des flux, particulièrement par la chaîne du froid et ce, que ce soit en amont ou en aval de la phase
de transformation. Tout le processus doit être contrôlé, et la parfaite maîtrise du processus de
gestion de la chaîne logistique est devenue un enjeu stratégique pour les entreprises.
En cas d’incident, la logistique agro‐alimentaire doit pouvoir remonter la chaîne pour réagir
rapidement, opérer les retraits ou prendre les mesures défensives qui s'imposent.
La traçabilité l'autorise, et la RFID permet aux entreprises de mettre en place des solutions offrant
une bonne visibilité des lots produits et limitant les impacts d’une crise sanitaire.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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Les emballages agroalimentaires font désormais l’objet d’une traçabilité, obligeant les fournisseurs
à prendre en compte la traçabilité de leurs produits.
L'étiquetage des produits alimentaires vise à garantir que les consommateurs disposent d'une
information complète sur le contenu et la composition de ces produits, afin de protéger leur santé
et leurs intérêts. D'autres informations peuvent renseigner sur une qualité particulière du produit,
comme l'origine ou la méthode de production. Certaines denrées alimentaires font de plus l'objet
d'une réglementation spécifique, comme les organismes génétiquement modifiés, les aliments
allergènes, les aliments destinés aux nourrissons ou encore diverses boissons. L'emballage est alors
un excellent support de ce message.
Les étiquettes RFID sont un élément essentiel pour la traçabilité des produits alimentaires. Elles
permettent un meilleur suivi des produits au cours de leur transport.
Couplées à des systèmes de contrôle de température, les étiquettes RFID permettent de mieux
déterminer les « ruptures » dans la chaîne du froid, les responsabilités des intervenants et de
prévenir automatiquement d'un événement pendant le transport.
Si la RFID est toujours majoritairement utilisée pour les supports de manutention et aux colis, la
baisse des coûts d’investissement permet à nombre d’entreprise d’étendre cette technologie
directement aux produits.
Ainsi, depuis de nombreuses années la RFID s’impose comme la solution logistique dans le secteur
agro‐alimentaire :
2005 Wal‐Mart exige de ses fournisseurs qu’ils remplacent les codes à barres par des puces électroniques RFID sur leurs palettes et colis. L’usine Pfizer d’Amboise, sort les premiers médicaments avec étiquettes RFID. 2006 Lancement par GS1 France des certifications d’outils Web‐EDI pour la traçabilité (outils destinés aux PME qui désirent recourir aux échange de données avec un minimum d’investissement). 2009 Les ministres de l’Union Européenne sont arrivés à un accord sur l’harmonisation de la réglementation utilisée en agroalimentaire, au sein de l’Union Européenne.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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6.1.5 Bilan Le secteur agro‐alimentaire est soumis à de nombreuses normes et réglementations, non
seulement imposées par le législateur, mais également par ses distributeurs.
Qualité, délais, coûts et respect des standards de traçabilité sont autant de règles imposées par les
distributeurs à leurs fournisseurs, et surtout lorsqu’il s'agit de producteur de marque de
distributeurs
Pour rester compétitives sur un marché concurrentiel, les industries agroalimentaires sont dans la
nécessité d’améliorer leurs performances logistique. En d’autres termes : améliorer l’efficacité de
leur organisation interne, de l’achat des matières premières à l’expédition des produits en passant
par les ateliers de production ou la gestion des stocks.
Pour y parvenir, il leur faut aujourd’hui rationaliser l’ensemble de la chaîne logistique et
développer des partenariats entre industriels et distributeurs. En effet, les entreprises se doivent
d’être à l’affût de toute évolution, anticiper chaque fois que possible et s’adapter rapidement.
En résumé le management de la Supply Chain agro‐alimentaire doit être performante.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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Cela leur permet de mieux distribuer leurs produits, de répondre aux besoins de leur clientèle, de
produire mieux, d’améliorer l’approvisionnement de leur réseau de distribution.
Les objectifs de l’identification RFID dans la chaîne de l’agro‐alimentaire sont donc principalement
de faciliter et d’augmenter les capacités à rassurer les consommateurs, garantir la santé publique
et rationaliser les chaînes d’approvisionnement.
6.2 De la logistique au marketing : les dangers de la RFID La technologie RFID, nous l’avons constaté, a plusieurs applications et est de plus en plus présente
dans la vie quotidienne des consommateurs. Logistiquement, cette technologie suscite un intérêt
marqué auprès des entreprises en raison de son efficacité opérationnelle et de la réduction des
coûts proposés.
Mais ce mode d’identification sans contact permet également de nouveaux développements.
Au‐delà de la diminution des coûts de gestion dans les entreprises, l’intérêt pour la technologie
RFID s’étend rapidement, et depuis quelques années, au marketing.
En effet, pour les marketeurs, les données sont le cœur de métier :
Pour effectuer des prévisions stables et mieux comprendre les attentes du client, le marketeur a
besoin d’informations chiffrées. En BtoB comme en BtoC, le marketing adore croiser des chiffres,
effectuer des statistiques en se basant sur le comportement des consommateurs.
Parce que la RFID permet d’enregistrer les actions, les habitudes et les déplacements des individus
elle représente un vecteur d’information fondamental pour les départements marketing des
entreprises.
En croisant des données avec l’âge, le sexe, la catégorie socio professionnelle des usagers, il est
possible de dresser des profils et catégories précises d’utilisateurs.
Ainsi les informations récoltées deviennent précieuses puisqu’elles peuvent déclencher des actions
marketing. De même, pour les annonceurs, elles servent de référence pour savoir si l’usager est
dans la cible. A titre d’exemple ces seules informations pourraient valorisent le tarif d’achat/jour
d’un panneau publicitaire dans des zones très empruntées.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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6.2.1 Principe marketing de la RFID
La RFID vient s’ajouter à de nombreux systèmes déjà existants, permettant de tracer à la fois les
mouvements mais aussi les activités de tout objet, vivant ou non. Pour une puce RFID, cela ne fait
pas de différence : elle communique les informations liées à l’objet sur lequel elle est posée, ainsi
que les informations qui ont été rentrées dans sa mémoire.
Pour la grande distribution, cette technologie représente un coût supplémentaire, par rapport au
code barre dont le prix est dérisoire. Mais, le prix des puces RFID ne cesse de baisser, même s’il est
encore loin d’atteindre celui du code barre. Mais certains distributeurs ont trouvé un réel intérêt
économique à utiliser la RFID au sein de leur démarche marketing.
En effet, la RFID permet de joindre ensemble les « points » qui mènent au contrôle total des
consommateurs. Beaucoup de points permettent dans la vie courante, de localiser et d’identifier
les gens. Ce sont le téléphone mobile, la carte à puces, le passe d’autoroute, etc.
La spécificité de la RFID est de relier tous ces points déjà existant entre eux. Elle rend donc encore
plus difficile le contrôle de tous ces phénomènes. Grâce aux puces RFID, on peut capter des
informations sans que le porteur de la puce n’ait à accomplir la moindre action. Passer une puce
RFID près d’un lecteur ne déclenche aucune action directe. L’action de passer se suffit à elle‐même.
Ainsi, au moment de l’encaissement, le nom du consommateur, le jour et l’heure d’achat sont
ajoutées dans la mémoire de la puce du produit. Indirectement, le consommateur peut être
identifié par le produit acheté.
Pour les entreprises, cela représente donc d’énormes intérêts marketing. La RFID permet de mieux
analyser le comportement des consommateurs. Ces données chiffrées permettent de connaitre les
actions et les comportements des clients afin de pouvoir prévoir au mieux leurs attentes.
Exemple d’utilisation marketing par la RFID
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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6.2.2 Les enjeux marketing de la traçabilité RFID
Pour les commerçants, les puces RFID permettent d’améliorer la gestion de l’inventaire, de
prévenir les erreurs administratives et de manutention, les contrefaçons et les vols et aideront à
réduire les pertes. Il est évident, d’un point de vue de gestion de l’inventaire, que les industries ont
beaucoup à gagner de cette technologie. C’est pourquoi la compagnie
De plus cette technologie devient également une source inépuisable d’information pour les
commerçants sur les habitudes de consommation de leurs clientèles.
Les commerçants, par le marketing, visent à mieux connaître les habitudes de consommation dans
le but de mieux servir leur clientèle, mais aussi dans le but d’accroître la valeur de leur panier
d’achat. La technologie des puces RFID permet justement d’augmenter cette connaissance à
moindre coût et à l’insu des consommateurs.
Contrairement aux programmes de fidélisation où le consommateur est au fait de la cueillette de
données puisqu’il les fournit volontairement et où le gestionnaire demande l’autorisation au
consommateur en vue de l’utilisation de ces données, l’utilisation de la technologie des puces RFID
permet la recueillement et l’utilisation des données personnelles encore plus complètes alors
même que le consommateur ignore totalement que la collecte a eu lieu.
De ce fait, le consommateur n’est en mesure de s’opposer ni à la collecte, ni à l’utilisation, ni au
partage des données. Les puces RFID s’introduisent à l’insu des consommateurs jusque dans leur
domicile et sont potentiellement susceptibles d’émettre des informations personnelles sur leurs
habitudes de consommation.
Le Consumers Against Supermarket Privacy Invasion and Numbering (CASPIAN), un organisme
américain de défense des droits des consommateurs, met en garde contre les croisements
d’utilisation des puces RFID.
6.2.3 Le cas BENETTON
Le déploiement de la technologie RFID dans une multitude d’applications soulève parfois des
appréhensions. Bien que les puces contiennent généralement des informations sur un produit
(format, couleur, date de fabrication et autres) et non sur un individu, il y a tout de même des
risques potentiels d’atteinte aux droits de l’individu puisque ce dernier n’a pas de contrôle sur la
technologie RFID.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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Exemple d’un tag RFID (EPC) dans l’industrie du vêtement
Ainsi en 2003, pour améliorer sa gestion des stocks, Benetton avait choisi de mettre en place la
technologie RFID du carton partant de l’entrepôt jusqu’à l’étiquette et la doublure du vêtement
mis en vente.
Toutes les informations utiles pouvaient être contenues dans un tag RFID permettant :
• Une gestion des stocks optimisée
• Des prévisions de ventes facilitées
• La simplification des retours et réapprovisionnements
• Une meilleure prévention contre les vols et les contrefaçons
Cependant, faute de réglementation, les tags utilisés pouvaient continuer à stocker ces
informations même après la sortie du magasin. La puce RFID pouvait donc potentiellement
continuer à récolter des informations sur le consommateur, à son insu.
Benetton a donc dû faire marche arrière face un mouvement général des association de
consommateurs et de la CASPIAN.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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Page d’accueil du site regroupant les plaintes contre BENETTON (www.boycottbenetton.com)
Cette première réaction de masse des consommateurs eut pour conséquences un élargissement de
la méfiance vis à vis de le généralisation de la technologie RFID
A titre d’exemple, IBM, lors du développement de sa solution RFID a du mettre en place un « pôle
de conseil pour le respect de la confidentialité des données RFID » afin d’éviter des contestations
et s’assurer du bon déroulement éthique de l’opération.
L’enseigne Metro connu le même problème au travers des création de comités de défense des
droits privés s’inquiétant de l’impact des cartes de fidélité RFID sur la protection de la vie privée.
L’enseigne a finit par retirer de la circulation ses cartes de fidélité équipées de la technologie RFID.
Et ce, malgré le faible risque représenté.
6.2.4 Bilan
La technologie permettant l’utilisation des puces RFID poursuit son envol. Elle permettra, à terme,
de mettre sur pied des banques de données à partir desquelles l’analyse des habitudes de
consommation de la clientèle pourrait entraîner un pouvoir incalculable pour les gestionnaires des
programmes de marketing.
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
44
De ce fait la technologie RFID jumelée aux programmes de fidélisation permettra d’identifier
encore plus facilement et plus précisément les habitudes de consommation de la clientèle Selon
plusieurs experts les puces ne remplaceront probablement pas les programmes de fidélisation,
mais elles seront une nouvelle source d’acquisition de données personnelles.
Cependant la venue de cette technologie, au delà de la simple logistique des flux, soulève plusieurs
réactions des organismes de défense des droits des consommateurs. Du point de vue de la
protection des renseignements personnels, la RFID soulève des questionnements pour lesquels il
n’y a actuellement aucune réponse complète.
Pour sa part, la CNIL exerce une vigie à l’égard de l’évolution de cette technologie. A court terme
des éléments de réflexion devraient conduire à l’établissement de normes ou de règles plus
précises d’utilisation.
Mais si la RFID représente réel enjeu en marketing, ce mode de collecte d’information effraie les
consommateurs et peut ternir l’image d’une marque ou d’un groupe. Le consommateur considère
que cette technologie appliquée au marketing est une atteinte à la vie privée. Il refuse de se sentir
perpétuellement espionné.
Pour le moment, à l’instar du cas BENETTON, la majorité des marques ou enseignes craignent alors
qu’il n’y ait un rejet de cette technologie encore jugée trop intrusive.
Ainsi le rejet de l’utilisation marketing de la RFID vient des marques, mais à cause des
consommateurs.
7 Conclusion
La technologie RFID offre de grandes possibilités en matière de traçabilité aux entreprises. Cette
notion, plus que jamais incontournable depuis les grandes crises sanitaires de la fin du siècle
dernier, apporte davantage que la simple garantie d’un produit conforme en tout point grâce au
potentiel issu de l’innovation technologique qu’est la RFID.
Dans les faits, la solution RFID engendre de réels gains de productivité par la facilitation qu’elle
apporte en réception dans les entrepôts, de considérables économies en matière de frais de
stockage, elle accélère les flux en production et permet une meilleure disponibilité du produit à la
vente. En cela, la RFID est créatrice de valeur ajoutée pour les entreprises.
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Sa plus grande précision et sa meilleure sécurité en font une plate‐forme d'acquisition de données
idéale pour les secteurs de la santé, de la pharmacie, de l’agro‐alimentaire, de la logistique et de la
distribution pour ne citer qu’eux.
Du côté du public, cette technologie a envahi notre quotidien. De la carte de transport en passant
par les moyens de paiement de nos courses dans les hypermarchés, elle débarquera bientôt dans
les réfrigérateurs qui seront alors capables de reconnaître automatiquement les produits qu’ils
contiennent, leurs nombres, et les dates de péremption. En temps réel, les industriels connaîtront
ainsi les variations de consommations, les tendances par régions, l'historique de leurs produits et
notre façon de consommer.
Parce qu’elle est discrète, la RFID est insidieuse, elle est omniprésente dans notre quotidien et se
pose alors le problème de l’intrusion dans notre vie privée. La crainte de l’utilisation des données
récoltées via la technologie RFID à des fins mercantiles engendre un sentiment de rejet à son
égard. Il convient donc de contrôler ce système, aussi bien juridiquement que techniquement pour
garantir son fonctionnement pérenne et son adoption par le grand public.
Telle est la mission de la CNIL à travers la loi informatique et liberté, mais les industriels et les
entreprises ont aussi un rôle à jouer. D’abord en développant des solutions techniques pour rendre
la puce inopérante, et donc rassurante aux yeux des utilisateurs, mais aussi en s’appliquant un
code de conduite éthique et socialement acceptable, non seulement à l’égard de l’utilisation des
données qu’ils récupèrent, mes également sur le respect de la place de l’humain à l’intérieur même
de leur entreprise.
Le consommateur est lui‐même engagé dans ce paradoxe, dans le sens où il devra peser le pour le
contre entre les bienfaits d’une telle technologie et ses contraintes. Comme d’autres technologies
telles que Facebook ou Internet qui suscitaient à leurs débuts de nombreuses craintes et
interrogations, la RFID, en se démocratisant et en se faisant connaître du grand public devrait être
perçue plus positivement. L’utilisateur, en étant informé, éduqué aux tenants et aux aboutissants
de la RFID, devrait pouvoir mieux accepter cette technologie dont il contrôlera les contours, voire il
l’adoptera complètement.
Finalement, l’avenir des technologies telles que la RFID appartient à chacun, tout dépend des
usages que nous voudrons bien en faire. De nouvelles innovations se présenteront à nous, encore
plus performantes, et davantage inquiétantes. Mais quel qu’en soit la mesure, les nouvelles
technologies fonctionnent seulement si les usages suivent.
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8 Bibliographie
Entretien
Entretien avec M. Nicolas Forissier, député de l’Indre, ancien Secrétaire d’Etat à l’agriculture et l’alimentation
Bibliographie
La logistique globale et le supply chain management. DORNIER et FENDER ‐ 2007 La traçabilité. Thierry Cambrésy ‐2004 Traçabilité et responsabilité, Pedrot Philippe ‐ 2003
Les marques aiment votre vie privée, Sophie Peters ‐ 2007, Les Echos La RFID quelles menaces, quelles opportunités ?, Georget, Alberganti ‐ 2008 le supermarché de demain s’invente à Düsseldorf, Guérin JY, Le Figaro Entreprises ‐ 2004
La distribution organisation & stratégie, Filser , Des Garets , Paché ‐ 2001 Proposition d’un environnement d’évaluation pour la mise en oeuvre d’un pilotage par le produit. Pannequin., Thomas, Morel ‐2009
Trimestriel « La lettre EMERIT (Expériences de Médiation et d'Évaluation dans la Recherche et l'Innovation Technologique) » n°48 RFID UNIVERSITY : Salon RFID 23‐26 mars 2010, par Claude Tételin « RFID XY de la normalisation »
Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie – Mars 2007, « Déploiement de solutions RFID. Bonnes pratiques pour mener à bien un projet ». DESS : Droits du multimédia et de l’informatique – Octobre 2004, par Xavier Lemarteleur
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News letter SCM – mai 2007 « Un ROI «spectaculaire pour la RFID » News letter SCM – septembre 2009 « Notions de base pour l’industrie manufacturière » Direction générale des entreprises – « RFID pour l’identification des objets : enjeu x et erreurs »
Sondage BVA – Octobre 2005 « La RFID et vous : les projets réels des entreprises agroalimentaires en matière de RFID » La lettre EMERIT N°48– 4° trimestre 2006 « Les enjeux sociétaux des technologies convergentes »
Traçabilité, le paradoxe de la solution RFID
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Supply Chain magazine
N° 2 – Février 2006, Tribune « Chefs de projet RFID : pénurie en vue » N°7 – Septembre 2006, Dossier RFID « RFID : Peut‐on encore y croire ? » N°8 – Octobre 2006, Tribune « Code 2D : Des perspectives étonnantes » N°14 – Avril 2007, Tribune « Les nouvelles générations de tags RFID actifs » N°15 – Mai 2007, Retour d’expérience « La RFID en boucle semi‐ouverte » N°22 – Mars 2008, Tribune « Vers une utilisation de la technologie » N°29 – Novembre 2008, Dossier RFID « Et si cette fois c’était vrai ? » N°58 – Octobre 2011, Dossier Traçabilité « De drôles de machines à scruter les flux »
Internet
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