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ditoLa droite, cest moi
La presse est remplie danecdotes sur les oppositions qui existent dj dans le nouvel tat-
major de lUMP. Le face face entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez promet
beaucoup, au-del de la guerre des bureaux ! Mais, l analyse de lorganigramme complet mon-
tre les doublons dans les responsabilits grosses de rivalits venir.
Mais, ces historiettes nont de lintrt seulement que pour ce quelles signifient. Nicolas Sarkozy
a voulu montrer quil pouvait rassembler autour de lui les diffrentes personnalits, quelles
que soient les contradictions entre les options politiques. Or, elles sont fortes, et vont dun po-
pulisme autoritaire un libralisme europiste. Mais, ce nest pas le souci de la ligne politique
qui anime le nouveau prsident dune UMP appele disparatre en tant que telle. Sa volont
est de privilgier sa personne. Elle est den faire le seul ciment de la droite. Alors, importent
peu les contradictions dans sa direction. Elles amneront une comptition dont lui seul sera
larbitre.
On retrouve l une tradition de la droite franaise organise autour du culte du chef. Sil fallait
trouver une rfrence historique, cest, tout prendre, celle du Rassemblement du peuple fran-
ais (RPF), quavait cr, autour de sa seule personne, le Gnral de Gaulle, en 1945, rassem-
blement htroclite, la finalit de mettre bas la IVme Rpublique, qui en tait venu recycler
danciens partisans du rgime de Vichy. Il y a, bien sr, des diffrences. Ctait De gaulle, dans
sa priode factieuse, il est vrai, il sagit aujourdhui de Nicolas Sarkozy. Et, il y a des rivaux qui
contestent son ambition prsidentielle, au premier rang desquels Alain Jupp, mais non le
seul. De Gaulle ne lavait pas support et avait prfr saborder son mouvement, plutt que
de tolrer que saffirment des personnalits fortes Jacques Soustelle, notamment.
Nous verrons ce quil en sera. LUMP, avec un nouveau nom, toutes les chances de demeurer
un contenant sans contenu dtermin. La manire dont Nicolas Sarkozy a procd dans sacampagne interne en dit dj long. Selon les moments, il a coll ce quil voyait tre les at-
tentes, les frustrations, les colres de son lectorat militant. Et, quimporte les contradictions !
Qui se souvient quil avait commenc par laffirmation quil voulait dpasser le clivage
gauche-droite ? En revanche, il a termin sur les thmes de la droite profonde , stigmati-
sant particulirement limmigration. Il en sera, de mme, avec le pays. Lopportunisme lectoral
dictera sa loi.
Alain BERGOUNIOUX
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16 dcembrei 2014
n 50
dit par la celluleVeille et Ripostedu Parti sociali ste
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Alain Jupp ou la trajectoire dunconservateur assum.
Alain Jupp est souvent prsent, actuellement
dans les mdias, et chez les observateurs de la viepolitique, comme la solution miracle pour ladroite, et notamment l'UMP, dans la perspective del'lection prsidentielle de 2017. Il incarnerait,ainsi, la stratgie la plus acceptable de reconqutedu pouvoir par la droite. Certains voquent mmeune sorte d'alternance "douce".
Lhomme du RPR. Dans ce climat, il parait utile derappeler un certain nombre de donnes histo-riques propos de la longue carrire de cethomme de droite, qui a t nomm quatre fois mi-nistre, dont une fois Premier ministre, et qui aexerc des responsabili-ts gouvernementalesminentes dans desquipes trs droite,pendant plus de sept an-nes, au total.Le maire de Bordeaux acommenc sa carrirepolitique au titre deproche conseiller deJacques Chirac, au curdes annes 70. Il a donc
jou un rle discret -puisque sans mandatlectif -, mais non ngli-geable dans la fonda-tion du RPR, endcembre 1976, et dansla marginalisation dfi-nitive au plan national,des gaullistes histo-riques et, en particulier,du premier d'entreeux, Jacques Chaban-Delmas.Directeur adjoint de la premire campagne prsi-dentielle de Jacques Chirac, au printemps 1981, ilaccde un premier mandat lectif, en mars 1983,en tant qu'adjoint aux Finances du maire de Paris,Jacques Chirac. Il se trouve, ainsi, au centre de l'tatRPR, et, par consquent, ml de trs prs aux af-faires "d'emplois fictifs de la Ville", qui finiront parlatteindre, quelques dcennies plus tard.En 1986, il devient ministre du Budget auprsd'Edouard Balladur, ministre des Finances et des
Privatisations. Il se comporte, alors, en pilier de la
mise en place des "noyaux durs", constitus finde rinstaller le capitalisme bancaire et industrielfranais dans ses meubles, aprs l'application deslois de nationalisations des annes 1981-1982.Il dcide de la suppression de lImpt sur lesGrandes Fortunes. Ce qui cotera, dans son am-pleur, la dfaite de ce mme Jacques Chirac llec-tion prsidentielle de 1988. Il est ainsi, avecquelques-uns, l'origine du premier grand "viragelibral" de la droite.En 1993, il accde au Quai d'Orsay, et se montreomniprsent dans la violente bataille qui opposeJacques Chirac, son mentor, Edouard Balladur,
pour la conqute de l'ly-se.
Un Premier ministreimbu de lui-mme.En 1995, il est nommPremier ministre parJacques Chirac. Il prsenteson plan de rforme de laScurit sociale, le 15 no-vembre suivant, sans lamoindre concertation
avec les organisationssyndicales. Cette initiativesuscite un profond mou-vement populaire etsyndical de rejet. A telle en-seigne qu'il est contraintde renoncer l'essentieldu dispositif, un mois plustard. De cet chec retentis-sant, il ne se relvera ja-mais vraiment, en tantque chef du gouverne-ment. Ce grave faux pas le
conduira rclamer, dix-huit mois plus tard, une dis-solution de l'Assemble nationale, aussi incompr-hensible qu'improvise.Cette consultation lectorale provoquera la dfaite deson gouvernement. A tel point quAlain Jupp an-noncera ds le lendemain du premier tour de scrutin,sa dmission programme, sans attendre le rsultatdu second. Cette dcision prise en catastrophe, n'em-pchera pas la nette victoire de la gauche "plurielle",le 1erjuin 1997, sous l'gide de Lionel Jospin.
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Alain Jupp a commenc sacarrire politique comme
proche conseiller de JacquesChirac, au cur des annes
70. Il a donc jou un rlediscret - puisque sans
mandat lectif -, mais non
ngligeable dans la fondationdu RPR, en dcembre 1976,et dans la marginalisationdfinitive au plan national,des gaullistes historiques
et, en particulier,du premier d'entre eux,
Jacques Chaban-Delmas.
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trouver limine du deuxime tour de l'lectionprsidentielle, en raison de la pousse lectoraledu FN et de la monte de l'abstention, qui pnalised'abord les partis de gouvernement. Le tripartismeest l. Il ne s'agit pas d'un accident de parcourss'expliquant par la faible mobilisation tradition-nelle des Franais, lors de ce type de scrutin.Dans ces conditions, pour Alain Jupp, il faut ras-
sembler le centre et la droite, pour avoir la certi-tude d'arriver en tte du premier tour de scrutinprsidentiel, et donc, pour gagner l'chance lec-torale majeure de la vie politique.Cette prise de conscience, trs pragmatique, en-traine plusieurs consquences politiques. D'abord,l'organisation de "primaires ouvertes" l'UMP, cequi pose un problme une formation politiquepeu adapte au dbat dmocratique, quand ils'agit de l'essentiel. Ensuite, assumer une prise dedistance avec les thmes politiques et socitauxde Nicolas Sarkozy, qu'il s'agisse de l'immigration,
de la notion d'identit, ou de la rduction des am-bitions de la construction europenne.Le primat de l'identit est ainsi progressivement
effac du discours de l'ancien Premier ministre deJacques Chirac, au profit d'un discours plus lisseet plus convenu. Enfin, Alain Jupp en vient r-cuser le "ni ni"lectoral, en cas de deuxime tourmettant aux prises une candidature d'extrmedroite et une candidature de gauche, stratgie qu'ilavait pourtant cautionne par son silence, en juin2012, lors des lections lgislatives. Il est vrai qu'il
ne s'tait pas donn la peine d'tre candidat cetteoccasion, sans doute chaud par sa dconvenuelectorale subie en juin 2007, face MichleDelaunay.En fait, le candidat Alain Jupp reste fidle sonengagement initial. Celui d'un conservateur af-firm, soucieux d'appliquer une vision "nolib-rale" dans le domaine conomique et social, sansla moindre volont de concertation avec les par-ties prenantes et, notamment, les organisationssyndicales. Bref, un conservateur persuad d'avoirraison, et d'avoir toujours eu raison
Michel BORDELOUP
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DCRYPTAGE & DBATS
A quoi attribuez-vous la tendance de cer-tains villages proches des mtropoles setransformer en clubs rsidentiels ?
Le rapport lenvironnement rsidentielvolue selon une tendance internationale.Ce rapport devient de plus en plus utilitaireet perd sa dimension politique. Auparavant,
on sinterrogeait sur la nature des liensavec son voisinage, dans la perspectivede projets communs. On naissait dansun lieu dans lequel on avait vocation demeurer, entour de personnes quintaient pas seulement des voisins, maisaussi des amis, des parents, des collgues.Dans les annes 1960, le village rural secomposait de personnes ayant des posi-tions sociales trs diverses - du notable
au sans-terre - et la question centrale taitcelle du vivre ensemble. Comment par-tager les ressources communes, par exem-ple ?Depuis, la situation a chang et les gensse proccupent plus de lutilit de leur lieudhabitation. Ils choisissent un quartier,
parce quil rpond leurs besoins, quilleur offre un cadre de vie agrable et desatouts, en termes demploi et de transports.Lenvironnement social pse galementdans leurs critres de slection. Lcono-miste, Benot Filippi, a montr ainsi queles valeurs immobilires, en Ile-de-France,y sont intimement lies, en sus du cotdu logement et de laccs lemploi. Bienvidemment, ils choisissent leur lieu de
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Eric Charmesest chercheur en sciences socialesappliques lurbain. Il est directeurdu laboratoire Recherchesinterdisciplinaires ville, espace,socit (RIVES) lcole nationaledes travaux publics dtat (ENTPE),universit de Lyon, UMR CNRS 5600EVS. Il travaille, notamment, sur lerapport lespace rsidentiel descitadins, les espaces publics et la
priurbanisation. Il est lauteurde La Ville miette. Essai sur laclubbisation de la vie urbaine(PUF, 2011).
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rsidence en fonction de contraintes co-nomiques et de leur niveau de vie. Lesplus riches disposent de marges de ma-nuvre qui ne sont pas celles des cat-gories les plus dfavorises.
Quentendez-vous au juste par clubbisa-tion ?
La clubbisation exprime ce change-ment du rapport au territoire local, cepassage dune logique politique unelogique conomique qui se traduit, concr-tement, par la transformation des com-munauts locales en clubs rsidentiels.Un club est un groupe social o lide dupartage de biens et services est lhorizonrgulateur.Cette logique pr-vaut dans de nom-breux contextes.
Elle sincarne, en-dehors de nosfrontires, sous laforme de copro-prits rsiden-tielles, souvent fer-mes. charge,pour les rsidants,de sacquitter dundroit dentre, avecla location oulachat du bien immobilier, puis, dunecotisation annuelle, au travers des charges
de coproprit. Et de pouvoir disposer,ainsi, de services communs : piscine,cole prive, socit de scurit Le Brsilet les Etats-Unis sont familiers de cespratiques. Dans le premier cas de figure,la violence est un facteur explicatif majeur,mais plus profondment, la question estcelle de la jouissance exclusive de bienset de services locaux. Les gated com-munities expriment visuellement et demanire frappante la logique de club-bisation .
En France, les cltures visent surtout desensembles rsidentiels de taille modeste.Le phnomne reste limit. Tant et sibien quon ne peut parler de villes prives . En revanche, on observe laclubbisation des petites communes vil-lageoises devenues priurbaines. Ces tiers espaces forment un mixte entrelurbain et le rural. 1400 des 1 800 com-munes qui parsment laire urbaine fran-cilienne sont priurbaines - au sens de
lINSEE. Et parmi elles, 85 % ont moinsde 2 000 habitants. Compte tenu de cettepetite taille, ces communes constituentun vritable terreau pour laffirmationdes logiques rsidentielles. Beaucoup enviennent jouer un rle quivalent celui des coproprits rsidentielles.
Lgosme et lentre soi sont-ils dsor-mais la norme au sein des zones priur-baines ?
Ce phnomne nest pas exclusivementpriurbain, mme si, de par sa configu-ration, sa morphologie et son organisa-tion, lentre-soi y trouve une expressionspcifique. Dans un article intitul Le
priurbain, France durepli ? (1), nous souli-gnons la part dgosmequi svit sur ces terri-
toires et peut se traduirepar une forme ding-nierie locale, consistant construire des habitatssociaux pour y loger lesenfants des habitantsou des employs mri-tants. Cest la version lo-cale de La France auxFranais . En mmetemps, nous montrons
quen matire de rapport lautre, le p-riurbain nest pas fondamentalement
diffrent des autres territoires.Dans cette tude, nous nous sommeslivrs une analyse des comportementsdes habitants de Chteaufort, dans lesYvelines. Cette commune de 1 400 habi-tants, en bordure du plateau de Saclay,est lune des mieux situes du priurbainfrancilien, proximit de Versailles. Leslves y ont accs aux meilleures coles.La logique de club y est prdominante.Ceci tant, en comparant les discourssur la diffrence , lautre , autrui
entre les rsidants de Chteaufort et ceuxdu neuvime arrondissement, Paris,o vivent, dun ct comme de lautre,des catgories aises, on ne peroit pasde diffrences aussi marques que cer-tains lattendraient. Les discours de rejetsont, en effet, trs prsents dans le neu-vime. Trs ancrs dans leur quartier, oils privilgient la marche pied, les ha-bitants du neuvime arrondissementsaventurent peu en banlieue. Ds lors
Il est difficile de dire que
certains sont replis sur lentre-soi, ferms toute exprience
de laltrit, quand dautresseraient ouverts sur le mondeet plus tolrants. La ralit est
plus complexe.
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quils sont appels quitter la capitale, ilsprennent la voiture, le train ou lavion. Labanlieue est, pour eux, un no mansland o vivent des jeunes capuche ,dans des zones de non droit . Le dcorest bien diffrent Chteaufort o les m-nages aiss ont une exprience plusconcrte des banlieues dont on parle.
Certains prennent le RER tous les jours etont une toute autre vision de lenvironne-ment dans lequel ils vivent. Cet exemplesuffit montrer le caractre problmatiquedes discours qui font du priurbain lespacedu rejet de lautre quand les centres seraientles lieux de lexprience de la diffrence. Ilest difficile de dire que certains sont replissur lentre-soi, ferms toute expriencede laltrit, quanddautres seraient ou-verts sur le monde et
plus tolrants. La ra-lit est plus complexe.Prenons garde de nepas alimenter lideselon laquelle loptiondes centre-villes r-sulterait dun choixpositif et valoris,quand celle du p-riurbain serait subie.
Faut-il sinquiter desconsquences thiques
dun tel repli ?Jacques Lv y a r-pondu larticle que Lydie Launay, St-phanie Vermeersch et moi-mme avonsrdig. Pour lui, effectivement, notre analysefait fi des consquences thiques de lavie, dans un quartier peupl de personnessemblables soi. Il exprime l le critremoral dominant qui veut que les gens vi-vent dans un environnement social di-versifi. Je ne suis pas certain, pour mapart, quil soit toujours pertinent de sac-
crocher cette ide. Lexprience de la di-versit peut tre trs enrichissante et beau-coup la recherchent, commencer parles gentrifieurs. En mme temps, la viedans la grande mtropole est constituede cercles sociaux souvent trs spcialiss.Et cette hyperspcialisation est, autantque la diversit, source de richesse, danstous les sens du terme. En tout cas, laspcialisation sociale des quartiers, quinest jamais totale, soit dit en passant, est
partie intgrante de la vie mtropolitaine.En mme temps, la mixit sociale, lchelledun immeuble ou dun quartier, na pastoujours des effets thiques positifs pourles personnes qui lexprimentent. Lorsquilnest pas dsir, le ctoiement peut ali-menter des tensions qui, loin de favoriserle vivre-ensemble , peuvent engendrer
un rejet.Enfin, pour apprcier lexprience de ladiversit, il ne faut pas se contenter dob-server ce qui se passe autour du lieu dha-bitation, il faut aussi prendre en consid-ration la mobilit quotidienne. Comme jeviens de le dire, celle-ci marque une diff-rence sensible entre la commune de Ch-teaufort et le neuvime arrondissement
de Paris. Les habi-tants de ce derniersortent moins de leur
quartier que les ha-bitants de Chteau-fort qui travaillent etvivent une chellebeaucoup plus large.Lentre soi y est certesdvelopp, mais ilnest quune partie delexprience quoti-dienne et du vcu, etla diversit sociale ex-primente au coursde la journe peut
tre beaucoup plusimportante qu Paris.
Au fond, la question fondamentale nest-ellepas celle de la solidarit ?
Absolument. Elle reste dailleurs intime-ment lie lide mme de redistribution.Et, en la matire, la spcialisation socialedes territoires des mtropoles est peut-tre moins le problme que la solution.Les banlieues rouges, autrefois organisesautour de ples rigs en bastions du
Parti communiste, avec des lieux de sp-cialisation sociale trs forte, avaient pourvocation de dfendre la cause ouvrire.Aujourdhui, les populations modestesrsident dans des quartiers que lon regardecomme des pathologies urbaines. Ne fau-drait-il pas changer de perspective ? Endautres termes, les politiques de norma-lisation mises en uvre par lANRU etltat sont-elles en capacit de faire mergerdes forces reprsentatives de ces quartiers,
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La vie dans la grande
mtropole est constitue decercles sociaux souvent trs
spcialiss. Et cettehyperspcialisation est, autant
que la diversit, source derichesse, dans tous les sens duterme. Cette volont dhabiteravec des personnes qui vous
ressemblent.
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contre les ingalits sociales qui en rsultent ?Je crois dans la reprsentation, en favori-sant lmergence de forces politiques nou-velles. Il faut crer les conditions dune re-prsentation globale du territoire, au mo-ment o celui-ci est soumis une recom-position gographique. Pour ce quiconcerne la France priphrique et p-
riurbaine, il me parat important de sap-puyer sur des reprsentants politiquesdignes de ce nom. Les mtropoles ontbeaucoup avanc dans la structurationde leur capacit dagir et dans la constitu-tion despaces de dbat politique, leurchelle. Reste faire le travail pour les au-tres territoires. Le dpartement pourraitici jouer un rle dterminant. Relais tradi-tionnel des territoires ruraux , il pourrait
porter la voix des territoires priphriqueset priurbains. Le conseiller territorial pour-rait tout fait tre le reprsentant de lacommunaut de communes. En tout cas,les espaces ruraux et priurbains, et lescouches populaires qui les occupent, doi-vent trouver un cho auprs des respon-sables politique, et pouvoir se faire entendre
ct des mtropoles. Sans doutesommes-nous devenus un peu trop ur-bano-centrs . Sans nier limportancedes mtropoles, il faut permettre auxautres territoires dexister.
Propos recueillis par Bruno Tranchant
(1) Le priurbain, France du repli ? Eric Charmes,Lydie Launay et Stphanie Vermeersch, mai 2013.
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Le Front national na pas encore atteint le statutde parti de gouvernement, mais la stratgie deformation des cadres et la bataille des idessont dsormais engages. Avec la volont, clai-rement affiche, par Marine Le Pen et sonmentor, Florian Philippot, de sortir dunelogique centre sur les thmes de limmigra-tion, de lautorit et de leurophobie. Et dinvestirles champs social, socital et conomique pourgagner en crdibilit et sassurer ainsi dunrepositionnement idologique, en prvision deslections de 2015 et 2017.La ficelle est un peu grosse, mais elle peut pren-dre auprs dun lectorat dboussol etpotentiellement sduit par ce repositionnement
stratgique. Flanque dunenouvelle gnration dlitesissues du srail mgret-tiste, la prsidente du FNfourbit ainsi ses armes, encombinant expertises, ana-lyses socitales etstatistiques. Avec lambi-tion, clairement affirme,de tourner la page nolib-rale et reaganienne desannes 1980, au profit dunnational-protectionnisme,dont la sortie de leuro et delUnion europenne est lin-dispensable condition.
Ddiabolisation. Cette muta-tion politique, fonde sur le repli national et lerefus de laustrit, fonde sa russite sur lla persis-tance des effets de la crise, le discrdit desexcutifs, de gauche comme de droite, et la mon-te de lidologie dcliniste. Un terreau fertile !Sensuit la mise en uvre dune plate-formeprogrammatique qui emprunte beaucoup au
registre de la gauche, autour de la dfense deltat stratge, des services publics, de la pro-gressivit fiscale, ou bien encore des petitesretraites et du contrle des prix. Jusqu laffir-mation de la dfense du principe de lacit quisert ici clairement de masque lislamophobie.Mais, la ralit est toute autre. Cette radicalitidologique , selon les propres termes de GillesIvaldi, chercheur en sociologie au CNRS, contre-vient aux mcanismes fondamentaux qui
prsident une dmocratie sociale digne de cenom. Sans compter que le populisme viscralde Marine Le Pen et ses troupes lui aline defacto lites et partenaires sociaux, en sus desdcideurs conomiques.La cration de think tanks et de collectifs pr-sents comme des cercles de rflexion participede cette opration de conqute. Elle met surtoutle parti frontiste en contact avec des reprsen-tants de la socit civile o il est peu reprsent.Do un florilge de collectifs - Racine, Rassem-blement Bleu Marine, Audace - rassemblantdes enseignants, des tudiants ou de jeunesactifs, dont lambition est de s enqurir une visi-bilit et une lgitimit, en se distinguant du FN
historique. La prospec-tion et lappropriation deterrains smantiques etpolitiques associent leparti de Marine Le Pensur diverses thma-tiques et vitent sesadhrents de sencartersystmatiquement auFN , rsume lhisto-rienne Valrie Igounet.
Stratgie de conqute.Lobjectif est clair : attirerdes personnalits ext-rieures, issues de cercleset de formations poli-tiques diffrents au parti,
en les convaincant de laptitude de Marine LePen et de ses lieutenants assurer lalternance.En sa qualit de dlgu gnral du FN de 1989 1998, Bruno Mgret sy tait employ avecdtermination. Histoire de capter lattention dugrand public et des relais dopinion, en appor-tant progressivement la preuve de la capacit
de son mouvement incarner une dimensionintellectuelle et un courant de pense. Cettecrdibilit doit se construire selon plusieurspaliers, se plaisait-il souligner. Faire venir nous et valoriser en direction de lextrieur despersonnalits de haut niveau reconnues pourleur comptence. Faire la preuve de notre apti-tude prendre position sur tous les problmes,y compris sur des questions techniques. Mon-trer que nous sommes capables dexercer avec
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FN : gagner la bataille des ides !
Cette mutation politique,fonde sur le repli national et
le refus de laustrit, fondesa russite sur lenlisement
du pays dans la crise,le discrdit de lexcutif,
de gauche comme de droite,le dclinisme et
leffondrement du systme.Un terreau fertile !
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succs des responsabilits de gestion, notam-ment dans les collectivits territoriales. Vingt ans aprs, ces mots acquirent une rson-nance particulire. Ce travail de sape menauprs des rseaux dinfluence, des milieux uni-versitaires, conomiques et professionnelssopre dsormais par le biais de clubs et das-sociations ad hoc, dans une logique de
conqute du pouvoir et dadhsion. Le collectifAudace sinscrit clairement dans cette ligne.Plac sous lgide du Rassemblement BleuMarine (RBM), il cible une catgorie prdfiniede la population, les 25-35 ans, au mme titreque ses aeux, le collectif Racine , quisadresse aux enseignants, et Marianne quivise, pour sa part les tudiants.Prsid par un juriste de 25 ans, Antoine Mel-lies, Audace peut compter sur la prsence deplusieurs de ses membres au sein du bureaunational du parti. Un impact certes limit, mais
qui lui vaut dexister et de porter les principesquil dfend - libert dentreprendre, made inFrance - devant la direc-tion. Un cran au-dessus,le secrtaire gnral deRacine, Alain Avello,revendique quelque 800membres, dont prs de lamoiti ne seraient nimembres du FN ni deRBM. De son ct,Marianne peut comptersur une centaine de
membres, en croire sonprsident, David Masson-Weyl, tudiant enrelations internationales.Avec plusieurs antenneslocales la cl dans leBas-Rhin, les Alpes-Mari-times, le Nord ou bienencore la Somme. Objec-tif : dmontrer que le FN nattire pas que desjeunes de milieux dfavoriss, mais aussi destudiants qui ne se reconnaissent plus dans les
ides de la gauche ou de l'UMP.Un objectif partag par le collectif enseignants qui souhaite attirer lui des profs, convaincus quele changement transite par llection de MarineLe Pen, en 2017. Et que llaboration dune plate-forme programmatique commune doit servirles desseins de la chef de file du FN.
Occuper l espace mdiatique. Cette entreprisede normalisation a pour principal objectif doc-cuper lespace mdiatique. Et de permettre ainsi
au parti frontiste de figurer sur des thmatiqueso personne ne lattend vritablement. Dautantque derrire les apparences, le travail derflexion men par ces collectifs sapparente un leurre, dans une famille politique o le cultedu chef et le sens inn de la hirarchie lempor-tent par-dessus tout.Coquille vide ? Pas sr. Le collectif cologie est
une nouvelle illustration de ce vritable jeu dedupes. Cette niche catgorielle a vu le jour, le10 dcembre. Avec, pour principale mission, deplancher sur le programme environnementalde la candidate et de rassembler les patriotes en phase avec la ligne nationale-tatiste du FNet sensibles la question du dveloppementdurable. De quoi surprendre de la part dun partiqui a longtemps fait du tout nuclaire unleitmotiv.
sa tte, Philippe Murer, ex-collaborateurde Nicolas Dupont-Aignan, avant de de-
venir lassistant, puis, le conseiller cono-mique de Marine Le Pen. Auteur d'un ou-vrage publi chez Fayard,intitul La transition ner-gtique: une nergie moinschre, un million d'emploiscrs, il prche la sortie deleuro et se veut le thoriciendune nationale-cologieliant les fondamentaux duFN - indpendance mon-taire, dvaluation massiveet protectionnisme - et les
bienfaits dune transitionnergtique, synonyme din-dpendance montaire, dematrise des frontiresdouanires et de croissanceverte. En clair, le cache sexedune idologie souverai-niste, au service dune clien-tle ncessairement sensi-
ble lordre naturel des choses et des ci-vilisations pour justifier lislamophobie etle refus de limmigration, dont le parti fait
son miel.Quand les Verts dfendent les accords globauxsur le climat, le collectif cologie mise sur la Nation , au sens restrictif du terme et nonrpublicain, et le retour au franc pour mener unprotectionnisme qui favoriserait la relocalisa-tion de l'industrie verte sur le territoire national.Rien de neuf, en somme. Cette bote ides,dont la vocation est dalimenter le futur pro-gramme, sous la frule de Florian Philippot, apour unique objectif de toucher des lecteurs
Le travail de sape menauprs des rseaux
dinfluence, des milieuxuniversitaires, conomiques
et professionnels sopredsormais par le biais de
clubs et dassociations adhoc, dans une logique deconqute du pouvoir etdadhsion. Le collectif
Audace sinscritclairement dans cette ligne.
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peu politiss qui suivent lactualit, sans pourautant raisonner en termes de partis. Avec cesnouveaux satellites, le Front national souhaiteainsi occuper des terrains o on ne l'attend pasforcment. Sur des terres traditionnellementdvolues l'UMP ou au PS.
Limites. D'autres collectifs devraient dailleurs
voir le jour, trs prochainement, avec poursujets la culture ou l'espace maritime franais.Et, en filigrane, cette stratgie des petits pas quinest pas sans rappeler les tentatives avortesdes annes 1990. Exemple, parmi dautres, le Renouveau tudiant , un syndicat associ auFNJ, qui revendiquait plus de mille adhrents,avant de disparatre, en 2000. Bruno Mgret,alors dlgu gnral du parti, avait lui-mmefavoris la cration de plusieurs syndicats : FN-Police, FN-Pnitentiaire, FN des locataires,FN-Poste ou encore FN-RATP. Avant quun arrt
de la Cour de cassation ne les invalide.Ces collectifs rpondent une vritable strat-
gie de conqute, en pntrant ces milieux qui,jusqualors, taient peu favorables au FN. Descouches populaires aux classes moyennes, enpassant par le corps des enseignants et lesfonctionnaires Le pari est de raliser un ras-semblement le plus large possible, sanscraindre les contradictions, mais en persuadanttoutes les catgories que les contradictions ne
sont que nationales.Attention ! force de banalisation, les ides quesemploient vhiculer Marine Le Pen et seslieutenants constituent un danger majeur pourla Rpublique et le vivre ensemble . Si la stra-tgie de ddiabolisation semble prendreauprs dun lectorat dont le mcontentementest le principal levier dadhsion, le parti lep-niste peinait jusque-l, en revanche, convaincre sur les questions conomiques etsociales. Un cueil auquel la cration des collec-tifs est cense pallier.
Bruno TRANCHANT
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