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Le 14 janvier 20131
Nationaliser le seul site ArcelorMittal de
Florange serait une aberrationXavier LE COQ, François PAGANO, Daniel TROUILLOT
Le 14 janvier 20132
2003 : Arcelor condamne la filière liquide lorraine dans le cadre du projet APOLLO
chaud (horizon 2010 – 2012)
2005 : Calendrier de fermeture affiné : arrêt de la filière liquide 31/12/2010, GPEC
adaptée pour gérer socialement cette fermeture programmée
2006 : fusion Mittal Steel et Arcelor dans un contexte de marché européen de l’acier
euphorique [Mittal a besoin du cash généré par Arcelor pour financer sa stratégie
d’intégration amont : minerais de fer et charbon)]
2007 ���� sept 2008 : l’Europe manque d’acier, ArcelorMittal redémarre - au S1 2008 - un
HF à Liège qui avait été arrêté définitivement !
T4 2008 : début de la crise financière suite à la faillite de la banque Lehman Brothers le
15/09/2008. La filière liquide lorraine est arrêtée temporairement 3 mois mi-2009
2ème semestre 2009 ���� 1er semestre 2011 : rebond du marché de l’acier en Europe
ArcelorMittal Florange : bref retour vers le passé
Le 14 janvier 20133
2ème semestre 2011 … : crise des dettes souveraines en Europe, taux de croissance
proche de zéro dans la zone euro, marché de l’acier bas dans UE 27, la croissance
chinoise « tousse », 50 Mt de surcapacité été 2012 en Chine !
Juillet 2011 : arrêt temporaire du HF P3
Octobre 2011 : arrêt temporaire du HF P6, l’usine est alimentée en acier par Dunkerque
Depuis février 2012 : les HF de Florange sont devenus un symbole politico-médiatique.
La France entière ou presque a un avis sur la question… avis pas forcément argumenté !
Le candidat François HOLLANDE explique à Florange qu’il ne fera de promesse qu’il ne
pourrait pas tenir mais affirme qu’il fera voter une loi qui forcera une entreprise qui
ferme un site rentable à vendre.
1er octobre 2012 : CCE extra ���� décision d’arrêt définitif de la filière liquide ;
ArcelorMittal laisse 2 mois au gouvernement pour vendre la filière liquide
(agglomération, cokerie, hauts fourneaux et aciérie).
ArcelorMittal Florange : bref retour vers le passé
Le 14 janvier 20134
3ème semaine de novembre : le Ministre du Redressement Productif annonce qu’il a
trouvé un « repreneur crédible » pour un « périmètre plus large » (toute l’usine de
Florange) et que si nécessaire le gouvernement nationalisera l’usine pour la revendre
ensuite à ce repreneur !
4ème semaine de novembre : le Président de la République rencontre Lakshmi Mittal ;
arbitrage de l’Elysée contre la nationalisation ; négociation entre l’Elysée et
ArcelorMittal d’un accord finalisé le 30 novembre 2012 :
• Acte la fermeture définitive de la filière liquide
• Conforte la filière Packaging pour 5 ans minimum
• 180 M€ d’investissement sur 5 ans pour le site de Florange
• Gestion sociale sans PSE …
13 décembre : CCE extra ���� présentation du plan d’investissement de 180 M€ ; du
projet d’amélioration de la compétitivité de la filière Packaging (concerne Florange et
Basse-Indre), de la méthode de gestion sociale …
ArcelorMittal Florange : situation actuelle
Le 14 janvier 20135
La nationalisation du seul site de Florange
est-elle une idée réaliste ?
Pour la CFE-CGC la réponse est clairement non !
Le 14 janvier 20136
Sur le principe de la nationalisation d’une entreprise
• Nationaliser une entreprise n’est pas un sujet tabou : mais cette nationalisation doit
permettre d’améliorer la situation, d’évier une restructuration, la pérenniser… et
doit se faire pour des raisons objectivement valables et non pas uniquement pour
des questions de principes politiques.
– Exemple : nationalisation de l’entreprise ALSTOM en 2004. C'est l’entreprise qui
avait sollicité l’intervention de l'Etat. Il n’y avait pas de problème de marché,
mais ALSTOM beaucoup trop endetté, avait des problèmes de trésorerie. L'Etat
est rentré dans le capital mais n’est pas intervenu dans la stratégie du Groupe.
• La nationalisation de la seule usine de Florange ne nous est jamais apparu, à la CFE-
CGC, comme pouvant répondre aux attentes des salariés de Florange, ni à ceux des
autres établissements de la société ArcelorMittal Atlantique et Lorraine …
• Par contre, le rachat de l’usine de Florange par un groupe sidérurgique de taille
mondiale, disposant d’une R&D, de licences et d’un réseau commercial adaptés à
nos marchés… aurait pu avoir du sens, au moins sur le plan industriel.
Le 14 janvier 20137
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt même du
site et de ses salariés.
L’usine de Florange n’est pas une « entreprise » mais une unité de production à
l’intérieur d’un dispositif industriel historiquement complexe et axé essentiellement
autour :
– de la société ArcelorMittal Atlantique et Lorraine (7 usines en France), mais pas
seulement (notamment usine de Dudelange au Luxembourg)
– de services partagés [achat, commerce, administration du personnel,
infrastructure informatique…] organisés au niveau de la Business Division Nord
ou du segment ArcelorMittal Flat Carbone Europe.
Le 14 janvier 20138
Aberration sur le plan industriel
Le schéma suivant synthétise les flux amont et aval de l’usine de Florange au sein
d’ArcelorMittal (capacités annuelles) :
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt même du
site et de ses salariés.
Laminoirs à froid Lignes produits
Dunkerque Florangeappro. 1 Mt/an 5 cages Etamage 2 0,17
0,7 Mt/an Etamage 3 0,25Electrozinguage 0,4
Galvanisation 0,55Train A chaud Tôles non revêtues 0,5
3,2 Mt/anMouzon (08)
2,2 Mt/an couplage Galvanisation 0,38aciérie 2,5 Mt/anHF P6 Dudelange (Lux)HF P3 galvanisation 0,6
agglomération électozinguage 0,35cokerie
Florange total 3,2 Mt/an
Le 14 janvier 20139
Aberration sur le plan industriel
Le schéma suivant synthétise les flux amont et aval de l’usine de Florange isolée en
dehors d’ArcelorMittal (capacités annuelles) :
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt même du
site et de ses salariés.
Laminoirs à froid Lignes produits
5 cages0,7 Mt/an Florange
Etamage 2 0,17Etamage 3 0,25
Train A chaud Electrozinguage 0,43,2 Mt/an Galvanisation 0,55
Tôles non revêtues 0,52,2 Mt/an couplage total 3,2 Mt/an
aciérie 2,5 Mt/anHF P6HF P3
agglomérationcokerie
Florange
Train à chaud alimentéà seulement 70% de sa capacité par l’aciérie de Florange
Les 2 laminoirs à froid chargés globalement à seulement 70% (avec 800 kt/an de tôles non revêtues pour lesquelles les marges sont très faibles
Le 14 janvier 201310
Aberration sur le plan industriel
Extrait du rapport FAURE (page 51) :
… une partie de la filière finishing de Florange dépend de l’approvisionnement en brames de
Dunkerque, même lorsque les hauts-fourneaux de Florange fonctionnent à 100% de leur capacité.
En effet, les brames nécessaires à la fabrication d’une partie du carnet packaging (acier pour
boîtes boisson) et d’une partie du carnet galvanisation automobile doivent obligatoirement être
produites à Dunkerque, le process de fabrication dans l’aciérie de Florange étant inadapté pour
cette qualité de produit (coulée continue courbe, alors qu’elle est verticale-courbe à Dunkerque).
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt même du
site et de ses salariés.
Le 14 janvier 201311
Aberration sur le plan commercial, de la recherche
L’usine de Florange n’a pas de réseau commercial, n’a pas de licences commerciales,
tout appartient au groupe ArcelorMittal. L’usine de Florange n’a pas non plus de
capacité de R&D.
Extrait du rapport FAURE (page 59) :
« La R&D est particulièrement cruciale pour un site comme Florange, axé sur le développement
de produits technologiques pour l’automobile, et dans une moindre mesure le packaging.
Ainsi, la proximité d’un centre de recherche est un élément important de la compétitivité du
site. »
Dans un marché de l’acier atone (S2/2011 ���� 2014 ? 2015 ?) recréer de la concurrence
entre usines françaises serait néfaste pour toutes les usines et irait à l’encontre des
intérêts de la sidérurgie en France !
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt même du
site et de ses salariés.
Le 14 janvier 201312
�Dunkerque :
- Les outils Amont de l’usine de Dunkerque, depuis les hauts fourneaux jusque la sortie de
l’aciérie ont été redimensionnés au cours des 10 dernières années pour permettre de
produire jusqu’à 7 millions de brames de Haute Qualité.
- Ce redimensionnement s’est fait principalement par de très lourds investissements sur
l’aciérie (coulée verticale courbes, convertisseurs, …).
- Couper un débouché de plus d’1 millions de tonnes de brames / an vers Florange
déséquilibre le point de fonctionnement de l’usine de Dunkerque et son apport
énergétique. L’impact énergétique est lié à réutilisation des gaz HF, gaz Cokerie et à leur
conversion en énergie électrique sur la centrale DK6.
- Tout ceci se traduirait donc par une dégradation des prix de revient de Dunkerque (dû à
la perte de 30% de carnet correspondant aux appros actuelles de Florange).
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt des autres
usines de la société ArcelorMittal Atlantique et Lorraine et de
celle de Dudelange au Luxembourg)
Le 14 janvier 201313
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt des autres
usines de la société ArcelorMittal Atlantique et Lorraine et de
celle de Dudelange au Luxembourg)
�Ensemble des usines à froid (Mardyck, Montataire, Desvres, Basse-Indre, Mouzon) :
- le surenchérissement du coût du coil à chaud Atlantique entrainerait une perte de
compétitivité des filières à froid Atlantique dans un marché où retrouver 30% de carnet
serait mission impossible.
- La nationalisation de la seule usine de Florange ne ferait donc que déplacer le problème à
Dunkerque et les autres sites à froid de la société.
�Montataire :
- des appros en tôles nues venant de Florange et en AluSi venant de Mouzon alimentent la
ligne de laquage.
- Idem pour des très fines épaisseurs qui alimentent la galva 1 ���� nécessité de revoir les
circuits industriels et logistiques pour ces produits.
Le 14 janvier 201314
�Mouzon :
- alimentée exclusivement par Florange en tôles laminées à froid, (idem pour Dudelange
au Luxembourg)
- couper cette alimentation par Florange obligerait le Groupe ArcelorMittal a revoir en
profondeur ses flux d’alimentation, quitte à abandonner les marchés les moins rentables
pour se concentrer sur l’automobile (on pourrait même craindre des conséquences sur le
secteur de la construction, avec ses usines lorraines de Contrisson et Haironville).
Extrait du rapport FAURE (page 51) : « Ainsi, la moitié de la production de Florange est l’objet
d’une transformation dans une autre usine du groupe avant d’être livrée au client final. Les deux
usines qui constituent, au coté de Florange, le «cluster lorrain», sont ainsi :
- Mouzon … qui … a traité en 2011 320 kt issues de Florange ;
- Dudelange … qui a traité en 2011 605 kt issues de Florange. »
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt des autres
usines de la société ArcelorMittal Atlantique et Lorraine et de
celle de Dudelange au Luxembourg)
Le 14 janvier 201315
�Ensemble des sites ArcelorMittal Atlantique et Lorraine :
- Certaines applications informatiques (ROMEO pour les spécifs par ex) sont communes
Atlantique/Florange et sont gérées par Florange ���� revoir la gestion des applications et le
partage des coûts
- Des outils de contrôle (SIAS, EPC, …) sont communs aux différents sites, ainsi que le
partage des frais de maintenance, de licence, … ���� revoir les contrats
Nationaliser l’usine de Florange irait contre l’intérêt des autres
usines de la société ArcelorMittal Atlantique et Lorraine et de
celle de Dudelange au Luxembourg)
Le 14 janvier 201316
Périmètre pour un éventuel changement d’actionnariat ?
« Le périmètre concerné par un éventuel changement d’actionnaire doit être optimisé pour
garantir la viabilité de l’opération » (rapport FAURE, page 72), ce qui ne serait pas garanti dans le
cas de la nationalisation de la seule usine de Florange, comme l’indique clairement le rapport
FAURE (page 72) :
… la reconstitution d’une société Florange nécessiterait la résolution de certains sujets:
- le site de Florange est désormais lié au plan opérationnel à plusieurs autres sites du groupe ArcelorMittal en
Lorraine, dans d'autres régions de France (Nord-Pas de Calais, Pays de Loire) et au Luxembourg (Dudelange)
auprès desquels il trouve soit des approvisionnements, soit des débouchés ;
- aucune organisation commerciale n’est mise en place au niveau du site et la reconstitution d’un portefeuille
de clients et d’une activité commerciale propres sera donc nécessaire;
- la capacité de négociation d’une petite unité de production autonome pour l’achat des matières premières
est réduite, surtout dans le contexte de tension sur ces marchés qui prévaut depuis plusieurs années ;
- la manière de conserver l’accès à des capacités et à des résultats de R&D à l’échelle des enjeux du site de
Florange qui se distingue par sa capacité d’innovation devra être définie avec vigilance. Par ailleurs, les
brevets actuellement détenus par ArcelorMittal devraient être disponibles pour la nouvelle entité, impliquant
la conclusion d’accords de licence.
Le 14 janvier 201317
Y avait-il un repreneur « crédible » ?
Comme la CFE-CGC l’avait dit clairement dès le 1er octobre, dans le contexte
économique actuel du marché de l’acier en Europe, aucun repreneur ne s’est manifesté
pour racheter la seule filière liquide.
Par contre, des informations, fuites plus ou moins organisées, parues dans la presse, il
apparaît que le Ministère du Redressement Productif avait effectivement trouvé un
repreneur « pour un périmètre plus large que la seule filière liquide » (cokerie +
agglomération + hauts fourneaux + aciérie), c’est à dire la totalité de l’usine de
Florange.
Pour la CFE-CGC, qu’un industriel (a priori français), porté par un groupe
d’investisseurs, se soit montré intéressé par le rachat de l’usine de Florange est tout à
fait crédible et sérieux, à la condition, bien entendu qu’ArcelorMittal soit vendeur !
Le 14 janvier 201318
Dans une telle hypothèse, accord entre ArcelorMittal et le Gouvernement, il aurait été
envisageable que le repreneur puisse négocier, au moins pour une certaine durée, avec
ArcelorMittal les modalités de fonctionnement.
Par exemple :
– Poursuite de l’approvisionnement complémentaire en brames par Dunkerque
– travail à façon pour continuer d’alimenter les usines de Mouzon et de
Dudelange
– utilisation de l’infrastructure informatique ArcelorMittal
– accès à certains travaux de R&D
– vente de certaines licences commerciales …
Y avait-il un repreneur « crédible » ?
Le 14 janvier 201319
A partir du moment où ArcelorMittal a convaincu le Gouvernement que le site de
Florange était et restait stratégique pour ArcelorMittal en Europe et que le Groupe y
ferait les investissements nécessaires pour assurer la pérennité de l’usine, il n’est pas
anormal, compte-tenu des éléments bloquants mentionnés précédemment que le
« repreneur potentiel » se soit retiré du projet.
Pour la CFE-CGC :
– le Ministère du Redressement Productif avait très probablement un repreneur
crédible pour la totalité de l’usine, à condition qu’ArcelorMittal soit vendeur ;
– mais le gouvernement n’avait plus de repreneur dans l’hypothèse où l’Etat
aurait nationalisé l’usine !
���� Si un tel « repreneur potentiel » existait réellement, la CFE-CGC est prête à le
rencontrer.
Y avait-il un repreneur « crédible » ?
Le 14 janvier 201320
Certes, les avantages d’un véritable site intégré sont évidents, la CFE-CGC n’a cessé de le
rappeler :
– courrier à Robrecht HIMPE en juillet 2011
– puis lettre ouverte à la Direction Générale du Groupe en octobre 2011
– nouveau courrier à Robrecht HIMPE en février 2012
mais, comme le souligne clairement le rapport FAURE, l’avenir du site de Florange passe
d’abord par sa filière froide (page61) :
« Il importe dans ce contexte de rappeler l’importance vitale de la filière froide, que les débats
sur la filière chaude ne doivent pas conduire à négliger. La proximité des clients et l’intérêt
qu’ils portent à Florange est le principal gage de pérennité du site depuis la fermeture des
mines.
La qualité des produits livrés par Florange, telle qu’elle est perçue par les clients, est en très
grande partie liée à la filière froide, qui emploie par ailleurs une part majeure des effectifs. »
L’usine de Florange est-elle viable sans la filière liquide ?
Le 14 janvier 201321
Contacts CFE-CGC :
LE COQ Xavier
06 29 31 85 62
xavier.le-coq@arcelormittal.com
PAGANO François
06 72 72 04 41
francois.pagano@arcelormittal.com
TROUILLOT Daniel
06 14 49 74 58
daniel.trouillot@arcelormittal.com
Nationaliser l’usine ArcelorMittal de Florange seule serait
une aberration
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