View
0
Download
0
Category
Preview:
Citation preview
H I S T O I R E D E L A P H O T O G R A P H I E
D U D A G U E R R É O T Y P E A U N U M É R I Q U E
150 ansd’appareils photo
TODD GUSTAVSON
Adapté de l ’angla is par Dominique Dudouble ( I NG E D)
Pdt.qxp:45843p 3/08/10 14:12 Page III
Dépression et guerre
Joe Rosenthal, Soldats hissant le drapeau américain au sommet du mont Suribachi, Iwo Jima, 23 février 1945. Voir page 265.
X I V
�
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 255
256 150 ans d ’ a ppare i l s photo
DURANT LES ANNÉES 1930, les appareils photo bénéfi-ciaient d’innovations majeures, tandis qu’en Amérique, la
Grande Dépression n’épargnait personne. Le gouvernementaméricain recruta des dizaines de milliers de chômeurs dans lecadre de sa politique de grands travaux, tels que le CivilianConservation Corps (CCC) et la Farm Security Administration(FSA).
Roy Stryker (1893–1975), originaire du Kansas, siégeait àla section historique de la FSA. Reconnu aujourd’hui commeun visionnaire, il avait saisi l’amplitude des événements qui
se déroulaient autour de lui et avait compris que des photo-graphies pourraient en témoigner de façon plus durable quene le feraient de simples mots. C’est ainsi que Stryker rassem-bla une équipe de photographes dont les plus célèbres étaientWalker Evans (1903–1975), Arthur Rothstein (1915–1985),Russell Lee (1903–1986), Dorothea Lange (1895–1965) etMarion Post Wolcott (1910–1990). Gordon Parks, photo-graphe afro-américain (1912–2006), dont les photos dughetto noir de Chicago avaient attiré l’attention de Stryker,rejoignit le groupe par la suite.
����
Walker Evans (États-Unis, 1903–1975), Boutique au bord de la route, environs de Birmingham, Alabama, 1936.
Tirage argentique par contact réalisé vers 1971 par Jim Dow à partir du négatif original. Don de Jim Dow. Collections de la George Eastman House.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 256
257Dépres s ion et guerre
Sous la direction de Stryker, Lange, Evans, Rothstein, Leeet d’autres sillonnèrent le pays et photographièrent des affamésdans les files d’attente pour la soupe populaire, des fermiers auxterres ravagées par la sécheresse et l’érosion, des parents et des
enfants miséreux serrés les uns contre les autres, le regard videdans une embrasure de porte. Leurs photos, toutes réaliséesavec des financements publics, constituent l’un des plus impor-tants projets de photographie documentaire du XXe siècle.
Dorothea Lange (États-Unis, 1895–1965), Mère migrante, Nipomo, Californie, 1936.
Tirage argentique. Don de Robert Doherty. Collections de la George Eastman House.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 257
258 150 ans d ’ a ppare i l s photo
Appareils militaires
POUR AIDER LES MITRAILLEURS À S’ENTRAÎNER au tir encombat aérien, mais sans risquer des vies humaines,
Kodak et les constructeurs britanniques de matériel photoThornton Pickard ont construit en commun une« mitrailleuse photographique », semblable par sa taille etson maniement au fusil-mitrailleur utilisé à bord des avionsde la première guerre mondiale. Les photos rendaientcompte de la précision du tir du mitrailleur.
Lorsque survint la seconde guerre mondiale, l’orientationde toutes les ressources et compétences vers l’effort de guerresuspendit la mise au point d’appareils photo pour le grandpublic. En revanche, les missions de renseignement entraînè-rent une amélioration des émulsions, et la fabricationd’appareils photo spécialisés. La photographie aérienne avaitfait ses preuves lors de la première guerre mondiale et devintl’une des ressources les plus importantes pour les respon-sables de la stratégie et de la planification des opérationsdurant la seconde guerre mondiale.
����Appareil Eastman GunVers 1915
Eastman Kodak Company, Rochester (États-Unis).Don de l’Eastman Kodak Company. 1994:1486:0001.
Conçu par John A. Robertson, l’Eastman Gun a été
fabriqué de 1915 à 1920 par l’Eastman Kodak Company
de Rochester. Cet appareil était en fait une
« mitrailleuse photographique » utilisée pour
l’entraînement au tir, qui prenait des photos,
mais ne tirait aucune munition. Avant cette invention,
les aviateurs s’entraînaient à balles réelles sur
des cerfs-volants, des banderoles ou des ballons
remorqués par d’autres avions, ce qui mettait en
danger les pilotes et les appareils. L’appareil, dont le
maniement et le poids étaient comparables à ceux
du fusil-mitrailleur Lewis, utilisé en combat aérien,
permettait un entraînement sans dégâts collatéraux.
Il prenait des clichés de 4,5 cm x 6 cm sur film N° 120,
sur lesquels apparaissait en surimpression un réticule
en croix indiquant l’endroit de l’impact (présumé)
de la balle. En fait, ce dispositif était l’ancêtre
des simulateurs de tir sur ordinateur.
Photographe inconnu, Image de démonstration réalisée par un appareil Eastman Gun,
vers 1914. Collection technologique de la George Eastman House.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 258
259Dépres s ion et guerre
L’Office of Strategic Services (OSS), ancêtre de la CIA,demanda à Kodak de fabriquer un minuscule appareil-espionafin que ses agents en Europe occupée puissent photogra-phier les plans de guerre de l’ennemi et des installationsmilitaires. C’est ainsi que Kodak mit au point dans le plusgrand secret la Camera X, connue comme l’appareil EastmanMatchbox. Ses dimensions lui permettaient de tenir à l’inté-rieur d’une boîte d’allumettes européennes normale, sonobjectif étant placé sur le côté. L’appareil produisait une tren-taine de photos carrées de 12,7 mm de côté sur film 16 mmconditionné en cassettes spéciales. Le Matchbox était égale-
ment muni d’un pied et d’une bonnette pour la copie dedocuments. Kodak fournit environ un millier d’appareils dece type en 1944-1945.
Pendant la seconde guerre mondiale, l’Armée avait besoind’appareils photo, mais les modèles courants supportaientdifficilement les conditions difficiles des combats. En 1942,la Folmer Graflex Corporation de Rochester fabriqua laCombat Graphic 45, destinée aux forces armées américaines.Cet appareil en bois, au format 4 x 5 pouces, fut par la suiteproposé en quantité limitée à quelques civils privilégiés fin1944 sous le nom de Graphic 45.
Appareil Williamson AeroplaneVers 1915
Williamson Manufacturing Company Ltd., Londres. Don de l’Eastman Kodak Company. 1992:0140:0001.
Conçu pour la reconnaissance aérienne vers 1915, l’appareil Williamson Aeroplane
produisait des clichés 4 x 5 pouces sur film en rouleau, en vue par vue ou en rafale.
L’obturateur, en tissu, proposait le 1/ 25 s, le 1/50 s et le 1/100 s et devait être réglé
manuellement lors du chargement du film. L’énergie nécessaire à l’avancement du film
et à l’armement de l’obturateur était fournie par l’hélice en aluminium placée à l’avant
de l’appareil. Les écrous à ailettes située sur le dessus servaient à fixer l’appareil à l’avion.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 259
260 150 ans d ’ a ppare i l s photo
Appareil Eastman MatchboxVers 1945
Eastman Kodak Company, Rochester (États-Unis).Don de l’Eastman Kodak Company.2001:0636:0002.
En raison de sa petite taille, on pouvait insérer cet
appareil dans une boîte d’allumettes européenne
à la place du tiroir, d’où son nom de « Matchbox ».
L’objectif était placé sur le côté. Ce véritable appareil-
espion avait été conçu par Kodak à la demande de
l’Office of Strategic Services (OSS), ancêtre de la CIA,
qui était alors à la recherche d’un petit appareil photo
destiné aux agents américains et aux membres de
la Résistance en Europe occupée. Ce projet top secret
permit de livrer 500 appareils début 1944 puis 500
autres en 1945. L’appareil produisait une trentaine
de photos carrées de 12,7 mm de côté sur film 16 mm
conditionné en cassettes spéciales. Le Matchbox était
également muni d’un pied et d’une bonnette pour
la copie de documents. L’appareil a fait l’objet d’un
dépôt de brevet en février 1945, mais sa production
s’arrêta quelques mois plus tard, à la fin de la guerre.
Leica Reporter, Modèle GGVers 1936
Ernst Leitz GmbH, Wetzlar (Allemagne). 1974:0037:2926.
De nombreux travaux photo voient leur exécution facilitée par l’emploi de rouleaux de films plus longs que les 24 ou 36 poses habituels,
en particulier ceux nécessitant la prise de vues en succession rapide, lorsque le temps nécessaire au rembobinage et au chargement
d’un nouveau film risque de faire rater des photos importantes. Le Leica 250, ou Leica Reporter, avait été conçu pour recevoir
des cassettes spéciales contenant une dizaine de mètres de film 35 mm, soit une autonomie de 250 photos. La cassette émettrice
et la cassette réceptrice étaient identiques, ce qui évitait d’avoir à rembobiner le film. C’était un avantage précieux pour
les photographes de rues, les reporters photographes, en photographie aérienne et pour les studios de cinéma.
L’appareil existait en deux versions. Le Modèle FF, noir, avec boutons nickelés, était construit sur une base de Leica III (ou Leica F).
Fabriqué à partir de 1934, il montait jusqu’au 1/500 s et coûtait 178,50 $ boîtier seul, 228 $ avec un objectif 50 mm Elmar. Le modèle GG, noir,
avec boutons chromés, était construit sur une base de Leica IIIa (ou Leica G). Fabriqué à partir de 1936, son obturateur offrait le 1/1000 s.
Outre quelques modèles chromés (destinés au marché américain), une version du GG était dotée d’un moteur électrique spécial Leica.
Cette version était montée sous l’aile des chasseurs-bombardiers Stuka afin d’enregistrer le résultat de leurs opérations pendant
la seconde guerre mondiale. Le modèle présenté ci-dessus est un modèle GG, numéro de série 353619, fabriqué en 1942 ou 1943.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 260
261Dépres s ion et guerre
Robot, modèle LuftwaffeVers 1940
Otto Berning & Company, Düsseldorf (Allemagne).Don de Jacques Bolsey. 1974:0037:0147.
La société allemande Otto Berning & Company, de
Düsseldorf, démarre la production des Robot en 1934.
Leur particularité réside dans un système d’avancement
du film par un moteur à ressort, qui autorise la prise de
vue en rafale à 4 images/seconde. Le modèle Luftwaffe
a été fabriqué pendant la seconde guerre mondiale
pour l’aviation allemande. Il se distingue du modèle
civil par un bouton de remontage surélevé, et par une
peinture noire sur toutes les parties métalliques.
Les premiers Robot utilisent du film 35 mm en cassettes
spéciales et produisent des images carrées de 2,4 cm
de côté. À partir des années 1950, les Robot utilisent
les cartouches 35 mm standard, mais la plupart font
encore des clichés carrés. Grâce à leur petite taille et à
l’excellente qualité de leurs optiques interchangeables1,
les Robot2 ont continué à se vendre jusque dans les
années 19603.1. Zeiss ou Schneider-Kreuznach (NdT).2. Aussi discrets que les Leica, sauf pour le bruit (NdT).3. Et même jusque dans les années 1970 pour le modèle Recorder 36 BET, qui équipaitla maréchaussée et réunissait sur un même cliché la photo du véhicule en excès de vitesse, un cadran indiquant l’heure de l’infraction, et la vitesse relevée par le radar… (NdT).
Leica IIIc, version KVers 1941
Ernst Leitz GmbH, Wetzlar (Allemagne). 1974:0028:3246.
Les Leica IIIc version K se reconnaissaient généralement à la lettre K ajoutée à la suite du numéro de série
et imprimée en blanc sur le rideau d’obturateur. Cette lettre était l’abréviation de Kugellager (roulement à
billes) et indiquait des obturateurs spécialement conçus pour fonctionner avec la même régularité dans
des conditions climatiques extrêmes. Pour le reste, l’appareil était identique au Leica IIIc, avec un télémètre
couplé et des couronnes différentes pour le réglage des vitesses lentes et des vitesses rapides.
De nombreux appareils « K » présentent des signes distinctifs militaires particuliers,
bien qu’ils aient également pu être vendus à des civils. Ils sont généralement peints en gris,
mais on en trouve en finition métal satiné. Le Leica IIIc, boîtier seul, sans optique ni étui, coûtait 81 $.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 261
262 150 ans d ’ a ppare i l s photo
1. Sa couleur (grise pour l’U.S. Navy) et ses lignes lui donnant même un petit air de blindé (NdT).2. Cette construction sans soufflet apparaît déjà sur un autre modèle construit par Graflex vers 1938, la Ringside Camera, spécialementconçue pour photographier les matchs de boxe à faible distance (et fabriquée à très peu d’exemplaires pour les journaux) (NdT).
Combat Graphic 45 (avec incrustations de nacre)Vers 1942
Folmer Graflex Corporation, Rochester (États-Unis). Don de la Graflex Inc. 1974:0037:2454.
La Combat Graphic 45 a été fabriquée à partir de 1942 par la Folmer Graflex Corporation
à Rochester pour servir aux forces armées américaines durant la seconde guerre mondiale.
C’était une chambre 4 x 5 pouces, vert olive1, tout en bois. Conçue pour offrir simplicité
d’emploi et robustesse, elle était dépourvue du soufflet habituel, utilisant à la place une construction
en tronc de pyramide2 qui protégeait un objectif Anastigmat à monture hélicoïdale. La visée s’effectuait
à travers un viseur à cadre métallique à déploiement rapide par ressort. L’obturateur central était un Kodak
Supermatic N° 2 (offrant cinq vitesses d’instantané et quatre vitesses lentes). Les surplus ont été proposés
à un public restreint fin 1944 sous le nom de Graphic 45 au prix de 174 $. Le spécimen présenté ici est
un exemplaire unique, décoré à la main.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 262
263Dépres s ion et guerre
Edward Steichen (États-Unis, 1879–1973), À bord de l’U.S.S. Lexington, préparatifs avant l’attaque sur Kwajalein, 1943.
Tirage argentique. Don de Joanna Steichen. Collections de la George Eastman House.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 263
264 150 ans d ’ a ppare i l s photo
Les correspondants de guerre
ARMÉS DES APPAREILS LES PLUS DIVERS (Kodak 35, SpeedGraphic et Eastman 2D, entre autres) et d’émulsions
sensibles, les photographes de la seconde guerre mondialerapportèrent des horreurs que personne n’avait encore jamais
vues. Joe Rosenthal (1911–2006), Robert Capa (1913–1954),Margaret Bourke-White (1904–1971), David DouglasDuncan (né en 1916), Lee Miller (1907–1977) et d’autresencore portèrent le photojournalisme à un niveau encorejamais vu à l’époque et exercèrent une forte influence sur lesphotographes de guerre de la génération suivante telsqu’Eddie Adams (1933-2004) ou Nick Ut (né en 1951),
����
Speed Graphic Anniversary(ayant appartenu à JoeRosenthal)1940
Folmer Graflex Corporation, Rochester (États-Unis). Don de la Graflex Inc. 1974:0037:2885.
En 1940, pour célébrer ses cinquante ans d’activité,
la Folmer Graflex Corporation commercialisa deux
versions « anniversaire » de la chambre Speed
Graphic, une au format 3 x 4 pouces, et une autre
au format 4 x 5 pouces. Les améliorations
concernaient le corps avant avec décentrement
dans les deux axes sur un nouvel abattant
métallique, un double rail de mise au point à
crémaillère avec molettes de réglage des deux
côtés. On avait chromé certaines parties
métalliques pour la rendre plus séduisante, mais
les modèles sortis pendant la guerre, comme celui
présenté ici, restaient tout en noir. L’appareil, avec
un 127 mm Kodak Ektar, coûtait 125 $ en 1940.
C’est précisément cet exemplaire qui servit à Joe
Rosenthal pour immortaliser les Marines en train
de hisser le drapeau américain à Iwo Jima en 1945,
photo qui lui valut le prix Pulitzer.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 264
265Dépres s ion et guerre
Joe Rosenthal, Soldats hissant le drapeau américain au sommet du mont Suribachi, Iwo Jima, 23 février 1945.
Tirage argentique. Don d’Associated Press. Collections de la George Eastman House.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 265
266 150 ans d ’ a ppare i l s photo
Robert Capa (Andrei Friedmann) (États-Unis, né en Hongrie, 1913–1954), Le Débarquement, Omaha Beach, 6 juin 1944.
Tirage argentique postérieur. Don de Magnum Photos. Collections de la George Eastman House.
David Douglas Duncan (États-Unis, né en 1916),
Combat en Corée, 1950. Tirage argentique postérieur.
Collections de la George Eastman House.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:51 Page 266
267Dépres s ion et guerre
Eddie Adams (États-Unis, 1933-2004), Exécution d’un Viêt-Cong, 1er février 1968. Tirage argentique.
Acquisition du Musée, fonds Lila Acheson Wallace. Collections de la George Eastman House.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:51 Page 267
268 150 ans d ’ a ppare i l s photo
Nick Ut (États-Unis, né en 1951), Terreur de la guerre ; des soldats sud-vietnamiens marchent derrière des enfants terrifiés qui s’enfuientle long de la route n° 1 près de Trang Bang, au Sud-Vietnam, le 8 juin, après une attaque accidentelle (sic) au Napalm. La fillette au centre a arraché ses vêtements qui étaient en feu, 1972. Tirage argentique. Don de l’Associated Press. Collections de la George Eastman House.
Photographe inconnu, Nick Ut au Cambodge pendant la guerre du Vietnam avec son Leica M2 et son Nikon F, 1970. Don de Nick Ut. Voir Nikon F, p. 271.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:51 Page 268
269Dépres s ion et guerre
Leica M3 (à double armement)1954
Ernst Leitz GmbH, Wetzlar (RFA). Don de l’Eastman Kodak Company. 1999:0161:0002.
Présenté à la Photokina de Cologne en 1954, le Leica M3 devint
rapidement l’appareil favori des reporters photographes en raison de son fonctionnement silencieux. L’appareil présentait
de nombreuses améliorations par rapport aux modèles précédents : une monture à baïonnette remplaçait la monture à vis ;
les vitesses étaient regroupées autour d’un seul barillet ; le viseur collimaté intégrait la correction de parallaxe ; on faisait
avancer le film et on armait l’obturateur par deux brefs mouvements sur le levier d’armement ; enfin, une trappe centrale
au dos était montée sur charnière, ce qui facilitait grandement le chargement de l’appareil. Le boîtier seul coûtait 288 $ ;
avec un objectif très lumineux comme le 50 mm f/1,5 Summarit, l’addition montait à 469 $.
qui allaient par la suite immortaliser d’autres guerres commecelles de Corée et du Vietnam.
Bien que la plupart des fabricants de biens de consomma-tion aient été contraints de reconvertir leurs chaînes deproduction pour produire du matériel militaire, certainsd’entre eux réussirent à maintenir en partie une productionnormale. C’est ainsi que quelques nouveaux appareils appa-rurent pendant la guerre. Ce fut le cas de la Little Bertha,fabriquée dans les années 1940 par Folmer Graflex sur une
base de Graflex Super D 4 x 5 pouces RB. La Little Berthase distingue par son objectif : un monumental téléobjectif de760 mm f/8 pesant la bagatelle de 18 kg (voir p. 208). Lesphotographes de sport en général, et de base-ball en particu-lier, avaient besoin d’un appareil à mise au point rapide. LaLittle Bertha disposait d’un système de mise au point parchaîne et manivelle avec trois préréglages, que l’on pouvaitcaler au préalable sur chacune des trois bases d’un match debase-ball.
70 mm CombatGraphicVers 1953
Graflex Inc., Rochester (États-Unis).1981:2813:0002.
Le 70 mm Combat Graphic, fabriqué
à partir de 1953 par Graflex, répondait
à un besoin exprimé de longue date
par l’U.S. Army Signal Corp Lab qui
cherchait un appareil répondant
précisément aux besoins de l’Armée. Une fois le cahier des charges transmis aux
fabricants, Graflex chargea Hubert Nerwin, qui avait travaillé chez Zeiss, de la
conception. Après plusieurs prototypes, le projet aboutit à un appareil à télémètre,
robuste, doté d’un moteur à ressort, produisant des images de 5,5 cm x 7 cm sur du
film 70 mm, et capable de prendre dix photos en six secondes. Une version civile,
intitulée Graflex 70, apparut au catalogue Graflex de 1955. L’appareil, disponible en
quantité limitée, était vendu 1 850 $ avec un objectif Ektar f/2,8.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:51 Page 269
270 150 ans d ’ a ppare i l s photo
Leica IIIgVers 1956
Ernst Leitz GmbH, Wetzlar (RFA). 1974:0028:3020.
Commercialisé en 1956, le Leica IIIg sera le dernier
des Leica à télémètre avec monture à vis. Le viseur
collimaté rassemble désormais les fonctions de
cadrage et de mise au point dans un seul oculaire
comportant les cadres de visée des 50 mm et
90 mm. La suite des vitesses d’exposition est
modifiée pour correspondre à la progression
géométrique de l’échelle des diaphragmes
(ce qui permet d’établir une équivalence
vitesse/diaphragme). Le IIIg dispose également
d’un retardateur, d’une correction dioptrique sur
l’oculaire et, au dos, d’un cadran de rappel du type
de film utilisé. Lors de sa mise sur le marché,
l’appareil coûtait 244,50 $ avec un 50 mm f/3,5
Elmar. Le modèle ci-contre est équipé d’un 90 mm
f/4 Elmar.
Nikon SPVers 1957
Nippon Kogaku K. K. Tokyo. Don de Nippon Kogaku.1974:0037:0112.
Fabriqué de 1957 à 1964, le Nikon SP représente la troisième
génération des appareils à télémètre de la marque.
On le reconnaît facilement par l’emplacement du nom
Nikon, juste en-dessous de la molette de mise au point
à l’avant de l’appareil, ainsi qu’au deux premiers des sept
chiffres du numéro de série commençant par « 62 ».
L’appareil est équipé d’un obturateur type plan focal
en toile caoutchoutée allant jusqu’au 1/1000 s, un viseur
universel collimaté comportant des cadres de couleur pour
le 5 cm, le 8,5 cm, le 10,5 cm et le 13,5 cm, ainsi qu’un viseur
annexe, placé à côté de l’oculaire principal, pour les 2,8 cm et 3,5 cm.
Moyennant quelques petites modifications, le SP pouvait être équipé
d’un moteur électrique sur piles. Les dernières versions ont reçu un obturateur
en titane, repris par la suite sur le Nikon F.
La qualité de la fabrication du SP a contribué à en faire l’un des appareils favoris des reporters-
photographes, certains considérant même qu’il s’agissait du meilleur appareil à télémètre
jamais construit. Fabriqué à peu d’exemplaires (environ 23 000 unités sur sept ans),
il annonçait déjà la qualité des Nikon professionnels à venir.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:51 Page 270
271Dépres s ion et guerre
Leica M4Vers 1967
Ernst Leitz GmbH, Wetzlar (RFA). Don d’Elizabeth L. Warner. 1992:0677:0035
Le Leica M4, commercialisé en 1967, poursuit la prestigieuse lignée
des appareils télémétriques série M de la société Ersnt Leitz.
La modification la plus visible porte sur le bouton de rembobinage,
placé de biais. Néanmoins, le M4 comporte de nombreuses
améliorations par rapport au M3 et au M2, notamment une bobine
réceptrice mieux conçue, des cadres lumineux dans le viseur pour les
35 mm, 50 mm, 90 mm et 135 mm, une synchro flash standard, et un
bouton d’avancement recouvert de plastique noir et plus ergonomique.
Le M4 coûtait 288 $ boîtier seul ; 501 $ avec le 50 mm f/1,4 Summilux.
Le modèle présenté ci-contre avait une finition chrome satiné, mais
l’appareil existait également en finition peinture noire ou chrome noir.
Canon 7SVers 1964
Canon K. K. Tokyo. 1977:0138:0001.
Les appareils 35 mm à visée télémétrique s’imposent à partir des
années 1930. Canon commence à se faire une réputation avec des
appareils à télémètre couplé et objectifs interchangeables. Les Canon
de la série 7 disposent d’une monture à vis, mais également d’une
monture à baïonnette spécifique pour monter l’énorme 50 mm f/0,9,
présenté comme « l’objectif le plus lumineux au monde ».
Ils possèdent un obturateur type plan focal à rideaux métalliques
allant jusqu’au 1/1000 s. Par rapport au Canon 7, la version 7S,
vendue presque 500 $ en 1964, comportait une version plus
performante de la cellule CdS, ainsi qu’une griffe porte-flash.
Dernier modèle à télémètre de la marque, le Canon 7S disposait
d’une gamme étendue d’optiques allant du 19 mm au 1000 mm.
Leica M5Vers 1971
Ernst Leitz GmbH, Wetzlar (RFA). Don d’Elizabeth L. Warner.1992:0677:0026.
Le Leica M5, commercialisé en 1971, est le premier Leica à télémètre
à offrir la mesure d’exposition à travers l’objectif (TTL). La cellule est
placée sur un bras qui vient s’interposer entre l’objectif et le film,
et qui peut ainsi mesurer avec précision la quantité de lumière
atteignant le film. Le bras s’escamote juste avant l’exposition.
La ligne du boîtier marque une rupture avec le style des boîtiers
précédents. L’exemplaire présenté ici est l’un des premiers modèles,
comportant seulement deux œilletons de courroie (tous deux
disposés sur un seul côté), alors que les modèles plus récents
en comptent trois. Le M5 coûtait 627 $, boîtier seul, 849 $
avec le Summicron 50 mm f/2 présenté ici.
camera_chap14.qxp 22/07/10 11:51 Page 271
Recommended