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Les canaux de transmission de la crise Financière vers les pays du
Maghreb
Par :
Abdelhafid OTMANI *
Mounya BOUTERF **
* Doctorant Université Paris VIII -France- ** Doctorante université de Bourgogne –France-
Résumé:
La Mondialisation et la globalisation de la finance et de l’économie ont permis la
propagation de la crise financière partout dans le monde, Dans ce cadre, un diagnostic
économique des pays maghrébins et une analyse de la contagion de la crise financière
mondiale et ses canaux de transmission, nous permettront de retenir les principaux canaux
de transmission de cette crise financière vers les pays de Maghreb afin de mieux voir
l’impacte de la crise et comment elle s’est propagé, ainsi que le niveau de vulnérabilité de
chaque pays et les secteurs touchés. Dans cet article nous allons aborder les principaux
canaux de transmission à savoir, le canal d’interdépendance commerciale et financière
Spillover effect (Masson Paul, 1998), Ensuite le canal des effets de similarité (Ahluwalia,
Pavan, 2000). En passant par l’effet du Mousson ou monsoonal effect (Masson Paul, 1998).
Et enfin le canal du créancier commun.
Mots-clés: Canaux de transmission, Globalisation financière, Contagion, Maghreb.
Abstract
The globalization of finance and economics has led to the spread of the financial
crisis throughout the world. In this article, an economic diagnosis of the Maghreb countries
and an analysis of the contagion of the global financial crisis and its channels of
transmission, will help us to retain the main channels of transmission of this financial crisis
to the Maghreb countries to better see the impact of the crisis, how it has spread, the level of
vulnerability of each country and the affected area. In this article we will address the main
channels, namely the channel of trade and financial interdependence or Spillover effect
(Paul Masson, 1998), then the effect of similarities (Ahluwalia, Pavan, 2000), the monsoonal
effect (Paul Masson, 1998), and finally, the channel of the common creditor.
Key words: Chanals of transmission, Financial globalization, Contagion, Maghreb
I- Introduction :
Le postulat de La théorie du découplage selon le quel les pays émergents peuvent
affranchir leur économie de cette dépendance vis à vis des pays riche, ce qui limite ou
éloigne la possibilité d’une propagation des crises venant des pays développés, cette théorie
est loin d’être valable dans le contexte de cette nouvelle crise et le découplage reste un
horizon très lointain. En effet, dans un monde économiquement interconnecté en
permanence, les pays émergents en général et magrébins en particulier -sujet de notre
contribution- ne sont pas épargnés par cette crise jugée parmi les plus cinglantes depuis celle
de 1929, aucun pays n’échappera à cette crise, l’impact est majeur sur la croissance,
l’investissement, les prix des matières premières, les capitalisations boursières des
entreprises, les taux de change, les aides envers les pays pauvres, le chômage, les
faillites…etc.
Une récession au Etats-Unis, en Europe, et les autres pays développés ainsi qu’une
croissance faibles dans les pays émergents et les pays du MENA (cf. Graphique N° 01),
Graphique N° 01: Croissance du PIB réel.
Source : FMI
Suite à la crise asiatique (fin des années quatre-vingt-dix), plusieurs travaux et
analyses ont été proposés sur la question de la contagion, nous allons essayer de prendre
quelques notions que nous jugeons utiles dans notre analyse du phénomène de la contagion
dans le cas de cette nouvelle crise et les différents canaux de sa propagation.
Les deux crises ne sont pas de même nature ni de même ampleur mais les postulats
sont à revoir car les travaux ont une base assez importante pour se lancer dans l’étude de la
crise actuelle.
Commençant par Masson (1998, 1999), qui propose un facteur assimilé à un effet
moussoni, notant que le premier a avoir utilisé ce terme est Michael Mussa, les pays qui
subissent les mêmes crises en raison d’un choc ou contre choc commun, une flambé des prix
du pétrole, ou une baisse de ces derniers pour les pays producteurs, changement au niveau
des taux de change (chute du dollar), ou encore des taux d’intérêt.
Le deuxième facteur est lié aux interdépendances entre les pays, en raison des liens
commerciaux et financiers, les pays sont exposés à des crises selon leurs niveaux
d’interdépendance, Masson se concentre sur le canal commercial.
Un troisième facteur ou plutôt l’absence de facteurs c'est-à-dire une crise non
discriminante touchant certains pays sans raison Ahluwalia (2000), à l’opposé pour le même
auteur, la crise est dite discriminante si elle ne touche que les pays ayant les mêmes
fondamentaux, (pays dont l’économie se base sur un secteur donné comme le tourisme, les
hydrocarbures…etc.)
Nous citons un dernier canal qui est considéré comme une menace pour le système
financier et monétaire international, ce canal est l’inverse de ce qui a été appelé « canal du
créancier commun » comme les Etats-Unis pour les pays d’Amérique latine, la donne est
inversée dans cette nouvelle crise où le créancier commun d’hier (USA) est devenue le
détenteur des réserves des pays excédentaires tel que, l’Algérie, la Libye, les pays du Golf,
la Chine, la Russie, le Japon…etc.
Ces différents canaux de transmission des crises sont présents dans cette dernière
crise dont personne ne connais son terme,
Dans cette étude, nous nous intéresserons à la contagion et aux canaux de transmission de
cette crise financière et économique mondiale, aux trois pays du Maghreb qui sont
(L’Algérie, le Maroc et la Tunisie).
De manière générale, la contagion fait référence à l’extension des perturbations
économiques d’un pays vers les autres économies. Plus précisément, on suppose les
différents canaux cités ci-dessus, nous étudierons l’importance relative de ces canaux de
transmission des chocs sur les pays du Maghreb depuis l’été 2007 date du début de la crise
« subprimes » en essayant de montrer le degré de contagion de ces pays, par une analyse
économique de chaque pays afin de voir les effets de propagation de la crise pour pouvoir
répondre aux différent questions qui sont ;
Quel sont les canaux de transmission de la crise actuelle aux pays de Maghreb ? Quel est le
degré de contagion ou de vulnérabilité de chaque pays et quel sont les secteurs économiques
les plus exposés à cette crise ?
II- L’impacte de la crise sur le Maroc:
Dans un contexte de mondialisation et d’interdépendance des économies, le Maroc
ne cesse de renforcer son ouverture et son intégration via la signature des contrats
d’ouverture et de libre échange notamment après l’OMC, les contrats bilatéraux, et le libre
échange avec l’Union Européenne dans le cadre d’une vision claire fondée sur les
partenariats stratégiques et une compétitivité régionale et mondiale (zone euro
Méditerranéenne, Union Pour la Méditerranée, Arabe, Maghreb, OMC ou même
Africaine...).
- Le secteur financier et bancaire marocain face à la crise:
Malgré une certaine ouverture du secteur financier marocain par rapport à ses
homologues maghrébins. Les banques marocaines ne détiennent pas de créances
hypothécaires douteuses «toxiques» et malgré l’internationalisation de quelques banques
marocaines tel que Attijaryawafa et BMCE banque les avoirs des banques marocaines à
l’étranger restent modestes par rapport à leurs fonds propres (1,2%).
Concernant le marché financier, au niveau de la bourse de Casablanca, la nature stratégique
des investissements étrangers à la bourse de Casablanca revêtent un caractère
essentiellement stratégique ce qui met le risque minime car les titres ne sont pas de nature
douteuses ainsi que la part du flottant ne dépasse pas 1,8% et elle est détenue par des
actionnaires de référence et non pas par des investisseurs financiers, ce qui donne a ce
secteur une certaine stabilité tout en les protègent contre les risques de contagion, le FMI
considère que « l’économie du Maroc est plus diversifiée, ses finances publiques plus
solides et le secteur financier sain, plaçant le pays en position favorable pour poursuivre ses
progrès en dépit d’une conjoncture économique et financière mondiale défavorable »ii. Par
rapport aux autres pays émergents la Bourse de Casablanca n’a perdue que 14% (Graphique
N° 2) contre -45 en moyenne des autres bourses ce qui confirme le degré de solidité du
marché financier marocain.
Graphique N° 2: Évolution des indices des marchés boursiers
(1er janv. 2008 – 30 avril 2009)
Source : FMI
- Dette publique marocaine :
La crise actuelle n’a pas eu d’impact fort pour la dette extérieure publique (11,3
Milliards d’Euros –Fin juin 2008). Elle est dans sa quasi-totalité une dette à moyen et long
termes, Zouhai Chorfi ,2008) iii . En 2007 la dette extérieure publique est libellée à 73% en
Euro et à 9% en Dollar. Elle était en 1997 à 44% en Dollar et à 37% en Euro. Devant la
chute du dollar par rapport à l’Euro, la dette devient plus couteuse en termes de dépenses
(services de la dette) pour l’Etat iv (CADTM 2008). Notons que les dettes des entreprises
marocaines en devises représentent à peine 3,3% des crédits qui leur sont accordés.
Figure N° 01 : Maroc — Indicateurs budgétaires, 2000 et 2007 (En pourcentage)
Maroc 2007
Maroc 2000
Source : FMI
Selon la (figure N°1) graphique ci-dessus la dette brute du Maroc représente 53,6%
de PIB en 2007, et le service de la dette 20,2 des recettes publiques, le déficit budgétaire est
autour de -0,2 %, la dette et les services de la dette représentent un vrai handicap pour
l’économie Marocaine car les dettes sont libellés en grande partie en Euro même si les
entrées en devises du Maroc sont en majorité en Euro cela ne lui permet pas de profiter
pleinement de la dépréciation du dollar.
- Le secteur d’immobilier :
A l’instar des autres pays émergents, le secteur immobilier a connue de très forts taux de
croissance ces dernières années, contrairement, à partir du deuxième semestre de l’année
2008 les cimentiers commencent à réduire leurs productions, le secteur de logement qui, à
lui seul, a consommé près de 75% de la production du ciment dont les ventes ont reculé de
6,3% passant à 767436 tonnes en 2008 contre 819265 tonnes pour la même période de
2007v ce qui prouve un certain degré de contamination de la crise mondiale.
- Le Textile
Parmi les secteurs industriels stratégiques on note celui du textile, pour le Maroc ce secteur,
comme dans n’importe quel pays, est largement touché par la crise, l’Office des changes
Marocain remarque une baisse des exportations de 8,6% à la fin de 2008 par rapport à
l’année 2007, de l’ensemble des produits du textile et du cuir. Une telle baisse à de forts
impactes sur le niveau de l’emploi et de la production.
- L’Industrie des Phosphates:
A l’instar des autres matières premières les cours du phosphate ont enregistrés de
2006 à la mi-2008 une hausse surprenante suivie par un repli depuis l’été 2008. La société
OCP qui compte réduire les exportations du phosphate brut au profit des dérivés et des
engrais de 52% à 30%, malgré cette stratégie, la baisse des prix du brut à des effets négatifs
sur les recettes publiques ainsi qu’une diminution des réserves de change.
- Le secteur du Tourisme:
Selon la banque mondiale et le FMI le tourisme mondial a ralenti en 2008 et devrait
reculer en 2009, Sous l’effet de la crise économique on remarque que pour le Maroc et
malgré une progression des entrées des touristes, les recettes ont chuté en 2008 et au premier
semestre de 2009 de près de 10% (tableau N°1 ) même si le choix des destinations proches
représente un avantage compétitif du Maroc les pays concurrents ont réalisé des résultats
supérieures.
Tableau N°01 : Recettes des voyages (en millions de DH) Source : office des changes marocain Tableau N° 02: Evolution des arrivées de touristes aux postes frontières : +10% en janvier-mai 2009
Arrivés de touristes aux frontières (en milliers) Jan-Mai 2001 Jan-Mai 2008 Jan-Mai 2009 Variation (%)
Total 1444 2499 2751 10 Sources: Données issues du Ministère du Tourisme et de l'Artisanat.
- Les Transferts des MRE :
Suite à la situation économique des pays développés les transferts des émigrés vers le
Maroc ont connu une diminution (-2,4%) en 2008 par rapport à l’année 2007. compte tenu
des caractéristiques des transferts des émigrés, cette baisse est modérée mais reflète une
autre fois, un certain degré d’exposition à la crise.
- Impact sur la croissance économique :
Si la crise devait s’approfondir davantage, les prévisions de croissance vont être
réduites à 4,8 % en 2009 et même à 3,8 % en 2010.
- Canaux de transmission de la crise au Maroc.
L’effet mousson, Masson (1998, 1999), le Maroc subis les mêmes crises en raison
d’un choc commun lié à une chute des prix des matières premières les prix du phosphate ont
chuté comme nous l’avons vu, le Maroc qui a perdue une partie de ses entrées en devises
mais la chute des prix du pétrole a minimisé les pertes, étant donné que le Maroc importe le
pétrole et le Gaz. Vue la nature de la dette extérieure le Maroc ne profite pas de la
dépréciation du dollar si on compte les opportunités perdues, le Maroc continu à rembourser
ses dettes libellés en grande partie en Euro ce dernier qui s’est apprécié durant la crise par
rapport au dollar. Le secteur du tourisme avec la diminution des recettes et le nombre des
nuitées dans plusieurs départements, montre bien l’Effet Mousson sur le Maroc, les touristes
venant des pays développés touchés par cette crise ne dépensent pas comme avant la crise
même si le nombre des touristes augmente.
Le deuxième facteur selon Masson, est lié aux interdépendances entre le Maroc et
les pays touchés par la crise, en raison des liens commerciaux avec, notamment, l’Europe,
les exportations du Maroc baissent de 8,6% à la fin de 2008, ainsi que les transferts des
émigrés qui ont chuté de 2,4%.
Le troisième facteur proposé par Ahluwalia (2000) où on trouve que la crise au
Maroc est non discriminante vue l’ampleur de cette crise, chaque pays est touché d’une
façon ou d’une autre car la multiplication des canaux ainsi que la profondeur de la crise
n’épargne aucun pays, les 15% perdue à la bourse de Casblanca semble touchée par un effet
de contagion pure ou non discriminante, car les arguments avancés montre que le secteur est
loin d’être influencé par la chute des indices boursiers dans le reste du monde, mais on
analysant les autres composantes de l’économie marocaine comme ci-dessus nous donne
plus d’informations qui peuvent nous donner des explications plus exactes sur le
ralentissement de l’économie marocaine.
III- L’impacte de la crise sur la Tunisie:
Comme tous les pays du Maghreb, la Tunisie n’est pas à l’abri de cette crise mais aussi à
l’instar des pays avec qui elle entretient des relations d’échange commerciaux, financiers ou
de partenariat, l’ouverture totale du marché tunisien suite à l’entrée en vigueur de l’accord
de libre échange avec l’union Européen début Janvier 2008, le commerce extérieur avec
l’Europe représente 77 % contre seulement 3% avec les pays du Maghreb, ainsi que, 54%
des exportations sont issues du secteur offshore opérant notamment dans les secteurs des
industrie mécaniques et électrique, habillement cuir et chaussures et du textile en général.
L’économie Tunisienne est assez diversifiée et ouverte ce qui l’expose d’une façon ou d’une
autre à cette crise sauf que le degré de contagion diffère d’un secteur à l’autre.
- Le secteur financier :
la bourse de Tunis marque une hausse de 30% en pleine crise le temps où les places
boursières chutent de plus de moitié de leurs capitalisations, une forte résilience face à cette
crise et cela par nature de son activité dont le taux de la participation étrangère est de 25%
par rapport à la capitalisation boursière, la partie majeure est considérée comme une
participation stable et durable dans le cadre d’un partenariat stratégique dans le secteur
productif au niveau des entreprises ou des banques tunisiennes, ainsi que la part du flottant
ne dépasse pas les 3% ce qui met la bourse loin des spéculateurs notamment le système de
cotation qui offre et assure une certaine stabilité car, les cours des valeurs cotées fluctuent
dans des fourchettes avec des seuils statistiques de 3% pouvant aller jusqu’au maximum de
6,09% de même la durée de la séance (9h à 14h10) ne dépasse pas les cinq heures et 10
minutes. Offrant plus de temps aux investisseurs de faire des prévisions et des décisions plus
sages suivant le secteur réel de l’économie.
Durant cette crise les contraintes et la réglementation dans le marché tunisien ainsi que la
nature et l’objectif des investissements ont pu éviter à un grand secteur de l’économie
nationale les dégâts possibles dans d’autres pays et une forte résilience à la crise.
- L’investissement et les IDE:
Graphique N° 03: Stock des IDE/ PIB
Source : données (www.bnacapitaux.com.tn ) + Travail personnel
Les investissements en Tunisie sont orientés vers l’économie réelle et productive, de
même pour les IDE, la Tunisie est une destination désirée, le stock de l’IDE représente
(Graphique N° 03) près de 71% par rapport au PIB, 52% pour le Maroc, 36,4% en Egypte et
seulement 9% en Algérie, les IDE en Tunisie ont une grande importance pour l’économie du
pays, au cours du mois d’aout 2008 en pleine crise, 3% de la participation étrangère ont été
cédés, ce qui a ramené cette dernière à 25% contre 28% de la capitalisation boursière (9350
MD) avant ce mois, c'est-à-dire la sortie de près de 285 MD, malgré cette fuite le marché
boursier a gardé sa tendance haussière et n’a pas eu d’influence négative sur le marché. Ce
qui prouve une autre fois l’importante résilience du marché financier Tunisien.
IDE/PIB
- Commerce extérieure: Tableau N° 03 : Solde Commercial de la Tunisie durant la crise Source : Institut National De La Statistique – Tunisie
Depuis le début de l’année 2009 une chute libre des exportations passant de 12235,1
MD en 2008 à 9517,7 MD pour la même période de 2009, la Tunisie est très touchée par
cette crise économique mondiale, le canal d’interdépendance joue son rôle et l’économie du
pays se trouve en difficulté pour exporter sa production, de même, les importations ont
connues de leur coté une baisse de (-19,6%) et, la Tunisie, se trouve avec un solde
commercial négatif de (-2512,3 MD).
- Le secteur du tourisme :
A l’instar du Maroc et de nombreux pays ayant le tourisme comme secteur clé et sur
le quel se base leurs économies, le secteur du tourisme en Tunisie s’il n’est pas touché il est
en stagnation en terme d’entrées des non résidents, (voir tableau N° 04) ainsi que le nombre
de nuitées est quasiment le même entre l’année 2008 et 2007 malgré les efforts et les plans
de soutien et de promotion touristique.
Tableau N° 04 : Entrées mensuelles des non-résidents Source : INS Tunisie.
Tableau N° 05 : Nuités touristiques mensuelles des non résidents par nationalité
2007
JAN
FEV MA AV MA JUI JUI AO SEP OC NO DE TOT
TOTAL
948.8 1118.6 1821.3 2474.0 2722.3 3897.3 5271.1 5990.9 4358.8 3415.0 1514.8 962.8
34495.7
2008
JANV.
FEV.
MARS
AVRIL
MAI
JUIN
JUIL.
AOUT
SEPT.
OCTO.
NOV.
DEC.
TOT
TOT
AL
1035.
7
1180
.9
1717.
9
2165.
7
3072
.6
4126
.7
5387
.5
5959.
1
4456.
6
3445.
9
1461
.5
932.
8
34942
.9
Sources: Institut National De La Statistique - Tunisie
- Croissance économique:
Graphique N° 04 : Croissance économique avec prévision pour 2008 et 2009:
01234567
2006 2007 2008 (B
Eco)
2008
(Prov)
2009(B
Eco)
Croissance du PIB
Source : (Données) Ministère de développement économique et coopération internationale + Travail personnel. Graphique N° 5 : Croissance du PIB
Source : Données d’Avril 2009, Ministère des finances+ travail personnel.
contrairement aux prévisions (voir graphique N°5 ) La Tunisie a connue une baisse
de son taux de croissance en 2008 passant à 4,6 après un taux de 5,5% en 2006 et même
6,3% en 2007 (graphique N° 4), une baisse de deux points en une année. L’année de 2009
s’avère plus dure avec une baisse très considérable des exportations et des importations
durant les six premiers mois, avec un solde négatif de la balance commerciale (voire annexe
N° 1), le taux de croissance sera nettement inférieur par rapport à l’année précédente.
- Canaux de transmission de la crise en Tunisie :
Commençant par le secteur du tourisme l’un des plus importants secteurs
économiques, où on trouve une baisse des recettes et de nombre de nuitée et cela malgré les
entrées des non-résidents dont le nombre est inchangé, contrairement au Maroc où le
nombre ne cesse d’augmenter ce qui se présente comme un Effet Mousson sur la Tunisie, les
touristes venant des pays développés touchés par cette crise ne dépensent pas comme avant
la crise et le nombre n’augmente pas.
Le deuxième facteur selon Masson, est lié à l’interdépendance commerciale et
financière, la Tunisie se trouve en difficulté en raison de la baisse (- 19%) de ses
exportations.
Le troisième facteur proposé par Ahluwalia (2000) est dans certains secteurs comme
la Bourse de Tunis ne suit pas la tendance mondiale et les places financières internationales
car elle enregistre une hausse de presque 30% au moment où les bourses ont chuté de moitié,
la crise dans le secteur financier est discriminante or dans le reste de l’économie elle est bien
non-discriminante vue la nature et la profondeur de la crise mondiale qui se propage à
travers plusieurs canaux de transmission.
III- L’impacte de la crise sur L’Algérie:
L’économie Algérienne par rapport aux autres pays de même revenu (PIB) est très
loin d’être diversifiée et la contribution du secteur privé dans le PIB reste faible, ainsi que le
secteur des hydrocarbures représente 45,9% du PIB et les services 20% suivi par la
construction vue les chantiers entrepris dans le cadre du programme d’investissement public
(PIP). Or, l’industrie et l’agriculture ne représentent que 5 % et 7,6% respectivement (Cf.
Figure N° 02).
Figure N° 02 : PIB par secteur (2006)
Source : OCDE
- Le secteur de la finance :
L’Algérie a une position extérieure solide (cf. graphique N°06). Le pays n’a pas
d’engagement fort vis-à-vis des banques internationales (moins de 1 % de leur passif) et,
localement, les banques algériennes à 90 % publiques sont restées saines, ainsi que les
agents économiques ne dépendent pas des financements extérieurs. La dette extérieure est
très marginale suite au remboursement anticipé de la dette grâce au recette des exportations
des hydrocarbures.
Graphique N° 06: Actifs financiers et passifs de l'État Algérien.
Source : FMI
L'IDE est resté faible (cf. Graphique N°07) avec seulement un stock de 9% du PIB
(8,5 milliards de dollars), contre 71% en Tunisie et 52% pour le Maroc sur les dix dernières
années.
Graphique N° 07 : Exportations, envois de fonds et IDE, 2007 (millions de dollars)
Source : FMI
L’Algérie peine encore à capitaliser les transferts des non-résidents, le montant
transféré s’élève à 2,9 Milliards de Dollar en 2007 selon un rapport de la banque mondiale,
l’Algérie se classe ainsi en 5ème position bien derrière le Maroc les transferts risquent d’être
diminués avec la crise.
- La Balance commerciale :
Selon les services des douanes algériennes, le volume des importations a augmenté
de 9,42 milliards de dollars au cours du premier trimestre 2009 par rapport au même période
de 2008, ainsi que le volume des exportations a atteint 9,42 milliard de dollars, soit une
diminution de 42,07 par rapport au premier trimestre de l’année précédente (cf. Tableau N°
06). La balance commerciale est restée excédentaire de 1,32 Milliard de dollar contre
9,99milliard en 2008 soit une diminution de (- 86,76%).
A cause de la crise financière mondiale et la baisse de la demande mondiale sur le
pétrole à cause une forte baisse des prix de pétrole, ainsi qu’un manque de diversification
des exportations algériennes, les hydrocarbures représentent l’essentiel des exportations
avec 97,27% du volume total, à fait perdre a la balance commerciale près de 87% des
recettes.
Avec seulement 2,73% du volume global des exportations (293 millions de dollars
US) les exportations hors hydrocarbures ont enregistré une forte diminution de plus de 44%
par rapport au même période 2008. Et cela malgré la mise en œuvre de la Zone Arabe de
Libre Echange (ZALE) début janvier 2009 ces échanges (l’Algérie avec les pays membres)
ont enregistré une augmentation de plus de 61% en, seulement, 3 mois passant de 260 à 330
millions de dollars.
Tableau N°06 : Balance commerciale:
1er Trim 2008 (USD) 1er Trim 2009 (USD) Evolution (%)
Importations 8 558 9 420 10,07
Exportations 18544 10742 - 42,07
Balance commerciale 9986 1322 - 86,76
Taux de couverture en (%) 217 114
Source : Direction des douanes algériennes
Nous remarquons que le canal commercial même s’il n’existe qu’un seul produit a
savoir le pétrole, vue le lien avec les pays touchés par la crise qui sont même rentré en
récession, cette récession mondiale, et surtout américaine et européenne, pourrait faire
reculer les exportations algériennes de pétrole et de gaz naturel (GN). Cependant, les
exportations algériennes du gaz naturel sont destinées majoritairement vers l'Europe (Italie,
Espagne, France, Royaume-Uni) la nature de ce produit ainsi que ses marchés rend difficile
le redéploiement vers d’autres marchés de même pour le pétrole les prix ont chuté librement
au deuxième semestre de 2008 pour atteindre les 34 USD avant de passer au soixantaine et
quelques dollars en 2009 (graphique N° 08 ) , si la crise continue ainsi, les réserves vont étre
épuisés dans 3 ans avec la même politique et soutien public dans le cadre du programme PIP
du président de la république et de gouvernement algérien, d’où, la dépendance est très forte
vis-à-vis le marché des pays développés.
Graphique N°08 : Prix du pétrole
Source : BMI, www.meamonitor.com
Un Autre point qui mérite d’être évoqué concernant la nature des importations
algériennes qui sont en grande partie en monnaie européenne (Euro) et les exportations en
US dollar, car Les pays de l’Union Européenne restent toujours les principaux fournisseurs
de l’Algérie, avec 56,31% des importations totales en 2009 avec une hausse de 15,45% par
rapport à la même période de 2008, les réserves algérienne sont libellées majoritairement en
dollar, avec une dépréciation du dollar l’Algérie épuise ses ressources plus rapidement que
prévu, sauf si le dollar rattrape la valeur de l’euro, ce qui est loin d’être visiblement
réalisable, l’Algérie est appelée donc à diversifier ses importations en terme de monnaie des
échanges.
- La gestion des réserves:
Graphique N° 09 : Réserves, solde extérieur et dette extérieure Algérienne
Source : FMI
Les réserves que l'Algérie a tiré de l'exportation des hydrocarbures ont dépassé les
134 milliards de dollars (graphique N° 09), ils sont gérés avec prudence par la banque
centrale avec une gestion centralisée et un investissement en actifs étrangers types des
banques centrales. Les réserves sont divisées en une partie liquide et un portefeuille de titres
à revenu fixe de premier rang tel que les bons de trésorerie américaine notés (AAA), note de
premier rand par l’agence de notation Standard & Poors. La plupart des réserves algériennes
sont libellées en dollar américain, le risque vient donc en cas de dépréciation du dollar ou la
baisse de revenus sur les fonds placés notamment en bons de trésorerie américaine, ces
dernier ont connu une forte demande ces dernières années, depuis le début de la crise
financière (Aout 2007), la demande est assez importante pour garder un niveau de
rémunération sûr, ainsi que les bons de trésorerie libellées en dollar, la demande sur ces
derniers par les pays dépositaires de leurs réserves notamment la Chine, le Japon, la Russie,
l’Algérie, les pays exportateurs de pétrole…etc. Ces pays sont contraint de contribuer à la
stabilité du dollar afin de sauver la valeur réel de leurs réserves, d’autres pays ont choisie de
créer des fonds souverains, une solution jugée plus risquée par rapport aux bons de trésorerie
américaines, l’exemple du fond souverain norvégien qui dégage une rentabilité annuelle
moyenne de 5 % (depuis 1997), sur un portefeuille plus risquévi, l’Algérie est exposée aux
mêmes risques que les pays dépositaires des fonds. Le facteur ou le canal de détenteur
commun des créances ou des réserves des pays excédentaires, ce détenteur commun s’il
tombe en crise, les dépositaires auront des difficultés à préserver leurs droits c’est le cas de
l’Algérie et bien d’autres pays avec les Etats-Unis, ils sont impliqués même s’ils ont des
garanties sur leurs réserves, la chute du dollar peut mettre en cause les dépôts de ces pays ils
sont obligés d’une façon ou d’une autre à continuer à subventionner indirectement
l’économie américaine et faire en sorte que le dollar garde sa valeur.
- Croissance économique:
La baisse des prix du pétrole pèsera lourdement sur la balance courante et la position
budgétaire globale, ainsi que sur la croissance économique en général, même si, à court
terme les perspectives restent encourageantes. A long terme l’Algérie, si la conjoncture
économique se détériore encore, aura peut être du mal à financer ces programme PIP jusqu'à
2014, mais vue les perspectives, les prix du pétrole devront dépassé les 74 dollar en
moyenne pour l’année 2010, dans ce cas les réserves devraient continuer de couvrir les
besoin du programme et même de lancer d’autres, la croissance économique du PIB réel
devrait baisser jusqu'à 2,6% pour l’année 2009, et avant de passer à 3,9 en 2010 (Tableau N°
07 ).
Tableau N° 07: Projections de référence à moyen terme (en %), 2007–13
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Croissance Du PIB réel 3.0 3.0 2.6 3.9 3.9 4.1 4.4
Secteur des hydrocarbures -0.9 -0.6 -1.0 0.0 0.7 1.5 2.3
Secteur hors hydrocarbures 6.3 5.8 6.0 5.8 5.6 5.5 5.5
Hausse de l'IPC (moyenne sur la période) 3.6 3.9 3.8 3.4 3.3 3.2 3.1
Source: FMI
- Canaux de transmission de la crise en l’Algérie
L’effet mousson, Masson (1998, 1999), l’Algérie subis la crise en raison d’un choc
commun lié à une chute des prix des matières premières, le prix du pétrole à chuté de 147
dollar jusqu'à 34 dollars décembre 2008, l’Algérie est très exposée à cette crise vue les
pertes en terme d’entrées des devises ce qui expliqué ici par l’Effet Mousson.
Le deuxième facteur selon Masson, est lié aux interdépendances entre l’Algérie et
les pays touchés par la crise, en raison des liens commerciaux avec, notamment, l’Europe,
les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie baissent de 44% début 2009, ainsi que les
exportations générales ont baissés de 42%, ces chiffres montrent la très forte vulnérabilité de
la balance commerciale et de l’économie en générale.
Le troisième facteur proposé par Ahluwalia (2000) où on trouve que la crise en
Algérie est non discriminante vue l’ampleur de cette crise sur certains secteurs, mais
l’absence de certains secteurs comme une bourse qui fonctionne normalement, l’Algérie ne
peut avoir des effets négatifs sur un secteur inexistant. Les canaux financiers de transmission
de la crise sont limités, et divulguent le retard de l’Algérie en matière d’intégration
financière internationale. L’économie algérienne par rapport à ses voisins (le Maroc et la
Tunisie) est beaucoup moins diversifier, il est temps de revoir les politiques économiques et
mettre d’autres plans et programmes à l’instar du PIP afin de diversifier l’économie du pays.
IV- Conclusion :
La crise financière et économique, née aux Etats-Unis pour atteindre les autres pays
développés, elle s’est transmise par la suite vers les pays émergents et même les pays
pauvres. Nous avons vu à travers cet article que la crise à pris plusieurs canaux de
transmission pour atteindre les pays du Maghreb ne sont pas épargnés. Nous avons analysé
les trois pays en se basant sur quatre facteurs de propagation et de contagion.
L’effet Masson où les pays du Maghreb à savoir les trois pays (Algérie, Maroc et la
Tunisie) subissent la même crise en raison d’une chute des prix des matières premières, et la
dépréciation du dollar. Ensuite le facteur d’interdépendances entre les pays, en raison des
liens commerciaux et financiers, les deux canaux sont présents d’une façon ou d’une autre
dans la propagation de la crise aux trois pays, de mem pour la nature de la crise non
discriminante pour les deux économies, marocaine et algérienne, elle est à la fois
discriminante et non-discriminante en Tunisie selon le secteur. Le dernier facteur touchant
l’Algérie concerne la menace pesant sur les recettes de change et la gestion de ses réserves
en devise.
La crise financière et économique mondiale malgré ses effets négatifs inévitables sur
les pays du Maghreb, elle offre également des opportunités aussi rares que la crise elle
même, d’où la nécessité de faire apparaître ces occasions pour mieux les saisir.
Annexe N° 1 : Commerce extérieur selon le régime et le type d’utilisation 6 MOIS 2009 International : Crise Internationale et Délocalisation
Références :
i Mousson (nom féminin), Phénomène climatique saisonnier, la mousson (terme dérivé du mot arabe mausim), Vent périodique de l'Asie du Sud-Est, qui souffle alternativement de la terre vers la mer et de la mer vers la terre. (voir Encyclopédie Universalis www.universalis.fr/)
ii Rapport de consultation du FMI pour le Maroc au titre de l’article IV publié le 16 septembre 2008. http ://www.imf.org/external/french/pubs/ft/scr/2008/cro8304f.pdf . iii Zouhai Chorfi, (Directeur du trésor et des finances extérieures du Maroc), Le Maroc poursuit ses progrès en dépit de la conjoncture , Banque Stratégie N°265 décembre 2008. iv Nouveau contexte de la dette publique marocaine. Le choix de l'endettement intérieur : conséquences et risques, par Mimoun RAHMANI, Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde Avril 2008, www.cadtm.org . v Données tirés du Centre Marocain de Conjoncture (CMC), http://www.conjoncture.m vi BRI, Quarterly Review, juin 2008. Bibliographie:
- Ahluwalia, P, « Discriminating contagion: an alternative, explanation of contagious crises in emerging markets », IMF working paper WP/00/14, février 2000.
- FORBES. K, and RIGOBON. R, No contagion, only interdependence: measuring stock market comovements. The Journal of Finance, LVII(5), October 2002.
- Masson. P, ontagion : « monsoonal effect, spillovers and jumps between multiple equilibria » FMI,
IMF working paper 98/142, September 1998.
- Masson. P, « multiple equilibria, contagion and emerging market crises », IMF working paper 99/164, November 1999.
- Masson. P, Contagion : macroeconomics models with multiple equilibria. Journal of International
Money and Finance, 18 :587–602, 1999.
- RAHMANI Mimoun, Nouveau contexte de la dette publique marocaine. Le choix de l'endettement intérieur : conséquences et risques, Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde Avril 2008.
- RIGOBON. R, On the measurement of the international propagation of shocks : is the transmissions
table ? Journal of International Economics, 61 :261–283, 2003.
- Zouhai Chorfi, (Directeur du trésor et des finances extérieures du Maroc), Le Maroc poursuit ses progrès en dépit de la conjoncture , Banque Stratégie N°265 décembre 2008.
Sites web: www.imf.org http://www.conjoncture.ma www.universalis.fr/ www.ocde.org www.ins.nat.tn www.cadtm.org www.ons.dz www.douane.gov.dz www.sicad.gov.tn www.tourisme.gov.ma www.oc.gov.ma
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