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Session de la Société française de médecine de catastrophe« NRBC-E de la théorie à la pratique »
LA MENACE AGROTERRORISTE
O. Cabre1, C. Roqueplo1, S. Watier-Grillot1, F. Reymann2 et J-P. Demoncheaux1
1 Ministère des armées, Service de santé des armées2 Ministère de l’agriculture et de l’alimentation
Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers,Aix-en-Provence, le 08 novembre 2018
Cadre de l’étude
• Master 2 « Risques sanitaires NRBC-E »Vétérinaire en chef J-P. DemoncheauxService de santé des armées
• Directeur de mémoireDr F. ReymannInspecteur général de la santé publique vétérinaireChef de la mission Défense et sécurité de zoneDRAAF de Zone Sud-Est
« Agroterrorisme »Définition – Périmètre de l’étude
Introduction, à des fins malveillantes, criminelles, terroristes ou de guerre, d’un bioagresseur, d’un contaminant chimique ou d’un agent radiologique, ciblant les cultures végétales ou les animaux, dans le but de porter atteinte à un individu, un groupe ou à la collectivité.
X
L’agroterrorismede l’antiquité à nos jours
• Avant le XXe siècle-> Peu documenté-> Essentiellement des animaux pris pour cibles
L’agroterrorismede l’antiquité à nos jours
•Avènement de la microbiologie et premier conflit mondial
-> La recherche sur les armes biologiques se développe-> Beaucoup mieux documenté-> Les intentions portent aussi sur les cultures végétales
• Programmes de recherche militaire (1930-1980)Exemples : Allemagne, Etats-Unis, Russie, Japon, Irak, Grande-Bretagne, France …
Une menace historiqueCibles végétales
Pyriculariose du riz(Magnaporthe grisea)
Rouille noire du blé(Puccinia graminis)
Pommes de terre - DoryphoresALLEMAGNE
1942
USA 1951-1969
•1990 : extrémisme écologique
•1990-2000 : lutte contre le narcotrafic
Une menace historiqueCibles végétales
Rouille du peuplier (Melampsora larici-populina)
Une menace historiqueCibles animales
Afghanistan, 1982-84
Morve
Europe, Amériques, 1914-18
Charbon, Morve
• Guerre biologique
Une menace historiqueCibles animales
Rhodésie, 1975-80Charbon
Kenya, 1952Plante toxique
• Guerre biologique
• Mobiles politiques
Une menace historiqueCibles animales
Etats-Unis et Mexique, 1985
Lucilie bouchère
Etats-Unis, 1997Pesticide
Australie, 1984Etats-Unis et Grande-Bretagne, 2011
Fièvre aphteuse
Nouvelle-Zélande, 1997Maladie hémorragique du
lapin
• Guerre biologique
• Mobiles politiques
• Mobiles commerciaux
• Chantages et tentatives d’extorsion de fonds
Bilan et tendances
• Une grande variété de cibles : cultures, de l’animal de travail ou de rente vers l’animal de compagnie, de loisir, l’animal sauvage ou de laboratoire ?
• Une évolution des motivations : de la guerre entre États… à… l’intérêt financier... à l’intérêt pour les terroristes
• Une quantité d’agents potentiels : prédominance des agents B sur les autres types d’agents
• Une évolution des conséquences potentielles au fil du temps : à défaut de pouvoir provoquer la famine, déstabiliser l’économie du pays…
Pertinence des ciblesanimales ou végétales
1. Cibles faciles à atteindre
2. Populations cibles sensibles
3. Agents pathogènes assez aisés à obtenir
4. Impact économique majeur
5. Si acte non revendiqué, difficile de différencier d’un évènement naturel
Une alternative aux méthodes terroristes
actuelles ?
Pertinence des ciblesanimales ou végétales
6. Faible risque sanitaire pour les auteurs
7. Mesures de biosécurité moins contraignantes en secteur agricole
8. Systèmes d’ épidémiosurveillance des maladies moins fiables dans certains pays
9. Absence de traitement spécifique pour certaines maladies
10. Moindre réticence des auteurs, plus faible réprobation publique, condamnations moins sévères
Agents potentiels
Conséquences Type d’agent microbien Total
Bactérie Virus Champignon Oomycète Phytoplasme
Multiples 3 1 9 0 1 14
Doubles 4 2 13 3 0 22
Uniques 1 3 10 0 0 14
Total 8 6 32 3 1 50
Tableau I : Conséquences potentielles de l’emploi des agents phytopathogènes du bioterrorisme, classées selon le type d’agent (d’après Latxague et al. 2007).
Agents potentiels
Maladie Espèces affectées Taux de morbidité Taux de mortalité
Fièvre aphteuse Bovins, ovins,
caprins, porcins
65-70 % 5 %
Peste porcine
classique
Porcins 60 à 90 % 60 à 90 %
Peste porcine
africaine
Porcins 100 % 100 %
Peste équine Equins 100 % > 95 % (cheval)
10 % (âne)
Fièvre catarrhale
ovine
Ruminants 100 % 15 %
Peste bovine Bovins 100 % Variable selon la souche
Peste des petits ruminants
Ovins, caprins 90 % 50-80 %
Maladie de
Newcastle
Oiseaux Variable selon la
souche
Variable selon la souche
Tableau II : Epizooties non zoonotiques à fort impact économique et d’intérêt bioterroriste (Boulouis & Haddad, 2009)
Vulnérabilités actuellesScénario potentiel
Exemple : introduction intentionnelle de la carie du blé
Tilletia caries
Vulnérabilités actuellesScénario potentiel
Exemple : introduction intentionnelle de la fièvre aphteuse
UlcèresUlcères
Aphthovirus
Vulnérabilités actuellesScénario potentiel
Critères de Rosebury Adéquation de l’agent de la fièvre aphteuse
Appréciation Commentaires
Pouvoir infectant élevé oui Contamination aisé d’un animal sain
Morbidité importante oui 65 à 70%, pouvant aller jusqu’à 100% dans une population
sensible
Production en masse réalisable oui Culture possible in vivo, in ovo et sur cellules, nécessitant
du matériel mais maladie enzootique dans de nombreuses
régions du globe. De plus, présence de souches virales dans
des laboratoires de recherche ou de production de vaccins.
Résistance élevée aux facteurs
environnementaux
oui Résiste dans l’environnement et à de nombreux agents
physiques et chimiques
Transmission possible par voie
aérienne
oui Dans l’environnement proche de l’animal malade jusqu’à de
très longues distances par le vent
Contagiosité élevée oui Hautement contagieux (90 à 100%)
Immunisation difficile oui Vaccination possible mais absence de protection croisée
contre les types viraux
Traitement difficile oui Absence de traitement spécifique
Détection et identification difficiles non Nécessitent 24 à 48h (suspicion clinique puis prélèvements
et confirmation par analyses dans un laboratoire de
référence)
Faible risque de choc en retour oui Zoonose très mineure. Infection humaine exceptionnelle et
bénigneTableau III : Adéquation des critères de Rosebury (1949) à l’agent de la fièvre aphteuse
Vulnérabilités actuellesScénario potentiel
Foyers de fièvre aphteuse en Algérie, 2017 (Source : OIE)
Impacts potentielsEpizootie de fièvre aphteuse
Grande-Bretagne, 2001
Impacts potentiels
Epizootie de fièvre aphteuseGrande-Bretagne, 2001
• 2030 foyers infectieux• 6,1 millions d’animaux abattus• Embargo mondial• Coûts directs = 3,6 milliards €• Coûts indirects = 4,6 milliards €• 85 suicides
Impact sanitaire
Impact économique
Impact environnemental
Impactsociétal
Impact médiatique
Impact politique
Une menace d’actualité,prise en compte par l’État
Assemblée nationale, 2003Rapport d’information sur le bioterrorisme :
« Le défi majeur de l’agroterrorisme »
Revue stratégiquede défense et de sécurité nationale, 2017
« terrain propice à d’éventuelles actions agro-terroristes »
À replacer dans le contexte terroriste actuel…
À replacer dans le contexte terroriste actuel…
Document Al-Quaïda(Source : US DoD, 2002)
Organisationde la réponse de l’État
Prévention, détection et alerte
•Maîtrise des importations•Traçabilité des produits, identification des animaux•Plateforme nationale d’épidémiosurveillance•Maillage sanitaire (vétérinaires mandatés, …)•Notification précoce des cas•Diffusion régulière informations techniques + formation continue + échanges interservices et interministériels
Organisation de la réponse Dispositif ORSEC et PNISU
Risque
Liste réglementaire de dangers sanitaires
soumis à plan d’urgence
Liste réglementaire de dangers sanitaires
soumis à plan d’urgence
Organisation de la réponse Plan gouvernemental NRBC – 2010
Menace
Organisation de la réponseInterconnexion des dispositifs de planification
• Plan Gouvernemental NRBC 2010
• Déclinaisons zonale et départementale
• Réseau des laboratoires « Biotox »
Risque Menace
• Plan ORSEC de zone
• Plan ORSEC départemental
• Réseau de laboratoires de référence
Place des armées et du SSA
Ministère de l’agriculture
DGAl
DRAAF - Zone
DDPP / DDCSPP
Ministère des armées
EMA/CPCO
OGZDS
DMD
DGAl : Direction générale de l’alimentationEMA/CPCO : Etat-major des armées / Centre de planification et de conduite des opérationsDRAAF : Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêtDD(CS)PP : Direction départementale (de la cohésion sociale et) de la protection des populationsOGZDS : Officier général de zone de défense et de sécuritéDMD : Délégué militaire départemental
Révision du protocolede coopération DGAl-DCSSA
Chaîne technique
Chaîne technique
Chaîne militaireChaîne militaireChaîne de commandement civile
Chaîne de commandement civile
Conclusion
• Des actes en nombre bien inférieur aux actes ciblant l’homme
• Mais des conséquences potentiellement dévastatrices
• Une menace à ne surtout pas négliger
• Une menace évolutive (nouvelles technologies)
• Une organisation de réponse en place à éprouver par des exercices de niveau zonal par exemple
Merci de votre attention
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