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La géohistoire
Quand l’espace, les territoires et le temps sont inséparables.
Vers une histoire plus sensible à l’espace et une géographie plus sensible au temps1 ?
Les programmes d’enseignement au collège publiés en novembre 2015 font
explicitement référence à la géohistoire (ou géo-histoire), qualifiée tout à la fois de
« démarche » ou d’ « approche » dans les programmes. Si le terme géohistoire apparaît
dans les programmes de géographie, il est en revanche absent des programmes d’histoire.
Cycle 3, 6e géographie, thème 4, le monde habité. « Le thème est ainsi l’occasion de proposer une approche de géo-histoire en montrant les permanences des grands foyers de population et leurs évolutions dans la longue durée ».
Cycle 3, 6e, histoire, thème 1, La longue histoire de l’humanité et des migrations : « L’histoire des premières grandes migrations de l’humanité peut être conduite rapidement à partir de l’observation de cartes et de la mention de quelques sites de fouilles et amène une première réflexion sur l’histoire du peuplement à l’échelle mondiale. L’étude du néolithique interroge l’intervention des femmes et des hommes sur leur environnement. La sédentarisation des communautés humaines comme l’entrée des activités humaines dans l’agriculture et l’élevage se produisent à des moments différents selon les espaces géographiques observés ».
Cycle 4, 5e, géographie, thème 2, des ressources limitées, à gérer et à renouveler. « Ce thème autorise aussi une présentation de type géo- histoire, qui donne de la profondeur à l’analyse et offre la possibilité de bien connecter la partie histoire et la partie géographie du programme de C4 ».
Cycle 4, histoire, 5e, Société, Église et pouvoir politique dans l’occident féodal (XIe-XVe siècles) « Les campagnes et leur exploitation constituent les ressources principales de ces pouvoirs. En abordant la conquête des terres, on envisage, une nouvelle fois après l’étude du néolithique en 6e, le lien entre êtres humains et environnement ». Cycle 4, histoire, 4e, Thème 2, L’Europe et le monde au XIXe siècle : Nouvelle organisation de la production, nouveaux lieux de production, nouveaux moyens d’échanges : « l’Europe connait un processus d’industrialisation qui transforme les paysages, les villes et les campagnes, bouleverse la société et les cultures et donne naissance à des idéologies politiques inédites ».
1 Géraldine Djament-Tran, cité in Philippe Serra, La géographie, concepts, savoirs et enseignements, A. Colin,
2013, p. 67.
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Plan :
1. Géographie et histoire : des rapports anciens et renouvelés .......................................... 2
Deux articles de dictionnaire :......................................................................................... 2
Des manuels du Supérieur qui font une place aux relations entre histoire et géographie
et permettent de brosser à grands traits des évolutions et les problématiques : ............. 2
1.1. La géographie historique de ses origines à aujourd’hui : ............................................. 3
1.2. Braudel, fondateur de la géohistoire : ......................................................................... 4
1.3. La géohistoire aujourd’hui. .......................................................................................... 7
Pour une première approche : ........................................................................................ 7
Pour approfondir : ........................................................................................................... 7
2. Quelques ouvrages et articles actuels qui s’inscrivent dans les approches de la
géohistoire et de la géographie historique : ........................................................................... 8
2.1. Bibliographie autour de la géohistoire : ................................................................ 8
2.2. Bibliographie autour de la géographie historique : ..............................................11
1. Géographie et histoire : des rapports anciens et renouvelés
Deux articles de dictionnaire :
- Christian Grataloup, « Géohistoire », in Jacques Lévy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2003, pp.401-402.
Un article court et synthétique par le géographe qui « a redonné vie » à la géohistoire.
- Nicolas Verdier, « Géographie », in Claude Gauvard, Jean-François Sirinelli, Dictionnaire de l’historien, PUF, Quadrige, 2015, pp. 305-307.
Il est intéressant de souligner, que, dans ce dernier dictionnaire, le terme de géohistoire ne fait pas l’objet d’une entrée (on trouve une entrée « géographie ») alors que le terme a été inventé par un historien, Fernand Braudel.
Des manuels du Supérieur qui font une place aux relations entre histoire et géographie et permettent de brosser à grands traits des évolutions et les problématiques :
- Jean-Jacques Bavoux, La géographie, objet, méthodes, débats, Armand Colin, 2013, 2e édition, 309 pages.
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Dans cet ouvrage de Jean-Jacques Bavoux (professeur de géographie à l’université de Bourgogne), on recommandera tout particulièrement le chapitre 3, Quelle place dans le champ des sciences humaines ?, pp 57-78. Ce chapitre concis fait le point sur les géographes, le temps et l’histoire et les historiens, l’espace et la géographie. Le chapitre s’achève sur une bibliographie détaillée en fin de chapitre qui permet d’aller plus loin.
- Philippe Serra (dir.), La géographie : concepts, savoirs et enseignements, Armand Colin, 2013, 367 pages.
Un chapitre rédigé par Géraldine Djament-Tran est consacré aux rapports avec l’Histoire, de l’histoire-géo à la géohistoire, pp.59-68. Comme l’ouvrage précédent, le lecteur y trouvera une synthèse sur les rapports entre histoire et géographie et un intéressant schéma chronologique récapitulant les étapes des relations entre histoire et géographie.
1.1. La géographie historique de ses origines à aujourd’hui
On appelle « géographie historique » la branche de la géographie qui applique les méthodes
de la géographie à des périodes anciennes. C’est « la géographie du passé ».
- Regards sur la géographie historique française, n°1, novembre 2012.
« La Revue de géographie historique a pour objectif de diffuser l’information sur les grandes questions de géographie en valorisant la démarche historique. Elle est ouverte à différentes thématiques liées aux questions politiques, économiques, rurales, urbaines, sociales et culturelles en couvrant l’ensemble des régions de la planète ». (Nicola Todorov et Philippe Boulanger). C’est une revue qui offre en ligne de nombreuses ressources. Dans le premier numéro de cette revue en ligne (un numéro par an), Paul Claval (Professeur émérite à l’Université de Paris IV Sorbonne) et Philippe Boulanger (Professeur des universités en géographie à l’Institut Français de Géopolitique de Paris VIII) dressent une rapide histoire de la géographie historique :
- Paul Claval dans « la géographie historique, une courte histoire » rappelle la dimension
historique de la géographie traditionnelle, une géographie « science auxiliaire de l’histoire »,
qui peine à rompre avec l’histoire. Vers 1900, les nouveaux objets géographiques que sont les
genres de vie, les paysages, les divisions territoriales amènent les géographes de terrain à
s’intéresser à l’histoire dans une démarche rétrospective et explicative : les structures agraires
puis les paysages sont au cœur de la géographie historique. Les géographes amènent de
nouvelles méthodes et approches dont se nourrissent les historiens (ce que Paul Claval
résume en une formule concise : « la géographie rénove l’histoire »), Marc Bloch et Lucien
Febvre : la rupture avec l’histoire événementielle et politique au profit d’une histoire économique
et sociale, l’intérêt porté aux oubliés de l’histoire et à la longue durée. C’est ensuite Fernand
Braudel - influencé par la géographie allemande et son intérêt pour le paysage - qui marque une
rupture dans cette évolution - il est l’inventeur du terme de géohistoire - en donnant toute sa place
au cadre géographique dans l’écriture de l’histoire et en mêlant les temporalités (les 3
temporalités de Braudel). Si le projet de Braudel n’essaime pas en France, il se développe aux
Etats-Unis avec Carl Sauer qui développe dans les années 1940 et 1950 une géohistoire
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environnementale (Ecole de Berkeley) sous la double influence des géographes français et des
géographes allemands. Dans les années 1930, la géographie historique de langue anglaise
prend avec Clifford Darby à l’Université de Cambridge une autre direction : l’étude des processus
de transformation des paysages sur la longue durée (archéologie spatiale). Le tournant culturel
des années 1990 conduit à une transformation de la géographie et de la géographie historique en
particulier avec un intérêt porté aux acteurs et à leurs représentations (« le passé est un pays
étranger », David Lowenthal).
- Dans « la renaissance de la géographie historique en France depuis les années 1990 », Philippe
Boulanger s’intéresse au rayonnement de la géographie historique aujourd’hui, une branche de la
géographie pleine d’atouts. Reprenant la combinaison des temporalités (pour comprendre le
présent), elle se caractérise par la transversalité de ses thématiques et le raisonnement par la
combinaison des échelles spatiales. Utile, elle répond aujourd’hui à des demandes : mieux
comprendre son environnement, répondre aux besoins d’aménagement du territoire et créer des
espaces en harmonie avec les sociétés. Le congrès de 2002 consacre la place de la géographie
culturelle et historique. La conclusion de Philippe Boulanger est la suivante : « les géographes
sont plus nombreux à reconsidérer la place du facteur historique dans l’approche spatiale, prenant
conscience de son apport pour mieux gérer les enjeux sociaux et territoriaux actuels ».
Le site de la revue de géographie historique française permet également d’accéder à des
comptes rendus d’ouvrages, des comptes rendus de thèses (Cf. 2.2).
- Plus ancien, un numéro de la revue Hérodote consacré à la Géographie historique : « Géographie historique », Hérodote, 3e trimestre 1994, n° 74-75.
- Jean-Robert Pitte, « La géographie historique au service des problèmes d’aujourd’hui », Où en est la géographie historique ?, L’Harmattan, 2005, pages 195-202. - Jean René Trochet, La Géographie historique en France, Paris, PUF, 1997, 127 pages. - Jean-René Trochet, Géographie historique. Hommes et territoires dans les sociétés traditionnelles, Paris, Nathan, 1998, 251 pages. Un ouvrage précurseur : - Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle, Paris, 1959
1.2. Braudel, fondateur de la géohistoire
Le terme « géohistoire » apparaît en 1949 dans un article de Fernand Braudel intitulé
« Géohistoire : la société, l’espace, le temps ». L’espace est pour Braudel « la première
donnée de l’histoire longue des civilisations » d’où la place faite à la Méditerranée dans sa
thèse La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II ou encore dans
Les mémoires de la Méditerranée (Éditions de Fallois, 1998).
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Ouvrages de Fernand Braudel :
Toute l’œuvre de Braudel s’inscrit dans cette approche. On retiendra toutefois deux
ouvrages :
- Fernand Braudel, Les ambitions de l’histoire, Poche, Éditions de Fallois, Paris, 1997.
Cet ouvrage – dont l’édition est établie sous Roselyne de Alya et Paule Braudel - est organisé en trois
parties qui rassemblent des écrits de Fernand Braudel : L’histoire, mesure du monde (I), Vers la
plus grande histoire (II) et l’élaboration d’une œuvre (III). Certains articles sont connus comme
celui consacré à « la longue durée ». D’autres, en revanche, le sont moins comme ceux qui
constituent l’avant-propos de l’ouvrage. Écrits en captivité, ces articles courts constituent un véritable
programme d’historien ; ils s’intitulent : 1. « Trois définitions : l’événement, le hasard, le social », 2.
« L’histoire à la recherche du monde », 3. « Géohistoire : la société, l’espace et le temps ». C’est dans
ce dernier article que Fernand Braudel utilise pour la première fois le terme de géohistoire (terme qu’il
crée), un texte épistémologique essentiel pour comprendre la pensée de Fernand Braudel et son
projet de spatialiser l’histoire.
Extraits de « Géohistoire : la société, l’espace, le temps », p.68-114.
« Les deux sens de la géohistoire :
La géohistoire, c’est bien l’histoire que le milieu impose aux hommes par ses
constantes, cas le plus fréquent, ou par ses légères variations, quand celles-ci
arrivent à entraîner des conséquences humaines- tant de modifications, en effet,
restant inaperçues et négligeables même, à la faible et courte mesure de l’homme !
Oui, certes, mais la géohistoire est aussi l’histoire de l’homme aux prises avec son
espace, luttant contre lui tout au long de sa dure vie de peines et d’efforts, réussissant
à le vaincre, à le supporter plutôt, au prix de travaux qu’il faut toujours renouveler. La
géohistoire est l’étude d’une double liaison, de la nature à l’homme et de l’homme à la
nature, l’étude d’une action et d’une réaction, mêlées, confondues, recommencées
sans fin, dans la réalité de chaque jour ». (page 102)
[…]
« Ainsi, deux géohistoires : le côté hommes, le côté nature. En fait, deux courants de
vitesse différente.
Côté nature : l’influence du milieu en gros est immuable, elle se pose en termes
naturels, toujours les mêmes ou presque, l’exception, si elle existe historiquement
confirmant la règle. Cette histoire est immobile ou quasi-immobile, je veux dire
indéfiniment répétée dans les mêmes conditions, aux mêmes instants : c’est la
descente des troupeaux vers les plaines l’hiver et leur montée vers les hauts
pâturages l’été ; c’est, dans l’hémisphère Nord, les récoltes et les vendanges aux
mêmes dates de l’année…
Côtés hommes maintenant : leur action contre les choses varient avec les époques.
Mais elle s’exerce lentement, bien plus lentement qu’on ne saurait le supposer. Il y a
bien du côté des hommes des révolutions géographiques, et même, nous sommes en
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train d’en vivre une, mais elles demandent beaucoup, beaucoup de temps pour
s’accomplir ». (p.107-108)
- Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II,
Paris, A. Colin, 1949 (1ère édition). Il s’agit de la thèse de Fernand Braudel, thèse qui a fait date. Sa
première partie est consacrée à l’espace méditerranéen.
Articles, ouvrages, revues autour de l’œuvre de Fernand Braudel
Des présentations générales de l’œuvre de Braudel :
- « Fernand Braudel, Les temps de l’histoire » in Guy Bourdin, Hervé Martin, Les écoles
historiques, Le Point Seuil Histoire, 1983, pp 229-235.
- Jacques Poloni-Simard, « Fernand Braudel » in collectif, Les Historiens, A. Colin, 2003, pp.
137-160.
Des articles plus spécialisés :
- Guilherme Ribeiro, « La genèse de la géohistoire chez Fernand Braudel : un chapitre de
l'histoire de la pensée géographique », Annales de géographie, vol. 686, n°4, 2012, pp. 329-
346.
Guilherme Ribeiro est l’auteur d’une thèse sur Espace, Temps et Épistémologie au XXe
siècle : la Géographie dans l’œuvre de Fernand Braudel dont l’axe principal est de montrer
que la géographie sous-tend toute l’œuvre de Fernand Braudel et pas seulement La
Méditerranée au temps de Philippe II. Dans cet article, Guilherme Ribeiro rappelle que le
concept de géohistoire est élaboré très tôt pendant la captivité en Allemagne : un article
intitulé « géohistoire : la société, l’espace, le temps » l’explicite. Le concept de géohistoire est
au carrefour de la géographie française et de la géographie allemande (cf. Les Cahiers de
captivité). En cela, Guilherme Ribeiro montre comment Fernand Braudel prend ses distances
avec son maître Lucien Febvre.
- Peter Schöttler, « Fernand Braudel, prisonnier en Allemagne : face à la longue durée et au
temps présent », Sozial.Geschichte Online 10 (2013), S. 7–25.
Issu d’un séminaire de recherche, cet article est paru dans Anne-Marie Pathé, Fabien
Théofilakis, La captivité de guerre au XXe siècle des archives, des histoires, des mémoires,
Armand Colin/Recherches, 2012, 376 pages.
Peter Schöttler s’intéresse à la captivité de Fernand Braudel en Allemagne, ses conditions
matérielles (Fernand Braudel accède à la Bibliothèque de Mayence, aux Annales, échange
avec Lucien Febvre tout au long de sa captivité, ses cours qu’il donne à Mayence) et
l’élaboration de sa pensée dans le rapport passé-présent.
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1.3. La géohistoire aujourd’hui
Christian Grataloup, géographe, Professeur émérite de géographie à l’Université Paris VII-
Diderot est le principal représentant de la géohistoire contemporaine, celle qui s’attache à
« l’étude géographique des processus historiques » : « la géohistoire consiste à mobiliser
les outils du géographe pour composer une explication des événements et des
périodicités, partant de l’hypothèse que la localisation des phénomènes de société est
une dimension fondamentale de leur logique même ». (Christian Grataloup,
« Géohistoire » in Jacques Levy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de
l’espace des sociétés, Belin, 2003, pages 401-402).
Pour une première approche :
- Christian Grataloup, « Géohistoire » in Jacques Levy et Michel Lussault, Dictionnaire de la
géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2003, pages 401- 402.
L’article de Christian Grataloup permet de différencier « géographie historique » et
« géohistoire ». Si les deux disciplines travaillent sur les mêmes objets, l’espace, le temps et
les sociétés, elles en diffèrent en revanche sur la manière d’appréhender l’espace et le temps,
simultanément dans la géohistoire, séparément en géographie historique. L’approche du
temps est diachronique dans la géohistoire et synchronique dans la géographie historique. La
géohistoire utilise des jeux d’échelles. Elle recherche des lois générales et cherchent à
modéliser. Elle cherche à comprendre les configurations géographiques dans des périodes
révolues.
Pour approfondir :
- Christian Grataloup, Introduction à la géohistoire, Armand Colin, 224 pages.
Un ouvrage de fond qui propose une réflexion sur l’interaction entre territoire, milieu et
espace. L’ouvrage est organisé en trois parties : Territoire : les sociétés entre deux distances
et entre deux rythmes (I) Milieu : l’impossible déterminisme environnemental (II) et Espace :
l’horizon du temps social (III).
- Gérard Chouquer et Magali Watteaux, L’archéologie des disciplines géohistoriques, Traité
d’archéogéographie tome 2, Errance-Actes Sud, 2013, 408 pages.
Gérard Chouquer est historien et archéogéographe, directeur de recherche au CNRS (Vous
trouverez en ligne la liste de ses travaux). Gérard Chouquer s’est intéressé aux paysages
(notamment aux paysages dans l’Antiquité), Magali Watteaux est archéologue et
archéogéographe. Une mise au point sur toutes les disciplines qui étudient la dynamique de
l’espace sur la longue durée.
- Christian Grataloup, Faut-il penser autrement l’histoire du monde ? Collection Éléments de
réponse, Armand Colin, Paris, 2011, 213 pages.
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Un plaidoyer pour écrire une autre histoire du monde. Christian Grataloup appelle à dépasser
la vision occidentale du monde, à introduire la géographie dans l’histoire et travailler les
transitions et les discontinuités. Tout un programme.
- Nicolas Jacob-Rousseau, « Géohistoire/géo-histoire : quelles méthodes pour quel
récit ? », Géocarrefour, Vol. 84/4 | 2009, 211-216.
2. Quelques ouvrages et articles actuels qui s’inscrivent dans les
approches de la géohistoire et de la géographie historique
Si géographie historique et géohistoire ne se confondent pas, ces deux branches sont
liées. Ainsi le site de la Revue de géographie historique fait la place à des approches
géohistoriques, Christian Grataloup étant membre du Comité éditorial et scientifique. On
notera également que certains thèmes abordés sont communs aux deux approches.
Pour des raisons de commodité dans la présentation des travaux, on a toutefois
maintenu séparés les deux champs scientifiques. Ces références peuvent être utiles dans le
cadre de la mise en œuvre de nos programmes d’enseignement tant en histoire qu’en
géographie, tant au collège qu’au lycée.
2.1. Bibliographie autour de la géohistoire
Comme en témoigne le colloque Géohistoire de l’environnement et des paysages
(automne 2016, Toulouse), la géohistoire s’intéresse aux paysages, à l’environnement, au
patrimoine et à la patrimonialisation, aux risques, aux forêts et zones humides, aux zones
urbaine et péri-urbaine, aux littoraux. Cf. le programme (PDF, environ 12,4 Mo)
La géohistoire est donc une branche particulièrement dynamique.
Les quelques références ont été regroupées par thématiques pour en faciliter l’utilisation.
2.1.1. Découpages et régions du monde : remettre en question les
découpages du monde en les historicisant
- Christian Grataloup, Géohistoire de la mondialisation, Le temps long du monde, Armand
Colin, 2013, 287 pages.
L’ouvrage répond au projet de Christian Grataloup de situer dans le temps long la
mondialisation actuelle et de sortir d’une grille de lecture centrée sur l’Occident. « L’histoire du
monde a une géographie » écrit Christian Grataloup dans sa préface. L’ouvrage comporte
trois parties : les mondes avant le Monde (I) c’est-à-dire avant la construction du Monde (II)
(lorsque les mondes hors de l’Europe perdent leur autonomie) puis les limites du Monde (III)
(c’est-à-dire les régressions et les menaces à une mondialisation perçue comme réversible).
- Christian Grataloup, L’invention des continents, Larousse, 2009, 224 pages.
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Un ouvrage essentiel pour appréhender l’histoire du découpage géographique des continents
actuels. Loin d’être des faits de nature, les limites actuelles des continents sont d’abord et
avant tout des faits historiques.
- Christian Grataloup, Vincent Capdepuy : « Continents et océans : le pavage européen du
globe », Monde(s) 2013/1 (N° 3), p. 29-51.
Ces deux auteurs invitent à repenser le découpage du monde. Création des temps modernes,
le pavage européen du globe en continents est une construction abstraite et, pour eux,
déconnectée des réalités culturelles, économiques et politiques.
- Vincent Capdepuy, « Proche ou Moyen-Orient ? Géohistoire de la notion de Middle East »,
L’Espace géographique, vol. Tome 37, no. 3, 2008, pp. 225-238.
L’auteur propose ici une mise au point sur les appellations de cette région du monde.
- Vincent Capdepuy, « Le « Croissant fertile ». Naissance, définition et usages d'un concept
géohistorique », L'Information géographique, vol. 72, no. 2, 2008, pp. 89-106.
Utilisée abondamment, cette notion est pourtant particulièrement floue. En retraçant son
histoire (inventée par James Henry Breasted, égyptologue fondateur de l'Oriental Institute of
Chicago pour son manuel scolaire Outlines of European History en 1914), l’auteur s’intéresse
aux origines de cette notion (pourquoi l’inventer ?), à ses limites géographiques très
incertaines et à ses utilisations multiples, dans des contextes différents du périple d’Abraham
à la naissance de l’agriculture et au XXe siècle dans le contexte du projet (rêve ?) d’unité des
pays arabes.
- Christian Grataloup : « La mondialisation dans une perspective géohistorique ». Bulletin de
l’Association des Géographes français, 2008, 85-3, pp. 207-314.
2.1.2. Territoires
De nombreux auteurs mobilisent la géohistoire dans leurs travaux sur les territoires du
monde, dans lesquels on trouve souvent de nombreuses cartes en appui des
démonstrations.
- Martine Droulers, Brésil : une géohistoire, PUF géographie, Paris, 2015, 312 pages.
Géographe, chercheur au CNRS, Martine Droulers présente une remarquable étude de
géohistoire de ce pays-continent.
Voir cet exemple.
- Michel Bruneau, L’Asie d’entre l’Inde et la Chine. Logique territoriale des États, Belin,
Paris, 2006.
Géographe spécialiste de l’Asie du Sud-Est au CNRS, l’auteur présente une remarquable
analyse s’inscrivant dans la géohistoire des constructions territoriales, sociales et politiques de
cet espace au carrefour des influences civilisationnelles chinoises et indiennes.
- Michel Foucher (ss direct) : Asies nouvelles, Belin, Paris, 2002, 480 p.
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Dans cet ouvrage collectif, 61 auteurs spécialistes de l’Asie mobilisent le concept de
géohistoire pour analyser les dynamiques sociales, économiques et géopolitiques du
continent asiatique.
- Michel Foucher (ss direct.) : Fragments d’Europe, Fayard, Paris, 1993, 317 p.
Dans cet ouvrage collectif, une dizaine d’universitaires mobilisent les concepts de la
géohistoire pour analyser de manière stimulante les dynamiques continentales, en particulier
en Europe centrale et orientale (mobilités frontalières, rivalités des systèmes impériaux, zones
de broyage, mutation des systèmes urbains et des réseaux de transport, construction des
États-nation…).
- Gérard Dorel : « L’idée de frontière dans l’histoire et la géographie des États-Unis. Une
approche géohistorique du concept de frontière à travers le cas étatsunien », Travaux de
l’Institut de Géographie de Reims, n°125-126, 2006, pp. 077-080.
- Alain Reynaud, « Une géohistoire. La Chine des Printemps et des Automnes », Reclus, coll. Géographiques, 1992, 220 p.
o voir le compte-rendu o Analyse par C. Grataloup
- Jean Claude Hinnewinkel, « Vignobles et géohistoire », Revue Sud-Ouest Européen,
n°23, Toulouse, 2007.
2.1.3. Villes
- Youri Carbonnier, « Paris, une géohistoire », La Documentation photographique, n° 8068,
2009.
Maître de conférences en histoire moderne à l’université d’Artois (Arras), spécialiste des villes
à l’époque moderne (paysages, construction, urbanisme et société), Youri Carbonnier dresse
dans ce numéro de la Documentation photographique une géohistoire de Paris autour de 4
axes : un site marqué par la Seine, Paris, capitale de la France et métropole mondiale,
l’évolution d’un paysage urbain et l’agglomération métropolitaine.
- Géraldine Djament-Tran, « Le débat sur Rome capitale. Géohistoire d'un choix de
localisation », L’Espace géographique, vol. Tome 34, no. 4, 2005, pp. 367-380.
L’étude par une géographe et en géographe du choix de Rome comme capitale à la fin de
l’unification de l’Italie. (Cet article s’inscrit dans des travaux préparatoires à une thèse sur la
résilience de Rome sur le long terme). Le choix d’une capitale domine la vie politique italienne
de 1860 à 1871 : la dimension géopolitique est essentielle. Le choix de Rome - « ville
neutre » - est fonction des représentations de l’espace (le clivage Nord-sud) dans les élites
italiennes, du polycentrisme de la péninsule. L’article se clôt sur un plaidoyer pour « une
investigation géo-historique systématique du thème des capitales » au service des
interactions entre géographie et politique.
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2.1.4. Agriculture
- Sébastien Abis, « Le blé : géohistoire d’un grain au cœur du pouvoir », Géoéconomie, vol.
77, no. 5, 2015, pp. 195-215.
Sébastien Abis est administrateur au CIHEAM (Centre international de hautes études
agronomiques méditerranéennes) et chercheur associé à l’IRIS (Institut de relations
internationales et stratégiques). Il a publié en juillet 2015 un livre intitulé Géopolitique du blé.
Un produit vital pour la sécurité mondiale aux éditions IRIS/Armand Colin. Dans cet article,
Sébastien Abis montre comment le blé était un enjeu central dès l’Antiquité, qu’il a été au
cœur de l’histoire de France et qu’il demeure au cœur des dynamiques du XXe siècle. Sur le
site de l’IRIS, plusieurs articles et entretiens avec Sébastien Abis sont disponibles.
2.1.5. Paysages et environnement
- Simon Edelblutte, « Géohistoire des paysages industriels d’une vallée vosgienne », Revue
Géographique de l'Est [En ligne], vol 43 / 3 | 2003, mis en ligne le 25 novembre 2010,
consulté le 04 juin 2017.
- Delphine Gramond, « Géohistoire environnementale : contours sémantiques et
conceptuels. Discussions sur les héritages et patrimoines reconnus aux zones humides
fluviales », Développement durable et territoires [En ligne], Vol. 5, n°3 | Décembre 2014, mis
en ligne le 05 décembre 2014, consulté le 04 juin 2017.
Delphine Gramond est maître de conférences en géographie physique à UMR 8185 ENeC
(Espaces, Nature et Culture) CNRS/Université Paris-Sorbonne. Dans cet article, elle
s’interroge notamment sur les contours de la géographie environnementale.
2.1.6. Fleuves et cours d’eau :
- Nicolas Beaupré, « Le Rhin, une géohistoire », La Documentation photographique, N°8044,
2005.
- Marie Forget, François-Michel Le Tourneau, « Le Jari, Géohistoire d'un grand fleuve
amazonien », Norois, vol. 232, no. 3, 2014, pp. 89-90.
2.2. Bibliographie autour de la géographie historique
- La Revue de géographie historique offre en ligne de nombreuses ressources et les
travaux les plus récents.
On indique ici les thèmes de chaque numéro :
- mai 2017 : Géographie historique et guerres
- novembre 2016 : Géographie historique du Japon d'Edo et ses héritages
- mai 2016 : Géographie historique et questions militaires (1)
- mai- novembre 2015 : Les médias : approches géohistoriques et géopolitiques
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sur le portail Éduscol Histoire-Géographie (http://eduscol.education.fr/histoire-geographie/)
- novembre 2014 : La géographie de l’époque napoléonienne
- mai 2014 : Géographie historique de la Lotharingie
- novembre 2013 : La forêt et ses marges. Autour de la biogéographie historique :
outils, résultats, enjeux
- mai 2013 : Géographie historique des paysages en Allemagne
Parmi les représentants de la géographie historique, on retiendra :
Xavier de Planhol fut l’un des représentants de la géographie historique alors relativement
marginalisée. Géographe du monde islamique, il a écrit de nombreux ouvrages. On pourra
retenir :
- Géographie historique de la France, Paris, Fayard, 1988, 638 pages.
- L’eau de neige. Le tiède et le frais. Histoire et géographie des boissons, Paris, Fayard,
1995, 474 pages.
- Les Nations du Prophète, Manuel géographique de politique musulmane, Paris, Fayard,
1993, 894 pages.
- L’islam et la mer. La mosquée et le matelot. VIe-XXe siècle, Paris, Perrin, 2000, 658 pages.
Jean Robert Pitte est Professeur émérite de l’Université Paris IV Panthéon Sorbonne. On
retiendra :
- Histoire du paysage français, 2 vol., Tome 1 : Le Sacré, de la préhistoire au 15e siècle ;
tome 2 : le profane du 16e siècle à nos jours, Tallandier, 1983, 5e édition 2011.
- Gastronomie française. Histoire et géographie d'une passion, Fayard, 1991, 265 pages.
Marcel Roncayolo fut Directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
et professeur émérite de géographie à l'université Paris X – Nanterre.
- Lectures de villes : Formes et temps, Marseille, Parenthèses, 2002.
- L’imaginaire de Marseille, pôle, ville, port, Chambre de commerce et d'industrie de
Marseille, 1990, rééd. ENS, Editions, coll. « Bibliothèque idéale des sciences sociales »,
2014.
Françoise Janier-Dubry
Olivier Grenouilleau
Laurent Carroué
Inspection générale de l’Éducation nationale, groupe histoire et géographie
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