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8/8/2019 Bied-Charreton Marc et Requier-Desjardins Mlanie, 2007. Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre
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Comit Scientifique Franais de la DsertificationFrench Scientific Committee on Desertification
Numro 6
Sciences et socitciences et socitcivile dans le cadreivile dans le cadrede la lutte contre lae la lutte contre la
dsertificationsertification
Sciences et socitciences et socitcivile dans le cadreivile dans le cadrede la lutte contre lae la lutte contre la
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Comit Scientifique Franais de la Dsertification
La cration, en 1997, du Comit Scientifique Franais de laDsertification, CSFD, rpond une double proccupation desministres en charge de la Convention des Nations Unies sur la luttecontre la dsertification. Il sagit dune part de la volont de mobiliserla communaut scientifique franaise comptente en matire dedsertification, de dgradation des terres et de dveloppement desrgions arides, semi-arides et subhumides afin de produire desconnaissances et servir de guide et de conseil aux dcideurs politiques
et aux acteurs de la lutte. Dautre part, il sagit de renforcer lepositionnement de cette communaut dans le contexte international.Pour rpondre ces attentes, le CSFD se veut une force danalyse etdvaluation, de prospective et de suivi, dinformation et depromotion. De plus, le CSFD participe galement, dans le cadre desdlgations franaises, aux diffrentes runions statutaires desorganes de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre ladsertification : Confrences des Parties, Comit de la science et de latechnologie, Comit du suivi de la mise en uvre de la Convention.Il est galement acteur des runions au niveau europen etinternational.
Le CSFD est compos d'une vingtaine de membres et d'un Prsident,nomms intuitu personaepar le ministre de lEnseignementsuprieur et de la Recherche et issus des diffrents champsdisciplinaires et des principaux organismes et universits concerns.Le CSFD est gr et hberg par Agropolis International qui rassemble, Montpellier et dans le Languedoc-Roussillon, une trs importantecommunaut scientifique spcialise dans lagriculture, lalimentationet lenvironnement des pays tropicaux et mditerranens. Le Comitagit comme un organe indpendant et ses avis n'ont pas de pouvoirdcisionnel. Il n'a aucune personnalit juridique. Le financement deson fonctionnement est assur par des subventions du ministre desAffaires trangres et europennes et du ministre de lcologie, duDveloppement et de lAmnagement durables, la participation de ses
membres ses activits est gracieuse et fait partie de l'apport duministre de lEnseignement suprieur et de la Recherche.
Pour en savoir plus :
www.csf-desertification.org
Directeur de la publication
Marc Bied-CharretonPrsident du CSFD
Professeur mrite delUniversit de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ, France)Chercheur au Centre dconomie
et dthique pour lenvironnement etle dveloppement (C3ED-UMR IRD/UVSQ)
Auteurs
Marc Bied-Charretonmarc.bied-charreton@c3ed.uvsq.fr / csfd@agropolis.fr
Mlanie Requier-Desjardinsconomiste, Conseillre rgionale,
Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS, Tunisie)melanie.requier@oss.org.tn
Avec la participation de
Jean-Paul Chassany,Professeur Montpellier SupAgro (ex Agro. M, France)
Antoine Cornet, Directeur de recherchel'Institut de recherche pour le dveloppement (IRD, Tunisie)Jacques Pinon, administrateur et membre du bureau,Eau Vive (France), et participant au Groupe de Travail
sur la Dsertification (GTD, France)
dition et iconographie
Isabelle Amsallem (Agropolis Productions, France)agropolisproductions@orange.fr
Conception et ralisation
Olivier Piau (Agropolis Productions)agropolisproductions@orange.fr
Remerciements pour les illustrations
Danile Cavanna(Photothque INDIGOde lInstitut de recherche pour le dveloppement)
rishna Naudin du Centre de coopration internationaleen recherche agronomique pour le dveloppement(Cirad, France), ainsi que les auteurs des diffrentes
photos prsentes dans le dossier.
Impression : Les Petites Affiches(Montpellier, France)Dpt lgal : parution ISSN : 1772-6964
Imprim 1 500 exemplaires
CSFD/Agropolis International, octobre 2007
ur rfrence : Bied-Charreton M., Requier-Desjardins M., 2007. Sciencessocit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification Les dossiersmatiques du CSFD. N6. Octobre 2007. CSFD/Agropolis International,ontpellier, France. 40 pp.
Les dossiers thmatiquesdu CSFD numro 6
agropolis productionsune
ralisation
La rdaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entirement
la charge du Comit, grce l'appui qu'il reoit des ministres franais.
Les dossiers thmatiques du CSFD sont tlchargeables librement
sur le site Internet du Comit.
La rdaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entirement
la charge du Comit, grce l'appui qu'il reoit des ministres franais.
Les dossiers thmatiques du CSFD sont tlchargeables librement
sur le site Internet du Comit.
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Lhumanit doit dornavant faire face un problme denvergure mondiale : ladsertification, la fois phnomne naturel etprocessus li aux activits humaines. Jamais
la plante et les cosystmes naturels nont t autantdgrads par notre prsence. Longtemps considre commeun problme local, la dsertif ication fait dsormais partiedes questions de dimension plantaire pour lesquelles noussommes tous concerns, scientifiques ou non, dcideurspolitiques ou non, habitants du Sud comme du Nord. Il est
dans ce contexte urgent de mobiliser et de faire participerla socit civile, et dans un premier temps de lui fournirles lments ncessaires une meilleure comprhensiondu phnomne de dsertification et de ses enjeux. Lesconnaissances scientifiques doivent alors tre la portede tout un chacun et dans un langage comprhensible parle plus grand nombre.Cest dans ce contexte que le Comit Scientifique Franaisde la Dsertification a dcid de lancer une nouvellesrie intitule Les dossiers thmatiques du CSFD quiveut fournir une information scientifique valide sur ladsertification, toutes ses implications et ses enjeux. Cette
srie sadresse aux dcideurs politiques et leurs conseillersdu Nord comme du Sud, mais galement au grand public,aux journalistes scientifiques, du dveloppement et delenvironnement. Elle a aussi lambition de fournir auxenseignants, aux formateurs ainsi quaux personnes enformation des complments sur diffrents domaines.Enfin, elle entend contribuer la diffusion desconnaissances auprs des acteurs de la lutte contre ladsertification, la dgradation des terres et la lutte contrela pauvret : responsables dorganisations professionnelles,dorganisations non gouvernementales et dorganisations desolidarit internationale.Une douzaine de dossiers sont consacrs diffrents thmes
aussi varis que les biens publics mondiaux, la tldtection,lrosion olienne, lagro-cologie, le pastoralisme, etc.,afin de faire le point des connaissances sur ces diffrentssujets. Il sagit galement dexposer des dbats dideset de nouveaux concepts, y compris sur des questionscontroverses, dexposer des mthodologies courammentutilises et des rsultats obtenus dans divers projets et enfin,de fournir des rfrences oprationnelles et intellectuelles,des adresses et des sites Internet utiles.Ces dossiers seront largement diffuss - notamment dansles pays les plus touchs par la dsertification - sous formatlectronique la demande et via notre site Internet, mais
galement sous forme imprime. Nous sommes lcoutede vos ractions et de vos propositions. La rdaction, lafabrication et la diffusion de ces dossiers sont entirement la charge du Comit, grce lappui quil reoit desministres franais. Les avis exprims dans les dossiersreoivent laval du Comit.
Avant-propos
Marc Bied-CharretonPrsident du CSFD
Professeur mrite de lUniversitde Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ
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2 Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
Prface
omment les agriculteurs et les chercheurspeuvent-ils dvelopper une collaborationbnfique pour tous ? Depuis de nombreusesannes, les agriculteurs souhaitent que la
recherche agricole soit lcoute de leurs proccupationset quelle sintresse la fois aux problmes deproduction et de commercialisation. Dans de nombreuxpays dvelopps, cette recherche rpond aux besoinsdes agriculteurs car ces derniers ont contribu sonfinancement par le biais de taxes sur les marchandisesou bien parce quils ont lu des reprsentants dansles institutions gouvernant la recherche nationale.Ceci nest toutefois pas le cas partout dans le monde,particulirement l o les petits producteurs ne se sontpas encore structurs en organisations les reprsentant.
La reprsentation des agriculteurs dans les conseils desinstitutions de recherche est une avance positive pourdvelopper une collaboration russie ; ce qui devraitaboutir un changement sur le terrain. Ce changementpeut tre mesur par les amliorations accordes auxprojets prioritaires, la prise en compte des groupementsdagriculteurs dans la conception des projets et lesefforts raliss pour rendre la technologie accessible auxproducteurs.
La concentration du march en amont et en aval dusecteur agricole reprsente un enjeu croissant pourla survie des agriculteurs. Pour que la pauvret ruralesoit rduite, les paysans doivent pouvoir vivre de leursactivits agricoles. La position des producteurs dans lemarch doit ainsi tre renforce par rapport celle desautres acteurs de la filire alimentaire. Dans les rgionsarides, les agriculteurs, pauvres, ne peuvent pas investiret ont besoin de laide publique au dveloppement.La recherche peut alors jouer un rle important pouridentifier des mcanismes innovants dinsertion desagriculteurs dans les marchs, et ce en collaborationavec eux, notamment en amliorant lorganisation de laproduction agricole.
Les chercheurs peuvent aider les producteurs grce lanalyse de leur situation et des conditions ncessaires leur russite, comme, par exemple, lenvironnementrglementaire et lgislatif. Les producteurs auront ainsiles connaissances ncessaires pour appliquer, adapterou extrapoler des expriences russies dans leur proprepays.
Un autre enjeu important, pour lequel producteurs etchercheurs doivent collaborer, concerne les nouvellescontraintes dues au changement climatique au niveaumondial, surtout dans les rgions arides et semi-arides.
Les pratiques agricoles doivent alors tre adaptes ces variabilits. Leffort des gouvernements doit treimportant pour appuyer cette recherche adaptativeprenant en compte les partenaires cls que sont lesagriculteurs.
Comment amliorer laccs aux rsultats de la recherchepour les agriculteurs ? La modernisation du secteuragricole passe par le renforcement des systmes devulgarisation dans les zones rurales. Les organisationsagricoles doivent pouvoir accder, la base, desservices solides de vulgarisation. Malheureusement, lesservices de vulgarisation gouvernementaux travers lemonde sont restreints la suite de coupes financires.Les producteurs doivent alors tablir eux-mmes desservices locaux de vulgarisation efficaces qui rendentles rsultats de recherche accessibles aux paysans et quidiffusent les informations au sein de la communautpaysanne. Les services de vulgarisation doivent alorstravailler en collaboration troite avec les centres derecherche et les organisations agricoles.
Enfin, les gouvernements devraient financer correctementla recherche agricole. La plupart des statistiquesmontre que les gouvernements ont significativementrduit le financement de la recherche agricole et dela gestion durable des terres. Il est urgent dinversercette tendance. Les gouvernements ne devraient pascompltement dlaisser leurs responsabilits pour larecherche agricole au profit du secteur priv. Ils devraientcontinuer dvelopper leurs propres projets afin que lesproducteurs aient le choix de nouvelles technologies etne deviennent pas dpendants des fournisseurs privspour ces technologies ou bien pour les semences. Lesgouvernements ont aussi un rle important jouer pourque la connaissance indigne continue tre dveloppeet rendue ainsi disponible ceux qui veulent lutiliser.Les agriculteurs cherchent dvelopper des partenariatsefficaces avec les chercheurs, tant publics que privs, afindinnover sur leur ferme, amliorer le bien-tre du secteuragricole et donc maintenir leur capital naturel.
Je voudrais remercier le CSFD davoir consacr ce dossierthmatique aux relations entre les scientifiques et lesacteurs de la socit civile dans les zones arides, et, enparticulier, aux agriculteurs qui sont au premier rang dela lutte contre la dsertification.
Jack WilkinsonPrsident de la Fdration Internationaldes Producteurs Agricoles (FIPA)
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Sommaire
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La recherche scientifique dans les zones arides
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La socit civile et ses partenaires
dans la lutte contre la dsertification
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Lapport des sciences dans la prise de dcision
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Comment dvelopper les changes entre scienceset socit civile dans le cadre de la LCD ?
36
Quel avenir pour les interactions
socit civile sciences ?
38
Pour en savoir plus
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Lexique
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Acronymes et abrviationsutiliss dans le texte
Sommaire
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4 Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
La recherche scientifique
dans les zones arides
l est difficile de dire quand et qui a commenc faire de la recherche dans et sur les zones
arides. Les premiers agriculteurs et leveurs ontaccumul de nombreuses observations sur leur
propre milieu depuis des millnaires. Les contraintesde laridit ont pouss les socits et les agriculteurs dvelopper lirrigation en Msopotamie, dans lavalle du Nil, en Chine et en Inde. Des problmes quiexistaient alors subsistent encore de nos jours comme lasalinisation des sols. Sont alors apparues des questionsconcernant le climat, les sols, la vgtation, lutilisationdes pturages par transhumance, puis la fumure, lesprix, la force de travail, laccs la terre. Des progrs ontt accomplis par bonds successifs au cours des sicles
afin que la production puisse subvenir aux besoinscroissants des populations aussi bien alimentaires quemontaires.
Les questions de dgradation des terres sont apparuesde faon criante au 20me sicle. En effet, les densitsde population ont rapidement augment sans que lespratiques agricoles et dlevage ne changent. De plus,les scheresses successives ont aggrav des conditionsdaridit dj contraignantes, spcialement en Afriquedu Nord et en Afrique sub-saharienne, mais aussidans de nombreuses parties de lAsie et de lAmriquelatine.
Pour sadapter et pour lutter contre le processus perversde dsertification, il faut tout dabord bien le connatre. Ilest ncessaire daller au-del des observations sculairesdes paysans et des leveurs pour comprendre et pouranticiper : cest le rle de la recherche scientifique.
Les sciences de lenvironnement
La science dans les milieux arides a vritablementcommenc au dbut du 20me sicle dans les paysmditerranens, aux tats-Unis, en Australie, dans
quelques pays dAsie et dAmrique latine ainsi quedans lex-URSS. Les pays africains et sud-amricainstaient alors majoritairement sous statut colonial et les
mtropoles ont suscit des recherches pour favoriserla mise en valeur de leurs colonies. Cest ainsi que sontnes les premires recherches et tudes, en particulieren gologie, climatologie, hydrologie, gographie,botanique, biogographie et agronomie. La plupart dutemps, elles furent menes sous limpulsion des servicestechniques coloniaux comme ceux de lagriculture etdes mines.
Paralllement, une quasi science coloniale sestdveloppe en France sous le parrainage de lAcadmiedes sciences coloniales, du Musum National dHistoireNaturelle, du Muse de lHomme, puis avec laide
dinstitutions plus spcifiques comme lIFAN de Dakarau Sngal (Institut Franais dAfrique Noire), cr parle Gouverneur de lAOF (Afrique Occidentale Franaise).Les anglais et les belges ont fait de mme dans leurscolonies. Cest ainsi que sont apparus entre les deuxguerres des grands noms de chercheurs qui nousdevons encore beaucoup dans le domaine des sciencesnaturelles : Chevallier, Gaussen, de Martonne, Emberger,Cailleux, Monod, Kppen et Aubrville, le pre delcologie tropicale qui a utilis le premier le termede dsertification en 1949 dans son clbre ouvrage Climat, fort et dsertification de lAfrique tropicale* .
* Aubrville A., 1949. Climat, fort et dsertification de lAfriquetropicale. Socit dditions gographiques, maritimes et coloniales,Paris.
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Ensuite, dans le domaine des sciences du milieunaturel, de vritables coles de pense ont vu le jour enFrance, comme Montpellier au CEPE pour lcologie(Centre dtudes Phytosociologiques et cologiquesdevenu depuis le Centre dcologie Fonctionnelle etvolutive, CEFE), lORSTOM (Office de la RechercheScientifique et Technique Outre-Mer, devenu lInstitutde recherche pour le dveloppement, IRD, en 1998)pour la pdologie, lhydrologie, lentomologie et lagographie. Les priorits taient alors donnes auxinventaires, la recherche spcialise dans lexploitationdes ressources et des recherches trs appliques,notamment dans les domaines de lalimentation et de la
sant. Les contraintes du milieu naturel, et en particulierdans les zones arides, commencrent tre comprises et tre diffuses dans le milieu du dveloppement.
En France au dbut des annes 60 lors desindpendances, lORSTOM et les instituts spcialissdans les cultures tropicales, connurent une priodede croissance leve avec la Coopration naissante,mais avec toutes ses ambiguts. En effet, celasignifiait que des connaissances trs techniques etapplicables taient essentiellement dveloppes sansque lon se soit vritablement pench sur les savoir-
faire traditionnels. Lessentiel tait alors bas surdes modles de dveloppement trs tatiques et desdmarches top-dow n.
Cela signifia it galement que les jeunes tats restaient,pour leurs activits scientifiques, sous le contrle delancien colonisateur et que leurs capacits nationalesde recherche, tant au sein dorganismes spcialiss queduniversits, restaient limites. Pendant longtemps,la coopration scientifique a t une coopration desubstitution.
Les sciences sociales
Les sciences sociales connurent un autre dvelop-pement. Au dbut du 20me sicle, elles ont largementt inf luences, elles aussi, par le contexte colonial : lesmeilleurs observateurs du monde colonial ont dabordt les agents de la colonisation, administrateurscivils ou militaires et les missionnaires. Les premiersethnographes avaient aussi vocation clairer lamtropole sur les organisations sociales et politiqueslocales. Rapidement se sont dveloppes des colesde pense sur lAsie, le monde arabe, le monde latino-amricain et le monde africain, autour de socitssavantes. Ensuite, les militants de la dcolonisation
ont souvent t des universitaires et des chercheursen sciences sociales. Citons par exemple les historiensJulien, Braudel et aussi lcole des Annales, lcoleanthropologique franaise autour de Lvi-Strauss, etenfin Balandier.
Aprs la 2nde Guerre mondiale, les institutions de Bretton Woods se sont mises en place. La pense dominanteest alors keynsienne, le sous-dveloppement estconsidr comme un retard de dveloppement.En France, on met en place dans les colonies, justeavant lindpendance, des systmes de comptabilit
nationale et de planification dites la franaise . Leschercheurs en conomie se regroupent alors derrirePerroux, Lebret et Malinvaud.
La recherche scientifique dans les zones arides
Hutte familiale en nattesdun peul nomade Oudalan,
Burkina Faso.M. Langlois IRD
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6 Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
La Guerre dAlgrie et les vnements de mai 1968ont ensuite profondment marqu ce milieu.Lanthropologie conomique marxiste a alors tdominante, que ce soit lEHESS (cole des Hautestudes en Sciences Sociales), au CNRS (CentreNational de la Recherche Scientifique), lORSTOM et lUniversit. Cette radicalisation se retrouve galementen conomie. La tradition franaise a plutt tournces disciplines vers les systmes et les structures ; le
colbertisme a longtemps perdur et il a fond le rlede ltat comme premier acteur du dveloppement etrgulateur de la vie conomique, alors que les coles detendance librale laissent ce rle au march.
Aujourdhui, les penseurs no-libraux des inst itutionsinternationales dominent : on priv ilgie les quilibresmacrofinanciers et le march aux dpens de projets long terme. Leffondrement des systmes ditssocialistes et la f in de la guerre froide renforcent cettedomination idologique. Mais il subsiste, notammenten France, une cole de la rgulation. En effet, denombreux travaux sur lorganisation des socits, lesconventions qui les rgissent, les droits et obligations
des personnes sont en cours ; ils permettent dedire que le march nest pas le mode exclusif decoordination des activits conomiques. March ettat, protectionnisme minimum, investissements enformation, conomie et environnement, stabilit deltat de droit sont des thmes actuellement travaillspar les chercheurs franais et certains de leurscollgues des pays en dveloppement.
Depuis une dcennie, la question de la gestion desressources naturelles et celle de leur dgradationapparaissent de plus en plus criantes, dans lecontexte de laugmentation de la population,
des crises climatiques et du nouveau concept dudveloppement durable. Aussi de nouveaux courantsde pense se dveloppent autour de ce concept :lcodveloppement, la croissance durable, lconomiecologique, la prise en compte du capital social et des capacits des hommes, la prise en comptedu capital naturel . Celle-ci est particulirementimportante dans les zones sches, puisque la majeurepartie des peuples qui y vivent tire ses ressourcesde ce capital, dune part, et que dautre part toutedtrioration de ce capital, outre quelle peut treirrmdiable, entrane une dtrioration des autres
capitaux : perte de savoir-faire et dstructuration dessocits.
Histoire de la recherche lIRD de 1944 1994.
Enqute alimentaire pour des tudesen sciences humaines, Togo (1954).D.R. IRD
Le dveloppement durable en quelques mots
Le dveloppement durable, cest sefforcer de rpondre auxbesoins du prsent sans compromettre la capacit de satisfaire
ceux des gnrations futures (Brundtland, Confrence mondialesur lEnvironnement et le Dveloppement, 1987).
La Confrence de Rio en 1992, lAgenda 21 et les Conventionsdes Nations Unies sur lenvironnement ont contribu lapopularisation de ce concept qui prsuppose une approcheintgre et long terme des dimensions cologique, conomiqueet sociale du dveloppement durable. Celui-ci repose sur undveloppement harmonieux de ce que lon appelle le capitalnaturel (ensemble des services rendus par les cosystmes etdes ressources renouvelables et non renouvelables), le capital
humain (capacits des hommes et des femmes), le capital socital (capacit des organisations sociales) et le capitalfinancier.
Zoom
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Les causes du sous-dvelop pem ent selon
! Le courant d inspiration marxiste (Samir Amin, A. Gunder-Franck, P. Baran,) estime que le sous-dveloppement est leproduit du dveloppement du systme capitaliste : les socitscontemporaines font partie dun systme mondial form duncentre (les pays les plus dvelopps) et de priphries (les payssous-dvelopps) et bas sur un change ingal et des rapports dedpendance entre centre et priphries.
! Le courant structuraliste (C. Furtado, R. Prebisch,) estimegalement que le sous-dveloppement rsulte dune domination
structurelle entre les pays industrialiss et les autres, essentiellementconomique, et il propose que le dveloppement repose surlindustrialisation.
! Le courant de F. Perrouxrepose sur les concepts de domination,de dsarticulation entre les questions conomiques et les questionssociales et culturelles ainsi que de cots humains qui doiventprendre en compte lensemble des besoins (conomiques,culturels, religieux,).
! Le courant classique ou libral ou encore no-libral, estime quele dveloppement ncessite une accumulation de capital et que lemarch rgule naturellement lallocation des ressources ; le sous-dveloppement nest quun retard au dveloppement.
! Le courant keynsien estime ncessaire une intervention
puissante de ltat pour moderniser les conomies des pays sous-dvelopps, raliser une accumulation de capital et mobiliser lesforces de travail.
Zoom
Vers des approches pluridisciplinaires
et participatives
En France, deux vnements majeurs ont marqu larecherche sur le dveloppement, en particulier sur leszones arides :
! Les grandes scheresses des annes 70 au Sahel ontprovoqu la cration dun programme spcial par laDGRST de lpoque (Dlgation gnrale la recherchescientifique et technique).! En 1981, la cration du programme mobilisateur Recherche en coopration pour le dveloppement par le nouveau ministre de la Recherche dans le cadredes rformes de la recherche et de la loi dorientation etde programmation promulgue cette poque.
Cest partir de l que sont issus des grandsprogrammes et des travaux long terme qui ont donndes rsultats importants dans toutes les sciencesagronomiques et du milieu naturel, comme entmoigne par exemple louvrage collectif publi en 1992par lIRD Laridit, une contrainte au dveloppement .Leur prise en compte et celle de rsultats de travauxantrieurs comme les tudes de terroirs, menesdepuis les annes 60 sous limpulsion des gographesSautter et Plissier et du sociologue Balandier, ont eupour rsultat dinf luencer de nouvelles approches et lesbailleurs de fonds ont commenc se rendre compte
des effets ngatifs de dmarches top-down . On citeranotamment lmergence de projets appels gestion deterroirs (terme utilis tel quel en anglais) et du conceptde gestion intgre des ressources naturelles . Ona aussi vu le lancement de recherches sur des thmes
comme la scurit alimentaire, la qualit des al iments,la transformation et la certification des produitslocaux. Les scientifiques ont alors exerc une certaineinfluence sur les dcideurs. Ce mouvement sestdailleurs produit en mme temps que la socit civilecommenait merger.
Aujourdhui, il est difficile de concevoir des recherchesspcialises et interdisciplinaires en sciences sociales eten sciences du milieu qui ne soient pas participatives ,cest--dire dcides sans lavis des utilisateurs finauxde ces recherches. Les tats ne sont plus les seulsdcideurs. De mme, les problmatiques scientifiquesne sont plus seulement alimentes par des logiquespurement scientifiques.
Il existe deux coles en matire dadoption des
innovations et de diff usion de progrs :
! Lune, plutt anglo-saxonne, est base plus ou moinsexplicitement sur des rapports matre-lve ensadressant aux agriculteurs avec une approche de type gestion qui consiste faire adopter les acquis de larecherche pour satisfaire les besoins du march.! Lautre, plutt francophone et latino-amricaine,sappuie sur les expriences des coopratives agricoleset sadresse des groupes plus qu des personnes. Lesagriculteurs sont alors des acteurs et pas seulement desbnficiaires de progrs. Cela suppose lexistence de
corps intermdiaires rpondant aux dynamiques dumonde rural comme des groupements dagriculteurs,des centres de gestion, des coopratives dutilisationen commun de matriel, dachats dintrants, de ventede produits.
La recherche scientifique dans les zones arides 7
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8 Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
De nouvelles questions sont poses la recherche.Par exemple, les grands courants de la rechercheinternationale, actuellement marqus par lamodlisation que ce soit en climatologie, en cologieou en conomie, sont-ils capables :
! dapporter des rponses concrtes aux questionsposes par la rhabilitation des milieux dgrads et
la restauration de la fertilit et celles poses parlaugmentation de la pauvret, de linscurit et desmigrations ?
! dapporter des outils de dialogue entre lesresponsables administratifs, techniques et politiquesdes tats concerns, leurs populations et leursorganisations, regroupes dans cette vaste nbuleuseque nous appellerons socit civile , et qui joue unrle beaucoup plus dterminant quil y a trente ans ?
! dapporter des systmes de suivi environnemental,social et conomique capables daider prendre lesdcisions qui conviennent ?
! dapporter des arguments convaincants aux bailleursde fonds bilatraux, multilatraux et privs pourquils investissent dans les zones arides ?
Ce dossier tente dapporter des clairages sur lesnouveaux contextes sociaux dans lesquels se droulela lutte contre la dsertification. Il dveloppe leconcept de socit civile et il prsente plusgnralement lensemble des acteurs de la lutte contrela dsertif ication. Au travers de lanalyse des processus
de prise de dcision examins lchelle de lusager(agriculteur et leveur) et du politique (ministre delAgriculture), il distingue le rle des scientifiquesde celui des intermdiaires entre la recherche et lasocit civile. Enfin, il sinterroge sur lutilit socialedes oprations de recherche-dveloppement en tempsrel et de leurs produits scientifiques, en analysantquelques projets mens en coopration dans plusieurspays situs en zones arides, financs par le ministrefranais des Affaires trangres (MAE)* et mens sousla responsabilit du Comit Scientifique Franais de laDsertification (CSFD).
* Depuis 2007, le MAE est devenu le ministre des Af faires tr angres
et europennes (MAEE).
Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
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Formation aux techniques de la communication au Niger.tudiants de lInstitut de formation aux techniques de linformation
et de la communication (IFTIC, Niamey) au cours dune interviewdans un village au bord du fleuve Niger. Ces interviews sont ralises
dans le cadre du second sminaire Vulgarisation au service du
dveloppement durable co-organis au Niger par lIRD et lIFTICavec le soutien de la coopration franaise.M-L. Sabri IRD
La recherche scientifique dans les zones arides 9
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10 Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
La socit civile
et ses partenaires
dans la lutte
contre la dsertification
a socit civile dans les pays en dveloppementconcerns par la lutte contre la dsertification(LCD) est lensemble des hommes et desfemmes, ruraux, citadins, agriculteurs et/ou
leveurs, entrepreneurs, ainsi que les organisationsvillageoises traditionnelles ou organises juridiquement,
les groupements professionnels et les groupementsparticuliers, les syndicats, les organisations nongouvernementales (ONG) locales, nationales et inter-nationales prsentes sur place, les partis politiqueset les entreprises. La socit civile, dans les paysdvelopps, est constitue de la mme faon mais elleest gnralement plus structure.
Ce concept de socit civile volue : il est souvent prsentcomme une entit sociale distincte, voir oppose ltat.Il sagit aujourdhui de prsenter la nature des relations socit civile - tat de faon dynamique et interactive
car les constituants de la socit civile se modifient trsvite : les paragraphes suivants vont tenter de dcrire ceque sont ces constituants dans les pays touchs par ladsertification, des personnes leurs organisations.
Les partenaires de la socit civile sont, dune part,ltat et ses administrations centrales et dcentralises,ou dconcentres, et, dautre part, les lus locaux etnationaux et leurs assembles, conseils de ville, de rgionainsi que les parlements. Enfin, une place particulireest faite ceux qui produisent des connaissances etles diffusent : enseignants, chercheurs, formateurs,vulgarisateurs qui peuvent tre considrs comme
membres de la socit civile mais leur activit est exerce,dans la plupart des cas, grce au soutien de ltat. Ilsdevraient donc constituer un partenaire privilgi de lasocit civile dans son dialogue avec ltat.
Les acteurs de la socit civile dans la LCD
Dans les pays touchs par la dsertification, les premiersacteurs sont les personnes, hommes et femmes, quisont immdiatement confrontes avec les processusde dgradation des terres : agriculteurs, leveurs etforestiers. Ce sont aussi leurs organisations, notamment
les ONG. Ces acteurs sont des dcideurs : ce sont eux quichoisissent les cultures et les terres de parcours. Il y aaussi les entreprises prives.
Les personnes : ruraux, leveurs et agr iculteurs
Ces personnes se trouvent dans des environnementsfamiliaux, culturels et institutionnels trs variables.Leur environnement familial est soit le mnage soitla famille largie. Plus gnralement, le mnage et lafamille largie agissent dans un champ de rfrencesculturelles propres chaque peuple qui dterminedes pratiques sociales assez fortes. Ces pratiquesordonnent les mcanismes daccs aux ressourcesnaturelles et rgissent leurs droits dusage.
Les questions foncires, les questions des droitsdusage des espaces cultivs et pastoraux, celles lies lutilisation des produits forestiers ligneux et nonligneux, sont inscrites dans ces pratiques. Lactionindividuelle des acteurs est donc dpendante despratiques sociales en usage. Leur pouvoir de dcisionse situe la croise des pratiques sociales, descontraintes du milieu naturel et des environnementsconomiques, sociaux et politiques.
Le niveau de formation de base de ces personnesest trs variable et bien souvent on va trouver dans
les rgions arides et semi-arides des populationsdagriculteurs et dleveurs ne sachant ni lire ni crireet nayant comme bagage que la tradition orale et la
L
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11La socit civile et ses partenaires dans la lutte contre la dsertification
connaissance de leur milieu. Les techniques et lessavoir-faire se transmettent ainsi et voluent peu.Ce qui ne veut pas dire que la perception par lespersonnes de leur environnement est absente, bien aucontraire : il y a une accumulation et une transmissiondes observations pratiques et une connaissance relledes questions de sols, de vgtations ptures etdespces cultives.
Les villageois sont de plus gnralement organiss
traditionnellement pour grer leur terroir. On nepeut pas parler dans tous les cas dorganisationvillageoise et/ou dorganisation professionnelleagricole ou dleveurs mais les assembles dhommeset de femmes existent pratiquement partout et ellesprennent des dcisions parfois selon des mcanismescomplexes qui vont jusqu exiger lunanimit.
Le passage de ces formes traditionnelles dorganisationsociale des formes juridiques de type syndicatdagriculteurs nest gnralement pas encore fait. Dansbien des cas, il existe des groupements pour certaines
activits, ou des groupements de personnes pouvantprendre des formes de type ONG, avec des soutiensdautres ONG nationales et internationales.
ZoomUN CCD et socit civile
Le texte de la Convention des Nations Unies sur la lutte contrela dsertification (UNCCD) impose aux pays qui lont ratifiedimpliquer la socit civile dans toutes les tapes de la LCD.Cest probablement le texte des Nations Unies le plus engageantsur cette question. On lira avec intrt les articles 3, 5, 7, 10, 16,18 et 19 de la Convention.
Au niveau des principes, le texte indique que les dcisionsconcernant la conception et lexcution des programmes deLCD doivent tre prises avec la participation des populations etdes collectivits locales et quune coopration entre les pouvoirspublics doit tre institue tous les niveaux, avec les collectivits,les organisations non gouvernementales et les exploitants desterres. On retrouve ces principes dans les articles ayant trait auxprogrammes daction nationaux, la collecte et aux changesdinformations, aux transferts, lacquisition, ladaptation et la mise au point de technologies et plus gnralement toutce qui concerne le renforcement des capacits, lducation et la
sensibilisation des acteurs et dcideurs de tous les niveaux.
Pour en savoir plus : www.unccd.int
Organisation paysanne. Runion du bureaudun groupement dintrt conomique (GIE),
grant un primtre irrigu.Windcir, Sngal.
X. Le Roy IRD
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Les organisations : ONG, groupements, associationset fdrations, syndicats et partis politiques
Les ONG : un monde complexe parfois difficile saisir
Dans les pays touchs par la dsertification, on assiste une prolifration dONG de toute espce (statut,nationalit, taille, objectifs, fiabilit, intrts, etc.).Elles cherchent occuper les domaines dlaissspar des tats parfois dfaillants ou libraux ; elles
bnficient de financements croissants des bailleursde fonds et saffichent comme lexpression de lasocit civile. Elles sorganisent parfois en rseau etelles peuvent peser assez lourd. Elles servent parfoisdalibis pour les pouvoirs publics, notamment vis--vis de la communaut internationale. La monte enpuissance des ONG locales depuis quelques annesest un fait marquant, de mme que lon constateune professionnalisation de plus en plus pousse.Ces ONG soccupent gnralement de thmes pluttsociaux comme lducation et la formation, la santet la nutrition, les jeunes, les femmes. Parfois, elles
soccupent dducation civique et elles forment devritables animateurs de la socit civile, actuels oufuturs cadres syndicaux, territoriaux ou lus. Un type
dONG important dans la LCD est celui dinterventionen milieu rural pour lhydraulique, le dveloppementlocal, lamlioration des pratiques agricoles, lesquipements et le dveloppement conomique engnral.
Dans les pays dvelopps, de nombreuses personnesont pris conscience de la gravit des processus dedsertification et des situations de pauvret quilsentranent. La plupart du temps, elles sont regroupes
en associations et agissent de diverses faons. Lesassociations sont composes de membres cotisant auminimum une fois par an et de membres plus engagset actifs, provenant de tous les milieux socio-culturelset professionnels. Elles sont souvent constitues audpart pour des interventions humanitaires la suitede catastrophes naturelles, comme par exemple lesgrandes scheresses des annes 70. Elles informentautour delles et font des activits de plaidoyer et descollectes de fonds. Elles peuvent aussi mettre en placedes projets de dveloppement villageois sur des thmescomme lhydraulique, llevage, la gestion des oasis, la
protection contre lrosion, le boisement, laugmentationde la production agricole, la transformation des produitsagricoles et forestiers ; elles agissent aussi dans les
Les ONG : questions de fond
! Quelle est la lgitimit des ONG ?La lgitimit sacquiert par une implication locale et dans lesrelations avec les partenaires. Elle implique des liens entre desengagements locaux et des actions caractre international.Par exemple, les ONG qui travaillent avec les organisations de
lagriculture familiale savent que linstabilit des prix agricoles estune cause de pauvret ; or la libralisation des prix est un dogme.Ces ONG tirent la sonnette dalarme et demandent une pause :elles sont parfaitement lgitimes pour le faire.
! Les ON G sont-elles reprsentatives ?La reprsentativit se mesure par la diversit de lassisegographique, sociale et culturelle des ONG, par leur capacit se fdrer, former des plates-formes nationales, descoordinations, des coalitions au niveau national comme au planinternational.
! Quel est le degr d indpendance des ON G ?Les ON G sont normalement des associations sans but lucratifdont les ressources proviennent des cotisations des membreset de ressources extrieures. Elles sont souvent insuffisantesds lors que les ONG souhaitent jouer des rles importants etinternationaux. Les dons privs exigent la transparence de leurutilisation. Certaines ONG sont fortement influences, soit par desgouvernements (GONGOs, Governmental Organized NGOs),soit par des milieux daffaires (BONGOs, Business OrientedNGOs), soit par leurs donateurs qui agissent dans une directiondonne (sectes, etc.).
Zoom
Femme du township membre dun atelier depeinture sur textile dvelopp par Umthati
Training Project, une ONG portant un nom xhosadsignant un arbre local synonyme de force et de
vie renouveles. Grahamstown, Afrique du Sud.E. Deliry Antheaume IRD
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secteurs de lducation et de la formation de base, delhygine, de lalimentation et de la sant. Elles agissentparfois dans le secteur de la formation des cadres desONG locales. Elles interviennent sur le terrain, dans lespays en dveloppement, en soutien et en partenariatavec les ONG locales, parfois en substitution.
On trouve encore dans certaines ONG la mme mentalit
que dans certaines administrations techniques : il y aceux qui savent et ceux qui ne savent pas ; on va dciderpour eux.
Ces ONG sont de taille trs variable, de quelquespersonnes plusieurs dizaines de personnespermanentes. Dans ce cas, elles font partie de collectifsou de fdrations dONG, nationales et internationales.Elles se sont professionnalises, devenant quelquefoisde vritables bureaux dtudes et socits dinter-vention. Elles savent mobiliser de lexpertise mais pluttponctuellement et dans le court terme, car elles sont
presses par le temps et les contraintes. Elles nont pastoujours le recul ncessaire pour faire de bons diagnostics.Leur poids financier, en France, varie de quelques
dizaines de milliers deuros par an plus de 50 millionsdeuros par an pour les plus importantes. La plupart desONG sont alimentes par des dons privs, des collecteset des contrats de collectivits territoriales, parfois deltat et de lUnion europenne. Certaines ONG sontpresque entirement finances par ltat, dautres sontassez indpendantes des fonds publics. Certains tatseuropens comme ceux scandinaves et les Pays-Bas,
font passer une partie importante de leur aide publiqueau dveloppement par des ONG : environ 20 pour cent,alors que ce pourcentage, en France, ntait que de1,1 pour cent en 2005.
Les ONG des pays en dveloppement, comme celles despays dvelopps, participent maintenant aux grandsdbats nationaux et internationaux sur les questionsdaide publique au dveloppement et son utilisation,du commerce mondial, de lenvironnement mondial,de lendettement et de la pauvret ainsi que du rle destats. Dailleurs, la Convention des Nations Unies sur la
lutte contre la dsertification impose aux pays Partiesdimpliquer la socit civile dans toutes les tapes de laLCD.
Quelques grandes ONG environnementales internationales
! Greenpea ce International
Cest une fdration dassociations nationales cre en 1971 pour luttercontre les essais nuclaires. Greenpeace reste trs engag sur ces actionsmais sest largi sur des thmes lis au rchauffement climatique en soutenant
les nergies renouvelables et en militant pour lapplication du protocolede Kyoto. Il revendique des combats environnementaux spectaculaires,comme par exemple contre des compagnies ptrolires. Il milite aussi pourla protection de la biodiversit et de la fort, contre la chasse la baleine,les rejets toxiques et les organismes gntiquement modifis (OGM), parexemple en publiant une liste noire de produits susceptibles de contenirdes OGM. Greenpeace est prsent dans 160 pays et mobilise des millionsde sympathisants pour des actions militantes et mdiatiques contre lespouvoirs publics et les entreprises. Certains plaidoyers dvelopps par cetteorganisation ne semblent pas toujours suffisamment tays et argumentspar des bases scientifiques ; certaines actions peuvent parfois choquer, voirenuire aux causes dfendues.
Pour en savoir plus : www.greenpeace.org/ international
! W W F International, Organisation mondialede protection de lenvironnement
Cr en 1961 sous le nom de World Wildlife Fund, le W WF est uneorganisation mondiale de protection de la nature qui travaille dans unecentaine de pays dans le but de trouver une harmonie entre les hommes etla nature. Il compte prs de 5 millions dadhrents travers le monde et greenviron 2 00 0 projets de conservation de la nature, occupant plus de 4 00 0personnes. Le W WF travaille aussi bien avec des populations locales quauniveau des instances les plus leves de la Banque mondiale et de lUnioneuropenne. Il est organis comme une fdration de W WF nationaux, denature parfois assez diverse, mais adhrent une charte commune. AinsiW WF France regroupe 150 000 adhrents tandis que WWF Pays-Bas enregroupe 1,2 million. Le but de WWF est de contribuer la conservation de labiodiversit, une utilisation durable des ressources naturelles et de facili ter larduction des pollutions. Il saffiche politiquement indpendant, multiculturel,
organisateur de dialogues et de partenariats, dans le respect des diversescultures. Il a un Prsident, un conseil dadministration et recueille des fondsprivs et des dons. Il agit aussi comme oprateur dagences de dveloppement,
notamment en Afrique pour la gestion daires protges. Lanalyse de lacomposition du conseil dadministration de W WF montre que de nombreuxindustriels y sont prsents et influents, et parfois issus dindustries nocivespour l environnement (Lafarge, Chevron, Unilever, etc.). Le WWF entretientgnralement de bonnes relations avec des chercheurs et dautres ONG.
Pour en savoir p lus : www.wwf.fr
!
Friends of the ear th internationa l,les amis de la terre international
Cest une fdration internationale de quelques 5 000 organisations localeset 70 organisations nationales les amis de la terre , comprenant environ1,5 million de membres. Elle mne des campagnes de sensibilisation surdes sujets portant souvent controverse, en dfiant le modle actuel dela globalisation de lconomie et du no-libralisme et en promouvant desmodles bass sur plus de justice sociale, de respect de lenvironnement etd galit des droits des personnes et des peuples. Les amis de la terre mili tentpour inverser la dgradation de lenvironnement, obtenir lmancipation despeuples autochtones et des communauts locales, susciter lvolution versla durabilit et lquit sociale. Ils ont des activits dinformation du publicet ils conduisent des luttes parfois muscles sur les causes quils dfendent.
Pour en savoir p lus : www.foei.org
! UICN , Union mondiale pour la na ture
LUnion mondiale pour la nature est ne en 1948 et se caractrise par unmlange de membres individuels (souvent des scientifiques), de membresinstitutionnels, comme des organismes publics de recherche, dONG et deplusieurs milliers de bnvoles. Ses membres se composent de 79 tats,112 organismes publics, 670 ONG nationales et 67 ONG internationales.Son sige est Gland (Suisse) ; lUICN emploie 1 000 salaris et son budgetannuel est denviron 45 M USD ; il y a quatre bureaux de coordination enAfrique. LUICN a produit en 2005 un document stratgique trs intressantsur la gestion des ressources naturelles en milieu aride et la lutte contre ladsertification en Afrique, destin aider les tats se doter de leurs propresstratgies. Cette ONG, proche des scientifiques, joue un rle importantnotamment sur les questions de biodiversit.
Pour en savoir p lus : www.uicn.org
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Les groupements, associations villageoises et syndicats
On appelle parfois de faon impropre ONG desmembres de la socit civile qui sont des groupementsdivers, des associations villageoises et des syndicats.
Les groupements divers sont par exemple des groupesde jeunes ruraux ou de femmes, organiss dans un
but spcifique. Cest ainsi que dans nombre de payssahliens, des groupes de femmes grent des oprationsde culture, de rcolte et de transformation de produitsforestiers non ligneux comme le karit (Butyrospermumparkii, arbre africain). Il arrive parfois que ces groupesprennent des statuts dentreprise artisanale etcommerciale et ils ngocient alors des contrats avec desexportateurs ou des industriels.
Le terme dassociation villageoise couvre un vastechamp qui bnficie dune certaine formalisation vis--vis de lextrieur, en allant des organisations socialesvillageoises traditionnelles de vritables organisations
juridiques. Les organisations villageoises traditionnellesavec leurs chefs de village, chefs de terre et chefs delignage, ont bien souvent un pouvoir rel de dcisionpour lensemble de la communaut mais elles ne sontpas toujours reconnues par les pouvoirs publics.
En revanche, il existe actuellement une formalisation juridique de ces organisations ce qui en fait despartenaires avec lesquels il est possible de contracter.Par exemple, du fait de la dcentralisation actuelle,ltat peut confier, par contrat, la gestion des espacespublics des organisations villageoises locales ainsi
quaux communes rurales, devenues dans bien descas des entits juridiques. On se situe donc au-del dela dfinition dune ONG, car tout villageois fait, par
nature, partie dune organisation villageoise tandis quelappartenance une ONG se fait plutt sur une base devolontariat.
Si les organisations syndicales ont une longue histoiredans les pays dvelopps, il nen est pas de mme
dans les pays en dveloppement et notamment dansceux touchs par la dsertification, dont lactivit estessentiellement agricole et pastorale. Les syndicatsdagriculteurs et dleveurs sont encore rares ; ilscommencent merger sous la forme de groupementsdagriculteurs et dleveurs. Ils nont pas encore la forcerevendicatrice de leurs homologues europens mais ilsbnficient de cooprations en matire de formationde leurs cadres, souvent exerces par les agriculteurset leurs organisations des pays dvelopps. Leurfinancement est difficile et ils nen sont pas encore austade de la cration dinstitutions techniques qui leurseraient propres.
On notera lexistence de rseaux organiss commele rseau syndical des organisations agricoles deMadagascar (SOA), les rseaux rgionaux dorganisationsagricoles des sous-rgions ACP (Afrique, Carabes,Pacifique) comme le Rseau des organisations paysanneset de producteurs de lAfrique de lOuest (ROPPA), qui sonten train danalyser les projets daccords de partenariatconomique (APE) avec lUnion europenne. Le ROPPAestime que lAfrique de lOuest nest pas encore prte louverture commerciale prvue pour 2008 et agit enconcertation avec la Communaut conomique des tats
de lAfrique de lOuest (CEDEAO) pour obtenir un dlai.Ces rseaux commencent peser mais ils doivent trerenforcs.
Et dautres ONG franaises
! Le Groupe de Tra vail Dsertifica tion, GTD
Le GTD a t cr en 2001 linitiative du CARI (Centre dAction et deRalisations Internationales, ONG franaise oeuvrant dans les zones
sches). Il rassemble diverses ONG actives dans les zones sches,des scientifiques, le CSFD, des formateurs, la Fdration internationaledes producteurs agricoles, lAgence Franaise de Dveloppement et leW W F France. Il a pour partenaires les ministres franais des Affairestrangres et europennes, de lcologie du Dveloppement et delAmnagement durables et de la Recherche scientifique. Il travailleen relation avec la Convention dsertification et les regroupementsdONG europennes comme lENID (European Networking Initiative onDesertification). Ses activits principales sont la concertation entre lesacteurs franais publics, scientifiques et ONG et la liaison avec desorganisations similaires notamment en Europe, le plaidoyer en rseau,la constitution de dossiers pdagogiques et des publications pour legrand public. Il na pas de statut juridique et fonctionne sur la base duncollectif anim par le CARI. Une de ses actions les plus importantes en2006 a t le forum Dsertifaction Montpellier (France).
Pour en savoir plus : www.cariassociation.org/ gtd
! Coordination SUD
Cre en 1994, Coordination SUD rassemble plus dune centaine
dONG dans le cadre dune confdration forme de six collectifsconstitutifs : CLONG-Volontariat (Comit de Liaison des ONG deVolontariat), CNAJEP (Comit pour les relations Nationales etinternationales des Associations de Jeunesse et dducation populaire),Coordination dAgen, CRID (Centre de Recherche et dInformationpour le dveloppement), FORIM (Forum des organisations de solidaritinternationales issues de migration), Groupe initiatives. Ses deuxprincipales missions sont (i) les relations internationales et lappui auplaidoyer, grce plusieurs commissions de travail, des publications etla diffusion de positions communes des ONG sur des questions commelaide publique au dveloppement, et (ii) lappui au financement et aurenforcement institutionnel, en jouant un rle de centre de ressourceset en mettant en commun certains moyens. Coordination SUD disposedune dizaine de permanents et a mis en place des outils dinformationet de capitalisation au bnfice des ON G et de leurs partenaires.
Pour en savoir p lus : www.coordinationsud.org
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Les partis politiques
Un parti politique est une association organise quirassemble des citoyens unis par une philosophie ouune idologie commune et qui ont un projet de socitdont elle cherche la ralisation grce la conquteet lexercice du pouvoir. Les partis contribuent la
vitalit de la dmocratie en proposant des lus tousles niveaux : de la commune lAssemble nationale.Pendant longtemps, les jeunes tats africains ont tsoumis lhabitude du parti unique au servicedu Prsident en place ainsi quaux maires nomms.Aujourdhui, on assiste au contraire dans certains pays la multiplication des partis politiques supposs favoriserla vie dmocratique. On arrive parfois linverse deleffet escompt, et on passe dun rgime parlementairedomin par un parti des assembles nationales o desmajorits de gouvernement sont difficiles runir.
La vie dmocratique dun pays rsulte en fait dun
quilibre entre toutes les composantes ainsi dcrites,individus, groupements, ONG, organisations deproducteurs, syndicats, partis, auxquelles il convientdajouter les acteurs conomiques privs. Ce vasteensemble, dont les intrts peuvent tre contradictoires,va dialoguer avec ltat et ses organes.
Les entreprises prives : commerces, banques et services
Dans les zones arides, de trs petites entreprises agissentdans les secteurs de lartisanat et des services. Les plusnombreuses sont les commerces, de dtail ou de demi-
gros, puis les entreprises dentretien et de maintenancedu matriel, notamment agricole. Un rle particulierest jou par les entreprises qui commercialisent les
productions locales ; elles reprsentent le seul lien desproducteurs locaux avec un monde extrieur qui biensouvent leur chappe. Les services comme les banques,les assurances, les commerces spcialiss (pharmaciespar exemple) ne se trouvent que dans les villes, voireles grandes villes, et sont souvent inaccessibles aux
ruraux, soit parce quils en sont loigns, soit parmanque dargent. Les banques prives ne prtentpas aux agriculteurs et aux leveurs car ils nont pasde caution ni de garantie. Les entreprises agricoles,dlevage et forestires sont rares et ne se trouvent quedans certaines conditions dexploitation de produitsvendables sur des marchs extrieurs, comme la gommearabique. Les commerces de bois de feu et de charbon debois sont actifs et peuvent avoir pour impact dengendrerdes plantations forestires cet usage au lieu dentranerdes dboisements. Dans certains cas, on trouve descoopratives de production ou de commercialisation deproduits agricoles ou forestiers, notamment vendables
sur les marchs extrieurs comme le karit ou lhuiledargan.
Dans des zones trs spcifiques, il existe des activitsnon agricoles gres par des entreprises prives :cest le cas du tourisme, qui ncessite des atoutsspcifiques (paysages, biens culturels, etc.) et doncdes infrastructures, des entreprises de transports, deshtels, des accompagnateurs, des socits de serviceet qui peuvent galement engendrer des activitsartisanales et du marachage.
Dune faon gnrale dans les zones arides, le secteurnon agricole est peu dvelopp et le rle des entreprisesde service dans la LCD reste valuer.
Pesage de lengrais dans une organisationpaysanne par le magasinier dun groupement
dintrt conomique (GIE).Gud-Village, Sngal.
X. Le Roy IRD
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16 Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
Les partenaires de la socit civileLes lus locaux et nationaux : conseils municipaux,rgionaux et parlements
Dans pratiquement tous les pays en dveloppement,les personnes lisent des lus locaux (maires,conseillers municipaux) et des lus nationaux(dputs, snateurs), avec parfois des chelonsintermdiaires comme la province, la rgion, etc. Ceslus ont des capacits de dcision sur les politiques mener, localement et nationalement, qui varient selonla subsidiarit des responsabilits.
Des assembles territoriales locales, conseilsmunicipaux ou rgionaux, peuvent prendre desdcisions et voter des budgets en matire de luttecontre la dsertification. Cest plutt rare car, dunepart, ces assembles ne disposent gnralement pasde vritables moyens et, dautre part, elles doiventparer des besoins immdiats quelles estimentplus importants : sant, fourniture deau potable etassainissement, ducation. Il y a dans certains casdes appuis venant de collectivits territoriales depays dvelopps pour investir dans la restauration
de terres dgrades et dans la scurit alimentaire :la coopration dcentralise qui est en train de sedvelopper au-del des oprations durgence.
Les parlements nationaux ont le rle primordial devoter le budget de ltat, et donc de consacrer desorientations prioritaires, inscrites ou non dans desplans ou des programmes nationaux. La lutte contre ladsertification est-elle considre comme telle ? Dansles situations de pauvret que connaissent la plupartdes pays touchs, qui ne disposent gnralement pasdautres ressources que leurs ressources naturelles, ilexiste de nombreuses priorits et urgences qui l imitentde fait les investissements en matire de restaurationdes terres. Les gouvernements prfrent sen tenir laide extrieure pour ces investissements. Par ailleurs,il existe frquemment un dcalage entre la socit
civile et les lus, locaux et nationaux. Il nest pas certainde trouver chez les lus et le (ou les) parti(s) au pouvoirlexpression des besoins mis par la socit civile, pasplus quil est sr que les projets mens par ces lussoient vraiment conformes ces besoins.
Ces catgories existent galement dans les paysdvelopps : les lus locaux peuvent dcider desactions de coopration dcentralise et essayerde les suivre de prs. Les lus nationaux votent lesbudgets des affaires trangres et de la coopration.Quelle part souhaitent-ils apporter, dans ces budgets,
aux questions de lutte contre la pauvret et de luttecontre la dsertification ? Il nest pas certain que ceslus soient mme au courant de ces questions.
Visite du stand IRD/UCAD/IFAN/ISRA parle Prsident de la Rpublique du Sngal
et le premier ministre. Dakar agricole,4 et 5 fvrier 2005, Sngal.
M. Tour IRD
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Ltat et les administrations
Dans le domaine de la lutte contre la dsertification,la dernire catgorie dacteurs et de dcideurs estreprsente par les administrations responsablesdes questions dagriculture, dlevage, de forts,denvironnement, de dveloppement et de ressourcesen eau. Citons galement les administrationsresponsables des finances et du plan ainsi que lesadministrations responsables des relations avec lesbailleurs de fonds bilatraux et multilatraux. Lespremires cites, plus techniques, sont gnralementdivises en administrations centrales et servicesdconcentrs et dcentraliss dans les rgions. Lessecondes sont centralises et proches des pouvoirspolitiques.
Les administrations techniques disposent norma-lement dun certain savoir-faire qui est mis ladisposition des populations et de ses organisations.
Hlas, le dialogue nest pas constant et les pratiques etsavoir-faire locaux sont souvent ignors.
Il y a frquemment un foss entre ces catgoriesdacteurs : manque dcoute, incomprhension depart et dautre, mfiance rciproque. Cela contribue une relative inefficacit des projets, du stade de laprparation celui de la ralisation.
Dans les pays dvelopps, les administrations des Affaires trangres et de la Coopration sont parfoiscomplexes, centralises dans la capitale ou parfoisassez dcentralises, laissant de grandes capacitsde dcision aux ambassades dans les pays endveloppement. Le dialogue entre les diplomates,les financiers et les techniciens nest pas toujoursais et les priorits politiques priment. Il y a aussi unproblme de dialogue entre ces administrateurs et lespolitiques qui dcident.
Comment convaincre de la justesse dune action reste
une question cl, aussi bien dans les pays dveloppsque dans les pays en dveloppement.
Les acteurs locaux et nationaux de la LCDdans les pays touchs et leurs partenaires
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18 Sciences et socit civile dans le cadre de la lutte contre la dsertification
Le cas particulier des scientif iques,des enseignants et des formateurs
Dans les pays touchs par la dsertification, maisaussi dans les pays dvelopps, un certain nombre descientifiques, enseignants-chercheurs des universits,chercheurs et leurs institutions, sont directementimpliqus dans la LCD par la CCD (Convention des
Nations Unies sur la lutte contre la dsertif ication) et ontpris en compte des objectifs relatifs la lutte contre ladsertification dans leurs travaux.
Ils traitent tout dabord des questions scientifiquesfondamentales sur lesquelles ils ont apport desrsultats significatifs comme : la dynamique des cosystmes, leur rsilience et leur
capacit de rsistance aux situations de scheresseprononce et daridit de plus en plus aggraves ;
la biodiversit et la gntique des plantes cultivesdans les rgions arides et la mise au point de varits
adaptes ; la pdogense, la salinisation des sols ; lrosion olienne et hydrique ; le climat, ses irrgularits et leurs consquences ; lhydrologie de surface, la dynamique des bassins
versants, la modlisation des coulements, lalimen-tation des nappes phratiques, le fonctionnement desaquifres profonds ;
lanthropologie sociale et conomique ; lconomie de lenvironnement et des ressources
naturelles, lconomie des conventions ; la sociologie des organisations, la socio-anthropologie ; la modlisation des changes en lien avec lvolution
des ressources, la dmographie, les relations popu-lation/environnement ;
etc.
Ils traitent galement de questions plus appliquesdbouchant sur des techniques de lutte contre ladsertification ou des systmes de production agricole etdlevage mieux adapts aux conditions arides comme :
la prvision climatique court et moyen terme,lalerte prcoce pour la scurit alimentaire etlenvironnement ;
la lutte contre la salinit des sols, lamlioration delefficacit de lirrigation, la lutte contre lrosionolienne et hydrique ;
les pratiques dlevage, les systmes de culture, le rledes prix, notamment des produits agricoles et des
marchs, limpact des politiques publiques ; la dcentralisation et ses consquences ; la gestion participative et les questions de gouver-
nance ; etc.
Ces recherches sont menes par des universits et/oudes institutions scientifiques spcialises, bnficiantde dotations budgtaires des tats et/ou de contratsde recherche, nationaux, dautres pays, de lUnioneuropenne ou dorganisations internationales.
Il existe aussi un rseau de centres internationaux de
recherche agronomique (GCRAI, Groupe Consultatifpour la Recherche Agricole Internationale) avec destablissements comme lICRISAT (InternationalCrops Research Institute for the Semi-Arid tropics), leCIAT (Centre International dAgriculture Tropicale)et lICARDA (International Center for AgriculturalResearch in the Dry Areas). Un des problmes les plusimportants des pays des zones arides est la faiblessede leurs institutions nationales de recherche, souventpour des raisons budgtaires et de taille critique. Lamajorit des tats ne peuvent pas financer tous lesthmes qui seraient dvelopper.
Un autre groupe joue un rle capital dans la socit :ce sont les enseignants des secteurs secondaires et
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primaires. Les lyces, collges et coles primairesparticipent non seulement lducation et laformation des personnes mais ils leur offrentgalement la possibilit de pouvoir grer au mieuxleurs propres organisations grce un bon niveaude formation. Cest dans ces conditions que peutsorganiser un dialogue entre ltat et ses reprsentantset la socit civile. Sinon, le dialogue est dsquilibr etcest toujours ltat qui domine. On mesure lampleurdes efforts budgtaires ncessaires pour faire vivre lesystme ducatif et disposer denseignants en quantitet en qualit.
Un dernier groupe devrait exercer un rle de plus
en plus important : lensemble des formateurs,ducateurs, vulgarisateurs. Ce groupe nappartientpas ladministration de lducation nationale mais dautres administrations (agriculture, formationprofessionnelle) et parfois peut, ou pourrait, trefinanc par les professions elles-mmes. Une des faonsde transmettre les connaissances scientifiques seraitde disposer de ces corps de mdiateurs techniquescapables :
dextraire des travaux des scientifiques desconnaissances utiles aux expertises que ces corps
intermdiaires doivent donner ; et de partager ensuite le savoir avec les agriculteurs etles leveurs, presss par le court terme.
Centre Culturel Franais de Dakar. Description desmeules champignons trouvs dans les nids determites champignonnistes. Cette photographie
a t prise lors dune matinescientifique de 3 heures sur le thme
Et si les termites taient utiles et suiviepar plus de 150 personnes.
A. Brauman IRD
Science et socit civile : un exemple algrien
Une dynamique de transition socio-conomique a dbut en Algriedans les annes 90. Des instruments ont t mis en place pourrapprocher science et dveloppement ; ils doivent tre prenniss.Linteraction entre le niveau national et le niveau local est recherche
et suppose une politique ambitieuse de sensibilisation et dducation.Le chemin est long entre le scientifique et le dcideur ou lacteur deterrain :
! La rechercheest trop souvent coupe de la ralit. Ses programmessont dcids par les universitaires et peu dicts par les besoins de lasocit civile. La ncessaire dimension interdisciplinaire supposeun dcloisonnement et les sciences sociales ont quasiment texclues des programmes universitaires. Les scientifiques ont du mal entrer dans le systme politique et sont trop isols. Le besoin de lareconnaissance de lutilit sociale du chercheur est fort.! Les bureaux dtudesont des connaissances pratiques mais non
formalises.! Les dcideurssont avant tout proccups par le court terme auxniveaux local, national, gopolitique, et ont du mal percevoir commentleurs dcisions faonnent le long terme. Ceci suppose une scnarisationdu futur, dont le changement climatique nest quune composante.
Il faudrait ouvrir toutes grandes les portes des tours divoire danslesquelles chacun sest enferm et les relier par de larges chemins.Il y a donc besoin de mtiers intermdiaires.
Lun de ceux-ci consisterait slectionner linformation scientifiqueutile avec discernement et pertinence afin de communiquer
des messages aux bureaux dtudes et aux dcideurs. Chaqueinformation a un sens particulier pour un dcideur ou une politiquedonne. La traduction dpend de la question pose. Il convient doncde mettre en vidence la prise de risque, qui doit dboucher surdes systmes de gestion de risques et de gestion de crise. Certainsde ces systmes existent, mais sont handicaps par un manque decoordination et danticipation. Ce mtier serait grandement facilitpar une implication des scientifiques ds le dpart mais ils nont past forms pour cela.
Le second consisterait rciproquement apprendre le langage delutilisateur et traduire ses besoins en termes de questionnementsscientifiques. Il conviendrait de repenser la manire dont les sujets
dtude scientifique sont dfinis. Le monde universitaire travaille dansune matrice intellectuelle trs prcise. Les instituts de dveloppementpilotent des programmes de recherche plutt thmatiques etsectoriels. Grer une prospective lhorizon de vingt ans ncessitedentreprendre des recherches scientifiques interdisciplinairescohrentes, cibles et pilotes en fonction des objectifs dcisionnels.
Sur le plan international, le statut mal reconnu des scientifiques du Sudles rend vulnrables et timors face la coopration internationale.Les relations Nord/ Sud restent encore quelque peu imprialistes. Lessystmes de suprmatie scientifique sont encore bien vivants et unmouvement de solidarit dsintresse entre le Nord et le Sud nest
pas perceptible.
Daprs Bgni et Senouci, 2006.
Exemple
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Formation scientifique Dakar, Sngal. Onzimecongrs de lassociation africaine pour la fixation
biologique de lazote, 22-27 novembre 2004, lUniversit Cheikh Anta Diop de Dakar.
Une session spciale fut consacre la rencontreentre les scientifiques et les lycens de la rgion.
P. Tendeng IRD
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La socit civile et ses partenaires dans la lutte contre la dsertification
UN CCD, science et scientifiques
De nombreux articles de la Convention font rfrence au
rle de la science et des scientifiques dans la lutte contre ladsertification. On lira avec intrt les articles 6, 10, 12, 16, 17,18, 19 et 24.
Il est fait obligation aux pays Parties dvelopps de coopreractivement avec les pays touchs et notamment de favoriserlaccs la technologie, aux connaissances et aux savoir-faireappropris. Les moyens nationaux dobservation et dvaluationsont recommands, ainsi que le renforcement de tous lessystmes de collecte et danalyse de donnes et dinformation.Les activits de recherche destines comprendre les processuset le rle des facteurs humains et naturels doivent trerenforces. Les savoir-faire locaux doivent tre mieux valoriss.Les cooprations internationales scientifiques sont appuyes.
Les Parties sengagent renforcer les activits de formation etde recherche au niveau national ainsi que la participation despopulations la mise en uvre de programmes de recherche, crer des services dappui et de vulgarisation pour ladiffusion des technologies et du savoir-faire, en utilisant desmthodologies participatives. La Convention a aussi cr unComit de la science et de la technologie charg de fournir desavis et des informations aux pays Parties. Ce Comit connatmalheureusement quelques difficults pour exercer son rle.
Par ailleurs, il existe dans de nombreux pays des rseaux descientifiques sur les questions de LCD et de dveloppement enzones arides. Un rseau europen vient de se mettre en placeen 2006 et des rseaux thmatiques fonctionnent dans les sous-rgions affectes.
Pour en savoir p lus : www.unccd.int
Zoom
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Histoire de la recherche lIRDde 1944 1994. Campagne de luttecontre la maladie du sommeil
de lORSTOM (devenu IRD en 1999).D.R. IRD
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Lapport des sciences
dans la prise de dcision
omment sont dfinis les programmes derecherche et qui en sont les bnficiaires ?Comment les scientif iques communiquent-ils ? Comment les rsultats de la recherche
parviennent-ils leurs utilisateurs finaux ? Finalement,comment la science intervient-elle dans lesmcanismes de prise de dcision des acteurs voqusprcdemment ? Afin de tenter de rpondre cesquestions, les diffrentes tapes de la prise de dcisiondun agriculteur et celles dun ministre de lAgriculture
dun pays en dveloppement soumis la dsertificationsont successivement examines dans ce chapitre.
Les tapes de la prise de dcision dun agriculteur
Les mcanismes de prise de dcision suivent,consciemment ou non, un certain nombre dtapes,de faon successive ou simultane. Dans le casdun agriculteur dun pays en dveloppement,lenvironnement dcisionnel se compose dune partde paramtres qui caractrisent le milieu naturel dans
lequel il cultive, et quil connat de faon empirique,et dautre part de paramtres inclus dans ce que nousavons appel un champ de rfrences culturelles etde pratiques sociales qui dterminent son degr delibert . Lagriculteur ne peut cultiver o il veut et ilne peut disposer de sa production son gr. Il est eneffet tributaire dune organisation sociale. Enfin, il fautrajouter ce qui prcde son savoir-faire technique etson environnement conomique. Les informations denature conomique sont gnralement assez rares, en
dehors des prix immdiats pratiqus sur les marchs.Enfin certaines dcisions se prennent lentement,comme le choix des parcelles cultiver ou des cultures semer, dautres se prennent immdiatement, commeles dates de semis, les travaux agricoles dentretien etla rcolte.
Lensemble des facteurs qui concourent la prisede dcision peut tre scind en facteurs naturels , culturels et sociaux , conomiques et humains ,tels que dcrits dans le schma ci-dessous.
C
Lapport des sciences dans la prise de dcision
Quels sont les facteurs de prisede dcision dun agriculteur ?
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Les informations ncessaires lagriculteurpour mettre en uvre ses choix de faon optimale
InformationRecherche
Pa ra mtres Frquence Dcision
Conditionsmtorologiques
Pluie, tempratureAvertissement desrisques
QuotidienneTous lestravauxagricoles
Conditionshydriques
vapo-transpiration relleet potentielle
Humidit des sols
Pluie cumule,Tendances
Dix joursChoixdirrigation
Traitements
Prvisionclimatique
Donnes moyenet long terme
Mois, saison
Choix desvaritsChoix desdates de semis
Conditions de solsFertilit, texture,structure
Saison,anne
Type detravaux
Fumure
Conditions devgtation
Suivi des stadesde dveloppementde la vgtation
Saisonagricole
Fumure,travauxdentretien,irrigation decomplment
Conditionssociales
Droits dusage desterres
Main duvrefamiliale/ salariat
Formation
Stabilit politique,conflits
Saisonagricole
Choix desterres
Choix descultures
Choix des
travaux
Conditionsconomiques
Prix des intrants
Prix des produits
Saisonagricole
Choix descultures
Choix destravaux
Les informations ncessaires lleveurpour mettre en uvre ses choix de faon optimale
InformationRecherche
Pa ra mtres Frquence Dcision
Conditionsde milieu
Compositionfloristique
tat du pturage
Biomasse
Eau
Pluviomtrie
Tendances
Dix jours
Dix jours
Dix jours
Quotidien
Dix jours
Saison
Choix desterrains deparcourset desmouvementsStockage/dstockage
Choixdes terrains
Stockage/dstockage
Conditionssocio-conomiques
Foncier,
droits de pturePrix de vente
Saison
Saison
Choix
des terrainsStockage/dstockage
Les responsabilits dun ministre de lAgriculture
et de lEnvironnement et de ses collaborateurs
dans un pays de zone aride
Dans un pays en dveloppement touch par ladsertification, les responsabilits principales dun
ministre de lAgriculture et de lEnvironnement et deson administration sont de quatre ordres :
1. Il doit prvoir la satisfaction des besoins alimentairesde son pays, obtenue soit par une production suff isante,voire excdentaire (dans ce cas il devra prvoir desstocks), soit par le recours des importations et/ou laide alimentaire internationale. Pour que cette aidene vienne pas dtruire les conditions de la productionlocale (en cassant les prix ou en arrivant trop tard,au moment de la rcolte suivante), il est ncessairedanticiper les situations en estimant les superficiescultives et les rendements pour avoir une prvisionde production si possible avant la priode des rcoltes.Cela permet de grer les importations, les stocks et lesexportations.
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2. Les pays touchs par la dsertification (africainsnotamment) sont frquemment la proie de ravageurscomme les criquets plerins ; il est donc ncessaire dedisposer de tous les moyens de prvention et de lutte.
3. Les pays touchs doivent rgulirement est imerltat de la dsertification et les progrs raliss, ou
les checs, dans la lutte contre la dsertification ; ilsdoivent normalement en faire tat la Conventiondans leur rapport national, tous les deux ans.
4. Tous les pays doivent intgrer la LCD dans leurstratgie de dveloppement, notamment agricole, etdans leur politique de rduction de la pauvret. Ilsdoivent donc avoir les moyens de dfinir des politiquespubliques agricoles et des politiques de soutien auxacteurs de la socit civile.
Le ministre et ses collaborateurs doivent donc avoir leur disposition des tableaux de bord et des indicateurspour le suivi des situations, voire leur anticipationafin de suggrer les bonnes dcisions en Conseil desministres.
Les informations ncessairespour rpondre aux objectifs dun ministre de lAgriculture
InformationRecherche
Pa ra mtres Frquence O bjectifs
Scuritalimentaire
Estimation dessuperficiescultives
Prvision derendement
Estimation de laproduction
Population
Prix locaux
Disponibilit desstocks mondiaux
Saison
Anne
Quotidien
Saison
Estimation desbesoins
Estimationdu taux desatisfactiondes besoins
Dcisiondimport
Dcisionde stockage
Transports
Risquede ravageurs
Prsence de larves
Prsencedinsectes
Stade dedveloppement
Prsence deau,
de vgtation
Quotidien
Lutteprventive
Interventiondurgence
tat de ladsertification
Divers indicateursbiophysiqueset socio-conomiques :
Biomasseherbace, taux decouvert vgtal,tats de surface,rosion, jachres,rendements
Scolarit,nutrition, type debti, prsencede commerces,dassociations,dorganisations,etc.
SaisonLutte contre ladsertification
Planification,programmation
tat desressources,cartographie
Diagnostic desituation
Vocation desterres, potentialits
tat de la socitcivile
Prise en comptedes besoins
Orientationspolitiquesnationales
AnneChoix despolitiquespubliques
Partenariat au Maroc. Ensemble des participantsde lInstitut Agronomique et Vtrinaire
Hassan II, du Centre National dtudes Agronomiquesdes Rgions Chaudes (IRC depuis 2007), de lIRD et
de lAssociation de dveloppement localdes Ait Bougmez lors de la restitution du travail
de terrain le 17 mai 2003.T. Ruf IRD
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Lapport des sciences et des scientifiques
dans la fourniture dinformations utiles
Les tableaux et schmas prcdents montrent quedes informations de nature biophysique et socio-conomique sont ncessaires la prise de dcision. Cesinformations sont en fait fournies par les paramtresdcrits de faon sommaire dans ces tableaux. Certainsde ces paramtres sont immdiats et fugaces, comme lapluviomtrie ; dautres restent valables sur le mois ou lasaison, dautres sont rvisables chaque anne.
Quels sont ceux qui relvent dactivits de routine deservices oprationnels et ceux qui relvent dactivitsplus techniques et scientifiques ? Dans les deux cas, lemme problme se pose : comment un agriculteur, un
leveur, un responsable ministriel va-t-il comprendrele message technique envoy soit par le servicecomptent soit par la communaut scientifique ?
Prenons le cas bien connu des donnes mto-rologiques : le service mto enregistre la pluviomtrie chaque pluie, la totalise chaque jour, en fait unesynthse dcadaire puis mensuelle. Pour quelquunqui na pas de rfrence, comment savoir si une pluiede 1 mm, 10 mm ou 100 mm est significative, utile, etquelles consquences en tirer ? qui le service mtodoit-il envoyer cette information et quel commentaire
accompagner pour que de la donne brute on passe une information utile, bref pour passer de lamto immdiate de la climatologie ou de lagro-mtorologie ?
Prenons un autre exemple issu dobservatoires desurveillance cologique : un observatoire mesure tousles mois la richesse floristique de parcelles tmoinsainsi que le taux de recouvrement du sol par lavgtation. Il tablit une liste despces vgtales et unetendance du taux de recouvrement. Si ces observationsne sont pas accompagnes de commentaires, commentlagriculteur et le responsable des services agricoleslocaux peuvent-ils dduire partir de ces observationssil y a une menace srieuse de dsertification ou aucontraire une reconqute par la vgtation et donc unrecul de la dsertification ?
De plus, qui doit faire le commentaire ? Le scientifiquea pour mission de produire des connaissances,de dvelopper des mthodes, de comprendre lefonctionnement des systmes, de le modliser. Il lui fautdonc du temps pour interprter toutes les donnes et lestransformer en informations. De plus, pour sa carrire,il est jug sur sa production scientifique de haut niveauet par ses pairs. Or celle-ci est incomprhensible par desnon-scientifiques et donc par les utilisateurs finaux. Silproduit des commentaires non scientifiques , celane sera pas pris en compte dans le droulement de sacarrire. Et dailleurs le scientifique sait-il crire pour
dautres personnes que des scientifiques ? Et pourdes scientifiques dune autre discipline ? Commentorganiser les publications interdisciplinaires ? Il y adonc l, au dpart, un dbat interne aux scientifiques.
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Un autre problme est du au fait que les pas de tempssont totalement diffrents dune activit une autre :le scientifique observe, enregistre, interprte, essaiede comprendre et a donc besoin de temps, alors quelagriculteur et le ministre ont besoin dune informationimmdiate.
Avec ces questionnements, on mesure ici la difficultde la communication technique et scientifique.Que linformation vienne dun service techniqueoprationnel comme la mto ou dune organisation derecherche, il faut quelle soit comprhensible par tous.Comment parvenir cette fin ? Plusieurs conditions
sont alors ncessaires :
! Le destinataire final doit tre lui-mme relativementform, do limportance de lcole et des formations debase pour les villageois, agriculteurs et leveurs, pourquils sachent lire, crire et compter. Il est galementimportant que les cadres des ONG, groupements,associations villageoises et syndicats, soient galementforms afin quils sachent tenir des comptes, lire descontrats et grer des projets.
! Le message doit tre comprhensible et arriver
temps. Do la ncessit de mdiateurs, capablesdinterprter, de transcrire et de transmettre desinformations techniques et scientifiques. Ces mdiateurspourraient faire partie de corps intermdiaires entre
la science et la technique et les utilisateurs finaux.On constate aujourdhui dans un certain nombredtablissements scientifiques et denseignement,que des chercheurs et des enseignants-chercheursparticipent de nombreuses formations destines auxpaysans et quils revendiquent mme parfois ce rlede mdiateur. De ce fait, de nouvelles problmatiquesde recherche naissent de cette situation privilgie.Le chercheur devient, au moins momentanment, un expert au service de la socit civile.
! On peut aussi recommander lexistence dorga-nisations, publiques ou prives, de transfert de
technologie, comme lest en France, par exemple,le GRET (Groupe de recherche et dchangestechnologiques) ou comme le sont les institutstechniques grs par les groupements professionnelsagricoles. La vie de ces organisations dpend de lacapacit des organisations professionnelles agricolesde les financer et/ou de la dcision des pouvoirs publicsde suppler leur manque de financement issu du faibleniveau de revenu des agricultures paysannes.
Le GRET, Groupe de rechercheet dchanges technologiques
Le GRET, cr en 1976, est une association professionnelle desolidarit et de coopration internationale qui veut contribuer un dveloppement durable et solidaire, lutter contre lapauv
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