M. Bouiron, E. Guilloteau - Le devenir des fortifications d’Antibes et Monaco. In Bouiron éd....

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FortiFications médiévales et modernes

des villes méditerranéennes

Actes du colloque international d’archéologie à Nice14-16 novembre 2013

Textes réunis par Marc Bouiron sous la direction de Jean-Marc Giaume et Xavier Delestre

BULLETINDU

MUSÉE D’ANTHROPOLOGIEPRÉHISTORIQUE DE MONACO

*SUPPLÉMENT N° 7

ÉDITIONS DU MUSÉE D’ANTHROPOLOGIE PRÉHISTORIQUE DE MONACO2015

FortiFications médiévales et modernes des villes méditerranéennes

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medieval and modern FortiFicationsoF mediterranean cities

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FortiFicazioni medievali e modernidi città mediterranee

Pour tout ce qui concerne la rédaction du Bulletin,prière de s’adresser à :

Patrick Simon

Directeur du Musée d’Anthropologie préhistorique(Fondé par le Prince Albert Ier)

56 bis, boulevard du Jardin ExotiqueMC-98000 PRINCIPAUTÉ DE MONACO

Tél. : +377 98 98 80 06 Fax : +377 93 30 02 46e-mail : patrick.simon@map-mc.com

site web : www.map-mc.org

ISSN 0544-7631

Mise en page : Christine Caravecchia et Eric LéonPhoto de couverture : Ville de Nice

BULLETINDU

MUSÉE D’ANTHROPOLOGIEPRÉHISTORIQUE DE MONACO

FortiFications médiévales et modernes

des villes méditerranéennesActes du colloque international d’archéologie à Nice

14-16 novembre 2013

hg

Textes réunis par Marc Bouiron sous la direction de Jean-Marc Giaume et Xavier Delestre

Ouvrage publié avec le concours de la Ville de Nice

BULLETINDU

MUSÉE D’ANTHROPOLOGIEPRÉHISTORIQUE DE MONACO

SUPPLÉMENT N° 7

ÉDITIONS DU MUSÉE D’ANTHROPOLOGIE PRÉHISTORIQUE DE MONACO

2015

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Programme du colloque

Organisation

La Ville de Nice (Direction du patrimoine historique - Service Archéologie),Le Ministère de la Culture et de la Communication (Direction régionale des affaires culturelles - Service régional de l’Archéologie).

Avec la collaboration deLaboratoire Cultures et Environnements – Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (CEPAM, UMR 7264, CNRS-Université de Nice-Sophia), Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine (CMMC, EA 1193, Université de Nice-Sophia), Conseil International des Monuments et des sites (ICOMOS), section Monaco,International Scientific Committee on Archaeological Heritage Management (ICAHM).

Comité scientifiqueFabrizio BENENTE (Università di Genova)Marc BOUIRON (Ville de Nice, ICOMOS-Monaco, CEPAM, ICAHM)Germain BUTAUD (CEPAM, Université de Nice Sophia Antipolis)Xavier HUETZ DE LEMPS (CMMC, Université de Sophia Antipolis)Daniel ISTRIA (LA3M, CNRS)Philippe JANSEN (CEPAM, Université de Sophia Antipolis)Philippe PERGOLA (LA3M, CNRS, Institut pontifical d’archéologie chrétienne)Franck SUMERA (SRA-PACA, CCJ)Carlo VARALDO (Università di Genova)

Jeudi 14 novembre

Lieu : Théâtre de la Photographie et de l’Image Charles-Nègre - Nice

CONNAISSANCE HISTORIQUE ET ARCHéOLOgIQUE dES fORTIfICATIONS 09:30 ......... Accueil10:00 ......... Allocutions introductives. J.-M. Giaume (Délégué au patrimoine historique et archéologique), X. Delestre (SRA-PACA)

(Présidence : X. delestre)

10:30 .......... Les fortifications des villes littorales de Provence et du comté de Nice. M. Bouiron (SAVN), G. Butaud (CEPAM)11:00 .......... Fortificazioni costiere del Genovesato e della Liguria orientale. F. Benente (Università di Genova)11:30 .......... Savona : dai castelli medievali alla fortezza cinque centesca genovese. C. Varaldo (Università di Genova)12:00 ......... Discussions

(Présidence : P. Pergola)

14:00 .......... Les fortifications médiévales génoises du littoral corse. A. Franzini, D. Istria (LA3M), E. Tomas14:30 ........... Le piazzeforti della Sardegna in età medievale e moderna. Analisi grafica dei progetti e nuovi dati archeologici. A. Pirinu, M. Milanese (Università di Cagliari, Sassari) 15:00 .......... Sicuritas Veneta : la défense du Stato da Mar (Venise XIVe-XVIe siècle). B. Doumerc (FRA.M.ESPA)15:30 .......... Discussions16:30 .......... Les fortifications de Malte. A. Brogini (CMMC) 17:00 .......... New Archaeological Evidence of the 13th century Fortifications of Crusader Acre. E. et E. J. Stern (IAA) 17:30 .......... Les fortifications de l’île de Chypre. N. Faucherre (LA3M)18:00 .......... Discussions

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Institutions représentées

AVP - Ateliers Ville et Paysage (France)CEPAM - Culture et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (UMR 7264, CNRS-Université de Nice Sophia Antipolis, France)CMMC - Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine (EA 1193, Université de Nice Sophia Antipolis, France)ENSA-Marseille - École Nationale Supérieure d’Architecture de MarseilleFRA.M.ESPA - France méridionale et Espagne : histoire des sociétés du Moyen Âge à l’époque contemporaine (UMR 5136, Université de Toulouse 2-CNRS, France)IAA - Israel Antiquities Authority (Israël)ICAHM - International Scientific Committee on Archaeological Heritage Management (États-Unis/Hollande/UNESCO)ICOMOS-Monaco - International Council of Monuments and Sites/Conseil international des monuments et des sites (Monaco/UNESCO)IRMC - Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (Tunisie)LA3M - Laboratoire d’Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (UMR 7298, CNRS-Aix-Marseille Université, France)SAVN - Service Archéologie de la Ville de Nice (France)SRA-PACA - Service régional de l’Archéologie de Provence-Alpes-Côte d’Azur (DRAC-PACA, Ministère de la Culture et de la Communication, France)Università di Cagliari - Dipartimento di ingegneria civile, ambientale e architetturaUniversità di Genova - Dipartimento di Antichità, Filosofia e Storia (DAFIST)Università di Sassari - Dipartimento di Architettura, Design, Urbanistica

Vendredi 15 novembre

Lieu : Théâtre de la Photographie et de l’Image Charles-Nègre - Nice

dEVENIR, CONSERVATION ET VALORISATION dES fORTIfICATIONS

(Présidence : V. Boltho)

09:30 ......... Les transformations et destructions de la fortification de Marseille. T. Durousseau10:00 ......... Destruction et patrimonialisation dans l’Espagne contemporaine : l’exemple des Baléares. X. Huetz de Lemps (CMMC)10:30 .......... Pause 11:00 ......... Le devenir des fortifications du Maghreb à l’époque contemporaine. C. Jelidi (IRMC)11:30 .......... Le devenir des fortifications d’Antibes et de Monaco. M. Bouiron, E. Guilloteau (SAVN)12:00 ......... Discussions

(Présidence de séance : P. Jansen)

14:00 .......... La prise en compte des fortifications dans les procédures de l’archéologie en France : le rôle de l’État. F. Suméra (SRA-PACA)14:30 .......... La conservation des vestiges de la fortification niçoise : la crypte archéologique Pairolière. M. Bouiron (SAVN)15:00 .......... Ciò che resta del sistema difensivo urbano di una città capoluogo sul mar ligure (Ventimiglia ss. XII - XIV). G. Palmero (LA3M)15:30 .......... Discussions 16:30 .......... La mise en valeur des enceintes d’Istanbul. I. Aydemir17:00 .......... Comment restituer une fortification disparue ; l’exemple de la colline du Château à Nice. O. Thomas (AVP)17:30 .......... Discussions18:00 .......... Présentation de la modélisation 3D du Château de Nice. M. Bouiron, E. Guilloteau (SAVN)18:30 .......... Présentation de la modélisation 3D du Fort de Mont-Alban. J. Zoller (ENSA-Marseille)19:00 ......... Allocution conclusive. J.-M. Giaume (Délégué au patrimoine historique et archéologique)

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Intervenants scientifiques et présidents de séance

Işık AYDEMIR (architecte, Istanbul)Fabrizio BENENTE (ricercatore, Università degli Studi di Genova - DAFIST)Vera BOLTHO (ancien Chef du service des politiques et de l’action culturelle du Conseil de l’Europe, ICOMOS-Monaco)Marc BOUIRON (directeur du service Archéologie de la Ville de Nice, vice-président d’ICOMOS-Monaco, chercheur associé au CEPAM, membre expert de l’ICAHM)Anne BROGINI (maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Nice Sophia Antipolis, CMMC)Germain BUTAUD (maître de conférences en histoire médiévale à l’Université de Nice Sophia Antipolis, CEPAM)Didier DALBERA (architecte, enseignant à l’ENSA Marseille)Xavier DELESTRE (conservateur général du Patrimoine, Conservateur régional de l’archéologie, SRA/DRAC-PACA)Bernard DOUMERC (professeur en histoire médiévale à l’Université de Toulouse Le Mirail, FRA.M.ESPA)Thierry DUROUSSEAU (architecte, Marseille)Nicolas FAUCHERRE (professeur en archéologie et histoire de l’art à l’Université d’Aix-Marseille, LA3M)Antoine FRANZINI (docteur en histoire médiévale, chercheur à l’Université Paris-Est, Marne-la-Vallée)Eric GUILLOTEAU (attaché de conservation, service Archéologie de la Ville de Nice, chercheur associé au LA3M)Xavier HUETZ DE LEMPS (professeur en histoire contemporaine à l’Université de Nice Sophia Antipolis, CMMC)Daniel ISTRIA (chercheur au CNRS, LA3M)Philippe JANSEN (professeur en histoire médiévale, Université de Nice Sophia Antipolis, CEPAM)Charlotte JELIDI (docteur en histoire contemporaine, IRMC)Marco MILANESE (professore ordinario, Direttore Scuola di Dottorato in Storia, Letterature e Culture del Mediterraneo, Università degli Studi di Sassari - DISSUF)Giuseppe PALMERO (chercheur associé au LA3M)Philippe PERGOLA (directeur de recherche au CNRS, LA3M, professeur à l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne de Rome)Andrea PIRINU (phd, ricercatore TD in Disegno, Università di Cagliari - DICAAR)Edna J. STERN (Medieval ceramics specialist and field archaeologist, IAA)Eliezer STERN (Chief Archaeologist for Acre and the Western Galilee, IAA)Franck SUMERA (conservateur en chef du patrimoine, SRA-PACA, chercheur associé au CCJ)Olivier THOMAS (paysagiste DPLG - Chef de Projet, AVP)Emilie TOMAS (archéologue, Arkemine)Carlo VARALDO (professore ordinario, Università degli Studi di Genova - DISAM)Jacques ZOLLER (professeur honoraire des écoles d’architecture)

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édITORIAL ............................................................................................................................................................ 11

AVANT-PROPOS ................................................................................................................................................. 13

CONNAISSANCE HISTORIQUE ET ARCHéOLOgIQUE dES fORTIfICATIONS .............................................. 15

M. BOUIRON et G. BUTAUDLes fortifications des villes littorales de Provence et du comté de Nice.............................................................................. 17

F. BENENTEPoteri locali, fortificazioni e controllo del territorio genovese tra XI e XV secolo............................................................... 35

C. VARALDO Savona : dai castelli medievali alla fortezza cinque centesca genovese............................................................................. 57

A. FRANZINI, D. ISTRIA et E. TOMASLes fortifications médiévales génoises du littoral corse.................................................................................................. 71 A. PIRINU et M. MILANESELe piazzeforti della Sardegna in età medievale e moderna. Analisi grafica dei progetti e nuovi dati archeologici....................... 81

B. DOUMERCSicuritas Veneta : la défense du Stato da Mar (Venise XIVe-XVIe siècle)........................................................................ 95

A. BROGINIEntre défense et symbole, les fortifications du port de Malte.......................................................................................... 107

dEVENIR, CONSERVATION ET VALORISATION dES fORTIfICATIONS ........................................................ 119

T. DUROUSSEAUMarseille : apparition et disparition du polygone.............................................................................................................. 121

M. BOUIRON et E. GUILLOTEAULe devenir des fortifications d’Antibes et Monaco......................................................................................................... 131

M. BOUIRONLa conservation des vestiges de la fortification niçoise : la crypte archéologique Pairolière.................................................. 145

G. PALMERO Ciò che resta del sistema difensivo urbano di una città capoluogo sul mar ligure (Ventimiglia ss. XII - XIV)........................ 157

I. AYDEMIRLa mise en valeur des enceintes d’Istanbul.................................................................................................................. 171

M. BOUIRON, A. GOLDTSIMMER et L. LAURENTComment restituer une fortification disparue ; l’exemple de la colline du Château à Nice.................................................. 185

M. BOUIRON et E. GUILLOTEAULa modélisation 3D du Château de Nice.................................................................................................................... 203

J. ZOLLERPrésentation de la modélisation 3D du Fort de Mont-Alban.......................................................................................... 213

Sommaire

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15

17

35

57

71

81

95

107

119

121

131

145

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203

213

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LE dEVENIR dES fORTIfICATIONS d'ANTIBES ET mONACO

M. Bouiron* et e. Guilloteau**

Résumé.- La conservation des fortifications en Provence orientale est variable. Ville frontière à la fin du XVe siècle, Antibes se dote de fortifications modernes sous le règne d’Henri IV. Son plan n’a subi ensuite aucun changement important, hormis quelques améliorations ponctuelles jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les projets plus conséquents n’ayant jamais vu le jour. Sous la pression du développement urbain à la fin du XIXe siècle, la ville envisagea le démantèlement de ses fortifications et demanda à l’État leur déclassement. L’ancienne enceinte urbaine subsiste encore aujourd’hui sur le front de mer et sur la partie occidentale du port. Par contre, il ne reste plus aucune trace de la fortification bastionnée du côté des terres.À Monaco en revanche, les fortifications ont subsisté presque intactes jusqu’à nos jours. La ville se développe au XIIIe siècle à l’est du château primitif. La fortification est visible sur les vues de Monaco du XVIIe siècle et sur les plans que l’on possède de la ville au XVIIIe siècle. Du fait de la configuration naturelle du rocher, la face méridionale est protégée par un à-pic assez important. La fortification se doit donc d’être particulièrement forte sur ses faces les plus accessibles : au nord mais surtout à l’ouest. Dans le cas d’Antibes, les fortifications sont tellement arasées qu’on ne peut même plus les mettre en évidence. À Monaco, il serait tout à fait possible de renforcer leur présence pour les nombreux visiteurs en adoptant un véritable parcours donnant par là-même une véritable leçon d’histoire de la Principauté.

Abstract.- The conservation of fortifications in eastern Provence is variable. City border at the end of the fifteenth century, Antibes adopts modern fortifications under the reign of Henri IV. Their plan has then no significant change, except for some specific improvements to the late eighteenth century ; the most important projects have never emerged. Under the pressure of urban development in the late nineteenth century, the city contemplated the dismantling of its fortifications and asked the State their downgrading. The old city wall still survives today on the seafront on the western part of the port. On the other side, there remains no trace of the bastion fortifications on the land side.In Monaco, however, the fortifications have survived almost intact to this day. The city developed in the thirteenth century to the east of the original castle. The fortification is visible on the views of Monaco of the seventeenth century, and on the plans of the city in the eighteenth century. Due to the natural configuration of the rock, the southern side is protected by a sizeable cliff. Fortification must therefore be particularly strong in its most accessible sides: north but especially in the west.In the case of Antibes, the fortifications were leveled so that we can even not highlight them. In Monaco, it would be quite possible to strengthen their presence for the many visitors by adopting a true path thereby giving a true history lesson of the Principality.

Riassunto.- La conservazione delle fortificazioni in Provenza orientale è variabile. Confine della città alla fine del XV secolo, Antibes adotta fortificazioni moderne sotto il regno di Enrico IV. Il suo piano è quindi variazioni di rilievo, ad eccezione di alcuni miglioramenti specifici alla fine del XVIII secolo, i progetti più importanti che non sono mai emersi. Sotto la pressione dello sviluppo urbano alla fine del XIX secolo, la città contemplava lo smantellamento delle sue fortificazioni e chiese allo smantellamento dello Stato. Il muro della città vecchia sopravvive ancora oggi di fronte al mare nella parte occidentale del porto. In contrasto, non rimane alcuna traccia delle fortificazioni bastione sul lato terra.A Monaco, però, le fortificazioni sono sopravvissuti quasi intatta fino ad oggi. La città si è sviluppata nel XIII secolo ad est del castello originale. La fortificazione è visibile il punto di vista del Monaco ed il XVII secolo, sui piani che abbiamo della città nel XVIII secolo. A causa della configurazione naturale della roccia, il lato sud è protetta da una scogliera considerevole. Fortificazione deve quindi essere particolarmente forte nei suoi lati più accessibili: a nord, ma soprattutto in Occidente.Nel caso di Antibes, le fortificazioni sono state livellate in modo che si può anche mettere in evidenza. A Monaco, sarebbe del tutto possibile per rafforzare la loro presenza per i numerosi visitatori con l’adozione di un vero percorso dando così una vera e propria lezione di storia del Principato.

* conservateur en chef du patrimoine, directeur du service de l’Archéologie de la Métropole Nice Côte d’Azur, chercheur associé au CEPAM, UMR 7264** doctorant Aix-Marseille Université, LA3M, UMR 7298

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Le devenir des fortifications en Provence orientale est variable. Nous ne reviendrons pas sur celle de Nice, traitée par ailleurs dans ce même volume. Par l’exemple de deux cités importantes à l’Époque moderne, Antibes et Monaco, nous voulons mettre en évidence les différences de préservation et leur incidence sur la ville actuelle.

I.- LE DéManTèLEMEnT DEs forTIfICaTIons DE La vILLE D’anTIBEs au XIXE sIèCLE (E. G.)

Ville frontière à la fin du XVe siècle1, la cité d’Antibes constituait une place stratégique. Le tracé moderne de ses fortifications ne fut pourtant établi qu’à la fin du XVIe siècle, sous Henri IV, suivant les plans de l’ingénieur Raymond de Bonnefons2 (Buisseret 2002, p. 56). Son plan n’a subi ensuite aucun changement important, hormis quelques améliorations ponctuelles jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les projets plus conséquents n’ayant jamais vu le jour.

Après l’annexion du Comté de Nice et de la Savoie en 1860, les frontières bougèrent et Antibes perdit alors sa position stratégique. Sous la pression du développement urbain à la fin du XIXe siècle, la ville envisagea le démantèlement de ses fortifications et demanda à l’État leur déclassement. Dès 1890, elle procéda à des élargissements de poternes et à des ouvertures dans les remparts pour faciliter les communications extra-muros. Les autorités municipales obtinrent le déclassement des fortifications par une Loi publiée dans le Journal Officiel du 3 août 1896, dont les conditions avaient été établies au préalable dans une convention entre la Ville d’Antibes et l’État. Les travaux d’arasement des murailles furent considérables et durèrent plusieurs années jusqu’au début du XXe siècle. Le découpage en parcelles des terrains attenants aux fortifications permit à la municipalité d’élaborer les plans de la nouvelle ville.

L’ancienne enceinte urbaine subsiste encore aujourd’hui sur le front de mer et sur la partie occidentale du port (fig. 1). Par contre, il ne reste plus aucune trace de la fortification bastionnée du côté des terres. Le nom de la « rue des remparts », longtemps utilisé à l’ouest de la ville après l’arasement, est à présent remplacé par la « rue Ernest Macé », du nom de l’architecte chargé de la démolition.

1. Antibes devint une ville frontière dès 1388, après la dédition du comté de Nice à la Savoie. Toutefois elle ne constitua vraiment une place stratégique que lors du rattachement de la Provence à la France à la fin du XVe siècle, avec la mise en place de gouvernements étatiques contrôlant les routes et les frontières (notamment ceux de la France et l’Espagne, les deux grandes puissances du moment).2. Raymond de Bonnefons était « ingénieur pour le roy en Provence, Dauphiné et Bresse ». Bibliothèque des Archives de la Guerre, mss 177-178, Génie document 18.

A- La fortification moderne d’Antibes : du premier tracé aux dernières améliorations du XVIIIe siècle

Après la prise de la ville par la Savoie en 1592, la nécessité de la défendre par une fortification « à la Moderne » devint une évidence. Toutefois ce ne fut qu’au début du XVIIe siècle que la ville se dota d’une véritable enceinte bastionnée, suivant les plans de l’ingénieur Raymond de Bonnefons. Les travaux semblent avoir débuté en 1603 par l’attribution du chantier aux enchères à la chandelle3 (Lacroix 2003, p.7). Suite à la mort accidentelle de Raymond de Bonnefons en 16074 (Buisseret 2002, p. 56), son fils Jean, ingénieur ordinaire du roi des provinces de Languedoc et de Provence, suivit la fin des travaux dont la réception fut consignée par un notaire le 21 octobre 16115 (Lacroix 2003, p.7). L’étendue de l’enceinte permit à la ville de continuer à se développer et de faire d’Antibes une place forte de premier ordre à la frontière de la Provence orientale.

Le tracé de l’ingénieur formait une sorte de triangle composé de deux faces côtières et d’une troisième bastionnée dirigée vers les terres. Cette dernière comportait quatre grands bastions dénommés d’est en ouest : le bastion de Rosny, le bastion de Guise, le bastion du Roi et le bastion du Dauphin. Le front face à la mer était protégé par une longue ligne brisée avec des bastions et des redents.

Trois portes permettaient l’accès à la ville : la porte Royale au nord, la porte Sainte-Claire à l’ouest et la porte de la Marine à l’est.

Tout au long du XVIIe siècle, les fortifications ont été

3. ADAM, 3E 27/89 fol. 363 sq.4. Sully écrivit au roi en juillet 1607 : « Il est arrivé un accident en Provence qui m’apporte du desplaisir ; c’est la mort de deux de vos ingénieurs, à sçavoir Bonnefons et le jeune Errard, qui n’en sçavoit gueres moins que son père » : Sully, Oeconomies royales, II, p. 89b, note 50.5. ADAM, 3E 7/91 fol. 385 et 388v.

~ Fig. 1 Antibes aujourd’hui, avec les vestiges de son enceinte 

sur le front de mer (cl. E. Guilloteau).

135

renforcées et améliorées, avec notamment le rehaussement des murailles du côté de la mer et du port, et l’adjonction de trois demi-lunes du côté des terres, dont l’une d’elles gardait la Porte Royale, l’entrée principale de la Cité. Le grand bastion Saint-Jaume fut ajouté au port sur le Mole au milieu du XVIIe siècle, précédant d’importants travaux de réfection des murailles et l’édification du bastion Saint-André au sud-ouest réalisés à la fin du siècle. L’ancienne citadelle déjà ruinée fut définitivement absorbée par le bastion du Dauphin et l’adjonction d’un cavalier.

Vauban envisagea de relier la ville d’Antibes au fort Carré, par la construction d’une ligne fortifiée tournée vers les terres. Toutefois ce projet d’envergure n’a jamais vu le jour, même après la guerre de succession d’Autriche, au milieu du XVIIIe siècle, où il en fut à nouveau question. Vauban a cependant amélioré la défense du front de mer, en remodelant cette ligne fortifiée faite de petits redents. Réalisé vers 1774, le dernier aménagement concerna l’édification d’une courtine avec le bastion et la porte de la Marine, cette partie n’étant jusqu’alors protégée que par un simple talus de terre (fig. 2).

B- Les premières atteintes à l’enceinte urbaine

Après le rattachement du comté de Nice et de la Savoie à la France en 1860, Antibes perdit son importance stratégique. Contrairement à Nice, à Cannes et à d’autres villes de la côte, Antibes ne profitait pas du tourisme balnéaire et l’enceinte urbaine apparut alors comme une entrave au développement économique. Les remparts ne furent donc plus entretenus, comme le releva un rapport de 1878 dans lequel on peut lire : « Tous les terre-pleins (…) s’éboulent peu à peu et envahissent le chemin de ronde. (…) le saillant du bastion douze sur lequel s’élève le grand cavalier, on

y voit une fente de haut en bas s’élargissant au faîte, malgré l’armature en fer (…). Cette partie surplombe la route du Cap, une des voies les plus fréquentées par les habitants de la ville et par les étrangers (…). Les remparts deviennent au fil du temps des dépôts d’immondices de toute nature dont les exhalaisons répandent des odeurs fétides dans l’atmosphère » 6 (Settineri 2002).

Comme beaucoup de villes à cette époque — Sedan en 1875, Nancy en 1879, Mézières en 1884, Douai en 1891 et Cambrai en 1892 — (Blieck et al. 2007, p. 215), la ville d’Antibes a ainsi demandé le déclassement de son enceinte, qu’elle obtint par décret du 27 mai 1889.

Le Gouvernement accorda à la Ville le comblement de la porte Marine et le percement de nouvelles portes. Suivant la délibération du Conseil municipal considérant l’accès à la route du Cap, à l’ouest, comme « un passage étroit et obscur, dangereux pour la circulation publique » 7, une ouverture fut pratiquée dans le flanc du bastion 9 ou bastion du Roi vers 1891, à proximité de la poterne Sainte-Claire (fig. 3).

À l’est, une autre porte fut percée au niveau du bastion de la Marine et un agrandissement de la porte de France a été envisagé pour faciliter l’accès à la gare. Toutefois ce dernier projet ne put être réalisé, le démantèlement de l’enceinte ayant finalement été décidé.

6. AD06, 11R : Rapport du chef d’escadron d’artillerie Serray en septembre 1878.7. Archives Municipales d’Antibes, extrait du registre des délibérations du Conseil municipal de la Commune d’Antibes : Ouverture de la porte dans le bastion n° 9, séance publique du 28 juin 1891. « Le conseil considérant que le passage étroit et obscur de la Poterne Sainte-Claire est dangereux pour la circulation publique, que de ce côté une large ouverture est de toute nécessité par suite du grand mouvement qui s’y produit pour la desserte des quartiers populeux de la Salis et du Cap et dans l’intérêt de la colonie étrangère ».

~ Fig. 2 Les fortifications d’Antibes en 1775 – SHAT 

Vincennes, atlas 58, art. 1er, 3e. (cl. E. Guilloteau).

~ Fig. 3 Coupe au niveau du flanc du bastion du Roi, réalisée 

à l’occasion du projet d’ouverture suivant l’axe de la route du Cap (cl. E. Guilloteau).

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C- Le démantèlement de l’enceinte urbaine

Selon le décret du 27 mai 1889, le démantèlement devait se faire sans frais pour l’État qui, en compensation, cédait à la Ville la plupart des terrains libérés par la démolition de l’enceinte. Par dépêche du 3 août 1893, le ministre de la Guerre décida l’ouverture de négociations avec la municipalité afin de formaliser une convention8. Le Ministère estima le coût total des travaux à 1 300 000 francs, couvrant la démolition (650 000 francs) et le remplacement des casernes (650 000 francs). Sans moyens suffisants pour assurer de telles dépenses, la Ville décida de faire appel à un entrepreneur, comme le lui permettait l’article 15 de la convention précitée9, en l’autorisant à administrer pour son propre compte les terrains libérés (opérations immobilières, gestion locative, etc). L’architecte Ernest Macé, administrateur de la Société foncière de Cannes et du littoral de Juan-les-Pins remporta ainsi le marché et signa le 20 avril 1895 un contrat l’unissant à la Ville10. Celui-ci précisait les conditions générales et particulières du démantèlement, le délai imparti (deux ans), les modalités de cession des terrains, les précautions de sécurité autour des magasins à poudre, la propriété des arbres, des matériaux provenant de la démolition, des objets archéologiques devant servir à la création d’un musée. Des plans annexés séparaient les terrains concédés à la Ville et ceux réservés par l’État11. D’autres plans établissaient les conditions générales pour l’exécution du démantèlement12. Une Loi signée le 23 octobre 1895 et publiée au Journal Officiel du 4 août 1896 lança officiellement les travaux.

La démolition débuta dès le mois de septembre 1896 (Settineri 2002)13 par des coups de pioche, de pic et l’emploi de la dynamite : « C’est ce précieux trésor caché qui s’envole en fumée (...). Ni les Normands ni les Sarrasins n’ont paru au Cap (...) seulement une équipe d’ouvriers, conduite par des entrepreneurs de démolition, (...) [qui] insère des cartouches de dynamite entre les pierres des murailles, lesquelles volent méthodiquement en petits éclats »14 (fig. 4).

8. AD06, 2R 156 : « Le Ministre de la Guerre à M. le Général commandant le 15e corps d’armée à Marseille. Objet : Déclassement d’Antibes, négociations à ouvrir avec la ville, en vue du démantèlement de la place, Paris, le 3 août 1893 ».9. BNF - Journal Officiel de la République française. Lois et décrets. 1896/08/04.10. AD06, 2Q 307 : « Ville d’Antibes - Traité entre la Ville et M. Macé, en vue du dérasement des fortifications ».11. AD06, 2O 46 : « Plan des terrains que l’État cède à la Ville et de ceux qui sont réservés dans le domaine militaire ou réservés pour les services publics, Antibes le 23 octobre 1895 ».12. AD06, 2R 140 : « Conditions générales suivant lesquelles le démantèlement sera exécuté ».13. AD06, 11R 13 : « Rapport du capitaine Nizey du 27 novembre 1896 ». 14. MH – Paris, Dossier sur Antibes : Le Soleil du 6 janvier 1897 : Aux murailles d’Antibes (Recherche Yann Codou – Université de Nice/CEPAM).

Un groupe constitué de notables antibois et d’écrivains s’opposa fermement à cette destruction et tenta de faire arrêter les travaux par différents recours en justice. Parmi les opposants, Frédéric Mistral se présenta comme le défenseur des fortifications et fit appel aux archéologues. Il écrivit au directeur des Beaux-Arts le 23 janvier 1897 pour dénoncer cette destruction à la dynamite empêchant la sauvegarde des vestiges antiques présents en réemploi dans l’enceinte moderne. À cet effet, il demanda la venue de représentants du ministère à Antibes pour « aider à sauver ce qui peut encore être sauvé »15. La presse locale prit parti également pour la conservation de l’enceinte et Maurice Spronck écrivit en mars 1897 dans le journal Le Soleil : « Les démolisseurs sont légalement dans leur droit ;les infortunés remparts sur lesquels ils exercent en ce moment leurs malfaisants instincts ne sont protégés que par des arguments d’esthétique et de bon sens, et ils n’ont même pas été classés jusqu’à présent parmi les monuments historiques. On les jettera donc à la mer, parce qu’ainsi l’a décidé une poignée de dangereux énergumènes... »16. Cette opposition ne fit cependant pas l’unanimité parmi les Antibois et les travaux se poursuivirent, changeant à jamais la physionomie d’Antibes. Le surplus des remblais servit même à combler partiellement l’anse de l’Ilette, au niveau du bastion Saint-André. Des procès-verbaux furent établis au fur et à mesure des remises de terrains à la Ville, accompagnés de plans délimitant les parcelles libérées et donnant une estimation de leur surface17.

15. MH – Paris, dossier sur Antibes : Lettre de Frédéric Mistral, Maillane (Bouches-du-Rhône/23 janvier 1897) à Monsieur Roujon, directeur des Beaux-Arts (Recherche Yann Codou – Université de Nice/CEPAM).16. MH – Paris, dossier sur Antibes : Le Soleil de mars 1897 : Les rem-parts d'Antibes (Maurice Spronck).17. AD06, 2R 141, Plan des terrains remis à la Ville d’Antibes, joint au procès-verbal de remise du 22 février 1898.

~ Fig. 4 La face nord-est du bastion de Rosny en cours de 

démolition à la fin du XIXe siècle, avec en arrière plan le fort Carré (Archives Municipales d’Antibes, 6 fi 43).

137

Les travaux prévus sur deux ans se révélèrent plus longs que prévu, suite à des problèmes financiers et au mauvais temps. En 1898, la municipalité demanda donc une prorogation d’une année au délai accordé18. Au début de 1900, le démantèlement fut pratiquement terminé, et seules quelques parcelles restaient à être remises à la Ville19 (fig. 5). Au début du XXe siècle, la Ville d’Antibes disposait ainsi d’une nouvelle superficie de terrains disponibles évaluée à 160 000 m², dont 60 000 m² avaient déjà été vendus par la société d’exploitation. L’agglomération pouvait alors s’agrandir à partir du plan dressé par Ernest Macé sur lequel les principaux boulevards suivaient la physionomie des anciennes fortifications, le nom de certaines rues et avenues rappelant toujours leur présence dans les mémoires (rue des remparts, rue Vauban, avenue Niquet, avenue du Grand Cavalier).

L’édification des immeubles situés autour de l’actuelle place du Général de Gaulle, anciennement place Macé. L’excédent de déblais provenant de l’arasement de l’enceinte (130 000 m3) fut déposé dans l’anse de l’Ilette ou du Ponteil, la comblant partiellement.

18. AD06, 2R 141 : « Prolongation de délai relative au démantèlement, le 6 mai 1898 ».19. AD06, 2R 141 : « Procès-verbal de remise à la ville d’Antibes, de parcelles de terrain provenant du démantèlement des fortifications de la place, l’an mil neuf cent, le vingt-six mars ».

d- Les vestiges aujourd’hui

Le démantèlement des fortifications d’Antibes a changé radicalement la physionomie de la cité. Seul le bord de mer a conservé une grande partie de sa muraille, avec les bastions Saint-Jaume à l’est et Saint-André à l’ouest (fig. 6). Conduites par l’Inrap depuis plusieurs années20, les différentes opérations d’archéologie préventive ont permis de mettre au jour brièvement quelques vestiges de l’enceinte et des bastions arasés à la fin du XIXe siècle (Thernot 2007). Avant leur destruction définitive par les récents aménagements, une partie des contreforts du bastion de Rosny est ainsi réapparue, tout comme le mur de contrescarpe du bastion de Guise, un morceau de la demi-lune du Dauphin, et un vestige du bastion de la Marine. Plusieurs autres éléments de l’ancienne fortification subsistent encore en élévation, dont la porte de la Marine, sa courtine la reliant à l’ancien bastion du même nom aujourd’hui disparu, et au nord l’ancienne porte de France, entrée principale de la ville au XVIIe siècle, monument emblématique à présent transformé en immeuble d’habitation.

Sur l’actuelle presqu’île Saint-Roch face à la ville, le fort Carré a quant à lui survécu au démantèlement. Resté dans le domaine militaire au moment du dérasement de l’enceinte urbaine, cet ensemble totalement atypique demeure un exemple magnifique de fortification de la seconde moitié du XVIe siècle, avec la présence de bastions à orillons en étoile, aux grandes faces effilées et élégantes.

20. Voir les rapports d’opération de Ph. Mellinand (2004), F . Parent et N. Nin (2005), R. Thernot (2005, 2010 et 2011) et d’I. Daveau (et al. 2008).

~ Fig. 5 Plan de remise des terrains à la ville d’Antibes au 

début de 1900, avec en rose les terrains remis antérieurement, en vert les parcelles à remettre à la ville et en jaune les terrains à remettre aux Ponts et Chaussées (cl. E. Guilloteau).

~ Fig. 6 Le bastion Saint-André aujourd’hui (cl. E. Guilloteau).

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II.- LEs forTIfICaTIons DE MonaCo (M. B.)

La fortification de Monaco est bien connue de tous les touristes qui viennent visiter le « Rocher » (fig. 7). La ville ancienne, encore entourée d’une muraille par endroits impressionnante, s’est en effet développée sur un rocher calcaire de forme allongée, orienté est-ouest et situé entre 50 et 60 m au-dessus du niveau de la mer (soit une altitude plus basse que le rocher équivalent de Nice). Il fait suite aux derniers contreforts des Alpes représentés par le mont Agel et, plus près de la mer, le rocher appelé la Tête de Chien. Jusqu’à sa prise par les Génois à la fin du XIIe siècle, Monaco constitue la délimitation entre la Provence et l’Italie.

A- L’évolution de la fortification

Pendant des siècles, la ville est restée perchée sur la partie haute du rocher. À l’inverse de Nice, qui a connu une extension urbaine dès le XIIe siècle dans l’espace compris entre la colline du Château et le Paillon, elle ne connaît pas d’expansion démographique importante du fait de sa configuration particulière, sous forme de péninsule, qui ne laissait pas d’espace propice à une extension au contact immédiat de la cité. De plus, isolée par la terre jusqu’aux travaux du XIXe siècle (construction de la route dite « moyenne corniche » et percement de la voie ferrée), Monaco n’avait une réelle accessibilité que par la mer.

La ville elle-même est relativement petite. Elle se développe au XIIIe siècle à l’est du château primitif21 (qui occupe toute la partie occidentale du rocher et de 21. Nous ne détaillerons pas ici l’histoire du palais ni sa fortification progressive depuis la fondation du premier castrum en 1215. Voir en particulier Saige 1888-1891. Nous remercions tout particulièrement Thomas Fouilleron pour le temps qu’il nous a consacré et l’accès qu’il nous a permis aux archives du palais princier.

la fortification), autour de l’église Saint-Nicolas22 et le long de quelques rues longilignes qui suivent l’axe du rocher. Encore au XVIIIe siècle, le tiers oriental n’est occupé que par le couvent Sainte-Marie, le Castel nuovo (fortification du XIIIe siècle faisant le pendant occidental du château/palais)23 et l’église Saint-Martin. Quant à la partie méridionale, la plus proche de la falaise, elle est à l’usage des militaires avec l’emplacement des casernes et de magasins à poudre.

La fortification est visible sur les vues de Monaco du XVIIe siècle et sur les plans que l’on possède de la ville au XVIIIe siècle. Du fait de la configuration naturelle du rocher, la face méridionale est protégée par un à-pic assez important. La fortification se doit donc d’être particulièrement forte sur ses faces les plus accessibles : au nord mais surtout à l’ouest.

On dispose de peu d’information en archives sur la construction de la fortification. Elle existe au Moyen Âge mais il n’est pas certain que les éléments que l’on voit encore de nos jours soient aussi anciens. Il est probable qu’une première enceinte, hors le château primitif, avait été bâtie au XIIIe siècle. Une nouvelle ligne de fortification, plus large, semble avoir été construite sous Charles Ier Grimadi (1335-1357) puis renforcée sous Lambert Grimaldi et son fils Jean dans la deuxième moitié du XVe siècle24.

Lors du siège conduit par les Génois en 1506-150725, l’assaut se concentre sur la partie occidentale, au lieu-dit Serravalle, qui est en déclivité plus faible vers le Château26 et correspond sans doute à l’accès le plus ancien au Rocher. Les sapes réalisées par l’ennemi mettent alors à bas la fortification. À la suite de ce siège, plusieurs travaux sont entrepris pour renforcer la défense de la ville par Augustin Grimaldi (1507-1532) en l’absence de son frère Lucien fait prisonnier à Milan. Il est probable que la totalité de l’enceinte ait été reconstruite à ce moment27. L’accès à la ville est transformé avec la création d’une route protégée par des éléments de fortification avancée. La porte principale elle-même est refaite sous Honoré Ier (1532-1581) et son tuteur Étienne le Gubernant (1532-

22. Cette église n’est devenue cathédrale que très tardivement. Sur l’ancienne église, détruite en 1873-1874, voir le dossier iconographique présenté dans Fouilleron 2010, p. 35-37.23. Ce Château Neuf est mentionné dans un inventaire des armes qui y sont déposées rédigé lors d’une passation de pouvoir entre castellans (Saige 1888-1891, doc. XV ; Passet 2003, p. 192 n. 6). On trouve à Nice à la même époque mention d’un castellan du Château-Neuf dans l’enquête de Charles Ier d’Anjou (1252).24. Passet 2003, p. 192 et n. 7.25. Sur le siège, voir Igier-Passet 2007 qui publie également le Livre de Gennes, manuscrit illustré représentant le siège de Gênes par les Français en avril 1507.26. Saige 1897 p. 118-119. Passet 2003, p. 192.27. T. Fouilleron (2010, p. 63) considère que « rien de ce qui est ancien aujourd’hui sur le rocher n’est antérieur au siège de 1506-1507, que ce soit l’habitat civil ou les fortifications, qui ont été remontées et renforcées dans les années qui ont suivi ».

~ Fig. 7 Vue de Monaco-ville entourée de ses murailles         

(cl. M. Bouiron).

139

1561)28 ; construite en pierre de La Turbie, elle conserve encore l’inscription avec le monogramme du prince (Honoré Grimaldi) avec la date du 10 janvier 1533. La partie dominant la Condamine29 est renforcée et doublée quelques années plus tard. Les deux seigneurs font élever également le bastion de Serravalle en 1545, ainsi que la grosse tour d’artillerie (appelée tour de Tous-les-Saints) en 1552, qui existent l’une et l’autre encore de nos jours. Des inscriptions subsistent sur ces éléments fortifiés ; ce sont elles qui donnent les dates de construction30.

À l’est, une autre tour circulaire (la tour de l’Éperon) est construite ; elle fait le pendant de la tour de Tous-les-Saints et sera ensuite englobée par le fort Antoine. La vue de Carlo Vanello (fig. 8) constitue un des documents les plus fiables pour la connaissance de cette fortification vers 162031. L’ensemble de la partie supérieure est fermé par une enceinte, scandée de quelques tours quadrangulaires sur la partie nord. Deux autres documents, datant à peu

28. Voir le détail des aménagements de cette époque dans Passet 2003, p. 193 sq.29. Il s’agit de l’espace s’étendant face à la baie, propriété mise en culture tout au long du Moyen âge et de l’Époque moderne, et l’une des premières à être bâtie lors du développement urbain du XIXe siècle.30. L’étude de C. Passet (2003) porte sur ces éléments inscrits, déjà évoquées par le chanoine de Villeneuve (s. d., p. 34) et par les érudits du XIXe siècle. Ces inscriptions donnent le nom des ingénieurs ayant construit ces défenses : F. Rubeus (forme latine pour Rosso ou Ruffi), inconnu par ailleurs, et le milanais Domenico Gallo.31. Cette vue est reprise par Carlo Morello quelques décennies plus tard, mais il s’agit d’une simple « retranscription » de la vue de Vanello. Voir par ex. Passet 2003 qui reproduit la vue de Morello (p. 195).

près de la même époque, montrent également le système fortifié et la ville : un dessin des archives des comtes de Sola à Milan et une huile sur bois conservée au palais princier32. La fortification apparaît également en arrière-plan de gravures ou de tableaux33.

Au début du XVIIIe siècle, l’invasion de la Provence par le duc de Savoie amène le prince Antoine Ier, allié précieux du roi de France, à renforcer le système défensif34. Il construit en particulier la tour de l’Oreillon35, très grand élément fortifié s’avançant le long de la rampe Major pour protéger l’accès au Rocher. C’est à cette époque également que l’on démolit une série de constructions proches du rempart et de la place du palais. On lui doit également le fort qui porte son nom situé à l’est de la ville, en remplacement de la tour de l’Éperon ; descendant jusqu’à la mer, il est achevé en 1713. Enfin, en 1714 Antoine Ier fait construire deux portes sur la Rampe major : celle dite « du Milieu » et celle de la Consigne, déplacée lors du percement de la nouvelle route en 183636. Témoin de son intérêt pour la défense des villes, on possède encore, de sa main, un manuscrit sur la manière de fortifier les places37.Ultérieurement, des projets de renforcement sont connus, comme celui que dresse le chevalier de Bonneval vers 1746-174838, mais nous ne savons pas s’ils ont été suivis de travaux.

B- La préservation de la fortification

La fortification de Monaco doit à sa position particulière, en rupture de falaise, d’avoir été préservée. La relative préservation de la ville ancienne (Monaco-ville) a laissé subsister cet élément ancien très peu remanié, que l’on peut retrouver sur le premier plan de la ville conservé, daté de 1744 (fig. 9).

32. Voir Passet 1979 et 1986.33. Vie et martyre de sainte Dévote, eau-forte de Cesare Bassani, 1e moitié du XVIIe siècle (Fouilleron 2010, p. 21) ; saint François et sainte Dévote protecteurs de la dynastie. Généalogie des Grimaldi, gravure de Gio Paolo Bianchi, Milan, 1627 (Fouilleron 2010, p. 25). Tableau de sainte Dévote dans la basilique Saint-Michel à Menton ; idem par José de Ribeira (1e moitié du XVIIe siècle) (Fouilleron 2010, p. 26).34. Voir entre autres Saige 1897, p. 280-282. Les archives du Palais de Monaco (APM) conservent plusieurs séries de document de cette époque, se rapportant aux fortifications et aux dépenses militaires (APM A 422, 424, 424bis et 426).35. Construite en 1707-1708 par l’ingénieur du roi de France Guiraud.36. Fouilleron 2010, p. 67-68.37. APM, Ms 2 : Fortification irrégulière contenant un discours sur la situation des places, la manière de fortifier… plus, à la suite de chaque partie, en ms., de nombreux dessins de fortifications coloriés ou non, de la main du Prince Antoine Ier de Monaco. Les archives du Palais conservent également (Ms 143) un manuscrit anonyme rédigé en français mais avec une écriture italienne du XVIIe siècle et comprenant des mathématiques appliquées à la construction des fortifications.38. APM A 485, avec copie d’une lettre adressée le 18 novembre 1746, au Prince Honoré III, par Donnadei et relative aux travaux destinés à renforcer les fortifications.

~ Fig. 8 Monaco par Carlo Vanello (v. 1620) dans l’atlas des 

ducs de Savoie conservé aux archives de Vincennes (cl. E. Guilloteau).

140

Dès la fin du XVIIIe siècle, on note quelques réaménagements au sud, du côté de la mer, avec la construction d’une échauguette et l’aplanissement de l’ancienne batterie Sainte-Barbe (1781), dans la partie la plus proche du palais39.

À la suite du second traité de Paris (20 novembre 1815), la principauté de Monaco est placée sous la tutelle du roi de Piémont-Sardaigne. Le traité de Stupinigi, du 8 novembre 1817, précise que la garnison en place sera constituée d’un demi-bataillon d’infanterie piémontaise. Les archives conservent de nombreux documents de cette présence40, mais sont plutôt centrées sur la garnison elle-même.

Les transformations commencent d’abord dans la première moitié du XIXe siècle par la création d’une vaste avenue permettant de monter sur le rocher. Le prince Honoré V fait en effet creuser dans le rocher la promenade Saint-Martin en 1836. Elle entraine le percement de l’enceinte et la création d’une nouvelle porte. L’accès au

39. Fouilleron 2010, p. 68.40. APM A 523 (1816-1817), 529 (1819-1841), 538 (1841-1856). Un dossier de correspondance est également conservé (A 528, 1819-1841).

plus près du palais, la rampe Major, est également repris à ce moment-là. L’aménagement des jardins Saint-Martin, du côté de la mer se fait entre 1836 et 1844 ; ils viennent jusqu’au contact de l’enceinte.

Les transformations de la ville haute sont nombreuses au XIXe siècle, surtout dans les décennies qui précèdent l’urbanisation sur le plateau des Spélugues (qui sera rebaptisé ensuite Monte Carlo avec le développement du casino). La fortification, située en limite du rocher, n’est pas touchée par ces travaux. De même, la partie côtière en limite du rivage, la Condamine, fait l’objet d’un développement urbain à partir de 1860.

Si l’on observe quelques constructions complémentaires sur le rocher dans la seconde moitié du XIXe siècle et durant le XXe siècle, elles ne touchent pas au rempart, à l’exception du Musée océanographique qui construit, sur le rocher, à l’emplacement d’un magasin de poudre lui-même bâti en 1734 sur l’ancienne batterie de Ventabren41.

41. Fouilleron 2010, p. 68.

~ Fig. 9 Plan de Monaco en 1744, repositionné sur fond de plan actuel (M. Bouiron).

141

C- L’état actuel de la fortification

La face nord de la fortification est la mieux conservée et visible. L’aspect le plus imposant lorsque l’on monte vers le palais est l’ensemble qui se développe depuis la rampe Major (fig. 10, n° 1), seul accès à la ville pendant des siècles. On y lit encore les différents états de la fortification (fig. 11), le plus récent et le plus visible étant la tour de l’Oreillon construite par le prince Antoine Ier. Très monumental lors de sa construction et jusqu’au début du XXe siècle, il reste encore très présent malgré les arbres qui poussent désormais sur la pente du rocher.

La porte construite en 1533 est désormais un simple passage dont n’est conservé que le mur extérieur42, sans que ne subsiste de trace du fossé et du pont-levis (fig. 12). Malgré une restauration assez importante du dernier élément fortifié de la rampe, au contact de la place du palais, l’ensemble garde une trace fidèle des différents états de la fortification moderne.

42. Le même procédé a été appliqué à Nice pour la porte Pairolière médiévale, qui avait perdu son rôle du fait du bastionnement moderne de la fortification.

La partie nord de l’enceinte (fig. 10, n° 2 à 4) est là encore bien lisible, en particulier lorsque l’on se situe en contrebas de celle-ci, sur les quais du port Hercule (fig. 13). Mais la végétalisation de la pente, avec la présence d’arbres d’assez grande hauteur, tend à oblitérer cette ligne de rempart, qui est dès lors moins visible que dans les siècles précédents. En suivant l’avenue de la porte neuve, on voit malgré tout plusieurs tronçons de cette enceinte, dont une tour extrêmement massive (fig. 10, n° 3) située au droit de l’ancien orphelinat (actuel foyer Sainte-Dévote). Celle-ci est surmontée maintenant d’une échauguette dans un style que l’on retrouve dans les ouvrages d’Antoine Ier. Sa construction, massive, renvoie à un schéma médiéval même si l’on peut imaginer une reconstruction à la suite du siège de 1507.

Le tronçon le plus à l’est se laisse difficilement percevoir de nos jours mais à l’extrémité de l’ancienne côte se trouve encore de nos jours le fort Antoine (fig. 10, n° 5 et fig. 14). Transformation au début du XVIIIe siècle d’une ancienne grosse tour circulaire, il a été profondément altéré par les destructions de la Seconde Guerre mondiale43 et reconstruit

43. Ce lieu fortifié a été utilisé par les Allemands qui le font sauter

~ Fig. 10 Les vestiges de la fortification visibles dans la ville actuelle (M. Bouiron).

142

| Fig. 11 La fortification : le début 

de la rampe Major                         (cl. M. Bouiron).

en 1953 à l’initiative du prince souverain Rainier III. Nous considèrerons ici que la reconstruction a été fidèle à l’état ancien, sans chercher à distinguer les parties reconstruites de celles qui sont d’origine44. Cette partie de la fortification présente un double intérêt. D’abord il s’agit du seul élément réellement accessible au public. Par ailleurs, il a été transformé par l’installation, sur la partie supérieure, d’un théâtre, dont les gradins, assez bas, prennent place sur la partie supérieure. Le lieu, donnant sur la mer, présente un attrait certain. Aux abords du théâtre, les vestiges du fort sont accessibles pour un parcours où l’aspect militaire est omniprésent, avec ses compositions de tas de boulets entassés, jusqu’aux bancs eux-mêmes dont les pieds sont constitués eux aussi de boulets.

À partir de là, la fortification suit la pente du rocher et remonte très fortement, avec une assez bonne conservation (fig. 10, n° 6 et fig. 15). La courtine se prolonge jusqu’à l’actuelle prison, qui s’appuie en partie dessus, avec une tour quadrangulaire dont la base s’évase. La courtine

volontairement avec ses munitions le 29 août 1944.44. La délimitation se lit particulièrement bien depuis le quai, ce qui permet de repérer malgré tout assez facilement ce qui relève de la reconstruction de 1953.

possède ici un cordon mouluré bien visible depuis la partie basse du chemin qui mène au parking des Pêcheurs.

Cette face méridionale a fait l’objet de restaurations, en particulier au niveau de la prison (fig. 10, n° 7). Ici une tour circulaire subsiste, surmontée d’une échauguette semblable à celles de la face nord. La jonction avec le Musée océanographique se fait au niveau d’une avancée de la fortification servant de porte et reliant le cheminement venant de la partie basse (actuellement le parking des Pêcheurs) avec l’intérieur de la ville et la place devant le Musée.

À l’ouest du Musée, la courtine se poursuit avec quelques échauguettes (fig. 10, n° 8 et fig. 16) mais on suit difficilement son tracé car elle n’est alors plus réellement visible. La courtine délimite du côté de la mer les jardins Saint-Martin.

Enfin, dans la partie comprise entre la cathédrale et le palais, la fortification (fig. 10, n° 9) est longée à l’intérieur de la ville par une ruelle (Sainte-Barbe). Toutefois ici la courtine ne présente aucune caractéristique ancienne et les échauguettes qui la scandent n’ont aucun rôle militaire. Il s’agit d’une face assez verticale sur la mer, qui ne pouvait être escaladée. En revanche le parcours est ici assez

143

| Fig. 12 La fortification : l’accès à la ville, partie supérieure     

(cl. M. Bouiron).

pittoresque et le point de vue sur le quartier de Fontvieille remarquable.

Le dernier élément visible est le morceau de courtine qui revient ensuite vers le palais (fig. 10, n° 10 et fig. 17), en contrebas duquel a été installé un jardin d’enfants qui reprend la thématique de la fortification avec de petits canons. Toute la courtine qui se poursuit ensuite, depuis le palais jusqu’à la tour de Tous-les-Saints, passe sur la falaise qui domine la mer et que l’on voit particulièrement bien depuis le port de Fontvieille.

À partir de là, on rejoint l’élément le plus majestueux de la fortification avec la tour de Tous-les-Saints et le bastion de Serravalle. L’un et l’autre sont bien visibles et font partie des éléments les mieux connus de cette fortification. Désormais, la création de la promenade Honoré II, grande rue piétonne longeant en hauteur la rue de la Colle, sert de véritable balcon pour admirer la face la mieux conservée de la fortification monégasque.

~ Fig. 13 La fortification : l’enceinte sur la face nord (cl. M. Bouiron) - En haut une vue générale au début du XXe siècle.

144

| Fig. 14 Le fort Antoine                        

(cl. M. Bouiron).

| Fig. 15 La partie méridionale 

de la fortification de Monaco :  à l’est du Musée océanographique   (cl. M. Bouiron).

145

~ Fig. 16 La partie méridionale de la fortification de Monaco : entre le Musée océanographique et le palais (cl. M. Bouiron).

Fig. 17 La fortification à proximité du palais (cl. M. Bouiron).

146

III.- ConCLusIon

La confrontation entre le devenir de l’enceinte d’Antibes et celle de Monaco est instructive car elle met en évidence la manière dont ce type de construction a pu évoluer. Le déclassement des enceintes qui intervient dans le courant du XIXe siècle a eu pour conséquence de les rendre inutiles. Dans ce cas, lorsqu’elles se retrouvent sur le tracé d’une extension urbaine rapide comme cela a été le cas à Antibes, elles ont rapidement disparu. Ailleurs en Provence, les enceintes plus anciennes et célèbres

comme celle d’Avignon ont failli connaître le même sort. À Monaco, la topographie a joué : leur conservation est dû au fait que le terrain sur lequel elles étaient bâties n’était pas propice aux constructions.

Dans le cas d’Antibes, les fortifications sont tellement arasées qu’on ne peut même plus les mettre en évidence. À Monaco, il serait tout à fait possible de renforcer leur présence pour les nombreux visiteurs en adoptant un véritable parcours donnant par là-même une véritable leçon d’histoire de la Principauté.

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