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Observatoire de l'islam 1 OBSERVATOIRE DE L'ISLAM La revue de la presse (n°1)

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OBSERVATOIRE DE L'ISLAM

La revue de la presse (n°1)

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Pourquoi les musulmans sont-ils mal vus ? Universitaire, conférencier, ancien bédéiste à M’Quidèche, journaliste, rédacteur en chef de TV5, écrivain, Slimane Zeghidour, 61 ans, a beaucoup écrit sur la religion pour avoir sillonné le monde, tâté le pouls des croyances où qu’elles se trouvent. Il est venu dans le cadre du Forum organisé par nos amis d’El Khabar scruter l’image de l’Islam dans les médias occidentaux. «C’est un témoin privilégié de notre époque bouillonnante et bouleversante», avance Ahmed Bedjaoui, modérateur de la rencontre destinée aux étudiants de l’Université d’Alger 3.

C’est que Slimane Zeghidour connaît le monde musulman. Et le monde musulman connaît le chercheur qui a consacré beaucoup d’écrits à la religion. Slimane replonge avec nostalgie dans le terroir. Il a quitté Alger il y a 40 ans. Il y revient avec d’autres idées. «Je me rends compte, avec du recul, qu’Alger était l’une des villes les plus cosmopolites du monde. On y croisait des exilés brésiliens, chiliens, angolais, québécois, noirs-américains, militants progressistes. C’était une ville extrêmement dynamique culturellement. Dans les années 1960-1970, c’était politiquement fermé, mais très ouverte culturellement ! Ce que j’en pense maintenant ? Je dirais sincèrement que ce

n’est plus le même pays, la même ville. Ce que je retiens, c’est qu’à l’époque, c’était assez ouvert pour me donner des outils culturels afin de m’acclimater sous tous les cieux, et assez fermé pour me donner l’envie de fuir à l’étranger.» Fuir le pays à 20 ans Slimane avoue qu’à un certain temps il éprouvait de l’amertume, voire de la rage. Plus maintenant. A la question de savoir s’il a bien apprivoisé l’«exil», il répond du tac au tac : «J’ai connu l’exil une fois dans ma vie, quand on est partis d’Erraguène vers Alger en 1962. Je suis passé du moyen-âge au XXe siècle. L’ostracisme des Algérois contre nous les montagnards était d’une violence inouïe, d’un rejet flagrant. C’était la seule expérience où je me suis senti vraiment en exil. Depuis, je n’ai plus nulle part ressenti ce sentiment d’être un étranger, de Santiago du Chili jusqu’à Samarcande ! Et Dieu sait combien j’ai franchi de frontières. J’ai couvert, en tant que grand reporter, l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient, les Balkans, la Russie et l’Asie centrale. Ce sont mes zones de prédilection.» La religion, présente dans plusieurs travaux de Slimane, serait-elle une quête ou juste un travail de recherche ? «La religion, je l’ai trouvée sur mon chemin. J’ai vu apparaître, ces dernières années, le fondamentalisme protestant et évangélique en Amérique du Sud, le fondamentalisme juif dans les Territoires occupés et le fondamentalisme islamiste d’Alger jusqu’en Ouzbekistan.» Les églises évangéliques se développent à un rythme effréné. Elles ont fait du monde musulman une terre de mission. Vu les ravages du djihadisme et du salafisme, on peut penser que le fondamentalisme évangélique a de très beaux jours devant lui, y compris en terre d’Islam ! Mais tous ces fondamentalismes sont des sous-produits de la modernité, c’est le symptôme d’une crise, et surtout pas la solution de cette crise. Quant à

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l’intégrisme islamiste, c’est une crise-passion. Ce n’est ni le passé ni l’avenir. C’est le gel du temps ! L’Algérie en couleurs, son dernier ouvrage, serait-il un message d’espoir ? «Vous savez, mon enfance remonte et me rattrape à chaque fois. Je vois l’Algérie d’aujourd’hui d’un autre œil. Quant à savoir si je suis confiant en des lendemains qui chantent, je répondrai par cette boutade russe que j’aime bien : ‘‘Le pessimiste est un optimiste bien informé’’…». D’entrée, Slimane admet que de toutes les conférences données au Moyen-Orient, c’est le thème quasi obsessionnel qui touche toutes les élites dans le monde arabe. De fait, il s’agit de comprendre les ressorts de cet intérêt qui a quelque chose de particulier chez les Arabes. Dans la mercuriale des stéréotypes mondiaux, il y a quatre catégories humaines, objets de stéréotypes négatifs. D’abord américains. Continuellement des fatwas dénonçant l’impérialisme, des drapeaux US brûlés, des discours foncièrement anti-américains. Mais a-t-on vu un jour un Président américain déplorer cette propagande ? Cela les laisse de marbre. Avez-vous déjà entendu un Américain dire que vous avez bafoué leur drapeau ? Leur auto-image leur suffit. Ils n’ont pas besoin d’être aimés par les autres. Ils croient savoir qui ils sont et cela leur suffit. Victimes de leur propre image Le deuxième groupe, ce sont les Israéliens dont la réaction est à la fois semblable et différente des Américains. Pour eux, ces attaques, notamment des Arabes, reflètent leur propre nature. Les Israéliens retournent ces images contre leurs auteurs pour les criminaliser, pour délégitimer la cause et l’assimiler à l’antisémitisme. Un exemple concret ? Récemment, pour la nomination du président exécutif de l’Unesco, il y avait

M. Hosni, ancien ministre égyptien de la Culture, contré par une organisation pro-israélisme qui lui a sorti un ancien discours dans lequel il disait à peu près ceci : «Si cela ne tenait qu’à moi, je brûlerai le Centre culturel israélien du Caire». Ce discours passionnel d’un diplomate dont le pays reconnaît Israël n’était pas réaliste et a fait du tort à la cause palestinienne, occultant les destructions des maisons dans les Territoires, où les colonies ont repris, où les terres agricoles des Palestiniens sont saccagées, où les habitants semblent vivre dans une immense prison. Hosni n’a pas été élu à l’Unesco. Le célèbre poète, Mahmoud Darwich, avait écrit une immense réplique à ce sujet destinée aux Arabes : «Préservez-nous de votre amour». Akram Henie, autre poète palestinien, lui avait emboîté le pas. «Nous sommes des adultes, laissez-nous parler de nous-mêmes». C’est vous dire qu’une bonne partie du discours sur Israël est retournée contre les Arabes. Il y a un site israélien qui fait la synthèse chaque jour des propos arabes le concernant en 12 langues de toutes les télés arabes. Ainsi, les Arabes font le boulot à la place de leurs propres ennemis. La troisième catégorie, ce sont les Russes qui ont suffisamment d’amour-propre pour ne pas être blessés. Ils ont inventé l’Occidentalisme. Pour eux, l’Union européenne c’est l’Union soviétique moins le goulag. Rétif aux idées reçues, Slimane aime plutôt aller au-devant des choses pour les analyser, les décortiquer. Une lutte acharnée contre le temps, les modes, préférant ce qui résiste à ce qui tire en l’arrière. Ce qui ouvre sur le monde, à ce qui enferme et attriste. Observateur incisif et audacieux, il scrute les horizons et arrive à la conclusion que l’Occident, qui est loin d’être un bloc monolithique, n’est pas non plus un orchestre qui joue la même partition. «On me dit là où je vais dans la sphère arabe

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que l’Occident a une dent contre le monde musulman. Certes, il y a des chaînes anti-islamiques, mais elles ne sont pas les plus respectées. Les journaux qui font dans l’islamophobie se comptent sur les doigts d’une main. Si j’étais un Martien lisant la presse terrienne, j’apprendrais que The Guardian défend nettement mieux les causes légitimes des musulmans qu’El Ahram. Le scandale de la prison d’Abou Ghraïb n’a suscité aucun intérêt chez les Arabes, alors qu’il a fait la Une de la presse anglo-saxonne. Les Arabes disent que l’aversion de l’Occident vient du conflit arabo-israélien et des injustices qui en résultent. Mais c’est dans la presse occidentale, y compris israélienne, que nous apprenons les expropriations des terres palestiniennes, l’exploitation inique et unique de l’eau par les colons, les violations quotidiennes des libertés. Cela, on ne le trouve pas dans la presse égyptienne. La presse égyptienne, pourtant très développée, est muette comme une carpe, s’interdisant tout reportage dans les territoires occupés, encore moins à Rafah tout proche ! «Les Arabes souffrent, car ils sont dépendants de l’opinion que les autres se font d’eux. Ils ont besoin de l’approbation de l’autre pour se sentir bien. C’est l’Occident qui valide leurs valeurs humaines. Mais les Arabes ne s’aiment pas entre eux. J’ai fait une dizaine de pays. Les seules avanies que j’ai subies, c’est dans les aéroports arabes. Il faut que l’agent t’humilie car l’interrogatoire dans ces aéroports est un interrogatoire d’humiliation, de réduction et non pas de sécurité. L’Arabe fabrique quotidiennement la réduction de soi-même. Et lorsqu’un Arabe réussit, il y a plus de jalousie que d’admiration. Chez les autres, la réussite individuelle rejaillit sur tout le monde. Chez nous, on s’ingénie à chercher la faille, même si elle n’existe pas, et quand on la trouve on pousse un grand ouf !» «Si ces verrous ne sautent pas, prévient Slimane, il n’y aura pas d’espérance. Je crois que c’est Aimé

Césaire qui avait dit que ‘‘Le problème avec un préjugé raciste, c’est que la victime croit ce que le raciste lui dit’’. Les Arabes sont une usine à reproduire les préjugés coloniaux et à les utiliser contre eux-mêmes. Ils souffrent de l’image donnée d’eux par l’Occident. Mais ils ne peuvent se construire un amour-propre, car ils passent leur temps à dénigrer. En vérité, la presse occidentale n’est qu’un prétexte de cette douleur de cette souffrance.» Pour Slimane, l’autocritique est plus que souhaitable. «Il faut faire le diagnostic et voir ce que nous admirons chez l’Occident. L’autocritique ? Pourquoi ne pas l’appliquer chez nous afin de sortir de ce schéma de victimisation et de complotite permanente. Lors du naufrage dans la mer Rouge qui a coûté la vie à 1400 âmes, pas un mot de compassion de Moubarak, ni dans la presse égyptienne ! Et lorsqu’il y a eu 17 morts, tous musulmans, dans le boat-people de Lampedusa, toute l’Europe s’est émue et l’a fait savoir dans la presse. Même le Pape en a parlé et présenté ses condoléances !» Regard colonial «Chez les Arabes, hélas, on a reproduit le même regard colonial, perceptible même dans les sketches passés à la télé ! Pourquoi ? Parce qu’il n’ y a pas d’avancée sous les régimes autoritaires. C’est à la société de poser les problèmes, car il n’ y a pas de vie dans le monde arabe. Il n’ y a pas d’entre-chocs des idées. Ce n’est pas une question de ligne éditoriale, ni de stratégie médiatique, mais de changement d’attitude au quotidien. Comment promouvoir l’image du musulman, alors que la religion est prise en otage par des barbares qui exhibent fièrement des têtes coupées ? On intériorise des concepts ‘‘tu es nul, tu es un minable’’ dans l’inconscient, et on finit par le croire. Ça crée une carence d’amour de soi-même et de son

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semblable qui se transforme en haine. De plus, il y a une interprétation parfois ridicule de la religion. A la télé, on avait posé cette question à un ‘‘prétendu’’ imam : ‘‘Pourquoi encouragez-vous la polygamie ?’’ Vous savez ce qu’il a répondu ? ‘‘Les femmes sont comme les voitures. Quand l’une tombe en panne, l’autre est toujours là’’…». Des Algériens émérites sont accueillis avec les honneurs en Occident, alors que chez eux ils sont considérées comme des moins que rien ! Revenons à l’histoire : le comportement des bachaghas, des caïds, des chaouchs et des garde-champêtres était plus violent vis-à-vis de leurs coreligionnaires que celui du colon lui-même et les petits Blancs (Maltais, Gitans…) étaient plus virulents que le Français de souche. En Algérie, les pouvoirs, hélas, ont reproduit l’intériorisation de la violence coloniale. Le seul pays anciennement colonisé qui a su dépasser ce système abject c’est l’Inde, indépendante depuis seulement 1947 et qui est devenue une puissance mondiale dans plusieurs domaines. Cela n’empêche pas les Indiens de préserver la statue de la reine qui trône toujours à New Delhi et qui est perçue comme un simple vestige folklorique. «Ici, en Algérie, admet Slimane, je ne crois pas que la haine de soi soit fabriquée par le pouvoir. Ce serait lui prêter une ingénierie sociale et une expertise sophistiquées dont il est incapable. Les Arabes et les musulmans ne doivent s’en prendre qu’à eux- mêmes. Pour améliorer leur image, il faut qu’ils fabriquent un discours digne et responsable en direction de l’étranger.» Sur son lieu de naissance, l’enfant d’Erraguène, citoyen du monde, a un commentaire amer : «Mon village est complètement mort ; d’un côté, dit-il, on glorifie le djebel dans le discours officiel et la mythologie de la guerre d’indépendance, et de l’autre on assiste, impassible, au déclin montagnard. C’est

triste à mourir», soupire-t-il. «Je ne sais pas si on peut appeler cela de l’indifférence, de l’inculture, de la désinvolture ou du suicide… Erraguène vaut bien une virée, même si seule dans sa solitude elle rechigne comme l’ermite à l’ostentatoire.» A-t-elle vraiment évolué ? «A part le barrage éponyme, rien n’a changé.» Tant pis ou tant mieux, en tout cas son illustre enfant a décidé de lui rendre justice à sa manière en allant comme un troubadour chanter ses mérites et ses vertus à San Francisco et à Los Angeles, «puisqu’ici tout le monde s’en fout.» El Watan

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Kev Adams défend l’islam dans On n’est pas couché, mais s’attire les foudres de Twitter Kev Adams a toujours le mot pour rire, mais le jeune homme sait aussi débattre sur des sujets sérieux. Lors de son passage dans l’émission On n’est pas couché samedi 22 novembre, l’humoriste n’a pas hésité à défendre l’islam et les musulmans.

Kev Adams, le Ben Affleck à la française ? Lors de son passage dans l’émission On n’est pas couché, samedi 22 novembre, l’humoriste préféré des adolescents, qui a décidé d’arrêter SODA, n’a pas hésité à donner son avis devant Laurent Ruquier et ses chroniqueurs lorsque les djihadistes et l’Etat islamique ont été évoqués. « Les musulmans ne sont pas des terroristes, ce sont des gens biens » Venu présenter son nouveau one man show, Kev Adams, le nouvel Aladin, prouve qu’il peut aussi parler de sujet d’actualité. Invité sur le plateau d’On n’est pas couché, au côté d’Elise Lucet, l’humoriste a rapidement réagi face aux déclarations de la journaliste sur le Djihad et l’Etat islamique. Quand l’animatrice de Cash Investigation avoue que certaines personnes « font tout pour que les jeunes, convertis ou musulmans, aient une autre

vision de l’Islam grâce à ce qu’on leur enseigne », Kev Adams réagit aussitôt en précisant qu’il ne faut pas faire d’amalgame. Il déclare avec fougue : « J’ai l’impression qu’il y a des gamins un peu paumés qui n’ont jamais mis un pied dans une mosquée. J’ai la chance de faire une tournée en France, j’aime bien aller visiter les différentes communautés et j’ai vraiment été dans beaucoup de mosquées où on voit que les discours sont juste là à dire ‘Soyez fiers d’être musulmans français, de faire des belles choses en France et de montrer que les musulmans ce ne sont pas les terroristes’. Oui, ça c’est faux, complètement faux et c’est important pour moi de le dire à la télé. » Le jeune homme de 23 ans ne s’arrête pas là et compte bien se faire entendre sur le plateau de Laurent Ruquier en poursuivant : « Il y a des jeunes qui m’écoutent et il ne faut pas faire d’amalgame, les musulmans ne sont pas des terroristes, les musulmans sont des gens biens », avant d’être salué par son ancien mentor et le public. Kev Adams répond à ses détracteurs Si Kev Adams a fait preuve d’humilité et de maturité lors de ses différentes interventions dans l’émission On n’est pas couché, le jeune homme n’a pas fait sensation auprès de tous les internautes. En effet, sur Twitter, certains twittos n’ont pas hésité à malmener Kev Adams avec des gazouillis assez durs. Ainsi, nous pouvons lire : « #KevAdams est vraiment insupportable! Jouer l’ado atardé pendant 10 ans ça lui a laissé des séquelles visiblement! #ONPC » – @AntoineMokrane « Kev Adams tu es le Sida de l’humour gros FDP #ONPC (J’espère que mon tweet va passer à l’antenne) » – @90minutesFR

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« Très bonne intervention de Kev Adams qui ne dit rien. S’il pouvait continuer comme ça » – @TacusselVictor « Kev Adams qui dit « Inchallah » pendant #ONPC alors qu’il est juif… Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour gagner des fans … » – @BoutinTrin « Kev Adams dans #ONPC : « Le djihadisme n’est pas un problème. Le problème, c’est Marine Le Pen. » Ce n’est pas 2 neurones qu’il a mais zéro ! » – @MRichonet « @encolere75 #ONPC s il pouvait arrêter de parler politique et se contenter de son rôle de comique… » – @DHARMA177 Malgré tout, l’humoriste peut toujours compter sur ses admirateurs qui ont rapidement salué le discours de leur idole sur l’islam mais aussi pour sa maturité sur le plateau de Laurent Ruquier. Egalement, Kev Adams a le sens de la répartie et a décidé de ne pas se laisser faire en répondant à ses détracteurs : « Calme ta Haine Boris ! Si tu n’aimes pas n’en dégoute pas les autres ! » tout en remerciant le soutien de ses fans en gazouillant : « Merci a vous pour vos gentils messages (et meme les mechants) a propos de #ONPC ou #VTEP ! Ca me touche ! #Love ». Cosmopolitan Staragora

Syrie: Daesh lapide deux hommes accusés d’être homosexuels Le groupe jihadistes Etat islamique (EI) a lapidé mardi en Syrie deux jeunes hommes en affirmant qu’ils étaient homosexuels, les premières exécutions pour ce motif commis par cette organisation, a indiqué une ONG. «L’EI a lapidé à mort aujourd’hui un homme» de 20 ans «en disant qu’il était gay», à Mayadin, dans la province syrienne de

Deir Ezzor (est), a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

L’EI a affirmé avoir trouvé sur son téléphone portable des vidéos le montrant «pratiquer des actes indécents avec des hommes», selon la même source. Dans la ville même de Deir Ezzor, un jeune homme de 18 ans a également été tué mardi de la même façon, et pour le même motif. «L’EI a aussi accusé le jeune homme (…) d’être gay», a ajouté l’OSDH, une organisation basée au Royaume-Uni qui se base sur un large réseau d’informateurs en Syrie. Une femme dentiste décapitée parce qu’elle soignait des hommes Des militants sur les réseaux sociaux ont affirmé que les deux hommes tués étaient des opposants à l’EI, et que le groupe avait utilisé leur prétendue homosexualité comme prétexte pour les tuer. Les jihadistes de l’EI ont dans le passé lapidé plusieurs femmes accusées d’adultère, notamment dans leur fief de Raqqa. A Mayadin, une femme dentiste avait été décapitée en août parce qu’elle continuait à traiter des patients des deux sexes, avait indiqué l’ONU dans un rapport le 14 novembre. Le groupe extrémiste sunnite, qui a proclamé en juin un califat sur les régions sous son contrôle en Syrie et en Irak, est accusé de crimes contre l’humanité par l’ONU, en raison de nombreuses exactions qu’il commet: décapitations, crucifixions, esclavage, etc. Céline Boff

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Nicolas Sarkozy demande à l’islam «ce qu’il peut faire pour la République» Nicolas Sarkozy parmi les siens. A quatre jours du vote des adhérents de l’UMP pour élire le successeur de Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy tient ce mardi soir un meeting dans l’un de ses fiefs, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). «Un département qui m’a tout donné», loue-t-il devant ses soutiens, parmi lesquels ses fils Jean et Louis, assis au premier rang.

Dernier candidat déclaré à la présidence de l’UMP face à Hervé Mariton et Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy est rompu à l’exercice en cette fin de campagne. Tel un maître de cérémonie, il sait chauffer son public. Et lancer, quelques minutes après le début de son intervention: «Je ne suis pas là pour être l’élu du système médiatique, l’élu des commentateurs». Le propos populiste est reçu 5 sur 5 par les centaines de militants qui applaudissent à tout rompre. Avant d’expliquer sa sortie, goguenard, par «la passion, le cœur» car «dans le public, il y a Carla». L’affaire des sifflets de Bordeaux Revenant brièvement sur les sifflets qui ont visé samedi Alain Juppé lors de son meeting à Bordeaux, Nicolas Sarkozy devient ambigu: s’il n’aime pas les sifflets, il ne sera pas «celui qui fera taire les adhérents de l’union. Car ici c’est la famille de la liberté». Pas vraiment une phrase qui apaisera les dissensions avec celui qui apparaît comme le rival le plus sérieux dans la course à la présidentielle 2017. Pourtant, Nicolas Sarkozy assure ne

pas vouloir «de bagarre dans [s]a famille politique», soulignant avoir «besoin d’Alain Juppé, de François Fillon» pour la suite de l’aventure du principal parti de droite. Comme lors de ses précédents meetings, Nicolas Sarkozy parle peu de l’UMP, de sa future organisation. Rien sur l’abandon du nom du parti, «UMP», ou sur les relations avec le centre. Nicolas Sarkozy multiplie plutôt les commentaires sur l’immigration, rappelle sa volonté de sortir des règles communautaires de déplacements (Schengen). «Je ne crois plus à la possibilité de réformer le système (…). Il faut changer le système. Il faut sortir de Schengen (…) avant d’établir un deuxième Schengen.» Avant d’embrayer sur l’islam. «Ne vous demandez pas ce que la République peut faire pour l’islam, mais ce que l’islam peut faire pour la République (…) La république est en droit de demander une habilitation à certains [imams qui tiennent des propos extrémistes]». Des militants FN en embuscade Volontiers badin, se décrivant «hyperactif», Nicolas Sarkozy est chez lui, dans le cœur des militants qui scandent et applaudissent «Nicolas». Devant ses proches, Patrick Balkany, NKM, ou encore Eric Woerth. Et pourtant… même à Boulogne-Billancourt, tous ne sont pas acquis à l’ancien Président. Peu avant le meeting, une dizaine de militants FN tractent aux portes du gymnase où se tient la grand-messe sarkozyste. Des tracts promptement arrachés des mains par la sécurité. Anne-Laëtitia Béraud

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Le blasphème, ce « crime » toujours punissable dans un cinquième de la planète Un cinquième des pays de la planète ont (encore) des lois punissant le blasphème. Et contrairement à une idée reçue, il n’y a pas que des pays musulmans : les chrétiennes et européennes Allemagne, Irlande ou Grèce, le Pérou également chrétien mais sud-américain, ou l’Inde hindouiste, font partie de la liste.

Samedi, Kenneth Roth, le directeur de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a condamné sur Twitter les « gouvernements qui continuent à imposer des discours et opinions religieux au travers de la lois sur le blasphème ». Une condamnation accompagnée d’une carte réalisée par le site Global Post qui montre que le blasphème est punissable surtout dans le monde arabo-musulman, mais pas seulement. PS : Sur Twitter, Antonio A. Casilli nous signale qu’« en l’Italie aujourd’hui le blasphème n’est plus un crime mais une infraction sanctionnée par une amende de 51 à 309€… » Pierre Haski

Le cheikh d’Al-Azhar condamne la « barbarie » de l’État islamique Ahmed al-Tayeb, le cheikh d’Al-Azhar, a condamné mercredi les « crimes barbares

commis par le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie » lors d’une conférence internationale.

Le cheikh Ahmed al-Tayeb a tenu mercredi 3 décembre une conférence de presse au Caire rassemblant des dignitaires religieux d’une vingtaine de pays, dont l’Arabie saoudite, l’Iran et le Maroc. Selon le cheikh d’Al-Azhar, la plus prestigieuse institution de l’islam sunnite, « l’État islamique commet des crimes barbares en revêtant les habits de cette religion sacrée » et tente « d’exporter le faux islam ». « Je me demande (…) jour et nuit les raisons de cette sédition aveugle et de ce malheur arabe, entaché par le sang », a-t-il poursuivi. Il a aussi fait porter à l’Occident une part de responsabilité, citant en exemple l’Irak qui onze ans après son invasion (par les États-Unis) « est livré à des milices rivales, ce qui a conduit à des bains de sang », ajoutant que la situation était similaire en Syrie. Il a également appelé la coalition antijihadiste conduite par les États-Unis à combattre aussi les « pays qui soutiennent le terrorisme financièrement et militairement ». Le cheikh a cependant reconnu qu’il ne fallait pas ignorer « notre propre responsabilité dans l’apparition de l’extrémisme qui a donné naissance à des organisations comme Al-Qaïda et à d’autres groupes armés. » Dimanche dernier, le pape François avait lancé un appel à tous les dirigeants musulmans de clairement condamner le terrorisme islamiste, après avoir pris en Turquie une défense vigoureuse des chrétiens d’Orient, menacés par les jihadistes en Irak et en Syrie. (Jeune Afrique)

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Daesh a installé des camps d’entraînement en Libye Les djihadistes de Daesh affirment leur présence dans l’est de la Libye. «Ils ont installé des camps d’entraînement» en Libye, où se trouvent quelque 200 djihadistes, a déclaré à des journalistes le général David Rodriguez, chef du commandement de l’armée américaine pour l’Afrique. Le gradé américain a toutefois qualifié le phénomène de «très petit et naissant».

Interrogé pour savoir si ces camps d’entraînement deviendraient une autre cible de l’armée américaine, déjà engagée dans des raids aériens contre l’organisation en Syrie et en Irak, le général Rodriguez a répondu: «Non, pas maintenant». Daesh «a commencé ses initiatives dans l’est en introduisant des gens», a-t-il expliqué. «Mais nous devons juste continuer à surveiller et à regarder cela de près à l’avenir pour voir ce qui se passe et si ça se développe toujours», a-t-il ajouté. Les combattants du groupe EI en Libye ne sont pas des volontaires venus de l’étranger mais des membres de milices qui ont fait allégeance à ce groupe djihadiste, a précisé le général quatre étoiles. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont récemment fait part de leur «sérieuse préoccupation» au sujet de la montée de la violence en Libye. Depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte de huit mois, les autorités de transition n’ont pas réussi à

former une armée et à asseoir leur autorité sur les nombreuses milices qui font la loi dans le pays. Les pays occidentaux craignent que ces troubles soient un terrain fertile pour les extrémistes, y compris Daesh, qui a déjà conquis de larges pans de territoires en Irak et en Syrie. Selon des experts, la ville de Derna dans l’est de la Libye s’est déjà transformée en «émirat islamique» et est devenue le fief des partisans de Daesh. 20 Minutes

Un Savoyard converti à l’islam emprisonné au Maroc Sa famille assure qu’il n’a aucun lien avec l’intégrisme. Sur un blog, il affirme qu’il entre en grève de la faim.

Thomas Marchal a 22 ans. Depuis trois semaines, il goûte au régime carcéral marocain. Arrêté par la Sûreté nationale antiterroriste à Marrakech, il a passé treize jours en garde à vue à Casablanca, avant d’être placé en détention provisoire à la prison de Salé, près de Rabat. Pour sa famille en France, rien ne justifie cet emprisonnement. « Mon frère s’est converti à l’islam », reconnaît sa soeur cadette Charlotte, « mais il n’adhère pas du tout aux thèses extrémistes ». Son

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choix religieux serait lié à la nécessité de trouver un équilibre personnel de la part de ce jeune homme, qui a perdu son père il y a près de dix ans, avant de dériver un peu. »Il aurait tout aussi bien pu s’orienter vers le bouddhisme », suppose sa soeur. Reste que cette conversion a interloqué beaucoup de ses connaissances à Modane, où vit une importante population de confession musulmane, mais plutôt d’origine turque. D’autant que Thomas Marchal a adopté assez vite les signes extérieurs de sa nouvelle religion: longue barbe, djellabah. En mai 2013, il a choisi de s’expatrier au Maroc pour pouvoir vivre sa foi. D’abord employé dans un snack, il a selon sa soeur trouvé du travail dans une plateforme téléphonique. Après un retour en France au printemps pour accomplir des démarches administratives, il est reparti au Maroc. Après son arrestation et son placement en détention provisoire, il a pu contacter sa famille, qui a relayé l’alerte sur un site qui recense les cas d’Européens emprisonnés au Maroc. Thomas Marchal assure qu’il a été interrogé des jours durant, qu’on lui a fait signer des procès-verbaux rédigés en arabe (langue qu’il ne comprend que très peu à l’oral, et ne lit pas) en lui promettant que cela lui permettrait de repartir très vite en France. Il indique qu’il n’a bénéficié de l’assistance ni d’un traducteur, ni d’un avocat. « Ils ont essayé de me faire avouer des choses qui ne m’ont jamais concerné : idéologie dangereuse, terrorisme, partir en Syrie, faire le Djihad, faire péter une bombe, etc. », peut-on lire sur le blog. Thomas Marchal a peut-être été « donné » par des indicateurs des forces de l’ordre marocaines. »Là où il habitait, il y a des extrémistes, et des gens qui ne le sont pas », croit savoir sa soeur, « quelqu’un a dû donner son nom pour se protéger lui-même ». Ou d’autres.

L’affaire est en tout cas bien complexe. Il semblerait que les autorités françaises en aient connaissance, sans qu’aucune confirmation ait pu encore être obtenue. Mercredi, Thomas Marchal a annoncé son intention d’entamer une grève de la faim. Frédéric THIERS

Égypte : peine de mort confirmée pour sept islamistes accusés d’avoir tué 25 policiers Un tribunal égyptien a confirmé samedi les condamnations à mort de sept islamistes reconnus coupables d’implication dans la mort de 25 policiers tués dans le Sinaï (nord-est) en 2013 et de collaboration avec Al-Qaïda.

Le 19 août 2013, des assaillants avaient attaqué à la roquette deux minibus de la police, tuant 25 policiers qui se rendaient à Rafah, ville du Nord-Sinaï où de nombreux groupes islamistes armés sont actifs. Cette attaque s’était produite quelques semaines seulement après l’éviction du président islamiste Mohamed Morsi par le chef de l’armée de l’époque Abdel Fattah al-Sissi, devenu depuis président de l’Egypte. La Cour criminelle du Caire avait déjà prononcé les condamnations à mort des sept accusés mi-octobre. Ces peines capitales ont ensuite été soumises à l’avis –purement consultatif– du mufti, représentant de l’islam auprès des autorités.

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Trois autres accusés dans la même affaire ont été condamnés à la détention à vie, et 22 autres à 15 ans d’emprisonnement. La prison à vie est de 25 ans en Egypte. Trois autres accusés ont été acquittés, a indiqué la Cour dans son verdict, retransmis en direct à la télévision samedi. Les attentats à la bombe et les attaques visant policiers et soldats se sont multipliés dans tout le pays, mais notamment dans le Sinaï, depuis la destitution de Mohamed Morsi. L’armée a lancé une vaste offensive ces derniers mois dans le nord de la péninsule pour y déloger notamment le groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess ayant revendiqué de nombreuses attaques et fait récemment allégeance à l’organisation Etat islamique. Le groupe a revendiqué fin octobre un attentat suicide ayant provoqué la mort de 30 soldats dans le Sinaï, l’attaque la plus meurtrière ayant visé l’armée depuis la destitution de M. Morsi. Ansar Beït al-Maqdess affirme agir en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les partisans de M. Morsi depuis son éviction. Plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués par policiers et militaires et plus de 15.000 de ses partisans ont été arrêtés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’histoire récente ». Jeune Afrique

Rien à voir avec l’islam : Iran 43 pendaisons en 9 jours L’Iran, ce pays respecté par l’extrême droite française, mais aussi par Pascal Boniface qui la trouve très fréquentable, a encore montré son immense cruauté : il y a eu 43 exécutions par pendaison en 9 jours, dont 2 femmes et 3 mineurs.

Mais cela n’a rien à voir avec l’islam, et l’Iran est membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Quand je parle de cruauté, c’est mon point de vue subjectif : aucun politique n’a dénoncé ces dernières exécutions, il n’y a eu aucune condamnation à l’ONU, aucun vote de sanction à l’Assemblée nationale française, aucun entrefilet dans les journaux. Pour ces gens là, il existe plus cruel : la construction d’appartements de quatre pièces salle de bain en Judée Samarie par Israël. Là dessus les médias savent hausser le ton, et faire leur grands titres sur ces monstruosités. Là vous voyez les journalistes montrer comme ils sont aux premières lignes pour la défense des Droits de l’homme. Les 43 exécutions en Iran : si elles ne sont pas dans les journaux, c’est certainement qu’elles sont humanitaires. Jean-Patrick Grumberg

Deux femmes arrêtées en Arabie Saoudite pour avoir… conduit Depuis lundi, deux jeunes saoudiennes se trouvent en détention à Al-Hassa, ville située à l’est de l’Arabie saoudite. Le délit ? Elles ont tenté de passer la

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frontière depuis Dubaï (Emirats arabes unis) au volant de leur véhicule…

Les associations de défense des droits de l’Homme sont sur le pied de guerre, toute la grande presse Française relaie l’anecdote, l’air de prouver au lecteur que le « droit des Femmes » est encore menacé, ici comme ailleurs… Interdire à des femmes de conduire est d’une bêtise crasse, mais ce n’est pas nouveau et c’est loin d’être la pire interdiction du Royaume. Les autres ne sont pourtant pas relayées… Soyons clairs, on ne peut que souhaiter la libération immédiate de ces deux femmes injustement emprisonnées. Mais il est assez intéressant de voir les journalistes s’indigner sur des faits anecdotiques sans ne jamais pointer la cause de ces lois, écrites ou non. La cause, c’est l’Islam sunnite rigoureux que pratiquent et imposent les autorités saoudiennes. L’Arabie Saoudite est un État islamique qui sait se maquiller, rien de moins. Elle sait parler aux Occidentaux depuis qu’elle leur vend du pétrole et aucun occidental n’a entreprit d’imposer la « démocratie » ou les « droits de l’Homme » à grands coups de bombardements pour cette même raison… Il y a deux mois, il fallait applaudir l’entrée de l’Arabie Saoudite dans la coalition américaine, cette magnifique entente internationale pour détruire l’infâme tout en continuant à le soutenir dans ses filiales syriennes… Comme il faut croire à la fable des gentils rebelles « modérés » syriens contre les méchants djihadistes irakiens, il faudrait croire au respectable Royaume d’Arabie Saoudite contre

l’atroce État Islamique combattu mollement depuis quelques semaines. Sous le règne de l’État Islamique, les femmes portent la burqa et ne peuvent pas conduire, les homosexuels sont décapités, les Yézidis réduites à l’esclavage, les Chrétiens chassés, les églises détruites, la liberté religieuse interdite. C’est atroce, et c’est pareil en Arabie Saoudite : les Chrétiens ne peuvent pratiquer leur foi, la construction d’église est interdite, les homosexuels sont décapités, les étrangers réduits à l’esclavage et les femmes en burqa interdites de conduite. La bien-pensance aura beau se muer en exégète de l’islam et répéter qu’il s’agit là d’une mauvaise lecture du Coran, les faits sont là. La réalité constitue l’amalgame même si de nombreux musulmans sont des hommes bons : aucun pays théocratique musulman ne laisse sa place à la femme, aucun ne laisse aux Chrétiens le droit de vivre sans craindre d’être chassé de leur propre pays. Et les Français sont désormais nombreux à rire avec Dieu des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes… Hurler au scandale après l’arrestation de ces deux femmes est légitime, ne pas pointer la cause est inutile là-bas, et dangereux ici. « Chassez le Christianisme, vous aurez l’Islam », prévenait Chateaubriand… A l’heure où les crèches sont interdites par des héritiers du laïcisme virulent qui piétinent l’identité française en encourageant d’autres à s’implanter, nos journalistes feraient bien de se pencher sur l’islamisation du pays avant de découvrir horrifiés dans quelques années que c’est dans des quartiers français que certaines femmes n’auront plus le droit de conduire. Boulevard Voltaire

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Egypte: Al-Azhar et le Vatican acceptent de renouer le dialogue Les gardiens de la mosquée Al-Azhar en Egypte ont annoncé un nouvel accord ouvrant la voie à la reprise du dialogue interreligieux avec le Vatican sur la base du respect mutuel entre l’Islam et le Christianisme.

Le sous-secrétaire d’Al-Azhar, Abbas Shouman, a déclaré dans un communiqué publié dimanche qu’il salue sans réserve la reprise du dialogue avec le Vatican, suspendue à la suite des opinions controversées de l’ancien pape Benoît XIV sur l’Islam. « Nous voulons une position officielle du Vatican signifiant leur respect envers l’Islam et effaçant les effets des remarques du Pape Benoît XVI, qui n’ont pas été bien reçus par la communauté musulmane à travers le monde », ajoute le communiqué. Le porte-parole de l’Eglise catholique en Egypte, Rafiq Graish, a déclaré que l’institution salue ce qu’il a qualifié d’ouverture de la part Al-Azhar, le principal centre théologique de l’Islam sunnite. Aucune mention n’a été faite de la date exacte de la reprise du dialogue. Plus de dix ans de dialogues avec le Vatican avaient été partiellement suspendus suite aux propos polémiques du pape Benoît XVI qui avait insinué que l’Islam était synonyme de violence.

Ce qui restait du dialogue islamo-chrétien a été complètement détruit en 2011 après que le même souverain pontife a accusé les musulmans de persécuter les chrétiens au Moyen-Orient. Depuis la renonciation de Benoît XVI le 28 février 2013, des efforts ont été entrepris pour relancer le dialogue en vue de favoriser une meilleure compréhension entre fidèles des deux religions. APA

Un Coran à base de plantes, unique au monde, est exposé à Dubaï Les mille et une vertus des plantes médicinales n’avaient pas de secret pour lui, feu Hakim Hamdi Taher, un médecin turc adepte de la thérapie Unani, prodigieuse et millénaire, élaborée au VIIème par la fine fleur des savants arabes et persans, a consacré 22 années de sa vie à préparer la décoction idéale à partir de laquelle un exemplaire unique du Saint Coran a été confectionné.

Cette véritable potion magique mêlant plus de 200 plantes réputées pour leurs effets actifs puissants en phytothérapie a été conçue entre 1957 et 1979, et c’est plus de trois décennies après sa composition que le Noble Coran, entièrement fait main, qui en est issu, a trouvé une vitrine de prestige pour s’exposer aux yeux de tous, du 7 au 11 décembre : l’émirat de Dubaï. « Nous sommes honorés de recevoir ce magnifique travail, empreint de passion et de dévotion, réalisé au soir de son

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existence par Hakim Hamdi Taher. C’est de la bien belle ouvrage !« , a déclaré Abdul Azeaz Bin Hassan Moulavi Malabari, conseiller religieux islamique à Heddem Arts, en vantant les propriétés curatives insoupçonnées de ce Coran de 7,5 kilos, dont « le subtil mélange de plantes s’infiltre dans les doigts du lecteur et à travers les pores de la peau, procurant un bien-être, voire même agissant sur certains troubles et affections. » S’égrenant sur 606 pages, les sourates de cet ouvrage exceptionnel ont été gravées à l’aide d’une crème spéciale, enrichie en huiles essentielles, dont ont été enduites toutes les feuilles et leurs bordures. Après avoir vérifié auprès de 1 714 musées répartis dans 80 pays que ce Coran réalisé de manière artisanale n’avait aucun équivalent à l’échelle planétaire, le ministère des Affaires religieuses de Dubaï l’a dûment homologué, avant de crouler sous les offres d’acheteurs potentiels. « Nous avons en effet reçu des offres de plusieurs acheteurs, mais nous n’accepterons de le céder qu’à un acquéreur dont on aura la certitude qu’il apprécie sincèrement les valeurs islamiques », a insisté Abdul Azeaz Bin Hassan Moulavi Malabari. Regorgeant de bienfaits thérapeutiques en plus de l’infinie sagesse qui découle de ses pages, on oserait presque dire que ce Coran devrait être remboursé par la sécurité sociale… Sauf pour les grands pourfendeurs de l’islam, auxquels aucune plante, aussi apaisante et miraculeuse soit-elle, ne parviendra à insuffler la hauteur de vue qui leur fait si cruellement défaut… Oumma.com

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Lettre ouverte à l’Etat islamique Dans une lettre ouverte au calife autoproclamé et chef de l’organisation de l’Etat islamique Abou Bakr Al-Baghdadi, des érudits musulmans du monde entier condamnent, Coran à l’appui, les atrocités commises par les djihadistes.

« Vous avez donné au monde un bâton pour battre l’islam alors qu’en réalité l’islam est complètement innocent de ces actes et les interdit. » C’est en substance le messageadressé à l’organisation de l’Etat islamique par plus de 120 musulmans issus de nombreux pays – dont l’Egypte, le Liban, l’Irak, le Pakistan, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, ainsi que des Etats européens. Voici, traduit en français, l’essentiel des 32 pages dans lesquelles les signataires – sunnites comme les membres de l’EI – dénoncent les actes des djihadistes et démontrent qu’ils sont illicites au regard de l’islam. Note de synthèse 1. Il est interdit dans l’islam d’émettre des fatwas sans disposer des connaissances requises. Même dans ce cas, les fatwas doivent respecter le droit islamique tel qu’il est défini dans les textes classiques. Il est également interdit de citer un verset, même incomplet, du Coran pour en tirer un règlement sans considérer tout ce que le Coran et les hadith [recueil des faits et paroles attribués au Prophète] enseignent sur la question. En d’autres termes, les fatwas répondent à des conditions

subjectives et objectives strictes et nul ne peut « prélever » des versets coraniques pour appuyer des arguments juridiques sans considérer le Coran et les hadith dans leur ensemble. 2. Il est interdit dans l’islam d’émettre des règlements juridiques sur quoi que ce soit sans maîtriser la langue arabe. 3. Il est interdit dans l’islam de schématiser les questions liées à la charia et d’ignorer les sciences islamiques établies. 4. Il est autorisé dans l’islam [aux lettrés] d’exprimer des avis divergents sur quelque sujet que ce soit sauf sur les fondements religieux que tout musulman se doit de connaître. 5. Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine quand on établit des règlements juridiques. 6. Il est interdit dans l’islam de tuer des innocents. 7. Il est interdit dans l’islam de tuer des émissaires, ambassadeurs et diplomates ; il est par conséquent interdit de tuer des journalistes et des membres d’organisations humanitaires. 8. Le djihad dans l’islam est une guerre défensive. Elle n’est pas autorisée sans une juste cause, de justes objectifs, et sans respecter des règles de conduite. 9. Il est interdit dans l’islam de déclarer que quelqu’un est non musulman, sauf s’il (ou elle) professe ouvertement ne pas avoir la foi. 10. Il est interdit dans l’islam de blesser ou de maltraiter – de quelque façon que ce soit – des chrétiens ou autres « gens du Livre ». 11. Il est obligatoire de considérer les Yézidis comme des gens du Livre.

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12. La réintroduction de l’esclavage est interdite dans l’islam. Il a été aboli par consensus universel. 13. Il est interdit dans l’islam de convertir les gens par la force. 14. Il est interdit dans l’islam de priver les femmes de leurs droits. 15. Il est interdit dans l’islam de priver les enfants de leurs droits. 16. Il est interdit dans l’islam d’imposer des peines légales (hudud) sans respecter les procédures appropriées afin de garantir justice et miséricorde. 17. Il est interdit dans l’islam de torturer les gens. 18. Il est interdit dans l’islam de défigurer les morts. 19. Il est interdit dans l’islam d’attribuer des actes néfastes à Dieu. 20. Il est interdit dans l’islam de profaner les tombes et les sanctuaires des prophètes et des compagnons. 21. L’insurrection armée est interdite dans l’islam pour toute raison autre que l’absence avérée de foi du dirigeant et son refus de laisser les gens prier. 22. Il est interdit dans l’islam de déclarer un califat sans l’accord de tous les musulmans. 23. La fidélité envers sa nation est autorisée dans l’islam. 24. Après la mort du Prophète, l’islam n’exige de personne qu’il émigre où que ce soit. Courrier international

Chebel : « Les musulmans ont peur du dialogue » Le philosophe et spécialiste de l’islam analyse la venue du pape à Istanbul.

Les musulmans peuvent-ils être sensibles aux gestes et au discours du pape François à Istanbul? Les images que nous avons vues sont très belles, elles symbolisent une grandeur d’âme et une volonté politique. Dans la foulée de ses prédécesseurs, il a voulu transcender les contraires en visionnaire et non pas en comptable d’une actualité tragique dans cette région. C’était important qu’il se montre ainsi en Turquie, le seul État musulman héritier historique du vrai califat tout en restant structurellement démocratique. Le pape montre son respect pour les musulmans, pourquoi est-il difficile de voir l’inverse? D’abord parce que l’islam n’a pas de clergé ni de hiérarchie unique, il ne se centre pas autour d’une seule et même personne qui a autorité. Mais aussi parce que, d’un point de vue collectif, cette religion ne semble pas s’intéresser au progrès, à une conquête résolue de l’avenir sans atermoiements. Moi-même, lorsque je vais débattre dans des églises chrétiennes avec une grande croix du Christ derrière moi, je n’ai pas peur. Les musulmans, d’une façon générale, ont peur du dialogue. Pour eux, le monde chrétien est encore très inconnu. Et pourtant, ce dialogue est nécessaire et il doit s’approfondir.

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Il existe pourtant de grandes voix respectées de l’islam dans le monde, qu’attendez-vous d’elles? La question est celle de la légitimité. L’islam est divisé entre courants qui dépassent de loin la fracture entre chiites et sunnites, et entre pays aussi différents que l’Arabie saoudite, qui abrite La Mecque, l’Égypte de la mosquée Al-Azhar, référence théologique, et de l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé. J’ai souhaité que se réunissent un jour les dix plus grandes voix de l’islam pour former un collège de référence et énoncer ensemble la bonne parole, celle que j’appelle l’islam des Lumières. Mon rêve serait de les voir se réunir avec les leaders de la chrétienté et du judaïsme pour un concile de la paix entre les trois grandes religions monothéistes. En attendant, pensez-vous que le pape peut convaincre les musulmans de sa volonté de dialoguer? François est respecté parmi les musulmans modérés. N’étant pas capables de le juger sur le plan théologique, nous voyons tous qu’il est bon, qu’il suscite de la ferveur, qu’il répond à des attentes, qu’il redonne de l’espoir à beaucoup. Est-ce qu’il va trop vite? Personnellement, je le pense mais ses gestes d’ouverture et de tolérance sont les conditions mêmes du dialogue. François Clemenceau

« Le djihadisme est une hérésie au sein de notre religion » Professeur d’études islamiques à l’université libanaise à Beyrouth, ancien compagnon d’études du grand imam Ahmed Al Tayyeb à l’Université Al Azhar, Ridwan Al-Sayyid est l’un des organisateurs de la Conférence contre l’extrémisme et le terrorisme qui s’est tenue au Caire, les 3 et 4 décembre.

Pourquoi avoir invité des chrétiens à cette Conférence d’Al Azhar contre l’extrémisme et le terrorisme ? Les interventions n’ont-elles pas montré que le problème était plutôt interne à l’islam ? Ridwan al-Sayid : Beaucoup d’événements graves sont survenus en 2013 et 2014. Depuis six mois, avec également Mohamed Sammak, le secrétaire général du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien au Liban, nous sommes un petit groupe à nous réunir autour du grand imam, Ahmed Al Tayyeb. Nous lui avons suggéré cette conférence pour mettre sur la table trois sujets : le terrorisme et le fondamentalisme, nos mauvaises relations avec les chrétiens et le conflit entre sunnites et chiites. Il a accepté et il y a un mois, nous nous sommes attelés à sa préparation. Avez-vous le sentiment que des solutions ont été trouvées dans chacun de ces trois domaines ? R.A-S. : Les problèmes, bien évidemment, ne sont pas encore résolus. Mais pendant deux jours, nous avons parlé et vous avez entendu tout ce qui s’est dit, y compris entre les sunnites qui sont eux-mêmes divisés. Sur la question du califat par exemple, quelle est notre position ? À mon avis, rétablir cette institution nous plongerait dans de graves difficultés… Mais nous avons en commun notre volonté de nous battre contre le djihadisme, qui est une hérésie au sein de

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notre religion. Le problème est aussi que ce terrorisme donne à l’islam une mauvaise image : une hérésie interne est souvent plus dangereuse que des ennemis extérieurs… Comment contrer le discours extrémisme ? R.A-S. : À mon avis, la voix sécuritaire ne suffit pas : elle permet seulement aux États de se défendre. Mais nous, comme musulmans et représentants des institutions religieuses, que pouvons-nous faire pour éradiquer cette hérésie ? Comme le suggère la déclaration finale, il faut une réforme religieuse et une renaissance intellectuelle et celles-ci doivent être menées par les institutions religieuses, pas par les gouvernements. L’État ne peut pas être un État religieux, théocratique : il n’est là que pour gérer les affaires civiles. C’est à nous d’éduquer nos jeunes de telle sorte qu’ils ne se tournent pas vers le fondamentalisme ! Or nos institutions n’ont pas fait leur travail : ces derniers temps, elles se bornaient à répondre aux injonctions des gouvernements, c’est pour cela qu’elles ont perdu tout leur crédit auprès des jeunes. Nous devons être solidaires de la jeunesse pour qu’elle nous écoute à nouveau ! Il y a beaucoup, beaucoup de travail, pour réformer les programmes éducatifs, coopérer avec les médias… Les pays arabes ont échoué à contrôler les jeunes : nous ne pouvons plus attendre qu’ils agissent. Un participant disait dans cette enceinte que l’objectif de cette Conférence devrait être d’obtenir une augmentation du budget de l’éducation… Qu’en pensez-vous ? R.A-S. : Ce n’est pas un problème d’argent. L’Égypte et les pays du Golfe ont compris le problème et veulent mettre de l’argent pour réformer et renforcer les institutions religieuses. Al Azhar, la

principale institution sunnite au monde, dispose de 500 000 étudiants et 80 000 professeurs en Égypte et dans le monde. Elle a aussi 25 antennes hors de l’Égypte. Son influence est énorme : si elle bâtit un programme, une stratégie, cela peut changer les choses. Vous parlez des pays du Golfe, mais l’islam wahhabite propagé par l’Arabie saoudite, n’a-t-il pas fait le lit de l’État islamique ? R.A-S. : L’Arabie saoudite est wahhabite depuis sa fondation. La nouveauté, c’est plutôt les mouvements salafistes révolutionnaires – un salafisme différent donc de celui de l’Arabie saoudite – qui, dans les années 1970, se sont révoltés contre les wahhabites. Ces deux courants s’opposent entre eux. Quelles seront les suites de cette conférence ? R.A-S. : C’était une conférence préparatoire, destinée à mettre tous les sujets sur la table. Al Azhar a déjà commencé à réfléchir à un système pour poursuivre le travail. La déclaration finale, par exemple, sera la préface à un document plus complet sur le terrorisme, le dialogue islamo-chrétien et les divisions entre sunnites et chiites. Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner (au Caire)

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Islam : et Dieu libéra la femme Figure de la pensée réformiste, la Marocaine Asma Lamrabet déconstruit méthodiquement les interprétations archaïques du livre saint, notamment celles relatives au statut de la musulmane.

Elle récuse les étiquettes de « féministe islamiste » ou de « militante » que lui ont accolées les médias. « Je suis simplement une chercheuse qui se pose des questions sur le texte religieux », précise d’emblée Asma Lamrabet. « Ce n’est pas parce que je porte un foulard que je suis forcément islamiste. Et le fait que je m’intéresse à l’image de la femme dans le Coran ne veut pas dire que je suis féministe », poursuit celle qui représente actuellement le mieux l’islam réformiste au Maroc et l’effort d’interprétation (ijtihad) qu’il suppose. Directrice du Centre des études féminines en islam au sein de la Rabita Mohammadia des oulémas, une association placée sous la tutelle du roi, Lamrabet s’est fixé comme objectif d’en finir avec les préjugés nés d’une lecture littéraliste du Coran, à commencer par l’idée selon laquelle une femme qui porte le voile serait incapable d’aller aussi loin dans l’interprétation coranique des libertés individuelles. Médecin biologiste de carrière, Asma Lamrabet passe au peigne fin le texte révélé, recensant tous les versets contraignants pour les femmes et expliquant, arguments à l’appui, comment leur interprétation a été rendue caduque par le contexte moderne. Voile, héritage, mariage mixte, tutelle de l’homme sur la

femme (qiwama), interdiction de la mixité dans les mosquées… Autant de certitudes héritées de lectures figées du Livre saint et qui ne résistent pas à une relecture critique et contextualisée du texte sacré à travers le prisme des droits de l’homme. Une méthodologie à laquelle Lamrabet s’est toujours tenue sans jamais manier la langue de bois. Tutelle de l’homme Comme beaucoup de réformistes, Asma Lamrabet rappelle que le Coran a été révélé dans un contexte socioculturel donné et que toute tentative de reproduire ce contexte à l’heure actuelle relève soit de la bêtise, soit de « l’instrumentalisation politique ». « Depuis la Révélation, la qiwama de l’homme sur la femme a été très claire. Le Coran parle d’une responsabilité morale et matérielle de l’homme envers sa famille et non d’une supériorité ou d’une autorité quelconques », explique-t-elle. Pour arriver à ce constat, la chercheuse s’appuie sur les six versets relatifs à la tutelle. Cité une seule fois dans le Coran, le principe de la qiwama se trouve contredit par d’autres versets qui recommandent la coresponsabilité, le partage au sein de la famille et la notion de justice entre tous les fidèles, quel que soit leur sexe. S’inspirant des travaux du réformiste égyptien Mohamed Abdou (1849-1905), Lamrabet remet en perspective la qiwama, avec son corollaire, le principe d’obéissance (tâ’a), une pure production juridique qui a contribué à déprécier et à inférioriser les femmes. Voile « Je le dis haut et fort. Il n’existe aucune obligation dans le Coran sur la question du voile », clame notre chercheuse. Le terme de « hijab » n’y signifie d’ailleurs pas « voile », mais « séparation ». À l’époque du Prophète, les femmes portaient ce qu’on appelle le khimar

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(foulard), par pudeur, piété ou convention sociale. Quand le Coran évoque ce dernier, il reste donc fidèle à son contexte. « Pour moi et pour certains penseurs réformistes, il s’agit d’une recommandation et non d’une obligation. Dans les textes religieux, quand il y a une prescription, sa non-observance est généralement assortie d’un châtiment. Or le verset qui fait référence au khimar n’en mentionne aucun, preuve que le port de celui-ci n’est pas obligatoire », explique Lamrabet, qui refuse de réduire le débat sur la femme à la question du foulard. Précision : la chercheuse n’appelle pas les musulmanes à ôter leur hijab mais à suivre leur choix spirituel en toute sérénité sans chercher à l’imposer aux autres au nom de la religion. Citant la polémique suscitée par le voile islamique en France, la réformiste marocaine estime que la priorité pour les femmes réside dans l’émancipation et le recouvrement de leurs droits : « Ne touche pas à mon voile, c’est bien, mais ne touche pas à ma liberté, c’est mieux. » Héritage La question de l’héritage est le sujet tabou par excellence. Pas même les associations féministes marocaines n’osent l’aborder tant la porte de l’ijtihad semble fermée face à ce verset « immuable » énonçant que la femme hérite de la moitié de la part de l’homme. Il convient cependant de rappeler que l’héritage des femmes a été introduit par l’islam à une époque où elles n’avaient strictement aucun droit et que cette disposition constituait en soi une révolution. Mais Lamrabet va plus loin en démontrant qu’une lecture contextualisée consacre l’égalité entre les sexes en matière d’héritage. Et de citer notamment la sourate IV, verset 32 : « Il revient aux hommes une part (nassib) dans l’héritage laissé par leurs parents ou leurs proches ; de même qu’il revient aux femmes une part (nassib) dans l’héritage laissé par leurs parents ou leurs proches. » Ce verset est la preuve que

l’égalité existe bel et bien, comme l’avait d’ailleurs souligné l’exégète Ibn Kathir (1301-1373) dans Tafsîr Ibn Kathîr. Très souvent, Lamrabet invoque des interprétations anciennes et particulièrement avant-gardistes, mais qui ont été jetées aux oubliettes pour des considérations politiques. Mariage avec un non-musulman Autre sujet tabou – mais qui ne procède, en réalité, que d’une pure tradition culturelle, le ourf -, les mariages mixtes. Tout non-musulman souhaitant épouser une musulmane doit en effet se convertir à l’islam, alors qu’un musulman peut se marier avec une non-musulmane sans renoncer à sa religion. Justifiée alors par la filiation patrilinéaire et le souci d’éviter que les croyantes ne sortent de la communauté (la Oumma), cette inégalité vole en éclats à la lecture du verset 221 de la sourate II, prescrivant aux musulmans comme aux musulmanes d’épouser des croyants (mouminîne), ce qui inclut donc les Gens du Livre (Ahl al-Kitâb) en référence aux juifs et aux chrétiens, et interdisant aux premiers comme aux secondes de se marier avec des polythéistes (mouchrikîne). Ce qui vaut pour les hommes en la matière vaut donc aussi pour les femmes. Dans son Tafsîr al-Tahrîr wa t-Tanwîr, l’exégète tunisien Mohamed Tahar Ben Achour (1879-1973) affirme qu’il n’y a pas de texte interdisant expressément l’union conjugale entre une musulmane et un chrétien ou un juif. Si l’ensemble de la communauté des savants s’est accordé à proscrire cette union, c’est en s’appuyant sur le consensus (ijmaa), et non sur un texte. « J’ai envoyé le résultat de mon travail sur ce thème à des oulémas de différents pays. Je n’ai jamais eu de retour. Preuve que la question dérange ! » confie Lamrabet. Courageuse, clairvoyante, un tantinet subversive, Asma Lamrabet reconnaît cependant faire preuve de frilosité par

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rapport à des questions d’actualité « qui [la] dépassent », comme l’homosexualité, alors que sa consoeur tunisienne Olfa Youssef a osé prendre position en affirmant que le Coran ne l’a jamais interdite. « J’ai beaucoup de difficultés devant cette problématique, inabordable pour le moment dans les sociétés musulmanes. Je ne veux pas braquer le système alors que la base n’est pas encore assainie », explique Lamrabet. Au vu des réactions probantes qu’elle recueille dans ses conférences, Asma Lamrabet semble s’être tout doucement frayé un chemin dans une société longtemps maintenue dans l’ignorance et religieusement sclérosée faute d’ijtihad. Quant à la traduction de cette approche nouvelle dans la vie quotidienne, c’est une entreprise de longue haleine. Au Maroc, en matière de réforme de l’islam comme d’avancées politiques, il faut du temps au temps… Bibliographie : Musulmane tout simplement éd. Tawhid France 2002 Aïcha, épouse du Prophète, ou l’Islam au féminin éd. Tawhid France, 2004 Le Coran et les femmes : une lecture de libération éd. Tawhid France, 2007 Femmes, islam, Occident : chemins vers l’universel éd. La Croisée des chemins (Maroc) et Séguier-Atlantica (France), 2011 Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ? éd. Albouraq Paris, 2012 (Sorti en librairie en mars 2012, cet ouvrage a reçu le prix de la Femme arabe 2013, catégorie sciences sociales) Nadia Lamlili

L’Etat Islamique sème la terreur et fascine les jihadistes L’Etat islamique, qui a revendiqué la décapitation d’un troisième otage occidental, a bâti sa fulgurante ascension sur des méthodes brutales, un islam intransigeant et la fascination qu’il exerce sur les jihadistes, notamment étrangers.

Qu’est ce que l’Etat Islamique? Le mouvement est né en Irak en 2006 à l’initiative d’al-Qaïda. Il se présentait comme le défenseur de la minorité sunnite face aux chiites qui ont pris le pouvoir avec l’invasion conduite par les Etats-unis en 2003. Il se fait connaître par des tueries de chiites et les attentats suicides contre les forces américaines. Sa brutalité et son islam intransigeant pousseront les tribus sunnites à le chasser de leur territoire. Dès juillet 2011, soit trois mois après le début de la révolte contre Bachar al-Assad, ses membres sont appelés à combattre en Syrie contre le régime dirigé par les alaouites, un avatar du chiisme, honni par les jihadistes. En Syrie, apparaissent rapidement des dissensions entre jihadistes irakiens et syriens. Les premiers proposent la création en avril 2013 de l’Etat islamique d’Irak et du Levant mais le chef syrien refuse et maintient le Front al-Nosra qui devient la branche officielle d’al-Qaïda en Syrie.

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Début 2014, éclate une guerre sans merci entre d’une part le Front al-Nosra et les rebelles syriens et de l’autre l’EI. Elle fait au moins 6.000 morts. Fort de ses victoires en Irak et en Syrie, le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi proclame en juin 2014 le « califat » à cheval sur les deux pays. Combien a-t-il de combattants? Il n’y a pas de chiffres précis. La CIA parle d’une fourchette de 20 à 31.000 combattants dans les deux pays. Selon un autre responsable du renseignement américain, il y a 15.000 combattants étrangers en Syrie dont 2.000 Occidentaux. Certains ont rejoint l’EI mais aucune donnée précise n’est disponible. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) évalue à plus de 50.000 le nombre de ses combattants en Syrie, dont 20.000 non syriens, venus du Golfe, de Tchétchénie, d’Europe et même de Chine. En Syrie et Irak, certains sont d’ex-cadres militaires et du renseignements de l’ancien dictateur Saddam Hussein. Ils ont donc une grande connaissance de l’art de la guerre. En Irak, selon Ahmad al-Sharifi, professeur de Sciences politiques à l’université de Bagdad, l’EI compte entre 8.000 et 10.000 combattants dont 60% d’Irakiens. L’EI recrute beaucoup à travers les réseaux sociaux, mais nombreux sont les rebelles qui le rejoignent par peur ou alléchés par les salaires offerts. Quel territoire contrôle-t-il? L’Etat Islamique contrôle environ 25% de la Syrie (45.000 km2) et 40% de l’Irak (170.000 km2), soit au total 215.000 km, ce qui représente presque la superficie du Royaume-Uni (237.000 km2), selon Fabrice Balanche, géographe expert de la Syrie.

Cependant, précise-t-il, la plupart des territoires contrôlés par l’EI, notamment en Irak, sont désertiques, ce qui réduit son emprise réelle sur le territoire. Le « califat » s’étend de Manbej, dans le nord de la Syrie près de la frontière turque dans la province d’Alep, en direction de l’est avec toute la province de Raqa, et une grande partie des gouvernorats de Hassaka et de Deir Ezzor, jusqu’à la localité frontalière de Boukamal. En Irak, il contrôle les régions sunnites de l’ouest et du nord avec notamment la ville de Mossoul. Pourquoi ce groupe attire-t-il les jihadistes étrangers? Pour l’écrivain et journaliste libanais Hazem al-Amine, les jihadistes occidentaux sont fascinés par sa démonstration de force de « type hollywoodien ». Les décapitations, les exécutions et la conquête de territoires font figure d’épopée. En outre, selon les experts, l’EI leur affirme qu’il a renoué avec l’islam du temps de Mahomet. Quelles sont ses sources de financement? Il y en a plusieurs selon les experts. Il y a d’abord des contributions venant de pays du Golfe. Pour Romain Caillet, expert des mouvements islamistes, l’EI s’auto-finance en grande partie, les fonds extérieurs ne représentant que 5% de ses ressources. L’EI pratique l’extorsion et impose des taxes aux populations locales. A quoi s’ajoutent la contrebande de pétrole et de pièces d’antiquité, les rançons pour la libération d’otages occidentaux et les réserves des banques de Mossoul, la ville dont s’est emparé l’EI au début de son offensive fulgurante lancée en juin.

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Selon Bashar Kiki, le chef du conseil provincial de Ninive, dont Mossoul est la capitale, les réserves en liquide des banques de la ville atteignaient avant cette offensive environ 400 millions de dollars. Comment agit-il avec la population? L’EI combine la terreur avec la fourniture de services sociaux aux populations qui sont sous sa coupe. Pour empêcher toute velléité de soulèvement et terroriser ses adversaires, il pratique la crucifixion, la décapitation, la flagellation ou la lapidation des femmes accusées d’adultère. Pour donner encore plus de poids à ses agissements, il les diffusent sur les réseaux sociaux avec des images insoutenables. L’EI a-t-il un avenir? Pour Romain Caillet, le principal objectif à court et moyen terme cipal de l’EI est de consolider le califat, qu’il a doté de structures « étatiques » comme des ministères ou des tribunaux. Mais, estime Hazem al-Amine, l’Occident va le frapper durement et l’affaiblir, ce qui l’obligera à redevenir une organisation clandestine. Barack Obama à annoncé cette semaine sa détermination à « affaiblir » puis à « détruire » l’EI grâce à une large coalition comprenant dix pays arabes. Les quelque 150 frappes américaines ont déjà contraint l’EI a reculé en Irak. Rita DAOU

L’extrémisme, c’est le refus de la diversité de l’islam Les extrémistes de Daesh ne représentent pas les musulmans, qui ont des approches

très variées du Coran. Mais la perception de la diversité de l’islam est biaisée.

« La situation me paraît pire qu’avant, regrette Stéphane Lathion, coordinateur du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse. La manière dont est perçu l’islam est extrêmement tendue. Pourtant, tant qu’on n’est pas capable d’offrir un climat de sérénité et de confiance aux musulmans, on fait le jeu des extrémistes. » Ce spécialiste des religions en est convaincu: pour la majorité – silencieuse – des musulmans en Occident, leur foi n’est pas le plus important. « Ils se définissent aussi par leur nationalité, leur famille, leur travail, leur humanité… Alors que le discours dominant les réduit à leur religion. Il ne faudrait plus parler de musulmans, mais avant tout de citoyens ». Un conflit intracommunautaire La « majorité silencieuse » dont parle Stéphane Lathion s’est exprimée récemment contre les crimes de Daesh au Proche-Orient, notamment sous le mot d’ordre #NotInMyName. Pour dire que le conflit actuel est aussi (avant tout?) un conflit intra-communautaire. « L’islam est très divers », rappelle Marie-Thérèse Urvoy, professeure d’islamologie à l’Institut catholique de Toulouse. « L’extrémisme, c’est le refus de la diversité de l’islam », complète Stéphane Lathion. « Le Coran est un texte subtil, insiste Marie-Thérèse Urvoy. C’est un texte de paix et un texte de guerre à la fois.

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Mahomet est un chef religieux et un chef politique. Cette dualité du livre a posé problème tout au long de l’histoire de l’islam. Elle trouve son origine dans le parcours de vie de Mahomet. Mais, qui peut imposer une relecture historique et distanciée du Coran en l’absence de hiérarchie religieuse respectée par tous? » L’exemple asiatique Cette vision de l’islam existe dans l’histoire et la théologie musulmane. « A la fin du XIXe siècle, Djemâl ad-Dîn al-Afghâni et Mohamed Abduh ont pensé un islam moderne, explique Zidane Mériboute, chercheur à l’école d’études orientales et africaines de Londres. L’Asie du Sud-Est propose des modèles d’Etats à majorité musulmane mais pluralistes et divers. » Les groupes islamistes armés de Syrie et d’Irak rejettent ce genre d’interprétation et défendent le Califat et un islam « authentique », tel que les premiers musulmans l’ont défini à la mort du Prophète. Un âge d’or qui n’a jamais existé. Le Califat, une époque de violence entre musulmans « Les quatre premiers califes ont régné dans un climat de grande violence entre les musulmans, observe Marie-Thérèse Urvoy. Cette violence conduira d’ailleurs au schisme entre sunnites et chiites. » La domination que veulent exercer les extrémistes est plus politique que religieuse. « D’après le Coran, le croyant devrait agir selon son intelligence, son coeur et son environnement, assure Stéphane Lathion. Dieu décide pour le reste. Aujourd’hui, la sacralisation du Coran par certains musulmans permet la soumission du texte à des intérêts politico-religieux. »

Djihad, effort et quête spirituelle Zidane Mériboute trouve à redire à l’interprétation rigoriste des textes. « Ils détournent le Coran. Le djihad ne fait pas partie des cinq piliers de l’islam, il ne s’agit pas d’une obligation. De même, selon les règles de la sharia, pendant le djihad, une femme peut partir de chez elle sans ordre de son mari. Mais cela, ils se gardent bien de le dire… » L’auteur d’Une nouvelle « Vie » du prophète Muhammad (selon Ibn Sa’d) aux éditions Erickbonnier, poursuit: « Le djihad n’est pas la guerre sainte mais ‘l’effort sur le chemin de Dieu’. On peut distinguer le djihad mineur (al-asghar), la guerre défensive, et le djihad majeur (al-akbar). Ce dernier, plus méritoire selon le prophète Muhammad [ou Mahomet, ndlr], prend le sens d’une lutte intérieure contre les passions mauvaises, pour la discipline morale et la victoire sur soi-même. » Olivier Monod

Pour l’islamophobe Brigitte Gabriel « l’islam ne peut pas s’intégrer aux Etats-Unis » C’est la nouvelle coqueluche des ultras Outre-Atlantique, ultra-islamophobes, réactionnaires et sionistes, Brigitte Gabriel, la journaliste et activiste américaine, d’origine libanaise chrétienne, s’est auto-investie d’une mission suprême dont elle a fait son juteux fonds de commerce : dire tout haut, sans fioritures et de manière fracassante, tout le mal qu’elle pense de l’islam et de la présence musulmane en Amérique, devant des publics galvanisés par son discours et ses harangues fielleuses, qui se font mielleuses dès lors qu’il s’agit de louer les mille et une vertus d’Israël.

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« La différence entre le monde arabe et Israël est une différence de valeurs : c’est la barbarie contre la civilisation« , a-t-elle coutume de lancer à la cantonade, sûre de son effet électrisant, la fondatrice de l’ACT, un mouvement citoyen de défense des valeurs démocratiques américaines qu’elle considère comme le seul rempart contre les assauts de l’islam radical, s’est fixée de nobles objectifs : libérer la parole raciste de ses compatriotes, et réveiller ou exacerber le nationalisme primaire qui sommeille en chacun d’eux, qu’ils soient chrétiens, évangéliques ou juifs. Elle a bien entendu désigné l’ennemi intérieur à abattre : le chimérique péril vert, mais qui, dans sa bouche haineuse, représente une menace imminente d’apocalypse… Sur Fox News, la chaîne faite par et pour les farouches conservateurs de son espèce, Brigitte Gabriel s’en est donné à cœur joie, lundi dernier, affirmant de manière péremptoire, devant des téléspectateurs qui lui étaient entièrement acquis, que « l’islam est incompatible avec la société américaine, que jamais il ne pourra s’intégrer, parce que c’est ce que l’on inculque aux musulmans dans les mosquées à travers tout le pays ». Quand nombreux sont ceux qui, sur le sol de la bannière étoilée, bâtissent des ponts de tolérance au-dessus des peurs fabriquées de toutes pièces et des torrents de calomnies, Brigitte Gabriel, à l’instar de Pamelar Gellar, la furie sioniste, n’agit que pour les dynamiter, en sinistre marionnette oeuvrant à la solde d’intérêts supérieurs et de leurs funestes desseins… Oumma.com

L’islam interdit le terrorisme et réglemente l’art de la guerre Beaucoup d’égarés se prétendant musulmans ont aujourd’hui des comportements terroristes contraires à l’islam.

Nous le savons. Vous le savez aussi. Cela ne sert à rien de le nier. Mais il n’est pas juste de juger l’islam par les actes de certains musulmans, sinon, les chrétiens seraient des croisés. mais il ne le sont pas. Et tous les juifs seraient des sionistes, mais il ne le sont pas. Nous savons qu’il y a des groupes parmi toutes les religions qui sont militaires. Mais laissez-nous vous apprendre, en terme d’enseignements : nous croyons qu’il peut y avoir la guerre, parce que vous avez le droit de vous défendre. Sinon, si le fait de vous défendre est un crime, alors nous appelons à tous les pays du monde entier de jeter leurs armes dans les mers. Mais ils ne le feront pas. Ils ont l’armée, la marine…Pourquoi ? Parce que quelqu’un pourrait nous attaquer et nous devons être prêts pour défendre notre sol, notre territoire, notre honneur…défendre quoi que ce soit. OK! L’Islam, c’est quoi au juste ? L’Islam, c’est la oumma, et une communauté musulmane, indépendamment de leur nationalité, de leurs liens sanguins, et des pouvoirs politiques qui les gouvernent. Le terme est synonyme de « Ummat Islamiyya »,

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« Nation islamique ». Nous avons les mêmes droits. Mais, citez-nous une nation qui dit aux gens (selon les hadiths du prophète) : - Ne tuez pas les femmes - Ne tuez pas les enfants - Ne tuez pas les vieillards - Ne tuez pas ceux qui consacrent à l’adoration Quel que soit. Il est dans son église, il est dans son temple. Qu’elle qui soit. Ne vous approchez pas d’eux. - Ne brûlez pas les arbres - Ne détruisez pas les maisons - Ne tuez pas les animaux - Ne trahissez pas. N’agissez pas avec traitrise Quel nation sur cette terre applique cela dans ces guerres ? AUCUNE! Ils bombardent les usines, les enfants, les femmes juste devants nos yeux ! Eux ne sont pas terroristes mais ces mêmes qualifient bien volontiers les musulmans de terroristes. Certains musulmans dénigrent l’Islam à travers leurs actes de violence contraire à la foi. Tels que, se rendre dans un supermarché ou une station de train et se faire exploser au nom d’Allah. Alors que l’Islam est le premier à dire que c’est strictement interdit. D’abord, vous ne pouvez pas vous suicider, deuxièmement, vous ne pouvez pas tuer des civils innocents. Qu’est-ce que l’Islam permet ? Si les deux armées s’affrontent sur un champ de bataille. l’Islam autorise que la seule défense. Les gens qui achètent des légumes pour la cuisine des combattants sont exclus. Les tuez au nom d’Allah est une forme d’oppression. Et le prophète (Paix et salut sur lui) a dit : « Le croyant ne cesse de se trouver à

l’aide dans sa religion tant qu’il n’a pas fait couler un sang interdit ». Si un musulman tue une seule âme innocente, il sera reconnu comme coupable et responsable par Allah. Et peut-être, que ce sera la raison pour laquelle il entrera en enfer. Maghrebnaute.com

Une vague d’athéisme dans le monde arabe Le “califat islamique” a délié les langues. Les critiques ne visent plus seulement les mauvaises interprétations de la religion, mais la religion elle-même.

Dans le monde arabe, on pouvait certes critiquer les personnes chargées de la religion, mais critiquer la religion musulmane elle-même pouvait coûter la vie à celui qui s’y risquait, ou du moins le jeter en prison. Le mot d’ordre “l’islam est la solution” a été scandé durant toute l’ère moderne comme une réponse toute faite à toutes les questions en suspens et à tous les problèmes complexes du monde musulman. Mais la création de l’Etat islamique par Daech et la nomination d’un “calife ayant autorité sur tous les musulmans” soulèvent de nombreuses questions. Elles mettent en doute le texte lui-même [les fondements de la religion] et pas seulement son interprétation, l’idée même d’une solution religieuse aux problèmes du monde musulman. Car, au-

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delà de l’aspect terroriste du mouvement Daech, sa proclamation du califat ne peut être considérée que comme la concrétisation des revendications de tous les partis et groupes islamistes, à commencer par [l’Egyptien fondateur des Frères musulmans], Hassan Al-Banna, au début du XXe siècle. Au cours de ces trois dernières années, il y a eu autant de violences confessionnelles en Syrie, en Irak et en Egypte qu’au cours des cent années précédentes dans tout le Moyen-Orient. Cela provoque un désenchantement chez les jeunes Arabes, non seulement vis-à-vis des mouvements islamistes, mais aussi vis-à-vis de tout l’héritage religieux. Ainsi, en réaction au radicalisme religieux, une vague d’athéisme se propage désormais dans la région. L’affirmation selon laquelle “l’islam est la solution” commence à apparaître de plus en plus clairement comme une illusion. Cela ouvre le débat et permet de tirer les leçons des erreurs commises ces dernières années. Peu à peu, les intellectuels du monde musulman s’affranchissent des phrases implicites, cessent de tourner autour du pot et de masquer leurs propos par la rhétorique propre à la langue arabe qu’avaient employée les critiques [musulmans] du XXe siècle, notamment en Egypte : du [romancier] Taha Hussein à [l’universitaire déclaré apostat] Nasr Hamed Abou Zayd. Car la mise en doute du texte a une longue histoire dans le monde musulman. Elle s’est développée là où dominait un pouvoir religieux et en parallèle là où l’extrémisme s’amplifiait au sein de la société. [L’écrivain arabe des VIIIe-IXe siècles] Al-Jahiz et [l’écrivain persan considéré comme le père de la littérature arabe en prose au VIIIe siècle] Ibn Al-Muqaffa avaient déjà exprimé des critiques implicites de la religion. C’est sur leur héritage que s’appuie la désacralisation actuelle des concepts

religieux et des figures historiques, relayée par les réseaux sociaux, lieu de liberté pour s’exprimer et débattre. Le bouillonnement actuel du monde arabe est à comparer à celui de la Révolution française. Celle-ci avait commencé par le rejet du statu quo. Au départ, elle était dirigée contre Marie-Antoinette et, à la fin, elle aboutit à la chute des instances religieuses et à la proclamation de la république. Ce à quoi nous assistons dans le monde musulman est un mouvement de fond pour changer de cadre intellectuel, et pas simplement de président. Et pour cela des années de lutte seront nécessaires. Omar Youssef Suleiman

Comment Boko Haram justifie-t-elle l’attaque des musulmans nigérians ? Au moins 120 morts et 270 blessés. C’est le bilan provisoire de l’attaque menée vendredi 28 novembre contre une mosquée de Kano, dans le nord du Nigeria, par les membres de la secte Boko Haram. Une cible religieuse qui pourrait sembler étonnante pour cette organisation islamiste, dont le nom haoussa signifie « l’éducation occidentale est un péché ».

Pourtant, si cette dernière multiplie les raids contre les établissements scolaires et les populations chrétiennes, l’immense majorité de ses victimes sont des musulmans issus du nord du pays. Et, contrairement à l’Etat islamique, qui s’en prend essentiellement aux chiites, Boko

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Haram vise quant à elle indistinctement ces derniers et les sunnites. La question de la charia « Nous sommes bien face à un conflit religieux, mais pas entre chrétiens et musulmans. Il s’agit de salafistes extrémistes qui tuent des musulmans accusés de ne pas appliquer correctement la charia », expliquait au Monde, le chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos en mars. Lorsqu’elle apparaît, au début des années 2000, la secte, dirigée par Mohammed Yusuf, prône l’application stricte de la loi islamique et, pour cela, l’établissement d’un califat. Aujourd’hui, la charia est en vigueur dans douze Etats du nord du pays. Dans l’Etat de Kano, cible de l’attentat de vendredi, elle s’applique même au pénal. La collaboration avec le pouvoir En 2009, l’organisation se radicalise lorsque certains de ses militants sont blessés au cours d’un contrôle de police. En représailles, Boko Haram lance plusieurs attaques auxquelles l’armée répond par une répression massive dans la ville de Maiduguri, fief de la secte. Mohammed Yusuf est arrêté et tué par les forces de l’ordre. En 2010, Abubakar Shekau, numéro deux de Mohammed Yusuf, prend la tête de la secte. Ses objectifs sont moins clairs : si l’application intégrale de la charia demeure, le mouvement revendique entre autres la libération de ses membres emprisonnés et souhaite honnorer ses martyrs. Or, à ses yeux, les chefs religieux traditionnels nigérians collaborent de trop près avec le gouvernement central de cet Etat fédéral, pervertissant ainsi l’islam. Car les tensions confessionnelles sont marquées dans ce pays scindé entre un Nord pauvre et à majorité musulmane et

un Sud plus riche, notamment grâce aux ressources pétrolières, et à dominante chrétienne – le président Goodluck Johnatan représentant de cette région étant lui-même protestant évangélique. « Aujourd’hui, au-delà de la question religieuse, Boko Haram est un groupe nourri par un sentiment de vengeance à l’égard de l’Etat nigérian, qui a éliminé nombre de ses membres mais peine lui-même à adopter une stratégie claire », précisait au Monde le chercheur Gilles Yabien en avril. La réaction des dignitaires musulmans Les critiques des hauts dignitaires musulmans nigérians à l’encontre de la secte islamique Boko Haram se font de plus en plus audibles. La semaine dernière, l’émir de Kano, personnalité très influente, avait appelé la population du nord du pays à prendre les armes contre les islamistes face à l’apathie de l’armée. Lundi 24 novembre, le sultan de Sokoto, considéré comme le chef des musulmans dans le pays, a de son côté lancé des critiques cinglantes contre les militaires. Dans un communiqué de l’Organisation des musulmans du Nigeria (JNI), Muhammad Sa’ad Abubakar, les a ainsi accusés de fuir à chaque approche des insurgés. « Les forces de l’armée nigériane ne refont surface qu’après la fin des attaques meurtrières, et terrorisent davantage des populations déjà terrorisées, en installant des barrages routiers et en fouillant les maisons » Plus de 13 000 personnes ont été tuées depuis le début en 2009 de l’insurrection de Boko Haram. Près de 1,5 million d’habitants ont été déplacés par les violences. L’état d’urgence dans trois Etats du nord-est du Nigeria, en vigueur depuis mai 2013, a expiré jeudi. Les violences n’ont cessé d’empirer depuis 18

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mois dans les Etats concernés (Borno, Yobe et Adamawa), où au moins une vingtaine de villes sont contrôlées par les islamistes. Le Monde

Comment la mode peut changer les mentalités au sujet de l’Islam

Le New York Times racontait cette semaine l’histoire d’une fashion week d’un autre genre que celles de Paris ou Milan: celle de Kuala Lumpur. Depuis 9 ans, s’y déroule l’Islamic Fashion Festival ou festival de la mode islamique –on y voit moins de chair que sur les podiums occidentaux. Dato’ Raja Rezza Shah, fondatrice de ce festival, l’a instauré en partie pour lutter contre les stéréotypes au sujet de l’Islam et ce désir s’inscrit selon le quotidien américain dans «un mouvement plus large dans une certaine partie de monde musulman (…) qui s’est emparé de la mode comme moyen de raconter leur culture différemment.» Reina Lewis, professeure d’études culturelles au London College of Fashion et auteure d’un livre à paraître sur la mode musulmane, explique: «Chaque fois qu’il y a une panique morale à l’Ouest au sujet des musulmans comme symbole de l’altéririté civilisationnelle, qu’il s’agisse de la radicalisation de jeunes hommes djihadistes ou d’autre chose, c’est illustré par des images de femmes portant le hijab ou l’abaya, en noir.»

Grâce à de nouveaux vêtements, une mode reconnue dans les pays occidentaux, cela pourrait changer. La designeuse et blogueuse Dian Pelagi, à l’origine de vêtements couvrants très colorés: «Je pense que si la mode islamique peut gagner en importance en Amérique, cela changera la perception que les gens ont de l’Islam». Cela grossira aussi un marché d’importance. Selon les chiffres de Thomson Reuters de 2012, 224 milliards de dollars avaient été dépensé cette année-là en vêtements et chaussures dans l’économie islamique. Soit 10,6% des dépenses globales de vêtements et chaussures. Ces dépenses devaient atteindre 322 milliards de dollars en 2018 selon les estimations d’alors. Charlotte Pudlowski

Islam : quelques citations célèbres

Les journalistes Français ne parviennent pas encore à expliquer l’ambivalence du Coran qui prêche la paix et la tolérance quand les musulmans sont minoritaires, mais prévoit l’extermination des mécréants quand ils deviennent

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majoritaires. Voici quelques citations pour les aider à commenter l’actualité : «Il est pourtant temps de reconnaître que l’Islam c’est l’Islamisme au repos, et l’Islamisme c’est l’Islam en action, comme l’écrit si bien le poète Kabyle Ferhat Méhenni», Hubert Lemaire dans «Mulsulmans vous nous mentez». «Sans l’Islam, les Pays-Bas seraient un pays formidable, … Sans l’Islam les Pays-Bas seraient libres des exigences islamiques pour adapter ses habitants aux idées barbares, retardées et totalitaires d’un bandit en chef, meurtrier de masse et pédophile du septième siècle…» Machiel De Graaf, député hollandais, membre du Parti de la Liberté. (Publié sur http://ripostelaique.com/sans-lislam-les-pays-bas-seraient-un-pays-formidable.html). «Chassez le Christianisme, vous aurez l’Islam», François-René de Chateaubriand, cité par Eric Zemmour dans «Le suicide Français». «L’Islam est le terreau de l’Islamisme, et l’Islamisme est le terreau du terrorisme», Philippe de Villiers dans «Les mosquées de Roissy». Ouvrons nos yeux endormis par les marchands de sable de la bien-pensance de gôche avant d’être réveillés dans un bain de sang. Philippe Lesage

Islam : quel dommage qu’ils aient disparu !

Si on connaît (au moins de nom ) les principales écoles de pensée musulmanes (sunnisme, chiisme, wahhabisme, soufisme, salafisme, etc.) , on ne parle jamais du mu’tazilisme , et pour cause : après avoir été la doctrine officielle de l’ islam sous le califat abbasside ( IX ème siècle) , il disparut totalement au XIII ème siècle…et c’est bien dommage : car le mu’tazilisme , très influencé par la philosophie grecque, et notamment par l’ Ecole péripatéticienne d’ Aristote, prônait une approche de l’islam par le rationalisme . Parmi ses différents enseignements , voici ceux qui nous étonnent le plus aujourd’hui : - Le Coran est incomplet : si tout ce que dit le Coran est vrai, puisque c’est la parole divine s’exprimant par la bouche de Mahomet, Dieu n’a pas pu tout dire à Mahomet – uniquement un certain nombre de choses , car Dieu est trop vaste pour être contenu dans un seul livre ; il en découle que si le Coran est totalement divin, on peut trouver aussi trouver du divin en dehors du Coran ; - Le Coran n’est pas éternel : ayant été créé par Dieu, il n’existait donc pas avant cette création ; il n’ y a donc aucune raison de penser que Dieu ne créera pas un jour d’autres révélations qui rendront le Coran en partie dépassé et incomplet ( un peu comme l’est , pour les chrétiens, l’ Ancien Testament depuis l’apparition du Nouveau Testament) ;

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- Le Coran est allégorique : Dieu ne pouvant pas être conçu par l’esprit humain, ses récits ( la Genèse, etc. ) doivent être lus comme des allégories, des symboles, et ne doivent pas être interprétés au premier degré, comme des faits réels : aujourd’hui, les mu’tazilistes ne seraient certainement pas « créationnistes » , et s’accommoderaient des théories évolutionnistes et darwiniennes aussi bien qu’a su le faire assez rapidement l’Eglise catholique ; - Lorsqu’on croit déceler une contradiction entre ce que dit le Coran et ce qu’on observe objectivement ( nous dirions aujourd’hui entre le Coran et la science ) , et Dieu ne pouvant évidemment pas se tromper, c’est donc nous qui nous trompons : cette contradiction ne peut donc procéder que d’une erreur d’ interprétation du Coran de notre part , et il nous faut donc le réinterpréter en permanence à la lumière des données de l’ observation ( = de la science.) ; - Le mu’tazilisme s’ oppose à la prédestination et prône le libre arbitre: devant le problème de l’existence du mal dans un monde où Dieu est omnipotent, il considère le mal comme étant généré par les erreurs des êtres humains – sinon, les « punitions divines » n’auraient aucun sens . Bien que son rationalisme fût séduisant auprès des classes éduquées de l’époque, le mu’tazilisme ne se répandit guère parmi les masses, probablement du fait de sa nature élitiste ( un peu comme le protestantisme à ses débuts, réservé à ceux qui étaient capables de lire tous seuls la bible) ; il disparut définitivement au XIII ème siècle , époque qui marque aussi (est-ce une coïncidence ?) le début du déclin de l’ islam et de son renfermement sur lui-même . Rendez-nous donc le mu’tazilisme , et ce sera la fin du « choc des civilisations »

cher à Huntington , auquel l’époque que nous vivons semble malheureusement donner raison… Elie Arié

Les prophètes de malheur Je ne pratique aucune religion, je suis laïque assumé et je ne suis pas Arabe, car je suis d’origine amazighe, les autochtones du Maghreb. Alors, face à la phobie qui vise les Arabes et les musulmans, j’aurais pu détourner le regard, mais ça aurait été mépriser les valeurs d’une réelle démocratie libérale!

Je côtoie des musulmans québécois, constitués en majorité de familles «normales». Dès leur arrivée, ils s’activent pour dénicher un loyer, trouver des garderies ou des écoles pour leur progéniture et refaire leur santé financière, car l’immigration engloutit toutes leurs économies. Après, ils s’engagent dans l’achat d’une maison et garnissent le Régime enregistré d’épargne-études de leurs rejetons, souvent au détriment de leurs propres régimes d’épargne-retraite, pour leur garantir la meilleure des formations. Malheureusement, ces musulmans attirent injustement la suspicion. Cette peur est surtout attisée par certains de leurs anciens compatriotes qui immigrent au Québec en traînant dans leurs bagages les ressentiments d’une vie antérieure tourmentée par l’islam radical. Sans

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preuve, ils ne ratent aucune occasion pour déchirer leur chemise sur la place publique, car, selon eux, le Québec est à la veille d’une imminente invasion d’islamistes radicaux! Les musulmans du Québec sont quelque 250 000 âmes. Des études rigoureuses prouvent que la majorité ne va jamais à la mosquée, que le quart pratique un islam modéré, qu’une centaine parmi eux sont sous la loupe de nos services de sécurité et qu’une vingtaine serait à haut risque! Sommes-nous à l’abri d’un attentat terroriste pour autant? Bien sûr que non! Dans ce bas monde, le risque zéro n’existe pas. Toutefois, pour contrer le danger de l’islam radical, la communauté musulmane du Québec est notre premier rempart. D’ailleurs, dans la récente affaire de radicalisation d’un adolescent montréalais, c’est son père inquiet qui l’a dénoncé au SPVM. Une récente émission d’Enquête à Radio-Canada consacrée à la supposée montée de l’intégrisme musulman corrobore ce fait : la majorité des musulmans québécois immigre ici avec l’idée de s’installer et d’avoir une vie meilleure pour eux et leurs enfants. Cela dit, il ne faut pas détenir un doctorat pour affirmer que les groupes État islamique et Al-Qaïda perpètrent des crimes contre l’humanité. Mais montrer du doigt tous les musulmans, c’est non seulement faire le jeu des terroristes, mais aussi provoquer injustement les peurs de la société d’accueil et mettre les musulmans québécois à l’index! À tous les prophètes de malheur qui ravivent les peurs, si le radicalisme islamiste n’a pas «pogné» dans une Tunisie dans la tourmente, comment osez-vous le prédire, avec une vingtaine de présumés terroristes, dans un Québec doté d’institutions démocratiques fortes?

Hassan Serraji

Algérie : trois femmes et un Coran Elles ont participé au Congrès international féminin organisé à Oran sous l’égide du cheikh soufi Khaled Bentounès. Leur ambition : promouvoir une lecture progressiste des textes sacrés.

Démanteler les stéréotypes, déconstruire le discours des fondamentalistes et les « fausses vérités » cumulées au fil des siècles au sujet de la femme pour lui permettre de se réapproprier son histoire, ses droits et sa dignité, et ce en privilégiant une lecture du Coran libérée des carcans et des visions étriquées. Tel est l’objectif que s’est assigné le Congrès international féminin pour une culture de paix, qui s’est tenu du 28 au 31 octobre, à Oran, en Algérie. Organisée, en association avec la fondation Djanatu al-Arif, par l’Association internationale soufie alawiya (AISA), créée par le cheikh Khaled Bentounès et qui oeuvre pour l’émergence d’une société du bien vivre ensemble, cette rencontre s’est voulue un espace de débats en vue « de promouvoir et d’encourager la réflexion autour de la création d’un mouvement féminin international, force vive qui porte l’islam de demain ». Voici le point de vue de trois éminentes intervenantes sur les questions du voile, du droit des femmes à l’aune des traditions et de la modernité, et de leur avenir dans le monde musulman.

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Le voile Pour l’islamologue tunisienne Mongia Nefzi Souahi, le conflit qui oppose partisans et détracteurs du voile est une « bataille illusoire ». « Le voile, qui caractérise aujourd’hui la femme musulmane, n’est pas seulement islamique, car il remonte à très loin dans l’Histoire. Les Grecs de l’Antiquité, les juifs depuis Abraham et les chrétiens l’ont prôné. La frumka [voile intégral] est explicitement citée dans la Torah », rappelle-t-elle. Si le voile est mentionné dans le Coran, les musulmanes demeurent libres de le porter ou non. « Chacun est libre de ses choix, et la question de l’habit fait partie des libertés fondamentales, poursuit Mongia Nefzi Souahi. Le problème de la femme, ce n’est pas le voile mais l’analphabétisme. Nous avons besoin de construire nos pays culturellement, scientifiquement et économiquement. Nul besoin de se focaliser sur cette question secondaire. Il convient certes que la femme musulmane s’habille d’une manière décente, mais c’est pour éviter, comme le recommande l’islam, que son corps ne devienne un objet commercial et ne s’expose nu pour vendre un parfum ou un savon. » Directrice de la chaire d’anthropologie religieuse à l’université Zitouna, à Tunis, et présidente de la Ligue tunisienne de défense des libertés académiques, Iqbal Gharbi préfère parler de voiles au pluriel : « Il y a le voile étendard politique, le voile traditionnel, celui de la modernité et de la séduction avec des accessoires, etc. Derrière chaque voile, il y a des choix, des trajectoires et des histoires personnels. » Le voile est une pratique sociale qui est aujourd’hui devenue un sacrement religieux, déplore Wassyla Tamzali, ex-directrice des droits des femmes à l’Unesco. Mais pour cette féministe algérienne, l’émancipation de la femme

passe d’abord par celle de la société : « Dans nos sociétés, hommes et femmes ont des rôles selon leur sexe qui tiennent davantage de l’anthropologie et de la culture. Nous avons sacralisé une morale sexuelle. » Et de souligner que, contrairement aux femmes, les hommes ne sont pas assujettis à une pratique vestimentaire qui indiquerait leur niveau de piété. Entre tradition et modernité Comment privilégier une lecture progressiste du Coran ? Exemple concret donné par Mongia Nefzi Souahi : « Si l’on considère le verset 34 de la sourate IV, dans lequel il est dit que « les hommes ont une préséance sur les femmes [...] à cause des dépenses qu’ils font pour assurer leur entretien » et qu’on le rapporte à la réalité moderne - les femmes travaillent et participent directement aux dépenses du foyer -, alors ce principe dit « de supériorité » devient obsolète, ouvrant la voie à l’application du principe d’égalité. » Il est aussi urgent de faire le ménage dans les dizaines de hadiths forgés et ouvertement misogynes attribués au Prophète, et qui « ont influencé les mentalités pendant des siècles et paralysé les sociétés musulmanes ». Parallèlement à cette lecture éclairée du Livre saint, Iqbal Gharbi prône une approche plus équitable en matière d’octroi de la pleine citoyenneté aux femmes. « Nous devons déconstruire toute cette violence qui émane des extrémistes islamistes, ainsi que leur discours patriarcal, rétrograde et réactionnaire. Cela passe par l’élaboration d’un nouveau discours en harmonie avec les valeurs universelles et les aspirations féminines. » Cette éthique planétaire conjuguerait deux universalités : celle des droits de l’homme, de l’égalité et de la citoyenneté, et celle de la morale ancestrale ou traditionnelle.

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Cela fait un siècle que nombre de musulmans, femmes et hommes, essaient de faire évoluer leurs sociétés vers plus de modernité sur la base du principe « tous libres et égaux », mais ils ne sont pas écoutés, rappelle Wassyla Tamzali. Pis, ils sont délégitimés par les pouvoirs en place, qui bloquent ainsi délibérément toute évolution, perçue comme une menace contre le statu quo et, partant, contre leur autorité. « Il fallait se reporter à la morale et à la spiritualité de l’islam, qui reconnaît la dignité-liberté, pour parvenir à la consécration de l’égalité-liberté. Mais la religion musulmane a évolué dans un sens restrictif, devenant un catalogue d’interdits et laissant peu, ou pas, de place à la liberté de conscience. Le peuple a été coupé de ses élites, injustement accusées d’être occidentalisées. C’est pourquoi ce type de rencontre est important. Le courant soufi est davantage tourné vers la spiritualité et peut contribuer à construire la liberté de conscience pour faire en sorte que cette religion accompagne la société dans son évolution, sans drame ni rejet. D’ailleurs, le cheikh Bentounès est venu prier devant nous main dans la main avec une femme. Il faut le dire, c’est extrêmement important. » L’avenir Selon Mongia Nefzi Souahi, l’avenir repose sur l’éducation : « L’analphabétisme des femmes atteint de trop fortes proportions dans le monde arabe. Beaucoup de jeunes filles, alors qu’elles peuvent avoir accès à l’éducation, sont encore retirées de l’école à un âge très précoce. Ajoutons à cela la médiocrité des programmes scolaires. C’est là que se situent les vrais enjeux pour nos sociétés. Aujourd’hui, ce qu’il nous faut, c’est une cohérence entre les principes de l’islam, les droits de l’homme et le progrès. »

Les femmes maghrébines ont toujours été en lutte, souligne Iqbal Gharbi. Elles ont participé à la libération de leurs pays, mais elles n’ont pas été vraiment récompensées. Aujourd’hui, elles veulent voir leurs droits reconnus parce qu’elles pensent que la liberté, la dignité et les droits sont indivisibles. Et elles entendent profiter de la consécration planétaire des droits de l’homme comme valeur universelle pour faire triompher leur cause. Mais cela suppose une volonté politique : « Seule la force du droit fera avancer les choses. Il faudrait pour cela de grandes réformes au niveau du système éducatif, mais aussi un effort pédagogique en direction des médias, toujours aussi décisifs dans la formation des opinions. » Les droits des femmes commencent par la reconnaissance de leur dignité et de leur liberté. « La femme est l’égale de l’homme, sans bémol, sans exception liée à la conjoncture, assène Wassyla Tamzali. Sans cette reconnaissance, rien ne peut se faire. La politique des petits pas adoptée par les gouvernants arabes par manque de courage ne suffit plus. Il faut aller plus loin et plus vite, sinon ce que l’on fait revient à appliquer un cataplasme sur une jambe de bois… Mais rien n’arrête la marche des sociétés, et quels que soient les obstacles actuels, je garde bon espoir, car la démocratie et l’égalité hommes-femmes sont des principes de vie, et ceux qui s’y opposent le font au nom d’une pensée mortifère, qui veut tuer le désir de vie et de liberté qui est en chacun de nous. » Arezki Saïd

Islam : entre Wilders et Philippot, il faut choisir… Le FN souhaitait constituer un groupe, au Parlement européen, avec, entre autres,

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le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders. Ce dernier a été invité au congrès de Lyon du FN où il a tenu ces propos, ovationnés par la salle : « Nous ne voulons pas qu’une culture étrangère et barbare nous prive de nos libertés […]. Et à propos de l’islam, nous disons trop c’est trop ! »

Jamais un dirigeant du FN ne s’est permis de parler d’islam, sans s’abriter derrière l’islamisme. Florian Philippot, dans Causeur, en 2012, affirmait : « Je ne confondrai jamais islam et islamisme ! Plus la République sera faible face à l’islamisme, plus elle laissera se développer des ghettos via l’immigration, plus elle laissera penser aux Français que c’est l’islam le problème. » Bertrand Dutheil de La Rochère, conseiller République et laïcité de Marine Le Pen, dans un communiqué officiel, écrivait : « Avec Marine Le Pen, le Rassemblement Bleu Marine condamne tous ceux qui veulent confondre l’islam, qui est une religion, avec l’islamisme, qui est un totalitarisme. » Décodage des propos de ces deux anciens chevènementistes : la France n’a aucun problème avec l’islam. Rappelons qu’aux Pays-Bas, il y a dix ans, Theo van Gogh était poignardé par un musulman hollandais, Mohammed Bouyeri. D’autre part, le 6 mai 2002, Pim Fortuyn fut assassiné par un gauchiste, Volkert van der Graaf (récemment libéré) qui ne lui pardonnait pas ses propos contre l’islam. Après avoir réalisé le film Fitna, en 2008, où il associe des actions de musulmans radicaux à des sourates guerrières, racistes et homophobes du Coran, Geert Wilders vit en permanence sous

protection policière, des fanatiques appelant à le tuer. Il y a quelques jours, un de ses députés, Machiel de Graaf, osait ce discours, au Parlement hollandais : « Sans l’islam, les Pays-Bas seraient un pays merveilleux. » Il y a quelques semaines, devant cette même assemblée, Wilders, s’adressant à la présidente, disait : « Madame le Président, le Coran sur la table devant vous est un manuel pour les terroristes. Du sang s’écoule de ses pages. C’est un appel pour une guerre perpétuelle contre les incroyants. Ce Coran que vous avez devant vous est un permis de chasse pour des millions de musulmans. Un permis de tuer. […] Ce que fait l’EIIL (l’État islamique en Irak et au Levant), c’est ce qu’Allah prescrit. […] Des quartiers tels que Schilderswijk, Transvaal, Crooswijk, Slotervaart, Kanaleneiland, Huizen en sont le nom. En ces lieux, le califat est en construction. En ces lieux, l’État islamique est en gestation. » Au lendemain du vote demandant la reconnaissance d’un État palestinien par les députés de gauche, il est intéressant de noter ce que dit le leader hollandais : « La guerre contre Israël est une guerre contre l’Occident. C’est le djihad. Israël reçoit tout simplement les coups qui nous sont destinés à nous tous. S’il n’y avait pas eu d’Israël, l’impérialisme islamique aurait trouvé d’autres lieux où déployer son énergie et sa volonté de conquête. » Rappelons les récents propos de Florian Philippot : « L’honneur de la France, c’est de reconnaître un État palestinien. » En 2008, un sondage CSA/Le Monde des religions indiquait que 54 % des musulmans, en France, étaient pour l’application de la charia, 70 % pour le voile islamique et 78 % favorables au financement des mosquées par l’État. Dans le même temps, le 24 janvier 2014, un sondage du Monde confirmait que

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74 % des Français jugeaient l’islam incompatible avec nos valeurs. Jean-Marie Le Pen disait, à Lyon : « Je préfère être battu sur mes idées qu’élu sur celles de mes adversaires. » Pour gagner en 2017, faut-il vraiment courir après un très hypothétique vote musulman (stratégie Philippot), au risque de décourager nombre d’électeurs potentiels ? Ou bien faut-il convaincre la majorité de nos compatriotes que le FN est le seul rempart contre l’islamisation inéluctable de notre pays, et parler aux Français avec la clarté de Geert Wilders ? N’est-ce pas la meilleure façon de gagner sans renier ses idées ? Pierre Cassen

Kamal Znidar remercie le pape François et critique la politique occidentale De retour d’une visite en Turquie, le pape François a lancé un appel aux dirigeants musulmans du monde entier afin qu’ils condamnent clairement le terrorisme. Selon lui, ce geste aiderait d’abord les musulmans.

Le pape François semble penser que les dirigeants musulmans sont ambigus vis-à-vis du terrorisme. C’est pour cela qu’il a estimé qu’il fallait « une condamnation globale » de la part des dirigeants politiques, religieux et universitaires musulmans du terrorisme et des actions des djihadistes de Daech.

Selon lui, la condamnation du terrorisme par les hauts responsables du monde musulman « aiderait une majorité des musulmans ». Le chef de l’église catholique ne s’est pas limité à cet appel. Il a aussi dénoncé ces islamophobes qui disent que les musulmans sont tous terroristes. « Je crois sincèrement que l’on ne peut pas dire que tous les musulmans sont des terroristes. On ne peut pas le dire. De même que l’on ne peut pas dire que tous les chrétiens sont tous des fondamentalistes. Nous en avons aussi. Toutes les religions ont ce genre de groupes », a-t-il dit dans une conférence de presse dans l’avion qui le ramenait de Turquie à Rome. Les propos tenus par le pape François ont été remerciés par le penseur musulman Kamal Znidar. L’auteur du livre « Islam : meilleure religion au monde » a aussi demandé au chef de l’église chrétienne d’aller plus loin dans son approche et de s’attaquer aux sources du problème, ces raisons qui donnent naissance au terrorisme. « Demander aux dirigeants du monde musulman de dénoncer le terrorisme, c’est bien. Mais il serait encore mieux si le pape François demandait haut et fort aux dirigeants du monde occidental de mettre fin à leur ingérence dans les affaires internes du monde musulman et à ce soutien qu’ils offrent à leurs marionnettes qui persécutent les peuples musulmans et s’enrichissent par leur appauvrissement », a dit le penseur musulman. « Les idées obscurantistes et terroristes trouvent du succès là où l’Occident a réussi de placer des marionnettes qui ne font rien pour éradiquer l’analphabétisme et illuminer leurs peuples », a-t-il ajouté. Imad Doublali

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Combattre l’Etat islamique revient à s’attaquer au système éducatif islamique L’Etat islamique: fondé sur une idéologie établie d’après les médias, la majeure partie des combattants de l’EI ne sont pas des Arabes, mais des volontaires qui se rendent en Irak et en Syrie afin de rejoindre les rangs de ce mouvement. Parmi ces volontaires, on trouve des milliers de jeunes hommes qui ont bénéficié d’une éducation occidentale mais aussi des femmes et quelques Arabes israéliens. Le mouvement compte également des millions de sympathisants à travers le monde, qui font l’éloge de son idéologie et de son action.

La question fondamentale est la suivante: qu’est-ce qui peut pousser ces individus à quitter leur carrière et leur famille pour rejoindre une organisation extrémiste? Quelle éducation ont-ils reçu dans leur pays démocratique et de quelle manière les a-t-elle influencés dans la prise d’une décision aussi extrême ? De nombreux érudits musulmans condamnent les pratiques de l’EI, et pourtant ont peur de critiquer l’idéologie islamiste à la source de la popularité de l’organisation. Les origines de cette idéologie se trouvent dans le système éducatif islamique qui enseigne les discours et les actes du prophet Mahommet, au pied de la lettre et comme au-dessus de toute interrogation. Il est possible que les raids aériens américains contre l’EI réussissent tôt ou tard à le vaincre. Cependant, vaincre l’EI sans éradiquer le système éducatif revient d’après la terminologie marxiste à détruire le toit de l’édifice tout en en conservant les piliers.

Certes, toute religion prétend être la meilleure et l’Islam de ce point de vue, ne fait pas exception. Mais l’Islam est la seule parmi les religions monothéistes qui cherche à diffuser ses croyances chez les non Musulmans par la force. L’EI a adopté cette pratique et l’a poussé plus loin. Au nom de l’Islam, ce mouvement a commis des atrocités qui rappellent les mouvements les plus radicaux et les plus xénophobes de l’histoire de l’humanité. A l’instar du nazisme construit sur l’antisémitisme préexistant en Europe, l’EI se fonde sur un consensus bien établi selon lequel les non Musulmans, en particulier les membres des minorités apparues après l’Islam, sont des hérétiques. Comme les fondamentalistes chrétiens qui croient que Jésus est le Messie et que les Juifs devraient abandonner leur religion pour croire en lui, les Islamistes vont plus loin et promeuvent l’usage de la force contre ceux qui refusent de croire que le Prophète Mahommet est un envoyé de Dieu et le dernier prophète. Selon l’EI, placer les Kurdes sunnites sous la loi de la Sharia et éliminer ceux, comme les Yazidis d’Irak, qui refusent d’abandonner leur religion pour adopter l’Islam et d’asservir leurs femmes, est une action bénie par Dieu. Certes, si l’EI ne représente en aucun cas l’Islam et si la plupart des Musulmans dans le monde condamne ses actions, nombreux sont ceux qui refusent de condamner son idéologie au motif que cela apparaîtrait comme une condamnation de l’Islam en tant que tel. Mais, est-il possible pour les nations musulmanes de devenir des démocraties sans s’assurer une victoire sur les autorités religieuses de l’Islam? Est-il normal que chaque laïque musulman qui « ose critiquer » l’Islam comme Salman Rushdie, Wafa Sultan, Farag Foda ou Nasr Abu-Zayd, soit condamné à vivre caché en exil pour la seule raison qu’ils ont exprimé leur opinion sur cette religion ?

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Sous un autre angle, je lisais récemment la dissertation de l’un de mes étudiants relative à la perception du roi David par l’Islam. Les Musulmans considèrent David comme un prophète et les anciens auteurs arabes acceptaient difficilement l’interprétation juive selon laquelle le Prophète « Daoud » aurait commis l’adultère avec une femme mariée Bathsheba, et aurait envoyé son mari, Uria, sur le front en espérant qu’une fois tué, le Roi David pourrait épouser la veuve. Ces écrivains n’admettent pas que les prophètes aussi étaient des êtres humains qui pouvaient commettre des délits, et dans le cadre des démocraties modernes, où tout est apprécié au regard de valeurs universelles, les actes des prophètes ne soient pas tout simplement, au-dessus de toute critique. Le seul moyen d’empêcher de jeunes hommes et de jeunes femmes de rejoindre l’EI est de s’attaquer au système éducatif islamique. Les personnes qui condamnent les pratiques de l’EI ne devraient pas arrêter leurs critiques aux enseignements religieux islamiques qui promeuvent la force pour imposer l’Islam aux autres, mais devraient clairement « mettre les points sur les i » au lieu de tolérer cet abus de la religion. Par la même occasion, l’éducation islamique doit favoriser le multi-culturalisme et promouvoir la nécessité d’accepter l’Autre. De plus, les Musulmans laïques devraient tenir tête aux Islamistes. Une rupture avec les Islamistes est inévitable dès lors que ceux-ci condamnent toute personne critiquant l’Islam ou en désaccord avec eux. J’ai partagé dernièrement les critiques de nombreux savants arabes israéliens à l’égard de la définition d’Israël comme un Etat juif (démocratique). Et donc, il m’a

semblé hypocrite que ces mêmes savants refusent de critiquer les dogmes de l’Islam, qui ne tolèrent pas la liberté de religion. Yakub Halabi Chine : vers un Etat islamique au Xinjiang?

La Chine est-elle dans l’impasse au Xinjiang ? Vers 13h30 vendredi, des assaillants ont fait irruption dans une rue commerciale de Yarkand, dans le district de Shache, pour jeter des engins explosifs et attaquer les passants à coups de couteaux. Le bilan de quinze morts et autant de blessés a été confirmé par l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Dans la région chinoise à majorité musulmane du Xinjiang, le district de Shache, ou Xian de Yarkand, est l’une des onze provinces placées sous l’administration de Kashgar, nœud commercial stratégique et capitale économique choisie par le gouvernement chinois située un peu plus de 190 kilomètres au nord-ouest, près de la frontière avec le Kirghizistan et le Tadjikistan. Le Xinjiang, province de vingt millions d’habitants, peuplée pour moitié d’Ouïgours, connaît depuis 2013 une vague d’attentats meurtriers, après la relative accalmie qui avait suivi les affrontements meurtriers dans la capitale de la province, Urumqi, en 2009. Les autorités chinoises continuent à répondre à ce qu’elles considèrent comme des mouvements terroristes mais la répression ne semble plus en mesure de

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faire face à la multiplication des attentats, bien au contraire. Il semble en effet qu’au sein de la communauté ouïgoure soumise à une forte pression démographique du fait de l’implantation toujours plus importante des Hans, la radicalisation idéologique progresse. La répression chinoise est toujours motivée par la crainte d’une résurgence du séparatisme panturc et les attentats ont d’ailleurs eu symboliquement lieu dans un district au passé exceptionnellement marqué par l’influence turque et séparatiste. C’est dans cette partie du Xinjiang que le seigneur de la guerre Yakub Beg fonda l’éphémère royaume de Kashgaria qui tint tête aux Chinois de 1870 à 1877 avant d’être détruit. C’est aussi non loin de Yarkand, dans la région de Kashgar, que fut proclamée en septembre 1933 la première République du Turkestan Oriental… qui fut abattue quatre mois plus tard, en janvier 1934. Une seconde République du Turkestan Oriental connut aussi une courte existence de 1944 à 1949, avant que ses représentants ne soient tués sur ordre de Mao et avec l’assentiment de Staline lors du supposé accident de l’avion qui les amenait à Pékin pour assister à la Conférence consultative politique du peuple chinois. Pour autant, ce qui se passe aujourd’hui au Xinjiang semble échapper à la logique panturque elle-même. Les derniers attentats perpétrés ont cette particularité d’impliquer des attaques au couteau et des attentats à la grenade ou des attentats suicide qui visent des quartiers ou des populations ouïgoures, comme cela a été le cas avec l’attaque d’Urumqi en mai 2014, ou celles intervenues dans le comté de Yarkand en août 2014 et aujourd’hui, qui ont occasionné la mort de cinquante personnes à elles deux. Bien qu’il soit difficile d’en attester, les rumeurs font état de groupes islamistes radicalisés et entraînés en Afghanistan et au Pakistan voisin, ce qui n’a rien d’irréaliste si l’on considère les difficultés à surveiller une frontière très poreuses,

dont les multiples cols montagneux sont autant de voies de passage. La pression exercée par les autorités chinoises sur la communauté ouïgoure pourrait aussi largement expliquer cette radicalisation nouvelle qui s’exporte désormais hors des frontières du Xinjiang, comme en témoignent l’attentat de la gare de Kunming, dont la lointaine province du Yunnan, à 5000 kilomètres au sud-est, ou l’attentat à la voiture piégé de la place Tiananmen en novembre 2013. Les événements récents et ce nouveau bain de sang à Yarkand suggèrent en tout cas que la région de Xinjiang est de plus en plus aspirée dans la spirale du radicalisme. Les autorités chinoises, qui craignent tant la résurgence du panturquisme, pourraient se trouver confrontées à l’émergence du djihadisme, de la même manière que les Russes dans le Caucase. Ce serait aussi une très mauvaise nouvelle pour la grande majorité de la communauté ouïgoure, dont l’islam traditionnel soufi ferait certainement mauvais ménage avec l’islamisme sunnite en provenance d’Afghanistan ou du Pakistan. Laurent Gayard

Les Ouïghours de Chine, à la rencontre de ces musulmans méconnus Direction la province de Xinjiang, située à l’est de la Chine, où se trouve aujourd’hui la plus importante minorité nationale (environ 9 millions de personnes) de la plus grande région autonome de Chine : les Ouïghours. Actuellement sous tension, la faute à divers attentats, voici une mise en lumière de cette région et de ses habitants.

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Descendants de l’empire Mongol, convertis à l’islam Les Ouïghour sont officiellement les populations parlant les dialectes Ouïghours répartis principalement en Chine au Kazakhstan et en Turquie. Dans l’utilisation d’aujourd’hui, sont considérés comme Ouïghours, les habitants de la région de Xinjiang de confession musulmane. Initialement, l’empire Ouïghour s’étendait sur l’Asie centrale. Convertis à l’islam lors des conquètes musulmanes, autour des années 800, ils furent absorbés par l’empire Mongol dans les années 1300 pour terminer dans la région autonome de Chine. Aujourd’hui considérés comme des musulmans sunnites influencés par le souffisme, ils sont la deuxième communauté musulmane de Chine, derrière les Hui (12 millions environ). Une région sous tension Depuis 2013, de nombreux attentats sont à déplorer au Xinjiang faisant plusieures victimes, le dernier en date du 4 décembre 2014 a pour bilan une quinzaine de morts. Tout d’abord réprimés fortement par les autorités chinoises, les responsables des attentats successifs semblent ne pas tenir compte de ce moyen de pression, continuant leurs crimes et leurs attaques. Les autorités se posent aujourd’hui la question de la méthode à employer pour maintenir la paix, et les spéculations sur les responsables des attentats s’emplifient de semaine en semaine. Au vu de l’actualité, nombreux sont ceux qui craignent une utilisation de l’islam pour des motifs

terroristes, alimentant leurs théories avec la proximité géographique de pays comme le Pakistan ou l’Afghanistan. Il est à déplorer que cette région subisse depuis de nombreux mois des attentats dont les “vrais” responsables ne sont toujours pas identifiés. Le climat géopolitique actuel pousse les médias chinois et occidentaux vers la facilité, en parlant d”attentats islamistes” motivés par des “jihadistes” ou encore de “séparatistes islamistes”, sans pour autant apporter de preuves à ces accusations. Espérons que dans les prochains mois les résultats des enquêtes innocenteront l’islam qui est, rappelons-le, une religion de paix et de tolérance. Katibîn

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Tables des matières Pourquoi les musulmans sont-ils mal vus ? ……………………………………………………………......... 2

Points d'info Kev Adams défend l’islam dans On n’est pas couché, mais s’attire les foudres de Twitter 6

Syrie: Daesh lapide deux hommes accusés d’être homosexuels ……………………………………. 7

Nicolas Sarkozy demande à l’islam «ce qu’il peut faire pour la République» ….……………… 8

Le blasphème, ce « crime » toujours punissable dans un cinquième de la planète ………… 9

Le cheikh d’Al-Azhar condamne la « barbarie » de l’État islamique …….…………………………. 9

Daesh a installé des camps d’entraînement en Libye …..………………………………………………… 10

Un Savoyard converti à l’islam emprisonné au Maroc …………………………………………………… 10

Égypte : peine de mort confirmée pour sept islamistes accusés d’avoir tué 25 policiers 11

Rien à voir avec l’islam : Iran 43 pendaisons en 9 jours ….……………………………………………… 12

Deux femmes arrêtées en Arabie Saoudite pour avoir… conduit …..………………………………. 12

Egypte: Al-Azhar et le Vatican acceptent de renouer le dialogue ….………………………………. 14

Un Coran à base de plantes, unique au monde, est exposé à Dubaï …..…………………………. 14

Communication

Lettre ouverte à l’Etat islamique …………………………………………………………………………………… 16

Chebel : « Les musulmans ont peur du dialogue » ….…………………………………………………….. 17

« Le djihadisme est une hérésie au sein de notre religion » ….………………………………………. 18

Points de vue Islam : et Dieu libéra la femme ……………………………………………………………………………………… 20

L’Etat Islamique sème la terreur et fascine les jihadistes ….…………………………………………… 22

L’extrémisme, c’est le refus de la diversité de l’islam ….………………………………………………… 24

Pour l’islamophobe Brigitte Gabriel « l’islam ne peut pas s’intégrer aux Etats-Unis » ……. 25

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L’islam interdit le terrorisme et réglemente l’art de la guerre ……………………………………….. 26

Une vague d’athéisme dans le monde arabe …………………………………………………………………. 27

Comment Boko Haram justifie-t-elle l’attaque des musulmans nigérians ? …………………… 28

Comment la mode peut changer les mentalités au sujet de l’Islam ……………………………….. 30

Islam : quelques citations célèbres ………………………………………………………………………………… 30

Islam : quel dommage qu’ils aient disparu ! ………………………………………………………………….. 31

Les prophètes de malheur …………………………………………………………………………………………….. 32

Algérie : trois femmes et un Coran ………………………………………………………………………………… 33

Islam : entre Wilders et Philippot, il faut choisir… …………………………………………………………. 35

Kamal Znidar remercie le pape François et critique la politique occidentale …………………. 37

Combattre l’Etat islamique revient à s’attaquer au système éducatif islamique ……………. 38

Chine : vers un Etat islamique au Xinjiang? ……………………………………………………………………. 39

Les Ouïghours de Chine, à la rencontre de ces musulmans méconnus ………………………….. 40

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