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De la part de à
FCPE Pasteur (Villejuif) Madame la Ministre de l’Education Nationale
Ecole élémentaire Pasteur
48 rue Pasteur
94800 Villejuif
Copies à :
- Ecoles maternelle et élémentaire Pasteur, Collège Pasteur
- Mairie de Villejuif
- Inspection de la 2ème
circonscription du Val de Marne
- Direction Académique des Services de l’Education Nationale du Val de Marne
- Rectorat de l’Académie de Créteil
Villejuif, Le 19 décembre 2014
Madame la ministre,
Pour faire suite à notre courrier du 9 décembre, et après avoir rencontré hier soir le directeur adjoint des
services départementaux de l’Education Nationale, qui nous a confirmé la sortie des établissements Pasteur
de Villejuif (écoles et collège) des Réseaux d’Education Prioritaire, nous souhaitions vous redire notre totale
incompréhension de cette décision.
Outre l’appréciation qualitative que nous vous avons adressée dans notre courrier précédent, nous aimerions,
au travers de quelques chiffres, vous donner quelques éléments objectifs vous permettant de mesurer la
difficulté sociale dans laquelle se trouve le quartier Pasteur, chiffres qui devraient renforcer votre conviction
que nos établissements scolaires ont toute leur place dans le dispositif d’éducation prioritaire.
Ces chiffres sont extraits des données 2010/2011 de la base IRIS (îlots regroupés suivant des indicateurs
socio-démographiques) de l’INSEE, dont les tableaux sont joints en annexe.
Le quartier Pasteur est un quartier atypique de Villejuif : excentré et proche de Paris, c’est un quartier
extrêmement hétérogène.
Parmi les quartiers de Villejuif, c’est le deuxième plus peuplé, le plus jeune (plus de 40% de la
population a moins de 25 ans) et un quartier connaissant un fort renouvellement de population.Ce
renouvellement a évidemment amené dans le quartier de nouvelles familles présentant un profil
socio-économique différent (CSP favorisées) de celles déjà présentes dans le quartier, mais
essentiellement en remplacement de familles issues des classes moyennes. La part de familles
socialement défavorisées n’a que sensiblement diminué, et la crise aidant, une majorité de familles
se trouve aujourd’hui dans une situation difficile, voire pour certaines en grande précarité.
L’habitat est également atypique pour un quartier populaire : le quartier compte un taux d’environ
20% d’habitat social, inférieur au taux du Val de Marne et ne compte pas de grand ensemble.
Cependant, la situation est extrêmement hétérogène dans le parc privé, les logements classiques
côtoyant les situations d’hébergement les plus précaires : squats, sous-locations, hébergement chez
l’habitant, … La densité de personnes par pièce principale des logements permet de traduire cette
réalité : elle est plus de 20% supérieure dans le quartier à celle constatée dans la ville, la
communauté d’agglomération ou le département.
Le quartier est marqué par une très forte diversité : un quart des habitants du quartier est de
nationalité étrangère, ce qui représente le double du taux du Val de Marne, avec parmi ces étrangers,
de nombreux primo-arrivants non francophones vivant dans des conditions très précaires. Une partie
de cette population échappe d’ailleurs aux mailles du filet statistique et les chiffres présentés ici sont
donc sous-estimés.
Les habitants du quartier sont également dans une situation précaire vis-à-vis de l’emploi. Le
classement des habitants en catégories socio-professionnelles indique que 38% des élèves sont issus
de familles classées dans la catégorie « défavorisée » et que 35% des élèves du collège sont
boursiers. Cependant ces chiffres déjà élevés sont bien en deçà de la réalité, comme le prouvent les
éléments suivants.
o Très peu de familles étrangères font des demandes de bourses,
o Les taux de chômage et d’emploi précaire sont très élevés : ils sont 50% supérieurs à ceux
observés dans le Val de Marne, et le total des habitants du quartier au chômage ou en emploi
précaire représente près de 40% de la population,
o Le pourcentage des + de 15 ans non scolarisés et non diplomés est de 25 % supérieur à celui
observé dans le Val de Marne,
o Le taux de bénéficiaires de la CMU est 10% supérieur à celui observé dans le Val de Marne,
o Le revenu médian par UC est 17% plus faible que celui observé dans le Val de Marne,
o Les chiffres fournis par la mairie (rentrée 2014) pour les écoles font apparaître que plus de
50% des familles possèdent un quotient familial dans les deux tranches les plus basses. Plus
d’une famille sur cinq se trouve notamment dans la tranche la plus basse. Ajoutons que
parmi les 17% de familles ne faisant pas calculer leur quotient familial, au moins la moitié
est composée de familles non francophones n’utilisant aucun service périscolaire.
Comme nous l’écrivions dans notre précédent courrier, grâce à la mobilisation de tous, et notamment des
équipes enseignantes, les établissements Pasteur ont réussi à fédérer ce quartier très hétérogène autour d’une
ambition : la réussite scolaire et le vivre ensemble, ce qui a permis à tous de profiter de la richesse de la
diversité du quartier.
Cependant, les difficultés apparues avec l’amenuisement des moyens de l’Education Prioritaire et notamment
la disparition effective du RASED nous font craindre, avec la sortie programmée du REP, que nos
établissements soient confrontés à d’énormes difficultés et perdent progressivement leurs équipes
enseignantes motivées. Nous craignons que dans cette situation les familles les moins défavorisées finissent
par se détourner de l’enseignement public, transformant ces établissements en « écoles-ghetto » et
transforment le secteur Pasteur en quartier à deux vitesses.
Nous espérons, Madame la Ministre, vous avoir fait comprendre combien l’équilibre de notre quartier est
fragile, ce qui est attesté par le placement en Vigilance de ce quartier en CUCS par le ministère de la Ville.
Le déclassement de nos établissements des Réseaux d’éducation prioritaire menace cet équilibre précaire.
Ceci est d’autant plus incompréhensible que le collège Pasteur accueille également les élèves du grand
ensemble particulièrement difficile du Vercors, situé dans le quartier Wallon également classé en CUCS.
Dans l’espoir que ces arguments vous auront montré combien le classement en REP de nos établissements
est indispensable, et dans l'attente d'une réponse favorable à notre requête, veuillez recevoir, Madame la
ministre, nos sentiments respectueux.
Pour la FCPE du groupe scolaire Pasteur de Villejuif
Le président du conseil local
Stéphane Vassout