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SOMMAIRE

TOP NEWS

44% des projets BTP utilisent le BIM.

Adoption du BIM depuis 2007, la

Finlande est précurseur en Europe.

En France en 2017, tous les marchés publics du BTP

devront être réalisés avec le BIM.

Bouygues BTP a réalisé le viaduc

d’Abidjan grâce au BIM en 2014.

Le marché de la construction devrait

atteindre 620 milliards de dollars en 2020.

8% des entreprises chinoises du BTP utilisent le BIM,

essentiellement pour l’hôtellerie.

75%

2050

% de personnes vivant en ville

400 villes de plus de 5 millions d’habitant en 2050

Surcoût d’un projet sans BIM

40 € / m2 / projet

40 % des coûts du cycle de vie du bâtiment sont liés à sa consommation énergétique

400

2050

BIMDe quoI parle-t-on ?

le BIM

Dans

le M

onD

eFacteurs De DéveloppeMent

Du BIM en France : la légIslatIon

vers De nouveaux MétIers

les acteursDu BIM

BIMréalIté augMentée

les BIM évent’

Focus sur un acteur

2 I&R - Watch - Mars 2015

l’avenIr nuMérIque Du BâtIMent

Un contexte urbain rapprochant l’I.T et le Bâtiment.

En 2050, 6,4 milliards d’humains sur Terre vivront en ville, soit 70% de la population mondiale. La planète comptera près de 400 villes de plus de 5 millions d’habitants.

L’ADEME identifie que les bâtiments sont en effet les plus gros consommateurs d’énergie en France. Le résidentiel tertiaire représente 44% de la consommation d’énergie et est le second secteur émetteur de CO2, devant les transports (32%) et l’industrie (21%). 40% des coûts sur le cycle de vie d’un bâtiment sont liés à la consommation énergétique.

De quoi parle-t-on ?

Ces dernières années, le Building Information Management se développe et vient impacter l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du bâtiment, de l’architecte au propriétaire en passant par l’assureur et le constructeur.

Le BIM n’a pas, aujourd’hui, une seule définition. Entre le « building information model », le « building information modeling », le « building information management » les acteurs français préfèrent employer l’expression « Bâtiment et Informations Modélisées » ou « maquette numérique » pour parler d’une base de données standardisée, unique et partagée par l’ensemble des acteurs, contenant toutes les informations techniques du bâtiment, depuis la conception jusqu’à l’exploitation et la maintenance et permettant de modéliser en 3D (ou plus, en ajoutant les dimensions de temps, d’évolution des coûts, d’évolution selon les conditions extérieures…) le bâtiment, chacune de ses pièces et des matériaux le composant. Le premier objectif est donc de pouvoir disposer d’une maquette interactive permettant de simuler divers scénarios de comportement du bâtiment en fonction de tel ou tel paramètre, environnemental ou énergétique par exemple.

Quels intérêts pour le BIM aujourd’hui ?

Le BIM connaît ces dernières années un regain d’intérêt du fait qu’il permet : - Une meilleure interopérabilité entre l’ensemble des acteurs. En effet, le manque d’interopérabilité dû aux rendus en version papier de chacun des acteurs impliqués entraîne un surcoût de 40€/m² par projet. Cette interopérabilité est facilitée par un format de fichier numérique commun à l’ensemble des acteurs, respectant la norme IFC (Industry Foundation Classes). - Cette interopérabilité permet un gain de temps dans l’étude et la constitution d’un projet de construction. - Grâce à l’ensemble des données le cycle de vie du bâtiment (PLM – Product Lifecycle Management) et sa maintenance prédictive sont facilités.

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MAITRISES

D’OUVRAGE

ARCHITECTES BUREAUX D’ÉTUDES

ENTREPRISES EXPLOITANTS

RESSAISIES / IMPORTS RESSAISIES / IMPORTS

INDUSTRIELS

RESSAISIES RESSAISIES RESSAISIES RESSAISIES

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BIM

MAITRISES

D’OUVRAGE

ARCHITECTES

BUREAUX D’ÉTUDES

ENTREPRISES

EXPLOITANTS

INDUSTRIELS

Le schéma ci-dessous permet de visualiser l’évolution qu’a permise le BIM dans les modes de travail. Il montre bien l’interopérabilité entre les acteurs grâce à une plateforme unique :

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Cependant la maquette numérique n’est pas tant une révolution. Le concept existe depuis une vingtaine d’années, sans pour autant avoir réellement connue une vraie envolée. Cela peut s’expliquer de différentes façons :- par une pression grandissante des donneurs d’ordres pour la maîtrise des délais, des coûts et de la qualité ;- par des contraintes techniques (stockage des données et rapidité de transmission notamment) jusqu’ici non maîtrisées et que l’évolution des infrastructures informatiques permet désormais ;- par une législation qui jusqu’ici n’obligeait pas les acteurs à y recourir.

Le digital apparaît donc aujourd’hui comme une des solutions facilitant la réponse aux enjeux futurs. C’est l’ensemble du secteur du bâtiment qui va devoir s’ouvrir aux objets connectés ou encore au cloud. BIM et réalité augmentée Une des technologies de plus en plus développée dans le secteur est la réalité augmentée.Le cycle classique de l’innovation fonctionne par un transfert de technologie du milieu professionnel vers le milieu grand public. La réalité augmentée suit, elle, un processus inverse.

Appliquée au secteur du BTP, cette technologie permet l’affichage d’informations virtualisées en superposition à l’environnement réel, au travers d’un écran. Elle permet donc de figurer le projet dans son environnement, tel qu’il sera une fois achevé, dans son contexte. A titre d’exemple, la start-up Daqri, installée à Los Angeles a développé en septembre 2014 un casque de protection sur lequel une visière peut être abaissée pour permettre de visualiser le chantier en réalité augmentée. Ce dernier est équipé de plusieurs capteurs, d’un processeur Qualcomm, d’un système d’exploitation Android et peut recevoir des informations d’une montre connectée.

C’est également le cas du groupe Colas, filiale de Bouygues, qui a développé le casque « Oscar » pour ses équipes de maintenance ferroviaire. Outre le fait d’éclairer à 5 mètres pour les interventions nocturnes, il est capable de détecter les réseaux électriques haut voltage à proximité afin de prévenir tout risque d’électrocution ou encore de permettre aux équipiers de communiquer entre eux jusqu’à 250 mètres de distance par un système de reconnaissance vocale. Il devrait prochainement être amélioré en intégrant une visière de réalité augmentée développée par la société californienne Atheer Labs.

Pour la responsable Environnement Virtuels Enrichis du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), l’intérêt des personnes intervenant sur les chantiers passera également par d’autres supports. « Il faut viser les smartphones et les tablettes, qu’ils utilisent déjà, pour qu’ils s’approprient la technologie de réalité virtuelle ». Cette technologie opérera d’ailleurs une convergence avec le BIM : « Il faudra faire le lien avec des applications de type Product Lifecycle Management ». Sur les chantiers, outre la visualisation de l’information, il peut être nécessaire de faire circuler l’information « terrain » en faisant remonter les problèmes constatés aux autres acteurs, dans une approche collaborative. « Il ne faut pas que la technologie se borne à de la visualisation, ce serait trop limité », estime-t-elle.

© DAQRI - Casque de chantier équipé de la technologie de réalité augmentée

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Vers de nouveaux métiers : le BIM Manager

L’ensemble de ces technologies adaptées aux besoins du marché du bâtiment font nécessairement évoluer les métiers du secteur. L’apport des nouvelles technologies en général, et du BIM en particulier, bouscule la façon de travailler de chacune des parties prenantes.

Une nouvelle fonction est née : le BIM Manager. Le profil ? Le plus souvent un ingénieur ou architecte, très au fait des nouvelles technologies et assistant le directeur technique ou l’architecte responsable du projet de construction. Par sa maîtrise des logiciels de modélisation en plusieurs dimensions, il pilote la réalisation de la maquette numérique du projet en y associant les éléments fournis par les différentes parties prenantes. Il réduit le temps d’implémentation des solutions de chaque corps de métier. BIM Manager est un travail collaboratif et occupe donc une fonction centrale et transversale. Le travail de l’architecte est donc à la fois facilité et optimisé.

Beaucoup d’entreprises recrutent aujourd’hui à ce poste, devenu stratégique dans le secteur. Reste qu’encore peu de personnes sont formées à ce métier. D’où l’émergence de nombreuses formations, en master, au sein de structures professionnelles ou encore directement en ligne (MOOCs) pour développer ce métier. C’est le cas au sein du pôle de compétitivité S2E2 qui propose 3 jours de formation autour de la maquette numérique. Les besoins en ressources qualifiées sont importants et il n’y a pas que les architectes qui soient impactés par l’arrivée du BIM. Les entreprises de construction sont également impactées.

Les chefs de projets doivent désormais proposer des solutions techniques innovantes en fonction du cycle de vie et du comportement anticipé du bâtiment. Ils doivent notamment fournir des données dématérialisées sur les produits et matériaux qu’ils proposent. « Le BIM nous permet de ‘‘construire avant de construire’’ », estime Gaëtan Desruelles, Directeur Général adjoint en charge de la R&D et de la Construction Durable chez Bouygues Construction.

Une fois la construction achevée, le BIM poursuit son utilité. La gestion intelligente du cycle de vie du bâtiment permet une meilleure maîtrise des coûts d’entretien. Par ailleurs, plus besoin de percer un mur pour savoir comment il a été bâti et avec quel matériau : la visualisation BIM renseigne sur les matériaux employés, leurs agencements et leurs caractéristiques techniques, jusqu’à une précision pièce par pièce.

La maquette numérique impacte également l’assureur. Elle permet une baisse du niveau de risque dans la gestion du bâtiment et l’oblige à repenser ses conditions contractuelles.

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Les acteurs du BIM

Le marché en France

Le 9 mars dernier, une quarantaine d’acteurs français (éditeurs de logiciels BIM et fournisseurs de services de modélisation pour la filière BTP numérique) du BIM ont décidé de se rassembler afin de créer le groupe « BIM Editeurs ». Ce dernier sera l’interlocuteur essentiel pour répondre aux enjeux du Plan de Transition Numérique du bâtiment. Il sera intégré au sein de Mediaconstruct qui est un « chapitre » de BuildingSMART International qui est une organisation internationale qui vise à améliorer l’échange d’informations entre les applications logicielles utilisées dans l’industrie de la construction. Cette organisation est divisée en chapitre, Mediaconstruct en est le chapitre français.

Le but est d’adapter l’offre aux spécificités du marché français, créer un contact référent pour le BIM/BTP et établir une synergie entre les acteurs. Une grande attention sera portée à l’OpenBIM qui est une approche universelle à la conception collaborative, à la réalisation et à l’exploitation des bâtiments basés sur les normes ouvertes et libres de droit et des flux de travail (c’est à dire l’interopérabilité des acteurs).

L’OpenBIM permet:- un workflow transparent et ouvert, permettant aux membres du projet de participer quels que soient les outils logiciels qu’ils utilisent ;- un langage commun pour les processus largement référencés ;- de stimuler les solutions en ligne afin de livrer les données directement dans le BIM ;- aux fournisseurs de logiciels de participer quel que soit leur taille afin de rivaliser pour faire ressortir le meilleur de sa catégorie…

Acteurs clés :

Les principaux constructeurs utilisant le BIM :- BOUYGUES Travaux Publics- EIFFAGE TP- FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics)- SPIE- VINCI CONSTRUCTION France

Les principaux éditeurs de logiciels français : - Dassault Systèmes- GRAPHLAND - Groupe ARCHIVANT- LASCOM

La concurrence est rude avec des entreprises telles que Bentley, Autodesk, ArchiCAD ou encore Tekla. Ces géants du BIM s’allient souvent avec les grands groupes de construction comme ce fut le cas entre Bouygues Construction et Autodesk en 2011.

Le marché est actuellement en cours de structuration du fait de l’arrivée prochaine de la réglementation sur le BIM en 2017

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« l’un des sujets sur lesquels nous avons activement travaillé ces dernières années est l’amélioration et l’amplification de la communication directe avec notre base d’utilisateurs. L’obligation du BIM en 2017 en France permettra au pays de devenir un leader dans ce domaine »

Innovation et partenariat • Autodesk et Schneider ont signé un accord le 10 mars 2015 pour renforcer leur collaboration dans la construction et la gestion du cycle de vie du bâtiment. Le but est de produire des bâtiments moins énergivore de sa conception jusqu’à sa fin de vie. Les deux partenaires travaillent sur plusieurs sujets : - la gestion de l’énergie - la gestion des données du bâtiment et le contrôle (exemple : smartmeter) - la gestion de l’espace de travail

• Le 5 mars 2015, Autodesk a créé le fonds d’investissement Spark afin d’investir dans les start-ups et la recherche du domaine de l’impression 3D. Par le biais de ce fonds, Autodesk accentue sa présence dans ce domaine. Plus tôt dans l’année il avait déjà lancé Momento, un logiciel open source gratuit. Le fonds vise à renforcer l’écosystème de Spark et stimule l’innovation pour des projets 3D plus abouti.

• Le projet Momento a été lancé en 2014 mais ce n’est qu’en février 2015 que Autodesk a proposé une version gratuite et libre de droit. Ce logiciel permet d’effectuer une capture numérique du réel. Cette solution est connectée au cloud. Elle donne la possibilité de visualiser un univers tridimensionnel mais aussi de le modifier. Cette application permet aux acteurs du BIM d’effectuer des modélisations rapides d’un environnement afin d’en modifier les paramètres.

Stratégie AutodeskAutodesk est l’un des acteurs majeurs du BIM. L’entreprise met l’accent sur le concept de PLM (Product Lifecyrcle Management) dans le Cloud. Le PLM permet de gérer le bâtiment depuis la phase de construction jusqu’à sa phase de maintenance et d’exploitation. C’est dans cette optique que Autodesk a lancé la solution « Autodesk PLM 360 » qui a pour but de rendre les processus de gestion de cycle de vie plus efficace. En janvier 2015, A2K Technologies a annoncé qu’elle certifiait la solution « Autodesk PLM 360 Conseil » en Australie. A2K Technologies est spécialisé dans la conception, le développement et la commercialisation de systèmes informatiques novateurs pour le contrôle et la mesure dans le but de produire des processus performant et des modèles.

La politique d’Autodesk sur la norme IFC Autodesk promeut largement les standards ouverts, dont notamment les IFC, pour tous ses produits AEC (Architecture, Ingénierie et Construction). L’entreprise est co-fondatrice de l’IAI (International Alliance for Interoperability) avec AT&T, qui est par la suite devenu BuildingSMART International. Cette alliance a été créée afin de donner naissance à un standard ouvert de l’industrie du BTP : le format IFC, qui est désormais la référence mondiale. Pour le marché européen, la priorité première est l’intégration des IFC dans Revit. D’après Angel Velez, Ingénieur Développement en Chef Senior chez Autodesk,

Implantations d’ Autodesk dans le monde - 2015

Logiciels les plus utilisés selon le rapport NBS de National Bim Library

Autodesk est une société américaine créée en 1982 par John Walker. Cette entreprise conçoit des logiciels CAO. Elle compte actuellement 7 390 employés dans le monde pour un chiffre d’affaire de 2,51 milliards de dollars. Les logiciels d’Autodesk sont utilisés par 12 millions de professionnels. Elle est inévitable dans le paysage du BIM grâce à des licences telles que AutoCAD et Revit. Ce dernier est un logiciel phare d’Autodesk capable de planifier et de suivre toutes les étapes du cycle de vie d’un bâtiment.

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Le facteur de développement du BIM en France : la législation

Le BIM connaît aujourd’hui un regain d’intérêt comme mentionné plus haut, notamment du fait d’une contrainte législative à venir.

Le BIM au niveau européen

La directive Européenne « marchés publics » votée le 15 janvier 2014, encourage les pays de l’UE à l’utilisation du BIM dans leur projet de construction. Celle-ci prévoit que les 28 États membres de l’UE pourront tous encourager, spécifier ou rendre obligatoire d’ici à 2017 l’utilisation de la modélisation des données du bâtiment pour les projets de construction et de bâtiments financés par des fonds publics. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Norvège imposent d’ores et déjà cette condition aux marchés publics dans le bâtiment.

La législation BIM en France

La France, plus grand marché de construction d’Europe, va donc très prochainement se mettre à leur niveau : les nouveaux bâtiments publics de plus de 2000 m² devront tous faire l’objet d’une gestion par le BIM à partir de cette date. Plus précisément, ce sont dans un premier temps les bâtiments d’Etats puis dans un second temps, ceux des collectivités territoriales qui seront concernés

En janvier 2015, la ministre du logement Sylvia Pinel a lancé le Plan de Transition Numérique du Bâtiment doté de 20 millions d’euros pour accompagner les acteurs du bâtiment dans leur transition numérique. Pour piloter ce projet elle a nommée comme pilote M. Bertrand Delcambre, qui a publié en décembre 2014 un rapport sur les mesures à prendre pour aider le secteur du bâtiment à généraliser l’usage du numérique. Les acteurs prennent déjà les devants en introduisant dès maintenant l’exigence BIM dans leurs appels d’offres.

La reconstruction de l’hôpital d’Ajaccio a été le 1er marché public 100% BIM lancé en 2013. Le maître d’ouvrage avait exigé dans le règlement de consultation et dans le cahier des charges le BIM pour chaque phase du projet. Les candidats à cet appel d’offre ont donc dû expliquer comment ils comptaient s’organiser : quel était leur responsable BIM, quels étaient les formats de livraison (fichiers natifs ou fichiers au format international IFC) et également sur leur façon d’utiliser la maquette numérique. Ce marché, de 36 000 m² et plus de 135 millions d’euros d’investissement, a été remporté par le cabinet d’architectes AART Farah en collaboration avec la société MBA Ingénierie en charge du BIM management du projet. Ces derniers avaient alors utilisés la suite logicielle « Revit » de l’éditeur spécialisé Autodesk (cf. fiche acteur en page 7).

Plus récemment, en juin 2014, c’est le marché de la rocade L2 de Marseille, remporté par Bouygues TP et Egis, qui est géré grâce au BIM, dans le cadre d’un partenariat public-privé. « Le premier enjeu sur ce projet a été d’établir un lien de confiance entre les équipes sur l’avancement du projet et face à leurs préoccupations réciproques. Nous avons donc créé un espace de partage en temps réel des données en cours de conception, véritable système d’information sur la progression de la conception du projet », indiquent Christophe Castaing, directeur du projet BIM chez Egis, et Pierre Benning, directeur informatique chez Bouygues Travaux Publics en charge de l’implémentation du BIM sur le projet.

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Le BIM dans le monde : similarités et différences

L’AMéRIQUE

USA & Canada

En 2014, l’Administration des Services Généraux (GSA) aux U.S.A. est un pionnier dans la préconisation de l’adoption du BIM pour les projets dans le secteur public. Il a aussi développé une suite de directives BIM.

L’application du BIM par les entreprises américaines et canadiennes est très importante. Aux États-Unis, à peu près 44% des entreprises intègrent le BIM dans la conception d’un bâtiment.

Les trois avantages majeurs sont : - l’amélioration de la conception des projets,- une meilleure communication et compréhension du projet grâce à la visualisation 3D,- l’amélioration de la productivité du personnel.

L’Institut pour le BIM au Canada en partenariat avec Digicon Information Inc. est en train de mener une enquête pour comprendre l’adoption du BIM dans une perspective nationale. Les enquêtes nationales sont également en cours simultanément au Royaume-Uni, Finlande, Danemark, République Tchèque et en Australie. L’enquête est conçue pour saisir à un instant T le nombre d’entreprises canadiennes qui utilisent le BIM comme un processus. En plus de recenser les projets des entreprises, l’enquête permet aussi de déterminer les différents axes stratégiques du BIM et les fonctions de logiciel utilisés.

Le BIM est bien intégré dans les entreprises du fait des investissements effectués dans la technologie et dans la formation des salariés. Ainsi les licences sont acquises et maîtrisées depuis longtemps. Les entreprises américaines utilisent ces outils pour des projets de construction de bâtiments publics (institutions et administrations). Alors que de son côté le Canada utilise la technologie BIM dans la réalisation de projets d’infrastructures du type route, ponts ou encore tunnels...

L’EUROPE

Le territoire européen utilise le BIM pour les grands projets de construction (spécialement en Angleterre) et pour des projets de bâtiments commerciaux en France et en Allemagne. Ce n’est pas un sujet nouveau, il subit une forte implémentation récemment due au fait que la technologie devient plus abordable. On constate une nette augmentation des utilisateurs depuis 5 ans. 41% des acteurs du BTP utilise le BIM depuis 3-5 ans contre 9% il y a 11 ans. Ceux-ci constatent un

retour sur investissement sur 3 points :- une meilleure communication et compréhension des projets grâce à la visualisation 3D, - une amélioration de la conception des projets, - une baisse des coûts du projet.

Le BIM prend une place importante dans la phase de construction en Allemagne via l’utilisation de la réalité augmentée et le laser scanning.Le vice-président d’Autodesk Phil Bernstein précise que l’industrie allemande est extrêmement conservatrice indiquant que les Américains utiliseront une partie de logiciel s’il répond à 80 % de ce qu’ils attendent, tandis que les allemands veulent que celui-ci corresponde exactement.

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Pays Nordiques

Depuis 2007, les pays nordiques sont les précurseurs du BIM. Les normes BIM du secteur public sont déjà en place en Norvège, au Danemark, en Finlande et en Suède. Leurs attentes en matière de BIM sont souvent plus exigeantes en termes d’interopérabilité. Notons que ces pays se concentrent sur les fournisseurs locaux de solutions, tels que Solibri ou Tekla.

En 2002 la Confédération d’Industries de Construction Finlandaises a décidé de considérer le BIM comme un élément principal de la stratégie technologique. Il a été intégré sans protestation dans le monde de la construction. Il est devenu un outil « habituel » dans beaucoup de projets.

UK

Le Royaume-Uni est un précurseur dans le domaine du BIM. Le gouvernement a établi en 2013 une stratégie dédiée à la construction avec des objectifs pour 2025 : - la baisse des coûts de construction, - rapidité de livraison des bâtiments,- la baisse des émissions de CO2.

MOyEN ORIENT

Le Moyen-Orient est une région dynamique, les estimations de croissance sont encourageantes pour 2015 (3,5% en moyenne) et restent soumises aux aléas politiques. Ceci-dit, la démarche des gouvernements est en marche afin d’offrir des infrastructures de transport de calibre international. Les solutions de conception 3D aideront l’industrie ferroviaire du Moyen-Orient à réduire le risque et livrer des projets plus réussis et rentables.

Le Moyen-Orient est un territoire en constant changement dû à sa forte attractivité. Pour faire face à ces évolutions, un projet d’expansion ferroviaire d’une valeur de 50 milliards est prévu. Ce projet sera basé sous une solution adoptant le BIM afin de répondre à la demande dans une contrainte de temps. Le projet Middle East Rail 2015 est porté par Autodesk ainsi que Gulf Cooperation Council (GCC) lui même composé des pays suivants : Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Chacun des États contribuent au projet en bâtissant une section de la ligne. Ce projet comprend la conception et le placement des stations et gares ; la planification de projet de chemin de fer et la conception des voies ferrées.

Pour ce territoire, le Moyen-Orient souhaite se positionner comme un centre d’innovation leader dans le domaine d’infrastructures de transport dites durables.

ASIE

Depuis 2012, les investissements sur le marché de la construction sont en augmentation. Le BIM y prend une place importante mais diversifiée. Les projets de BIM touchent de nombreux secteurs et notamment l’hôtellerie.

Actuellement à Jakarta, le cabinet d’architecture danois AG5 et son partenaire local Pandega Desain

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Weharima dirigent la création de la Gran Rubina Tower, un bâtiment de 22 étages qui devrait consommer 30% moins d’énergie que les autres gratte-ciels. Pour se faire les deux acteurs sont passés par le logiciel AECOsim de Bentley. Cette entreprise a été sélectionnée car elle offre un bon service de transfert de fichiers et de collaboration via Internet. De plus, la solution AECOsim a permis de réaliser, entre autre, l’étude d’exposition solaire et de déterminer son impact sur l’immeuble. Un alignement a donc été déterminé afin que l’impact de l’astre soit moindre. La fin du chantier est prévue pour 2018 et le cabinet a misé sur le BIM pour la durabilité et l’efficacité énergétique du bâtiment. Pour nous autre occidentaux, cela peut ne pas avoir de sens ; mais, sur un territoire ou un des principaux poste de dépense de consommation d’électricité dans un bâtiment est l’air conditionné, on peut facilement comprendre l’intérêt économique et écologique de ce processus.

Fergus Dunn, Directeur des Solutions industrielles de Bentley Systems, voit l’Asie du Sud-Est comme un marché clé pour le BIM et le green building. L’Indonésie n’est pas le seul pays d’Asie à se diriger vers le BIM afin d’optimiser ses constructions.

Chine

L’autorité de Logement de Hong-Kong a établi l’objectif d’appliquer le BIM dans tous les nouveaux projets immobiliers avant 2014. Il a aussi développé un ensemble de normes posant des directives pour l’efficacité, la création de modèle, la gestion de projet et la communication entre les opérateurs. Malgré cela, le BIM peine à démarrer dû à plusieurs facteurs.

Sur le territoire chinois, le BIM est utilisé pour des projets de haut niveau, cependant seuls 33 entreprises du BTP sur 388 affirment utiliser cette technologie. Hong Kong fait actuellement face à une hausse des coûts de construction. Selon le cabinet Langdon & Seah conseil, cette inflation représente 9 % des travaux de construction et 7 % des travaux de génie civil ; elle est due à plusieurs facteurs : - la main-d’œuvre disponible, - la capacité générale de l’industrie, - le volume de demande, - les prix de marchandises.

Le BIM aurait pour avantages de faciliter la gestion des projets et leurs exécutions, d’avoir un meilleur contrôle des processus de construction et d’améliorer la collaboration interdisciplinaire. « Tout cela permet de construire plus vite », dit Malcolm Johnston, directeur exécutif de Langdon & Seah conseil.

Le BIM reste un « plus » pour le design de bâtiment, il représente un coût dans l’achat d’un logiciel et dans la formation. Le frein d’application du BIM vient aussi : - d’un principe davantage lié aux habitudes de travail des salariés chinois. Une rupture, telle que le BIM, représente une fracture importante.- d’un souci de formation. Selon Phil Bernstein, le vice-président de Autodesk, les logiciels utilisés en Chine sont en grande partie piratés et leur utilisation peut être un challenge face à des salariés ayant peu de formation sur la technologie. - de la loi. En effet, la loi chinoise stipule que le design d’un bâtiment ne doit pas impliquer le constructeur, ce qui va à l’encontre du BIM reposant justement sur l’interopérabilité entre les acteurs.

La valeur ajoutée recherchée par le BIM en Chine n’est pas, contrairement aux autres pays, l’efficacité ou l’efficience dans la construction du bâtiment ; l’objectif recherché est de rentabiliser la force de travail de manière intensive.

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Inde

En Inde, le marché de la construction pèse 140 milliards de dollars et devrait atteindre 620 milliards d’ici 2020. C’est un secteur en plein boom.

Le BIM est utilisé dans le secteur de l’hôtellerie de luxe où il est présent dans 5 à 10% des constructions. L’industrie est toujours en train de se former sur les outils technologiques liés

au BIM. Le prix élevé des licences d’utilisations des logiciels représente un frein, tout comme la formation des personnels. De plus, l’Inde étant en pleine expansion, le secteur doit avancer vite pour répondre à de nombreuses demandes à un prix raisonnable. Il y a donc des contraintes de prix et de temps qui ne peuvent être sous estimées. Le secteur public ne l’a pas encore inclue dans ses plans.

Pourtant en utilisant le BIM l’Inde pourrait gagner en rapidité, faire des économies sur les matières utilisées, planifier les risques et faciliter la logistique. Ce sont les constats des groupes étrangers qui ont, eux, appliqué cette méthode pour la construction. En passant des contrats avec des entreprises locales, ils mettent à disposition les outils et leurs connaissances du BIM afin de faire face à la concurrence sur le marché indien. C’est le cas pour Autodesk qui fournit le logiciel Revit à Jurong Consultant India. Ceci dit, malgré un léger retard, il est important de noter que l’Inde multiplie les événements sur le BIM dans le but de remédier au manque de formation et de connaissance dans le domaine. On peut notamment mentionner le Building Information Modeling Summit India (2013) ou le Indian Lean Construction Conference (2015).

Japon

Le Japon est le pays le plus avancé : les acteurs utilisent le BIM depuis 3 à 5 ans, ce qui leur permet d’avoir un premier retour d’expérience sur les projets déjà établis.

Le BIM est ainsi utilisé pour la construction de bâtiments commerciaux et industriels de type manufacture. Selon l’enquête effectuée par McGraw Hill Construction, le retour sur investissement des utilisateurs de cet outil est souvent :- l’amélioration de la communication entre les différents acteurs,

- la baisse des coûts, - l’amélioration de la conception des projets.

Une importance est aussi donnée à la phase de post-construction. En effet, le Japon se situe dans les pays qui misent le plus sur cette étape pour la préparation d’un modèle final pour le propriétaire.

Singapour

A Singapour, le Building and Construction Authority (BCA) a établi une feuille de route en 2010 pour le développement du numérique dans la construction. Le processus de soumission de projet en ligne, le « e-submission », a été créé en 2011 afin de simplifier les démarches. Actuellement plus de 200 projets ont été approuvés via ce programme. D’après le rapport de Bertrand Delcambre datant de 2014, « cette feuille de route a été mise en place avec pour objectif que 80% des chantiers soient réalisés avec le BIM d’ici à 2015 et 100 % en 2016. » Le gain de productivité devrait atteindre 25% d’ici 2025.

De plus, un fond spécifique au BIM est mis en place pour aider les acteurs à faire évoluer leurs méthodes de travail (prise en charge à hauteur de 50%, avec des montants plafonnés, de coûts de formation, d’équipements, de logiciel et de main-d’œuvre).

2014 2020

140 milliards

620 milliards

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AFRIQUE

Avec un milliard d’habitants, 5% de taux de croissance par an et des villes en pleine expansion, le marché africain est un terrain de développement pour le BIM, bien que celui-ci reste limité.

Exemples de deux ouvrages :

En Afrique du Sud, un événement a grandement contribué à l’implantation du BIM, la coupe du monde de football. En effet il était nécessaire de faire appel à cette technologie afin de répondre aux exigences de sécurité et de temps dûes au calendrier. C’est Telka Structure BIM software qui s’est attelé à la tâche afin de construire 5 stades.

En 2014, en Côte d’Ivoire lors de la création du viaduc d’Abidjan, le BIM a été nécessaire pour répondre aux contraintes telles que l’emplacement, la densité du trafic, la composition du terrain de construction… Le temps de construction et les impératifs budgétaires étaient aussi deux facteurs importants dans le processus de construction. Cet ouvrage a été réalisé par Bouygues construction DTP Terrassement.

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BIM World 2015

25 et 26 mars 2015

Paris

www.bim-w.com

1ère journée :maquette numérique pour les architectes

18 juin 2015

Paris

Innovative City

24-25 juin 2015

Nice

www.innovative-city.com/

BIM Show Live

8 et 9 avril 2015

Manchester

www.bimshowlive.co.uk

ICE BIM 2015

21 octobre 2015 Londres

www.ice-conferences.com/ice-bim-2015

BIM workshops

11 et 12 juin 2015Phoenix

5-7 Août 2015 Omaha

1-2 octobre Anaheim

29 octobre Hawaï

bim-workshops.com

Les évènements à venir dans le monde autour du BIM

Le BIM dans le monde : similarités et différences

Pôle de compétitivité Images & RéseauxCampus de Beaulieu (case 901),

263 av du Général Leclerc,CS 74205,

35042 Rennes Cedex, France

www.images-et-reseaux.com