Petite histoire de

L'ESTAMPE

L'estampe est un art en soi qui fait appel à tout un

ensemble de techniques de transfert d'images, permet-

tant impression et reproduction.

Pratiquée il y a deux millénaires avec l'estampage,

l'estampe a pris son essor avec la gravure sur bois puis,

sous différentes formes, la gravure sur métal et dès le

XIXe siècle avec la lithographie et la sérigraphie, sans ex-

clure l'appel au XXe siècle à d'autres supports (lino, verre, vinyle...).

Comme en imprimerie, le noir y a toujours joué un

rôle primordial.

L'estampage

L'estampage ou frottis est la première technique connue.

Il s'agit à l'origine de pierres polies gravées en relief ou en creux, souvent striées, puis de briques d'argiles, en Chine à la période Han, il y a deux millénaires. Recouvertes d'un fin papier de riz qu'on humecte et fait adhérer à la pierre, on frotte le papier avec un coussinet imprégné d'encre pulvérisée noire ou rouge; on ob-tient alors une reproduction où les creux apparaissent en blanc.

Les premiers estampages sur des pierres gravées qui nous sont parve-nus datent de 1500 ans. Période Han < Scène de cavaliers Scène de chasse et de moisson >

La gravure sur bois

La xylographie ou gravure sur bois ou taille d'épargne est une gravure en relief, c'est à dire que les reliefs sont les parties en-crées.

Elle est de deux types suivant le sens de la coupe du bois, sur bois de bout, bois coupé perpendiculairement aux fibres qui permet un travail d'une grande précision et gravure sur bois de fil dans le sens de la fibre.

A l'origine essentiellement monochrome, utilisant une planche à graver unique, l'usage de plusieurs planches et de tirages super-

posés a permis des œuvres polychromes.

gravure sur bois de bout < Gustave Doré Création de la lu-mière (gravé par Héliodore Pisan)

gravure sur bois de fil Félix Vallotton La nuit >

En Chine des gravures ont été effectuées sur bois dès le XIIIe siècle.

Billet de banque chinois ci-contre le bois gravé et un tirage en noir de ce bois.

En Europe, à la Renaissance, de grands maîtres de la xylographie :

Albrecht Dürer Le char triomphal

de l'Empereur Maximilien I >

Lucas Cranach La crucifixion >

< Hans Baldung Grien Autopor-trait

Pratiquement abandonnée en Europe au profit de la gravure sur métal, la xylogravure restera cantonnée à l'art populaire : réalisa-tion des cartes à jouer, de divination et d'images de dévotion.

Elle sera réhabilitée au XXe siècle par l'expressionnisme. Les expressionnistes allemands ont souvent utilisé plusieurs planches pour la mise en couleurs.

Erich Heckel Portrait d'homme > (autoportrait) Ernst Kirchner Flâneurs dans la rue > < Wassily Kandinsky Der Blaue Reiter (couverture de l'almanach)

En France, une autre forme de l'expressionnisme avec les "nabis"

< Félix Vallotton C'est la guerre

Maurice Denis La Sagesse de Paul Verlaine >

des gravures essentiellement en noir

L'estampe japonaise

L'estampe japonaise est de la xylographie. L'impression est faite à

la main, avec un outil composé de rondelles de carton recouvertes d'une feuille de bambou, le "baren". Les premières estampes con-nues sont originaires de Kyoto et Osaka, à la fin du XVIe siècle puis à Edo. Elles deviendront au XVIIIe siècle, le célèbre ukiyo-e (image du monde flottant) et seront polychromes.

< Ise monogatari (divertissement de la noblesse) le plus ancien tirage conservé. -

Moronobu Jeune dandy et sa maî-tresse impression en noir colorée >

< Hokusai Averse au pied du mont Fuji

Utamaro Belle se teignant les dents en noir >

Hiroshige Vue de Kanaza-wa sous la pleine lune >

Nombreux, ils influenceront l'art occidental, dont Van Gogh.

La gravure sur métal

La chalcographie ou gravure sur métal est une gravure prati-quée sur plaques de cuivre ou de zinc. Les motifs du dessin sont gravés en creux et l'encre appliquée sur la plaque gravée reste en réserve dans les creux, les parties vierges donnant les blancs à l'impression, à l'inverse de la gravure en relief.

Les procédés sont divers : la taille directe ou taille-douce réalisée avec une pointe-sèche ou un burin, la taille indirecte ou eau-forte, la plaque recouverte d'un vernis qui, gravé, sera mise à nu puis attaqué dans un bain d'acide nitrique ou "eau-forte". D'autres

procédés, aquatinte, vernis mou... utilisent le même principe per-mettant grisailles ou effets spéciaux. Ces techniques peuvent être combinées entre elles.

Elle vit le jour au XVe siècle et permis la diffusion de copies d'œuvres de peintres et de documents archéologiques, puis d'il-lustrer des gazettes.

Schongauer fut le grand diffuseur de la gravure en taille-douce et Dürer l'inventeur de l'eau-forte. Quant à Rembrandt, il a été sans

aucun doute le plus grand graveur de taille-douce de tous les temps.

Martin Schongauer < Ecce Homo

Albrecht Dürer Le Chevalier, la Mort et le Diable >

Rembrandt

< Les trois croix

La mise au tombeau > Ci-contre deux états mon-trant comment Rembrandt fait surgir la lumière du noir.

premier et dernier état

Des graveurs ont de tout temps interprété des œuvres de peintres, comme en Flandres, à la Renaissance, les Sadeler.

En France Jacques Callot a réalisé plus de 1500 gravures.

< Marten de Vos Le vieux Romaldum instrui-sant Saint Marin (gravé par Jan Sadeler)

Jacques Callot > L'arbre aux pendus (extrait de Grandes misères de la guerre)

Au XIXe siècle, Francisco Goya réalisera 200 gravures sur cuivre. Il sera aussi l'inventeur de l'aquatinte et de la lithographie.

< Francisco Goya Les ravages de la guerre (extrait de la série Désastres) Rodolphe Bresdin La fuite en Egypte (détail) >

Si la gravure a perdu de son importance avec l'invention de la photographie, dans la presse et la littérature en particulier, elle ne fut pas pour autant abandonnée.

Otto Dix < Maison détruite par les bombes en écho aux Désastres de Goya.

Georges Rouault Princeps iuventutis (extrait de Passion sur un texte de Suares) >

Des tirages polychromes, comme en xylogravure, ont été effectués dans la seconde partie du siècle dernier ou aujourd'hui.

Hans Hartung < G1953-7 Pierre Alechinsky Astres et désastres (n°2) > en portofolio d'un texte de Joyce Mansour.

La lithographie

La lithographie fait appel à une dalle de calcaire très pur,

parfaitement polie sur laquelle l'artiste exécute son oeuvre avec crayon ou encre lithographique. Après fixation du dessin par un acide et humidification de la pierre, l'encre appliquée ne reste que sur le dessin réalisé et permet son impression. Inventée à fin du XVIIe siècle, elle a eu une grande diffusion, en particulier pour réaliser des affiches et l'illustration de livres.

Toulouse-Lautrec < Affiche "La Revue blanche"

Fernand Léger Paris ma ville > sur un texte de Blaise Cendras.

La sérigraphie

La sérigraphie fait appel à un écran de soie tendu dont les maille qui ne doivent pas laisser passer l'encre sont obstruées. La

pression d'une raclette fait adhérer l'encre qu'elle applique sur le papier placé en dessous. C'est une amélioration du pochoir. Technique très utilisée aujourd'hui pour tirages de grand format.

Andy Warhol Ladies and Gentlemen (extrait) Ernest Pignon-Ernest Rimbaud (entre Valencienne et Paris) sans titre (à Naples)

Parcours Jean Genet (à Brest) affichages sur les murs de nombreuses villes dont Naples, Paris, Alger...

La linogravure

La linogravure fait appel à un aggloméré de poudre de liège avec une structure très homogène qui permet des contours nets. Elle est, proche de la xylographie, une gravure en relief.