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michele angelo murgia

Qu'est-ce que letemps?

- Collection Philosophie -

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Table des matiresQu'est-ce que le temps?..............................................................................1

Qu'est-ce que le temps?.......................................................................2Avant-propos.......................................................................................5Urgences..............................................................................................7Dveloppement durable.....................................................................15Cause premire ... cause toujours !....................................................34Introduction.......................................................................................49Les ges de l'univers..........................................................................51Les ges du Soleil..............................................................................78Les ges de la Terre...........................................................................82Les ges de l'homme et de la femme.................................................91Les ges des autres tres vivants.....................................................102Les ges des atomes et des particules..............................................107Qu'est-ce que le temps lui-mme donc?..........................................113Hypothse 1 (idalisme philosophique)..........................................129Hypothse 2 (matrialiste, nergtiste)...........................................172Le temps objectif.............................................................................186Lien entre temps objectif et temps psychologique..........................218Antriorit, postriorit...................................................................229Identit, permanence, devenir, mouvement.....................................232Temps continu vs. Temps discontinu..............................................243Le temps est-il dur (ou mou), est-il vanescent (ou persistant).......257Le temps comme rcipient .........................................................267Le voyage dans le temps est-il possible?...................................270Temps psychologique......................................................................287Existe-t-il une (des) loi(s) du temps ?..............................................309Continuum espace-temps-nergie-matire......................................316Temps cosmologique vs temps subjectif.........................................318Prsent, pass, futur.........................................................................328Cas particulier et paradoxal du prsent ......................................333Le temps sociologique.....................................................................343Le temps de travail..........................................................................346

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Table des matiresQu'est-ce que le temps?

Mouvement priodique (comme instrument de mesure).................352Subdivisions du temps.....................................................................358Le paradoxe du temps quantique ...............................................363La flche du temps...........................................................................416L'histoire du temps...........................................................................455En guise de mise au point................................................................462

Petite promenade dans les jardins de la pense de Dmocrite, de l'Acadmie, de l'Ecole Pripatticienne et de leurs disciples.................................................................................464

Conclusion provisoire......................................................................470Post Scriptum...................................................................................490Post Post Scriptum:..........................................................................496Florilge...........................................................................................499

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Qu'est-ce que le temps?

Auteur : michele angelo murgiaCatgorie : Philosophie

Qu'est-ce que le "temps" ? Che cos' il tempo? Voil la plus simple maisaussi la plus difficile question en physique aussi bien qu'en philosophie. Jelivre ici ma (trs) modeste rflexion : il s'agit d'unerandonne dans les diffrentes coles philosophiques & dans lestergiversations ontologiques annexes(NB Cet essai est toujours enconstruction et le contenu volue donc avec ...le temps). Les commentairessont non seulement les bienvenus, mais hautement apprcis, les critiquesde mme. De temps en temps, un "dpoussirage" stylistique s'impose.

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Che cos' il tempo ? What is time ? ?

Philosopher nest pas parler de philosophie mais vivre saphilosophie. pi , & # 9 5 7 ; & # 9 5 3 ;& # 9 4 6 ; & # 9 5 9 ; & # 9 6 5 ; & # 9 5 5 ; & # 8 0 5 7 ; & # 9 5 7 ; & # 9 5 9 ; & # 8 0 0 0 ; & # 9 6 6 ; & # 8 0 5 5 ; & # 9 5 5 ; & # 9 5 3 ; . (littralement : Toi-mme, si tuveux devenir Socrate, mne ta vie comme si tu tais Socrate) pictte, Enkheiridion ou Enchiridion (le Manuel), compil par FlaviusArrianus Philosopher, ce n'est pas dsirer la sagesse, c'est dsirer le dsir. Jean-Franois Lyotard, Pourquoi philosopher ? Puf, 2012

La philosophie n'a de sens que si on la partage. Michel Onfray, dans l'mission Empreintes A mon papa et ma maman qui je dois la vie Et aussi :

A mon ami Fernando, sans-domicile fixe dont l'htel est la Grande Ourse et qui aprsune vie de labeur, a lgance suprme offert sa maigrepension ltat qui l'a rejet. C'est donc ltat qui vit ses crochets...

Je ddie galement ces rflexions tous ceux que j'aime : mes enfantsbien sr (Gavino, Nicola, Orlando, Idir et Medhi), Danile bin sr,elle qui m'a accompagn durant toutes ces annes, Christine qui m'asupport pendant dix ans, mes proches, ma famille, mes frres(Gian Paolo, Stefano), ma sur (nous l'appelons Maggy, quoiqueMargherita soit plus beau en italien), beaux-frres (Henri, Oswaldo,Richard, Louis) et belles-surs (feue Meriem disparuetragiquement en voulant rattraper le temps , Martine, Farida,Djemila, Zohra), mes 27 cousins et cousines (un coucou tout spcial Monica, Sandra et Claudine de Talana et Pablo Buenos Aires,sans oublier Antonio et Leonardo avec lesquels j'ai partag desdizaines de mois de travail dans le btiment, Gian-Piero, Gian-Franco,Salvatore, Anna, etc.), feu mon oncle Efisio frre cadet de mon pre,qui m'a aussi ouvert les yeux lors de conversations trs riches, mesami(e)s (Ahmed, Antonio, Arnold, Ary, Bouchta, Branca, Bruno,Chantal, Ccile, Danile, Danielle, Dominique, Franoise, Gasp,Gilles, Giovanni, Henri, Jacqueline, Jacques, Jean-Pol, La, Livio,Luc, Luigi, Luisa, Marie-Franoise, Marisa, Maurice, Martine,Michel, Mohamed, Mustapha, Paul, Paolo, Phil l'Amricain quis'est scap avant d'tre vieux, Pierre, Roberto, Serge, Sylviane,Yvonne, Jean-Marie dit Zap, etc, ad libitum), tous les gens de bonnevolont qui malgr les difficults presque insurmontables luttent aveccourage et tnacit pour un monde meilleur, et tous ceux qui ontnourri de quelque faon que ce soit cette modeste tude.

Je le ddie en outre tous les hros et anti-hros de mon enfance,adolescence et ge dit mr : crs comme Akim, Ali Baba, Aladin,Asterix, Capitaine Haddock, Corto Maltese, Cyrano, D'Artagnan, DonQuixote, Gaston Lagaffe, Iznogoud, Jugurtha, Lamme Goedzak, LePetit Nicolas, Oblix, Oumpah-Pah, Robin des Bois, Sancho Panza,Sinbad, Tarzan, Tartine, Thyl Uilenspiegel, Zorro, ou rels comme :Eleonora d'Arborea, Giovanni Maria Angioy, Giuseppe Garibaldi,Jean Moulin, Richard Sorge.


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A la Communaut du libre, Apache, Atramanta, Free FrontierFoundation, GNU, ILV, Linux, Wiki... galement car sans eux cet essain'aurait pas pu tre diffus. Un nouveau modle conomique et socialest en train de natre, bien plus intressant, bien plus riche que lemodle dpass, surann, moribond.

Un peu prtentieusement (je demande pardon par avance), j'aimerais fairemiens les premiers mots de Denis Diderot de ses Penses surl'interprtation de la nature : Jeune homme, prends et lis. Si tu peux aller jusqu' la fin de cetouvrage, tu ne seras pas incapable d'en entendre un meilleur. Commeje me suis moins propos de t'instruire que de t'exercer, il m'importepeu que tu adoptes mes ides ou que tu les rejettes, pourvu qu'ellesemploient toute ton attention. Un plus habile t'apprendra connatreles forces de la nature; il me suffira de t'avoir fait essayer les tiennes. Pour atteindre le sommet d'une montagne, il faut tout d'abord gravir lespremiers mtres, puis les suivants, et ainsi de suite jusqu'au fate. Puisse cemodeste essai aider tous les amateurs, tous les jeunes intresss par lessciences et la philosophie, gravir au moins la premire marche. J'en seraisdj grandement honor. Voir, entendre, sentir, toucher, puis rflchir, comprendre, enrichir son savoir

enfin envisager, prvoir, agir. Petite note technique : vous aurez remarqu que ni les exposants, ni lesindices n'apparaissent comme tels dans le texte sur le site, alors qu'ils sontbien prsents sur le fichier Open Office (ainsi, 10^100 ou 10 exposant 100devient 10100, ce qui ne veut plus rien dire). Cela nuit la lisibilit deschiffres. Autant que possible (j'espre ne pas en avoir oubli), je les airetranscrits en toutes lettres ct. Veuillez m'en excuser. Et si quelqu'unconnat une astuce pour qu'ils apparaissent tels qu'ils sont dactylographis,je lui saurais gr de bien vouloir me la faire connatre : je feraiimmdiatement le ncessaire et appliquerai la recette pour que les indiceset les exposants soient aussi lisibles que sur le fichier source.


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Avant-propos

Le temps ma dpass, lheure est une blessure Les minutes se font au sein de la froidure Les instants sont plis, eux la dchirure La seconde ternelle au silence susurre. Ancelly, Usure http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre29828.html

mes corbeaux, mes songes en robes noires, L'heure a sonn le glas Il est temps de laisser les gibets et leurs proies mortes, venez boire

Un renouveau de force mon cur sanglotant.- Jean Venturini, Outlines, Dernier recours

Le dcs inopin de mon pre et le deuil qui en a suivi maprofondment marqu (avant j'tais presque persuad que papa tait ternel et en tout cas que son temps n'tait pas venu) et m'a amen rflchir la fugacit de la destine humaine. J'ai ainsi voulu faire le pointsur ce que fut ma vie l'aune de ce que mon pre m'avait si patiemmentappris, lui qui n'avait pas eu la chance de faire des tudes car la familletait d'extraction des plus modestes. Il existe deux sortes d'tres : les constructeurs et les planteurs. Mon pretait l'un et l'autre. Il me manque terriblement. Depuis le dcs de mon pre, ma mre maman - , celle qui meparaissait tre un roc inbranlable et qui avait soutenu tant bien que malmon pre dans sa longue maladie, a fait un double accident vasculairecrbral quelques mois d'intervalle, vraisemblablement consquence deplusieurs chutes qu'elle avait endures en s'obstinant vouloir continuer travailler aux champs. A son ge !

Avant-propos 5

Elle qui aurait pu finalement profiter de son temps libre, voyager, flner, dolcefarnienter , voir du pays, a prfr continuer cultiver son jardin,soigner ses chers oliviers pour en extraire le suc, cette huile d'oliveincomparable. Maman est maintenant moiti grabataire alternant despriodes de grande lucidit avec des priodes d'absence. Mais quelle leon de dignit elle nous a donn ! La conclusion m'est apparue vidente: comme l'phmre, nous sommescertes in fine si peu de chose dans lunivers immense. Cependant, nous disposons d'un cerveau qui rflchit et qui nous permetd'apprhender le monde, d'en apprcier grce nos sens, toutes les saveurs,toutes les subtilits, tous les parfums, toutes les couleurs.Grce lui, notre faiblesse devient une force. Le seul vrai bien que nouspouvons laisser en hritage, c'est la mmoire de nos actes, de nosdcouvertes, de nos rflexions.Alors, au travail !


Avant-propos 6

Urgences

Le tremblement de terre au Japon (le pire que le Japon ait connu depuissa cration), survenu le 11 mars 2011, suivi d'un tsunami par enchanementcausal, a eu des consquences terribles non seulement pour les dizaines demilliers de victimes immdiates et les familles vivant dans cette partie duJapon qui a t touche, mais a galement occasionn des dommages auxhabitations, aux usines, aux industries diverses et surtout aux centralesnuclaires de la rgion de Fukushima (SIX centrales cte cte dont troisen activit au moment du tremblement de terre dans une rgion connuepour ses dangers sismiques) et aux installations techniques ncessaires aubon fonctionnement de celles-ci. En ralit, il y aura un avant et un aprs le tsunami, un avant etun aprs Fukushima. La ville sera dsormais connue, mais de tristemmoire. Mme si les centrales en activit ont t mises l' arrt (termeimpropre s'il en est: on n'arrte pas la radioactivit, tout au plus on la freineun peu), le systme de secours (pompes alimentes par des gnrateurs aufuel) a t endommag et le refroidissement des racteur n'a plusfonctionn. D'autant que TEPCO, la socit qui gre les centrales lectriques afinalement avou qu'elle avait maquill les rapports de contrle. La vritdevait tre cache, soi-disant pour ne pas effrayer la population. Ainsi, Tepco a avou notamment qu'une carte d'alimentation d'une valve decontrle de temprature de racteur n'avait pas t inspecte durant onzeans, bien que les techniciens, qui s'taient contents d'un contrle deroutine, aient indiqu le contraire (Le Monde, du 21/3/2011). Alors, pour viter le pire la fusion du cur des centrales qu'on disait si sres, on essaie par tous les moyens des bricolages pour gagner du temps en attendant de construire un autresystme de secours aliment cette fois par du courant venant de l'extrieur:on sacrifie des volontaires, vritables hros des temps modernes, qui

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interviennent en se prenant des doses excessivement dangereuses pour leurvie. Malgr le salaire lev offert, une fois que l'on sait ce qu'on risque, onne se bouscule pas au portillon pour se porter volontaires. On se souvient qu'en 1986, Tchernobyl, on appelait ces volontaireshroques des liquidateurs . Tout un programme... Dans la centrale japonaise (racteurs 1 3 de Fukushima Dai-ichi), ilsemble que le cur ait fondu , et le corium (magma mtalliquehautement radioactif d la fusion des barres) a finalement perc lescuves.

Comble de malheur, il semble que les enceintes de confinement,entourant les cuves et censes empcher toute fuite, se soient carrmentfendues, dversant leur poison radioactif dans l'ocan et des fumesporteuse de mort dans les airs. Et l'on prie en esprant que les ventssouffleront vers l'Ocan Pacifique...

Ce qui manque le plus ces hommes nest pas le courage mais letemps , selon un expert nuclaire japonais dcrivant les oprations de ladernire chance.

Avant l'accident, les patrons des centrales, les gestionnaires et leursingnieurs disposaient de tout le temps pour imaginer des scnarios certespeu probables mais nanmoins plausibles et susceptibles de survenir mme avec une probabilit quasi nulle - et de trouver dessolutions mettre en uvre pour les viter et en tout cas pour limiterleurs effets. De manire peu respectueuse de la population qui habite les zones quijouxtent la centrale, on a prfr ne pas y penser, et de rpter ad nauseamque le risque zro n'existe pas, n'est-ce pas . Maintenant, c'est donc une course deux vitesses : la vitesse derchauffement incessant des barres de combustible et la vitesse derparation des pompes de refroidissement. Nous esprons videmment quele pire sera vit et que l'on pourra aprs, quand le danger sera circonscrit,tirer les leons de cette terrible preuve. Cependant, mme si les pompes refroidissement seront remises enservice et parviendront limiter les dgts, long terme, on ignore encore


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quels seront les vritables consquences de ce cataclysme. Pendant des annes, Helen Caldicott a prvu que cela pourrait arriver etque cela arriverait: dans son livre Folie Nuclaire , publi en 1978, elleprvient :

En tant que physicienne, je soutiens que la technologie nuclairemenace dextinction toute vie sur notre plante. Si la tendance se confirme,lair que nous respirons, la nourriture que nous avalons, et leau que nousbuvons va devenir tellement contamine par des polluants radioactifs quecela posera un risque sanitaire bien plus grand que toute plaie quelhumanit a jamais connue.

Mais qui se souciait des prvisions la Cassandre ? Plus elle prvoitl'avenir avec prcision, moins on est tent de l'couter. John Rawlins, un physicien qui a travaill des dizaines d'annes dansune centrale de ltat de Washington soutient lui aussi :

The simplistic (and poorly informed) sketch of a complete scenariowould be something as follows: The source term would be all the fuel in all six reactors and in all spentfuel pools at the Fukushima-I plant, in some degraded state like anamalgam of molten fuel and zircaloy cladding. At least one of the reactorsuses mixed oxide fuel with some recycled light water reactor plutonium.Most of the fuel would be high-burnup BWR fuel. One should pay specialattention to where the cesium, strontium, and plutonium end up in themelt-down sequence and beyond. The source-term configuration isanyones best guess, concentrated at the present plant location and far tooradioactive for anyone to approach for decades into the future; it is opento the atmosphere and ocean. The total source term might be one or twoorders of magnitude greater than that at TMI or Chernobyl. Le rsum le plus simple (d'aprs le peu d'informations dont ondispose) du scnario complet pourrait tre le suivant : La source d'irradiation serait la totalit du combustible prsent dans lessix racteurs et dans toutes les piscines contenant le combustible us lacentrale Fukushima-JE, dans un tat dgrad, une sorte d'amalgame de


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combustible en fusion avec le revtement en zircaloy. Au moins un desracteurs utilise du combustible MOX (oxyde mixte de plutonium) avec duplutonium recycl dans le racteur eau lgre. La plupart du combustiblenuclaire serait du combustible haut taux de combustion pour centrale eau pressurise. Il faut accorder une attention particulire l'endroit o lecsium, strontium, et le plutonium finissent dans la squence de fusion etau-del. La source d'irradiation selon le scnario le plus probable, estconcentre l'emplacement de l'usine actuelle et beaucoup trop radioactivepour que quiconque s'en approche pour les dcennies venir, et elle estouverte l'atmosphre et l'ocan. La source totale d'irradiation pourraittre d'un ou de deux ordres de grandeur suprieurs celle de Three MileIsland ou mme de celle de Tchernobyl. Mais qui peut dire avec certitude ce qui va se passer ? Aux dernires nouvelles, il faudra plus de quarante ans de travaux pourdmanteler la centrale (mais certainement beaucoup plus pour en limiterles effets) :

La rcupration des dbris du combustible va tre extrmementdifficile. Cela va exiger des moyens techniques particuliers et, sans robots,une telle opration sera impossible , a comment un directeur-adjoint deTepco lors d'une confrence de presse. Heureusement que l'on dispose derobots, je n'ose penser ce qu'il pourrait advenir de pauvres ouvriersdcontaminateurs... Le rapport d'enqute mandat par le Parlement nippon et dpos le 5juillet 2012 a conclu de manire clatante la responsabilit humaine : Il est clair que cet accident est un dsastre cr par l'homme. Lesgouvernements passs et en place ce moment l, les autorits dergulation et Tokyo Electric Power ont failli leur devoir de protger lavie des gens et la socit". L'accident la centrale nuclaire de Fukushima est le rsultat d'unecollusion entre le gouvernement, les agences de rgulation et Tepco, et lemanque de gouvernance de ces instances. Tir des conclusions du rapport final de 641 pages Je ne voudrais pas fustiger outre mesure les Japonais et le gouvernementjaponais actuel en proie une situation dlicate et dangereuse qui aura desrpercussions qui s'taleront sur des dcennies : ce dont les Japonais ont


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besoin, ce n'est certes pas d'tre stigmatiss ou tre mis au ban del'humanit (eux qui ont t les premiers souffrir dans leur corps et dansleur me du nuclaire militaire), ajoutant par l les reproches aux peinesqu'ils endurent, mais de trouver des solutions court, moyen et long termepour endiguer les effets de la catastrophe, mais surtout de veiller cequ'une situation pareille ne se reproduise plus jamais. Et le redmarrage dela troisime centrale le 1er juillet 2012 n'est certes pas de nature rassurerla communaut internationale qui n'est pas rassure par ce type deproduction d'nergie. L'une des solutions possibles (pour viter la solution la Tchernobylo l'on a surtout dvers du sable et du bton et de l'eau pour refroidir lecur et empcher une contamination encore plus importante) , seraitde vitrifier en dversant (mais comment?) du verre en fusion amlior sur le cur fondu, ce qui viterait les fissures qui nemanqueraient pas d'apparatre dans le bton du sarcophage. En attendant de trouver LE REMEDE, car le remde provisoire nedure qu'au maximum trente ans... Mais comment rsoudre dfinitivement leproblme ? Le dcouper en petits morceaux, les entourer d'une membraneprotectrice et les injecter dans une zone de subduction qui mettrait desmillions d'annes s'enfoncer dans une plaque ocanique, mettant profitce temps trs long pour que la radioactivit finisse par cesser ?

A quelque chose malheur est bon, dit le proverbe. Grce ou cause deleur malheur, les certitudes tales par les partisans du nuclaire n'ont pluscours et un certain nombre de pays ont revu leur pol i t ique dedveloppement de l'nergie nuclaire. Au Japon, Taro Yamamoto, unacteur de 37 couronn en 2003 du Blue Ribbon Award, l'quivalent d'unCsar au Japon, a entam une croisade contre le nuclaire : Je n'ai pas peur de dire que la gestion de la crise par le Japonquivaut un gnocide . Suite sa prise de position courageuse, les portes se sont fermes lesunes aprs les autres, le privant de son travail et il vivrait actuellementavec un dixime de ses revenus antrieurs. Dernirement, dix-huit mois aprs l'accident de Fukushima, legouvernement japonais a annonc l'arrt progressif de la production


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nuclaire sur 30 ans. Le gouvernement va instaurer toutes les mesures possibles pouramener la production nuclaire zro pendant les annes 2030 a annoncle gouvernement. Sage dcision, s'il en est. Seuls 2 des 50 racteurs sontencore en activit. Mme si les compagnies d'lectricit rclament de pouvoir redmarrerles centrales arrtes, l'opinion publique y est tellement oppose que legouvernement n'a pas os aller contre-courant. S'agit-il comme lesantinuclaires le clament d'une position opportuniste ou d'un vritablerevirement dans la politique nergtique du Japon ? L'avenir nous le dira.Ce que l'on sait en tout cas, c'est que les compagnies d'lectricit sontprtes tout, y compris le mensonge, le traficotage des informations et ledni pur et simple, pour pouvoir engranger des bnfices, ft-ce au prixd'une hcatombe. Le dmantlement, par contre, ils n'entendent pas leprendre en charge et le laissent aux bons soins de la population japonaise. Ainsi, selon le secrtaire de l'ancien Premier ministre japonais NaotoKan, le danger n'est nullement cart puisque le sous-sol de l'unit 4 s'estabaiss de 80 cm depuis la catastrophe du 11 mars 2011. Or, l'unit 4contient 10 fois plus de Csium 137 que la centrale de Tchernobyl ! Lapriode ou demi-vie (dure pendant laquelle la moiti des lments sedsintgre en Baryum 137 stable) est de 30, 17 annes ! Il dgage uneradioactivit de 3,26 TBq (tra becquerels ou mille milliards debecquerels) ! "Si l'unit 4 s'effondre, le pire des scnarios serait une fusion causantd'normes rejets dans l'atmosphre. Ce sera la catastrophe la plus indite laquelle l'homme ait jamais t confront. Personne ne sera plus en mesured'approcher du site alors que tout aura fondu causant un gigantesqueincendie, a dclar Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon enSuisse, lors d'une interview d'octobre 2012. "De nombreux scientifiquesdisent que si l'unit 4 s'effondre, non seulement le Japon sera ruin, mais lemonde entier sera galement confront de graves dommages." L'Allemagne a dcid le dmantlement, et le peuple italien a clamhaut et fort lors du referendum populaire de juin 2011 qu'il n'en voulaitpas. Et cela bien que plus prs, chez nous, nos dirigeants continuent prner le mme sens des priorits , comme s'il n'y avait pas d'alternative


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au nuclaire. Aprs moi, le dluge... En France, par contre, le lobby nuclaire est puissant. On ne sait quefaire des dchets des centrales ? Qu'importe, il suffit de les enfouir. Unesocit indpendante calcule qu'il faudrait presque 40 milliards d'eurospour un enfouissement sr. A payer par les entreprises du nuclaire, biensr. Alors on chicane, on brade la sret. Pas besoin de protger le sited'enfouissement, et un tunnelier fera l'affaire pour creuser les galeries... Etcela pour 200.000 ans ! Dure qui correspond pratiquement au dbut del'homo-sapiens pour que la radioactivit diminue de moiti seulement (onparle de demi-vie). 400.000 ans pour que la radioactivit soit d'un quart,800.000 ans pour que la radioactivit soit d'un huitime, etc.

Comment peut-on laisser une pe de Damocls pareille sur le genrehumain ? Mme au sein de la filire nuclaire, il existait des alternatives : lesracteurs thorium sels fondus sont beaucoup moins dangereux. Alorspourquoi a-t-on abandonn cette filire prometteuse ? Qu'est-ce qui peut expliquer que la plupart des tats se sont lancs dansle nuclaire de fission avec les consquences dramatiques que nousconnaissons ? La rponse est vidente si l'on y rflchit : le complexefinancier militaro-industriel a pris le pouvoir dans la plupart des paysindustriellement avancs. Le nuclaire civil permet de produire leslments de base pour la fabrication des armes de dissuasion atomiqueset les cots exorbitants(prohibitifs) sont rpercuts sur les mnages et tousceux qui consomment de l'nergie lectrique. Au nom d'un patriotisme artificiel exacerb par la propagande, onaccepte des ponctions importantes dans le portefeuille des citoyens quin'ont jamais rien demand de tel. Ainsi, le nuclaire civil et nuclaire militaire se justifient mutuellement :sparez-les et vous verrez que l'un sans l'autre ils deviendraient, de manirevidente et transparente, un vritable non-sens, un puits sans fond du pointde vue conomique. Comme dans le conte Les Habits neufs de l'empereur de ChristianAndersen, on s'apercevra vite que L'empereur est nu ! et que laprtendue sret des centrales est aussi vaine que sa rentabilit est nulle,


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socialement parlant bien sr. Les dangers de l'nergie nuclaire civile, bien rels (les accidents sont lpour contredire les statistiques floues que nous n'hsiterons pas prsenter aussi comme un diagnostic erron et nous les rappelerde manire prcise) sont considrs par les tenants de cette technologiecomme le prix ncessaire, collatral, payer. Que se passera-t-il si une grosse socit nuclaire tombe en faillite ? Larponse a t donne rcemment par la firme BMB (Best MedicalBelgium) spcialise dans la mdecine nuclaire Fleurus : elle a laiss,en partant, plus de 7 m de dchets radioactifs (16 bouteilles et 180 sacs destrontium 90 radioactif). Dchets que l'ensemble de la socit devrarecycler, retraiter, entreposer jusqu' une solution soi-disant dfinitive qui n'est que du provisoire dfinitif. Encore une fois, on socialise lespertes. Les bnfices qu'on en a tir lors de son exploitation ont eux, bienentendu t privatiss. Le choix nuclaire civil est estim indispensable pour soi-disant assurerl' indpendance nergtique du pays. Et mme, cynisme suprme,prtendent-ils, c'est pour contribuer viter l'effet de serre d aux rejetsde CO2 des centrales classiques. Sans compter que les r isques e t ses consquences seraientobligatoirement pris en charge uniquement par la population, unchafaudage juridique et financier complexe est mis en place pour diluer laresponsabilit des propritaires des centrales nuclaires. Pour ce qui est des sources d'nergie fossiles, nous savons tous que lesrserves de charbon, de ptrole et de gaz s'puisent mais surtout que cetpuisement s'acclre. Ce n'est certes pas nouveau, on le savait il y a prs de quarante ans djlors du Premier choc ptrolier. A-t-on tir toutes les leons ? Que nenni.


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Dveloppement durable

Quand se lve le soleil de l'entropie, fondent les glaces de lammoire.

Daniel Walther, Le Livre de Swa I-, p.175 S'il est une formule qui a russi monter sur le podium du succs, c'estbien celle-l : on parle de plus en plus de dveloppement durable (enanglais sustainable development) , d 'conomies d 'nergie, dereconversion, etc. mais dans les faits, on trane, on rechigne prendre lesbonnes dcisions. Le poids du modle conomique courant pourtantlargement dpass et continuant provoquer catastrophe sur catastrophe,pse lourdement sur les choix oprer. Et cela alors que les connaissancesscientifiques et techniques, la volont populaire voudraient qu'on prennedes mesures drastiques pour agir en ce sens, ds MAINTENANT. Le grand mathmaticien et conomiste d'origine roumaine, NicholasGeorgescu-Roegen (1906-1994), nous avait pourtant mis en garde. Introduisant la notion d'entropie en conomie, il fonda toute sadmarche scientifique sur le second principe de la thermodynamique. L'nergie se prsente sous deux formes selon lui : l'nergie libre (et doncutilisable par l'homme) et l'nergie lie (et donc inutilisable par l'homme entant que telle). Pour Georgescu-Roegen, l'entropie est l'nergie inutilisabledans un sytme thermodynamique.

Or, tout organisme vivant s'efforce de maintenir constante sa propreentropie (cf. Le cycle de Carnot : toutes les formes d'nergie setransforment en chaleur : par rayonnement, par convection, etc.) carl'entropie du systme crot. Cela conduit ce que au final, l'homme ne peutqu'acclrer l 'augmentation de l'entropie du systme et l 'activitconomique de l'homme transforme irrmdiablement l'nergie libre ennergie lie, qui n'est plus utilisable. Il s'ensuit ncessairement un point de

Dveloppement durable 15

non-retour que l'humanit ne tardera pas connatre.

Il est possible de freiner cette augmentation de l'entropie via unepolitique conomique visant la dcroissance. Dcroissance ? Mais vous n'ytes pas ! Toute la thorie conomique actuelle est base sur lacroissance... Nicholas Georgescu-Roegen est le vrai prcurseur du dveloppementdurable :

Supposons que S reprsente le stock actuel de basse entropie terrestreet r une certaine quantit moyenne annuelle d'puisement. Si nous faisonsabstraction de S, le nombre thorique maximal d'annes requis pour letarissement complet de ce stock sera S/r. Tel sera aussi le nombre d'annesau bout desquelles la phase industrielle de l'volution de l'humanitprendra forcment fin. Nicholas Georgescu-Roegen, La loi de l'entropie et le problmeconomique , p. 76. Le message est donc clair : le modle conomique qui s'est impos enoccident, ax sur la croissance nous conduit droit au mur. Et c'est pourbientt ! Unique possibilit pour inverser la tendance : cesser la fuite en avant etprner, dvelopper une conomie qui tienne compte de ces tendances, sanspour autant prner une dgradation de la condition humaine. Tout aucontraire. Le livre The Entropy Law and the Economic Process , en franais La Dcroissance Entropie Ecologie -Economie , deNicholas Georgescu-Roegen, (1979) Prsentation et traduction de MM.Jacques Grinevald et Ivo Rens. Nouvelle dition, 1995, est consultable surl e s i t ehttp://classiques.uqac.ca/contemporains/georgescu_roegen_nicolas/decroissance/decroissance.htmlet peut mme tre tlcharg au format word, pdf ou rtf. (Je remercie au passage mon frre Giovanni Paolo Gian Paolo- pour m'avoir montr toute l'importance de la pense conomique deNicholas Georgescu-Roegen)



Mais pourquoi s'arrter en si bon chemin si l'on est persuad que ladirection suivie est la bonne pour le genre humain ?

Pourquoi n'tendrions-nous pas cette rflexion la socit toute entire ? Puisque l'entropie va croissant et que cela est est dommageable l'espce humaine, n'y a-t-il pas eu dans l'histoire de l'humanit des priodeso cette entropie a diminu ? La rponse est claire : oui. Chaque fois que la socit est entre en crise(entropie croissante), chaque fois que l' ordre social - c'est--dire celuiqui a t tabli par la classe dirigeante - a t bouscul, l'humanit estentre dans une re de changements brusques, qui se traduisent par unediminution de l'entropie gnrale : l'ordre vient du chaos. Ou plutt unnouvel ordre remplace le chaos ancien. Mais le danger est bien plus grand que l'on imagine : ainsi que l'amontr Lee Kump, professeur de gosciences l'universit dtat dePennsylvanie, Les donnes fossiles indiquent que la vitesse duchangement climatique contrle bien plus le sort des tres vivants et descosystmes que l'tendue du changement. Pour la Science, octobre2011, n408, p. 45. Si nous disposions de millions d'annes pour nous adapter, nous nousadapterions sans problme. S'il nous faut des dizaines de milliers d'annes,il faudra s'y rsoudre et ensemble trouver des solutions adaptes. Maislorsque nous ne disposons que de quelques dizaines d'annes ou au mieuxd'un sicle pour endiguer les effets dvastateurs et revenir au stadeantrieur, c'est une autre paire de manches : il y aura bien des pleurs et desgrincements de dents... Lee Kump nous apprend que l'on a eu tort de prendre le rchauffementclimatique du Crtac et mme du maximum thermique de la limitePalocne-Eocne comme modle pour valuer l'impact du rchauffementclimatique actuel d l'augmentation des gaz effet de serre d'originehumaine : il s'agissait pour le premier d'un rchauffement s'talant sur desmillions d'annes et et de 20.000 ans pour le second. La vie s'est lentementadapte lors du Crtac, sans pratiquement d'impact ; lors du second,certaines espces du fond des ocans et des continents ont disparu, mais laplupart des animaux terrestres et des plantes ont survcu.



Rcemment encore, James Hansen, climatologue,directeur de l'InstitutGoddard d'Etudes Spatiales de la Nasa s'est exclam : J'ai une confession faire : j'tais trop optimiste. Mes prvisions surune augmentation de la temprature mondiale se sont avres. Mais je n'aipas russi tudier avec quelle rapidit la hausse moyenne conduirait des conditions mtorologiques extrmes. Encore une fois, ce ne sont pas les changements en eux-mmes quiposent problme, mais bien la rapidit du changement, c'est--direl'acclration du processus. L'impact de l'actuel rchauffement sera bien plus terrible, surtout quandon sait que la vitesse de ce rchauffement est trop rapide par rapports auxpossibilits d'adaptation des espces. conomies d'nergie, gothermie, nergie solaire, olienne,marmotrice, biomasse, etc. les solutions intelligentes pour une vritablereconversion existent. Cependant, pour mettre en place ces solutions de manire pertinente etfonctionnelle, il est ncessaire que des politiques prcises soientrapidement mises en place, que des lois strictes soient votes, que desmouvements d'opinion se crent et se renforcent, que les tats fassent leursles objectifs viss ; bref, l'humanit entire devra se serrer les coudes ettout un chacun devra y mettre du sien. Certes, d'ores et dj, des citoyens (surtout fortuns ou au minimumaiss) se font un plaisir de mettre en pratique ces choix, mais ce sont desgouttes d'eau dans le dsert. Faudra-t-il attendre que la catastrophesurvienne pour que l'on se dcide ENFIN faire les bons choix ? A des problmes individuels, on peut certes apporter une solutionindividuelle, mais des problmes collectifs, si on veut les rgler, on nepeut jamais apporter que des solutions collectives, globales. Car ici, il nes'agit pas seulement de choix individuels, mais des choix collectifs,gnraux, voire mme principalement des choix catgoriquementplantaires. Pourtant, les tats-Unis, et la Chine ont d'ores et dj annonc qu'ils nese laisseraient pas interdire l'accs aux ressources ptrolires, qui sontvitales pour leur conomie. Ben voyons.



On a livr des guerres pour moins que a. disait sans tat d'meMatthew Simmons, expert et conseiller de George Walker Bush sur lesquestions nergtiques, dans l'mission Terre en furie , sur Ushuaia TV,inspire par le livre du mme Simmons (Twilight in the Desert: TheComing Saudi Oil Shock and the World Economy ).

Une sorte d'angoisse ontologique nous treint ds que nous pensons nonseulement au danger d'extinction de l'humanit, et mme au simple dangerde mort que court autrui, mais surtout lorsque nous osons aborder notrefinitude, notre propre petite mort: notre vie, phmre, ne dure qu'uninstant. Mais qu'est-ce que l'instant ? Qu'est-ce que la dure ? Qu'est-ce que le devenir ? Qu'est-ce que la permanence ? Qu'est-ce que le temps ? Ou, plus familirement, c'est quoi le temps ?

J'cris pour y voir un peu plus clair et pour ne pas mourir de hontesous les sables de l'oubli. Jean d'Ormesson

Hraclite, Aristote, Saint-Augustin, Galile, Newton, Kant, et unemultitude dautres philosophes, thologiens, crivains, potes, artistes, ontchacun leur faon apprhend ou rsolu la question du temps.

J'ai voulu alors m'arrter un peu (quelque temps) afin de rflchir auconcept de temps et essayer de comprendre (comprehendere, saisir) parmoi-mme ce que pourrait tre la nature de ce temps .

Ces diffrents arrts obligs dans la rflexion, ce furent par exempledes merveillements en regardant un paysage, en batifolant par



l'imagination dans quelques contres dj visites, ou lors de priodes dervasseries qui me sont coutumires et que les artistes, les potes, les obsds de quelque chose connaissent bien.

L'ge aidant, l'chance de la mort s'approchant sinon pas de loup , dumoins pas feutrs , inluctablement, l'on en vient se demander nonseulement quel sens (dans tous les sens du terme : explication, mais aussiorientation, inclination) trouver notre prsence sur cette Terre (ou dans cemonde) mais aussi pourquoi nous ne vivons en moyenne que trois-quartsde sicle, et au grand maximum - pour les plus chanceux - un peu plus d'unsicle ...J'ai donc voulu m'arrter.

Voil bien le matre mot : m'arrter. Pour comprendre le temps, il fautsavoir s'arrter ( il faut s'arrter disait Aristote; le philosophe grec macdonien surnomm le Stagirite (-384 -322), il faut pouvoir se donner du temps . Je n'ai pas voulu arrterle temps , mais m'arrter simplement. Pour rflchir, faire le point:encadrer, entourer, ceindre, serrer au plus prs, toucher le temps.

Ctait un marchand de pilules perfectionnes qui apaisent la soif. Onen avale une par semaine et lon nprouve plus le besoin de boire. Pourquoi vends-tu a ? dit le petit prince. Cest une grosse conomie de temps, dit le marchand. Lesexperts ont fait des calculs. On pargne cinquante-trois minutes parsemaine. Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ? On en fait ce que lon veut Moi, se dit le petit prince, si javais cinquante-trois minutes dpenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine. Le petit prince, Antoine de Saint-Exupry, ch. XXIII.

Doucement le matin, pas trop vite le soir crivait Albert Camus dans L'Exil et le Royaume .



loge de l'essentiel, mais aussi loge de la paresse, loge de l'oisivetcrative, loge du dolce farniente philosophique : Paul Lafargue, JeromeK. Jerome. Bertrand Russell voil des matres qui peuvent vous enseignerun certain art de vivre et de profiter fond de la vie.

Bronnie Ware, infirmire australienne travaillant dans le domaine des soinspalliatifs, a ralis un travail d'un intrt soutenu concernant les plusgrands regrets exprims par les mourants et l'a publi sous forme de livre :Parmi les 5 plus grands regrets des patients en fin de vie on trouve :

- J'aurais aim avoir le courage de vivre comme je voulais, et pas devivre la vie qu'on attendait de moi - Je regrette d'avoir travaill si dur - J'aurais voulu avoir le courage d'exprimer mes sentiments - Je regrette de n'tre pas rest en contact avec mes amis - J'aurais aim m'autoriser tre plus heureux

Combien de personnes ont gch leur vie pour ne pas avoir suivi leurinclination profonde et ont fait ce que l'on attendait d'eux (parents,professeurs, amis, etc.).

Travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler. Cet adage peut treinterprt de diffrentes faons. Le travail en lui mme n'est pas gratifiantet peut mme tre une torture s'il n'est pas conforme aux aspirationsintimes. Par contre, si le travail correspond exactement la passion qu'onfructifie, il peut tre un tremplin norme pour une vie bien remplie etheureuse. Ceux qui font le mtier qui leur plat et qui leur convient ne seplaindront jamais des heures prestes, tout simplement parce qu'ils sont entrain de s'amuser en travaillant.Thophraste, philosophe grec d'Erse (Lesbos) (-371 - -287), lved'Aristote, aimait dire que le temps a beaucoup de prix. C'est donc lui quiinspira le proverbe anglais time is money . Lorsqu'il mourut, l'ge de85 ans, et son pitaphe est tout son image :

Combien juste est ce proverbe :



Veut-on dtendre l'arc de la sagesse, il se casse ! Tant qu'il travaillait Thophraste tait bien portant ; A peine s'est-il repos, le voil mort .

C'est ce qu'a si bien compris Jane McGonigal, docteur en arts du spectacle,chercheur dans le domaine R&D l'Institut pour le Futur, et cratrice dejeux visant aider les personnes souffrantes s'intgrer dans la vie. Aprsavoir subi une commotion crbrale, elle raconte son parcours et lesperspectives de gurison par le jeu dans une confrence TED :http://www.ted.com/talks/jane_mcgonigal_the_game_that_can_give_you_10_extra_years_of_life.html

Les rflexions qui suivent se sont petit petit (la rflexion a un besoinimprieux de temps) toffes. Il y eut mme des priodes d'insomnies :rflchissant un concept particulier, il m'arrivait de ne pas parvenir m'endormir. J'en profitais alors pour avancer dans ma rflexion. Et que direde ces instants bnis au rveil o l'on s'octroie quelques grasses minutesencore avant de se lever, mises profit pour dvelopper tel ou tel aspect dema rflexion, dans la clarification d'un point difficile ?

Jean Baliveau, le Qubecois qui a fait le tour du monde pied (et 53 pairesde souliers plus tard !...), parcourant en onze ans (onze ans!) plus de75.000 km (presque deux fois le tour de la terre!) la vitesse moyenne detrois kilomtres par heure en poussant son tricycle o se trouvaient leslments les plus indispensables pour sa survie (tente, sac de couchage,boisson, nourriture, ncessaire pour se changer, etc.) peut nous donner uneautre dfinition du mot temps .

Spar des siens depuis le 18 aot 2000 aprs que son entreprise ait faitfaillite, mais toujours confiant dans l'humanit (qui le lui a bien rendu, il ya donc de l'espoir!) il aura vu, en traversant 64 pays diffrents, tous lespaysages possibles de la terre et pourrait nous en raconter sur des paysages,sur les diffrents peuples qu'il a croiss, les si nombreuses personnes qu'il arencontres et avec lesquelles il a eu des entretiens.



Que de belles histoires au coin du feu en perspective ! Que de sagesse etd'ouverture d'esprit accumules !

Sitting on the dock of the bayWatching the tide roll awayI'm just sitting on the dock of the bayWasting time (Assis sur le quai de la baie Regardant la mare rouler au loin Juste assis sur le quai de la baie Je tue le temps.)

Otis Redding http://www.youtube.com/watch?v=UCmUhYSr-e4&feature=related

Il m'est dj arriv maintes reprises de me trouver devant un spectacleadmirable, devant un panorama vous couper le souffle, de vivre uninstant miraculeux de bonheur et mieux que tout, d'avoir la possibilit de le savourer .

Les amateurs de vin en vritables connaisseurs vous le diront : si l'on veutsavourer un bon millsime, on ne se prcipite pas pour l'avaler goulment.On prend le temps mirer, humer, lamper, c'est--dire de le regarder soustoutes les coutures, d'en apprcier la couleur, la transparence, de le tourner,de voir sa raction la lumire, de le sentir, de dcouvrir tous ses parfums,de les identifier, puis d'en goter un peu en le faisant tourner sur la langue,dans la bouche, sur le palais, de claquer la langue, de le laisser se rpandresur toutes les papilles gustatives, de le laisser vous envahir, et un peucomme Marcel Proust avec ses madeleines, de rveiller d'autres senteurs,d'autres expriences, d'autres gots, etc.

En matire de cuisine, chacun de nous a pu constater la manire aveclaquelle la malbouffe tant dcrie par Jean-Pierre Coffe, mais dj mise aupilori par de nombreux mdecins et ditticiens, a fini par s'imposer : repasrapides insipides, fast food, brunch (on expdie le breakfast en mme



temps que le lunch!), plats semi puis entirement prpars, qu'il suffit dechauffer au micro-onde, etc.

Cette manire de nous sustenter a amen toutes sortes de nouvellesmaladies qui taient autrefois inconnues ou presque ou n'taient rservesqu' une minorit de gens aiss : obsit, hypercholestrolmie,athrosclrose, maladies cardio-vasculaires, diabte de type II, etc.

Que l'on soit stress par le travail, par la course l'argent, voire par la course au plaisir ne nous oblige pas rester sdentaires devant unetlvision.

Les plaisirs simples sont souvent les plus profonds et les plus durables :prendre le temps de se mitonner de petits plats en achetant soi-mme lesproduits frais au march (qui nous contraint, comme son nom l'indique, nous mouvoir...) du terroir et de saison, a non seulement des effetsbnfiques sur notre porte-monnaie mais galement sur notre sant et notrebien-tre.

Aprs la cuisine rapide, il faudra bien qu'on en revienne petit petit lacuisine lente...

Lorsque nous comparons nos souvenirs avec l'exprience prsente, nousorganisons nos souvenirs, les classons, car nous sommes des tres destructures, de relations, des tres sociaux.

Pour ce faire, il est ncessaire, indispensable, capital mme de savoir uncertain moment se donner le temps de s'arrter, de contempler, de rflchir l'instant prsent, de vivre l'instant intensment, voire fond pour parvenir saisir, perptuer cet instant de bonheur et pouvoir ainsi revivre plustard ce merveilleux instant, ne ft-ce qu'en souvenir.

Lorsqu'il s'agit de bonheur, on ne peut qu'y gagner car on russit alors fixer, immortaliser cet instant bni. Une fois cristallis dans le



cerveau, ce souvenir si agrable ne s'effacera plus (sauf accident bien sr) -jusqu' la mort.

Et aprs la mort ? Ben j'en sais fichtrement rien mais nourrie par demultiples lectures, mon intelligence me laisse penser que tout disparatirrmdiablement, dfinitivement. La joie, la bonne humeur peuvent larigueur se transmettre autrui, le bonheur individuel non. Notons qu'il y aune partie non ngligeable de l'humanit qui croit la vie aprs la mort etle Dr Victor Zammit prtend qu'il en ait la preuve irrfutable. La nonrfutabilit tant contraire la science, il ne pourrait s'agir que d'un dogme,d'une croyance. J'ai fait un tour sur son site victorzammit.com mais partles sempiternelles expriences de mort imminente et de sjour horsdu corps qui ont trouv une explication scientifique plausible, je n'y aitrouv que des redites et quelques injures envers Stephen Hawking qui,bien entendu, est moins comptent que Zammit, n'est-ce pas ?

Concernant la clbre formule d'Einstein, Victor Zammit se permetd'crire :

Le vortex est le tourbillon des atomes et des molcules. Ash et Hewitttirent de lquation dEinstein que puisque la matire et la lumirepartagent un mouvement commun, la vitesse elle-mme du tourbillon duvortex, doit tre la vitesse de la lumire. Ils dclarent que cest le seul sens donner lquation dEinstein et que cest parce que le vortex tourne la vitesse de la lumire que vous pouvez lire cette page ou voir une autrepersonne, les arbres et le ciel et voir tout le reste avec des yeuxphysiques.

Comprenne qui pourra...

Dans une lettre qu'il crivit Erik Gutkind aprs avoir lu son livre intitul Choisir la vie : L'appel biblique la rvolte , Einstein disait :

... Le mot Dieu n'est pour moi rien de plus que l'expression et leproduit de la faiblesse des hommes, et la Bible une compilation de



lgendes certes honorables, mais encore primitives et qui restentnanmoins assez puriles. Aucune interprtation, aussi subtile soit-elle, nepeut (pour moi) changer cela Einstein, Lettre Erik Gutkind.

Est-ce suffisamment clair ?

Le Dr Zammit aurait, lui, dj trouv les tachyons puisqu'il prtend :

Une explication scientifique possible de la matrialisation est que lestourbillons des atomes de lesprit de laprs-vie sont plus rapides que lavitesse de la lumire et ne peuvent pas tre vus avec nos yeux physiques.

Il est vrai qu'Ash et Hewitt parlent de science des dieux (science of thegods) visant reconcilier le mystre et la matire.

Le seul scientifique qui ait vraiment cru avoir trouv les tachyons est leprofesseur Roger W. Clay, de l'Universit d'Adlaide (Australie),spcialiste des faisceaux de particules produits dans la haute atmosphrepar les rayons gamma haute nergie qui bombardent constamment notreTerre. Pendant plus de vingt ans, il a tudi l'effet Tcherenkov (du nom duphysicien russe Pavel Alekseevitch Tcherenkov (1904-1990)), lerayonnement bleu produit lors de la dsintgration de particules,phnomne similaire l'onde de choc supersonique : lorsqu'une particulese dplace dans un milieu (par exemple l'eau) une vitesse suprieure celle de la lumire dans ce milieu, elle produit un flash de lumire commecelui qu'on peut voir dans l'eau entourant le cur d'une centralenuclaire.Cela ne veut pas dire que la particule voyage une vitesse suprieure lavitesse de la lumire dans le vide. Simplement que dans le milieu (air,eau), la particule voyage plus vite. L'effet dilatation du temps en drive.L'nergie cintique d'un lectron tournant dans son nuage autour dunoyau est de quelques lectrons-volt tandis qu'une particule primaire dehaute nergie venant de l'espace (souvent un proton) possde une nergiecintique un milliard de fois plus importante. S'il avait vraiment mis en



vidence des tachyons, Roger Clay aurait rvolutionn la physique. Tel nefut malheureusement pas le cas.

Mais terminons cet a parte pour revenir notre rflexion sur le temps.

Pour saisir le temps, il est indispensable de s'arrter pour rflchir.

S'arrter permet galement d'apprhender l'instant, de rendre d'unerichesse infinie l'instant qui est estim, valu, prim, got. Il estimpossible d'apprcier sa juste valeur le temps si on ne s'accorde pas uninstant de rpit pour le savourer, le goter, le dguster.

Ainsi, lorsque je dcouvre au dtour d'un chemin de montagne un paysagefabuleux, poustouflant, je m'arrte immdiatement pour me remplir de cespectacle.

Waouh ! M'cri-je et je prends de cet instant magnifique des milliers dephotos dans ma tte que j'essaie de fixer de manire indlbile dans deszones multiples de mon esprit et d' engranger dans les nombreux tiroirsde ma mmoire, mon album-photos intrieur. La mmoire humaine estainsi fait que les images, les sons, les parfums et les gots (mais aussi lessensations de plaisir et de joie) s'interpntrent et se renforcentmutuellement.

Ce sont ces moments-l qui sont en quelque sorte un morceau d'ternitchant par Arthur Rimbaud (uvres compltes, Ed. Gallimard,1960, L'Eternit, Le Livrer de Poche, Classiques, p. 96):

Elle est retrouve. Quoi ? - L'Eternit. C'est la mer alle Avec le soleil.

Comme Zaz, Isabelle Geoffroy de son vrai nom, je veux... de l'amour, dela joie, de la bonne humeur, c'est pas l'argent qui fera mon bonheur, moi je



veux crever la main sur le cur :http://www.youtube.com/watch?v=Tm88QAI8I5A&feature=relmfu

Lorsque plus tard il m'arrive de connatre une priode de dprime, de bluesou de spleen, je m'assieds et ouvre tour tour chacun de ces tiroirs trsors !

Quand je suis arriv avec mes parents comme jeune immigr en Wallonie,j'ai essay de me fondre dans les jeunes lves wallons enrichis dediffrentes nationalits : Grecs, Italiens (Sardes, Siciliens, Pouillais,Vnitiens, Toscans, Calabrais, Napolitains, Abruzzais, Molisans,Frioulans, etc.), Espagnols, Polonais, Marocains, Algriens.

Ainsi , Alfred Doeblin, le pre du clbre Wolfgang Doeblin (mathmaticien de gnie mieux connu en France sous le nom de VincentDoblin qui s'est attaqu la rsolution de l'quation de Kolmogorov),lorsqu'il fut oblig de fuir son pays, l'Allemagne nazie, conseilla sagementaux jeunes immigrs en France :

Ne vous isolez pas trop dans des associations de concitoyens, entrez enrelation avec la littrature franaise, lisez ce qui parat, plongez-vous dansla pense et dans les sentiments du pays o vous vivez et dont les habitantsvous entourent ! Saisissez le prsent ! Osez !

Sage conseil s'il en est : on ne peut qu'tre gagnant en s'immisant, en seplongeant dans la connaissance de la langue, la littrature, les murs,les connaissances, la culture du pays qui vous accueille. Et il estcompltement faux que vous pourriez y perdre votre me : bien aucontraire !

Il faut dire aussi que la Wallonie me l'a bien rendu.

Lorsque je reviens dans mon le natale, la Sardaigne, rien ne me drangeplus que cette lgion de touristes qui se vantent d'avoir parcouru en une quinzaine de jours tout au plus - toute la Sardaigne, et surtout



d'avoir aval tant de kilomtres, tant de paysages, tant de sensations (tous des lieux communs) sans se donner la peine de s'arrter ne ft-cequ'un instant pour les goter. D'ailleurs, une vritable indigestion attendcelui qui ne fait que dvorer des distances.

Je suis mme persuad qu' la fin de son sjour, il s'en retourne Gros-Jeancomme devant et il repart sans avoir got l'essentiel : l'me sardevritable, ce mlange de philosophie, de posie, de chant et d'enjouement.

Pour goter un bon film, il faut le regarder la bonne vitesse . Essayezseulement de savourer les meilleurs films grande vitesse (par exemple enappuyant sur la touche fast forward ) et vous verrez. D'abord, si vous nel'avez pas au pralable vu vitesse normale , vous ne comprendreznormalement rien la trame.

Personnellement, alors que je fais une halte dans un village loign que jene connais pas, je m'efforce de m'arrter galement pour prendre le tempsde parler avec les personnes qui y vivent: l'esprit des lieux les habitent.

J'apprcie normment le temps consacr parler avec les vieux sages aviss.

Dans certains villages de Sardaigne assez loigns du mien, il m'est arrivde m'asseoir ct d'une bande de vieillards qui semblent tuer letemps . Au premier abord, ils semblent figs, austres et taciturnes.Immdiatement aprs le coutumier salut, opinant du chef, invariablementaccompagn d'un beau sourire, je m'assieds tranquillement ct d'eux.

Je ne dis rien, ne fais aucune rflexion. Je regarde ce qu'ils regardent.Immanquablement, aprs quelques minutes, l'un d'eux m'adresse la parole.La glace est rompue.

Alors, petit petit, la curiosit leur vient de savoir qui est celui qui peuts'asseoir ct d'eux sans dire un mot pendant dix minutes. Ils m'assaillentds lors d'une myriade de questions. Qui je suis, d'o je viens, suis-je



parent avec untel, etc.A ce moment, j'en apprends plus sur le village que si j'avais compulsplusieurs livres pour savoir ce qui fait l'me de la population, quelle est sonhistoire.

La clef pour ouvrir ce coffre trsors : offrir du temps, donc. C'estseulement ainsi que les curs s'ouvrent et l'me du village vient vous comme sur un plateau d'argent.

Dans mon propre village, il en va autrement, bien sr: car l, je suis connu.La glace est rompue depuis belle lurette. migr depuis plus de cinquanteans, je ne connais pas (plus) tous les noms des patriarches octognaires ounonagnaires, mais eux ils me connaissent depuis ma plus tendre enfance.C'est la raison pour laquelle j'apprcie hautement la conversation avec cesanciens : ce sont eux qui me rappellent certains souvenirs qui sont restsenfouis dans ma mmoire.

Et ma plus grande joie, ils m'en apprennent aussi d'autres dont j'ai oublijusqu' leur trace.

Mais que deviendrons-nous en clouant cet instantSur les murs de raison qui cernent notre temps ? Jodelle, Le got de l'inconnu, dans Le miroir sans tain: les refletsamoureux Ed. ILV

http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre21725.html#page_2

C'est dans cet esprit que j' ai mis sur papier les rflexions quisuivent, d'abord disparates, ensuite plus structures, sans trecependant totalement strictement conformes une rigoureuse logiquephilosophique, ce dont je ne me targue pas.

Elles valent ce que valent des rflexions d'un amateur passionn par cesquestions et sont srement drisoires du point de vue scientifique (ce n'estpas mon mtier et je renvoie pour la partie plus technique les lecteurs



des ouvrages ou des sites spcialiss o ils peuvent satisfaire leur curiositet avoir toutes les explications physiques, mathmatiques, astronomiques,chimiques ou bio-chimiques ncessaires) mais du moins, ce sont mespropres rflexions - trs personnelles donc, qui refltent donc mesinsuffisances dans nombre de domaines -, nourries bien entendu par demultiples lectures sur le sujet et des sujets connexes (tout est li, nousapprend la mthode dialectique). Vous y trouverez donc des incohrences,des contradictions, voire mme des questions que vous jugerez saugrenues,stupides voire hors propos. J'assume ces imperfections dans mon essai enconstruction et prie mes lecteurs de m'en faire part si cela ne risque pas deleur faire perdre leur temps prcieux.

Ainsi que vous pourrez le constater la lecture de ces rflexions, jem'efforce d'apporter parfois un clairage plus potique certains passages,non pas pour imiter Titus Lucretius Carus (il est, je pense, inimitable) maispour allger un peu la tension. Je suis mme d'avis que si les grandslaboratoires intgraient dans leurs quipes l'un ou l'autre pote, quiapporterait un regard neuf, ils y gagneraient certainement. Aprs tout, il y abien des astrophysiciens qui deviennent Premier ministre, comme CheickModibo Diarra, Navigateur interplantaire , o il participe diffrentsprogrammes de vols non habits la Nasa (JPL de Pasadena) maisgalement paysan, dirigeant une ferme exprimentale, grand passeur desavoir l'intelligence universelle l'instar de Neil Turok,aussi bien la Nasa (programme Mars Outreach) qu'au Mali, cet immensepays de 1. 241.000 km, travers par le grand fleuve Niger, mais dont leNord fait partie du dsert saharien.

Un pralable donc: je ne cherche fondamentalement pas prouver ou dmontrer de manire dfinitive ou absolue ce qu'est le temps, nimme le cours du temps ou ses avatars. Je livre ici mes humblesrflexions toutes personnelles, toutes subjectives, et je conois bien sr quel'on puisse tre d'un avis totalement oppos.

J'attends bien entendu de ceux qui prnent une opinion contraire qu'ilsargumentent, et articulent leur rflexion et le cas chant me montrent o



je me suis tromp et en quoi je me suis tromp, afin que je puisse voluerde manire positive dans la mienne.

Je suis ainsi persuad que cette dialectique sera plus profitable que desimples contestations sans queue ni tte et fera avancer notrecomprhension du monde qui, soit dit en passant, est encore bien fragile,partielle.

La vision du monde de l'homo sapiens vivant dans des grottes ne peutcertes tre la mme que celle du paysan gaulois ou de l'homme ditmoderne. Les peurs ont aussi chang de nature : la peur primale a laissla place la peur nuclaire .

Chaque fois que nous sommes presss, nous avons l'impression que letemps est notre ennemi et qu'il s'vertue nous ralentir, nous faireperdre nos moyens.

Nous nous excitons misrablement, au lieu de suivre la morale de la fablede Jean de La Fontaine que j'ai bien entendu toujours fait mienne : rienne sert de courir, il faut partir point .

Peut-on ralentir le temps ? Titre la revue Sciences Humaines n239dans un dossier sign Christophe Rymarski. Et de prner le mouvementslow : slow food, slowcitta, slow management, slow design.

Qui saura dcrire les consquences funestes du fast-food ?

Et si par malheur nous nous ennuyons dans le train, dans la salle d'attented'un mdecin, d'un avocat en rflchissant aux prcieuses minutes quenous sommes en train de perdre, nous avons l'impression que le temps sejoue de nous, nous englue encore plus fort dans la nasse, la gadoue, lamarmelade de notre ennui.

C'est surtout ce moment-l que nous avons l'impression de toucher letemps. Nous sommes constamment englus dans le temps, telles des



particules dans un champ de Higgs.

Le temps nous couvre, nous entoure, se colle nous et les seuls momentso nous parvenons nous extirper de cette glu, c'est justement lorsquenous sommes heureux : tous les amoureux on connu cette sensation.

Mais il en est de mme pour une quipe sportive gagnante : quelquesheures de bonheur suffisent faire oublier tout le mal qu'ils se sont donnsauparavant.



Cause premire ... cause toujours !

Puisque toute vrit est l'unit de l'absolu et du relatif, la tche deconnatre la vrit ne consiste pas poursuivre on ne sait quelle vritabsolue, dfinitive et ternelle, mais oblige rechercher l'illimit dans lelimit, connatre l'absolu dans le relatif. Tchang En-Ts, Connaissance et vrit

Je ne dsire donc pas parler ici de ce que certains philosophes appellent les causes premires (ou causes finales, comme quoi tre premier oudernier, c'est du pareil au mme Socrate a toujours cherch, maise n v a i n , l a c a u s e d e t o u t e s l e s c a u s e s , & # 9 5 3 ; & # 9 4 3 ; pi aition panton ) par lesquelles ils entendent ouplutt ils envisagent, car ce n'est qu'une hypothse comme une autre, uneEntit qui serait la cause du tout... , de lui-mme, et du reste, un Dieudonc, un tre parfait (que veut dire parfait?) appel par une myriade denoms diffrents, ou du moins une sorte de divinit suprme qui se seraitcre elle-mme ( pi mais il faut justementle prouver...).

D'o la question : comment peut-on se crer soi-mme sans tre dj l -sous quelque forme que ce soit - ? N'est-ce pas l un solipsisme depremire ? Et dans ce cas, il est vident que l'on ne s'est pas cr soi-mmepuisqu'avant il y avait dj quelque chose.

En ce sens, et en ce sens seulement, je partage le postulat d'objectivit de Ren Descartes :

Cause premire ... cause toujours ! 34

Nous ne nous arrterons pas aussi examiner les fins que Dieu s'estproposes en crant le monde, et nous rejetterons entirement de notrephilosophie la recherche des causes finales; car nous ne devons pas tantprsumer de nous-mmes, que de croire que Dieu nous ait voulu faire partde ses conseils: mais le considrant comme l'auteur de toutes choses, noustcherons seulement de trouver par la facult de raisonner qu'il a mise ennous, comment celles que nous apercevons par l'entremise de nos sensont pu tre produites; et nous serons assurs , par ceux de ses attributsdont il a voulu que nous ayons quelque connaissance, que ce que nousaurons une fois aperu clairement et distinctement appartenir lanature de ces choses, a la perfection d'tre vrai. (Ren Descartes,Principes de Philosophie, I, 28 in uvres philosophiques, tome 3,Garnier, 1963-1973, p. 108)

Si je vois une horloge, je pense l'horloger, certes, parce que je sais quecette horloge est un ensemble de pices usines qui participent de concert un mouvement le plus stable possible pour me donnerune mesure que nous appelons heure, minute, seconde ou simplement parcommodit temps .

a creuse sa route, une seconde, a laisse un sillon infinitsimal, ladimension de son poids, et a grave une histoire faite de creux et de pics,et si on y posait le bras d'un tourne-disque, on entendrait une vie. Etpourtant, c'est quoi, une seconde ? C'est quoi ? Une faon de segmenterune dimension incommensurable ? Une manire de piger le temps ? Dejeter de la poudre sur une forme invisible pour en distinguer les contours ?C'est quoi ? Peut-on seulement en voir une, quand elle est isole ? Paquo Campos, Je voulais vous dire, avant de mourir... , p. 7, ILV,http://www.atramenta.net/lire/je-voulais-vous-dire-avant-de-mourir--partie-1/36429

Mais en regardant l'Univers, la Nature, la Vie, je ne pense pas une sorte d'horloger suprieur : l'Univers existe et est, la Nature existe, est, la Vieexiste, est (mais peut-tre cessera d'exister, d'tre, du moins sur notrebonne vieille Terre).



Je ne vois nulle perfection l-dedans, seulement de l'existence, de l'treen constante volution via les processus les plus varis. Nanmoins, je nepuis m'empcher de m'merveiller de la richesse, de l'inventivit de lanature pour crer des structures, des modes d'existence, des solutions desdifficults d'existence.

La science avanant grand pas depuis la mise au point des ordinateurs deplus en plus rapides et de plus en plus puissants, l'homme est parvenu pourla premire fois crer la vie : l'Universit de Stanford, desbiologistes, dont Hamilton O. Smith, sont parvenus, grce une simulationbase sur 28 algorithmes (1900 interactions molculaires et 582.970 pairesde bases tout de mme!) rpliquer la biologie de l'organisme connu leplus simple (il s'agit d'un mycoplasme, bactrie parasite des partiesg n i t a l e s , c o n t e n a n t s e u l e m e n t 5 2 5 g n e s d a n s s o n A D N ) .http://news.stanford.edu/news/2012/july/computer-model-organism-071812.htmlhttp://www.sciencemag.org/content/319/5867/1215.abstract?sid=7f44b176-e396-4815-af9f-fba419016b4e

Cela donne de bons espoirs de parvenir se dbarrasser de cette bactrieresponsable de nombreuses affections.

L'architecture des villes modernes n'a jusqu' rcemment, pratiquementrien appris de la nature, et c'est non seulement dommage, mais c'est surtouttriste pleurer.

Pourtant des paysages naturels et humains splendides, couper le souffle,existent un peu partout sur terre et mritent qu'on les prserve.

Si vous voulez avoir une ide de ce dont je parle, il vous suffit de regarderles films de Godfrey Reggio (Koyaanisqatsi en 1982, Powaqqatsi en 1988,Naqoyqatsi en 2002) et de Ron Fricke (Chronos en 1985, Baraka en 1992,et Samsara en 2011).

Ce sont des films grandioses sans dialogues, sinon des hymnes la beaut,des chants et des orchestres humains naturels pris sur le vif. A voir et revoir non seulement pour leur esthtique mais galement pour leur



message profondment humain qui transparat.

Heureusement, des courants nouveaux sont en train de renverser lemouvement et de nous offrir des solutions innovantes, belles et surtoutrespectueuses de la nature.

Il est agrable de voir qu'il est des penseurs, des inventeurs, des architecteset des ingnieurs qui prfrent s'inspirer des solutions que la nature nousoffre dj toutes prtes, qu'il suffit la plupart du temps de copier,d'adapter : c'est la bionique, l'archiborescence de Luc Schuiten, sesmaisons biosolaires et ses jardins verticaux qui laissent augurer dessolutions innovantes, utiles, belles aussi et surtout qui ne dtruisent pasmais au contraire s'adaptent la nature. Mais pour y parvenir, il ne faut passe mettre des illres...

Jonathan Swift (1667/1745) devenu clbre pour les aventures de Gulliverest souvent repris pour sa citation-pome (il prfigure les fractals de BenotMandelbrot) :

So, naturalists observe, a flea Hath smaller fleas that on him prey; And these have smaller still to bite 'em; And so proceed ad infinitum (Ainsi, les naturalistes observent une puce parasite elle-mme par de plus petites puces qui la sucent, et cesdernires sont infestes d'autres plus petites encore qui les mordent ; etainsi de suite jusqu' l'infini.) (trad. libre M.A. Murgia)

La vraie ralit serait un empilement de ralits diffrentes et noushabiterions seulement l'une d'entre elles.

Dans son livre L'histoire secrte du monde , Jonathan Black nom deplume de Mark Booth, s 'en prend aux scientifiques sincres quivolontairement limitent leurs questions :



Ce qui veut dire que les grandes questions, POURQUOI la vie,POURQUOI l'univers ? - qui sont clairement philosophiques nepeuvent trouver leur rponse chez les scientifiques qui se comportentUNIQUEMENT en scientifiques. Si nous demandons POURQUOIsommes-nous l ? , nous risquons d'tre dups par une rponse qui,comme celle de la jeune fille , est totalement valable puisque c'est unerponse grammaticalement juste la question, mais qui laisse un brin dedception au creux du ventre, car elle n'apporte pas la rponsefondamentale que nous attendions.Il se trouve que nous avons tous soif d'entendre une rponse au niveau delintention.Aussi brillants soient-ils, les scientifiques qui ne comprennent pas cettenuance sont, philosophiquement, des crtins.

Outre le fait que ce point de vue est une vritable injure envers les vraisscientifiques (mme s'il n'est plus l, on lui laisse le soin d'en rpondre lecas chant), il dmontre merveille qu'il ignore totalement qu'unscientifique ne se pose jamais la question du pourquoi mais du comment .

Un vritable scientifique limite volontairement son champ d'investigationet apporte une rponse rigoureuse, si possible la plus exhaustive, l'unique- voire aux quelques - question(s) qu'il se pose ! Si, du point de vuephilosophique, crtinisme il y a, et bien ce n'est pas l qu'il faut lechercher... mais bien chez ceux qui prtendent trouver des rponses desquestions qui sont me semble-t-il - des inepties du point de vuescientifique.

Dans son livre Le Guide du voyageur galactique , Douglas Adamsdcrit comment on a cr un super-ordinateur appel Deep Thought afinde rpondre la question ultime du sens de la vie et calculer la rponse lagrande question sur la Vie, l'Univers et le Reste: et celui-ci de rpondre : Quarante-deux . Ce qui, bien sr, est une plaisanterie. Quoique,recherchant la squence de nombres appels moments de la fonction ztade Riemann , les mathmaticiens de l'Universit de Bristol en Grande



Bretagne, Jon Keating et Nina Snaith, (qui a reu en 2008 le prixWhitehead, dcern par la London Mathematical Society) faisant le lienentre nombres premiers et physique quantique, ont montr pourquoi letroisime moment de la fonction zta tait ...justement 42 ! Crer des pontsentre diffrentes disciplines est souvent porteur de rponses nouvelles.N'oublions pas que le thorme de Fermat (appele avant d'tre dmontre, conjecture de Fermat) n'a pu tre rsolu qu'aprs qu'une srie de pontsaient t construits entre diffrents champs des mathmatiques.

Pourquoi vouloir A TOUT PRIX essayer de trouver une INTENTION sicelle-ci est sinon inexistante (ce que je modestement soutiens), du moinsune ptition de principe de la part de ceux qui la posent ? Car pour qu'il yait intention, il faut qu'il y ait la vie, arriv un stade de complexitsuffisant pour qu'merge la conscience. Mais cela n'est pas tout : il fautaussi une volont de diriger, de conduire, de mener les faits dans unedirection. Essayer de trouver AVANT quelque chose (l'intelligence) qui estune consquence, une fonction qui vient APRES, ( un stade decomplexit suffisant) c'est non seulement mettre la charrue avant lesbufs et l on n'avance gure dans tous les sens du terme -,mais c'est n'avoir pas compris que la philosophie a fortement volu depuisSocrate et Platon . L'volution de la philosophie est dialectique : elle senourrit de science et, en retour, elle nourrit elle-mme la science. Et c'estheureux !

Un exemple rcent nous permet d'illustrer la puissance de la dialectique.Le mathmaticien britannique Thomas Bayes (1702-1761), est maintenanttrs connu pour son thorme (posthume) qui est en train de rvolutionnerles statistiques et la science. Un long article lui a t consacr dans la revuede vulgarisation scientifique Science et Vie de novembre 2012(n1142) : La formule qui dcrypte le monde . Bien que l'infrence deBayes ait t connue depuis 1763 environ, ce n'est que depuis vingt ansque l'on a compris la puissance de ce thorme qui est en train dervolutionner la manire de faire de la modlisation statistique, et bien qu'ilsoit difficile implmenter, les progrs qui sont intervenus enmathmatiques, surtout par l'utilisation des mthodes d'chantillonnage



MCMC (chanes de Markov Monte Carlo) ont depuis grandement facilitles calculs, produisant des modles cognitifs performants.

La formule peut tre facilement pose et est ainsi lue :

P(A/B) = P(B/A) * P(A) / P(B) Pour connatre a posteriori la probabilit de A en connaissant B, il fautprendre la probabilit de B en connaissant A et la multiplier par (a priori)la probabilit de A divise par la probabilit de B.

Ou, comme l'crivent trs clairement les auteurs de l'article que jerecommande chaleureusement de lire- Martine Fontez et Roman Konicofavec la collaboration de Boris Bellancer, Fiorenza Cracci, FranoisLassagne, Herv Poirier et Emile Pauscher :

Posant que la probabilit de A sachant B dpend de la probabilit de Bsachant A, elle mime les allers-retours d'une pense prte remettre encause ses fondements.

C'est l exactement ce que dit la dialectique matrialiste, sans leformalisme mathmatique propre aux statistiques. La thorie et la pratiquefont des allers-retours incessants et s'influencent mutuellement. Ladialectique matrialiste tend ces allers-retours incessants l'ensemble dela connaissance humaine (il s'agit une thorie holistique).

C'est une mthode que Marx a constamment utilise dans son analyse de lasocit : la prdiction du futur, connaissant le prsent, n'est pas rendue plusprcise par des lments d'informations concernant le pass (cela estindispensable mais pas suffisant) mais par une connaissance plus prcisedu prsent, porteur des germes du changement.

La mthode dialectique nous apprend de plus que de petits changementsquantitatifs s'additionnent et certains moments (que peut-tre le thormede Bayes pourrait calculer) des changements qualitatifs interviennentlorsqu'une brisure intervient.



Si l'on allie donc le thorme de Bayes avec la thorie du Chaos, il y a defortes chances pour qu'on arrive enfin une thorie rvolutionnaire quinous permettra de faire un bond qualitatif (encore une fois la dialectique)dans les sciences !

Le philosophe des sciences Pascal Nouvel, dans un article paru dans lehors-srie Les dossiers de La Recherche , nous apprend biendistinguer la science des techniques :

Quand on fait de la science, on est dans la cration. C'est une activitpar nature imprvisible. Quand on fait de la technique, on est dans larptition et l'assemblage de quelque chose qui est dj connu. Quand onassemble la premire lampe incandescence, on ne peut pas tre srqu'elle va fonctionner. Il y a du pari ; l, on est dans la science. Maisquand on reproduit l'opration mille, cent mille, un million de fois, on estdans la technique. Une lampe incandescence, c'est de la science ; deslampes incandescence, c'est de la technique. La diffrence est dans cepassage de l'unit la multiplicit. La Recherche, Hors-srie n 44, aot 2011, p. 8.

Si nous regardons le tableau du peintre franais Gustave Courbet(1919-1877) L'Origine du Monde , nous pouvons soit y voir uneallgorie la femme, la maternit, la vie. Mais nous pouvons aussi, sinous allons plus loin dans la rflexion, y voir tant d'autres choses.

Je ne sais si Courbet avait voulu rellement provoquer ou amener sescontemporains y voir autre chose qu 'un pubis e t une vulve.Personnellement, j'y vois plutt une question existentielle voire unemtaphore cosmologique, mais peut-tre vais-je trop loin.

On aurait pu montrer de manire tout aussi allgorique le nombril d'unefemme. Lorsqu'on lance comme une boutade et qu'on se demande : Adam et ve avaient-ils un nombril ? , on questionne galement lasagacit humaine et la rponse est bien sr affirmative.



Je ne prtends DONC PAS rpondre la question - et je ne crois d'ailleurspas que celle-ci soit du domaine du connaissable qui taraude lesgrands philosophes : pourquoi y a-t-il quelque chose plutt querien? (Leibniz, 1646-1716) , corollaire de qu'est-ce qui fait qu'il y aquelque chose ? ou la nature a-t-elle eu le choix de se crer ou dedemeurer nant?

Pour Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), le temps et l'espacen'existent qu'en tant que relations: le temps est l'ordre de la succession etl'espace est l'ordre de la coexistence : c'est l'ensemble des relations entresuccession et coexistence qui nous font croire que le temps et l'espaceexisteraient bel et bien. Ce n'est qu'une simple illusion.

Tout ce que nous apprend le modle standard semble indiquer que lanature est contrainte de passer du presque nant presque l'infini etvice versa. Ou si l'on veut, chaleur extrme, puis froid extrme, puischaleur extrme, puis froid extrme, etc. Dieu et Satan, en quelque sorte.

Quand on pose la question qu'on a pose Saint-Augustin : que faisaitDieu avant de crer, le monde, on nous rpond que Dieu tant ternel, il esten dehors du temps, il n'a pas cette qualit d'tre dans le temps. Dieu adonc le dfaut d'tre dans une dimension autre . Dieu pris dans les rets dessupercordes ?

Entre ces extrmes, il y a nous, notre monde, notre univers. La question quelle est la cause premire ? n'a pas de sens puisque cette causepremire a elle-mme une cause, qui elle-mme a une cause, quielle-mme, etc. Et qu'est-ce qui cause la causalit ?

Je me contente donc (si on peut dire) de constater qu'il y a quelque chose:et dj je m'merveille !!

Car l'merveillement est la source d'immenses joies fondamentales et l'origine de bien des recherches philosophiques. Ce n'est pas pour rien non



plus que la philosophe genevoise Jeanne Hersch (1910-2000) intitule sonprincipal ouvrage Ltonnement philosophique .

Cette question primordiale pose par le mathmaticien, physicien etphilosophe Leibniz pourquoi y a-t-il quelque chose plutt que rien , doittre dcompose pour en savourer toute la porte :

- pourquoi ? Question initiale dj : pour quoi ? Quelle est la cause, lanature, le fondement ? Causalit, le mot est dj lch : c'est lui qui est latrame du tout. Dans son livre Le facteur temps ne sonne jamais deuxfois , paru en 2009 dans la collection Champs Sciences, d. Flammarion,Etienne Klein pense que la causalit est peut-tre plus fondamentale que letemps et qu'elle pourrait tre l'origine de rflexions abyssales (je croisque c'est le terme qu'il emploie). - y a-t-il ? Autre question : nous savons d'instinct qu'il y a , qu'ilexiste, que nous existons, que nous sommes. Mais qu'est-ce que cela veutdire ? Cette faon neutre de dire, de dclarer il y a , donc il (3mepersonne, c'est--dire hors de moi) existe et je ne peux pas dclarer lecontraire, mme si je peux imaginer qu'il aurait pu peut-tre ne rienexister. Mais cette ngation de la ralit existante apparat d'elle-mmecomme absurde, devient immdiatement inconsquente : il y a. Puisque jeme pose la question (ou toute autre question d'ailleurs). - quelque chose : l'adjectif indfini, accol ce mot galement indfiniqu'est chose , ce terme le plus gnral qui dsigne tout ce qui existe dixit le dictionnaire de Paul Robert, et dont l'origine est le latin causa ,la cause (tiens, tiens...). - plutt : adverbe signifiant la place de, de prfrence (mais y a-t-ilun choix?) - que rien : rien provient du latin res qui a donn le terme rel et quisignifie ...la chose, et donc encore ...causa, la cause. !

Ce genre de question aurait t traite avec humour par Groucho Marx :sans doute aurait-il dit quelque chose du genre Il y a quelque chose pourque l'on puisse se poser la question ou parce que s'il n'y avait rien, laquestion ne se poserait mme pas ou encore Faites pas chier avec ce



genre de question et contentez-vous de manger des rillettes de veau .

Pour moi, parler de cause premire est un tour de passe-passe logique :les causes troisimes ont t auparavant causes secondes comme celles-ciont t auparavant intitules improprement causespremires... Ainsi, le Big Bang a un certain moment t considrcomme une sorte de cause premire ... A tort. Puisqu'il doit y avoirncessairement un avant Big Bang.

Rien ne sert de courir, il faut partir du point...

Et le point, d'o part-il ? Du point de dpart, dirait encore Groucho Marx.

Heureusement, il y a des physiciens honntes comme Etienne Klein,philosophe des sciences, directeur du laboratoire de recherches sur lessciences de la matire du C.E.A., qui ragissant ce qu'on lit souvent dansla presse ( sensation), remet souvent les pendules l'heure :

Cette dcouverte de l'expansion de l'Univers a permis de faire de lacosmologie historique, d'extrapoler vers le pass, de plus en plus loin. Et,sur le papier, on est arriv un Univers qui, au fur et mesure que l'onremontait dans le temps, tait de plus en plus petit, jusqu' devenirponctuel. C'est--dire rduit un point de taille nulle, de volume nul, avecune temprature infinie et une densit infinie, une singularit , au sensmathmatique. C'tait juste un calcul, qui permettait d'aller au del de cequi tait matriellement observable, des temps o toute observation estimpossible. Et ce point thorique on a associ un instant zro ! (...) Dans les congrs de physique, personne n'en parle jamais ! (i.e. de cetinstant zro). La seule certitude est que l'Univers, il y a 13,7 milliardsd'annes, est pass par une phase o il tait hyperdense et hyperchaud eto son volume n'tait pas nul. C'est le moment que l'on appelle le mur dePlanck Notre cosmologie dcrit parfaitement ce qui s'est pass depuis ce mur jusqu' aujourd'hui. Point.



( L'instant zro est un produit culturel , in Le Big Bang, GEOSAVOIR, n 3, mars 2012, interview de Etienne Klein, propos recueillispar Catherine Segal.)

Il est heureux me semble-t-il qu' Etienne Klein parle de pointthorique . On voit l qu'un vritable physicien pse ses mots et celaexplique tout : ce point il est vraisemblable qu'il n'ait jamais exist,puisque c'est par une sorte d'extrapolation que l'on est arriv ce pointthorique .

Un point de taille nulle, de volume nul, avec une temprature infinie etune densit infinie n'est pas un objet rel, il est ce que les physiciensappellent une singularit .

Comment un point de taille nulle, de volume nul, pourrait-il se distinguerdu vide ? Un point rel doit avoir forcment une dimension, aussi petitesoit-elle, et donc galement un volume, aussi petit soit-il.

Quelle est l'quation, le phnomne physique qui permet un point dedimension nulle de se transformer en un point aussi minuscule soit-ilmais ayant au moins un dbut de dimension (ft-elle fractale) ?

Et comment peut-on thoriser le fait que le temps puisse merger d'unpoint de dimension nulle ? Quand donc le temps apparat-il ? Un point dedimension quasi nulle, fractale, pourrait-il avoir un spin, un dbut demouvement, un temps intrinsque ?

N'en dplaise aux frres Igor Bogdanov et Grichka Bogdanov (nom parfoisorthographi l'ancienne : Bogdanoff), on ne verra jamais le visage deDieu derrire le mur de Planck (l o la matire-nergie-cordes atteint10^32 - 10 exposant 32 - degrs). Plus la science avance, et plus ce Dieuinvent pour les besoins de la cause est repouss, aussi bien dans le pass(instant zro inexistant) que dans l'avenir (mme aprs la mort du soleilou des centaines de milliards d'annes plus tard, dans le grandrefroidissement )...



Cela ne grandit certes pas les frres Bogdanov qui s'en sont pris de manirepresque mchante au physicien Alain Riazuelo qui, avec le CNRS, a oscritiquer la valeur scientifique de leurs thses de doctorat pour le moinscontroverses. Prfrant ne pas rpondre de manire rigoureuse etscientifique aux critiques justifies et tayes d'Alain Riazuelo, les frresBogdanov s'en sont pris au fait que celui-ci aurait mis sur son site unebauche de leur thse, et cela des fins explicatives. L'histoire des sciencesde manquera pas de juger qui, des frres Bogdanov ou d'Alain Riazuelo,aura apport le plus la science, en tout cas pour moi y'a pas photo .

Lorsqu'on aura suffisamment tudi le Big Bang et qu'on sera finalementparvenu donner un clairage nouveau (la solution la question), on auracreus plus avant l'origine et il apparatra une autre cause (je prfre deloin le terme cause antrieure ), sorte de mystre dcouvrir et claircir, dmythifier (en ralit, simplement un problme rsoudre).Pour avancer, la science a besoin de l'explication de l'explication et aprselle de l'explication de l'explication de l'explication, n'en dplaise William Craig. Ce dernier n'a strictement rien invent puisque l'argumentde Craig, on le retrouve dj et bien mieux expliqu chez le philosopheallemand Arthur Schopenhauer (1788-1860) : qu'est-ce qui rend explicablele principe de la causalit ? La causalit tant le principe dont tout procde,elle-mme ne procde de rien. Une loi physique explique le comportementd'un phnomne : par exemple, la gravitation. Mais la loi de gravitationelle-mme, d'o procde-t-elle ? Existe-t-elle depuis toujours oumerge-t-elle lorsque les conditions sont prsentes ?

Et c'est d'ailleurs pour cela que je suis intimement persuad (presquecertain dirais-je) que l'on ne connatra jamais la totalit de ce qu'il y a dcouvrir : je crois mme qu'au contraire, plus on aura de connaissances,plus on se rendra compte du gouffre de notre ignorance et du fait qu'ilrestera toujours quelque chose dcouvrir (un peu comme un entonnoirinvers : on entre par le petit bout et l'on dcouvre de plus en plus dechoses). N'est-ce pas a qui est merveilleux ?



Laissons aux ignorants leurs belles certitudes, si cela peut les aider vivretant mieux pour eux, mais de grce, n'empchons pas ceux qui veulent ensavoir plus de travailler y parvenir.

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