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Journée Mondiale des Réfugiés 18 juin 2014

Je me souviens...

Association d’Hygiène Sociale de Franche-Comté (AHS-FC)

Dispositif Migrants

PADA - HUDA – CADA – CPH - DMIE

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Mohamed Médiène

Professeur de français

Un dernier mot

Vous tenez entre les mains le dernier opus que traditionnellement nous

publions à l’occasion de la Journée Mondiale des Réfugiés.

Ce livret est le fruit du travail effectué pendant les ateliers d’écriture par

les élèves de l’école du Dispositif sous la conduite efficace et impliquée de

Justine Rathier, stagiaire en Master de Français Langue Etrangère.

Cette année nous avons décidé de placer ces ateliers sous le malicieux

patronage de Georges Perec, le dernier des grands oulipiens,

l’époustouflant acrobate de la langue - de la langue française s’entend. Les

élèves ont eu à produire durant ces séances – fonctionnant comme un

ouvroir littéraire instructif, ludique et mnésique - des textes autour de la

consigne d’écriture qui tire sa substance de son fameux Je me souviens. Et

les élèves se sont souvenus.

Rencontres après rencontres, ont surgi des profondeurs de leurs mémoires

des moments drôles, tendres ou graves qu’ils livraient, les affinant à

chaque fois, aux pages de leurs cahiers. Pendant des semaines - une

vingtaine - ils ont ainsi, mêlant fiction et réalité, remis « sur le métier » les

ph(r)ases de leur histoire. Et en artisans soucieux de bien faire, ils les ont

tissés, coupés, cousus pour les modeler à la taille de leurs souvenirs.

Voici donc des éclats de vies, des bouts d’existences exhumés de la vie de

ceux et celles qui ont bien voulu se prêter à l’exercice.

Qu’elles/ils en soient ici remerciés.

M. M

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Justine Rathier

Stagiaire en Master 2 de Français Langue Etrangère (FLE)

L’atelier d’écriture a, cette année encore, donné à chacun l’opportunité et

même l’envie de s’exprimer, de nous livrer des souvenirs les plus intimes,

et de partager des expériences uniques.

Le livret traite du souvenir, thème parfois délicat à aborder avec des

demandeurs d’asile, pour qui il peut s’agir d’un exercice difficile.

C’est en partie grâce à ce recueil de textes que j’ai appris à connaitre, à

travers leurs récits divers et variés, ces élèves au caractère parfois bien

trempé.

Comme vous pourrez le ressentir à travers ces récits, chacun a abordé le

sujet à sa manière : avec pudeur, humour, discrétion, légèreté, parfois

avec timidité, appréhension, mais toujours avec beaucoup d’émotions.

Au-delà d’un recueil de textes écrits par des demandeuses et demandeurs

d’asile, ce livret est le fruit du travail de femmes et d’hommes avides de

partager des bribes de leur vies, et désireux de rappeler à tous qu’ils ne

sont pas ici uniquement en position de demandeurs…

Un grand merci à Mohamed Médiène pour ses conseils avisés, son soutien,

sa patience et la confiance qu’il a eue en moi.

Et merci à tous nos écrivains en herbe pour la motivation et l’assiduité

dont ils ont fait preuve ces derniers mois, même si la mobilisation de toutes

et tous n’a pas toujours été aisée ! Merci pour ces moments passés

ensemble, ces éclats de rires, mais aussi le partage de souvenirs parfois

plus douloureux.

Et enfin, bonne lecture !

J. R

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Gisèle Zola

Gladjola Shera

Imrane Maksuti

Anonyme

Ilir Kajevic

Zejnepe Bislimi

Isodoro Marmieri

Marianna Uzdenova

Maria Ndembo Miguel

Dimitri Gavrichenko

Aïssatou Diallo

Donat Mavangu-Diavutukila

 

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Gisèle Zola

Je me souviens du délestage...

… que chez moi, en République Démocratique du Congo, on a le système

de « délestage », que je ne subis plus depuis mon arrivée en France.

Le matin, quand je me réveille, je pense souvent aux coupures d’eau et

d’électricité, parce ce que chez moi, il y a des jours où on a du courant et

de l’eau pendant toute une journée, mais le lendemain matin ça s’arrête.

Par exemple, si nous avons du courant le lundi et le mardi, on sait qu’on

n’en aura pas le jour suivant, mais que c’est un autre quartier qui en aura.

Et si ça tombe le jour d’un match de foot, on est obligés de donner de

l’argent aux agents de la société qui distribue l’électricité, pour pouvoir le

rétablir et regarder le match.

Maintenant, le délestage se retrouve aussi au sein des familles. Il y a des

familles dans lesquelles les adultes mangent à tour de rôle s’ils n’ont pas

assez de nourriture pour tous. Les grands mangent un jour mais pas le

lendemain pour que les plus petits puissent se nourrir tous les jours.

Ici je n’ai jamais connu ces coupures d’eau et d’électricité, et chaque jour

je mange à ma faim. Même si je n’ai pas beaucoup d’argent, je suis aidée

par les associations qui donnent de la nourriture gratuitement.

Ça va bientôt faire un an que je suis en France et un an que je ne prononce

plus le mot « délestage ».

G. Z

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Giséle Zola

Et je garde le souvenir…

… de mon séjour aux Glacis, de moments pénibles, très difficiles à

vivre. Nous devions, car nous étions nombreux, occuper la chambre qui

nous était réservée de 20h15 au lendemain 7h45, et ce, quel que soit le

temps qu’il faisait : pluie, vent, neige, soleil…

Mais il nous fallait absolument quitter l’abri de nuit pendant la journée.

Il y avait des moments où je passais mes journées au parc Micaud et

quand il pleuvait je me protégeais sous un abri de bus, et même parfois

sous un pont.

Quand une personne passait près de moi elle me regardait et me faisait un

grand sourire comme pour me dire « courage » ! Je souriais aussi en signe

de reconnaissance.

Quand je venais à mes rendez-vous, l’équipe du dispositif me recevait et

m’accueillait toujours avec un beau sourire, même s’ils n’avaient rien à

me proposer. Ce sourire m’a énormément aidée à supporter

l’insupportable et m’a donné la force de continuer à espérer.

Pour moi le sourire est le plus grand des remèdes et peut guérir tous les

maux. Et heureusement, il ne répond pas aux règles du système de

« délestage ».

G. Z

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Gladjola Shera

Je me souviens de mon amie… Ma chère Alisa, Cela fait six mois que nous sommes installés à Besançon, six mois que je ne

t’ai pas vue et que je pense souvent à toi. Ici j’ai rencontré des gens très

gentils. La culture française est différente de la culture en Albanaise. Mais

je me sens très heureuse et tranquille.

Tu me manques beaucoup Alisa. Je voudrais pouvoir te parler mais ce

n’est pas possible, tu es trop loin de moi. Je me souviens de nos sorties

ensemble, elles me manquent tant ! Aller boire un café, parler pendant des

heures, partir nous promener, tout ça me manque aussi.

Tu es ma meilleure amie et tu seras toujours dans mon cœur. C’est tout ce

qui importe. Que pourrais-je te dire de plus ? Tu es exceptionnelle et je

remercie Dieu de t’avoir faite entrer dans ma vie.

Pourtant, je me souviens bien qu’au début on se détestait, sans vraiment se

connaître. Mais quand nous nous sommes rencontrées pour la première

fois, tout a changé. C’était le 8 mars 2011. Nous avons beaucoup discuté et

nous nous sommes bien entendues. Nous avons tellement de choses en

commun !

Comme je te le disais, nous sommes bien installés ici. Nous organisons

beaucoup d’activités différentes. Par exemple nous sommes allés au

cinéma pour voir La Cour de Babel, un documentaire formidable. Ce film

parle des gens qui sont d’origines et de cultures différentes. Toutes ces

personnes viennent ici en France pour commencer une vie nouvelle et

différente de celle qu’ils avaient dans le pays où ils habitaient. Et à la fin

du mois nous partirons visiter un village qui est vraiment magnifique.

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Le plus beau cadeau que Dieu peut me faire est de me laisser rester ici en

France pour fonder une famille, puisqu’en Albanie ce n’est pas possible.

Ici je me sens très heureuse parce que je suis avec l’homme que j’aime.

J’espère que tu vas bien ma belle. Je t’aime fort.

Ton amie, Ola.

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Imrane Maksuti

Je me souviens…

Je me souviens que le voyage du Kosovo jusqu’en France a été pour moi

une épreuve très difficile. J’ai voyagé avec ma famille pendant deux jours.

Ça a été très douloureux de quitter ma ville natale pour venir m’installer

dans un pays où l’on ne parle pas ma langue.

Je me souviens du jour où j’ai quitté l’école. Même si j’ai obtenu mon

diplôme l’année dernière, ce jour a été pour moi le plus difficile de ma vie

parce que je n’ai pas pu réaliser mon rêve d’enfance, celui de poursuivre

mes études à l’université.

Quand je suis arrivée dans la ville de Besançon j’ai été bouleversée de me

retrouver dans un endroit où je ne connaissais personne, où je n’avais

personne à qui me confier, personne à qui parler en cas de besoin, et

personne pour me guider. Je ne savais pas parler la langue française, je ne

connaissais pas la ville, ni le nom des rues.

Mais maintenant je suis heureuse de vivre à Besançon parce que c’est une

ville ancienne pleine de monuments historiques et de bâtiments anciens.

Les gens ici sont polis et aimables. Alors que dans mon pays c’est

malheureusement très différent.

Depuis mon arrivée j’ai réussi à apprendre un peu le français, je sais me

repérer en ville et reconnaître le nom des rues, grâce à l’aide des

personnes qui travaillent avec nous, qui sont cultivées et accueillantes.

C’est pour toutes ces raisons que je suis maintenant heureuse de vivre à

Besançon.

I. M

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Auteur anonyme

Je me souviens d’un incendie d’amour à l’université…

Il s’agissait d’un amour comme les autres, une histoire d’amour comme

tout le monde. Mais pour nous cette belle histoire s’est compliquée et nous

a été interdite.

Dans mon pays j’ai dû franchir beaucoup de barrières pour réussir à vivre

libre avec la femme que j’aime. Nous nous sommes rencontrés à

l’université. Nous étions tous les deux étudiants. Dès le premier regard,

nous avons eu un coup de foudre l’un pour l’autre. Je me souviens de

l’effet qu’elle m’a fait avec ses grands yeux bleus, ses belles lèvres, ses

sourcils épais qui lui donnaient un air d’enfant et son corps svelte. Bref,

elle était sublime ! Mais malheureusement, deux mois plus tard, tout s’est

embrouillé et les problèmes ont commencé…

Chez moi il existe des traditions anciennes qui sont encore pratiquées par

certaines familles. Elles veulent que le père choisisse le futur mari de sa

fille. Et il s’agit souvent d’un homme âgé. Très vite, j’ai compris que la

femme que j’aimais était déjà promise à quelqu’un d’autre. Pendant un

certain temps nous avons perdu contact. Ses parents l’avaient enfermée

chez eux, comme dans une prison. Alors j’ai commencé à être menacé. On

voulait me forcer à mettre un terme à notre relation. Mais j’aimais trop

pour que ces menaces ne m’atteignent.

Alors un jour j’ai organisé un rendez-vous avec L. grâce à l’aide d’une

amie. J’en ai profité pour préparer l’acte de mariage. Et quelques jours

après, L. et moi sommes partis dans une autre ville pour fêter ensemble

notre « lune de miel clandestine ». C’est à partir de là que nos problèmes

sont devenus encore plus graves. Des menaces ont alors été envoyées à ma

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famille. On en voulait à ma vie et à celle de mon frère, à cause de ce

mariage considéré comme illégal dans notre pays.

Voici quelques souvenirs du début de notre histoire d’amour, histoire pour

laquelle nous avons dû abandonner notre pays pour pouvoir vivre ailleurs,

libres et unis.

Anonyme.

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Ilir Kajevic

Je me souviens…

Je me souviens du jour où j’ai passé mon permis de conduire. Je vivais en

Allemagne. C’était il y a quinze ans. Que c’est loin !

Je me souviens du jour où j’ai perdu ma carte bancaire. Je m’étais trompé

de code trois fois de suite et le distributeur l’a avalée… Quel étourdi !

Je me souviens du jour où j’ai bu de l’alcool pour la première fois. J’avais

16 ans. Je ne sais plus combien de verres de vodka j’ai bu, mais je me

souviens avoir été malade, au point de me retrouver à l’hôpital !

Je me souviens de mon premier téléphone portable. C’était un Siemens S4.

J’en étais si fier que pour le montrer je faisais tout le temps semblant de

téléphoner.

Je me souviens de mon premier vol en hélicoptère. J’étais en Norvège.

C’était les vacances d’hiver. On m’a proposé de faire un tour. Ce n’était

pas cher. J’ai accepté sans hésiter. Mes sentiments étaient alors bizarres :

j’étais partagé entre l’envie et la peur de voler.

Je me souviens quand mon pays s’appelait encore la Yougoslavie.

Je me souviens de ma première mauvaise note, au collège. C’était en

grammaire ! J’avais 13 ans. Mes parents étaient très en colère contre moi.

Je me souviens du premier baiser que j’ai volé à ma petite amie.

Je me souviens du jour où mes parents ont eu la télévision. Elle était en

couleur. Je n’avais que cinq ans. C’était en 1978, l’année de la Coupe du

Monde de football qui s’est terminée par la finale Argentine/Pays-Bas. Je

me souviens que le 24 juin, c’était un samedi, des policiers sont venus

frapper violemment à notre porte. Nous étions effrayés. En réalité ils

voulaient simplement regarder le match chez nous parce que des voisins

leur avaient dit que nous avions une télé couleur.

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Je me souviens du jour où j’ai appris à nager. C’était dans une rivière.

J’avais huit ans. Je faisais tout ce que je pouvais, mais c’était trop difficile.

Je n’arrêtais pas de boire la tasse. Je n’oublierai jamais ce jour.

Je me souviens du jour où j’ai reçu ma convocation pour le service

militaire. C’était juste au début de la guerre en Yougoslavie. Ce n’était pas

formidable. J’ai beaucoup hésité. Je ne savais pas si je voulais répondre

présent ou déserter. Mais j’ai fini par rester. J’avais très peur. Beaucoup

de mes amis avaient été envoyés en ligne de front. Il ne faut jamais que ça

recommence.

I. K

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Zejnepe Bislimi

Je me souviens…

Je me souviens de mes amis de l’école « Gjin Gazulli ». On jouait au

volley-ball dans la cour, même quand il pleuvait.

Je me souviens que je me levais tous les jours à six heures du matin pour

être en classe à huit heures.

Je me souviens que pour arriver à l’école je devais marcher quatre

kilomètres, puis faire douze kilomètres en bus et enfin, encore deux

kilomètres toujours à pieds. Ça me fatiguait beaucoup. Mais une fois

arrivée et dès que je voyais le professeur j’oubliais ma fatigue. J’étais

contente de retrouver mes camarades.

Je me souviens que quand j’avais 16 ans on disait que j’étais jolie, mais

je ne le savais pas.

Je me souviens de mon amie Ibadete avec qui je parlais de tout et de rien

pendant des heures. Nous étions très complices.

Je me souviens que je passais beaucoup de temps à lire et que cela me

permettait de m’évader de l’endroit où j’habitais avec ma famille. C’était

dans un petit village appelé « Miradi », situé à 17km de Pristina.

Je suis maintenant à Besançon, mais je garderai toujours en tête ces

souvenirs de mon pays…

Z. B

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Isodoro Marmieri

Je me souviens…

Ma mémoire est habitée par deux fantômes qui me sont chers, ma mère et

mon ami.

Les paroles sont simples mais au fond il y a une tendresse vraiment

inexplicable. Le destin nous a séparés, Mère, et loin de toi je me sens seul

parce que je me souviens bien sûr de tes bras dans lesquels je trouvais la

paix. Désormais les nuits sont longues et mes rêves se transforment en

utopie.

Je me souviens d’avoir rêvé, comme tous les enfants, de voir ce monde

libéré de toutes ces guerres, de cette haine, des maladies et des souffrances.

Un monde où les gens seraient libres de vivre ensemble, en paix.

Je me souviens que je rêvais de devenir astronaute ou pilote pour voler

très haut dans le ciel, comme les oiseaux.

Je voulais aussi être peintre pour peindre sur le blanc de la toile, et ainsi

changer la couleur rouge sang du monde, et le rendre multicolore.

Mère ! Les paroles sont nombreuses, mais ces quelques lignes sont encore

insuffisantes.

Je ne t’oublierai jamais…

Maintenant, à toi l’ami de toujours, celui qui reste à jamais dans ma

pensée et dont le souvenir me hante, je dirai que nous vivons dans une

diversité culturelle. Le monde est ainsi. La plus grande capacité de

l’homme est de savoir s’adapter à toutes les circonstances, malgré des

conditions de vie différentes.

Nous ne faisons qu’un et nous nous complétons tel les morceaux d’un

puzzle. Un monde nous attend et nous ne pouvons pas perdre espoir, un

jour tout ceci changera et on aura ce que l’on espère…

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Nous ne sommes pas des animaux, mais des êtres rationnels.

Nous ne faisons qu’un et peu importent nos différences, nos rêves et toutes

ces petites choses qui nous séparent.

Donne-moi ta main et allons nous promener ! Ne me quitte pas. Ne

m’abandonne pas, la chaleur d’une amitié vaut tellement plus que des

montagnes d’or… j’ai confiance en toi, tu es pour moi un ami et un frère à

la fois. Lorsque je suis loin de toi tu me manques, alors que près de toi je

peux ressentir cette fraternité et cette solidarité si forte.

Nous sommes tous un peu ce que la vie nous apporte et dans cet univers

multiculturel nous n’avons d’autres choix que de vivre ensemble, avec nos

différences. Malgré la distance et la séparation nous restons semblables.

Nos douleurs, nos peines, nos blessures et notre tristesse font partie de

cette lutte constante, mais je sais qu’au terme de cette bataille, la victoire

sera nôtre.

Ne me demande pas pourquoi je suis ainsi, je ne te le demanderai pas non

parce que je ne saurais quoi répondre. Les raisons de cet univers peuvent

être variées, mais je sais qu’au fond nous ne sommes qu’un.

I. M

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Marianna Uzdenova

Je me souviens d’un jour de fête, « l’Aid al Adha »…

Dans ma famille les fêtes religieuses ont toujours été très importantes,

notamment celle de l’Aïd. La tradition veut que, la vielle de cette fête, on

achète un mouton et qu’on le garde jusqu’à ce qu’il soit « sacrifié ».

Voici donc un souvenir d’enfance qui nous ramène quelques années en

arrière :

J’ai alors douze ou treize ans et vis chez mes parents à Kislovodsk. Comme

chaque année, nous avons acheté un mouton et l’avons attaché dans le

jardin de ma mère. Mais soudain, alors que je jette un œil par la fenêtre,

plus de mouton. Il s’est évadé ! Je commence à m’inquiéter et me précipite

dehors. Mon frère, dont je suis de huit ans l’aînée, sort me rejoindre. Nous

voilà partis à la recherche de notre fugitif. Une fois au bout de la rue, nous

regardons à droite, puis à gauche. Rien en vue. Nous continuons tout droit,

et soudainement je l’aperçois au loin. Nous courons vers lui. Il nous voit,

prend peur et se sauve de nouveau. Heureusement, surpris de voir ce

mouton avec une ficelle autour du cou et suivi de près par deux enfants, un

voisin comprend la situation et barre la route à notre fuyard. Imaginez nos

efforts pour le freiner dans sa course !

Une fois maitrisé, non sans peine, il nous faut ramener cette satanée bête

au bercail. Un mouton qui résiste, qui ne veut pas obéir, c’est cinquante

kilos de viande à remettre en mouvement. Mais comment nous y prendre ?

Nous décidons alors de soulever ses pattes arrières pour l’obliger à se

servir de celles de devant. Je le fais alors avancer comme une brouette de

laine bêlante. Nous sommes à bout de force, mais parvenons tout de même

à atteindre la maison.

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Je ressens une colère folle envers cette bête que j’aimerais traiter de « tête

de cochon » sans vraiment le pouvoir ! Tant pis, nous serons vengés

demain.

La journée passe et mon père rentre du travail. Ne remarquant pas notre

épuisement, il regarde le mouton et ne voit soudainement en lui qu’un tas

de chair fatigué et amaigri. Il me regarde d’un air interrogateur.

Impossible de lui raconter notre aventure du matin. J’invente quelque

chose. Je lui explique que ce mouton sent peut-être qu’il ne lui reste que

quelques heures à vivre. Mais un doute effleure son esprit méfiant. Et si

l’éleveur avait volontairement engraissé ce pauvre animal pour en

augmenter le poids et le vendre plus cher à l’occasion de l’Aïd ? Après un

court instant, il oublie sa théorie, fait mine de me croire et rentre se

reposer.

Je ne sais pas si ce jour-là mon père m’a vraiment crue. Mais nous ne lui

avons révélé la vérité que des années plus tard !

Je me souviens aussi de mes débuts dans le monde la musique…

Avec mon amie Natasha nous nous promenions souvent toutes les deux.

Nous nous remémorions nos souvenirs d’enfance et nos incroyables

aventures. Nous rigolions beaucoup.

Un soir, elle m’a demandé si je me rappelais qu’à l’âge de 13 ou 14 ans

nous avions pour habitude de chanter dans la rue. Jusqu’à ce jour je n’y

avais jamais repensé et même complètement oublié ! Nous avons donc

commencé à rire sans pouvoir nous arrêter !

A l’époque, nous sortions chaque jour et nous nous installions devant la

maison de notre voisin, qui vivait entre nos deux maisons. Nous nous

asseyions sur son banc et entonnions nos chansons préférées. Notre

répertoire comprenait principalement des chansons de folklore russe. Nos

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chansons allaient de la petite histoire d’amour, aux airs héroïques, en

passant par des chants décrivant nos traditions. Nous chantions avec

beaucoup de plaisir et y mettions toute notre âme et tout notre cœur. Nous

faisions des duos. Un jour l’une faisait l’homme et l’autre la femme, et

nous changions de rôle le lendemain. Nous étions les stars de notre

quartier !

Lorsqu’elle s’est souvenue de tout ceci, Natasha s’est d’abord sentie

honteuse. A tel point qu’elle a même demandé à sa mère pourquoi elle

n’avait jamais essayé de nous en empêcher et de nous dire de ne plus aller

« crier » dans la rue. Ce à quoi sa pauvre mère a gentiment répondu :

« Mais parce que vous chantiez très bien et que j’aimais beaucoup vos

chansons ! ».

Je ne sais pas, et ne saurai jamais, si nous étions réellement douées. Mais

une chose est sûre, à l’époque, aller à la chorale était l’un de nos passe-

temps préférés, et nous étions persuadées de bien chanter puisque

personnes ne nous disait d’arrêter !

M. U

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Maria Ndembo Miguel

Je me souviens…

Je n’avais que deux ans lorsque ma mère est décédée. C’est pourquoi j’ai

ensuite vécu avec ma sœur et mon frère chez notre grand-mère. Nous

vivions dans son petit village, celui où elle travaillait pour pourvoir nous

nourrir et subvenir à nos besoins.

Je me souviens que ma sœur, mon frère et moi allions à l’école le matin, de

8h à midi. J’aimais beaucoup y aller et j’adorais les mathématiques.

Ensuite nous rentrions chez notre grand-mère pour déjeuner et faire le

ménage et la vaisselle. Pendant ce temps, mon frère ne faisait rien !

L’après-midi nous avions un peu de temps pour jouer, avant que ma sœur

ne s’occupe de préparer le dîner.

Et je me souviens aussi que le dimanche nous allions tous à l’église avec

notre grand-mère.

Puis un jour ma sœur est partie vivre à Luanda chez notre oncle, alors que

mon frère et moi sommes restés chez notre grand-mère.

J’ai continué à aller à l’école, mais je n’ai pas pu étudier beaucoup parce

que je n’avais personne pour payer ma scolarité. C’est donc à l’âge de 10

ans que j’ai arrêté l’école.

Plus tard mon frère et moi avons retrouvé notre sœur à Luanda, quittant

ainsi notre grand-mère et son village. Puis ma sœur a été mariée et je suis

allée m’installer chez elle. Je m’occupais de sa fille lorsqu’elle partait

travailler.

M.N. M

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Dimitri Gavrichenko

Le voyage : la meilleure des éducations pour l'homme.

Je me souviens de mes voyages…Quand vous vivez dans un pays dont la

culture est différente de la vôtre, il vaut mieux commencer à comprendre

votre propre pays pour pouvoir regarder votre peuple d’un autre œil.

En plus de la Russie, mon pays natal, j'ai vécu environ deux ans en Egypte

– culture orientale - et environ deux ans en France - culture occidentale.

Je pourrais dire beaucoup de choses sur les différents modes de vie de ces

pays, j’aurais de quoi écrire tout un livre ! Mais dans ce texte je ne

discuterai que des expériences importantes que j’ai vécues, qu’elles soient

positives ou négatives.

En Egypte, l’impression la plus négative que j’ai eue a été liée au fait qu’il

y ait des ordures partout dans les rues. La majorité de la population

Egyptienne est musulmane et l’Islam demande aux musulmans de

respecter la propreté. Le Prophète Muhammad a dit: « La pureté est la

moitié de la foi. ». C’est donc paradoxal puisqu’au Caire, par exemple, on

voit énormément de déchets jonchant les rues, alors que l’intérieur des

maisons égyptiennes est extrêmement propre.

Je me souviens qu’un jour un ami m’a bouleversé en faisant une

comparaison intéressante. Il m'a dit qu’en Egypte la saleté gisait sur le sol,

mais qu’en Russie elle se déplaçait et qu’il s’agissait des hommes… Avec

cette remarque il a voulu dire que le manque de propreté dans les corps et

les esprits du peuple Russe était pire que la saleté des rues d'Egypte.

Cependant les différences en faveur de l’Egypte sont énormes par rapport

à mon pays. Le prix des marchandises y est très bas. Par exemple, malgré

le fait que le pays ne produise pas de pétrole, l'essence coûte cinq à six fois

moins cher qu’en Russie, qui est riche en pétrole.

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En ce qui concerne les produits naturels, en Europe les fruits et légumes

issus de l’agriculture biologique sont rares et coûteux, alors qu’en Egypte

on les trouve généralement en grande quantité et pour un prix dérisoire.

Ensuite, venant de Russie, berceau de la vodka, j'ai été surpris par

l'absence complète d’alcool en vente au Caire. Dans les rues je n'ai jamais

vu une seule personne en état d'ébriété. J'ai également été très surpris par

l'absence de prétention, d'arrogance et de signes de richesse à travers les

vêtements et les voitures, alors que dans mon pays on en fait beaucoup

trop.

Quant à la France, j’ai été agréablement surpris par l’aide donnée par le

Gouvernement aux plus pauvres.

Mais ce qui m’a le plus surpris a été l'absence quasi totale de visages

heureux dans les rues. Sur les visages des Français on ne voit presque

aucune émotion, comme si leurs visages étaient cachés derrière des

masques. Ils sont comme artificiels. Et ce malgré le fait que la France soit

le pays le plus riche dans lequel j'ai vécu. J’ai l’impression que finalement

les gens de ce pays sont moins heureux.

Dans mon pays, on utilise le proverbe : « L'argent ne fait pas le bonheur ».

Il s’agit d’une parole de sagesse populaire qui existe également en France.

Ce qui me mène à cette comparaison entre les proverbes français et les

proverbes russes. Beaucoup sont identiques, en voici quelques exemples :

Tout est bien, qui finit bien.

Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. La parole est d'argent, mais le silence est d'or.

Si je me souviens bien, dans le passé la langue française était très utilisée

par les aristocrates russes. Il est donc très probable que ces phrases soient

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liées au fait que le français ait été la langue de la culture et de la

diplomatie jusqu’au XIXe siècle.

J'espère que mes souvenirs de voyages vous ont intéressés… et amusés !

D. G

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Aïssatou Diallo

Quand j’étais petite…

Je me souviens d’une fête de Ramadan. J’avais dix ou onze ans.

Toutes mes copines avaient défrisé leurs cheveux pour être bien coiffées, et

je voulais faire la même chose. Quand j’en ai parlé à ma mère, elle s’y est

opposée. Je me souviens d’avoir pleuré toute la nuit pour la convaincre

d’accepter. Ce qu’elle a finalement fait.

Elle est allée acheter le produit et le matin même, elle me les a défrisés à la

maison. Mais après, quand je suis allée chez la coiffeuse pour qu’elle

finisse de me coiffer, elle m’a dit que mon défrisage était mal fait. J’ai

alors pris 1000 francs guinéens. Je suis allée chez le laveur - qu’on appelle

aussi « lave lave » - pour qu’il essaie de rattraper tout ça…. Si j’avais su !

Il m’a lavé les cheveux, mais ils sont tous tombés à cause de son produit !

Quelle panique !

Sur le chemin du retour, j’ai essayé de me recoiffer parce que j’avais très

peur de la réaction de ma maman en me voyant.

Quand je suis arrivée à la maison, j’ai couru me relaver les cheveux, en

espérant qu’elle se rendrait moins compte de la catastrophe ! J’ai été

naïve… En me voyant ma mère a tout de suite compris. Elle a attrapé les

ciseaux et a commencé à tout recouper pour les égaliser. Mais trop tard,

tout le monde s’est moqué de moi. Et je me souviens que j’ai beaucoup

pleuré.

Je me souviendrai toujours de ce que m’a dit ma mère après ce jour de

fête qui n’en était plus vraiment un pour moi : « Si ta mère te dit de ne pas

faire une chose, ne la fais pas ! ».

A. D

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Donat Mavangu-Diavutukila

Je me souviens…

Je me souviens de la maison dans laquelle j’ai grandi. Elle était très

grande. J’y vivais avec ma famille, mon père, ma mère et mes frères. Mon

frère ainé s’appelle Jean-Pierre, le deuxième s’appelle Charly, le troisième

Sumbuka, le quatrième Luvumbu Pamuke, le cinquième Kitata Prince, le

sixième Djimy Mayivangua, le septième Stéphane et le dernier, moi-même,

Donat Mavangu-Diavutukila.

Je me souviens que nous vivions dans la commune de Matete, près du

quartier de Batende, dans la capitale de Kinshasa.

Je me souviens du jour où je me suis marié avec ma femme, Pamela.

Maintenant on est unis jusqu’à ce que la mort nous sépare.

Je me souviens de la première fois où j’ai fait de la boxe anglaise. J’avais

18 ans. Mais depuis que je suis à Besançon j’ai arrêté.

Je me souviens de mon ami d’enfance, Baby. C’est lui qui m’a donné la

force et le courage de commencer le sport à Kinshasa.

Je me souviens de mes enfants, qui ont dû partir se réfugier en Angola à

cause de mes problèmes.

Je me souviens du jour où je suis arrivé en France. J’ai glorifié Dieu. Il

fallait que je quitte mon pays où j’étais menacé de mort et recherché par

la police. Quand je suis arrivé à Paris, c’était comme si on m’avait sauvé la

vie.

D.M. D

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Largement soutenue par la Direction et l’ensemble de l’équipe, cette

initiative est le reflet du travail des résidents du « Dispositif Migrants »

ayant accepté se prêter au jeu de l’atelier d’écriture.

Tous ensemble, nous avons tenté de briser les codes et de dépasser le cadre

de « l’école » pour laisser chacun libre de s’exprimer et de partager ses

propres souvenirs…


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