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La Manche compte 495 000 habitants. Ce territoireest bordé au sud par l’Ille-et-Vilaine (région Bre-tagne) et la Mayenne (région Pays de la Loire). Il bé-néficie d’un caractère maritime important, avec355 kilomètres de côtes, et se classe au cinquièmerang des départements maritimes français après leFinistère (795 km de linéaire côtier), le Morbihan(513 km), la Corse-du-Sud (466 km) et la Cha-rente-Maritime (364 km). La Manche présente aus-si une identité rurale importante : 31 % descommunes du département se situent hors de l’in-fluence urbaine contre 21 % en moyenne en Francehors Île-de-France.

Un regain démographique depuisle début des années 2000

Depuis le début des années 1960, la populationmanchoise a connu une croissance à la fois moinsrapide et plus heurtée que dans la Région ou enFrance métropolitaine. L’évolution démogra-phique du département a été marquée par diversmouvements migratoires plus ou moins favora-bles : exode rural, afflux et reflux temporaires depopulations avec le début et la fin des "grandschantiers" dans le Cotentin. Ainsi, la progressiondémographique du territoire a surtout été portéepar un excédent naturel s’érodant au fil du tempsdu fait du vieillissement de la population. Entre1999 et 2007, la Manche a gagné 13 400 habitants,soit une progression moyenne de 0,34 % par ancontre 0,05 % dans les années quatre-vingt-dix. Ces

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Cent pour centBasse-Normandie

La Manche : un territoire richede promesses pour l'avenir

Un département, trois potentiels économiques

Un cadre environnemental préservé, uncertain équilibre social et une économierelativement diversifiée constituent au-tant de ressources pour le départementde la Manche. S’il attire touristes et nou-veaux résidents, le département ne pro-fite peut-être pas pleinement de cesatouts : les jeunes quittent le territoire, lacapacité d’accueil touristique reste li-mitée, et certaines activités de la sphèreprésentielle pourraient être consolidées.

La Manche dispose aussi de cartes àabattre dans le secteur productif. Électro-nucléaire et construction navale ont ap-porté une spécificité technique auCotentin, qui pourrait aujourd’hui se di-versifier dans la filière éolienne offshore.L’agroalimentaire, bien présente sur leterritoire, pourrait aussi se développer ensoutenant l’innovation et la création denouvelles activités. Au-delà de ces filièresmaîtresses, des entreprises de taillemoyenne structurent un tissu écono-mique relativement diversifié dans laManche. Il importe de le maintenir afin depréserver l’équilibre du territoire.

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Le Département de la Manche s’est engagé dans une démarche de réflexion de prospective territoriale, inti-tulée "écrivons ensemble la Manche de demain", définissant des orientations stratégiques de développe-ment du territoire. Afin de mener à bien cette approche, le conseil général et l’Insee se sont associés dansune action commune dont ce diagnostic constitue le 1er volet. Les forces, faiblesses, opportunités et mena-ces identifiées ici serviront de base à l’analyse. Ce diagnostic est axé sur les évolutions démographiques etsur l’économie. Par la suite, l’Insee participera, en tant qu’expert aux instances de pilotage de la démarche,chargées d’élaborer une vision pour la Manche. Les scénarios retenus seront présentés dans un "Livreblanc", document de prospective territoriale. L’Insee et le conseil général de la Manche rédigeront une syn-thèse de ce "Livre blanc", constituant ainsi le second volet de ce partenariat.

gains concernent principalement les com-munes périurbaines surtout celles des pô-les d’Avranches et de Granville, ainsi que lelittoral ouest et sud du département. En re-vanche, la population continue à baisserdans le bocage Mortainais, dans les pôlesurbains de Cherbourg-Octeville et deSaint-Lô, mais également dans la région desmarais du Cotentin.

Si la Manche a conservé un bilan naturelpositif, elle accueille aussi des ménagesavec enfants et, bien plus encore, des per-sonnes âgées. Ces nouveaux résidentsmanchois, principalement originaires dureste de la région ou d’Île-de-France, s’ins-tallent surtout le long des littoraux ouest etsud, ainsi que dans les pôles urbains. Le dé-partement de la Manche attire égalementdes personnes arrivant de l’étranger, no-tamment du Royaume-Uni. L’intérêt de ces

nouveaux habitants venus d’outre-manchepour le territoire ne faiblit pas : les arrivéesde personnes venant du Royaume-Uni sontpassées de 100 par an entre 1990 et 1999 à400 par an durant la période 2002-2007. Lebocage Mortainais est particulièrement pri-sé par ces nouveaux habitants.

Mais, à l’image de la plupart des territoiresruraux, la Manche voit de nombreux jeunesde 15 à 24 ans partir poursuivre leurs étu-des ou exercer un premier emploi dans lesmétropoles universitaires et économiques,aux premiers rangs desquelles figurentCaen et Rennes. Au total, le solde des mou-vements migratoires est négatif pour les15-24 ans (- 7 800 en cinq ans), positif pourles enfants de moins de 15 ans et les adul-tes de 25 à 54 ans (+ 3 800), ainsi que lespersonnes âgées 55 ans et plus (+ 4 200).

Les migrations :un enjeu pour l’avenir

Ces migrations ont des conséquences for-tes sur la population résidente : elle est plusâgée qu’en moyenne nationale ou régio-nale, les personnes de 60 ans et plus repré-sentant 26 % de la population alors qu’ellessont 24 % en Basse-Normandie et 23 % enProvince. Les seniors sont davantage pré-sents dans les arrondissements d’Avran-ches et de Coutances. La part des 60 ans etplus dépasse même le tiers de la populationdans les communes situées sur le littoralouest, sur la côte est du Cotentin et dans lesud-est du département. A l’opposé, lesjeunes de moins de 25 ans sont plus pré-sents dans les arrondissements deCherbourg et de Saint-Lô, plus urbanisés.

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Évolution de la population communale entre 1999 et 2007

Source : Insee, recensements de la population

Dans les années à venir, si les dernières ten-dances démographiques se poursuivent, laManche continuerait à gagner des habi-tants, bien qu’à un rythme inférieur au ni-veau régional et national. Entre 2007 et2042, la population manchoise pourraitaugmenter de 28 000 habitants. Cettecroissance serait, en grande partie, tiréepar celle de l’arrondissement de Coutanceset devrait être uniquement alimentée parles migrations, notamment par l’installa-tion de seniors. Néanmoins, cet afflux deretraités, accompagnant l’arrivée aux âgesavancés des générations nombreuses néespendant les "Trente Glorieuses", pourraitpeser sur le solde naturel par une augmen-tation mécanique du nombre de décès.Ceci s’ajoutant aux départs des jeunes, lacroissance de la population manchoisepourrait, à terme, s’essouffler.

Le vieillissement, touchant l’ensemble duterritoire national par l’effet "papy-boom",sera davantage marqué dans la Manche dufait de la structure de sa population et desmigrations. Ce phénomène démographiqueaura aussi un impact économique : moinsde jeunes et d’actifs, mais un développe-ment attendu des services aux personnesâgées, plus nombreuses. A court et moyentermes, des besoins de renouvellement demain-d’œuvre et d’aide à la transmissiond’entreprises se feront par ailleurs sentir,notamment chez les travailleurs indépen-dants (exploitants agricoles, commer-çants, artisans et chefs d’entreprise) etles professions libérales. En 2007, 23 %des personnes occupant un emploi dansla Manche ont 50 ans ou plus, soit autantqu'en métropole. Mais ce taux atteint42 % pour les professions libérales et 37 %chez les commerçants. Les cadres de lafonction publique sont égalementconcernés (33 %).

Un premier enjeu pour la Manche pourraitêtre de maintenir son dynamisme démo-graphique tout en assurant le renouvelle-ment de sa population active. Lesphénomènes de compétition territorialerisquent toutefois de s’accentuer, et laManche ne pourra que bénéficier d’effortscomplémentaires sur les conditions d’ac-cueil. Le territoire manchois pourrait ainsiveiller à investir dans les domaines de lasanté, de la culture, des transports et dansles commerces de bouche. Profitant d’unearmature urbaine relativement dense etbien articulée autour de villes moyennes,l’accessibilité aux équipements et servicesde proximité serait ainsi consolidée. L’équi-libre social, enfin, avec une faible disparitédes revenus et des formes de pauvreté moinssensibles qu’ailleurs, constitue aussi un atoutà préserver.

Conforter le potentieltouristique

Le département de la Manche dispose degrands espaces préservés (les parcs natu-rels régionaux des Marais du Cotentin etNormandie-Maine ainsi que le littoral), de sitesde renommée mondiale (Mont Saint-Michelet sa baie, sites du débarquement), ou encored’un patrimoine Vauban remarquable(Saint-Vaast-la-Hougue, Tatihou...). Il pourraittoutefois en profiter mieux encore en déve-loppant un tourisme de bord de mer aussibien qu’un tourisme vert. Le tourisme dansla Manche rassemble 6 400 emplois aucœur de la filière (secteurs de l’héberge-ment et de la restauration) et 2 000 emploisinduits (secteurs de la culture et des loisirs),soit moins que les 5 % d’emplois que repré-sentent ces secteurs en France.

L’offre d’hébergement dans la Manche estinférieure à celle des départements bre-tons et des autres départements ayant unefaçade atlantique, derrière aussi le Calva-dos. Elle est également peu diversifiée puis-qu’elle se compose en majorité derésidences secondaires et de campings,concentrés sur le littoral. L’hôtellerie, enparticulier haut de gamme, reste peu déve-loppée (seulement deux hôtels 4*), etconcentrée autour de Cherbourg et dans labaie du Mont Saint-Michel. La capacitéd'accueil dans les gîtes et chambres d'hôteslabellisés est également inférieure à celledu Calvados (1 720 contre 2 263). Cette ré-partition entraîne une prépondérance decourts séjours et une très forte saisonnalitéde la fréquentation. Elle ne permet pas de

satisfaire l’ensemble de la clientèletouristique et représente donc un potentieléconomique fort à valoriser et à développer.

Tourisme de passage, vieillissement pro-noncé, attrait de nouveaux habitants sontautant de facteurs susceptibles de créerdes besoins dans la sphère présentielle. Ensuscitant la demande, les nouveaux habi-tants, au niveau de vie relativement plusélevé, participent au soutien des services àla population. Parmi les retraités récem-ment installés, un tiers sont d’anciens ca-dres ou exerçaient une professionintermédiaire, contre 16 % de l’ensembledes retraités manchois. Ces seniors sontune opportunité de développement desservices, du commerce et des loisirs.D’autre part, les besoins liés à la dépen-dance, en particulier pour les octogénaireset leurs aînés, vont s’accroître. D’ici à 2042,le nombre de personnes âgées de 80 ans etplus devrait largement doubler, occasion-nant des besoins dans le domaine des ser-vices aux personnes âgées (soins médicaux,soins à domicile, hébergement, services derepas à domicile et, en conséquence, for-mations dans le domaine médico-social).

Une croissance de l’emploi est sans doute àattendre du développement de ces servicesà la population. Cependant, ces emplois ap-partenant à l’économie présentielle sontsouvent peu qualifiés et assez peu rémuné-rateurs. Afin d’attirer des actifs sur ses ter-res, le département de la Manche possèdeune autre carte : il dispose actuellementd’un potentiel productif non négligeable etdiversifié.

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Un tissu productif à valoriser

Par rapport à ses voisins bas-normands, laManche a mieux résisté à la crise de l’au-tomne 2008. Certains avantages lui per-mettent de mieux supporter la concurrenceet les aléas de la conjoncture mondiale. Leterritoire dispose d’un tissu de petites etmoyennes entreprises bien développé.Près des deux tiers des salariés de laManche travaillent dans une PME, contre59 % en France. Ces unités économiquessont très ancrées localement, leurs centresde décision se trouvant le plus souventdans le département. La plupart des gran-des entreprises et des grands établisse-ments sont visibles dans l’industrie, secteurde loin le plus concentré.

L’appareil productif manchois a connu deprofondes mutations ces trente dernièresannées. Il s’est rapproché de la structurenationale au fur et à mesure de la contrac-tion des emplois agricoles. Peu dépendantedes marchés extérieurs, la sphère présen-tielle concentre 63 % des emplois dans laManche en 2007, contre 64 % en Francemétropolitaine.

L’agriculture et la pêche représentent en-core 7,8 % des emplois en 2007. Cette pro-portion est supérieure à celle du Calvadoset de l’Orne (4,8 %), et bien au-delà de lamoyenne métropolitaine (3,1 %). Aux côtésde l’élevage bovin, destiné à la productionde lait et de viande, la production maraî-chère a pris de l’ampleur. Ces secteurs fa-vorisent l’implantation de filières detransformation agroalimentaire commedébouchés aux productions agricoles loca-les, dégageant plus de valeur ajoutée. L’in-dustrie conserve un poids important, enregroupant 16,5 % des emplois (13,3 % auniveau national). Elle est spécialisée dansdes domaines moins directement exposésaux soubresauts de la conjoncture mon-diale : nucléaire, construction navale et

agroalimentaire. Ainsi, entre 2002 et fin2009, le recul des effectifs industriels a étéplus contenu dans la Manche (- 6 %) quedans le reste de la région (- 17 %) et qu’enFrance métropolitaine (- 20 %).

Un bémol toutefois, les services destinésaux entreprises sont sous-représentés. Lamauvaise conjoncture générale en 2009 aeu un impact sur ces activités, et témoigned’une certaine fragilité des relations entreclients et prestataires dans la Manche. Cesecteur concentre 14 % de l’emploi contre23 % en France et 18 % dans le reste de laBasse-Normandie (la Manche se situe au85ème rang pour la part de l’emploi desservices aux entreprises dans l’emploi to-tal). Cette faiblesse est surtout manifestedans le transport et la logistique, le conseilet l’assistance (comptabilité, gestion, ...),l’information et la communication, mais

aussi dans les activités de recherche et dé-veloppement (hors services de R&D des en-treprises). Or ces domaines constituent dessoutiens externes indispensables à la com-pétitivité des grandes entreprises, notam-ment industrielles. Celles-ci ont, en effet,tendance à se recentrer sur leur cœur d’ac-tivité en externalisant une partie de leurfonctionnement. En revanche, les activitéstechniques et d’ingénierie, développéespour le nucléaire dans le Cotentin, sont bienimplantées. L’ambition du département dedéployer un réseau très haut débit sur l’en-semble du territoire pourrait constituer unlevier de développement pour ces entrepri-ses, tout en soutenant le secteur des tech-nologies de l’information et de lacommunication.

Un département, troispotentiels économiques

D’un certain point de vue, la relative diversi-té des activités économiques, en particulierproductives, constitue un atout pour laManche et ses territoires. La consolidationdes avantages productifs constitue un en-jeu autant que le maintien des équilibres.

Vers une diversification de ses filières"maîtresses" ?

La filière électronucléaire et la constructionnavale, regroupant 8 700 emplois directs,soit plus du quart de l’emploi industrielmanchois, pèsent dans l’économie man-choise. Le nord du département concentre

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la quasi-totalité des emplois de ces sec-teurs d’activité, les grands donneursd’ordre (EDF, Areva, DCNS) comme lesnombreuses entreprises de sous-traitancedans la construction et la mécanique indus-trielle, ou encore dans l’assistance tech-nique. Cette industrie est relativementmoins exposée aux aléas des marchés mon-diaux, mais répond à des logiques particu-lières (commandes d’État, considérationsgéopolitiques...). Le paysage économiqueet démographique du Cotentin en a ressen-ti les conséquences profondes pendant lesannées quatre-vingt et quatre-vingt-dix :positives quand le nucléaire se développaitau travers des "grands chantiers", négati-ves lorsque la baisse des commandes mili-taires a frappé la construction navale. Par

voie de conséquence, le département en-tier a subi ces épisodes puisque le Cotentinrassemble 40 % de la population et des em-plois manchois. Depuis, l’industrie nu-cléaire a adopté un rythme de croisièreavec une croissance modérée des effectifssalariés, tandis que la construction navalecontinue de perdre des emplois.

Aucun autre secteur industriel de poids n’aémergé dans cette portion de territoire.Seuls des emplois tertiaires, notammentdans l’administration publique et l’actionsociale, ont amorti les diminutions d’em-ploi passées. Avec le développement desénergies renouvelables en mer (éolien, hy-drolien), une nouvelle filière industrielledevrait s’ouvrir dans le Cotentin. Le nord de

la Manche possède, en effet, un sa-voir-faire industriel et des qualificationsdans les métiers de l’installation et de lamaintenance industrielle, transposablesaux besoins de la filière éolienne offshore.Le 6 avril dernier, l’État a sélectionné le pro-jet d’EDF-Alstom qui prévoit d’implanter àCherbourg-Octeville la fabrication de pâleset de mâts d’éolienne. En prévoyant lacréation de 500 emplois directs et 2 000emplois indirects, ces entreprises pour-raient impulser une nouvelle dynamique in-dustrielle. Développer une synergie entreles différents acteurs économiques du ter-ritoire autour des énergies renouvelables,notamment marines, pourrait ainsi consti-tuer un enjeu économique pour le départe-ment de la Manche.

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L’agroalimentaire, un potentiel pro-metteur

Avec 21 000 emplois directs, l’agroalimen-taire est une filière importante dans laManche, surtout dans le centre du départe-ment. Cette zone abrite, en effet, 45 % desemplois manchois de la pêche, de la con-chyliculture et des filières de production etde transformation de produits agricoles.Ces derniers sont toutefois concentrésdans un nombre réduit de gros établisse-ments, installés au cœur du bassin de pro-duction : Sico à Coutances (525 emplois),Soleco à Lessay (525 emplois), Elvir à Con-dé-sur-Vire (462 emplois) et AIM àSainte-Cécile (382 emplois), pour ne citerque les plus importants. La présence de lafilière agricole a entraîné l’installation deprestataires de services et d’entreprisescommerciales (comptabilité, gestion, infor-matique, laboratoires, matériel agricole,transport...). Ils peuvent constituer un soclede développement de l'emploi dans les ser-vices aux entreprises nécessaire à la com-pétitivité du territoire. Saint-Lô a d’ailleursété identifié comme pôle régional agroali-mentaire : l’agglomération accueille des la-boratoires d’analyse, des centres deformations dans l’agroalimentaire (notam-ment l’école d’ingénieur Esix) et le futurcentre de recherche Adria Normandie.

Mais, quelle que soit sa localisation dans ledépartement, l’industrie agroalimentaireest majoritairement tournée vers la trans-formation des produits agricoles domi-nants dans le territoire à savoir le lait, laviande et les légumes. En dépit de son ca-ractère maritime, l’industrie de transfor-mation du poisson est peu présente. Il enest de même de la fabrication de produits"élaborés" (plats cuisinés, aliments pré-cuits, produits panés, transformation de fi-bres végétales...), secteur permettant devaloriser les productions agricoles au grédes nouveaux modes de consommation. Atitre comparatif, pour 100 emplois dans l’a-griculture et la pêche, la Bretagne (régionégalement très agricole et tournée vers l’é-levage) réunit 88 emplois dans l’agroali-mentaire, alors que la Manche n’enregroupe que 38. Le potentiel agricolepourrait sans doute être davantage exploi-té au sein des entreprises de la Manche.L’intégration récente de la filière agroali-mentaire bas-normande au pôle de compé-titivité Valorial (Valorisation Recherche etInnovation Alimentaire) semblerait êtreune opportunité de développement de l’in-dustrie de transformation des produits is-sus de la terre et de la mer. Elle pourraitaccompagner la diffusion de l’innovation et

de la R&D au sein des entreprisesmanchoises et favoriser la création ou l’im-plantation de nouvelles activités.

Une diversité d’activités préservantl’équilibre du territoire

Loin d’être un territoire dédié à l’agricul-ture, à l’agroalimentaire, à l’énergie, à laconstruction navale et au tourisme, laManche accueille également des industriesdiverses s’appuyant sur quelques entrepri-ses de taille moyenne. Cette pluralité s’ob-serve, en particulier, dans le sud dudépartement. La Manche bénéficie de l’im-plantation d’industries des secteurs élec-trique et électronique, employant plus de2 700 personnes. Cette industrie a dû faireface à des difficultés, notamment aux dé-sengagements de grands groupes commeAlcatel. Toutefois, par son implication ac-tive dans l’aménagement numérique dudépartement, la coopérative Acome, undes leaders européens dans la fabricationde câbles et de fibres optiques, se dis-tingue. Elle est le plus gros employeur in-dustriel du sud Manche (un millier desalariés). Cette entreprise participe au pôled’excellence rurale Nove@ ayant pour butde promouvoir les TIC au service du déve-loppement durable.

Le département de la Manche jouit égale-ment de la présence d’industries de "hautde gamme" dans le cuir et le textile : LouisVuitton à Juilley, les Tricots Saint-James àSaint-James et Grandis à Saint-Pair-sur-Mer.Il bénéficie également d’autres industriesimplantées de longue date et exerçant surdes créneaux épars : le bois, le papier etl’imprimerie, la verrerie ; le plastique et lecaoutchouc, ainsi que la carrosserie indus-trielle. Ces industries, avec leurs fournis-seurs et sous-traitants, épaulent letourisme et le commerce local en mainte-nant des activités hors de la bande littorale.Elles contribuent ainsi à un développementéquilibré du territoire.

Ainsi, de nouvelles voies de développe-ment s’ouvrent dans le département de laManche. Ce sont autant d’opportunitésd'emplois qui pourraient attirer de nouvel-les populations, ou maintenir sur place unepartie des plus jeunes. Le soutien, la valori-sation et le développement des différentesactivités économiques permettraient ainsiau département de la Manche d’assurerson avenir.

Anne-Claire FRETAYInsee

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DIRECTION RÉGIONALEDE L'INSEEDE BASSE-NORMANDIE

5 rue Claude BlochBP 9513714024 CAEN cedexTél. : 02 31 45 73 33

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© Insee 2012

Définition :

Économie présentielle : L’économieprésentielle regroupe les activités misesen œuvre localement pour la produc-tion de biens et de services visant la sa-tisfaction des besoins de personnesprésentes dans la zone, qu’elles soientrésidentes ou touristes.

Pour en savoir plus :

"La Basse-Normandie et la crise : Un im-pact comparable au niveau national",Insee, Cent pour cent Basse-Normandien°201, juin 2010

"L'économie manchoise reprend de lavigueur", Insee, L’année économique etsociale en Basse-Normandie 2010, Bilan2010, juin 2011