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Page 1: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

Haute Ecole Lucia de Brouckère

Institut Supérieur Economique - Avenue Emile Gryzon 1, bâtiment 4C – 1er étage – 1070 Bruxelles

Tél. : 02/5267323 - Fax. : 02/5267322- Courriel : [email protected] – Site : www.heldb.be

Kuyukazan, Mikail

Comment bien gérer une crise sur les

réseaux sociaux ?

Travail de Fin d’Etudes réalisé en vue de l’obtention du diplôme de

Bachelier en Marketing

Sous la direction de : M. Régis Vansnick

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Partie 1 : Introduction générale

Dès sa création, toute entreprise est potentiellement exposée au phénomène de crise. De nos

jours, les crises semblent s’accélérer et s’intensifier. Quel que soit le secteur d’activité, les

organisations constatent une accélération constante des phénomènes de crise. Depuis le

naufrage du Titanic en 1912 jusqu’aux accidents comme la catastrophe de Fukushima ou le

crash du vol MH17, aux catastrophes environnementales (BP), aux crises alimentaires

(Quick, Findus…), à la fraude financière (Enron), aux crises étatiques (canicule, la dette

publique grecque…), la crise peut apparaître de manière improviste et aucune organisation ne

semble être à l’abri de celle-ci.

La crise est un danger potentiel pour l’organisation et peut conduire à la disparition de celle-

ci. Elle est très souvent causée par un ou des dysfonctionnements au sein de la structure de

gestion de l’entreprise. Cependant, une crise peut représenter une opportunité pour toute

entreprise adoptant une gestion de crise adéquate. Elle peut entraîner une modification d’un

processus de fonctionnement d’une organisation qui semblait inefficace jusque-là.

Depuis l’apparition du web 2.0, Internet joue également un rôle essentiel dans la gestion de

crise, puisqu’il est considéré comme un générateur de crises. De plus, les crises semblent

s’amplifier à l’aide d’Internet.

Il serait cependant dommage de considérer Internet comme étant uniquement un générateur et

amplificateur de crise. Lorsqu’il est bien utilisé, celui-ci s’avère comme un outil de gestion de

crise efficace. Néanmoins, utiliser Internet comme outil de gestion de crise est une tâche

difficile. Cela demande transparence, activité et dialogue.

La communication est au centre du dispositif de gestion de crise. La bonne maîtrise de celle-ci

permet à l’organisation de surmonter la crise. De nos jours, Internet est un lieu de

communication important où les internautes échangent des quantités de données innombrables

A l’aide du web 2.0, un dialogue peut désormais s’introduire entre le consommateur et

l’entreprise.

Ce travail de fin d’étude proposera un modèle de gestion de crise type pour toute entreprise.

L’intérêt d’avoir un tel modèle permettra de mieux anticiper, mais également de mieux se

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préparer à la gestion d’une crise. Cette bonne gestion de crise permettra à l’entreprise de

préserver son image et sa finance.

Cet ouvrage présentera dans un premier temps la crise dans son ensemble, la relation qui

existe entre la crise et la réputation (la manière dont la crise affecte la réputation),

l’organisation de la gestion de crise, la communication en temps de crise, et la gestion après-

crise.

Dans un second temps, il sera question d’établir un lien entre Internet et la crise, mais

également l’utilisation des réseaux-sociaux comme outil de gestion de crise.

Enfin, la deuxième partie de ce travail de fin d’études portera sur un travail scientifique

personnel. J’analyserai des cas de crises survenus récemment à des entreprises réputées. Ces

cas de crises auront comme point en commun le fait d’être né ou propagé sur Internet.

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Partie 2 : Apport théorique

I. La crise

1. Introduction

Pour introduire ce travail de fin d’études, il m’était nécessaire d’aborder d’entrée le sujet

principal qui n’est autre que la crise elle-même. La crise n’est pas un élément nouveau. Dès la

création de l’entreprise, celle-ci est exposée à une crise potentielle. Depuis de nombreuses

années, les crises semblent se multiplier mais surtout de s’intensifier. Ces crises font l’objet

d’une médiatisation de plus en plus forte. Aucune entreprise ne semble être à l’abri d’une

crise.

La gestion de crise est un concept complexe. Afin de mieux comprendre les composantes de

celle-ci, le premier chapitre de ce travail de fin d’études s’attardera essentiellement sur

l’explication de la crise dans son ensemble.

2. Définition

Bien qu’il existe de nombreuses définitions pour décrire la crise, aucune n’est assez précise et

claire. La définition la plus générale que j’ai pu observer est celle d’Otto Lerbinger. Il a

défini la crise comme étant « un évènement imprévu mettant en péril la réputation et la

stabilité d’une entreprise1. » A mon sens, deux mots sont très importants dans cette définition.

Premièrement, « imprévu » car la crise provoque une situation assez inattendue qui est

caractérisée par un effet de surprise déstabilisateur pour l’entreprise, même si celle-ci est

préparée pour. Deuxièmement, le mot « réputation » car la notoriété et le crédit de l’entreprise

sont mis à l’épreuve par les médias auprès des consommateurs ou des clients potentiels, en

particulier lorsque l’information circule de manière virale.

1 Farnel, J. F., Le rôle de la communication dans la gestion des crises, Paris, Humanisme & Entreprise,

http://www.frankfarnel.com/wp-content/uploads/2011/08/finaldoc.pdf

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Une autre définition qui me paraît assez intéressante est celle d’Edgard Morin, sociologue

assez réputé qui fut l’un des premiers à travailler sur la gestion de crise. Edgard Morin a

défini la crise comme : « crise signifie indécision : c’est le moment où, en même temps qu’une

perturbation, surgissent des incertitudes ». Si étymologiquement, le mot « krisis » venant du

grec ancien veut dire « décision »2, le mot crise lui signifierait de nos jours « indécision ».

Une situation critique engendre toujours un moment de panique et un sentiment d’incertitude.

Cela entraine également une rupture brusque d’un ordre considéré comme normal. Cette

définition me plaît car elle évoque un nouvel état de désordre causé par la crise, celui de

l’incertitude.

Thierry Libaert, expert en communication des organisations, définit dans son livre la crise

comme : « La crise est la phase ultime d’une suite de dysfonctionnements mettant en péril la

réputation et la stabilité d’une entreprise »3. Nous retrouvons une nouvelle fois le terme

« réputation » dans cette définition. Henry Ford disait « Les deux choses les plus importantes

n'apparaissent pas au bilan de l'entreprise : sa réputation et ses hommes ». Il est évident que

la réputation de l’entreprise affecte les finances de celle-ci, mais également la valeur totale de

l’entreprise4.

Thierry Libaert cite également d’autres définitions intéressantes à propos de la crise dans son

livre. Par exemple, celle d’André Comte-Sponville : « La crise est un changement rapide et

involontaire, qui peut s’avérer favorable ou défavorable, qui est toujours difficile et presque

toujours douloureux 5», ou même celle de Jean-Bernard Pinatel : « la crise est un changement,

une transition entre deux états, transition qui se fait de façon accélérée. ». J’ai constaté un

point en commun entre ces deux définitions, les termes « rapide » et « accéléré » ont la même

signification. Le changement d’état, de stable vers la crise, au sein d’une entreprise se fait à

une vitesse extrêmement rapide. Une entreprise entrant dans une crise n’aura pas beaucoup de

temps pour réagir, le public exigera toujours une réponse rapide. De plus, l’apparition du web

2.0 n’a fait qu’accélérer les choses, je détaillerai cela plus tard lors ce travail de fin d’études.

2CIRERO, Définition de la crise, Resilience-organisationnelle.be [en ligne], http://www.resilience-

organisationnelle.com/43222/17863.html, page consultée le 13 mars 2016.

3 LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 9. Print.

4 Gallot, Leonard, « La réputation et la valeur économique. » http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-

146888-la-reputation-dune-entreprise-est-plus-importante-que-sa-valeur-economique-1192505.php (page

consultée le 4 avril 2016) 5 LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 32. Print.

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En mandarin, le terme « Wei-Ji » veut dire crise. Ce mot a une signification quelque peu

différente de la nôtre, il désigne à la fois le danger (Wei) et l’opportunité (Ji). Cela est plutôt

réaliste, car une crise bien gérée par une entreprise peut apporter des résultats positifs pour

celle-ci. « Ce qui ne me détruit pas me rend plus fort. », cette citation célèbre de Friedrich

Nietzsche induit la vision chinoise « Wei-Ji ». Lorsqu’il y a une crise, une entreprise est très

vite projetée sous les projecteurs des médias. Si la crise est bien gérée par la suite, cela peut

accroître la notoriété de l’entreprise. Thierry Libaert, dans son livre « La communication de

crise », présente un tableau de crises qui se sont traduites de manière positive pour des

entreprises.

Tableau 1 - Entreprise porte-crise

Entreprise

concernée

Année Enjeu Conséquence

immédiates

Stratégie Résultats

Johnson &

Johnson

1982 Pastille de cyanure

dans un médicament

de Tylénol

Retrait du produit Transparence

Rassurance

Offensive

Confirmation de

marque leader et

innovante

EDF 1999 Effondrement du

réseau électrique en

raison des tempêtes

Attaques sur la

faiblesse de

l’enfouissement des

lignes électriques

Communication par

la preuve, la

proximité et le relais

d’opinion

EDF devient

l’entreprise

préférée des

Français6

Je pense néanmoins que toutes ces définitions sont un peu obsolètes et qu’il faut moderniser

les visions de la crise avec les médias sociaux. En effet, il est évident que les médias sociaux

et les fameux bad-buzz jouent un rôle primordial et déclencheur dans l’apparition d’une crise

de nos jours. L’information circule à une vitesse très rapide sur les réseaux sociaux, cela

influence la crise en elle-même mais aussi la façon dont elle doit être gérée. Je proposerai

donc ma définition qui est d’après moi plus à jour : « la crise est une situation délicate à gérer

pour l’entreprise qui est caractérisée par une transition entre deux états, et qui est la

conséquence directe d’un procédé qui est à l’encontre d’une valeur ou d’un code éthique

appartenant à un groupe social, le tout étant très souvent enclenché sur un réseau social ».

Cette définition reprend d’après moi les éléments les plus globaux pour définir une crise.

6 LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris: Dunod, 2015. 56. Print.

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3. Facteurs d’une crise

L’apparition de crise est certes caractérisée par son apparition inattendue, mais elle dépend

également de certains facteurs. Un consultant pour « Actulligence.com », Frédéric Martinet,

propose plusieurs facteurs7 :

- La visibilité de la marque : plus la marque sera visible, plus il y aura de chances qu’une

faute commise par l’entreprise soit perçue, et donc révélée aux médias et au grand public.

De plus, le contenu ajouté sur Internet reste durable, un internaute peut tout à fait

retrouver une information maladroite pour en faire un bad-buzz.

- Le secteur d’activité : le secteur d’activité d’une entreprise peut également être un

facteur de taille. Plus la marque ou l’entreprise touche à des valeurs, plus le risque

d’encourir une crise est élevé. Par exemple, une entreprise ayant pour secteur d’activité

l’industrie pétrolière ou encore l’industrie de l’armement auront plus de risque de tomber

face à une crise.

- Le niveau d’exposition dans les médias sociaux : plus une marque se démarque

socialement sur Internet, c’est-à-dire en communiquant sur les réseaux sociaux, plus les

internautes échangeront autour de cette marque. Cela augmentera donc logiquement le

risque d’exposition à la crise communicationnelle.

- Le degré d’antagonisme : état d’opposition ou de lutte avec les concurrents, opposants

voire les clients. Des conflits avec ces différents acteurs peut clairement créer une crise.

4. Typologie de crises

Afin de mieux comprendre la cause d’une crise, il est logique de d’abord classifier les

différents types de crises. Je ne m’attarderai que sur quelques classifications de crises, bien

qu’il en existe de nombreuses autres. Les classifications peuvent être de type simple ou

détaillé. Il existe des classifications présentant sept familles de crise à l’exemple de D. Vastel,

ainsi que B. Robert & D. Verpeaux. Mitroff, Pearson et Harrington distinguent eux, onze

catégories de crises.

7MARTINET, F., La crise : définition et transposition aux médias, actulligence.com [en ligne],

http://www.actulligence.com/2012/03/13/la-crise-definition-et-transposition-aux-medias/, page consultée le 31

mars 2016

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Une classification basée sur les origines de la crise a été proposée par Marie-Hélène

Westphalen. Cette classification possède trois axes8 :

- Le caractère objectif ou subjectif de la crise ;

- La nature de la crise : technique ou politique ;

- La source de la crise : endogène ou exogène.

Le terme endogène signifie que la crise peut provenir d’une insatisfaction par rapport au

produit, ou au fonctionnement d’une entreprise. Tandis que le terme exogène signifie que la

crise peut résulter des fournisseurs, partenaires, de la concurrence ou encore du secteur

d’activité propre à l’entreprise9.

Néanmoins, la classification qui me paraît la plus intéressante est celle de Patrick Lagadec10

présentée dans le livre de Thierry Libaert. P. Lagadec a établi une classification de crises

divisée selon deux axes : le caractère interne ou externe de la crise, et sa nature (technico-

économique, organisationnelle, sociale ou humaine).

Techniques/Economiques

Défauts de produit/service

Accidents dans les installations

Panne informatique

Information erronée, cachée

Faillite

Destruction majeure de l’environnement

Défaillance du système à grande échelle

Catastrophe naturelle

OPA

Crise gouvernementale

Crise internationale

8 LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris: Dunod, 2015. 20. Print.

9DAAR, C., Typologie des Crises 2.0 : Les crises fonctionnelles, Linkedin Pulse [en ligne],

https://www.linkedin.com/pulse/typologie-des-crises-20-1%C3%A8re-partie-les-catherine-daar, page consultée

le 1 avril 2016

10 LAGADEC P., Apprendre à gérer les crises, Ed. D’Organisation, Paris, 1993, p. 34

Inte

rne

Extern

e

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10

Echec pour s’adapter

Défaillance organisationnelle

Mauvaises communications

Sabotage

Altération des produits en usine

Rumeurs, diffamations

Activités illégales

Harcèlement sexuel

Maladies du travail

Projection symbolique

Sabotage

Terrorisme

Enlèvements de dirigeants

Altération du produit hors-usine

Contrefaçons

Rumeurs, diffamations

Grèves

Boycottages

Humaines/Sociales/Organisationnelles

Source : Libaert, Thierry. La communication de crise. 4ème ed.

Paris: Dunod, 2015. 21. Print.

Afin de mieux comprendre le tableau, je vais expliquer les différentes natures apparaissant

dans celui-ci :

Crises de nature technique : ces crises sont liées entre autre au produit. Je reprends

l’exemple du scandale de Findus en février 2013, lorsque de la viande de cheval avait

détectée dans certains plats préparés à base de viande de bœuf, en particulier les lasagnes.

Crises de nature économique ; regroupant les crises industrielles, ou encore les crises

financières telles que la crise de la dette publique grecque ayant débuté en 2008.

Crises de nature sociale : liées aux grèves et aux arrêts de travail. Cette catégorie est axée

sur les salariés propres à l’entreprise.

Crises de nature organisationnelle : rassemble les crises liées au fonctionnement d’une

entreprise.

Thierry Libaert a lui-même établi sa propre classification de crises que je trouve très

pertinente. Il classe les crises en quatre sphères11

:

1. La sphère économique

Elle regroupe l’ensemble des crises concernant les secteurs suivants :

Secteur industriel : concerne les problèmes liés au secteur industriel de

l’entreprise.

Secteur structure : exemple : OPA hostile de Mittal sur Arcelor.

11

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris: Dunod, 2015. 24. Print.

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Secteur financier : exemple : le « krach » boursier en octobre 1987.

Secteur social : exemple : grève chez Lufthansa en novembre 2015.

2. La sphère technique

La crise liée à l’entreprise : exemple : La marée noire causée par BP en 2010.

La crise liée au produit : exemple : morceau de plastique retrouvé dans une barre

chocolatée Mars en février 2013.

3. La sphère politique

Crise règlementaire : une activité tombée, causée par une nouvelle réglementation

contraignante. Exemple : en France, la loi Evin du 29 mai 199212

, interdisant la

publicité aux cigarettiers.

Crise judiciaire : activité impactée par une décision judiciaire. Exemple : Juin

1993, ayant nommé son parfum « Champagne », Yves Saint-Laurent se fait

attaquer en justice par la CIVC pour la marque « Champagne »13

. Le tribunal

d’instance interdira par la suite l’usage du terme « Champagne », ce qui poussera

Yves Saint-Laurent à se repositionner sur le thème en changeant le nom du produit

en « Yvresse ».

4. La sphère corporate

Cette classification concerne l’image de la marque et la réputation de l’entreprise.

La crise corporate est très souvent causée par une rumeur non contrôlée et

totalement imaginaire. C’est ce qu’on appelle aussi « Bad Buzz ». Ces rumeurs

sont très souvent lancées sur les réseaux sociaux qui ont un effet amplificateur.

Ces accusations contre l’entreprise exigent une réactivité forte de la part de celle-ci

afin d’éviter qu’un simple Bad Buzz ne se transforme en une véritable crise et

n’écorche la réputation de l’entreprise.

Toutes ces typologies restent néanmoins très générales. Le thème de ce travail de fin d’études

étant les crises sur les réseaux sociaux, il m’était indispensable de chercher une nouvelle

12

ANPAA, Que dit la loi ?, Anpaa.asso.fr [En ligne], http://www.anpaa.asso.fr/sinformer/que-dit-la-loi , page

consultée le 2 avril 2016 13

V.L & C.B, Yves Saint Laurent condamné en appel pour son parfum Champagne, Lesechos.fr [En ligne],

http://www.lesechos.fr/16/12/1993/LesEchos/16540-046-ECH_yves-saint-laurent-condamne-en-appel-pour-son-

parfum-champagne.htm, page consultée le 3 avril 2016

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typologie plus adaptée aux crises sur Internet. Cedric Deniaud a établi une typologie14

propre

aux crises sur Internet. Celle-ci est classée selon quatre types :

La gestion de crise : reprend toutes les crises citées précédemment, mais se basant sur

Internet. C’est une crise qui remet en cause la confiance accordée par les clients à

l’entreprise, et cela de manière critique. Exemple : Diffusion sur Internet d’une vidéo

où l’on voit deux employés de Domino’s Pizza préparer un sandwich de manière

scandaleuse15

.

Actualités subies : crise impactant une partie de l’activité de l’entreprise. Cette crise

est liée à un changement au niveau du secteur (prix, concurrent, météo etc.).

Bad Buzz : c’est un phénomène de bouche à oreille ne se déroulant que sur Internet. Il

s’agit de la diffusion d’une image négative à propos d’une entreprise ou d’une marque

par des internautes, et cela dans un but bien précis, comme la déstabilisation de

l’entreprise par exemple. Exemple : Kryptonite est une marque de cadenas pour vélos.

Un internaute a un jour diffusé sur Internet une vidéo sur laquelle il montrait

comment déverrouiller un cadenas Kryptonite à l’aide d’un bic. Ce Bad Buzz a été

rude pour l’entreprise qui s’est vu obligée de rembourser plus de 10 millions de

dollars de cadenas16

.

Fail : une erreur de la part de l’entreprise.

Exemple : la photo d’un homme nu derrière des enfants, sur le site de la route en

janvier 2012. Quelques jours plus tard, le concurrent 3 Suisses reprend l’image de

l’homme nu, mais en insérant un maillot 3 Suisses sur l’homme cette fois-ci17

.

Réponse assez stratégique de la part d’un concurrent pour créer un Bad Buzz.

Je pense qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise classification de crises. Une chose est

cependant certaine, c’est que toutes les crises sont susceptibles d’être amplifiées par Internet.

14

DENIAUD, C., Gestion de crise et médias sociaux, cedricdeniaud.com [En ligne],

http://www.cedricdeniaud.com/gestion-de-crise-et-medias-sociaux/, page consultée le 3 avril 2016 15

KOREUS, Des employés dégoutants de Domino’s Pizza [Vidéo en ligne],

<http://www.koreus.com/video/dominos-pizza-employe-degoutant.html>, page consultée le 5 avril 2016 16

Raphael, Etude de cas d’un Bad Buzz : Kryptonite, Sampleo blog [En ligne],

http://www.blog.sampleo.com/2011/02/01/etude-de-cas-dun-bad-buzz-kryptonite/, page consultée le 7 avril 2016 17

Antoine, Bad buzz et retournement de situation : les meilleurs exemples de gestion de crise sur les réseaux

sociaux, Odw.fr [En ligne], http://www.odw.fr/blog/reseaux_sociaux/bad-buzz-et-retournement-de-situation-les-

melleurs-exemples-de-gestion-de-crise-sur-les-reseaux-sociaux/ page consultée le 7 avril 2016

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C’est un effet aggravateur si l’entreprise n’applique pas une bonne gestion sur la partie

« online » de la crise.

5. Caractéristiques d’une crise

Ayant établi une typologie de crise, je vais à présent détailler les caractéristiques d’une crise.

Une crise possède de nombreuses caractéristiques. Dans son livre, « La communication de

crise », Thierry Libaert regroupe cinq caractéristiques propres à une crise :

A. L’intrusion de nouveaux acteurs

Lorsqu’il y a crise, de nouveaux interlocuteurs apparaissent afin de s’exprimer sur le sujet et

demander des explications. Ceux-ci peuvent être des pouvoirs publics, des représentants du

monde associatif, des représentants de consommateurs, des médias. Tous s’expriment dans le

but de défendre une vision bien personnelle. Il suffit qu’ils interagissent avec les médias pour

qu’un accident se transforme en crise18

.

B. La saturation des capacités de communication

Suite à la crise, une demande d’informations sature rapidement l’ensemble des canaux de

communication. J’ai classé les canaux de communication d’une entreprise de la manière

suivante :

Saturation des canaux de communication internes : la globalité des salariés demandant

des explications à l’entreprise.

Saturation des canaux de communication externes : les partenaires propres à

l’entreprise, et les médias désirant plus d’informations à propos de l’incident.

L’entreprise devra faire face à toutes les demandes d’informations, et tout cela en une période

de temps assez limitée. Exemple : En janvier 1998, une « crise » de verglas a entraîné la

rupture du réseau électrique du Québec au Canada. Suite à cela, 3900 journalistes ont

demandé une interview avec Hydro Québec, 3500 articles ont également été rédigés (contre

une vingtaine en temps normal).

C. L’importance des enjeux

La crise déclenche une situation de tension critique au sein de l’entreprise. Elle peut :

18

Blondel, Frédérique. Management. 2ème ed. Paris : Nathan, 2011. 436. Livre numérique.

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Influencer le chiffre d’affaires d’une entreprise. La médiatisation de la crise

entraîne une baisse des ventes.

Impacter le cours de l’action d’une entreprise. Le cours de l’action varie en

fonction de l’entreprise. Par conséquent, si la valeur de l’entreprise baisse, le cours

de l’action baissera également19

.

Peut engendrer de la méfiance envers l’entreprise et ses produits, ce qui peut

également remettre en cause l’image de l’entreprise.

La perte de la motivation des salariés. Cela peut induire une baisse du rendement

et de l’efficacité des ouvriers/employés, ce qui peut nuire à l’activité de

l’entreprise, mais également une dégradation du climat social au sein de

l’entreprise20

.

D. L’accélération du temps

En temps de crise, l’immédiateté de la transmission des données par les internautes sur les

réseaux sociaux placent l’entreprise en position délicate. Une information très brute est

propagée après l’incident. Une réponse quasi instantanée sera exigée de la part des acteurs. La

stratégie de communication devra être choisie minutieusement et devra être lancée en un laps

de temps assez court.

D’après Maxime Drouet, directeur du pôle digital de l’agence Burson Marsteller i&e, « le

temps de l’entreprise ne peut pas être celui de l’opinion ni du digital. En gestion de crise, il y

a des questions juridiques, réglementaires ou encore de communication qu’il faut élucider

avant de prendre la parole. En même temps, la pression extérieure s’amplifie sans cesse21

»

Le 6 juillet 2013, le crash d’un avion de l’Asian Airlines s’est produit à San Francisco. Des

photos et des témoignages des rescapés avaient déjà circulé sur les réseaux sociaux seulement

vingt minutes après l’accident22

.

19

EURONEXT, Pourquoi les cours d’une action varient ?, boursedeparis.fr [En ligne],

http://www.boursedeparis.fr/centre-d-apprentissage/actions/pourquoi-les-cours-d-une-action-varient, page

consultée le 13 avril 2016 20

BONNIOL, V., Facteurs de démotivation des salariés : les causes et les conséquences, travaillesante.fr [En

ligne], https://www.travaillersante.fr/Enjeux-et-obligations-rh/Les-thematiques/mesurer-la-demotivation-causes-

et-consequencs.html, page consultée le 15 avril 2016

21 BOUDIN, L., Entreprises, gérez votre e-réputation : Les nouveaux outils pour être connu et reconnu. Pearson

2014. Livre numérique.

22 LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris: Dunod, 2015. 11. Print.

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E. L’apparition des incertitudes

Comme cité précédemment, d’après Edgar Morin, les incertitudes surgissent lorsqu’une crise

apparaît. Elle bouleverse le fonctionnement habituel de l’entreprise et place celle-ci dans une

situation où la prise de décision est effectuée de manière incertaine. Certains éléments comme

l’origine de la crise, les responsabilités ou les enjeux sont très flous. C’est dans cette

atmosphère d’imprécision et rapidement changeante que l’entreprise devra communiquer.

D’après un ouvrage en ligne, rédigé par Carole Dautun, Jérôme Tixier et Jean Chapelain

intitulé « Le traitement de l’incertitude en gestion de crise : mise en place d’une veille

stratégique du territoire », il existe plusieurs formes d’incertitudes23

:

L’incomplétude : elle est caractérisée par un manque d’informations. Un manque

de données à un moment spécifique où l’entreprise en a besoin dans son processus

de décision.

L’incertitude et l’inconsistance : ce cas est caractérisé par des informations

fausses, pouvant même s’avérer contradictoires.

L’imprécision : une erreur associée à l’acquisition et à la transmission de

l’information.

Toujours d’après le livre « La communication de crise » de Thierry Libaert, dans la gestion de

crise, deux grandes écoles s’opposent24

:

Les rationalistes qui affirment qu’en période de crise, il est plutôt question d’une

communication axée sur des faits précis tels que : les dates, la quantité, le volume…

Les symbolistes, qui eux à l’inverse des rationalistes proposent une communication

visuelle axée sur des valeurs, des images, et de l’émotionnel.

Je pense personnellement que les crises générant de l’inquiétude nécessitent une

communication rationnelle, tandis qu’une crise générant de la peur demandera une

communication symboliste.

Prenons l’exemple des cas de Malaysian Airlines. L’entreprise a connu deux crises

importantes en 2014. Le premier cas de crise est la disparition d’un Boeing comportant 239

passagers à bord. L’avion a disparu dans des circonstances assez mystérieuses la nuit du 7 au

23

DAUTUN, C., TIXIER, J., CHAPELAIN J., FONTAINE, F., Le traitement de l’incertitude en gestion de

crise : mise en place d’une veille stratégique du territoire, Hal.archives-ouvertes.fr, https://hal.archives-

ouvertes.fr/ineris-00973238/document 24

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 13. Print.

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8 mars. Quelques mois plus tard, le 17 juillet, un autre avion avec 298 passagers à bord s’est

écrasé dans l’Est de l’Ukraine, suite à un tir de missile. Les causes de ces deux cas restent

toujours très mystérieuses aujourd’hui. La communication de Malaysian Airlines suite au

premier crash du vol MH370 a été catastrophique suite aux incertitudes. Les familles des

victimes ont eu très peu d’informations à propos de l’incident, elles étaient toutes imprécises.

« Ce qui était très compliqué, c'est qu'on leur a dit que l'avion avait disparu, qu'il s'était peut-

être crashé, qu'il avait peut-être été détourné, que les passagers étaient peut-être vivants

quelque part... Cela a créé une surviolence pour les proches », a expliqué la psychothérapeute

Hélène Romano à BFMTV25

.

Les incertitudes peuvent être à tous les niveaux, une petite liste exhaustive permet de dresser

les différentes formes26

:

Incertitude au niveau de la cause de l’évènement. Par exemple, cela peut être lié à une

cause humaine, à un attentat, etc…

Incertitude au niveau de la source du danger, lié par exemple à la source du danger, la

quantité de produit dangereux…

Incertitude sur les conséquences de l’incident. Que ce soit sur le plan humain (le

nombre de morts, blessés…), sur le plan environnemental (taux de CO2 dans

l’atmosphère, pollution des nappes phréatiques…) ou encore au niveau matériel.

Incertitude sur les réactions des populations. Réactivité face à la crise, selon l’aspect

culturel par exemple.

La prise de décision dans l’urgence est bien une difficulté de taille lorsque les incertitudes sur

les informations sont élevées.

6. Le déroulement d’une crise

Le cycle de vie d’une crise est caractérisé par plusieurs phases. Dans ce chapitre dédié aux

étapes de la crise, je parlerai du développement de celui-ci. Dans son livre, Thierry Libaert

cite les analyses de B. Robert et D. Verpeaux pour considérer une crise en quatre temps27

.

25

A. G., Vol MH370, la communication calamiteuse de Malaysia Airlines, bfmtv.com [En ligne],

http://www.bfmtv.com/international/vol-mh370-communication-calamiteuse-malaysia-airlines-739961.html,

Page consultée le 18 avril 2016 26

Dautun C., Bronner C., Bony-Dandrieux A., Tixier J., Chapelain J., Fontaine F., Dusserre G., Vers une

meilleure connaissance des caractéristiques des situations de crise, soumis à Préventique sécurité, mai, 2006. 27

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 17. Print.

Page 17: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

17

A. La phase préliminaire

C’est durant cette phase que les premiers signes annonçant une future crise peuvent

apparaître. Cela peut par exemple provenir de plaintes de la part de consommateurs d’un

produit, ou par exemple, de la montée anormale de commentaires négatifs sur les réseaux

sociaux. Ces signes doivent servir d’avertissement à l’entreprise afin qu’elle puisse s’y

préparer au plus vite.

Il est plus facile de gérer une crise à son commencement plutôt qu’à un stade où celle-ci sera

développée au point d’avoir pris assez d’ampleur pour déstabiliser l’entreprise. La veille

effectuée par la cellule de crise prend toute son ampleur lors de cette phase. Si celle-ci a

réellement mis en place tout un dispositif de veille et de repérage de signaux faibles, elle sera

apte à dompter et à stopper complétement la crise la menaçant. L’idéal serait de répertorier les

sujets les plus sensibles pour l’entreprise, et préparer des arguments à l’avance qui seront

prêts le jour J.

Comme le dirait Patrick Lagadec, « Il faut avoir le courage de poser des questions, surtout si

on n’a pas les réponses, et encore plus s’il s’agit de questions taboues, parce que les crises de

demain, c’est souvent le refus des questions d’aujourd’hui », il faut que l’entreprise remette

en cause ses activités de manière permanente28

.

B. Phase aiguë

C’est lors de cette phase que se produit l’incident et que la crise éclate au grand jour. La crise

peut rapidement gagner en intensité suivant la cause de la crise. Par exemple, un accident

technologique tel que l’échouage d’un pétrolier peut très rapidement gagner en intensité

seulement quelques minutes après l’incident.

La montée en intensité peut également être irrégulière selon la perception des conséquences

d’une catastrophe. J’aimerais donner l’exemple du naufrage d’Erika le 12 décembre 1999, qui

ne fut considéré comme une crise grave qu’après la vue des plages souillées de pétrole, soit

quatorze jours après le naufrage du pétrolier.

28

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 18. Print.

Phase préliminaire

Phase aiguë Phase

chronique Phase de

cicatrisation

Page 18: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

18

C’est lors de cette phase que l’entreprise subit la crise, et donc qu’il faut avoir une méthode

déjà mise en place.

C. Phase chronique

Cette phase caractérise l’apogée de la crise, c’est à travers celle-ci que la crise perd son effet

médiatique de manière progressive. Nous pouvons donc dire que c’est la période charnière

entre le pic médiatique, et la fin de la crise. La durée de celle-ci est influencée par de

nombreux éléments, comme par exemple la suite médiatique, ou encore la possibilité qu’une

autre crise apparaisse. L’exemple de Malaysian Airlines est parfait d’après moi. Le second

incident, le crash du Boeing 777 en Ukraine, a prolongé la durée de la phase chronique

engendrée par la crise du premier incident de l’entreprise.

La phase chronique ne signifie en aucun cas la fin définitive de la crise. Dans le passé, de

nombreuses entreprises ont connu une situation où les crises ont refait surface. Des crises dont

les entreprises pensaient qu’elles avaient complétement disparus. Comme exemple, la

remédiatisation de la catastrophe pétrolière des marées noires causée par BP en 2010.

L’entreprise a dû verser 18,7 milliards de dollars d’indemnisation aux cinq Etats touchés par

les marées noires suite à un accord avec la justice américaine en juillet 2015, soit cinq ans

après la catastrophe29

.

D. La phase de cicatrisation

Dès cette phase, la crise a « disparu » et les médias ne relaient plus d’informations à propos de

celle-ci. Comme cité dans le point précédent, il ne faut point croire que la crise a

définitivement disparu. D’après Thierry Libaert, il existe cinq bonnes raisons pour lesquelles

une crise ne disparaît jamais réellement30

:

Parce que les effets matériels causés par la crise peuvent être perceptibles (catastrophe

nucléaire de Fukushima) ;

Parce que Internet et les moteurs de recherche conservent des données sur les crises

dans le temps (en avril 2016, 600.000 sites font encore référence à la crise de Torrey

Canyon qui date de 1967) ;

29

INCONNU, BP va verser une indemnisation record pour la marée noire de 2010, lemonde.fr [En ligne],

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/07/02/maree-noire-de-2010-la-justice-americaine-et-bp-trouvent-

un-accord-a-18-7-milliards-de-dollars_4667922_3222.html, page consultée le 20 avril 2016 30

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 19. Print.

Page 19: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

19

Parce que les médias ressortent des crises anciennes pour les comparer à des

événements plus récents similaires, comme par exemple, la comparaison de bilans

entre les deux cas ;

Parce que les procédures juridiques sont nombreuses et qu’ils s’étalent sur de longues

périodes ;

Parce qu’après une crise, le consommateur garde une certaine non-confiance envers

l’entreprise, notamment dans le secteur alimentaire.

Néanmoins, cette phase de cicatrisation possède également un aspect positif. L’entreprise

ayant bien géré la crise aura des chances de rebondir. Comme cité plus haut, la définition en

mandarin du terme « crise » signifie danger et opportunité. Toute crise bien gérée peut

transformer un modèle de management d’une entreprise, la pousser à conquérir des parts de

marché, inciter l’entreprise à améliorer son image. Le cas de Johnson & Johnson est un parfait

exemple. En 1982, l’entreprise ayant dû effectuer un retrait massif d’un de ses produits, le

Tylenol, a pu confirmer son statut de leader de marché suite à cette crise. Un autre exemple

est celui de la grave pollution du Rhin en 1986 causée par un incendie déclenché dans l’une

des installations de Novartis (anciennement Sandoz). Ces cas démontrent qu’il est

parfaitement possible de redresser positivement l’image après avoir subi une crise grave.

La crise apporte une visibilité médiatique assez importante à l’entreprise. Certaines

entreprises utilisent une technique, celle de se mettre délibérément en situation de crise tout en

essayant de bien gérer celle-ci afin de s’offrir une meilleure visibilité auprès du grand public.

La citation de Edgar Morin prend tout son sens : « Ici, s’éclaire le double visage de la crise :

risque et chance, risque de régression, chance de progression. C’est que la crise met en

œuvre, et nécessairement l’une par l’autre, désorganisation et réorganisation ; toute

désorganisation accrue porte effectivement en elle le risque de mort, mais aussi la chance

d’une nouvelle réorganisation, d’une création, d’un dépassement.31

».

31

MORIN, E., Sociologie. Paris : Fayard, 1984. Livre numérique

Page 20: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

20

II. De la réputation à l’e-réputation d’une entreprise

1. La réputation d’une entreprise

Pour poursuivre mon travail de fin d’études, il m’est impératif de définir la réputation d’une

entreprise et de bien distinguer la différence entre celle-ci et l’e-réputation. Je commencerai

donc par l’aspect le plus général, qui est la réputation de l’entreprise.

A. Définition

Le terme « réputation » nous vient tout droit du latin « reputatio ». Cela veut dire réflexion,

compte, examen ou encore considération32

. D’après le Larousse, il existe trois définitions à

propos de ce terme : « manière dont quelqu'un, quelque chose est connu, considéré dans un

public » « opinion favorable ou défavorable du public pour quelqu’un, quelque chose », et

« fait d'être connu, célèbre ».

Le site definitions-marketing.com propose « La réputation de marque est une notion proche

de l’image de marque. L’usage du terme de réputation de marque fait généralement

grandement référence à ce qui est dit au sujet d’une marque par les consommateurs et leaders

d’opinion. Avec le développement d’Internet, la réputation de marque dépend de plus en plus

de son e-réputation 33

». J’aime beaucoup cette définition ; à mon sens, elle définit très bien le

terme « réputation » et rajoute un aspect digital en parlant « d’e-réputation ». La définition

fait part de « l’image de marque », il existe une différence entre le terme « réputation » et

celle-ci.

Jean-Jacques Lambin, professeur de marketing à l’UCL, définit l’image de marque comme :

« l’ensemble des représentations mentales, cognitives et affectives, qu’une personne ou un

groupe de personnes se font d’une marque »34

. Toujours d’après lui, cette image se

décompose en trois niveaux différents :

L’image perçue : c’est la manière dont la cible (public visé par l’entreprise) perçoit

l’entreprise.

32

CNRTL, réputation : étymologie de réputation, http://www.cnrtl.fr/etymologie/r%C3%A9putation, page

consultée le 21 avril 2016 33

BATHELOT, E., Définition : réputation de marque, definitions-marketing.com [En ligne],

http://www.definitions-marketing.com/definition/reputation-de-marque/, page consultée le 23 avril 2016 34

LAMBIN, J.-J., Marketing stratégique et opérationnel, Du marketing à l’orientation de marché, Dunod, 2008

Page 21: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

21

L’image voulue : c’est l’objectif de positionnement de l’entreprise. La façon dont

l’entreprise veut être perçue par sa cible.

L’image réelle : c’est l’image concrète associée à l’entreprise.

Le concept de l’image de marque se résumerait à une simple question « j’aime ou ne je

n’aime pas »

D’après Amal Belkamel, consultante indépendante et analyste en e-réputation, une entreprise

ne possède pas une seule, mais plusieurs images qui forment, ensemble, la réputation de

l’entreprise35

:

Image de marque : c’est la perception des consommateurs relatifs à une entreprise

sur les produits et services proposés par celle-ci. Cela englobe l’aspect marketing

de l’organisation. Par exemple : cela peut concerner la performance d’un produit,

augmentation des prix d’un produit… ;

Image financière : concerne la santé financière de l’entreprise. Un investisseur

désirant investir dans l’entreprise se référera à la crédibilité financière de

l’entreprise, afin de voir si elle est en bonne santé. Exemple : résultats trimestriels

d’une entreprise ;

Image employeur : concerne la capacité de l’entreprise à recruter des talents et

experts dans son domaine d’activité. Exemples : entreprise jeune. Diversité au sein

d’une entreprise… ;

Image « entreprise responsable » : concerne l’aspect sociétal et communautaire de

l’entreprise. Exemple : cela concerne le degré d’investissement d’une entreprise

dans le durable, financement d’associations caritatives… ;

Image communicante : concerne la manière dont l’entreprise communique. La

manière dont un public cible est touché par une publicité. Exemple : Red Bull et

son sponsoring d’évènements sportifs. ;

Image commerciale : concerne la manière dont une entreprise traite avec sa sphère

commerciale, comme par exemple ses fournisseurs, ses prestataires et ses clients

35

Belkamel, Amal. "Les dimensions réputationnelles de l'entreprise.". digitalreputationblog.com [en ligne] 24

janvier 2011 http://digitalreputationblog.com/2011/01/24/les-dimensions-reputationnelles-de-lentreprise/ page

consultée le 26 avril 2016

Page 22: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

22

essentiellement dans le B2B. Exemple : partenariat entre Apple et IBM dans le

cadre du système d’exploitation d’Apple « iOS »36

;

Image corporative : concerne la réputation du dirigeant d’une entreprise ou des

actionnaires. Exemple : à l’image du regretté Steve Jobs, Elon Musk, CEO de

Tesla et SpaceX et cofondateur de Paypal. Avec sa réputation de travailleur et

inventeur sans limites, il suscite l’admiration de beaucoup de personnes.

Pour en venir à la différence entre les deux termes, « réputation » et « image de marque »,

une citation de Jean-Pierre Piotet explique parfaitement celle-ci37

: « L’image n’est qu’un

instantané de la vie publique d’une entreprise, d’un produit ou d’une personne ; ce n’est

qu’un cliché, ponctuel et volatil. Au contraire, la réputation, se construit dans le temps, au

travers de l’observation des comportements de l’entreprise au prisme d’un système de

valeurs. ». L’image de marque serait donc un élément à court terme, tandis que la réputation

se construit à long terme.

Après cette analyse sur la réputation et l’image de marque, j’ai pu parfaitement comprendre la

différence entre ces deux aspects qui sont proches l’un de l’autre. L’image de marque fait

surtout allusion à des objectifs de communications. Ce sont de petites campagnes de

communication, ayant chacune une image de marque bien spécifique, qui construisent la

réputation d’une entreprise. Elle (la réputation) va au-delà de la perception d’un produit, de

ses caractéristiques et de ses campagnes publicitaires.

B. Estimer la valeur de la réputation

Afin de bien comprendre le chapitre suivant qui est axé sur les enjeux que porte une

réputation pour l’entreprise, il m’est impératif d’expliquer la valeur que représente une

réputation parmi les actifs immatériels d’une entreprise. Avant toute chose, il faut savoir que

l’actif immatériel d’une entreprise se scinde en deux catégories :

Les actifs incorporels : comptabilisables par le prix d’acquisition ;

Les actifs intangibles : difficilement identifiables et mesurables, et donc pas

toujours comptabilisables. La réputation d’une entreprise fait partie de cette

catégorie.

36

GREENWALD, M., 11 Of The Best Strategic Brand Partnerships in 2014, Forbes.com [En ligne],

http://www.forbes.com/sites/michellegreenwald/2014/12/11/11-of-the-bestsmartestmost-interesting-strategic-

brand-partnerships-of-2014/#7d1422371d52, page consultée le 28 mars 2016 37

UJJEF.COM, La réputation des entreprises, obs-reputation.org [En ligne], http://www.obs-reputation.org/wp-

content/uploads/2008/04/presse-cherement-acquise-cherement-vendue.pdf

Page 23: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

23

Pour qu’une entreprise se développe, il lui faut trouver des capitaux. Et pour cela, elle a

recours à des emprunts et se finance soit directement via des marchés financiers, soit

indirectement auprès des institutions financières. Les actionnaires d’une entreprise, détenteurs

d’une partie du capital d’une entreprise, ont très souvent leurs mots à dire lors de la prise de

décision d’une entreprise. Le degré d’investissement des actionnaires va être influencé par la

réputation de l’entreprise. Ces mêmes actionnaires seront prêts à acquérir des actions si celle-

ci bénéficie d’une bonne image. La réputation de l’entreprise impacte donc les cours des

actions. La valorisation boursière de celle-ci pourra être affectée par un changement soudain

de la réputation38

.

D’après un rapport en 2015 publié par l’Observatoire de la Réputation, un organisme

effectuant des études sur la réputation, la réputation d’une entreprise lui rapporte une

valorisation boursière de près de 5% de moyenne (pour les 10 entreprises les mieux notées en

2000)39

. Toujours d’après ce même rapport, entre 2010 et 2015, les entreprises les plus

réputées ont effectué un gain de + 60% alors que le CAC 40 n’a progressé que de 20%, une

performance assez spectaculaire donc.

Prenons à présent un cas concret pour établir un lien entre la valeur boursière et la réputation.

Pour cela, j’aimerais prendre le cas de Volkswagen qui a récemment subi une crise. En

septembre 2015, Volkswagen est accusé de trucage de tests d’émissions polluantes via un

logiciel trompeur. Plus de onze millions de véhicules seraient concernés dans le monde entier,

ce qui explique l’ampleur du scandale. Rapidement, l’entreprise a dû faire face à une vague de

protestations. Suite à une mauvaise gestion, l’entreprise a fait face à une véritable crise.

L’impact sur le cours de bourse de Volkswagen a été instantané :

38

GRAZIANI, M., La réputation de la grande entreprise est-elle un actif spécifique ?, creg.ac-versailles.fr [En

ligne], http://www.creg.ac-versailles.fr/La-reputation-de-la-grande-entreprise-est-elle-un-actif-specifique, page

consultée le 29 mars 2016

39 INCONNU, « 2015, Une bonne année boursière pour les entreprises réputées » Observatoire de la

communication. 2016. Web. < Http://www.obs-reputation.org/?p=2904>, page consultée le 16 avril 2016

Page 24: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

24

Figure 1 Cours de bourse de Volkswagen entre le 17/09 et le 22/0940

Nous pouvons clairement constater sur ce graphique que l’action de Volkswagen a connu une

chute brutale, passant de 167,80 € à 106 € en l’espace de cinq jours seulement. En trois jours,

le constructeur allemand aurait perdu près de 25 milliards d’euros41

. A ce jour, sept mois

après l’incident, nous pouvons constater que la crise a eu de réelles conséquences sur le cours

de l’action de Volkswagen, celui-ci ne s’est toujours pas redressé.

C. Mesurer la réputation

A présent, je vais aborder un thème en rapport avec le chapitre précédent : comment mesurer

la valeur de cette réputation ? Est-il possible de mesurer quelque chose d’intangible ? La

réponse est oui, il est bel et bien possible de mesurer la notoriété d’une entreprise. Il existe

même plusieurs méthodes pour parvenir à cela. Certains trouvent ces méthodes inutiles, les

qualifiant « d’accumulation d’indicateurs égocentriques qui n’ont aucun rapport avec le ROI

des activités marketing 42

».

40

YAHOO, Cours de l’action de Volkswagen, https://fr.finance.yahoo.com/q?s=VOW3.F , page consultée le 29

avril 2016 41

LASKINE, R., Volkswagen perd en Bourse près de 25 milliards en trois jours, bourse.lefigaro.fr [En ligne],

http://bourse.lefigaro.fr/indices-actions/actu-conseils/volkswagen-perd-en-bourse-pres-de-25-milliards-en-trois-

jours-4632836, page consultée le 29 avril 2016 42

SMITH, K., Marketing : Comment mesurer sa notoriété de marque ?, Brandwatch.com,

https://www.brandwatch.com/fr/2016/01/marketing-comment-mesurer-sa-notoriete-de-marque/, page consultée

le 28 mars 2016

Page 25: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

25

D’après le site Ad Age Datacenter, Coca-Cola aurait dépensé la somme astronomique de 3,3

milliards de dollars en publicité pour l’année 201343

. La marque Coca-Cola est tellement

connue dans le monde entier que son nom de marque est lexicalisé. Le consommateur utilise

le terme « coca » lorsqu’il pense à une boisson de cola quelconque. C’est pourquoi la

réputation de marque est très importante.

La mesure de la notoriété de marque est une technique peu évidente. La première technique

pour mesurer la notoriété de marque dont je vais aborder est la plus classique : les sondages.

Faisant partie des méthodes les plus fiables, elle consiste à interroger par email, par téléphone

les clients propres à la marque, ou encore face à face, avec un échantillon de personnes

sélectionnées au hasard, leur demandant s’ils connaissent la marque, et ce qu’ils en pensent.

Un des classements les plus connus est celui effectué par le magazine Fortune, le MAC (Most

Admired Company). Ce classement est établi grâce à un questionnement de journalistes, chefs

d’entreprise et analystes financiers à propos de huit aspects de la réputation des entreprises :

« la capacité à innover, la communauté/l’environnement, la qualité du management, la

solidité financière, la compétitivité globale, l’utilisation qui est faite des actifs de l’entreprise,

les investissements au long terme, le management du personnel, la qualité des produits et des

services. 44

». Personnellement, je n’aime pas ce classement car celui-ci ne repose pas sur

l’avis du public, comme vu dans les définitions précédentes. Je trouve que cela n’est pas

forcément représentatif.

En allant plus loin dans mes recherches, je suis tombé sur un organisme qui mesure la

réputation : Reputation Institute. D’après leur propre site web, Reputation Institute est le

leader mondial de la recherche sur la réputation et la consultance45

. Durant les dix dernières

années, l’organisme a effectué des recherches pour plus de 5.000 entreprises, dans plus de 100

villes et 50 pays différents. Le point qui m’intéresse avec cet organisme est la méthode

« RepTrak46

» proposée aux entreprises, qui est une méthodologie quantitative permettant

d’identifier et de gérer des facteurs qui sont à la base de leur réputation. Le « RepTrak Pulse »

43

ZMUDA, N., Coca-Cola Maintains Marketing Spend AMid Sluggish Demand, Adage.com,

http://adage.com/article/cmo-strategy/coca-cola-maintains-marketing-spend-amid-sluggish-demand/294251/,

page consultée le 28 mars 2016 44

VANDERBIEST, N., Quelles sont les méthodes de mesure de réputation ?, Reputatio Lab,

http://www.reputatiolab.com/2013/06/theorie-quelles-sont-les-methodes-de-mesure-de-reputation/, page

consultée le 27 mars 2016 45

REPUTATIO INSTITUTE, https://www.reputationinstitute.com/Locations/France.aspx, page consultée le 28

mars 2016 46

AKKANTO, La réputation des entreprises a baissé en 2012, http://static.lecho.be/upload/reput_3425749-

655056.pdf,

Page 26: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

26

permet également des comparaisons sectorielles. Cette méthode est construite autour de

quatre éléments émotionnels : l’estime, l’impression générale, la confiance et l’admiration

générés par l’entreprise. Voici le classement des entreprises belges les plus réputées en 2015 :

47

Figure 2 - Classement des 10 entreprises les plus réputées belges

Elle prend également en compte sept thèmes essentiels : les produits et services, l’innovation,

la citoyenneté, la gouvernance, la performance financière, le leadership et le lieu de travail.

47

AKKANTO, General – RepTrak Belgium 2015 Pulse score,

http://ftp.akkanto.com/public/793/RepTrak_Belgium_2015_Communique_de_presse.pdf

Page 27: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

27

48 Figure 3 - réputations d'entreprises par thèmes

Finalement, cette méthode me paraît très efficace, elle prend en compte de nombreux facteurs

au sein de l’entreprise comme cité plus haut. Elle est utilisée par plus de 400 entreprises

apparaissant dans le classement Fortune 1000 des meilleures entreprises mondiales.

D. L’enjeu de la réputation

La suite de mon analyse sur la réputation portera sur l’importance que celle-ci a au sein des

entreprises. Pourquoi donc une entreprise s’acharne-t-elle autant pour garder une réputation

positive ? La réponse est simple : pour vendre plus. D’après une étude de Weber Shandwick,

entreprise spécialisée en relations et en affaires publiques, 70 % des consommateurs affirment

ne pas acheter un produit fabriqué par une entreprise qu’ils n’apprécient pas49

. Toujours

d’après la même étude, 67 % de ces mêmes consommateurs vérifient l’identité de l’entreprise

se trouvant derrière la production du produit. Cela confirme que la marque de l’entreprise a

autant d’importance que la marque du produit. Une entreprise possédant une réputation solide

apportera une garantie de qualité à son produit. Pour se forger une réputation à propos d’une

entreprise, la perception des consommateurs est influencée par plusieurs facteurs. D’après

48

AKKANTO, La réputation des entreprises a baissé en 2012, http://static.lecho.be/upload/reput_3425749-

655056.pdf, 49

WEBER SHANDWICK, The company behind the brand : in reputation we trust,

http://www.webershandwick.com/uploads/news/files/InRepWeTrust_ExecutiveSummary.pdf

Page 28: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

28

l’étude de Weber Shandwick, 88 % des consommateurs sont influencés par le bouche à oreille

quand il est question de se faire une opinion sur une entreprise. La réputation de l’entreprise

participe également à sa valeur de marché. D’après l’étude, la réputation contribue à 60 % en

moyenne dans la valeur de marché des entreprises. L’agence de marketing, Nielsen, confirme

également que la réputation d’une entreprise est un élément extrêmement important lors de la

décision d’achat d’un produit50

.

2. L’E-réputation

Ayant défini la notion « réputation », il m’est à présent impératif de définir « l’e-réputation »,

un concept qui s’est développé à partir de ce premier. C’est un concept assez récent, apparu

avec le web 2.0, que j’expliquerai également plus tard à travers cette étude. Lors de cette

partie, j’utiliserai la même structure que le premier point (réputation).

A. Définition

Le site « Définitions-marketing » définit l’e-réputation de la manière suivante51

: « L’e-

réputation peut être définie comme l’image véhiculée et / ou subie par une entreprise ou une

marque sur Internet et autres supports numériques. L’e-réputation peut également

s’appliquer à un produit ou service ». Cette définition me paraît assez complète, néanmoins,

je désirerai apporter plus de définitions venant de sources différentes. Christophe Deschamps,

rédacteur chez Outils Froids, dit : « L'e-réputation d'une organisation est composée des

données explicites et implicites, diffusées sur le web à la fois par l'organisation elle-même,

ses employés, ses clients, ses concurrents ainsi que par des personnes-relais qui ne sont ni les

uns, ni les autres (bloggeurs, twitterrers...).52

». Pour Alix Lassaigne, responsable de produit

chez Performics, « La e-réputation est une forme de test continu de la transparence et de

l’engagement d’une marque vis-à-vis de ses consommateurs, une nouvelle forme de marketing

relationnel qui offre l’opportunité de créer des liens de proximité avec les consommateurs. Sa

gestion s’inscrit dans la stratégie globale de l’entreprise pour une mise en œuvre cyclique :

50

NIELSEN, La réputation et son importance dans la valorisation d’une marque,

http://www.nielsen.com/eu/fr/insights/news/2015/reputations-role-in-unlocking-brand-value.html, page

consultée le 27 février 2016 51

BATHELOT, B., Définition : E-réputation, Definitions marketing, http://www.definitions-

marketing.com/definition/e-reputation/, page consultée le 25 février 2016 52

MAGNANI, A., Mais qu’est-ce que l’e-réputation ?, Linkeo [En ligne], http://labs.linkeo.com/mais-quest-ce-

que-le-reputation/, page consultée le 2 mars 2016

Page 29: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

29

écouter, engager, disséminer, mesurer en vue de créer et co-créer du contenu.53

». Cette

définition me paraît très intéressante, elle reprend les termes « créer des liens de proximité

avec les consommateurs », ce qui est vrai. Cela aide l’entreprise à entrer directement en

contact avec les consommateurs et à forger de liens avec ceux-ci. J’ajouterai une dernière

définition : « la perception/opinion que l’on se fait d’un individu, d’une marque ou d’une

entreprise à partir de son identité numérique54

», d’Alexis Baugas. Cette dernière définition

possède beaucoup de similarités avec celle de la réputation.

Je constate d’après ces définitions que la gestion de l’e-réputation peut aussi bien concerner

les personnalités que les entreprises. En effet, une personne peut utiliser l’e-réputation pour

soigner son image, il en est de même pour l’entreprise. Je constate également que l’e-

réputation est un élément propre à la réputation et que ces deux notions sont fortement liées. Il

est également intéressant de souligner qu’une bonne gestion de l’e-réputation permettra

d’éviter les Bad Buzz, qui peuvent être néfastes à l’image.

Comme pour la réputation, l’image est l’aspect le plus important qui influencera l’e-

réputation. L’entretien et l’amélioration de cette image nécessite du temps et de l’argent.

L’image est distinguée de différentes façons par les internautes55

:

L’image visuelle et graphique : logos, chartes graphiques, web design ;

Message/contenu : notamment l’éthique au niveau du contenu ;

Outils digitaux : l’expérience utilisateur, la facilité d’utilisation, design ;

Style : réseaux sociaux, ligne éditoriale, blog ;

Verbale : présentation de l’entreprise, le discours, interview vidéo ;

Sonore : la bande musicale, message vocale etc.

B. Mesure de l’e-réputation

Il n’existe aucun logiciel ou organisme mesurant l’e-réputation d’une entreprise ou d’une

personne. Néanmoins, il est possible d’avoir un avis à propos de cela. Pour ce faire, plusieurs

méthodes existent. La méthode primaire serait de taper le nom de l’entreprise ou de la

personne en question sur Google. Ce moteur de recherche ayant 95% de part de marché des

53

INCONNU, Définitions de l’e-réputation, Caddereputation [En ligne], http://caddereputation.over-

blog.com/page-1463255.html, page consultée le 4 mars 2016 54

BAUGAS, A.. « En quoi la gestion de l’E-réputation est-elle devenue un facteur de réussite primordiale pour

nos entreprises ? » Mémoire. IDRAC Montpellier.57. Print., 2011. 55

DEBACQ, C., Image réputation entreprise : sentiment et perception client, Seolius [en ligne],

https://www.seolius.com/communaute/seoliusyou/20160216-946-image-de-marque, page consultée le 3 mars

2016

Page 30: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

30

recherches sur Internet, le premier réflexe serait d’analyser les retombées sur les premières

pages des résultats. Il existe quelques outils qui scannent la partie visible de l’e-réputation de

l’entreprise. Social Mention par exemple, outil gratuit, permet d’avoir un flux RSS de ce qui

se dit à propos d’une marque ou d’une personne sur Internet et les réseaux sociaux. Netvibes

est également un autre outil assez complet sur lequel il est possible de faire une veille sur

certains mots clés, sites web etc… Un autre outil du nom de Survey Monkey permet

d’effectuer des sondages en ligne. Il est possible de créer son propre sondage et d’y insérer les

questions que l’entreprise désire. Après cela, il suffira de sensibiliser un maximum

d’internautes sur Internet afin d’obtenir des résultats plus pertinents. C’est un moyen rapide et

efficace pour obtenir des résultats sur l’e-réputation.

C. L’enjeu de l’e-réputation

Comme dit précédemment, l’e-réputation est une manière de diffuser une image de

l’entreprise sur internet. Cette technique permet à l’entreprise de s’offrir une vitrine pour ses

produits sur Internet. En 2015, la terre comptait plus de 3,2 milliards de personnes ayant une

connexion Internet56

. L’enjeu est donc énorme, cela permet à l’entreprise d’effectuer des

campagnes de communication numérique de manière globale et cela, à une vitesse quasi

instantanée. Il est donc possible de trouver des clients dans les cinq continents du monde. Un

client résidant à l’autre bout de la planète peut retrouver une entreprise sur Internet, si celle-ci

dispose d’une bonne e-réputation.

L’apparition des réseaux sociaux a également été cruciale pour les entreprises. Pour

l’entreprise, il est important aujourd’hui de créer une page Facebook par exemple, sur laquelle

les internautes deviendront des « fans » afin de devenir des ambassadeurs de la marque. Gérer

ces pages constitue le métier de « community manager ». Cet employé ou prestataire venant

d’une société extérieure, devra animer la page de l’entreprise, créer du contenu, répondre aux

avis laissés par les internautes. Cette interactivité permettra de créer des liens entre

l’entreprise et ses consommateurs.

56

INTERNATIONAL TELECOMUNICATION UNION, ICT Facts & Figures, http://www.itu.int/en/ITU-

D/Statistics/Documents/facts/ICTFactsFigures2015.pdf

Page 31: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

31

III. L’organisation de la communication de crise

1. Introduction

La communication de crise fait partie d’un des cinq domaines de la communication

institutionnelle avec la communication interne, la communication externe, les relations

publiques, les relations de presse et la publicité. C’est sans conteste la composante la plus

complexe et incertaine de la communication institutionnelle.

Depuis l’apparition du web 2.0, les crises semblent s’intensifier et surtout s’amplifier. De nos

jours, aucune entreprise ou institution ne semble à l’abri d’une crise générale. Néanmoins,

l’entreprise peut s’y préparer à l’avance. Lors de ce chapitre, je détaillerai l’organisation

nécessaire pour la gestion d’une crise. L’entreprise ne connaît rien à propos de la future crise

arrivant, mais une chose est sûre, la crise se gagne avant son émergence. Cette partie est de

loin la plus importante, c’est là que tout va se jouer. Si l’entreprise anticipe la crise de manière

adéquate, elle aura toutes les chances de la surmonter. L’anticipation se fait en deux sous-

parties : L’organisation matérielle et l’organisation de la communication.

2. L’organisation matérielle

A. Le recensement

Le recensement, étant la toute première étape de l’organisation d’une crise, il consiste à

établir une liste de toutes les crises potentielles menaçant l’organisation. Cette méthode peut

être effectuée en partant d’une typologie (cf. chapitre 1), elle doit être effectuée de manière la

plus complète possible. Lors de la mise en place de cette étape, il est vivement conseillé

d’avoir une présence de divers acteurs représentant l’ensemble des fonctions de l’entreprise.

La présence d’une personne externe à l’entreprise est également recommandée.

Une fois cette liste établie, l’entreprise devra s’interroger sur chaque cas de crise57

. Les

questions devront porter sur :

La probabilité d’apparition. Le risque est-il extrêmement probable, ou est-il très

faible ?

Quel est le risque encouru ? La menace est-elle importante ?

La maîtrise du sujet. Est-ce que l’entreprise a la capacité à stopper la crise ?

57

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 36. Print.

Page 32: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

32

Plus une entreprise aura des crises potentielles recensées, mieux elle y sera préparée

lorsqu’une crise apparaîtra.

B. La simulation des conséquences

La seconde partie d’une bonne organisation matérielle de la crise consiste à simuler les

conséquences. Cela dépend bien entendu de la typologie de la crise. Si c’est une crise de type

technologique moyennant une catastrophe, il vaut mieux connaître les conséquences de celle-

ci afin d’avertir les populations avoisinantes sur les risques réels dès les premières minutes

suivant l’incident.

Thierry Libaert dit : « la fiabilité et la réactivité apparaissent alors comme un des paramètres

déterminants de toute crédibilité ultérieure. Cela implique la nécessité de connaître les

conséquences potentielles de toute crise recensée dans la première phase. (…) Dans cet

objectif de crédibilisation immédiate des discours, l’entreprise effectuera des exercices de

simulation58

».

C. La cellule de crise

Afin de gérer la crise en toute facilité, l’organisation doit constituer une cellule de crise.

Celle-ci représente le symbole de la gestion de crise au sein de l’entreprise. La cellule est

presque toujours représentée comme une salle dans laquelle se réunissent les divers

interlocuteurs gérant la crise. Afin de faciliter la tâche et gagner du temps, cette salle

comprendra un maximum d’outils et d’éléments qui serviront à gérer la crise.

D’après Thierry Libaert, la cellule doit être composée de trois composantes :

L’animateur, celui-ci sera choisi par sa capacité et sa légitimé à mener les débats. Il

aura pour fonction de synthétiser l’ensemble des informations recueillies. Pour cette

tâche, il est conseillé d’avoir un manager de haut niveau.

Les experts, ils seront chargés de collecter et d’analyser les informations techniques.

La tâche des experts est assez difficile et délicate du fait de l’incertitude de la plupart

des crises. Dans une équipe d’experts, il est fortement recommandé de réunir des

spécialistes juridiques et financiers. Le choix des experts varie en fonction de la crise.

Une crise sur base de conflit social nécessitera la participation d’un directeur des

58

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 36-37. Print.

Page 33: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

33

ressources humaines, tandis qu’une défaillance ou une rumeur sur un produit

nécessitera la présence du responsable marketing.

Le responsable de la communication. Il aura deux tâches assez spécifiques. En premier

lieu, il devra faire remontrer à la cellule de crise l’ensemble des attentes des différents

interlocuteurs de l’entreprise. Cette tâche se nomme la communication ascendante.

La deuxième fonction du responsable de la communication est de transcrire sous

forme d’écrit, les décisions prises au sein de la cellule de crise. Cette tâche a pour nom

« la communication descendante ». Il devra également rédiger des communiqués de

presse ou encore des messages argumentaires destinés au porte-parole de l’entreprise.

Le responsable de communication assure de quelque manière la transition entre

l’interne et l’externe.

En dehors de la cellule de crise, la transmission des messages, tant en interne, qu’en externe,

est cruciale. Les communicants de l’entreprise devront mettre en forme et transmettre les

messages. Le community manager sera confronté aux réactions des parties prenantes. La

cellule de crise doit comprendre un service logistique irréprochable. Celui-ci sera chargé de

faire fonctionner la cellule de crise. Par exemple, en cas de problème technique, un dépannage

immédiat doit être possible. Un autre exemple est la présence d’un secrétariat propre à la

cellule de crise.

D. Le porte-parole

Lors de la communication externe, le choix de la personne émettant le message est important,

car celle-ci conditionne la crédibilité du message.

En général, le choix s’effectue entre le dirigeant et l’expert. Il est déconseillé de choisir le

responsable de la communication, car le public considérera le message comme étant

« travaillé »59

. La sélection est effectuée en fonction de la connaissance de la crise et de sa

durée. Lors d’une crise, si les informations recueillies sont certaines, il sera préférable que ce

soit le plus haut dirigeant de l’entreprise qui s’exprime. Cela démontrera une prise de

responsabilité, une capacité à reconnaître ses erreurs. Si par contre, une crise possède un

59

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 42-43. Print.

Page 34: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

34

caractère très incertain, il faudra laisser intervenir un expert. Le rôle de cet expert est de

préserver l’image de l’entreprise et de son président.

E. Les conditions de l’efficacité de la cellule de crise

Afin qu’une cellule de crise soit efficace, cinq principes doivent être respectés :

La légèreté : pour une efficacité optimale au sein de la cellule de crise et pour éviter

que des débats et controverses internes s’amplifient, la cellule de crise doit avoir le

moins de membres possible. Il est déconseillé de dépasser quinze membres en

général60

.

Le poil à gratter : une cellule de crise ne doit pas être constituée en fonction des

affinités de groupe. Cela permet d’éviter que les membres du groupe ne suivent

aveuglément les premières pensées émises par le ou les leaders du groupe. En d’autres

mots, cela permet d’éviter la pensée de groupe.

Le naïf : cette personne, appelée également le naïf, aura pour rôle de recueillir les

premières décisions et messages projetés et de réagir. N’ayant pas de connaissances

des objectifs, il aura pour but de juger les résultats. Ce principe est établi avant toute

divulgation externe, c’est une étape cruciale lors de la communication de crise. Le

« test du naïf » permet d’avoir le recul nécessaire à n’importe quelle décision.

L’expérience : une cellule de crise expérimentée est celle qui effectue des exercices de

manière occasionnelle. Cela permet d’acquérir une connaissance et une expérience à

propos des situations de crise. Il est conseillé d’effectuer un exercice tous les 3 ou 6

mois.

Le retour d’expérience : l’expérience n’est utile que lorsqu’un bilan est établi à la fin

de celui-ci. Après la crise, la cellule de crise doit analyser ses actions, faire un compte

rendu de la situation. Si des erreurs sont effectuées, la reconnaissance de celles-ci est

une étape nécessaire à l’amélioration des dispositifs de gestion de crise.

60

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 43. Print.

Page 35: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

35

F. La check-list

Cinquième et dernière étape d’une organisation matérielle de la crise est d’effectuer une

check-list. La check-list contient les informations nécessaires à une bonne gestion de crise.

Elle contiendra par exemple les informations de contact des différents membres de la cellule

de crise, à joindre en cas de problème, ou encore les procédures à suivre.

3. L’organisation de la communication

Après avoir préparé l’organisation matérielle de la crise, l’entreprise devra préparer la

communication en réponse à la crise. Cette étape est gérée par le département lié à la

communication. Elle est organisée autour de quatre domaines majeurs : le plan de

communication, la préparation des messages, la formation au discours et l’organisation

relationnelle61

.

A. Le plan de communication

La première étape de l’organisation de la communication de crise consiste à établir un plan de

communication de crise. Celui-ci fera partie du plan de communication de l’entreprise. Il doit

être établi selon une infrastructure bien précise. Ce document reprendra, selon un ordre bien

spécifique, l’objectif de la communication, les publics prioritaires ciblés, le message que

l’organisation veut transmettre ainsi que les moyens utilisés pour y arriver. Lorsqu’une crise

surviendra, ce document sera très utile à l’organisation, et montrera le chemin à suivre pour

une bonne communication de crise. Il doit fixer les règles et l’attitude à adopter en cas de

crise, et le but à atteindre doit également être stipulé dans ce document.

Une des qualités primaires du plan de communication est d’être claire. Il devra également être

formulé en langage accessible. Ce plan de communication doit être à disponibilité et

accessible à n’importe quel moment. Il doit également être connu des acteurs de la cellule de

crise.

B. La préparation des messages

Cette étape est le résultat du recensement de crise (cf. 2.A.). Elle consiste à élaborer pour

chaque crise recensée, un message qui pourra être émis. Le message portera sur des questions

61

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 47. Print.

Page 36: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

36

comme : que pouvons-nous dire sur ce type d’accident ? Quelle est l’origine de l’incident ou

de l’évènement ? Quelles en sont les conséquences ? etc.

Le but étant de se préparer à n’importe quelle question susceptible d’être posée par les médias

ou le public.

C. La formation au discours

Transmettre un message ne suffit pas à toujours apaiser les médias et le public, il faut savoir

la transmettre avec efficacité. Une formation à la prise de parole en public est nécessaire. Ce

« media training » concernera tant l’aspect écrit que l’aspect oral. Cela permet notamment

d’éviter les dérives du discours de l’entreprise en cas de crise : la justification et la langue de

bois.

C’est un entraînement organisé par des experts externes à l’entreprise. En général, des

journalistes acceptent d’effectuer les simulations afin de tester l’émetteur du message. Cet

entraînement doit être effectué périodiquement afin de bien préparer les porte-paroles à toute

situation de crise.

D. L’organisation relationnelle

Pour en conclure avec le quatrième élément majeur d’une bonne organisation de la

communication, l’organisation relationnelle consiste à mieux connaître les interlocuteurs

auxquels sera confrontée l’organisation. Cela consiste, notamment, à établir une bonne

relation de confiance. Des interlocuteurs tels que les pouvoirs publics, les journalistes, les

riverains, les élus locaux, douteront de tout discours émis par une entreprise en crise. Afin de

réduire cette suspicion, il est préférable d’établir des relations avec ces interlocuteurs.

Page 37: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

37

IV. Communiquer en temps de crise

1. Introduction

Ayant abordé l’organisation de la communication de crise lors du chapitre précédent,

j’entamerai lors de ce chapitre la communication en temps de crise. Chaque crise est unique

dans ses caractéristiques, tout est certes une question de contexte. Les stratégies de réponses à

adopter face à ces crises sont multiples. Mais comment faire pour choisir la bonne stratégie ?

2. Les préalables au choix d’une stratégie

D’après un premier travail réalisé par Jean-Pierre Piotet, il faut prendre en compte plusieurs

éléments62

.

A. Le seuil de crise

La première chose à déterminer avant d’opter pour une stratégie est de déterminer le seuil de

la crise. L’organisation est-telle confrontée à une situation grave mais surmontable par

l’entreprise, ou fait elle face à un véritable incident catastrophique ? La limite entre ces deux

éléments est confuse. Une crise surgit parfois d’une situation minime car il y a une absence de

réaction de la part de l’entreprise.

Emmanuelle Tran Thanh Tam, conseillère en gestion de crise, a relevé plusieurs éléments

pouvant indiquer la probabilité d’un phénomène médiatique de crise63

:

o Sujet pouvant toucher ou choquer le grand public dans son quotidien ;

o Sujet faisant partie des thèmes médiatisés ;

o Sujet concernant un grand nombre de personnes ;

o Victimes innocentes ;

o L’entreprise, la marque ou le produit est connu ;

o Des doutes sont à l’origine des incidents.

D’autres éléments tels que l’impact sur le chiffre d’affaires, des poursuites judiciaires, etc.

peuvent également indiquer le seuil de crise.

62

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 53. Print. 63

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 54. Print.

Page 38: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

38

Comme énoncé plus tôt, la crise signifie « incertitude ». La première étape d’une gestion de

crise se porte sur la reconnaissance de la crise. Cette séquence est déjà elle-même une

incertitude.

B. La connaissance du sujet

Afin de bien choisir la stratégie de communication, l’organisation devra rassembler un

maximum d’informations à propos du sujet. Les informations devront notamment porter sur

les causes et conséquences de la crise, cela permettra de mieux se positionner sur un type de

message à adopter. La connaissance du sujet est donc une des clés à la bonne gestion de la

crise. De ce fait, l’organisation évitera d’être perçue comme hésitante aux yeux des médias et

du grand public.

C. Les risques encourus

Il est intéressant de connaître le risque encouru afin d’adapter sa stratégie. En effet, si les

risques sont minimes, une entreprise adoptera une stratégie plus simple, alors qu’en revanche

si une entreprise est exposée à un très grand risque tant au niveau financier qu’au niveau

réputationnel, celle-ci accordera énormément d’attention au choix de la stratégie.

Comme mentionné plus tôt, une des interprétations du mot « crise » en chinois mandarin est

« opportunité ». Selon le choix de la stratégie, un risque encouru peut finir par se traduire par

une opportunité (cf. Johnson & Johnson tableau 1).

D. La médiatisation

L’ampleur de la médiatisation de l’incident agit sur le choix de la stratégie à opter également.

Le type de presse, et l’angle de l’article par exemple, sont des éléments influençant le choix

de la stratégie.

Par exemple, si l’incident surgit dans un petit journal local, cela n’aura pas de répercussions

sur la santé de l’organisation. Il nécessitera alors d’opter pour une stratégie minime. La

réputation de l’agence de presse est un paramètre important.

E. Le temps

La crise est caractérisée par une accélération du temps. L’organisation en crise devant prendre

une décision, verra une montée instantanée de la pression et se sentira en phase d’urgence. Le

Page 39: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

39

choix de la stratégie ne doit pas durer très longtemps. Plus l’entreprise attendra, plus la

pression montera. Il faudra donc choisir la bonne stratégie au bon moment.

Il existe également d’autres éléments influençant le choix de la stratégie de communication de

crise, mais je n’aborderai pas ceux-ci lors de ce travail de fin d’études. Ils ne sont d’après

moi, pas aussi intéressants que les premiers préalables que j’ai précédemment cités. Il est

néanmoins possible de les retrouver dans le livre de Thierry Libaert64

.

3. Les différentes stratégies

Je vais à présent aborder les différentes stratégies possibles pour une communication de crise.

Deux grands types de discours sont possibles pour l’entreprise en crise :

Le discours de la reconnaissance, et le discours de l’évitement. Certains auteurs ont proposé

une typologie de stratégies.

En 1986, Patrick Lagadec a recensé trois stratégies distinctes65

:

o La transparence, visant une information claire et complète ;

o La dissimulation, l’entreprise ne communiquant aucune information ;

o La discrétion, seulement une partie de l’information qui est communiquée dans un

premier temps.

Marie-Hélène Westphalen propose cinq ripostes possibles par l’entreprise en crise66

:

64

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 54. Print. 65

LAGADEC, P., Stratégies de communication en situation de crise,

http://www.patricklagadec.net/fr/pdf/annales1986.pdf 66

WESTPHALEN, M.-H., « La communication externe de l’entreprise ». 1997. Dunod. Print

Stratégies de communication

Le discours de la reconnaissance

Le discours de l'évitement

Page 40: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

40

La stratégie du silence, ne pas réagir face aux accusations, et délivrer le minimum

d’informations ;

La stratégie de l’offensive, le fait de rejeter la crise, chercher à changer l’opinion ;

La stratégie du transfert, rejeter les responsabilités de l’incident sur une autre personne

(salariés, fournisseurs etc.) ;

La stratégie de la reconnaissance, l’entreprise en question assume sa faute et apporte le

maximum d’informations aux médias ;

La stratégie de la discrétion maîtrisée, lâcher les informations de manière progressive.

Une autre typologie relevée, qui est un peu plus récente, est celle du spécialiste américain

Timothy Coombs. Sa typologie qui date de 2015 propose cinq types de stratégies67

:

o Le déni ;

o La réduction des attaques, minimiser l’ampleur de la crise aux yeux du public ;

o La réduction des responsabilités, faire croire que l’entreprise n’y est pour rien.

o L’action correctrice, se mobiliser afin de réparer les dommages causés par la crise,

mais aussi prévenir les crises futures ;

o La reconnaissance et l’empathie, demander le pardon auprès du public.

Ayant cité quelques-unes de ces typologies, je vais à présent détailler chacune des stratégies

possibles pour une crise.

4. La stratégie de reconnaissance

Cette stratégie consiste à reconnaitre l’erreur, et à en assumer les conséquences. Lorsqu’il y a

déjà des preuves tangibles par exemple, l’organisation se verra dans l’obligation d’accepter

son erreur, car dans le cas contraire, si celle-ci refuse de reconnaître son implication, la crise

se verra amplifiée. Une bonne stratégie de reconnaissance peut aboutir à une opportunité pour

l’entreprise.

Afin d’être efficace, la stratégie de reconnaissance doit remplir certaines conditions. En

premier lieu la communication doit être accompagnée d’éléments explicatifs, elle doit être

claire et ferme. De plus, la reconnaissance de la crise doit être effectuée de la manière la plus

rapide possible.

67

COOMBS, T., « Ongoing Crisis Communication : Planning, managing and responding ». 2014, Sage. Print

Page 41: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

41

La stratégie de reconnaissance peut être totale (une acceptation entière et directe) ou partielle.

La stratégie de reconnaissance partielle peut dériver dans différents sens :

La bonne foi et la naïveté. Cela permettra à l’organisation d’assumer ses erreurs sans

pour autant apparaître coupable. Cette technique est souvent utilisée dans les scandales

de corruption ou de dopage. En cas de mauvais choix ou de timing, elle risque d’être

inefficace.

L’amalgame, « l’entreprise assume, mais élargit le cercle des responsables en

universalisant la culpabilité68

». Elle consiste à diminuer la part des responsabilités de

l’organisation, en la généralisant à d’autres acteurs.

La dissociation de l’entreprise et de ses hommes. Cette stratégie permettra de

déconnecter l’entreprise des responsables de la crise. De cette manière, la marque sera

moins touchée. L’incident est certes reconnu par l’entreprise, mais elle le décharge

dans le domaine de la vie privée des salariés. Cette stratégie est très souvent utilisée

dans des affaires de corruption ou de détournement de fonds.

Si la stratégie de reconnaissance reste la plus efficace, elle reste néanmoins la moins utilisée,

notamment à cause des contraintes internes à l’entreprise.

5. Les stratégies du projet latéral

Cette stratégie consiste à faire voir les choses autrement aux yeux des médias en déplaçant le

point de vue du problème. Elle s’applique sous trois aspects69

.

A. Le déplacement du lieu de débat

Cette stratégie consiste à changer de sujet, en abandonnant des sujets où l’entreprise est

attaquable, afin d’aborder un thème valorisable où il est possible de densifier ses forces. Cela

permettra à l’entreprise de changer de position, en passant d’une zone défensive vers une zone

offensive.

B. La stratégie de la contre-attaque

Egalement appelée rhétorique du complot, cette stratégie consiste à repositionner l’entreprise

accusée en tant que victime. L’organisme utilisant cette stratégie ne répondra pas sur le fond,

mais détournera les accusations vers les attaquants, en utilisant le thème « à qui le crime

68

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 63. Print. 69

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 64. Print.

Page 42: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

42

profite ». En d’autres mots, elle consiste à dire que les attaques subies profitent au concurrent

en se faisant passer pour la victime. Cette technique fut déjà abordée par Aristote dans son

livre « rhétorique », rédigé entre 329 et 323 avant J.-C.

C. L’accusation externe

Cette stratégie consiste à accuser une personne tierce. Elle concerne les différents points

suivants :

La stratégie hiérarchique : minimiser son rôle dans l’incident, et dire que c’est la

faute aux autorités par exemple.

La stratégie du pire : détourner l’attention des médias sur une piste d’investigation

plus prometteuse. Exemple : Bernard Tapie, accusé de corruption avec l’Olympique

Marseille, avait rétorqué en disant que le niveau de la corruption était minime

comparée la pratique habituelle de corruption utilisée par les Girondins de Bordeaux.

La stratégie de la piste annexe : c’est un discours qui sert à élargir le champ des

interlocuteurs accusés. Elle permet de se décharger de la pression médiatique, en y

insérant d’autres acteurs.

La stratégie de la victimisation : elle consiste à se comporter en tant que victime en

ayant recourt au domaine de l’émotion. Cela sert à réduire l’intensité de la crise, en

avouant que la crise subie fait souffrir l’individu ou l’organisation accusé. Exemple :

Dans l’affaire Zahia, le footballeur Franck Ribery avait déclaré « ça blesse beaucoup

ma famille, je n’ai que ça à dire. »

La stratégie de l’évitement du pire : c’est une stratégie par laquelle l’organisation

cherche à calmer la situation en comparant la situation subie à une catastrophe ou un

incident bien plus grave, la crise est alors minimisée.

6. Les stratégies du refus

Cette stratégie consiste à affirmer qu’il n’y a pas de crise. L’entreprise choisissant ce type de

stratégie doit être capable de tenir une posture adéquate. Cette stratégie se divise en cinq

catégories.

Page 43: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

43

A. Stratégie de la négation

C’est un discours à travers lequel l’entreprise nie toute crise, et rejette toutes les accusations

possibles.

Cette stratégie de communication s’avère néanmoins dangereuse. Si lors de la négation de

l’incident, des preuves de l’implication de l’entreprise éclatent au grand jour, la crédibilité de

l’entreprise sera profondément touchée. Elle sera dès lors, reconnue coupable à double titre,

d’une part pour sa responsabilité et de l’autre part pour son mensonge.

B. Stratégie du silence

Cela consiste à ne pas réagir en externe. Dès le début de la crise, l’entreprise décidera de ne

pas communiquer sur le sujet. Cette stratégie de communication est surtout utilisée lorsque

l’organisation estime qu’il y aura une très faible pression médiatique, et la durée de celle-ci ne

sera pas longue. Une métaphore de Jean-Pierre Piotet explique parfaitement la situation :

« faute de combustible, le feu s’éteint »70

.

La stratégie du silence peut elle-même être divisée en deux figures :

Le silence originel : consiste à ne pas divulguer les informations dès le début de

l’incident. Hormis les personnes internes à l’entreprise, personne d’autre n’aura

connaissance de la crise. Exemple : le 26 avril 1986, l’explosion du réacteur n° 4 de la

centrale nucléaire de Tchernobyl ne fut révélée que 24h plus tard, et ce, par les

autorités suédoises à 1.100 kilomètres de là71

.

Le silence postérieur : cette stratégie de communication est différente du silence

originel. Il s’agit de garder le silence après la médiatisation de l’incident. L’entreprise

refuse alors toute sorte de communication. Certaines organisations optent pour ce type

de communication car des polémiques peuvent être créées à cause de la divulgation

d’éléments pouvant s’avérer provocateurs.

Etant très dommageable, cette stratégie n’est utilisée que sous certaines conditions :

70

M. B., Rumeur et réputation : qui ne dit mot consent !, Obs-réputation, http://www.obs-

reputation.org/?p=1872, page consultée le 15 mars 2016 71

INCONNU, Frontières de l’UE : la centrale nucléaire suédoise qui a alerté le monde de la catastrophe de

Tchernobyl, Parlement européen – Actualité [En ligne], http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-

room/20140514STO47018/La-centrale-nucl%C3%A9aire-su%C3%A9doise-qui-a-pr%C3%A9venu-de-la-

catastrophe-de-Tchernobyl, consultée le 15 mars 2016

Page 44: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

44

Lorsqu’il y a une actualité chargée, d’autres informations plus urgentes attirent

l’attention du public externe. Lors d’un événement de haute importance par exemple,

comme une coupe du monde, l’incident suscitera l’intérêt de moins de personnes.

Lorsqu’il est question d’un secret bien gardé, comme des secrets d’état par exemple.

Toute fuite externe est alors impossible.

Lorsqu’une activité ou un secteur est attaqué par les médias alors qu’aucune

organisation n’est visée, en supposant qu’une organisation décide de défendre seule le

secteur en question, les autres organisations pourront rester dans le silence.

C. Stratégie du bouc émissaire

Le but principal de cette stratégie de communication est de désigner un coupable identifié,

interne à l’organisation. Elle consiste à sacrifier de manière publique, une personne soi-disant

coupable, et ce, dans l’unique but de protéger les dirigeants. Sur un marché féroce, une

entreprise possédant une solide réputation sacrifiera logiquement un individu, plutôt que de

mettre en danger sa réputation.

L’expression bouc émissaire provient d’un rite juif antique qui consistait à mettre

symboliquement sur un bouc l’ensemble des péchés d’Israël, puis à bannir ce bouc dans le

désert. Grâce à cette expulsion, le peuple pensait que les relations au sein de la communauté

allaient s’améliorer ; « L’efficacité du rite consistait à penser que les péchés étaient expulsés

avec le bouc et que la communauté en était débarrassée 72

».

D. La stratégie du changement

Cela consiste à nier la responsabilité, en la déplaçant à une période antérieure. De cette

manière, l’entreprise aura comme argument que les pratiques ont changé et qu’à une époque

antérieure, les valeurs n’étaient pas les mêmes. Cette stratégie permettra de se décharger de

toute responsabilité.

E. La stratégie du chaînon manquant

Cette stratégie de communication consiste à argumenter en disant qu’il y a un manque

d’informations, et que l’entreprise n’était pas au courant. Elle est utilisée d’une manière

72

GIRARD, R., Je vois Satan tomber comme l’éclair, Paris, Grasset, 1999. 238, Print.

Page 45: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

45

minutieuse pour prouver l’innocence en avouant que l’entreprise n’était pas au courant des

enjeux.

7. Conclusion

A la suite de ce chapitre, je peux dire qu’il existe une multitude de stratégies de

communication de crise. Néanmoins, afin de paraître crédible dans sa stratégie, l’entreprise

devra porter son choix sur une seule stratégie, et non changer sa stratégie au cours de la crise.

Ce choix crucial reviendra à la cellule de crise. Suite aux incertitudes liées à la crise, il est

extrêmement difficile de choisir la stratégie à adopter.

Pour faire une synthèse, j’ai mis en place un tableau hiérarchique qui aide à mieux

comprendre les différentes classifications. Le voici :

V. L’après crise

1. Introduction

La sortie de crise demande également des efforts considérables de la part de l’entreprise.

Même si la durée de celle-ci est courte comparée aux autres phases, c’est émotionnellement la

plus rude pour l’organisation. Lorsque la crise commence à disparaître petit à petit de

l’actualité, on passe dans la dernière phase, le « post-crise ». Les effets de la crise peuvent se

Stratégies de reconnaissance

Stratégies de projet latérel

Le déplacement

du lieu du débat

La contre-attaque

L'accusation externe

Stratégies du refus

La dénégation

Le silence

Le bouc émissaire

Le changement

Le chaînon manquant

Page 46: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

46

faire ressentir, même après la crise. BP par exemple, a récemment été victime d’une

remédiatisation de la crise « Deepwater Horizon » suite à l’accord effectué avec les Etats

américains73

, cela six ans après les faits.

L’entreprise sortant de la crise doit reprendre ses activités, petit à petit, de manière

progressive74

. Le retour d’expérience est un élément capital dans cette dernière étape post-

crise. Cela aide à la cicatrisation, et aide à la réflexion. Cela peut également engendrer une

nouvelle dynamique au sein de l’organisation.

Durant cette phase, la crise nécessitera de l’attention, même si elle n’est plus d’actualité pour

l’entreprise. Lors de cette phase, il est judicieux d’apprendre des erreurs commises. Cela

permettra à l’organisation d’être vigilante et de ne plus commettre des erreurs dans le futur. Si

la crise est bien gérée, elle peut avoir des conséquences positives tant sur les résultats

financiers que sur le plan de notoriété.

2. Les étapes de la gestion post-crise

Après la crise, un sentiment de refoulement total est ressenti. L’entreprise a longtemps été

mobilisée, et veut donc rattraper le temps perdu, reconstruire le business. Cela passe par la

communication post-crise. La communication post-crise possède trois étapes :

Sauver la réputation de l’entreprise.

Le retour d’expérience.

La recherche de l’opportunité.

73

INCONNU, Justice : marée noire : accord validé entre BP et les Etats-Unis, 24 heures [En ligne],

http://www.24heures.ch/news/standard/maree-noire-accord-valide-bp-etatsunis/story/24969956, page consultée

le 17 mars 2016 74

COOMBS, T., Crisis Management and Communications, Institute for Public Relations [En ligne],

http://www.instituteforpr.org/crisis-management-and-communications/, page consultée le 18 mars 2016

Page 47: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

47

Ces étapes peuvent être appliquées de manière simultanée ou étape par étape. Pour

l’organisation espérant une communication post-crise efficace, il est nécessaire de respecter

chacune de ces étapes.

A. Sauver la réputation de l’entreprise

Il est logique qu’après une crise la réputation de l’organisation soit menacée. Dans ce cas, la

première chose à effectuer sera de sauver la légitimité de l’entreprise. La médiatisation de

l’incident et de la crise affectera profondément l’image et la réputation de l’organisation. Une

fois une crise enclenchée, le doute subsistera dans l’esprit du public qui essayera de

déterminer si l’attitude douteuse de l’entreprise est acceptable ou non.

Regagner la réputation antérieure de l’entreprise est un procédé long et compliqué. Après la

crise, l’organisation devra tenter de reconquérir les clients ayant changé leur opinion. Il faudra

réorganiser les valeurs, les objectifs et la mission de l’entreprise afin de séduire le public.

L’entreprise devra toucher un aspect social, tant au niveau interne (les employés), qu’au

niveau externe. De plus, si la crise concerne une catastrophe écologique, il sera nécessaire de

reconstruire et de fournir des efforts supplémentaires afin de rétablir la situation. Les

meilleurs arguments possibles pour sauver l’image de l’entreprise seront l’effort fourni dans

l’humanitaire, le mécénat et la préservation de l’environnement.

Gestion post-crise

Sauver la réputation

Retour d'expérience

Recherche d'opportunité

Page 48: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

48

Pour regagner l’image de l’entreprise, il faudra tout d’abord réaliser un audit afin de

comprendre en quoi l’image est dégradée. Ensuite s’en suit une analyse afin de déterminer

auprès de quel public l’image a été dégradée. Il peut s’agir du public interne, des actionnaires,

des clients, des partenaires, des autorités, des spécialistes du secteur, du grand public… Cela

permettra de se repositionner spécifiquement sur un public spécifique afin d’adapter la

stratégie de communication.

Des actions élémentaires, assez visibles, peuvent être employées par l’organisation. Il peut

être question du départ du dirigeant, d’un changement de nom, changement de logo,

campagnes publicitaires, etc. Néanmoins, ce sont les rapports avec les parties qui restent

cruciaux pour parvenir à restaurer l’image75

.

B. Le retour d’expérience

Après une crise, il est conseillé de faire un REX, dit aussi « retour d’expérience ». Mais tout

d’abord, qu’est-ce qu’un REX ? D’après Jeremy Cicero, consultant et dirigeant chez

QualiSphère, « Le retour d’expérience (REX) est un processus de réflexion mis en œuvre pour

tirer les enseignements positifs et négatifs de projets en cours ou terminés. 76

». C’est avant

tout un outil d’apprentissage pour les organisations. Il permettra d’apprendre de ses erreurs,

afin qu’un incident du même type ne se reproduise pas dans le futur.

Le REX permet avant tout de77

:

Apprendre de la crise, qui sera utile aux acteurs locaux. Cela permettra d’éviter les

erreurs.

Avoir un compte rendu des événements produits afin de le soumettre dans une base de

données.

Repérer des pistes de progrès possibles pour l’organisation.

Fortifier les relations entre les acteurs.

A la suite d’une crise, il est conseillé de faire deux REX. L’un à chaud, et l’autre à froid.

75

JOHANNES, K., « La communication corporate » 2ème

éd. Dunod, 2016. Print. 76

CICERO, J., Le retour d’experience (REX) : une méthode, un outil !, Qualiblog [En ligne],

http://www.qualiblog.fr/outils-et-methodes/retour-experience-rex-methode-outil/, page consultée le 20 mars

2016 77

MIAT/DDSC/SDGR/BAPC, Guide méthodologique « La conduite du retour d’expérience, éléments

techniques et opérationnels », http://www.mementodumaire.net/wp-

content/uploads/2012/07/guide_methodo_REX.pdf

Page 49: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

49

Pour le retour d’expérience à chaud, c’est tout de suite après la crise, lorsque l’entreprise

pense que la crise est réglée et que c’est élément du passé. Il s’agit du dernier élément

effectué par la cellule de crise. Cela s’apparente plutôt à du brainstorming, pas organisé et à

chaud. Il s’agira d’analyser tout le processus de gestion de crise. Des feedbacks seront

données par l’ensemble des acteurs de la cellule de crise. C’est une réunion d’une heure tout

au plus, et cela, juste après la crise.

Le retour d’expérience à froid par contre, se fait une dizaine de jours après la crise, lorsque la

situation est bien décantée. Le REX à froid consiste en des entretiens individuels face à face

avec l’ensemble des membres de la cellule de crise. Elle est gérée par un consultant externe à

l’organisation, car l’analyse de l’information doit être traitée avec du recul.

L’exercice du retour de l’expérience est difficile à effectuer car il faut que les informations

perçues soient d’une clarté totale. La personne interrogée devra dire tout ce qu’elle a sur le

cœur, et ce de manière sincère. C’est par la qualité d’un bon REX que l’organisation pourra

améliorer l’organisation et/ou le management par la suite.

C. La recherche de l’opportunité

La troisième étape d’une gestion post-crise consiste à rebondir en recherchant des

opportunités. Comme cité plus tôt, une crise peut être synonyme d’opportunité si elle est bien

gérée. C’est lors de cette phase que l’objectif sera d’identifier les rebonds et opportunités

possibles pour que l’organisation puisse en profiter après la crise, et non pendant la crise car

la pression médiatique l’en empêche. Il n’est pas toujours question d’opportunité après une

crise, mais il est toujours bon de se poser la question, si l’entreprise peut trouver une

opportunité après la crise.

Dans l’histoire, il y a de très bons exemples d’entreprises qui ont pu bien gérer les crises et

rebondir par la suite. Un bon exemple est celui de l’entreprise Johnson & Johnson (cf. tableau

1).

Page 50: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

50

VI. Le web 2.0

1. Introduction

Pour la suite de ce travail de fin d’études, je vais introduire le web 2.0. Il m’était inévitable

d’ignorer le sujet à cause de son caractère amplificateur dans la gestion de crise. De plus, une

grande partie des crises naissent sur les réseaux sociaux de nos jours. Lors de ce chapitre, je

tenterai d’expliquer en quoi le web 2.0 a influencé les pensées, et comment celui-ci génère des

crises.

2. Web 2.0, une révolution ?

Le web 2.0 a aujourd’hui pris une place énorme dans le quotidien d’une grande partie de la

population mondiale. Il a apporté une nouvelle vision. Nous vivons de nos jours dans un

monde d’hyper connectivité. Nous pouvons donc dire que le web 2.0 est en quelque sorte une

révolution. Ces dix dernières années, le web a vu l’apparition de nouveaux concepts tels que

les wikis, les podcasts, les weblogs, etc.

L’acteur principal du concept de web 2.0 est l’internaute. Il est au cœur de celui-ci, car il crée

et diffuse du contenu avec les autres internautes. C’est pour cette raison que l’autre terme

pour appeler le web 2.0 n’est autre que « web social ». Le web 2.0 sa caractérise par le

passage d’une communication verticale propre aux médias traditionnels, à une communication

horizontale, où chaque internaute pourra partager ses opinions avec l’autre78

. De plus,

l’internaute pourra également communiquer directement avec les entreprises ou marques, et

cela de manière directe via les réseaux sociaux.

L’autre révolution amenée par le web 2.0 est le caractère risqué de celui-ci dans la gestion de

crise. De nos jours, le web devient une source de crise bien particulière. A chaque fois qu’une

crise éclate, des échanges se produisent entre les internautes sur le web. Cela engendre un

effet amplificateur sur la crise. Cette nouvelle révolution technologique permet la réunion de

communautés de personnes ayant des intérêts communs autour de sujets spécifiques79

.

Selon le livre « E-Réputation : Stratégies d’influence sur Internet » d’Edouard Fillias et

Alexandre Villeneuve :

78

QUIONIAM, L., « Du web 2.0 au concept 2.0 » Les Cahiers du numérique. Lavoisier, 2010. p. 9. Online 79

BLOCH, E., « Communication de crise et médias sociaux : Anticiper et prévenir les risques d’opnion –

Protéger sa e-réputation – Gérer les crises » Dunod. 2012. Print

Page 51: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

51

« Première révolution de l’information sur Internet : le temps. Le temps, comme l’espace, ont

été rétrécis par la technologie. (…) L’information est immédiate, omniprésente. (…) Pour le

communicant, cette révolution du temps de l’information n’est pas sans conséquences : le

rythme du média impose désormais une veille de tous les instants80

« Seconde révolution de l’information : la hiérarchie. L’accès à l’information, et plus

généralement au savoir, est contrôlée depuis toujours. (…) La donne a radicalement changé

avec l’émergence d’Internet et de l’éducation de masse : jamais l’humanité n’a été aussi vite

et aussi bien informée. (…) L’organisation pyramidale de l’accès et de la diffusion de

l’information a vécu : les agences de presse ne sont plus au cœur de la diffusion de l’actualité

et même les journalistes sont désormais contraints de faire avec un réseau qui a

profondément bouleversé leur métier.81

»

3. Les caractéristiques du web 2.0

Comme dit plus tôt, la caractéristique principale du web 2.0 est que tout internaute peut

devenir producteur d’information et la partager avec le monde entier. Tout cela, sans la

moindre connaissance en codage HTML ou en programmation.

Les autres piliers phares du web 2.0 sont :

L’agrégation de l’information : réunir les informations venant de sources différentes et

les mélanger entre elles ;

La réutilisation des informations : transformation de celles-ci et republication.

Le terme « web 2.0 » est apparu pour la première fois durant l’été 2004 « lors d’une séance de

brainstorming entre Dale Dougherty (O’Reilly) et Craig Cline (MediaLive)82

». Tim O’Reilly,

un des fondateurs du web 2.0, a décrit les sept principes de celui-ci comme étant83

:

Le web comme plateforme ;

Exploiter l’intelligence collective ;

La puissance est dans les données fournies ;

80

FILLIAS E. – VILLENEUVE, A., « E-Réputation : Stratégies d’influence sur Internet » Ed. Ellipses, Paris,

2011, p. 44. Print. 81

FILLIAS E. – VILLENEUVE, A., « E-Réputation : Stratégies d’influence sur Internet » Ed. Ellipses, Paris,

2011, p. 45. Print. 82

GROLIMUND, R., Qu’est-ce que le web 2.0 ?,

https://infoscience.epfl.ch/record/167537/files/web2.0_EPFL_2011-03.pdf 83

O’REILLY, T., What is Web 2.0 ?, Oreilly.com [En ligne], http://www.oreilly.com/pub/a//web2/archive/what-

is-web-20.html, page consultée le 29 avril 2016

Page 52: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

52

Logiciel s’adaptant à n’importe quel dispositif ;

Expérience utilisateur améliorée ;

La fin des cycles de release ;

Le logiciel se libère du PC.

Ces principes prouvent bel et bien que l’internaute est au cœur du web 2.0. Il n’est dorénavant

plus nécessaire d’être webmaster afin de publier sur le web.

L’autre caractéristique qui est apparue avec le web 2.0 est le « cloud computing ». Le principe

est l’exploitation des données de stockage ou de la puissance de calcul sur des serveurs. De ce

fait, les données sont accessibles depuis des plateformes telles que l’ordinateur, les terminaux

mobiles, etc. En d’autres mots, le partage des données est effectué de manière très simple.

Cela permet de créer des communautés autour d’informations rendues internationales.

Le cloud computing se divise en trois catégories84

:

Software as a Service (SaaS) : cette catégorie regroupe les logiciels installés sur un

serveur distant. Les internautes pourront les utiliser directement sur le site-web, il

n’est donc pas nécessaire de les télécharger sur le bureau. Facebook et Twitter sont des

exemples.

Plateform as a Service (PaaS) : PaaS qui est un système cloud principalement réservé

aux entreprises. C’est la mise à disposition des outils de développement sur un

serveur. Google Code ou Facebook Developers sont des exemples. Le but de ce travail

de fin d’études n’étant pas le codage informatique, je n’aborderai donc pas cette

catégorie.

Infrastructure as a Service : mise à disposition d’espace de stockage sur des serveurs

destinés aux internautes. Amazon en est un bel exemple85

.

D’après une étude de l’Union Internationale des Télécommunications, il y avait en l’an 2000

plus de 400 millions d’utilisateurs Internet dans le monde entier. Toujours d’après cette même

institution il y aurait eu en 2015 plus de 3,2 milliards d’internautes dans le monde86

.

84

GROLIMUND, R., Qu’est-ce que le web 2.0 ?,

https://infoscience.epfl.ch/record/167537/files/web2.0_EPFL_2011-03.pdf 85

AMAZON, https://aws.amazon.com/fr/, page consultée le 29 avril 2016 86

INTERNATIONAL COMMUNICATION UNION, ICT Facts and Figures – 2015, http://www.itu.int/en/ITU-

D/Statistics/Pages/facts/default.aspx, page consultée le 29 avril 2016

Page 53: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

53

L’évolution au niveau des chiffres est énorme. Cela prouve qu’il y a de plus en plus de

personnes qui ont accès à Internet. Le web 2.0 ne cesse de prendre de l’ampleur sur l’échelle

planétaire.

4. Le web 2.0 représente-t-il un nouveau risque pour les entreprises ?

D’après Karine Johannes, professeur de communication à l’Université catholique de Louvain,

le web 2.0 représente à la fois un risque et une opportunité pour une entreprise. Tout d’abord,

il représente un risque car la réputation des organisations est en danger face aux communautés

communiquant sur le web 2.0. Tous ces réseaux constituent un « contre-pouvoir ». Une

information, qu’elle soit vraie ou fausse, peut être véhiculée de manière instantanée sur

Internet, sur l’échelle mondiale. La rumeur, encore une fois vraie ou fausse, peut engendrer

une crise pour l’organisation87

.

Cependant, le web 2.0 peut également être synonyme d’opportunité pour l’organisation car il

la met en relation avec le consommateur, et cela de manière directe. Un dialogue peut avoir

lieu entre ces deux acteurs sur cette plateforme. Cela demandera néanmoins un

repositionnement de l’organisation sur sa stratégie de communication.

D’après Jean-Pierre Beaudoin, président du groupe I&E, c’est la manière dont l’entreprise

l’utilise qui en fait une opportunité : « Dans un tel contexte, les organisations doivent bien

entendu repenser leurs dispositifs de communication avec leurs publics. Ce ne sont pas les

techniques en soi qui sont des réponses. Faire du « 2.0 » parce que c’est la mode n’est jamais

la bonne réponse. C’est d’abord à une nouvelle compréhension de la manière dont les publics

s’organisent qu’il faut arriver. Autour de deux caractéristiques : plus que jamais, le centre de

l’opinion, ce sont des publics. Ensuite, les logiques de société l’emportent de plus en plus sur

les logiques de marchés. Le marché est une des formes d’expression de la société. Qu’il

s’agisse de marché des produits et services, de marché de l’emploi ou de marché financier.

Une bonne lecture de cette réalité de l’opinion permet de faire des choix pertinents quant aux

moyens et techniques de communication adaptés à chaque cas. La boîte à outils est vaste,

mais c’est le bon ouvrier qui fait le bon travail88

»

87

PIERLOT J.-M., « Contredire l’entreprise : Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 23 octobre 2009 »,

Presses universitaires de Louvain. 2013. Livre numérique. 88

BLOCH, E., « Communication de crise et médias sociaux : Anticiper et prévenir les risques d’opnion –

Protéger sa e-réputation – Gérer les crises » Dunod. 2012. Print

Page 54: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

54

A. Les éléments clés

Le grand nombre d’internautes : les utilisateurs sont de tous les niveaux de la

société. Le web 2.0 facilite la création de communautés. L’aspect collaboratif de celui-

ci entraîne une importante diffusion de l’information, et de cette manière apparaissent

des nouveaux risques de crise pour les organisations ;

Les réseaux sociaux : les différents réseaux sociaux existants demandent des

comportements spécifiques. L’entreprise devra respecter ces nouveaux usages au

risque d’initier des nouvelles crises ou empirer des crises déjà existantes ;

Internet : doit représenter un lieu de communication ou d’expression officiel pour

l’entreprise, et non un lieu à part. Des community managers doivent interagir avec la

communauté ou les internautes propres à l’entreprise.

5. Les réseaux sociaux

A. Introduction

Le terme « réseau social » ne date pas d’aujourd’hui. Il a été introduit en 1954 par un

anthropologue anglais du nom de John A. Barnes lors d’une recherche sur le fonctionnement

des classes sociales sur une île de Norvège89

.

Emmanuel Lazega, un sociologue français, a lui défini un réseau social comme étant « un

ensemble de relations spécifiques (par exemple : collaboration, soutien, conseil, contrôle ou

encore influence) entre un ensemble fini d’acteurs. Il comprend aussi, par exemple, une

culture ou un système de normes »90

Un réseau social interconnecte donc des individus entre eux. Il peut être associatif, corporatif,

professionnel, économique, ou encore politique91

.

89

MERCKLE, P., John A. Barnes, classes sociales et réseaux dans une île de Norvège, http://www.liens-

socio.org/John-A-Barnes-Classes-sociales-et, page consultée le 30 avril 2016 90

LAZEGA, E., « Réseaux sociaux et structures relationnelles : « Que sais-je ? » n° 3399 ». Presses

Universitaires de France, 2014. Livre numérique 91

BALAGUE, C. – FAYON, D., « Facebook, Twitter et les autres… : Intégrer les réseaux sociaux dans une

stratégie d’entreprise ». Pearson Education France, 2012. 16. Livre numérique.

Page 55: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

55

B. Caractéristiques communes

Il est évident que chaque réseau social a des caractéristiques qui lui sont propres. Cependant,

certaines caractéristiques reviennent toujours :

La diffusion de données et le partage de contenu est la caractéristique principale d’un

réseau social.

Il comprend des profils, avec l’identité des abonnés (avec notamment une photo ou un

avatar.)

La mise en relation des personnes suppose généralement l’accord des deux parties.

Toutefois, cela dépend de l’outil. Sur Twitter par exemple, il est possible de suivre

l’internaute sans que ce soit réciproque.

Le profil de l’internaute peut être visible au public ou privé.

Un réseau social permet de partager des éléments multimédias, cela peut aller d’une simple

citation à des photos, musiques ou des vidéos.

C. Typologie de réseaux sociaux

Le milieu des réseaux sociaux est très vaste et diversifié. Il est en perpétuelle évolution. Ce

milieu est tellement grand qu’il est difficile d’établir une topographie complète. Pour chaque

type de réseau social, il existe une cible spécifique. Il existe des réseaux sociaux mobiles axés

sur la musique. D’autres réseaux sociaux sont destinés à des fins professionnelles destinés à

piloter sa carrière ou à recruter. Tout dépend des besoins et des préférences de l’internaute.

Il existe plusieurs typologies possibles pour les réseaux sociaux. Lors de mes recherches, j’ai

pu en distinguer plusieurs.

D’après Judicaël Gillet, directeur et fondateur de Blue Marketing, il existe dix catégories de

réseaux sociaux92

:

o Les forums et les outils de discussions instantanés : ce sont des espaces de

discussion publiques axés sur des thèmes assez variés. Les discussions sont classées

selon les catégories, et la communication est asynchrone, cela le différencie des outils

de discussion instantanée. Les exemples sont : commentcamarche.net, routard.com

pour les forums, tandis que l’exemple parfait pour l’outil de messagerie instantanée est

Skype.

92

GILLET, J., Typologie et usages des médias sociaux, Blue Marketing [En ligne],

http://bluemarketing.fr/typologie-usages-medias-sociaux/, page consultée le 3 mai 2016

Page 56: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

56

o Blogs : cela désigne un site web où l’administrateur exprime son point de vue et ses

positions personnelles sur n’importe quel thème. Les visiteurs pourront réagir aux

différents articles. Les outils permettant de gérer un blog sont de type CMS (Content

Management System) qui faciliteront la tâche au webmaster afin de publier les articles

en toute simplicité. Un des outils CMS les plus connus pour gérer un blog est

WordPress.

o Wikis : un wiki est un site web axé sur l’intelligence collective. Le contenu de celui-ci

peut être rédigé et publié par n’importe quel internaute, à condition que celui-ci aille

sur le site. L’exemple parfait est Wikipédia, une encyclopédie en ligne universelle.

o Les réseaux sociaux de contacts : ces réseaux sociaux regroupant des identités

sociales, individus ou entreprises favorisent la mise en contact entre différentes

parties. Généralement, les deux parties acceptent la mise en contact. Le réseau social

le plus connu dans le monde actuellement est Facebook avec pas moins de 1,44

milliard d’utilisateurs actifs dans le monde entier93

.

o Les réseaux professionnels : un réseau professionnel est une variante d’un réseau

social personnel, mais à titre professionnel. Ces réseaux permettent de créer des

communautés professionnelles ou d’élargir son réseau professionnel. LinkedIn est

l’exemple le plus connu, il permet de mettre en ligne son CV et de créer sa propre

communauté professionnelle.

o Les plateformes de microblogage : ce sont des plateformes qui favorisent des

publications courtes. L’internaute peut y diffuser un texte court, associé à une image

ou une courte vidéo. Twitter est la plateforme de microblogging la plus célèbre à ce

jour.

o Les plateformes de partage de contenu : ces plateformes permettent de consulter,

stocker, diffuser et commenter différents contenus multimédias. Voici les principaux

types de contenus :

93

STATISTICBRAIN, Facebook Statistics, http://www.statisticbrain.com/facebook-statistics/, page consultée le

4 mai 2016

Page 57: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

57

Tableau 2- Différents types de plateformes de contenu

Types de contenus Plateformes

Vidéos YouTube, Dailymotion

Musique Spotify, Deezer

Photos Instagram, Pinterest

Documents Slideshare

Liens Pearltrees

o Les jeux sociaux : aujourd’hui, la plupart des jeux vidéo possèdent un aspect social.

En effet, beaucoup de jeux vidéo sont considérés comme des points de rassemblement

pour des joueurs qui s’y regroupent afin de discuter via un système de chat, ou par

microphone. Un bon exemple serait World of Warcraft qui regroupe des millions de

joueurs dans le monde entier.

o Les services de géolocalisation sociale : uniquement accessibles via applications

mobiles, ces plateformes permettent à l’utilisateur d’indiquer le lieu où il se trouve et

cela via un système de géolocalisation. Il est possible de commenter ces lieux, de

s’abonner, ou même de partager des photos du lieu. Foursquare est une application

utilisant ce type de plateforme. Il est également possible d’effectuer des campagnes

promotionnelles sur ce type de plateforme.

o Les plateformes de curation : ces outils permettent de trier les informations les plus

intéressantes et de les diffuser sur une page web personnelle. Il est possible de choisir

et de trier les informations selon des critères spécifiques. Scoop.it par exemple,

permettra à l’internaute de créer de manière sociale son propre média. Le principe

étant de créer un journal personnalisé axé sur des thèmes, et d’y publier des articles

numériques bien spécifiques.

Brian Solis, Auteur et analyst chez Altimeter Group, propose une cartographie des différents

types de réseaux sociaux sous forme de graphique intitulé « Prisme de conversation ». Ce

prisme regroupe les réseaux sociaux en fonction de leur utilisation par les internautes. Le but

à travers cette représentation est de montrer l’évolution de la forme sociale du web 2.0. Le

prisme est d’ailleurs actualisé chaque année et est donc en perpétuelle évolution.

Page 58: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

58

Figure 4 - Prisme de conversation version 2014 selon Brian Solis

Brian Solis explique au sujet du prisme : « Le prisme de la conversation est important car il

est la seule carte axée sur la recherche qui explore l’évolution du web social depuis la montée

des médias sociaux94

».

Le prisme de conversation aide de plusieurs manières :

Cela apporte de la créativité quant au positionnement de l’organisation sur les réseaux

sociaux. Elle permet de réfléchir à des nouvelles manières d’entrer en relation avec les

internautes.

Montrer l’étendue du milieu social du web 2.0, et que cela va au-delà de Facebook et

de Twitter, le web 2.0 est beaucoup plus vaste que cela.

Voici la représentation graphique95

:

94

SOLIS, B., The Conversation Prism, https://conversationprism.com/, page consultée le 5 mai 2016 95

SOLIS, B., The Conversation Prism, https://conversationprism.com/, page consultée le 5 mai 2016

Page 59: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

59

Le prisme est composé de quatre cercles :

Le premier cercle regroupe les différentes sortes d’engagement d’une marque par

rapport aux réseaux sociaux.

Le deuxième cercle met en relation l’impact des réseaux sociaux sur les différentes

fonctions de l’entreprise.

Le troisième cercle représente un cercle vertueux

Le quatrième cercle catégorise les réseaux sociaux en fonction de leur typologie

Dans des soucis de résolution, une version plus grande du prisme est disponible dans les

annexes.

D. Les enjeux des réseaux sociaux

Avec la montée en puissance du web 2.0, les entreprises sont pour la plupart passées dans le

digital. Cette ère numérique propose quatre enjeux considérables pour les entreprises :

L’E-réputation : comme abordé sur le chapitre « réputation », Internet représente un

lieu où l’organisation peut se forger une réputation numérique. Avec l’apparition de

l’e-commerce, le développement de l’e-réputation représente un enjeu énorme pour

l’entreprise. De cette manière, l’e-réputation impacte énormément les ventes en ligne

d’une entreprise. Une entreprise bien référencée sur Google aura plus de visibilité sur

Internet, l’enjeu est donc énorme.

Service à la clientèle : les réseaux sociaux peuvent être utilisés comme plateforme de

service à la clientèle. C’est devenu un canal naturel d’interaction avec les marques et

entreprises. De cette manière, l’internaute pourra poser des questions à propos d’un

produit ou d’un service sur la page de la marque en question. Un community manager

ou un responsable peut par la suite répondre à la demande de l’internaute. Un contact

direct est alors établi entre la marque et le consommateur. En revanche, si le

consommateur n’obtient pas de réponse à sa demande, cela peut éventuellement se

transformer en crise par la suite. Kryptonite est un parfait exemple pour illustrer ces

propos.

Gestion de communauté : la gestion de communauté est un levier marketing de plus

en plus commun. Le but est de construire une communauté autour d’une marque, avec

l’aide de community managers. Il existe différentes manières d’animer une

Page 60: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

60

communauté en ligne. La plus répandue est la création et gestion d’articles ou de

contenu sur la page propre à la marque. La maîtrise de cet outil constitue une réelle

valeur ajoutée pour l’organisation.

Démentir les rumeurs : un nombre considérable de rumeurs circulent de nos jours

sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux constituent un important point de

communication pour une organisation. L’entreprise pourra démentir les rumeurs via

ces plateformes sociales.

VII. La gestion de crise sur les réseaux sociaux

1. Introduction

Une partie des crises aujourd’hui naissent sur Internet. En effet, celui-ci possède des

caractéristiques qui font du web un espace propice à la crise96

:

Vitesse d’interaction très élevée entre les utilisateurs ;

Apparition des leaders d’opinion ;

Couverture géographique internationale ;

L’anonymat sur Internet. Il est en effet très facile de diffuser du contenu de manière

anonyme ;

L’absence de filtres sur Internet.

Sur Internet, les risques liés à la crise sont l’image et l’e-réputation de l’organisation en

question. Cette crise peut être extrêmement rapide du fait de son aspect viral.

Avant l’ère numérique, les crises n’étaient, presque dans tous les cas, relevées que par les

journalistes qui relayaient un problème ou un scandale. Dorénavant, avec l’apparition du web

2.0, tout internaute peut devenir l’élément déclencheur d’une crise sur Internet. Ces fameuses

crises sur Internet sont générées par des « bad buzz » diffusés par des internautes. Ces bad

buzz nés sur les réseaux sociaux peuvent connaître un effet « boule de neige » puisque les

médias traditionnels sont également susceptibles de relayer cette information.

Pour l’entreprise, l’enjeu sur Internet est donc de gérer le bad buzz, afin de limiter la

propagation de celui-ci.

96

WESTPHALEN M.-H. – LIBAERT, T., « Communicator : Toute la communication d’entreprise – 5ème

édition », Dunod, Paris, 2009. p. 316. Print.

Page 61: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

61

2. Réseaux sociaux, amplificateurs de crise ?

Pour commencer, une citation de Didier Heiderich, spécialiste de la gestion de crise sur

Internet, explique parfaitement le caractère amplificateur de la crise. Voici la citation :

« Internet souffle le chaud et le froid. Lorsqu’il est un média, Internet densifie

considérablement les échanges et amplifie les crises avec une incroyable vélocité. A froid, il

conserve la mémoire des crises et fournit à n’importe quel individu des moyens

d’investigation qui prennent parfois des tournures surprenantes97

».

Dans son livre, Thierry Libaert affirme qu’Internet permet d’accroître l’effet médiatique de la

crise. Il ajoute également pour la crise : « il peut également faire d’un simple accident une

crise majeure98

»

Une crise peut être amplifiée par les messages électroniques, des pages de marques ou

d’entreprises sur les réseaux sociaux, sur des blogs, sur des forums, etc.

Une crise peut être plus intensive selon la réalisation de sites contestataires. Après le naufrage

d’Erika, Total fut confronté à l’apparition de sites de mobilisation ou de détournement

d’image. Un site web du nom de « artez.fr.st » était particulièrement efficace car il contenait

des images détournées de campagnes publicitaires. Exemple : « Total, partenaire officiel de la

fin du monde99

».

A. Des réseaux sociaux plus sensibles que d’autres

Certains réseaux sociaux s’avèrent plus propices à l’apparition d’une crise que d’autres. Cela

prouve que ces réseaux sociaux sont plus sensibles. Il y a vraisemblablement deux réseaux

sociaux qui sortent du lot100

:

Twitter ;

Facebook.

Plusieurs éléments favorisent la sensibilité de ces réseaux sociaux :

- Le nombre total d’internautes inscrits et actifs sur la plateforme en question ;

- La vitesse de propagation d’un message ;

97

FAUCHOUX, C., Gestion de crise : Internet contre Internet, http://www.communication-

sensible.com/download/Fauchoux.pdf 98

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 101. Print. 99

INCONNU, http://millefaces.free.fr/image.php?docu=42, page consultée le 5 mai 2016 100

DEISS, J., Bad buzz : gérer une crise sur les réseaux, les règles d’or, Veille Digitale [En ligne], http://veille-

digitale.com/bad-buzz-gerer-une-crise-sur-les-reseaux-les-regles-dor/, page consultée le 5 mai 2016

Page 62: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

62

- Le temps passé par un internaute sur un réseau social.

Twitter et Facebook sont parmi les réseaux sociaux comptant le plus d’utilisateurs actifs dans

le monde101

. En effet, un message diffusé sur ces deux plateformes touchera bien évidemment

un plus grand nombre de personnes.

De plus, la mise en place du système de « hashtag » sur ces deux plateformes, facilite la

propagation d’un incident de manière assez rapide. Sur Twitter, les tendances à propos des

« hashtags » sont affichées sur la page d’accueil. Plus un « hashtag » est tweeté, plus celui-ci

sera visible aux yeux de la communauté.

Les boutons de partage apportent également un caractère viral à ces plateformes. Sur Twitter

par exemple, il est possible de « retweeter » le message en question. Cela veut dire partager

avec ses abonnés. Il en est de même avec Facebook, comprenant un bouton de partage. Ce

phénomène de partage peut rapidement créer une chaîne à effet boule de neige, et donc

toucher de plus en plus de personnes.

Rares sont par contre les bad buzz démarrant sur Pinterest ou LinkedIn. Il est donc important

de bien différencier les différentes plateformes sociales en fonction de leur sensibilité face aux

bad buzz.

3. La veille permanente

La veille est le fait de « détecter les signaux faibles pouvant dégénérer un phénomène de

crise 102

». Les entreprises actuelles effectuent cela sur Internet dans le but de surveiller

l’environnement propre à l’entreprise. Il s’agit notamment d’analyser une augmentation de

plaintes sur les réseaux sociaux causées par un produit défectueux ou l’atteinte aux valeurs

d’une communauté. De nos jours, une entreprise sur quatre effectue une veille sur Internet103

.

L’analyse s’effectue sur des sites qui peuvent s’avérer agressives, sur des forums, les réseaux

sociaux, etc.

La veille est effectuée par le Social Media Manager, de façon interne à l’entreprise, ou par le

recours à une agence spécialisée.

101

COËFFE, T., Les 50 chiffres à connaitre sur les médias sociaux en 2016, Blog du modérateur [En ligne],

http://www.blogdumoderateur.com/50-chiffres-medias-sociaux-2016/, page consultée le 3 mai 2016 102

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 103. Print. 103

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 103. Print.

Page 63: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

63

Une veille efficace permet de104

:

o D’anticiper les crises : le but étant d’écouter les bruits qui courent sur Internet à

propos de l’organisation ou de la marque. L’organisation peut agir dès les premiers

signes d’une crise potentielle afin de l’anticiper.

o Ne pas perdre les clients potentiels : Des avis négatifs sous forme de commentaires à

propos d’une marque, d’un produit ou d’un service sur le web peuvent dégrader

l’image de marque et refroidir les clients potentiels d’un éventuel acte d’achat.

Effectuer une veille permet de cibler ces messages et d’y répondre.

La première méthode consiste à réaliser une cartographie. Il est important de lister tous les

canaux online comprenant une conversation à propos de l’entreprise mais aussi d’analyser les

internautes qui s’expriment le plus à propos de celle-ci. De cette manière, l’organisation

pourra effectuer une mesure sur le nombre de messages diffusés sur la marque. Cela peut être

un simple commentaire, un avis, un article.

La seconde méthode consiste à mettre en place des outils de veille. Ces outils s’avèrent

stratégiques dans la protection de l’e-réputation. L’outil préviendra de manière instantanée

lorsqu’un client se plaindra sur Internet par exemple.

Il existe aujourd’hui plusieurs outils de veille :

- Google Alerts : est un outil qui se paramètre de manière très facile. Un mail est

envoyé dès qu’une mention à propos de la marque apparaît sur le web. C’est un outil

entièrement gratuit. Néanmoins, cet outil ne prend en compte que les blogs et les sites

web, et non les réseaux sociaux.

- Mention : cet outil peut être paramétré afin de surveiller des termes spécifiques en

rapport avec l’entreprise. Contrairement à Google Alerts, il prend en compte les sites

web, les forums, les réseaux sociaux, ou encore les blogs. Il est également possible de

consulter des statistiques à propos des alertes afin de suivre l’évolution de

l’e-réputation.

104

LAMARD, M.-C., Comment faire de la veille E-réputation ?, Agence web 1min30 [En ligne],

https://www.1min30.com/e-reputation/comment-faire-de-la-veille-e-reputation-11724, page consultée le 2 mai

2016

Page 64: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

64

Il existe bien plus d’outils de veille stratégique, mais le but de ce travail de fin d’études

n’étant pas d’effectuer un listing des différents outils de veille stratégique, il n’était, d’après

moi, pas nécessaire d’en citer plus.

« A la suite du naufrage, le 13 janvier 2012, du navire Costa Concordia, à proximité des

côtes italiennes, la Compagnie aura pu prendre parfaitement conscience des réactions dans

l’opinion publique en observant que dans les trois jours qui suivirent cette catastrophe, il y a

eu sur le sujet 35.000 tweets, 4.600 mentions sur YouTube, 34.000 mentions sur des sites

d’informations et 10.900 sur des blogs105

».

4. Communication de crise sur Internet

Pour bien gérer une crise sur Internet, il existe plusieurs étapes à respecter. Lors de ce point,

j’aborderai étape par étape les différentes phases d’une communication sur Internet.

A. Identifier la source de la crise

La première étape d’une communication de crise sur Internet consiste à identifier la source de

la crise à l’aide des outils de veille. Il peut s’agir d’un commentaire ou d’un tweet par

exemple. Cette étape est cruciale, il faut détecter la source au plus vite car, plus le temps

passera, et plus l’élément prendra de l’ampleur au point de se transformer en véritable crise.

Une fois la source identifiée, il est plutôt conseillé de prendre contact avec l’auteur de ce bad

buzz en privé. La prise de contact doit être effectuée de manière positive et calme, sans

agresser l’auteur. Cette prise de contact permettra d’apaiser les tensions et d’exclure le

problème du domaine public afin de limiter les éventuels dommages causés par les réseaux

sociaux.

B. Communiquer pendant la crise

Une fois la source de la crise identifiée, la prochaine étape consiste à définir la cible afin de se

positionner sur la plateforme adéquate pour y répondre. Ce sont les community managers qui

seront chargés de répondre aux avis et aux commentaires en rapport avec la crise.

La réactivité est un élément principal dans la communication de crise sur les réseaux sociaux

sous peine d’effet amplificateur. Un média tel que Twitter est parfait pour répondre face à ces

105

LIBAERT, T., La communication de crise. 4ème ed. Paris : Dunod, 2015. 103. Print.

Page 65: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

65

avis et commentaires, c’est pourquoi il est stratégique que l’entreprise dispose d’un compte

Twitter. Une réponse à un commentaire doit être rapide et complète.

Des règles sont à respecter106

:

Eviter de supprimer les commentaires négatifs ;

Rester courtois afin de bien représenter l’organisation ;

Être à l’écoute et ne pas ignorer les commentaires demandant une aide ;

Identifier le problème mis en avant par l’internaute afin de le résoudre ;

Personnaliser les réponses pour chaque commentaire et éviter les copier/coller ;

Eviter les discussions personnelles.

Il est important de faire preuve de transparence lors de la communication face au bad buzz.

L’élément clé d’une bonne gestion de crise sur les réseaux sociaux est la reconnaissance de la

crise elle-même.

Une fois la crise reconnue, la deuxième étape est d’expliquer comment la crise est apparue

mais aussi ce que l’organisation va mettre en place afin de la régler.

Enfin, pour en terminer avec la crise, l’organisation doit mettre en place l’action. Une

communication du plan d’action est conseillée. Cela permettra de montrer au public que

l’organisation essaye de réparer les dommages causés par l’incident. Cela peut même se

convertir en opportunité et réparer l’image de l’organisation auprès du public externe.

Voici une liste de dix pièges les plus fréquents à éviter107

:

Le jugement erroné : lorsqu’une organisation minimise un bad buzz en pensant qu’il

est inoffensif pour l’entreprise alors qu’en réalité celui-ci représente un danger

potentiel. La conséquence n’est autre que l’apparition d’une crise, ou des traces

négatives à propos de l’organisation sur le web ;

Erreur de diagnostic : ne pas identifier le bad buzz ;

Mauvais réflexe : lorsqu’une organisation censure sur les réseaux sociaux en effaçant

les commentaires par exemple, ou encore acheter des faux likes ou abonnés sur une

page ;

106

AXA PROTECTION JURIDIQUE, https://reputation-pro.fr/apprendre/fiche/avis-negatifs-sur-internet-

comment-repondre, page consultée le 8 mai 2016 107

MICHIELS, M., Very Bad Buzz, méthode pour préserver sa réputation sur Internet par Marie Muzard,

Culture RP [En ligne], page consultée le 8 mai 2016

Page 66: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

66

Communication déplacée : lorsque la communication n’est vraiment pas digne d’une

entreprise, comme les mensonges sur les réseaux sociaux, ou contre-attaquer

l’internaute de manière violente ;

Mea-culpa inefficace : lorsque l’entreprise présente ses excuses assez tard, ou si c’est

mal assumé ;

Discours déplacé : l’utilisation d’un langage familier sur les réseaux sociaux, ou un

langage avec des émoticônes, fautes et abréviations ;

Timing décalé : une réponse tardive qui risque de frustrer l’internaute ;

Média inapproprié : lorsqu’une organisation communique sur le site-web alors que le

buzz est sur les réseaux sociaux ;

Communication disproportionnée : poster un tweet pour répondre à deux questions

sur Twitter par exemple ;

Gestion post crise maladroite : exemple : le fait de faire appel à des « effaceurs »

pour supprimer les traces d’un buzz.

C. Après la crise

Après l’essoufflement de la crise, il est nécessaire de dresser un bilan à propos de la situation

et de mettre en place des mesures afin d’éviter une brusque réapparition de la crise.

Il existe notamment plusieurs questions que l’entreprise peut se poser afin d’établir le

bilan108

:

o Est-ce que l’entreprise était préparée à la crise ? Comment évalue-t-elle sa

préparation ?

o Est-ce que la crise a été décelée par des pratiques de veille de médias sociaux en

interne, propre à l’entreprise ?

o Est-ce que les membres de l’équipe de gestion de crise ont été performants ?

o Quels étaient les éléments manquants lors de la gestion de crise ?

Ce bilan permettra à l’entreprise d’apprendre de ses erreurs afin d’éviter des crises futures

similaires.

Après la crise, il faudra progressivement effectuer un retour à la normale. La vigilance est

alors un élément important, la communication doit être effectuée avec prudence. Il est

108

BRUNET, G., Gérer une crise 2.0 : quelles stratégies adopter ?, SlideShare [En ligne],

http://fr.slideshare.net/49009061/gestion-de-crise-20

Page 67: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

67

également conseillé d’effectuer une mise sur surveillance des acteurs à risque pouvant faire

ressurgir la crise.

Il n’est par contre pas possible d’effacer les traces de la crise sur Internet par la suite. Internet

possède un effet rémanent. Les éléments de la crise sont mémorisés sur Internet et remontent

dans les moteurs de recherche. « Il est essentiel de travailler sur le référencement et l’histoire

digitale de la crise pour redonner du sens, donner des éléments de contexte, référencer

progressivement d’autres actions post-crise et un discours, un imaginaire, des

représentations alternatifs109

».

5. Le MSGU, qu’est-ce que c’est ?

Le MSGU, « Médias Sociaux en Gestion d’Urgence » venant de « Social Media Emergency

Management » en anglais, est un concept datant de l’hiver 2012. C’est un concept permettant

d’utiliser les médias sociaux en cas d’urgence, de manière efficace, afin d’avertir la

population. L’idée est de mettre en place des dispositifs afin de capter les informations sur

l’incident via les réseaux sociaux, mais également d’avertir la population en temps réel via ces

mêmes réseaux sociaux.

En effet, lorsqu’un incident survient, la population a tendance à se précipiter sur les réseaux

sociaux tels que Twitter ou Facebook afin de propager l’information en temps réel. L’élément

phare de ce concept est de considérer le public comme acteur phare du concept, mais aussi de

l’impliquer via les dispositifs mis en place. A l’aide de ce dispositif, les journalistes peuvent

également exploiter les informations présentes sur les réseaux sociaux, cela constitue une

vraie mine d’or. Il faut néanmoins faire attention aux fausses informations.

Les pouvoirs politiques accordent également de l’importance à ce concept, Manuel Valls a

déclaré en 2013 : « Mettre l’humain au cœur des organisations, c’est aussi mettre le citoyen

au cœur des dispositifs et la technologie est pour cela très utile, je prendrai l’exemple de la

sécurité civile. Les réseaux sociaux sont donc un enjeu stratégique pour le ministère de

l’Intérieur, nous devons l’appréhender afin de mieux l’intégrer dans nos processus

109

REGUER, D., E-réputation : manager la réputation à l’heure du digital. Dunod. 2011. Livre numérique.

Page 68: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

68

notamment en matière de renforcement du lien entre les forces de l’ordre et la

population110

».

Il existe une association française, VISOV (Volontaires Internationaux en Soutien

Opérationnel Virtuel), qui est constituée de volontaires numériques dont le but est d’explorer

les réseaux sociaux afin de récolter des informations pertinentes, en cas de catastrophe

majeure par exemple, mais aussi d’avertir la population des dangers possibles111

. Cette

association est composée d’experts issus de la sécurité civile tels que des pompiers,

sismologues, météorologues, ou encore des volontaires bénévoles.

En quoi le MSGU peut être utile en cas d’urgence ? Voici une liste de raisons pour lesquelles

adopter un MSGU serait bénéfique112

:

- Ce concept permet de sauver des vies, notamment par biais de la géolocalisation d’une

catastrophe, en émettant des messages de prévention, ou encore en accélérant les

recherches de personnes sinistrées ;

- Fournir des informations en temps réel ;

- Permet de relayer les informations publiques des autorités ;

- Dialoguer et collaborer avec les citoyens ;

- Assister les services de sécurité civile dans leurs démarches lors d’un plan d’urgence ;

- Prouver au citoyen qu’il peut être un acteur majeur dans le cadre de la sécurité de la

population.

Les trois missions principales de la VISOV sont :

- Collecter les informations provenant des médias sociaux, et trier le pertinent du non

pertinent ;

- Cartographier ;

- Emettre des messages de prévention sur les réseaux sociaux.

La mise en place du hashtag #MSGU joue également un rôle essentiel. Dès lors, à chaque fois

qu’une information sera postée sur les réseaux, ce hashtag sera utilisé par les internautes afin

de remonter l’information pertinente.

110

VISOV, http://www.visov.org/utilisation-des-msgu/, page consultée le 9 mai 2016. 111

INCONNU, Visov : des volontaires connectés, La Depeche [En ligne],

http://www.ladepeche.fr/article/2015/09/25/2184433-visov-des-volontaires-connectes.html, page consultée le 8

mai 2016 112

VISOV, http://www.visov.org/concept-msgu/, page consultée le 9 mai 2016

Page 69: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

69

Partie 3 : Apport personnel

I. Introduction

Pour poursuivre mon travail de fin d’études, je vais maintenant analyser deux cas de gestion

de crise afin d’y ajouter une touche personnelle. Comme études de cas, je prendrai aussi bien

une communication de crise réussie qu’une communication de crise ratée.

Les exemples que je compte utiliser lors de cette partie sont des cas médiatisés. Tous sont

survenus les dix dernières années. Ces cas de crises ont également un point en commun, tous

sont nés, ou ont été propagés sur Internet. Cependant, chaque cas est unique et différent de

l’un de l’autre.

Afin d’évaluer les dommages causés à l’entreprise par la crise, j’analyserai lors de chaque cas

le cours de l’action de l’entreprise pour la période spécifique à la crise. Cette analyse

déterminera l’impact de la crise sur l’organisation. En effet, comme dit précédemment, une

crise à un effet déstabilisateur pour l’entreprise. Mais cette analyse permettra également de

déterminer si l’entreprise a pu se relever de la crise.

II. Analyse de crise : Quick

1. Contexte

En janvier 2011, un incident s’est produit en rapport avec la filiale de fast-food Quick. Cet

incident survenu n’est autre qu’une crise alimentaire. À cette période-là, un jeune adolescent

de 14 ans décède chez lui, quelques heures après avoir mangé dans un restaurant Quick, situé

à Avignon Cap-Sud. Son père, ayant également diné dans ce même restaurant, tombe malade

de circonstances assez mystérieuses.

Très vite l’histoire est reprise par tous les médias. C’est alors la phase aiguë de la crise pour

Quick. Dès lors, le restaurant Quick en question est fermé par mesure de précaution. Une

enquête débute par la suite. Des prélèvements sont effectués sur les plats et la nourriture du

Quick. Une autopsie est également effectuée sur le corps du jeune garçon décédé dans le but

de déterminer la cause du décès. D’après l’autopsie, Benjamin, le jeune garçon décédé, serait

mort « d’un double œdème cérébral et pulmonaire. ».

Page 70: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

70

A la suite de l’enquête, les résultats sont publiés le 18 février 2011. Les résultats démontrent

que le décès était lié au repas mangé par l’adolescent dans le Quick d’Avignon Cap-Sud.

Ce type de crise est assez délicat, car il touche le grand public et engendre une remise en

question des consommateurs sur les produits commercialisés par l’organisation.

La crise subie par Quick en janvier 2011 est intéressante car elle possède toutes les

caractéristiques types d’une crise alimentaire113

. Cette crise prouve qu’un cas isolé peut

fortement déstabiliser une enseigne de notoriété internationale, en l’obligeant à revoir sa

chaîne de production, sous peine de subir la colère des consommateurs et d’encourir de graves

dommages.

La communication de crise de Quick face à cette crise n’a été effectuée que sur Facebook.

L’organisation a fait preuve d’une transparence optimale afin d’informer les internautes

relatifs à l’entreprise sur la plateforme sociale. Le but de Quick à travers cette gestion de crise

était d’empêcher un boycott général qui aurait pu survenir sur Facebook.

2. Communication de crise de Quick

Seulement quelques heures après l’apparition de l’incident, un message de la part de Jacques-

Edouard Charret, président du groupe Quick, est diffusé sur le compte officiel Facebook de

Quick. A travers le message, il insiste sur le fait qu’il ne sert à rien d’incriminer le groupe

Quick, tant qu’une enquête n’a été établie.

Après avoir souhaité ses condoléances à la famille de l’adolescent, il communique également

ceci : « Nous sommes également dans une forte incompréhension […] A notre connaissance,

aucun autre cas ne nous a été signalé, pas plus qu’aux autorités administratives. Quoi qu’il

en soit, nous investiguons de notre côté pour comprendre ce qui a pu se passer et coopérons

avec les autorités en toute transparence. Une enquête est en cours […] 114

».

113

INCONNU, Quick, retour sur un cas exemplaire, Gestiondecrise.com [En ligne],

http://www.gestiondecrise.com/quick-retour-sur-un-cas-exemplaire/, page consultée le 11 mai 2016 114

COMBE, F., Quick : quand gestion de crise et réseaux sociaux font bon ménage, Blog Youseemii [En ligne],

http://blog.youseemii.fr/quick-quand-gestion-de-crise-et-reseaux-sociaux-font-bon-menage, page consultée le 11

mai 2016

Page 71: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

71

Lors de ce message, M. Charret signale également que deux numéros verts ont été mis en

place afin de répondre aux questions du public à propos de cet incident. Quick a mis en place

ces numéros verts afin de rassurer les consommateurs apeurés d’avoir mangé dans un

restaurant Quick. « Je tenais également à vous indiquer que nous avons mis en place un n°

vert afin de répondre à toutes vos questions. Vous pouvez nous joindre au 0 800 00 40 84 […]

Nous ferons face à nos responsabilités si les résultats de l’enquête en cours devaient

démontrer une implication de notre entreprise.»

Le 25 janvier, soit le jour après le décès de l’adolescent, Quick a effectué une première

conférence de presse en rapport avec l’affaire. Lors de cette conférence de presse, Jacques-

Edouard Charret a une fois de plus exprimé la présomption d’innocence de Quick. Il a

également pu répondre aux diverses critiques à l’égard de l’organisation survenues à la suite

du décès de l’adolescent.

« A notre connaissance, comme à celles des autorités sanitaires, aucun autre client de

l’établissement ne s’est plaint ni a déclaré être malade 24h après la mise en place du n° vert :

0 800 00 40 84 […]. Enfin, comme vous tous, nous attendons avec impatience les résultats

des différentes analyses. C’est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir faire preuve de

retenue et de pudeur dans vos différents commentaires et réactions sur notre page.»

Page 72: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

72

Le 26 janvier, sur son compte Facebook, l’organisation publie un post éclairant les

interrogations des consommateurs de Quick. Ce post reprend des réponses relatives à des

questions concernant la qualité de la viande, la propreté des établissements. Ainsi, lors de ce

post, Quick répond à des questions du type : « J’ai récemment mangé chez Quick, est-ce que

je cours un risque ? Si oui, lequel ? … ».

Ce même jour, Quick a créé un forum temporaire concernant la santé et la nutrition afin

d’apporter des réponses.

Le 28 janvier 2011, une certaine confusion va apparaître autour de l’implication de Quick

dans le décès. Quick et les autorités vont en effet se contredire. Ce même jour, Quick va

publier un communiqué de presse relatif aux premiers résultats de l’analyse judiciaire. Lors de

ce communiqué de presse, Quick va admettre que d’après les résultats, il n’existe aucun lien

Page 73: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

73

entre le décès du garçon et le repas servi dans le restaurant : « Tous les échantillons ont révélé

des résultats conformes aux normes sanitaires en vigueur. »

Néanmoins, quelques heures après ce communiqué de presse, Catherine Champrenault,

procureure d’Avignon a déclaré qu’il existe un lien entre la mort de l’adolescent et le repas

ingurgité : « Il peut y avoir un lien avec ce qu’il a mangé la veille, mais on ne peut pas

exclure des absorptions plus anciennes ».

Suite à cette contradiction, Quick publie un nouveau communiqué de presse dans lequel le

président du groupe, M. Charret, demande aux autorités la permission de rouvrir le restaurant

d’Avignon.

30 janvier 2011, un précieux communiqué de presse est publié de la part de Quick. D’après ce

communiqué de presse, l’entreprise a fait appel à expert indépendant, Dr. Issartel, spécialiste

en maladies infectieuses et tropicales. Le but de cet entretien est d’éclairer l’incident de

manière scientifique et prouver l’innocence et la bonne foi de l’organisation : « Au vu des

résultats des analyses que m’a communiqués le laboratoire indépendant et après les

informations que j’ai recueillies sur les procédures qualité suivies par les restaurants, il n’y a

pas d’élément me permettant aujourd’hui de mettre en cause un dysfonctionnement local

provenant du restaurant d’Avignon Cap Sud et encore moins dans les autres restaurants du

groupe 115

».

Le 10 février 2011, la procureure d’Avignon décide la réouverture du restaurant Quick en

question. Le même jour, le président de Quick en fait part à la presse. Le message est repris

sur Facebook.

115

Facebook – Quick, https://www.facebook.com/Quick, page consultée le 11 mai 2016

Page 74: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

74

Date clé de l’affaire, le 18 février 2011, les résultats des analyses récoltées ont convaincu la

Procureure que l’incident était due à un dysfonctionnement local et non la faute de Quick.

Suite à cela, le président de Quick s’exprime à nouveau. Cette fois-ci, le support choisi est une

vidéo car la communication paraît plus humaine et plus sincère. Dans cette même vidéo, M.

Charret paraît ému. La vidéo sera diffusée sur Facebook via YouTube.

Le jour d’après, le 19 février, un community manager de Quick publie un message destiné aux

internautes. Ce message est sincère et est d’après moi, une excellente communication de crise

afin de modérer la communauté. Voici le message : « Nous vous demandons toutefois de faire

preuve de retenue et de modération dans vos propos afin de respecter le deuil de la famille de

Benjamin ainsi que notre charte de modération. La mort de Benjamin est un choc pour nous

tous et nous vivons avec depuis 1 mois. Notre objectif aujourd’hui n’est pas de nous

innocenter mais de comprendre ce qui s’est passé à Avignon et de prendre les mesures qui

s’imposent afin que cela ne se reproduise plus. Par respect pour notre travail et celui des 18

Page 75: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

75

000 collaborateurs du groupe, nous vous demandons donc de ne pas faire d’amalgame entre

ce tragique évènement et votre expérience personnelle dans d’autres restaurants116

».

Quelques jours plus tard, soit le 24 février 2014, le père de l’adolescent s’exprime sur la page

Facebook propre à Quick. Il ne s’exprime via qu’un simple commentaire. Il demande aux

internautes d’éviter d’agir par la haine contre Quick, par respect à Benjamin, l’adolescent

décédé : « Nous ne souhaitons surtout pas accuser ou casser du Quick ou autre pour faire

plaisir à qui que ce soit. Dans cette affaire nous essayons d’être constructifs et faire que cela

ne se reproduise plus jamais et cela n’importe où ». Un commentaire assez mature, comparé

aux messages laissés par certains internautes. Quick à évidemment repris ce commentaire

sous forme de post avec l’accord de l’intéressé.

Le même jour, le président du groupe Quick apparaît une dernière fois dans une vidéo. Il

informe les internautes que Quick renforce ses normes et a créé une certification de qualité

pour ses restaurants.

3. Analyse

Comme précisé plus tôt, je vais analyser le cours de l’action afin de déterminer l’impact de la

crise sur l’organisation.

Quick n’étant coté en bourse, je ne pourrai donc analyser le cours de l’action de l’entreprise.

Cependant, j’ai pu retrouver des données sur le chiffre d’affaires de Quick.

Pour l’année 2011, le chiffre d’affaires de Quick en France a baissé de 6,24% pour arriver à

761,2 millions d’euros117

. Le PDG en personne, affirme que le chiffre d’affaires a été impacté

par la mort du jeune adolescent : « En 2011, la baisse est directement liée à la crise que nous

116

Facebook – Quick, https://www.facebook.com/Quick, page consultée le 11 mai

2016https://www.facebook.com/Quick 117

INCONNU, Chute du chiffre d’affaires de Quick liée au décès d’un client, Le Monde [En ligne],

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/13/chute-du-chiffre-d-affaires-de-quick-liee-au-deces-d-un-

client_1685010_3234.html, page consultée le 11 mai 2016

Page 76: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

76

avons traversée à partir de fin janvier 2011». Le chiffre d’affaires total quant à lui, est de 982

millions d’euros.

D’après un article de presse datant de 2013, le chiffre d’affaires a progressé en 2012 pour

atteindre un niveau de 1,032 milliard d’euros118

.

Puis 1,07 milliard d’euros en 2013, année record, soit une hausse de 4,1% par rapport à

2012119

.

Ces chiffres prouvent que Quick n’a été que très peu déstabilisé par la crise. Cela prouve

également que Quick à bien su gérer la crise, et l’après-crise. Ayant précédemment établi une

chronologie de l’ensemble de la communication de Quick, je vais maintenant analyser cette

communication.

Tout le long de l’enquête, Quick a géré sa communication de manière dynamique et efficace.

Du 24 janvier au à début mars, une quinzaine de posts en rapport avec l’évènement ont été

postés. Des principes élémentaires de la communication de crise ont été respectés :

- Le porte-parole a toujours été le même, soit le président du groupe Quick, M. Charret ;

- L’organisation a fait preuve de transparence et d’empathie ;

- La communication a été effectuée de manière proactive ;

- L’attitude volontariste de Quick a été l’un des facteurs clés de la bonne gestion ;

- Le tempo a été géré de manière remarquable ;

- L’honnêteté était visible à travers la communication de Quick ;

- Une seule plateforme a été utilisée afin de communiquer.

Des actions de sensibilisation et d’information du public par rapport à la qualité des

restaurants Quick ont été menées par le groupe.

Peu de temps après la crise, la communication de Quick sur les réseaux sociaux a changé.

Quelques mois plus tard, des pubs ventant le contrôle sanitaire des restaurants Quick ont été

diffusés. Dans ce cas-ci, la gestion de crise de Quick a été efficace car l’organisation a

proposé des actions afin d’améliorer et revoir certains processus de l’entreprise.

118

LITZLER, J.-B., Quick retrouve le chemin de la croissance, Le Figaro [En ligne],

http://www.lefigaro.fr/societes/2013/10/27/20005-20131027ARTFIG00146-quick-retrouve-le-chemin-de-la-

croissance.php, page consultée le 12 mai 2016 119

PALIERSE, C., Restauration rapide : des performances record pour Quick, Les Echos [En ligne],

http://www.lesechos.fr/11/02/2014/lesechos.fr/0203309774693_restauration-rapide---des-performances-record-

pour-quick.htm, page consultée le 12 mai

Page 77: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

77

Pour conclure, la communication de crise de Quick a été exemplaire. Le groupe a utilisé les

réseaux sociaux, des sites Internet, des supports vidéo, une intervention de spécialiste, de

manière efficace. L’entreprise a également pu utiliser cette crise pour revoir son service de

contrôle qualité.

Comme dit au début de ce travail de fin d’étude, une crise peut être synonyme d’opportunité.

Dans ce cas-ci, nous remarquons clairement que Quick a utilisé la crise de manière à se créer

une opportunité positive. La crise a permis à l’entreprise de revoir son processus de

production et de contrôle. L’entreprise en sort donc gagnante de cette crise.

III. Analyse de crise : Nestlé et Greenpeace

1. Contexte

Le 16 mars 2010, Greenpeace, l’organisation non gouvernementale de protection de

l’environnement, publie un rapport de neuf pages dans lequel il incrimine Nestlé de

déforestation en Indonésie120

. D’après ce même rapport, le climat, la forêt et les orangs-

outangs sont en danger. Lors de cette crise, Nestlé est attaqué par Greenpeace à propos de

l’huile de palme et la déforestation des forêts indonésiennes par son fournisseur, Sinas Mar.

Toujours dans le même rapport, Greenpeace demande à Nestlé d’arrêter de collaborer avec

Sinas Mar, mais aussi d’entrer en contact avec les autorités afin de lancer un plan de

reboisement dans la région.

Pour soutenir ce rapport, Greenpeace lance un site-internet parodique qui vise en particulier

l’une des marques phares de Nestlé, Kit-Kat. Une vidéo publiée sur la plateforme YouTube y

est également présente. Cette vidéo parodie une publicité de la barre chocolatée afin d’exiger

que le chocolatier suisse suspende sa collaboration avec son fournisseur indonésien.

120 GREENPEACE, Caught Red-Handed : How Nestlé’s use of palm oil is having a devastating impact on

rainforest, the climate and orang-utans, publié par Greenpeace International, Amsterdam, Mars 2010.

http://www.greenpeace.org/raw/content/usa/press-center/reports4/caught-red-handed-how-nestle.pdf

Page 78: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

78

121

Mais Nestlé réagit différemment. Le groupe fait retirer la vidéo de la plateforme de partage

via un procédé juridique en estimant que c’est une atteinte à sa propriété intellectuelle.

Cette action apporte une crédibilité de plus à Greenpeace, et une visibilité supplémentaire

pour la campagne de l’organisation.

Suite à cela, Greenpeace accuse Nestlé de censure, et republie la vidéo sur Vimeo en

demandant aux internautes de se mobiliser contre Nestlé.

Quelques jours plus tard, les médias publient à propos de l’évènement et un grand nombre

d’internautes postent sur la page Facebook du groupe Nestlé. Touchés par l’histoire, certains

internautes iront même jusqu’à changer leur photo de profil en un logo détourné de Kit-Kat

sur lequel le nom de la marque est remplacé par « Killer », qui veut dire assassin en anglais.

122

Entre temps, la vidéo de Greenpeace a été repostée sur Youtube, et vue plus de 900.000 fois.

Par la suite, le community manager de Nestlé effectue une communication assez médiocre et

agressive face aux commentaires sur la page Facebook du groupe, avant de tomber sous le

silence pendant plusieurs jours.

121

GREENPEACE, Ask Nestle to give rainforests a break, 2010,

http://www.greenpeace.org/international/en/campaigns/climate-change/kitkat/, page consultée le 12 mai 2016 122

GREENPEACE, Ask Nestle to give rainforests a break, 2010,

http://www.greenpeace.org/international/en/campaigns/climate-change/kitkat/, page consultée le 12 mai 2016

Page 79: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

79

Quelques jours plus tard, Nestlé reprend la communication sur Facebook et Twitter afin de

présenter ses excuses, et annonce qu’il arrête toute collaboration avec ses fournisseurs

producteurs d’huile de palme. Mais il est trop tard, en quelques mois, la vidéo de Greenpeace

a été vue des millions de fois.

2. Communication de crise de Nestlé

Le rapport de Greenpeace ayant été publié le 16 mars 2010, le lendemain, soit le 17 mars

2010. Après la censure de la première vidéo de Greenpeace, Nestlé répond de manière

officielle à Greenpeace. Dans ce communiqué officiel, le groupe prétend qu’il s’engage à

utiliser de l’huile de palme certifiée durable qu’à partir de 2015.

Cet action est respectable, mais beaucoup trop tardive dans le temps car cela représente cinq

années de plus de déforestation.

C’est suite à cette communication que les groupes environnementaux publient un logo

détourné de Kit-Kat. D’autres campagnes sont également lancées contre le groupe agro-

alimentaire, des militants iront même jusqu’à se déguiser en orangs-outans pour manifester

devant les bureaux de Nestlé en Angleterre.

123

123

GUILLOT, F., Les enseignements du cas Nestlé – Greenpeace, Owni [En ligne],

http://owni.fr/2010/04/09/les-enseignements-du-cas-nestle-greenpeace/, page consultée le 13 mai 2016

Page 80: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

80

De nombreux internautes se ruent sur la page officielle du groupe afin de publier des

commentaires négatifs. Certains internautes vont même jusqu’à modifier leur photo de profil

au profit du logo détourné de Kit-Kat, « Killer ».

Le 18 mars, après avoir reçu des commentaires négatifs sur sa page, le groupe répond :

Le groupe répond aux critiques de manière sèche, et demande aux internautes de ne pas

utiliser le logo détourné.

Page 81: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

81

124

Le 19 mars, Nestlé publie un post dans lequel il s’excuse d’avoir supprimé les commentaires

et d’avoir communiqué de manière impolie.

Suite à ces posts, la crise à fait le tour du web. L’histoire a également été relayée par les

médias. De nombreuses manifestations anti Nestlé ont été organisées par la suite, aux quatre

coins du globe. Pour Nestlé, il était bien trop tard pour tenter de se rattraper.

3. Analyse

Ayant établi une chronologie de la communication de Nestlé sur Facebook, je vais maintenant

établir l’impact de cette crise sur le groupe. Pour ce faire, une première analyse du cours de

l’action du groupe est nécessaire.

124

Facebook – Nestlé, https://www.facebook.com/NestleBenelux, page consultée le 13 mai 2016

Page 82: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

82

125

Lors de l’analyse du cours de l’action, j’ai pu constater que la crise n’avait absolument aucun

impact sur celui-ci. Au contraire, celui-ci a même atteint un niveau record à la bourse.

Je constate également que la crise n’a eu aucun impact sur son chiffre d’affaires. Celui-ci a

augmenté de 6% pour l’année 2010, pour atteindre 109,7 milliards d’euros126

.

Néanmoins, comme le témoignent les commentaires sur la page Facebook, il est bien évident

que cette crise a impacté la perception de l’image de la marque de Nestlé auprès de certains

consommateurs.

Cette crise nous montre à quel point Nestlé a sous-estimé et mal-utilisé les réseaux sociaux

pour gérer une crise. Il est clair que le groupe a communiqué sans avoir mis une stratégie en

place. De plus, la censure est clairement un faux-pas susceptible de générer la colère auprès

des internautes. C’est une faute grave dans la communication de crise. La censure de la vidéo

a entraîné un effet Streisand qui a amplifié la crise.

Une autre règle d’or dans la communication de crise est de ne pas supprimer les contenus

postés par les internautes. Nestlé l’a fait, il en a subi les conséquences. Ces actions

125

Yahoo Finances, Le cours de l’action de Nestlé,

https://fr.finance.yahoo.com/echarts?s=NESN.VX#symbol=NESN.VX;range=5y, page consultée le 13 mai 2016 126

C. M.-J., Nestlé a progressé sur tous ses marchés en 2010, Les Echos [En ligne],

http://www.lesechos.fr/18/02/2011/LesEchos/20873-109-ECH_nestle-a-progresse-sur-tous-ses-marches-en-

2010.htm, page consultée le 13 mai 2016

Page 83: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

83

démontrent clairement le manque d’expérience et de professionnalisme du community

manager de Nestlé.

Pour en finir avec cette analyse, cette crise montre clairement l’ampleur que peut prendre une

crise négligée sur les réseaux sociaux. Il faut utiliser ces mêmes réseaux de manière efficace

et préparé.

Page 84: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

84

IV. Conseils pour bien gérer une crise sur les réseaux

sociaux

Pour finir avec ce travail de fin d’études, afin de bien répondre à la problématique, j’ai mis en

place des règles d’or à respecter afin de bien gérer une crise sur les réseaux sociaux. Il

n’existe bien évidemment qu’une bonne méthode pour gérer une crise sur les réseaux

sociaux : s’y préparer à l’avance.

Le manque de préparation peut également être désastreux pour l’entreprise en situation de

crise. Afin de préparer l’entreprise à faire face à la communauté, je propose des règles

cruciales :

1. Tout d’abord, il faut identifier les différents canaux de communication possible pour

l’entreprise sur Internet. Si elle n’en possède pas, il faudra en créer un. Pour y arriver,

l’entreprise devra répondre à plusieurs questions : sur quelle plateforme la rumeur se

développe-t-elle ? Sur quelle plateforme la crise peut-elle naître ?

Ainsi, c’est par la communication sur ces mêmes canaux que l’entreprise pourra

surmonter la crise.

2. Inventorier les différentes cibles et les analyser. Afin de bien gérer une crise, il est

important de comprendre qui a généré cette crise, et quelle est l’attitude de celui-ci par

rapport à l’organisation.

3. Définition et organisation des messages. Après avoir identifié ces cibles, il est

nécessaire de définir le type de message à communiquer. Le type de message dépend

bien entendu de la nature de la crise.

4. Définir un porte-parole ou un responsable de dialogue. Il faut bien évidemment la

personne la plus compétente en communication afin de faire face à la crise. Un

community manager compétent est exigé.

5. Réagir très vite. En effet, une crise sur les réseaux sociaux demande une réaction

rapide. Au plus la réponse de l’entreprise tardera, plus la crise aura de chances de

d’énerver les acteurs, et donc de s’amplifier.

Page 85: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

85

6. Faire preuve de transparence. La gestion de crise se fait tout simplement via une

communication honnête et authentique. Si l’entreprise a fait une faute, il faudra le

reconnaître.

7. Ecouter la parole de la communauté. Une crise sur les réseaux sociaux se surmonte par

un dialogue. Et tout dialogue nécessite une écoute et une reconnaissance de la réponse

adverse. L’entreprise devra se sentir prête à effectuer une conversation avec la

communauté.

8. Répondre de manière personnalisée. Toute personne concernée par la crise mérite une

réponse personnalisée.

9. Communiquer avec des réponses explicatives. La réponse de l’entreprise sur les

réseaux sociaux doit toujours être soutenue par des preuves. Cela affectera également

la transparence de la déclaration.

10. S’engager, et respecter. S’il y a eu faute de la part de l’entreprise, celle-ci devra

s’engager à effectuer des actions afin de la réparer. C’est un synonyme de progrès

pour l’entreprise.

11. Ne jamais supprimer les commentaires. Une règle primaire dans la gestion de crise sur

Internet, il est strictement interdit de supprimer les commentaires, quelle que soit sa

nature. Un commentaire supprimé ne ferait que monter la pression déjà élevée. Cela

décrédibiliserait l’entreprise d’entrée de jeu.

En mon sens, adopter ces règles constitue une base solide dans la gestion de crise sur les

réseaux sociaux. Une simple communication ne suffit peut-être pas de sortir l’organisation de

la crise. L’objectif serait donc d’orienter la communication dans la bonne direction, et cela

passe par ces règles.

Page 86: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

86

Partie 4 : Conclusion générale

Ce travail de fin d’étude a pour objectif de renseigner les entreprises sur les outils adéquats à

une bonne gestion d’une crise sur Internet. L’apparition des réseaux sociaux a bouleversé les

stratégies de communication des entreprises actuelles. Tout le long de mes recherches, j’ai pu

constater que la gestion de crise sur les réseaux sociaux était encore un phénomène peu

maîtrisé de manière générale. Afin d’atteindre l’objectif, cet ouvrage a été structuré en

plusieurs étapes.

Pour répondre à la problématique, j’ai expliqué les éléments propres à celui-ci de manière

progressive.

J’ai dans un premier temps, défini la crise. Cette partie était purement théorique. Elle

consistait à aborder la crise de manière générale, les différentes formes qu’elle peut prendre,

ou encore ses caractéristiques.

Dans un second temps, j’ai mis en relation la crise et l’entreprise. Pour y arriver, j’ai d’abord

expliqué l’importance qu’a la réputation pour une entreprise. La problématique portant sur un

aspect digital de la crise, j’ai également expliqué la notion d’e-réputation.

Ensuite, afin de préparer la problématique, j’ai consacré un chapitre entier à la communication

de crise. Ce chapitre permet à tout lecteur de mieux comprendre les différentes stratégies

existantes pour faire face à une crise. Ces stratégies sont également applicables sur Internet.

La lecture de ce chapitre permet également de préparer une communication de crise à

l’avance.

Enfin, deux chapitres sont consacrés à l’aspect digital de la crise. Le premier chapitre permet

de mieux comprendre la manière dont la crise se propage et s’amplifie sur Internet, à l’aide du

web 2.0 dit aussi « web social ». Le second chapitre aborde la gestion de crise sur les réseaux

sociaux.

Lors de la seconde partie de cet ouvrage, il est question d’un travail scientifique et d’une

analyse de cas de crises récentes apparues ou propagées sur Internet. Cette étape d’analyse

permettra au lecteur de comprendre le fonctionnement d’une bonne communication, et

d’éviter les erreurs pouvant amplifier la crise. Il est important de souligner que les principales

caractéristiques d’une crise étaient visibles lors de cette partie.

Page 87: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

87

En fin d’ouvrage, j’ai mis en place, de manière synthétique, une série de conseils à adopter en

cas de cybercrise. Cela répond également à la problématique de cet ouvrage. L’objectif est de

préparer l’entreprise face à la crise sur les médias sociaux.

Pour finir, il est important de comprendre que la crise n’est pas forcément synonyme

d’effondrement pour l’entreprise. Toute crise peut se caractériser par une suite positive pour

l’organisation. Ainsi, une organisation possédant une structure douteuse se verra confrontée à

une crise. Et c’est grâce à cette crise que l’organisation aura la possibilité d’évoluer.

Pour conclure, j’aimerais ajouter une citation de Jean Monnet qui explique parfaitement le

point précédent : « Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne

voient la nécessité que dans la crise ».

Page 88: Comment bien gérer une crise sur les réseaux sociaux - Mikail Kuyukazan

88

Partie 5 : Bibliographie

1. Ouvrages

BALAGUE, C. – FAYON, D., « Facebook, Twitter et les autres… : Intégrer les réseaux sociaux dans

une stratégie d’entreprise ». Pearson Education France, 2012.

BAUGAS, A., En quoi la gestion de l’E-réputation est-elle devenue un facteur de réussite primordiale

pour nos entreprises ?, Mémoire. IDRAC Montpellier.

BLOCH, E., « Communication de crise et médias sociaux : Anticiper et prévenir les risques d’opnion

– Protéger sa e-réputation – Gérer les crises » Dunod.

BLONDEL, F., Management. 2ème ed. Paris : Nathan, 2011

BOUDIN, L., Entreprises, gérez votre e-réputation : Les nouveaux outils pour être connu et reconnu.

Pearson 2014.

COOMBS, T., « Ongoing Crisis Communication: Planning, managing and responding ». 2014

DAUTUN C., BRONNER C., BONY-DANDRIEUX A., TIXIER J., CHAPELAIN J., FONTAINE F.,

DUSSERE G., Vers une meilleure connaissance des caractéristiques des situations de crise, soumis à

Préventique sécurité, mai, 2006.

FILLIAS E. – VILLENEUVE, A., « E-Réputation : Stratégies d’influence sur Internet » Ed. Ellipses,

Paris, 2011

JOHANNES, K., « La communication corporate » 2ème

éd. Dunod, 2016

LAGADEC P., Apprendre à gérer les crises, Ed. D’Organisation, Paris, 1993

LAMBIN, J.-J., Marketing stratégique et opérationnel, Du marketing à l’orientation de marché,

Dunod, 2008

LAZEGA, E., « Réseaux sociaux et structures relationnelles : « Que sais-je ? » n° 3399 ». Presses

Universitaires de France, 2014

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LIBAERT, T., La communication de crise, 4ème ed, Paris, Dunod, 2015

MORIN, E., Sociologie. Paris : Fayard, 1984.

PIERLOT J.-M., « Contredire l’entreprise : Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 23 octobre

2009 », Presses universitaires de Louvain. 2013.

QUIONIAM, L., « Du web 2.0 au concept 2.0 » Les Cahiers du numérique. Lavoisier, 2010.

REGUER, D., E-réputation : manager la réputation à l’heure du digital. Dunod. 2011.

WESTPHALEN M.-H. – LIBAERT, T., « Communicator : Toute la communication d’entreprise –

5ème édition », Dunod, Paris, 2009

WESTPHALEN, M.-H., « La communication externe de l’entreprise ». Dunod. 1997.

2. Ressources Internet

2.1 Documents électroniques

AKKANTO, General – RepTrak Belgium 2015 Pulse score,

http://ftp.akkanto.com/public/793/RepTrak_Belgium_2015_Communique_de_presse.pdf

AKKANTO, La réputation des entreprises a baissé en 2012,

http://static.lecho.be/upload/reput_3425749-655056.pdf

BRUNET, G., Gérer une crise 2.0 : quelles stratégies adopter ?, SlideShare [En ligne],

http://fr.slideshare.net/49009061/gestion-de-crise-20

DAUTUN, C., TIXIER, J., CHAPELAIN J., FONTAINE, F., Le traitement de l’incertitude en gestion

de crise : mise en place d’une veille stratégique du territoire, Hal.archives-ouvertes.fr,

https://hal.archives-ouvertes.fr/ineris-00973238/document

Farnel, J. F., Le rôle de la communication dans la gestion des crises, Paris, Humanisme & Entreprise,

http://www.frankfarnel.com/wp-content/uploads/2011/08/finaldoc.pdf

FAUCHOUX, C., Gestion de crise : Internet contre Internet, http://www.communication-

sensible.com/download/Fauchoux.pdf

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GROLIMUND, R., Qu’est-ce que le web 2.0 ?,

https://infoscience.epfl.ch/record/167537/files/web2.0_EPFL_2011-03.pdf

INTERNATIONAL TELECOMUNICATION UNION, ICT Facts & Figures,

http://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/facts/ICTFactsFigures2015.pdf

LAGADEC, P., Stratégies de communication en situation de crise,

http://www.patricklagadec.net/fr/pdf/annales1986.pdf

MIAT/DDSC/SDGR/BAPC, Guide méthodologique « La conduite du retour d’expérience, éléments

techniques et opérationnels », http://www.mementodumaire.net/wp-

content/uploads/2012/07/guide_methodo_REX.pdf

UJJEF.COM, La réputation des entreprises, obs-reputation.org [En ligne], http://www.obs-

reputation.org/wp-content/uploads/2008/04/presse-cherement-acquise-cherement-vendue.pdf

WEBER SHANDWICK, The company behind the brand : in reputation we trust,

http://www.webershandwick.com/uploads/news/files/InRepWeTrust_ExecutiveSummary.pdf

2.2 Articles

ANPAA, Que dit la loi ?, Anpaa.asso.fr [En ligne], http://www.anpaa.asso.fr/sinformer/que-dit-la-loi ,

page consultée le 2 avril 2016

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Table des matières

Partie 1 : Introduction générale ............................................................................................... 3

Partie 2 : Apport théorique ...................................................................................................... 5

I. La crise ............................................................................................................................... 5

1. Introduction ............................................................................................................ 5

2. Définition ............................................................................................................... 5

3. Facteurs d’une crise ............................................................................................... 8

4. Typologie de crises ................................................................................................ 8

5. Caractéristiques d’une crise ................................................................................. 13

6. Le déroulement d’une crise .................................................................................. 16

II. De la réputation à l’e-réputation d’une entreprise ............................................................ 20

1. La réputation d’une entreprise ............................................................................. 20

2. L’E-réputation ...................................................................................................... 28

III. L’organisation de la communication de crise .................................................................. 31

1. Introduction .......................................................................................................... 31

2. L’organisation matérielle ..................................................................................... 31

3. L’organisation de la communication ................................................................... 35

IV. Communiquer en temps de crise ...................................................................................... 37

1. Introduction .......................................................................................................... 37

2. Les préalables au choix d’une stratégie ............................................................... 37

3. Les différentes stratégies...................................................................................... 39

4. La stratégie de reconnaissance ............................................................................. 40

5. Les stratégies du projet latéral ............................................................................. 41

6. Les stratégies du refus .......................................................................................... 42

7. Conclusion ........................................................................................................... 45

V. L’après crise ..................................................................................................................... 45

1. Introduction .......................................................................................................... 45

2. Les étapes de la gestion post-crise ....................................................................... 46

VI. Le web 2.0 ........................................................................................................................ 50

1. Introduction .......................................................................................................... 50

2. Web 2.0, une révolution ? .................................................................................... 50

3. Les caractéristiques du web 2.0 ........................................................................... 51

4. Le web 2.0 représente-t-il un nouveau risque pour les entreprises ? ................... 53

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5. Les réseaux sociaux ............................................................................................. 54

VII. La gestion de crise sur les réseaux sociaux ...................................................................... 60

1. Introduction .......................................................................................................... 60

2. Réseaux sociaux, amplificateurs de crise ? .......................................................... 61

3. La veille permanente ............................................................................................ 62

4. Communication de crise sur Internet ................................................................... 64

5. Le MSGU, qu’est-ce que c’est ? .......................................................................... 67

Partie 3 : Apport personnel .................................................................................................... 69

I. Introduction ...................................................................................................................... 69

II. Analyse de crise : Quick ................................................................................................... 69

1. Contexte ............................................................................................................... 69

2. Communication de crise de Quick ....................................................................... 70

3. Analyse ................................................................................................................ 75

III. Analyse de crise : Nestlé et Greenpeace .......................................................................... 77

1. Contexte ............................................................................................................... 77

2. Communication de crise de Nestlé ...................................................................... 79

3. Analyse ................................................................................................................ 81

IV. Conseils pour bien gérer une crise sur les réseaux sociaux .............................................. 84

Partie 4 : Conclusion générale ............................................................................................... 86

Partie 5 : Bibliographie .......................................................................................................... 88

Partie 6 : Annexes .................................................................................................................. 98

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Partie 6 : Annexes

Annexe 1 :

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