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QU’EST-CE QU’IL ME VEUT LUI ?!! ET D’ABORD, C’EST QUOI CE

REGARD ? IL A UNE TËTE QUI NE ME REVIENT PAS CE...

manuel pédagogique

Apprendre à vivreEnsemble

À l’intérieur :

un livret Cd

avec des histoires

et des chansons

destiné aux professionnels de l’éducation et de l’insertion

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LTE Editions187 boulevard Victor Hugo - 59000 LilleTél : 03.20.30.86.56www.laissetonempreinte.fr

APPRENDRE À VIVRE ENSEMBLEISBN 978-2-918571-00-1© 2009 LTE Editions

Illustration de couverture : Matthieu Bouyer

Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement des auteurs, ou de leurs ayants droit ou ayants cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinée 1er de l’article 40). Cette représen-tation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constiturait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

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Apprendre à vivreEnsemble

/01 /

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/02 /apprendre à vivre ensemble / introduCtion

En Janvier 2004, notre association est sollicitée par la ville de Lille : confrontée à des problèmes de violence récurrents dans deux écoles de quartiers sensibles, elle souhaite que nous intervenions rapidement.

Nous commençons par interroger individuellement les enfants de deux classes de CM. Ils nous parlent de leur vision de la ville, du quartier, de l’école. Nous restituons leurs témoignages sous la forme d’un conte, Les explorateurs qui nous permet de dépasser la réalité de leur quartier pour proposer une vision plus large, plus universelle. Les enfants se reconnaissent pleinement dans ce support qui produit un effet déclencheur sur leur prise de parole. Une fois la confiance établie, des séances collectives sur la régulation de conflit sont mises en place. C’est à ce moment-là que l’histoire de Boris et Igor va être créée, pour nous permettre de représenter les étapes d’un conflit de type escalade, ainsi que les enjeux attenant. Suite à notre intervention directe auprès des enfants, très vite des effets se font sentir. L’histoire de Boris et Igor devient effectivement un référentiel pour eux : ils s’identifient aux personnages, se remémorent l’histoire lorsqu’un nouveau conflit émerge et réinvestissent le support de l’escalier. Bref, nous constatons que nous sommes en train d’élaborer, de façon certes empirique, un véritable outil.

Etonnées par l’impact de cette histoire auprès des enfants, les directrices des deux écoles vont proposer à leur équipe une formation à cet outil naissant, pour en démultiplier les effets. Six mois plus tard, en accord avec l’Inspection Dépar-tementale (de Lille Est), nous organisons une session de formation de trois demi-journées avec les deux équipes respectives. La formation se passe bien mais la mise en place concrète de cet outil vient se heurter au fil des semaines à la réalité du terrain : poids du programme, manque de temps de concertation, problèmes de cohésion parfois aussi au niveau des équipes... Fin juin, nous constatons d’un commun accord qu’à de rares exceptions près, l’outil (dans la forme qu’il avait à l’époque) a été peu mis en place dans les classes. Nous décidons cependant de ne pas en rester là et d’aborder dans chaque école la question suivante : si nous sommes tous d’accord pour constater la montée de ces phénomènes de violence au sein de notre établissement, est-ce que nous sommes prêts également à iden-tifier et reconnaître la part qui nous revient en tant qu’adultes, individuellement mais aussi collectivement ? Comment ? En commençant déjà par nous mettre tous autour de la table pour identifier ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous sépare. En essayant de définir des principes éducatifs, des règles communes qu’on peut défendre ensemble de manière à ce que les enfants sentent qu’en face il y a une équipe soudée, cohérente, qui partage un certain nombre de valeurs sur le plan éducatif. En sortant également de tous ces non-dits, ces malentendus, ces représentations souvent erronnées que nous pouvons avoir les uns sur les autres et qui finissent parfois par empoisonner l’ambiance d’un établissement.

introduction

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Et c’est ce qui a été fait. Les résultats ont dépassé nos espérances. Dans une des écoles notamment, où il y avait des clans entre les adultes et où le climat était constamment électrique au niveau des jeunes, le changement a été incroyable. Il y avait beaucoup moins de tensions, dans les couloirs, à la récréation et dans les classes. Comme si le fait que les adultes décident de sortir du non-dit et de se mettre d’accord sur un réglement de base (qu’on affiche ensuite dans chaque classe) était immédiatement perçu par les jeunes et devenait rassurant pour eux en quelque sorte.

Ainsi ce projet nous semble assez emblématique et symbolique au sens où il a démarré avec des enfants mais a abouti au final dans les deux établissements à l’élaboration d’une charte qui a permis aux équipes éducatives de se rassembler autour d’un certain nombre de principes éducatifs communs. Cette action a d’ailleurs été récompensée en 2007 des prix Départemental, Ré-gional et National de la Fondation de France dans le cadre de son action « S’unir pour agir ».Par la suite, entre 2007 et 2009, nous avons expérimenté cet outil sur d’autres territoires, dans d’autres contextes (collèges dont SEGPA, UPI, mais aussi lycée professionnel, dispositifs d’insertion professionnelle). Et quelque soit le lieu d’ex-périmentation, il a toujours produit les mêmes effets auprès des adultes comme des jeunes : déclenchement de prises de conscience sur nos façons de faire, d’agir, de réagir, qui aboutissent à des (petits ou gros) désirs de changement...

Progressivement, grâce aux multiples expérimentations, notre outil s’est étoffé, enrichi. C’est ainsi qu’une deuxième partie est née. Elle nous permet d’aborder plus précisément le parcours d’un jeune en difficulté, ainsi que ses représenta-tions, sa vision du monde, etc. Par ailleurs, de nouvelles histoires et de nouveaux supports ont été créés, ajoutés pour illustrer chacun des thèmes abordés, afin que ce manuel soit le plus pratique possible.Notre souci constant a été de créer un outil transversal, qu’on puisse utiliser dans différents contextes professionnels, avec des jeunes de 10-12 ans mais aussi avec de jeunes adultes. Après tout la violence est un problème qui nous concerne tous et il nous semble important de sortir d’une vision compartimentée, cloisonnée de ce type de phénomène. L’expérience a démontré que ce parti-pris était fondé. Par exemple, l’histoire de Boris et Igor qui traite d’une escalade relationnelle fonc-tionne très bien également avec de jeunes adultes car elle fait directement écho à certaines situations vécues...

Face à des problèmes comme la montée de la violence, il n’y a pas d’outil miracle ni de recette toute faite mais des réponses collectives, des prises de conscience à faire émerger et des ressources à construire ensemble. C’est ce que nous vous proposons de faire à travers cet outil : construire avec les jeunes que vous accom-pagnez et avec vos collègues des référentiels communs, des pistes de réflexion pour semer les graines d’un mieux vivre ensemble.

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Ce manuel pédagogique est le fruit de diverses expérimen-tations menées autour de la violence, en école primaire, collège, lycée professionnel, centres de formation, D.I.P. Vous y trouverez des supports de travail originaux, élabo-rés de manière à vous permettre de construire avec les jeu-nes des repères, des supports de réflexion pour un Mieux vivre ensemble.Vous y trouverez également des témoignages de profes-sionnels qui l’ont expérimenté sur le terrain. Dans la première partie, nous abordons le problème d’une escalade relationnelle et dans la seconde le parcours de jeunes en difficulté. Comme vous pourrez le constater, cet outil est destiné à un public large (10 /25 ans).

Avis important

/04 /apprendre à vivre ensemble / sommaire

Bon VoYAGE !

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QU’EST-CE QU’IL ME VEUT LUI

?!!! IL A UNE TÊTE QUI NE ME REVIENT

PAS CE...

1èRE PARTIE : autour de l’histoire de boris & igor

P10 Présentation de l’histoire de Boris & Igor

P14 Analyse des étapes du conflit

P20 Régulation du conflit

P28 Etude de quelques émotions

P36 Mise en place de défis

Témoignages d’expériences P26, 34 et 38

2èME PARTIE autour de la frisedu sChdongP42 Présentation de la friseP44 Analyse de la friseP54 Le rôle des adultes

Témoignages d’expériences P53 et 623èME PARTIE des fiChes pratiques à

photoCopierP 66 La BD de Boris & IgorP 70 Les étapes du conflitP 72 Régulation du conflitP 78 Brèves histoiresP80 Les émotionsP84 La frise du Schdong

P86 Solutions des exercices

Bon VoYAGE !

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PREMIERE PARTIEl’histoire de boris & igor

DEUxIEME PARTIEpour aller plus loin...

Cette première partie, construite autour de l’histoire de Boris & Igor, a pour but d’aider les jeunes à identifier les étapes d’un conflit, de mieux comprendre son mécanisme afin de pouvoir mesurer très concrètement le prix à payer de ce genre d’escalade. Par ailleurs, dans cette partie, nous proposons un petit travail autour de quelques émotions de base afin d’apprendre à les identifier, à mettre des mots sur nos ressentis afin de nous permettre de mieux comprendre nos réactions, nos emportements. Des témoignages concrets viennent illustrer nos propos.Ce travail d’analyse permettra également aux jeunes de commencer à s’inter-roger sur le poids du groupe et sur leur mode de relation souvent conflictuel. Ainsi progressivement, parce qu’ils auront intégré ce référentiel commun, qu’ils sauront mieux se projeter, ils apprendront à moins déraper pour un regard de travers, un malentendu et sauront plus facilement se mettre à distance en cas de dispute ou de bagarre.

Cet ouvrage est constitué de trois parties : - La première présente l’étude d’un conflit entre deux jeunes qui dégénère. - La seconde partie analyse le parcours de ces jeunes en difficulté.- La troisième partie reprend les supports étudiés dans les deux parties précéden-tes sous forme de fiches pratiques, de façon à ce que vous puissiez les utiliser concrètement avec votre public. En annexe, vous trouverez un livret audio qui propose des histoires et des chan-sons en rapport avec les thèmes abordés dans les deux premières parties.

Cette deuxième partie, construite autour de la frise du Schdong (qui représente le parcours d’un jeune en difficulté) nous permettra d’identifier et d’étudier les étapes symboliques de ce type de parcours. Ce faisant, cela nous permettra d’aller plus loin sur quelques questions importantes comme celle du poids du groupe, des valeurs en vigueur dans l’environnement, des insultes... Cette partie nous permettra également de nous interroger en tant qu’adulte sur no-tre rôle, nos responsabilités d’un point de vue individuel mais aussi collectif. L’ob-jectif étant de construire en équipe les conditions d’un mieux vivre ensemble.

Cette première partie s’adres-se à tous les publics à partir de 10 ans.

/06 /apprendre à vivre ensemble / mode d’emploi

Cette seconde partie s’adres-se à tous les publics à partir de 13-14 ans.

premiÈre partie : autour de l ’his toire de Boris & Igor

s e C o n d e pa r t i e : a u t o u r d e l a f r i s e d u S c h d o n g

mode d’emploi

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Cette troisième partie est pratique et permet d’utiliser et de réinvestir très concrètement l’ensemble des supports qui ont été étudiés et présentés lors des deux premières parties, à savoir : > pour la première partiela BD de Boris et Igor, le support de l’escalier qui représente les étapes d’un conflit (avec également de petites histoires pour s’exercer), des fi-ches sur les émotions,> pour la seconde partiela frise du Schdong.

des fiches

pratiques

à photocopier !

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troisiÈme partie : des fiches pratiques à photocopier

En annexe :

le livret audio

avec des histoires

et des chansons

Ce livret présente des histoires, un conte et des chansons en rapport avec notre thématique. Certaines s’adressent à des publics de col-lège, d’autres à des publics plus mûrs, à vous de voir. Quelques clés de lecture vous sont également proposées.

> Histoires Le ventre qui parleConte « Et le loup redevint homme »> ChansonsDur de constuire sa vieLes étiquettesComme siFier de mes mainsCourageJ’ai bien failli me perdre en routeEpilogue comique

TRoISIEME PARTIE

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/08 /apprendre à vivre ensemble / autour de l’histoire de boris & igor

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prEmiErE pArtiEautour de l’histoire de boris & igor

présentation de l’histoireAnalyse des étapes du conflitRégulation du conflitTémoignages d’expériencesetude de quelques émotionsTémoignages d’expériencesMise en place de défisTémoignages d’expériences

p10 p14p20p26 p28p34p36 p38

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quelques précisions utiles...Nous avons volontairement situé cette histoire sur un autre territoire que la France par souci de commodité. Nous avons opté pour la Russie, à cause du choix des prénoms : Boris et Igor, prénoms à la fois faciles à retenir et en même temps peu courants dans notre pays. Ce relatif exotisme nous permet ainsi d’aborder certaines questions sensibles de manière plus distanciée, et le choix des prénoms ne porte pas non plus à confusion ou à interprétation.

Comme chaque matin, Boris se rend en cours dans la banlieue de Moscou. Il n’a pas grand chemin à faire puisqu’il habite le quartier qui jouxte le collège. C’est un quartier triste qui longe le boulevard Pouchkine, avec de vieux immeubles gris, immenses et ternes. De loin, on dirait les carcasses de grands navires abandonnés. À force de tourner

en rond, les enfants qui y habitent finissent parfois par faire quelques bêtises en grandissant. Aujourd’hui, Boris est de mauvaise humeur. Après le petit déjeuner, il s’est disputé avec son petit frère. Ses parents, comme d’habitude, l’ont rendu responsable de l’embrouille. Il a été puni mais pas son frère. Il a les nerfs.

Igor est dans la même classe que Boris mais lui habite la cité Tchekhov. C’est un quar-tier voisin, situé juste en face de celui de Boris qui accueille pour sa part une population majoritairement issue du Caucase. Il est peuplé de petits bâtiments colorés et cubi-

ques qui se ressemblent tous. Ce quartier a la particularité pour l’étranger qui passe d’apparaître comme un véritable labyrinthe dans lequel on a très vite fait de se perdre. Aussi, c’est un quartier qu’on évite en général de traverser. Ce matin, Igor est de mauvais poil. En effet, cela fait plusieurs nuits qu’il se réveille à cause du même cauchemar. Bref, pour Igor, en ce moment, le matin, ce n’est pas la joie. Il se sent à la fois triste, fatigué, agacé.

Il est 8 heures du matin. Boris et Igor se croisent dans la cour. Ces deux-là ne sont pas vraiment copains mais jusqu’à présent, ils se sont toujours respectés. Ce jour-là, tout dérape ! Igor est dans ses pensées quand il franchit le portail. Il repense à son cauchemar de la nuit. Sans s’en rendre compte, il jette un regard noir à Boris qui passe

à cet instant. De son côté, Boris a beaucoup ruminé depuis son départ de la maison. Il s’est refait le film, a repassé plusieurs fois dans sa tête la scène avec son frère et ses parents. Sa contrariété s’est peu à peu transformée en colère. Il leur en veut terriblement. Aussi quand il croise le regard d’Igor, il bondit : « Qu’est-ce que t’as toi, t’as un problème ? Tu veux ma photo ? ». Igor, qui est à cran également répond du tac au tac : « Je ne t’ai pas sonné toi, et puis d’abord c’est même pas toi que je regardais, espèce de bouffon ! ».

/10 / apprendre à vivre ensemble / autour de l’histoire de boris & igor / présentation de l’histoire

présentation de l’histoire de boris & igor

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Alertés par ces premiers échanges, quelques copains rappliquent et commencent à s’en mêler. Mais Boris, plus vif que l’éclair, a déjà répondu : « C’est toi le bouffon, es-pèce de bâtard ! Qu’est-ce qu’ y a, t’es pas content, tu me cherches ? Fils de p... ! ». Igor ne supporte pas qu’on insulte sa mère, ça le rend dingue. Et puis devant les potes de

son quartier, il est hors de question de ne pas répliquer. Question de réputation ! Alors en retour, lui aussi se met à insulter copieusement la mère de Boris et même sa grand-mère. Malheureuse-ment, celle-ci est morte peu de temps auparavant. Bien entendu, Igor ne le savait pas mais pour Boris, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Fou de rage, il se jette sur Igor. Et c’est parti pour la bagarre ! Ils se battent comme des chiffonniers pendant que leurs camarades respectifs hurlent autour d’eux.

Attiré par les hurlements, Mme Bakhov vient les séparer. Elle est ulcérée de ces ba-garres incessantes à chaque récréation. Sans chercher à comprendre, elle renvoie dos à dos nos deux lascars et les punit chacun à un bout de la cour. Mais malgré la punition,

rien n’est réglé, et dans l’esprit des deux garçons, la rancune est tenace. Chacun a l’impression d’être victime d’une injustice. Chacun pense que c’est l’autre le coupable, le responsable, l’en-nemi ! La matinée passe ainsi. Mais le midi, pendant la cantine, alors qu’il est toujours puni, Boris profite d’un instant d’inattention de Mme Bakhov pour envoyer en cachette un SMS à son cousin Sergueï : « Sergueï, me sui fé Dfoncé en traitre par 1 boufon de la ciT Tchekhov, vien me cherché à la sortie, stp ».Pour Sergueï qui n’a pas grand chose à faire en ce moment et qui de plus, a de vieux comptes à régler avec les lascars de la cité Tchekhov, l’occasion est trop belle ! Il renvoie aussitôt un SMS pour annoncer à son petit cousin qu’il peut compter sur lui. La journée s’effiloche sans que rien ne se règle entre Igor et Boris. Dès qu’ils le peuvent, ils se défient du regard. De temps à autre, un copain de l’un ou de l’autre vient mettre de l’huile sur le feu.

La sonnerie annonce la fin des cours. Igor a à peine parcouru quelques mètres qu’il se fait alpaguer par Sergueï sous les yeux de Boris. Ni une ni deux, Sergueï lui saute des-sus. Le combat est disproportionné car Sergueï est vraiment plus grand et plus costaud. Au moment de partir, Sergueï dit à Igor : « T’as vu petit ! Ça ce sont les lascars du

Boulevard Pouchkine. C’est nous les plus forts ! Vive le BP ! BP en force ! ». Igor le visage tuméfié, profondément blessé dans sa chair et dans son orgueil rugit : « Je vous jure que vous aurez bientôt de mes nouvelles ! ». Il est dans un drôle d’état, il a à la fois envie de pleurer, et également envie de tout casser. Il a surtout envie de rendre les coups qu’il a pris. Il se sent humilié. De retour chez lui, il s’empresse de retrouver son grand frère Dimitri pour lui raconter le traquenard. Il lui parle de Sergueï, bien sûr, mais rajoute qu’ils sont venus à plusieurs pour le frapper. Il n’oublie pas de préciser qu’ils ont insulté copieusement leur quartier en repartant. En entendant son petit frère, en voyant son visage, Dimitri devient fou de rage. Ce n’est pas la première fois qu’il entend parler des lascars du quartier Pouchkine et notamment de ce Sergueï. Cette fois-ci, c’en est trop !

Avec Yvan, un de ses potes, ils se mettent en chasse. Ils finissent par le retrouver dans le square Gagarine. Sergueï est assis tranquillement en train de boire un coca. Dimitri et Yvan lui tombent dessus par surprise à bras raccourcis. S’en suit une belle bagarre qui laisse Sergueï le visage tuméfié, avec un oeil au beurre noir et les bras lacérés. En

repartant, Dimitri crie à l’encontre de Sergueï : « T’as vu qui c’est les plus forts ? Ce sont les las-cars de la cité Tchekhov. Mets-toi bien ça dans le crâne mon pote ! Ouais, vive la cité Tchekhov. CT en force ! ». Fou de rage, Sergueï hurle : « À deux contre un et par surprise, c’est facile, bande de bouffons ! Vous êtes des lâches ! Rendez-vous ici demain soir à vingt deux heures avec vos potes ! On fera les comptes à ce moment-là ! ». Ils repartent en s’insultant. Toute la soirée, les portables vont bon train. Chacun bat le rappel, envenime l’affaire…

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Le lendemain soir, à la nuit tombante, comme convenu, deux bandes d’une quinzaine de jeunes s’observent en chien de faïence. La tension est palpable. Ils se sont tous bien montés la tête. Cette fois c’est du sérieux ! La réputation du quartier est en jeu. Certains sont venus avec des gourdins et des battes de base-ball. Au signal, ils se

ruent les uns sur les autres. Les coups pleuvent de part et d’autre, c’est une mêlée inextricable. Ça hurle, ça crie dans tous les coins. Heureusement, alertés par les riverains, les policiers et le Samu arrivent rapidement. Ils séparent les groupes au canon à eau, procèdent à des contrôles d’identité, embarquent au poste les jeunes les plus excités tandis que les infirmiers donnent les premiers soins. A priori, pour la plupart, ce n’est pas bien méchant. Mais un jeune reste allongé, visiblement en mauvais état. C’est Sergueï, le cousin de Boris. Complètement sonné, il doit être hospitalisé d’urgence. Les parents de Sergueï ainsi que Boris se rassemblent autour de lui. Les mines sont graves. Igor quant à lui est très mal à l’aise, il éprouve de la honte et des remords. Il voudrait revenir en arrière…

Le week-end passe. Igor et Boris se croisent à l’entrée du collège. Igor, gêné, de-mande des nouvelles de Sergueï. Boris lui répond qu’il est sorti de l’hôpital et qu’il va beaucoup mieux. Igor est soulagé. Ils se demandent comment tout cela a démarré et pour quelles raisons ils s’étaient embrouillés ce matin-là. Boris avoue que c’est

quand même un peu de sa faute si tout ça a commencé : « C’est vrai que j’étais vraiment à cran ce matin-là », reconnaît-il, un peu honteux. « Oui, mais moi aussi, j’ai réagi trop fort ! Et je n’aurais jamais dû insulter ta grand-mère », reconnaît à son tour Igor. En fait, l’un et l’autre voient bien qu’ils ont été dépassés par l’enchaînement des évènements. Ils se promettent que cela leur servira de leçon à l’avenir.

FIN

/12 / apprendre à vivre ensemble / autour de l’histoire de boris & igor / présentation de l’histoire

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à qui la faute ?les enjeux de cette histoire

Un regard de travers qui déclenche colères et insultes, un début de bagarre en-couragé par des spectateurs, le conflit est très souvent un engrenage relationnel. Il se nourrit à la fois de malentendus, d’interprétations hâtives, du poids du re-gard des autres, de l’environnement, mais aussi parfois du besoin vital de se confronter. Dans cette histoire, faute d’avoir été circonscrit, le conflit se déplace rapidement hors de l’établissement et s’étend à tout le quartier. Alors, à qui la faute ? À Boris, Igor ? À Mme Bakhov, aux parents, aux copains, à la société ? Ce qui est intéressant ici, c’est de réfléchir aux leviers sur lesquels nous pouvons interférer afin de mieux prévenir ce type d’engrenage, ou tout au moins, mieux gérer l’effet d’escalade.

1er levier : l’analyse des étapes d’un conflit de ce type (1ère Partie)Apprendre à identifier les étapes d’un conflit de ce type permet de comprendre le mécanisme d’un tel engrenage. Cela nous permet de mesurer la portée de chacun de nos actes, de nos paroles, de peser le pour et le contre, de mesurer concrète-ment le prix à payer de ce genre d’escalade.

2ème levier : la connaissance de soi (1ère Partie)Ce deuxième levier permet de mettre des mots sur nos ressentis afin de mieux comprendre comment nous fonctionnons et réagissons. Cela nous permettra par la suite, dans les moments de conflit, d’instaurer des seuils de vigilance pour pouvoir nous mettre à distance.

3ème levier : les valeurs en vigueur dans l’environnement (2ème Partie)Ici il s’agit de questionner les valeurs en vigueur dans l’environnement extérieur. on voit en effet que les encouragements de leurs camarades ne se sont pas sans effet sur Boris et Igor, et face à de telles pressions, il est souvent difficile pour les protagonistes de faire marche arrière. Par ailleurs, on voit que des éléments ex-térieurs au conflit n’hésitent pas à s’en emparer pour régler leurs propres comp-tes. Questionner les valeurs, ça signifie donc interroger les notions de force, de respect, de courage, de loyauté mais aussi de liberté que l’on peut prendre par rapport au groupe.

4ème levier : le rôle des adultes (2ème Partie)Que peut-on faire, à notre niveau, pour aider les jeunes à changer ? De façon indi-viduelle, au niveau de sa classe ou de son groupe, mais aussi collectivement. Que faisons-nous pour tenter de remédier au problème de la violence au sein de notre structure ? Quelle analyse faisons nous par exemple de son augmentation ? Even-tuellement, en quoi en sommes-nous aussi responsables et quel type de réponse pouvons-nous apporter collectivement ?

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/26 / apprendre à vivre ensemble / autour de l’histoire de boris & igor / témoignages d’expérienCes

témoignagesrecueillis par Céline Martineau,

Chargée de l’expérimentation de l’outil auprès des primaires

> Le conflit de S. et C. (deux jeunes de CM2)S. leader de la classe, assez énervé, prend régulièrement C., plutôt en retrait, comme bouc émissaire. Ce matin là, en arrivant à l’école, S. est d’humeur agressive. C. passant par là se prend de nouveau les foudres d’S. Mais cette fois-ci, c’en est trop : il profite de l’occasion pour exposer son conflit devant toute la classe. Nous les écoutons donc raconter leur version du conflit. Ce travail amènera S. d’une part à prendre conscience que son conflit avec C. était essentiellement relié à son humeur agressive du matin, à une colère qu’il avait besoin de sortir. D’autre part, en entendant les ressentis de C., S. a également pris conscience à quel point il l’avait blessé… ça se voyait dans ses yeux, fixes et grand ouverts.

Une des forces de ce support est qu’il permet d’entendre et de comprendre comment l’autre a pu vivre le conflit, et ainsi de prendre conscience des conséquences de ses réactions, de ses actes.

CommentairesDu conflit de Boris et Igor aux conflits des enfants...Utiliser le support de l’escalier pour analyser l’histoire de Boris et Igor permet par la suite de proposer très facilement aux enfants de travailler sur leurs propres conflits. Ils voient dans ce travail d’introspection un côté ludique, mais aussi une attention particu-lière de l’adulte qui va les aider à régler leur conflit, à rétablir la justice. Pour ce travail d’introspection, l’adulte peut s’appuyer sur le groupe classe : la confrontation avec les autres, et devant eux, écartant les tentatives de déformation de la réalité, de mensonge... Il se trouvera toujours quelques enfants qui auront assisté de près ou de loin aux conflits étudiés et pourront le cas échéant apporter une version plus « neutre » des faits.

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/27 /

témoignagesCatherine Carpentier, Chargée de l’expérimentation des outils

auprès des publics adultes et adolescents

Toujours à propos de Boris et Igor Contexte : un événement grave survient à la sortie du collège, une enseignante utilise spontanément la BD de Boris et Igor.

A la suite d’un conflit entre deux élèves qui a vite dégénéré en bagarre générale, une jeune fille a été gravement blessée. Choquée par la tournure qu’a pris l’événement et par les réactions et non réactions de certains jeunes, l’enseignante s’est servie de la BD pour permettre aux élèves de sa classe d’analyser ce qui s’était passé. Certains avaient été parties prenantes du conflit, d’autres en avaient été les témoins... Voici ce qu’elle en dit : « Les élèves sont passés d’eux-mêmes du support à l’événement de fa-çon naturelle. Cela leur a permis de comprendre ce qui s’était passé et pourquoi. Ça a libéré la parole, ça a fait du bien à tout le monde, ça a permis à chacun de réfléchir ».

Cette histoire projective n’est d’ailleurs pas réservée aux élèves de primaire ni aux collégiens. Des enseignants l’ont utilisée en lycée professionnel, des formateurs avec de jeunes adultes également.

Animant un atelier avec de jeunes adultes dans le cadre d’une DIP, j’ai eu l’occasion de le vérifier directement moi aussi. Après avoir travaillé sur la BD, j’ai proposé aux parti-cipants de faire le lien avec un conflit personnel, je savais qu’un conflit important et non « pacifié » opposait deux des participantes puisque l’une d’elles avait voulu se désenga-ger de l’atelier en raison de la présence de l’autre. J’avais cru comprendre également que par le jeu des alliances d’autres participantes avaient en quelque sorte « choisi un camp ». Si j’avais tendu une perche, je n’étais pas sûre qu’elles s’en saisiraient. En m’appuyant sur l’ensemble du groupe, nous avons mis en place les conditions pour que les deux intéressées racontent chacune à leur tour leur version des faits en acceptant d’écouter l’autre, sans intervenir. Puis le groupe jouant le rôle du « tiers médiateur » les a aidées à élaborer une version commune de manière à rendre les événements com-préhensibles pour des extérieurs tout en veillant à ce qu’aucune des deux ne se sente lésée. Comme Boris et Igor, elles ont pu mesurer l’importance de leur ressenti dans le processus de l’escalade mais aussi le rôle des intermédiaires qui ont très largement contribué à mettre de l’huile sur le feu. « Revisiter » ce conflit leur a permis d’exprimer leur ressenti et d’éviter que leurs relations qui restaient très tendues ne dégénèrent à nouveau en conflit ouvert et violent. Quant aux autres, ils ont mesuré leur propre part de responsabilité dans l’histoire.

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/28 / apprendre à vivre ensemble / autour de l’histoire de boris & igor / étude de quelques émotions

etude de quelques émotions

Le deuxième levier, c’est la connaissance de soi. A l’image de Boris et Igor, la réactivité des jeunes est très importante de nos jours. Ils démarrent au quart de tour, explosent pour trois fois rien, et n’ont pas les mots pour décrire ce qu’ils ressentent car ils sont souvent débordés par leurs émotions. Au final, les risques de dérapage et de conflit se multiplient. Aussi, pour prévenir ce type d’escalade, il nous paraît important d’apprendre aux jeunes à identifier quelques émotions de base afin de leur permettre de mieux se connaître, de mieux comprendre leurs propres réactions.

obJeCtifs> Mettre des mots sur ses ressentis, apprendre à mieux se connaître, à iden-tifier ses émotions, afin d’installer des seuils de vigilance personnels, qui permettent de prendre du recul.

Notre ambition dans cette partie est de proposer une sensibilisation sur quelques émotions de base, tout en mesurant bien l’étendue de nos limites sur la question. En effet, le sujet des émotions est vaste, complexe, et encore aujourd’hui, il suscite beaucoup d’interrogations et de discussions parmi les chercheurs. La frontière entre émotions, sentiments, humeurs, états d’âme est parfois ténue et il n’est pas toujours simple de les catégo-riser. Charles Darwin *en identifiait 6 fondamentales : la peur, la joie, la colère, la honte, le dégoût, la surprise. Paul Eckman* propose d’étendre cette liste à 16 : amusement, mépris, contentement, embarras, excitation, culpabilité, fierté, satisfaction, plaisir sensoriel, honte.François Lelord et Christophe André* proposent quant à eux une liste de 7 émotions : colère, envie, joie, tris-tesse, honte, jalousie, peur, amour.Et Daniel Goleman* indique que les émotions le plus souvent retenues par les théoriciens (en dépit de leurs dé-saccords) sont les suivantes : la colère, la tristesse, la peur, le plaisir, l’amour, la surprise, le dégoût, la honte.Pour notre part, après un temps d’expérimentation réalisé auprès de jeunes et de moins jeunes, nous avons choisi d’adopter la liste de Goleman. Nous traiterons donc sommairement des 7 émotions citées ci-dessus mais en remplaçant le plaisir par la joie qui nous semble être une notion plus facile à manier (notamment avec des jeunes) que le plaisir. Nous avons décidé également de mettre un accent particulier sur la peur qui, de notre point de vue, est une émotion qui conditionne finalement beaucoup de nos réactions et qui est souvent à la base d’une forme de repli sur soi et de rejet de l’autre (voir notre deuxième partie sur la frise du schdong)

Quelques critères pour définir les émotions- Elles ont une dimension universelle. Qu’on soit français, africain, américain, russe, indien, chinois papou..., nous sommes tous soumis à la colère, à la tristesse, à la peur, à la joie, etc.- Il faut un évènement déclencheur. Lorsque nous ressentons une émotion, il est possible de déterminer ce qui l’a produite. Une rencontre, un regard, une parole, un bruit, une odeur, un souvenir, etc. peuvent être à l’origine d’une émotion.

* Voir bibliographie page 92.

Page 19: Apprendre à vivre ensemble

/29 /

- Elles ne sont pas négatives ou positives en tant que telles. Leur fonction est de nous permettre de réagir de façon appropriée à des évènements qui nous arrivent. Par exemple, dans un monde où il y a des dangers, des obstacles, il peut parfois être utile d’être un peu agressif (au sens positif du terme) pour pouvoir les surmonter.- Elles peuvent nous déborder. Une émotion qui nait est soudaine, violente, donc difficilement contrôlable. Elle peut nous submerger et susciter parfois des réactions qui peuvent être dommageables à la fois pour soi et pour l’entourage (c’est vrai notamment pour la colère). Ainsi, s’il est très difficile de contrôler son émotion lorsque l’imprévu arrive, on peut par contre apprendre progressivement à en contrôler les effets, et par voie de conséquence nos réactions futures.- Certaines personnes sont plus émotives que d’autres. Elles ressentent plus fortement les choses. Cela peut avoir des effets bénéfiques au niveau de leurs échanges avec les autres ou de leur créativité mais à l’inverse, face à une situation imprévue, il arrive également que leurs perceptions soient amplifiées, voire déformées. Ainsi, on peut se «faire des films » à l’instar de Boris lorsqu’il croise Igor et qu’il pense que ce mauvais regard lui est adressé. Notre émotivité dépend donc de notre caractère, de notre tempérament mais également de notre histoire personnelle. Des évènements particuliers (traumatismes, accidents) peuvent nous marquer profondé-ment et influer durablement sur nos ressentis.

en résumé, une émotion est une réaction à un évènement le plus souvent imprévu. Sa durée est brève, sa di-mension universelle, et elle se traduit par un mouvement ou une manifestation physiologique spécifique.Les émotions se différencient clairement les unes des autres. Elles peuvent aussi s’enchaîner très rapidement(par exemple, on peut passer de la surprise à la colère puis à la honte) et il n’est pas toujours simple après coup de faire le tri.

réaction violente

due à un profond

mécontentement

La colère n’est pas négative en soi. Etre capable de se mettre en colère peut en effet être nécessaire dans certaines situations. Cela nous permet de nous positionner, de montrer qu’on ne se laissera pas marcher sur les pieds, de faire passer un signal à celui ou celle qui nous inportune. Cela nous permet également de réagir à une forme d’injustice. Cependant le plus souvent, il faut bien reconnaître qu’elle est mauvaise conseillère, car elle nous fait perdre notre discernement. on est ainsi amené sous le coup de la colère à proférer des paroles qui blessent et qui dépassent complètement notre pensée, voire à porter des coups. Et quand la colère re-tombe, on regrette souvent amèrement de s’être ainsi laissé aller. Il arrive également qu’on déplace une colère qu’on n’a pas su ou pu expri-mer en temps voulu : Par exemple, mon employeur m’a fait des remarques à propos de mon tra-vail que j’ai très mal digérées. Sur le trajet du retour, l’automobiliste qui se trouvait devant moi et qui tardait à démarrer au feu vert s’est pris une vague d’insultes. Et je vous parle pas de ce que j’ai passé à mon aîné quand il m’a annoncé qu’il était collé au collège !

Manifestation physiologiqueLa colère provoque un afflux de sang dans les doigts et au visage égale-ment, peut-être pour permettre à l’adversaire d’identifier qu’il est désor-mais temps de s’arrêter, car on devient « chaud bouillant ». Le regard se durcit, les mâchoires se crispent, les poings se serrent, les joues devien-nent rouges ou blanches chez certains. Le corps se tend, prêt à bondir.

exemples de situations de colèreQuand on se moque de moi, ça me met en pétard. Quand mon pote Kevin conduit et qu’on lui fait une queue de poisson, ça le rend fou de rage. Quand je me sens mal jugé, méprisé, j’ai envie de tout casser !

la ColÈre

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Page 20: Apprendre à vivre ensemble

/06 //40 / apprendre à vivre ensemble / autour de la frise du sChdong

Page 21: Apprendre à vivre ensemble

sEcondE pArtiEautour de la frise du sChdong

présentation de la friseanalyse de la friseTémoignages d’expériencesle rôle des adultesTémoignages d’expériences

p42 p44p53p54p62

Page 22: Apprendre à vivre ensemble

Il était une fois un jeune insouciant et joyeux. Un jour, il est blessé. Cette blessure non seulement lui fait mal mais elle change profondément son regard sur lui-même et sur les autres.

/42 / apprendre à vivre ensemble / autour de la frise du sChdong / présentation de la frise

Le troisième levier consiste à questionner les valeurs en vigueur dans l’environ-nement des jeunes. En effet, lorsqu’une bagarre démarre au sein d’un collège, c’est souvent l’occasion pour d’autres de venir s’en mêler et de mettre de l’huile sur le feu. Comme nous l’avons déjà souligné, du fait du poids du regard des autres, il est très difficile pour les protagonistes de s’arrêter. De la même façon, l’insulte est omnipré-sente et cette volonté de rabaisser l’autre est souvent significative d’un vrai déni de l’autre mais également parfois d’un grand manque de confiance en soi. L’idée dans cette deuxième partie est d’essayer de comprendre ce qui amène un certain nombre de jeunes à adopter ce type de comportement afin de pouvoir par la suite déjouer ces formes de cercle vicieux.

obJeCtifs> Se libérer du poids du groupe et du regard des autres. > Réfléchir aux insultes et plus largement à notre façon de nous adresser aux autres> Prendre conscience de notre fonctionnement et sortir des impasses (relationnel-les) dans lequelles nous nous trouvons parfois.

Pour constuire notre point de vue, nous nous appuierons sur la frise du Schdong qui représente de façon méta-phorique le parcours d’un jeune en difficulté. Elle a été construite après avoir interrogé des dizaines d’élèves dans différentes structures (écoles primaires, collèges, classe relais, SEGPA, Lycée professionnel, Centre d’In-sertion...) situées la plupart du temps en zone sensible.

il était une fois un schdong...

présentation de la frise du sChdong

Profondément choqué, pour ne pas souffrir à nouveau, notre ami va dans un premier temps se chercher une armure. Une fois qu’il l’a trouvée, un peu rassuré, il part en quête d’amis qui lui ressemblent.

Page 23: Apprendre à vivre ensemble

Avec son groupe d’amis, il fait de nouvelles expériences. Il fait l’imbécile, cherche le conflit, joue avec les limites. Il prend aussi un certain plaisir à se faire rejeter et à rejeter à son tour.

Espèce de

Mais le temps passe, à force de tirer sur la corde, celle-ci cède parfois. Les échecs s’accumulent, et ce qui l’amusait quand il était plus jeune commence à le lasser. Le soir quand il rentre chez lui, le doute vient parfois s’immiscer.

Avec ses potes, il commence à s’interroger sur son avenir. Il le sent, un jour, il faudra bien que leurs routes se séparent. Mais il n’est pas préparé à celà. Depuis longtemps en effet, il a appris à fonctionner, à réagir, à raisonner en groupe. Seul, il se sent mal à l’aise. C’est alors qu’il retrouve de vieilles peurs.

Un jour, il rencontre un adulte. Comme celui-ci est bienveillant tout en étant exigeant avec lui, peu à peu, notre héros reprend confiance en lui et dans les autres aussi. Il ote sa carapace, panse ses plaies. Il voit désormais la vie sous un jour nouveau. Ça y est, regardez, il vole de ses propres ailes !

FUTUR

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AVENIR

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Pour moi, la vie va commencer !

Page 24: Apprendre à vivre ensemble

/52 / apprendre à vivre ensemble / autour de la frise du sChdong / analyse de la frise

résumé des étapes de la frise du schdongBlessure initiale Mauvaise image de soi qui souvent se double de ressentiments à l’égard des autres on se blinde, on se protège indivi-duellement et aussi collectivement grâce au groupe Ensemble, on se construit de nouveaux repères, on fait de nouvelles expériences qui nous confortent dans notre vision du monde négative mais qui montrent néan-moins peu à peu leurs limites C’est alors le début du questionnement, des premières prises de conscience : on se rend compte qu’on a son che-min à faire dans la vie, et qu’il est unique. on sort du « nous » pour aller vers le « je ». Au départ, c’est douloureux car on retrouve ses vieilles peurs Mais on fait de nouvelles rencontres, et ces rencontres nous amènent peu à peu à modifier notre regard sur les autres, sur le monde, et sur nous mêmes on change, on devient acteur de sa propre vie.

Page 25: Apprendre à vivre ensemble

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témoignageCatherine Carpentier, Chargée de l’expérimentation des outils

auprès des publics adultes et adolescents

J’ai utilisé la frise du Schdong pour travailler directement avec des jeunes autour de leur parcours. Je l’ai employée également avec des professionnels pour leur permettre de travailler autrement avec leur public.

Il est difficile de choisir un seul exemple car les effets en terme de remobilisation, de développement des capacités à se projeter sont nombreux. A ce titre d’ailleurs, cette frise me semble particulièrement intéressante pour aborder le problème de l’orienta-tion en 3ème ou le projet personnel.

Un des exemples parmi les plus significatifs concerne un jeune qui avait atterri dans un Dispositif d’Insertion Professionnelle après quelques errements. Ce qui m’a frappée d’abord chez ce jeune comme chez beaucoup d’autres, c’est la vision très morcelée qu’il avait de son parcours, le sentiment de subir les événements, de ne pas avoir prise sur eux….

L’objectif du travail était d’abord de lui permettre d’appréhender son parcours dans sa globalité et éventuellement de l’aider à y mettre du sens. A la suite du divorce de ses parents, ce qu’il, selon ses propres termes « n’a pas vu venir », il a dû déména-ger et a ainsi perdu en même temps ses repères, ses amis pour se retrouver dans un collège beaucoup plus grand que le précédent. Là, il s’est senti seul, perdu, et a tout gardé pour lui. Il a perdu pied, ses notes ont chuté, il s’est davantage encore refermé sur lui-même. Il a alors redoublé sa 4ème dans un collège à taille plus humaine. Là, un des enseignants l’a beaucoup aidé à reprendre confiance en lui, les choses se sont améliorées. Mais à l’entrée au lycée professionnel, rebelote, il se sent mal, perdu et interrompt sa scolarité avant même de passer les examens. Au centre de formation, ça se passe plutôt bien mais dès qu’il doit partir en stage, c’est d’autant plus compliqué qu’il est dans une grande entreprise où là encore, il se sent… perdu. En revanche, lorsqu’il est dans une petite structure comme au centre de formation et lors de son dernier stage, il se sent plus à l’aise et se donne à fond.

Je me souviens encore de son regard qui s’est éclairé lorsqu’il a compris que les mêmes choses se rejouaient à chaque fois qu’il était confronté à un changement im-portant avec perte de repères, sentiment d’être seul, perdu.... Il a pu faire le lien avec ce qu’il avait vécu au moment du divorce de ses parents et du déménagement, cela lui a permis de se défaire du sentiment de subir les événements et de redevenir acteur de son histoire.

Page 26: Apprendre à vivre ensemble

/62 / apprendre à vivre ensemble / autour de la frise du sChdong / témoignages d’expérienCes

témoignages

Catherine Carpentier, Chargée de l’expérimentation des outils auprès des publics adultes et adolescentsÀ propos du rôle des adultes et de la frise du schdong

Dans le cadre d’une formation autour de la démotivation des stagiaires (C2RP), j’ai eu l’occasion de travailler avec des Compagnons du Devoir. En général, jusqu’à présent ceux qui s’inscrivaient en formation chez eux avaient un parcours souvent atypique et « en voulaient ». De même, les formateurs étaient arrivés là eux aussi à la force de leur caractère et en attendaient donc tout autant de leurs stagiaires quels que soient leur âge et leur parcours. Confrontés depuis peu à des problèmes de démotivation, les professionnels se sentaient démunis, impuissants et étaient en recherche d’outils pour agir sur la motivation de leur public. La frise du Schdong les a amenés à faire en quelque sorte un «pas de côté» en leur permettant d’appréhender autrement le parcours de ces jeunes, et donc de changer de regard sur eux et sur les manières d’agir sur leur motivation. Ils ont mesuré à quel point il était important de les aider à modifier l’image qu’ils avaient de leur parcours, des autres et d’eux-mêmes. Ils ont pris conscience que pour être en capacité de recevoir leur savoir et savoir faire, il fallait d’abord réconcilier ces jeunes avec les adultes et avec l’idée d’apprendre. On voit bien au travers de cet exemple qu’un des points forts de cette frise est le chan-gement de regard qu’elle permet : changement de regard sur la manière d’aborder les choses, changement de regard réciproque entre le public et le professionnel. Il permet d’amener progressivement des professionnels qui pensent souvent au départ que c’est seulement au public de changer, de mesurer l’influence de leurs propres fonctionne-ments et de leurs représentations sur leur public.

Céline Martineau, Chargée de l’accompagnement de jeunes en difficulté A., élève de CM2, un exemple emblématique

Leader, insolent, manipulateur, il cherche très souvent la bagarre, entraine les autres avec lui...Je le rencontre pour lui proposer de retracer son parcours à partir de la frise du Schdong. Lors de notre première séance, il se décrit comme un élève normal qui s’est bien bagarré quelques fois par le passé mais qui s’est depuis totalement repris. Cette description s’avère en complet décalage avec celle des adultes qui l’encadrent. Je lui explique qu’on ne peut pas travailler ensemble sur la base d’un tel déni. Je lui propose deux solutions : soit d’arrêter ce travail, en lui suggérant qu’il n’est peut-être pas assez mûr pour s’interroger véritablement sur lui-même (histoire de le piquer au vif, de le faire réagir). Soit de revenir la prochaine fois mais à la condition qu’il accepte de parler franchement de ses difficultés. La décision lui appartient...

Quand je le revois, il accepte de baisser sa garde, et se met à parler sincèrement. Il avoue voir la peur dans le regard des autres enfants, et ça lui fait mal de sentir qu’ils le « respectent » surtout parce qu’ils le craignent. Comme le temps de l’écho, un long silence suit cet aveu... Je vois dans ses yeux fixes qu’il prend soudainement conscience de cette impasse dans laquelle il se trouve. Il est ému, et en même temps très calme, comme soulagé d’avoir pu verbaliser sa difficulté. (...)

Page 27: Apprendre à vivre ensemble

/63 /

ConClusion Si le vivre ensemble est une question essentielle dans les structures édu-catives, elle est aussi délicate à aborder : certains professionnels redoutent d’aller sur des thèmes qu’ils ne maîtrisent pas, de ne pas savoir quoi faire de ce qui va émerger des échanges, ou craignent d’empiéter sur le terri-toire d’autres professionnels qu’ils estiment plus qualifiés ou mieux placés qu’eux pour ce type de travail. C’est pourquoi ils apprécient les supports composant l’outil pour leur côté à la fois concrets, attractifs et projectifs. En effet, les thèmes ne sont pas abordés frontalement : on travaille d’abord sur une histoire, une chanson qui parce qu’elle est projective amène à se questionner personnellement et à parler progressivement de soi. Ceux qui se sont emparé des supports nous disent également à quel point le fait d’avoir un référentiel commun avec les jeunes permet de développer la prévention. Dès l’amorce d’un conflit, faire référence aux histoires étudiées ensemble permet de se projeter dans l’issue probable et ses conséquences. Parfois, à l’inverse, c’est un événement qui four-nit l’opportunité d’aborder ces questions et d’utiliser les supports (voir témoignage p27).

Lors de ces diverses expérimentations, nous avons pu vérifier à plusieurs reprises que les supports créés avaient bien une dimension transversale, indépendamment de l’âge du public. Ainsi, comme il est dit plus haut, l’histoire de Boris et Igor a été fortement investie par de jeunes adultes. De la même façon, la grille du schdong, conçue initalement pour des pu-blics adolescents et adultes a permis à des jeunes de CM2 de se projeter autrement et de se représenter leur propre parcours avec un peu plus de recul. Elle les a aidés à s’identifier, à mettre des mots sur leur histoire, sur leur rapport aux autres (voir le témoignage d’Amar ci joint ). Idem pour les histoires et les chansons que l’on trouve dans le livret en annexe.

C’est pourquoi nous vous incitons à piocher dans cette malette au gré de vos envies, de vos besoins, et à utiliser l’ensemble de ces supports pour voir ce qu’ils génèrent au niveau de votre public, tant sur le plan indivi-duel que collectif.

Lorsque son enseignante entend son témoignage, elle est à son tour très émue de décourvir A. sous un autre jour : un jeune sincère et touchant. Ce nouveau regard bienveillant et valorisant qu’on porte sur lui l’encourage très vite à essayer de changer son rapport aux autres, à montrer autre chose de lui, à se dépasser. Avec son charisme de leader, il entraine toute son équipe derrière lui pour la rencontre sportive inter-quartier. Il joue les matchs avec un vrai fair-play, sans tomber dans les pièges de la provocation. Lorsque je lui propose de venir témoigner de son expérience à la mairie de Lille* de-vant une centaine d’inconnus, il est fier. Flippé mais très fier. Le micro dans les mains, la coeur battant, il se lance : « j’ai beaucoup aimé ce travail parce que ça m’a vrai-ment aidé à changer mon comportement ». * Lors de la remise du prix de la Fondation de France dans le cadre de son projet « S’unir pour agir »

Page 28: Apprendre à vivre ensemble

/06 //64 / apprendre à vivre ensemble / les fiChes pratiques

Page 29: Apprendre à vivre ensemble

Les fichespratiques

à photocopier !

troisiEmE pArtiEla bd de boris & igorLes étapes du conflitLa régulation du conflitla mise en place d’une médiationBrèves histoires de conflitIdentifier les émotionsdécrire les émotionsla frise du schdongsolutions

p66 p70p72p74p78p80p84p86p88

Page 30: Apprendre à vivre ensemble

/66 / apprendre à vivre ensemble / les fiChes pratiques / la bd de boris & igor

Qu'est-ce qu'il me veut

lui ?!!!Et d'abord, c'est quoi ce regard

?

Il a une tête qui ne

me revient pas ce...

Il commence à me plaire

lui !...

HÉ VENEZ LES

KEUMS ! ÇA SENT LA BASTON !

T’as un

problème ??

Ce matin là, Boris et Igor ne sont pas à prendre avec des pincettes. La preuve !

Quoi ?!! C’est comme ça qu’tu

me réponds !! Espèce de

HEy VENEZ

VOIR, ÇA COMMEN-

CE !

Mais... Mais qu'est-

ce que je vois ?!! Vous n'avez pas

honte !!!

Allez ouste, je ne veux pas

savoir qui a commencé ! Vous êtes punis tous les

deux !

C'est toujours pareil

dans cette école !

Je m'en fous,

je l'aurai plus tard...

J’t’ai pas sonné toi !

Espèce de bouffon !C’EST QUI ?

C’EST BORIS ET IGOR !

VAS y IGOR, CHOPE LE !

ENVOIE LE à L'HOSPICE

BORIS !

la bande dessinée de boris et igor

Page 31: Apprendre à vivre ensemble

/67 /

à la sortie, il le rejoint et s’empresse de lui raconter son embrouille en grossissant les faits.

La journée passe ainsi sans que rien ne se règle entre eux. Pendant la cantine, Boris a envoyé en douce un SMS à son cousin Sergueï...

Alors ! C’est toi qui a

frappé mon cou-sin ?

Sergueï, qui n’a pas grand chose à faire saute sur l’occasion.

Je m’en fous ! Tu vas

voir ! J’vais prévenir mon frère et ses

potes...Vas-y,

j’les attends !

Peu de temps après, en effet, Igor raconte l’histoire à son frère Dimitri, en exagérant lui aussi quelque peu !

lA Bd

dE Bor

is & iG

or

Page 32: Apprendre à vivre ensemble

/68 / apprendre à vivre ensemble / les fiChes pratiques / la bd de boris & igor

Dimitri devient fou de rage en entendant la version d’Igor. Lui aussi va s’en méler et ça va faire des étincelles !

Tu vas voir sale...! Je me vengerai !!!

Un peu plus tard dans la journée... Chacun rameute ses troupes...

Le rendez-vous a lieu dans un endroit neutre, square Gagarine.

Et c’est parti mon kiki !!!

PIF !

PAF !

AÏÏÏÏE !

BoUM !

Avec yvan son pote, il font passer un mauvais quart d’heure à Sergueï.

Page 33: Apprendre à vivre ensemble

/69 /

Ben... j’sais plus...

Oui, il est sorti d’af-

faire. Il se remet petit à petit.

Ton cousin va mieux ?

Au fait, c’était

quoi l’histoire au départ ?!

FIN

Quelques jours plus tard...

Igor lui aussi est ému... Il a un peu honte.

Tout a une fin. Chaque camp repart clopin clopant. Malheureusement, un jeune reste à terre... C’est Sergueî.

Boris est bouleversé de voir son cousin dans cet état.

lA Bd

dE Bor

is & iG

or

Page 34: Apprendre à vivre ensemble

/84 / apprendre à vivre ensemble / les fiChes pratiques / les émotions

déCrire les émotionsimagine que tu sois ce personnage : raconte un souvenir personnel en rapport avec chacune de ces émotions.

la peur

la joie

la colère

la tristesse

Page 35: Apprendre à vivre ensemble

/85 /

lEs émot

ions

la surprise

la honte

le dégoût

Page 36: Apprendre à vivre ensemble

/90 / apprendre à vivre ensemble

remerCiements

Cette Recherche action n’a été possible que grâce au soutien actif et constant de nos trois partenaires : le Conseil Régional du Nord-Pas de Calais, le Conseil Général du Nord et l’ACSÉ Délégation Régionale Nord-Pas de Calais. À ces partenariats qui durent depuis plusieurs années s’est ajouté le soutien de la ville de Rou-baix qui est devenue depuis 3 ans un de nos partenaires privilégiés.Merci aussi à la ville de Lille pour les expérimentations.

Un grand merci aussi à la Fondation de France qui nous a permis en 2005 d’éditer une première édition de cet outil et qui nous a honorés des prix Départemental, Régional et National en 2007 pour cette action.Un grand merci aussi à la Fondation SFR qui nous permet d’éditer aujourd’hui cet outil dans sa version défi-nitive. Merci aussi à la Malterie pour son soutien et à Fleurus’ Copy pour sa disponibilité.

Un grand merci également à toutes les équipes des structures concernées par cette action, à savoir : - L’école Launay de Lille, Anne Laplace, la Directrice et l’équipe éducative. Merci également à Sophie Lépine. Un merci tout particulier à Véronique Dubois pour son implication et sa participation au comité de lecture. - L’école St Exupéry de Lille, Monique Lefever, l’ancienne Directrice, et Isabelle Savary l’actuelle Directrice, ainsi qu’à toute l’équipe éducative. Merci tout particulier à Ingrid Gilquin, Marie Bernard et Patricia Minard pour leur implication.- L’école Lamartine de Lambersart, à Carole Noyelle, la Directrice de l’époque et l’équipe éducative.- Les collèges Descartes (particulièrement Thérèse Filipic et Anny Courtens) et Debeyre (particulièrement Do-minique Ghier et Martine Aubin) ainsi que le Lycée Professionnel Duhamel de Loos (en particulier Murielle Dequidt).- Le collège Jean-Jacques Rousseau de Roubaix, en particulier Soraya Bach, Leïla Agouni et Malika Moulay.- La classe relais Sévigné de Roubaix, Francine Duquenne (éducatrice PJJ), Philippe Laheyne (instituteur spécialisé) et Rachid Chabanne (aide éducateur), ainsi que tous les élèves de cette classe que nous avons pu croiser entre 2000 et 2003 et qui nous ont permis à la fois de créer de nombreuses chansons individuelles très fortes, mais aussi d’avancer dans notre réfléxion sur cette thématique.- Le Réseau LIRE du Valenciennois, particulièrement le CAPEP d’Anzin (Marie Sirven et Carole Montarron). Merci au C2RP d’avoir financé cette expérimentation. - Le CIBB des Bois Blancs. - Les collèges Van Der Meersch et Samain de Roubaix.

Un grand merci également aux équipes des structures concernées par les chansons LTE qui sont présentées dans le livret audio, à savoir : - L’AGSS de l’UDAF, Mme Marie-Christine Leers et l’équipe éducative, ainsi que Jean-Christophe, l’interprète de la chanson « Dur de construire sa vie » (piste 2)- Le Collège Camille Claudel, son ancien principal M. Scodélaro, ainsi que les enseignants, élèves, et agents techniques qui ont participé à la création de la chanson « Les étiquettes » (piste 3)- Le CIDF de Tourcoing / Roubaix, les formatrices ainsi que le groupe de jeunes femmes qui ont participé à la création de la chanson « Comme si » (piste 4)- Le Lycée Professionnel de Loos, la formatrice Murielle, ainsi que tous les élèves de la section Carrelage qui ont participé à la création de la chanson « Fiers de mes mains » (piste 5)- Le Cueep de Tourcoing, les formatrices, ainsi que le groupe de 13 femmes et 2 hommes qui ont participé à la création de la chanson « Courage » (piste 6 )

Un merci tout spécial à Laurence Scheibling, enseignante spécialisée (UPI ) pour sa participation et son soutien constant et régulier (tant au niveau des expérimentations qui ont pu être faites dans sa classe qu’au niveau du comité de lecture mis en place...).

Page 37: Apprendre à vivre ensemble

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petite bibliographie

à propos des émotions« La force des émotions », François Lelord et Christophe André, chez odile Jacob« Que se passe t-il en moi ? », Isabelle Filliozat, chez Marabout Editions« L’intelligence émotionnelle », Daniel Goleman, chez Psychologies

autres sources d’inspiration...« Lettres à un jeune poète », Rilke, chez GF Flammarion« Commentaire sur le mystère de la fleur d’or », CG Yung, chez Albin Michel« L’homme à la découverte de son âme », CG Yung, le Grand Livre du Mois« Un clavier pour tout dire », Anne-Marguerite Vexiau, chez Desclée de Brouwer« Le symbolisme du corps humain », Annick de Souzenelle, chez Albin Michel« La parole au coeur du corps » Annick de Souzenelle et Jean Mouttapa, chez Albin Michel« Dictionnaire des Mythologies », sous la direction de Yves Bonnefoy, chez Flammarion« Aspects du mythe », Mircéa Eliade, chez Folio« Dictionnaire des symboles », Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, chez Robert Laffont« L’essentiel de la sagesse amérindienne » aux Presses du Châtelet« La souffrance muette de l’enfant », Alice Miller, chez Audibert« Préceptes de vie issus de la sagesse amérindienne », Jean Paul Bourre, chez Points« Ces enfants malades de leurs parents », Anne Ancelin-Schützenberger, chez Payot« Aïe, mes aïeux ! », Anne Ancelin-Schützenberger, chez Desclée de Brouwer« Repris de justesse », Yazid Kherfi, aux éditions la Découverte« L’art de mourir », Marie de Hennezel et Jean-Yves Leloup, chez Pocket« La colère », Tchich Nhat Hanh, chez Pocket« Yung et la question du sacré », Ysé Tardan-Masquelier, chez Albin Michel« Le harcèlement moral », Marie-France Hirigoyen, chez Pocket

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/92 / apprendre à vivre ensemble

Page 39: Apprendre à vivre ensemble

Chez le même éditeur> pour adultes

la collection Les enquêtes du Professeur Zoulouck Zoulouck et les Pratiques alimentairesZoulouck et la Parentalité

> pour enfantsLa révolte des légumes

lte editions187 boulevard Victor Hugo - 59000 LilleTél : 03.20.30.86.56www.laissetonempreinte.fr

Achevé d’imprimer en Juillet 2009sur les presses de Fleuru’s Copy59000 LilleDépôt légal : juillet 2009

ISBN 978-2-918571-00-1© 2009 LTE Editions Illustration de couverture, Boris & Igor, la frise du Schdong : Matthieu Bouyer

Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement des auteurs, ou de leurs ayants droit ou ayants cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinée 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constiturait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

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Juillet 2009 © lte editionsTous droits de l'éditeur et du propriétaire de l'oeuvre réservés. Sauf autorisation, la duplication ou le prêt de cette oeuvre sont interdits.

Ce manuel pédagogique est édité par Laisse Ton Empreinte grâce au soutien de la Fondation SFR et des partenaires de l’association : le Conseil Général du Nord, le Conseil Régional Nord-Pas de Calais, l’ACSE Délégation régionale Nord-Pas de Calais, la ville de Roubaix. Merci à la Malterie pour son soutien.Merci aussi à Fleurus’ Copy pour sa disponibilité.

laisse ton empreintecontact@laissetonempreinte.frwww.laissetonempreinte.frAuteur > Luc Scheiblingavec la participation de Céline Martineau et Catherine CarpentierIllustrations > Matthieu Bouyer

Nous sommes actuellement dans un monde en mutation, instable, difficile à appréhender. Il y a beaucoup d’inquiétudes, d’angoisses, de sentiments d’in-sécurité autour de cette mutation. Les repères (économiques, psychologiques, techniques, etc) sont en train de bouger, on le voit bien. on ne sait pas vrai-ment sur quoi tout cela peut déboucher. on est tous insécurisés par ce manque de visibilité, cette peur de l’avenir. C’est particulièrement flagrant chez nos enfants. on voit bien qu’ils sont eux aussi en « mutation », qu’ils développent de nouveaux types de comportement, font preuve d’une impulsivité, d’une réactivité parfois déroutante. Bref, qu’ils sont un peu perdus, en quelque sorte à l’image de ce monde instable et bouillonnant. L’objectif de ce manuel est à la fois d’amener des pistes de réflexion transver-sales sur ces questions mais également de proposer des supports pratiques qui permettent de travailler concrètement la question du mieux vivre ensemble.

37,50 €ISBN 978-2-918571-00


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