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Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale

LARES – Bénin : Bio Goura SOULE, Faridath ABOUDOU, Sanni GANSARI, Moubarakatou TASSOU, Joël D. YALLOU

Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du manioc au Bénin

C V A

Septembre 2013

Producteurs

Commerçants

Transformateurs

Consommateurs

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RESUME

La chaine de valeur manioc joue aujourd’hui un rôle prépondérant dans l’économie 1.agricole en général et dans l’alimentation des populations du Bénin et des autres Etats de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons étudié les modalités de cette chaine de valeur afin de disposer des éléments permettant d’estimer son importance, sa structure et sa dynamique. Les données présentées ont été recueillies au cours de différentes enquêtes réalisées en milieux rural et urbain sur des échantillons représentatifs de différents groupes de population. Nous avons aussi eu recours à la littérature existante au Bénin sur la filière manioc en général et sur les différentes chaines de valeur en particulier.

L’analyse des données montre que, le manioc et ses dérivés destinés à la consommation 2.

alimentaire, aux industries et à la consommation animale représentent des volumes significatifs. Le bilan vivrier national pour le manioc met en évidence un solde disponible de l’ordre de 1360 000 tonnes, après déduction des pertes post récolte (30%) et des besoins de consommation sous diverses formes (estimation de l’ONASA) dans chacune des régions du pays. Il existe donc une opportunité très intéressante de développement significatif de la filière, à la fois pour la sécurité alimentaire des grands centres urbains et pour l’exportation.

Figure 1 : Estimation du solde vivrier du manioc en 2010.

Source : d’après les données de l’ONASA et de l’INSAE.

Compte tenu de sa haute périssabilité, Le manioc frais est très transformé en divers 3.produits dérivés dont le gari, le tapioca, le lafun, et l'amidon pour être vendu sur le marché. Environ 90% du manioc récolté chaque année au Bénin ferait l’objet de transformation en divers sous-produits. La plupart des unités de transformation utilisent des méthodes artisanales. Des usines spécialisées de taille moyenne transforment le manioc en de produits de grande qualité, destinés à l’exportation. La consommation humaine est faite sous plusieurs formes : manioc frais, gari et cossettes. D’importantes

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variations au niveau des fréquences de consommation des dérivés du manioc ont été constatées entre zones enquêtées.

L’analyse du fonctionnement du système d’approvisionnement des produits dérivés du 4.

manioc destinés à l’alimentation révèle une organisation qui implique un certain nombre d’acteurs réunis au sein de différents réseaux d’échanges. Les commerçants grossistes et les consommateurs sont au centre du système. Les circuits nationaux de commercialisation font apparaitre deux principaux pôles impliquant les deux plus importants marchés de négoce des produits vivriers du pays : Cotonou et Malanville.

Les échanges extérieurs des produits dérivés du manioc s’organisent autour de trois pôles 5.

dont le Nigéria, les pays sahéliens et les pays de l’Afrique centrale. Les produits les plus échangés sont le gari et les cossettes. La grande partie de ces échanges sont fondées sur des relations de clientélisme sans exigence du respect des normes légales. Le volume des échanges est en progression ces dernières années, mais reste en dessous des capacités du faite de la faible compétitivité des produits du manioc sur les marchés de la sous régions.

La chaine de valeur manioc mobilise une main d’œuvre relativement peu qualifiée. La 6.

main-d’œuvre familiale est dominante dans les exploitations et utilisée pour toutes les opérations culturales et de transformation post-récolte. Elle est suivie de la main-d’œuvre salariée. Les femmes sont les principaux acteurs au niveau des maillons transformation et commercialisation. Elles représentent plus de 70 % de l’ensemble des chaines de valeur, avec une pointe de plus de 85 % aux niveaux des segments de transformation et de distribution du produit.

La rentabilité des différents maillons confirme les résultats des travaux antérieurs. En effet, 7.

ce sont les maillons de transformation et de commercialisation qui présentent les meilleures performances. Les marges brutes dégagées par les différents acteurs sont variables selon les produits et les zones. Le tapioca apparait comme le produit le plus rentable par unité, mais il est loin d’être le produit phare de la transformation, qui dans toutes les régions est dominé par le gari.

Les perspectives de développement du manioc sont bonnes. Elles tiennent à plusieurs 8.

facteurs, notamment la croissance démographique encore très forte (3,5%) par an, depuis une dizaine d’années ; l’existence d’importantes marges de productivité et l’expansion du marché national et régional, notamment pour les produits intégrant plus de valeur ajoutée.

L’expansion de la production dépend de la mise en place de politiques agricoles qui 9.

permettent de déployer des mesures incitatives tant à l’endroit des producteurs (fourniture de matériel végétal approprié, lutte contre les prédateurs), des transformateurs/industriels (appui à la mise en place d’unités performantes), et les commerçants (professionnalisation, normalisation et standardisation des produits).

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Table des matières Résumé .................................................................................................................................................... 2

I. Introduction .......................................................................................................................................... 7

II. Méthodologie ...................................................................................................................................... 9

1. Unité de recherche .................................................................................................................... 11 2. Echantillonnage ......................................................................................................................... 11 3. La collecte des données ............................................................................................................ 14 4. Unités de mesures et correspondances .................................................................................... 15 5. Méthode d’analyse des données .............................................................................................. 16 6. Difficultés rencontrées .............................................................................................................. 17

III. Caractéristiques socio-démographiques des ménages ............................................................. 17

IV. Caractérisation de la production du manioc ............................................................................. 17

V. Description des systèmes de production ...................................................................................... 21

1. Compte d’exploitation des systèmes de production ................................................................ 23 2. Analyse de la main d’œuvre ...................................................................................................... 26 3. Principales contraintes liées à la production du manioc ........................................................... 26

VI. Transformation du manioc en ses dérivés ....................................................................................... 27

1. La transformation artisanale ..................................................................................................... 28 2. Les secteurs semi-industriel et industriel .................................................................................. 31 3. Matières premières et sources d’approvisionnement des unités de transformation .............. 32 4. Typologie des unités de transformation ................................................................................... 32 5. Marchés d’écoulement des dérivées de manioc ....................................................................... 33 6. Analyse des comptes d’exploitation des unités de transformation du manioc ........................ 35 7. Analyse de la main d’œuvre ...................................................................................................... 39 8. Les principales contraintes à la transformation du manioc ...................................................... 40

VII. Caractérisation DE la demande de manioc et ses dérivés .............................................................. 42

1. La demande de produits de manioc destinée à la consommation alimentaire ........................ 42 2. Utilisation industrielle des dérivés du manioc .......................................................................... 43 3. Consommation animale ............................................................................................................ 43

VIII. Dynamique des échanges .......................................................................................................... 44

1. Caractérisation des flux commerciaux du manioc et de ses dérivées ...................................... 44 2. Le marché intérieur ................................................................................................................... 44 3. Le marché extérieur .................................................................................................................. 45 4. Circuits de commercialisation du manioc frais et de ses dérivés .............................................. 45 5. Volumes entrant et sortant (flux) .............................................................................................. 48

IX. Caractérisation des segments et acteurs clés de la chaîne de valeur manioc .......................... 50

X. Le segment de la production ......................................................................................................... 51

XI. LE SEGMENT DE La transformation ........................................................................................... 51

XII. le segment de la commercialisation .......................................................................................... 52

1. Compte d’exploitation de la commercialisation du manioc et ses dérivées ............................. 54 2. Analyse de la main d’œuvre ...................................................................................................... 55 3. Les principales contraintes à la commercialisation ................................................................... 56 4. Analyse de la structure des prix du manioc et de ses dérivées ................................................. 57 5. Le processus de formation des prix ........................................................................................... 59 6. Evolution du prix du manioc et de ses dérivés .......................................................................... 60 7. Caractériser la consommation du manioc et ses dérivés .......................................................... 60 8. Les différentes formes de consommation ................................................................................. 61

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9. Les préférences des consommateurs des dérivés du manioc ................................................... 63 10. Conclusion : Perspectives et opportunités de développement de la chaîne de valeur manioc 63

VIII. Références bibliographiques ..................................................................................................... 65

IX. Annexe ....................................................................................................................................... 67

Liste des tableaux Tableau 1 : Les composants nutritifs du manioc frais ............................................................................. 8 Tableau 2 : Echantillonnage de l'enquête CVA...................................................................................... 12 Tableau 3 : Répartition des enquêteurs ................................................................................................ 14 Tableau 4 : Correspondances des principales unités de mesures utilisées par les commerçants (es) 16 Tableau 5 : Les mesures locales et leurs correspondances dans les unités de transformation ........... 16 Tableau 6 : Bilan vivrier en 2010 ........................................................................................................... 18 Tableau 7 : Répartition spatiale de la production du manioc au Bénin ................................................ 20 Tableau 8 : Production du manioc frais par habitant et par zone en 2010 ........................................... 21 Tableau 9 : calendrier agricole et de transformation au Sud du Bénin................................................. 22 Tableau 10 : Superficie et production moyennes par variété de manioc réalisées, par Commune et par ménage enquêté (en ha et en tonnes) .................................................................................................. 23 Tableau 11 : Amortissement des équipements utilisés pour la production d’un hectare (ha) de manioc ............................................................................................................................................................... 24 Tableau 12 : Compte d’exploitation de la production d’un hectare manioc frais à Adja-Ouèrè (Sud-Est) ............................................................................................................................................................... 24 Tableau 13 : Compte d’exploitation de la production d’un hectare de manioc frais à Ouègbo (Sud) . 25 Tableau 14 : Quantités (kg) moyenne de manioc frais transformées en divers dérivés par les entreprises artisanales et semi-artisanales enquêtées ......................................................................... 28 Tableau 15 : Distribution des unités de transformations enquêtées selon l’importance de leur production ............................................................................................................................................. 30 Tableau 16 : Provenance du manioc transformé en 2011et 2012 par les unités transformation enquêtées .............................................................................................................................................. 32 Tableau 17 : Quantités (T) de dérivés commercialisées par les unités enquêtées selon les débouchés en 2012 .................................................................................................................................................. 34 Tableau 18 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de gari à Adja-Ouèrè .................... 36 Tableau 19 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de gari à Ouegbo ......................... 37 Tableau 20 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de tapioca à Adja-Ouèrè .............. 38 Tableau 21 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de tapioca à Ouègbo ................... 39 Tableau 22 : Quantité (kg) commercialisée du manioc et de ses dérivés par zone enquêtées ............ 48 Tableau 23 : caractérisation des flux des produits du manioc sur les marchés nationaux (relevés de deux foires successives de périodicité moyenne de 5 jours en juin 2013) ........................................... 49 Tableau 24 : quantités moyennes (T) des produits du manioc acquis par les différents acteurs du circuit de commercialisation (relevés de deux foires successives de périodicité moyenne de 5 jours en juin 2013) ............................................................................................................................................... 53 Tableau 25 : Compte d’exploitation de la commercialisation d’une tonne de chacun des principaux dérivés du manioc sur le marché de Malanville .................................................................................... 54 Tableau 26 : Compte d’exploitation de la commercialisation d’une tonne de chacun des principaux dérivés du manioc sur le marché de Dantokpa ..................................................................................... 55 Tableau 27 : Evolution des prix moyens annuels du kg du manioc et ses dérivés de 2006 à 2012 à Cotonou ................................................................................................................................................. 60 Tableau 28: Quantités (kg) des produits et de plats servis par jour dans les restaurations ................. 62 Tableau 29 : Quantité de gari vendue ................................................................................................... 67

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Tableau 30 : Quantité de tapioca vendue ............................................................................................. 67 Tableau 31 : Bilan vivrier (2012) du Bénin ............................................................................................ 68 Tableau 32 : Quantité de cossette de manioc vendue .......................................................................... 68 Tableau 33 : Quantité de lafun vendue ................................................................................................. 68 Tableau 34 : Quantité (kg) moyenne consommée du manioc et de ses dérivés .................................. 69 Tableau 35 : Prix des produits du manioc et dérivés dans sur les marchés enquêtés .......................... 69 Liste des figures Figure 1 : Estimation du solde vivrier du manioc en 2010. ..................................................................... 2 Figure 2 : Nombre de personnes interrogées lors des focus-groupes .................................................. 12 Figure 3 : Quantités (kg) moyennes des dérivés de manioc produits en 2011 et en 2012 par les unités artisanales et semis-artisanales enquêtées .......................................................................................... 29 Figure 4 : Quantités (l) d’alcool à base de manioc fabriqué en 2011 et en 2012 par l’usine chinoise de Logozohè (Savalou) ............................................................................................................................... 30 Figure 5 : Quantités (kg) de produits dérivés vendus selon les lieux de commercialisation par les unités de transformation ...................................................................................................................... 35 Figure 6 : Evolution et répartition par sexe des membres des unités de transformation .................... 40 Figure 7 : Les fluctuations du prix du gari au marché Dantokpa à Cotonou ......................................... 57 Figure 8 : Prix comparés de quelques produits vivriers sur les marchés de Cotonou et de Malanville 58 Figure 9 : Evolution comparée des prix de gari, du maïs et du riz au marché Dantokpa de 2006 à 2012) ...................................................................................................................................................... 59 Liste des cartes Carte 1 : Communes enquêtées ............................................................................................................ 15 Carte 2 : Répartition de la production du manioc frais ......................................................................... 19 Carte 3 : Circuits de commercialisation du manioc frais et de ses dérivés ........................................... 47 Liste des photos Photo 1 : Racines de manioc ................................................................................................................... 8 Photo 2 : Champ de manioc .................................................................................................................. 20 Photo 3 : Les boutures sélectionnées.................................................................................................... 26 Photo 4 : Bassines de cossettes de manioc ........................................................................................... 27 Photo 5 : Groupement de femmes de l'ONG ADJS ............................................................................... 29 Photo 6 : Points de vente des dérivés du manioc ................................................................................. 33

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I. INTRODUCTION

La structure du secteur agricole béninois est longtemps demeurée mono-morphique et 10.dominée par la culture du Coton. Depuis une dizaine d’années, les crises cotonnières et celles alimentaires de 2007 et 2008, qui ont secoué les économies des Etats africains et particulièrement celle du Bénin, ont suscité un regain d’intérêt des politiques et praticiens aux productions vivrières pour assurer la disponibilité alimentaire et la diversification des sources de revenus. En outre, dans le cadre de la contribution à la réalisation des objectifs nationaux de développement en termes d'amélioration des revenus agricoles, la satisfaction des besoins de base, la diversification et l'intensification de la production agricole, la promotion du secteur des cultures vivrières a été retenue comme une des priorités majeures du Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA). En effet, la structure alimentaire actuelle du Bénin le rend fortement dépendant des importations du riz en dépit de la diversité des cultures et de la croissance de la production des autres spéculations vivrières.

Le manioc constitue l'une des principales cultures prioritaires identifiées par le 11.gouvernement du Bénin dans le Programme Spécial de Relance du Secteur Agricole. Le cas du manioc paraît exceptionnelle, car jusque-là utilisé en période de pénurie de céréales, cette spéculation a pris une importance significative dans l'alimentation de la population et représente 54% de la production nationale (MAEP, 2006). Il est disponible dans les champs tout au long de l'année et pourrait être déraciné pour toute utilisation à tout moment. De plus, les produits alimentaires à base de manioc (gari, tapioca, Lafun et autres) sont parmi les produits que le Bénin exporte sur le marché régional.

Dans le contexte actuel, le sous-secteur manioc constitue une composante importante de 12.l’économie agricole du Bénin. Il joue un rôle déterminant en termes de :

• Sécurité alimentaire : le manioc, de par son potentiel de productivité, pourrait

répondre à une demande croissante en produits alimentaires des pays en pleine explosion démographique, à l’instar de celui que connaît actuellement l’Afrique de l’Ouest. Ce qui permettrait d'éviter une augmentation des importations alimentaires et de réduire la dépendance alimentaire ;

• Création d’emplois aux groupes vulnérables dont les jeunes et les femmes : En effet, la production, la transformation et la commercialisation du manioc et de ses dérivés fait intervenir un nombre important de personnes essentiellement constitué des jeunes déscolarisés et de femmes qui travaillent individuellement ou en groupement. Plus de 500 000 producteurs pratiquent la culture du manioc dans toutes les régions du pays. Plus de 700 000 femmes sont engagées dans les activités de transformation et de commercialisation dans l’ensemble du pays. Si l’on ajoute tous les métiers annexes qui se rattachent à cette activité, c’est plus de 1 500 000 emplois permanents et saisonniers, dont plus de 70% sont exercés par les femmes qui découlent des différentes chaines de valeur du manioc (Soulé B. G. et al, 2008);

• Soutien à la croissance économique : la demande internationale de certains dérivés

de manioc (amidon et cossettes) est en forte croissance. Le positionnement des produits du Bénin sur ce marché constituera une opportunité pour diversifier les sources de devises étrangères du pays.

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Selon une récente étude du ministère béninois de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, 13.le manioc est la plante à racine la plus cultivée et la plus consommée dans les milieux ruraux et périurbains. Sa culture est faite dans toutes les régions du Bénin. Le manioc s’adapte en effet à tous les écosystèmes du Bénin. Cette spéculation a le double avantage d'être aussi bien une culture vivrière que de rente.

Le manioc revêt un fort potentiel nutritionnel 14.et bénéficie de techniques de transformation, qui permettent de lutter contre la périssabilité du produit. Ainsi, 70% de la production (MAEP/ONASA) est transformée par des méthodes artisanales et semi-industrielles en de nombreux produits : le gari, le fufu, le lafun, le tapioca, l’attiéké, la cossette de manioc ou encore la farine de manioc ou l’amidon. Le gari est l'un des principaux dérivés du manioc. C'est le dérivé du manioc qui est le plus consommé dans toutes les régions du pays. Pour les uns, c'est le deuxième aliment de base après le maïs dans le sud Bénin (Mondjannagni, 1977), alors que pour d'autres, il nourrit régulièrement près 60% des béninois (Devautour 1981). La composition de la racine du manioc est présentée dans le tableau ci-après.

Tableau 1 : Les composants nutritifs du manioc frais Eléments Manioc non pelé Manioc épluché Eau (%mh) 68,1 71,5 Matière sèche (%mh) 31,9 28,5 Glucides (%ms) 92,1 90,80 Lipides (%ms) 0,65 0,65 Protéines (%ms) 2,33 1,66 Cendres (%ms) 2,89 5,23 Fibres brutes (%ms) 1,95 1,60

Source : Adapté d’après OYENUGA V. A. 1955, mh = matière humide, ms = matière sèche.

En dehors de la consommation, le manioc et ses dérivés sont produits principalement pour 15.le marché. Le manioc est utilisé en industrie pour la fabrication de l’amidon et comme un substitut du blé dans la fabrication du pain et des biscuits. Le manioc frais étant très périssable, sa commercialisation s’avère difficile dans la sous-région ouest africaine. Il est seulement destiné aux marchés locaux situés à proximité des zones de production. Par contre, les principaux dérivés du manioc, font l’objet d’échanges et sont écoulés vers les marchés régionaux : Burkina Faso, Niger, Mali et exportations hors de l’Afrique de l’ouest (Gabon, République Démocratique du Congo et République Centrafricaine). Avec un excédent de plus de 800.000 tonnes de manioc frais, le Bénin possède une capacité potentielle de production de plusieurs milliers de tonnes de gari supplémentaire et autres dérivés. Cette situation offre une opportunité au Bénin de se positionner sur les marchés régionaux et internationaux, avec des produits de qualité afin d’impulser une nouvelle dynamique aux exploitations productrices de manioc et de ses dérivés.

Photo 1 : Racines de manioc

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Cette importance du manioc s'est traduite par la mise en place d'un certain nombre de 16.projets et de programmes de promotion des plantes à racines et tubercules dont le manioc. Hormis les programmes de recherche pilotés par l’INRAB avec l’appui technique de l’IITA, les autres visent l’amélioration de la productivité, de la production et l’amélioration des revenus des producteurs agricoles, des transformateurs et des négociants. Il s’agit du Programme de Développement des plantes à Racines et Tubercules (PDRT), et de celui du Développement de la Filière Manioc (PDFM). Le premier est financé par la BOAD et le FIDA, le second par le budget national.

Les actions de ces différents projets ont largement contribué à impulser la culture de cette 17.racine au Bénin. Ainsi, la production du manioc a connu une croissance assez rapide au cours de cette décennie, grâce à l’effet conjugué d’une amélioration du rendement et l’élargissement des surfaces cultivées. Le volume de la production est passé de 2,35 millions de tonnes en 2000 à 3,7 millions de tonnes en 2011, soit une augmentation de 60% en dix années. Dans le même temps, les superficies emblavées pour la culture du manioc n’ont pas considérablement progressé et sont en moyenne de 250.000 ha par an. Les rendements ont légèrement progressé, passant d’une moyenne de 15 tonnes à 17 tonnes à l’hectare. Ces rendements restent en deçà du potentiel du pays.

Le développement de la culture du manioc a permis de multiplier les sous-produits (cas de 18.l’amidon et de la farine panifiable) issus de cette racine. Cependant, la qualité des produits n’a pas enregistré une amélioration sensible. En effet la faible adoption des équipements mécaniques de transformation, l’absence de contrôle de qualité et de normes précises de fabrication des produits n’ont pas permis d’obtenir des produits de bon standard, normés et certifiés. Les technologies de transformation restent essentiellement traditionnelles. Or, la demande régionale en produits dérivés de manioc demeure importante et rien ne laisse croire à une inversion de cette tendance dans les années à venir. Le Bénin gagnerait donc à promouvoir le manioc tant pour la sécurité alimentaire que pour la relance de l’économie nationale. Pour rendre ce secteur compétitif sur le marché régional et international, il est indispensable d’identifier et d’accompagner les différents segments de la chaîne de valeur et d’assurer une production de qualité à un prix compétitif.

Ce document vise à fournir une analyse descriptive de la structure et de la dynamique de la 19.chaîne de valeur manioc au Bénin pour mettre en évidence les liens qui existent entre les marchés d’approvisionnement et les marchés de consommation. Les analyses s'appuient sur des données provenant de diverses sources, y compris une série d'enquêtes nationales sur les ménages agricoles, des entretiens avec les unités de transformation de manioc et les commerçants dans les grandes zones de production au Bénin.

Les données provenant du suivi des marchés ont été également exploitées. Le document 20.décrit la structure actuelle du marché et la dynamique des acteurs de la chaîne de valeur. Il expose également les principales possibilités et les contraintes potentielles à la croissance de la Chaine de Valeur du manioc. Cette étude est commanditée par MSU via le projet de promotion des chaînes de valeurs en Afrique de l’Ouest financé par le FIDA.

II. METHODOLOGIE

L’orientation de cette étude lui confère un caractère descriptif et analytique. Il s’est agit 21.de collecter et d’analyser des données aussi bien qualitatives que quantitatives, primaires

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que secondaires, ce qui exige une combinaison de méthodes. La méthodologie utilisée s’inscrit dans une approche de recherche basée sur :

a. une approche historique qualitative, qui décrit les actions antérieures engagées au

Bénin dans la chaîne de valeur manioc et les résultats obtenus en se basant sur une revue de la littérature, sur les interviews et les expertises des acteurs institutionnels impliqués dans la CVA manioc. Cette approche a permis de consolider les questionnaires et de mieux interpréter les résultats des analyses quantitatives.

b. une approche interactive basée sur la collecte de données qualitatives et quantitatives

pour apprécier la structure et la dynamique de la Chaine de Valeur Ajoutée du manioc. L’étude s’est déroulée en plusieurs phases pour rassembler les informations nécessaires à 22.l’analyse.

a. La première phase a été consacrée à l’approfondissement de la littérature par une analyse des données secondaires disponibles pour mieux qualifier l’état de la dynamique de la chaîne de valeur manioc au Bénin en terme de production, transformation, mise en marché, prix, préférence des consommateurs et les types d’emplois générés. Cette phase a servi à compléter le premier document produit dans le cadre de cette étude. Elle s’appuie sur plusieurs sources :

i. documents traitant globalement de la question de la chaine de valeur manioc

(rapports de projets, d’Organisations Non Gouvernementales ou d’organisations internationales et régionales, publications scientifiques, mémoires, et compte-rendu de séminaires, études, etc.),

ii. études de filières nationales ou régionales (documents de projet, études de faisabilité, capitalisations, etc.),

iii. documents de politique et programmes d’action de la CEDEAO, de l’UEMOA, d’organisations professionnelles agricoles régionales, etc.

b. le traitement des données statistiques émanant tant des services publics, que des

institutions disposant d’une base de données accessibles au grand public. De façon spécifique, le traitement fait un focus sur les données de l’enquête dépenses de l’INSAE qui donnent quelques indications sur la consommation des ménages et des estimations faites chaque année par l’ONASA dans la cadre de son analyse annuelle de la conjoncture alimentaire nationale.

Cette première phase a permis de dresser un panorama général de la dynamique de la 23.chaîne de valeur manioc et d’identifier les communes et les segments clés de la chaine de valeurs sur lesquels a porté un travail d’approfondissement via des enquêtes de terrain.

La seconde phase a été consacrée aux enquêtes de terrain. Celles-ci ont servi à collecter 24.des données complémentaires et précises auprès des ménages, des unités de transformation, les commerçants, les restaurants et sur les marchés. Dans les villages échantillonnés des focus group ont également été réalisés pour recueillir l’opinion du public sur certaines questions. Les données collectées ont porté sur la consommation des ménages agricoles et les volumes commercialisés de manioc, les formes sous lesquelles les produits sont consommés et commercialisés, l’estimation du nombre de personnes employées dans la chaîne de valeur manioc. Les enquêtes de marché ont porté sur l’estimation des quantités de produits du manioc vendues à l’intérieur et à l’extérieur, la structure des prix et la valeur ajoutée créée le long de la chaîne. Cette section a été

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conduite par les enquêteurs de l’ONASA qui disposent d’une bonne expérience en matière de suivi des prix sur les marchés. M. Traoré Abdramane de MSU a appuyé l’équipe du LARES pour la supervision des travaux de suivi des enquêtes de marchés.

La troisième phase a porté sur l’analyse des données collectées à l’aide de logiciel 25.statistique SPSS et la rédaction du rapport provisoire. Les résultats obtenus sont présentés et discutés avec tous les acteurs impliqués dans cette problématique au cours d’un atelier de validation en vue de la finalisation du rapport.

1. Unité de recherche

Les enquêtes de terrain ont servi à collecter des données complémentaires et précises 26.auprès des ménages, des unités de transformation, des commerçants, des restaurants et sur les marchés périodiques. Dans les villages échantillonnés, des focus group ont également été réalisés pour recueillir l’opinion du public sur certaines questions.

2. Echantillonnage

Les enquêtes de terrain se sont déroulées sur toute l’étendue du territoire réparti en trois 27.régions en raison de leur spécificité et de leur importance dans la production, la transformation et la commercialisation du manioc et ses dérivés :

a. La région du Sud : c’est la zone de production la plus importante et la plus peuplée du pays. Le manioc et ses dérivés font intégralement partie des habitudes alimentaires. Cette région abrite le plus grand marché de consommation ainsi, que des débouchés à l’extérieur à travers le port vers les pays de l’Afrique centrale. Dans cette partie, les enquêtes ont ciblé les communes de Kétou, Pobè, Ajda-Ouèrè, dans département du ¨Plateau ; Allada et Toffo dans celui de l’Atlantique ; Aplahoué, Dogbo et Bopa dans les départements du Mono-Couffo.

b. La région du centre : représente une zone de production importante et dispose d’une

bonne maîtrise des procédés de transformation du manioc en Gari, Tapioca et cossettes. Cette région alimente les marchés locaux et ceux des pays sahéliens, du Niger en l’occurrence. Il s’agit des communes de Savalou, Dassa, Savè, Bantè, Ouessè dans le département des Collines. Cette région est rattachée aux Communes de Tchaourou et de Bassila, situées respectivement dans les départements du Borgou et de la Donga.

c. La région du Nord : cette zone connait depuis quelques années une expansion de la production du manioc et de ses dérivés. Dans cette région les enquêtes ont été réalisées à Djougou et Kouandé dans les Départements de l’Atacora et de la Donga. La majeure partie de la production est destinée au marché local.

Le tableau ci-dessous décrit de manière précise le nombre de ménages et d’unités de 28.transformation enquêtés.

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Tableau 2 : Echantillonnage de l'enquête CVA zones Communes Ménages Unités de

transformation Focus

groupes Marchés Restauration

I Bassila Djougou Kouandé

15 10 15

5 2 3

1 1 1

- Malanville

-

II Allada Toffo

27 13

2 2

2 1

Dantokpa Bohicon

Cotonou

III Ouèssè Savè Tchaourou

25 10 25

4 2 4

1 1 1

Parakou -

IV Aplahoué Bopa Dogbo

15 10 15

2 3

1 1 1

Azovè -

V Bantè Savalou Dassa

20 20 20

3 5 4

1 1 2

Glazoué -

VI Adja-Ouèrè Kétou Pobè

30 20 10

3 3 4

1 1 2

Adja-Ouèrè Kétou

-

Nbre d’enquêteurs 6 6 6 6 1 Nbre enquêtés 300 51 20 8 22

SOURCE : LARES, 2013

Au total, 300 Ménages dont 180 ruraux et 120 urbains parmi lesquels figurent 240 hommes 29.contre 60 femmes ont été interrogés. De même, 51 unités de transformation semi-artisanales comptant 152 hommes et 716 femmes, 22 restauratrices populaires et 2 unités industrielles de transformation ont été ciblés par l’enquête. Pendant la phase de terrain, 363 personnes dont 166 femmes ont été également interrogées en focus groupes.

Figure 2 : Nombre de personnes interrogées lors des focus-groupes

0

10

20

30

40

Adja

-Ouè

Alla

da

Apla

houé

Bant

è

Bass

ila

Bopa

Das

s-zo

umè

Djo

ugou

Dog

bo

Kéto

u

Koua

ndé

Ouè

ssè

Pobè

Sava

lou

Savè

Tcha

ouro

u

Toff

o

Nom

bre

Zones

Nombre d’hommes Nombre de femmesSOURCE : LARES, 2013

Page 13: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

La totalité des produits à base de manioc ont été ciblés : 30.

a. la consommation du manioc frais est relativement importante dans la partie méridionale, notamment en milieu rural. Dans les centres urbains la consommation prend forme, sans toutefois s’imposer comme le Gari et le attiéké.

b. Le Gari est le dérivé le plus important du manioc. Il comporte plusieurs variétés en lien avec la taille des grains, le degré de cuisson, la couleur et le niveau de propreté.

c. Le Tapioca est un autre dérivé non moins important que le gari. Il se conserve plus longtemps et est consommé autant en milieu rural, que urbain.

d. Les cossettes de manioc sont largement consommées au centre et au Nord du Bénin. Elles y constituent le principal produit de gestion de la soudure alimentaire. Elles se conservent entre et 24 mois, voire plus dans certains cas selon les conditions de conservation. Ce dérivé est très vulnérable aux attaques des prédateurs.

e. Le lafun est un dérivé dont la consommation est localisée au Sud-est du Bénin. Le produit est commercialisé dans les grands centres urbains du Bénin (Cotonou et Porto-Novo) et exporté vers les localités du Sud-ouest du Nigeria.

f. La farine de Manioc, un sous-produit introduit dans la fabrication du pain. La production de ce dérivé est encouragée par les projets qui ont été déployés au cours des dernières années.

g. L’amidon est considéré comme le produit de plus grande valeur ajoutée du manioc en raison de sa très forte demande. Sa production est encore marginale au Bénin, en dépit de la forte demande nigériane.

h. L’alcool alimentaire est produit par une seule unité industrielle chinoise. Signalons que l’alcool pharmaceutique est aussi produit par cette unité, mais en quantité marginale.

Les marchés ciblés ont été échantillonnés en fonction de leur rôle déterminant dans les 31.transactions des produits et aussi de la localisation géographique des opérations des produits de la chaîne de valeurs. Nous avons retenu les marchés de :

a. Dantokpa (Cotonou) dans la zone 2 : c’est le plus grand marché de consommation finale

du Bénin. Il régule l’ensemble des offres des différents produits au plan national, régional et international;

b. Kétou, Adja-Ouèrè et Ikpinlè (zone 6): ces marchés ont un double positionnement du

fait qu’ils sont situés à proximité du Nigeria (donc marchés de production et frontaliers). Une part importante de la production de cette zone alimente le marché nigérian;

c. Azovèet Lobogo (zone 4) : Ce sont des marchés intermédiaires proches de la République

du Togo d’où arrivent deux types de dérivés du manioc : le gari et le Agbéli (qui s’apparente au lafun et sert à préparer Agbéliman, pâte faite à partir du Agbéli et de la farine de maïs) ;

d. Glazoué, Bohicon, Dassa-zoumé et Savalou (zone 5) : ce sont des marchés situés dans la

plus grande zone de production. Ils constituent des pôles de fortes transactions des dérivés du manioc, principalement du gari et du tapioca ;

Page 14: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

e. Parakou dans la zone 3 est un marché de consommation se trouvant dans une zone de

production intermédiaire. Ce marché est approvisionné à partir d’une mosaïque de marchés de production des communes de Tchaourou et de Ouèssè. Une partie de son offre est exportée en direction du Nigeria.

f. Malanville constitue le deuxième plus important marché du Bénin. Il est situé à la frontière Bénin-Niger et constitue la principale porte de sortie des dérivés de manioc, notamment le gari béninois, vers le Niger.

3. La collecte des données

Une douzaine d’enquêteurs ont été mobilisés pour la collecte des données, tant auprès 32.des ménages, des unités de production et de restauration, que des marchés périodiques. La répartition des enquêteurs, selon les zones de production se présente comme suit :

Tableau 3 : Répartition des enquêteurs

Unités enquêtées Nombre d’enquêteurs Ménages, unités de transformation et focus groupe 6 Marchés 6 Restauration 1 Données statistiques complémentaires 2

SOURCE : LARES, 2013

Les enquêtes ménages et unités de transformation ont duré trois semaines alors que celles 33.de marchés périodiques (de 4, 5 ou 7 jours) et de restauration se sont étalées sur un mois, permettant de faire au moins quatre passages de relevés des données. Des questionnaires ont été conçus pour chaque catégorie d’acteurs.

Les enquêtes se sont déroulées dans 112 localités regroupées en six (6) zones (carte ci-34.dessous), soit 19 communes enquêtées. Les questionnaires ont été administrés aux ménages (300 fiches), aux responsables des unités de transformation (53 fiches)1, aux focus groupes (18 fiches) et aux restauratrices (22 fiches). Les enquêtes sur les marchés périodiques et les prix ont été réalisées par des agents de l’ONASA.

1 51 unités de transformation artisanales et semi artisanales, puis 2 unités industrielles et semi-indutrielles

Page 15: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Carte 1 : Communes enquêtées

4. Unités de mesures et correspondances

Plusieurs unités de mesures sont utilisées dans les marchés périodiques du Bénin. Le 35.volume de ces mesures varie en fonction du niveau de l’offre et de la demande, de la

Page 16: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

capacité de négociation des clients. Les services techniques qui interviennent dans les marchés, notamment, ceux du conditionnement et de l’ONASA ont établi des mercuriales qui permettent de donner une idée plus ou moins précise du volume de chaque unité de mesure.

En règle générale, les opérateurs économiques, les négociants ont deux pratiques en la 36.matière. Ils adoptent des unités de mesure qui permettent de maximiser les volumes lors de l’achat et du transport des produits. Dans le cas du transport, ils ont recours à des sacs dont le contenu peut excéder du tiers, voire de 50% et plus le volume normal du sac.

Le tableau ci-dessous récapitule chaque mesure et sa correspondance selon les 37.estimations de l’Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire.

Tableau 4 : Correspondances des principales unités de mesures utilisées par les commerçants (es)

Type de produit Unité Correspondances (kg)

Type de produit

Unité Correspondances (kg)

Cossette de manioc Sacs 90 Gari sacs 75 Cossette de manioc Sacs 70 Lafou 20 Cossette de manioc Sacs 45 Manioc Frais Sacs 230 Gari Sacs 120 Manioc Frais Sacs 160 Gari Sacs 90 Tapioca 70

Source : d’après les données de l’ONASA et enquêtes de terrain, 2013

Au niveau des unités de transformation, la correspondance des unités de mesure est plus 38.diversifiée. En effet, tant au niveau des instruments de mesure lors de l’approvisionnement, que de la vente en gros ou en détail, il existe un éventail de moyens au volume variable.

Tableau 5 : Les mesures locales et leurs correspondances dans les unités de transformation Produits Mesures Quantité

(kg) Produits Mesures Quantité

(kg) Manioc frais Bâché 2000 Gari et tapioca Bassine 25 Manioc frais Autocar 1 000 Gari et tapioca Bassine 20

Gari Sac 200 Gari et tapioca Bassine 17 Gari Sac 120 Gari et tapioca Bassine 10 Gari Sac 90 Gari et tapioca Budon 22 Gari Bassine 30 Gari et tapioca Iboban 5

Gari et tapioca Sac 75 Gari et tapioca Jutte 100 Gari et tapioca Aku 3 Gari et tapioca Sachet 5 Gari et tapioca Boddou 100 Gari et tapioca Sachet 4 Gari et tapioca Sachet 2 Gari et tapioca Sachet 3 Gari et tapioca Sachet 1 Gari et tapioca Togolo 1

SOURCE : LARES, 2013

5. Méthode d’analyse des données

Après les travaux de terrain, il y a eu le dépouillement des données recueillies afin de 39.dégager les informations à exploiter pour rédiger le rapport de l’étude. Les données ainsi

Page 17: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

triées ont fait l’objet de saisie, de traitement dans le logiciel SPSS et d’analyse. Ainsi, les tableaux et graphiques ont été réalisés en Excel. La cartographie est réalisée avec le logiciel ArcView 3.2.

Le traitement et l’analyse des données ont consisté à calculer les totaux, les moyennes, à 40.réaliser les graphiques, à faire le compte d’exploitation des systèmes de production et à interpréter les fréquences des différentes variables prises en compte lors des enquêtes. De même les différentes notes qui ont été prises lors des observations ont fait l’objet d’un traitement spécifique.

6. Difficultés rencontrées

Les enquêtes ont lieu en plein hivernage, pendant les mois de juin et juillet. En plus des 41.difficultés de déplacement liées à la faible praticabilité des pistes rurales, les enquêteurs ont surtout été confrontés à l’indisponibilité des producteurs ruraux. Cependant les plus gros problèmes résident dans la difficulté que les enquêtés ont éprouvés concernant le manque de compte d’exploitation des acteurs qui pourraient aider à estimer les volumes de production et les quantités dévolues à chacune des activités identifiées : autoconsommation, répartition des quantités transformées et des quantités vendues, etc. Cette situation est complexifiée par le grand nombre d’unités de mesure utilisées par les ménages, voire les unités de transformation productions, ainsi que par le fait que la récolte du manioc est échelonnée sur plusieurs mois de l’année. Les mesures vont de simple panier à la camionnette, en passant par les sacs, les bassines, etc. Les contenus de ces mesures varient en fonction du niveau de l’offre et de la pression de la demande. Par ailleurs, cette difficulté est aggravée par le fait que le manioc se récolte généralement petit à petit sur une longue période (contrairement au maïs) en fonction des besoins pressants du producteur, de la demande et de la disponibilité de la terre. De ce fait nous avons rencontré d’énormes difficultés dans l’exploitation des données.

III. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES MENAGES

Les ménages étudiés sont dirigés pour 19 % par des femmes et pour 81 % par des hommes. 42.L’âge des chefs de ménages varie entre 20 et 82 ans avec une moyenne de 42 ans. La taille du ménage est de 8 personnes en moyenne dont 3 actifs agricoles contre 5 inactifs. Le taux de dépendance qui est de 1,66 signifiant est légèrement supérieur au taux national moyen qui est de 1,5 consommateur par actif. 51,2% des chefs de ménages étudiés n’ont reçu aucune éducation formelle, 1,7 % ont le niveau du cours primaire et enfin 0,3 % ont le niveau supérieur.

IV. CARACTERISATION DE LA PRODUCTION DU MANIOC

Le manioc occupe la deuxième place des spéculations cultivées en termes de superficies 43.emblavées. Il est présent dans toutes les zones agro-écologiques du pays. Il vient après le maïs (250.000 ha). Le manioc occupe la première place dans la culture des racines et tubercules (54% de la superficie et 59% de la production totale). En 2010, le Bénin a produit quelques 3.445 000 tonnes de manioc. Le rendement moyen à l’hectare estimé entre 11T et13T en 2004 est passé ensuite à 15,5T en 2009 puis à 17T en 2011 (MAEP, 2012).

Page 18: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

La production du manioc a augmenté ces dernières années à cause de l’introduction des 44.variétés améliorées et des techniques modernes de production. Elle est globalement passée de quelques 3,150 millions de tonnes en 2005 à 3,5 millions en 2010, avant de chuter à 3,3 millions en 2011. La tendance à la hausse générale de la production pourrait s’expliquer par l’accroissement de la demande par le secteur de la transformation et des marchés de la sous-région en produits dérivés de manioc.

Le bilan vivrier national pour le manioc met en évidence un solde vivrier de plus de 45.1 360 000 tonnes après déduction de l'estimation de la consommation par les populations dans les zones de production et les pertes post récolte estimées à 30% du volume de la production totale. Ce solde disponible présente par ailleurs un potentiel de développement considérable. Il existe donc une opportunité très intéressante de développement significatif de la filière, à la fois pour la sécurité alimentaire des grands centres urbains et pour l’exportation.

Tableau 6 : Bilan vivrier en 2010

épartements Consommation kg/hbt/an

Population estimée en 2010

Consommation en tonnes

Production disponible

Production utile (70%)

Pertes (30%)

Solde vivrier

Zou-Collines CS 134 1472937 197373,558 1065395 745777 319619 426158

Ouémé-Plateau SE

110 1475516 162306,76 1083129 758190 324939 433252

Atlantique-Littoral

129 1901928 245348,712 347270 243089 104181 138908

Mono-couffo SW

219 1147116 251218,404 359589 251712 107877 143836

Atacora-Donga NW

64 1166343 74645,952 284045 198832 85214 113618

Borgou-Alibori NE

100 1614710 161471 259476 181633 77843 103790

Bénin 126 8778550 1106097,3 3398905 2379234 1019672 1359562

Sources : ONASA, 2013

Page 19: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Carte 2 : Répartition de la production du manioc frais

Page 20: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

La carte ci-dessus montre la répartition de la 46.production du manioc frais par commune d’après les données de country-stat, Bénin de 2013. Il faut signaler que les communes de fortes productions de manioc frais ne correspondent pas forcément aux zones de forte production de chacun des dérivés retenus (carte n°3 du premier rapport).

La culture du manioc est pratiquée par les 47.ménages ruraux. Sa production est le fait de petits producteurs artisanaux qui ont encore recours à d'anciennes variétés et à des technologies de production traditionnelles. Cette situation explique la faiblesse des rendements qu’on enregistre dans ce sous-secteur. Les superficies emblavées se situent entre 0,5 et 5 hectares au niveau des ménages enquêtés. Les quelques expériences de plantations importantes qui nous ont été rapportées, mettent en évidence le problème de la non-disponibilité de la main d’ouvre en quantité suffisante pour les travaux (dont la préparation du sol, le sarclage, la récolte). En outre, l’approvisionnement en bouture améliorée mise au point par le PDRT, ne représente plus un obstacle pour les producteurs.

Bien que tous les écosystèmes du Bénin soient aptes à la culture du manioc, cette racine 48.est principalement cultivée dans le Centre et le Sud du pays où le manioc constitue un aliment de base pour les populations. Elle a fait des percées dans la partie septentrionale, notamment dans l’extrême Nord Est au milieu des années 70, au même type que le maïs en réponse à la crise de famine qui sévissait dans le « triangle rouge » du Bénin : communes de Boukombé, de Cobly et de Matéri. De façon spécifique, la répartition spatiale de la production se présente comme suit :

Tableau 7 : Répartition spatiale de la production du manioc au Bénin

Année Et départements

2004-2005

2005-2006

2006-2007

2007-2008

2008-2009

2009-2010

2010-2011

Moyenne Part

rang

Zou-Collines CS 884 944 680 431 508 279 775 874 865 531 1241700 1065395 856202 29 % 1er Ouémé-Plateau SE

483441 473523 399367 538667 617608 1118743 1083129 705173 24 % 2ème

Atlantique-Littoral

886974 53502 934516 886726 781620 708315 347270 618658 21 % 3ème

Mono-couffo SW

306486 395931 419075 394235 356194 397117 359589 387024 13 % 4ème

Atacora-Donga NW

246405 186412 245273 218658 214969 174033 284045 220565 7 % 5ème

Borgou-Alibori NE

326553 232500 112780 264681 292684 134272 259476 164274 6 % 6ème

Bénin 3134803 1813050 2517788 3078841 3128606 3774180 3398905 2951895 100 % SOURCE : Countrystat Bénin, 2013

Le tableau montre que ce sont les départements: 49.

• Du Zou et des Collines qui viennent en tête de la production avec un volume qui est passé de 884 944 tonnes en 2005 à plus 1 200 000 tonnes en 2010. Cette poussée de la production du manioc dans cette région peut s’expliquer en partie, par la relative disponibilité des terres, la chute de la production du coton et enfin par les incitations

Photo 2 : Champ de manioc

Page 21: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

qu’ont apportées les projets nationaux. Ces départements dégagent près de 30% de la production nationale, principalement à partir des communes de Ouessè, Savalou, Dassa-Zoumé, Glazoué et Bantè.

• Viennent en seconde position les départements de l’Ouémé et du plateau, qui en cinq

ans ont plus que doublé le volume de leur production. Celle-ci est passée de quelques 500 000 tonnes en 2005 à 1 119 000 tonnes en 2010. Cette évolution est la conséquence de la pression démographique, qui non seulement raréfie les terres pour la culture des productions traditionnelles comme le maïs. L’adoption et l’expansion du manioc répondent ainsi à la nécessité de satisfaire les besoins alimentaires d’une population marquée par une forte croissante démographique et de forte densité.

• Les départements de l’Atlantique, d’une part et ceux du Mono-Couffo, d’autre part, qui viennent en 3ème et 4ème positions voient leur production, soit baisser fortement, soit stagner au cours des cinq dernières années. Ces régions n’ont pas pu saisir les fortes incitations mises en place par la politique nationale de développement de cette racine.

• Enfin, les statistiques montrent que la production du manioc connait une progression relativement importante dans les départements du Borgou et de la Donga. La culture de manioc est en pleine expansion dans ces zones où elle a été impulsée par les différentes incitations (fourniture de bouture, de matériels de transformation réduisant la pénibilité du travail des femmes) mises en place par les projets de promotion des racines et tubercules.

Tableau 8 : Production du manioc frais par habitant et par zone en 2010

Départements Productions en tonne Population Prod/hab en kg Atacora-Donga NW 284 045 1166343 243,53 Atlantique-Littoral 347 270 1901928 182,59 Borgou-Alibori NE 259 476 1614710 160,70 Zou-Collines CS 1 065 395 1472937 723,31 Mono-couffo SW 359 589 1147116 313,47 Ouémé-Plateau SE 1 083 129 1475516 734,07 Bénin 3 398 905 8 778 550 387,18

SOURCES : Countrystat-Bénin et Population calculée par l’ONASA

Le tableau ci-dessus montre que les habitants de l’Ouémé-Plateau sont les mieux lotis avec 50.734,07 kg de manioc frais par tête, niveau de production largement supérieur à la moyenne nationale (387,18 kg/hab) en 2010. Ils sont suivis de ceux du Zou –Collines avec 723,31kg par habitant et du Mono-Couffo avec 313,47kg/hab. Par contre, les autres départements ont une production par tête inférieure à la moyenne nationale : Atacora-Donga (243,53kg/hab), Atlantique-Littoral (182,59kg/hab) et Borgou-Alibori (160,70 kg/hab).

V. DESCRIPTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION

Le manioc est cultivé, soit en culture pure, soit en association avec les céréales ou les 51.légumineuses voire l’igname (tubercule). Il est planté sur buttes et sur billons dans les régions à sols peu profonds du Centre et du Nord, ou sur labour plat dans les régions méridionales. Dans le second cas, elle est exclusivement pratiquée sur les sols appauvris.

Page 22: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Les cultivars de manioc utilisés sont hétérogènes et regroupent les variétés traditionnelles et les variétés améliorées. Dans chacun des ménages enquêtés, les paysans cultivent aussi bien des variétés améliorées précoces que des variétés tardives. Les variétés précoces sont consommées fraiches et les variétés tardives qui ont une faible teneur en eau sont utilisées pour la transformation.

Tableau 9 : calendrier agricole et de transformation au Sud du Bénin Activités Janv. Fév. Mars. Avr. Mai. Juin Juill. Aout Sept Oct. Nov. Déc. Transformation et planter les boutures

Préparation sol

planter les boutures

Récolte et transformation

Transformation

Légende : Forte intensité de l’activité Faible intensité de l’activité Source : ESC Manioc (2008)

Selon les résultats des enquêtes de terrain, 23% des producteurs cultivent les variétés 52.précoces (production en 6 mois), 48% pour les variétés tardives (production en 12 mois au moins) et 29% cultivent les deux variétés à la fois. Le manioc est considéré comme une culture de repos pour la terre en raison de la durée de son cycle et de sa position dans la rotation. En effet, La culture de manioc vient en fin d’assolement dans les systèmes de production. Elle est faite souvent sans fumure minérale compte tenu du fait que le produit est peu exigeant en éléments nutritifs. Lorsqu’il est cultivé après une culture fumée (maïs ou coton) et peut bénéficier des arrières effets de cet engrais, la dose et les éléments fertilisants ne correspondent pas à ses besoins spécifiques et aux recommandations des services techniques.

Dans la zone d’étude, le maïs (Zea mays L.), le riz (Oryza sativa L.), le sorgho (Sorghum 53.bicolor (L.) Moench.), le mil (Pennisetum glaucum (L.) R. Br.), l’igname, et le fonio (Digitaria exilis Kipp. Stapf., D. iburua Stapf.), sont les spéculations qui entrent dans le système de production. Le maïs est devenu la céréale dominante (44% des superficies emblavées en céréales) suivi du sorgho qui occupait le premier rang, il y a une quarantaine d’années.

Nous avons identifié trois principaux systèmes de culture de manioc dépendant des milieux 54.au cours de cette étude :

a. Au sud où la production est importante, la culture du manioc est souvent associée

aux céréales ou aux légumineuses. Les superficies emblavées se situent entre 0,25ha et 0,75ha en moyenne. Les variétés cultivées sont douces et précoces destinées à la consommation sous forme de manioc frais. Mais on y trouve également des variétés tardives qui entrent dans la fabrication des cossettes, du lafun et du gari.

b. Le centre du Bénin est une zone réputée dans la transformation du manioc. La production se fait en culture pure sur des billons. Les variétés tardives dont la teneur en eau et la toxicité sont relativement faibles y sont les plus répandues et ces éléments sont déterminants dans la qualité du produit final.

Page 23: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

c. Au nord du pays, les variétés tardives sont plus répandues et destinées à la transformation, principalement le gari, les cossettes et le Tapioca. On y trouve également une variété amère de manioc qui sert de barrière de protection des champs de céréales contre les déprédateurs.

Les systèmes de cultures sont centrés sur l’association du manioc avec les légumineuses, le 55.niébé blanc ou rouge. Cette association permet d’apporter à la terre l’azote dont elle a besoin en fin de cycle de production. Cette pratique est courante dans toutes les régions du Bénin.

Tableau 10 : Superficie et production moyennes par variété de manioc réalisées, par

Commune et par ménage enquêté (en ha et en tonnes) Superficie Production 2011 2012 2011 2012 2011 2012 2011 2012

Précoce tardive précoce tardive précoce tardive Précoce tardive Adja-ouèrè 2,5 1,7 1,79 1,66 21800 13400 16750 17333,33 Allada 0,93 0,74 . 0,71 15162,5 10450,96 0 11087,5 Aplahoué 1,2 . 0,78 . 6615,38 . 4004,17 . Bantè 1,72 1,09 1,53 0,53 46041,67 23942,86 42250 15042,86 Bassila . 2,42 . 5,38 . 47666,67 . 109666,67 Bopa 1,04 . 1,04 . 9971,43 . 9971,43 . Dassa-Zoumè

2,01 . 2,21 3 29823,53 . 36937,5 56000

Djougou . 0,6 . 1,55 . 13700 . 29300 Dogbo 1,01 0,81 1,39 0,75 9962,67 11125 14562,67 10500 Kétou 2,29 . 2,34 . 19450 . 19650 . Kouandé . 1,17 . 1,17 . 13800 . 20000 Ouèssè 2,17 4,21 5,33 5,94 28166,67 48931,58 . . Pobè 2,35 1,25 1,62 1,79 13000 14000 15250 16714,29 Savalou 1,09 1,65 1,1 1,43 30000 48750 30730,77 42000 Savè . 0,7 . 1 . 13300 . . Tchaourou 2,67 1,61 2 2,17 24500 21545,45 . . Toffo 0,87 0,92 . 1,08 14083,33 14912,5 . 17468,75

SOURCE : LARES, 2013

1. Compte d’exploitation des systèmes de production

L’analyse du compte d’exploitation des différents systèmes de production du manioc pose 56.de nombreux problèmes méthodologiques. En effet, les systèmes sont fort variés et les combinaisons des cultures dans les exploitations sont nombreuses. Enfin, il existe de nombreuses incertitudes sur les variables collectées sur le terrain. Les producteurs ne tiennent pas de comptabilité qui permet d’avoir une idée plus ou moins exacte des dépenses effectuées aux différentes étapes de la production.

Nous avons fait une estimation des amortissements du petit outillage auquel les 57.producteurs ont souvent recours.

Page 24: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 11 : Amortissement des équipements utilisés pour la production d’un hectare (ha) de manioc

Equipement Prix unitaire (FCFA)

Durée d’utilisation (année)

Amortissement mensuel (FCFA)

Houe 1500 3 42 Coupe-coupe 2400 3 66

SOURCE : LARES, 2013 Le compte d’exploitation est conçu avec des variables moyennes résultants des enquêtes 58.de terrain, notamment le niveau des rendements et le nombre d’activités culturales requises pour un cycle de production compris entre 8 et 12 mois. Les prix de vente bord champ ont également ciblés les prix moyens de l’année. De ce fait, le compte d’exploitation qui est fait, reste estimatif. L’analyse laisse entrevoir une marge bénéficiaire nette, qui n’est pas très importante pour le producteur comme le montrent les données des tableaux ci-dessous. Elle est variable selon les régions

Tableau 12 : Compte d’exploitation de la production d’un hectare manioc frais à Adja-Ouèrè (Sud-Est)

Poste de travail Unité Quantité Homme jours

Prix unitaire

Prix total

Préparation du sol Défrichement ha 1 25 1000 25000 Labour ha 1 25 1250 31250 Sous-total 1 56250 Production et récolte 0 Achat et transport boutures Pour un ha 667 100 66700 Plantation de boutures Pour un ha 667 10 1000 10000 Engrais Sac de 50 kg 2 12000 24000 Epandage d’engrais Sac de 50 kg 2 4 1000 4000 1er Sarclage ha 1 15 1000 15000 2ème sarclage ha 1 15 1000 15000 3ème sarclage ha 1 15 1000 15000 Déterrage ha 1 15 1000 15000 Ramassage ha 1 10 1000 10000 Transport Bâchée 5 10000 50000 Sous-total 2 224700 Traitement phytosanitaire Achat d’insecticides litre 2 3000 6000 Eau pour traitement fût 2 500 1000 Location d’équipements phytosanitaire jour 1 2000 2000 Ouvrier pour traitement hj 2 2500 5000 Sous-total 3 14000 Total des charges (1+2+3) Ha 294950 Total des charges (1+2+3) Tonne 24579,1667 Vente de manioc bâchée 5 150000 750000 Vente de manioc Tonne 1 60000 60000 Marge brute 35420,8333 Amortissement équipement annuelle 1141,67 Marge nette 34279,1633 Ratio (marge net/charge) 0,12

Page 25: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

• La charge d’une bâchée de manioc est estimée à 2,5 tonnes ; la récolte d’un hectare est estimée à cinq bâchées.

Tableau 13 : Compte d’exploitation de la production d’un hectare de manioc frais à Ouègbo (Sud) Poste de travail Unité Homme

jours Prix unitaire Prix total

Préparation du sol

Défrichement ha 25 1000 25000 Labour ha 25 1250 31250 Sous-total 1 56250 Production et récolte

Achat bouture pour un ha 667 100 66700 Plantation de bouture 667 10 1000 10000 Sac de 50 kg 2 12000 24000 Epandage d’engrais Sac de 50 kg 2 4 1000 1er Sarclage ha 15 1000 15000 2ème sarclage ha 15 1000 15000 3ème sarclage ha 15 1000 15000 Déterrage ha 15 1000 15000 Alimentation ouvriers Forfait 14000 Transport Bâchée 5 10000 Sous-total 2 185700

Traitement phytosanitaire Achat d’insecticides Location d’équipements phytosanitaire Sous-total 3 Total des charges (1+2+3) ha 1 241950 Total des charges (1+2+3) Tonne 1 20163 Vente de manioc Bâchée 5 100000 500000 Vente de manioc Tonne 1 40000 40000 Marge brute 19838 Amortissement équipement annuelle 940 Marge nette 18898 Ratio (marge net/charge) 0,94 Source : estimation des auteurs à partir des enquêtes de terrain, LARES-2013

Ces résultats corroborent ceux des précédents travaux sur la chaine de valeur du manioc 59.au Bénin. Les bénéfices tirés par les producteurs sont faibles. Cependant il faut nuancer cette assertion en raison du contexte local. Les producteurs ont beaucoup recours à de la main d’œuvre familiale et la durée de temps réel de travail par jour, dépasse rarement 5 heures de temps de travail. A cela il faut ajouter toutes les autres incertitudes liées au volume réel de la production, l’importance réelle des pertes post récolte. Enfin certains postes de dépenses comme le déterrage et le transport du manioc frais sont parfois imputables aux acheteurs, notamment les transformateurs.

Page 26: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

2. Analyse de la main d’œuvre

La culture de manioc dans les exploitations familiales béninoises est encore extensive et 60.mobilise une main d’œuvre relativement peu qualifiée. La main-d’œuvre familiale est dominante dans les exploitations et occupe en moyenne 56 % de la main d’œuvre totale utilisée au niveau des exploitations étudiées. Celle-ci est utilisée pour toutes les opérations culturales et de transformation. Elle est suivie de la main-d’œuvre salariée, qui représente en moyenne 33 % des actifs intervenant dans les différentes opérations culturales. Ce niveau d’utilisation des ouvriers agricoles varie en fonction des exploitations agricoles.

La main d’œuvre salariée est surtout utilisée pour les autres cultures dont principalement 61.le coton, le maïs et l’igname. Elle intervient prioritairement au niveau des opérations de désherbage des champs de manioc et pendant la récolte. La main-d’œuvre d’entraide tend à disparaitre, bien que dans une moindre mesure elle intervient pour le désherbage et la récolte. La main-d’œuvre salariée est rémunérée à la tâche et varie en fonction des opérations et des périodes culturales. Le prix moyen de l’Homme-jour (HJ) varie entre 1000 et 2500 Fcfa en fonction des opérations culturales et des régions et de l’acuité de la main –d’œuvre. Pour amoindrir le coût de la main d’œuvre, certains producteurs font recours aux enfants pour exécuter certaines opérations.

3. Principales contraintes liées à la production du manioc

L’expansion de la culture du manioc rencontre 62.un certain nombre d’obstacles qui limitent encore la productivité des différents systèmes d’exploitation. Parmi les problèmes, les plus marquants, les producteurs soulèvent ceux relatifs :

a. A l’approvisionnement en boutures de manioc. Dans certaines régions, les producteurs ont des difficultés d’accès aux boutures et doivent recourir à leur propre production traditionnelle, généralement insuffisante. Cette difficulté est cruciale dans certaines régions où la solidarité entre producteurs devient faible. Les producteurs éprouvent des difficultés à acquérir des boutures de bonne qualité et sont obligés de recourir à un recyclage de celles de leur exploitation. De ce fait, il plante des boutures tout venant, situation qui ne permet pas d’avoir de bons rendements.

b. Par contre dans d’autres localités, les producteurs de boutures promus par les projets éprouvent des difficultés à écouler leur production, en lien avec la relance du coton, vers lequel de nombreux producteurs se sont tournés de nouveau.

c. La seconde difficulté évoquée concerne la main d’œuvre. L’exode rural et le développement d’importantes autres activités de service en milieu rural, rendent très rare la main d’œuvre agricole. Les producteurs éprouvent de nombreuses difficultés à mobiliser une main d’œuvre suffisante et en temps voulu. Cette situation a deux conséquences majeures ; (i) la cherté de la main d’œuvre disponible, (ii) le faible entretien des exploitations qui sont envahies par les herbes et qui sont exposées aux

Photo 3 : Les boutures sélectionnées

Page 27: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

différents prédateurs, notamment les rongeurs. Pour atténuer les contraintes de la main d’œuvre, les exploitants doivent se résigner à accorder des faveurs aux ouvriers agricoles : hébergement, nourrir, soins sanitaires, etc. en plus des salaires qui leur sont versés.

d. A ces deux principales contraintes, les producteurs ajoutent aussi les difficultés d’accès

au crédit pour financer les opérations culturales. Les crédits mis à leur dispositions par les institutions de micro-crédits, sont non seulement pas adaptés (taux d’intérêt élevé, conditions d’octroi non conformes au cycle de production du manioc), mais souvent de faible montant. Dans ce contexte, de nombreux producteurs ont recours à des crédits auprès des commerçants sous forme de vente à terme souvent à des prix négociés à la baisse.

e. Les pertes postes récolte sont parfois importantes et peuvent s’élever à plus de 30% dans certaines régions. Elles sont dues aux rongeurs : agouti, rats et dans les régions septentrionales aux singes. La prévalence des maladies est encore faible, même si on en rencontre dans quelques zones.

VI. TRANSFORMATION DU MANIOC EN SES DERIVES

Le manioc est très difficile à conserver en frais plus de 48 h, il est donc obligatoirement 63.transformé en divers produits dérivés dont le gari, le tapioca, le lafun, et l'amidon pour être vendu sur le marché. Environ 70% (MAEP/ONASA) du manioc produit au Bénin serait transformé2. La plupart des unités de transformation utilisent des méthodes artisanales. Des usines spécialisées de taille moyenne transforment le manioc en de produits de grandes qualités destinés à l’exportation. Ces usines s’investissent dans la fabrication du Gari amélioré, l’amidon et l’alcool.

Les enquêtes de 2013 auprès des 51 64.unités3 de transformation artisanales et semi artisanales montrent que ces dernières n’ont traité qu’environ 4700 tonnes de manioc frais. Les 43% de ce volume de manioc frais ont été transformés par ces 51 unités, soit 2021T sont utilisés pour le gari, 7% (329 tonnes) sont affectés au tapioca, 24% (1128 tonnes) servent à la fabrication des cossettes et 2% (94 tonnes) sont destinés à la fabrication du lafun. Rappelons qu’une partie de ces produits transformés est, soit autoconsommée par les ménages, soit vendue dans les marchés locaux.

2 D’autres travaux avancent des taux de transformation plus importants 3 Il n’existe pas d’informations sur les effectifs des unités de transformations artisanales et semi artisanales. Toutefois, l’étude ESC/manioc-2004 indique 250 à 270 unités de transformation de manioc en 1997 au Bénin.

Photo 4 : Bassines de cossettes de manioc

Page 28: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 14 : Quantités (kg) moyenne de manioc frais transformées en divers dérivés par les

entreprises artisanales et semi-artisanales enquêtées

Zones Nombre d'unités enquêtées

Qté moyenne de manioc frais transformée par unité Gari Tapioca Cossette Lafun Amidon

1 10 25023,66 10136,18

2 4 7716,87 7716,87

3 10 22824,56 32695 9598,68

4 6 13289,95 10507,38 6218,57 2650 200 3700

5 11 29193,73 13025,76 14585,38 18910,48 7350 3200

6 10 7179,69 5034,375 5000 1207,69 1000

Moy 17538,08 13795,877 8601,32 10323,83 2919,23 2633,33

SOURCE : LARES, 2013

1. La transformation artisanale

La transformation artisanale du manioc nécessite beaucoup de main d’œuvre, de temps, 65.d’énergie et de l’eau. Il faut en moyenne 7 heures de travail pour transformer 100 kg de racine fraîche qui donne 21kg de gari et 8 heures pour la même quantité de manioc en 20 kg de farine. Ce procédé concerne la transformation du manioc, essentiellement en gari,

Encadré n° 1 : estimation des rendements de manioc selon les produits dérivés : Les rendements varient selon les produits fabriqués et la variété de manioc utilisée pour les opérations de transformations. Selon la littérature existante, les rendements moyens se présentent comme suit pour les principaux produits fabriqués.

• Selon les travaux de GOUSSANOU S. E. 2000 les rendements de manioc transformé en gari par la méthode traditionnelle et moderne est d’environ 21 kg de gari pour 100 kg de racines brutes dans la région Sud. A partir du centre, les rendements avoisinent 25% à cause de la qualité du manioc utilisée dans ces zones. Les innovations introduites (techniques modernes de transformation, équipements adéquats et infrastructures appropriées)ont surtout permis d’accroître les rendements horaires des opérations concernées et de réduire ainsi la durée (3-4 jours au lieu de 6-8 jours) et la pénibilité du travail.

• En ce qui concerne l’amidon, les rendements moyens de trois technologies expérimentées par les groupements de transformation au Sud du Bénin ne dépassent guère 25% du poids de la racine fraiche avec une teneur moyenne en fibres d’environ 2% (base sèche) et de protéines d’environ 0,17% (base sèche) (Goussanou, 2003).

• Le tapioca représente l’amidon obtenu plus haut mais sous forme séchée. L’amidon de manioc étant riche en eau, lorsqu’il passe au séchage, son poids diminue au moins de moitié. Le taux de rendement de la transformation du manioc en tapioca ne dépasse donc pas 13%. Brabet (1996) rapporte également que les rendements en amidon sec ou tapioca obtenus varient entre 8,9 et 13,5%.

Les farines de manioc et de lafun ont un rendement acceptable autour de 25% où une tonne et

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Tapioca et les cossettes. Elle est réalisée par les femmes en milieu rural, à titre individuel ou en groupement (Groupements de Femmes).

La méthode traditionnelle de transformation 66.du manioc a peu recours aux équipements, en dehors d’une râpeuse manuelle, limitant ainsi la capacité de production des unités de transformation. Ces unités produisent de petites quantités de produits dérivés destinés à la consommation familiale et à la vente sur les marchés locaux. Les collecteurs s’approvisionnent auprès de ces unités artisanales pour alimenter les marchés de regroupement, avant d’être acheminés vers les marchés urbains de consommation pour être vendus et exportés vers les pays frontaliers (Niger, Nigéria, Togo).

La figure ci-dessous présente les quantités annuelles de production des dérivées de manioc 67.des unités enquêtées. Il ressort que 72% de ces unités ont produit, chacune moins de 10T de gari en 2012 et seulement 4% ont produit plus de 50T. Pour ce qui est des autres produits dérivés, la production moyenne des unités en 2011 est de 6329 Kg de Tapioca dont 49% produisent moins de 5000kg. La production moyenne des unités pour cette même année en lafun est de 727 Kg et 688Kg pour les cossettes. Les volumes de produit transformé par les unités en 2012 ont connu une légère augmentation par rapport à l’année 2011.

Figure 3 : Quantités (kg) moyennes des dérivés de manioc produits en 2011 et en 2012 par

les unités artisanales et semis-artisanales enquêtées

Source : LARES, 2013

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

16000

18000

Photo 5 : Groupement de femmes de l'ONG ADJS

Page 30: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Figure 4 : Quantités (l) d’alcool à base de manioc fabriqué en 2011 et en 2012 par l’usine chinoise de Logozohè (Savalou)

La figure ci-dessus montre l’évolution de la production de l’alcool à base du manioc 68.(SODABI) entre 2011 et 2012. En effet, cette production a régressé de 1 600 000 litres en 2011 à moins de 1 000 000 de litres en 2012. Cette régression est en partie liée aux difficultés d’approvisionnement en matières premières, notamment du manioc frais par l’unité.

Tableau 15 : Distribution des unités de transformations enquêtées selon l’importance de leur production

Nombre d’unités Gari Tapioca Cossette Lafun Amidon

2011 2012 2011 2012 2011 2012 2011 2012 2011 2012

< à 1000 kg 1 5 16 16 5 5 3 4 4 5

Entre 1000 et 5000 kg 11 13 12 8 2 0 0 1 4 1

Entre 5000 et 10000 kg 12 13 1 0 1 1 0 0 0

Entre 10000 et 20000 kg 14 5 0 1 0 0 0 0 0

Entre 20000 et 40000 kg 6 5 0 1 1 1 0 0 0

Entre 50000 et 100000 kg 1 2 0 1 1 1 0 0 0

Total Répondu 45 43 29 27 10 7 3 5 8 6

Néant 4 6 20 22 39 42 46 44 41 43

Total 49 49 49 49 49 49 49 49 49 49

Moyenne transformée (kg) 15105,16 6328,86 688 727,50 8,8

SOURCE : LARES, 2013

Le tableau traduit la faiblesse des unités de transformation ayant de forte capacité (50T à 69.100T) de production des divers dérivés contrairement à celles dont la capacité est inférieure à 1000 kg. Entre ses deux capacités extrêmes se trouvent plusieurs unités intermédiaires de capacité variable. Dans l’ensemble, on a affaire à des unités de faible capacité de production.

0

200000

400000

600000

800000

1000000

1200000

1400000

1600000

2011 2012

Qua

ntité

s en

l

Années SOURCES : LARES, 2013

Page 31: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Les produits issus de cette transformation sont très hétérogènes et rentrent difficilement 70.dans les normes fixées par l’ABENOR. Les produits sont de qualité variée et de faible quantité. L’introduction de certains équipements a permis de réduire la pénibilité de cette méthode. Il s’agit des râpeuses motorisées fixes ou mobiles, de presse à vis et des foyers améliorés. De même, des trancheuses manuelles ou à pédales ou motorisées sont utilisées dans la fabrication des cossettes. Ces équipements permettent d’augmenter la productivité et la qualité des produits dérivés mais leur adoption est encore faible pour diverses raisons : manque de moyens financiers, difficultés de gestion et de maintenance des équipements, conditions de rentabilité non remplies, difficultés à transporter le manioc ou les équipements, etc.

Les données issues de nos enquêtes montrent que 68% des unités de transformation 71.enquêtées utilisent la technologie traditionnelle et 28% disposent d’une partie des équipements modernes pour la production du gari, tapioca, Lafun et amidon. Si la mécanisation permet d’alléger la charge de travail, elle induit également des coûts supplémentaires auxquelles les transformatrices individuelles ont du mal à faire face. Le tableau suivant présente quelques données sur l’utilisation des technologies dans la transformation du manioc en gari.

Le travail individuel est manuel en grande partie mais les transformatrices utilisent les 72.services payants, par exemple celui des râpeuses motorisées détenus par des particuliers ou des groupements. Par contre, les groupements disposent le plus souvent de plus d’équipements pour les activités de transformations et bénéficient des séries de formation pour améliorer leur niveau de connaissance et la qualité des produits. Ces groupements sont le plus souvent en contact avec les projets de développement ou des ONG qui travaillent sur ces questions. Le statut juridique d’association leur facilite l’accès à d’autres services tels que le crédit, les bourses de commercialisation et la vente groupée. Parmi les unités de transformation 64% sont en contact avec les projets et ONG et bénéficient d’un accompagnement technique et financier.

Les femmes transformatrices membres d’un groupement travaillent ensemble en moyenne 73.3 jours par semaine. Les produits issus de la transformation sont vendus en groupe, la recette permettant de faire face aux coûts d’exploitation (achat des racines, consommables - essence - si le GF possède une râpeuse motorisée), le surplus est divisé en deux (bénéfice du GF) et une partie est partagée entre les membres, et l’autre est placée auprès des Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM) ou d’autres institutions de micro finance.

2. Les secteurs semi-industriel et industriel

L’installation d’unités industrielles de transformation du manioc est récente au Bénin. Des 74.tentatives d’industrialisation de la fabrication du gari ont abouti à des coûts de revient plus élevés par rapport aux procédés traditionnels. Selon les responsables des unités de transformation moderne rencontrés, les produits issus de leurs unités sont peu compétitifs sur le marché local en raison du faible pouvoir des consommateurs. Les coûts seraient principalement grêvés par les frais de transport, de l’énergie et les charges patronales.

Les unités semi-industrielles et industrielles s’adonnent plutôt à la transformation de 75.manioc en gari amélioré, en alcool et en amidon. Il s’agit d’ALITECH-Industrie pour le gari

Page 32: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

amélioré, SOTABE-SARL et AGRI-MAXI pour l’alcool pharmaceutique, ELITE-industriel pour l’amidon Société YUEKEN International Benin SARL pour l’alcool alimentaire (SODABI) et l’établissement ADEOSSI pour la gari, cossette, lafun et amidon. Malheureusement, ces unités non pas survécu, excepté ALITECH et Société YUEKEN International Benin SARL qui restent actuellement fonctionnelles. La production de ces unités est vendue sur le marché local et en dehors du territoire national.

3. Matières premières et sources d’approvisionnement des unités de transformation

La matière première qui est essentiellement du manioc frais provient de sources diverses. 76.Les unités de transformation produisent une partie de la matière première qu’elles utilisent dans la transformation et s’approvisionnent aussi auprès des producteurs sur le marché local. Le volume de matières premières produites par l’unité de transformation varie entre 25 et 50% de la quantité totale transformée (tableau en dessous). Le volume moyen de manioc frais acheté par les unités de transformation auprès d’autres sources est de 4T. La quantité de manioc transformée dans les industries est en dessous de 10%.

Tableau 16 : Provenance du manioc transformé en 2011et 2012 par les unités

transformation enquêtées Production propre producteurs

du village producteurs

d'autres villages

producteurs étrangers

2011 2012 2011 2012 2011 2012 2011 2012 < 25% 7 5 5 5 0 3 0 0 Entre 25 et 50% 16 14 10 9 41 3 0 0 Entre 50 et 99% 8 9 20 19 4 6 1 1 100% 4 4 6 8 4 0 0 0 Pas de réponse 14 17 8 8 0 37 48 48 Total 49 49 49 49 49 49 49 49

SOURCE : LARES, 2013

4. Typologie des unités de transformation

Les enquêtes ont permis d’identifier quatre catégories d’unités de transformation4 ayant 77.des statuts différents :

a. Les groupements de transformation sont pour l’essentiel constitués de femmes. Cette forme d’unité de transformation n’a souvent pas de statut juridique. Les groupements sont promus par les programmes, les projets et les ONG. Leur durée de vie est parfois corrélée à celle des projets. Ils représentent 82% des unités de transformations fonctionnelles.

b. Les associations ont un statut juridique conformément aux dispositions de la loi dite 1901. Elles sont reconnues et immatriculées auprès, soit des CARDER, soit de la préfecture de leur localité d’implantation. Ce statut leur permet d’accéder, non seulement à des subventions, mais aussi à des lignes de crédit auprès des institutions de

4 Rappelons que les unités individuelles qui pour l’essentiel sont gérées aussi par les femmes n’ont pas été enquêtées.

Page 33: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

microcrédit implantées en milieu rural. Cette forme d’unités de transformation représente 16%.

c. Les unités industrielles de transformation du manioc ne sont pas légions au Bénin. On compte deux qui ont une envergure plus ou moins grande : la société ALITECH-industrie, implantée dans la commune d’Abomey Calavi, et l’usine de fabrication d’alcool de Logozohè dans la commune de Savalou. Ce dernier est une propriété des chinois. L’unité est implantée au centre du Bénin.

d. Les transformatrices individuelles existent dans les villages enquêtés mais elles sont peu nombreuses avec l’avènement du PDRT (qui les a organisé en groupement) et très souvent fragiles/vulnérables face à la concurrence des groupements de transformatrices. Leurs activités sont généralement sporadiques, intermittentes et de faible ampleur. Elles sont souvent limitées dans leurs capacités de réalisation des objectifs. Les plus audacieuses résistent parfois, mais en fin de compte la conjoncture défavorable les oblige généralement à intégrer un groupement de transformatrices ou bien à changer simplement de branche d’activité (la commercialisation des dérivés notamment) lorsqu’elles désirent rester dans ce sous-secteur ou carrément changer d’activité.

Les trois premières catégories d’unités de transformation ont été privilégiées lors des 78.enquêtes compte tenu de leur grande prédominance, leur influence et leur visibilité sur le terrain.

5. Marchés d’écoulement des dérivées de manioc

L’écoulement des produits dérivés du manioc se fait sur plusieurs lieux de 79.commercialisation. Au cours de l’enquête nous avons identifié principalement quatre potentiels lieux d’écoulement des produits :

a. Des ventes bord unité de production, soit familiale, soit de groupement. Cette forme de vente est très répandue dans toutes les régions

b. Les marchés locaux correspondent

généralement aux marchés de production implantés dans les villages des unités de production. Il peut aussi s’agir des mini bourses de vente promues par les groupements au bord des routes (cas de Gankpètin à Dassa) ou autres magasins implantés dans un endroit bien en vue de la localité de production.

c. Les marchés de regroupement implantés

dans les chefs-lieux des communes d’origine des unités de transformation ou à l’intersection de plusieurs voies de communication. Ces marchés représentent les premiers maillons de la chaine de valeur manioc qui accueillent des flux relativement importants.

d. Les marchés de consommation intérieure correspondent globalement aux grandes

agglomérations urbaines telles que Cotonou, Porto-Novo et Parakou y compris leurs

Photo 6 : Points de vente des dérivés du manioc

Page 34: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

banlieues respectives. Ils représentent le second maillon de la chaine de valeur manioc qui stocke et commercialise d’importants flux de dérivés.

e. Les marchés d’exportation des dérivés du manioc sont localisés dans les zones

frontalières à l’instar de celui de Malanville qui brasse hebdomadairement d’importantes quantités de gari et de tapioca en direction du Niger pour les marchés intérieurs de ce pays enclavés : Dosso, Niamey, Tillabéry, Tahou, etc. Les marchés d’Illara et de kétou sont également d’importants pôles de sortie de lafun vers les localités du sud-est du Nigeria, notamment les villes du Yorubaland (Abeokuta, Ilé Ifé, Ibadan, Ogbomosho, etc.). D’autres débouchés extérieurs existent aussi parmi lesquels on peut citer le Gabon et la république centrafricaine en Afrique et la France en Europe.

Tableau 17 : Quantités (T) de dérivés commercialisées par les unités enquêtées selon les débouchés en 2012

Sur place

Marché du

village

Marchés nationaux de

regroupement

Marchés internationaux

Autoconsommation et

dons

Total commercia

lisé Gari 32,3 28,3 9,03 0,3 3,1 73,03 Tapioca 6 1,4 0,6 1,3 0,5 9,8 cossettes 6,7 10,4 0,1 _ 0,6 17,8 Lafun 0,1 0,2 0,3 Amidon 0,4 0,4 0,8

Total 45,5 40,7 9,73 1,6 4,2 101,73 Source : LARES-2013

Ces résultats permettent de tirer un certain nombre de conclusions ou de remarques 80.fortes :

a. Le gari constitue le principal dérivé de manioc commercialisé. Il représente plus de 73%

du volume des dérivés commercialisés par les unités enquêtées.

b. Les plus importants volumes des dérivés sont commercialisés sur les marchés locaux. Cette situation laisse penser que le gari est un produit de proximité. De même, cette importance de la commercialisation au niveau local montre que les producteurs locaux ont recours au marché à certains moments de l’année pour leur approvisionnement.

c. La commercialisation des cossettes et du Tapioca obéit à la même logique. Les ventes bord unité de transformation et sur les marchés locaux prédominent

Page 35: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Figure 5 : Quantités (kg) de produits dérivés vendus selon les lieux de commercialisation par les unités de transformation

6. Analyse des comptes d’exploitation des unités de transformation du manioc

Cette analyse porte essentiellement sur les deux produits phares issus de la transformation 81.du manioc, le gari et le tapioca. Dans l’analyse qui suit, les amortissements des équipements utilisés n’ont pas été pris en compte parce que les transformatrices n’ont pas été en mesure de donner la valeur exacte des équipements utilisés, leur durée de vie et la fréquence d’utilisation. De plus, les mêmes instruments sont utilisés pour plusieurs autres usages. Dans d’autres unités de transformation, l’essentiel des équipements a été donné par les projets ou des organisations non gouvernementales.

0

5

10

15

20

25

30

35

gari

Tapioca

cossettes

lafun

amidon

Page 36: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 18 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de gari à Adja-Ouèrè

Poste de travail Coût de production

Unités Nombre Prix unitaire Prix total

Matières premières

Achat manioc Bâchée(2,5 tonnes) 1 150000 150000

Déterrage

Frais de transport

Autres types d’intrants (eau+bois) Bâchée 1 16500 16500

Sous total 1 166500

Epluchage HJ 10 1000 10000

Lavage HJ 2 1000 2000

Râpage HJ 10 1000 10000

Mise en sac + pressage HJ 5 1000 5000

Cuisson HJ 9 1000 9000

Calibrage HJ 2 1000 2000

Mouture gros grain HJ 1 1000 1000

Gardiennage Forfait 1 1000 1000

Transport de gari vers le magasin Sac (75 kg) 11 500 5500

Sous- total 2 45500

Charge total pour 833 kg de gari 212000

Rendement : 833 kg de gari pour 2,5 t de manioc frais

kg 833

Rendement : Bassine de 50 kg de gari (gros grains) pour 2,5 t de manioc frais

kg 50

Charge total /tonne de gari 84800

Prix de vente du gari Kg 333,2 300 99960

Prix de vente du gari (gros grains) Kg 50 128 6400

Totale vente de gari 106360

Marge brute de commercialisation 21560

Amortissement équipement 510

Marge nette 21050

Ratio (marge net/charge) 0,24823113

Page 37: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 19 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de gari à Ouegbo Poste de travail Coût de production

Unités Nombre Prix unitaire Prix total

Matières premières

Achat manioc Bâchée 1 100000 100000

Déterrage

Frais de transport

Autres types d’intrants (eau + bois) Bâchée 2,5 6600 16500

Sous total 1 116500

Epluchage HJ 10 1000 10000

Lavage HJ 2 1000 2000

Râpage HJ 10 1000 10000

Mise en sac + pressage HJ 5 1000 5000

Cuisson HJ 9 1000 9000

Calibrage HJ 2 1000 2000

Gardiennage Forfait 1 1000 1000

Transport de gari vers le magasin Sac (75 kg) 11 500 5500

Sous- total 2 44500

Charge total pour 833 kg de gari 161000

Rendement : 833 kg de gari pour 2,5 t de manioc frais

kg 833

Rendement : 333 kg de gari pour une de manioc frais

kg 333

Charge total /tonne de gari 64400

Prix de vente du gari kg 333 260 86580

Marge brute de commercialisation 22180

Amortissement équipement 2090

Marge nette 20090

Ratio (marge net/charge) 0,311956522

Ces tableaux montrent que l’achat du manioc, les opérations de râpage et de cuisson du 82.manioc râpé constituent les postes les plus consommateurs en matière de coûts de production du gari. Le combustible en l’occurrence le bois et l’eau pèsent 5% à peine du coût total de production du gari, Enfin, les opérations nécessitant la main-d’œuvre étant en majorité exécutée par les femmes transformatrices à l’exception du râpage, une minimisation des coûts de production du gari doit être orientée plus sur les charges y afférentes.

Les unités de transformation des zones de Ouègbo sont légèrement plus rentables que 83.celles de Adja –Ouèrè. Dans cette zone frontalière du Nigeria, la pression est plus forte sur la matière première, le manioc frais dont le coût d’acquisition élevée contribue à réduire les marges bénéficiaires nette des transformatrices.

Page 38: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 20 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de tapioca à Adja-Ouèrè

Poste de travail Coût de production

Unités Nombre Prix unitaire

Prix total

Matières premières Achat manioc bâchée 2,5 60000 150000 Déterrage Frais de transport Autres types d’intrants (eau+bois) bâchée 2,5 7200 18000 Sous total 1 168000 Epluchage HJ 10 1000 10000 Lavage HJ 2 1000 2000 Râpage HJ 10 1000 10000 Mise en sac + pressage HJ 5 1000 5000 Extraction amidon HJ 6 1500 9000 Cuisson HJ 10 1500 15000 Calibrage HJ 2 1000 2000 Gardiennage Forfait 1 1000 1000 Transport de Tapioca vers le magasin Sac (50 kg) 16 500 8000 Sous- total 2 62000 Charge total/bâchée de manioc 230000 Rendement : qté de tapioca obtenu pour une bâchée de manioc frais

Kg 675

Rendement : qté de tapioca obtenu pour une tonne de manioc frais 270 Charge total /tonne de tapioca 92000 Prix de vente du tapioca Kg 270 515 139050 Marge brute de commercialisation 47050 Amortissement équipement 510 Marge nette 46540 Ratio (marge net/charge) 0,50586957

Page 39: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 21 : Compte d’exploitation de la production d’une tonne de tapioca à Ouègbo Poste de travail Coût de production

Unités Nombre Prix unitaire

Prix total

Matières première Achat manioc bâchée 1 100000 100000 Déterrage Frais de transport Autres types d’intrants (eau + bois) bâchée 2,5 7200 18000 Sous total 1 118000 Epluchage HJ 10 1000 10000 Lavage HJ 2 1000 2000 Râpage HJ 10 1000 10000 Mise en sac + pressage HJ 5 1000 5000 Extraction amidon HJ 6 1500 9000 Cuisson HJ 10 1500 15000 Calibrage HJ 2 1000 2000 Gardiennage Forfait 1 1000 1000 Transport de Tapioca vers le magasin Sac (50 kg) 16 500 8000 Sous- total 2 62000 Charge total/ bâché de manioc 180000 Rendement : qté de tapioca obtenu pour une bâchée de manioc frais

Kg 675

Rendement : qté de tapioca obtenu pour une tonne de manioc frais 270 Charge total /tonne de tapioca tonne 1 72000 Prix de vente du tapioca Kg 270 540 145800 Marge brute de commercialisation 73800 Amortissement équipement 2090 Marge nette 71710 Ratio (marge net/charge) 0,995972222

Source : réalisés à partir des données collectées au cours de notre étude (2013).

L’analyse approfondie du compte d’exploitation de la production du tapioca montre que ce 84.sont les opérations d’achat du manioc, de transport, de râpage et de cuisson du manioc râpé qui constituent les plus importants postes de dépenses de la production de tapioca avec respectivement 27%, 13%, 13% et 13% des frais engagés.

7. Analyse de la main d’œuvre

La main d’œuvre des unités de transformation est marquée par une forte présence 85.féminine. En effet, des 866 adhérents que comptent les 51 unités de transformation enquêtées, les femmes sont au nombre de 716, soit 82% de l’effectif total.

Page 40: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Figure 6 : Evolution et répartition par sexe des membres des unités de transformation

Source : LARES-2013

La situation est la même dans toutes les zones enquêtées. La transformation du manioc 86.constitue une des activités rurales dont le monopole est détenu par les femmes. Les quelques hommes présents au sein des groupements, sont des époux qui accompagnent leurs femmes et occupent également les postes de secrétariat du groupement ou de l’association.

De façon spécifique, les hommes qui sont présents au sein des unités de transformation 87.sont affectés à des tâches qui demandent plus d’énergie humaine : déterrage des racines, presse, transport et stockage des marchandises, etc. Par contre les autres travaux du processus de transformation qui requièrent plus de patience sont confiés aux femmes.

Enfin, le sous-secteur de la transformation qui se modernise progressivement est 88.pourvoyeur d’emplois en milieu rural. Il constitue un important vivier d’emplois, notamment pour les femmes et les jeunes des deux sexes. En effet, les jeunes gens âgés généralement de 12 à 17 ans travaillent dans ces groupements en qualité de main d’ouvre familiale ou salariée pour des tâches ponctuelles ou journalières: cuisson et calibrage, approvisionnement en eau, ramassage et épluchage du manioc, lavage du manioc épluché pour les filles et déterrage, ramassage/transport et épluchage du manioc pour les garçons. Les moins âgés (7-11 ans) assurent la garde des enfants pendant les travaux.

Plusieurs métiers connexes voient le jour. Ils sont source d’emplois pour ne nombreux 89.jeunes dans certaines régions du sud-Bénin, en particulier dans l’Ouémé-Plateau et le Mono-Couffo. Il s’agit des artisans fabriquant des presses et râpeuses dont la demande est impulsée par l’augmentation de la production des dérivés du manioc. De même, cette initiative a donné naissance par endroits à de jeunes entrepreneurs (de location de ces matériels) qui offrent localement des services de proximité à coûts réduits aux transformatrices, qu’elles soient en groupement ou non.

8. Les principales contraintes à la transformation du manioc

En dépit des performances apparentes qu’il présente, le sous-secteur de la transformation 90.du manioc est confronté à de nombreuses contraintes. En effet, bien que se positionnant

0100200300400500600700800

Hommes Femmes Hommes Femmes

Année1 Année-2

Page 41: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

actuellement comme l’un des sous-secteurs de la transformation le plus en vue, les unités de production des dérivés du manioc doivent faire face à des problèmes relatifs :

a. A l’approvisionnement en matières premières, en manioc frais. Les unités de

production éprouvent des difficultés à trouver du manioc frais en quantité suffisante, situation qui les contraint à une sous utilisation de leur capacité. Cette insuffisance de l’offre pousse de nombreux groupements de transformation à entretenir leurs propres champs de production de manioc. Elle débouche aussi sur des pratiques spéculatives : achat de racines sur pieds sur de longues périodes parfois, prix élevés du manioc frais.

b. Cette difficulté d’approvisionnement doit aussi être mise en lien avec les problèmes des

fournisseurs. Parfois, certains fournisseurs ne respectent pas leurs engagements lors des transactions. Dans certaines régions, notamment dans les zones frontalières, certains fournisseurs préfèrent traiter avec les clients étrangers, qui paient au comptant leurs transactions à des prix parfois très intéressants.

c. Les problèmes d’approvisionnement sont aussi à mettre en relation avec les difficultés

de transport du manioc frais, des champs aux ateliers de transformation. Ce transport est fait à l’aide des moyens de bord : charrettes, taxi moto, etc. Cette situation renchérie les frais d’exploitation des unités et grève leur marge bénéficiaire nette.

d. Les autres difficultés ont trait à la pénibilité des activités de transformation. Bien que de

nombreux groupements ou associations soient dotés d’équipements permettant d’alléger la pénibilité du travail, certaines activités sont porteuses de problèmes majeurs. C’est le cas de la cuisson qui continue d’être une activité manuelle pénible pour les femmes. Elles sont soumises à une chaleur constante qui peut être source de maladie.

e. les problèmes de conditionnement des produits fabriqués sont également à signaler.

Cette dimension est cruciale, car elle conditionne aussi bien la qualité des produits que la possibilité de leur placement sur le marché. Les unités de production éprouvent d’énormes difficultés à s’approvisionner en sacs ou autres moyens de conditionnement hygiénique et attrayants pour les consommateurs. Rares sont les petites unités qui ont pu créer un véritable label (régularité de la qualité du produit, mode de conditionnement identifiable, inscription des paramètres permettant une traçabilité des produits). Le professionnalisme de ces unités a besoin d’être renforcé.

f. Les problèmes d’écoulement des produits sont à mettre en relief. Ils résultent de

plusieurs facteurs dont la faible capacité des unités à générer des produits demandés par le marché tant régional qu’international. L’atomicité de l’offre, la faible capacité à fabriquer des produits de grande valeur ajoutée (amidon, alcool) confine de nombreuses unités à fabriquer des produits de bas de gamme, se trouvant ainsi devant une saturation du marché. C’est le cas du gari auquel s’adonnent toutes les unités de transformation avec une très faible spécialisation. De ce fait, l’écoulement du produit est moins rapide que celui des céréales par exemple. Il faut attendre les années de forte baisse de la production des céréales pour voir la demande de gari monter de plusieurs crans.

Page 42: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

VII. CARACTERISATION DE LA DEMANDE DE MANIOC ET SES DERIVES

Les dérivés courants du manioc, les plus demandés sur le marché sont le gari, le Tapioca, 91.les cossettes, le lafun et l'amidon. Le gari à lui seul représente plus de 70% de la demande des produits du manioc. Les facilités de sa consommation immédiate, ou après une préparation sommaire, la possibilité de l’associer à d’autres mets favorisent sa forte demande sur le marché local.

Plus de 90% de la production nationale utile de manioc est consommée localement, avec 92.moins de 10% utilisés à des fins industrielles. Bien que la production du manioc soit en progression et créer des excédents exportables, le Bénin n'est pas encore présent sur le marché international. Les tentatives qui ont eu lieu au cours des années 90 avec l’exportation des cossettes de manioc sur le marché européen se sont heurtées à des problèmes de compétitivité. En effet, la faiblesse des systèmes de transformation en lien avec la faiblesse des équipements des unités de transformation confère très peu de compétitivité aux produits béninois sur le marché international.

Cette situation est d’autant plus dommageable que la demande du marché international 93.pour certains dérivés du manioc, notamment l’amidon et l’alcool ne cesse de croitre. De même, de nouvelles sources potentielles de la demande existent : (i) demande pour la fabrication de la farine panifiable, (ii) demande des industries de transformation des aliments du bétail, etc.

1. La demande de produits de manioc destinée à la consommation alimentaire

Les volumes et les formes de consommation du manioc diffèrent d’une région à une autre. 94.

a. Au sud et au centre, la consommation du manioc vient en première position dans les

régimes alimentaires des populations rurales. Par contre au nord du Bénin, le manioc est un aliment de substitution. Les dérivés de manioc les plus couramment consommés sont :

b. Le Gari est le dérivé le plus consommé et échangé de tous les produits alimentaires

fabriqués à partir de racines de manioc. La demande et la part du marché de gari est en hausse en Afrique de l'Ouest et du centre. Les transformateurs ruraux perçoivent le gari comme un produit intéressant avec une très bonne aptitude à la conservation et, en moyenne, avec une meilleure demande du marché que les autres produits. Le gari jouit de certains avantages par rapport aux céréales, comme le maïs, le sorgho, le mil et le riz importé qui peuvent nécessiter des préparations complémentaires pour un temps relativement long avant consommation, il peut donc constituer, dans une certaine mesure, un produit de substitution aux céréales sur les marchés urbains et ruraux, si la tendance actuelle se maintient ou progresse d’ici quelques années. Effet, la consommation du gari a été fortement relancée depuis 2008 en lien avec la hausse des prix des céréales locales et importées. Autrement dit, la crise alimentaire a renforcé la consommation du gari ces cinq dernières années au point de redouter un bouleversement des habitudes alimentaires dans un proche avenir. C’est un produit sec

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(taux d’humidité: 8 à 10%), acide (pH : 4,3 à 5’0) et hautement énergétique (environ 335 kcal/l00 g de gari) se présentant sous la forme d’une sorte de semoule de couleur blanchâtre.

c. Intervient ensuite la cossette du manioc, qui est moulue pour fabriquer une pâte

alimentaire consommée avec de la sauce de gombo ou d’épinard. La farine est parfois mélangée à celle du maïs ou du mil. Sa consommation très forte dans le Centre et le Nord du pays en période de soudure, tend à prendre de l’ampleur au cours des dernières années.

d. Suivent les autres produits, notamment le lafun et le Tapioca, qui sont considérés

comme des dérivés de luxe, en raison de leur prix élévé. Si le tapioca est consommé un peu partout dans le Bénin, la consommation du Lafun est l’apanage des populations de l’Ouémé et du Plateau et du Sud Ouest du Nigeria. D'autres aliments locaux à base de manioc sont Abgeli klaklo, kute libo, Galikponnon (pain de manioc), le pain blanc tranché, Goman, kluiklui (snack).

2. Utilisation industrielle des dérivés du manioc

L’utilisation à des fins industrielles du manioc prend d’essor avec la fabrication et la mise 95.en marché de nouveaux produits dont la farine panifiable, l’alcool et le gari raffiné. Cependant, le nombre d’entreprises qui s’investissent dans ce domaine reste encore limité et les quantités produites sont faibles. En dehors de la farine panifiable qui est consommée par les boulangeries locales, les autres produits dont l’alcool et le gari raffiné sont prioritairement destinés à l’exportation.

3. Consommation animale

L’utilisation du manioc dans l’alimentation animale vise en particulier à satisfaire les 96.besoins calorifiques des animaux. En raison de sa faible teneur en protéines, le taux d’incorporation du manioc dans les aliments composés pour les animaux est relativement faible : de 10 à 20% pour la volaille, de 10 à 40% pour les porcs, et de 10 à 25% pour les ovins et les bovins. Le manioc utilisé pour l’alimentation animale peut être directe (épluchures et cossettes) ou en association avec d’autres produits alimentaires. Au Bénin, les épluchures de manioc sont très utilisées pour l’alimentation des porcs. Les études sur les porcs montrent que les épluchures peuvent constituer jusqu'à 40% de la ration composée de leur croissance (Tewe et Oke, 1983). On assiste à un début d’utilisation du manioc dans la fabrication de la nourriture de la volaille et des poissons. Les éleveurs d’ovins et de caprins ont également recours au manioc en période de sècheresse pour nourrir les animaux. Cependant, le manioc est encore absent dans l’alimentation des bovins à cause des systèmes d’élevage dominés par l’élevage extensif avec l’abandon des animaux en pâture dans la nature. Malheureusement au niveau national, il n’y a pas de trace de données quantitatives pour caractériser le niveau de la demande du manioc pour l’alimentation animale.

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VIII. DYNAMIQUE DES ECHANGES

1. Caractérisation des flux commerciaux du manioc et de ses dérivées

Le manioc est produit en partie pour être vendu sur le marché à l’état frais ou après 97.transformation. Cette situation a fortement incité les producteurs à augmenter leurs surfaces et à accroître ainsi les surplus commercialisables. Selon les données de nos enquêtes, la production des ménages est affectée à différents postes d’utilisation dont la consommation, la commercialisation de manioc frais, la transformation et la commercialisation des dérivés de manioc sur les marchés intérieur et extérieur. Les grands bassins de production du manioc frais sont par excellence, les zones d’où partent les surplus de dérivés destinés aussi bien au marché intérieur qu’à l’exportation. Ces bassins servent également de zones dans lesquelles se déroule la première transformation du manioc avant l’expédition des produits vers les grands centres urbains.

Cependant, comme les produits dérivés du manioc sont en priorité destinés à la 98.consommation humaine, la transformation primaire du manioc dans chaque grand bassin de production dépend en grande partie des habitudes de consommation des ménages-producteurs mais aussi de la demande dans les centres de consommation urbains les plus proches. Ainsi, on assiste à une segmentation/spécialisation de la transformation du manioc en fonction des bassins de production.

a. dans le bassin de production du sud, les dérivés du manioc les plus courants sont le

lafun, les cossettes, le gari et le Abgélima. Le lafun et les cossettes de manioc sont très demandés par le marché nigérian avec lequel le bassin fait frontière.

b. dans le bassin de production du Centre, les produits les plus courants sont le gari de

toutes les qualités, le Tapioca et dans une moindre mesure les cossettes de manioc. Le gari et le tapioca transformés dans cette région alimentent le marché local de même que les marchés nigérien et burkinabé.

c. dans le bassin de production du Nord, le tapioca et le gari sont les produits phares.

Dans la plupart des cas, les grossistes et les exportateurs s’approvisionnement en produits 99.ayant subi une première transformation dans les bassins de production, et les acheminent vers les centres urbains pour être reconditionnés afin de coller aux exigences du marché de consommation.

2. Le marché intérieur

Le marché intérieur est animé par deux maillons de la chaîne des valeurs dont le 100.commerce du manioc frais et le commerce des dérivés.

a. Le commerce de manioc frais implique les producteurs, les transformatrices, les consommateurs et transporteurs. Le manioc frais commercialisé sur les marchés est destiné à la consommation des populations locales des villages ou des centres urbains proches. Il peut être commercialisé frais ou sous forme bouillie dans les gargotes. Les résultats obtenus montrent que les producteurs commercialisent environ 42% du

Page 45: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

volume de leur production de manioc frais sur les marchés, les 58% étant consommés ou/et commercialisés sous forme de dérivés. Cela laisse entrevoir que 58% de la production sont autoconsommés sous plusieurs forme : manioc frais, gari fabriqué par le ménage et cossette, etc.

b. En dehors de la consommation en l’état ou sous la forme bouillie, le manioc frais est

transformé en de nombreux dérivés et commercialisés. Le résultat d’enquête montre que plus de85% du manioc frais utile sont transformés, autoconsommés et commercialisés : le gari (43%) vient en première position suivi des cossettes (24%), le Tapioca (7%) et le lafun (2%). La commercialisation des dérivés est contrôlée par une chaîne d’opérateurs privés composés des grossistes, des négociants et des détaillants, avec un certain nombre d’intermédiaires (transporteurs, gardiens d’entrepôts, manutentionnaires, etc.).

3. Le marché extérieur

Le marché extérieur implique trois catégories de débouchés : (i) les marchés des pays 101.voisins (Nigeria, Niger et accessoirement le Burkina-Faso), (ii) les marchés de l’Afrique centrale (Gabon, Congo et République Centrafricaine) et (iii) le marché international (Europe et Amérique du Nord).

a. Le Niger constitue le principal débouché du gari béninois avec des exportations estimées à plus de 20 000 tonnes par an, soit l’équivalent de près de 3 milliards de Francs CFA par an. Sur ce marché sont également écoulées des cossettes de manioc.

b. Le marché nigérian importe outre du manioc frais à partir des marchés frontaliers de Kétou, de Adja-Ouèrè, de Pobè le Lafun et l’amidon produit dans les unités artisanales.

c. Le marché des pays de l’Afrique Centrale accueille essentiellement du gari et connait d’importantes fluctuations.

d. Les exportations internationales exploitent essentiellement les niches de marché formé par la diaspora des pays de l’Afrique de l’Ouest, du Centre dans les pays du Nord (Europe et Amérique du Nord). Ces exportations portent sur de petites quantités de gari amélioré. Les données d’enquêtes ne nous ont pas permis de quantifier les quantités de gari exportées.

4. Circuits de commercialisation du manioc frais et de ses dérivés

Ils s’organisent en fonction des lieux de production et de distribution. Ainsi on peut 102.distinguer les circuits courts, des circuits longs dont les ramifications vont jusqu’aux marchés régionaux ou internationaux.

Les circuits ont une envergure locale ou nationale. Ainsi, plusieurs circuits de la 103.

région méridionale convergent vers Cotonou, le plus grand marché de consommation. Ces circuits partent des zones de production ou des marchés de regroupement de Kétou, Pobè, Adja-ouèrè, Sakété au Sud-est, ou de Azovè, Aplahoué, Comé à au Sud-ouest, de Allada, Sékou, Bohicon, et Glazoué au Centre. Ce circuit draine les flux les plus importants de gari, de tapioca, un peu de lafun.

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Le second circuit d’envergure nationale draine des produits comme le gari, le tapioca 104.et les cossettes de manioc des zones de production vers le Marché de Malanville. Ces circuits partent principalement du centre du Bénin (communes de Dassa, Glazoué, Savalou, Bantè, Savè, Ouèssè). Ces approvisionnements sont complétés par ceux des communes de Bassila, de Tchaourou d’une part, de Kouandé et de Djougou d’autre part.

Les circuits longs sont également de deux ordres : les circuits régionaux et ceux allant 105.

sur le marché international.

a. Les circuits régionaux les plus importants partent du marché de Malanville pour les

différentes localités du sud-ouest du Niger : Dosso, Niamey et Tillabéry ; C’est le principal débouché extérieur du gari béninois. A ce circuit s’ajoutent d’autres moins importants qui permettent de relier les localités du sud-ouest du Burkina à partir des marchés de Parakou, Djougou et Natitingou ;

b. Plus au Sud, on note des circuits commerciaux qui partent des localités de Kétou et

d’Adja Ouèrè pour les villes du Sud-ouest du Nigeria. De même, le bassin méridional enregistre des flux de gari et de tapioca en provenance du Togo.

Au total, les circuits de commercialisation des produits dérivés du manioc sont très 106.

denses en lien avec la très forte présence du produit sur toute l’étendue du territoire. En effet, la consommation des produits dérivés du manioc n’est plus l’apanage d’une seule région, toutes les couches de la population les ont intégrés à des degrés divers dans leur régime alimentaire.

Page 47: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Carte 3 : Circuits de commercialisation du manioc frais et de ses dérivés

Page 48: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 22 : Quantité (kg) commercialisée du manioc et de ses dérivés par zone enquêtées

Zones Manioc frais

Gari Tapioca Cossette Lafun Amidon

Moyenne 12045,45 1686,84 2300,00 5580,56 1 Somme 265000,00 32050,00 4600,00 150675,00 Moyenne 12675,85 3513,64 2 Somme 329572,00 77300,00 Moyenne 13903,85 7661,90 2582,14 3 Somme 361500,00 160900,00 72675,00 Moyenne 8160,00 2599,43 1061,67 2646,88 4 Somme 40800,00 90980,00 12740,00 21175,00 Moyenne 13829,47 1679,79 700,29 12590,00 520,00 80,00 5 Somme 262760,00 80630,00 11905,00 428060,00 2080,00 80,00 Moyenne 15882,35 3018,75 1350,00 386,36 425,00 6 Somme 810000,00 48300,00 9450,00 4250,00 850,00 Moyenne 12749,50 3360,06 Total Somme 2069632,00 490160,00 38695,00 651410,00 6330,00 22105,00

SOURCE : LARES, 2013

5. Volumes entrant et sortant (flux)

Compte tenu de la haute périssabilité du manioc frais, le marché s’organise 107.essentiellement autour des dérivés de cette racine. L’analyse des marchés du manioc et de ses dérivés révèle une organisation assez structurée qui implique plusieurs acteurs en mettant les grossistes au centre du système. Le marché s’organise autour des commerçants-grossistes situés dans les grands centres urbains qui déploient les collecteurs des produits du manioc vers les zones rurales pour collecter différents produits sur les marchés locaux ou directement chez les producteurs. Ces commerçants-grossistes stockent les produits dans leurs magasins pour les revendre à leurs clients des zones urbaines et des pays de la sous-région.

La collecte et la vente des produits du manioc s’organisent autour de divers acteurs 108.

de la filière. Le point de départ des échanges se situe au niveau du producteur qui prend la décision de vente. A l’autre bout de la chaîne, la demande du manioc et de ses dérivés qui correspondent à un besoin alimentaire en quantité et qualité précise. Cette demande détermine l’orientation des transactions en termes de volume, prix et des formes sous lesquelles le produit est commercialisé. Les produits dérivés du manioc mis en vente suivent un circuit classique et passent des marchés de collecte aux marchés de regroupement pour ensuite être répartis vers les marchés de consommation nationaux et internationaux.

Toute cette chaîne d’échanges est difficilement quantifiable, car aucune enquête n’a 109.

pu faire ressortir clairement les volumes mis en marché par les producteurs et les transformateurs. Cependant nos enquêtes de terrain ont permis de releverdurant la période les volumes et les directions des transactions sur les marchés échantillonnés. Le tableau ci-dessous montre l’évolution des flux des produits du manioc et leur destination.

Page 49: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 23 : caractérisation des flux des produits du manioc sur les marchés nationaux

(relevés de deux foires successives de périodicité moyenne de 5 jours en juin 2013) Type de produit Quantité Provenance Destination Distance

(Km) Sens du

flux

GARI ORDINAIRE

63 Sacs de 150 Tongolos ou 120KG

KLOUEKANME BOHICON 42 Entrant

GARI FINFIN 17 SACS DE 150 Tongolos ou 120 kg

DOGBO BOHICON 70 Entrant

TAPIOKA 17 SACS DE 150 Tongolos ou 120 kg

COVE BOHICON 30 Entrant

GARIORD 17Sac de105KG KLOUEKANME BOHICON 42 Entrant

TAPIOCA 7Sacs de 105KG COVE BOHICON 30 Entrant

Gari ordinaire 50 Sacs de 150 Tongolos ou 120 kg

BOHICON MALANVILLE 607 Sortant

Gari fin 50 Sacs de 150 Tongolos ou 120 kg

BOHICON COTONOU 120 Sortant

Gari ordinaire 6Sac de 105kg Bohicon NIGER Sortant

Tapioka 88 Kg Massè Adja-Ouèrè 23 Entrant

Lafou 15 Kg Massè Adja-Ouèrè 23 Entrant

Gari 132 Kg Dasso Adja-Ouèrè 20 Entrant

Tapioca 176 Kg Massè Adja-Ouèrè 23 Entrant

Lafou 24 Kg Massè Adja-Ouèrè 23 Entrant

Gari 352 Kg Dasso Adja-Ouèrè 20 Entrant

Gari 132 Kg Adja-Ouèrè Ikpinlè 90 Sortant

Tapioca 132 Kg Adja-Ouèrè Modani 8 Sortant

Gari 352 Kg Adja-Ouèrè Ikpinlè 9 Sortant

Cossette de manioc

50 sacs de 93 Kg Cabor Parakou 82 Entrant

Gari 8 sacs de 70 Kg Cocobè (Tchaourou) Parakou 22 Entrant

Tapioka 9 sacs de 70 Kg Cocobè (Tchaourou) Parakou 22 Entrant

Gari 9 de 95kg Cocobe parakou 25 Entrant

Cossette de manioc

12 de 93kg garinga parakou 96 Entrant

Cossette de manioc

38 sacs de 73 Kg Parakou Cotonou 458 Sortant

Cossette de manioc

60 de 93 kg Parakou Cotonou 458 Sortant

GARI 50 de 95 kg Parakou Malanville 320 Sortant

Manioc Frais 40 sacs de 150 Kg Toffo Cotonou 90 Entrant

Manioc Frais 50 sacs de 230 Kg Kpinnou, Djakotomè, Houéyogbé

Cotonou 144 Entrant

Gari Fin 10 sacs de 130 Kg Ikpinlè Cotonou 111 Entrant

Gari Fin 7 sacs de 130 Kg Vogan (Togo) Cotonou 144 Entrant

Gari Fin 8 sacs de 130 Kg Glo Cotonou 34 Entrant

Gari Ordinaire 15 sacs de 130 Kg Ouèssè Cotonou 327 Entrant

Tapioka 8 sacs de 130 Kg Ikpinlè Cotonou 111 Entrant

Tapioka 10 sacs de 130 Kg Dogbo Cotonou 125 Entrant

Manioc Frais 35 sacs de 150 Kg Toffo Cotonou 90 Entrant

Page 50: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Type de produit Quantité Provenance Destination Distance (Km)

Sens du flux

Manioc Frais 40 sacs de 230 Kg Kpinnou, Djakotomè, Houéyogbé

Cotonou 144 Entrant

Gari Fin 8 sacs de 130 Kg Ikpinlè Cotonou 111 Entrant

Gari Fin 8 sacs de 130 Kg Vogan (Togo) Cotonou 144 Entrant

Gari Fin 7 sacs de 130 Kg Glo Cotonou 34 Entrant

Gari Ordinaire 12 sacs de 130 Kg Ouèssè Cotonou 327 Entrant

Tapioka 6 sacs de 130 Kg Ikpinlè Cotonou 111 Entrant

Tapioka 8 sacs de 130 Kg Dogbo Cotonou 125 Entrant

Manioc 450kg Ogboilefin Kétou 7 Entrant

Gari 10125kg Igbola Kétou 95 Entrant

Tapioca 675kg Adjozoumè Kétou 5 Entrant

Cossette manioc 450kg Kpankoun Kétou 5 Entrant

Lafou 900kg Idéna Kétou 3 Entrant

Manioc 353kg Ogboilefin Kétou 7 Entrant

Gari 9450kg Igbola Kétou 95 Entrant

Tapioca 450kg Adjozoumè Kétou 5 Entrant

Cossette manioc 225kg Kpankoun Kétou 5 Entrant

Lafou 500kg Idéna Kétou 3 Entrant

Gari 400 Sacs de 180kg Kétou Malanville 675 Sortant

Gari 64Sacs de 180 kg Kétou Ouando 108 Sortant

Gari 10 sacs de 143 Kg Bantè Glazoué 76 Entrant

Cossette de manioc

10 sacs de 46 Kg Bantè Glazoué 76 Entrant

Gari 15 sacs de 143 Kg Bantè Glazoué 76 Entrant

Cossette de manioc

10 sacs de 46 Kg Bantè Glazoué 76 Entrant

Gari 10 sacs de 143 Kg Glazoué Cotonou 230 Sortant

Cossette de manioc

10 sacs de 46 Kg Glazoué Bohicon 100 Sortant

Gari 15 sacs de 143 Kg Glazoué Cotonou 230 Sortant

Cossette de manioc

10 sacs de 46 Kg Glazoué Bohicon 100 Sortant

Gari 30 sacs de 130 Kg Djakotomè Azovè 20 Entrant

Gari 19 sacs de 130 Kg Togo Azovè 40 Entrant

Gari 50 sacs de 130 Kg Azovè Sèmè-Kpodji 180 Sortant

Gari 70 sacs de 130 Kg Azovè Malanville 659 Sortant

Source : Enquête ONASA 2013

IX. CARACTERISATION DES SEGMENTS ET ACTEURS CLES DE LA CHAINE DE VALEUR MANIOC

On distingue plusieurs types d’acteurs aux fonctions diverses et variées qui 110.interviennent directement ou indirectement dans le commerce du manioc et de ses dérivés au Bénin. Ces différents types d’acteurs peuvent être regroupés en deux catégories :

Page 51: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

a. les acteurs privés directs de la chaine des produits du manioc : ils interviennent

directement dans la chaîne de valeur manioc et regroupent les producteurs, les commerçants (grossistes, détaillants, exportateurs), les transporteurs, les transformatrices, les institutions de micro-finance, les ONG, et les consommateurs.

b. les acteurs publics de la chaine de valeur des produits du manioc : il s’agit des institutions

qui viennent en appui (encadrement, logistique, conseils, etc.) aux principaux acteurs pour le développement de la filière, les services techniques de l’Etat, les projets et les institutions de recherche.

X. LE SEGMENT DE LA PRODUCTION

Les producteurs : cette catégorie d’acteurs regroupe essentiellement les fermiers 111.

que l’on rencontre dans les localités enquêtés. Ce sont les premiers intervenants de la chaîne de valeur manioc. Il en existe de plusieurs catégories, en lien avec les systèmes de production adopté, la place du manioc dans l’exploitation et la destination finale de la production, et l’usage qui fait de la production. En effet, après avoir réservé une partie de leur production destinée à l’autoconsommation, les producteurs commercialisent le surplus sur le marché. Cette dernière partie de la production constitue le premier apport de manioc destiné aux centres urbains et c’est à ce niveau de la chaîne que démarre l’approvisionnement des villes. Au sein de ce groupe, on distingue plusieurs catégories en fonction de leur capacité à commercialiser les excédents de production : (i) les producteurs dont les productions sont exclusivement destinées à l’autoconsommation familiale (environ 10% des enquêtés); (ii) les producteurs-transformateurs (environ 80% des exploitants) capables de commercialiser en zone périurbaine une partie de leur production en frais et/ou sous la forme de produits transformés (ils représentent 68% des enquêtés); (iii) les producteurs-transformateurs-vendeurs spécialisés correspondent aux unités industrielles et semi industrielles dont la production est exclusivement destinée à la transformation (environ 8% des enquêtés).

Les acteurs de l’appui technique et financier. Ils relèvent à la fois des institutions 112.

publiques que du privé et du secteur associatif. En effet l’Etat a accordé au cours des quinze dernières années une importance particulière à la production du manioc. Il a de ce fait déployé des moyens relativement importants pour apporter un encadrement conséquents aux producteurs : transfert de technologie et appui à l’acquisition d’équipement. De nombreuses actions déployées par l’Etat ont été relayées sur le terrain par des Organisations Non gouvernementales et l’intervention des institutions de micro-crédit. il s’agit d’acteurs qui sont mal positionnés sur la chaine. On les retrouve aussi au niveau du maillon de la transformation.

XI. LE SEGMENT DE LA TRANSFORMATION

Les transformatrices constituent également des acteurs importants de la chaine de 113.valeur. Outre les unités industrielles qui traitent moins de 10% de la production, ce sont les femmes regroupées au sein des différents groupements et autres unités de production qui dominent. Elles représentent les acteurs majeurs de la chaine de valeur du manioc.

Page 52: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Faiblement représentées au niveau du segment production du manioc frais, elles dominent les secteurs de la transformation et de la commercialisation.

Outre les transformatrices et autres industriels, le segment de la commercialisation 114.

comprend aussi une série d’artisans qui fabriquent et réparent le petit matériel qu’utilisent les unités de production. Il s’agit de forgerons et autres vanniers.

XII. LE SEGMENT DE LA COMMERCIALISATION

Les commerçants : la catégorie des commerçants est dominée par les femmes et 115.regroupe de nombreux acteurs dont les rôles se confondent souvent sur le terrain suivant les opportunités qui se présentent sur le marché. Il s’agit : (i) des collecteurs ; (ii) des grossistes, (iii) des semi-grossistes; (iv) des détaillants et (v) des exportateurs.

a. Les collecteurs : ils constituent le deuxième maillon de la chaîne d’approvisionnement et

de la distribution des produits du manioc. Ils agissent souvent pour le compte des grossistes et semi-grossistes qui mettent à leur disposition des ressources financières pour les achats. Ils peuvent également agir pour leur propre compte, mais leur surface financière est plus petite. Ils ont une bonne connaissance du terrain et des producteurs, par conséquent détiennent des informations sur la qualité, les quantités disponibles et le prix des produits dérivés du manioc au niveau du village ;

b. Les grossistes et semi-grossistes: ils s’approvisionnent en gros sur les marchés ruraux

directement auprès des producteurs ou par l’intermédiaire des collecteurs. Le rythme d’approvisionnement correspond à la périodicité des marchés de collecte dans les zones de production. Il est souvent difficile d’établir la limite entre les commerçants grossistes et semi-grossistes. Le point de repère se situe au niveau des volumes des transactions et des formes de conditionnement pour la commercialisation sur le marché ;

c. Les détaillants : ce sont en majorité des femmes qui ont un niveau de revenu

relativement faible et qui s’approvisionnent auprès des grossistes ou des semi-grossistes en petites quantités tous les jours ou une fois tous les deux jours en fonction de leurs ressources financières et de la demande du marché. Elles sont très actives dans les marchés de proximité et les quartiers de villes ;

d. Les exportateurs : cette catégorie regroupe les commerçants (es) qui exportent les

produits dérivés de manioc vers la sous-région et vers le marché international. On y retrouve les exportateurs formelles et les informelles. Les dérivés du manioc qui font l’objet d’exportation sont essentiellement le Gari, les cossettes et l’alcool. Le transport se fait par voie terrestre, maritime et aérien, en petites quantités grâce à la diaspora béninoise ;

Les consommateurs : ils sont les derniers intervenants de la chaîne 116.

d’approvisionnement du manioc et de ses dérivés et représente une catégorie très diversifiée du fait des préférences, du pouvoir d’achat et de l’utilisation finale du produit. Les contraintes ressenties par les consommateurs doivent, grâce à leur comportement, se répercuter tout au long de la chaîne de valeur.

Page 53: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Les transporteurs: ils représentent un maillon clé de la chaine de valeur manioc. Ils 117.sont un facteur déterminant de la disponibilité physique et du niveau des prix. L’observation des circuits d'approvisionnement et de distribution des produits du manioc suivant les stratégies adoptées par les usagers met en évidence la pluralité des modes de transport utilisés par les acteurs pour mener à bien leurs activités.

Les organismes d’encadrement de la filière manioc : il regroupe les CeCPA, les 118.

services du conditionnement et du contrôle de la qualité, les directions départementales du commerce, les projets et ONG impliqués dans la problématique de la chaîne de valeur manioc, les institutions de recherches et les services de gestion des marchés. Parmi les acteurs de gestion des marchés, on retrouve:

a. Le régisseur du marché : Il s’agit de l’agent chargé de la gestion administrative

quotidienne. C’est celui qui est chargé d’attribuer des places sur demande, aux commerçants en fonction de leurs produits, de veiller au bon fonctionnement du marché (propreté, hygiène, sécurité des personnes et des biens, etc.) et d’assurer par le biais de ses collaborateurs la collecte des droits de place sur le marché ;

b. Les chefs de bloc ou de hangar : Ils sont chargés de veiller au conditionnement et à la

sécurité des marchandises sur le marché ;

c. Les policiers : Ils sont surtout présents dans les marchés urbains et sur les routes où ils

ont la charge d’assurer la sécurité des personnes et des biens et de veiller à ce que la règlementation soit respectée;

d. Les gardiens du marché, assurent la sécurité des équipements marchands de nuit

comme de jour, le contrôle des véhicules lors du chargement et déchargement des produits.

e. Les agents des douanes : ce sont des agents des services du Ministère des Finances qui

interviennent au niveau du commerce d’exportation ;

f. Les agents de la police phytosanitaire : ce sont des agents des services du Ministère de

l’Agriculture, qui ont la charge de la surveillance de l’état sanitaire des marchandises et qui perçoivent des droits sur celles-ci.

Tableau 24 : quantités moyennes (T) des produits du manioc acquis par les différents

acteurs du circuit de commercialisation (relevés de deux foires successives de périodicité moyenne de 5 jours en juin 2013)

grossistes

Collecteurs

détaillants

Consommateurs

restaurateurs

Industriels

Gari 68,03 26,33 35,72 15,43 8,25 10 Tapioca 78 15 30,73 27,12 17 Cossette 40 38,33 51 36,67 40 0 Lafun 80 10 50 45 10 Amidon 100

SOURCE : LARES-2013

Page 54: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

1. Compte d’exploitation de la commercialisation du manioc et ses dérivées

Le tableau représente le compte d’exploitation de la commercialisation des dérivés 119.de manioc sur l’axe Nord pour le gari et les cossettes. Les produits partent des communes de Savalou, Ouèssè et Parakou pour le marché frontalier de Malanville. L’analyse du tableau montre que le commerce du Gari et des Cossettes sur ces différents axes est rentable. Ainsi, pour un investissement de 401 500F CFA, le commerçant a une marge de 53 500FCFA sur l’axe Savalou-Malanville pour 1T de Gari, Pour la même quantité de produit, le commerçant gagne 54 000FCFA pour un investissement de 321 000 FCFA sur l’axe Ouèssè-Malanville. La marge sur l’axe Parakou-Malanville est de 21000 FCFA pour un investissement de 354 000FCFA.

Pour 1T de cossettes de manioc, les commerçants ont respectivement une marge 120.

brute de 131 000FCFA pour Ouèssè-Malanville, 110 500FCFA pour l’axe Savalou-Malanville et 93 000FCFA pour Parakou-Malanville. Sur les trois communes principales qui alimentent le marché de Malanville, c’est l’axe Ouèssè-Malanville qui est le plus rentable pour le commerce du Gari et des cossettes de manioc. Cependant, la rentabilité des cossettes de manioc est largement au-dessus de celle du gari. La différence observée dans les marges entre le marché de Ouèssè et celui de Parakou peut se justifier par le fait que Ouèssè est un marché de production alors que Parakou est un marché de regroupement.

Le commerce du Tapioca n’est rentable sur aucun de ces axes. Ces résultats 121.

expliquent la rareté du Tapioca sur les marchés finaux de consommation. En effet, le Tapioca est un dérivé raffiné du manioc qui nécessite assez de travail et de vigilance. Ce qui fait que le coût de production est très élevé à la fin du processus et le prix de vente également. Le Tapioca ne fait pas l’objet de fréquentes transactions entre marchés. Le commerce aux abords des routes principales est le plus répandu.

Tableau 25 : Compte d’exploitation de la commercialisation d’une tonne de chacun des

principaux dérivés du manioc sur le marché de Malanville

Produit Gari Cossette Marché de destination Malanville

Marché de provenance Savalou Ouèssè Parakou Savalou Ouèssè Parakou Prix d'achat 348000 262000 310000 141000 117000 167000 Frais de transport de l'individu 20000 20000 15000 20000 20000 15000 frais de transport du produit 20000 25000 15000 15000 18000 11000 Frais de chargement 1500 2000 2000 1500 2000 2000 Frais de déchargement 2000 2000 2000 2000 2000 2000 Conditionnement 1000 1000 1000 1000 1000 1000 Gendarmerie 2000 2000 2000 2000 2000 2000 Ticket 3000 3000 3000 3000 3000 3000 Taxe de marché 3000 3000 3000 3000 3000 3000 Frais de gardiennage 1000 1000 1000 1000 1000 1000 Prix de vente 455000 375000 375000 300000 300000 300000 Marge brute 53500 54000 21000 110500 131000 93000

Source : Réalisé sur la base des données d’enquête de l’ONASA

Page 55: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 26 : Compte d’exploitation de la commercialisation d’une tonne de chacun des

principaux dérivés du manioc sur le marché de Dantokpa Produit Gari Tapioca

Marché de destination Dantokpa

Marché de provenance Glazoué Bohicon Azovè Glazoué Bohicon Azovè

Prix d'achat 325 000 350 000 325 000 717000 592000 361000

Frais de transport de l'individu 5000 5000 5000 5000 5000 5000

frais de transport du produit 10000 10000 10000 10000 10000 10000

Frais de chargement 1000 1000 1000 1000 1000 1000

Frais de déchargement 2000 2000 2000 2000 2000 2000

Conditionnement 1000 1000 1000 1000 1000 1000

Gendarmerie 1000 1000 1000 1000 1000 1000

Ticket 1000 1000 1000 1000 1000 1000

Taxe de marché 3000 3000 3000 3000 3000 3000

Frais de gardiennage 1000 1000 1000 1000 1000 1000

Prix de vente 416000 416000 416000 745000 745000 745000

Marge brute 56000 41 000 56 000 3000 128000 359000

Source : Réalisés sur la base des données d’enquête de l’ONASA

L’analyse du compte d’exploitation de la commercialisation des dérivés de manioc 122.entre les communes de Glazoué, Bohicon, Azovè et Cotonou montre que le commerce du Gari et du Tapioca sur ces axes est rentable. En effet, pour 1T de gari vendue, la marge brute du commerçant est de 56 000 FCFA sur l’axe Glazoué-Cotonou, 41 000 FCFA sur l’axe Bohicon-Cotonou et 56 000 FCFA pour Azovè-Cotonou. Pour 1T de Tapioca, la marge du commerçant est de 3000 FCFA sur l’axe Glazoué-Cotonou, 128000 FCFA sur l’axe Bohicon-Cotonou et 359000 FCFA pour Azovè-Cotonou.

La commercialisation du gari et du Tapioca est plus rentable sur le réseau du Sud que 123.

sur celui du Nord. Par contre, la commercialisation des cossettes de manioc est rentable au Nord alors qu’elle ne l’est pas autant au sud. Cette tendance colle bien avec les habitudes de consommation des différentes zones du pays. Cependant, il est important de souligner que les marges sont réparties entre les acteurs impliqués dans les maillons de commercialisation en partant des collecteurs aux détaillants, mais l’agrégation des données telles que présentées ne permet pas de dégager le taux qui revient à chaque acteur. Notons que, plus le circuit est long, plus la valeur ajoutée créée par les différents acteurs est importante.

2. Analyse de la main d’œuvre

La main d’œuvre des unités de commercialisation est composée pour l’essentiel des 124.membres de la famille et élargie le cas échéant à des ouvriers ou agents d’appui. En effet, la majeure partie des unités de commercialisation sont des entreprises familiales très peu étoffées en main d’œuvre. Outre le chef ou la gérante de l’établissement, les autres agents sont constituées des ouvriers, parfois occasionnels chargés des opérations de déchargement / chargement et de conditionnement des produits.

Page 56: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Au point de vue de la composition selon le genre, les femmes dominent la sphère de 125.

propriétaires des unités. Plus de 75% des agents engagés dans la commercialisation des produits dérivés du manioc sont des femmes. Par contre le personnel d’appoint est pour une large part constitué d’hommes.

3. Les principales contraintes à la commercialisation

Les marchés des produits du manioc béninois sont caractérisés par : (i) la saisonnalité 126.et l’irrégularité de l’offre ; (ii) l’instabilité des prix ; (iii) la segmentation du marché, et (iv) le niveau élevé de risque et d’incertitude.

La saisonnalité et l’irrégularité de l’offre des produits face à une demande 127.

relativement rigide. En effet la disponibilité qualitative et quantitative des produits du manioc varie d’une année à l’autre, en fonction des aléas climatiques et des conditions de production. Il s’ensuit alors, face à une demande rigide, des périodes de pénurie et de faible disponibilité physique des produits. En règle générale, la demande est plus forte au cours des années qui enregistrent une baisse de la production céréalière, soit sur le marché local, soit sur les marchés des pays voisins.

L’instabilité des prix sur les marchés : les prix des produits du manioc varient d’une 128.

année à une autre, elle est consécutive à la saisonnalité de l’offre, à sa variation d’une année à l’autre, aux difficultés de conservation adéquate de ses produits pour assurer leur disponibilité permanente.

La segmentation du marché : l’hétérogénéité des produits, les préférences des 129.

consommateurs et les fortes disparités des niveaux de revenus entrainent une segmentation du marché. Cette situation est une opportunité encore très peu utilisée par les acteurs de la transformation et de la commercialisation qui n’arrivent pas encore à s’adapter à la demande du marché. Alors que la tendance est à l’amélioration de la qualité du gari par exemple, la majeure partie de la demande locale et celle des pays voisins porte sur des produits considérés de second choix.

Le niveau élevé de risque et d’incertitude : l’environnement économique du 130.

commerce des produits du manioc se caractérise par un niveau élevé de risque et d’incertitude liés aux aléas climatiques, aux problèmes de collecte compte tenu d’une offre agricole dispersée et irrégulière et au manque d’information sur la disponibilité des produits, aux insuffisances de l’offre, du transport, à son irrégularité et à son prix. A ces différentes contraintes s’ajoutent celles qui sont propres aux commerçants, dont les difficultés d’accès au crédit et le niveau élevé des coûts de transaction.

Pour se prémunir contre les différentes contraintes ci-dessus énoncées, les 131.

commerçants adoptent des comportements anticoncurrentiels. Ce sont des pratiques d’achat et de vente basées sur des relations personnalisées pour fidéliser à la fois les vendeurs et les acheteurs, des contrats et des commandes anticipées pour réguler l’approvisionnement, des systèmes de crédit pour sécuriser l’approvisionnement et garantir l’écoulement des marchandises. Il en découle la formation des réseaux commerciaux qui caractérisent les formes de coordination des échanges nationaux et transfrontaliers.

Page 57: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

4. Analyse de la structure des prix du manioc et de ses dérivées

L’analyse de la structure des produits du manioc est complexe en raison non 132.seulement de la diversité des prix, mais aussi de la variation des coûts des facteurs, du niveau des rendements selon les régions. L’analyse qui précède montre que pour 100 F produit comme valeur ajoutée dans la chaine de valeur, qu’environ 48% allait aux commerçants, 35% aux industriels et transformateurs et environ 17%.

Mais au-delà de cette répartition de la valeur ajoutée qui influence la structure des 133.

prix des différents produits de la chaine de valeur, ce sont les fluctuations interannuelles et inter saisonnières de ces derniers qu’il importe de mettre en relief. Les fluctuations inter saisonnières des prix restent relativement importantes pour les deux variétés de gari. Les prix sont relativement stables entre Janvier et Juin, qui constitue la période de fabrication du gari. Ils connaissent un pic entre juillet et Août : période de soudure alimentaire, avant les nouvelles récoltes de maïs au Sud et de l’igname au Centre et au Nord du Bénin

Figure 7 : Les fluctuations du prix du gari au marché Dantokpa à Cotonou

Source : Réalisé à partir des données de l’ONASA

Les principaux substituts qui concurrencent le manioc et ses dérivés sont le maïs, 134.

l’igname et le mil/sorgho dans les zones septentrionales ; le maïs, le riz et de plus en plus l’igname dans une certaine mesure dans les zones méridionales du pays. La compétition est d’autant plus grande dans le cas du maïs, qui est un produit de grande consommation dans cette région et qui bénéficie d’une possibilité de double campagne agricole dans l’année. Une bonne récolte de maïs, se traduit par un creusement de l’écart entre le prix de cette céréale et celui du gari. Sur les deux plus grands marchés terminaux (Dantokpa et Malanville), le prix du gari est traditionnellement plus élevé que celui du maïs et moins que celui du riz.

0

100

200

300

400

500

600

gari ord

gari fin

Page 58: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Figure 8 : Prix comparés de quelques produits vivriers sur les marchés de Cotonou et de Malanville

Source : réalisé à partir de la base de données de l’ONASA, 2012

A titre d’illustration, lorsque le kilo du gari ordinaire coûtait 207FCFA en 2007, le maïs 135.et le riz importé coûtaient respectivement 130FCFA et 340FCFA sur le marché de Dantokpa (Soulé et al. 2008). Cependant cette tendance s’est inversée avec le maïs en 2008, probablement à cause de la crise alimentaire mondiale dont les répercussions ont été vives au Bénin. Ainsi, lorsque le gari s’achetait à 240F le kg, le maïs se négociait à 268F en 2008. Heureusement, la tendance traditionnelle est revenue à la normale en 2012 où le kg de gari coûtait 329F contre 237F pour le maïs et 530F pour le riz importé. Le gari est en effet un produit prêt à la consommation, contrairement au maïs qui a besoin encore de transformation.

0

100

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300

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600

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RTE

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MAN

IOC

COSS

ETTE

Dantokpa (Cotonou) Malanville

1990

1995

2000

2005

2008

2012

Page 59: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Figure 9 : Evolution comparée des prix de gari, du maïs et du riz au marché Dantokpa de 2006 à 2012)

Source : d’après les données de l’ONASA

5. Le processus de formation des prix

En théorie économique, la formation des prix est déterminée par la relation entre 136.l’offre et la demande. Le commerce des produits du manioc en majorité dominé par l’informel n’obéit pas à cette théorie. La formation des prix est déterminée par l’environnement et le contexte dans lequel se déroule la transaction. La description du processus de formation des prix sera focalisée sur les pratiques commerciales à différents stades de transactions.

Niveau du village, on distingue différents stades de transactions, notamment : (i) la 137.

vente au champ ; (ii) la vente bord champ ou au domicile du paysan ; (iii) la vente dans un lieu de collecte des produits au village ; (iv) la vente aux abords des routes de desserte ou des centres urbains. La vente en herbe et bord champ sont les pratiques les plus répandues de commercialisation du manioc.

La détermination du prix est influencée par certains facteurs que sont : la distance 138.

entre le lieu de la transaction et la route principale, la disponibilité physique du produit dans le milieu, le besoin de liquidité du producteur. Cette forme de commercialisation met le producteur dans une position de faiblesse qui ne l’arrange pas toujours dans les transactions. Pour pallier cette faiblesse, les paysans de certaines localités se regroupent en créant un marché temporel sur un site du village. Cette pratique permet dans certains cas d’obtenir un prix un peu plus élevé par rapport au prix bord champ. Mais comme le manioc est un produit très périssable, il arrive que les acheteurs (essentiellement les transformatrices) jouent sur le temps pour faire baisser les prix. Ce qui fait que le commerce bord champs prédomine parce que le producteur a encore la possibilité de ne pas déterrer toute sa production. L’autre possibilité d’écoulement des produits dérivés du manioc au niveau du village, est la vente aux abords des routes, dans ce cas les prix obtenus sont dans la plupart des cas assez élevés. Les marchés ruraux de commercialisation du manioc sont animés par les producteurs, les transformateurs, les collecteurs et les consommateurs.

0

100

200

300

400

500

600

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

mais

riz local

riz importé

gari ord

gari fin

Page 60: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Les marchés urbains de gros : Ce sont les produits dérivées du manioc qu’on retrouve 139.

le plus sur ces marchés. Le prix est largement influencé par les frais de transport et les charges sur la place de marché. Le prix de cession des produits est le plus souvent unique. Ces commerçants vendent aux semis grossistes et aux détaillants. C’est le cas de MAWULE sur le marché Dantokpa qui abrite les transactions des produits vivriers. Les produits commercialisés sont collectés auprès des transformatrices et sur les marchés de regroupement des produits du manioc.

Dans le marché urbain de détail, les prix varient énormément en fonction de la 140.

demande et de la ténacité du client dans les discussions pour trouver un prix consensuel. Pour adapter les prix en fonction de la saisonnalité, les détaillantes jouent, non seulement sur les unités de mesure locales mais aussi sur les prix qui fluctuent beaucoup.

La formation des prix est étroitement liée aux pouvoirs de négociation entre 141.

vendeurs et acheteurs. Ces négociations englobent le prix du produit, les quantités, la qualité, les modes et délai de paiement.

6. Evolution du prix du manioc et de ses dérivés

Les résultats d’enquête montrent que le prix moyen au Kg bord unité de 142.transformation est de 230 FCFA pour le gari, 450 FCFA pour le Tapioca et 170 FCFA pour les cossettes. Les prix des dérivés de manioc sur les marchés de regroupement et de consommation sont établis dans le tableau ci-dessous.

Tableau 27 : Evolution des prix moyens annuels du kg du manioc et ses dérivés de 2006 à

2012 à Cotonou farine

cossette manioc

lafou tapioca gari ord gari fin manioc manioc cossette

2006 265 299 416 208 251 127 189 2007 276 311 391 149 184 54 116 2008 297 376 395 188 223 66 149 2009 363 426 488 235 280 106 205 2010 334 313 481 230 293 130 183 2011 368 300 499 217 283 117 178 2012 376 318 529 251 312 131 183

SOURCE : Données ONASA, 2012

7. Caractériser la consommation du manioc et ses dérivés

Le manioc et ses dérivés représentent au Bénin, une composante importante du 143.régime alimentaire des populations tant rurales qu’urbaines. Il est consommé par toutes les couches de la population sous différentes formes dont le manioc frais bouilli, le gari, le tapioca, la pâte de gari (EBA), la pâte de cossette, le agbélima, le lafun et autres. Les tubercules de manioc frais représentent une réserve d’autoconsommation pour les producteurs (conservation dans le sol plusieurs mois). Par contre sa commercialisation en frais est limitée. La consommation du manioc se fait alors essentiellement sous forme

Page 61: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

transformée en une dizaine de produits dérivés. Il n’existe pas d’étude spécifique sur la consommation nationale des produits de manioc, encore moins sur les tendances de son évolution. Seule l’analyse de la conjoncture agricole nationale fournit les indications sur la dynamique de la consommation des produits du manioc au Bénin. On peut ainsi distinguer globalement trois phases quasi chronologiques de l’évolution de la consommation nationale.

a. La première phase est marquée par un faible niveau de consommation du manioc et de

ses dérivés. Ils jouaient donc un rôle strict de nourriture d’appoint. Les foyers de consommation se localisaient au sud du Bénin

b. La deuxième phase est marquée par l’extension des zones de consommation du manioc et ses dérivées dans le nord sous l’effet de la vague de sécheresse et des crises de famine qui ont été enregistrés dans la partie septentrionale du pays au cours des années 70.

c. La troisième phase est caractérisée par l’augmentation de la consommation du manioc et ses dérivées sous l’impulsion de l’émergence et l’agrandissement des principaux centres urbains. L’avènement de l’émergence de nouveaux centres urbains et l’accroissement des populations urbaines est favorisé par le drainage des populations rurales en quêtes d’emploi vers les villes. Il en résulte l’émergence d’une couche vulnérable de travailleurs urbains qui vivent dans la précarité. Le faible niveau des revenus de ces catégories de citadin limite leur accès aux produits alimentaires d’un certains coûts. Ils se réfèrent donc au manioc et ses dérivées pour le repas quotidien. Ces produits sont privilégiés parce que le coût d’acquisition est relativement bas et leur consistance permet de tenir longtemps la journée sans avoir faim.

L’importance du manioc et ses dérivés dans la sécurité alimentaire au Bénin explique 144.

l’ampleur des transactions commerciales dont il fait l’objet sur l’ensemble du territoire national. En plus de son rôle de produit vivrier, il est devenu au fil des années un produit de rente. L’engouement des consommateurs pour les produits du manioc a de nombreuses causes dont les changements des habitudes alimentaires qui ont été en partie favorisés par les échanges et les déplacements transfrontaliers avec les pays voisins. Cependant, l’un des principaux facteurs liés au développement de la consommation du manioc a été l’évolution des prix comparés entre les différentes denrées alimentaires de base, et en particulier entre celle du prix du riz et du manioc.

8. Les différentes formes de consommation

L’expansion de la consommation du manioc et de ses dérivées s’est accompagnée de 145.la diversification des modes de transformation afin d’obtenir des produits raffinés. Ainsi, on retrouve sur le marché plusieurs qualités pour un même produit. Les variétés de plat sous lesquelles se consomme le manioc et ses dérivées sont multiples. Les formes les plus répandues sont :

a. Le manioc frais : c’est la variété douce (fingnin gbawo) qui est utilisée, et son

approvisionnement se fait sur les marchés du village de production. Sur le marché de Dangbo par exemple, la vente de ce manioc se fait à l’aide de deux paniers différents: un de 1000F CFA et l’autre de 1500F CFA. Le manioc frais est consommé sous forme bouillie et vendu en morceau de 25FCFA aux abords des rues et dans les gargotes des principaux

Page 62: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

centres urbains du sud. La quantité moyenne quotidienne vendue est de 50Kgselon nos enquêtes de terrain (cf. tableau 24). Les résultats de la présente étude montrent que la quantité moyenne annuelle de manioc frais consommée par tête est de 170Kg.

b. Le gari : le gari se consomme trempé dans l’eau accompagné de sucre, du lait, et de

l’arachide grillée. Cette forme de consommation est assez répandue aussi bien en milieu rural qu’urbain. C’est sous cette forme que les travailleurs (surtout des chantiers) consomment le produit. Selon les catégories de consommateurs, le gari peut servir de déjeuner (pour la classe ouvrière), de goûter (pour les écoliers et élèves et certains fonctionnaires). Le gari se consomme également directement trempé dans une sauce ou mélangé avec de l’huile, du piment, de l’oignon et de la tomate. Enfin, le gari accompagne les mets comme le haricot, le voandzou, le riz ou même les pâtes alimentaires. Pour les couches vulnérables, ce mélange permet d’augmenter la quantité des plats en présence. C’est le gari de qualité secondaire qui est alors utilisé.

c. La pâte de gari ou EBA : qui entre dans les habitudes alimentaires des populations

yorubas est consommée avec différentes sauces. La quantité de gari moyenne utilisée par les restaurateurs pour la production de la pâte de gari (EBA) est de 15 kg en moyenne. Les résultats d’enquête montrent qu’en moyenne 76 plats Eba sont servis au quotidien dans les restaurants à Cotonou et à Porto-Novo (cf. tableau 24).

d. La pâte d’amidon de manioc (agbeli) est un aliment des populations du sud. Le produit

est vendu sur le marché sous forme de boules dont les prix varient entre 100 et 250FCFA. Sur la base des données d’enquête, la quantité moyenne de produit commercialisé par jour est de 50Kg. Les résultats d’enquête montrent qu’en moyenne 31 plats d’agbelisont servis au quotidien dans les restaurantsde Cotonou et de Porto-Novo (cf. tableau 24).

e. Il existe d’autres formes de consommation plus répandues au centre et au nord du pays

en période de soudure. Il s’agit de la pâte de cossette de manioc. La farine issue de la cossette sert à préparer une pâte pure ou associée à de la farine de maïs.

Tableau 28: Quantités (kg) des produits et de plats servis par jour dans les restaurations

Quantité Quantité moyenne (kg) Nbre platsmoyen servi Manioc frais 50 18 Gari Eba 15,2 76,6 Cossette 0 Agbélima 8,57 30,5 Lafun 120 0 Attièkè 62,5

SOURCE : LARES-2013

Ces produits sont vendus dans les rues, les marchés, dans les établissements 146.scolaires, dans les entreprises et dans les services publics. Ils sont soit consommés sur place, soit achetés pour l’alimentation des ménages. Les consommateurs proviennent de tous les groupes ethniques. Les catégories socioprofessionnelles qui y sont représentées comprennent principalement les artisans, les ouvriers, les commerçants, les conducteurs de taxi et de taxi-moto communément appelés Zémidjan ; les petit employés d’entreprise, les élèves et étudiants. La consommation du gari occupe une place importante dans le

Page 63: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

milieu estudiantine béninois au point où une association de délayeurs nocturnes a été créés et chaque année un concours est organisé pour désigner le meilleur délayeur de gari. Le gari est un aliment secours auxquels les étudiants ont recours pour calmer leur faim en dehors des heures régulières de restauration universitaire.

La valeur nutritive et le goût du gari peuvent être améliorés par ajout de 147.

compléments alimentaires tels que le lait de coco, le lait concentré sucré, le sucre, le jus de citron, du miel, de l’arachide ou des galettes d’arachide. Des techniques d’enrichissement du gari en protéines et/ou vitamines à partir du soja et de l’huile rouge ont été mises au point dans les laboratoires, mais ne semblent pas être connues des consommateurs. La consommation du manioc et de ses dérivés n’est plus l’apanage des couches vulnérables. Ces produits sont de plus en plus présents dans la consommation des ménages sur toute l’étendue du territoire national.

9. Les préférences des consommateurs des dérivés du manioc

Sur la base des enquêtes réalisées, le gari vient en tête dans les préférences des 148.consommateurs, le agbélima en deuxième et le manioc bouilli arrive en troisième position. Toutefois, l’influence de l’urbanisation sur les préférences exprimées se manifeste par l'existence d'une proportion plus importante de personnes déclarant préférer d'autres aliments dont le riz plutôt que les produits du manioc. A priori, les produits à base de manioc intéressent une forte proportion de la population béninoise dont le revenu est relativement bas. On constate que le gari est, quel que soit le milieu considéré, la forme de consommation la plus appréciée et la plus répandue sur l’étendue du territoire national.

10. Conclusion : Perspectives et opportunités de développement de la chaîne de valeur manioc

La chaine de valeur du manioc a encore de beaux jours devant elle. En effet, elle 149.dispose d’importantes marges de progrès au regard de l’environnement national et régional. L’analyse a montré qu’au cours des trente dernières années, la production a connu une tendance globale à la hausse. Cette évolution tient essentiellement à la nature des incitations apportées aux différents acteurs de la filière par l’Etat à travers les projets de développement. Ces incitations ont permis, non seulement d’accroitre significativement la production, mais aussi de déployer en certain nombre d’unités de transformation animées pour l’essentiel par les femmes.

Les perspectives et opportunités de développement doivent être envisagées en lien 150.

avec au moins trois phénomènes majeurs :

a. Les marges de progrès de la production. En dépit des performances enregistrées par la

production du manioc, (augmentation de la production, expansion des aires de culture), les rendements demeurent encore faibles. Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, ils n’ont progressé au cours des 10 dernières années que de 2 points passant d’une moyenne de 15tonnes à 17 tonnes à l’hectare. Dans certaines régions du pays (Plateau), on enregistre des rendements de l’ordre de 25 tonnes à l’hectare. Cette situation montre qu’il existe encore d’importantes marges de progrès à conquérir au niveau de la production.

Page 64: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

b. L’évolution des besoins alimentaires sous le double effet de la forte croissance

démographique du pays et de l’urbanisation. La population béninoise a crû à un taux moyen de 3,5 % par an au cours des 20 dernières années. Avec ce taux, la population béninoise est appelée à doubler pratiquement tous les 20 à 25 ans. Seulement, la promotion des cultures à fort potentiel de rendement permettra de faire efficacement face à la forte demande alimentaire résultant de cette poussée démographique.

c. L’évolution du marché national est marquée par une forte diversification de la

demande. Cette forte demande est à la base de la mise en marché d’un grand nombre de produits, tant pour l’alimentation humaine : gari, tapioca, cossettes, lafun , agbélima, atièké, etc. que pour l’usage industrielle, amidon et alcool. Le marché national et régional de ces produits est en pleine expansion, situation qui augure d’heureuses perspectives de développement pour cette chaine de valeur.

d. La chaine de valeur de manioc constitue une des filières les plus pourvoyeuses d’emplois

en milieu rural. Bien qu’il soit peu qualifié, le personnel des unités de production est constitué pour l’essentiel de femmes. Elle offre une opportunité singulière d’occuper une frange importante de la population marginalisée en milieu rural. Cette fonction est cruciale dans un contexte marqué par le chômage des jeunes.

Enfin, les politiques agricoles régionales, notamment celles de la communauté 151.

économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest : l’ECOWAP / PDDAA, a fait du manioc un des cinq produits stratégiques à promouvoir pour réduire la dépendance alimentaire des Etats de la CEDEAO, des importations extra africaines. Il s’agit d’une opportunité singulière que tous les acteurs de la chaine de valeur du manioc pourront exploiter.

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VIII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. ABC Consulting Aly, Sow. (2011) : Production de farines de manioc. République du Sénégal : Ministère de l’économie et des finances, 20 pages.

2. Adjimoti, G. & Gansou, G. (2009) : Etude d’adoption des farines locales en panification et en pâtisserie au Bénin : cas des farines du manioc et du maïs. Mémoire de soutenances : 73P.

3. Anonyme (1999) : Actes du séminaire atelier sur le thème « filière manioc : enjeux et perspectives pour l’économie béninoise ». Cotonou : MDR, 95P.

4. Basuli, T. (2006) : Identification des opportunités d’emploi au Sud du Bénin, Bénin : Eurafrik/CIRAPIP ONG, 87P. 5. Brabet, C. (1996) : Etude des conditions de production et d’utilisation de l’amidon aigre de manioc au Bénin, CIRAD – SAR/ TEM – N° 129. International 28(2):235-243.

6. Borgui,Y. (1996) : La contribution du manioc et de l’igname dans la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest : cas du Bénin et du Nigeria, CIHEAM, Montpelier, mars 1996, 114p + annexes

7. Berry, S. (1993) : Socio economics aspects of cassava cultivation and use in Africa: implication for the development or appropriate technology, COSA n°8. Ibadan, IITA.

8. CAPE (2003) : Performance et compétitivité des unités de transformation du manioc en gari. Cotonou : CAPE.

9. Caisse Française de Développement (1998) : Etude des potentiels techniques et économiques de la transformation primaire des tubercules vivriers dans la région de l'Afrique de l'Ouest Etude exploratoire au Bénin. Cotonou : CFD.

10. Dostie B., Josée R., Lala R., (1999) : La filière manioc : amortisseur oublié des vulnérables. Madagascar : USAID, 36P. 11. DEVAUTOUR (OHU.) R, 1981 : Rapport de mission PECTA nu Bénin, mai 1981.

12. ESC manioc (2004): Rapport diagnostic du secteur manioc, Equipe Sectorielle de Contre partie. Bénin: ESC, 104P.

13. Ekué C. (2000) : Evolution des filières d’exportation au Bénin: cas de quatre produits. MECCAG/DSEE : INSAE, pp.9 -11.

14. Fiagan, Y. S. (2007) : Première rencontre des projets de développement des racines et tubercules du FIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre : les utilisations du manioc. Yaoundé : FIDA, 11P.

15. FIDA (2010) : Programme de développement de la culture des Racines et Tubercules (PDRT), rapport no. 2275-BJ. République du Bénin : FIDA, 154P. 16. GOUSSANOU, S.E. (2003) : Etude de quelques alternatives technologiques pour la production d’amidon de manioc : évaluation des procédés et caractérisation physico-chimique des produits obtenus. Thèse pour l’obtention du diplôme d’ingénieur agronomes. Abomey - Calavi : Faculté des Sciences Agronomique – Université d’Abomey - Calavi (Bénin), 75 pages.

Page 66: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

17. Hounhouigan, A. S. (2005) : Extraction de l’amidon de manioc : évaluation des procédés traditionnels et mise au point d’innovations technologiques. Thèse pour l’obtention du diplôme d’ingénieur agronomes Abomey - Calavi : Faculté des Sciences Agronomique – Université d’Abomey - Calavi (Bénin), 83 pages.

18. Mitchikpè, E., Estelle B., Maylis R., Marie Claude D., (2011) : Profil Nutritionnel du Bénin - Division de la nutrition et de la protection des consommateurs. Bénin: FAO, 62P. 19. MONDJANNAGNI, Alfred Comlan (1977) : Campagnes et villes au sud de la République Populaire du Bénin. Paris ; la Haye : ACCT ; MOUTON, 1977/00.615p. 20. NAGO, C. M. (1995) : La préparation artisanale du gari au Bénin: Aspects technologiques et physico-chimiques.Faculté des Sciences Agronomique – Université d’Abomey - Calavi (Bénin), 19 pages. 21. Soulé, B. G., Sanni G., Moussa G., (2008) : Etude sur la commercialisation des produits dérivés du manioc vers les marchés des pays limitrophes (Niger, Nigéria, Togo et Burkina Faso). Cotonou : PDRT/LARES Bénin, 74P.

22. Soule, B.G. et Tassou, Z (2004) : Etude exploratoire du marché régional des produits à racine et tubercule, PDRT, 120 pages +annexes 23. Soule, B.G. (1990) : Production et commercialisation du gari au Bénin, rapport d’étude financée par la GTZ, ONASA, Cotonou, 80 pages + annexes 24.Tewe, O. O., and O. L. Oke. (1983) : Performance, carcass characteristics and economy of production of growing pigs on varying dietary cassava peel levels. Nutrition Reports

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IX. ANNEXE

Tableau 29 : Quantité de gari vendue Communes Sur

place Marchés du village

Marchés nationaux

Marchés internationaux

Totale vendue

Autoconsommé

En don

Adja-Ouèrè 900 2900 1000 21000 Allada 3980 31840 3980

Aplahoué 250 4300 4550 Bantè 450 1100 100 1650 60 20

Bassila 2902 1007 9265 368 230 Bopa 3000 2800 1000 1000 1000 Comé 100 1900 2000

Dassa-zoumé 1700 1700 10 10 Kétou 650 2750 200 300 3300 230

Kouandé 4776 9872 750 325 Ouègbo 12000 100 Ouèssè 725 3800 150 5025

Pobè 500 5400 0 4820 40 Savè 15 250 600 865

Savalou 3935 300 8235 65 15 Tchaourou 400 1800 2000 500

Total 32303 28307 9030 32140 77842 2523 600

Tableau 30 : Quantité de tapioca vendue Communes Sur

place Marchés du village

Marchés nationaux

Marchés internationaux

Totale vendue

Autoconsommé En don

Adja-Ouèrè 80 170 250 200 Allada 693 1386 2079

Aplahoué 50 50 Bantè 5 170 200 20 5

Bassila 315 450 50 3 Bopa 3802 240 248

Comé 125 125 Dassa-zoumé

90 90

Kétou 0 Kouandé 1121 1081 70 100 Ouègbo 0 Ouèssè 2 65 67

Pobè 110 350 460 60 Savè 25 108 133

Savalou 455 80 445 15 10 Tchaourou 50 50

Total 6005 1408 693 1386 5728 415 118

Page 68: Analyse de la structure et la dynamique de la chaîne de valeur du

Tableau 31 : Bilan vivrier (2012) du Bénin

Départements Consommation

kg/hbt/an

Population estimée en

2012

Consommation en tonnes

Production disponible

Production utile

Production utile Tonne

(%)

Pertes (30%)

Solde vivrier

Borgou-Alibori NE 100 1722536 172254 226921 158845 70 68076 158845

Atacora-Donga NW

64 1240830 79413 30183 21128 70 9055 21128

Atlantique-Littoral 129 2028957 261735 543422 380396 70 163027 380396

Zou-Collines CS 134 1571225 210544 126698 88689 70 38009 88689

Mono-couffo SW 219 1223672 267984 133199 93239 70 39960 93239

Ouémé-Plateau SE 110 1574006 173141 167631 117342 70 50289 117342

Bénin 126 9361226 1179514 1228054 859638 70 368416 859638

Tableau 32 : Quantité de cossette de manioc vendue

sur place

Marchés du village

Marchés internationaux

Totale vendue

autoconsommé

Adja-Ouèrè 230 230 Allada

Aplahoué Bantè 10 40 50

Bassila Bopa 2000

Comé Dassa-zoumé 1000 1000

Kétou Kouandé 200 652 Ouègbo Ouèssè

Pobè 100 Savè

Savalou 10000 10000 Tchaourou 3700 3700

Total 6710 10470 100 14980 652

Tableau 33 : Quantité de lafun vendue Sur

place Marchés du village

Totale vendue

Autoconsommé

Adja-Ouèrè 30 140 170 0 Allada

Aplahoué Bantè 3 5 8 20

Bassila Bopa Comé

Dassa-zoumé 50 50 Kétou

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Kouandé Ouègbo Ouèssè

Pobè 20 80 100 0 Savè

Savalou Tchaourou

Total 103 225 328 20

Tableau 34 : Quantité (kg) moyenne consommée du manioc et de ses dérivés Zones Manioc frais Gari Tapioca Cossette Lafun Amidon

1 124,56 141,56 96,67 1184,61 2 448,75 222,96 3 333,33 317,39 2000,00 1040,18 4 329,69 397,75 5 111,11 187,80 40,47 445,98 86,00 30,00 6 261,42 374,27 70,41 842,20 234,59 22,75

Total 268,14 273,62 551,89 878,24 160,29 26,38

Tableau 35 : Prix des produits du manioc et dérivés dans sur les marchés enquêtés Marchés Types de produits Quantité (kg) Prix d'achat Prix de vente BOHICON Gari ordinaire 120 33000 38000 BOHICON Gari fin 120 42000 51000 BOHICON Tapioca 120 45000 60000 BOHICON Gari ordinaire 105 33000 38000 BOHICON Tapioca 105 45000 60000 ADJAOUERE Tapioca 88 35000 ADJAOUERE Lafou 15 4500 ADJAOUERE Gari 132 42000 ADJAOUERE Tapioca 176 72000 ADJAOUERE Lafou 24 6000 ADJAOUERE Gari 352 118000 ADJAOUERE Gari 132 45000 ADJAOUERE Tapioca 132 57000 PARAKOU Cossette de manioc 93 9000 17500 PARAKOU Gari 70 40000 33250 PARAKOU Tapioca 70 54000 32550 PARAKOU Gari 95 38000 14600 PARAKOU Cossette de manioc 93 13000 30000 PARAKOU Cossette de manioc 73 12000 115000 DANTOKPA Manioc Frais 150 6000 39000 DANTOKPA Manioc Frais 230 6000 39000 DANTOKPA Gari Fin 130 55000 39000 DANTOKPA Gari Ordinaire 130 45000 17500 DANTOKPA Tapioca 130 80000 33250 KETOU Gari 180 60000 108000 GLAZOUÉ Gari 143 33000 50050 GLAZOUÉ Cossette de manioc 46 14000 9200 AZOVE Gari 130 60000 39000

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