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Zététique, esprit critique et autodéfense intellectuelle Denis Caroti La parole à… Un peu d’histoire Le terme zététique (du grec zétèin signi- fiant chercher) remonte à quelque deux mille trois cents ans, désignant une atti- tude de refus envers toute affirmation de type dogmatique. Pyrrhon d’Élis fut le premier des zététiciens : remise en ques- tion permanente et doute radical étaient ses marques de fabrique. La philosophie sceptique prônée par Pyrrhon traversa les siècles, souvent atténuée, reprise par Montaigne, Diderot ou encore Russell. En France, c’est Henri Broch, professeur de physique à l’université de Nice Sophia Antipolis qui reprit le terme de zététique dans les années soixante-dix avec un dou- ble intérêt : se détacher d’une connotation péjorative colportée par son synonyme « scepticisme » (faisant immanquable- ment référence à des personnes pénibles, doutant tout le temps de tout) et donner un nom à une discipline neuve, dont le sujet d’étude pouvait surprendre a priori. En effet, H. Broch s’intéressait de près aux différentes croyances liées aux phéno- mènes étranges, bizarres, nommés « para- normaux » ou surnaturels : comment expliquer que ces manifestations puissent remporter une telle adhésion, notamment auprès de ses étudiants en science ? L’enseignement des diverses disciplines scientifiques ne suffisait-il pas à aiguiser leur sens critique, leur maîtrise des outils d’analyse, de recherche, de vérification, bref, leur scepticisme ? H. Broch décida alors de dispenser des cours exclusive- ment dédiés à la méthodologie scienti- fique, incluant tout un outillage critique permettant, pour qui voudrait bien s’en saisir, de trier dans l’information et les affirmations de type scientifique. Rien de nouveau sous le soleil ? Au contraire : les sujets d’analyse choisis furent pris juste- ment parmi les phénomènes réputés « paranormaux ». La zététique devint alors la méthode scientifique d’investigation des phéno- mènes surnaturels, étranges, des théories bizarres : balayant un spectre allant des monstres mystérieux en passant par les poltergeists, les ovnis, ou même la radies- thésie, la télékinésie, la télépathie, jusqu’aux thérapies non conventionnelles. APMEP - PLOT n° 52 2 Denis Caroti, professeur de physique-chimie et par ailleurs membre actif du Cortecs (Collectif de Recherche Transdiciplinaire Esprit Critique et Sciences), anime depuis de nombreuses années des ateliers de zététique. Un mot que beaucoup d’entre nous ont découvert peu après les attentats du mois de janvier sur les ondes de Radio France ou dans le journal Le Monde (article daté du 12/02/2015). Denis inter- vient dans l’académie d’Aix-Marseille pour proposer aux enseignants des formations permettant d’outil- ler les élèves en vue de développer leur esprit critique. L’article « Esprit critique es-tu là ? », page 16 complète cette « parole à… ». Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. Henri Poincaré, La Science et l’hypothèse.

Zététique, esprit critique et autodéfense intellectuelle Caroti Le cœur de la zététique consistait en une méthode d’analyse commune à tous ces phénomènes et appropriable

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Page 1: Zététique, esprit critique et autodéfense intellectuelle Caroti Le cœur de la zététique consistait en une méthode d’analyse commune à tous ces phénomènes et appropriable

Zététique, esprit critique etautodéfense intellectuelleDenis Caroti

La parole à…

Un peu d’histoireLe terme zététique (du grec zétèin signi-fiant chercher) remonte à quelque deuxmille trois cents ans, désignant une atti-tude de refus envers toute affirmation detype dogmatique. Pyrrhon d’Élis fut lepremier des zététiciens : remise en ques-tion permanente et doute radical étaientses marques de fabrique. La philosophiesceptique prônée par Pyrrhon traversa lessiècles, souvent atténuée, reprise parMontaigne, Diderot ou encore Russell.En France, c’est Henri Broch, professeurde physique à l’université de Nice SophiaAntipolis qui reprit le terme de zététiquedans les années soixante-dix avec un dou-ble intérêt : se détacher d’une connotationpéjorative colportée par son synonyme«  scepticisme  » (faisant immanquable-ment référence à des personnes pénibles,doutant tout le temps de tout) et donner unnom à une discipline neuve, dont le sujetd’étude pouvait surprendre a priori. Eneffet, H. Broch s’intéressait de près auxdifférentes croyances liées aux phéno-mènes étranges, bizarres, nommés « para-normaux  » ou surnaturels  : comment

expliquer que ces manifestations puissentremporter une telle adhésion, notammentauprès de ses étudiants en science  ?L’enseignement des diverses disciplinesscientifiques ne suffisait-il pas à aiguiserleur sens critique, leur maîtrise des outilsd’analyse, de recherche, de vérification,bref, leur scepticisme ? H. Broch décidaalors de dispenser des cours exclusive-ment dédiés à la méthodologie scienti-fique, incluant tout un outillage critiquepermettant, pour qui voudrait bien s’ensaisir, de trier dans l’information et lesaffirmations de type scientifique. Rien denouveau sous le soleil ? Au contraire : lessujets d’analyse choisis furent pris juste-ment parmi les phénomènes réputés« paranormaux ».La zététique devint alors la méthodescientifique d’investigation des phéno-mènes surnaturels, étranges, des théoriesbizarres  : balayant un spectre allant desmonstres mystérieux en passant par lespoltergeists, les ovnis, ou même la radies-thésie, la télékinésie, la télépathie,jusqu’aux thérapies non conventionnelles.

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Denis Caroti, professeur de physique-chimie et par ailleurs membre actif du Cortecs (Collectif deRecherche Transdiciplinaire Esprit Critique et Sciences), anime depuis de nombreuses années des ateliersde zététique. Un mot que beaucoup d’entre nous ont découvert peu après les attentats du mois de janviersur les ondes de Radio France ou dans le journal Le Monde (article daté du 12/02/2015). Denis inter-vient dans l’académie d’Aix-Marseille pour proposer aux enseignants des formations permettant d’outil-ler les élèves en vue de développer leur esprit critique. L’article « Esprit critique es-tu là ? », page 16complète cette « parole à… ».

Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes, qui l’une etl’autre nous dispensent de réfléchir.Henri Poincaré, La Science et l’hypothèse.

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Denis CarotiLe cœur de la zététique consistait en uneméthode d’analyse commune à tous cesphénomènes et appropriable par tout unchacun  : la démarche scientifique. Pourmettre en pratique cette démarche, desprotocoles expérimentaux furent et sontencore élaborés pour questionner la réa-lité concrète de ces phénomènes. Ainsi,Henri Broch et le laboratoire de Zététique(qu’il fonda en 1998) organisèrent un prixdéfi qui récompensait toute personnecapable de faire la preuve d’un phéno-mène «  paranormal  »  : pendant 15 ans,plus de deux cent cinquante personnesposèrent leur candidature pour remporterle prix d’un montant atteignant les deuxcent mille euros en 1999. Clôturé en2002, ce prix ne fut jamais remporté...

De la zététique à l’autodéfense intel-lectuelleLa base de la zététique est donc le doute,mais un doute fertile, permettant d’exami-ner et d’aller vérifier les affirmations pro-duites, les faits soi-disant avérés, de trierparmi les hypothèses pour, in fine, faireses choix en connaissance de cause. Plusqu’une simple démarche, c’est une péda-gogie de l’esprit critique : savoir discernerle bon grain de l’ivraie, le vrai du faux,savoir construire son opinion personnelleet pouvoir la remettre en question par laprise de conscience de la part d’affectivitéet de l’influence de préjugés ou de stéréo-types sur nos croyances et nos adhésions.En cela, nous préférons parfois parlerd’autodéfense intellectuelle et de penséecritique. Par pensée critique il faut enten-dre deux dimensions fondamentales : l’at-titude critique qui consiste à avoir ten-dance à la remise en question raisonnée,raisonnable (car non systématique) etobjective des affirmations dogmatiquescomme des idées reçues ; les capacités àune critique étayée, fondée sur des outils

variés, qu’ils soient épistémologiques,philosophiques, rhétoriques ou psycholo-giques.La première de ces dimensions est la pluspérilleuse à transmettre  : sans tomberdans un doute radical et une hyper cri-tique désastreuse car s’appliquant sansdiscernement, il faut à l’inverse être àl’affût et capable de repérer ces affirma-tions ou autres idées reçues qui traversentl’information parfois en masse. Commeon aime à le présenter au public, nous ten-tons de faire acquérir le fameux «  sensaraignée  » qu’un Spiderman utilise pourdétecter les dangers à venir.Concernant les capacités critiques, nouspréférons utiliser le terme d’outillage cri-tique, telle une boîte à outils permettantd’accomplir des tâches souvent variées.Le penseur critique se saisit de différentsoutils dans le but d’analyser une affirma-tion, de faire le tri dans les explicationsapportées pour tel phénomène, ou simple-ment de détecter un biais de raisonnementdans un argumentaire.

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La parole à…Comment faire concrètement ?Les outils sont variés, les sujets de touttype, mais la méthode est la même. Enune phrase : vérifier la source de l’infor-mation et déjouer les pièges et biaisqu’elle renferme (potentiellement). Maiscomme tout ustensile, cet outillage néces-site un mode d’emploi et des précautionsd’utilisation. Ces préalables, nous envoyons au moins deux.Tout d’abord, la démarche zététique n’estpas prescriptive  : elle ne dit pas ce qu’ilfaut faire dans telle ou telle situation maiselle donne des moyens pour faire seschoix et prendre les décisions les pluséclairées qui soient1. Ensuite, il est néces-saire de faire la distinction entre acte defoi et croyance. L’acte de foi n’entre pasdans notre champ d’investigation car, pardéfinition, il ne s’argumente pas. Lacroyance est, quant à elle, justifiée par desarguments, des raisons qui nous poussentà adhérer à certaines affirmations, certainstémoignages, certaines promesses.Prenons un exemple  : l’effet cigogne. Ildésigne l’erreur qui consiste à prendresystématiquement une corrélation pourune causalité. Corrélation temporelle (post hoc ergopropter hoc2) ou corrélation statistique,repérer un effet cigogne est plus qu’utilepour lutter contre les raccourcis responsa-bles de bon nombre d’idées reçues. Il estprimordial de se méfier de cette confusiondans la recherche scientifique pour établirles causes réelles dans une situation don-née. De même, dans la vie de tous lesjours, il vaut mieux éviter de conclureindûment que ceci est la cause de cela.Ainsi, établir une corrélation négative

entre la taille des pieds d’élèves dans uneécole primaire et le nombre de fautesqu’ils commettent lors d’une dictée nedevrait pas être suffisant pour en déduirequ’avoir de grands pieds permet d’êtremeilleur en orthographe. Et tout le mondesait bien que la corrélation positive entrele nombre de ces mêmes écoles primaireset le nombre de meurtres dans une ville neprouve pas que les enfants sont de dange-reux assassins.Les élèves de l’atelier zététique du lycéeStéphane Hessel de Vaison-la-Romaineont illustré quelques effets « cigogne » :

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NDLR : pour découvrir l’origine de cette expression effet cigogne et de nombreux cas exploitablesavec des élèves, prenez le (bon) temps de consulter la vidéo   le lieu le plus dangereux deFrance produite par Bruce Benamram sur sa chaîne e-penser de vulgarisation scientifique  (liendirect sur le site de PLOT).

2 à la suite de cela,donc à cause de cela

1 Attention, il n’est pasquestion ici d’affirmerque nous pouvons pren-dre nos décisions entotale connaissance decause. Nous pensonscependant que l’objectifde tendre vers un choixle plus éclairé possiblene peut qu’être louableet atteignable dans lamesure des moyens quenous nous donnonspour y parvenir.

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Denis CarotiLe cas de la momie Ötzi est un sujet quenous utilisons souvent3 en guise d’appli-cation : telle la momie de Toutankhamon,cet homme retrouvé en 1991 dans lesAlpes italiennes après quatre mille cinqcents ans emprisonné sous les glaces, aacquis la réputation de provoquer le décèsdes personnes l’ayant approché. Sansentrer dans les détails et au-delà de lanécessaire vérification des informations,un effet cigogne est-il à l’œuvre ? Poser laquestion permet de modérer l’affirmationselon laquelle les multiples décès seraientcausés par la momie, voire de nous pous-ser à rechercher une autre cause à cesmorts. Dans cet exemple, tout porte àcroire que nous avons à faire à un trisélectif des données consistant à ne rete-nir que les personnes décédées, omettantainsi les individus toujours vivants ayantapproché l’homme des glaces. Notonségalement un critère de sélection a poste-riori et donc non valable pour comptabili-ser objectivement les décès, car toutes lespersonnes ayant approché la momie fini-ront bien par mourir un jour  : qui doncexclure parmi celles-ci ?

Une fois acquis ce réflexe d’esprit cri-tique sur un cas stimulant, il sera plusfacile de l’appliquer à des sujets plusengageants affectivement  : discuter del’efficacité d’une thérapie est tout sauffacile. Mais une fois les premiers exem-ples compris et les applications digérées,d’autres situations plus délicates peuventêtre abordées. Par exemple, le lien entreun traitement médical et l’effet qu’il peutavoir, les liens (prétendument de causa-lité) entre couleur de la peau et délin-

quance, ou bien encore le lien entre la pré-sence d’une antenne relais et les patholo-gies se déclarant dans la population àproximité. Bien sûr, le sujet dépasse par-fois nos compétences d’analyse mais laseule remise en question du lien de causa-lité entre deux variables – lien déclarécomme tel car variables temporellementou statistiquement corrélées – entraîneune attitude sceptique éclairée ou, commele conseillait Pyrrhon en son temps, unesaine suspension du jugement.

Chaque citoyen est soumis à un flot inces-sant d’informations chiffrées, de gra-phiques, de statistiques et autres probabi-lités ; il est crucial qu’il sache les interpré-ter pour développer des capacités d’auto-défense intellectuelle. En effet, l’utilisa-tion des chiffres dans les médias, à l’œu-vre de façon non déguisée dans certainespublicités, confère une forme d’autoritésur le public  : souvent dépassés, nousabandonnons notre sens critique et accep-tons l’information comme vraie carétayée par des séries de nombres et autresgraphiques. Parfois, un simple calculpourrait nous faire découvrir la superche-rie.

Le piège n’est pas toujours facile à repé-rer, et c’est justement avec un entraîne-ment régulier pour détecter ces biais quenotre sens critique s’affûte. L’exemple dela détection des probabilités inversées4 estintéressant  : rentrant dans un fast foodbien connu et patientant devant uneaffiche publicitaire du restaurant en ques-tion, nous avons pu repérer un argumentutilisant une statistique trompeuse : « Plus

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3 En diffusant unextrait de l’émissionLes 30 histoires lesplus mystérieuses,diffusée sur TF1.

4 Voir à ce titre l’articleRepérer les probabilitésinversées : http://cor-tecs.org/exercices/repe-rer-les-probabilites-inversees/

NDLR : pour plus de détails sur ce qui peut être fait avec des élèves, lire dans ce même numéro dePLOT, page 16, l’article de Valérie Larose : Esprit critique, es-tu là ?.

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La parole à…de 70% de nos managers et directeursadjoints ont débuté comme équipiers ».

L’enquête a été réalisée par un institut desondage (Ipsos 2012, publiée parMcDonald’s). Cette affirmation est vraie,par contre méfions-nous de la conclusion

que nous allons en tirer : une seule infor-mation est donnée, celle qu’il existe unepromotion interne chez Mac Donald’s.Mais lequel d’entre nous n’est pas tentéd’interpréter ce slogan ambivalent par« 70% des équipiers deviennent mana-gers » ?En effet la probabilité qui fait sens pournous est celle donnant les chances d’accé-der à un poste de manager sachant quel’on est équipier (et qu’on en fait lademande ou qu’on le désire). Or noussavons simplement l’inverse : la probabi-lité d’avoir été équipier sachant qu’on estmanager, et celle-ci ne donne aucune indi-cation quant aux possibilités d’évolutionde carrière.

Les enjeuxChacun d’entre nous est ou sera confrontéà des choix personnels et politiques dontl’enjeu est tout sauf anecdotique : racis-me, sexisme, discriminations en tous

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Denis Carotigenres, questions autour de la santé etd’un accès libre et éclairé aux différentessolutions qui nous sont proposées dans cemelting-pot de techniques et autres théra-peutiques existantes, problèmes concer-nant la manipulation, l’endoctrinement,les dérives de type sectaire et autres idéo-logies à différencier des théories scienti-fiques bien établies, réflexions sur leschoix éthiques et moraux.

L’esprit critique n’est pas une arme d’at-taque. Être capable de se défendre intel-lectuellement ne nécessite pas de bagageparticulier, ce qui exige un entraînementcertain, non seulement pour acquérir ceréflexe, cette attitude critique, mais aussipour développer certaines aptitudes et, enles utilisant, retenir pourquoi elles nouspermettent de faire des choix éclairés.Que faire pour à la fois permettre l’acqui-sition de connaissances minimales cheznos élèves mais aussi pour leur donner lescapacités et le courage de juger si celles-ci sont cohérentes ? C’est tout le paradoxede l’enseignement critique  : il est en soicontradictoire.

On peut néanmoins dépasser ce question-nement et apprendre à réfléchir et criti-quer sans pour autant se retrouver dans unscepticisme radical, un doute permanentenvers les connaissances transmises,encore faut-il savoir comment répondre àce scepticisme inhérent à la démarche cri-tique. C’est tout le but d’un enseignementfondé sur le doute non comme un but,mais comme moyen d’un accès concret àdes connaissances plus sûres et à unecapacité à détecter les arnaques intellec-tuelles, les sophismes, les pseudo-sciences, les mensonges et déformationsmédiatiques, les impostures en tousgenres qui, elles, s’engouffreront aisé-ment dans les failles entrouvertes par lesparadoxes rencontrés dans la scolarité dechacun.

C’est là que nous autres, enseignants,pouvons intervenir. Si nous transmettonsnon seulement des connaissances maiségalement les attitudes et capacités quidonnent un regard critique et une prisepolitique sur la réalité, alors l’école jouerapleinement son rôle.

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Le CORTECSLe collectif Cortecs s'est formé dans le but de réunir tous les acteurs (formateurs, enseignants, chercheurs, doc-torants, étudiants) qui travaillaient sur des questions en lien avec la pensée critique, l'autodéfense intellectuelle etles sciences. Il fédère aujourd'hui plus d'une centaine de personnes qui, plus ou moins impliquées, partagent leurstravaux, leurs séquences, ateliers, TP, cours afin de les rendre disponibles pour toute personne désireuse de lesdécouvrir ou de faire évoluer ses pratiques. Toutes ces ressources sont disponibles sur un site internet(cortecs.org) qui regroupe des articles sur toutes les thématiques.Des stages pour le Plan Académique de Formation (Grenoble, Aix-Marseille et Montpellier) à destination desenseignants du secondaire, des cours à l'université (Grenoble, Montpellier, Marseille), des stages pour doctorants,des formations pour masseurs-kinésithérapeutes, des conférences et ateliers en lycées et collèges : les membresdu Cortecs qui travaillent pour assurer ces enseignements ont, depuis quelques années, développé un réseau denseet réparti sur une bonne partie de l'hexagone.