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Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz Driemaandelijks tijdschrift van de Auschwitz Stichting n° 86 janvier-mars 2005 / nr. 86 januari-maart 2005 Sommaire - Inhoudstafel BARON PAUL HALTER Editorial / Editoriaal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 BENOÎT CAZENAVE L’exemplarité du commandant SS Karl Otto Koch . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 HANS JANSEN De Europese oorsprong van het antisemitisme in het Midden-Oosten . . 59 SASHA GOLDSZTEIN La génération du silence. Entretiens avec des enfants d’enfants cachés pendant la Seconde Guerre mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 MARKUS MECKL Le camp de transit de Breendonk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 *** PRIX DE LA FONDATION AUSCHWITZ PRIJS VAN DE STICHTING AUSCHWITZ YANNIS THANASSEKOS ET DANIEL WEYSSOW Stimuler la recherche scientifique : Les Prix de la Fondation Auschwitz (1986-2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Het wetenschappelijk onderzoek stimuleren : De prijzen van de Stichting Auschwitz (1986-2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 HANS-JOACHIM LANG / PHILIP VERWIMP Discours des deux lauréats des Prix de la Fondation Auschwitz 2003-2004 prononcés à la séance académique de remise des Prix à l’Hôtel de Ville de Bruxelles le 14 décembre 2004. N° 86 - JANVIER-MARS 2005 - N R 86 - JANURARI-MAART 2005 1

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Bulletin trimestriel de la Fondation AuschwitzDriemaandelijks tijdschrift van de Auschwitz Stichting

n° 86 janvier-mars 2005 / nr. 86 januari-maart 2005

Sommaire - Inhoudstafel

BARON PAUL HALTEREditorial / Editoriaal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

BENOÎT CAZENAVEL’exemplarité du commandant SS Karl Otto Koch . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

HANS JANSENDe Europese oorsprong van het antisemitisme in het Midden-Oosten . . 59

SASHA GOLDSZTEINLa génération du silence.Entretiens avec des enfants d’enfants cachés pendant la Seconde Guerre mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

MARKUS MECKLLe camp de transit de Breendonk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

***

PRIX DE LA FONDATION AUSCHWITZ PRIJS VAN DE STICHTING AUSCHWITZ

YANNIS THANASSEKOS ET DANIEL WEYSSOWStimuler la recherche scientifique : Les Prix de la Fondation Auschwitz (1986-2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149Het wetenschappelijk onderzoek stimuleren :De prijzen van de Stichting Auschwitz (1986-2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

HANS-JOACHIM LANG / PHILIP VERWIMPDiscours des deux lauréats des Prix de la Fondation Auschwitz 2003-2004prononcés à la séance académique de remise des Prix à l’Hôtel de Ville deBruxelles le 14 décembre 2004.

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Toespraken van de twee laureaten van de Prijzen van de Stichting Auschwitz 2003-2004 uitgesproken tijdens de academische zitting van 14 december 2004 in het Stadhuis van Brussel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

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SARAH TIMPERMAN

Les archives de la Fondation Auschwitz. Inventaire partiel du Fonds des papiers personnels des victimes des crimes et génocides nazies (4e partie) / De archieven van de Stichting Auschwitz.Partiële inventaris van de persoonlijke papieren van de slachtoffers van de nazi-misdaden en -genocides (4e deel) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

Informations / Inlichtingen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

Notes de lectures / Lectuurnota’s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

Nouvelles acquisitions et comptes rendus /

Nieuwe aanwinsten en boekbesprekingen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187

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En suite d’un numéro qui comptait déjàtant de riches et marquantes contributions,nous ne pouvons à nouveau, comme vous leconstaterez, que nous réjouir de la qualité desarticles qui composent le présent Bulletin.

Nous avons laissé à Benoît Cazenave le soind’ouvrir ce numéro par la synthèse qu’ilnous a fait parvenir de sa fort intéressanteétude intitulée L’exemplarité du comman-dant SS Karl Otto Koch pour laquelle lui futdécerné l’an dernier le Prix de la FondationAuschwitz. Après un tour d’horizon desrecherches existantes portant sur l’idéologiedes SS et sur le fonctionnement des camps deconcentration et d’extermination nazis, ilnous livre un état des lieux des réflexions trai-tant du rôle des bourreaux et de la placequ’occupaient les responsables des campsdans la machine de meurtre nazie au tra-

vers du portrait qu’il nous dresse de celui quifut le commandant du camp de Buchenwald.

La contribution de Hans Jansen nous rap-pelle de quelle façon les Juifs constituaient,depuis des siècles, une minorité protégéeau sein de la société islamique. L’auteur nousdécrit pourquoi cette époque semble s’êtreachevée avec l’avènement du sionisme et lacréation de l’Etat d’Israël en 1948.

Sacha Goldsztein s’est appliquée, au traversd’un corpus d’entretiens qu’elle a mené, à sai-sir les phénomènes de transmission et defiliation inter- et transgénérationnelle chez lesdescendants des enfants juifs cachés pen-dant la Seconde Guerre mondiale.Caractérisée de «génération du silence» enraison des non-dits des grands-parents, cesenfants d’enfants cachés ne témoignent pas

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BARON PAUL HALTERPrésident

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comme on pourrait le croire de la trace dutraumatisme mais bien de son effacement.Ne pouvant avoir accès à l’histoire de ses ori-gines, le descendant de l’enfant caché auraitdès lors tendance à développer certaines«stratégies adaptatives».

Nous poursuivons avec un article décrivantla sinistre histoire du camp de Breendonkdurant la Seconde Guerre mondiale queMarkus Meckl (également ancien lauréatde nos Prix) a rédigé dans le cadre du 5eme

volume d’une encyclopédie intituléeGeschichte der Konzentrationslager 1933-1945 que dirigent les Prof. Dr. WolfgangBenz et Barbara Distel.

En raison de la notoriété grandissante et dusuccès croissant des Prix de la FondationAuschwitz, notre Directeur, YannisThanassekos, assisté de Daniel Weyssow,retracent cette évolution depuis la créationde nos Prix en 1986. Rappelons que ceux-ciont été créés afin de promouvoir des étudeset des recherches scientifiques pluridiscipli-

naires sur les multiples aspects de l’histoireet de la mémoire des crimes et génocidesnazis ainsi que sur les répercussions de cesévénements sur la conscience contempo-raine. Cet exposé servira d’avant-propos à lalongue liste des travaux (trente et un) dépo-sés à concourir cette année, avant d’enchaî-ner avec les discours que nos deux dernierslauréats, Hans-Joachim Lang et PhilipVerwimp, ont prononcés lors de la séanceacadémique de remise des Prix qui s’esttenue à l’Hôtel de Ville de Bruxelles le qua-torze décembre dernier.

En guise de conclusion, nous achèveronsce numéro par la quatrième partie de l’in-ventaire partiel du Fonds des papiers per-sonnels des victimes des crimes et génocidesnazis des archives de la FondationAuschwitz que nous présente notre archi-viste, Sarah Timperman. En souhaitant detout coeur que la présentation de nos fondssuscite des vocations auprès des universi-tés et des jeunes chercheurs.

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Na de talrijke en opvallende bijdragen inons laatste nummer kunnen we ons enkelverheugen over de kwaliteit van de bijdragendie in de nieuwste uitgave van ons tijdschriftzijn opgenomen.

Benoît Cazenave heeft het op zich geno-men om deze uitgave te openen met eensynthese van zijn erg interessante studiemet als titel, L’exemplarité du comman-dant SS Karl Otto Koch, waarvoor hij vorigjaar de Prijs Stichting Auschwitz uitge-reikt kreeg. Na een verkenning van debestaande studies over de SS-ideologie ende werking van de nazi concentratie- enuitroeiingskampen levert hij ons een statusquestionis betreffende de rol van de beulenen de plaats die de verantwoordelijken vande kampen innamen binnen de nazi-moord-

machine, doorheen het portret van de com-mandant van het kamp van Buchenwald.

De bijdrage van Hans Jansen herhaalt onshoe de joden, sinds eeuwen, een bescherm-de minderheid vormden binnen de islami-tische maatschappij. De auteur beschrijftwaarom dit tijdperk voorbij lijkt te zijnsinds de opkomst van het zionisme en deoprichting van de staat Israël in 1948.

Op basis van de door haar geleide inter-views heeft Sacha Goldsztein zich toege-legd op het vastleggen van inter- entransgenerationele fenomenen van trans-missie en doorwerking bij de afstammeling-en van de joodse verborgen kinderen tijdensWO II. In tegenstelling tot wat men zoukunnen verwachten getuigen deze verbor-gen kinderen - gekarakteriseerd als «generatie

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BARON PAUL HALTERVoorzitter

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van de stilte» omwille van het stilzwijgen vanhun grootouders - niet van de sporen vaneen traumatisme, maar wel van de uitwissingervan. Daar de geschiedenis van hun oor-sprong hen onbekend blijft hebben dezeafstammelingen van de verborgen kinde-ren de neiging om zekere «aanpassingsstra-tegieën» te ontwikkelen.

Vervolgens hebben we een door MarkusMeckl (eveneens een ex-laureaat van onzePrijzen) geschreven artikel die de sinisteregeschiedenis van het kamp van Breendonktijdens WO II beschrijft. Deze bijdragekwam tot stand in het kader van de realisa-tie van een encyclopedie, Geschichte derKonzentrationslager 1933-1945, onder lei-ding van Prof. Dr. Wolgang Benz en Prof.Dr. Barbara Distel.

Door de groeiende bekendheid en het groei-ende succes van de «Prijs StichtingAuschwitz» hebben Yannis Thanassekos(directeur) en Daniel Weyssow een over-zicht opgesteld van de evolutie van dezeprijs, vanaf hun oprichting in 1986 tot nu. We

herhalen dat deze ingesteld zijn ten eindemultidisciplinair wetenschappelijk onder-zoek naar de uiteenlopende aspecten vande geschiedenis en de nagedachtenis van denazi-misdaden en -genociden te stimule-ren, alsook hun weerslag op het heden-daagse bewustzijn na te gaan. Dezeuiteenzetting dient als voorwoord bij delange lijst van 31 ingediende werken die ditjaar zullen meedingen. Daarna volgen detoespraken van onze twee laatste laureaten,Hans-Joachim Lang en Philip Verwimp,uitgesproken tijdens de academische zittingnaar aanleiding van de overhandiging van dePrijs in het Stadshuis van Brussel op14 december ll.

Tot slot presenteert Sarah Timperman, onzearchiviste, het 4de deel van de partiële inven-taris van het Fonds van persoonlijke docu-menten van de slachtoffers van denazi-misdaden en -genociden van de archie-ven van de Stichting Auschwitz. Wij hopenvan harte dat de presentatie van onze fond-sen enige interesse zal opwekken bij de uni-versitairen en jonge onderzoekers.

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Introduction

En 1944, la libération des premiers camps deconcentration (KZ) par les alliés commen-ce. Il existe à cette époque officiellement 25KZ1, c’est-à-dire des camps dirigés par laSchutzstaffel (SS) et administrés parl’Inspection des camps de concentrationrattachée à l’Administration économiquede la SS. Entre 1933 et 1945, 1,6 million depersonnes y furent internées2, entre 1,1 et 1,4million y sont mortes de faim, de malnutri-tion, de froid, de maladie, de blessures, vic-times d’expériences médicales ou de tortures.

A celles-ci s’ajoutent les 5 millions de per-sonnes mortes dans des camps et centresd’extermination non gérés par l’Inspectiondes camps SS (IKL)3. Objet de quelquespublications dès les années 30, l’histoire descamps reste après guerre, malgré une richeproduction littéraire, avant tout partielle etabandonnée aux survivants. Echappent à latendance autobiographique dominante, lesanalyses sociologiques des survivants EugenKogon L’Etat SS (1947) et Hans GüntherTheresienstadt (1955). Ce n’est que suite auprocès d’Adolf Eichmann (1961) et au pro-

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BENOÎT CAZENAVE*

L’exemplarité du commandant SS Karl Otto Koch**

* Historien de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Benoît Cazenave travaille actuellement pour l’AssociationAktion Sühneseichen Friedensdienst (ASF).

** Cet article est basé sur le mémoire de Benoît CAZENAVE, L’exemplarité du commandant SS Karl Otto Koch, présentéà l’Université de Pau et des Pays de l’Adour en 2002. Ce travail a été couronné par le «Prix de la FondationAuschwitz» pour l’année académique 2002-2003.

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cès d’officiers SS d’Auschwitz (1964), queplusieurs études générales sont publiéesdont l’Anatomie des SS-Staates (1965) deMartin Broszat et Hans Buchheim don-nant une première vision structurelle et his-torique des camps et une analyse del’idéologie SS4. Dans les années 90, le thèmedes assassins et de leurs motivations devientle centre d’enjeux politiques importants tou-chant à l’identité, à la culpabilité, à la res-ponsabilité et au dédommagement desvictimes et l’objet de nombreuses thèses.Les bourreaux ont selon les auteurs et lesgroupes étudiés agi : par peur de sanctions etsous la contrainte légale5, par obéissanceaveugle ou tendance humaine à l’obéissan-ce telle que mise en évidence par StanleyMilgram et Philip Zimbando, par obéis-sance à l’objet charismatique «Hitler»6, parintérêts personnels et carriéristes commel’avance la politologue Hannah Arendt pourdécrire le rôle d’Adolf Eichmann7, par myo-pie et cloisonnement bureaucratique et dis-solution des responsabilités, par contraintesous la pression du groupe et la nécessitéde conformité (C. Browning, Ganz nor-mal Männer), parce que l’antisémitisme alle-mand était de nature exterminatrice (D.Goldhagen, Hitler’s willing executers), etfinalement par une propension allemande àla violence liée au contexte politique natio-nal-socialiste8. Les historiens et les socio-logues s’intéressent aussi à la nature du maldes assassins nazis. Jusqu’aux années 60, latendance est celle de la criminalisation descoupables présentés, notamment par E.Kogon, comme des SS et les SA du bas del’échelle sociale, criminels, violents, peudoués, frustrés socialement et haïssant fina-lement ceux d’un rang social supérieur. Lesdeux décennies suivantes sont celles de ladépersonnalisation et de l’abstraction : lesassassins sont présentés comme des exécu-teurs bureaucrates, sans motivations parti-culières et sans sentiment de culpabilité. M.Broszat qualifie Rudolf Höss, commandant

d’Auschwitz, de «petit bourgeois normal,un administrateur peu méchant, mais plutôtordonné, ayant le sens du devoir, aimant lesanimaux et moraliste»9. H. Mommsen voiten lui le «responsable de l’enfer des assassinatsmécaniques et aseptisés», il «n’était pas véri-tablement un criminel, mais un fidèle audevoir et un petit bourgeois obéissant aveczèle»10, sans sadisme. H. Arendt avancel’idée de normalité médiocre des techno-crates : «Pas une once de démon ou de déma-gogie violente à la Hitler», «un produit destemps nouveaux», «un prototype exemplai-re d’assassins de bureau»,«un fonctionnairede devoir», «Doté d’un zèle exceptionnelpour faire tout ce qu’on lui demandait, iln’avait absolument aucun motif et son zèlen’avait en soi rien de criminel... Il ne s’estjamais imaginé ce qu’il était en train defaire»11. Cette phase est celle de la démysti-fication : les assassins ne sont plus des excep-tions mais des individus «normaux», Hitlerest en chaque humain12. Le concept de nor-malité du mal sera par la suite contesté euégard au pouvoir d’orientation des poli-tiques de persécution des «bureaucrates».Les années 90 insisteront sur les élites idéo-logiques, ces quelques responsables, auto-nomes politiquement qui influencent lapolitique raciste. Dans ce cadre, les thèses deD. Goldhagen et C. Browning soulèvent laquestion de la singularité allemande ; lesassassins sont pour le premier des Allemandsordinaires, pour le second, des hommesnormaux dans un contexte allemand parti-culier. Au total différents profils de bour-reaux se dégagent : les «idéologues», quiagissent avec une parfaite connaissance deleurs actes et de leurs conséquences, pré-sents aux différents niveaux de la hiérar-chie, organisateurs et planificateurspolitiques. Les «utilitaristes» racistes quijugent les Juifs et autres groupes sociaux,inutiles et dangereux. Les «violents»,conduits par des motifs matériels ou sexuels,utilisant l’idéologie raciste comme légiti-

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mation de leurs actes. Et les bourreaux obéis-sants, accomplissant les ordres donnés.

Les analyses concernant les commandantsdes camps tardent cependant à venir. Il fautattendre 1988 pour que l’historien TomSegev publie sa thèse : Les Soldats du Mal.Les commandants des camps de concentra-tion nazis13 basée sur 36 biographies et denombreuses interviews d’anciens comman-dants et proches. Il y présente non seulementdes hommes sadiques et cyniques mais aussides exécuteurs scrupuleux, des opportu-nistes, des carriéristes et des utilitaristes.Cependant les documents SS et les témoi-gnages utilisés biaisent l’analyse qui ne peutdégager ni les traits communs des bour-reaux ni une vision structurelle et dyna-mique du système concentrationnaire.Pendant plus de 15 ans le sujet ne sera plusabordé, jusqu’à la parution en 1993 de l’ana-lyse sociopsychologique Der Ordnung desTerrors de Wolfang Sofsky, consacrée à ladestruction psychologique des recrues SSet leur rééducation, au rôle de la pression dugroupe et de l’idéologie raciale dans lescamps14. En 1994, Johannes Tuchel publiesuccessivement deux articles concernant lescommandants de Flossenburg et de Dachau,en 1997, Christel Wickert s’intéresse auxderniers commandants de Sachsenhausen15.En 2000 enfin, Karin Orth publie sa thèse,les SS des camps de concentration qui au tra-vers d’une vision structurelle16 met en reliefla dimension élitaire de la communauté rela-tivement réduite des officiers des KZ, leursmotivations et le consensus qui les lie pourconsidérer la mort de prisonniers commeune solution normale pour des personnesconsidérées comme une charge pour la socié-té. Sur les 46 commandants officiels de KZ,aucun n’est parvenu à se maintenir de 1933à 1945. Le commandant Karl Otto Kochest cependant remarquable puisqu’il est par-venu à rester plus de 8 ans en poste. Plusencore, sa carrière semble se résumer à une

suite ininterrompue de succès et de pro-motions. Cet ancien employé de bureausans baccalauréat est, en 1938, le comman-dant le plus en vue et le responsable du plusgrand KZ de l’époque : Buchenwald. De1934 à 1942, il travaille dans dix camps et endirige sept dont Sachsenhausen, Esterwegen,Buchenwald et Majdanek. A cette carrièreexceptionnelle s’oppose aussi une fin hors ducommun. Si Koch est condamné à mort etexécuté pour ces crimes en 1945 àBuchenwald, son exécution a lieu avant lalibération, ses «bourreaux» sont des SS. Lecommandant le plus brutal et le plus cor-rompu est le seul à avoir été passé par lesarmes SS. Justice ayant été «faite», ce destinexceptionnel restera en grande partie igno-ré des chercheurs si ce n’est justement lecas de ses déboires avec la justice. Ainsi lestravaux de T. Segev et de K. Orth auxquelss’ajoutent ceux de Hans Hoffmann, Hast dudiese Tötungen befohlen ? en 1997 et HeinzHöhne, Der Orden unter dem Totenkopf en199017, abordent le procès Koch pour ensignifier son exemplarité et sa singularité.Depuis T. Segev cependant, les études serenvoient les unes aux autres et ne s’atta-chent qu’au procès, elles négligent les douzepremières années de sa carrière SS et toutsimplement son passé. Cette situation estd’autant plus exceptionnelle que sa deuxiè-me épouse, Ilse Koch, complice de ses crimesest devenue, elle, l’objet de nombreusesétudes historiques et psychologiques et lethème de nombreuses œuvres artistiques18.

Le premier objet de cette étude est de recons-truire la vie de Koch de sa naissance jus-qu’à 1942, avant la phase connue où il estpoursuivi judiciairement. Le second est dedéfinir dans quelle mesure les différentesthéories concernant les motivations et lanature du «mal» sont applicables à son cas.Enfin en quoi la carrière de Koch est-elleexceptionnelle, unique voire exemplaire :pour sa longévité, sa rapidité, pour sa fin

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ou parce qu’elle illustre à elle seule l’histoi-re des commandants des camps nazis ?

1. Les premiers camps deconcentration et leurs

commandants (1933-1941)De 1933 à l’attaque de l’Union soviétique en1941, les KZ connaissent de profondes trans-formations : de 60 en 1933, ils ne sont plusque 3 en 1937, puis une dizaine en 1941 ; leurstructure spontanée et locale cède le pas à uneadministration centralisée ; instruments derééducation et d’isolement politiques, ilsdeviennent des camps de travail, de prison-niers de guerre et un instrument de la poli-tique raciste19. Les fonctions des KZdevenant de plus en plus étendues et com-plexes, les autorités procèdent à plusieursreprises à une sélection des officiers les diri-geant.

1.1 Des KZ sauvages au systèmecentralisé des camps

Dès 1933, au moins 60 camps, 30 quartierspour «prisonniers de protection» dans desprisons d’État et 60 lieux de détention de laGestapo, de la SS et de la SA sont érigés,auxquels s’ajoutent de nombreuses prisonsde fortune aménagées dans des caves, desusines et des casernes désaffectées. Environ45 000 personnes sont détenues de février àmars 193320. Dans ces prisons improviséesprincipalement par des groupes locaux de laSA21, sont assassinées de février à octobre1933, entre 500 et 600 personnes22. Trèsrapidement, les actions judiciaires intentéescontre les surveillants SA pour crimes, mena-cent directement leur existence et leurcontrôle par des troupes nazies. Le désird’Himmler d’en prendre le contrôle, d’enconfier la surveillance à ses SS et de la sou-tirer de la tutelle SA jouent alors un rôledéterminant : le 12 avril, un décret duMinistère de l’Intérieur limite les lieux de

détention aux seules prisons d’État et KZlégaux. Les camps sauvages sont alors rapi-dement dissous23. Parallèlement Himmlerconcentre dans ses mains l’ensemble despolices politiques des Länder entre mars1933 et janvier 193424. Au camp SS deDachau, qui doit servir de modèle pourl’ensemble des camps légaux, il remercie lecommandant Hilmar Wäckerle, poursuivipour meurtre25, et nomme, le 26 juin 1933,Theodor Eicke26. Le 1er octobre, celui-ciintroduit le «Règlement disciplinaire et puni-tif pour le camp des prisonniers»27 et les«Instructions pour les surveillants et la sur-veillance des prisonniers» qui règleront jus-qu’en 1945 le quotidien de tous les camps. Sile nombre des camps a été réduit, il n’enreste pas moins que la majorité d’entre euxsont encore sous tutelle SA. En mai 1934,Himmler charge Eicke de la réorganisationdes camps ; il le nomme Inspecteur des KZet chef des troupes de surveillance28.L’extension du «modèle de Dachau» n’estrendue possible que par la mise à l’écart dujeu politique de la SA, fin juin, début juillet1934. La tâche de l’épuration est confiée à laSS. Le 30 juin 1934, 200 Führer SA sontarrêtés à Munich, plus de 83 personnes assas-sinées. Röhm est abattu personnellementpar Eicke29. Himmler et lui peuvent main-tenant hériter de l’empire concentration-naire SA : il reste cependant à le conquérir.Entre mai et décembre 1934, Eicke prendphysiquement possession des quelquesgrands camps SA encore existants, non sansremous et non sans violence face à la résis-tance des «spoliés» comme à Lichtenburg,Esterwegen, Oranienburg ou Hohnstein.A la fin de l’été 1934, il contrôle l’ensembledes grands KZ, il procède à la fermeturedes moins importants. Début 1936, la cen-tralisation et la réorganisation des campssont achevées : l’Inspection des KZ (IKL) està la tête des camps d’Esterwegen,Lichtenburg, Moringen (pour femmes),Columbia Haus et Dachau où sont ras-

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semblés environ 4.700 prisonniers30. Le sortdes KZ n’est pourtant pas réglé ; le régimenazi définitivement installé, certains res-ponsables de la sécurité les estiment désor-mais inutiles. Au terme d’un combat internedifficile, Eicke et Himmler obtiennent nonseulement leur maintien mais aussi l’exten-sion de leur rôle. Ils sont non seulementassociés aux nouvelles vagues d’arrestationsd’ennemis politiques mais aussi d’ennemisraciaux prévues et, dans la perspective de laguerre, ils serviront de centre de formationmilitaire pour les troupes Waffen SS.Conscient qu’aucun des camps existantsn’est en mesure de remplir ses nouvellesfonctions, la SS en fait alors bâtir de nou-veaux : Sachsenhausen sera en 1936 le pre-mier, suivi par Buchenwald, Flossenburg,Mauthausen, Ravensbrück et un nouveauDachau en 1938, qui accueilleront unnombre croissant de prisonniers suite auxdifférentes razzia racistes initiées en 1936puis avec l’entrée en guerre31. De nouveauxcamps sont aussi bâtis en territoire conquis.Face à l’augmentation des internements, lesconditions de vie des prisonniers se dégra-dent : surpopulation, mal- et sous-nutri-tion, conditions d’hygiène désastreusesentraînent une mortalité effarante : en 1941,meurent 36 % des prisonniers de Dachau, en1940, 76 % des internés de Mauthausen32.Enfin, fin 1941, est créé à Chelmno, le pre-mier centre d’extermination où des camionsà gaz sont utilisés pour éliminer des pri-sonniers juifs «inaptes au travail».

De la multitude de petits camps improviséeen 1933 aux quelques camps immenses de1941, les KZ sont devenus des institutionschargées d’emprisonner aussi bien des oppo-sants politiques, des «éléments racialementdangereux ou faibles», des «criminels» quedes prisonniers de guerre. Dans une structurecomplexe combinant camp de prisonniers,camp de formation et lotissements SS, etdifférents lieux de production. Les hommes

qui les ont dirigés ont du s’adapter ou êtresélectionnés.

1.2 Les premiers commandants decamps : «Les SoldatsPolitiques»

En 1933 et 1934, alors qu’Himmler fait mainbasse sur les différents camps SA, il est néces-saire de placer des hommes de confiance.Les travaux de Karin Orth permettent d’es-quisser le profil social des premiers com-mandants et mettent en évidence l’existencede paradigmes successifs. A une époquedonnée, la hiérarchie SS privilégie un profilsocial et certaines aptitudes professionnelles.

Profils sociaux et motivations

Sur la période 1933-1942, K. Orth distingue3 phases : de 1933 à 1937, durant la centra-lisation des camps, les 11 führer ont enmoyenne 44 ans, un niveau d’étude peuélevé (seuls deux ont fréquenté un lycée) etsont tous vétérans de la Première Guerremondiale. La moitié a participé à des corps-francs d’extrême droite. Pour la plupart arti-sans ou vendeurs, seuls deux exercent uneprofession nécessitant des études supérieures.Ils sont issus des classes moyennes et defamilles menacées par la crise économiquemais non socialement marginalisées. Commela moyenne de la société, beaucoup ontconnu le chômage occasionnellement33.Durant la phase de constitution de l’admi-nistration des camps (1936-1939), la moitiédes commandants en fonction est remplacée.Cette rupture importante résulte d’exclu-sions et de mutations, mais aussi de démis-sions et de décès34. Les führer des KZ«modernes» ont des traits semblables à ceuxde la génération précédente : 44 ans enmoyenne, issus des classes moyennes, unfaible niveau d’études et en majorité d’an-ciens commerçants ou artisans. Leur nomi-nation résulte de la préférence de Eicke pourl’expérience militaire et l’engagement précocepour le NSDAP. Tous sont en moyenne

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entrés en 1931 dans la SS et bénéficient d’uneformation militaire acquise soit pendant laPremière Guerre mondiale, soit commemilitaire de carrière. De 1939 à 1942 enfin,sur 15 commandants35, trois sont bache-liers, quatre ont terminé le collège, les autresont un niveau supérieur au primaire. Deuxtiers sont au départ des artisans ou com-merçants, deux des militaires, et un ingé-nieur. Nés en moyenne en 1900 et tropjeunes pour la Première Guerre mondiale,sept d’entre eux ont été membres de corps-francs. Ils sont entrés en moyenne en 1929au NSDAP. Onze d’entre eux sont nommésaprès une formation d’officiers SS de plu-sieurs années notamment dans des KZ. Surles 11 commandants de 1933, seuls KarlKoch et Hans Loritz réussissent à se main-tenir en poste.

L’entrée de ses hommes dans la SS tient aucontexte général et à la précarité de leursituation économique individuelle favo-rables à des considérations opportunistesou carriéristes36, à une situation familiale etpersonnelle difficile, famille à laquelle la SSpeut se substituer, au caractère militaire decette troupe qui permet à des non bacheliersde faire une carrière «d’officier»37, au carac-tère élitaire, prestigieux et au pouvoir qu’el-le procure pour des déchus socialement :«Nous étions les plus durs et les meilleurs»,dira le commandant Johannes Hasselbroek38.

Des «anciens combattants»récompensés aux «soldats politiques»(1933-1936)

Si l’entrée dans la SS constitue une décisionvolontaire, l’affectation à un poste de com-mandant tient de sanctions disciplinaires,de mises à l’épreuve mais surtout des besoinsen personnel qualifié militairement39, duclientélisme et de l’esprit de camaraderie SS.Dans un premier temps, décidés parHimmler, ces nominations font office derécompense pour les combattants nazis de la

première heure, de hauts officiers SS sanscompétence dans le domaine. Ainsi BernardSchmidt, étouffé par les dettes, est nommécommandant d’Esterwegen et Hans Hellwigobtient Sachsenhausen pour ne pas partirsans un sou à la retraite40. Ces nominationssont aussi des mesures de protection ou demises à l’épreuve : Walter Gerlach estnommé commandant de Columbia-Hauspour l’éloigner des poursuites entaméescontre lui, Alexander Reiner (Dachau) etHans Loritz (Esterwegen, Dachau etSachsenhausen) arrivent dans la SS des campsaprès avoir été sanctionnés par Himmler41.Cette politique peine cependant à trouver despersonnes qualifiées. En juin 1934, Himmlerne dispose pas d’assez d’hommes aptes àdiriger. Johannes Schedle proposé pour leKZ Esterwegen est remercié rapidementpour incompétence, Engel suggéré pour leKZ Sachsenburg refuse de quitter la SApour entrer dans la SS et pour le KZLichtenburg, il n’y a simplement person-ne. La «kamaraderie» de Himmler n’arran-ge rien à l’affaire. Bernard Schmidt, WalterGerlach et Hans Hellwig seront remerciéspour incompétence. Himmler et Eicke vontdonc désormais procéder à la promotionde führer SS déjà affectés dans les camps etpuiser dans d’autres unités SS. Eicke suggèrepuis désormais décide seul des critères desélection et des nominations. Ces com-mandants formeront la génération des«Soldats politiques», c’est à dire, des hommesqui comme lui, sont entrés tôt dans la SS etau parti42 et ont une expérience militaire.«L’idée de soldat signifie une série de valeurs :courage, fermeté, obéissance, sens du devoir,honneur. L’idéologie porte ces qualités à leursommet et les rend les plus fortes»43. L’aspectmilitaire est prépondérant : non seulement lescommandants doivent être des soldats dansl’âme mais leur travail est aussi un combatphysique contre l’ennemi politique. Le sol-dat politique est un homme de terrain qu’iloppose au fonctionnaire. «Nous ne sommes

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pas des gardiens de prison mais des soldatspolitiques..., nous ne deviendrons jamais desfonctionnaires, mais des hommes d’actionet des troupes de combat. Les fonctionnairesdeviennent confortables, gros et vieux. Entant que combattants nous resterons sainset vivants»44. Dans les faits, la quasi totalitédes commandants sont des vétérans de laPremière Guerre mondiale, la moitié a com-battu au sein de groupes paramilitaires, lesinsurrections révolutionnaires.

Outre ces critères politique et militaire, uneselection par la pratique est opérée : «Seuls lesmeilleurs führer SS peuvent être utilisés. Leservice requiert tellement de responsabilité etest tellement dangereux que seules des per-sonnes avec un sens aigu du devoir qui met-tent en arrière-plan leur personnalité et quine connaissent aucun temps libre, peuventporter une responsabilité aussi lourde. Si uncommandant de camp ne donne pasl’exemple et ne représente pas l’autorité alorsle camp se transforme très vite en une pou-drière à laquelle les prisonniers essayerontquotidiennement de mettre le feu»45. Celasignifie d’abord que les commandants doi-vent être moralement irréprochables c’està dire présenter un casier judiciaire vierge, àl’exception de crimes commis pour la«cause»46. Si Eicke lutte contre la corruption,à Dachau écrit-il à Himmler, il dirige une«équipe de surveillance corrompue de 120hommes », dans le camp règne «la fraude, levol et la corruption... en quatre semaines j’aidû pour ces raisons licencier 60 hommes »47.Sa traque de la corruption est plus tactiqueque morale. Il est prêt à faire des concessionss’il juge qu’un führer incriminé est dignede confiance. Ainsi Max Kögel fera carrièremalgré neuf mois d’emprisonnement pourfaillite frauduleuse et une procédure d’ex-clusion de la SS48.

Si les règlements des camps ont codifié la vio-lence, ils stipulent d’entrée aussi que«Tolérance signifie faiblesse». «Toute forme

de faiblesse montre aux ennemis de l’État unefaille qu’ils utiliseront immédiatement. Touteforme de compassion pour les ennemis del’État est pour un SS «contre nature ». Lesfemmelettes n’ont pas leur place dans cesrangs et feraient mieux de se retirer le plusrapidement possible dans un monastère.Seuls sont utiles des hommes durs et décidés,obéissants à chaque ordre»49. Pour RudolfHöss, l’ancien commandant d’Auschwitzformé par Eicke, celui-ci enseigne aux recruesque la cruauté et l’arbitraire sont les moyensadéquats de traiter les prisonniers50. Eicke estconscient que des abus peuvent entraînerdes enquêtes et tolère la violence aussi long-temps que celle-ci ne devient pas publique.«Je ne peux ni ne dois tolérer de tels actes sije ne veux pas encourir le risque d’être trai-té d’incapable à traiter des prisonniers, par leMinistère de l’Intérieur du Reich»51. Ainsiremercie-t-il les commandants compromiset/ou poursuivis pour crimes comme EdgarEntsberger, son adjudant au KZLichtenburg, après son inculpation en 1934pour coups mortels sur des prisonniers52.L’autorité des commandants doit aussi trans-paraître dans leurs relations avec leurs subal-ternes. Ceux jugés trop faibles, sont écartéscomme Taus ou mutés comme les com-mandants Eisfeld et Deubel53.

Enfin la notion de camaraderie joue un rôleprimordial dans l’idéologie SS. Alors queEicke promeut l’autorité, il encourage simul-tanément la disparition des signes de supé-riorité hiérarchique (vouvoiement, tablesséparées au mess des officiers...) et n’hésitepas à inviter les recrues à boire avec lui aprèsl’effort. «Papa Eicke» exige de ses officiersautorité et paternalisme : «La base de notrecommunauté est la camaraderie. Le plushaut führer ou sous-führer est suffisammentbon pour s’asseoir à la même table que lejeune SS... Le SS-Führer qui ne se conduit pasainsi n’est pas un SS, mais un homme qui n’apas compris ce qu’est un SS»54. Si cette

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«kamaraderie» désigne l’entraide morale etfinancière, elle présente une dérive perni-cieuse qui conduit à cacher les délits et lesfautes des «camarades». Ainsi HeinrichDeubel, commandant de Dachau et jugélaxiste, est muté commandant au KZColumbia Haus ; Alexander Reiner, pour-suivi pour enrichissement, est nommé com-mandant de Sachsenburg et Karl Künstler,alcoolique, est nommé commandant àFlossenburg55. Cette politique, justifiée aussipar le manque d’officiers SS qualifiés, seramodifiée avec l’entrée en guerre. Les com-mandants sanctionnés seront envoyés surle front ou dans des services administratifs SS.

Fonctions et pouvoir descommandants de camp

Placé à la tête du camp, le commandant estresponsable pour toutes les questions concer-nant l’organisation interne : avec les modi-fications du système administratif SS et lesévénements militaires, son rôle et son pou-voir évoluent considérablement. Si au coursdes premières années, l’administration inter-ne des camps se limite à quelques bureaux,en 1936, avec la construction des nouveauxKZ modernes, Eicke divise l’état-major dela kommandantur en sections distinctes àla tête desquelles se trouve le commandant(la section du camp de détention de pro-tection, la section économique et adminis-trative, la section sanitaire, la section politiqueet l’adjudantur). Le commandant veille per-sonnellement à l’efficacité du système desurveillance et de sécurité et est sanction-nable en cas d’évasion : Alex Reiner (KZColumbia) est démis en avril 1935 aprèsl’évasion de deux prisonniers avec la com-plicité d’un surveillant SS56. Enfin, Eickeprivilégie pour des camps stratégiques deshommes aptes à manipuler ou dissimulerdes informations sensibles.

En collaboration avec la section du campdes prisonniers, il est personnellement res-

ponsable des sanctions à affliger aux pri-sonniers. Le règlement stipule que «l’exé-cution des sanctions repose entièrement dansles mains du commandant du camp, res-ponsable de l’exécution des ordres de l’IKL».Le commandant est aussi le garant de la dis-cipline de ses hommes dans le cadre du ser-vice : tout manquement fait l’objet d’unedemande de sanction qu’il reçoit et signe57.Les commandants Walter Eisfeld(Sachsenhausen) et Heinrich Deubel(Dachau) seront mutés pour laxisme et indis-cipline constatée par Eicke. Ce contrôles’exerce aussi en dehors du service : un SSétant en permanence un soldat politique.Ainsi Jacob Weissborn, futur commandantdu KZ Flossenburg et Theodor Danneker,futur responsable de la Gestapo en France,sont sanctionnés pour ivresse àSachsenhausen58. Si le pouvoir du com-mandant est encadré par le règlement et lecontrôle de l’IKL59, il varie dans les faitsavec la nature du commandant et ses rela-tions avec les différents führer du camp. Unbureaucrate se limitera aux seuls devoirsinduits par sa charge, un homme corrompuou brutal étendra son pouvoir, notammentpar le jeu des nominations et des notationsde ses subalternes afin de s’entourerd’hommes sûrs. L’ancien commandantd’Auschwitz, Rudolf Höss, définit troistypes de commandants : - «Les bienveillants,capables de compassion et qui cherchent àaméliorer les conditions de vie des prison-niers» comme le commandant HeinrichDeubel, convaincu du rôle ré-éducateur desKZ qui sera écarté pour laxisme. - «La majo-rité : les indifférents, qui font leur devoir etne pensent pas. - Et les malveillants : ceux denature cruelle, malveillante, fondamenta-lement mauvais, qui voient dans les prison-niers uniquement un objet sur lesquels ilspeuvent exercer leurs pulsions perverses, leurhumeur, leur complexe d’infériorité sansrésistance. Ils ne connaissent ni compassion,ni pitié. Ils saisissent chaque occasion qui se

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présente pour maltraiter les prisonniers, par-ticulièrement ceux qu’ils ne peuvent pas sup-porter. Ils sont sans cesse à la recherche denouvelles méthodes de torture psychiqueset corporelles. Malheur aux prisonniers délais-sés, si ces créatures sombres ont des supé-rieurs qui tolèrent de telles tendances »60.Pour Höss, ces derniers constituent la géné-ration de Eicke. Cette définition mani-chéenne doit être cependant nuancée :brutalité et accomplissement du devoir nesont pas antinomiques, il convient plutôtde distinguer entre brutalité et sadisme. Cecadre illustre cependant l’influence qu’uncommandant peut avoir sur le camp et sur lesprisonniers : il peut aussi bien améliorerleurs conditions de vie et plus généralementdans la période 1934-1941, détériorercelles-ci.

De 1933 à 1941, trois générations de com-mandants se sont succédées afin de remplirces nouvelles fonctions. Parmi ces hommes,Karl Otto Koch fait figure d’exception.Nommé commandant du KZ Sachsenburgen 1934, il occupe les mêmes fonctions 7ans plus tard : Seul «survivant» des débutsavec Hans Loritz, il semble incarner l’idéaldu soldat politique.

2. Genèse et ascension d’uncommandant modèle

(1897-1941)«Un homme important et de grandevaleur».Heinrich Himmler à propos de Koch,194261.

En entrant dans la SS au début des années 30,rien ne laisse penser que le petit employé deBureau Karl Koch dirigera, 8 ans plus tard,le plus grand KZ nazi. En 1941, au som-met de sa carrière, il incarne à la fois uneascension exemplaire qui le mène à la tête de7 camps mais aussi un modèle pour desgénérations de jeunes SS.

2.1 Karl Koch : un soldatpolitique ?

Les commandants de Eicke sont issus desclasses moyennes, ont une expérience mili-taire ; un engagement précoce (années 20) ausein du NSDAP, pas de passé criminel. Cesconditions sine qua non sont, dans le casde Koch au moins pour les trois premièresremplies ; son engagement tardif et son hon-nêteté douteuse, en revanche, le place endehors de la norme.

Les origines sociales (1897-1916)

Le 2 août 1897, Karl Koch vient au monde«illégitimement» : Son père, Kilian Koch,fonctionnaire de 57 ans, légalise la situationdeux mois plus tard en épousant la mère deKarl, 23 ans plus jeune que lui. Karl est élevédans une famille d’ouvriers, nombreuse et«patchwork». Kilian Koch a déjà eu un filsd’un premier lit : Hermann, et de sa nouvelleunion naît un autre fils : Rudolf. Après lamort, en 1905 de Kilian Koch, sa veuve seremarie et Karl hérite de 3 demi-frères :Arthur, Reinhold et Wilhelm Schmidt. De cemariage naissent Erna et Erich Schmidt.L’enfance de Karl semble sans problème, ilest proche de Rudolf et de sa demi-sœurErna. A 14 ans, après 8 ans d’école, Karlentame une formation de vendeur. D’abordapprenti à la Ganderbergischen Maschi-nenfabrick jusqu’en 191462, il trouve, sa for-mation terminée, un premier emploi à laDeutsche Waffen und Munition Fachwer-ke, une fabrique d’armement, comme aide-comptable jusqu’en 1916.

Un ancien combattant sans gloire(1916-1919)

Lorsque la Première Guerre mondiale écla-te, Karl Koch à 19 ans. Patriote, il se portevolontaire le 7 août 1914 pour le 115ème

Régiment d’infanterie à Darmstadt.Malheureusement trop jeune pour com-battre, «avant que je puisse rejoindre le

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champ de bataille, à la demande de ma mèrequi ne m’avait pas donné d’autorisation car3 de mes demi-frères se trouvaient déjà surle front, je fus exclu »63. Non découragé, ils’engage de nouveau le 11 mars 1916 : «je fusincorporé dans le régiment d’infanterie 153et ensuite dans les régiments 87 et 88»64. Enmai 1916, il rejoint les troupes de réserves surle front, affecté au «magasin des recrues».Son expérience sur le front sera brève : du 7au 18 août 1916 et du 21 mai au 4 juillet1917, il se bat sur le front de l’Artois, du 9 au20 octobre 1918 sur la position Hermann(Cibiu) en Hongrie. Il est blessé à troisreprises : le 4 septembre 1916, son piedgauche est écrasé par un «éboulement», le 7avril 1918, une balle lui transperce l’épaulegauche et un coup de baïonnette lui trans-perce la main65. Son passage dans l’arméen’est pas auréolé de gloire : il a peu com-battu et ses cicatrices sont dues à des inci-dents hors du front. A la fin de la guerre, ilest sous officier (Mousquetaire) de l’infan-terie et reçoit la Croix de fer deuxième clas-se, une récompense bien ordinaire. Il sedistingue cependant par sa captivité du 24octobre 1918 au 24 octobre 1919, dans uncamp de prisonniers de guerre anglais.

La précarité (1919-1932)

Son parcours entre 1919 et 1932 est avanttout compliqué et instable66. De 1920 à 1928,il change à huit reprises d’employeur etdéménage quasiment aussi souvent.Comptable ou agent bancaire principale-ment, son parcours est marqué par unesituation précaire et soumis au aléas de l’éco-nomie allemande. En 1924, alors qu’il estbanquier à Francfort, sa situation sembleévoluer positivement : il se marie avec MarieMüller, qui lui donnera un fils, Manfred,deux ans plus tard67. Rattrapé par la crise, ilchange de nouveau d’employeur. Sa situationéconomique et familiale se dégrade très rapi-dement, les emplois qu’il occupe alors sontinsuffisamment rémunérés pour nourrir sa

famille. Sans l’aide de sa demi-sœur ErnaRaible qui le nourrit et qui lui trouve fina-lement des emplois à la Nationale Bank et àla firme Hufeld, il serait certainement à la rue.En 1930, il déclare devant le tribunal chargédes affaires civiles : «Ma situation financiè-re s’est entre-temps détériorée. Je suis agentd’assurance et travaille sur la base de provi-sions. Ces provisions ne peuvent pas assu-rer ma vie et je dois me tourner vers mesfrères et sœur. Je ne possède aucun meuble.Au contraire, j’ai 2.000 Reichsmarks de dettesque je ne peux honorer. Si la situation nes’améliore pas, je serai obligé de me tour-ner vers l’assistance publique car mon frèren’est pas en mesure de me nourrir plus long-temps»68. Sa situation est misérable. C’està cette période qu’il rentre en contact avec leNSDAP de Darmstadt.

Un ancien militant tardif de la cause(1930-1933)

«L’été 1930, je me rapprochai du groupe localdu NSDAP de Darmstadt et y entrai enmars 1931. A cette époque, je travaillais béné-volement au service comptable de la région deHesse à la gestion de la caisse et à partir dejuillet 1931 j’accomplis mon service au régi-ment SS 33». Le rapprochement et finale-ment l’adhésion de Koch au NSDAP en1931 (N° 475586) se produisent à un momentoù sa situation économique stagne dange-reusement et son mariage se solde par undivorce. Le 8 mars, le tribunal reconnaît àKarl tous les torts et à son ex-épouse la gardede leur fils unique. Le même mois, Karltrouve une nouvelle famille : il entre auNSDAP. «Comme à ce moment là je netrouvais plus le temps pour exercer ma pro-fession et comme en raison de la déroute éco-nomique générale, je ne concluais passuffisamment d’affaires, je dus abandonnerma profession et me consacrer uniquement auservice dans la SS »69. Il est pour la premièrefois vraisemblablement au chômage et sans

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ressources, il espère par son engagement unemploi futur.

Un homme malhonnête ?

Si son affectation en 1932 s’explique par sesantécédents bancaires, elle surprend eu égardà son passé douteux acquis dans l’art dudétournement de fonds70. Si les différentsauteurs sont contradictoires à ce sujet71, lesdocuments de justice SS montre qu’il estcondamné une seule fois en 1928, pourdétournement de fonds et de vol de la firmeHufeld où il travaille. Sa situation écono-mique explique certainement pourquoi ilproduit de faux contrats afin d’obtenir desremboursements de la caisse courante.Condamné, il perd son travail et sa femmedemande le divorce. D’autres poursuitessont entamées, mais cette fois à l’intérieur duNSDAP. En 1932, il est exclu du parti dansdes circonstances obscures. Pour ArthurSmith, lui et son beau-frère Arthur Schmidtsont exclus pour avoir transmis des infor-mations concernant la SS à la police politique.Hormis le fait qu’Arthur Schmidt est enfait le demi-frère de Koch, il s’agit en fait deRudolf qui sera le seul inquiété et finale-ment arrêté en 193372. Le 24 juin 1932, leNSDAP de Darmstadt exclut Karl parcequ’il ne se présente pas à une réunion duparti et oblige des témoins à garder le silen-ce73. La raison principale semble être le nonpaiement de ses cotisations, Koch étant troppauvre. En mars 1934, il est réintégré aprèsque le NSDAP de Dresde ait confirmé qu’ila honoré toutes ses dettes. Une lettre d’août1934 du département chargé des cartes demembre, en revanche, conditionne sa réha-bilitation à un paiement de tous ses arriérésde cotisations qui semble ne pas encoreavoir été effectué74. Koch est finalementréhabilité en 1935. La même année, une pro-cédure pour vol est aussi entamée, mais ellen’aboutit pas faute de preuves. Si Koch jouitdonc d’une mauvaise réputation, ses anté-cédents ne font cependant pas obstacle à

ses nouvelles fonctions. En 1934, un rap-port de la SS fait mention de «sanctions depolice, de pièges et de manœuvres mal-veillantes au sein du NSDAP menées contrelui»75. Un an plus tard, il est blanchi par unautre rapport de l’Inspection des KZ où estinscrit : «condamnations : aucune»76. Lasituation de Koch n’est pas exceptionnelle :le NSDAP a besoin de bénévoles compé-tents et est prêt à fermer les yeux : «Ne peutdevenir gardien de la caisse (du NSDAP)que celui qui peut prouver seulement 2condamnations pour vol ou dol» entend-ondans la rue à l’époque.

2.2 L’ascension exemplaire du SS-Führer Koch

La carrière de Koch ne fait que commencer,de simple secrétaire, il va bientôt passer à laformation de troupes armées SS et, par cebiais, se retrouver fonctionnaire du systèmeconcentrationnaire. En quelques années, ilsera à la tête des plus grands KZ d’avant-guerre. Cette ascension sera d’abord possiblegrâce à son rôle dans la conquête des campspar la SS, puis par sa réussite exceptionnel-lement rapide lors de sa formation et enfinet surtout par ses qualités de gestionnaire descoups durs et de bâtisseur de camps. Enmoins de trois ans, Karl deviendra le pro-totype du «soldat politique».

Un formateur de troupes SS (août1932-août 1934)

«En août 1932, je fus transféré à l’Étendart(Régiment) SS 33 de Kassel» indiquera Kochen 193677. Koch y exerce les fonctions de for-mateur, une tache liée à son expérience mili-taire. A la mi 1933, la Police auxiliaire estincorporée à la SS-Totenkopf et il se retrou-ve de fait au sein de cette troupe chargéedes KZ. Début 1933, il crée et dirige la trou-pe de la police auxiliaire (SS) dont lesmeilleurs éléments serviront dans le SS-Leibstandarte de Berlin, rattaché à Hitler. Lejournal nazi local Hessische Volkswacht,

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indique dans un article consacré à cette unitéque : «La formation, qui se trouve entre lesmains du SS-Truppenführer Koch du bureaudu 35 SS-Standarte, sera naturellement dureet variée. Il est évident pour la SS qu’une tellecombinaison des critères de sélection pourun régiment doit produire les meilleurs résul-tats, dans le sens de la discipline, de la pres-tance, de l’affirmation intérieure et de l’espritd’à-propos»78. Il est très vraisemblable que lesmembres de cette unité aient participé, voireorganisé les exactions à cette période dans laville. George M-F, ancien responsable del’Unité SS I de Kassel, déclarera plus tard :«Je n’ai pas participé... aux exactions et vio-lences initiées par le bureau de laHollenzollernstrasse», là où Koch officie79.Au terme de leur formation, 28 des recruesSS sont affectées au KZ Breitenau en rem-placement de la troupe de surveillance, Kochn’y est pas affecté : au cours du mois dejuin, il est nommé Sturmführer et envoyé àDresde. Le 12 mai 1933, il est proposé pourdiriger l’unité motorisée du 35ème bataillonSS en Saxe. «En août 1933, je fus nommé àla section II et chargé de la constitution et ducommandement de la SS commando spé-cial Sachsen »80. Sa prise de fonction tardepourtant à venir et ce n’est que le 1er

décembre 1933 qu’il est chargé de créer laPolice politique auxiliaire de Saxe et de ladirection de ce régiment81. Le 15 mars 1934,il est promu Obersturmführer82. Alors quela SS évince politiquement la SA, Eicke lecharge, le 30 juin 1934, de déloger cette der-nière du camp d’internement d’Hohnstein,près de Dresde où sont emprisonnés entre600 à 700 personnes. Accompagné d’unecentaine d’hommes et, après une prise depossession difficile, Koch finit par occupercette forteresse83. Pour la première fois, ilexerce des fonctions de commandant dansun KZ, même s’il s’agit là d’une situationexceptionnelle et provisoire. L’ancien com-mandant SA, Rudolf Jähnichen occupeencore des fonctions d’administrateur, Koch

est principalement chargé de la surveillance84.Les conditions de vie des internés sont tellesqu’en août, ils ne sont que 75 aptes au tra-vail85. L’effectif des prisonniers étant faible,les autorités décident le 15 de dissoudre lecamp et l’arrestation de 23 SA dontJähnichen pour crimes86. Les prisonniers,qui ne sont pas libérés, sont envoyés aucamp de Sachsenburg. Le 23 août 1934, auterme de cette action, Koch est promuHauptsturmführer87. Karl von Eberstein,son supérieur direct le juge «énergique ettrès dur. D’un caractère calme, mais déci-dé. Un homme organisé, sur qui on peutcompter... Très intelligent». Son allure estqualifiée de «parfaitement martiale et cor-recte... énergique et claire». Ses résultats deformation : «bons et plus que satisfaisantsétant donné son niveau d’études». Vis-à-visde ses subalternes, il apparaît comme «durmais juste» et son esprit de camaraderie «trèsbon et se montrant attentionné»88.

Un commandant en formation (1934-1935)

Koch quitte Hohnstein mais reste affectéau service des KZ. Cette mutation fait par-tie du jeu normal des affectations à l’intérieurdes troupes SS. Pour Arthur Smith, Koch estsanctionné et muté au service des campspour violence verbale contre des SS. Il cite legénéral Karl von Eberstein : «A l’époque,je le connaissais depuis quelques temps. Ilétait depuis 1934 dans la SS de Dresde. Là ilavait été accusé d’actes de violences contre desSS et j’avais formulé la demande de l’éloi-gner»89. Himmler l’aurait alors «sanctionné»et bon «kamarade» l’aurait muté en lui don-nant un meilleur grade. La raison de cettemutation joue en fait un rôle mineur : Eickea besoin avant tout de formateurs pour lestroupes de ses camps. Koch accompagnealors les derniers prisonniers du KZHohnstein au KZ Sachsenburg. Le 1eroctobre, il est nommé commandant90. Il yfait personnellement connaissance de Eicke

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qui semble satisfait du travail accompli parKoch, parvenu, selon Johannes Tuchel, àfaire de Sachsenburg «rapidement un campmodèle»91. Début novembre, Koch n’estplus utile à Sachsenburg : le 2 novembre, ilest muté au camp d’Esterwegen. Le 8novembre 1934, il devient Führer destroupes92. Sa position inférieure dans la hié-rarchie est due à l’importance du camp et àson manque d’expérience. Esterwegen estselon Eicke : «le camp le plus difficile à diri-ger des camps allemands car il abrite des cri-minels, il est éloigné de toute activité agricoleet entouré par une population réactionnai-re»93 et il préfère en donner la charge à unhomme de poigne confirmé : Hans Loritz.Koch retrouve en fait ses anciennes fonc-tions : à la tête de la troupe de surveillance,il est chargé de la formation d’environ 300recrues SS94. Le travail de Koch semble por-ter ses fruits. Eicke écrit en juillet 1935 :«Loritz a en peu de temps non seulementconstruit une troupe SS disciplinée, mais aussiun camp de prisonniers modèle»95. Il l’envoiealors officier au KZ Lichtenburg. Du 2 marsau 1er avril 1935, Koch y occupe les fonctionsde führer de la section de sécurité, encore unefois chargé des troupes de surveillance. Dansle cas de Lichtenburg, il s’agit aussi de diri-ger le camp de prisonniers où sont inter-nées environ 700 personnes96. Son passagerapide dans ce camp illustre l’insatisfactionde Eicke vis-à-vis des résultats obtenus parle personnel SS : de mai 1933 à la dissolutiondu camp en 1936, 5 commandants et 4 füh-rer de camps de prisonniers se succèderont.Koch arrive au moment où une procédurejudiciaire est entamée contre son prédéces-seur Edgar Entsberger97. A peine installé,Eicke l’appelle à Dachau. Il n’y reste que21 jours. Son passage doit être interprétécomme un aboutissement et une formalitéindispensable pour conclure sa formation.Formé et rompu aux fonctions dans la trou-pe de surveillance et à la section du camp desprisonniers, il lui reste maintenant à se fami-

liariser avec la bureaucratie de la komman-dantur en occupant les fonctions d’Adjudant.Sa nomination à Dachau fait partie desétapes obligées des futurs commandants deEicke, un rituel initiatique pour lagénération des soldats politiques98.Commencée à l’automne 1934, la forma-tion de Koch s’achève 8 mois plus tard,alors que d’autres commandants atten-dront des années avant d’être jugés aptes.Eicke le juge, désormais, apte aux plushautes fonctions dans un camp et lui confieles plus difficiles.

Le commandant des coups durs

Les deux premières affectations de Kochsont Columbia Haus et Esterwegen oùEicke et ses hommes sont mis en cause pourleur incompétence. Koch apparaît alorscomme l’homme providentiel prompt àrétablir la situation. Le 21 avril 1935, il estnommé commandant commissaire du KZColumbia-Haus à Berlin entaché par plu-sieurs affaires désastreuses : début 1935, lecommandant Alexander Reiner et sonadjoint sont inculpés de coups et blessuresayant entraîné la mort de deux prisonniers.Le 20 avril, deux autres prisonniers s’évadentavec la complicité d’un SS99. Cette évasioncontraint Eicke et Himmler à agir et àenvoyer Koch, connu pour son efficacité, àSachsenburg et Esterwegen. Les rares témoi-gnages de survivants retracent la systémati-sation et l’accentuation de la violence100.Satisfait, Eicke commente le 15 juillet :«National-socialiste convaincu, Koch est unhomme de devoir exceptionnel : son com-portement pendant et hors du service estirréprochable. C’est un bon camarade»101. Le31 juillet 1935, Koch devient officiellementcommandant à part entière du camp. Le 15septembre, il est promu SS Sturmbannführer,6 mois plus tard, le 31 mars 1936, il devientcommandant du KZ Esterwegen102. Cettenomination est de nouveau liée à un coupdur : le commandant Loritz s’est montré

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trop brutal. Le 12 février 1936, il maltraite desprisonniers juifs et, le 29 mars, il s’en prendà des témoins de Jéhovah qui ont voté contreHitler. Contraint de se séparer momenta-nément de lui103, Eicke nomme alors Koch,formé dans ce même camp par Loritzquelques mois auparavant. Il ne reste que 5mois aux commandes mais les conditions devie des prisonniers ne s’améliorent pas pourautant. «Ici il n’y a pas de malade. Il n’y aque des vivants et des morts»104 devient àcette époque sa devise. Willy Perk, alorsprisonnier, se souvient que «sous son com-mandement furent introduites la pendaisonà l’arbre et la bastonnade publique»105. Enaoût 1936, l’IKL ordonne la dissolution ducamp jugé trop dangereux pour sa proximitéavec la frontière hollandaise.

Le commandant «bâtisseur decamps»

La réputation de bâtisseur de camps deKoch naît de son rôle lors de la constructiondes camps de Sachsenhausen en 1936 et sur-tout de Buchenwald de 1937 à 1941. Ladécision de Eicke de confier ce travail àKoch est due, d’une part, aux difficultés decette tâche et, d’autre part, à sa brutalité«indispensable» pour diriger de tels chantiers.Le 1er septembre 1936, il est nommé com-mandant de Sachsenhausen et arrive avecson état-major et les derniers prisonniersd’Esterwegen106. L’enjeu est de taille : pourHimmler : «Au lieu des camps simples bâtisaux premiers temps de la révolution», il s’agitde construire «un camp de concentrationtotalement nouveau, extensible à tousmoments, moderne et d’une nouvelle ère»107.Sachsenhausen en est le prototype. Dansles faits, son travail est placé sous la tutelle etla surveillance de Eicke, dont l’Inspectionsiège non loin de là, à Berlin. Sachsenhausenest un lieu sensible : en 1936, alors que lesJeux Olympiques se déroulent dans la capi-tale allemande, le camp est l’objet de l’inté-rêt des journalistes étrangers ; la nomination

de Koch s’explique par son aptitude à mani-puler la presse. Son commandement estmarqué par la brutalité et par le développe-ment de la corruption même si celle-ci restemarginale. «Koch préférait les prisonnierscriminels et haïssait les prisonniers politiques,d’où son choix de placer des criminels auxpostes de fonctions comme doyen de camp,contremaître, doyen de baraque, aux cui-sines... Si un de ses subalternes SS lui sou-mettait la nomination d’un prisonnierpolitique, Koch croyait que celui-ci étaitproche politiquement et le SS concerné étaitmis à pied »108. Le nombre de plaintes pourmauvais traitements se développant, Koch nepeut maintenir les criminels à la tête de l’or-ganisation interne des prisonniers. Les témoi-gnages des prisonniers indiquent enfin queson «règne» est particulièrement violent.Son départ fut pour beaucoup synonymed’«une stabilisation du camp après une pério-de catastrophique»109.

La vie privée de Koch se stabilise aussi : le 29mai 1937, après un an de fiançailles, il épou-se Ilse Köhler. Le mariage a lieu àSachsenhausen, dans la «pure tradition nais-sante» SS et semble-t-il en présenced’Himmler110. Ilse et Karl Koch partage-ront désormais le même destin : tous deuxsont ambitieux et intéressés. Ils n’ont pasvraiment de biens, mais la SS leur permettrade satisfaire rapidement leurs aspirationssociales. Karl sait l’intention de Eicke deconstruire un nouveau camp au centre del’Allemagne. Il saisit la chance de le construi-re. Eicke écrit à cet époque : «Koch se tint àmes cotés d’une façon décidée et prudente lorsde la construction du camp de Sachsenhausen.De manière inattendue, il réussit en à peine4 mois à bâtir le camp»111.

A Sachsenhausen, Koch a démontré sa capa-cité à gérer la construction d’un campmoderne. A Weimar, Eicke prévoit laconstruction d’un camp pour les ennemis dupeuple vivants «à l’Ouest, au Nord-Ouest du

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Reich, en Saxe, en Thuringe, en Hesse et aunord de la Bavière»112. A la mi 1936, débu-tent les premiers préparatifs et, en avril 1937,les autorités arrêtent leur choix sur le site del’Ettersberg, une montagne au sud deWeimar. Le 12 juillet 1937, Eicke ordonne lamutation de Koch au poste de comman-dant du KL Ettersberg, avec une prise effec-tive de fonction prévue pour le 1er août113.Deux jours plus tard, il arrive avec 149 pri-sonniers de Sachsenhausen et quelques SS.Le KL Ettersberg, rapidement rebaptisé KLBuchenwald et prévu pour 6 à 8.000 pri-sonniers, est alors officiellement ouvert. Cen’est encore qu’un bout de forêt isolé. Lestrois années qui vont suivre seront consacréesà la construction d’un des plus grands KZnazis. En juillet, Eicke écrit : «J’attire votreattention sur le fait que pour venir à bout deces tâches énormes à tous points de vue, uneaction résolue et énergique est indispensable,afin de rattraper le temps précieux qui nousa été volé par la bureaucratie»114. Ces «tâchesénormes», il les confie au commandant«bâtisseur», Karl Koch. Celui-ci est en gran-de partie responsable de l’allure des travauxet des conditions de travail des prisonniers.Il s’agit d’aller vite mais aussi de faire des éco-nomies, c’est-à-dire limiter les dépensespouvant faciliter et sécuriser le travail.«Depuis le 7 juillet 1937, il travaille à la réa-lisation du KL Buchenwald. Ses interventionsénergiques ont rendu possible le fait que lenouveau camp après 4 semaines accueille1.000 prisonniers. Ses performances dépassentla moyenne», commente Eicke en août1937115. Les conditions de travail entraînentde nombreuses victimes. Le premier tri-mestre 1939, on compte 16 fractures graveset un brûlé grave116. L’hiver, les prisonnierstravaillant souvent sans gants et sans chaus-sures adéquates, sont victimes de gelures.Les «plus chanceux» sont amputés, les autresmeurent faute de soins. Le nombre des pri-sonniers augmente aussi rapidement : fin1937, ils sont 2.561, fin 1938 avec l’interne-

ment momentané de prisonniers juifs, ilssont 11.028, puis 11.807 en 1939, 7.440 en1940 et finalement 7.911 au moment oùKoch quitte le camp117. A cette époque, ilatteint le sommet de sa carrière, il a survécuà deux changements générationnels et pourbeaucoup, il incarne le commandant idéal. Ilaccumule les qualificatifs de commandant descoups durs, de bâtisseur de camps (en 1940,il est aussi pendant 3 mois à l’édificationdes camps en Norvège), de führer le plus durde sa génération.

2.3 La nature du commandementde Koch

Koch est avant tout un homme silencieux etsolitaire : «un petit homme avec unedémarche militaire. Une tête ronde, peignéevers l’arrière, les cheveux gris. Il était d’unenature calme. On le voyait peu en compagniede ses hommes, mais souvent chevauchantson cheval noir «Wodan» accompagné d’ungros chien jaune»118. Pour beaucoup de ceuxqui l’ont côtoyé, c’est surtout un misan-thrope méfiant et autoritaire qui «ne laissapersonne lui donner des instructions»119,tyrannique voir sadique, qui haït et mal-traite tout aussi bien les prisonniers que lesSS. Hermann Hackmann, son adjudant,dira de lui : «On le tenait capable de com-mettre un meurtre »120. Sa position de com-mandant à partir de 1935 ne fait qu’accentuerson caractère.

Koch se montre particulièrement prompt àfaire exécuter les ordres qu’il reçoit de sessupérieurs et est tout aussi efficace pour lesquestions de discipline et de sécurité. Il s’agitaussi de l’exécution d’actions secrètes. LeDr. SS Waldemar Hoven déclarera après laguerre : «En 1941... Le commandant Kochinforma l’ensemble des führer SS qu’il avaitobtenu l’ordre secret d’Himmler que tousles prisonniers fous et estropiés devaient êtreassassinés et que les prisonniers juifs devaientêtre associés à ce programme. D’après cet

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ordre, 300 à 400 prisonniers juifs de diffé-rentes nationalités devaient être envoyés àBernburg, station d’Euthanasie»121. Sesnominations à Columbia Haus etEsterwegen sont principalement dues à sacapacité à assurer la sécurité des camps : àColumbia Haus, il rétablit rapidement lasituation et à Esterwegen, il s’illustre notam-ment comme prompt à contrôler l’infor-mation liée au prisonnier Carl von Ossietski,objet de toute l’attention des démocratesoccidentaux qui lui attribuent par protesta-tion et pour le protéger, le Prix Nobel de laPaix 1935122. Pendant des mois, une délé-gation hollandaise exige de le rencontrerafin de vérifier son état de santé. En juin1936, cette commission décrit dans le jour-nal La nouvelle tribune comment le com-mandant Koch les a informés que leprisonnier allait bien si ce n’était un pro-blème cardiaque. Koch aurait ajouté queOssietski serait non seulement traité par unmédecin du camp mais aussi par un méde-cin d’Oldenburg, la ville voisine, serait dansune baraque commune et aurait la possibi-lité de travailler ou de s’occuper scientifi-quement. La délégation transmet alors àKoch ses doutes quant à ces informationstant qu’elle ne verrait pas Ossietski123. Dansles faits, il est très gravement malade. Le 22mai, il est prêt à être transféré à l’hôpital deBerlin car les nazis craignent à raison samort prochaine124. Pour les mêmes motifs decontrôle de l’information, Koch se chargepersonnellement d’accompagner les visi-teurs des camps qu’il dirige. A Buchenwald,lors de l’une de ces visites, il clame com-bien «on s’occupe bien, malgré tout, du bien-être moral des fainéants internés »125. Pourfiltrer toute information sortant de l’en-ceinte du camp, Koch est aussi capable dupire ; le 7 août 1939, Koch fait exécuter àBuchenwald l’interné Rudolf Opitz, sur-pris avec une pellicule de photos d’exécu-tions126.

Enfin, pour dissimuler les causes de décès deprisonniers de Buchenwald, Koch autoriseillégalement la crémation des cadavres àWeimar127. Finalement, face au nombrecroissant des victimes, une installation d’in-cinération sera construite en 1939 à l’intérieurdu camp.

Koch se montre aussi particulièrement auto-ritaire pour les questions de discipline. Ilcontrôle l’application du règlement de Eickemais promulgue aussi nombre d’interditsconcernant ses troupes. Interdiction de fré-quenter tels théâtres, tels magasins, de sortirdu camp certains jours... Tout manquementest sévèrement sanctionné. Le 8 novembre1938, Karl Koch rédige un de ses ordres lesplus cyniques concernant la discipline destroupes et menaçant de graves sanctions lesSS qui viendraient à blesser de nouveau desanimaux du jardin zoologique du camp : «Al’avenir je ferai établir une liste de noms descoupables et les communiquerai au Führer SSdu Reich pour qu’ils soient sanctionnés pourtorture d’animaux»128. L’appel à Himmlerpour régler ce problème de discipline illustre,d’une part, l’amour de Koch pour les ani-maux et, d’autre part, son sens de la déme-sure129.

Pour le traitement des prisonniers, Kochn’est pas aussi soucieux du respect de la dis-cipline, des règles de sécurité et du règle-ment des camps. Sa politique à Buchenwaldprovoque très rapidement des victimes : 48personnes meurent dans les 6 premiers moisdu camp, 771 l’année suivante, 1.235 en1939, 1 772 en 1940 et 1.522 en 1941 soit5.348 sous son règne. Dans la période quiprécède la guerre, Buchenwald a le taux demortalité le plus élevé130. La violence exer-cée par Koch apparaît déjà dans les témoi-gnages de prisonniers de Columbia en 1935.Un récit de 1936 retrace une première actionsortant du cadre «légal». Le 10 novembre alieu un des événements les plus malheureu-sement célèbres des KZ d’avant-guerre : la

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pendaison de 6 prisonniers évadés131. «Lafuite servit de prétexte pour faire passer tousles prisonniers de la baraque des évadés surle bock. Cette sanction fut aussi reçue par tousceux qui étaient occupés dans la baraque oùles planches utilisées (pour l’évasion) étaiententreposées. Ensuite l’ensemble du camp dûse présenter sur la place d’appel et y rester jus-qu’au lendemain. Le matin suivant leGruppenführer Eicke et le commandant ducamp Koch, apparurent pour mener eux-mêmes les interrogatoires. De ma place j’en-tendis un prisonnier désespéré crier :«HerrKommandant, je suis marié, j’ai des enfantset je veux sortir d’ici ! Je n’ai rien à faireavec cette histoire». Celui-ci reçut commeréponse de Koch : «Toi, ordure, ordure»,accompagnant les coups bruyants donnés deses propres mains. Le lendemain 7 pieuxfurent dressés. Cela dura quelques jours jus-qu’à ce que 6 prisonniers soient de nouveaudans le camp. Avec l’arrivée de l’obscuriténous pûmes voir comment les 6 prisonniersfurent pendus. Au matin, avant l’aube, ilsfurent décrochés. Pendant 7 dimanches nousfûmes privés de repos»132. Koch transgresseici les règlements SS avec l’aval et le sou-tien de Eicke. Sa nomination à Buchenwald,loin de l’IKL, intensifie cette tendance. Ainsien janvier 1939, après qu’un prisonnier futretrouvé îvre, il fait frapper 100 internés prisau hasard133. Suite à la disparition d’un porc,le camp est privé pendant 5 jours de nour-riture134. Pour l’ancien SS Strippel «Kochassistait personnellement aux bastonnades. Laprocédure du bock, c’est-à-dire de la bas-tonnade n’était pas exécutée de manièreréglementaire, le prisonnier ne pouvait faireappel de la sanction»135. Un autre SS,Hermann Grossmann affirme que «celuiqui faisait un rapport (suite à un mauvaistraitement) se rendait désagréable aux yeuxde Koch. Koch tolérait les coups et autantque je sache, personne ne fut jamais punipour ça... c’était connu de tous»136. Toutetentative visant à faire cesser des sanctions

«illégales» est impitoyablement sanction-née par Koch. L’hiver 1940, le prisonnierPhilip Hamber est noyé par le SS Abraham.Son frère Eduard Hamber, témoin de lascène, est entendu par Koch qui lui prometjustice : «Nous voulons de vous la vérité. Jevous donne ma parole d’honneur qu’il nevous arrivera rien ». Après quoi, il est mis enprison : 3 semaines plus tard, il y est «suici-dé». «27 des 28 membres du groupe de tra-vail des frères Hamber sont eux aussiassassinés»137.

Si Koch accueille personnellement les nou-veaux prisonniers aux cris de : «Porcs, sous-hommes, vous n’êtes pas dignes de vivre surla terre allemande»138, ses menaces ne sontpas sans lendemain surtout pour les pri-sonniers «raciaux» Roms, Polonais et Juifs.Les 600 Tziganes arrivés en juin 1938 sontses premières victimes : publiquement fouet-tés, ils sont tellement maltraités qu’il n’enreste qu’une centaine encore vivants début1939. «Le commandant Koch fit enfermer untzigane qui avait tenté de s’enfuir, dans unecaisse en bois, dont la partie ouverte étaitrecouverte de fils barbelés. Le fuyard empri-sonné pouvait à peine s’asseoir. Alors Koch fitplanter de longs clous dans les parois de lacaisse, qui entraient dans la chair du prison-nier dès que celui-ci bougeait. Le tziganedans la cage fut installé devant le camp. Il nereçut rien à manger et resta deux jours ettrois nuits sur la place d’appel. Ces crisn’avaient plus rien d’humain. Au matin dutroisième jour, il fut libéré de son enfer parune injection de poison»139. Un sort sem-blable attendra les prisonniers polonaisenfermés en 1939 sans nourriture dans uncamp spécial140, ou les 9.828 prisonniersjuifs internés suite au pogrom de novembre1938 et qui involontairement serviront lesambitions de Koch. Alors qu’en juin 1938,un rapport interne atteste une capacité d’ac-cueil de 7.000 prisonniers en cas d’urgence,le 28 novembre, Koch annonce une capaci-

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té de 20.000 hommes141. Dans les faits, iln’y a ni baraques, ni sanitaires, ni infirmerie,pas assez de pain et d’eau142. Debout sur laplace d’appel, dans le froid, les vieillards et lesmalades sont les premiers à mourir, d’autresmeurent sous les coups des surveillants SS oude Koch. En tout, 255 juifs meurent en 7semaines143. Le 6 novembre 1939, il ordon-ne que pour l’attaque d’Allemands par desJuifs en Palestine, les Juifs du camp ne rece-vraient que 400 grammes de pain et un litrede repas chaud par jour144. Le 28 novembre1939, à la suite de l’attentat perpétré parGeorg Elser contre Hitler à Munich, 21juifs sont assassinés à la carrière145. La listedes actes de sadisme de Koch n’est ici pasexhaustive, mais s’il torture les prisonniers,il aime aussi maltraiter dans une nettementmoindre mesure ses subalternes SS.

Koch et les SS : «La position ducycliste»146

L’attitude de Koch peut être qualifiée de«position du cycliste» : s’il se courbe devantses supérieurs et exécute avec zèle les ordresqui lui sont donnés, il appuie sur ceux quisont sous lui. A Buchenwald, il fait régner unsentiment de peur parmi les membres de lakommandantur. A l’exception de quelquesSS de même rang, il ne respecte personne.Hackmann, son adjudant, le qualifie «d’hom-me froid et distant »147. Il s’adresse à sessubalternes de manière grossière mais surtouthumiliante et lâche. Un reproche à un subal-terne n’est pas formulé directement maispar le biais d’une note qu’il lui fait parvenirou remet sans commentaire ou mieux enco-re qu’il inscrit dans un livre ouvert accessibleà tous. Il distribue aussi publiquement desenveloppes contenant de l’argent aux SS quise sont «biens comportés» et des enveloppesvides aux autres, traite les troupes de «porcscommunistes» et aime à jeter des petitescuillers sur ces führer, cuillers qu’il rempla-cera par des Tomahawks spécialementconçus à cet effet148. Quant à ceux qui vien-

draient à critiquer ses méthodes, il les qua-lifie dans ses rapports de faibles et de «mau-viettes». Ses ordres montrent aussi soncaractère faussement paternaliste et poin-tilleux. Qu’il s’agisse du nettoyage à la blan-chisserie des vêtements des SS célibataires, dela durée des pauses, ou du port du béret,tout est prétexte au contrôle en détail de lavie de ses hommes, même privée. Il contrô-le les loisirs des familles SS, leurs courriers,leurs fréquentations, vérifie qu’ils mangentun plat unique un dimanche par mois et vajusqu’à interdire à ses führer de fumer auvolant de leur moto149. «J’ai aujourd’huiconstaté dans le lotissement Klein Obringenque des enfants de SS côtoient des ennemis del’État et éventuellement leur rendent ser-vice. J’attends de tous les hommes qu’ils édu-quent leur femme à la hauteur de la SS et quecette situation fâcheuse, qui est à peinecroyable pour un SS, disparaisse»150.Parallèlement, il laisse sa femme seule encompagnie de prisonniers privilégiés sortirdu camp151. Enfin son pouvoir sert aussi àcompenser certains complexes d’infériorité.Il interdit, par exemple, à la fille du führer ducamp de prisonniers Arthur Rödl, de semarier dans le camp, deux heures avant lacérémonie152. Rödl est porteur de l’Ordre duSang, une distinction réservée aux combat-tants de la première heure (Putsch de 1923),ce qui le place à un niveau idéologique etméritoire supérieur. Alors que nombre deprisonniers et de SS ont à souffrir avec unedifférence d’intensité de la tyrannie et dusadisme de Koch, certains au contraire pro-fitent pleinement de la situation.

Le «parrain»

L’isolement juridique et économique desKZ rend les productions des prisonniers etles profits qui en découlent aisément dissi-mulables. Si Koch n’est pas le premier à leconstater, il est certainement celui qui saittirer le mieux avantage de la situation.L’entrée de Koch dans la SS ne signifient

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pas une amélioration sensible de sa situa-tion financière : en 1935, il ne parvient pastoujours à payer ses cotisations au Parti et ilvit alors au crochet de sa maîtresse153. Sanomination à Sachsenhausen servira de trem-plin social. A la tête d’un camp en chantier,les possibilités sont nombreuses. Pour obte-nir des modifications aux plans de leur mai-son en construction, les SS sont disposés àoffrir des récompenses aux prisonniers. Pourcombler les désirs de sa femme, Koch faitprocéder à de coûteux aménagements de savilla qu’il finance en se servant dans la cais-se154. Nommé à Buchenwald en 1937, il n’apas le temps d’en profiter, mais ce nouveaucamp lui offre la possibilité de développer etsystématiser la corruption. Quelques moisaprès sa nomination, il ouvre son premiercompte en banque depuis 10 ans. L’arrivéede prisonniers juifs suite au pogrom denovembre 1938 est l’occasion pour Kochet les siens de s’enrichir et de développerun immense réseau de corruption. Les juifsallemands arrêtés ont été choisis parmi lesclasses moyenne et bourgeoise afin de leurextorquer des moyens de financer la poli-tique économique qui s’essouffle. Les condi-tions extrêmes établies par Koch dans lecamp spécial pour les juifs encouragent l’es-sor de la corruption. Des biens alimentaires,des vêtements chauds, des cigarettes peu-vent être achetés par les prisonniers à unprix exorbitant auxquels s’ajoutent des sanc-tions financières, collectes et dons forcés.Koch participe au processus et l’aggrave ennommant des prisonniers criminels à la têtedes baraques juives en 1939. «Les juifs durentvenir devant de grandes tables. Là ils durentjeter leurs biens de valeur dans de grandesboîtes... De cette manière une grande quan-tité d’argent et d’objets de valeur arrivè-rent dans le magasin des effets, dont on ne saitce qu’il advint. A leur libération du campquelques semaines plus tard, ils devaientsigner une déclaration niant qu’ils avaient dûabandonner leurs biens»155. Pour commettre

ces crimes, Koch s’entoure d’un cercle res-treint d’hommes qui le suivront et agirontcomme une organisation mafieuse, se pro-tégeant et organisant terreur et vols, se répar-tissant les butins et écartant par tous lesmoyens ceux constituant un obstacle. En1939, il fait de Hermann Hackmann, unhomme extrêmement brutal et corrompu,son adjudant et confident. Le geôlier MartinSommer est chargé de l’élimination destémoins gênants que lui envoient Koch et sescomplices. Sommer qui cède à des pulsionssadiques peut en toute impunité passer àl’acte, torturer et assassiner des centaines deprisonniers156. Le Docteur WaldemarHoven, un homme corrompu, dont la thèsea été écrite par des prisonniers, est l’assassinde centaines de prisonniers malades157. Sonintéressement est tel qu’il se laisse acheter pardes prisonniers pour lesquels il commettrades meurtres158. En 1940, Koch obtientqu’Hermann Florstedt, un homme notoi-rement brutal et imprévisible, futur com-mandant de Majdanek, soit nommé führerdu camp des prisonniers de Buchenwald.Le Scharführer Johann Blank, qui dirige lecommando de la carrière, est aussi utilisépar Koch pour éliminer occasionnellementdes témoins159. «Les prisonniers mal vusétaient poussés par les kapos dans la zoneneutre et abattus pour avoir franchi la ligneinterdite après des sommations supposées»160.Autour de ce cercle, de nombreux SS toutaussi brutaux et corrompus sont en fonctionou de passage comme Hans Hüttig, futurcommandant des KZ Natzweiler etHerzogenbusch, et Arthur Rödl, futur com-mandant du KZ Gross-Rosen, de sorte queKoch bénéficie d’appuis dans de nombreuxcamps. Le système Koch ne serait pas com-plet sans le neveu de Koch, le SS MichaelGotthart, un des principaux protagonistes dumarché noir à l’intérieur du camp161, spé-cialiste du trafic de tabac et d’alcool entre laHollande et le camp162 et de la vente double :une pomme de terre est vendue avec un

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peigne, donc plus chère163. On lui attribued’avoir rajouté à la devise de Koch : «A cha-cun son dû»(Jedem das seine) : «et à moi laplus grosse part». Enfin Ilse Koch contri-bue à sa manière. Pour financer leur train devie exorbitant, Karl s’applique sans repos àl’extorsion des prisonniers et s’accapare unepartie des fonds destinés au camp. Ils sefont construire une superbe villa qui coûte500.000 RM au lieu des 40.000 RM pré-vus164, et elle obtient la construction d’unmanège pour ses exercices équestres. Celleque les prisonniers surnomment «la kom-mandeuse», «la sorcière» ou «la chienne»de Buchenwald contribue aussi aux actesde violences du camp en dénonçant les pri-sonniers faisant une pause ou fumant pen-dant le travail, en les provoquant par destenues légères et en incitant les SS à frapperceux qui la regardent ou répondent à sesprovocations165.

Bilan partiel : Koch aux yeux desautres SS

En 1941, Koch, à la tête du plus grand KZdu Reich est au sommet de sa carrière.Himmler le considère comme un «hommeimportant et de grande valeur »166. PourEicke et de nombreuses recrues, il incarnele prototype du commandant SS idéal :efficace, intolérant, brutal, exécuteur zélé ;les différents rapports d’évaluation leconcernant sont élogieux : «énergique ettrès dur, d’un caractère calme mais décidé,ayant le sens de l’organisation. Un hommecorrect à qui on peut faire confiance... trèsintelligent... parfaitement martial et correct,d’une démarche énergique et militaire...Avec ses subalternes : dur mais juste, par-ticulièrement bon camarade», peut-on lireen 1934167. En 1936, alors qu’il est désor-mais membre de l’IKL, Eicke lejuge :«national-socialiste convaincu. Ouvertet honnête, un peu introverti,... dur maisdécidé... compréhension : très bonne, capa-cité d’analyse : très bonne. Koch est véri-

tablement un homme aidant, son compor-tement pendant et hors du service est par-fait. Bon camarade»168. Un an plus tard, illui trouve «un sens très marqué des res-ponsabilités»169, puis en 1937, enthousias-mé par ses résultats à Sachsenhausen etBuchenwald, Eicke écrit que «ses perfor-mances sont au-dessus de la moyenne»170.Koch est aussi un homme dont la brutali-té et l’intéressement sont connus, toléréspar sa hiérarchie plus que par ses collèguesofficiers SS. Le commandant Hans Hüttig(KZ Natweiler), comme Hans Ziereis (KZMauthausen) formé en partie àBuchenwald, désapprouvera après guer-re les agissements de Koch : «Il arriva quedes prisonniers soient maltraités avec labrutalité la plus horrible. Il y avait dessadiques comme Karl Koch. Je n’en faisaispas partie. J’ai tout surmonté. Sachsen-hausen, Flossenburg et tout le reste ne pou-vaient plus me poser de difficultés. Celaarrivait après Buchenwald »171. RudolfHöss, qui travailla sous les ordres de Kochà Dachau en 1935, le qualifiera de «créaturecapable de réaliser chaque saloperie» etl’accuse d’être responsable des violencescommises par les SS contre les prison-niers : «Cette position fondamentale vis-à-vis des prisonniers fut renforcée parl’influence des anciens commandants,comme Loritz et Koch pour qui les prison-niers n’étaient pas des hommes, mais des«russes» ou des «canaques»... Chez lesvieux führer, les années de formation parEicke, Koch et Loritz étaient tellementprofondément inscrites, comme marquéesdans la chair et le sang, que même les SS debonne volonté ne pouvaient simplementpas agir autrement... Les nouveaux appre-naient des anciens»172.

Si Koch avait déjà la réputation d’être unhomme brutal, c’est à partir du moment oùil dirige Buchenwald qu’il se transformeen un véritable tyran et organise son réseau

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mafieux. Höss voit dans la confianceaveugle de Eicke à son égard la véritable rai-son de son impunité : «Koch et Loritz pos-sédaient son entière confiance et... nepouvaient ni être déplacés, ni mutés mêmepour des événements graves... Ils étaientautorisés à faire ce qui leur plaisait dans lescamps»173. A ceci s’ajoute l’isolement deBuchenwald loin de l’IKL et de Eicke. Cedernier réussit cependant à le freiner, maisuniquement pour des affaires dont l’im-portance relève de l’IKL : Suite à l’évasion,le 13 mai 1938, des prisonniers EmilBargatzki et Peter Forster qui tuent unsurveillant SS, Koch prévoit des mesures dereprésailles violentes que Eicke et Himmler,accourus au camp, refusent174. Repris,Forster sera finalement pendu devant l’en-semble du camp, le 21 décembre 1938.«Avant de mourir Forster se tourna versKoch pour le traiter de lâche » et le prévint :sa mort «serait plus terrible que la sien-ne»175.

3. Le temps des mises encause (1941-1943)

«Cher camarade, si n’importe quel juris-te essaye de poser ses mains sales sur toncorps innocent, je lui barrerai le chemin detoutes mes forces»

Oswald Pohl, Chef de l’Administrationéconomique SS176.

Lentement et parfois avec acharnement lajustice SS découvre les anormalités du com-mandement de Koch. De décembre 1941 àjuillet 1942, Koch est mis en cause à deuxreprises pour son honnêteté et pour sa capa-cité à diriger. Arrêté, puis libéré et mutécommandant de Majdanek, il est de nouveauinquiété puis finalement écarté des camps. Leparadigme du «soldat politique» et son pro-totype semblent alors mis en cause.

3.1 Le premier avertissementjudiciaire

Si Koch est protégé par ses supérieurs, ilsous-estime les prérogatives et la capacitéde la justice SS. Himmler a conçu l’organi-sation SS comme un ordre dont les membresne sont justiciables que devant leurs pairs177.En 1941, Josias von Waldeck und Pyrmont,procureur supérieur du Tribunal de la poli-ce et de la SS, est chargé des délits civils etmilitaires commis par le personnel deBuchenwald où il dispose d’un assistantjudiciaire. A l’automne 1941, celui-ci l’in-forme que Koch et d’autres SS ont commisdes irrégularités financières : «Tout a com-mencé début 1941 lorsque j’entendis quequelque chose clochait dans l’administrationde Koch. D’abord je n’ai pas voulu le croi-re jusqu’à ce qu’un de ses proches collabo-rateurs... fasse une déclaration tellementclaire que je convoquai Koch dans monbureau, pour parler avec lui»178. Le17 décembre, il le convoque à Kassel. Laprésentation d’extraits de livres de comptesmanipulés suffit à confondre Koch. Il recon-naît les faits : «J’expliquai tout à l’homme.Puis je saisis son revolver et je l’arrêtai. Je lefis conduire en voiture à Weimar et empri-sonner à la Gestapo»179. Ce que WaldeckPyrmont a sous-estimé est l’extraordinaireinfluence de Koch dans la SS. Immédiatement,ses supérieurs interviennent auprès deHimmler pour rectifier la décision du juge enarguant que les commandants sont soumis àl’IKL et non aux juges supérieurs SS. Dans lesrangs des dirigeants SS souffle alors un ventde panique initiée par Ilse Koch. SelonMartin Sommer, le geôlier de Buchenwald,sitôt Karl arrêté, celle-ci téléphone à deshommes comme Himmler ou ReinhardHeydrich pour obtenir la libération de sonmari180. Himmler, qui mentionne l’arresta-tion dans son agenda de service, prend l’af-faire très au sérieux181. Le lendemain, ilordonne la mise en liberté immédiate de

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Koch et se place en contradiction totale avecson propre discours idéologique : «J’agiraidans le futur contre toute atteinte, de quelquenature qu’elle soit, à la propriété et à l’hon-nêteté avec les sanctions les plus sévères»182.

Cette «péripétie» a finalement trois consé-quences. D’une part, elle crée un précédentjuridique : jusqu’à présent, jamais un com-mandant SS en fonction et plus encore unofficier SS n’a été arrêté sans l’autorisation deHimmler. L’action de Waldeck Pyrmontest pourtant légale. Pour combler oucontourner cet embarras juridique, Himmlerpromulgue un décret surnommé alors «LexWaldeck» selon lequel les commandantsdes KZ ne peuvent plus être arrêtés par unProcureur Supérieur (SS) mais chaque casdoit être soumis au Führer SS du Reich(Himmler) qui décidera. D’autre part cetteaffaire voit naître un ennemi juré de Koch :Josias Waldeck Pyrmont, qui outre l’outra-ge subi, doit aussi subir les insultes de sessupérieurs : «Quelques heures plus tard, jereçus de mon supérieur un télégramme duReichsführer Himmler. Il s’exprimait d’unemanière telle que je ne voulus pas l’immor-taliser dans l’album de souvenirs de la famil-le»183. Il déclare alors qu’il ne mènerait pasd’instruction contre des subalternes tantque Koch ne se tiendrait pas devant un tri-bunal184. L’antagonisme extrême entre Kochet Waldeck Pyrmont n’est pas d’ordre pro-fessionnel mais personnel. «Bien sûr je ne fuspas l’ami de Koch... Je me réjouis d’ailleurs del’avouer, mais cela n’a rien à voir avecl’Affaire Koch»185 déclarera ce dernier aprèsla guerre. Si pour Arthur Smith cet antago-nisme tient à une situation de concurrencedans le domaine de la corruption, AnkeSchmeling décrit Waldeck Pyrmont, aucontraire, comme issu de la noblesse de sangallemande et d’une famille fortunée sou-cieuse de son image qui, s’il avait lui-mêmeété corrompu, n’aurait pas pu mener demanière crédible ses investigations. Sa haine

s’expliquerait, avant tout, par l’antipathiequ’il éprouve pour un homme vulgaire etsurtout trahissant les valeurs «d’honnêteté,de solidarité, de kamaraderie SS»186. Enfin,Koch est muté au camp de Majdanek.

Pour cette première affaire, Koch s’en tirebien. Il a su tirer les ficelles de la kamarade-rie SS qui lui fait toujours confiance. OswaldPohl, chef de l’Administration économiqueSS, lui écrit «je me mettrais devant vouspour vous protéger si une nouvelle fois unjuriste sans travail tentait de poser ses mainsde bourreau sur votre corps immaculé(sic)»187.

3.2 Majdanek : la continuité et ladéchéance (1942-1943)

Koch arrive fin décembre à Lublin pourexercer ses nouvelles fonctions à la tête duKZ Majdanek. Sa nouvelle affectation faitfigure non seulement de continuité voirede promotion professionnelle mais aussi deprolongement de ses activités criminelles.Il devient, le 19 janvier 1942, commandantdu camp de prisonniers de guerre de laWaffen SS de Lublin, futur camp d’exter-mination de Majdanek188. Son affectationest avant tout due à son expérience de bâtis-seur de camps : en septembre, trois führer deBuchenwald, dont son adjudant, HermannHackmann étaient déjà sur place pour orga-niser la construction du plus grand KZ enterritoire occupé prévu pour l’internementde 150.000 personnes189. Une fois de plus, latâche confiée à Koch est d’importance :Lublin entre aussi dans le cadre de la«Solution finale de la question juive» dont lesderniers ajustements techniques ont été scel-lés le 20 janvier 1942 à Berlin-Wannsee. LaSolution finale prévoit que l’ensemble desjuifs se trouvant sur le territoire du Reichsoient expulsés, déportés vers l’Est et exter-minés. Le 19 décembre 1941, à la veille dujour initialement prévu pour la Conférencede Wannsee, l’IKL ordonne à l’ensemble

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des commandants des camps du Reich letransport «de tous les juifs aptes au travailvers le KGL - Lublin »190. L’ordre connusous le nom de «Tous les juifs vers Koch-Lublin»191 sera annulé quelques jours plustard suite certainement à la tenue véritable dela conférence. A Lublin, la décision n’estprise certainement qu’en juillet 1942 detransformer alors certaines des chambresde désinfection des vêtements en chambresd’extermination par le gaz. Si celles-ci nesont fonctionnelles qu’à partir de septembre1942, Koch est encore en poste, le 25 juillet,lorsque l’administration du camp commande1.474 boîtes du gaz mortel192. Il ne dirige pasalors les exterminations par gazage, maisparticipe directement à la première phased’extermination de prisonniers juifs, arri-vant principalement du Reich et deSlovaquie193. La réalité des massacres restefloue. Les registres des décès du camp per-mettent d’estimer à 3.096 le nombre despersonnes finalement assassinées entre jan-vier et fin juillet 1942194.

L’incident de 1941 et son passage à la prisonde Weimar semblent ne pas affecter les acti-vités criminelles de Koch. Si elles ne baissentpas d’intensité, elles se font désormais dansla prudence : «Il semble que Koch à Lublinne se soit uniquement occupé que de sesaffaires, de son cheval, de ses activités devente et de troc. Du coup, l’ensemble dessous-officiers sont devenus corrompus»195.Comme à Buchenwald, Koch s’entoured’hommes corrompus et fait venir avec luiune partie de sa «bande». Samuel Antmann,joaillier juif interné dans le camp, côtoie ceshommes intéressés par son avis et sesconnaissances professionnelles : «Le com-mandant du camp fermait les yeux, ne punis-sait pas (les vols) et ne sanctionnait quelorsqu’il ne pouvait plus cacher le scandale».Koch lui rend aussi visite : «Le comman-dant et sa femme étaient devenus plus pru-dents qu’à Buchenwald. Certes Koch venait

occasionnellement dans l’atelier de SamuelAntmann, mais il ne prenait aucun objet. Ilse les faisait livrer »196. Les actes de sadismede Koch sont beaucoup moins documentésque ses crimes officiels. Si Koch continue sesagissements criminels, sa nomination àLublin, semble se placer dans le prolonge-ment logique de sa carrière. Ce spécialiste dela construction des camps n’a, en 1941, plusde raison de rester à Buchenwald et il a,pour la SS, une meilleure utilité à Lublin.Déjà en 1940, il avait été envoyé en Norvègepour superviser la construction de nou-veaux camps. Parallèlement, sa capacité àmener des actions délicates de massacres demilitaires et de civils lui permet de se rache-ter après l’épisode de décembre 1941.

Si les phases de construction des campsrendent possibles des évasions, notammentpar l’absence d’installations de surveillanceefficaces, Koch qui est pourtant un expert,se révèle étonnement inapte à maîtriser lasituation. Durant son commandement, 130prisonniers fuient de Majdanek, entre 40et 50 le camp annexe Lipowa, et 500 destransports liés au camp. Le coup fatal estporté en juillet : «Dans la nuit du 14 au 15juillet 1942 aux environs de 23 h 15, 86 pri-sonniers soviétiques réussissent à prendre lafuite. Ils réussissent à atteindre les barbelésentourant le camp et à l’aide de planches àpasser par-dessus la clôture. Les deux SS enposte dans les tours 7 et 8... tirent sur lesprisonniers, dont deux seulement serontatteints. Le commandant Koch est avertipar son adjudant Hackmann à 23h30 et serend immédiatement sur les lieux. Au départ,il s’agit d’une vingtaine d’évadés. A 3 heures,les comptes révèlent que 86 prisonniers sesont enfuis. Ce n’est qu’à 5 heures, soit prèsde 6 heures après l’évasion que le Chef de laPolice et de la SS est informé. Aucun desprisonniers n’est repris». Par mesure dereprésailles, Koch fait assassiner des dou-zaines de prisonniers197. Une enquête est

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ouverte par l’Administration SS qui inno-cente les deux sentinelles SS ; Koch, lui, estsuspendu de ses fonctions. Il lui est repro-ché : «de s’être rendu coupable... d’avoirpar le non respect de son devoir de sur-veillance permis la libération de prison-niers»198. En tant que commandant, Koch afailli à trois devoirs : a) le devoir d’assurer lasécurité du camp. Pour sa défense, il faitvaloir les difficultés liées à un camp dont laconstruction a à peine débutée, la présenced’une simple clôture de protection, l’ab-sence de système d’alarme et le logement dela troupe de surveillance à 6 ou 8 km ducamp199. Faute de miradors utilisables ouconstruits, il souligne enfin qu’il avait ren-forcé les troupes de ronde. b) le devoir d’as-surer la formation et l’armement de sestroupes : pour Koch, ses troupes sontconstituées de vieux réservistes mal for-més. Face au renforcement des rondes desurveillance, il n’y aurait plus eu de tempspour la formation des surveillants SS. «Moi,en tant que commandant du camp, je donnedes instructions et des ordres, j’organise l’ins-truction et la formation des hommes, mais jene peux quand même pas me tenir à coté dechaque homme pour l’encadrer dans l’exer-cice de son service et même le meilleur sys-tème de sécurité peut faillir lorsque lasentinelle effectue son service sans intérêtet sans précaution, dort ou se laisse sur-prendre sans pouvoir maîtriser ses nerfs»200.Quant à l’armement, Koch n’aurait pas faitinstaller des mitrailleuses par peur qu’encas d’évasion, les SS se tirent mutuellementdessus. c) le devoir de prendre des mesuresimmédiates pour rattraper les prisonniersévadés. Pour Koch, ce retard est dû à l’erreurdans l’évaluation du nombre de fuyards,tout d’abord estimé à 15. Le responsabledu service de construction de Lublin trans-met une note dans laquelle la responsabili-té de Koch paraît plus affirmée : «les deuxmiradors étaient, lors de l’évasion, encore enchantier car le commandant voulait avant

tout que la construction des baraques desprisonniers soit achevée». De même : « ...à lafin de l’automne seulement, on pouvaitespérer loger un bataillon de surveillance»dans le camp lui-même. Pour sa défense,il indique que Koch a cependant à plusieursreprises souligné l’urgence de la constructionde logements pour les troupes, mais queles changements répétés quant à la taille etla capacité du camp n’ont fait que ralentircette réalisation201.

En attendant les résultats de l’enquête,Himmler décide la mise à l’écart provisoirede Koch. Cette fois-ci pourtant, il n’est plusquestion de le muter dans un autre camp. Le27 juillet 1942, le chef de la SS écrit de sa mainque Koch doit être suspendu et être dégra-der ; il doit descendre au maximum au niveaude Sturmbannführer202. Il est alors ques-tion de l’envoyer sur le front. Le 30 juillet1942, il est démis de ses fonctions de com-mandant et doit se rendre à Oranienburg.Richard Glücks, le chef de l’IKL, ordonneun examen médical et un rapport sur sacapacité à exercer des fonctions. Si Kochest considéré comme apte, le Reichsführer-SS Himmler autorise son placement commeauxiliaire203.

L’enquête sur les évasions commence. Le2 août, une commission rend son rapportqui en grande partie confirme la thèse dumanque de moyens et d’hommes pourassurer la sécurité204. Cependant, le 24 août,la WVHA demande à l’Administration dupersonnel la mutation immédiate de Kochà l’Administration complémentaire de laWaffen SS. Le 28 août, Glücks prend parécrit la défense de Koch205 mais ne peutempêcher le transfert approuvé par leReichsführer SS qui souhaite au départ lesuspendre jusqu’au résultat de la fin del’enquête. Le 31 août 1942, Koch est offi-ciellement «mis en vacances» jusqu’à laconclusion de la procédure judiciaire et estmuté, au «service complémentaire» de la

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Waffen SS. Il prend ses fonctions le 10 sep-tembre 1942. L’enquête se poursuit et le22 octobre 1942, le tribunal de la Police etde la SS III de Berlin entament une procé-dure contre Koch «pour laxisme ayantentraîné la libération de prisonniers et éven-tuellement pour violation des obligationsde service»206. Le 17 février 1943, après 6mois d’instruction, la procédure est cepen-dant classée sans suite, Koch ayant fait deson mieux dans les circonstances difficilesoù a eu lieu l’évasion207.

Depuis septembre, il travaille non sans dif-ficulté au service complémentaire. Le SSGruppenführer Berger, son supérieur hié-rarchique commente : «Pour le travail deremplacement, il ne se montre pas approprié,parce que trop calme. De plus il n’y a pourl’instant pas de place. Je l’ai donc transféré auService de Protection de la Poste (SPP), plusprécisément à la constitution de la 2ème et3ème unités d’aide de la Reichspost (Poste duReich) sur le front, ainsi qu’à la réorganisa-tion et à l’intégration du SPP dans la SS ordi-naire. Pour la constitution des unités sur lefront, il s’est montré à la hauteur. La réor-ganisation de la Reichspost est un travail quidépasse ses capacités. Il a trop peu de sensibi-lité pour nos pratiques, il manque person-nellement d’assurance et n’ose pas prendre dedécisions. Il ne nous est d’aucune aide. Je suiscontraint de faire appel à un nouveau führeret de confier à Koch l’encadrement de la troi-sième unité de front. Une autre affectationplus tard dans le cadre de l’administration cen-trale de la SS est impossible»208.

Koch, blanchi, peut espérer sa réintégrationau service des camps. Cependant, Himmlera entre temps radicalement changé sa posi-tion et décide tout d’abord de ne pas luirestituer ses galons puis de ne pas le réinté-grer dans l’IKL en le maintenant au servicede la poste. S’il fait ce choix, c’est que Kochsemble ne plus être indispensable.

3.3 Le renversement de paradigmeou l’obsolescence de Koch

Au moment où Koch est muté à Lublin lesystème concentrationnaire connaît de pro-fondes transformations. La SS est toutd’abord chargée de trouver et d’organiser la«solution finale de la question juive». Lapolitique définie alors par l’Administrationcentrale SS chargée de la sécurité du Reich(RSHA) est l’anéantissement des juifsd’Europe, principalement dans des KZdisposant d’installations d’exterminationmassive et immédiate. De nouveaux KZvoient alors le jour fin 1941 - début 1942.Simultanément, le gouvernement, conscientde la nécessité accrue d’une main d’œuvre«vivante», développe désormais une poli-tique de recrutement forcé et d’internementen KZ. Ces deux politiques, a priori contra-dictoires, se rejoignent autour du concept«d’apte au travail» : celui qui peut travaillersurvit, celui qui est «inapte au travail» estexterminé209. Avec l’attaque contre l’UnionSoviétique, l’univers concentrationnaireconnaît son dernier grand changement. Lesdifficultés de l’armée allemande sur le frontde l’Est à partir de 1942 obligent les nazis àreconsidérer le rôle des camps. L’enrôlementde plus en plus d’Allemands dans laWehrmacht et la SS entraîne un manque demain-d’œuvre que les nazis espèrent com-bler par le développement du travail forcédes populations occupées. A cette mêmeépoque, l’Administration économique SSdirigée par Oswald Pohl commence à mettrela main sur l’univers concentrationnaire et,au tournant 1942, achève cette longueconquête. Le transfert de l’IKL sous la tutel-le de la nouvellement créée Administrationd’économie et de gestion de la SS (WVHA),le 16 mars 1942, entérine cette nouvelle poli-tique210. L’IKL, dirigée par Richard Glücksdevient l’administration D et les KZ devien-nent un élément à part entière de l’économiede guerre allemande, du «front intérieur», des

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camps de travail où la productivité doit êtremaximale et leurs coûts réduits. Ces trans-formations impliquent de nouveaux modesde gestion et l’apparition d’un nouveau typede commandant, «les managers politiques».Ce changement de paradigme met désormaisen cause la carrière de Koch.

L’orientation productiviste commenouvel objectif des camps

Le travail dans les KZ était jusqu’à présentun instrument, il est désormais le but. PourPohl : «La guerre a apporté une modificationvisible des KZ et changé ses fonctions vis-à-vis des prisonniers. La détention de prison-niers pour des motifs de sécurité, derééducation ou de prévention ne sont plus aupremier plan ; le centre de gravité s’est dépla-cé vers le côté économique»211. Une série demesures est alors mise en place pour amé-liorer les conditions de vie des prisonniers.Elles n’ont rien d’humanitaires mais visentà préserver et maximiser leurs capacités detravail : pour limiter la mortalité, des colis ali-mentaires de la Croix Rouge sont autoriséset répartis par la SS, les prisonniers médecinssont autorisés à soigner leur compagnons212

et les punitions corporelles ne doivent désor-mais être appliquées qu’en dernier recours.«Chaque sous-officier et surveillant SS doitfaire travailler les prisonniers. Il est bienentendu qu’il est interdit de frapper, de pous-ser ou de toucher un prisonnier. L’effort doitêtre obtenu par la parole», ordonne RichardGlücks en 1943213. Des mesures incitativesvoient aussi le jour : un système de primes àla productivité permet d’acquérir nourri-ture, cigarettes ou vêtements, voire donneaccès aux «bordels» où travaillent des pri-sonnières contraintes à la prostitution. Ladurée du travail est allongée, de 9 à 10 heuresau début de la guerre, elle passe à 11 heurespar jour et celle des repas et des appels estréduite214. Enfin, des camps extérieurs sontconstruits avec dortoirs permettant de gagneren temps et en force. Si les conditions de

vie s’améliorent sensiblement pour les pri-sonniers aptes au travail, les autres sontsélectionnés et exterminés soit sur place,soit dans des chambres à gaz en Allemagneou dans des camps d’extermination à l’Estdans le cadre de l’action «13 f 14 -Euthanasie».

L’ère des «managers politiques»

Cette nouvelle politique nécessite une nou-velle manière d’administrer les camps. En1942, Oswald Pohl décide de promouvoirun nouveau style de commandant : les«managers politiques» : des administrateursayant des connaissances ou des capacitésmilitaires. Un administrateur dans ce contex-te est quelqu’un d’apte à transformer lesKZ en industries au service de l’économie deguerre. Les connaissances militaires requisessont celles permettant d’assurer la sécurité ducamp. Comme Eicke avant lui, Pohl pro-meut des hommes ayant son propre profilbiographique, c’est à dire d’anciens soldatsayant une expérience de comptable, ou d’ad-ministrateur215. Le concept de «soldat poli-tique» n’est pas pour autant obsolète. Sipour Eicke, le soldat s’oppose au «fonc-tionnaire gras», Pohl y voit un administra-teur, un gestionnaire menant une autre formede combat. Sociologiquement, les trentecommandants de cette dernière générationsont nés entre 1885 et 1913, ils sont issusdu monde ouvrier ou petit-bourgeois. Seizeont un niveau d’étude supérieur au primai-re, un tiers a terminé le collège et trois ont leniveau du baccalauréat. Un tiers sont d’an-ciens vendeurs, un autre tiers des artisans(quatre boulangers), le reste sont des sol-dats ou des travailleurs agricoles. Ils sonttous mariés216.

Les fonctions des commandants sont doncredéfinies et étendues. Himmler écrit à Pohl,le 5 décembre 1941 : «chaque commandantde camp doit veiller : 1 - à augmenter lescapacités de travail des prisonniers..., grâce à

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une tenue et à une nourriture raisonnable etsi nécessaire accrue ; 2 - à augmenter l’inté-rêt économique des prisonniers en faisantdes prisonniers les plus volontaires desexemples... ; 3 - Les commandants portent laresponsabilité de la réussite de ce qui paraîtpour certains encore impossible. Pendant desannées des soi-disant spécialistes ont profes-sé qu’il était impossible de transformer desprisonniers en travailleurs qualifiés. Ceshommes se sont laissés entre temps convaincredu contraire»217. Le 30 avril 1942, Pohls’adresse à tous les commandants : «La direc-tion d’un camp de concentration et de toutesles entreprises SS se trouvant sous son terri-toire est entre les mains du commandant ducamp. Le commandant est lui seul respon-sable pour l’affectation du travail.L’affectation doit au vrai sens du terme êtreépuisante afin d’atteindre un niveau supé-rieur de résultats... La durée du travail estdéterminée uniquement par le comman-dant, l’exécution de cet ordre implique denouvelles exigences pour chaque comman-dant. Comme chaque camp est différent desautres, il n’y aura pas d’instructions sem-blables. Pour cette raison, toutes les capacitésd’initiatives reposent sur le commandant. Ildoit lier des connaissances dans la chose mili-taire et économique avec la conduite intelli-gente et sage des groupes humains pour unhaut potentiel de résultats»218. Les com-mandants dirigent dorénavant des entre-prises d’esclaves, règlent les conditions detravail et négocient avec des entreprises pri-vées des contrats de ventes de biens et delocation d’esclaves. Tous les commandantsen fonction ne sont pourtant pas à la hauteurdes nouveaux objectifs.

L’épuration de 1942

Une enquête de 1938 avait montré que sur513 führer SS, seuls 128 (25%) étaient aptesà leurs fonctions et conseillait d’en licen-cier 270219. Avec l’incorporation de l’IKLdans la WVHA, Pohl entame une vague de

mutations et d’exclusions des «vieuxSeigneurs»220 de Eicke pour manque dequalifications pour la chose administrative.Pour lui : «Un grand nombre de comman-dants et de führer... considèrent encore lesprisonniers comme des ennemis à terroriser,se montrent peu intéressés par un travailrationnel et sont par là-même contre-pro-ductifs»221. Pohl s’attaque aussi au laxisme,à l’alcoolisme et à la corruption trop long-temps tolérés. Pour fonctionner à plein régi-me, il faut aux camps des hommes honnêtes,menant une vie saine et tournés vers les inté-rêts de la SS. L’été 1942, l’épuration com-mence avec l’aval de Himmler : le 13 août,une lettre de son état-major fait part de sesintentions. Karl Künstler (Flossenburg) doitmettre fin à ses penchants pour l’alcool souspeine d’«être enfermé pendant plusieursannées», Alex Piorowski (Dachau) doit êtrepoursuivi par les tribunaux222. Onze joursplus tard, la WVHA demande la suspen-sion et la mutation des commandants HansLoritz, Karl Koch, Alex Piorowski, ArthurRödl et Karl Künstler dans d’autres ser-vices de la SS223. Au terme de ce remanie-ment, un tiers des commandants sont écartéset 21 nouveaux commandants, selonHimmler «efficaces et honnêtes» entrent enfonction224. La moitié de ces hommes ontacquis leurs galons dans différentes kom-mandantur225, d’autres sont issus de la divi-sion SS-Totenkopf présente sur le front etsont affectés dans des camps pour incapaci-té au combat ou incompétence au com-mandement. Avant la guerre, ils ont pour laplupart acquis une expérience dans la sur-veillance des KZ. Enfin, trois sont issus del’IKL ou de l’Administration D226. Un tiersa une expérience armée comme soldat ouparamilitaire227. Hermann Pister, RudolfHöss, Rudolf Haas, Frank Ziereis sontconfirmés à leur poste. La transformation descamps est cependant un échec et ne conduitqu’à l’expansion du système et à l’augmen-tation de la mortalité. Les nouveaux com-

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mandants ne sont pas plus capables que lesprécédents pour la simple raison qu’ils ontété formés dans les KZ par les hommes deEicke ou qu’ils sont eux aussi des «soldatspolitiques».

La mise à l’écart de Koch commeconséquence du changement deparadigme ?

La nomination de Koch à Lublin-Majdanekpeut prêter à confusion. Au moment où ilentre en fonction, l’Administration SS est entrain de mettre en place sa nouvelle poli-tique et alors que Pohl prend les commandesdes camps, la carrière de Koch n’est pasmise en cause. Certes, il a connu quelquesdéboires avec la justice, mais sa compéten-ce en tant que commandant est relative-ment intacte. En outre, la construction deMajdanek est un chantier extrêmementimportant et Koch bénéficie des meilleuresconditions pour agir, puisqu’il peut, entreautre, faire venir à Lublin une grande partiede son état-major de Buchenwald. Le nou-veau modèle de commandant ne signifiepas non plus que Koch ne corresponde pasau profil ou qu’il soit inapte à s’adapter.Tout laisse croire que Koch a encore sa placedans ce système. D’une part, Pohl promeutdes hommes nommés par Eicke, commeAnton Kaindl, Paul Hoppe ou Fritz Sühren,d’autre part, si les managers politiques sontavant tout des commandants dirigeant desKZ situés dans le Reich, le modèle de Eickesemble alors plus approprié pour des campsplus difficiles comme les camps d’extermi-nation qui sont en 1942 à bâtir. Koch «lebâtisseur de camp» a toujours au sein de cenouveau paradigme un rôle à jouer. Il esten effet l’un des seuls commandants encoreen fonction ayant à son actif la construc-tion de deux camps dans des conditionsextrêmes. Koch saborde pourtant cetteopportunité. Son incompétence révélée àLublin est alors inacceptable et offre une

occasion à Himmler d’écarter l’un des deuxseuls rescapés de l’ère Eicke.

4. Un condamné à mortpour l’exemple ?

«Un homme fatigué et fainéant»

Heinrich Himmler à propos de KarlKoch, mars 1943228.

La mutation de Koch au service de protectiondu courrier ne signifie pas que la justice SS ena fini avec lui. A Kassel, Waldeck Pyrmont,malgré un nouveau cadre juridique pluscontraignant, persévère et après deux ansd’enquête parvient finalement à l’inculperune nouvelle fois. Son inculpation n’est pour-tant pas sans soulever de questions. Si lespreuves des agissements malhonnêtes deKoch sont éloquentes, elles ne peuvent expli-quer pourquoi il est finalement inculpé plu-tôt que sanctionné, muté ou exclu de la SScomme beaucoup d’autres. Son procès Kochqui s’ouvre en 1944 met finalement à jourl’immense étendue du crime : corruption,enrichissement, vol, torture, assassinats... Auterme de celui-ci, la peine de mort est pro-noncée. Cette sentence sans précédent doitservir d’exemple pour tous les commandantsSS. Qu’en est-il vraiment, quelle est la por-tée du jugement ? Et dans la mesure oùKoch est le seul commandant condamné àmort à avoir été passé par les armes : pourquoia-t-il été le seul exécuté ? Y-a-t-il un autremotif à cet exécution ?

4.1 L’enquête et l’arrestation du«roi des criminels»

Le 22 mai 1942, le juriste SS Kauke transmetà Waldeck Pyrmont, les conclusions de sonenquête à Buchenwald, mettant en éviden-ce des irrégularités dans la comptabilité. Unan plus tard, le 19 juillet 1943, Himmlerordonne une sanction disciplinaire et l’ou-verture d’un procédure judiciaire qui sera

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rapidement stoppée : en enquêtant sur desrumeurs de marché noir à Buchenwald,d’autres juristes SS ont découvert un systè-me mafieux d’une telle ampleur queHimmler ordonne l’ouverture d’une nou-velle enquête, le 8 août 1943. L’inculpationde Koch semble être principalement le fruitde «coïncidences»229. L’enquête du juristeWerner Paulmann sur le marché noir àWeimar prend, dans les mois qui suiventson affectation, de telles proportions, qu’enjuin 1943, il sollicite auprès del’Administration centrale de la police cri-minelle du Reich (RKPA), l’envoi d’un assis-tant juridique membre de la SS. Celle-ci luienvoie «le» spécialiste SS des affaires de cor-ruption : l’Obersturmführer SS Dr. KonradMorgen qui arrive en juillet et s’intéressed’abord à Thilo Bornschein, le seul four-nisseur du KZ230. Il découvre queBornschein se faisait payer en liquide, sansfacture, et fixait arbitrairement haut le prixdes marchandises qu’il vendait aux SS qui fai-saient alors la même opération avec les pri-sonniers. Koch percevait sa part sur les deuxtransactions. Bornschein est finalementinculpé et sera plus tard condamné231.Morgen ne s’arrête pas là : «A peine une oudeux semaines après son arrivée, il pouvaitannoncer comme résultats annexes dus auhasard, que dans les appartements de certainsUnterführer SS devaient se trouver de l’or etdes bijoux, obtenus uniquement de maniè-re illicite. Des perquisitions furent ordon-nées qui donnèrent un résultat extraordinaire.Des trésors de valeurs furent saisies. CesUnterführer avaient auparavant leur appar-tement de fonction à Buchenwald, maisétaient à l’époque au KL Lublin»232. Il s’agit,entre autre, de Martin Sommer, l’anciengeôlier du camp et de Hermann Hackmann,l’adjudant de Koch233. Dans leur apparte-ment sont trouvés de grandes quantités d’or,des bijoux, des tapis et des meubles de valeur,vraisemblablement volés aux prisonniers.A Lublin, les perquisitions contre des SS

conduisent aux mêmes résultats et à leurarrestation. Morgen contrôle aussi illégale-ment les comptes bancaires de Koch et lecourrier entre Karl et sa femme restée àBuchenwald234. Il est vite convaincu queles malversations de Koch sont liées à l’in-ternement des 10.000 juifs allemands ennovembre 1938. «Karl Koch doit être appe-lé le roi des criminels. Il s’est entouré d’uneéquipe de criminels235. Là derrière se trouvaitune folle envie de pouvoir et le but de s’en-richir sur le dos des prisonniers» déclareMorgen236. «Je constatai que les prisonniersdont on pouvait penser qu’ils auraient pusavoir quelque chose sur les crimes de cor-ruption étaient en majorité morts. Cette fré-quence des morts m’apparut d’autant plusétonnante que des prisonniers qui ne se trou-vaient pas à des postes clés jouissaient d’uneparfaite santé malgré de nombreuses annéesdans le camp et que justement les prison-niers susceptibles d’être témoins étaient morts.J’ai alors contrôlé les dossiers des morts. Il n’yavait rien d’anormal»237. Dans un premiertemps, il lui est impossible de trouver quoique ce soit d’irrégulier, les causes de décès desprisonniers étant différentes et réparties surplusieurs années. «Puis je remarquai que laplupart des prisonniers morts avaient justeavant leur décès séjourné dans l’infirmerie oudans la prison du camp. J’eus le premiersoupçon que dans ces deux installations duKZ, des meurtres de prisonniers avaient étécommis»238. Il place alors un officier de lapolice criminelle dans le camp pour recueillirtoute information susceptible de faire avan-cer l’enquête. C’est un échec. «C’est parhasard que je tombai plus tard sur ma pre-mière trace, je remarquai que des prison-niers étaient enregistrés simultanément dansles registres de l’infirmerie et de la prison.Sur le registre du cachot étaitécrit :«Libération le 9 mai, à 12 heures».Dans le registre de l’infirmerie : «patientdécédé le 9 mai, à 9 heures et quart dumatin»239. En comparant les registres de

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l’infirmerie, Morgen obtient la preuve cher-chée. Depuis l’hiver 1941-1942 en effet,Waldeck Pyrmont soupçonne des assassinatsillégaux commis à Buchenwald. En contrô-lant les rapports de décès non naturels, iltombe en novembre 1941 sur ceux traitantde la mort de Walter Krämer, ancien dépu-té de Prusse, et Karl Peix, abattus tous deuxpendant une tentative d’évasion à Goslar,un camp extérieur de Buchenwald240.Waldeck Pyrmont connaît les deux prison-niers communistes : alors qu’il était blessé aupied, il s’était fait soigner à l’infirmerie du KZpar ces deux «camarades». Il savait qu’ilsavaient l’espoir d’être bientôt libérés et quele corpulent Krämer, souffrant du genou,ne pouvait pas envisager de s’enfuir. En1941, il ne peut pourtant pas prouver cesassassinats n’ayant accès qu’aux rapportsSS241. En 1943, Morgen lui sert le mobile surun plateau. Peix et Krämer, à la tête de l’or-ganisation clandestine du camp, menacentKoch et ses complices par les informationsqu’ils possèdent. En novembre 1941, desinvestigations sont déjà en cours contreHermann Hackmann, l’adjudant du camp,pour vol et détournement et Koch sait queWaldeck Pyrmont enquête aussi sur l’ad-ministration de Buchenwald. Cette mêmeenquête conduira un mois plus tard à sonarrestation provisoire. Koch et ses com-plices n’ont de choix alors que de faire dis-paraître ces deux témoins. Morgen arrêtele SS Johann Blank, qui a ordonné pourKoch ces 2 assassinats. Celui-ci passe rapi-dement aux aveux. Morgen découvre ensuivant des dizaines d’assassinats ordonnéspar Koch, dont ceux liés à l’assassinat desfrères Hamber. Il prouve également les com-plicités du Dr Waldemar Hoven et du sur-veillant de prison Martin Sommer qui en1956 sera accusé de 153 meurtres. «Sommera assassiné seul la plupart des prisonniers parinjections d’évipan, de phénol ou d’air...Koch avait donné à Sommer les noms et lesnuméros matricules de certains prisonniers,

qu’il avait éliminés au cours des jours sui-vants. Sommer avait aménagé sous sonbureau une cache dans laquelle il avait dis-simulé des seringues empoisonnées et desmédicaments»242.

Le 19 juillet, 3 semaines après l’arrivée deMorgen, Himmler ordonne l’ouvertured’une enquête. En fait, cette instruction estliée à la première arrestation de Koch. Lesrésultats de l’enquêteur Kauke, présentés le5 avril 1942, ont pour l’instant été ignorés etplus d’un an après, Himmler autorise deplus amples investigations. Il est alors denouveau question de la dégradation de Kochqui n’a pas encore eu lieu. Cette procéduren’est pourtant pas ouverte ; les résultats deMorgen concernant Bornschein sont suf-fisamment avancés pour que Himmlerordonne une nouvelle enquête contre Koch,le 8 août 1943. Le 24 août, Himmler autorisel’arrestation de Koch. Ce dernier, qui travailleà Zaaz en Bohême à la protection du cour-rier, est convoqué par les juristes SS. Morgenet Paulmann raconteront après guerre cettearrestation angoissante : Koch revient le 24août 1943 peu avant minuit à Buchenwald,où sa femme et sa famille habitent toujours.«Une nuit très sombre, un vent de tempête,ça et là des éclairs. Tout était tellement calme.Paulmann qui était avec moi me dit : tiensson revolver prêt, ça pourrait tourner à lafusillade». Je frappai avec ma botte contre laporte... Soudain la porte s’ouvrit et Koch setint dans l’entrebâillement. Il portait unpull-over et donnait l’impression qu’il avaitpassé toute la soirée à la maison... Il étaitfroid. Un renard aux abois. Il semblait êtreun homme de raisonnement. Il répondit demanière très, très réfléchie. Il avait pour toutun contre-argument. Je ne le crus pas uneseconde. Il fut arrêté»243. Ilse Koch est arrê-tée le lendemain. A ce moment de l’enquê-te, Karl Koch est accusé de détournement defonds, faux et usage de faux, destruction dedocuments officiels et autres agissements.

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La villa est perquisitionnée à deux reprises etles preuves saisies renforcent les soupçons.«Sur la table se trouvaient des objets en or etautres biens de valeur, dans la chambre noustrouvâmes des manteaux de cuir et de four-rure»244.

Le jour de l’arrestation, Morgen écrit à laDirection centrale de la SS (SSFHA) : «Avecl’accord préalable du Reichsführer SS, l’an-cien commandant des KZ Lublin etBuchenwald, Karl Koch a été arrêté aprèsinterrogatoire et conduit à la prison de laGestapo de Weimar, à la disposition du tri-bunal supérieur de la police et des SS. SurKoch reposent les soupçons de détournementde fonds, falsifications et destruction de docu-ments, d’insulte à fonctionnaire, menace etautres délits graves»245. L’interrogatoire quemène alors Morgen est si dur que Kochs’effondre et fait de premiers aveux. Koch nepeut pas donner d’explication crédible.

Les difficultés de l’enquête : la«kamaraderie» SS contre la justice SS

Morgen et Waldeck Pyrmont, qui ont tousles deux vécus des expériences difficiles suiteà des arrestations d’officiers SS, s’attendentà de vives réactions. Pour Karl Koch safemme «a été arrêtée..., afin que personne nepuisse s’occuper de moi. Sinon ça se seraitpassé comme en 1941 »246. Dans les faits,Morgen a mis le pied dans la fourmilièreSS qui s’affaire maintenant à stopper la pro-cédure. Comme deux ans auparavant,Oswald Pohl et la direction del’Administration D (IKL) exercentd’énormes pressions pour le détourner de sesobjectifs247. Morgen qui pourtant, quelquesannées auparavant, avait été envoyé sur lefront justement parce que son zèle embar-rassait, ne se laisse pas intimider. Il persévè-re, fort du soutien de Himmler. Pohl menacecette fois-ci Morgen, l’insulte, se plaintauprès de ses supérieurs, influence et mani-pule des juges locaux et des commandants

contre lui et utilise sa position pour exercerdes pressions sur les administrations chargéede la Sécurité et de la police criminelle248.Morgen connaît le vrai mobile de Pohl :«(Pohl) n’était pas seulement impliqué dansla machinerie de meurtres des KZ, mais ilétait devenu pareillement l’homme le pluscorrompu du Reich»249. Morgen rassembleles preuves confirmant que Pohl a reçu deKoch des œuvres d’art et des meubles coû-teux250. Glücks, le successeur de Eicke à latête de l’IKL n’est pas en reste : en 1941, ilavait déjà menacé Waldeck Pyrmont et luiavait promis de sérieux problèmes s’il per-sistait à vouloir arrêter Koch251. Si tous lesmembres de l’IKL ne sont pas directementimpliqués dans les malversations de Koch, ilsen ont au moins pour les principaux, béné-ficié. Eicke a, par exemple, reçu pour 2.000RM de biens produits à Buchenwald et pour15.000 RM de dons du commandant. En1940, par exemple, Koch a distribué 10.000RM à d’autres commandants252.

Le système de Koch peut maintenant prou-ver toute son efficacité. Ceux qui ont indi-rectement bénéficié de sa générosité ou sontdirectement impliqués se mobilisent. Kochtrouve aussi, dans la «kamaraderie» SS, unealliée de taille : les «kamarades» qu’il a forméet qui l’ont formé interviennent dans leurcamp respectif pour détruire les preuves etéliminer les témoins. Pohl interdit d’abordaux juges d’instruction SS l’accès aux campssans son aval et l’ouverture d’enquêtes sansqu’il en soit informé253. Parallèlement, dansde nombreux KZ, des documents compro-mettant, notamment les livres de compte,disparaissent. A Auschwitz, des dossiers dela police criminelle s’envolent dans lesflammes de la baraque où ils sont entrepo-sés254. A Lublin, à la mi 1943, 20 juifs affec-tés à l’entrepôt des vêtements et témoinsdes vols SS sont assassinés255 sous les ordresde l’Autorité Supérieure SS du district256.A Sachsenhausen, Pohl «fit mettre en prison

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un de nos prisonniers de confiance, un certainRothe, et voulait, grâce à un ordre de laRKPA, obtenir qu’il soit pendu devant lesautres prisonniers. Un chargé d’enquête s’enrendit compte à temps et pu au dernier ins-tant l’en empêcher»257. A Buchenwaldmême, alors que Morgen mène son enquê-te, les prisonniers Freudmann et May, com-promis dans le commerce illégal de viande,sont éliminés «sous ses yeux». Lorsqu’ildemande à les interroger, Morgen apprendqu’ils sont à l’infirmerie atteints d’une mala-die contagieuse. Le docteur Hoven l’infor-me peu après de leur décès. Une erreur quipermettra à Morgen de confondre Hoven etde comprendre comment Koch fait dispa-raître, en apparence légalement, lestémoins258. En consultant les dossiers médi-caux, il constatera que ceux-ci sont extrê-mement précis et que la température despatients fut anormalement relevée toutesles deux heures259. Kurt Titz, prisonniertravaillant comme domestique dans la villaKoch, échappe lui aussi, de justesse, à unetentative d’empoisonnement orchestré parHoven et Sommer260. Il refusera ensuite detémoigner au procès. Koch peut aussicraindre dans ses propres rangs. ABuchenwald, le Scharführer SS Rudi Köhler,complice et témoin, est retrouvé mort en1943261. Morgen le laisse en bonne santépour se rendre à Kassel, puis reçoit un télé-gramme l’informant que celui-ci est malade.L’assassinat ne peut être empêché262. Lapeur de parler rend encore plus difficiles lesinvestigations : «les témoins et les accusés enappelaient à leur devoir de silence. Les pri-sonniers refusèrent de faire des déclarationsalors même qu’ils voyaient que l’enquêteétait dans leur intérêt»263. Waldeck Pyrmontdécide alors d’ordonner la libération desprisonniers acceptant de témoigner. Le pri-sonnier Alfred Miller, depuis 1941 àBuchenwald, est libéré le 13 mars 1944 pourson aide dans l’enquête264.

Le dernier problème auquel font facePaulmann et Morgen est d’ordre technique.L’affaire a pris de telles proportions qu’ilsn’ont ni la structure ni les compétences pouraller plus en avant. Himmler décrète alors, àl’automne 1943, la création d’un Tribunal depolice et de la SS pour des tâches spéciales,formé de Paulmann, Morgen et WaldeckPyrmont265.

Au terme de l’instruction, Himmler répondà un télégramme de Morgen en lui ordon-nant d’inculper Karl et Ilse Koch, WaldemarHoven, Johann Blank, Martin Sommer etautres complices. «A la découverte des crimesde Buchenwald fin 1943, Himmler futimmédiatement informé. Himmler fut tenurégulièrement au courant de l’évolution del’enquête. Il ordonna que l’enquête soitmenée strictement»266.

4.2 Le Procès

L’inculpation de Koch a lieu officiellementen avril 1944. En septembre, 3 ans après ledébut de l’instruction de Waldeck Pyrmont,6 ans après le début des vols, Koch et sescomplices sont jugés par leurs pairs. Cetteprocédure déjà sordide deviendra pendant leprocès digne des plus mauvais faits divers oùse mêlent crimes, meurtres, trahisons et sexe.Morgen qui mènera plus tard l’accusation,rédige le seul document juridique conservéde cette affaire : l’acte d’accusation d’unecentaine de pages dresse le tableau édifiantdes crimes de Koch et de ses complices. Il faitpeser trois griefs : corruption, violation deslois militaires et surtout assassinats de pri-sonniers.

Corruption et enrichissement

En comparant la situation financière réelle dela famille Koch en 1943 avec celle attenduecompte tenu de ses revenus, Morgen met enévidence 78.000 RM d’origine inconnue.Koch fait valoir d’abord sa chance aux jeux,puis maladroitement, la vente de biens pré-

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cieux et des billets de banque collectionnésdans les années 20 alors que sa situationétait misérable. Incapable de donner le nomdes vendeurs et acquéreurs de ces valeurs etn’ayant pas déclaré ces profits, il écope d’uneaccusation pour fraudes fiscales. Morgendécouvre ensuite l’existence d’un compted’épargne où sont déposés 23.000 RM etou ont circulé 106.000 RM, soit versés sousla forme de prêts ou de commissions à descomplices comme le commandantWeiseborn, soit utilisés à la rénovation de savilla ou à l’achat d’un bateau ou d’essence aucommandant Loritz. Morgen est convaincuque Koch a détourné pour plus de 200.000RM267 notamment suite à la vente aux inter-nés juifs allemands de 1938 d’«eau miné-rale, chocolat, pralines, salade, betterave,pains aux raisins, cacao, lait, goulache, viandesde porc avariées, couverts, bretelles, chaus-sures, couvertures, pull-over». «Koch pra-tique aussi volontiers les sanctions financières,pour n’importe quel motif : destruction debiens, de lampes ou de meubles»268. Morgenliste longuement les «caisses», lieux de ventedesquels Koch perçoit une commission et«entreprises», et les ateliers où travaillentdes prisonniers à la production de biensensuite revendus269.

La violation des lois militaires

La procédure classée sans suite, suite à l’éva-sion de juillet 1942 à Majdanek est de nou-veau ouverte avec pour but de prouver quecelle-ci est due à la malhonnêteté et au laxis-me de Koch. Il lui est reproché non seule-ment la dissimulation des évasions et le nonrespect du règlement concernant le traite-ment des prisonniers, mais aussi de tenuenon correcte des compte, la non dénoncia-tion de SS ayant commis des vols àBuchenwald entre 1938 et 1939 et à Lublin,de négligence concernant les mesures desécurité ayant entraîné la fuite de prison-niers, de manipulation des effectifs dans lebut de dissimuler des évasions et arresta-

tions illégales de civils afin de maintenir leniveau des effectifs, de cruautés et de traite-ments cruels et barbares de prisonniers parl’usage de coups, de la faim et du «gel», decontraintes physiques en violation desmœurs valables en Allemagne, de conduitede caisses noires, d’entreprises et de traite-ment privilégié de prisonniers portant deshabits civils et ayant le droit de sortir ducamp, menaçant ainsi la sécurité des SS.

Les assassinats

Koch est accusé d’avoir, de sa propre initia-tive, institutionnalisé un examen de sélectiondes nouveaux prisonniers. «Ceux considé-rés comme des criminels irrécupérables ouayant atteint aux bonnes mœurs», étaient soittransférés, soit marqués par les lettres K ouI sur leur dossier, puis finalement envoyésdans la prison où Martin Sommer se char-geait des exécutions. Il est accusé aussi d’avoirorganisé et couvert l’assassinat de 21 juifs en1939 suite à l’attentat de Georg Elser contreHitler. Comme certains sous-officiers avaientcraint les retombées de leurs actes, Kochavait alors fait appel à des «volontaires»pour signer les documents officiels. La listedes personnes assassinées est longue : 200selon le juriste W. Paulmann, 160 dans laprison, 120 abattues en «tentant une éva-sion» à la carrière, et un nombre indéfiniempoisonnées dans l’infirmerie selon l’acted’accusation. Pressés par le temps et la crain-te d’un changement d’avis d’Himmler, lesenquêteurs SS se concentrent alors sur troiscas. Ceux de Peix et Krämer et celui dutailleur Wendel, prisonnier à Buchenwald,amené par Koch à Lublin ou devenu untémoin gênant, il est assassiné270.

A cette longue liste de délits s’ajoutentd’autres crimes liés aux précédents, commela violation des lois fiscales par omissions deplus-values, la violation des lois douanièresconcernant le transport international demarchandises, l’exercice illégal du com-

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merce, l’abattage illégal de bestiaux, l’exer-cice du marché noir, l’appropriation de biensde l’Etat, le vol d’électricité en ayant faitraccorder sa villa aux installations électriquesdu camp et le dol sur le paiement de répa-rations déjà payées par la SS271. Morgenenfin dresse une longue liste des méthodesde Koch constituées d’«irrégularités inten-tionnelles, de prises personnelles d’argent,de paiements «entre quatre yeux», de possi-bilités d’enrichissement d’autres SS, de pro-tections mutuelles, de loi du silence, dechantage et de menaces, d’utilisation de rela-tions haut-placées, de destruction depreuves, … et finalement l’utilisation ducompte en banque d’un enfant mort»272.

La première audience du procès a lieu à huisclos, en septembre 1944. Sur le banc desaccusés se tiennent la «Bande de Koch»,quasiment au complet : Ilse et Karl Koch,Martin Sommer et Waldemar Hoven etd’autres SS273. Ilse Koch est accusée dudétournement de 25.000 RM en liquide et de46.000 RM en biens, et d’incitation à la vio-lence contre les prisonniers Martin Sommeret le Dr Hoven, de meurtres et de tenta-tives de meurtres274. Certains complicessont absents du prétoire : HermannHackmann et Hermann Florstedt sontpoursuivis dans d’autres affaires de corrup-tion275, Johann Blank s’est suicidé en prisonet les kapos complices de la carrière sontaussi morts entre temps276.

L’audience dure trois jours. Morgen faitappel à 21 témoins : des complices commeHermann Hackmann et Gotthard Michael,des ennemis ou opposants SS comme lescommandants Arthur Rödl et HermannPister et des prisonniers du camp commel’écrivain Alfred Miller et le Dr RomanHädelmeier, tous deux nazis de la premièreheure, prisonniers privilégiés du camp ettémoins des crimes de la prison commanditéspar Koch277. Oswald Pohl, qui n’a pu empê-cher l’ouverture du procès, persévère à vou-

loir interrompre la procédure. Il envoie leresponsable juridique de son état-major, leSS Schmidt Klevenow, dont la tactique est defaire retirer les chefs d’accusation en mon-trant qu’ils sont le fruit de l’exagération deMorgen qui utilise ce procès pour se mettreen valeur, qu’Himmler a été manipulé etque ce procès ne fait que salir l’image de laSS278.

Koch plaide l’innocence jusqu’au dernierinterrogatoire, nie l’enrichissement person-nel et cherche à repousser sur d’autres sesfautes. Sa seule erreur est de n’avoir pascontrôlé suffisamment. Il en appelle aussià sa mauvaise mémoire et à son absence descamps depuis longtemps. Au cours du der-nier interrogatoire, il a cependant reconnu20.000 RM, détournés de manière tempo-raire pour des dépenses familiales, mais affir-me que la confusion entre argent privé etcelui de la SS n’est pas le fruit de mauvaisesintentions, ayant l’intention de restituercette somme sous la forme d’une «livrai-son de champagne à Hans Loritz». Pourles crimes et les mauvais traitements, Kochest tout aussi évasif. «Je ne trouve aucuneexplication à mon comportement. Si ce n’estque je fus choyé par mes supérieurs. Tout ceque je proposais et faisais était bien jugé. Jerécoltais toujours des louanges et des lau-riers. Personne ne m’a critiqué. Cela m’estmonté à la tête. A l’époque j’avais la folie desgrandeurs». Il fait aussi référence à des ordresd’exécution invérifiables donnés parReinhard Heydrich ou par Theodor Eicke,«malheureusement» morts entre temps,ordres démentis par des assistants de Eicke.Finalement, la stratégie de Koch est en par-tie payante. Le juge d’instruction demandeun complément d’information afin deretrouver les ordres supposés d’assassinats279

et décident de traiter séparément le cas desépoux Koch et les cas Hoven et Sommer. Aucours de l’audience, les relations intimesqu’Ilse a entretenues avec Waldemar Hoven

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et Hermann Florstedt et leurs tentativespour la manipuler ne sont pas jugées pro-pices à la procédure280.

La deuxième et dernière audience s’ouvre le18 décembre. Le lendemain, le procureurSS demande la peine de mort pour Karl etune peine de cinq ans d’emprisonnementpour Ilse. Au terme des délibérations, seulKarl est reconnu coupable de trois assassinatset de détournement d’argent de l’État. Lasentence est la peine de mort. Ilse est acquit-tée.

La portée et les enjeux du procès :la corruption condamnable et lacorruption condamnée

De janvier 1934 à décembre 1941, 10.887procès ont lieu pour vol au sein duNSDAP281. La corruption est généralisée àl’ensemble de la société ainsi que le clienté-lisme du régime, par la constitution degroupes informels et par les politiques despoliation et de déportation. De nombreuxexemples de détournements impliquent lesplus hautes sphères et personnalités du régi-me comme Hermann Göring, JosefGoebbels, Hans Frank, Robert Ley et AlbertSpeer, mais aussi Adolf Hitler, millionnairetrès rapidement, qui utilise sa position pourse faire radier du Ministère des Impôts en1934282. La SS n’échappe pas à la règle : sonautonomie de manœuvre, ses groupes infor-mels et sa kamaraderie sont des facteurs pro-pices. Le commandant Hans Loritz, parexemple, se laisse construire à St Gilgen parles prisonniers de Dachau une maison et sonmobilier. Alexander Piorowski s’appropriedans la même ville, une maison ayant appar-tenu à des juifs283. Pohl et Eicke reçoivent des«cadeaux» de leurs commandants, etHimmler place 2 millions de dollars «d’éco-nomies» à l’étranger284, s’approprie les biensfabriquées par les prisonniers des camps etreçoit de Koch, en 1939, une garniture debureau en marbre vert d’une valeur de 20.000

RM, réalisée par les prisonniers. Que signi-fie alors l’accusation de corruption contreKoch ? Au regard de l’acte d’accusationcontre Koch ou d’autres SS poursuivis, lacorruption est considérée comme un délit sielle remplit deux conditions. S’il s’agit d’en-richissement personnel : un SS peut détour-ner des fonds uniquement dans le but d’enfaire profiter la communauté SS (Koch pré-tend pour sa défense avoir voulu redistri-buer l’argent récolté sous forme de dons,notamment à Hans Loritz). S’il s’agit d’argentvolé à la SS et donc commis contre la com-munauté SS : une forme de trahison beau-coup plus grave que le délit lui-même. Kochn’est donc pas uniquement poursuivi pourenrichissement mais il est avant tout poursuivipour avoir trahi la SS, avoir fait passer ses inté-rêts personnels avant ceux de la commu-nauté SS et au détriment de celle-ci.

Pourquoi Himmler a t-il attendu aussi long-temps pour agir ? La «kamaraderie» pro-tectrice des SS et l’intérêt stratégique demaintenir à des postes des hommes mal-honnêtes, corrompus, donc facilementcontrôlables font de la corruption un ins-trument symbolique et politique. PourFrank Bajohr : «Si la corruption est pour-suivie c’est surtout contre des petits fonc-tionnaires qu’elle s’applique. Pour ceux quisont au pouvoir, ils ne sont poursuivis que sileurs supérieurs ne les jugent plus utiles»285.L’accusation de corruption contre Kochprend dans l’optique du changement demodèle de commandants alors une autresignification : Koch est poursuivi parce qu’ilest devenu simplement obsolète. Avec lechangement de paradigme de 1942, il n’estplus question pour ses supérieurs de fer-mer les yeux.

Les «traitements spéciaux» et lesassassinats

Le nombre total des victimes de la SS nesera jamais définitivement connu et rend

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difficilement compréhensible le reprochede meurtre fait à Koch. Le témoignagecynique de Konrad Morgen après la guerreest déterminant pour définir la notion SSd’assassinat. De ses investigations, il dis-tingue deux types d’assassinats : les exécu-tions légales, désignées par les SS du terme de«traitement spécial» concernent les juifs oules handicapés et les assassinats illégaux,commis à l’initiative de SS isolés qu’il peutalors poursuivre. Le crime de Koch n’estalors pas d’avoir commis des assassinats,mais de les avoir commis sans en avoir reçul’ordre. La vie du prisonnier n’est pas iciimportante, ce qui compte une fois de plus,c’est d’avoir transgressé un principe de basede la SS, celui de l’obéissance.

Les enjeux idéologiques et politiquesdu procès : Himmler contre Himmler

Le procès Koch révèle un changement idéo-logique profond qui se produit à partir de1942 et opposant deux conceptions de laSS, deux visages d’Himmler. D’un coté, leHimmler «kamarade», défendant l’imagede la SS et couvrant les massacres, de l’autrecoté, le «nouvel» Himmler, «défenseur de ladécence et de l’honnêteté». Ses hésitationsmontrent son embarras : tantôt autorisantuniquement une procédure pour corrup-tion mais pas pour assassinat, tantôt per-mettant aux enquêteurs d’agir sans limiteet leur demandant une enquête stricte. S’ilhésite longtemps, à l’automne 1944, il optedéfinitivement pour la tendance «morali-satrice». Le 4 octobre 1944, il déclare àPosen : «Nous sommes un peuple très cor-rompu. Nous ne devons pas prendre celad’une manière trop tragique. Nous ne maî-triserons pas cette Peste, appelée corruption,dans nos rangs, si nous n’écrasons pas toutdébut de corruption dans nos rangs, si nousne la poursuivons pas de façon barbare, sanscondition, sans limite, dans «oui mais», sinous ne dégradons pas les hommes corrom-pus »286. L’image de la SS ternie par tant de

délits peut être sauvée non plus en cachantceux-ci mais en les condamnant. Cette ten-dance minoritaire au sein de la SS, et queWaldeck Pyrmont incarne, a fini par gagnerHimmler. Si elle est moralisatrice, elle n’estcependant pas humaniste. Waldeck Pyrmontpoursuit Koch non pas pour sauver ou pro-téger des prisonniers, mais pour sauver l’ima-ge de la SS. Cependant, Himmler est aussiconfronté à un autre problème plus impor-tant, celui de la déroute allemande et lesprocès en cours signifient l’emprisonne-ment d’hommes plus utiles sur le front qu’enprison. Finalement, il décide de repousser àplus tard les considérations morales et desuspendre les procès à l’exception du casKoch. Le juge SS Günther Reinecke, res-ponsable du Tribunal SS spécial, reçoit à lami-1944 un ordre de Himmler : «Koch seraitcondamné à mort et devrait être exécutédevant les prisonniers rassemblés. Pohldevrait lui-même mener l’exécution etdevrait adresser aux troupes de surveillanceprésentes les mots appropriés. Les autres cou-pables auraient à se dénoncer volontaire-ment et ils pourraient éventuellementbénéficier d’une mesure de clémence. Celuiqui ne se ferait pas connaître suffisamment tôtaurait à craindre la peine de mort»287. Faceà cette décision, le tribunal central SS faitopposition et il obtient la suspension decette décision. Himmler tolère alors d’autresprocédures.

Le procès Koch met aussi en avant desenjeux politiques et les luttes d’influencequi existent entre les différentes adminis-trations : - L’IKL et la WVHA veulent àtout prix éviter une mise en accusation deKoch qui mettrait en cause leur efficacité -.L’Administration criminelle et la Gestapo neveulent pas avoir à faire à une enquête met-tant aussi en évidence des massacres légaux- le RSHA craint l’ingérence de l’adminis-tration judiciaire SS. Ces luttes apparaissenttrès clairement lorsque Morgen, cherche en

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1943 à obtenir l’inculpation de Koch avec ledésormais nécessaire aval d’Himmler (LexWaldeck). Il transmet d’abord ses résultatsà Arthur Nebe, chef de la Police criminelledu Reich, qui inquiet des terribles consé-quences qu’il entrevoit, préfère ne pas don-ner suite. Morgen se tourne alors versHeinrich Müller, chef de la Gestapo qui lerenvoie à son tour vers Ernst Kaltenbrunner,chef du RSHA. Après encore quelques ren-vois, Morgen s’adresse directement par télé-gramme au chef de la SS qui donne sonaccord288. L’enjeu de cette affaire illustre enoutre la rivalité opposant Pohl et Himmleret doit être considéré comme un moyenpour Himmler de rappeler Pohl à l’ordrevoire le sanctionner pour trop de tolérance.Le procès Koch doit enfin servir la propa-gande et l’idéologie SS. L’ordre de Himmler,en mi-1944, donne déjà comme sentence lapeine de mort avant même que le procèsn’ait débuté. Cela ne veut pas dire que lesort de Koch est déjà totalement scellé,comme le prouve le report d’audience enseptembre 1944.

L’exemplarité du procès

La poursuite de Koch s’inscrit dans le chan-gement de paradigme de début 1942. Jugélui-même inutile, ses crimes sont désormaisutilisés pour l’écarter définitivement. Kochn’est pourtant pas le seul. Dans les trois pre-miers mois de 1943, 2.764 condamnations et2.000 emprisonnements sont prononcéscontre des SS pour violence, ivresse, viol,homosexualité et atteinte à la propriété289. Al’intérieur de la SS des camps, Koch ouvre lavoie. L’équipe d’une cinquantaine de juristesde Morgen découvre dans le cadre de cetteaffaire des ramifications mafieuses dans tousles camps290. Le tableau de chasse de ce der-nier est exceptionnel : 800 dossiers instruitsimpliquant plusieurs SS chacun, 200condamnations, 5 commandants de campsarrêtés, plusieurs condamnations à mortdont celles de deux commandants et des

procédures contre Adolf Eichmann, OswaldPohl et Hans Frank. L’affaire Koch apparaîtpresque anodine au regard de la politique des«managers politiques» initiée en 1942 et desmutations qu’elle entraîne : entre 1942 et1944, 12 commandants SS sont exclus et/oucondamnés pour corruption (Adam Göth,Otto Förschner, Karl Chielewski, Egon Zill,Alex Piorowski, Hans Loritz, et ArthurRödl), pour alcoolisme (Hermann Florstedt,Walter Gideon, Karl Künstler), pour bru-talité ou meurtre (Adam Grünewald,Hermann Florstedt, Karl Chielewski, AlexPiorowski, Hans Loritz) et pour atteintes auxbonnes mœurs (Arthur Liebenhenschel)291.Même si des dizaines de condamnations àmort ont déjà été prononcées dans la SS etexécutées292, la condamnation de Koch estune première dans le système des camps.Seul, le commandant Hermann Florstedtsera lui aussi plus tard condamné à la mêmesentence. Beaucoup de hauts officiers SS etde commandants poursuivis bénéficient dela kamaraderie SS et sont simplement mutéscomme le commandant Loritz, innocentéscomme le général SS Oskar Dirlewangler oule SS Fegelein, mari de la sœur d’Eva Braunou, envoyés faire leurs preuves sur le front293.Koch lui ne peut plus compter sur cette«kamaraderie». Himmler a depuis long-temps décidé d’en faire un exemple et ilsemble qu’il ne s’agisse plus uniquementd’un règlement judiciaire ou d’une évolutionidéologique mais aussi d’une affaire per-sonnelle. L’homme qui en 1941 sauve Kochdes mains de Waldeck Pyrmont et le quali-fie en 1942 d’«homme important et de gran-de valeur »294, le qualifie en mars 1943 de«fatigué et fainéant »295. Qui bene amat,bene castigat. Celui qui a incarné si brillam-ment l’idéal SS doit aussi être sanctionné à lahauteur de ce qu’il fut : un exemple.

L’exemplarité et la valeur éducatrice de lasentence sont cependant fondamentalementdouteuses. D’une part en décembre 1944 il

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est certainement trop tard pour empêcher lacorruption et la criminalité SS. D’autre partles procès contre les führer SS et les nouvellesdispositions de Pohl pour que personne nepuisse « être plus de deux ans commandantdans un même camp et pas plus de 6 ans autotal »296 semblent dérisoires et illusoirescar inaptes à modifier un système propiceaux délits et promouvant aux postes de com-mandant des führer élevés auparavant àl’école des «soldats politiques».

4.3 Les derniers jours

Après sa condamnation, Koch reste dansla prison de la Gestapo à Weimar. Le 4 avril,lorsque des SS viennent pour le chercher, ilcrie à qui peut l’entendre que ceux-ci veulentle tuer. Face à sa résistance, ils sont contraintsd’employer la force. Ils l’emmènent jusqu’àBuchenwald où il est enfermé dans le cachot.Le Dr Hoven, relaxé entre-temps et de nou-veau actif dans le camp, dira plus tard queKoch cria toute la nuit comme un dément.Le lendemain, il est sorti de sa cellule et exé-cuté. Son corps est incinéré au camp297.

Koch reste le seul commandant de camp àavoir été exécuté après une condamnation àmort prononcée par la SS. La grande céré-monie prévue par Himmler n’a pas lieu. Le5 avril, la déroute de l’armée allemande nelaisse pas de temps aux dirigeants SS pourune exécution de second rang. PourtantKoch est exécuté, alors le commandantHermann Florstedt, lui aussi condamné àmort et prisonnier à Weimar, n’est pas passépar les armes et réussit finalement à dispa-raître. Les rouages de la justice SS ont-ilsfonctionné à deux vitesses ?

Avant d’être amené sur le lieu d’exécution,le terrain d’exercice des troupes SS, KarlKoch passa une dernière fois devant «sa»kommandantur et devant la porte de «son»camp de prisonniers. Si la quasi-totalité descamps portaient l’inscription «Arbeit machtfrei », Koch avait ordonné qu’une autre ins-

cription soit forgée sur la porte, pour mar-quer une fois de plus sa différence. En pas-sant devant celle-ci, il put une dernière foislire «ses» mots : «Jedem das seine» (A cha-cun son dû).

5. Conclusions

La carrière de Koch et lesdifférents paradigmes decommandants

La carrière de Karl Koch est tout d’abordexceptionnelle parce qu’elle s’est superposéeaux trois générations de commandants quise sont succédées de 1933 à 1945. S’il ne faitpas partie, en 1933, des hommes nomméscommandants en remerciement de leur passémilitant, il bénéficie cependant, dès cetteépoque, de la politique clientéliste nazie enétant nommé formateur SS. De 1934 à 1942,Koch s’affirme comme le prototype ducommandant «soldat politique» tel que défi-ni par Theodor Eicke en 1934, c’est à direengagé politique précoce, militaire expéri-menté, ferme, intolérant, bon «kamarade» etfidèle à l’organisation SS. Sa malhonnêtetépassée est tolérée dans un paradigme oùl’efficacité prime sur l’honnêteté, le prag-matisme sur le dogmatisme. En 1942, alorsque les managers politiques supplantent lessoldats politiques, Koch se trouve dans unesituation ambiguë et charnière. Sa nomina-tion à Lublin montre qu’il a toujours saplace comme bâtisseur de camps et prouvela coexistence des deux paradigmes : lemodèle des managers politiques étant avanttout applicable aux KZ du Reich, celui dessoldats politiques, aux camps d’extermina-tion qui voient alors le jour. Dans cette pers-pective l’évasion massive de Majdanek enjuillet 1942 met en cause les capacités deKoch à diriger, c’est à dire à être un «soldatpolitique». Sa carrière exceptionnelle estimputable à différents éléments : à sa trèsgrande flexibilité «professionnelle» et géo-

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graphique et à sa capacité d’apprentissage dudébut, à sa capacité à gérer des situationsdélicates, à sa brutalité et à sa capacité àmanipuler l’information de 1934 à 1936,puis à ses capacités de bâtisseur des deuxpremiers KZ modernes de Sachsenhausen etBuchenwald et, à partir de 1942, malgré sesbrefs démêlés avec la justice, du KZMajdanek. A ceci s’ajoutent les appuis dontKoch s’est entourés, notamment le respectet la profonde amitié qui le lie à Eicke etqui sera entretenue jusqu’au bout (Kochépousera Ilse Köhler dans la villa de Eicke etlui fera à plusieurs reprises des dons) et ceuxde Himmler et de Heydrich, qui seront pré-pondérants pour limiter ou entraîner sachute.

Singularité ou banalité du malAu terme de cette recherche, les concepts denormalité ou de banalité doivent être préci-sés et étendus : si la notion de banalité désignel’aspect routinier ou quotidien des crimescommis par des individus ou un système,alors Koch est un exemple parmi tantd’autres de cette normalité avant tout mar-quée par l’existence d’une morale ou d’unsystème de pensées, de valeurs et de com-portements où violence, humiliation et tor-ture sont positivement connotés. L’originesociale et familiale de Koch, la précarité de sasituation dans les années 20 et 30, sa bruta-lité et son carriérisme ne le distinguent pasdes millions de SA et de SS, et son attitude visà vis des personnes jugées racialement infé-rieures le classe définitivement dans le grou-pe des racistes ou des antisémites «vulgaires».Il incarne la partie majoritaire de la «nor-malité du mal nazi» et le comportementmajoritairement répandus parmi les bour-reaux nazis. En face d’hommes comme luise trouvent les défenseurs d’un racismemoderne, «scientifiquement fondé, légitiméidéologiquement, sans passion, réglé juri-diquement, sans sadisme ou violences«inutiles». La chute de Koch illustre en par-

tie la confrontation qui existent entre cesdeux tendances. Enfin si les qualités de Kochconstituent la normalité dans les états-majorsdes camps du fait des méthodes de recrute-ment, de formation et de l’esprit de «kama-raderie» SS, et s’il incarne le prototype ducommandant de KZ «soldat politique», ilprésente un certain nombre d’anomalies :d’une part, dans les yeux de nombreux SS, ilest souvent désigné comme un tyran, n’ayantpas l’attitude paternaliste attendue mais aucontraire humiliant voire frappant ses subal-ternes. D’autre part, si nombre de com-mandants sont corrompus, Koch estcertainement celui qui a développé le systè-me le plus vaste et le plus efficace de capta-ge de fonds. Il jouit à la fois d’une impunitérare et d’un sens de l’organisation excep-tionnel. La carrière de Koch est un para-doxe, il est à la fois un modèle à suivre pourles nouvelles recrues et l’incarnation de tousles excès contre lesquels les autorités SS pré-tendent lutter. En cela, il est symbolique dela double morale SS, celle qui met en paren-thèse l’idéologie ou la morale d’honnêteté, lesens du sacrifice pour le peuple et l’organi-sation, au profit d’une «efficacité» mesuréeen terme de brutalité et de profits.Finalement, comme beaucoup de SS, Kochtrahit son idéal politique à des fins person-nelles.

Les théories expliquant la nature du maldes assassins nazis ont souvent du mal às’appliquer au cas de Koch : les officiers descamps n’étant ni des intellectuels ou desbureaucrates organisant les persécutions, niceux exécutant les victimes. Même soumis àune hiérarchie ou une administration cen-tralisée, ils possèdent une très grande liber-té d’action ce qui fait d’eux à la fois desdécideurs, des organisateurs et des exécu-teurs. Appliquées au cas de Koch, les théo-ries de myopie bureaucratique, de désir deconfirmité et de pression du groupe, d’obéis-sance aveugle au leader298 ne sont pas appli-

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cables. La théorie de la poursuite d’intérêtscarriéristes et personnels, telle qu’énoncée parHannah Arendt, semble de loin la plus per-tinente : Koch a agi avant tout pour s’enri-chir et gagner du pouvoir, en ne se souciantguère de la morale SS et des conséquences deses actes. Il apparaît aussi comme un tech-nocrate zélé voire scrupuleux. Il est aussiun individu médiocre et un petit bourgeoisnormal, utilisant ses fonctions pour réali-ser des aspirations sociales moyennes. Enfincomme le montre K. Orth pour d’autrescommandants, Koch incarne la normalitémeurtrière des commandants SS.

Singularité et exemplarité duprocès KochLe procès qui le mènera devant le pelotond’exécution reste un évènement exception-nel dans l’histoire des commandants decamps. Cependant sa singularité ne tient niau fait qu’il ait eu lieu ni à la sentence pro-noncée. De nombreux commandants cor-rompus ou assassins ont été eux aussicondamnés à de lourdes peines. Le procès estavant tout exceptionnel pour les enjeuxidéologiques et politiques dont il n’a étéque le théâtre. Il est le symbole de la «révo-lution» idéologique qui a lieu à partir de1942 dans la SS en général et dans la SS descamps en particulier. Pour la SS en général,le procès Koch incarne la confrontation del’idéologie de la «kamaraderie» contre cellede l’honnêteté et de la décence, une sanctioncontre la désobéissance, le non respect de lahiérarchie, la corruption et la trahison del’idéal SS. Pour la SS des camps en particu-lier, le procès de Koch illustre la montée enforce du nouveau paradigme des managerspolitiques. En condamnant Koch, il s’agit delutter contre toutes les malversations quiralentissent la production d’armes dans lescamps, de faire table rase du modèle deEicke, et avant tout, de faire un exempledissuasif. Face aux enjeux de la procédurejudiciaire, la portée de la sentence semble

bien ridicule et utopique : en 1944, il esttrop tard pour s’interroger sur la moralité destroupes SS et sa condamnation ne suffit pasà détruire un système par essence corrompu.

Les limites et interrogations decette étude

Cette étude s’est principalement heurtée aumanque général d’informations concernantles premiers camps, un déficit que le projetd’encyclopédie des camps de l’UniversitéLibre de Berlin devrait bientôt résoudre et aumanque de témoignage d’anciens SS ou deproches de Koch ; les deux enfants de Karlet Ilse, Gisela et Artwin, ayant changé denom et émigré aux Etats-Unis299, et le des-tin de Manfred restant inconnu. Enfin il aparfois été dur de ne pas céder au «sensa-tionnel». La recherche de la véritable causede la condamnation à mort de Koch aconduit à des pistes aussi passionnantes quesans issues. Etonnamment, les différentshistoriens ou archivistes connaissant le cas sesont montrés tout aussi indécis qu’imagi-natifs. Pour certains, Koch aurait étécondamné parce qu’il avait caché sa syphi-lis ramenée d’une maison close norvégien-ne300 et aurait été abandonné par Himmleraprès avoir donné son sang «contaminé»pour les besoins des troupes. Pour d’autres,Koch aurait été éliminé pour empêcher qu’ilne témoigne des crimes nazis devant lesalliés. Toutes ces hypothèses se sont révéléesinvérifiables ou infondées mais significa-tives du mystère qui pèse toujours sur sonexécution.

Une semaine après l’exécution de Karl Koch,Buchenwald fut libéré. On ne parla plusalors de lui jusqu’à ce qu’en 1947 le procèsde 31 bourreaux de Buchenwald s’ouvre àDachau et que parmi eux se tienne Ilse Koch.Condamnée par les Américains à la prisonà vie, elle sera pourtant libérée deux ans plustard. De nouveau poursuivie et arrêtée, cettefois-ci par la justice allemande, son procès

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fera l’objet d’une très grande médiatisation.Si la «kommandeuse» est désormais seule àêtre jugée, c’est en fait son mari décédé quiest sur le banc des accusés. L’incarnationdu «mal absolu» sera dans ce procès partial,une nouvelle fois condamnée à perpétuité etse suicidera en 1967. Peut-être a-t-elle, elleaussi, servi d’exemple ?

Samenvatting :

Na gedurende lange tijd de nazi ideologie ende functioneringswijze van de nazi-con-centratie- en vernietigingskampen te hebbenbestudeerd hebben de historici zich vanaf dejaren ’90 toegelegd op de plaats die de kamp-commandanten binnen de nazi-moordma-chine hebben ingenomen. Wie waren zij,hoe konden zij hun taken uitoefenen, enwelke waren hun motivaties? Deze com-plexe vragen staan in het middelpunt vaneen aantal belangrijke politieke kwesties,die niet alleen betrekking hebben op deidentiteit, de schuld en de verantwoorde-lijkheid van de moordenaars, maar ook opde schadeloosstelling van de slachtoffers.

Vertrekkend vanuit het voorbeeld van eenkampcommandant, wiens carrière alleen al

door haar lange duur «exemplarisch» zoukunnen genoemd worden, confronteert deauteur hun wedervaren en motivaties met deverschillende hedendaagse theorieën overde banaliteit van het «kwaad». Kan de stu-die van de beroepscarrière van Otto Kochbijdragen om ons te helpen bij het door-gronden van de mentaliteit of de geestes-gesteldheid van de kampcommandanten?Zijn zij nauwgezette uitvoerders, opportu-nisten of carrièristen? Ziedaar enkele vande vragen die dit artikel oproept.

Abréviations des documents d’archives :

AFL - Archives fédérales Lichterfeld, Berlin.

BwA - Archives du Mémorial de Buchen-wald.

DaA- Archives du Mémorial de Dachau.

NÜ - Archives d’Etat de Nuremberg.

SAch - Archives du Mémorial de Sachsen-hausen.

TOPO - Archives Topographie de laTerreur, Berlin.

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1 Dachau, Flossenburg, Mauthausen, Buchenwald, Wewelsburg, Neuengamme, Mittelbau, Sachsenhausen, Ravensbrück,Stutthof, Auschwitz I, II et III, Majdanek, Vught, Gross Rosen, Hinzert, Viavara, Riga, Plaszow, Westerbork,Kauen, Bergen Belsen, Terezin, Gusen.

2 Le nombre des personnes internées dans les différents camps est estimé à 18 millions. 11 millions y mourront.Wolfgang BENZ, Geschichte des dritten Reiches, Munich, C.H. Beck, 2000, p. 227. 5.721.000 juifs y sont exterminés.J. NOACKS & G. PRIDHAM, Nazism 1919-1945, Exeter, University Press of Exeter, 1997, p. 1208.

3 Environ 3,3 millions de personnes selon Gudrun SCHWARZ, Die nationalsozialistischen Konzentrationslager,Francfort sur Main, Fischer Taschenbuch Verlag, 1996, pp. 247-256. 2.960.000 selon W. BENZ, op. cit., p. 227. Lescamps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau et Majdanek font partie des KZ officiels mais pas ceux de MalyRostinec et Jungfernhof.

4 En France, Josef BILLIG publie en 1967, l’Hitlérisme et le système concentrationnaire et un an plus tard OlgaWORMSER-MIGOT, Le système concentrationnaire nazi (1933-1945), Paris, P.U.F., 1968.

5 Daniel GOLDHAGEN, Hitlers willige Vollstrecker, Berlin, Wolf Siedler Verlag, 1996. Christopher R. BROWNING,Ganz normale Männer, Berlin, Rowolt Verlag, 1999.

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6 «La conscience ne trouve rien à reprocher à tout ce qui peut être agréable à l’objet, dans l’aveuglement amoureux ondevient criminel sans regrets» Sigmund FREUD, Massenpsychologie und Ich-Analyse, Œuvres complètes, Tome XIII,p. 125, cité par Alexander MITSCHERLICH, Die Unfähigkeit zu trauern, p. 76.

7 Hannah ARENDT, Eichmann in Jerusalem, Munich, Taschenbuch, 1986.8 D. Goldhagen et C. Browning étudient tous deux les massacres commis par le bataillon de Police de Réserve 101 à

l’Est. Pour le premier l’antisémitisme allemand était de nature exterminatrice et considéré comme normal par les assassins.Pour C. Browning les assassins étaient des «exécuteurs normaux», non pas motivés par un antisémitisme typiquementallemand mais par le sadisme, le sens du devoir, le patriotisme et une violence masculine exterminatrice. S’il parled’hommes ayant permis des massacres, D. Goldhagen parle d’hommes ayant souhaité ceux-ci. ChristopherBROWNING, «Die Debatte über die Täter der Holocaust », in : Herbert ULRICH (dir.), NationalsozialistischeVernichtungspolitik 1939-1945, Francfort, Fischer Taschenbuch, 1998, pp. 148-169.

9 Idem. BROSZAT, 1964, cité par WELSER, Wer wären die Täter, p. 253., H. MOMMSEN in : Rudolf Höss :Kommandant in Auschwitz, Stuttgart, Deutsche Verlag Anstalt, 1958, p. 16.

10 MOMMSEN, Deutsche Rundschau, 1961, p. 1042.11 «Ce n’est même pas le cas d’un antisémitisme fou, ou fanatique... Personnellement il n’avait rien contre les juifs»,

ARENDT, op. cit., p. 99.12 Idée développée en 1946 par Max PICARD, Hitler in uns Selbst, Zurich, Erlenbach, 1946.13 Tom SEGEV, Soldiers of Evil. The commandants of the Nazi Concentration Camps, 1988.14 Wolfgang SOFSKY, Die Ordnung des Terrors, Francfort, Fischer, 1993.15 Johannes TUCHEL, «Die Kommandanten des Konzentrationslagers Dachau», in : Dachauer Hefte n°10 - Täter

und Opfer, Dachau, Mémorial de Dachau, 1994, pp. 69-90. J. TUCHEL, «Die Kommandanten desKonzentrationslagers Flossenburg», in : Klaus BÄSTLEIN (dir.), Normalität des Verbrechens, Berlin, 1994, pp. 201-219.Christel WICKERT, «Täterkarrieren - Die SS Lagerleitung Sachsenhausen 1942-1945», in : Internationalwissenschaftliche Korrespondenz zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, n° 2, juin 1997, Berlin, pp. 173-211».

16 Karin ORTH, Die Konzentrationslager SS : Sozialstrukturele Analysen und biographischen Studien, Göttingen, Ed.Wallstein, 2000.

17 Hans HOFFMANN, Hast du diese Tötungen befohlen, Bad Harzburg, Verlag der Buchhandlung, 1997. HeinzHÖHNE, Der Orden unter dem Totenkopf, Munich, Bertelsmann, 1990.

18 Arthur L. Jr. SMITH, Die Hexe von Buchenwald, Cologne, Böhlau Verlag, 1995. Pierre DURAND, Die Bestie vonBuchenwald, Berlin, Militär Verlag, 1987, p. 17 ; Sidelights on the Koch Affair de Stefan Heymann. La pièce de théâtrede Gilla CREMER, Die Kommandeuse. Nicole HINRICHS (2000) : Confrontation avec le psychogramme partield’une coupable (2001). Barbara SCHWARZ : Nach Brüder Eichmann nun Schwester Koch. Les peintures de FritzHerschberger, notamment The fifth Horseman, et l’oeuvre de musique industrielle de Come Organizations Für IlseKoch (1982).

19 SCHWARZ, op. cit., p. 34 pour Klaus DROBISCH & Günther WIELAND, System der NationalsozialistischenKonzentrationslager 1933-1939, Berlin, Ed. Akademie Verlag, 1993, p. 135

20 Entre 46.500 et 48.500, DROBISCH & WIELAND, op. cit., p. 38.21 Martin BROSZAT, «Nationalsozialistische Konzentrationslager 1933-1945», in : Anatomie des SS-Staates, vol.

II, Munich, DTV, 1979, p. 323.22 BENZ, op. cit., p. 114.23 Ne restent bientôt que les camps SA d’Esterwegen, Oranienburg, Hohnstein, Sachsenburg, Lichtenburg et Coditz,

et SS de Lichtenburg, Columbia Haus et Dachau. BROSZAT, op. cit., p. 345.24 Hans BUCHHEIM, Die SS - Das Herrschaftsinstrument, in Anatomie des SS-Staates, op. cit., pp. 37-42.25 DROBISCH & WIELAND, op. cit., p. 52.26 Eicke Theodor (1892-1943), né à Hüdingen en Alsace. Après un bref passage au collège, Eicke s’engage en 1909 dans

l’armée. Il est aspirant maître-des-comptes quand la Première Guerre mondiale éclate. Remercié en 1918, ilcommence des études techniques pour, en 1920 après une formation dans une école de police, devenir fonctionnairedans la police criminelle et en être exclu rapidement pour ses activités antirépublicaines. En 1923, il est chargé dudépartement du «contre-espionnage» du consortium I.G. Farben à Ludwigshafen. En 1928, il entre au NSDAP eten 1930 dans la SS. Peu après, il est arrêté et condamné pour détention d’explosifs et s’enfuit en Italie où il dirige uncamp de réfugiés SS. Le 21 mars 1933, une intrigue interne à la SS le conduit à être arrêté et interné dans unétablissement psychiatrique. Le 26 juin 1933, Himmler le nomme commandant du KZ Dachau. En 1934, il devientInspecteur des KZ et Führer de la SS-Totenkopf, alors responsable de la surveillance des camps. En 1941, il conduit

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une de ses divisions sur le front de l’Est et devient en 1942 Général de la Waffen-SS. Son avion est abattu en 1943.Dossiers personnels et courte autobiographie de Eicke, in : Tuwiah FRIEDMANN, Theodore Eicke - Actes des SS-Obergruppenführers Theodore Eicke, Haifa, Institut of documentation in Israel, 1994, pp. 17-23.

27 DA DaA 3165/673, p. 4.28 Johannes TUCHEL, Konzentrationslager - Organisationsgeschichte und Funktion der «IKL» 1934-1938, Boppard,

Harald Boldt, 1991, p. 160.29 Dirk RIEDEL, Kerker im KZ Dachau, Dachau, Mémorial de Dachau, 2002, p. 31.30 ORTH, Das System..., p. 52.31 Début 1937, ils sont 7.500, fin 1938, ils sont 60.000 dont 27.000 juifs, à la veille de la guerre 25.000. Das SS

Sonderlager KZ Hinzert 1939-1945, Aizey, Förderverein Hinzert, 2001, p. 7.32 Ulrich HERBERT, «Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager», in : Brandenbürgischen

Gedenkstätten für die Verfolgten des NS-Regimes, Berlin, Edition Heintrich, 1992, p. 24.33 Il s’agit de Theodor Eicke, Karl Koch, Hans Loritz, Bernard Schmidt, Otto Reich, Hermann Baranowski, Hans

Helwig, Walter Gerlach, Dr. Alexander Reiner et Heinrich Deubel. Quatre sont des artisans (deux boulangers, unmenuisier, un maçon), quatre vendeurs, un est ingénieur et un dentiste. ORTH, op. cit., p. 87.

34 Hans Hellwig, Günther Tamaschke, remercié pour sa liaison avec une surveillante du KZ Lichtenburg et Sauer sontremerciés ou mutés. Ibid., p. 132. Jakob Weissborn et Hermann Baranowski sont décédés.

35 Il s’agit de Karl Künstler, Frank Ziereis, Hermann Pister, Karl Koch, Alexander Piorkowski, Walter Eisfeld, HansLoritz, Rudolf Höss, Martin Weiss, Arthur Rödl, Hans Hüttig, Egon Zill, Rudolf Hass et Max Pauly.

36 La SS rémunérant mal ses recrues, ne restent que ceux qui n’ont pas d’autres possibilités d’emploi. Les commandantsReich, Koch, Heinrich Remmert, Max Kögel, Ziereis, Künstler, Weiss, Rödl étaient au chômage quand ils adhèrentà la SS. Dossiers Officiers SS, TOPO.

37 ORTH, op. cit., p. 125. Ont participé à des groupes paramilitaires d’extrême-droite : Eicke, Hellwig, Wäckerle, Kögel,Hüttig, Eisfeld, Höss, Weiss, Rödl et Tamaschke. TOPO, dossiers des officiers SS.

38 Johannes Hasselbroek, le 1 mai 1975, interviewé par SEGEV, op. cit., p. 81.39 «Aucun d’entre nous n’est allé volontairement à la surveillance des camps. Nous nous sommes toujours considérés comme

des soldats, nous n’avons pas eu le choix». J. Hasselbroeck, cité par SEGEV, op. cit., p. 122.40 Quatre sont Colonels, deux Lieutenants-colonels, un Brigadier général. ORTH, op. cit., pp. 82 et 240.41 Reiner, poursuivi pour corruption lors de la création de la SS à Danzig en 1934, est nommé par Himmler

commandant du KZ Sachsenburg en novembre. Loritz entre en conflit fin 1934 avec ses supérieurs, il perd ladirection du 29ème régiment SS et est envoyé servir à Dachau où il sera remarqué par Eicke. Ibidem, pp. 194 et 383.

42 Loritz, Reich et Schmidt adhèrent à la SS en 1930, Koch en 1931, Hellwig en 1925 dans la SA. TUCHEL, op. cit.,pp. 376-390.

43 Schwarz Korps, numéro 8, 19 février 1942, p. 8.44 Ordre de Eicke pour les kommandantur I-1934, 6 juin 1934, ORTH, op. cit., p. 123. Pour Himmler : «Les gens

deviennent livides et gros, ce qui n’est pas bien pour l’Etat. Nous devons rester jeunes», Nature et rôle de la SS et dela police allemande, janvier 1937. Der Nürnberg Prozess - Urkunden und andere Beweismaterial, Tomes 17-18,Nuremberg, Delphin Verlag, 1989, p. 474.

45 ORTH, op. cit, p. 125.46 Eicke est condamné le 15 juin 1932 pour préparation d’attentat ; Höss en 1923 à 10 ans de prison pour ses activités

politiques. Leopold Göth (KZ Plazlow) est arrêté pour détention d’armes et d’explosifs au début des années 30 eten 1934 dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du chancelier autrichien Engelbert Dolfuss. SEGEV, op. cit., p. 186.Wäckerle participe à l’assassinat du Président du Palatinat.

47 «Ces surveillants étaient issus de la division du Sud, on m’envoya des hommes dont Munich voulait, pour on ne saitquels motifs, se débarrasser. Ainsi, on me contamina la troupe et son atmosphère. J’ai été confronté à la fraude, au volet à la corruption. En 4 semaines j’ai dû pour cela licencier 60 hommes». Lettre de Eicke à Himmler, 10 septembre1936. FRIEDMANN, op. cit., pp. 24-33.

48 Eicke écrit à Himmler : «Je vous prie de classer une bonne fois pour toute l’affaire Kögel. C’est un homme d’honneur,un soldat du front et un combattant acquis à Hitler. S’il n’était pas fidèle et honnête, je l’aurais depuis longtemps écarté»,lettre citée par SEGEV, op. cit., p. 144. Le commandant du KZ pour femmes de Lichtenburg, Tamaschke, n’aura pascette chance : son affaire extraconjugale avec une surveillante SS étant devenue publique, Eicke le mutera. De cetteliaison naît un enfant pour lequel Tamaschke refuse de payer une pension. Pour étouffer le scandale public, Eickele mute à la construction du camp de Ravensbrück. ORTH, op. cit., p. 135.

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49 Rudolf Höss, cité par Richaldi Hans GÜNTHER, Die Schule der Gewalt, das KZ Dachau 1933-1934, Munich, C.H.Beck Verlag, 1983, p. 124.

50 ORTH, op. cit., p. 147.51 Cité par BROSZAT, op. cit., p. 167.52 Entsberger est condamné en 1936 à cinq ans de prison pour avoir fait brûler vifs des prisonniers. TUCHEL, op. cit.,

p. 161.53 Après avoir été affecté à Dachau où Loritz le juge trop faible, Eicke l’envoie à Buchenwald où Koch a la même

appréciation. En 1938, il est remercié. ORTH, op. cit., p. 132. Heinrich Deubel propose par exemple l’envoi d’unprisonnier communiste dans un camp de vacances SS pour lui montrer les bienfaits de l’idéologie nazie. Eicke le muteau commandement du KZ Columbia Haus à Berlin. TUCHEL, op. cit., p. 184.

54 AFL NS 31/372, p. 34.55 Eicke écrit le 5 janvier 1939 « Künstler ne s’est pas comporté comme un führer SS, mais comme un buveur de

bières. De tels comportements pourrissent la troupe. Il lui manque les qualités nécessaires pour la responsabilitécorrespondant à son rang ». Il lui donne pourtant une deuxième chance en le nommant à Flossenburg, officiellementparce qu’il a un enfant, officieusement parce qu’il n’a personne de disponible. TUCHEL, Flossenburg..., op. cit., p.207.

56 Kurt SCHILDE et Johannes TUCHEL, Columbia Haus, Berlin, Hentrich, 1994, p. 52.57 Johannes TUCHEL, Die Inspektion der Konzentrationslager 1938-1945. Das System des Terrors, Berlin, Hentrich

Verlag, 1994, p. 36.58 L’incident a lieu le 13 mai 1935. Weissborn est muté au KZ Esterwegen, Danneker est muté au Service de

renseignement SS. TUCHEL, Flossenburg, op. cit., p. 203. Claudia STEUER, Theodor Danneker : «Ein Funktionärder Endlösung», Tübingen, Klartext Verlag, 1997, pp. 18-19.

59 «Le pouvoir des commandants était inscrit dans le règlement disciplinaire et les instructions de service. Ceux-ci avaientété rédigés par Eicke et restèrent en vigueur jusqu’à la dissolution des KZ». Hermann Pister, 3 mars 1947, SAch XXIV/8.

60 HÖSS, op. cit., p. 59.61 Propos de Himmler sur Koch rapporté par Josias von Waldeck und Pyrmont, cité par SMITH, op. cit., p. 79.62 Hermann Koch, adulte à la naissance de Karl, devient Inspecteur de la chancellerie ministérielle. Arthur devient tapissier,

Reinhold horloger, Wilhelm et Erich ouvriers, Rudolf soldat dans la légion étrangère et sa demi-sœur épouse uncheminot du nom de Raible. Koch est apprenti du 1 mai 1911 au 30 avril 1914. BwA 86-0-1, p. 2. BwA 45-4-36-2,p. 19.

63 AFL SSO Koch, Karl, film 8, pp. 5.0-5.2.64 Ibidem, pp. 5.0-5.2.65 L’arme utilisée pour le tir est illisible sur le document, Ibidem, p. 5.2.66 Jusqu’en août 1920, il est responsable des ventes pour une entreprise d’accessoires capillaires à Oldenwald, puis

responsable bancaire à la Nationale Bank de Darmstadt. Le 1er janvier 1923, il travaille désormais pour la firme S.U.HGoldsmith à Francfort. Trois mois plus tard, il est salarié de l’entreprise des frères Röchling qu’il quitte le 30 juin.Il rejoint alors de nouveau le milieu bancaire à la Banque allemande de commerce et d’agriculture jusqu’au 31 août1924. Il rejoint une banque plus petite qui fait bientôt faillite. Il trouve cependant rapidement un emploi dansl’entreprise de semences Hufeld où il reste jusqu’en 1928. Finalement remercié, il devient alors représentant en assurance.Ibidem, pp. 5.0-5.2.

67 Manfred Koch, né le 22 septembre 1926. BwA 45-4-36-2, p. 25.68 BwA 86-0-1, p. 6.69 AFL SSO Koch, Karl, film 8, pp. 5.0-5.2.70 Drobisch et Wieland, op. cit., p. 257. Harry NAUJOKS, Mein Leben im KZ Sachsenhausen, Berlin, Dietz Verlag,

1989, p. 60.71 Lors du procès contre Ilse Koch, la deuxième femme de Karl, condamnée après la guerre. Karl est qualifié de

«voleur dans la caisse» qui «encore une fois avait subi une procédure judiciaire pour vol et détournement de fonds»,TOPO, Ilse Koch, p. 29. Il faut donc comprendre que plusieurs procès ont eu lieu contre lui. Un autre documentdes archives de Buchenwald fait mention d’une procédure judiciaire en 1930. Cabinet pédagogique Buchenwald, classeur5, document 5/01. Selon son beau-frère Arthur Schmidt enfin, Karl et lui auraient été accusés de vol, mais n’auraientpas été arrêtés. SMITH, Die Hexe von Buchenwald, p. 12.

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72 Rudolf Koch sera arrêté en 1933 pour espionnage contre le Parti et interné en KZ. Libéré, il combattra dansl’armée allemande en Norvège en 1944. BwA 86-0-1, p. 3.

73 «Karl Otto Koch a été exclu du Parti le 26 juin 1932... Cette condamnation a été commuée le 16 septembre 1933...en avertissement». Exclusion prononcée par le Tribunal du NSDAP - Hesse-Nassau. BwA 45-4-36-2, p. 1.

74 Idem, pp. 2-3.75 BwA 45-4-36-2, p. 10.76 AFL SSO Koch, Karl, film 8, pp. 4.6-4.8.77 Ibidem, p. 5.2.78 Hessiche Volkswacht, n° 118, 20-21 mai 1933. Dietrich Wilmar KRAUSE, Das KZ Breitenau, Marburg, Schüren Verlag,

1998, pp. 156-157.79 Ibidem, pp. 157-8. Koch a son bureau au 66 de la rue Hohenzollernstrasse. BwA 45-4-36-2, p. 6.80 Ibidem, p. 6.81 Ibidem, p. 7.82 Lieutenant. AFL SSO Koch, Karl, film 8, p. 2.4.83 DROBISCH et WIELAND, op. cit., p. 188.84 Lettre de Mr Pätzold, directeur du Musée de Hohnstein, à l’auteur. Le 4 avril 2002.85 Idem.86 Ils seront condamnés pour leurs crimes le 15 mai 1935 à Dresde, puis amnistiés par Hitler. BROSZAT, op. cit., pp.

351-352.87 Capitaine. AFL SSO Koch, Karl, film 8, p. 2.4.88 BwA 45-4-36-2, pp. 9-10.89 SMITH, op. cit., p. 13.90 Cabinet pédagogique Buchenwald, classeur 5, document 5/12.91 TUCHEL, op. cit., p. 192.92 AFL SSO Koch, Karl, film 8, p. 3.0.93 Note de Eicke, le 31 juillet 1935, AFL SSO Loritz, Hans.94 293 recrues en août 1934. DaA B/1.75a.95 Note de Eicke, 31 juillet 1935, AFL SSO Loritz, Hans.96 711 en 1935 selon J. TUCHEL, op. cit, p. 35.97 Idem, p. 170.98 Passent entre autres par Dachau, les commandants Richard Baer, Hermann Baranowski, Adam Grünewald, Paul

Hoppe, M. Koegel, Josef Kramer, M. Weiss, Egon Zill, R. Höss, Hans Aumeier, H. Loritz, B. Schmidt, J. Weissborn,Alex Piorowski, W. Eisfeld, Karl Fritsch. RICHALDI, op. cit., p. 247. Günther KIMMEL, Das KZ Dachau, in Bayernin NS Zeit, Tome II, Landeszentrale für politische Bildung, Munich, Oldenburg Verlag, 1983, pp. 363-364.

99 Ces deux prisonniers membres de la SA et le SS atteignent la Tchécoslovaquie, la Suisse puis le Luxembourg.100 Ibidem, p. 66.101 AFL SSO Koch, Karl, film 8, pp. 3.6-3.8.102 Major, ibidem, pp. 3.0- 3.4.103 Pour Willy Peck, une affaire de corruption serait à l’origine de la mutation de Loritz. Willy PECK, Die Hölle im

Moor, Francfort sur Main, Röderberg Verlag, 1970, p. 82.104 Cette citation est attribuée à Koch. KOGON, op. cit., p. 105.105 Willy PECK, op. cit., p. 82. La pendaison à l’arbre consistait à attacher les mains d’un prisonnier dans le dos et à le

suspendre ensuite dans le vide accroché par les poignets. La bastonnade consistait à frapper un prisonnier de 5 à 25coups de cravache ou de fouet.

106 Quand Koch arrive, 250 prisonniers et 100 SS sont déjà sur place et rejoints ensuite par les prisonniers des campsalors dissous de Columbia Haus, Lichtenburg et Sachsenburg. DROBISCH et WIELAND, op. cit., p. 262.

107 Karin ORTH, Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager, Hamburg, Hamburger Edition HIS, 1999,p. 36.

108 Hahn Sepp, SAch I-75, pp. 4-5.

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109 Idem, p. 17.110 Idem, p. 57. Himmler était en effet présent pendant la journée au camp. Tuchel, Inspektion, op. cit., p. 15.111 AFL SSO Koch, Karl, film 8, p. 4.8.112 DROBISCH et WIELAND, op. cit., p. 255.113 AFL SSO Koch, Karl, film 8, p. 4.4.114 Circulaire de Eicke, juillet 1937, citée par WORMSER-MIGOT, op. cit., p. 11.115 AFL SSO Koch, Karl, film 8, p. 4.8.116 Ibidem, p. 95.117 Ibidem, p. 253.118 SMITH, op. cit., p. 12.119 Selon Arthur Schmidt, son demi-frère. Ibidem.120 Ibidem.121 KOGON, op. cit., p. 355.122 Carl J BURKHARDT, Mein Danziger Mission 1937-1939, München, 1960, p. 94.123 TUCHEL, op. cit., p. 12.124 DROBISCH et WIELAND, op. cit., p. 245.125 Tages Anzeiger, le 13 septembre 1996, p. 1. A Sachsenhausen, il déclare devant des journalistes : «Dans cette

baraque se trouvent des troublions marxistes qui n’ont jamais travaillé de leur vie. Ici ils apprennent un travail honnêteet nous nous assurons qu’ils abandonnent leurs « incitations à la haine » pour toujours », NAUJOCKS, op. cit., p.60.

126 BwA, Kommandanturbefehl N° 114, 1939.127 Ibidem, le 7 septembre 1938.128 Ibidem, N° 56, 1938. Ibid, n° 55, 1938.129 Ibidem, N° 113, 1938.130 Une semaine après l’ouverture du camp, un des prisonniers est retrouvé pendu. Le 16 août Richard Groschke est

abattu pendant «une tentative d’évasion», un prisonnier meurt d’inflammation abdominale. Le 17 août, FriedrichBogdahn est abattu. Le 28 août, Richard Kohlmann meurt de pneumonie. Harry STEIN, KonzentrationslagerBuchenwald 1937-1945, Göttingen, Wallstein, 1999, pp. 253-92.

131 Anna Seghers fera de cet événement le roman Das Siebte Kreuz en 1942. Le 7ème prisonnier sera repris en 1940.WOLFF, op. cit., p. 10.

132 Lettre de Friedrich Schüttle, publiée par H. NAUJOCKS, op. cit., p. 33. SAch I/1, p. 6.133 Koch annonce : « Hier certains prisonniers ont célébré le nouvel an, aujourd’hui je décrète une nouvelle cérémonie

du nouvel an ». Il choisit alors 100 prisonniers qui reçoivent chacun 10 coups de bâton BwA 31/272, p. 3.134 Fritz Liebner, BwA 31/78, p. 15.135 SS-Unterführer Strippel à Buchenwald de 1937 à 1941. David HACKETT, The Buchenwald Report, Oxford,

Westview Press, 1995, p. 38.136 Déclaration de Hermann Grossmann, le 27 février 1947. BwA, Procès de Waldeck Pyrmont versus USA, film 1,

p. 5231.137 Emil Carlebach, BwA 31/ 574 II. Gustav Herzog parle de 31 témoins assassinés. BwA, 31/95, p. 2.138 Peter Jurek. BwA 31/19, p. 1.139 BwA 31/450. Hackett, op. cit., p. 123. Hans BERKE, Buchenwald, Salzburg, Ried Verlag, 1946, p. 84.140 A Buchenwald, entre le 15 et le 16 octobre, arrivent 4.500 Polonais. Koch se charge personnellement de leur

acheminement de la gare de Weimar au KZ. Szeja Bronislaw et Theodor Miklasinki se souviennent : « Nous sommesdescendus des wagons à 8 heures du matin. A environ 200 mètres de la gare, le redouté commandant Koch avec lesofficiers SS Rödl et Hüttig commencèrent un jeu diabolique avec nous. Il ordonna : «les mains en l’air et chantez deschansons allemandes !». Avec l’arme au poing il conduisait sa voiture contre notre colonne en marche et nousbousculait. Celui qui penchait vers la forêt était abattu. Les prisonniers sont ensuite arrivés au camp. Une partie desprisonniers est envoyée dans le camp spécial, un terrain entouré de deux rangées de barbelés, de 100 mètres sur 200 mètresde superficie. Interdiction de sortir, pas de toilettes. En tout, plus de deux cents juifs de Vienne et des Polonais. Kochdéclare en souriant aux prisonniers du camp spécial : «Vous devez crever ici ». Pendant 17 jours en novembre, ils seront

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privés de nourriture. Le 16 décembre, appel par moins 18 degrés : 76 morts». Szeja Bronislaw et Teodor Miklasinki,BwA - 522-9 et BwA 31/99. Paul Woitkowski, rapporte : Koch tint ce discours : «Celui qui ne défile pas ici sera abattu.Regardez bien ces porcs dans ces cercueils ouverts ! Ca sera pareil pour vous, aillons rouges». BwA 46-13.

141 Archives Weimar, NS 4 BU 37.142 Koch interdit aux juifs d’aller à l’infirmerie. Emil Carlebach, BwA 524, 1944, p. 5.143 Harry STEIN, «Juden im Konzentrationslager Buchenwald 1938-1942», in : Thomas HOFMANN (dir.),

Pogromnacht und Holocaust, - Frankfurt, Weimar, Buchenwald, Cologne, Ed. Böhlau Verlag, 1993, pp. 92-93.144 BwA, film, ordres de la kommandantur, 115/39.145 Archives Coblence, NS 7/1020.146 Le terme renvoie au comportement qui consiste à reporter sur d’autres l’agressivité dont on est victime et à

l’image d’une personne se courbant devant ses supérieurs et appuyant ou opprimant ses «inférieurs», rappelant ainsila position du cycliste. MITSCHERLICH, Die Unfähigkeit zu trauern, p. 153.

147 H. Hackmann, cité par Rüter EHLERMANN et FUCHS H.H., Justiz und NS Verbrechen, Tome VIII, Amsterdam,University Press Amsterdam, 1972, p. 77.

148 Déclaration du SS Kröger. Ibid., p. 50.149 BwA, ordre n°55, 17 août 1938. Ibid, n° 64, 12 octobre 1938.150 BwA, ordres de la kommandantur 1937-1942.151 BwA 86.0.1, p. 50.152 Koch met en doute la validité des papiers d’état-civil et interdit l’utilisation du mess SS pour la réception des invités.

Ibidem, p. 49.153 Ibidem, p. 4.154 «Au départ la villa de Koch devait coûter 68.000 RM, mais très vite cette somme est dépassée pendant la construction

sans que des moyens financiers supplémentaires ne soient demandés. Ce n’est que quand la maison est terminée quela femme de Koch vient la visiter : elle n’était pas seulement déçue, mais étonnée de la rusticité de la maison et donnaaussitôt ses ordres : les murs devaient être abattus, de nouveaux murs érigés, une série de portes remplacée etl’installation électrique changée ainsi que la baignoire. Aucun moyen supplémentaire n’avait été prévu. Sans aucundoute cette somme fut prise sur les moyens courants de la kommandantur ou sur le profit dégagé du camp desprisonniers», Hahn Sepp, SAch I/5, p. 16.

155 Acte d’accusation contre Ilse Koch, TOPO, Koch, Ilse, p. 32. STEIN, Juden..., p. 112.156 Sommer sera condamné pour plusieurs centaines de meurtres par pendaison, par étranglement, par injection de poison,

par écrasement de la tête, privation de nourriture, provocation de crises cardiaques... Gustav Herzog, BwA 52 11-4. Fritz Männchen, in HACKETT, op. cit., p. 240. Richard Gritz, BwA 31/202. Anonyme, BwA 31/111, p. 3 et 573,p. 10.

157 Ferdinand Röhmlich cité par STEIN, Buchenwald..., p. 58.158 En 1941, il assassine pour le compte des prisonniers communistes, Grigori Kuschnir Kuschnarew, ancien officier

des armées blanches russes, soupçonné d’espionner pour la Gestapo. Idem, p. 103.159 Idem, p. 289.160 Déclaration du juge Werner PAULMANN, Nürmberg Prozess, op. cit., p. 545.161 Le degré de parenté entre Koch et Michael oscille entre cousin et neveu selon les versions. Franz Eichhorn, BwA

31-331, p. 1.162 Hackett, op. cit., p. 53. Anonyme, BwA 31/111, p. 3. Carl Gartig, BwA 566, 1945, p. 1.163 BwA, ordre de la kommandantur n° 38, 1939. Jusqu’à 10 fois le prix du marché. TOPO, Ilse Koch, p. 32.164 Robert Sievert. BwA 31/83, p. 4.165 Anonyme, BwA 31/111, p. 3. «Grâce à une tenue «sex-appeal» (sic), des bains de soleil etc., elle cherchait à exciter

les prisonniers en manque sexuel. Si un prisonnier la regardait, elle notait son matricule et demandait à son mari delui faire administrer 25 coups de bâton». BwA 86.0.6, p. 50.

166 Selon Waldeck Pyrmont cité par SMITH, op. cit., p. 79.167 BwA 45-4-36-2, pp. 9-10.168 AFL SSO Koch, Karl, film 8, pp. 3.6-3.8.169 Ibidem, p. 4.2.170 Ibidem, p. 4.8.

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171 Hans Hüttig cité par SEGEV, op. cit., pp. 233-235.172 HÖSS, op. cit., pp. 65 et 67.173 Ibidem, p. 241.174 Wolfgang RÖLL, Deutsche Sozialdemokraten im Konzentrationslager Buchenwald 1937-1945, Göttingen,

Wallstein Verlag, 2000, p. 80.175 Ernst Frommhold, BwA 74-2.176 Cité par SMITH, op. cit., p. 71.177 BROSZAT, op. cit., pp. 157 et 160.178 Procès US contre Waldeck, cité par SMITH, op. cit, p. 69.179 Idem, BwA 86-0-1, p. 4.180 Déclaration de Martin Sommer. SMITH, op. cit., p. 70.181 Annotation du 18 décembre 1942. Heinrich Himmlers Dienstkalender 1941-1942, Hamburg, Ed. Christians,

1999, p. 295.182 Anke SCHMELING, Josias Erbprinz zu Waldeck und Pyrmont : der politische Weg eines hohen SS-Führers,

Kassel, Gesamthochschulebibliothek, 1993, p. 95. Himmler : Loi fondamentale sur le caractère sacré de la propriétédu 9 novembre 1935, citée devant le Tribunal militaire international, document 2825-PS, Tome 31, p. 179.

183 «En 35 ans d’active dans l’armée, personne ne m’a jamais parlé de la sorte». Procès américain contre Waldeck Pyrmont,cité par SMITH, op. cit., p. 70. En fait, il n’a jamais été 35 ans dans l’armée, mais espère attirer l’attention des officiersaméricains qui le jugent.

184 Idem, p. 70.185 Idem, p. 69.186 Dans les faits, ils se connaissent personnellement. Waldeck Pyrmont vivant à Weimar, il se rend régulièrement à

Buchenwald où il est le bienvenu et Koch lui affecte un prisonnier comme homme à tout faire. Cette situation sedégrade pourtant et ils entrent à plusieurs reprises en conflit : Waldeck Pyrmont, après s’être enivré à Buchenwald,serait reparti avec 30.000 cigarettes destinées aux SS. Koch, l’apprenant, se serait alors énervé et aurait interdit quel’on donne quoi que ce soit à une personne extérieure au camp. Pour Arthur Smith, la «haine» de WaldeckPyrmont envers Koch serait née du refus de ce dernier d’envoyer des prisonniers travailler sur les terres du juge.DURAND, op. cit., p. 106 ; HACKETT, op. cit., p. 123.

187 HOFFMANN, op. cit., p. 65. Dans une autre version : «Cher camarade, si n’importe quel juriste essaye de poserses mains sales sur ton corps innocent, je lui barrerai le chemin de toutes mes forces». Cité par SMITH, op. cit., p. 71.

188 AFL SSO Koch, Karl film 8, p 2.4. Koch porte alors le titre de Commandeur du camp de Lublin, Ibidem, p. 5.0.189 Dès son arrivée, il a à sa charge la réalisation de plusieurs chantiers : la construction d’une usine de vêtements pour

la Waffen SS à Lublin même, prévue pour 20.000 prisonniers juifs, la construction d’un camp pour les troupessupplémentaires prévues pour le front russe, d’un camp spécial (camp V) et avant tout la construction du camp pourprisonniers de guerre soviétiques (KGL). Cette usine-camp, prévue pour 20.000 prisonniers juifs, entre en activitéen février 1942.

190 STEIN, Juden..., p. 119.191 HACKETT, op. cit., p. 125.192 KRANZ, op. cit., p. 208. MATTAGNO et GRAF, op. cit.193 En mars et juillet 1942 arrivèrent environ 10.000 juifs du Reich à Lublin, une partie est internée au camp de

Lublin, le 29 mars 1942, 1.000 juifs de Slovaquie entrent au camp de Lublin. KRANZ, op. cit., p. 208.194 Janina Kiehbon, directrice du mémorial de Majdanek s’appuyant sur les registres SS estime à 2.199 le nombre de morts

entre mai et juillet, auxquels s’ajoutent 327 morts en avril, environ 700 entre janvier et mars. MATTAGNO et GRAF,op. cit., 10.000 morts jusqu’en septembre pour Josef MARSZALEK, Majdanek - Konzentrationslager Lublin, Varsovie,Ed. Interpress Verlag, 1994, pp. 129-130.

195 Document du procès de Nuremberg, NO 2366, cité par ORTH, op.cit., p. 782.196 Samuel Antmann, in : Günther SCHWARBERG, Der Juweler von Majdanek, Göttingen, Steidl Verlag, 1991, pp. 54

et 57.197 MARSZALEK, op. cit., p. 130.198 Ibidem.

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199 Koch écrit : «Selon un décret de Goering, il faut renoncer à un système d’alarme et aux haut-parleurs. L’alarme estdonnée par des coups de feu qui par grand vent sont inaudibles». AFL SSO Koch, Karl, film 8, pp. 7.0-7.8.

200 Ibidem, p. 7.4.201 Ibidem, p. 8.0.202 Lettre de Himmler à Schmidt, le 29 juillet 1942. Cité par ORTH, op. cit., p. 781.203 AFL SSO Koch, Karl, film 8, p. 6.8.204 Ibidem, pp. 7.0-7.4.205 BwA 85-4-36-2, pp. 60-61.206 Ibidem, pp. 74-76.207 AFL SSO Koch, Karl, film 8, pp. 5.4-6.0.208 Ibidem, p. 8.9.209 Himmler écrit ainsi aux commandants de KZ : «Comme on ne peut espérer de prisonniers de guerre soviétiques en

ce moment, j’enverrai en camp un grand nombre de juifs et juives qui ont immigré d’Allemagne. Préparez-vous àaccueillir 100.000 juifs et 50.000 juives dans les 4 semaines à venir», Télégramme de Himmler à l’IKL, le 26 janvier1942. BROSZAT, op. cit., p. 421.

210 «Cette mesure vise l’utilisation du travail pour les besoins de la guerre». Circulaire concernant l’incorporation del’IKL dans la WVHA, le 30 mai 1942. TOPO ER1, film 1, p. 28.8.

211 Rapport de Pohl à Himmler, STEIN, Buchenwald, p. 134.212 «Le premier médecin du camp doit tout mettre en œuvre pour que la mortalité du camp diminue. Le Reichsführer

ordonne que la mortalité soit la plus réduite possible». Lettre de Glücks aux KZ, le 28 décembre 1942. MATTAGNOet GRAF, op. cit., BROSZAT, op. cit., p. 431.

213 Ibidem, p. 458.214 Ibidem, p. 430.215 Oswald Pohl, né en 1892, baccalauréat et entrée dans la marine en 1912. Carrière comme officier des comptes jusqu’en

1918. 1919-1920, administrateur dans le groupe paramilitaire d’extrême droite «Löwenfeld» puis retour dansl’armée. 1922 entrée au NSDAP, 1925 entrée dans la SA. En 1933, il quitte l’armée comme officier supérieur et entredans la SS. En 1939, il travaille pour l’Administration économique SS. En 1942, il est nommé Chef de la nouvellementcréée Administration centrale SS de l’économie et devient général de la Waffen SS. Il est condamné à mort et exécutéen 1947. Ronald SCHMELSER & Enrico SYRING, Die SS : Elite unter dem Totenkopf, Paderborn, FerdinandSchöningh Verlag, 2000.

216 ORTH, op. cit., p. 83.217 STEIN, Buchenwald..., p. 138.218 ORTH, Das System..., pp. 166-7. Glücks écrit le 20 janvier 1943 : «Je le tiens personnellement comme responsable

de l’épuisement de toutes les possibilités de maintien de la force de travail des prisonniers». Glücks, cité parBROSZAT, op. cit., p. 458.

219 SEGEV, op. cit., p. 117.220 Hoppe cité ORTH, op. cit., p. 250.221 Cité par BROSZAT, op. cit., p. 436.222 BwA 45-4-36-2, p. 282.223 Loritz doit être muté à la direction SS en Norvège, Alex Piorowski au service de l’équipement SS, Arthur Rödl à

la direction SS à Taurien, Karl Künstler dans la division Prinz Eugen sur le front et Koch au Service de réserve. BwA45-4-36-2, p. 283.

224 Cité par K. ORTH, Die Kommandanten der Nationalsozialistischen Konzentrationslager, in Compte-rendu de laconférence : Die nationalsozialistischen Konzentrationslager - Entwicklung und Struktur, Weimar, novembre 1995,p. 341.

225 Fritz Suhren, Walter Gideon, Kramer, Schchti, Alex Piorowski, Karl Chiemewski, Johannes Hasselbroek, FriedrichHarjenstein, Otto Förschner, Hans Aumeier, Heinrich Schwarz et Albert Sauer.

226 A. Kaindl, A. Leibenschel et R. Baer.227 O. Förschner, A. Kaindl, A. Grünewald, F. Hartjenstein, F. Ziereis et A. Liebenhenschel.228 BwA 45-4-36-2, p. 45.

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229 «Ce n’est que par une coïncidence que je tombai sur les traces de crimes que je ne soupçonnais pas». Affidavit W.Paulmann, Der Nürnberger Prozess, op. cit., p. 543.

230 Bornschein, poursuivi pour crimes économiques en temps de guerre, s’est enrôlé en 1942 dans la SS afin d’échapperen vain à la justice ordinaire. HÖHNE, op. cit., p. 352.

231 Jens SCHLEY, Nachbar Buchenwald, Cologne, Böhlau, 1999, p. 56.232 Affidavit de W. Paulmann. Nürmberg Prozess, op. cit., p. 543.233 SMITH, op. cit., p. 81.234 HOFMANN, op. cit., p. 51.235 Hermann Hackmann, l’adjudant de Koch «collecte» l’été 1939 plusieurs centaines de Marks pour financer la

réparation de sa voiture. Hackett, op. cit., p. 126. Arthur Rödl exige l’hiver 1939, 50 Marks par baraque sinon lesprisonniers travailleront le dimanche. Idem, p. 127. Suite à l’évasion de l’ours du zoo du camp, les juifs sontcontraints de verser 8.000 Marks. Idem, p. 167.

236 SMITH, op. cit., p. 81.237 Déclaration sur l’honneur de Konrad Morgen, 1947. TOPO ER4, p. 7.238 Idem, pp. 7-8.239 Idem. HOFFMANN, op. cit., p. 54.240 Buchenwald, ein Konzentrationslager, p. 192.241 Déclaration de Paulmann. Anke Schmeling, op. cit. Le SS-Führer Blank les transfère au camp extérieur de Goslar

où ils sont assassinés : Krämer est abattu alors qu’il remplit un seau d’eau, Peix est abattu sans témoin par un SS. OttoStorch, 1946, BwA 502-23. BwA 86.0.1, pp. 55-56.

242 HOFFMANN, op. cit., p. 53.243 Morgen cité par Smith, Die Hexe..., p. 82.244 Ibidem, p. 8.245 Note du SS-Hauptsturmführer Weuster adressée au Bureau de direction central SS. BwA 45-4-36-2, p. 47.246 BwA 86.0.1, p. 9.247 Affidavit de Paulmann, Der Nürmberg Prozess, op. cit., p. 545.248 Affidavit de Morgen. Ibidem, p. 558.249 HOFFMANN, op. cit., p. 90.250 SMITH, op. cit., p. 87.251 «Glücks lui avait dit qu’il s’attirerait de sérieux ennuis s’il cherchait de nouveau à arrêter Koch ou à le faire

comparaître devant un tribunal SS. Il insinua que cela serait payant s’il se montrait raisonnable». SMITH, op. cit., p. 75.252 BwA 86-0-6, p. 33.253 HOFFMANN, op. cit., p. 67.254 Déclaration de Morgen, TOPO ER4, p. 41.255 MARSZALEK, op. cit., pp. 129-130. SCHMELING, op. cit., p. 98.256 Der Nürmberg Prozess, op. cit., p. 551.257 HOFFMANN, op. cit., p. 91.258 Hoven interroge les deux prisonniers, puis les assassine par injection de phénol. Rüter et Fuchs, op. cit., p. 77.259 SMITH, op. cit., p. 80.260 Pister, le successeur de Koch à Buchenwald, voulait envoyer Titz dans un autre camp pour le protéger, Hoven le

déclara inapte au transport pour des problèmes cardiaques et essaya ensuite de l’assassiner. BwA 86-0-1, p. 70. SMITH,op. cit., p. 89.

261 Le Scharführer Köhler fut assassiné avec un alcaloïde. HOFFMANN, op. cit., p. 50.262 RÜTER et FUCHS, op. cit., p. 74.263 Affidavit Morgen, Der Nürmberg Prozess, op. cit, p. 548.264 Déclaration de A. Miller, SCHMELING, op. cit., p. 99.265 Affidavit de W. Paulmann, Der Nürmberg Prozess, op. cit., p. 546. Jens BANACH, Heydrichs Elite : Das

Führerkorps des Sicherheitsdienstes und des SD 1936-1945, Paderborn, Schöningh Verlag, 1998, p. 172.266 HOFFMANN, op. cit, pp. 52 et 68.

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267 106.000 RM de revenus inexpliqués et 94.000 RM de dépôts dans la caisse noire.268 Idem.269 La «caisse Meiners» des cuisines du camp a réalisé 90.000 RM de profits, la «caisse Mickael», spécialisée dans la vente

de biens non alimentaires aux prisonniers a réalisé au total pour 150.000 RM de profit, la «caisse des porcs» issuede la ferme du camp vend des centaines de volatiles aux fermiers des alentours. Morgen liste aussi ces ateliers«entreprises». Le travail des prisonniers ne doit en principe pas être utilisé à des fins privées ; en s’appropriant leurproduction ou en menant ces ateliers comme des entreprises privées. Il s’agit, entre autres, des ateliers de réparationde véhicules, de montres prises aux prisonniers et revendues, des ateliers de poterie et céramique, de reliure de livres,de tannerie et de photographie. Enfin le jardin zoologique est aussi une source de revenus. Bien qu’installé dans lecamp, il est visitable en fin de semaine par les habitants de Weimar. L’argent des entrées passe directement dans lacaisse noire. SMITH, op. cit., p. 31.

270 BwA 86.0.1, p. 56.271 Dans une affaire d’ordre privé, Koch présente au père d’une de ses domestiques une facture pour dégâts des eaux

que celle-ci a provoqué. Les réparations ont en fait déjà été payées par la SS.272 Il s’agit de Gudrun, sa deuxième fille.273 Le SS-Oberscharführer Petrick pour complicité de meurtres. BwA 86.0.6, p. 52.274 Sommer est accusé des meurtres entre autres. Hoven est accusé d’assassinats. BwA 86.0.1, pp. 2-3.275 Tous deux seront condamnés à mort dans des procès distincts, mais ne seront pas exécutés. Hackmann sera

emprisonné à Dachau jusqu’à la libération, Florstedt, emprisonné à Weimar, s’enfuira et disparaîtra en avril 1945.276 BwA 86.0.6, p. 51.277 Ibidem, p. 5.278 SMITH, op. cit., p. 87.279 BwA 86.0.6, p. 39-54.280 Ibidem, p. 90. Ilse Koch entretenait simultanément une relation avec les deux hommes alors que son époux était à

Lublin. Ceux-ci essayèrent à plusieurs reprises de l’influencer afin qu’elle ne dénonce pas son mari et ne lesmettent en danger. En 1942 ou 1943, Ilse est prête à quitter Karl pour Florstedt, qui refuse, et avec Hoven arrangela réconciliation des époux. SMITH, op. cit., p. 36. Hoven sera libéré sans être jugé en mars 1945 et travaillera denouveau à Buchenwald.

281 Frank BAJOHR, Parvenüs und Profiteure - Korruption in der NS-Zeit, Francfort, Fischer, 2001, p. 49.282 Ibidem, p. 54.283 Ibidem, p. 50.284 Frank BAJOHR, «Nationalsozialismus und Korruption», in : Mittelweg 36, Zeitschrift des Hamburgers Instituts

für Sozialforschung, Hamburg, 1/1998, p. 69.285 Idem.286 HOFFMANN, op. cit., p. 92.287 Ibidem, p. 68.288 «Nebe était un homme extraordinairement silencieux, mais on vit comment mon rapport fit dresser véritablement

ses cheveux sur sa tête». HÖHNE, op. cit., p. 253.289 En 1942, 42 % des condamnations sont liées au vol. James J. WEINGARTNER, «Law and Justice in the Nazi SS :

the case of Konrad Morgen», in : Central European History, n° 16, 1983, p. 282.290 Morgen enquête personnellement 8 mois à Buchenwald, 2 mois à Dachau, puis à Sachsenhausen, Oranienburg,

Herzogenbusch, Cracovie, Plaszow, Varsovie, Auschwitz et Lublin. Déclaration de Morgen devant le Tribunal militaireinternational (IMT), le 7 août 1946. Archives TOPO ER4, p. 4.

291 Hans Loritz (KZ Sachsenhausen), muté pour brutalité et soupçon de corruption, à la construction des camps enNorvège. Alex Piorowski (KZ Dachau), exclu pour soupçon de corruption et meurtre de prisonniers. Arthur Rödl(KZ Gross Rosen), muté dans la police en Ukraine. Adam Grünewald (KZ Herzogenbusch), condamné à 3 ans etdemi de prison pour mauvais traitements ayant entraîné la mort de 10 prisonnières entassées dans la prison.Amnistié, il est envoyé sur le front. WICKERT, op. cit., p. 205. Egon Zill (KZ Flossenburg), écarté pour sadisme,envoyé en 1943 combattre à l’Est. SEGEV, op. cit, p. 169. Karl Künstler (KZ Flossenburg), muté pour alcoolismesur le front de l’Est. Adam Göth (KZ Plaszow), poursuivi pour meurtres, le procès n’aura pas lieu. Idem, p. 189.Gideon Walter (KZ Gross Rosen), muté pour alcoolisme au Danemark. Hermann Florstedt (KZ Lublin), poursuivipour mauvais traitements et alcoolisme, condamné à mort. Karl Chmielewski (KZ Herzogenbusch), condamné pour

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vol de diamants et cruauté, interné à Dachau. Idem, p. 186. Otto Förschner (KZ Dora), muté pour corruption etrefus de payer une pension à un enfant illégitime. Idem, p. 101. Arthur Liebenschel (KZ Majdanek), ex-bras droitde Richard Glücks, muté sur le front Adriatique pour sa liaison avec une femme ayant séjourné en KZ.

292 Au premier trimestre 1943, des dizaines de condamnations à mort sont prononcées. Statistiques criminelles du1er trimestre 1943, Administration centrale SS de la Justice. Cité par WEINGARTNER, op. cit., p. 279.

293 En 1942 Morgen enquête sur Oskar Dirlewangler, responsable d’une division SS formée de repris de justice et deprisonniers de KZ. Accusé de vol, pillage de Lublin, assassinat par empoisonnement de prisonnières juives et derelations intimes avec de jeunes juives, il n’est pas poursuivi. En revanche, Morgen, qui s’est montré trop curieux,est transféré sur le front. Fengelein est poursuivi pour malversation. Himmler décide de classer l’affaire pour desraisons politiques. WEINGARTNER, op. cit., pp. 285-6.

294 Selon Waldeck Pyrmont, cité par SMITH, Die Hexe..., p. 79.295 BwA 86.0.1, p. 52.296 Walter NAASNER, SS-Wirtschaft und SS Verwaltung, Dusseldorf, Drost Verlag, 1998, p. 103.297 Déclaration de Martin Sommer citée par SMITH, op. cit., p. 95.298 Les idées les moins probantes sont : celle de myopie bureaucratique d’H. Mommsen, dans la mesure où Koch connaît

clairement les conséquences de ses actes et dans la mesure où il agit de sa propre initiative ; et celle de la pression degroupe et du désir de conformité de C. Browning, dans la mesure où Koch en tant que commandant détermine enpartie le comportement du groupe et où il n’est certainement pas soumis à pression mais organise celle-ci. Plusintéressante est apparemment l’idée de comportement criminel en dehors d’un contexte nazi, tel que mis en avantnotamment par E. Kogon. Cependant même si effectivement Koch a été condamné pour vol en 1930, il s’agitcertainement ici d’une exception ; la grande majorité des SS n’a pas, avant 1933, commis d’acte criminel, et laproposition de E. Kogon n’a jamais été vérifiée. De plus cette «théorie» ne peut s’appliquer qu’au vol ou à la corruptionde Koch et non à ses assassinats. Aucun élément ne permet en effet de savoir à quoi sont dus sa violence et les assassinatsordonnés de sa propre initiative. Les théories de S. Milgram et P. Zimbando sur les tendances humaines àl’obéissance ne peuvent s’appliquer ici du fait de la liberté d’action du commandant.

299 Après la guerre, Ilse perd la garde des enfants qui sont alors adoptés par Erna Raible, la demie-sœur de Karl.300 Koch se serait fait soigner par Krämer et Peix. Pour cacher sa maladie, Koch aurait alors ordonné leur assassinat.

Cette hypothèse s’appuie sur l’idée qu’en donnant son sang pour les blessés sur le front, Koch aurait commis le piredes crimes. Aucun document n’étaye cette théorie même si la syphilis de Koch était légendaire dans la SS. FranzZIEREIS, Bericht des Lagerkommandanten von Mauthausen SS Standartführer Franz Ziereis, Wien,Arbeitsgemeinschatf «das Licht», 1947.

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1. Vier aartsvijanden van islam

Al-Dawa (De Roep), een orgaan van deMoslim-Broederschap2 te Caïro, publi-ceerde in 1979 een serie artikelen (ook in debijlage voor kinderen), waarin de lezerwerd gewaarschuwd voor de grote gevarendie de wereld van de islam bedreigen.Onder het opschrift Ken je vijand werdenin de artikelen, die in de kinderbijlage warenopgenomen, vier vijanden genoemd voor

wie moslims op hun hoede moeten zijn :kruisvaarders, joden, marxisten en secula-risten (vooral Arabische politici die op hetWesten zijn georiënteerd). Elke vijandwordt tot in details beschreven, voorzienvan illustraties (karikaturen). In de beschrij-ving van de kruisvaarders wordt benadruktdat niet àlle christenen kruisvaarders waren.In tegenstelling tot de christenen zijn dejoden allemaal slecht en kwaadaardig.Goede joden zijn er gewoonweg niet. Dejoden zijn genetisch kwaadwillig van aard.

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HANS JANSEN*

De Europese oorsprong van het antisemitisme in hetMidden-Oosten1

* Prof . Dr. Hans Jansen was van 1990-2001 titularis van de James William Parkes leerstoel voor de geschiedenis vanchristelijke literatuur over jodendom en joden van de faculteit Letteren en Wijsbegeerte aan de Vrije Universiteit teBrussel. Sinds 2002 is hij verbonden aan het Simon Wiesenthal Instituut te Brussel, waar hij colleges geeft over deislamisering en globalisering van de Europese jodenhaat en over de plaats van het jodendom in de grote filosofischesystemen. Hij heeft talrijke werken op zijn naam staan en verscheidene boeken en artikelen werden in het Engels, Duits,Zweeds en Noors vertaald.

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Er wordt geen onderscheid gemaakt tussenjoden en Israëli. De jood, waar ook terwereld, is één van de aartsvijanden van deislam. Ook de marxist of de communistwordt in de artikelen beschreven als eengezworen vijand van de islam en de lezerwordt er aan herinnerd dat de grootvadervan Karl Marx een rabbijn was. De vierdevijand van de islam - in zekere zin de meestgevaarlijke en meest verraderlijke van allevier - is de seculiere regeringsleider3.Hiertoe behoren wijlen Hafiz al-Assad inSyrië, Saddam Hussein in Irak, wijlenGamal Abd el Nasser van Egypte, en ande-re leiders in het Midden-Oosten, die heb-ben geprobeerd om seculiere regimes inislamitische landen te vestigen, het geloofvan de moslims te ondermijnen en de doorAllah gegeven heilige wetten af te schaffen.Ze behoren alle vier tot de aartsvijanden vande islam. De eerste belangrijke seculiereregeringsleider was de booswicht MustajaKemel Atatürk, die na de nederlagen van deTurken in de Eerste Wereldoorlog op depuinhopen van het Ottomaanse Rijk deTurkse Republiek oprichtte. Hij ontwierphet eerste staatsbestel in de geschiedenisvan de islam, waarin religie en staat werdengescheiden. In genoemde artikelen van deMoslim Broederschap in Egypte werdAtatürk gediskwalificeerd als een «dönme»,een verborgen jood, die de Ottomaansesultans ten val had gebracht, als straf voorhun weigering om Palestina aan de joden tegeven4.

Als wij de inhoud van deze artikelen in hetorgaan van de Moslim Broederschap inEgypte (uitgelegd aan volwassenen en kin-deren) samenvatten, concluderen wij : hetgaat om een paranoïde samenzwerings-theorie, waarmee christenen vooral in hetWesten vertrouwd waren, maar die tot voorkort nauwelijks bekend was in het Midden-Oosten. Het is opmerkelijk dat een mili-tante fundamentalistische islamitische

organisatie (de Moslim Broederschap) eenvisie op de joden overneemt die eeuwenlang aan de islam vreemd is geweest. Debijgevoegde illustraties in de artikelen (kari-katuren van de jood als samenzweerder)verraden de Europese oorsprong van dezeernstige verdachtmaking.

Het bewijs is geleverd dat de MoslimBroederschap in Egypte financieel wordtondersteund door de Saoedische koningen.In ieder geval hebben zij aan antisemitischegeschriften uit Europa (zoals de Talmudjudevan prof. Röling en De Protocollen van dewijzen van Sion) een wijde verspreidinggegeven. Koning Faisal heeft zich in talrijkeinterviews in de Arabische media over de rolvan de joden in de geschiedenis uitgelaten.Volgens hem hadden de joden, zoals hij inéén van de interviews opmerkte, in deMiddeleeuwen achter de schermen de kruis-tochten georganiseerd om aan de uitbrei-ding van christendom en islam eenonherroepelijk halt toe te roepen ; de jodenzouden nog altijd onder christenen en mos-lims rituele moorden begaan om hun bloedte vermengen met het deeg van de Pesach-broden ; het was de diepste overtuiging vande Saoedische koning dat de joden (àllejoden) samenzweren om het hele Midden-Oosten (en daarna de hele wereld !) in hunijzeren greep te krijgen. Ambassadeurs vanhet Saoedische vorstenhuis in het buiten-land hebben in de laatste decennia antise-mitische publicaties in omloop gebracht,die door neo-nazistische en neo-fascistischegroeperingen in Europa waren uitgegeven.Nog in 1984 verklaarde Maruf-al-Dawalibi,die Saoedi Arabië vertegenwoordigde opeen seminar van de Verenigde Naties teNew York over tolerantie en godsdienst-vrijheid : «Als een jood niet elk jaar hetbloed van een niet-joodse man drinkt, is hijvoor de eeuwen der eeuwen vervloekt».Totop de dag van vandaag speelt de uit Europageïmporteerde legende van de rituele moord

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een belangrijke rol in de grove verdacht-making van de joden in de staat Israël5.

2. Traditioneel beeld vanjoden in islam

Als wij Arabische geschriften over jodenen joodse religie uit de laatste halve eeuw ver-gelijken met die uit het verleden vanaf hetontstaan van de islam in de 7de eeuw, dan valtonmiddellijk op dat de visie op de jodeneen radicale verandering heeft ondergaan. Erheeft zich een revolutionaire ontwikkelingvoorgedaan, waaraan in de media in hetWesten nauwelijks enige aandacht wordtbesteed.

Welke visie op de joden werd eeuwen langgehuldigd in de klassieke wereld van deislam ? Een werkelijk alles overheersendekarakteristiek van de joden was : hun onbe-langrijkheid, hun onbeduidendheid en onbe-tekenendheid ! Dat wil zeggen dat de jodenniet meer relevant zijn in de geschiedenisvan de mensheid en dat hun rol helemaal isuitgespeeld. In tegenstelling tot polemicivan christelijke huize, die bibliotheken volschreven om het jodendom te weerleggen enhaar aanhangers te diskwalificeren, was er inde afgelopen eeuwen nauwelijks een pole-micus van islamitische huize die zijn tijdverspilde om christelijke polemici hierin tevolgen. Met uitzondering van de Spaansepolemicus Ibn Hasm (994-1064) komen wijin de religieuze literatuur (theologie enhomelitiek) van de islam niets tegen dat tevergelijken zou zijn met de virulent anti-joodse geschriften van een JohannesChrysostomus, Peter Venerabilis, RaymondMartini, Raymon Lull en de van jodenhaatvervulde geschriften van een Bernardino daFeltre, een Vincent Ferrer, een Martin Lutheren Johannes Capistrano6. Hetzelfde moetenwe zeggen over de geschriften van de filo-sofen. Terwijl in Europa van de 18de tot de20ste eeuw de belangrijkste van de verlichte

( !) Duitse en Franse filosofen (Kant, Fichte,Schleiermacher, Hegel, Schelling, Schopenhauer,Feuerbach, Marx, Nietsche, Montesquieu,Diderot, Voltaire en Holbach) eeuwenoudestereotypen van de joden en de joodse reli-gie in hun geschriften overnamen7, lezenwij in de grote werken van islamitische filo-sofen hierover helemaal niets. Hetzelfdegeldt voor de klassieke islamitische literatuur,waarin een figuur als Shylock of Fagin hele-maal niet voorkomt.

Welk beeld van de joden komt naar voren inde Koran, de Sunna, de commentaren, delatere literatuur, de geschiedschrijving en inde archieven van het volk ? In de Koran enin de eilige geschiedenis van de profeetMohammed wordt verteld over de strijdvan de profeet tegen de joodse stammen inMedina. In het verhaal valt niet de nadruk ophet verzet dat de joden boden, maar op hetfeit dat ze overwonnen en vernederd wer-den. Standaardtekst in de Koran is hoofdstuk2, vers 61, waar over de kinderen Israëlswordt gezegd : «En op hen (de joden) werdgeslagen de vernedering en ellende, en zij rie-pen de toorn van God over zich af. Datomdat zij ongelovig werden aan de teke-nen van God, en de profeten gedood haddenzonder rechtvaardiging. Dat doordat zijongehoorzaam waren geworden en vijan-dig». De begrippen «onderdanigheid» en«vernedering» keren in de Koran telkensterug, als het om de joden gaat. De joden,aldus de Koran, worden terecht door Godgestraft voor hun vroeger weerspannig,opstandig en rebels gedrag. De joden zijn aaneen volkomen machteloosheid prijsgege-ven, want ze zijn ingeklemd tussen tweemachtige rijken : die van het christendom ende islam. In de Arabische lyriek en in deverhalen van het volk over joden wordtdeze machteloosheid, onderdanigheid envernedering hèt prototype van de jood. Intalrijke gelijkenissen en parabels die in deafgelopen eeuwen tot op de dag van vandaag

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door moslims over de jood worden ver-teld, gaat het altijd weer over de machtelo-ze en vernederde jood, voor wie niemandbang hoeft te zijn. Exegeten van de Koran,theologen, polemici en filosofen zagen sindshet ontstaan van de islam deze vernederingvan de joden als een straf van God voorhun rebellie : de joden zijn voor eeuwiggedoemd om in volstrekte machteloosheidte leven. Het thema van de vernederingkreeg een bijzondere betekenis, als van tijdtot tijd bepaalde joden in de geschiedenisvan de islam zeer vooraanstaande posities aanhet hof van de kalief bekleedden en daardoorrijk en machtig waren geworden. Dan wer-den zij het voorwerp van verdachtmakingenen ernstige aantijgingen.

Volgens de islam is de wereld verdeeld in«het huis van de islam» (dar al-Islam) en«het huis van de oorlog» (dar al-Harb).Daarnaast wordt een derde gebied genoemd(dar al-Sulh), een gebied van «bestand»,waar geen moslimse soevereiniteit heerst,maar waarmee men een verdrag kan sluiten.Welnu, wat was de eeuwen door in «hethuis van de islam» de positie van de joden ?In principe hebben de joden geen enkelrecht. Zij leven en zijn eigenaar van goede-ren enkel en alleen bij de gratie van de mos-lims die in het gebied aan de macht zijn.De joden verkrijgen alleen maar rechten,als zij zich vreedzaam onderwerpen aan demoslim autoriteit in het land. Dan genie-ten zij de bescherming («dhimma») van demoslims. Joden zelf worden «dhimmi’s»genoemd. Verdragen regelen de openbare enprivé rechten van de joden. Het eerste rechtdat de joden ontvangen, is het recht opleven. Voorwaarde is wel dat zij aan de mos-lim autoriteit het hoofdgeld (jizya) betalenen zich aan haar gezag onderwerpen. Hetbetalen van het hoofdgeld is verplicht opstraffe van arrestatie, gevangenisstraf, beke-ring, roof van kinderen of de dood. Hetrecht op leven is geen natuurlijk recht, maar

een recht dat de jood moet kopen door jaar-lijks aan de moslimgemeenschap (umma)belasting te betalen. De moslim autoriteitbiedt van haar kant de joden beschermingtegen aanvallen van buiten. Behalve hethoofdgeld dienen zij ook grondbelasting tebetalen. In «het huis van de islam» is hetde joden geoorloofd de godsdienst vrij uit teoefenen. In het algemeen (er waren wel uit-zonderingen op de regel) werden zij nietgedwongen om tot de islam over te gaan.8

Als moslims nieuwe landen veroveren, zet-ten zij onmiddellijk een proces in gang waar-in deze gebieden zo snel mogelijk aan deoorspronkelijke bevolking worden ontei-gend en in het bezit komen van de verove-raars. Volgens moderne juristen en theologenonder de moslims is dit juridische statuut (inhet Frans de «dhimmitude») nog altijd vankracht als het gaat om de plaats van de jodenin de samenlevingen van moslims in hetMidden-Oosten. Ook het PalestijnseCharter van Hamas erkent alleen (zie deartikelen 6 en 31) deze juridische status vande joden en daarom dient de staat Israëlonvoorwaardelijk te verdwijnen.

In de verdragen van de moslimse autoritei-ten met de joden zijn veel discriminerendeclausules opgenomen met betrekking tothet politieke, economische, religieuze ensociale leven van de joden in moslimlan-den. De geboden bescherming wordtonmiddellijk opgeheven als joden tegen deislamitische wet rebelleren, gemene zakendoen met niet-moslimstaten, weigeren hethoofdgeld te betalen, moslims bekeren, mos-lims benadelen, schade toebrengen aan bezitvan moslims of blasfemische uitlatingendoen (over de profeet Mohammed, deKoran, het geloof van moslims of de isla-mitische wet). Dan zijn op het zelfdemoment leven en bezit van joden niet meerveilig. Ook godsdienstige beperkingen warentalrijk : het is joden verboden synagogen tebouwen, te restaureren en uit te breiden.

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Het is bovendien niet zelden voorgekomen,dat synagogen werden omgebouwd tot eenmoskee. Als joden in hun synagogen gods-dienstige oefeningen willen houden, moetenzij zich houden aan minutieuze voorschrif-ten (van gezang, gebed en prediking mochtbuiten op straat helemaal niets te horenzijn). Verder bepaalde het verdrag met dejoden op juridisch terrein de onopgeefbarestatus van inferieuriteit en vernedering waar-in de joden moeten leven onder het in alleopzichten superieure gezag van de mos-lims. Het bloed van een jood is maar dehelft waard van dat van een moslim. Erbestaan geen gelijke straffen voor hetzelfdevergrijp. Het vonnis is veel lichter als hetslachtoffer een jood is. De moslimmoorde-naar van een jood wordt zelden vervolgd,want hij kan zich altijd verdedigen doorzijn slachtoffer ervan te beschuldigen dathij hem heeft aangevallen of de islam bela-chelijk en bespottelijk heeft gemaakt. Dejood kan zich daartegen moeilijk verdedigenomdat rechters getuigenissen van joden nietmogen accepteren. Het is verder joden ver-boden om wapens te dragen, gezag overmoslims uit te oefenen, grond te bezittenof te kopen, te trouwen met een moslim,moslim slaven in dienst te hebben en in hetArabisch te schrijven. Op sociaal gebiedmoeten joden te herkennen zijn aan discri-minerende kleding, waarvan vorm, kleuren stof van top tot teen is voorgeschreven9.Ook de joodse wijk moet worden gemar-keerd : de huizen mogen niet hoger zijndan die van moslims, en een bepaalde kleur(geel) hebben. Ze mogen geen paard rijden,alleen buiten de stad op een ezel of muildier.Als joden zich op straat begeven, moeten zijzich zo snel mogelijk voortbewegen metneergeslagen ogen en moslims links (onzui-vere kant) passeren. Als ze in het voorbijgaanworden uitgescholden, moeten ze dit voorlief nemen. Zij mogen in het publiek geenwijn drinken, en zij moeten hun doden zon-

der vertoon van tranen en rouwbeklagbegraven.

We kunnen zeggen dat de joden in het alge-meen werden getolereerd, maar het waren infeite tweederangs burgers in die zin dat hunrechten beperkt en bepaald werden doorde meerderheid van moslims. Bernard Lewis,de nestor onder de beste deskundigen van deislam, schrijft over de positie van de joden inde samenleving waar moslims de meerder-heid vormen het volgende : «Als tolerantieafwezigheid van vervolging betekent danwas de klassieke islamitische maatschappijtolerant ten opzichte van haar joodse enchristelijke onderdanen, toleranter misschienin Spanje dan in het oosten en onvergelij-kelijk toleranter dan het middeleeuwse chris-tendom. Maar als tolerantie afwezigheidvan discriminatie betekent dan was de islamnimmer tolerant, noch maakt hij er aan-spraak op het te zijn. In tegendeel. De islamhield vast aan de bevoorrechte superiori-teit van de ware gelovige zowel in dezewereld als de toekomstige»10.

3. Verschillen tussenislamitisch en christelijk

beeld van jodenZowel in de christelijke als in de islamitischeliteratuur werd de jood in de afgelopeneeuwen gekarakteriseerd als vijandig enkwaadaardig. Het fundamentele onder-scheid tussen beiden lag hierin dat in deislamitische literatuur deze vijandigheid vande joden (in tegenstelling tot de christelijkeliteratuur zoals we verder zullen zien) geeneffect sorteerde, omdat de kwaadaardigheidvan de jood altijd uitliep op diens neder-laag, diens ondergang. Hiervan zijn velevoorbeelden te geven. In de Koran rebelle-ren de joden tegen Mozes, maar ze wor-den verslagen, ze moeten het onderspitdelven. De joden probeerden Jezus te krui-sigen, maar volgens de Koran werden hun

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pogingen door God zelf verijdeld : ze dach-ten dat ze hem werkelijk hadden gekrui-sigd maar in werkelijkheid was het eenschijnlichaam. De joden voerden tientallenoorlogen tegen de Romeinen, maar ze gin-gen telkens weer opnieuw ten onder, totdatze in het jaar 70 na Christus definitief doorde Romeinen werden overwonnen, nadat zehun tempel en de stad Jeruzalem in vlammenhadden zien ondergaan. Overlevenden wer-den op de slavenmarkt verkocht. Het jood-se volk was door God overwonnen envoortaan gedoemd tot machteloosheid. Dejoden zouden voortaan als straf van Godvoor hun opstandigheid en rebellie in ellen-dige omstandigheden verspreid onder allevolkeren van de aarde moeten blijven leven.Tenslotte rebelleerden de joden in de 7de

eeuw tevergeefs tegen Mohammed, maarze werden overwonnen en gestraft met ver-banning, slavernij en dood. In de Sunna, decommentaren en latere religieuze geschrif-ten komt hetzelfde beeld van de jood naarvoren : ja zeker, de jood is een vijand van deislam, maar hij ligt daar machteloos doorGod terneergeslagen en overwonnen.

Christenen echter typeerden de joden, zoalsblijkt uit de christelijke literatuur (een helebibliotheek), als een duistere en dodelijke vij-and, die niet alleen in staat is om misdadente plegen maar die ze ook werkelijk en onop-houdelijk begaat. Moslims waren de eeu-wen door van mening dat de jood vijandigen wraakzuchtig is, maar dat hij tegelijker-tijd zwak en machteloos is, een voorwerpook van spot, maar niet van angst. Degeschiedenis van de joden in de moslimlan-den is één bevestiging van dit beeld : moslimszagen de eeuwen door, in tegenstelling totchristenen in Europa, de joden niet alsGodsmoordenaar, als goddeloze woekeraaren geldduivel, als vergiftiger van bronnen, alskindermoordenaar, als hostieschender, alsvrouwenschender, als zoon van de duivel, alsde incarnatie van al het kwaad in de wereld,

als bloeddorstige misdadiger, als goddelozesamenzweerder die de hele wereld aan zichwil onderwerpen ; moslims kenden ookniet de racistische jodenhaat en in tegen-stelling tot de christenen in Europa waren zeniet vervuld van een hysterische angst voorde joden. Met andere woorden : moslimskenden de eeuwen door niet de Europesejodenhaat !

4. Revolutionaireverandering in beeld

van joden

Welnu, sinds het opkomen van de zionis-tische beweging en vooral sinds het ont-staan van de staat Israël ondergaat dittraditionele beeld van de jood in de wereldvan de islam een revolutionaire verandering.Het eerste wat opvalt is dat de joden eenprobleem beginnen te worden : er ontstaatin het Midden-Oosten, zoals in de 19de

eeuw in Europa, een joods vraagstuk. Dejood rijst op als een duistere gestalte, als hetene grote gevaar dat de hele islamitischewereld in het Midden-Oosten bedreigt.De traditionele vijandschap, verachting enhet diep gewortelde wantrouwen blijven,maar de typische Europese angst voor dejoden, die de niet-joodse wereld voortdu-rend bedreigen, wordt nu ook de angstvan de moslims in het hele Midden-Oosten.De jood is niet meer de onbeduidende envooral machteloze intrigant overeenkom-stig het traditionele stereotype ; de joodwordt ook in de wereld van de moslim deincarnatie van het kosmische kwaad, deincarnatie van de duivel ; de jood wordtgezien als de trawant van de Satan, dieonophoudelijk betrokken is bij samen-zweringen tegen de hele mensheid. Vanafhet begin van de oprichting van een JoodsNationaal Tehuis (1917) werd het zionismein Arabische geschriften steeds vaker gezienals een bolwerk van het Westerse imperia-

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lisme. Maar na de oprichting van de staatIsraël in 1948 en vooral na de ZesdaagseOorlog worden de imperiale mogendhe-den (Amerika, het Britse Imperium enEuropa) zelf als machteloze marionettenafgeschilderd van de zionisten, die nietsanders zouden beogen dan de geplandewereldheerschappij (via de verovering vanhet hele Midden-Oosten).

Deze revolutionaire verandering in hettraditionele beeld van de jood als eenmachteloze vijand (voor wie werkelijkniemand bang hoeft te zijn !) bepaalt sinds-dien niet alleen de politieke discussie inlanden rondom de kleine staat Israël, maarook (tot op de dag van vandaag !) deinhoud van literatuur en kunst, godsdiensten wetenschap. Dit nieuwe beeld van dejood in de islam komen we niet alleentegen in polemische literatuur en in mar-ginale publicaties, maar wordt ook uit-voerig beschreven (voorzien vankarikaturen) in artikelen in dag-, week-, enmaandbladen ; de staatstelevisie en -radiomaken er programma’s over11. Het nieu-we beeld van de jood die een bedreigingvormt voor het hele Midden-Oosten,komt ook uitgebreid aan de orde inschoolboeken en handboeken die aan uni-versiteiten worden gebruikt. BernardLewis, de nestor van de wetenschap vanhet Midden-Oosten (hij schreef tallozeboeken over de cultuur en de geschiedenisvan de Arabische wereld en de islam) isvan oordeel dat zelfs de Europese litera-tuur over het antisemitisme zich niet kanmeten met de hedendaagse islamitischeliteratuur over de virulente jodenhaat.Om parallellen van moderne islamitischejodenhaat te vinden, verwijst BernardLewis naar geschriften van de inquisitie inSpanje, geschriften van tegenstanders vande Dreyfus-affaire in Frankrijk, publica-ties van de Zwarte Honderd in Rusland ennaar Der Stürmer van Julius Streicher in

Duitsland. In enkele Arabische landenzijn centra gevestigd waar antisemitischeliteratuur over de hele wereld wordt ver-spreid : ik noem hier Afrikaanse landen,landen in Zuid-Oost-Azië en andere lan-den in de Derde Wereld. Terecht wordt ergesproken over een globalisering van dejodenhaat.

In moderne islamitische geschriften overde jood, die het hele Midden-Oosten zoubedreigen, is ook het in het verledengemaakte onderscheid tussen Israëli enjoden helemaal verdwenen. In officiële en inniet-officiële publicaties in Egypte, Saoedi-Arabië, Koeweit, Jordanië en Syrië kun-nen we elke dag lezen, dat een dergelijkonderscheid zelfs nooit zou hebben bestaan.In de wetenschappelijke bijlage van hetEgyptische dagblad Al-Hram (27 septem-ber 1982) schrijft Lutfi al-Azim in een arti-kel : «De jood is de eeuwen door altijd eenjood gebleven, dat wil zeggen dat hij iemandis die àlle ethische waarden en normenminacht, die mensen levend verslindt envoor een paar munten zijn bloed drinkt.De jood Shylock, in De koopman vanVenetië, is dezelfde jood die nu in hetMidden-Oosten het bloed van Palestijnendrinkt. De jood is zonder uitzonderingaltijd bloeddorstig gebleven». Mede alsgevolg van het wegvallen van het onder-scheid tussen Israëliër en jood heeft zichin de laatste decennia de jodenhaat ver-spreid over de hele wereld. Nooit eerderin de geschiedenis van de mensheid was dejodenhaat op wereldschaal zo verspreid alsin onze tijd. The American JewishCommittee plaatste in The InternationalHerald Tribune van 13 juni 2002 een «ShortMemory», waaruit bleek dat alleen al in demaand april 2002 er wereldwijd 200 anti-semitische incidenten plaatsvonden (waar-onder tientallen aanslagen op synagogenen joodse scholen).

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5. Islamisering van Europese jodenhaat

De belangrijkste verandering in het tradi-tionele islamitische beeld van de jood alsmachteloze en vernederde vijand, is zon-der twijfel de islamisering van het Europeseantisemitisme. Het was natuurlijk al langvóór de oprichting van de staat Israël in hetMidden-Oosten bekend, maar het bleefbeperkt tot minderheden van christenen inPalestina, Syrië, Egypte en Jordanië, die ookin die landen door de geestelijke leiders vande kerken werden onderwezen in De cate-chese der verguizing (Jules Isaac). Vooralzendelingen en missionarissen uit Frankrijk,Engeland en later Rusland (die met de kolo-nisten meereisden) speelden sinds de 19de

eeuw hierin een niet onbelangrijke rol. «Deeerste expliciet antisemitische uitingen inhet Midden-Oosten komt u tegen bij chris-telijke minderheden en ze zijn meestal directte herleiden tot Europese voorbeelden»(Bernard Lewis). Toch hadden antisemitischeuitingen maar een zeer beperkte invloed.Dat bleek vooral uit de reacties in hetMidden-Oosten op de Dreyfus-affaire inFrankrijk, toen een joodse officier tenonrechte werd beschuldigd en veroordeelddoor een vijandige rechtbank : de moslimskozen in het algemeen de kant van de ver-volgde jood tegen zijn christelijke vervolgers.«Maar het gif bleef zich verspreiden en vanaf1933 deden nazi-Duitsland en zijn ver-schillende vertegenwoordigers een geza-menlijke en in het algemeen opmerkelijkesuccesvolle poging om het Europese anti-semitisme in de Arabische wereld te pro-moten en verspreiden» (Bernard Lewis).Pas na de oprichting van de staat Israël in1948 werd het Europese antisemitisme doorde islam in het Midden-Oosten overgeno-men. Dat gebeurde in twee fasen. In de eer-ste fase werden antisemitische traktatengewoon gekopieerd en vertaald (zoals deDer Talmudjude van prof. August Rohling12

en De Protocollen van de wijzen van Sion)zonder dat er veranderingen werden aan-gebracht. In de tweede fase werden de the-mata geassimileerd en vooral geactualiseerd,zoals vooral blijkt uit de overname van deWesterse mythe van de joodse samenzwe-ring (De Protocollen van de Wijzen vanSion, het meest antisemitische geschrift allertijden).

De mythe van een joodse samenzwering omvan alle christenen slaven te maken of hen teverdelgen ontstond in de Middeleeuwen.Joden zouden bronnen vergiftigen om chris-tenen uit te roeien. Allerlei verhalen waarinhet spookbeeld van zo’n samenzweringwerd opgeroepen deden de ronde. Vanafde Renaissance werd vooral in Spanje dezemythe voor politieke doeleinden gebruikt,en na de Franse Revolutie ook in Frankrijken Duitsland. In 1639 schreef Francisco deQuevedo zijn La Isla de los Monopantos,waarin de joden als levensgevaarlijke samen-zweerders werden afgeschilderd. Toen in1807 Napoleon het «Groot Sanhedrin» -een vergadering van rabbijnen en joodsegeleerden - bijeenriep, werden de jodendoor tegenstanders van de revolutie ervanbeschuldigd de traditionele christelijke ordeomver te willen werpen. In de tweede helftvan de negentiende eeuw schreven reactio-naire Franse katholieken, zoals Barruel enBaily, dat joden en vrijmetselaars samen-zwoeren om christenen te verdelgen. Barruelschreef zijn Mémoire pour servir à l’histoi-re du jacobinisme om de katholieken in zijnland te waarschuwen voor deze samen-zwering. In Duitsland werd vanaf 1868 deRede der Grossrabbiner auf demJudenfriedhof zu Prag van de romanschrij-ver Hermann Goedsche op grote schaalverspreid. In deze rede doet de opperrabbijnop de joodse begraafplaats te Praag zoge-naamd een oproep aan alle joden in dewereld om door middel van oorlog en revo-lutie naar de wereldheerschappij te streven.

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In het laatste decennium van de negentien-de eeuw schreef een onbekende schrijver,die in Parijs voor de Russische geheimepolitie (Ochrana) werkte, de zogenaamdeProtocollen van de Wijzen van Zion om depolitiek van de tsaar Nicolaas II met betrek-king tot de joden te beïnvloeden13. De schrij-ver ontleende zijn materiaal aan het boek vande Franse journalist Maurice Joly, Dialogueaux enfers entre Machiavel et Montesquieu,ou la politique au XIXe siècle uit 1864, waar-in overigens geen enkele zinspeling op hetjodendom en de joden is te vinden. Jolyschreef zijn politieke pamflet tegenNapoleon III die hij zag als iemand die dehele wereld aan zich wilde onderwerpen.Deze verzonnen «Dialoog» tussenMachiavelli en Montesquieu vervalste deschrijver van de Protocollen als notulen vaneen bijeenkomst die rabbijnen zouden heb-ben belegd om de weg naar een naar jood-se wereldheerschappij uit te stippelen. Inde Protocollen lezen we onder meer : «Wijmoeten hen - die overheden- dus onschade-lijk maken, wanneer wij in staat zijn hen tevervangen door anderen die onze bedoe-lingen beter bevorderen. Wij beheersen hetgeld, maar wij moeten het nog meer, wijmoeten het uitsluitend en geheel beheer-sen. Laten wij daarom mild zijn in onzeuitgaven voor een passende pers, een theaterdat met onze geest overeenstemt, een lite-ratuur en wetenschap die onze gedachtenverspreidt, opdat wij de hele bedrijfsleidingen de wetgeving onder onze invloed bren-gen. Laten wij het genotzuchtige volk aan-sporen tot die ondeugden die in de menshet meest de ideale krachten afbreken ende belangstelling voor het geestelijke onder-mijnen. Wij moeten het hele maatschappe-lijke leven vermaterialiseren. Geldhonger,materialistische twijfel en wilde genotzuchtmoeten de beheersende drijfveren wordenvan de samenleving, opdat de ene klassezich vreselijk ergert aan de andere, en zijvervuld worden van een diepe haat tegen

elkaar. Dan zal er wereldwijd een chaosontstaan, waarin de christelijke wijsheidgeen uitweg meer vindt».

Toen tsaar Nicolaas II het geschrift uit Parijsin 1905 onder ogen kreeg, raakte hij hierdiep van onder de indruk. Hij twijfelde nietaan de echtheid ervan en schreef in demarge : «Men neemt hier de sturende endestructieve hand van het jodendom waar».Toen nader onderzoek echter ondubbel-zinnig uitwees dat het om een vervalsingging, verbood hij verdere verspreiding metals argumentatie «Men kan een zuivere zaakniet met onzuivere methoden verdedigen».Toch werden in hetzelfde revolutiejaar 1905de Protocollen als aanhangsel opgenomenin de tweede editie van het boek van deRussische geestelijke Sergij Nilus, De opruk-kende Antichrist en het rijk van de duivel opaarde. Nilus schreef zijn werk om de strijdtegen de Russische joden aan te binden.Tijdens de Russische Revolutie in 1917 wer-den de Protocollen op grote schaal verspreidom het volk tegen de «joodse revolutie» opte stoken. De pogroms die tussen 1918 en1920 vooral in het zuiden van Ruslandplaatsvonden werden gerechtvaardigd meteen beroep op de Protocollen.

Ondanks het feit dat de Engelse journalistPhilip Graves in 1921 heel precies had aan-gegeven dat de onbekende Russische schrij-ver al zijn materiaal aan het genoemde boekvan Maurice Joly had ontleend, en afdoen-de had bewezen dat de Protocollen een ver-valsing waren, werden deze in veel talenvertaald14. Geen enkel antisemitisch werkkreeg zo’n grote verspreiding als deProtocollen. In de Verenigde Staten liet deinvloedrijke en populaire autofabrikantHenry Ford het werk in 1927 vertalen enuitgeven. Hitler en de zijnen beriepen zichmede op de Protocollen om de vervolgingvan de joden te rechtvaardigen. Tot in delaatste dagen van het Derde Rijk publiceer-de Julius Streicher fragmenten uit de

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Protocollen in Der Stürmer. Na de TweedeWereldoorlog werden deze in het Arabischvertaald en in de Arabische landen in enor-me oplagen verspreid. De Protocollen van dewijzen van Sion zouden het bewijs leverendat de joden de staat Israël hebben opgerichtom via deze staat eerst het hele Midden-Oosten te veroveren en later de hele wereld.In de maand december van 2002 werd eenEgyptische tv-serie, getiteld Ridder zonderpaard (41 delen), dat gebaseerd is op DeProtocollen van de wijzen van Sion, doormaar liefst twintig kanalen uit de heleArabische wereld uitgezonden15. DeProtocollen van de wijzen van Sion, waarvantelkens nieuwe vertalingen in het Arabischverschijnen – intussen zijn er al meer dan 60edities verschenen – vormen gevaarlijkemunitie in de strijd van de Arabieren(Palestijnen) tegen de staat Israël, omdat zijin de afgelopen halve eeuw in alle landenvan het Midden-Oosten werden verkocht enin niet weinig kranten in Syrië, Egypte,Saoedi-Arabië, Jordanië en Irak als feuille-ton afgedrukt.

6. Verklaring vanrevolutionaire verandering

in beeld van joden

De belangrijkste vraag die we ons moetenstellen is deze : hoe is deze werkelijk revo-lutionaire verandering in het traditioneleislamitische beeld van de jood te verklaren ?Dat heeft alles te maken met de politiekeontwikkelingen, die zich in de tweede helftvan de 20ste eeuw in het Midden-Oostenhebben voltrokken : de oprichting van destaat Israël in 1948, de overwinningen dieIsraël heeft behaald in de onafhankelijk-heidsoorlog (1947-1949), tijdens de Sinaï-expeditie (29 oktober tot 5 november 1956),in de zesdaagse oorlog (5 tot 11 juni 1967),in de uitputtingsoorlog van 1968 (tot dehervatting van het staakt-het-vuren op 7-8

augustus 1970), in de Jom-Kippoer-oorlogvan 6 -22 oktober 1973, de ontruiming vande PLO-basis in Zuid-Libanon, het mili-taire overwicht van Israël tijdens de eersteIntifada in 1987 en in de tweede die in sep-tember 2000 begon. Deze politieke ont-wikkelingen, waarin de jood zegevierde,waren moeilijk (ja onmogelijk) te rijmenmet het traditionele beeld van de machtelo-ze joden, die in de literatuur van de islam deeeuwen door weliswaar als vijanden, als laf-aards (die geen wapens mochten dragenmaar het volgens de moslims ook niet kón-den !), als opscheppers en zelfs als hoerenwaren afgeschilderd, maar die op geen enke-le wijze een bedreiging hadden gevormdvoor de islam. De verschijning van de zio-nistische jood in het Midden-Oosten, dieals lid van het joodse volk een staat wildeoprichten en die geïnspireerd door een natio-nalistische ideologie die staat in 1948 ookuitriep, die vervolgens in de onafhankelijk-heidsoorlog van 1947-1948 een militaireoverwinning behaalde op zijn eeuwenoudebeschermheren en tolerante meesters (inieder geval tolerant in vergelijking met de sta-tus van de joden in het christelijk Europa !),deze gebeurtenissen konden bij de moslimsin het Midden-Oosten alleen maar diepegevoelens van wrok oproepen. De Israëlischehistoricus Robert Wistrich schrijft : «Demoslims in het Midden-Oosten hebben hetals een niet te verdragen krenking van huntrots ervaren, dat een volk van ‘dhimmi’s’ dateeuwen lang aan de islamitische autoriteitwas onderworpen, erin slaagde in het hartvan de Arabische wereld een soevereinestaat op te richten. Daarom voerden deArabische landen in 1948 de eerste heiligeoorlog om de oprichting van de staat Israëlte verhinderen. De krenking van hun gevoe-lens van trots werd nog versterkt omdat zijniet alleen deze oorlog verloren, en vervol-gens nog vier keer tevergeefs tegen de Israëli’sten strijde trokken, maar ook omdat alsgevolg van deze oorlogen de staat Israël nog

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meer gebieden van Palestina kon annexe-ren»16. De realisering van het zionistischproject (voor de Tweede Wereldoorlog doorde meerderheid van de joden in Europa alsutopisch beschouwd) stelde de joden in hethele Midden-Oosten in staat om de «dhimi-status» (juridisch beschermd maar wel bur-gers tweede klas) ver achter zich te laten enhun onafhankelijkheid te bekrachtigen. Maartegelijkertijd wekte de realisering van hetzionistisch project bij de beschermherenvan de joden diepe gevoelens van vernede-ring. De Arabische moslims, een trotse endominante groep mensen, werden diepgeschokt enkel en alleen door het feit dat diebeschermde minderheid (van joden) in hetMidden-Oosten niet langer haar status (alseen door moslims overheerste groep men-sen) wilde accepteren onder de neerbui-gende, semi-verachtende, semi-toleranteblik van haar overheersers. De moslims ver-wijten de joden dat zij niet meer willenweten wat hun plaats is in de samenlevingvan de islam. De onverwachte metamorfo-se van de verachtelijke, machteloze, verne-derde en onderworpen jood, in een zionistdie militaire overwinningen behaalt en daar-om als een bedreiging voor de samenlevingvan moslims wordt ervaren, heeft een theo-logische, sociologische, economische enpolitieke breuk in de eeuwenoude traditievan de islam veroorzaakt, die niet kan wor-den getolereerd. Deze verwerpelijke mythevan de zionistische jood wordt dagelijksgevoed door gevoelens van diepe veront-waardiging en woede over de roof, de plun-dering, het bezetten van het ArabischeHeilige Land (Palestina) door Israël. Dezemetamorfose van de jood in een zionistwordt in de Arabische wereld van het heleMidden-Oosten tot op de dag van vandaagervaren als een onophoudelijke provocatieen een schandaal. Deze metamorfose ver-stoort wezenlijk de sociale, politieke en reli-gieuze orde in het Midden-Oosten, omdatzij in de structuur van de samenleving de

superioriteit van de islam in twijfel trekt.Door het plotseling binnendringen van dezionistische jood wordt de hiërarchie vanbetrekkingen tussen moslims en joden inhet Midden-Oosten omvergeworpen. Op 25april 1972, de verjaardag van de profeetMohammed, reageerde wijlen presidentSadat van Egypte met stomme verbazingop deze wanorde die de Israëli in het heleMidden-Oosten hadden aangericht : «Wijzullen niet alleen ons land bevrijden, maarwij zullen ook die Israëlische verwaand-heid uitroeien, zodat de joden weer terug-keren naar de status die zij vroeger in hetMidden-Oosten onder ons hadden. Wantons boek, de Koran, geeft die status duide-lijk aan : ‘Hun bestemming is dat zij leven invernedering en ellende’». Moslims in hetMidden-Oosten ervaren de houding vande joden, die vroeger door de islam wer-den getolereerd, als een geweldige arrogan-tie, die hen choqueert en hun geloof aantast.Omdat de onderworpen status van de jodenis verdwenen, worden de zionisten er vanbeschuldigd dat zij de door God zelf gewil-de orde hebben geschonden. Er is daarommaar één oplossing die acceptabel is : dejoden moeten hun oude traditionele status(een status van bescherming én vernede-ring !) weer innemen. De toestand van wan-orde die de zionisten hebben geschapen,wordt door moslims gezien als «een ver-ontreiniging», «een bezoedeling», «eenbesmetting» van de hele islamitische samen-leving in het Midden-Oosten. De nieuweontstane situatie is gevaarlijk omdat nietsmeer op zijn plaats is en de «verontreiniging»besmettelijk is : steeds meer land zal door dezionisten worden geannexeerd. De staatIsraël is een kankergezwel dat moet wordenweggesneden als de moslims in het Midden-Oosten willen overleven. «Wat wijArabische moslims willen is gewoonwegin Palestina present zijn zoals vroeger. Welnu,wij kunnen er alleen maar zijn, als de Israëlier niet zijn. Als de joden tevreden willen

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zijn met hun vroegere onderworpen status,dan zullen wij hen niet de zee in drijven».Dergelijke reacties van Arabische moslimsherinneren ons aan tradities in India, waar deopstand van vertegenwoordigers van eeninferieure kaste wordt ervaren als zo’ninbreuk op de structuur van de maatschap-pij dat de hele kosmos gaat wankelen. Sterkegevoelens van verbijstering en bitterheid,van verontwaardiging en wrok, van ont-zetting en woede roept het nuchtere bestaanvan de staat Israël bij Arabische moslimsop. Want degenen die op de Arabische mos-lims de ene militaire overwinning na deandere hebben behaald, waren geen aan-hangers van een universele religie (het chris-tendom), noch militairen van een geduchtekoloniale mogendheid (zoals het Spanje vande katholieke koningen, het immense Britseimperium of het machtige brutale Rusland),maar het waren joden (...), leden van eenklein en zwak volk, dat sinds het jaar 125 vande christelijke jaartelling volkomen mach-teloos is en verstrooid onder alle volkerenvan de wereld in onderworpenheid en ellen-de leeft. Dàt ervaren trotse ( !) Arabischemoslims als een verschrikkelijke vernedering.In een artikel van Sabri Abul-Majd (decem-ber 1972) lees ik : «De trotse geest van deArabische moslims heeft achtereenvolgensde Ottomaanse en Britse bezetting kunnenverdragen, omdat Turkije en Groot-Brittannië grote machtige staten zijn metgeweldige legers. Maar de trotse Arabischegeest kan niet de bezetting verdragen vanPalestina door joden, dat wil zeggen doorgangsters, die uit de vier hoeken van dewereld kwamen aanstormen en die geenandere wet kennen dan die van de jungle».

Tot op de dag van vandaag ( !) reagerenArabische (islamitische) staatshoofden, poli-tici, imans, professoren van universiteitenen journalisten van de media (dag-, week-,en maandbaden, radio en televisie) in Egypte,Jordanië, Syrië, Saoedi-Arabië, in de

Gazastrook en op de Westbank hierop metdiepe verontwaardiging en woede-uitbars-tingen17. Wanhopig wordt telkens weer devraag gesteld : hoe is het in godsnaam moge-lijk dat joden, een kleine groep van mensen,die de moslims de eeuwen door hebbengezien als zwak en machteloos, verachte-lijk en laf, ja een groep van mensen die Allahzelf voor eeuwig heeft vervloekt, gestraften vernederd, de islamitische landen in hetMidden-Oosten zoveel nederlagen hebbentoegebracht ? Nu zijn de rollen omgekeerd :nadat moslims in het Midden-Oosten meerdan 12 eeuwen over machteloze en verne-derde joden hebben geheerst, heersen nudie machteloze en verachtelijke joden (zekerin de bezette gebieden maar eigenlijk in hethele Midden-Oosten !) over de moslims.Moslims zijn diep geschokt in hun religieuzeovertuiging. Ze raken gefrustreerd en getrau-matiseerd. De overwinningen van de Israëlien de nederlagen van de moslims roepentalrijke sociologische, psychologische, his-torische, filosofische en theologische vra-gen op. «Als de joden werkelijk zijn, wat wealtijd hebben geleerd, namelijk onze aarts-vijanden (maar door Allah vanwege hunonophoudelijke rebellie machteloos ter-neergeslagen), hoe is het dan te verklarendat zij nu al meer dan een halve eeuw op deArabieren in het Midden-Oosten de eneoverwinning na de andere hebben behaald ?»

Hoe is dit te verklaren ? De stroom vanantisemitische literatuur uit Europa geeftop deze klemmende vraag een antwoord.Geestelijke leiders van de islam hebben dejoden de eeuwen door nauwelijks voorge-steld als aanhangers van de duivel, maarsinds de Zesdaagse Oorlog worden de Israëli(de joden) steeds vaker getypeerd als tra-wanten van de Satan18, zij zijn zonen van deduivel, die al eeuwen lang in allerlei com-plotten in Europa waren betrokken om hetchristendom te verwoesten. Uit zichzelfblijven joden zoals de islam eeuwen lang

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heeft onderwezen : lafaards en machtelozevijanden, die geen kwaad meer kunnen stich-ten. Maar als instrumenten in de handenvan Satan zijn ze werkelijk in staat om in hetMidden-Oosten de hele islam te vernietigenen van alle moslims joden te maken. DeSatan heeft zijn werkterrein van Europaverplaatst naar het Midden-Oosten, waarhij op de joden kan rekenen als zijn hand-langers. In de handen van Satan is de joodeen «Godsmoordenaar», een allen verslin-dende geldwolf geworden, een kinder-moordenaar, een vrouwenschender, eenbronnenvergiftiger, een bloeddorstige mis-dadiger en een goddeloze samenzweerder,die eerst het Midden-Oosten en daarna dehele wereld aan zich zal onderwerpen. Ingeschriften van moslims was de typeringvan de jood als «Shylock» (uit : De Koopmanvan Venetië van Shakespeare) tot voor kortafwezig, maar in de laatste decennia wordenzionisten (joden) hiervan steeds vakerbeschuldigd. Hazem Nuseibah, de verte-genwoordiger van het Koninkrijk Jordaniëin de Verenigde Naties, verklaarde eens in devergadering te New York : «Er bestaat eenjoodse clique, die de rijkdommen van dehele wereld controleert, manipuleert en uit-buit. De zionisten zijn de rijkste mensenop aarde en daarom bepalen zij de toekomstvan de mensheid. Mannen als LordRothschild stellen elke dag de goudprijsvast en geven die aan alle banken ter werelddoor. En dan is er nog een zekere heerOppenheimer uit Zuid-Afrika, die maarliefst vijftien miljoen zwarte lijfeigenen indienst heeft om de zwarte bevolking uit tebuiten en van alle kostbare bodemschatten(vooral diamanten en uranium) te bero-ven»19. De eeuwen door werden in Europade joden beschuldigd van «Godsmoord»met alle afschuwelijke consequenties van-dien. Maar in de geschriften van de islamwerden de joden hiervan nooit beschuldigd,omdat moslims noch geloven dat Jezus deZoon van God was, noch dat de joden hem

zouden hebben gekruisigd. Desondankshebben moslims in het Midden-Oosten ookdeze beschuldiging de laatste decennia opparadoxale wijze uit Europa geïmporteerd,zoals de auteurs Joël en Dan Kotek in hunonlangs verschenen boek, getiteld Au nomde l’antisémitisme. L’image des Juifs et Israëldans la caricature depuis la seconde Intifada(Brussel, 2003), laten zien. In tegenwoor-digheid van paus Johannes Paulus II beschul-digde Basjar El-Assad, de huidige presidentvan Syrië, op 5 mei 2001 de joden hiervan.

7. Europese jodenhaat geeft moslims nieuw wapen

in strijd tegen Israël

Vooral sinds de Zesdaagse Oorlog wordthet Midden-Oosten overspoeld met antise-mitische literatuur uit Europa. Na 1967 ver-schijnt de ene Arabische vertaling van DeProtocollen van de Wijzen van Sion na deandere20, als ook vertalingen van deTalmudjude van August Rohling. Tot opde dag van vandaag verweven imans inSaoedi-Arabië, Egypte, Syrië, op deWestbank, in de Gazastrook en ook in Irakin hun preken op vrijdagmorgen allerleimotieven die zij ontlenen aan de antisemiti-sche literatuur uit Europa. De teksten vandeze preken worden ook op grote schaal inhet Midden-Oosten verspreid. Zij gebruikende tong en de pen als ideologische wapenstegen de staat Israël. Zij geven hiermee uitingaan de meest afschuwelijke verdachtmakin-gen en laster over de joden. Het zijn degevaarlijkste wapenen die er zijn omdat zijzoveel vaker doden dan een militair wapen.De joodse traditie ziet in de laster een dode-lijk wapen en spaart geen woorden om ze teveroordelen. De Talmoed stelt de laster gelijkmet flagrant atheïsme, met moord. Lasteris erger dan moord aangezien er tegelijkertijddrie personen worden vernietigd : degenedie de laster vertelt, degene die er naar luis-

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tert en degene over wie wordt gesproken.Elke joodse moraliserende schrijver ver-maande tegen de strikken van de laster. Elkewetscodex onderstreepte de zwaarte hier-van. In recente tijden echter was er één groterabbijn die het tot zijn levensdoel maakteom de mensen te onderrichten over de geva-ren van de laster en hoe zich er van af tehouden. Zijn naam was rabbi Israël MeïrHacohen Kagan, maar hij stond in de helejoodse wereld bekend als de ChafetsChayyim, naar de naam van het boek dat hijschreef. Met dezelfde naam wordt hij ookherdacht in de religieuze kibboets in het zui-den van Israël, de kibboets Chafets Chayyim.De rabbijn ontleende de naam van zijn boekaan het vers uit de Psalmen (34 :13-14) : «Wieis de man die leven wenst ? - houdt uw tongver van kwaad». Het hele boek houdt zichbezig met dit ene onderwerp en zet uiteen inwelke mate laster schade kan aanrichten.Gepubliceerd in 1873, werd het werk gevolgddoor vijf andere boeken door dezelfde auteur,handelend over hetzelfde onderwerp. Heteffect van het geschreven woord gaat vande ene op de andere mens, van vandaag opmorgen, van de ene generatie op de andereover. Het effect verspreidt zich van het enenaar het andere land, van het ene naar hetandere continent. In 1762 verscheen eentractaat, gericht tegen de invloedrijkste onderde filosofen : Reflexions critiques sur le pre-mier chapitre du VIIe volume des oeuvres deM. Voltaire, gedrukt te Amsterdam. Deauteur was Isaäc de Pinto, parnas van dePortugese gemeente te Amsterdam en lidvan het college van hoofdbewindvoerdersvan de Verenigde Oost-Indische Compagnie.Hij schrijft : «Voltaire kan zijn veroordelingvan de joden wel afsluiten met de opmerkingdat het niet geoorloofd is om joden te ver-branden. Maar hij verbrandt hen (door henvan alles en nog wat te beschuldigen) met zijnpen. En dat is nog wreder dan verbrandenmet vuur. Want het effect van het geschrevenwoord gaat over op de volgende generatie.

Wat moet men van het blinde volk ver-wachten, opgehitst tegen een natie die tochal zo’n ongelukkig lot heeft, als zulke afschu-welijke vooroordelen hun autorisatie vin-den door de pen van het grootste genie uit demeest verlichte eeuw ?» De woorden vanIsaäc de Pinto zijn zo actueel als de dag vanvandaag in het Midden-Oosten. Op 19februari 2004 werd te Brussel de EuropeAgainst Anti-Semitism Conference gehou-den waarop alle belangrijke geestelijke leidersvan het joodse volk uit de Verenigde Staten,Europa en Israël aanwezig waren.Opperrabbijn Dr. Jonathan Sacks zei in zijntoespraak : «Er is een woord dat wij in onzewereld onophoudelijk horen : massavernie-tigingswapens. Anthrax of sarin gas, chemi-sche, biologische of zelfs nucleaire wapensbeschikken niet over de grootste kracht diemassavernietigingswapens hebben. Het men-selijk hart beschikt over de grootste krachtvan massavernietigingswapens, en zijn naamis haat. De technieken en de technologieënmogen dan nieuw zijn, maar het probleem iszo oud als de mensheid. Hieruit volgt dat eenspiritueel probleem niet is opgelost, als alleoorlogen zijn uitgevochten, een vredesak-koord is gesloten en nieuwe wetten zijn aan-genomen, want een ziekte van de ziel van demens blijft. Daarom moet er een geestelijk, jazelfs een religieus antwoord worden gegeven.Maar hier worden wij geconfronteerd meteen dilemma. In de geschiedenis is er geengrotere kracht voor de liefde dan de religie,maar tegelijkertijd is er geen grotere krachtvoor de haat dan de religie. Godsdienst isals vuur. Het geeft warmte maar legt ookveel in de as. Wij moeten waken over devlam». De islamisering en globalisering vande Europese jodenhaat zijn hiervan mar-kante voorbeelden. Imans roepen moslimsonophoudelijk op de heilige oorlog te voe-ren tegen de joden als handlangers van deSatan. De strijd tegen zo’n satanische machtverleent aan degenen die hem voeren eeneeuwige waardigheid, en als ze tijdens een

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zelfmoordcommando omkomen, stervenze als onvolprezen martelaren voor de glo-rie van de islam.

Het Europese antisemitisme geeft moslimsin het Midden-Oosten niet alleen «een ver-klaring» van de politieke ontwikkelingen,maar gaf hun ook een nieuw wapen tegen destaat Israël. Ze kregen hierdoor bovendiennieuwe bondgenoten in hun strijd tegen denieuwe staat, die ze als een bedreiging voorde overleving van de islam ervaren. De nieu-we bondgenoten zijn overlevenden van hetoude antisemitisme in Europa, voorlopersvan het nieuwe : neo-nazi’s in Duitsland enneo-fascisten in Italië, hun navolgers inEngeland, Frankrijk, de Verenigde Statenvan Amerika, en tenslotte een breed spec-trum van rechts-radicale en racistische groe-peringen in Latijns-Amerikaanse landen.We worden onwillekeurig herinnerd aaneen woord van Heinrich Heine, die uit eigenervaring wist hoe de joodse religie belache-lijk en bespottelijk werd gemaakt : «Hetjodendom ? Spreek mij er niet over, geach-te doctor. Ik wens het zelfs mijn ergste vij-and niet toe ! Onrecht en schande, dat isalles wat het brengt. Het is geen religie, hetis een ramp !»21.

8. Geestelijke leidersboekstaven revolutionaire

verandering in beeld van joden

Op 23 juni 1961 werd de Academy ofIslamic Research door de NationalAssembly van de United Arab Republicopgericht ; en fungeert als een wetenschap-pelijk instituut van de Al-Azhar universiteitte Caïro ; zij telt 50 Egyptische leden en 20leden uit de omringende landen, die allenworden gekozen door de president van deRepubliek. De eerste drie conferenties die deAcademy organiseerde, vonden plaats in

maart 1964, mei/juni 1965 en in october1966. De 4de Conferentie van de Academyof Islamic Research, werd in 1968 gehoudenvan 27 september tot 24 oktober aan de Al-Azhar universiteit (de «Sorbonne» van deislam) te Caïro. De hierboven genoemderevolutionaire verandering in het islamitischebeeld van de jood, werd na de ZesdaagseOorlog (bijna als een dogma !) vastgelegd inde in 3 delen in het Arabisch gepubliceerdeProceedings van deze 4de conferentie22. Eendeel van de Proceedings werd in het Engelsgepubliceerd23. Vele honderden moslim-geleerden en geestelijke leiders uit alle landenvan het Midden-Oosten namen aan dezeberoemd geworden conferentie deel. Desprekers op de vier weken durende confe-rentie lieten er geen twijfel over bestaan datzij voor de volle honderd procent instemdenmet de Europese jodenhaat, inclusief deracistische vorm hiervan24. Vanuit Caïrowerden deze Proceedings over de hele isla-mitische wereld verspreid tot in het verreMaleisië, Indonesië en onder de moslimsin Afrikaanse landen en in Europa (vooralEngeland).

Welk beeld van de jood wordt in deProceedings van de 4de Conferentie van deAcademie voor Islamitische Studiën, diewerd gefinancierd door de Egyptische rege-ring, vastgelegd ? Alle vooraanstaande mos-lim-geleerden uit de hele Arabische wereldwaren op deze conferentie aanwezig.Niemand van de sprekers maakt een onder-scheid tussen zionisten en joden. In talrijkereferaten worden de joden met een beroepop de Koran gebrandmerkt, zoals gezegd, als«dodelijke vijanden van God en van de helemensheid», die zich van hun kwaadaardig-heid niet kunnen bevrijden. Het anti-jood-se gif dat tijdens deze maand in decollegezalen van de universiteit te Caïrowordt verspreid, de interpretatie van degeschiedenis van de joden als een aaneen-schakeling van rooftochten en plunderingen,

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verleidingen en intriges, waarvan ontelbareniet-joden onder de volkeren het slacht-offer zijn geworden, zijn even zovele varia-ties van het «Lieblingsmotif» van AdolfHitler. Deze leidinggevende islamitischegeleerden uit de hele Arabische wereld kla-gen de joden aan als leden van een volk datsinds mensenheugenis een door en doorverdorven karakter heeft.

Belangrijkste thema’s in referaten van isla-mitische geleerden en geestelijken die onop-houdelijk terugkeren25 :

1. De joden worden herhaaldelijk de«Vijanden van God» of de «Vijanden vande hele mensheid» genoemd. Ook ShaikhHassan Ma’moun, rector van de Al-Azharuniversiteit te Caïro, en Mr. Al-Shafe’i,vice-president van de United ArabRepublic, noemen in hun openingstoe-spraak van de 4de conferentie van deAcademy of Islamic Research, de joden de«Vijanden van de hele mensheid», diePalestina, het land van Arabieren enMoslims, wederrechtelijk in bezit heb-ben genomen.

2. Als wij de geschiedenis van de jodenbestuderen blijkt duidelijk dat zij doorde hele geschiedenis heen vervuld warenvan dezelfde kwaadaardige eigenschap-pen. Het leven van moderne joden laatzien dat zij met precies dezelfde ondeug-den behept zijn als hun voorvaderen,zoals die in de Koran en de Bijbel wordenbeschreven. Maar er bestaan belangrijkeverschillen : moderne joden zijn in hunverdorvenheden nog buitensporiger danhun voorvaderen waren en bovendienlaten talrijke sprekers in hun referaten opde conferentie horen dat de joden in alleperioden van hun geschiedenis zulkeafschuwelijke en weerzinwekkende din-gen deden, omdat ze van nature slechten gemeen van aard zijn. Het zit gewoonin hun genen. Daarom is ook hun religieals een weerspiegeling van hun slechte

natuur, een door en door slechte gods-dienst.

3. De joden zelf zijn een «riff-raff» en vor-men niet een echte natie omdat ze geenvolk zijn. Door de eeuwen heen hebbenzij in alle landen van de wereld, waar zewerden verstrooid, met behulp van hun«culturele» erfenis hun slechtheid op ande-ren overgedragen. Al wie zich tot hetjodendom bekeerde, werd geïnfecteerdmet hun weerzinwekkende ondeugden.De joden hebben met hun gedrag de haaten vervolging van alle volkeren, met wiezij in contact kwamen, opgeroepen. Zijzijn zèlf de schuld van het virulente anti-semitisme dat zij in de afgelopen eeuwenonophoudelijk over zichzelf hebben afge-roepen.

4. De staat Israël moet worden vernietigdomdat zij het product is van gewelddadigoptreden van de joden in een moslim-land waar zij niets hebben te zoeken. Hetbehoort tot de onveranderlijke natuurvan de joden om land van een ander (enandere eigendommen) wederrechtelijk teveroveren. De stichting van de staat Israëlin 1948 en alles waat daarop volgde, is deculminatie van de aangeboren historischeen culturele verdorvenheid van de joden.

5. De superioriteit van de islam over alleandere religies is de garantie dat deArabieren in het Midden-Oosten uitein-delijk zullen triomferen. De grandeur vande islam zal in de toekomst manifest wor-den als zij de staat Israël zal hebben ver-woest. De nederlagen die de Arabischelegers in de oorlogen met Israël vanaf1948 hebben geleden, worden geïnter-preteerd als een loutering van de kant vanAllah ; als politieke leiders en gewonemoslims in hun hele leven op alle niveausde islamitische wetgeving (de Sharia) ern-stig nemen, zal de overwinning niet langmeer uitblijven.

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6. Veel sprekers herhalen dat het schandelijkis dat de joden, die eeuwen lang in mos-limlanden werden beschouwd als lafaardsen een inferieure status hadden, deArabieren verscheidene keren hebbenverslagen (in de Onafhankelijkheidsoorlogen Zesdaagse Oorlog) en een eigen staathebben gesticht notabene in een moslim-land (Palestina). Dat is de wereld van deislam op zijn kop ! Al deze gebeurtenis-sen zijn in strijd met de gang van degeschiedenis en Allah’s plannen26. Daaromzal Allah zich op de joden wreken en henuiteindelijk aan de islam onderwerpen.Allah roept de moslims op tegen hen dejihad te voeren en de staat Israël (die alleenvoor de joden bestaat !) van de kaart tevegen.

Ik citeer enkele fragmenten uit deProceedings : «Aangeboren eigenschappenvan joden zijn, dat ze een godvergeten lageen verdorven instelling hebben, dat ze nooitwoord houden (altijd verbreken zij over-eenkomsten die gesloten zijn), en dat zij hetgeld aanbidden als de eigenlijke en enigeGod waarin zij geloven». En verder : «Dejoden controleren in de hele wereld de mas-samedia en vergiftigen de openbare mening,zij ondermijnen als overbrengers van ziek-ten en epidemieën en als verspreiders van devolkenpest werkelijk alle menselijke waar-den». Professor Abdul Sattar el Sayed, demoefti van Tarsus in Syrië, verklaarde tijdensde conferentie, dat de Koran de «joden vooreeuwig brandmerkt als een pest, die ver-vloekt zijn als Satan zelf, die God uit hetrijk van zijn genade heeft verbannen».Volgens Hassan Khaled, de moefti van deLibanese Republiek, zijn de joden «de hon-den van de mensheid», «de wreedste vijan-den van de islam en van de moslims». Hetzionisme typeerde de moefti «als een gevaar-lijk en dodelijk kankergezwel dat zich overalle Arabische landen en de hele islamiti-sche wereld zal uitbreiden». «Strijdend met

de typisch joodse wapens van verraad,bedrog en arglist heeft het zionisme allesgedaan om de gemeenschap van moslimsschade toe te brengen. Het gevolg hiervan is,aldus moefti Hassan Khaled, dat de gemeen-schap van moslims in het Midden-Oosten tevergelijken is met een mens zonder lede-maten, wiens lichaam is verbrijzeld en wienspersoonlijkheid is gespleten. Want de isla-mitische gemeenschap leerde van de jodenwoeker, ontucht, het overtreden van de hei-lige wetten Gods en de verslaving aan alco-hol en seks. Daarom moet de heilige oorlogtegen de joden worden gevoerd om de islamte laten overleven». De Egyptische sjeikMuhammad Abou Zahra verklaarde : «Wezouden kunnen zeggen dat wij de joden,juist omdat zij onder ons leven als niet-moslims, moeten beschermen. In bepaaldemoslimstaten zijn het regeringsleiders diesamen met invloedrijke moslims vriend-schappelijke contacten onderhouden metde daar verblijvende joden, en hen bescher-men tegen moslims die hen kwaadaardiggezind zijn. Maar wij zeggen tegen hen, diede joden beschermen, dat laatstgenoemdenvolgens de eeuwen lange traditie van deislam «dhimmis» zijn, die aan de moslimsonderworpen en hen schatplichtig zijn. Maarde joden hebben in alle landen in hetMidden-Oosten het verdrag dat hunbescherming bood, geschonden (.....) Zijzijn hun verplichtingen niet nagekomen.Hoe zouden wij hen onder deze omstan-digheden kunnen blijven beschermen». In dereferaten van de islamitische geleerden op degenoemde conferentie aan de universiteitte Caïro keerde telkens weer als een refreinde gedachte terug dat de joden zich niet vanhun aangeboren kwaadaardigheid kunnenbevrijden, dat ze aanhangers zijn van eenbloeddorstige religie en dat het zionismeeen eerste stap van de joden is om het heleMidden-Oosten te veroveren. De ene spre-ker na de andere karakteriseerde deHebreeuwse Bijbel als een compendium

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van bloedvergieten, van seksuele perversie envan criminaliteit. «De Hebreeuwse Bijbelis het sprekende bewijs dat er maar één mid-del is om zich tegen de kwaadaardigheidvan de zionisten in Israël te beschermen :de Israëli’s moeten door moslims met geweldworden onderworpen. Kamal Ahmad Ownzei in zijn referaat dat de Hebreeuwse Bijbeleen handboek is voor dieven en moorde-naars omdat er alleen maar wordt gesprokenover brandstichting, moord, verwoestingen volkerenmoord. Omdat de HebreeuwseBijbel dit allemaal onderwijst, hebben dejoden de eeuwen door (tot op de dag vanvandaag) hun misdadig karakter behou-den»27. Een van de deelnemers aan de con-ferentie stelde de vraag : «Waarom werdende joden in de afgelopen eeuwen telkensweer onderdrukt en vervolgd, en waaromzijn zij uiteindelijk het slachtoffer gewordenvan de genocide door de nazi’s ? Omdathun kwaadaardigheid in hun wezen, in hunaard ligt. Toen de joden zich onder de vol-keren van de wereld verspreidden, die hungastvrij opnamen (sic !), brachten zij er alleenmaar onrust : de volkeren werden gedwon-gen om hun geloof in heilige wetten en tra-dities te verloochenen. Daarom heeft Allahhen terecht vervloekt en blijft Zijn toornop hen liggen. Daarom moeten de moslimstegen geen enkele moeite opzien om de staatIsraël te vernietigen en alle provincies van hetislamitisch land (het vroegere Palestina !) tezuiveren van de joodse aanwezigheid.Zionisten hebben de Heilige grond van deislam bezoedeld». De rector van deIslamitische Universiteit in Lybië, sjeikAbdul-Hamid Attiyah al Dibani, verklaar-de tijdens de conferentie dat de islamitischevolkeren in het Midden-Oosten met joden,een bende van rovers en misdadigers, nooitvredesbesprekingen mogen voeren !Kortom, in de ogen van deze islamitischegeestelijke leiders en wetenschappers is destaat Israël de belichaming van de historischeen culturele decadentie van de joden. De

staat Israël is de incarnatie van het kwaad, datin de aard, in het wezen van de jood, ja vanelke jood ligt verankerd. Dit kwaad kanvolgens de geestelijke leiders uit de Arabischelanden alleen worden overwonnen door devernietiging van de joodse staat. Het gaat vol-gens hen om niet meer en niet minder danom het to be or not to be van de islam in hetMidden-Oosten.

9. Geestelijke en politiekeleiders prediken tijdens

tweede intifada vernietigingvan de staat Israël

Hier zijn geen leden van Hamas, Hezbollah,de Islamitische Jihad of El Fattah aan hetwoord, maar «la fine fleur» van de geestelijkeleiders van alle Arabische landen. Sindsdien(1968) zijn de opvattingen van de islamitischegeleerden (filosofen en theologen) metbetrekking tot de staat Israël niet veran-derd. In zijn recent verschenen boek, getiteldDe wortels van de islamitische woede, schreefBernard Lewis : «Geen enkele moslim zalooit definitief afstand doen van grondge-bied dat ooit werd toegevoegd aan het rijkvan de islam». Ik heb ter voorbereiding vandit essay tientallen preken van vooraan-staande imans uit het Midden-Oosten gele-zen, die zij tijdens de 2de intifada (vooral inde Palestijnse gebieden) in de moskee opvrijdagmorgen hebben gehouden en diemeestal ook via de televisie werden uitge-zonden. Als ik de inhoud van deze prekenvergelijk met de zojuist genoemdeProceedings van de islam-conferentie teCaïro, dan lezen we dat het proces van deislamisering en globalisering van de Europesejodenhaat gewoon is doorgegaan en dat dejoden in Israël en in de hele wereld het voor-werp zijn geworden van de meest afschu-welijke verdachtmakingen. In deze prekenanno 2000-2003 keren de volgende 6 thema’sonophoudelijk terug :

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1. De joden (in Israël en elders in de wereld)zijn aartsvijanden van Allah die met deSatan samenzweren om eerst het heleMidden-Oosten te veroveren en daarna dehele wereld. In De Protocollen van dewijzen van Sion lezen de moslims tot indetails wie joden zijn28.

2. De joden zijn afstammelingen van zwijnenen apen29. Zoals de geschiedenis van hetEuropese antisemitisme vele duizendenkarikaturen van de jood kent, zo heeftook de ontwikkeling van het antisemi-tisme in het Midden-Oosten de laatstetwee decennia en vooral tijdens de twee-de Intifada vele honderden karikaturenvan de jood opgeleverd. Ik verwijs hiernaar het recent verschenen boek van Joëlen Dan Kotek, getiteld Au nom de l’an-tisionisme. L’image des Juifs et d’Israëldans la caricature depuis la secondeInitifada (Brussel, 2003). Het boek isschokkend omdat we er in kunnen zien,dat in het proces van de islamisering vande Europese jodenhaat niet alleen anti-semitische geschriften uit Europa wer-den geïmporteerd in het Midden-Oosten,maar ook het hele arsenaal van antisemi-tische karikaturen. Het Midden-Oostenkent nu ook zijn eigen Biblia pauperumvoor de miljoenen analfabeten.

3. Het derde thema dat de imans onophou-delijk in hun preken aansnijden : het isonmogelijk om met de joden in Israëlvredesbesprekingen te voeren30.

4. Het vierde thema : de moslims moetenhun kinderen opvoeden tot haat tegende joden en als consequentie daarvan totde jihad, de heilige oorlog tegen de staatIsraël die moet worden vernietigd31.

5. Het vijfde thema in preken van geestelij-ke leiders en artikelen van journalisten isdat zij de heilige oorlog tegen de staatIsraël in zekere zin interpreteren als devoortzetting van de campagne van Hitlertegen het criminele jodendom. Geestelijke

leiders en journalisten tonen hun grotebewondering voor het werk van Hitler,flirten onophoudelijk met hem, versprei-den nieuwe uitgaven van Mein kampf,verdedigen klip en klaar met even zovelewoorden zijn campagne tegen de joden enspreken hun dank uit, omdat «Hitlereigenlijk al in naam van de Palestijnenwraak heeft genomen op de meest afschu-welijke criminelen op de aarde» en betreu-ren het dat Hitler zijn werk helaas nietheeft kunnen afmaken32. Talrijke journa-listen in Egypte, Syrië en Saoedi-Arabiëbetreuren in hun artikelen dat het levenvan Adolf Hitler helaas te kort was ommet behulp van de Groot-Moefti vanJeruzalem ook de joden in de landen vanhet Midden-Oosten uit te roeien33.

6. Het zesde thema dat onophoudelijk in depreken wordt uitgewerkt is : de strijdvan de Palestijnen in de Gazastrook enop de Westbank moet een islamitischejihad zijn. Dat wil zeggen dat de ledenvan de islamitische Jihad, Hamas,Hezbollah, Al Fatah de conclusies moe-ten trekken uit de nieuwe (Europese)antisemitische leer en propaganda, dieislamitische geestelijken in alle Arabischelanden alle dagen in het hele Midden-Oosten in de moskee en via de mediaaan volwassenen en kinderen onderwij-zen. Leer en praxis vormen een onver-brekelijke eenheid, zoals in degeschiedenis van het Europese antise-mitisme. Dáárom lezen we in hetHandvest van Hamas : «Israël zal opko-men en zal overeind blijven tot de islamhet elimineert, net zoals die de voor-gangers ervan heeft geëlimineerd (...) DeIslamitische Verzetsbeweging is een spe-cifiek Palestijnse beweging die haartrouw aan Allah verschuldigd is, haarlevenswijze aan de islam ontleent enernaar streeft het vaandel van Allah overiedere centimeter van Palestina te doen

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wapperen (...) Hamas heeft er naar uit-gekeken Allahs belofte ten uitvoer teleggen, hoevel tijd dat ook kost. De pro-feet, gebed en vrede zij met hem, zei :«De tijd dat de moslims de joden zullenbevechten (en hen zullen doden) zal nietkomen, totdat de joden zich achter rot-sen en bomen verstoppen, die (dan) zul-len uitschreeuwen : O moslim, achtermij zit een jood, kom hier en dood hem !(...) Er is geen oplossing voor hetPalestijnse probleem dan de Jihad (hei-lige oorlog)». De eertijds door JasserArafat voorgezeten Fatah-beweging isde belangrijkste fractie van de PLO. Destatuten (niet te verwarren met het PLO-handvest) zijn na het sluiten van deIsraëlisch-Palestijnse Oslo akkoordenvolledig van kracht gebleven en zijnonder andere te lezen op de officiëleinternetsite van de Fatah-beweging. Uitde Statuten van Al-Fatah citeer ik :Artikel 4. De Palestijnse strijd is eenonverbrekelijk onderdeel van de wereld-wijde strijd tegen zionisme, kolonialismeen internationaal imperialisme. Artikel 6.VN-projecten, akkoorden en resoluties,of die van welk individueel land danook, welke het recht van het Palestijnsevolk op haar thuisland ondermijnen, zijnillegaal en worden van de hand gewe-zen. Artikel 7. De zionistische bewe-ging is racistisch, koloniaal en agressief inzijn ideologie, doelstellingen, organisatieen methodes. Artikel 8. De Israëlischeexistentie in Palestina is een zionistischeinvasie met een koloniale expansionisti-sche basis, en het is een natuurlijke bond-genoot van kolonialisme eninternationaal imperialisme. Artikel 12.Volledige bevrijding van Palestina en deuitroeiing van het zionistische econo-mische, politieke, militaire en culturelebestaan. Artikel 19. Gewapende strijdis een strategie en geen tactiek, en degewapende revolutie van het Palestijns-

Arabische volk is een beslissende factorin de bevrijdingsstrijd en bij het ont-wortelen van de zionistische existentie, endeze strijd zal niet eindigen totdat dezionistische staat vernietigd is en Palestinavolledig bevrijd is.

Dáárom riep Jasser Arafat, voorzitter vande Al-Fatah, in een uitzending van GazaPalestina Satelliet Televisie (het officiëletv-station van de Palestijnse Autoriteit) op26 januari 2002 persoonlijk op tot de Jihad :«Broeders, geliefden : ik dank jullie uit degrond van mijn hart. Jullie in Hebrontonen, heldhaftige en legendarische stand-vastigheid (...) Zij zullen klaarstaan om ditland tot de Dag des Oordeels te verdedigen.Hun martelaar staat gelijk aan zeventig(gewone) martelaren. Dit is onze lotsbe-stemming, broeders. Dit is een gunst vanAllah, dat wij dit land tot de Dag des oor-deels zullen verdedigen (...) Ja broeders,wij houden vast aan dit land. Wij bevindenons in het land der standvastigheid. Onzeheldhaftige martelaars, verpersoonlijkt doorFaris Awdah, die martelaar werd (applaus)terwijl hij een steen droeg om die naar eenIsraëlische tank te werpen. (Spreekkoren :«Met onze ziel en bloed zullen wij jou ver-lossen, o Abu Ammar(Arafat))». Arafatvraagt de menigte het volgende te scande-ren : «Met onze ziel en bloed zullen wij jeverlossen, o Palestina !» en herhaalt datdriemaal (...) «Ja broeders, met onze ziel enons bloed zullen wij jou verlossen, oPalestina (...) Zij zeiden wel : Allah is groot !Glorie aan Allah en zijn profeet ! Jihad,jihad, jihad, jihad, jihad !»34 Elk zelf-moordcommando is een teken dat de staatIsraël moet worden vernietigd35.Genoemde terroristische organisaties heb-ben het grootste deel van de recente aan-slagen tijdens de tweede Intifada op hungeweten. Omdat zij tot op de dag van van-daag de vernietiging van de staat Israël inhun vaandel hebben geschreven, verzet-

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ten zij zich met hand en tand tegen vre-desbesprekingen met de Israëlische rege-ring. In de plaats van de huidige staat Israëlmoet er een Palestijnse staat komen, diehet vroegere Palestina omvat, waar mos-lims, christenen (en eventueel joden) metelkaar samen kunnen leven. De geschie-denis van de afgelopen decennia tot opheden spreekt boekdelen : verscheidenekeren was er sprake van een echte door-braak in de vredesbesprekingen. Op het-zelfde moment verminderden niet dezelfmoordcommando’s maar namen ze toe.Ik geef hier een aantal voorbeelden : in1996 was in de staat Israël de regering vanPeres van de Arbeiderspartij aan de macht.De regering moest in Israël het hoofd bie-den aan een golf van terreur op winkel-centra en bussen. Peres nam het besluitom de grenzen voor ongeveer 80.000Palestijnse werknemers te sluiten. Geenwonder dat deze beslissing grote armoedein de bezette gebieden met zich meebracht.Omdat de uitzichtloosheid onder dePalestijnse bevolking steeds groter werd,meldden zich ontelbare rekruten bij Hamasen de Islamitische Jihad aan, die bereidwaren terroristische aanslagen voor te berei-den en uit te voeren. Toen in 2001 deAmerikaanse bemiddelaar Zini naar Israëlkwam voor vredesbesprekingen, vonden ertwee verschrikkelijke aanslagen in Israëlplaats, waarvoor Hamas de verantwoor-delijkheid opeiste. Toen eind maart 2002 inBeiroet een door Saoedi-Arabië uitgewerktplan voor vrede in het Midden-Oostenwerd aangenomen, voerde een lid vanHamas in een hotel in Netanya, waar hetjoodse Paasfeest werd gevierd, een zelf-moordcommando uit waarbij 29 Israëliom het leven kwamen en meer dan 100gewonden vielen. Tenslotte : tijdens de eer-ste ontmoeting op 18 mei 2003 tussenSharon en Abbas te Jeruzalem pleegdentwee zelfmoordenaars aanslagen in de stad.Er zijn meer voorbeelden te noemen.

10. Schoolboeken in Midden-Oosten moedigen

aan tot Heilige Oorlog tegen Israël

In 2002/2003 deed Noa Méridor, van hetInstituut voor Studies van het Midden-Oosten van de Hebreeuwse universiteit teJeruzalem, een zeer gedetailleerd en minu-tieus wetenschappelijk onderzoek naar deonderwijs-systemen in de Palestijnse gebie-den. Het onderzoek concentreerde zich opde volgende twee educatieve systemen : zijbestudeerde 23 schoolboeken die door hetministerie van Opvoeding van de PalestijnseAutoriteit zijn uitgegeven en sinds hetschooljaar 2001/2002 worden gebruikt.Tegelijkertijd onderzocht zij met een grootaantal medewerkers het lesmateriaal datdoor radicale islamitische organisaties,Hamas in het bijzonder, op kleuterscholenin de Gazastrook wordt gebruikt. In zeke-re zin wedijveren deze radicale organisatiesmet het lesmateriaal dat het ministerie vanOpvoeding van de Palestijnse Autoriteitvoor de kleuterscholen heeft samengesteld36.Het alternatieve educatieve systeem van deradicale islamitische organisaties wordt gefi-nancierd door sponsors uit het buitenland,die van oordeel zijn dat de Palestijnse jeugdvanaf de jongste jaren vertrouwd gemaaktmoeten worden met de grote waarden vangeweld en terrorisme, om het tegen Israël aante wenden.

Het onderzoek van de Palestijnse school-boeken laat glashelder zien dat de leerlingenop alle mogelijke manieren in hun school-boeken kunnen lezen en van de leraren tehoren krijgen dat de staat Israël geen rechtvan bestaan heeft. In het lesmateriaal dat dePalestijnse leerlingen krijgen, wordt de staatIsraël als schadelijk getekend, het bestaanwordt geloochend, ja zelfs ontkend. Dehandboeken voor docenten en leerlingengeven uiting aan de uitdrukkelijke wens van

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de opvoeders, die het lesmateriaal samen-stelden, dat de staat Israël moet worden ver-nietigd, òf door het voeren van de Jihad, òfdoor het telkens weer benadrukken dat allevluchtelingen (drie en een half miljoen) naarIsraël moeten terugkeren. Het diaboliserenvan de staat Israël brengt met zich mee dathet geweld en het terrorisme tegen Israël inde handboeken wordt gerechtvaardigd.Palestijnse jongeren die bereid zijn om zelf-moordoperaties onder onschuldige Israëli(mannen, vrouwen en kinderen) uit te voe-ren, worden heel systematisch hierop voor-bereid : zij worden achtereenvolgens op dekleuterschool, de basisschool, de middel-bare school, in het gezin en in de moskee entenslote door de media (pers, radio en TV)geïndoctrineerd om deze weg te gaan. Wantallen rechtvaardigen de zelfmoord-opera-ties van de martelaren. Het Palestijnse edu-catieve systeem vormt een belangrijke factorin de liquidatie van het vredesproces datsinds 1993 door de Oslo-akkoorden opgang kwam. Het hele onderwijs van dePalestijnse Autoriteit doet het basisprincipevan de Oslo-akkoorden te niet ; met namede wederwijdse erkenning van elkaar : Israëlerkent de Palestijnse Autoriteit en dePalestijnse Autoriteit de staat Israël. In depreambule van het akkoord van Oslo II,ondertekend op 28 september 1995, lees ik :«De regering van Israël en van de PLO her-bevestigen hun wederkerig engagement omloyaal, onmiddellijk en effectief overeen-komstig dit akkoord op te treden tegendaden of dreigingen van terrorisme, tegengeweld of aanzetten tot haat, waaraanPalestijnen of Israëli zich schuldig maken».

Door in het lesmateriaal (in de schoolboekenvoor de leerlingen en in de handboekenvoor de docenten) heel systematisch bepaal-de argumenten aan te dragen en beschul-digingen te uiten aan het adres van de joden,ontkent het onderwijssysteem van dePalestijnse Autoriteit de legitimiteit van de

staat Israël en wordt in de lessen opPalestijnse scholen een indringend appèlgedaan om die staat te vernietigen door hetaanwenden van geweld (Heilige Oorlog ofzelfmoordoperaties) of door het op gangbrengen van een evolutionair proces (deterugkeer van 3 1/2 miljoen vluchtelingen,die in de staat Israël moeten worden opge-nomen). Het onderzoek van Noa Méridorlevert het bewijs dat de handboeken vanuithet standpunt van de islam een ideologi-sche basis verschaffen, waaruit elke leerlingzonder meer de conlusie trekt dat hij destaat Israël nóóit mag erkennen. De school-boeken leggen sterk de nadruk op de kwaad-aardige en bedriegelijke handelwijze van dezionisten en de achtereenvolgende regerin-gen van de staat Israël, om elke daad vangeweld en terrorisme van de kant van dePalestijnen te rechtvaardigen èn om bij voor-baat elke poging om met Israël te onder-handelen te torpederen. Omdat de staatIsraël geen recht van bestaan heeft, wordt hetbestaan hiervan in de schoolboeken glas-hard ontkend. Het spreekt vanzelf dat deschoolboeken vaak moeten refereren aande staat Israël, maar dan wordt consequentde naam van die staat vermeden en gespro-ken over «de gebieden van 1948». Zoals dehandboeken verwijzen naar Judea, Samariaen de Gazastrook, zo verwijzen ze ook naar«de gebieden van 1948» : al deze gebiedensamen worden Palestina genoemd waarvanJeruzalem de hoofdstad is. Dit betekent datop geen enkele kaart in Palestijnse school-boeken de staat Israël voorkomt. Alle kaar-ten, inclusief de kaarten die de vegetatiebehandelen, dragen de naam Palestina. Degrenzen van Palestina worden bepaald doorde omringende Arabische landen en door deMiddellandse Zee en in de uitleg wordtaltijd gerefereerd aan het gebied in zijngeheel. Deze kaarten zijn niet alleen opge-nomen in de handboeken voor aardrijks-kunde, geschiedenis, godsdienst en nationaleopvoeding, maar zelfs in schoolboeken voor

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rekenen en tekenen, en het geldt voor deschoolboeken van alle klassen. Het gaataltijd over Palestina, het land dat ligt tus-sen de Middellandse Zee en Jordanië. Haiafa,Safed, Jaffa, Bet Shean, Beersheba, Afula enAshqelon, waar vóór 1948 Arabieren leef-den, worden beschouwd als Palestijnse ste-den. Tel Aviv, de grootste stad van Israël,als ook andere steden van Israël (door zio-nisten gesticht), worden op geen enkelekaart genoemd. De opgravingen van Akkoworden wel vermeld, maar gezien als eendeel van de culturele erfenis van hetPalestijnse volk. Ook de Westerse Muur(de Klaagmuur), in het Arabisch Al-Barakgenoemd, wordt op de kaart aangegeven,maar beschouwd als een bewijs van de rijkecultuur van de islam. De warmwater-bron-nen van Tiberias staan ook op de kaarten vanPalestina, maar ze worden uitgelegd als eenPalestijns herstellingsoord. De bergen vanGallilea en van de Karmel zijn in dePalestijnse schoolboeken vakantieoordenvoor de Palestijnen. De laagvlakte van hetland dat Palestijns bezit is, strekt zich in deschoolboeken uit van Rosh Hanikra in hetNoorden tot Rafah in het Zuiden ; het berg-achtig gedeelte van het land loopt vanGallilea tot aan de Negev-woestijn ; van deNegev wordt gezegd, dat deze woestijnbijna voor de helft Palestijns gebied is. DePalestijnse havens zijn : Akko, Haifa, Jaffa,Gaza en Um Rashrash (een klein dorp bijEilat)37.

Het onderwijs-systeem van de PalestijnseAutoriteit doet in het lesmateriaal inder-daad een niet mis te verstane oproep aande leerlingen om de staat Israël te elimineren.Twee methoden worden in de leerstofgebruikt. Er wordt aangedrongen op deterugkeer van alle Palestijnse vluchtelingennaar het land (d.w.z. naar het gebied waar destaat Israël in 1948 werd gesticht). Die terug-keer is een rode draad doorheen de meestehandboeken die op Palestijnse scholen wor-

den gebruikt, als ook in illustraties, gedich-ten, verhalen en gebeden. Het is voor elkedocent en leerling duidelijk dat een terugkeervan miljoenen Palestijnen de eliminatie vande staat Israël impliceert. In de tweede plaatsworden in het lesmateriaal de waarden vande Jihad (de Heilige Oorlog) en van hetmartelaarschap voor de heiliging van Allah(Istishhad) verheerlijkt. Het uitleggen vanverschijnselen als geweld, oorlog en mar-telaarschap als positieve waarden, wordtvergemakkelijkt door de tweede Intifadadie in september 2000 uitbrak. In de hand-boeken voor geschiedenis en godsdienstzijn talrijke levensverhalen opgenomen vanArabieren die in de jihad tegen de Britten ende Israëli’s als martelaar zijn gesneuveld endie de leerlingen als na te volgen voorbeel-den worden aangeprezen, zolang Palestinanog een bezet land is. De leerlingen lezenonder meer het verhaal van de terrorist SheikIzz al-Din al-Qassam, die in 1935 door deBritten werd gedood, van de terroristGhassan Kanafani (lid van de PLO), die in1972 te Beyrouth als shahid werd gedood, enzij moeten gedichten waarin het martelaar-schap wordt verheerlijkt, uit het hoofd leren.Tijdens het vele jaren durende proces vanindoctrinatie worden op Palestijnse scholentalrijke middelen gebruikt om dit doel tebereiken : historische teksten, illustrates,gedichten, video’s van martelaren, inter-views met shahids, toneelstukjes en hetmaken van tientallen oefeningen. Het is zeerschokkend de onderzoeksresultaten vanNoa Méridor te lezen : op de Palestijnsescholen wordt al het mogelijke gedaan omde leerlingen ervan te doordringen dat destaat Israël geen recht van bestaan heeft endaarom vernietigd moet worden38.

Tegelijkertijd onderzocht Noa Méridor vande Hebreeuwse universiteit te Jeruzalem in2002 met een groot aantal medewerkers hetlesmateriaal dat door radicale islamitischeorganisaties, Hamas in het bijzonder, op

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kleuterscholen in de Gazastrook wordtgebruikt. In zekere zin wedijveren dezeradicale organisaties met het lesmateriaaldat het ministerie van Opvoeding van dePalestijnse Autoriteit voor de kleuterscho-len heeft samengesteld. Het alternatieveeducatieve systeem van Hamas en andereradicale islamitische organisaties wordt gefi-nancierd door sponsors uit het buitenland,die zoals we eerder opmerkten, van oor-deel zijn dat de Palestijnse jeugd vanaf dejongste jaren vertrouwd gemaakt moet wor-den met de grote waarden van geweld en ter-rorisme, dat tegen Israël moet wordenaangewend. De terroristische organisatieHamas runt in de Gazastrook tientallenkleuterscholen en is van mening dat heteducatieve systeem van de PalestijnseAutoriteit (PA) niet radicaal genoeg is als hetgaat om Israël. Voor een symbolisch bedragbiedt Hamas aan kinderen van Palestijnseouders in de Gazastrook onderwijs aan datvirulent antisemitisch moet wordengenoemd. Het ministerie van Onderwijsvan de Palestijnse Autoriteit, dat verant-woordelijk is voor het hele onderwijs in dePalestijnse gebieden, legt Hamas geen stro-breed in de weg omdat ook het educatievesysteem van de PA door en door antisemi-tisch is. De pot zou de ketel verwijten dat hijzwart ziet39. Dr. Ahmad Bakhar, een vande belangrijke leiders van Hamas in deGazastrook, is als voorzitter van deIslamitische Vereniging (Al-Jam’ iya Al-Islamiya) eveneens verantwoordelijk voorhet sociale en educatieve onderwijs. Bakharis onderwijsinspecteur en controleert hetonderwijs dat aan 1.650 kleuters op 41 kleu-terscholen in de Gazastrook wordt gege-ven. Het onderricht dat op dezekleuterscholen wordt gegeven, is vervuldvan het gedachtengoed van de radicale isla-mitische geest, die het bestaan van de staatIsraël ontkent en openlijk terroristische aan-slagen en zelfmoord-operaties onderonschuldige mannen, vrouwen en kinde-

ren in Israël legitimeert. De tweede Intifadahad tot gevolg dat het onderricht voor mos-limkleuters zich concentreerde op het grotebelang van de Jihad (de Heilige Oorlog)tegen de staat Israël en de zelfmoord-ope-raties. Extremistische leiders van deArabische wereld, onder wie SayedNasrallah, hoofd van Hezbollah in Libanon,zijn op kleuterscholen van Hamas al voor-beelden geworden die navolging verdienen.

In 2001 werd aan het einde van het school-jaar op de kleuterscholen van Hamas in deGazastrook een opmerkelijke ceremoniegehouden, die in feite een oefening was inhaat, geweld en terorisme tegen de staatIsraël, waaraan geen einde mag komen tot-dat Israël helemaal is vernietigd. Deze cere-monie was georganiseerd door Dr. AhmadBakhar, voorzitter van de eerder genoemdeIslamitische Vereniging in de Gazastrook.Tijdens de ceremonie hield Bakhar voorduizenden kleuters met hun vaders en moe-ders en vele genodigden een toespraak waar-in hij de zelfmoord-operaties in Israëlverheerlijkte. Deze vele uren durende cere-monie werd gehouden in het centrum van deIslamitische Vereniging, namelijk het vluch-telingenkamp Al-Shati in de Gazastrook.De ceremonie werd geopend met de lezingvan passages uit de Koran, waarin gesprokenwordt over de Jihad, de Heilige Oorlog inde letterlijke zin van het woord, als eenbezinning op het verzet en de betekenis vande tweede Intifada. Daarna namen tientallenkinderen van de kleuterschool al-Nur (ver-kleed in militaire uniformen) deel aan mili-taire parades, terwijl ze zwaaiden met plasticgeweren, affichen droegen met antisemitischeleuzen, Palestijnse vlaggen en een maquet-te van de Omar-moskee op het Tempelpleinte Jeruzalem. Na de openingsceremoniewerden de ouders vermaakt met de opvoe-ring van toneelstukjes. Om een voorbeeld tegeven : de kleuters van de Al-Iman kleu-terschool speelden een stuk waarin de vol-

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gende thema’s werden uitgewerkt : de geva-ren van de zionitische kolonialisatie, de ver-nieling van olie- en wijngaarden door joden,de onteigening van land door joden, deplicht van elke moslim om het bloed vande martelaren te wreken en het doorgaanmet het verzet en de tweede Intifada tot-dat de staat Israël is vernietigd40.

Ondanks onderricht in geweld en terroris-me (en dan drukken wij ons eufemistischuit !) ontvangen deze kleuterscholen vanHamas, waarvoor de IslamitischeeVereniging verantwoordelijk is, als ook ana-loge instituten van radicaal-islamitische orga-nisaties, financiële en morele steun vanuit deArabische en internationale gemeenschap,meer bepaald van christelijk-charitatieveorganisaties. Deze kleuterscholen van Hamasen analoge instellingen in de Gaza-strookontvangen tevens grote bijdragen van isla-mitisch-charitatieve groeperingen uit de heleArabische wereld (vooral uit Saoedi-Arabiëen de Golfstaten). Het spreekt vanzelf dat deterroristische organisatie Hamas niet in staatzou zijn 41 kleuterscholen in de Gaza-strookgoed te laten functioneren zonder dezefinanciële steun uit de wereld van de islam enhet christendom. In de loop van 2002 kregende kleuterscholen van Hamas in de Gaza-strook bezoek van afgevaardigden van eenniet-gouvernementele Zweedse organisatieen van een islamitische delegatie uit Zuid-Afrika. Daarna werden grote bijdragen over-gemaakt om het onderwijssysteem vanHamas in de Gaza-strook financiëel enmoreel te steunen. Ze ontvingen vooralcomputers voor het onderwijzend perso-neel en video-apparaten. Ook de CentralCommission of Mennonites in Amerika(MCC) en de Baptisten in Italië (CRIC)zijn goed uit de bus gekomen om de kleu-terscholen van Hamas de helpende hand tebieden. Hamas ontvangt voor het runnenvan de 41 kleuterscholen in de Gazastrook,ook giften van een Engelse charitatieve orga-

nisatie, de MAP (medische hulp voorPalestijnen). Het is voor iedereen duidelijkdat het alternatieve onderwijs-project vanHamas, dat concurreert met het onderwijs-project van de Palestijnse Autoriteit, eenzeer belangrijke bijdrage biedt om de krachtvan de terroristische organisatie Hamas teversterken : de toekomstige shahids wor-den al vanaf hun kleuterjaren op Hamas-scholen godsdienstig en ideologisch gevormdom vanaf hun 16de levensjaar bereid te zijnvoor het uitvoeren van zelfmoordoperatiesin Israël. Uit een brief die Arafat op 30december 2000 door Abu-Mazen liet schrij-ven aan de Saoedi-Arsbische emir Salmanben Abd al-Aziz en die door het Israëlischeleger tijdens een militaire operatie werdgevonden in één van de kantoren van Arafat,blijkt Arafats verontwaardiging dat Saoedi-Arabische instellingen financiële bijdragenovermaken voor de kleuterscholen vanHamas, maar niet voor die van de PalestijnseAutoriteit41.

In 2002 onderzocht Itamar Marcus, directeurvan het A View of the Palestinian MediaInstitute, 28 handleidingen voor onderwij-zers en leraren van lagere en middelbarescholen, uitgegeven door het Ministerie vanOpvoeding en Onderwijs van de PalestijnseAutoriteit42. Onderwijzers van de eersteklas van de lagere scholen moeten lessengeven over de martelaren. Het PalestijnseMinisterie van Opvoeding en Onderwijsbenadrukt in de handleiding, dat «het nood-zakelijk is dat de harten van de leerlingenlangzaam doordrongen moeten worden vanhet verlangen om als martelaar te stervenvoor de zaak van Allah». Onderwijzersmoeten in de lessen «de betekenis verhel-deren van het sterven voor de zaak vanAllah, en ze moeten er in het klaslokaal metelkaar over discussiëren hoe iemand moetworden opgevoed om een martelaar te wor-den». De leerlingen moeten leren dat «dedood voor de zaak van Allah de hoogste

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eer voor de gelovigen is». In de handleidin-gen voor de derde klas wordt aan de onder-wijzers gevraagd dat zij aan de leerlingenmoeten uitleggen wat het woord dief nueigenlijk betekent : «Er is sprake van eendief als iemand van de ander tegen dienswil iets afneemt. De vijand die ons het land(Palestina) afnam, is dus een dief». Tijdens delessen over de dief moeten de onderwijzersde leerlingen vragen : «Wat zullen wij doenals de vijand probeert een deel van ons landte veroveren ? Hoe kunnen wij ons op de vij-and wreken en hoe kunnen we hem ver-slaan ?» De leerlingen worden verondersteldop deze vraag luid te antwoorden met :«Jihad». Aan het onderwijzend personeelvan de zesde klas wordt gevraagd om aan deleerlingen zo les te geven, dat «hun hartenlangzaam vervuld worden van gevoelensvan wraak jegens de buitenlandse dief diedelen van het land heeft afgenomen en debewoners naar de vier uithoeken van deaarde heeft verjaagd». Aan de leraren van deeerste klas van middelbare scholen wordtgevraagd om in de klas het volgende gedichtte bespreken : «Moeder, ik nader de dood, ikzal niet wankelen. Moeder, schreeuw niet, alsik sneuvel zonder ledematen aan mijnlichaam. Want de dood boezemt mij geenschrik in en het is mijn roeping om te ster-ven als martelaar». Aan leerkrachten vande hoogste klas van de middelbare scholenwordt verzocht het boek Moderne geschie-denis van de Arabieren en de wereld goed tebehandelen. De leerlingen dienen de vol-gende twee definities uit het hoofd te leren :1. zionisme is een racistische en agressievebeweging ; 2. het hart van het zionisme enhet nationaal-socialisme is racistische supe-rioriteit. De leerlingen moeten zich op basisvan genoemd boek bekwamen in het vol-gende : 1. de leerlingen moeten het zionismeassociëren met racistische discriminatie ; 2.de leerlingen dienen het verband te leggentussen zionisme en het moderne terroris-me ; 3. de leerlingen zullen tenslotte de prin-

cipes van het fascisme en het nazisme ver-gelijken met die van het zionisme. De leraarzal tenslotte uitvoerig aandacht moetenbesteden aan de stelling : «De joden inPalestina vormen een groot gevaar voor hetMidden-Oosten». In groepsdiscussie die-nen leerlingen dan aan te geven op welkewijze aan dit gevaar een onverbiddelijk haltkan worden toegeroepen. Het laat zichraden dat de leerlingen (gezien hetgeen zij inde voorafgaande jaren hieromtrent leerden)onvermijdelijk zullen kiezen voor de jihadals het probate middel.

In het voorjaar van 2004 komt de door deEU gefinancierde organisatie AnIndependent look of the Role of EuropeanFunding in the Middle East43, in een uit-voerig rapport tot dezelfde schokkende con-clusies als Yohanan Manor, Itamar Marcus,Noah Méridor en onderzoekers van de rap-porten van de PRISM Group44 en de IPCRI(Israel/Palestinian Center for Research andInformation45), die ook in 2003 versche-nen.

Het is aan geen twijfel onderhevig dat dejeugd in Palestina door opvoeding en onder-wijs wordt vervuld van vijandschap en haattegen de joden. Door een wijd vertakt sys-teem van hersenspoeling wordt de jongegeneratie van «staats»-wege ( !) heel bewustopgevoed tot haat tegen de vijand en ver-achting voor allen die anders zijn. Zij lerenvan jongs af aan de jood te demoniseren, tebestrijden en te doden. Dat is de éérste enláátste reden waarom het voor Israël onmo-gelijk is de Palestijnse terreur te bestrijden enwaarom alle vredesinitiatieven (die uitlie-pen op de Oslo-akkoorden en de RoadMap) wel moesten stranden. De structurenvan deze terreur zijn niet te vinden in een ofandere schuilhoek van de bezette gebieden,maar zitten in de hoofden, in de gedach-ten, in de ziel en in de wereldbeschouwingvan Palestijnen. Arabische kinderen in hetalgemeen en Palestijnse kinderen in het bij-

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zonder leren bijna vanaf hun geboorte jodente haten. Het is weinigen gegeven om aan deeducatieve hersenspoeling van de PalestijnseAutoriteit te ontsnappen en geen extremisten antisemiet te worden. Ouders vertellenhun kinderen al vroeg vreselijke verhalenover slechte bloedzuigende joden. Een lera-res op school leest uit een boek van AnisMansour, een Arabische specialist in jood-se aangelegenheden, kinderen voor : «Dejoden slachten kleine kinderen in Europaen Palestina, om met hun bloed Paasbrodente bakken, omdat de Talmoed de joden leertmeel te vermengen met bloed van niet-joden». In een ander zeer populair, doorHassan Hanafi geschreven handboek voorleraren staat dat de Koran moslims verbiedtmet joden een overeenkomst te sluitenomdat «joden de reïncarnatie van zwijnen enapen zijn». Op de basisschool wordt kin-deren al geleerd dat zij joden moeten bestrij-den totdat ze hen overwonnen hebben. Dekinderen lezen vol bewondering in eengedicht van Raymonda Tawil, de moedervan Suha Arafat, de echtgenote van YasserArafat : «Ik zal de lever van Israëlische sol-daten eten en mijn tanden in hun lijf boren».Schoolkinderen leren niet dat joden al dui-zenden jaren voordat de Arabieren in 635Palestina veroverden, in dit gebied leefden.Niemand brengt hun bij dat dit land ontel-bare onuitwisbare sporen draagt van eendrieduizendjarige geschiedenis van het jood-se volk. De kinderen leren niet dat in deTweede Wereldoorlog, toen de joden geeneigen land hadden, Hitler en de zijnen op 6miljoen joden genocide pleegde. Neen, zekrijgen het tegendeel te horen : de Shoah iseen uitvinding van de joden. Men verzwijgtin álle schoolboeken van de PalestijnseAutoriteit dat de Palestijnen al lang eenPalestijnse staat hadden kunnen hebben,maar dat ze tot twee keer toe (in 1937 en1947) een deling van Palestina in een jood-se en Arabische staat afwezen onder hetmotto «alles of niets», en dat ze met deze

weigering het hele Midden-Oosten in eencrisis stortten die nog altijd voortduurt.Dergelijke onmiskenbare feiten krijgenPalestijnse kinderen überhaupt niet te horen :als zij naar de televisie kijken, zien ze hoeheldhaftige Arabieren de duivelse jooddoden en wordt als een telkens terugke-rend refrein herhaald wat ze op school tehoren krijgen46. En als zij later in de moskeekomen, worden zij opgeroepen om zichvoor te bereiden de Jihad tegen de staatIsraël te voeren47 en joden te doden. Als zijeen klein beetje de krant kunnen lezen, valthun oog onmiddellijk op walgelijke kari-katuren van Israëli en joden48.

De resultaten van de research die is gedaannaar de inhoud van de Palestijnse school-boeken, kunnen wij als volgt samenvatten :het onderwijs negeert het bestaan van destaat Israël, wakkert bij kleuters, kinderen enleerlingen gevoelens van vijandschap en haattegen de joden aan, en verheerlijkt de HeiligeOorlog tegen Israël en het martelaarschap.Het spreekt van zelf dat een dergelijk onder-wijs desastreuze gevolgen heeft voor dePalestijnse jeugd. Voordat de 2de intifadauitbrak in september 2000, werd er een stu-die verricht naar tekeningen die Palestijnsekinderen van 7 tot 14 jaar hadden gemaakt49.Israëli worden door de kinderen uitsluitendgetekend als soldaten of als orthodoxe jodendie geweren of messen dragen. Kinderentyperen hen als wezens «zonder hart», «nietreligieus», «kwaadaardig», «gemeen» en«lelijk», als wezens «die de kinderen haten»en «in wie men geen vertrouwen kan stel-len». In de tekeningen geven de kinderenuiting aan hun gevoelens, dat men «hunvlaggen moet verbranden, hen uit ons landmoet verjagen en doden». Er wordt aan deschoolgaande jeugd helemaal niets verteldover onderhandelingen die tussen dePalestijnse Autoriteit en de Israëlische rege-ring hebben plaatsgevonden en die resul-teerden in de Oslo-akkoorden van 1993.

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De schoolgaande jeugd in de Palestijnsegebieden wordt onwetend gehouden als hetgaat om het Israëlisch-Palestijnse conflict. Inhet dagelijks onderricht op de scholen wordtalles gedaan om de joden en de Israëli heelsystematisch te denigreren.

Allerlei onderzoeken hebben zich beziggehouden met de vraag welke praktischeconsequenties een dergelijk onderwijsheeft50. Hieruit blijkt dat de grote meer-derheid van de kinderen en leerlingen nietalleen bereid zijn om in de strijd tegen Israëlte sneuvelen, maar er ook naar verlangt omzichzelf op te offeren en shahid te worden,dat wil zeggen om het martelaarschap voorde zaak van Allah te ondergaan. In april2001 deed de islamitische universiteit vanGaza een onderzoek naar de opvattingenvan 996 jonge Palestijnen van 9 tot 17 overde «zionistische entiteit». De onderzoeks-resultaten werden voor de Palestijnse televisiegepresenteerd door psycholoog Dr. FatalAbu al-Hin, nadat eerst de film Kinderenworden martelaren want ze zijn verliefd ophun vaderland was vertoond. Uit het onder-zoek blijkt dat 45% van de ondervraagdejonge Palestijnen de laatste jaren tijdens detweede Intifada heeft deelgenomen aangewelddadige acties en dat maar liefst 73%in de Jihad tegen Israël als martelaar wilsterven51. Recente getuitenissen bevestigende zeer schokkende resultaten van genoemdonderzoek : Salma al Debi, die in hetCulturele Centrum voor de ontwikkelingvan de jeugd van 14 tot 18 jaar in Nablous opde Westbank werkzaam is, deed een zelfdeervaring op : «Wij hebben daar te makenmet een verloren generatie. Moge God hente hulp komen ! Zij geloven in het geweld.Een cultuur van de dood heeft zich onderhen verspreid. Er zijn duizenden die alsmartelaar willen sterven. Bijna 65% van degroep van 400 jongeren met wie ik werk,gelooft in het martelaarschap. Ik zeg tegenhen : ‘Het Palestijnse volk wil dat jullie blijf-

ven leven. Alleen levende mensen kunnenhun vaderland dienen, maar geen dode men-sen’52». Dr. Samir Kutha, een psychothe-rapeut in de Gazastrook, stelde eenonderzoek in naar de opvattingen van 1000schoolgaande kinderen over het Israëlisch-Palestijnse conflict en komt tot de conclusiedat 67,8% van deze kinderen van mening isdat het uitvoeren van zelfmoord-operatieshet genoemde conflict kan regelen53.

Professor Benny Morris, een van de jon-gere historici in de staat Israël, heeft twintigjaar archiefonderzoek gedaan om de hon-derdjarige geschiedenis van het Israëlisch-Palestijnse conflict in kaart te brengen. Geenenkele Israëlische historicus heeft, op basisvan nooit eerder onderzochte primaire bron-nen, zoveel kritiek geuit op de politiek vande achtereenvolgende regeringen vanaf 1948.Zelfs Benny Morris komt tot de volgendeconclusie : «Door de hele complexePalestijnse geschiedenis loopt vanaf het begintot op de dag vandaag de draad van Ariadne,dat wil zeggen de absurde weigering om dehistorische en religieuze banden van dejoden met hun land te erkennen, de weige-ring om te erkennen dat de joden opPalestina rechten kunnen laten gelden entenslotte de weigering om de legitimiteitvan de staat israël te erkennen. Het is allemaalnóg absurder omdat in de afgelopen decen-nia deze weigering nota bene werd gelegiti-meerd door virulente vormen vanjodenhaat54». En deze bijna honderd jaardurende weigering, die de hele geschiedenisvan het joodse volk reviseert, heeft zijnweerslag gekregen in de schoolboeken vande Palestijnse Autoriteit met alle absurdegevolgen vandien. De Amerikaanse filosoofCynthia Ozick schrijft terecht : «DePalestijnen hebben door de geschiedenis tevervangen door een hersenschim, een samen-leving uitgevonden die niet met anderen tevergelijken is, omdat de oproep tot haattegen de joden er onophoudelijk klinkt. Zij

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hebben hun kinderen in strijd met werkelijkalle gangbare pedagogische normen en waar-den opgevoed. Zij hebben namelijk de meestbarbaarse sociale uitvinding gedaan, die degrenzen van elke verbeelding overschrijdt :zij recruteren kinderen voor zelfmoord-operaties om zoveel mogelijk joden in dedrukste straten en openbare gelegenheden inIsraël te vernietigen. Het is het resultaat vaneen onvoorstelbaar ideaal, dat de Palestijnenhun kinderen op school met behulp vanslogans en liederen waarin het vergieten vanbloed wordt verheerlijkt, leren om ande-ren te doden en tegelijkertijd zelfmoord teplegen. Een hersenschimmige Palestijnsemoraal is er ook in geslaagd om het Westenbinnen te dringen waar zelfmoord-aanslagenworden gepleegd55». De eerder genoemdePalestijnse pedagoog Salma al Debi schrijftover een «verloren generatie». Het is beteren exacter te spreken over een «opgeoffer-de generatie», die heel bewust door dePalestijnse Autoriteit aan de dood wordtprijsgegeven. De Palestijnse Autoriteitschendt de meest elementaire rechten van dejeugd op leven, bescherming, kennis en ont-plooiing van de persoonlijkheid. De inter-nationale gemeenschap (UNESCO) heeftpraktisch nooit tegen deze ongehoord bar-baarse verwording van het onderwijs van dejeugd in de Palestijnse gebieden, die onvoor-stelbare desastreuze gevolgen heeft voor detoekomst van het Palestijnse volk, gepro-testeerd. Integendeel, zij wekte soms zelfs deindruk, dat zij het normaal vond, onver-mijdelijk en legitiem56.

11. Antisemitischeindoctrinatie in de

amusementsindustrie57

Michael Stein, één van de allerbeste ken-ners van de ontwikkeling van het antisemi-tisme in het Midden-Oosten, schrijfthierover in Trouw van 12 april 2003 : «De

antisemitische indoctrinatie is nu ook in deArabische amusementsindustrie doorge-drongen. In december 2002 konden deEgyptische, Syrische, Libanese en Palestijnsetv-kijkers tijdens de ramadan genieten vansoap-series, die allemaal duidelijk maaktendat joden zich van andere mensen onder-scheiden door hun leugenachtigheid, heb-zucht en bedrog, waardoor het onmogelijkis om in vrede met hen te leven. In Egyptewerd de serie Ruiter zonder Paard vertoond(41 delen), gebaseerd op De Protocollen vande Wijzen van Sion (van Europese her-komst) met alle bekende verdorvenheid vande joden, inclusief hun afschuwelijke haak-neuzen, regelrecht overgenomen van denazi’s - wat een beetje vreemd is omdatArabische en joodse neuzen erg weinig vanelkaar verschillen». In december 2002 washet in Caïro het gesprek van de dag, dat dewereld opnieuw in de greep is van een zio-nistische samenzwering. In feite is de helewijde wereld al meer dan een eeuw in demacht van zionisten die complotten smeden,maar de joden spelen het met hun sluw-heid voor elkaar dat het allemaal geheimwordt gehouden. De inwoners van Caïrospraken erover in de metro en in de talrijkekoffiehuizen en omdat ook in de landenvan het Midden-Oosten talkshows depublieke opinie bepalen, kwam dit onder-werp in de maand december ook hier uit-voerig aan de orde. De 41-delige Egyptischetelevisieserie Ruiter zonder Paard zouden weeen historisch epos kunnen noemen, waar-in het verzet van de Egyptenaren tegen deonderdrukking van de koloniale macht vande Britten centraal staat. Op een bepaaldogenblik ontdekt de Egyptische held dateen exemplaar van De Protocollen van deWijzen van Sion naar Caïro is gesmokkeld.De held leest in deze notulen van een gehei-me bijeenkomst van rabbijnen, die in hetbegin van de 20ste eeuw zou zijn gehouden,dat de zionisten een 24 stappenplan heb-ben ontwikkeld om de hele wereld aan hun

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macht te onderwerpen. Tot zijn grote ver-bazing ontdekt de «Ruiter zonder paard» datde echte campagne helemaal niet tegen deBritse bezetter van Egypte wordt gevoerd.Want in het wereldomspannende complotvan de zionisten zijn de Britten in Egypteniet meer en niet minder dan een pion, die deaandacht van de superieure Egyptenarenonophoudelijk moet afleiden van hetgeenintussen in Palestina, het Heilig Land van demoslims, gebeurt : de stichting van de staatIsraël. Als de held van het epos in 1948 naarEgypte terugkeert, nadat de verenigde strijd-krachten van Egypte, Trans-Jordanië, Syrië,Irak, Libanon en een contingent uit Saoedi-Arabië tevergeefs hebben geprobeerd omde net opgerichte staat Israël van de kaart tevegen, verzucht hij : «De legers van de vrij-heid zijn verslagen door bedrog (...) onsdierbare Palestina is verloren, ingepikt doorde zonen van Zion met behulp van georga-niseerde roof».

We hebben eerder in dit essay opgemerkt datDe Protocollen van de Wijzen van Sion geenhistorisch document zijn, maar een verval-sing, die in 1903 door de Russische geheimepolitie van de tsaar werd samengesteld ompogroms tegen de joden te legitimeren, entwee decennia later door de nazi’ s werdgebruikt om de Duitsers ervan te overtuigendat de joden een wereldcomplot smeedden,waaraan een onverbiddelijk halt moest wor-den toegeroepen : de gaskamer. DeEgyptische tv-serie bevestigde in feite dezionistische samenzwering omdat nergenswordt duidelijk gemaakt dat de antisemiti-sche Protocollen een vervalsing zijn.Mohammed Sobhi is zonder meer de stervan de serie Ruiter zonder Paard. Hij zei ineen interview over de serie het volgende : «Ikhaat Israël, maar niet de joden. Ik weet datde Protocollen een vervalsing zijn maar uitmijn eigen onderzoek blijkt, dat 15 van de 24stappen naar de wereldoverheersing doorde joden inmiddels zijn gerealiseerd». Hij

wilde zeggen dat de historische feiten van delaatste halve eeuw gewoon bewijzen dat hetin ieder geval waar is wat er in dit geschriftstaat. Hitler zei trouwens over de Protocollenprecies hetzelfde. Daarom was het geenwonder dat de Israëlische en Amerikaanseregering protest aantekenden tegen deze tv-serie en dat het kabinet in Jeruzalem terechtliet weten dat zij de serie beschouwde als eenschending van het vredesverdrag metEgypte. De Egyptische regering weigerde naeen wereldwijd protest desondanks de seriete verbieden, maar bepaalde alleen dat aanelke aflevering de volgende mededelingvooraf moest gaan : «Deze serie probeertniet te bewijzen dat de zogeheten Protocollenvan de Wijzen van Sion authentiek zijn». Dithad alleen maar tot gevolg dat het verzettegen dit antisemitisch document van Israëlien Amerikanen, werd geïnterpreteerd alseen bewijs dat we te maken hebben meteen authentiek document. Zo werkt datpsychologisch ! De zeer deskundigeMidden-Oosten-journalist Joris Luyendijkmerkte destijds op : «Het is het lot van eenie-der die samenzweringstheorieën bestrijdt :als je het complot ontkent ben je er eenonderdeel van. Anders zou je het niet ont-kennen. Dit overkomt nu ook de opval-lend omvangrijke groep Arabischeintellectuelen die de serie publiekelijk totde grond toe heeft afgebroken. Toen deEgyptische Organisatie voor Mensenrechtenonomwonden stelde dat de serie antisemi-tisch is, reageerde het weekblad Usbu direct :«Verklaringen als deze werpen de vraag opwelke agenda de Organisatie voorMensenrechten najaagt, juist op een momentdat de zionistische complotten steeds hel-derder aan het licht komen»58.

Zoals ieder jaar speciale Ramadan-seriesworden gemaakt, zo werd deze serie Ruiterzonder Paard voor de vastenmaand 2002samengesteld door Egypte, want we kunnengerust zeggen dat dit land in de moslimlan-

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den hoofdleverancier is, te vergelijken met derol die Hollywood in de VS speelt. Moslimswillen dan s’avonds na de overvloedigemaaltijden graag uitrusten en televisie kijken.Uit de hele moslimwereld hebben twintigtelevisiekanalen deze serie aangeschaft envia schotels hebben miljoenen moslims in allelanden van Europa en de Verenigde Statenmeegekeken. Toen duidelijk was gewordendat vooral Israël en Amerika alles in hetwerk stelden om de antisemitische serie teverbieden, waren er vijf televisiestations inhet Midden-Oosten die de reeds aange-schafte serie niet uitzonden. De journalistQais Saleh uit de Palestijnse stad Ramallahschreef : «Het is diep betreurenswaardig datwij Arabieren eerst de prijs betalen voor dejodenvervolging in Europa, om vervolgensde smerigste symbolen van het antisemitis-me uit Europa te importeren en te doenherleven». Ook al volgde er in december2002 en januari 2003 in de media in hetMidden-Oosten (vooral in Egypte) een dis-cussie over de vraag of de serie antisemi-tisch was, de meeste deelnemers aan hetdebat waren van oordeel dat de serie metjodenhaat helemaal niets te maken had59.

In Syrië, dat nog altijd geen vredesverdragmet Israël heeft gesloten, werd de serie Deineenstorting van Legendes vertoond. Dezetelevisieserie wilde aan de kijkers uitleg-gen dat vooral archeologen in de laatstedecennia tot de conclusie zijn gekomendat de Hebreeuwse Bijbel een geweldigevervalsing is van de geschiedenis van hetjoodse volk en dat deze vervalsing op reke-ning komt van de rabbijnen. De rabbijnenhebben dit gedaan omdat zij op deze wijzeeen historisch verband wilden leggen tus-sen hetgeen in de Hebreeuwse Bijbel overde geschiedenis van de joden in Palestina(met Jeruzalem als hoofdstad) wordt ver-teld en de staat Israël. Maar dit verbandbestaat volgens de makers (moslims) van deserie helemaal niet. De makers van de tele-

visie-serie wilden met hun werk aan dekijkers ook uitleggen dat er helemaal geenverband bestaat tussen de Tien Geboden ende Hebreeuwse Bijbel. Mohammed haddestijds in het eerste kwart van de 7de eeuwal uitdrukkelijk gesteld dat de joden hunBijbel hebben vervalst en hij mede daaromdoor God was geroepen om deHebreeuwse Bijbel van alle vervalsingente zuiveren. In feite wordt hier voortge-borduurd op een aloud thema dat in talrijkegeschriften van de islam bijna als een refreinwordt herhaald maar dat nu wordt gebruiktals een wapen tegen de staat Israël die moetverdwijnen. Varianten op dit thema zijnregelmatig op de televisie in het Midden-Oosten te zien. De televisie van dePalestijnse Autoriteit liet in een aantal afle-veringen zien dat er in Jeruzalem nooit eenjoodse tempel heeft gestaan en dat daar-om elke historische relatie tussen de jodenen Jeruzalem één grote leugen is. Tijdens demislukte vredesbesprekingen in CampDavid, drie jaar geleden, was het nota beneArafat zelf die dit aan president Clintonaan tafel vertelde. Het reviseren van degeschiedenis van de joden is bepaald nietvoorbehouden aan de amusementsindustriein de Arabische landen in het Midden-Oosten, maar speelt ook een zeer belang-rijke rol in colleges en lessen vanhoogleraren aan universiteiten en lerarenvan moslimscholen. We kunnen dezeonheilspellende ontwikkelingen vergelij-ken met die zich vijfenzeventig jaar langafspeelden in alle vormen van onderwijsin de vroegere Sovjet-Unie, waarover nu deene publicatie na de andere verschijnt. «Aldie soap-opera’s hebben één ding gemeen :het is onmogelijk met joden in vrede televen omdat zij een permanente bedrei-ging vormen voor de rest van de mens-heid. Hun godsdienst is één en al leugen60

en wat zij over hun geschiedenis vertellenis een voortdurende verdraaiing van hetverleden» (Michael Stein).

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12. «Wij verklaren dat Israëleen racistische staat is»

De revolutionaire verandering die optreedtin het islamitische beeld van de joden, escal-eert op 10 maart 1975, wanneer een grotemeerderheid van de Algemene Vergaderingvan de Verenigde Naties de beruchte reso-lutie 3379 aanneemt61, waarin het zionis-me met een vorm van racisme wordtgelijkgesteld, en de politiek van de staatIsraël met de apartheidspolitiek van Zuid-Afrika. Het superieure Israël zou genocideplegen op het inferieure Palestijnse volk.Van 24 tot 28 juli 1976 werd te Tripoli(Lybië) een internationaal symposiumgehouden over zionisme en racisme, waar-van de Proceedings in 1979 te Parijs wer-den uitgegeven onder de titel Sionisme etracisme. Als ik de inhoud van de referatenbestudeer, dan kom ik tot de conclusie dattalrijke prominente islamitische geestelijkeleiders uit Egypte, Syrië, Jordanië, Saoedi-Arabië, Irak en Iran van oordeel zijn datde politiek van de regering van de staat Israëleen ergere vorm van racisme is dan die vanHitler en de zijnen62. Toen paus JohannesPaulus II in 2000 Syrië bezocht, lichtte deSyrische president, Basjar Assad de wereldin over het Israëlisch-Palestijnse conflict.Hij zei : «Er zijn veel mensen in deze werelddie nog steeds bang zijn om zelfs maar dehistorische feiten te noemen (...) De jodenhebben de Palestijnen op dezelfde maniervervolgd, als zij Jezus hebben vervolgd encomplotten hebben gesmeed om de pro-feet Mohammed te verraden en te ver-moorden. Het is een racistische samenleving,zelfs racistischer dan die van de nazi’s». Alsdeze paus (die tijdens zijn wereldreizenbepaald niet zuinig is met het uiten van kri-tiek) ooit had moeten spreken dan was hettoen, maar hij zweeg tot grote verbijsteringvan de joden in de hele wereld in alle talen endiende de Syrische president niet van repliek.De Syrische president is geen uitzondering.

In de afgelopen decennia was het heel nor-maal voor geestelijke en politieke leiders,journalisten en diplomaten in het Midden-Oosten om Israël, zionisten en joden als«erger dan nazi’s» af te schilderen.

Deze waanzinnige beschuldigingen zijn nietalleen alle dagen in de landen van hetMidden-Oosten te horen, maar in de helewereld. Eind maart 2003 beschreef deAlgerijnse ambassadeur in de VN-com-missie voor mensenrechten de situatie van dePalestijnen in de door Israël bezette gebie-den als volgt : «Elke dag wordt daar deKristallnacht herhaald. Israëlische soldatenzijn de ware leerlingen van Goebbels enHitler. Moeten wij wachten totdat er nieu-we uitroeiingskampen worden gebouwden nieuwe moordpartijen worden gepleegd,zoals in Babi Jar ?63». In de eerste week vanseptember 2001 organiseerde de Unesco inDurban een Wereldcongres tegen hetRacisme64. Toen werd de staat Israël in eenverklaring van talrijke afgevaardigden uitverscheidene landen voor een imaginairNeurenberger tribunaal gedagvaard en ervan beschuldigd dat haar identiteit intrinsiekcrimineel is. De Israëlische gedelegeerdenwerden uitgejouwd en deelnemers aan hetcongres schreeuwden in de zaal «Mort auxJuifs !». De Israëlische en Amerikaanse dele-gatie zagen zich gedwongen het congres teverlaten. Afgevaardigden van de Unescouit de hele wereld (de Franse historicusTaguieff noemde hen sarcastisch «les répre-sentants trés humanitaires et caritatives !»)stigmatiseerden Israël als een «racistischestaat», «die een politiek van apartheid voerten genocide pleegt op het volstrekt onschul-dige Palestijnse volk». De staat Israël werd«schuldig bevonden aan misdaden tegen demensheid». Ik laat u enkele artikelen horenuit deze waanzinnige verklaring van hetForum van de Unesco : Artikel 1 luidt : «Deapartheidspolitiek van de staat Israël impli-ceert dat het Palestijnse volk wordt onder-

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worpen aan racistische methoden en aanandere misdaden tegen de mensheid».Artikel 99 : «De apartheidspolitiek van destaat Israël impliceert, dat zij genocide pleegten etnische zuiveringen uitvoert». Artikel162 : «Wij verklaren dat Israël een racistischestaat is, die apartheidspolitiek voert, en daar-om misdaden tegen de mensheid begaat». Inde slotverklaring van het Congres werddeze verklaring van het Forum van deUnesco gelukkig niet opgenomen. Tijdenshet Unesco-congres van Durban verspreiddede Unie van Arabische Advocaten onderde 4000 afgevaardigden een brochure, geti-teld Racisme, sionisme et Israël. Réalités etdocuments, waarin uitdrukkelijk gesteldwerd dat de resolutie van de VerenigdeNaties van 15 november 1975 - waarin zio-nisme gelijk werd gesteld met racisme - eenauthentieke uitdrukking is van de ervaringendie de internationale gemeenschap met destaat Israël vanaf 1948 heeft opgedaan. In eenstand van de Unie van Arabische Advocatenwerden ook brochures verspreid, waarinjoden neo-nazi’s werden genoemd.

13. Virulent Arabischantisemitisme op websites

van internet65

Tijdens de onder Nederlands voorzitter-schap gehouden conferentie van de OVSE(Organisatie voor Samenwerking enOntwikkeling in Europa) werd afgesprokendat de strijd tegen racistische en antisemiti-sche haatmisdaden op het internet zou wor-den geïntensiveerd. In dat kader organiseerdede OVSE op 16 en 17 juni een speciale con-ferentie over dat onderwerp. Daarbij warennaast delegaties van de OVSE-landen ookniet-gouvernementele organisaties betrok-ken, waaronder uit Nederland het CIDI enhet regelmatig daarmee samenwerkendeMeldpunt Discriminatie Internet. Samenmet het in Brussel zetelende CEJI (Centre

Européen Juif d’Information) en het ParijseCRIF (Conseil Représentatif des InstitutionsJuives de France) verzorgde CIDI een van dezogenaamde ‘side-events’, een audiovisuelepresentatie over antisemitische Arabischtaligetv-programma’s die per satelliet naarNederland en andere EU-staten wordenuitgezonden. Er werden schokkende voor-beelden getoond van door televisiezendersvan Hezbollah, Iran, Egypte en de VerenigdeArabische Emiraten uitgezonden haatpro-gramma’s, die met een simpele schotelan-tenne te ontvangen zijn. Vooralsnog is hetvrijwel onmogelijk om dit soort verspreidingvan jodenhaat tegen te gaan. Het MeldpuntDiscriminatie Internet kreeg spreektijd tij-dens de plenaire zitting en bovendien demogelijkheid een side-event te organiserenover de praktische kanten van het monito-ren en bestrijden van racistische en antise-mitische internetpropaganda. VolgensMeldpuntwoordvoerster Suzette Bronkhorstloert censuur daarbij altijd om de hoek enmoet uitsluitend na constatering van eendelict worden overgegaan tot een verbodof het nemen van rechtsmaatregelen. Tijdensde conferentie viel andermaal sterk op hoe-zeer de Europeanen en de Amerikanen vanmening verschillen over de bestrijding vanmet elektronische middelen uitgezondenhaat. Washington beroept zich steevast ophet First Amendment van de Amerikaansegrondwet, op grond waarvan de overheidgeen maatregelen mag treffen die de vrij-heid van meningsuiting op enigerlei wijzebeperken. Alleen als met internet- of tv-boodschappen direct wordt aangezet totfysiek geweld tegen personen of instellingenkunnen de politie en de rechter wordeningeschakeld. Bijgevolg is het in de VS vooriedereen toegestaan de Holocaust te ont-kennen, joden en andere minderheden tebeschimpen of te demoniseren en bijvoor-beeld met swastika’s en andere nazi-sym-bolen rond te lopen. De verspreiding vankinderporno is in de VS daarentegen wel

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strafbaar, omdat het gaat om de strafbaarheidvan feiten die aan de beelden ten grondslagliggen. In zijn betoog noemde deAmerikaanse vertegenwoordiger R.Alexander Acosta vier recente uitsprakenvan het Hooggerechtshof die aangeven waarin de VS de grenzen van de vrijheid vanmeningsuiting worden getrokken. In allevier de gevallen ging het om e-mails waarineen specifieke persoon een of meerdereandere personen met de dood bedreigde.«Voor het overige kan in de VS de ver-spreiding van informatie op geen enkelemanier worden gecriminaliseerd». Tijdens deconferentie benadrukten de Amerikaansewoordvoerders dat racistische en antisemi-tische haatuitingen, ook als die via internetworden verspreid, het beste kunnen wordenbestreden met gerichte tegeninformatie enmet educatie, daarmee een marktplaats voorideeën vormend. Volgens die redeneringwinnen de goede het uiteindelijk van deverwerpelijke ideeën. In een directe aanval opde Nederlandse kritiek ten opzichte van deliberale Amerikaanse benadering, zei eenAmerikaanse woordvoerder niet zondersarcasme dat vanuit Nederland vaak hardekritiek wordt geuit op uit de VS afkomsti-ge of via Amerikaanse internetbedrijvenverspreide nazipropaganda, maar datAmerikaanse kinderen op hun beurt doorNederlandse internetsites worden blootge-steld aan porno en propaganda voor hetgebruik van softdrugs. «Misschien moetenwe sites wel van een specifieke extensie latenvoorzien, zoals xxx voor pornosites, zodatwij onze kinderen gemakkelijker kunnenbeschermen tegen de uit andere landenafkomstige informatie waar wij niets mee temaken willen hebben». De Europese deel-nemers willen over het algemeen een aan-scherping van het opsporings- en strafrecht,maar dat is uiterst problematisch zolangEuropese internetvandalen zich via eenAmerikaanse domeinregistratie aan vervol-ging kunnen onttrekken. De EU-lidstaten

beroepen zich op artikel 10 van de EuropeseConventie voor Mensenrechten, die de vrij-heid van meningsuiting waarborgt, maarvoorts bepaalt : «Omdat zij verplichtingenen verantwoordingen met zich meebren-gen, kan de uitoefening van deze vrijhedendoor de wet worden beperkt ter bescher-ming van de gezondheid en moraliteit, of terbescherming van de reputatie of de rech-ten van derden». Gezien het wereldwijdekarakter van satelliet-tv en het internet isechter een uniforme wetgeving essentieel, als-ook duidelijke definities van wat als haat-propaganda kan worden aangemerkt. Hetdebat zal worden voortgezet op de OVSE-conferentie van 13 en 14 september 2004in Brussel. Daar zal ook een motie in stem-ming worden gebracht, waarin (onder ande-re) van iedere OVSE-lidstaat wordt gevraagdeen nationaal orgaan in te stellen dat zich methet monitoren van en het adviseren overinternethaat bezighoudt.

14. Omdat ook de PalestijnseAutoriteit het bestaansrecht

van Israël uiteindelijkontkent, zijn álle

vredesakkoorden op nietsuitgelopen

Op 16 mei 2003 zei Simone Veil, overle-vende van Auschwitz, tegen Franse jour-nalisten dat zij zich grote zorgen maakt overhet banaliseren van het antisemitisme in hetMidden-Oosten. The Jewish TelegraphicAgency, The American Jewish Commitee,uitvoerend directeur Steve Stalinsky vanThe Middle East Research Institute, direc-teur Daniel Pipes van het Middle EastForum (een «Philadelphia-based thinktank») en The International Anti-Defamation League hebben de laatste maan-den onophoudelijk verklaard dat het grootstestruikelblok voor de vrede in het Midden-

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Oosten de escalatie van de islamisering vande Europese jodenhaat is. Elke historicuskan dit verifiëren. Op 26 mei 2003 schrijft dehoofdredacteur van The Jerusalem Post :«Het kabinetsbesluit om in te stemmen metde routekaart, wordt gebracht als een his-torisch ogenblik. Voor het eerst heeft deIsraëlische regering zich officieel verbon-den tot de vorming van een Palestijnse staataan deze kant van de Jordaan (...) Het groot-ste probleem met de routekaart is niet waarze naartoe gaat, maar waar ze vandaan komt.Sinds de Zesdaagse Oorlog van 1967 berustelk vredesplan voor het Midden-Oostenop de gedachte dat de Israëlische onwil omgrondgebied op te geven, het belangrijkstebeletsel is voor vrede. Sinds het huidigePalestijnse offensief is dit recept veranderd,door een deel van de schuld aan Palestijnsekant te leggen. Er is een vergelijking opge-steld : Israël moet land opgeven (en ophou-den met zijn nederzettingen), de Palestijnenmoeten ophouden met hun terrorisme. Dezemodellen zijn mislukt omdat het pogingenwaren om voorbij te gaan aan de realiteit. Derealiteit was en is dat het Arabisch-Israëlischconflict niet gaat over het land dat Israëlzich heeft toegeëigend om te overleven,maar over de herhaalde Arabische pogingenom Israël in zijn geheel te vernietigen. Als deVS blijven proberen hun neutraliteit te bewij-zen door Israël onder druk te zetten, en alsze blijven schaven aan hun verwachtingenvan de Palestijnen, zal de routekaart indezelfde vuilnisbak belanden als de velemislukte voorgangers. Maar als de VS aller-eerst verlangen dat de Arabische wereld demuur van vijandschap neerhaalt (...) dan is erkans dat de routekaart van de VerenigdeStaten, de Verenigde Naties, De EuropeseUnie en Rusland, toch nog een gunstig ver-volg krijgt».

Inderdaad, niet alleen volgens Hamas enandere terroristische organisaties, maar ookvolgens de Palestijnse Autoriteit, gaat het

Israëlisch/Palestijnse conflict niet in eersteinstantie over een grensconflict maar eer-der over een onverzoenlijke godsdienst-oorlog. Want Palestijnse godsdienstige enacademische leiders onderwijzen in hetopenbaar dat het IsraëlischPalestijnse con-flict deel is van de onverzoenlijke oorlogvan de islam tegen de joden. Om dit stand-punt te rechtvaardigen, citeren Palestijnenonophoudelijk islamitische bronnen vol-gens welke het een religieus dogma zou zijnom joden te haten en het vermoorden vanjoden zelfs de wil van Allah. Tijdens detweede intifada zijn het Palestijnse gods-dienstige leiders die in het openbaar op detelevisie leren, dat het volgens een bepaaldeislamitische traditie, die wordt toegeschre-ven aan Allah, een verplichting van mos-lims is om joden te vermoorden. Dezeislamitische traditie, die de moord op jodenbeveelt, ten einde verlossing te brengen,werd op 13 juli 2003 opnieuw geciteerd opde Palestijnse televisie door Dr. HassanKhader, een Palestijnse academicus en grond-legger van de Al Quds Encyclopedia. In zijnlezing op de televisie citeerde Dr. HassanKhader de volgende woorden uit de isla-mitische traditie : «Mohammed heeft gezegdin deze Hadith : ‘Het uur (Dag vanWederopstanding) zal niet komen totdat jede joden bevochten hebt, (totdat een joodzich achter een rots of boom zal verschuilen)en de rots en de bomen zullen zeggen :’OMoslim, dienaar van Allah, er bevindt zicheen jood achter mij, kom en doodt hem !»Het is een feit dat de Palestijnse Autoriteit(en nu heb ik het niet over genoemde ter-roristische organisaties) zich herhaaldelijk opdeze traditie beroept. Dat is veel beteke-nend, want door de uiteindelijke Verlossingaf te schilderen als afhankelijk van de moordop joden door moslims, wordt het ver-moorden van joden door de PalestijnseAutoriteit als een religieuze verplichtingvoorgesteld66.

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Het verschil tussen Hamas (en IslamitischeJihad en Hezballah) en de PalestijnseAutoriteit (PA) is dat de PA, althans in prin-cipe, afziet van het gebruik van geweld omde doelstellingen te bereiken. Toch was hetArafat die in 1999, letterlijk anticiperendop terroristische oorlog van de 2de intifa-da, zei : «De Oslo-akkoorden zullenPalestina niet bevrijden. Strijd is nodig voorelke centimeter van het land en dat impliceertbloedvergieten»67. Israëls recht om te bestaanwordt door geestelijke en politieke leidersvan de PA onophoudelijk ontkend. Israëlwordt onophoudelijk gedefinieerd als eenkolonie, die de zionisten hebben gestolen.Daarom is er in het denken van de PA geenruimte voor een permanent bestaan van destaat Israël in het Midden-Oosten. Waaromwerden de Oslo-akkoorden dan gesloten ?Het Arabisch-Palestijns lexicon bevat veelwoorden om de betekenis hiervan aan tegeven : een permanent vredesakkoord, waar-op de Oslo-akkoorden moeten uitlopen,wordt gezien als een overgangsstadium, alseen steunpunt (om voet aan de grond tekrijgen). Daarom zijn alle akkoorden tijde-lijk van aard, zolang Palestina niet helemaalbevrijd is van de joden en de staat Israël isverdwenen. De Oslo-akkoorden en even-tueel een permanente vredesregeling makendeel uit van het proces om Palestina helemaalte bevrijden van de joodse kolonisten. Voorhet machtsevenwicht in het Midden-Oostenis het misschien goed dat er tijdelijk eenPalestijnse staat naast de joodse staat wordtgesticht. Niet weinigen zeggen dat het geenuitzondering maar regel is onder moslimsom het einddoel van een lange weg (debevrijding van Palestina) via etappes te berei-ken, die ook wel als handige trucs wordengeïnterpreteerd. Talrijke geestelijke en poli-tieke leiders van de Palestijnse Autoriteithebben behalve Arafat deze visie, die ideo-logisch niet afwijkt van die van Hamas enoverige terroristische organisaties, openlijkuitgesproken68.

Waarom bestaat Israël ? Omdat een derdevan de joden (6 miljoen) werd verdelgd ?Neen. Omdat het joodse volk vandaag nietmeer zou bestaan als Hitler als overwin-naar uit de oorlog te voorschijn zou zijngekomen ? Neen. Waarom dan wel ? Omdatin de zomer van 1938, toen alle volkerenvan de wereld in de Zwitserse badplaatsEvian weken vergaderden69, het ene landna het andere land zei - in het volle bewust-zijn van het feit dat de joden in héél Europavogelvrij waren verklaard - ja, het ene nahet andere land zei : «Op deze hele grote pla-neet aarde is zelfs geen eilandje, waar dejoden welkom geheten worden»70. Ja, daar-om bestaat Israël. De terugkeer naar hetland begon niet in 1938. Ze is zo oud alsde woorden van Jesaja zijn. De joden heb-ben nooit vrijwillig hun land verlaten. Zijwerden verbannen door andere grotemogendheden : eerst Babylon, toen Rome,en later de Kruisvaarders. Wanneer het maarmogelijk was, keerden ze er terug, zelfs in degevaarlijke perioden in de Middeleeuwen,zoals Jehuda Halevi, Nachmanides en defamilie Maimonides totdat zij werd gedwon-gen om uit te wijken naar Egypte. De jodenhebben de eeuwen door nooit afstandgedaan van hun recht om naar hun eigenland terug te gaan en zij bleven er voor bid-den om eens te kunnen terugkeren. Langvóór de Holocaust, had de Britse Balfour-verklaring (1917) erkend dat de joden hetrecht hebben tot terugkeer. En toch kan ergeen twijfel over bestaan, dat de VerenigdeNaties in 1947 besloten om een joodse staatte stichten (tegelijkertijd ook een Arabischestaat), omdat na het plegen van de grootstemisdaad tegen de mensheid (de genocideop 6 miljoen joden) de joden gewoon eenthuisland nodig hebben. Het was een sim-pele erkenning, die tragisch genoeg veel telaat werd gedaan, dat ook joden rechtenhebben, waaronder het meest fundamen-tele recht van alle : het recht om te leven,om te bestaan, om gewoon te kunnen wan-

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delen op straat, de bus te nemen, naar hetwerk te gaan, te gaan eten in een restaurant,te winkelen, naar school, de universiteit ende synagoge te gaan, zonder angst datiemand je zal aanvallen, beledigen, doden,omdat je bent wat en wie je bent. Dit fun-damentele recht werd aan geen volk zo langontzegd als aan het joodse volk. En zon-der dit recht (om te leven en om te bestaan)bestaan er geen andere rechten. En na deHolocaust (de genocide op 6 miljoen joden)erkenden de volkeren van de wereld ein-delijk ( !) dat dit recht aan de joden niet nóglanger ontzegd mocht worden, en dat ditrecht om te leven, om te bestaan, impliceertdat het joodse volk een thuisland nodigheeft, een land waar zij zichzelf kunnenverdedigen en niet meer afhankelijk zijnvan de eventuele goodwill van anderen.Vandaag strijdt de staat Israël en hetIsraëlische volk voor zijn leven in de meestelementaire zin van het woord. Het recht omte leven, om te bestaan, veronderstelt hetrecht om zichzelf te verdedigen, en watgeldt voor individuen geldt in niet minderemate voor de naties. Dat is precies de redenwaarom naties in de eerste plaats wordengesticht, namelijk om de veiligheid van haarburgers te garanderen. Dat is overeenkom-stig elke politieke filosofie de basis van hetsociale contract. Als wij een natie het rechtontzeggen om zichzelf tegen geweld en ter-reur te verdedigen, ontzeggen wij haar hetrecht om te bestaan71.

De Israëlische consul in New York, IdoAharoni, die samen met Shimon Perez deel-nam aan de vredesbesprekingen van Oslo,zei onlangs in een interview : «Israël probeerthaar inwoners te beschermen. Het Palestijnsleiderschap bekommert zich niet om haarmensen. Met dat attitudeverschil valt er geendeal te sluiten tussen twee volkeren. Israël isaltijd bereid geweest vrede te sluiten methaar vijanden. Op het moment dat je beseftdat het geen realiteit is, kan je je beter terug-

trekken. Er zijn vele vredespogingen onder-nomen vanuit Europa en Amerika. Er isechter nog nooit sprake geweest van eenvredesvoorstel geïnitieerd door dePalestijnen. Daaruit blijkt al de onwil totvrede. Bernard Lewis is een bekende histo-ricus op het gebied van de islam. Hij heefteen interessant onderscheid aangebrachttussen «een conflict over land», dat je kuntoplossen, en «een conflict over het recht totbestaan van de staat Israël in het Midden-Oosten», dat nooit op te lossen is. Hij gaatervan uit dat de aanhangers van de islamaan Israël geen recht van bestaan toeken-nen, als gevolg waarvan vrede nooit moge-lijk is. Je kunt doen wat je wilt, maar alsiemand je het bestaansrecht ontzegt, dankun je onderhandelen tot je een onsweegt»72. Simon Pères, de vroegere ministervan Buitenlandse zaken en premier van deIsraëlische regering, zei in 2002 op een bij-eenkomst in Den Haag : «De staat Israël isde enige staat in de wereld, waarvan hetbestaansrecht wordt betwist. De zelf-moordcommando’s van de Islamitische Jihaden Hamas voeren sinds de Oslo-akkoor-den hun terroristische activiteiten uit onderonschuldige burgers, om de joodse staat tevernietigen. Ook wat dit laatste betreft iser geen volk ter wereld dat dagelijks op dezewijze wordt bedreigd. De Israëli wordengedwongen om zich te verdedigen en teoverleven». Omdat in het Midden-Oostenaan Israël door politici en geestelijke lei-ders, hoogleraren en leraren, personeel vanbasis- en kleuterscholen en leiders vanzomerkampen, journalisten en filmprodu-centen, en programmamakers van radio enTV, het elementaire recht om te bestaanwordt ontzegd73 (de ergste vorm van anti-semitisme !), zijn álle vredesinitiatieven, állevredesvoorstellen en álle vredesakkoorden(Oslo) tot op heden op niets uitgelopen.Daarvan geeft dit essay het onweerlegbarebewijs.

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Daarom is het niet verwonderlijk dat deArabische staten proberen te voorkomendat de Algemene Vergadering van de VN inseptember 2004 moet stemmen over eenresolutie waarin alle vormen van antisemi-tisme worden veroordeeld en lidstaten wordtgevraagd stappen te nemen die antisemitis-me moeten keren. Volgens het Israëlischedagblad Ha’aretz vond onlangs in NewYork een besloten vergadering plaats vanVN-ambassadeurs van Arabische landenen EU-lidstaten. Naar zeggen van een bronbinnen de VN waren de Europeanengeschokt over de botte manier waarop deArabieren zich tegen de idee van zo’n reso-lutie keerden en aankondigden dat zij alleszullen doen om te voorkomen dat die instemming wordt gebracht. De vergaderingwerd ook bijgewoond door de Palestijnsevertegenwoordiger bij de VN, Arafats neef,Nasser al-Kidwa, die zich naar verluidt noghet scherpst tegen de idee van de resolutieuitsprak. De Jordaanse ambassadeur bij deVN, prins Ziad Hussein, zei tijdens de beslo-ten vergadering te New York dat een der-gelijke resolutie de tendens in de wereldzou versterken om elke kritiek op deIsraëlische politiek als antisemitisch tebestempelen. In juni keerden de Arabischedelegaties zich al in felle bewoordingentegen een die maand gehouden VN-semi-narie over antisemitisme. De MarokkaanseVN-ambassadeur, Mohammed Banone, zeiover dit VN-initiatief dat het «een ver-schrikkelijk idee» was en een besluit dat dewereldorganisatie slechts zou verdelen. Deambassadeur van de Arabische Liga merk-te op dat een resolutie van de VN, waarin hetantisemitisme zou worden veroordeeld, eennegatieve impact zou hebben op de ont-wikkelingen in het Midden-Oosten. Tijdensde vergadering met de EU-ambassadeurshekelde Al-Kidwa de op het seminarie doorVN-baas Kofi Annan gehouden toespraak.Daarin had Annan met trots gememoreerddat de Algemene Vergadering in 1990 de in

1975 aangenomen resolutie had geannu-leerd waarin zionisme wordt gelijkgesteldaan racisme. In 2003 had Israël al tevergeefshet initiatief genomen om alle vormen vanjodenhaat door de VN in een resolutie telaten veroordelen74. Op 10 december 2003deed ook de Association for WorldEducation te Genève tevergeefs een indrin-gend appel op de Hoge Commissaris voormensenrechten van de VN, Dr. BertrandRamcharan, om alle vormen van antisemi-tisme in de Arabische wereld krachtig teveroordelen75.

15. Herkennen geestelijke enpolitieke leiders in Europa degeschiedenis van jodenhaatin het Midden-Oosten alshun eigen geschiedenis ?

Niet alleen kerkelijke leiders maar ook poli-tieke leiders hebben nog al eens de gewoon-te om joodvijandige taal te bagatelliseren.In niet mindere mate geldt dit van de mediain de Westerse wereld76. Terecht schreefLeon de Winter : «En ofschoon de geschre-ven pers in de gehele Arabische wereld dage-lijks vol staat met antisemitische uitlatingen,schenken de Westerse media er nauwelijksaandacht aan, alsof jodenhaat tot de onschul-dige folklore van de regio behoort, alsof weons generen om aan zoveel middeleeuwsbijgeloof aandacht te besteden omdat weons daarmee blootstellen aan verwijten datwe discriminatie bedrijven»77. De Israëlischehistoricus Robert Wistrich schrijft : «Zoalsgewoonlijk zijn de Westerse media op extre-me wijze terughoudend om de terroristi-sche oorlog tegen Israël en het Westen inverband te brengen met zijn ideologischeroots in de islam (de jihad). Ook zijn demedia in het Westen er huiverig voor omduidelijk te stellen dat miljoenen moslimsvervuld zijn van diepgewortelde gevoelens

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van afkeer jegens de joden, die terroristi-sche activiteiten voortdurend in de kaartspelen. Het is werkelijk verbijsterend temoeten constateren, hoe weinig aandachtde media in het Westen besteden aan hetvirulente antisemitisme van moslims, datzich als een olievlek heeft verspreid vanCaïro en Gaza tot Damascus, Bagdad,Teheran en Lahore. Het antisemitisme vanmoslims in het Midden-Oosten fungeert inde media in het Westen hoogstens als eenvoetnoot bij de opstekende storm van hetanti-Amerikanisme of als een vorm van‘politiek verzet’ tegen de acties van hetIsraëlische leger»78. De opperrabbijn vanEngeland, Jonathan Sacks, zei in Londenin een toespraak over het nieuwe antisemi-tisme : «Sinds het begin van de tweedeIntifada, die in september 2000 uitbrak,geëntameerd door Arafat en de zijnen,woedt er een oorlog tegen Israël op tweefronten : aan het 1ste front wordt gevochtenin de straten, winkels en bussen vanJeruzalem, Haifa en Tel Aviv. Het zijn uit-barstingen van geweld, gericht tegenonschuldige mensen, tegen jong en oud,vrouwen en kinderen ; uitbarstingen vanterreur, blind in zijn haat en suïcidaal in zijneffecten. In de annalen van het oorlogsbedrijfis er nauwelijks een campagne te vinden,die zo pervers, zo verderfelijk is als dePalestijnse zelfmoord-operatie. Degenendie dergelijke acties ondernemen, het goed-keuren of aanmoedigen, beweren dat ze eenjihad, een Heilige Oorlog voeren. Nooit iser in de geschiedenis van de mensheid eenonheiliger oorlog gevoerd, het is een ont-heiliging van alles wat oorspronkelijk heiligis : mensen zelf veranderen in bommen,moord op onschuldige mensen veranderenin martelaarschap, en mensen van wie zezelf zeggen dat ze van dezelfde semitischekomaf zijn, uitroeien. Dit is geen HeiligeOorlog, het is godslastering, het is een blas-femie tegen de Schepper van het leven, dieons onderwijst om het leven te koesteren en

te heiligen, dat wil zeggen lief te hebben, teomhelzen en hoog te schatten, omdat nietszo kostbaar is als het menselijk leven. Washet heilig om een zelfmoordoperatie uit tevoeren onder onschuldige mensen inNetanya, toen zij in de heiligste nacht van hetjaar, de nacht van Pesach, aan tafel zatenom het heilige verhaal te vertellen van debevrijding uit de slavernij van Egypte ? Denazi’s besloten om de vernietiging van dejoden in het getto van Warschau uit te voe-ren tijdens de joodse paasweek, om te bewij-zen dat God niet bestaat (zie de film ThePianist). Tot op vandaag dachten wij dat ergeen groter kwaad kon bestaan dan dit.Maar we hebben ons vergist, allemaal. Wanter is een groter kwaad : precies hetzelfdedoen en dan beweren dat er een God is diedergelijke dingen goedkeurt. Dit is eennieuw dieptepunt in de geschiedenis van demensheid. Maar dit is alleen nog maar deoorlog die aan het eerste front tegen Israëlwordt gestreden. De oorlog die aan hettweede front wordt gestreden is veel gevaar-lijker. Er bestaat niet alleen fysiek kwaadin de wereld, maar ook moreel kwaad en nie-mand beter dan de profeet Jesaja heeft ditkwaad als volgt gedefinieerd : «Wee hen diehet kwade goed noemen en het goedekwaad, die van het duister licht maken envan licht duisternis, van bitter zoet en vanzoet bitter» (Jesaja 5 : 20). Tijdens de twee-de Intifada wordt er in de pers, op de tele-visie, op internationale forums en in depublieke opinie een virulent hatelijke cam-pagne tegen Israël gevoerd. Het bestaat hier-in dat daden van de Palestijnse terreurworden geherdefinieerd als legitieme uit-drukkingen van woede, ja, dat de meestwrede beschuldigingen van antisemitismein alle landen van het Midden-Oosten wor-den goedgekeurd als legitieme uitingen vanverzet, en dat de zelfverdediging van Israëlzelfs wordt geherdefinieerd als een daadvan terreur79. Alsof Israël wil dat iets der-gelijks gebeurt. Alsof Israël het oorlogsbe-

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drijf zou zoeken. Israël heeft er een afschuwvan. Alsof Israël graag oorlog voert, hetheeft integendeel sinds de stichting van destaat in 1948 alleen maar naar vrede gestreefd.Wat een waanzin om Israël aan te wijzen alsde agressor, nadat het de Palestijnen tijdensde onderhandelingen in de zomer van 2000in Camp David en Taba, een eigen staat metOost-Jeruzalem als de hoofdstad had aan-geboden, en bovendien de hele Gazastrooken 97 procent van de Westbank en tenslot-te nog drie procent van het land Israël. Alsterreur legitiem wordt en zelfverdedigingniet, dan is misdaad wettig verklaard en is hetgedaan met de rechtsstaat. Als het strevennaar vrede agressie wordt genoemd en hetverbreken van alle beloften door Arafat (deOslo-akkoorden) een teken van leiderschap,dan hebben we het stadium bereikt, waarinkwaad goed wordt genoemd en van duis-ternis licht wordt gemaakt. Dat is balance-ren op het scherp van de snede, dat isbalanceren op de rand van de afgrond.Daarom is de oorlog die aan dit tweedefront tegen Israël wordt gevoerd, véél gevaar-lijker dan die aan het eerste front wordtgevoerd. En toch klinkt er geen protest.Hebt u gehoord dat de Verenigde Naties, degeestelijke leiders van de islam, de geestelij-ke leiders van de Rooms katholieke Kerk(paus Johannes Paulus II en de bisschoppen),de geestelijke leiders van de ProtestantseKerken (de Wereldraad van Kerken), en deSynode van de ene Protestantse Kerk inNederland (...) hebt u gehoord dat zij tegendeze zelfmoord-operaties in de straten, bus-sen en winkels in Israël protest hebben aan-getekend ? Hebt u gehoord op 29 april 2004,toen in Berlijn maar liefst 600 vertegen-woordigers van Europese regeringen enook van de Amerikaanse regering, in Berlijnbijeen waren, omdat ze terecht ongerustzijn over de escalatie van het antisemitismein Europa (...), hebt u gehoord, dat ze pro-testeerden tegen de virulente jodenhaat vande Palestijnse Autoriteit en van alle

Arabische regeringen in het Midden-Oosten ? (...) Ik heb het niet gehoord». DeFranse historicus Pierre-André komt in zijnboek La nouvelle judéophobie tot dezelfdeconclusie als Robert Wistrich en JonathanSacks80 ; hij besteedt er een heel hoofdstukaan, getiteld Silences sur la nouvelle judéo-phobie : aveuglement, complaisance ou con-nivence. Politieke en geestelijke leiderszouden zich het gevleugelde woord van degrote Nederlandse historicus ErnstKossmann moeten herinneren «Het verle-den is ons enige kompas voor de toe-komst»81 en het woord dat Johannes PaulusII nog onlangs sprak : «Europa dat haargeschiedenis vergeet, wordt eens het slacht-offer van haar eigen toekomst»82.

Er bestaan twee hardnekkige misverstan-den over taal. Misverstand nummer éénluidt : de taal is alleen maar een spiegelbeeldvan de werkelijkheid. Nummer twee is : detaal is alleen maar de uitdrukking van eendenkproces. Wij denken dat we precies hettegendeel moeten beweren, namelijk dat dewerkelijkheid van het leven door de taalwordt gevormd. De ene groep distantieertzich van de andere door de taal. We nemenverbaal afstand van anderen, sterker nog,we kunnen ze verbaal in het verdomhoek-je duwen. Opposities tussen twee verschil-lende systemen worden vaak in standgehouden door een erg primitieve vormvan taalgebruik. Als we op iemand hetwoord communist, rooie of jood plakken, ishij meteen verloren. Voor veel mensen is erdan niets goeds meer over hem te zeggen.Ook in het eeuwen lang vervolgen van dejoden door de kerk heeft de taal een belang-rijke rol gespeeld. Er is altijd een complexvan factoren aan te wijzen die samen uit-barstingen van jodenhaat opriepen, maarbinnen dat hele complex van theologische,filosofische, kerkelijke, psychologische ensociologische, economische en politieke fac-toren heeft de taal van de anti-joodse leer en

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praxis, waarvoor de Griekse en Latijnsekerkvaders het fundament hebben gelegd,een levensgevaarlijke rol gespeeld : de anti-joodse taal van de geestelijke leiders vanRome (pausen, bisschoppen en priesters),reformatie (Luther, Calvijn), de humanistenvan de renaissance (Reuchlin en Erasmus) ende verlichting (Voltaire, Kant), de meester-denkers van de Duitse filosofie (Hegel,Fichte, Feuerbach, Schopenhauer, enNietzsche) en het socialisme (Marx, Fourier,Toussenel, Proudhon) en tenslotte de Gegen-Mensch, Anti-Mensch en Unter-Mensch vanHitler. Deze anti-joodse taal, die zij bezigenom hun visie op de jood te formuleren eneen dienovereenkomstig beleid uit te stip-pelen, kunnen we niet in eerste instantie oprekening schuiven van het wetenschappelijkeen politieke antisemitisme, dat zich sindsde tweede helft van de 19de eeuw in Europaontwikkelde, want ook genoemde mees-terdenkers uit de afgelopen eeuwen, die deEuropese cultuur diepgaand hebben beïn-vloed, dragen hier een grote verantwoor-delijkheid. Hoe heeft Hitler het Duitse volk,een volk met zulke grote cultuurdragers,ooit zover kunnen krijgen, dat miljoenen(onder wie talrijke wetenschappers) heelbewust hun medewerking hebben gegevenom de joden te vernietigen ? Het zou hem inieder geval nooit zijn gelukt zonder zijnminister voor propaganda, Goebbels, enzonder de uitgave van het blad Der Stürmervan Julius Streicher, waarin de eeuwenoudevooroordelen met betrekking tot de jodenopnieuw werden geformuleerd en geactu-aliseerd. De antisemitische taal die werdgebezigd, zorgde ervoor dat de mensen rijpwerden gemaakt voor de meest extremedingen. De weerzinwekkende geschiedenisvan de jodenvervolgingen in de afgelopeneeuwen, die na tweeduizend jaar christelij-ke beschaving in Europa in de 20ste eeuwescaleerde, werd mede gevormd door deanti-joodse taal van zoveel geestelijke lei-ders en meesterdenkers. Maar misschien

moeten geestelijke leiders en politici zichnòg meer zorgen maken over de duizen-den karikaturen die er in de media in hetMidden-Oosten van de jood alle dagen ver-schijnen. Geen enkele politicus of geeste-lijke leider kan het zich permitteren hetreeds genoemde boek van Joël en DanKotek niet te lezen83. Ze zullen hun eigengeschiedenis herkennen en daarom wordengealarmeerd ! Arieh Stav schrijft : «Als wijdenken in termen van tijd en ruimte, danmoeten we zeggen dat de karikatuur vande jood in de Arabische pers in het Midden-Oosten werkelijk alles overtreft wat onsbekend is uit de Europese annalen van deafgelopen eeuwen, waarin de haat tegen hetjoodse volk werd gevisualiseerd. Nooit eer-der in de geschiedenis van de mensheid heefteen hele beschaving, verspreid over 22 lan-den, de jood en zijn land in karikaturen inhonderden kranten dag in dag uit zo zwartgemaakt. Als wij denken in termen vankwaadaardigheid en venijnigheid, dan moe-ten wij concluderen dat de karikatuur van dejood in de Arabische pers werkelijk allesovertreft wat wij in de geschiedenis heb-ben gezien, inclusief de karikaturen die denazi’s van de jood maakten»84.

16. «Onverschilligheidverraderlijkste van allegevaren» (Elie Wiesel)

Elie Wiesel, overlevende van Auschwitz,schrijver van romans en verhalen, hoogle-raar literatuur en filosofie, winnaar van deNobelprijs voor de Vrede, zei in zijntoespraak van mei 1988, bij de opening vande internationale tentoonstelling Anti-semitisme : een geschiedenis in beeld85 inhet Amsterdamse Anne Frank Huis :«Antisemitisme is slecht, niet alleen voor hetslachtoffer, maar ook voor de toeschou-wer. Er waren drie rollen in de tragedie vande Tweede Wereldoorlog : de moordenaar,

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het slachtoffer en de toeschouwer. En zon-der de toeschouwer zou de moordenaarnooit zoveel slachtoffers hebben gemaakt.Heel mijn leven heb ik geprobeerd de onver-schilligheid van de toeschouwer te bestrijden.Want de joden zijn in de TweedeWereldoorlog in eerste instantie het slacht-offer geworden van de onverschilligheid.Ik heb altijd geloofd dat het tegengesteldevan liefde niet haat is, maar onverschilligheid.En dat betekent dat het tegengestelde vankennis niet onwetendheid is, maar onver-schilligheid. Het tegengestelde van hoop isniet zonder hoop leven, maar onverschilligin het leven staan. Het tegengestelde vanleven is niet dood, maar onverschilligheidvoor leven en dood. En daarom geloof ik,dat literatuur of kunst of schrijven, of onder-wijzen of werken voor de menslievendheid,maar één doel heeft : de strijd aangaan tegenonverschilligheid. (...) Onverschilligheid tastalles aan, het sust in slaap en doodt nogvoordat het doodt. De onverschilligheid ishet meest verraderlijke van alle gevaren. AlsAuschwitz er al niet toe heeft kunnen leidendat het antisemitisme zou verdwijnen, watdan wel ! Racisme en antisemitisme bestaannog steeds, de vreemdeling is altijd in gevaar.Dat maakt me bang. De 20ste eeuw is hetgelukt belangrijke ziektes te genezen. Deziekte die niet is genezen, is het antisemitis-me»86. Elie Wiesel zei op 29 april 2004 inBerlijn tijdens een tweedaags symposiumvan de OVSE (Organisatie voor Veiligheiden Samenwerking in Europa), waar afge-vaardigden uit 55 landen aanwezig waren :«Wij moeten in het onderwijs de geschie-denis van het antisemitisme veel serieuzernemen, omdat onderwijs het enige ant-woord op antisemitisme is. De OVSE zoueen schoolboek in alle talen moeten publi-ceren (niet meer dan 60 tot 80 pagina’s),waarin aan kinderen glashelder wordt uit-gelegd welke verwoestingen de haat in dewereld aanricht. Later zal de OVSE eenanaloog boek moeten publiceren voor de

jeugd. De UNESCO zal hetzelfde moetendoen als de OVSE. Ik ben er diep van over-tuigd dat haat een besmettelijke ziekte is.Mensen die joden haten, haten ook anderemensen. Tenslotte haten zij zichzelf, omdatde haat uiteindelijk een suïcidale impuls is.Haat kent geen geografische, religieuze ofetnische grenzen. Haat is haat. Vanaf 1986organiseer ik in de hele wereld symposiaover de haat, omdat wij willen weten waarhet vandaan komt en wat het wezen ervan is.Van een kinderpsycholoog heb ik geleerd,dat kinderen van drie jaar al kunnen haten.Ik ben dag en nacht bezig met de vraag,hoe kinderen het weer af kunnen leren».

Met een variant op de uitspraak van ElieWiesel («Het enige antwoord op het antise-mitisme is onderwijs») sluiten wij ons essayaf. Het enige antwoord op de escalatie vande islamisering van de Europese jodenhaat(in woord èn beeld) in het Midden-Oostenis : onderwijs. Historici, geestelijke en poli-tieke leiders, academici, leraren, onderwijzers,journalisten van de dag-, week- en maand-bladen, en regisseurs van radio- en televisie-programma’s in het Midden-Oosten enelders in de wereld zullen de ernstige ver-dachtmakingen en laster aan het adres van dejoden in Israël moeten ontmaskeren alsgrove leugens. Het is de dure plicht van deEuropese Unie om de komende jaren in delanden van het Midden-Oost veel te inves-teren in speciale interdisciplinaire onder-wijsprogramma’s ter bestrijding van hetantisemitisme. Dat is een proces van jaren,zoals allen in Europa weten die zich naAuschwitz (helaas pas daarna !) inzettenom het antisemitisme op alle fronten tebestrijden. Zelfs als er binnen niet al te langetijd een politieke oplossing komt voor hetIsraëlisch/Palestijnse conflict, dan is er noglang geen vrede in het Midden-Oosten. HetArabische en Hebreeuwse woord voorvrede betekenen zoveel meer dan afwezig-heid van oorlog. «Peace does not lie in char-

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ters and covenants alone. It lies in the heartsand minds of the people» (John F. Kennedy).

Synthèse

Les Juifs, en tant que minorité protégée,ont occupé à travers les siècles une positionassez particulière dans la société islamique.Des phénomènes européens tels la haineraciste envers les Juifs ou l’anti-judaïsmeraciste y étaient inconnus. Les islamistesn’avaient pas peur des Juifs précisémentparce qu’ils étaient considérés comme des‘dhimmi’s’ faibles et impuissants. Cette atti-tude a connu un renversement radical avecl’avènement du sionisme et la création del’Etat d’Israël en 1948. D’un coup, l’antisé-mitisme de type européen s’est développédans le monde islamique. Des textes infâmes,comme par exemple Les Protocoles des sagesde Sion, y circulent depuis lors. Un étatd’esprit, de plus, largement relayé par lesmédias.

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1 Nieuwe en uitgebreide versie van lezing voor leden van B’Nai Berith te Antwerpen in mei 2003. De tekst van deoorspronkelijke lezing is verschenen in het nieuwjaarsnummer van het Belgisch Israëlitisch Weekblad van september2003.

2 Rivka YADLIN, An Arrogant Oppressive Spirit. Anti-Zionism as Anti-Juadaism in Egypt, Pergamon Press Oxford,1989 ; Ronald L. NETTLER, A Muslim Fundamentalist’s View of the Jews, Pergamon Press Oxford, 1987.

3 «Het is onze plicht ons te concentreren op onze islamitische zaak, en dat betekent in de eerste plaats de vestiging vanGods wet in ons eigen land, en dat wij ervoor zorgdragen dat het woord van God zegeviert. Het lijdt geen twijfel dathet eerste slagveld van de jihad de volledige vernietiging van deze ongelovige leiders is en de vervanging ervan dooreen volmaakte islamitische orde, en zo zullen onze krachten bevrijd worden». Dit schrijft Abd al-Salam Faraj, eenEgyptenaar die samen met anderen in april 1982 werd geëxecuteerd op beschuldiging van het beramen van enaanzetten tot de moord op president Sadat.

4 Ik maak dankbaar gebruik van : Pierre-André TAGUIEFF, La nouvelle judéophobie, Paris, Fayard, janvier 2002 ;Bernard LEWIS, Sémites and Anti-Sémites, New York, 1986 ; Robert WISTRICH, Hitler’s Apocalypse. Jews and Nazilegacy, Londen, 1985 ; idem, The Myth of Zionist Racism (WUIJS-Veröffentlichungen), London, 1976 ; de veledocumenten die wekelijks beschikbaar worden gesteld door het : Arab Antisemitism Documentation Project. TheMiddle East Media Research Institute. Memri Special Dispatch Series.

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5 Talrijke en gevarieerde bronnen werpen licht op de wijde verspreiding in Europa van de legende van de rituele moordin : getuigenissen van joden zelf, protocollen van officieel onderzoek door kerkelijke en wereldlijke gezagsdragers,gerechtelijke verhoren en vonnissen, notulen van vergaderingen van gemeenten, correspondentie tussen magistraten,kerkvorsten (pausen/bisschoppen), seculiere en reguliere geestelijken, prinsen, koningen en keizers, volksliederen,verhalen, schotschriften, karikaturen, pamfletten, houtsneden, volksboeken, theologische geschriften, preken,catechismussen en persoonlijke herinneringen. Joden zouden kinderen van christelijke ouders vermoorden om dekruisiging van Jezus te imiteren, of omdat zij christelijk bloed zouden vermengen met hun pesachwijn en ongezuurdebroden. In de afgelopen eeuwen werden joden in de volgende plaatsen ervan beschuldigd dat zij kinderen haddenvermoord : 12de eeuw : Norwich, Londen, Gloucester, Winchester, Saragossa, Blois, Parijs, Bamberg en Boppard ;13de eeuw : Lincoln, Norwich, Gloucester, Londen (3x), Saragossa, Varleas, Bern (2x), Endingen, Metz, Pforzheim,Fulda (2x), Frankfurt, Constanz, München (4x), Bamberg en Velhartice ; 14de eeuw : Chinon, Annecy, Keulen,Ubereingen, Zürich (2x), Fulda (2x), München (2x), Praag en Messina ; 15de eeuw : Laguardia, Sepulveda, Turijn, Pavia,Padua (2x), Meran, Landshut, Pfullendorf, Trente, Treviso, Reggio, Mantua, Arena, Portobuffuola, Verona, Vivenza,Rinn, Linz, Diessenhofen, Endingen, Ravensburg (2x), Regensburg (2x), Trnava, Breslau en Krakau ; 16de eeuw : Fulda,Frankfurt, Poesing, Polna, Verden, Berlijn (2x), Gostynin, Sochaczew, Olkusz, Bielsk, Witow, Rawa, Budapest enVilna ; 17de eeuw : Lublin, Miedzyrzec, Wlodawa, Rozyszcze, Olyka, Dunajgorod, Zaslav, Shepetovka, Zhitomir,Oster, Yampol, Grodno, Leczyca, Sochaczew, Krakau, Siedlce, Berlijn, Tongeren, Metz, Wenen, Stribo, Posen,Rozana, Brest, Bjala, Bamberg, Sandomierz en Frankfurt ; 18de eeuw : Viterbo, Orkuta, Ungvar, Yampol, Lublin,Sandomierz, Izyaslav, Kiev, Shepetovka, Posen, Saslawl, Petrikau, Dunajgorod, Gorodnja, Zhitomir, Poznan,Woislawize, Tasnad en Sienno ; 19de eeuw : Bamberg, Polna, Budapest, Nagy Szokol, Corfu, Rhodes, Galata,Damascus (3x), Antiochië, Aleppo (3x), Alexandrië (2x), Tripoli, Beiroet (2x), Dayr al-Qamar. Jeruzalem, Kairo (2x),Mansourah, Damanhur (4x), Istanboel (2x), Büyükdere, Kuzguncuk, Eyub, Edirne, Izmir, Kutais, Bakau, Grodno,Miedzyrzecz, Wlodawa, Siedlce, Sandomierz, Lublin, Atov, Velizh, Telsiai, Xanten, Königsberg, Skurz, Izyaslav, Krakau,Zborov, Szalacs, Kaschau, Tisza Eszlar, en in tweede helft van 19de eeuw werden joden in Constantinopel enSmyrna en andere steden van Turkije tijdens de Paasweek soms jaren achtereen beschuldigd van rituele moord ; 20steeeuw : Caïro (2x), Port Said (2x), Alexandrië (2x), Petrovo Silo, Kiev, Dubossari, Kishinev, Beiliss, Vilna, in detwintiger jaren in verscheidene steden in Dagestan, Memel, Komitz, Manau, Bamberg, en München. Pas in de 19 eeuw(zoals blijkt uit dit overzicht) begint de legende van de rituele moord (het bloedsprookje) een rol te spelen inchristelijke kringen in het Midden-Oosten (via zendelingen en missionarissen ). Pas na de Zesdaagse Oorlog (1967)verspreiden islamitische geestelijke leiders en politici ( !) deze legende.

6 De auteur van dit artikel schreef voor de studenten van de Vrije Universiteit en voor de studenten van het SimonWiesenthal Instituut te Brussel : Twintig eeuwen Jodenhaat in woord en beeld (3 delen) In deel 1 (300 pagina’s), datde ondertitel heeft «Meesterdenkers en beleidmakers aan het woord», wordt de geschiedenis van het antisemitismein de literatuur behandeld, in deel 2 en 3 (samen 475 pagina’s) wordt deze geschiedenis gevisualiseerd in beelden (uitde geschiedenis van de kunst) en in karikaturen van de jood.

7 André LEROUSSEAU, Le judaïsme dans la philosophie allemande (1770-1850), Paris, 2001 ; Paul LAWRENCE Rose,Revolutionary antisemitism in Germany. From Kant to Wagner, Oxford, 1990 ; Jacob KATZ, From prejudice todestruction. Anti-Semitism, 1700-1922, Cambridge, 1980 ; Micha BRUMLIK, Deutscher Geist und Judenhass. DasVerhältnis des philophischen Idealismus zum Judentum, München, 2000.

8 Degenen die deze status genoten waren behalve joden : christenen, Sabiërs, Samaritanen en Zoroastriërs.9 Als teken van vernedering en onderworpenheid schreef een kalief wel eens voor dat de joden «gele vlekken»

moesten dragen op hun kleding, maar dit voorschrift werd meestal genegeerd. Het waren de pausen in Europa diedit teken van de islam overnamen en er een teken van stigmatisatie van maakten. Als het gaat om discriminerendevoorschriften is de «Gele Vlek» de enige maatregel die de Kerk van de islam overnam. Paus Innocentius III en debisschoppen konden op het 4de Concilie van Lateranen in 1215 slechts in het algemeen in de kerkelijke wetvastleggen, dat een of ander kentekening met betrekking tot de joden moest worden ingevoerd. De uitvoeringervan lag bij het wereldlijk gezag. Het werd aan de respectievelijke vorsten overgelaten om hun eigen herkenningstekenste kiezen en in te voeren. Door twee herkenningstekens waren de joden voor de niet-joden altijd te herkennen geweest :het dragen van de jodenhoed (pileus cornutus) en een bijzondere baarddracht. Ook al eisten de rabbijnen nalevingvan dergelijke voorschriften, toch waren vooral in Engeland, in delen van Frankrijk, in Spanje en op Sicilië deze joodseherkenningstekens nagenoeg verdwenen. In Midden- en Oost-Europa daarentegen waren de joden wel door hun puntigejodenhoed herkenbaar gebleven. De deelnemers aan het concilie van Lateranen waren zich hiervan bewust. InMidden-Europa werd na 1215 de traditionele jodenhoed een vernederend onderscheidingsteken. In talrijke decretenkomen de pausen erop terug, dat het noodzakelijk is dat de vorsten herkenningstekens moeten voorschrijven om deliefde tussen joden en christenen onmogelijk te maken. Deze stigmatisatie van de joden was - zoals in de Oudheid- een straf. De joden realiseerden zich goed, dat ze in het openbaar werden vernederd en gekrenkt, want ookchristelijke zondaren werden met symbolen gebrandmerkt en in het openbaar vernederd om de bevolking af te

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schrikken. De symboliek van kleuren was in de Middeleeuwen zeer geprononceerd. Geel was al in het oudeGermaanse volksgeloof de kleur van de ‘woekerbloem’ en sinds het begin van het 2de millennium moestenprostituees en betrapte concubines van geestelijken gele hoofddoeken dragen. In Duitsland, Oostenrijk, Bohemenen tijdelijk ook in Polen bleven de joden de traditionele puntige jodenhoeden dragen, maar sinds het Lateraans concilieals een teken van openbare vernedering. Later moesten ze narrenkappen dragen, ronde capuchons. Karel V (1530)liet de mogelijkheid open om gele ringen op de mantel en op de kappen te dragen, terwijl men de joden in Frankfurtdwong om zwart-grijze hoeden te dragen. In Pruisen waren tot in de 18de eeuw rode hoeden het herkenningsteken.Maria Theresia schreef een hoofddeksel voor, voorzien van een gele band. In Augsburg droegen joodse mannen ophun bovenkleed sinds 1434 de ‘Gele Vlek’ en vrouwen een gele sluier. Enkele jaren later verordende de synode vanBamberg onder voorzitterschap van kardinaal Nicolaus van Cusa, afgezant van de paus, dat de mannen voortaan geleringen en de vrouwen twee blauwe strepen moesten dragen. Hoofddeksels, ringen en sluiers zijn sinds het concilievan 1215 niet de enige onderscheidingstekens geweest, want in het midden van de 16de eeuw kwamen in Bohemende grote gele lappen in zwang. In Engeland droegen de joden twee opvallende witte bordjes, waarop de tiengeboden waren geschreven, terwijl in Frankrijk het grote, ronde teken in de vorm van een rad als herkenningstekenwerd ingevoerd. Later raakte ook het dragen van een hoorntje op een zwart stuk doek, dat midden op een gele lapwerd gedrukt, in zwang : een duidelijk symbool van de duivel, waarvan de jood de incarnatie is. Er was één land inde Middeleeuwen, dat de jodenvloek al in de vorm van een ‘ster’ voorschreef : koningen van Portugal kozen in de14de eeuw een gele en rode, zespuntige ster uit. Christenen zagen deze gestigmatiseerde jood op portalen, fresco’s,kerkramen, in bijbels, psalm- en gebedenboeken, op monumenten, stedelijke gebouwen en bruggen, fornuizen, borden,nachtspiegels en kaartspelen (K. KWIET, Van Jodenhoed tot Gele Ster, Bussum 1973).

10 BAT YE’OR, «Le facteur dhimmi dans l’exode des Juifs des pays arabes», in : Shmuel TRIGANO, L’exclusion desJuifs des pays arabes. Aux sources du conflit israélo-arabe, Puiseaux Loiret, Pardès, 2003 ; Bernard LEWIS, «Islamand Development. The Revaluation of Values», in : Islam in History. Ideas, Men and Events in the Middle East, Londen,1973 ; idem, The Arabs in History, Londen, 1968 ; idem, The Emergence of Modern Turkey, Londen, 1968 ; idem,The Muslim Discovery of Europe, Londen, 1982 ; idem, Islam and the West, New York, 1993 ; idem, Semites andAnti-Semites, Londen, 1986 ; idem, The Middele East, Londen, 1996 ; idem, Wat is er misgegaan ? De betrekkingentussen het Westen en het Midden-Oosten, Amsterdam, 2002 ; idem, De crisis van de islam. Jihad en de wortels vande woede, Amsterdam, 2003.

11 Yehoshofat HARKABI, Palestinians and Israel, Jerusalem, 1974, p. 9 : «Nergens ter wereld is sinds de ondergangvan Nazi-Duitsland zoveel antisemitische literatuur uitgegeven als in de Arabische landen. Zeer verontrustend is hetfeit, dat deze antisemitische literatuur niet wordt gepubliceerd door marginale groeperingen in de Arabischesamenleving, maar door staatsdrukkerijen. Anders zou het toch niet te verklaren zijn, dat bijvoorbeeld in Beiroetdestijds De Protocollen van de wijzen van Sion gedurende zeer lange tijd boven aan de bestsellers lijst stond».

12 August Rohling, achtereenvolgens hoogleraar aan de katholieke universiteiten van Münster, Milwaukee en Praag,publiceerde in 1871 zijn geruchtmakend boek Der Talmudjude. Wie Der Talmudjude van August Rohling leest, komttot de conclusie dat dit werk feitelijk een mini-uitgave is van Pugio fidei van Raymond Martini uit de 13de eeuw envan Entdecktes Judentum van Andreas Eisenmenger uit het begin van de 18de eeuw. Deze schrijvers hebben zich nietgerealiseerd, dat ‘slecht begrepen worden niet minder pijnlijk is dan slecht behandeld worden’ (Franz Rosenzweig)en dat het formuleren van een anti-joodse leer niet minder catastrofaal is dan het ontwikkelen van een anti-joods beleid.Het omgekeerde is eerder het geval, omdat een anti-joods beleid dikwijls wordt gerechtvaardigd door een anti-joodseleer. Voor de joden is de Talmoed, aldus Rohling, veel belangrijker dan de Bijbel. Aan de Talmoed wordt absolutesuperioriteit boven de Bijbel van Mozes toegekend. De zonden tegen de Talmoed zijn veel ernstiger dan die tegende Bijbel. De joden moeten daarom veel meer aandacht schenken aan de woorden van de rabbijnen dan aan die vanMozes. Wie de woorden van de rabbijnen veracht, is des doods schuldig. In het tweede gedeelte van zijn boek schrijfthij over de naaste, het bezit, het wereldrijk, het bedrog, de gevonden voorwerpen, de woeker, het leven, de vrouw,de eed, de christenen en de excommunicatie, om te adstrueren dat de joden er een uiterst corrupte moraal opnahouden. De auteur schrijft, dat de joden in de Talmoed leren, dat de goddelijke majesteit slechts woont onder dejoden, dat alleen joden mensen zijn en niet-joden dieren. Daarom mogen joden jegens niet-joden ook geen liefdebeoefenen, omdat dieren van de naastenliefde zijn uitgesloten. Het streven van de joden naar de heerschappij overde wereld heeft religieuze wortels, omdat volgens de Talmoed de hele wereld eigendom van de joden is. Daarom kaneen jood een niet-jood ook niet bestelen, omdat hij in dat geval slechts neemt wat hem is vervreemd. Het bedrijvenvan woeker is niet historisch bepaald, maar wortelt in de religie van de joden. Want de Talmoed schrijft de joden voorom woeker te bedrijven. Daarom kan een jood hiervan alleen maar afzien, als hij zijn religie vaarwel zegt, dat wil zeggenals hij ophoudt jood te zijn. Niet-joden zijn met hun geld en leven aan de immorele joden uitgeleverd. Als niet-jodenin levensgevaar verkeren, mogen joden hen niet helpen. Joden mogen christenen doden, en als zij met hen seksuelerelaties aangaan, kan er geen sprake van ontucht zijn, omdat christenen geen mensen zijn maar dieren. Daarom staatde religie van de joden gelijk met immoraliteit en criminaliteit. Gedurende zijn hele leven wees hij het verwijt van

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de hand, dat hij een vulgaire antisemiet was. Het ging hem niet om ‘Judenhass’ maar om ‘Christenschutz’ Hij zeidikwijls, dat hij de joden op geen enkele wijze onrecht wilde doen. Hij verdedigde een legitiem christelijkantisemitisme, dat werd gemotiveerd door het christelijk gebod van de liefde voor de vijand. Volgens de lange traditievan de kerk mogen christenen in joden nooit hun naasten zien en hen op grond hiervan liefhebben. Dat zou in strijdzijn met het getuigenis van het Nieuwe Testament, de kerkvaders, middeleeuwse theologen, reformatorischetheologen én de besluiten van talrijke concilies en synoden. De publicatie van het werk van August Rohling vondoveral grote weerklank, omdat de auteur de draad van de anti-joodse traditie van de katholieke kerk weer hadopgenomen. In zijn werk meende men alle argumenten te kunnen vinden, op grond waarvan de kerk in deafgelopen eeuwen een anti-joodse leer en een anti-joods beleid had ontwikkeld. August Rohling zorgde er voor, datdit geloof tegen het einde van de 19de eeuw en in de 20ste eeuw door ontelbare katholieken in Duitsland, Oostenrijk,Frankrijk, Engeland en Hongarije werd gedeeld. Tussen 1871 en 1922 verschenen er maar liefst 17 edities van DerTalmudjude, en in deze periode werd zijn werk in het Engels, Frans, en Hongaars vertaald. De katholieke uitgeverBonifatius-Verein, die het boek van Rohling had uitgegeven, verspreidde van de zesde editie in Duitsland dertig duizendexemplaren gratis. Geen enkel antisemitisch werk werd waarschijnlijk op zo’n grote schaal en binnen zo’n korte tijdin verschillende landen verspreid als Der Talmudjude van Rohling. Alleen La France juive van Edmond Drumontkan misschien met Rohlings boek kunnen wedijveren.

13 Voor de geschiedenis van de Protocollen van de Wijzen van Sion verwijs ik naar de volgende twee standaardwerken :Norman COHN, Histoire d’un mythe. Les «Conspiration» juive et les Protocoles des Sages de Sion, Paris, 1967 ; Pierre-André TAGUIEFF, Les Protocoles des Sages de Sion, I en II, Paris, 1992, met uitvoerige Bibliographie (365-403) overde verspreiding van dit werk over de hele wereld in meer dan dertig talen, inclusief de vertalingen in de Arabischewereld.

14 Hadassa BENITTO, Anatomie van een vervalsing. De Protocollen van de wijzen van Sion, Baarn, 2000, pp. 246-247, schrijft : «De antisemieten hebben al voor Goebbels uitgevonden dat gedrukte leugens hun beste wapen zijn.Een leugen in de vorm van een document of een boek gaat zijn eigen leven leiden. Ze wordt aan goedgelovige mensenin de boekhandel verkocht, bevindt zich in gerenommeerde bibliotheken, wordt geciteerd en verkrijgt daardoorlegitimiteit. Wil eene vervalsing duurzame geldigheid hebben, dan moet ze op een legitieme plaats te vinden zijn.Daarvoor moet ze in een overtuigende vorm zijn verpakt. Ze kan dan bekritiseerd, genegeerd, afgewezen of in diskredietworden gebracht - dat heeft allemaal geen invloed op haar bestaan. Er zullen altijd mensen zijn die de leugengeloven of ze voor hun eigen doeleinden gebruiken. Sommige mensen weten zelfs dat het een vervalsing is of hetinteresseert ze gewoonweg niet. Alleen het feit dat ze bestaat, is genoeg om haar voor de waarheid te houden. Zowordt bijvoorbeeld het feit dat een exemplaar van de Protocollen in het gerenommeerde British Museum inLonden staat, dikwijls gebruikt om de echtheid en de authenticiteit er van te bewijzen. Wetenschappelijkeargumenten kunnen tegen een vervalsing niets beginnen. Heeft de leugenaar eenmaal een platform geschapen, danwordt hij als partner in een serieuze discussie geaccepteerd, dan heeft hij al gewonnen. Dan wordt hij erkend. Nuis het aan de grote, meest onwetende massa om over die leugen te oordelen. Is de vervalsing van dien aard dat zebestaande vooroordelen bevestigt, reeds aanwezig haat aanwakkert en antwoorden geeft op werkelijke problemen,is de leugenaar bovendien zeer gemotiveerd, dan kan hij er zeker van zijn dat hij succes heeft. Het publiek heeft nietde mogelijkheid over een leugen te oordelen. Haar te willen weerleggen is bijna uitzichtloos».

15 Memri. Inquiry and Analyses Series, No.109, November 8, 2002, «Arab Press Debates Antisemitic Egyptian SeriesA Knight Withouth a Horse» ; Memri. Inquiry and Analyses Series, No.113, November 20, 2002, «Arab Press DebatesAntisemitic Egyptian Series Knight Without a Horse, Part II ; Memri.Inquiry and Analyses Series, No.114,december 10, 2002, «Arab Press Debates Antisemitic Egyptian Series Knight Witout a Horse», Part III ; Memri. SpecialDispatch Series, No.454, January 3, 2003, «Egypt’s Respons to Accusations of Arab Media Antisemitism».

16 Robert WISTRICH, Der antisemitische Wahn von Hitler bis zum Heiligen Krieg gegen Israel, Londen, 1987, p. 312.17 Bernard Lewis, emeritus hoogleraar Midden-Oosten aan de Princeton University, schreef zeer recent een

buitengewoon verhelderend boek over de wortels van de islamitische woede, getiteld : The Crisis of Islam, New York,2003. Een Nederlandse vertaling, getiteld De crisis van de islam. Jihad en de wortels van de woede, Utrecht, 2003.

18 Vanaf de 13de eeuw keerde in mysterie- en passiespelen het refrein telkens weer terug dat de joden ‘vijanden van hetmenselijk geslacht’ zijn, die ‘in de hel met Satan als duivels leven.’ Een van de meest verbreide legenden was die vanTheophilus. In alle versies krijgt de intieme relatie tussen de duivel en de jood een bijzonder accent. In de Franse versiewordt verteld dat Theophilus, een afgevallen priester, zijn ziel al aan de duivel heeft verkocht nog voordat hij eenjood om hulp roept. Maar de jood wil hem niet uit de macht van de duivel bevrijden. Integendeel. Als Satan doorde jood wordt aangeroepen en onmiddellijk verschijnt, begroet de jood hem met de woorden : ‘Mijn Koning en mijnHeer’. Desondanks aarzelt de jood niet de Satan te commanderen en zijn overmacht over de Satan en de onderwereldten toon te spreiden. Het blijkt dat de jood zelf Satan in zijn macht heeft en hem naar zijn pijpen kan laten dansen.De Satan krijgt de opdracht Theophilus mee te slepen en hem in de hel te storten, de verblijfplaats van Satan zelf,die tegelijk ook als een ‘joodse duivel’ wordt geportretteerd. Deze legende, die in heel Europa zeer populair was, heeft

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een grote invloed uitgeoefend op de beeldvorming van de jood als handlanger van de duivel en werd een vruchtbarevoedingsbodem voor het ontstaan van allerlei racistische stereotypen van de jood : de jood is niet alleen van natureinferieur aan de niet-jood, maar hij hoort zelfs niet thuis in de kring van mensen, maar in die van de demonen. Vanafhet begin, nog voordat de jood en de duivel een complot hadden gesmeed om Jezus en zijn volgelingen om te brengen,hadden ze gemeenschappelijke belangen, omdat ze een gelijke natuur en karakter hebben. Ook de grafische kunstweerspiegelt deze visie op de jood, die van grote invloed is geweest op de racistische beeldvorming van de jood inde christelijke traditie.

19 Ook aan het werkje Zur Judenfrage van Karl Marx worden door geestelijke leiders in het Midden-Oostenvoortdurend citaten ontleend in hun strijd tegen de staat israël die moet verdwijnen. Marx schrijft, dat hij niet, zoalsBauer heeft gedaan, over de ‘Sabbatjude’, maar over de ‘Alltagsjude’ wil schrijven. Het gaat hem niet om dereligieuze jood, maar om de werkelijke jood van alle dag, om de jood van de hedendaagse maatschappij. Wat is volgenshem het diepste wezen van de ‘Alltagsjude’ ? Hij antwoordt : «Wat is de wereldse grond van het jodendom ? Depractische behoefte, het eigenbelang. Wat is de wereldse cultus van de jood ? Het gesjacher. Wat is zijn wereldse god ?Het geld». Hij zegt dat de geest van de ‘Alltagsjude’ wordt bepaald door egoïsme. Want het gaat hem om heteigenbelang. Het is duidelijk, dat Marx de gedachte van Feuerbach uitwerkt, dat de joodse religie in wezen de religievan het egoïsme is. Marx past deze gedachte toe op de moderne maatschappij. Hij schrijft : «De emancipatie van dejoden is in laatste instantie de emancipatie van de mensheid uit het jodendom».

20 Pierre-André TAGUIEFF, Les Protocoles des Sages de Sion, Deel 1, Paris, 1992 : Bibliographie, pp. 365-403(Arabische vertalingen : pp. 378-381).

21 Heinrich Heine, geciteerd door Maurice BLANCHOT, L’Entretien infini, Paris, Gallimard, 1969, p. 181. Geen wonderdat in de Talmoed : Jewamot staat : «De Rabbi’s zeggen : Als iemand tegenwoordig de wens te kennen geeftproseliet te worden, zeggen ze hem : ‘Waarom wil je proseliet worden ? Weet je dan niet dat de Israëlieten gemarteldworden, opgejaagd, vervolgd en gekweld, en dat zij blootstaan aan veel ellende ? Als hij dan zegt : ‘Ik weet het, enik ben niet waardig’, dan nemen zij hem zonder verdere discussie op in hun midden».

22 AL-AZHAR, Majma’ al-Buhut al-Islamiya, Kitab al-Mu’tamar al-Rabi’ li-Majma’ al-Buhuth al-Islamiya.Onmiddellijk na de conferentie werden een aantal referaten al gepubliceerd in Majallat al-Azhar, het maandblad vande universiteit van Caïro.

23 The Fourth Conference of the Academy of Islamic Research, 1968, Caïro, Government Printing Offices 1970 ; erverscheen ook een samenvatting van het Engelse deel door D. F. GREEN, Arab Theologians on Jews and Israel.Extracts from the proceedings of the Fourth Conference of the Academy of Islamic Research, Genève, 1974, waarvanook een Franse editie verscheen onder de titel Les Juifs et Israël vus par les théologiens arabas. Extraits des Procès- Verbaux de la 4 Conférence de l’Academie de Recherches Islamiques, Genève, 1976.

24 Papers of the Conference : The Jihad, by Dr. Abdul-Halim Mahmoud, Secretary-General of the Academy ; The Jihad,by Shaikh Muhammad Abu-Zahra, member of the Academy ; Good Tidings about Decisive Battle betweenMuslims and Israel, by Shaikh Nadeem Al-Jisr, member of the Academy ; Jihad in the cause of Allah, by Shaikh HassanKhaled ; The will of Fighting in Jihad, by Mahmoud Sheth Khattab ; Al Jihad in Islam, by Muhammad Abdul LateefAl Sobki ; The Jihad is the way to gain victory, by Shaikh Abdullah Ghoshah ; Muslims and the Problem ofPalestine, by Abdulla Kannoun, member of the Academy ; The Place of Jerusalem in Islam, by Abdul-Hamee Hassan,member of the Academy ; The High Standing of Jerusalem in Islam, by Dr. Isshaq Mussa Al-Hussaini, member ofthe Academy ; The position of Jerusalem in Islam, by Shaikh Abd El Hameed El Sayeh ; World Zionism and the Tragedyof Arab Palestine, by Wafiq Al-Qassar, member of the Academy ; The Essence of the Palestinean problem, by Dr.Kamel El Baker ; Zionism and Palestine, by Dr. Sayed Nofal ; The Jews are the enemies of human life as is evidentfrom their Holy Book, by Kamel Ahmad Oun ; The attitude of the Jews towards Islam and Muslims in the early daysof Islam, by Mohammad Taha Yahia ; Jewish Role in Aggression on the Islamic Base in Medina, by Dr. Abdul-AzizKamil ; Jews’ attitude towards Islam and Muslims in the first Islamic era, by Sheikh Abd Allah Al Meshad ; The attitudeof the Jews towards Islam, Muslims and the prophet of Islam at the time of His Honourable prophethood, byMuhammad Azzah Darwaza ; Jews in the middle ages, comparative study of East and West, by Dr. Sa’id Abdel FattahAshour ; The Jewish attitude towards Islam and Muslims in early Islam, by Sheikh Abdul-Hamid ‘Attiyah Al-Dibani ;The Jews in the Quran, by Abdel Sattar El Sayed ; Anniversary of the revelation of the Qu’ran and verification ofits date, by Abdullah Kannoun, member of the Academy ; The Qu’ran and society, by Dr. Ibraheem Al-Labban,member of the Academy ; Jewish legends in Tafsir and Hadith, by Mahmoud Yunus (The Indonesian) ; IsraeliticNarratives in Exegesis and Tradition, by Muhammad Hussain El Dhahaby ; Punishment in Islam, by ShaikhMuhammad Abu-Zahra, member of the Academy ; Origin of Juristic Jihad, and its Phases of development, by ShaikhMohammad Ali El-Sayis, member of the Academy ; Ethical and Social Education in the Sunna, by Abdul HameedHassan, member of the Academy ; Human Rights between Theory and Practice, by Mohammad KhalafallahAhmad, member of the Academy ; The Personality of the Muslim, by Dr. Abdul-Haleem Mahmoud, Secretary-General,Islamic Research Academy.

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25 D. F. GREEN, Arab Theologians on Jews and Israel, o.c., pp. 2-3.26 D.F. Green schrijft in zijn voorwoord op Arab Theologians on Jews and Israel (1974) het volgende : «The ideas

expounded in this volume could lead to the urge to liquidate the Jews - to genocide. If the evil of the Jews isimmutable and permanent, transcending time and circumstances, and impervious to all hopes of reform, there is onlyone way to cleanse the world of them - by their complete annihilation. No doubt the participants of this Congressdid not intend it, and perhaps were not conscious of the dangers concealed in such reasonings ; yet its inner logiccould lead to such a conclusion» (p. 3).

27 Ook dit thema wordt ontleend aan het arsenaal van het Europese antisemitisme. In de 19 eeuw verschenen er metname in Duitsland vele tientallen werken, waarin de Hebreeuwse Bijbel bespottelijk en belachelijk werd gemaakt.Deze auteurs stonden onder sterke invloed van verlichte Duitse en Franse filosofen, die de draak staken met deHebreeuwse Bijbel. Met name moeten we hier Voltaire noemen, aan wiens werken geestelijke leiders in hetMidden-Oosten voortdurend anti-joodse citaten ontlenen in hun strijd tegen de staat Israël. Volgens vijf maatstavenbeoordeelt Voltaire het wezen van de joodse religie. De eerste is die van de moraal : de joden maken zich niet alleenschuldig aan allerlei vormen van wreedheid en bedrog, maar ook aan seksuele promiscuïteit. Ook desavoueert hijde polygamie van aartsvaders en koningen. De tweede maatstaf is die van de redelijkheid : een God die van de jodenrituele handelingen vraagt, zoals het brengen van offers, het besnijden van jongens, de onderhouding van deSabbath en bovendien dreigt met zware straffen -zoals de doodstraf- als zij die geboden niet onderhouden, is in strijdmet het beeld dat deïsten zich van God vormen, want laatstgenoemde bemoeit zich niet met het reilen en zeilen vande mensen op aarde. Daarom steekt Voltaire de draak met al deze irrationele riten en handelingen. De derdemaatstaf is die van culturele en wetenschappelijke creativiteit : de aanhangers van de joodse religie hebben nauwelijkseen bijdrage geleverd aan de cultuur en de wetenschap. De vierde maatstaf is die van de politiek : uit het feit dat hetjoodse volk drie keer in ballingschap werd weggevoerd concludeert hij, dat het kennelijk niet in staat is eentheocratie te scheppen die standhoudt. Tenslotte is hij van oordeel dat de joodse religie niets voorstelt omdat haaraanhangers niet geloven in de onsterfelijkheid van de ziel. Het oordeel van Voltaire over de ontwikkeling van de joodsereligie uit latere tijden valt nog veel harder uit : hij schrijft alle negatieve eigenschappen die hij aantreft bij joden uitbijbelse tijden en die voortkomen uit hun inferieure religie, heel gemakkelijk toe aan joden uit latere tijden. Het isduidelijk voor hem, dat de joden met hun verdorven ethiek een groot gevaar vormen voor de overleving van deEuropese beschaving. Maar dit betekent voor hem niet, dat de joden daarom ook mogen worden vervolgd en op debrandstapel gebracht, zoals de inquisiteurs in Spanje deden.

28 Memri. Special Report, no.10, september 26, 2002, 1-4 : «Friday Sermons in Saudi Mosques : Review and Analyses.Part I : The Christians and the Jews are ‘Infideles’, ‘Ennemies of Allah’» ; vergelijk ook de preken van de geestelijkeleiders in Irak, waarin dezelfde thema’s doorklinken als in die van de imans in Saoedi-Arabië : Memri, SpecialReport, No.13. April 04, 2003 : Friday Sermons on Iraqi TV : October 2002 - March 2003, by Steven Stalinsky.

29 Memri, Special Report, no.10, September 26, 2002, 4-7 : Part II : «Jews, the Descendants of Pigs and Apes». Het isnauwelijks bekend dat de jood vanaf de 13de eeuw in de christelijke kunst op mensonterende en weerzinwekkendewijze werd voorgesteld als de ‘Judensau’ : de jood ‘rijdt’ op een zwijn, joden zuigen aan haar tepels, houden haar staartomhoog en eten haar uitwerpselen ; een joodse vrouw baart geen kinderen maar biggetjes, die vervolgens door eensmerig varken in leven worden gehouden en grootgebracht. De ‘Judensau’ is nog altijd te zien als beeldhouwwerken houtsnijwerk ter versiering van talrijke zuilen van kapitelen, friezen en koorbanken van vooral Duitse kathedralenen kerken. Sinds de 13de eeuw, toen christelijke auteurs de vuile levenswijze van joden hekelden, werd de jood doorkunstenaars in beeldhouwwerken en reliëfs als zwijn afgebeeld. De ‘Judensau’ deed zijn intrede in de wereld van dechristelijke kunst. We zien aan de volgende kerken joden afgebeeld, die melk en uitwerpselen van een zwijnnuttigen : Domkerk te Bamberg (1230), St. Severin te Keulen (13de eeuw), Domkerk te Keulen (14de eeuw), St. Peterte Wimpfen (13de eeuw), Domkerk te Magdenburg (13de eeuw), Mariakerk te Lemgo (13de eeuw), Kathedraal teMetz (14de eeuw) en Regensburg (14de eeuw), St. Martin te Colmar (14de eeuw), Domkerk te Uppsala (14de eeuw),kathedraal te Gnesen (14de eeuw), Domkerk te Erfurt (15de eeuw), Notre Dame te Aerschot (15de eeuw),Domkerk te Basel (1432), Nicolaikerk te Zerb (15de eeuw), kloosterkerk te Heilsbronn (15de eeuw), parochiekerkte Cadolsburg (15de eeuw), parochiekerk te Wien-Neustadt (15de eeuw) èn aan de parochiekerk te Wittenberg. Doorde ‘Judensau’ werd het geloof dat joden een perverse onmenselijke moraal in de Talmoed leren, die van duivelseoorsprong is, gevoed. Deze voorstelling van de jood heeft zich ontwikkeld uit de wijze waarop in allegorische cycliin de middeleeuwen deugden en ondeugden van mensen werden voorgesteld. Hierin was het zwijn het symbool vande ‘gula’ (onmatigheid) en ‘luxuria’ (onkuisheid) geworden. Het zwijn werd het symbool van de zondaar die zichverlustigde in brasserij en wellustig gedrag. Welnu, omdat de Griekse en Latijnse kerkvaders de joden al bij uitstekbeschuldigden van hun geile en gulzige levenswijze, lag het voor de hand dat het zwijn het symbool werd van de gulzigeen wellustige jood. De ‘Judensau’ komt voor het eerst voor bij Magnentius Hrabanus Maurus (±856) in zijnencyclopedisch werk De rerum naturis, kortweg De universo genoemd, waarin hij met een verwijzing naarpsalm 17 : 14 schrijft, dat de joden als straf voor hun schuld en medeplichtigheid aan de kruisdood van Jezus

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Christus hun vuile en verderfelijke levenswijze van het ene op het andere geslacht overdragen tot aan het einde dertijden.

30 Memri. Special Report, No.10, september 26, 2002. Part III, 7 : «It is Impossible to Make Peace With the Jews».31 Memri. Special Report, No.10, september 26, 2002. Part IV, 7-8 : «Musslims Must Educate Their Children to

Jihad (...) and to Hatred of Jews and Christians».32 Memri. Special Dispatch Series, No.48, October 1, 1999 : «Hitler’s Mein Kampf in East Jerusalem And PA

Teritories ; Memri. Special Dispatch Series, No. 208, April 20, 2001 : «Thanks to Hitler» ; Memri. Special DispatchSeries, No.212, April 27, 2001 : «‘Thanks to Hitler’ Again» ; Memri. Special Dispatch Series, No.231, june 20,2001 : «The Egyptian Government Paper Al-Akhbar Once Again Defends Hitler» ; Memri. Special DispatchSeries, No.375, May 3, 2002 : Columnist for Egyptian Government Daily tot Hitler : «If Only You Had Done It,Brother !»

33 In 1921 werd Haji Amin al-Huseini, een extremistisch pan-Arabische nationalist, tot Groot-Mufti, religieus leider,van Jeruzalem benoemd. Drie weken na zijn benoeming leidde hij een pogrom waarbij drieënveertig joden werdenvermoord. Vanaf het begin van de Tweede Wereldoorlog voerde de Mufti met steun van nazi-Duitsland, de Irakese,Syrische en Libanese opstand tegen de geallieerde machten aan. Op 20 Januari 1941 schreef de Mufti vanuit Bagdadaan Hitler het volgende : «(Palestina) vormt een obstakel voor de eenheid en onafhankelijkheid van de Arabischelanden, die tegenover de joden van de hele wereld staan : de joden zijn immers gevaarlijke vijanden, wier geheimewapens bestaan uit geld, corruptie en intriges (...) Arabisch nationalisme is Uwe Excellentie dankbaarheid enerkenning verschuldigd, omdat U in Uw schitterende toespraken telkens weer het vraagstuk van Palestina aan deorde stelt. Ik verlang uiting te geven aan mijn dank voor Uwe Excellentie en ik verzeker U van de gevoelens vanvriendschap, sympathie en bewondering, die het Arabische volk voor Uwe Excellentie - grote Führer - èn voor hetDuitse volk koestert. Ik maak van deze gelegenheid gebruik om mij bij de Duitse regering door mijn privé-secretaris te laten vertegenwoordigen, die in naam van de sterkste en grootste Arabische organisatie en namens mijzelf, gesprekken zal voeren over oprechte en loyale samenwerking op alle gebied.» In oktober 1941 vluchtte de Muftinaar Berlijn, waar hij Hitler ontmoette, die hem steun beloofde voor «de oplossing van het joodse vraagstuk» inPalestina. De Mufti verzorgde Arabische uitzendingen voor Radio Berlijn. In een van zijn toespraken voor de radiozei hij : «Arabieren, staat op, sluit jullie aaneen en vecht voor jullie heilige rechten. Doodt de joden waar ze maar tevinden zijn. Dit behaagt God, geschiedenis en religie. Dit redt jullie eer. God is met jullie». Volgens de getuigenis vaneen hoge nazi-officier tijdens het Neurenberger proces was de Mufti n van de voornaamste pleitbezorgers voor detotale uitroeiing van de joden. In 1947 vestigde hij zich te Caïro, waar hij aanvallen op joodse gemeenten aanvoerdeen gevluchte nazi’s opving.

34 Vertaling : Ronny NAFTANIEL en Wim KORTENOEVEN, Israël en de Palestijnen. Tien moeilijke kwesties, CIDI,mei 2002, p. 16, 34, 38.

35 Memri. Special Report, No.10, September 26, 2002. Part VI, pp. 8-11 : «The Palestinian Struggle Must be AnIslamic Jihad».

36 Centre d’Information sur les Services de Renseignements et le Terrorisme, L’industrie de la haine dans le monde arabeet musulman. L’incitation à la haine et la propagande contre le monde occidental, Israël et les Juifs au sein del’Autorité Palestinienne, du monde arabe et de L’Iran, éditeur Reuven Ehrlich, Mei 2003, pp. 1-64.

37 Ibidem.38 Ibidem.39 KHALED ABU TOAMEH, «Arafat Calls on Children to Become «Martyrs»», in : Jerusalem Post, 16 juli 2003 :

«Yasser Arafat on Friday called on Palestinian children to follow the example of Fares Odeh, a 13-year-old boy fromGaza who has been immortalized posthumously by a photograph showing him throwing stones at an IDF tank. Arafatwas speaking at a reception at his headquarters in Ramallah for hundreds of children from Jerusalem participatingin summer camps, which include in their programs a visit to Arafat’s office».

40 Zie ook : website : http ://www.jislamia.org/news/new04.htm41 Centre d’Information sur les Services de Renseignements et le Terrorisme, L’industrie de la haine dans le monde arabe

et musulman. L’incitation à la haine et la propagande contre le monde occidental, Israël et les Juifs au sein del’Autorité Palestinienne, du monde arabe et de L’Iran, éditeur Reuven Ehrlich, Mei 2003, pp. 1-64.

42 Amos NEVO, «Hitler is een idool voor de jeugd. Mein Kampf een bestseller», in : Yediot Ahronot, maart 2003.43 Palestinian Schoolbooks : A Hindrance to Peace : The Argument in Brief. Points to Consider, The History of Palestinian

Schoolbooks : 1967 to the Present, Key Themes, International Community, New Schoolbooks, UNRWA Schools,Role of Hamas, Marcus Submission to UK Parlement, Teaching Geography, UNESCO Guidlines, Critique of EUPolicy, Rochford (Engeland), May 25, 2004.

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44 Prism Group Report : Palestinian Children : What are they being taught ?, 2003 : «What happens when a child’s herois a 21 year old who goes onto a bus and blows himself up, killing and maiming dozens around him ? What can bethe future for a region, a people, and in fact, the entire world, when children are taught to glorify terrorist acts ? Toanswer these and similar questions, The Prism Group, an organization dedicated to investigating human rights issuesin the Middle East, has just released a report entitled : «Palestinian Children : What are they being taught ?» On April30, 2003, the Quartet announced details of a Roadmap that is meant to bring a peaceful solution to the Middle East.An integral part of the implementation of the Roadmap is a call for incitement and the misuse of educationalmaterial to cease immediately. Perhaps more than any other group in the world, the children of the Middle East areboth the targets and the victims of this incitement from many levels of society. What they are taught and what theyare encouraged to believe, will determine the future of the Middle East. The Prism Group report concluded thefollowing : 1. Teaching materials and guidelines developed by the Palestinian Authority since 1993 are poor and inmany cases inflammatory. 2. Palestinian children are increasingly exposed to a broad range of violent influences,including defamatory television material and summer camps designed to indoctrinate hatred. 3. Internationalorganizations such as the European Union and UNRWA, as well as individual donor countries have unwittinglyfunded educational materials designed to incite, summer camps designed to indoctrinate, and more. 4. Palestinianchildren have been cynically and consistently used as pawns to promote hatred of their Israeli neighbours. Not onlyis this a clear infringement on their human rights, it also raises the concern that peace can never take hold in the region.5. And most frightening of all, clear evidence indicates that incitement effects are now spreading outside the MiddleEast, entering fringe communities in many Western countries». The report is available on-line at the Prism Groupwebsite, at www.theprismgroup.org. The Prism Group, a Non-Governmental Organization (NGO) was formedin 2002 to clarify issues relating to the Middle East. The Prism Group’s voluntary researchers reside in several differentcountries around the world, and are dedicated to presenting a spectrum of viewpoints, thus promoting a betterunderstanding of the political and social realities in the region. For further information contact [email protected] visit the Prism Group website at www.theprismgroup.org

45 IPCRI - A binational and non-governmental organisation, the Israel/Palestinian Center for Research and Information(IPCRI) published a report (2003) highlighting the failings of the Palestinian education system. IPCRI’s co-directors, Gershon Baskin, PhD and Zakaria al Qaq PhD are respected for their contacts with the current Palestinianleadership. While disclaiming incitement, Baskin and al Qaq state in the report that the Palestinian textbooks «failto apply the principles and concepts (of religious tolerance) to include Jews and the State of Israel and although thecurriculum provides the opportunity for students to recognize and respect beliefs and practices of «others», the conceptof the «other», in most cases, is limited to Christians. The findings are clear.

46 Zie hoofdstuk 11 : Antisemitische indoctrinatie in amusementsindustrie in Midden-Oosten.47 Zie hoofstuk 9 : Geestelijke en politieke leiders in Midden-Oosten prediken tijdens tweede intifada vernietiging van

de staat Israël.48 Zie hoofdstuk 15 (slot)49 Amos NEVO, «Ha Dor ha-Ba shel ha-Shahidim» (De volgende generatie van martelaren), in : Yediot Ah-ronot, 9

maart 2001, pp. 20-21.50 Yohanan MANOR, Les manuels scolaires palestiniens. Une génération sacrifiée, Paris, 2003, pp. 141-146.51 Roni SHAKED, «Ha derekh la-terror, overet bakeitanot», in : Yediot Ah’ronot, 2 september 2002.52 The Independent (UK), 30 mei 200353 www.islamonline.net/English/News/2003-04/24/article 10.shtml.54 New Republic, Mei 2003. Zie vooral : het magistrale werk van Benny MORRIS, Histoire Revisitée du Conflit Arabo-

Sioniste, Bruxelles, Editions Complex, 2003.55 Cynthia OZICK, «Palestine : nation or death cult», in : Wall Street Journal, 30 juni 2003».56 Het volgende rapport bevestigt het onderzoek, dat wij in het academiejaar 2003/2004 aan het Simon Wiesenthal Instituut

te Brussel hebben verricht naar de inhoud van de Palestijnse schoolboeken : EU Funding.org. An Independent Lookat the Role of European Funding in the Middle East, 1. Palestinian Schoolbooks : A Hindrance to Peace, May 25, 2004 :«Our research has led to 5 distinct and sad messages : Palestinian children are forced to learn from inflammatorymaterial, much of it containing hidden and/or violent directives. This is an abuse of their basic student rights, as laiddown by UNESCO. It is evident that the texts are designed not to include the name of Israel. When this rule isbreached, Israel is only referred to in a negative context. Any connection between Jews and the Holyland is deniedemphatically. The result is that the Palestinian children are encouraged to hate their neighbors. This culture not onlyfans the flames of violence ; it significantly reduces the chances for peace among the next generation. These booksare funded by foreign governments and respected international agencies ; in particular Belgium, Italy and UNESCO.The institutions of the United Nations, in particular UNESCO and UNRWA, are clearly providing services,

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which only deepen the fostering hatred directed at Israel. Our message is that the international community in general,and the European enities mentioned here, along with UNESCO, must take a 180 degree turn. They must requirethat the Palestinian Arab authorities immediately cease the negative education they have created and need todemand that their aid money be used for positive, peacedirected purposes». 2. The History of Palestinian Schoolbooks :1967 tot the Present, May 25, 2004. 3. Key Themes in Palestinian Schoolbooks, May 25, 2004. 4.The Role of theInternational Community, May 25, 2004. 5. New Palestinian Schoolbooks, May 25, 2004. 6. UNRWA Schools andthe Kalandia Scrapbook, May 25, 2004. 7. The Role of Hamas, May 25, 2004. 8.Teaching Hatred of Israel and Jewsin the New Palestinian Authority Schoolbooks, May 25, 2004. 9. The Teaching of Geography : How to Use SimpleExercise Book to Deliver a Hidden Political Message, May 25, 2004. 10. UNESCO Guidelines. The RelevantCriteria, May 25, 2004. 11. European Union Policy Towards Palestinian Textbooks. A Critique, May 25, 2004.

57 Michael STEIN, «De joden verstoppen zich achter de rotsen en de bomen. Maar de rotsen en bomen roepen : ‘Omoslim, O dienaar van God, er is een jood achter mij. Kom en dood hem», in : Trouw, 12 april 2003 ; JorisLUYENDIJK, «Egyptische tv-serie bevestigt zionistische samenzwering», in NRC-Handelsblad, 2 december2002.

58 Joris LUYENDIJK, «Egyptische tv-serie bevestigt zionistische samenzwering», in : NRC-Handelsblad, 22december 2002.

59 Memri. Inquiry and Analyses Series, No.109, November 8, 2002, «Arab Press Debates Antisemitic Egyptian SeriesA Knight Withoutb a Horse» ; Memri. Inquiry and Analyses Series, No.113, November 20, 2002, «Arab Press DebatesAntisemitic Egyptian Series Knight Without a Horse, Part II ; Memri. Inquiry and Analyses Series, No.114,december 10, 2002, «Arab Press Debates Antisemitic Egyptian Series Knight Witout a Horse», Part III ; Memri. SpecialDispatch Series, No.454, January 3, 2003, «Egypt’s Respons to Accusations of Arab Media Antisemitism».

60 Ook in de geschiedenis van de jodenhaat in Europa keert in de anti-joodse literatuur het refrein telkens terug datjoden leugenaars zijn.

61 Herroepen op 16 december 1991.62 Paradoxaal genoeg, omdat geestelijke en politieke leiders in landen rondom de staat Israël, decennia lang (eigenlijk

al sinds 1967) zichzelf zien, zoals we hebben aantgeoond, als navolgers van Hitler en de zijnen.63 Geciteerd door Michael Stein in Trouw van 12 april 2003.64 Anti-Defamation League, September 4, 2001 : A World Conference Against Racism. Excerpts from the NGO

document ; Wayne FIRESTONE, «Durban Derailed into a Conference of Hate», in : Jerusalem Post, 31 augustus2001.

65 Tekst : CIDI Israel Nieuwsbrief 2004. Zie verder : Rick GOLDBERG, Religion in the Technological age : Dealingwith Antisemitism on the Internet : «The Internet is the greatest thing that has ever happened to hate. Hate and hatespeech have been around for thousands of years, but in a supposed age of tolerance, hate seems to be manifestingitself as violence with alarming regularity. Why is it that in a modern and technological society, hate is so prevalent ?Perhaps it is the technology itself that is fostering these attitudes. The internet strikes many as a disturbinglypowerful way to distribute odious messages. Hate literature has been distributed in our country for years, and ourgovernment has constantly dealt with it (some would argue not effectively enough). Why are things suddenly differentnow that hate groups, such as the Heritage Front, are distributing their propaganda electronically rather than withpaper ? If anything makes the Internet different from other types of speech it is the relative ease with which the fewcan reach the many. On a medium where an e-mail spam (mailing to all users on a server) can reach thousands, a massposting to usenet can reach tens of thousands, and anyone can publish a web page that can be viewed by millions,things which may have been just a minor irritant are suddenly magnified thousands of times. However, why is it thatthe kind of racist theology that you would ignore if you received it on the street, suddenly becomes a majorconcern when you see it online ? Why is it that the laws which people generally feel do a good job in dealing withoffline hate speech are suddenly inadequate when it comes to dealing with hate on the internet ? No matter whatits citizens might believe, cyberspace is a part of society. Therefore the same laws that govern offline hate speech, mustalso govern it online. There is of course a problem with this approach : Canada does not govern the internet, nor doesany single country in the world. The internet is an international network of computers and consequently no singlecountry can even attempt to regulate it. By accessing the Internet in Canada, one has access to all information availableon the Net worldwide. Even if hate speech was banned from Canadian sites, we would still be able to accessAmerican sites or German sites or just about any other site in the world. As long as there is one web page anywhereon the Net spewing these heinous messages, everyone in the world has access to it and could willingly or unwillinglybe exposed to it. What can we do about hate speech on the Net ? As has always been the case when addressing theissue of freedom of speech, we have 4 choices : Ignore it, Expose it, Criminalize it, Hack it».

66 Itamar MARCUS in : Joods Nl. Nieuwsbrief 17.07.2003 ; uitvoerige analyse : Bernard LEWIS, De crisis van de islam.Jihad en de wortels van de woede, Utrecht, 2003, pp. 125-146.

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67 Al Hayat Al Jadida, January 25, 1999.

68 Poltieke en geestelijke leiders van PA, die behalve Arafat Israëls recht om te bestaan ontkennen, zijn onder meer :Faisal Husseini, minister van zaken betreffende Jeruzalem van de PA, in : Al-Arabi, Egypt, 24 juni 2001 ; Abd El AzizShahian, minister of Supplies van PA, in : Al Ayyam, 30 Mei 2000 ; Othman Abu Arbiah, Arafats afgevaardigde, in :Al-Hayat Al-Jadida, 25 november 1999 ; Sheikh Yousuf Sneina, prediker van de Al-Aqsa Moskee in Jeruzalem, in :PA TV, 8 september 2000 ; Abdullah Al-Hourani, voorzitter van Palestijns-Nationale Raad, in : Al-Hayat Al-Jadida,14 april 2000 ; Imad Alfalugi, minister van communicatie van PA, in : Al-Hayat Al-Jadida, 18 november 1999 ; SalimAlo’aadia, Abu Salam, supervisor van Publieke Zaken, in : Al-Hayat Al-Jadida, 20 januari 2000 ; Sheikh Ikrima Sabri,Moefti van Jeruzalem, door PA benoemd, in : PA TV, 11 januari 2001 ; Dr. Ahmed Yousuf Abu Halbiah, geestelijkleider van PA en rector van universiteit, in : PA TV, 28 juli 2000 en PA TV, 13 October 2000 ; Dr. Muhammad IbrahimMadi, geestelijk leider van PA, in : PA TV, 12 april 2002, PA TV, 3 augustus 2001 en PA TV, 8 juni 2001.

69 Hans JANSEN, «Evian les Bains», in : idem, Het Madagascarplan. De voorgenomen deportatie van EuropeseJoden naar Madagascar, Den Haag, 1996 (Duitse vertaling 1997), pp. 203-228.

70 Simon Wiesenthal vertelde mij eens het volgende verhaal : in 1938 ging een Weense jood naar een reisburo om te vragen,naar welk land hij nog zou kunnen emigreren. Een vriendelijke juffrouw stond hem te woord en kwam met een groteglobe naar hem toe om na te gaan, of er nog een land bereid was joden toe te laten. Met haar vinger wees zij naar landenals Engeland, de Verenigde Staten van Amerika, Zweden, Paraguay, Uruguay, Brazilië, en China. Toen zij hem hadduidelijk gemaakt, dat ze geen enkel land op de globe kon aanwijzen, dat nog joden wilde opnemen, zei de vogelvrijverklaarde jood met de nodige humor tegen haar : «Hebt u misschien nog een andere globe waar wel een land is tevinden ?»

71 Jonathan Sacks, opperrabijn van Engeland, in essay over Het nieuwe antisimitisme, Londen, 2003.

72 Ido AHARONI, «Er is zoveel waar Israël trots op kan zijn», in : Joods Journaal, nummer 28, zomer 2004, pp. 118-121.

73 Een klassiek thema uit de christelijke theologie van alle kerken in de afgelopen 20 eeuwen, waarin het joodse volkals straf Gods ook het recht op het bestaan werd ontzegd, d.w.z. om in Palestina te wonen en een natie te vormen.Dat de joden altijd het voorwerp van Gods toorn zijn en dat ook zullen blijven, ‘bewijst’ Hiëronymus ondermeer door uitvoerig te schilderen, hoe de joden zich op de dag van de verwoesting van de tempel van Jeruzalem (de9de Av) in de stad verzamelen om er te treuren over wat Gods toorn voor eeuwig en altijd heeft uitgewerkt : «Na demoord op de knechten en tenslotte op de Zoon van God, werd de ontrouwe pachters de toegang tot Jeruzalemverboden tenzij om er te klagen. Om de ruïnes van de stad te kunnen bewenen, betalen zij geld, zodat zij die eenshet bloed van Christus kochten, nu hun tranen kopen. Zij mogen zelfs niet gratis klagen. Op de dag waaropJeruzalem door de Romeinen werd ingenomen en verwoest, kunnen we zien, hoe het treurende volk, dat wilzeggen bejaarde vrouwen die verzwakt zijn en grijsaards in lompen gehuld en met kromme ruggen, te samenstroomt. In hun uiterlijke verschijning getuigen zij van de toorn van God die op hen ligt. En terwijl het kruis vande Heer schittert, de kerk van de opstanding in de blakerende zon straalt, en op de Olijfberg de kruisbaniertriomfantelijk is verheven, zien we hoe het ongelukkige volk weent over de ruïnes van de tempel. Tegelijk zien weook dat het toch geen volk is dat medelijden verdient». Voor de wellicht geleerdste kerkleraar Hiëronymus zijn dewoorden van Jeremia 18 :19-22 («...geeft daarom als teken van wraak en vergelding hun kinderen aan de honger prijs,lever hen over aan de macht van het zwaard, zodat hun vrouwen van de kinderen beroofd en weduwen worden, hunmannen slachtoffers van de dood, hun jongelingen sneuvelen door het zwaard») in vervulling gegaan, toen deRomeinen in het jaar 70 als instrumenten in Gods hand wraak namen op de dood van Gods Zoon en daarom staden tempel met de grond gelijk maakten. En dan verwijst hij naar Matteüs 27 :25 en schrijft : «Hun vervloeking is meteeuwige verdoemenis beantwoord». Verder zegt hij, dat het verschrikkelijke van hun misdaad vooral hieruit blijkt,dat zij Hem wilden doden, die zelfs in zijn sterven aan het kruis nog voor hen bad. Hij voegt in zijn commentaarop deze tekst er nog aan toe, dat hun nakomelingen al te gemakkelijk het slechte voorbeeld van hun voorouders zoudenkunnen volgen, als God deze misdaad niet tot in alle volgende generaties van joden zou straffen. De straf van de joden,die levenslange en eeuwige gevangenschap impliceert, krijgt hier ook nog het accent van een pedagogische maatregel.De stichting van de staat Israël in 1948 bracht in de theologie over het joodse volk een revolutionaire veranderingte weeg en het duurde bijna een halve eeuw voordat het Vaticaan de staat Israël officieel erkende. Daarom hebbenwij in Europa geen enkele reden hen aan te klagen, en aan de schandpaal te nagelen, omdat wij in de spiegel van deontwikkelingen in het Midden-Oosten beschaamd ons zelf zien, ons eigen verleden. Zie verder hoofdstuk 15 vandit manuscript : «Herkennen geestelijke en politieke leiders in Europa geschiedenis van jodenhaat in Midden-Oosten als hun eigen geschiedenis ?»

74 CIDI, Israël Nieuwsbrief, nr.12, 2004 ; w.w.w.haaretz.com Last update - 08.41 28/07/2004 : Arabs shock Europeans,refuse to condemn anti-Semitism, by Shlomo Shamir, Haaretz Correspondent.

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75 Tekst van het appèl luidt : «To UN Acting High Commissioner for Human Rights, Dr. Bertrand Ramcharan. Islamistand Arab Judeophobia as a Growing Phenomenon of a revived Culture of Hate : The Continuing Use of The Protocolsof the Elders of Zion and the Medieval Blood Libel. On the 55th anniversary of the General Assembly’s adoptionof the UDHR, we wish to express to you and to all your colleagues in UN bodies our deep dismay and grave concernover the continuous use of a genocidal century-old forgery, The Protocol of the Elders of Zion, as well as the medieval‘blood libel’ accusating Jews of killing Christian children each year to mix their blood in the Passover Matzah. ThisArabic translation by Muhammad Khalifa Al-Tunsi (from an English version of The Protocols) was first publishedin 1951 in Egypt, and often reprinted (1st Arabic edition from the French forgery : 1925/1927, Caïro). In Syria, andelsewhere, there has been a continued rehash of the 1840 Damascus ‘Blood Libel’ accusation, particular by DefenceMinister Mustafa Tlass in his 1983 book, The Matzah of Zion, constantly reprinted, a best-seller in several languages,and confirmed by him again in 2003. This, even after the grisly scandal at the Commission on Human Rights in 1991when Syria’s delegate brandished an illustrated and gory Arabic edition of The Matzah of Zion to prove «thehistorical reality of Zionist racism». General Tlass actually wrote in the preface to his book : «The Jew can kill youand take your blood in order to make his Zionist bread». Therefore, we solemnly call upon you as Acting HighCommissioner for Human Rights and to the whole Human Rights community to speak out and redouble UN effortsfor the elimination of all hate-generating, especially genocidal, forgeries on websites and in the media, and toengage in wide educational programmes which will develop understanding and mutual respect among peoples andbetween religious communities. René Wadlow David G. Littman».

76 Om een voorbeeld te geven : In het voorjaar van 2003 verscheen een voortreffelijk samengestelde aflevering van Spiegelspecial (2003, nr. 2), getiteld Allahs blutiges Land. Der Islam und der Nahe Osten, 130 pagina’s. Ik zou geen themaover de complexe problematiek van de islam in het Midden-Oosten kunnen noemen, dat in deze aflevering van DasMagazin zum Thema niet voorkomt, behalve het antisemitisme. Wat Nederland betreft is het dagblad Trouw eengelukkige uitzondering.

77 Trouw Dossier nr. 17 : «In strijd met Allah», 2002, p. 26 ; Jeff Jacoby schrijft op 18 januari 1999 in The Boston Globehet volgende : «There is almost no reporting on the dominant source of contemporary Jew-hatred : the Arab/Muslimworld. This lack of interest is perplexing since the Arab-Israeli ‘peace process’ gets covered in detail. American andEuropean journalist pay great attention to the Arab world’s diplomatic dealings with the Jewish State ; how odd thatthey pay almost none to what Arabs and Muslims actually say about Jews».

78 Robert S. WISTRICH, Muslim Anti-Semitism : A Clear and Present Danger, 2003, paper uitgegeven door ittee (AJC)The American Jewish Committee (A.J.C.).

79 Marius Groeneveld schreef in 1981 al : «Daarom zou het best mogelijk kunnen zijn dat de huidige politiek van deIsraëlische regering ertoe zou leiden, dat een nieuwe golf van antisemitisme op zou komen. Een golf, die - bijvoortzetting van die politiek tegen alle redelijkheid in (sic !) - zich zou uiten in formuleringen ‘dat de joden dit tochniet langer kunnen maken’. Dat zou betekenen dat die nieuwe golf niet gericht zou zijn tegen de jood als underdog,maar tegen de jood als misbruiker van macht. Dat zou inhouden, dat een dergelijke golf van antisemitisme, reactieop een proces van discriminatie van joodse kant, voor het eerst in de geschiedenis een te rechtvaardigen reactie zouzijn». (Marius GROENEVELD, Midden-Oosten Notities, Bergen NH, 1981, pp. 101-102. Hoe weinig de auteurbegrijpt van het antisemitisme, blijkt uit de volgende uitlating in zijn boekje : «De eeuwen door is antisemitisme eenirrationeel verschijnsel (cursivering van H.J.) geweest, dat vanuit de meest verscheiden culturele achtergronden isontstaan» (p. 101).

80 Pierre-André TAGUIEFF, La nouvelle judéophobie, Paris, Fayard, 2002.

81 Frank ANKERSMIT, «Het verleden is ons enige kompas voor de toekomst. Ernst Kossmann en het belang van degeschiedenis», in : NRC Handelsblad, 11 november 2003 : «Wie geen kennis heeft van het verleden is als iemand dievan een boek slechts één pagina kent en die daarom onmogelijk begrijpen kan wat er op die ene plaats staat. Dehistoricus is daarentegen te vergelijken met iemand die heel het boek kent vanaf het begin tot en met die bewustepagina. Daarom heeft juist hij een goed idee van wat er werkelijk op die ene pagina, de pagina van het heden, gebeurt- en ook van hoe het boek zich in de toekomst misschien verder zal ontwikkelen. Zonder de historicus zijn we blindin het heden en zonder doel voor de toekomst. Daar kunnen slechts rampen uit voortkomen. Dat is wat Kossmannen zijn voorgangers (Huizinga, Geyl, Romein en Rogier) ons steeds op het hart drukken. Zij wisten ook datdaarom de politiek het hart van de geschiedenis uitmaakte».

82 Katholiek Nieuwsblad, 23 juli 2004, p. 14.

83 Joël en Dan KOTEK, Au nom de l’antisionisme. L’image des Juifs et d’Israël dans la caricature depuis la secondeIntifada, Brussel 2003.

84 Arieh STAV, Arab Anti-Semitism in Cartoons, Policy Paper No.1, 1997 (Ariel Center of Policy Papers).

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85 Bij de internationale tentoonstelling verscheen het boek Antisemitism. A History Portrayed (Den Haag 1989),door : Jan Rense BOONSTRA, Hans JANSEN en Joke KNIESMEYER (vertalingen in het Nederlands, Zweedsen Noors).

86 Het thema van de onverschilligheid is een telkens terugkerend motief in de toespraken, interviews en werken vanElie Wiesel, zoals in zijn toespraak die hij te Oslo op 11 december 1986 hield bij gelegenheid van de overhandigingvan de Nobelprijs voor de Vrede. Hij zei toen : «Israël is het enige land ter wereld waarvan het bestaan zelf wordtbedreigd (...) Doen is het enige middel tegen de onverschilligheid ; de onverschilligheid is het meest verraderlijk vanalle gevaren die ons bedreigen (.....) Veel moet er gedaan worden, veel kan er gedaan worden. Eén persoon - een AlbertSchweitzer, een Raoul Wallenberg, een Martin Luther King, een Gandhi - één persoon die in staat is tot integriteiten moed kan het verschil uitmaken, het verschil tussen dood en leven».

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Pourquoi avoir réalisé un mémoire sur lesenfants des enfants cachés pendant la Shoah ?

On dit souvent que les recherches que l’onentreprend parlent de soi.

Dans mon cas, ce qui peut paraître une évi-dence pour ceux qui m’entourent ne m’estapparu que bien plus tard : je suis moi-même l’enfant d’un enfant caché.

Depuis toujours, les thèmes de la transmis-sion intergénérationnelle et du génocidefont partie des sujets qui me touchent.

Depuis toujours, la même question revient,lancinante : pourquoi, pourquoi, pourquoila Shoah ?

Pourquoi, au début de l’adolescence, mesuis-je mise à dévorer tous les livres qui par-lent de la guerre ? Pourquoi est-ce que jepleurais en lisant ces histoires ? Pourquoiavais-je l’impression que ces larmes n’étaientpas les miennes ? Pourquoi, dans mes rêves,revoyais-je la guerre et les poursuites ?Pourquoi, chaque fois, j’échappais miracu-leusement, ou je me réveillais en sursaut ?

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SASHA GOLDSZTEIN*

La génération du silence

Entretiens avec des enfants d’enfants cachés pendant la Seconde Guerre mondiale

* Sasha Goldsztein est licenciée en Sciences psychologiques de l’Université Libre de Bruxelles (année académique 2000-2001). Son mémoire de licence, synthétisé dans le cadre de la présente contribution, a été déposé pour concourir aux«Prix de la Fondation Auschwitz» 2001-2002. Ayant été tout particulièrement apprécié par les membres du jury, ceux-ci ont accordé à l’auteur le bénéfice de l’article 4 du règlement permettant au Conseil d’Administration de laFondation Auschwitz de lui allouer un subside pour la poursuite de ses recherches. Le présent article en constitue lerésultat.

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Pourquoi mon père ne m’a-t-il jamais rienraconté de sa vie d’enfant caché ?

Pire, pourquoi, lorsqu’il évoque la guerre,suis-je incapable de l’écouter ? Pourquoiai-je alors ce sentiment soudainement urgentde devoir faire autre chose ? Pourquoi l’in-confort est-il si grand qu’il me faut changerde sujet ?

Peut-être est-ce aussi pour répondre à cesquestions personnelles que j’ai entrepriscette recherche.

Néanmoins, même si cette sensibilité sub-jective a participé à ma façon attentive etempathique de traiter le sujet, l’intérêt pro-fessionnel prime. Le cadre objectif de larecherche scientifique permet de donnersens à mes questions tout en les maintenantà une distance «suffisamment bonne».

Comme Nathalie Zajde1 et Nadine Fresco2,dont les recherches autant que la sensibilitéd’écriture m’ont fait vibrer, je suis membrede ce qu’on appelle «la seconde génération»des survivants de la Shoah ; mais je me veuxavant tout chercheuse.

«A douze ans, j’ai pris dans l’armoire demes parents le livret de famille. Il y avaitmon nom, celui de mon frère, qui a cinq ansde plus que moi, et puis, encore avant, j’ai lu :«Judith, née le 12 janvier 1936». Je n’avaisjamais entendu parler d’elle. J’ai demandé àmon frère : « C’est qui, Judith ?» Il m’a dit«Demande à maman». J’ai demandé à monpère : «C’est qui, Judith ?» Il m’a dit :

«Demande à ta mère». A ma mère, je nesais pas pourquoi, je n’ai pas demandé. Et jen’en ai plus parlé à la maison»3.

«La génération du silence», c’est ainsi queRobert Neuburger4 nomme la générationqui vient après un événement catastrophique.Je lui ai emprunté le titre et le thème de cetravail.

Il y a presque soixante ans, un génocideinimaginable, la Shoah, a été perpétré contreles Juifs uniquement en raison de leur origineethnique. Un million et demi d’enfants ontété exterminés. En Europe, seulement onzepour cent des enfants juifs ont survécu, en secachant. Ils ont ainsi été soustraits aux plansd’extermination mis en place par les nazis, etsauvés grâce à ceux qui n’ont pas hésité, aupéril de leur vie, à opposer à la barbarie leurcourage, leurs qualités morales et leurs sen-timents humains. Ils portent aujourd’hui letitre de «Justes parmi les nations».

Ces enfants qui ont survécu n’ont pas puraconter, parler de ce qui leur était arrivé etde ce qu’ils avaient vécu. Ils ont fondé unefamille, ont eu des enfants...

«La génération du silence» est celle de cesenfants, nés après la guerre, et dont lesparents n’ont pas parlé, ou si peu...

Des enfants qui ressentent des peurs et ontdes réactions qui témoignent, non pas dela trace du traumatisme, mais, en creux, del’empreinte de la trace, c’est-à-dire de soneffacement.

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1 Nathalie ZAJDE, Souffle sur tous ces morts et qu’ils vivent, Paris, Ed. La Pensée Sauvage, 1993.2 Nadine FRESCO, «La diaspora des cendres», in Nouvelle Revue de Psychanalyse, 1981, n°24, pp. 206-220.3 N. FRESCO, op. cit., 1981.4 Robert NEUBURGER, Les territoires de l’intime, Paris, Ed. Odile Jacob, 2000.5 Jean GUYOTAT, Mort/naissance et filiation, Paris, Masson, 1980.6 J’ai rencontré quatre hommes et quatre femmes.7 Maud STROSBERG, Le poids du secret - parents rescapés des camps d’extermination - le vécu des enfants, Bruxelles,

Université Libre de Bruxelles, Mémoire de licence en Sciences Psychologiques, 1995 ; Aaron HASS, In the shadowof the holocaust, London, Ed. I. B., Tauris & Co Ltd, 1991.

8 Anne ANCELIN-SCHUTZENBERGER, Aïe mes aieux !, Paris, Desclée de Brower / La Méridienne, 1993.9 A. ANCELIN-SCHUTZENBERGER, op. cit., 1993.

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Dans ce travail, j’ai tenté d’étudier les phé-nomènes de transmission inter- et transgé-nérationnelle chez les descendants desenfants cachés pendant la Seconde Guerremondiale.

La notion de «filiation» a constitué la pier-re angulaire de mon questionnement. Celle-ci représente à mes yeux un aspectfondamental de la réflexion sur la transmis-sion entre les générations.

J. Guyotat5 définit la filiation comme «cepar quoi un individu se sent relié à ses ascen-dants réels ou imaginaires. Ce lien peut êtreconscient, accepté ou rejeté, ou inconscient».

Lorsqu’il est conscient, ce lien peut êtrevécu comme solide et fort, de la même façonqu’il peut être rejeté en même temps quel’attachement à la famille. Dans les deux cas,on peut parler d’une fidélité envers la filiationou d’une «loyauté» ; affichée, ou, au contrai-re, déniée.

Le corpusIl s’agit de huit entretiens réalisés avec huitdescendants d’anciens enfants cachés pendantla Shoah6. Chacune des personnes rencon-trées a au moins un parent qui a été séparé deses propres parents et caché pour fuir lespersécutions nazies pendant la guerre ; etau moins un grands-parents qui est décédédans les camps d’extermination nazis.

Toutes les personnes rencontrées ont aumoins un parent d’origine juive, elles sonttoutes nées en Belgique et vivent à Bruxelles.

La méthodologieJ’ai opté pour deux méthodes d’investigationdifférentes. D’une part, l’entretien semi-directif, qui a été réalisé au fil de deux ren-contres espacées d’environ un mois. D’autrepart, le «génogramme», que je dressais audébut de chaque entretien en collaborationavec la personne.

La mise en place de l’entretien a nécessité laréférence à plusieurs ouvrages relatifs auxétudes menées sur les descendants de survi-vants de la Shoah7 (ceux-ci sont nombreux,bien que non spécifiques aux enfants d’en-fants cachés). Les questions de base de l’en-tretien portaient sur l’histoire familiale, lacommunication intra-familiale aux diffé-rents âges de la vie (enfance, adolescence,âge adulte), le rapport au judaïsme et lamémoire de la Shoah.

Malgré la structure de questionnement quifut le mien, c’est avec chaque personne danssa subjectivité que j’ai voulu travailler avanttout. Les questions n’ont été posées qu’enfonction du déroulement propre à l’entretien,en fonction du vécu et des réflexions quechacun pouvait amener.

En ce qui concerne le «génogramme», ou«génosociogramme»8, mon envie de l’inté-grer en tant qu’outil de recherche s’inspire essen-tiellement des travaux de A. Schutzenberger9.

Selon l’auteur, le «génogramme» serait unarbre généalogique complété d’événementsfamiliaux importants et de liens significa-tifs (mariages, naissances, séparations,morts, ...). Il permettrait de prendre en comp-te à la fois les éléments synchroniques et leséléments diachroniques («l’ici et mainte-nant» et les phénomènes de l’avant et del’ailleurs tels que les répétitions, les «silences»dans l’histoire familiale, ...).

L’utilisation de ces deux outils m’a semblépertinente dans la mesure où l’objectif de marecherche était d’obtenir une vue d’ensemblesur le vécu individuel et l’histoire familiale dechacune des personnes rencontrées.

Après avoir analysé chaque entretien, tant surle plan thématique (communication intra-familiale, perception des figures parentales,identité juive, ...) que sur le plan de l’inter-action, j’ai procédé à une synthèse au niveaudes contenus et des processus, afin de déga-

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ger certaines lignes de force tout en respec-tant la singularité de chaque histoire.

Rappel du cadre

Il s’agit d’entretiens réalisés dans le cadred’un mémoire, c’est-à-dire dans un cadrenécessairement limité dans le temps et dansl’espace. Ces entretiens se sont le plus sou-vent déroulés chez la personne interviewée,à son domicile, ou sur son lieu de travail.

Les personnes rencontrées, âgées de 30 à49 ans au moment des entretiens, ont toutesentamé voire terminé des études universi-taires. La plupart suivent ou ont suivi unepsychothérapie. Il est important de soulignerl’étonnante capacité d’introspection et deréflexion sur soi-même observée chez chaquepersonne interviewée ; même s’il n’est pasprouvé que cette capacité soit liée aux étudesuniversitaires ou au suivi thérapeutiqueeffectués.

Le cadre de cette recherche nous amènedonc à considérer que les résultats obtenusn’ont pas de valeur universelle et ne peuventêtre étendus à l’ensemble de la populationdes enfants d’enfants cachés. Ils ne sont

valables que pour l’échantillon restreintconcerné par l’étude.

Les hypothèses

A la suite des ouvrages théoriques parcou-rus et des réflexions qui en ont découlé, j’aimis en place deux hypothèses principales :

Ma première hypothèse était que, le parent,enfant caché survivant de la Shoah, avaitgardé le silence sur son expérience de clan-destinité et sur son vécu émotionnel propre.

Ma seconde hypothèse était que, confrontéà ce silence, le descendant de l’enfant cachéne pourrait avoir accès à l’histoire de sesorigines, et tenterait de mettre en place ce quej’ai appelé des «stratégies adaptatives». Ceterme fait écho à la notion de «résilience»récemment définie par B. Cyrulnik comme«la capacité des individus à bénéficier d’unerésistance face à l’adversité, à faire face et àrebondir en dépit des événements drama-tiques vécus»10.

Ces stratégies mises en place se manifeste-raient à deux niveaux de la filiation que j’aiisolés artificiellement : (I) l’identité familia-le qui renvoie à l’appartenance familiale, et

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10 Boris CYRULNIK, Un merveilleux malheur, Paris, Ed. Odile Jacob, 1999.11 Siegi HIRSCH, On a dû apprendre à pleurer sans larmes, Conférence à l’hôpital Saint-Pierre, le 12 janvier 1995.12 La «parentification» désigne un renversement des rôles familiaux où l’enfant devient le parent de ses propres

parents.13 S. HIRSCH, op. cit., 1995.14 B. CYRULNIK (op. cit., 1999) souligne, dans son développement sur la notion de résilience, l’importance des «tuteurs

de développement», ou «tuteurs de résilience», c’est-à-dire de personnes dans l’entourage affectif de l’enfant (frères,sœurs, cousins, voisins, ...) susceptibles de stimuler son développement et de faire émerger ses potentialités enfouies.Cependant, il est important de souligner que, outre les facteurs de résilience en termes de «tuteurs», on retrouveégalement des facteurs de résilience internes. Même s’il a été caché très jeune, un enfant caché doit sa survie surtoutà ses propres ressorts. Les épisodes ludiques, les rêveries, les moments d’apaisement sont autant d’éléments internesprimordiaux qui auraient permis aux enfants de «s’en sortir».

15 Je distingue ici les relations dites «de filiation» et les relations dites «d’affiliation». Le «maillage filiatif» seraitl’ensemble des relations de filiation des ascendants aux descendants (liens de type vertical et diachronique) etconcernerait la figure de l’ancêtre jusqu’aux enfants non encore nés. Alors que le «maillage affiliatif» serait de typesynchronique et horizontal et définirait la trame et le tissage des liens d’affiliation et d’alliance (groupe de pairs,collatéraux,...) (Piere BENGHOZI, «Trompe l’amour, des transactions familiales incestueuses au remaillage des liensgénéalogiques», in Dialogue, 1997, n° 135, pp. 13-22).

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(II) l’identité collective qui renvoie à l’ap-partenance culturelle.

(I)1. Au niveau de l’identité familiale, j’ai fait

l’hypothèse que l’absence de communi-cation intra-familiale pousserait l’enfant àpuiser des informations au-dehors de lacellule familiale, par l’intermédiaire d’un«tiers» (personne, film, livre, document, ...).

2. Dans les interactions entre parents etenfants survivants de la Shoah, S. Hirsch11

ne parle pas de «parentification»12, mais de«co-parentification» dans le sens d’une«horizontalisation» des rapports oùparents et enfants assument ensemble lafonction parentale. Ces enfants «co-parents» apporteraient l’affection dontles parents auraient manqué durant leurenfance. Ils représenteraient la générationdes grands-parents, mais aussi celle desparents et celle des enfants. En eux se fon-derait une lignée unique.

J’ai repris les propos de S. Hirsch13 enfaisant l’hypothèse qu’il y aurait dans lesfamilles des personnes rencontrées la pré-sence d’une généalogie symétrique où lafiliation prendrait une forme horizontale.

3. Ensuite, j’ai voulu insister sur l’impor-tance des collatéraux en émettant l’hy-pothèse qu’ils auraient joué le rôle de«tuteurs de développement»14. A la foispour le parent-survivant pendant et ausortir de la guerre, mais aussi, et de lamême façon, pour son descendant lors-qu’il se questionne sur son histoire. Ainsi,l’affiliation aurait joué le rôle de substitutfilial15.

(II)4. Enfin, au niveau de l’identité collective, j’ai

émis l’hypothèse qu’ayant vécu un dangerde mort permanent à cause de son identité

juive, celle-ci était toujours vécue par leparent comme source de peur, de persé-cution et de mort. Dès lors, il rejetteraittout rapport avec sa culture d’origine ettenterait de s’assimiler à la société danslaquelle il s’est établi.

Tributaires de ce rejet identitaire, les des-cendants, privés de leur héritage culturel,tenteraient de se réinscrire dans une filia-tion juive.

DiscussionSans retirer aux récits leurs valeurs spéci-fiques et subjectives, les données de l’analysem’ont permis de constater que certainesattitudes, sentiments et mécanismes de défen-se communs se dégagent chez les enfantsd’enfants cachés rencontrés.

D’une part, il s’est avéré que le parent-sur-vivant a gardé le silence sur les événementsde la guerre et sur son vécu traumatique.

En effet, dans la majorité des cas, c’est lemutisme qui a prévalu chez le parent.

Les entretiens réalisés montrent que la plu-part des enfants d’enfants cachés connaissentpeu les faits de l’histoire de leurs parents.

Henri n’arrive pas à communiquer avec sonpère et lui reproche de ne lui avoir jamais rientransmis de son histoire.

Maud ne connaît aucun détail sur la vie de samère pendant la guerre.

Il semblerait que la seule possibilité pour lesurvivant d’évoquer son histoire est d’isolerla représentation de l’affect douloureux quilui est associé. Lorsque le parent survivant seraconte, il vide son récit de toute connotationémotionnelle et reste très anecdotique.

De sa vie d’enfant caché, la mère d’André nese rappelle que quelques anecdotes qu’elle luirépète inlassablement. Ces récits énerventAndré, qui a l’impression qu’elle refuse véri-tablement de répondre à ses questions.

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Dans la famille de Danielle, aucune émotionn’a pu être associée aux récits de clandesti-nité de ses parents.

Lorsqu’il évoque son vécu d’enfant caché, lepère d’Alice transforme son récit en sagahéroïque. Il base son récit sur les faitsconcrets, rationnels, mais jamais il ne racon-te qu’il était un petit garçon de onze ansangoissé.

Il apparaît donc qu’en gardant le silence surles événements de la guerre et sur son vécuintime, le parent survivant se protège d’unpassé douloureux qu’il a dû refouler pourpouvoir continuer à vivre. Après la guerre,désireux d’oublier les souffrances et lesdeuils, il voit dans la constitution d’unefamille le lieu idéal de reconstruction nar-cissique. Avide de vivre désormais dans leprésent et d’oublier les horreurs d’un passéindicible, le parent enfouit au plus profondde son âme la blessure qui jamais ne le quit-te. La peine du survivant est si profondeque la recherche de l’oubli lui semble unecondition nécessaire à la réintégration de lavie.

Mais, en évitant de raconter son histoire, lesurvivant protège aussi son enfant de la bles-sure trop douloureuse qui fait de lui un êtreviolenté et humilié, et non plus une figureparentale solide et fiable. De cette façon, ilpermet à son descendant de garder de lui unereprésentation forte, et garantit une identi-fication stable à un objet intègre.

Le silence serait donc la conséquence duprocessus d’auto-réparation de la mémoirefamiliale16 : en oubliant tout ce qui fait ombreau mythe de la famille, le parent-survivantpermet la transmission d’un mythe fami-lial «normalisé».

Il apparaît que seule la famille d’Olivier n’apas adopté cette attitude de silence salva-teur. Confronté depuis son plus jeune âgeaux récits de maltraitance et de torture de samère lorsqu’elle était cachée, Olivier ne peuts’identifier qu’à une figure maternelle humi-liée et bafouée. Depuis l’enfance, sa vie inté-rieure est infiltrée des récits maternels deterreur et de destruction auxquels il s’iden-tifie totalement. Le monde infantile d’Olivierest envahi, dès l’âge de cinq ans, d’angoissede mort, de menaces et de persécution.

En conclusion, je rejoins S. Hirsch17 pourdire qu’en sélectionnant ce qu’il convientd’oublier et ce qu’il convient de transmettre,le survivant opère un choix vital pour sonéquilibre psychique et celui de son enfant.

Cependant, malgré le silence, l’histoire setransmet.

La première empreinte de l’histoire sembles’être marquée très tôt : tous les sujets ren-contrés disent avoir «su» depuis toujoursque leurs parents avaient échappé à la morten étant cachés et avaient connu une expé-rience dramatique ; et que leurs grands-parents étaient morts dans les camps deconcentration.

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16 Selon Robert NEUBURGER (Le mythe familial, Paris, ESF éditeurs, 1997), la mémoire familiale représentetoutes les sources potentielles d’informations concernant la famille. Celles-ci sont transmises à l’aide de récitsanciens, de livres, de souvenirs, de photos, d’objets, de correspondances, de rituels, de fêtes de famille, etc... La mémoirefamiliale constitue tant la transmission des informations que la gestion adéquate de l’oubli ; de ce qu’il convient d’oublierpour assurer la continuité familiale, malgré la discontinuité historique.

17 S. HIRSCH, op. cit., 1995.18 Annick COJEAN, «Les mémoires de la Shoah-II, les enfants miraculés», in Le Monde, 26 avril 1995.19 B. CYRULNIK, op. cit., 1999.20 N. ZAJDE, op. cit., 1993.21 Yvan Jankelevitch cité par Robert NEUBURGER lors de sa conférence, Les conséquences transgénérationnelles des

traumatismes familiaux, Centre Communautaire Laïc Juif à Bruxelles, le 13 mai 2001.

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En réalité, parmi les huit sujets interrogés,seule Maud ignore jusqu’à l’âge de seizeans l’histoire de sa mère. Dans la famille deMaud, il apparaît que le refoulement est trèsimportant ; l’ignorance de Maud provien-drait d’un refoulement maternel massif : samère, en épousant une personne non-juiveissue d’une famille déniant l’histoire de laguerre, aurait opéré un choix de vie straté-gique pour sa survie psychique.

«Peu importe que les parents aient ou nonraconté leur histoire. Les enfants captent detoute façon le message»18.

Malgré le silence, le parent enfant caché«para-dit» sa souffrance (pour reprendre leterme de B. Cyrulnik19). L’enfant perçoit, autravers du non-dit parental, de ses attitudes,de ses réactions, de ses gestes, la douleurindicible. Le silence semble encore plus élo-quent que la parole parce qu’il marque l’en-droit du vide, du manque, de l’incapacitéd’élaboration.

Depuis qu’elle est toute petite, Monique ditavoir senti «sans qu’on le lui dise» la souf-france de ses parents, et dès lors a évité de lesquestionner sur les événements de la guerre.

La mère d’André ne parlait pas directement,mais son vécu était «tellement présent» qu’ilne pouvait pas ne pas poser de questions.

Pour Danielle, les blessures de la guerresont «suffisamment là», chez ses parents,pour ne pas avoir envie de les «titiller».

Albert n’a pas besoin de communiquer avecson père sur son vécu pendant la guerre, il«capte» les éléments «informels» qui lui sonttransmis.

En étant le témoin privilégié du survivant, ledescendant devine par moments, chez sonparent, une étrangeté absolue, une souf-france coriace, sans en comprendre le sens.C’est en cela qu’on peut parler de trans-mission du traumatisme : les enfants de sur-vivants sont porteurs d’informations dénuéesde sens, vidées de leur contenu : ce sont des

messagers sans destinataires (Zajde20). Enrayant de sa mémoire les événements dou-loureux, le parent ne peut transmettre que lablessure à son enfant, qui, dès lors, se trou-ve amputé de sa réalité historique, vidé deson héritage symbolique.

La discontinuité dans l’histoire des parents,l’absence de signifiants, l’ombre des mortsdont le deuil n’a pas été fait, obligent lesdescendants à combler les cases laissées videsde leur filiation par leur propre imaginationet par leurs propres mots. Les «mots» del’horreur sont choisis par l’enfant car lesparents ne peuvent en parler, et les images quiy sont associées sont des clichés de films, oudes scénarios fantasmatiques très anxiogènes.Ainsi, les images traumatiques perçues s’ins-tituent en représentations traumatiques.

Les enfants sont happés dans une souffran-ce qui n’est pas la leur et qui les empêche des’approprier leur histoire personnelle et leuridentité propre.

Yvan Jankelevich21, enfant de survivant, nedisait-il pas : «Je porte en moi les souffrancesqui m’ont été épargnées» ?

Albert aussi semble porter des souffrancesqui ne lui appartiennent pas. Sa phobie desdouches le renvoie directement et consciem-ment à ses grands-parents, morts gazés dansles camps d’extermination nazis.

La plupart des sujets rencontrés évoquent laprésence de cauchemars qui peuvent êtredirectement liés au vécu de la guerre de leursparents.

Dans ses cauchemars où il se voit torturé parles nazis, Olivier témoigne d’une identifi-cation masochiste aux vécus de maltraitan-ce racontés par sa mère.

Les rêves de confinement d’Albert semblentrenvoyer aux représentations qu’il se faitde l’expérience de clandestinité de son père.

Lorsqu’elle se voit attaquée par une miliceétrangère, Alice témoigne d’une identifica-

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tion massive au vécu de persécution de sesparents pendant la guerre.

La majorité des sujets rencontrés témoi-gnent d’une crainte de persécution renouvelée.Ces angoisses signent la non-intégration dutraumatisme, qui est perçu comme pouvantrecommencer à tout moment.

Monique est très angoissée lorsqu’elle serend en Allemagne. Alice emmagasine danssa cave des kilos de farine, «au cas où...».Albert refuse de faire son service militaire, caril éprouve une «méfiance absolue à l’égarddes groupes organisés non librement consen-tis», qui rappellent l’embrigadement mili-taire du régime nazi.

Albert, Danielle et Olivier évoquent égale-ment la présence d’angoisses paranoïdesplus archaïques. Depuis toujours, la mère deDanielle la met en garde contre les microbes,les maladies et tout ce qui pourrait s’infiltreren provenance du monde extérieur, perçucomme dangereux. Albert voit le fascisme par-tout.

Lors des entretiens, Olivier dit être déran-gé par «l’oeil du scientifique».

Ainsi, j’ai pu voir que le traumatisme lié à l’ex-périence réelle a été transmis. Celui-ci n’estpas lié à la perception directe mais à uneidentification massive du descendant au vécude ses parents.

L’empreinte de la Shoah, dans l’inconscientdes enfants, est similaire à celle laissée chezleurs parents. Les rêves se ressemblent de façonplus que troublante ; les phobies, les obses-sions sont les mêmes, bien que la représen-tation traumatique soit d’ordre fantasmatique.

Au-delà des souffrances qui semblent toutdroit héritées des vécus parentaux, on retrou-ve, chez l’enfant de l’enfant caché, des méca-

nismes de défense qui pourraient s’appa-renter à ceux décrits par ses parents.

D’après B. Bettelheim22, les enfants cachés seseraient construits des «digues de protec-tion», les empêchant d’exprimer tout ce quiserait de l’ordre d’un vécu émotionnelpropre. Ce nécessaire refoulement de l’in-tégralité des éprouvés affectifs serait le résul-tat d’une protection mise en place pendantla période de clandestinité. Pendant la guer-re, le refoulement des événements doulou-reux est vital car la totalité de l’énergiepsychique de l’enfant est investie dans lalutte pour sa survie. La nécessité de s’adap-ter aux conditions de vie difficiles ne permetpas à l’enfant de se désinvestir du mondeextérieur pour éprouver des affects tels quele deuil ou la tristesse. Après la guerre, lors-qu’il a fallu reconstruire la vie, cette nécessitévitale de refoulement s’est poursuivie. Enfin,lorsqu’on lui disait qu’il avait eu la «chance»de ne pas avoir été déporté, de ne pas avoir«trop souffert» du froid et de la faim, l’enfantne pouvait exprimer ses douleurs. Ses peurset ses angoisses se sont enkystées au plusprofond de son âme sans plus pouvoir désor-mais être extériorisées. Cette «carapace affec-tive», ce nécessaire enkystement des affectset des émotions semble être le lieu d’unetransmission transgénérationnelle.

De la même façon que chez leurs parents, lasouffrance des enfants d’enfants cachés nesemble pas pouvoir s’exprimer sans engen-drer un profond sentiment de culpabilité.S’identifiant au vécu douloureux de leursparents, ils se sentent coupables de ressentirdes souffrances «ordinaires», coupablesd’entendre que leurs parents, et non paseux, ont subi cette atteinte à leur corps et àleur esprit. Ces enfants sont coupables de

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22 Bruno BETTELHEIM, «Postface», in Claudine VEGH, Je ne lui ai pas dit au revoir - des enfants de déportés parlent,Paris, Gallimard, 1979.

23 René KAES, Les théories psychanalytiques de groupe, Paris, PUF, 1999.

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n’être pas à la hauteur des êtres disparusdont ils ont hérité le prénom.

Face à la souffrance de sa mère, Monique nevoit pas comment elle pourrait ressentir dela souffrance.

La mère d’Olivier dénie les douleurs de sonfils. Réceptacle de la douleur maternelle,Olivier ne peut se trouver à son tour le lieude souffrances sans se trouver confronté audéni de celles-ci. Coupable de n’avoir pas eul’enfance brimée de ses parents, Olivierrefoule pour lui-même ses souffrances etses angoisses intimes.

Alice a grandi dans une famille où on lui aappris que «cela ne servait à rien d’exprimerses sentiments». Les souffrances qu’elle peutéprouver sont niées, et Alice est confinéedans le silence.

Henri parle d’une carapace que son pères’est construite, d’où rien ne sort et où rienne rentre. Par identification, Henri éprouvelui aussi du mal à exprimer ses émotions.

Cette nécessité de se protéger d’un vécuémotionnel qui serait trop intense transpa-raît également au travers des procédés utili-sés dans le discours. Pour la plupart dessujets que nous avons rencontrés, c’est lapremière fois qu’ils parlent de leur histoire.Cette secondarisation est d’autant plus dif-ficile qu’ils ont refoulé les représentationsgênantes au plus profond de leur être. Ainsi,chez tous les sujets, j’ai pu observer unesérie importante de mécanismes de mise àdistance émotionnelle.

La présence de mécanismes de défensecomme la banalisation, la rationalisation,l’intellectualisation, la dénégation, le déni, lecontrôle du discours, l’appel aux normesextérieures, la généralisation, et l’absenced’expression affective, signent la nécessitéde se protéger des représentations d’un passétrop douloureux.

Un autre aspect important que j’ai pu isolerau sein de la communication intra-familia-

le est celui du respect implicite de la loi dusilence. La majorité des sujets rencontrés sesont retrouvés depuis toujours dans l’im-possibilité de questionner leurs parents surleur vécu.

«C’est un confort, de ne pas savoir... Maismalgré tout, c’est enfoui quelque part, tu tedis : “N’ouvre surtout pas les yeux, tu estranquille là-dedans”» (Maud, p.10).

Lorsqu’elle parle du silence de sa mère,Maud dit «avoir marché dans son jeu, ense baignant dans le confort qu’elle lui avaitpréparé».

Pour André, les récits de guerre de sa mèresont «insupportables» parce qu’ils renvoientà l’image «impudique» d’une mère bafouée.

Danielle «oublie» toutes les informationsqui lui sont transmises sur l’histoire de laguerre. Cette «gomme mentale» viserait àeffacer les images de vécus «inaudibles»ravivées par les narrations qui lui sont faites.

La souffrance de ses parents est également«inaudible» pour Alice, qui ne peut serésoudre à se représenter son père ballottéd’un endroit à l’autre.

Lorsqu’Henri tente de briser la loi du silen-ce, son père la lui rappelle brutalement :«Oh, toi, tu m’emmerdes avec tes ques-tions !».

Monique sent, depuis qu’elle est toute peti-te, qu’elle ne peut pas parler de la guerreavec ses parents ; respectant ce silence, elle neleur posera aucune question.

Albert soutient son père dans la loi du silen-ce tacite qui semble s’être instaurée au seindu système familial de communication.

Ainsi, je rejoins R. Kaës23 pour dire que lesilence proviendrait de l’existence d’un «pactedénégatif» au sein de la communicationfamiliale. Ce pacte consisterait en un accordcommun et inconscient quant au refoule-ment et au déni, pour que soit assurée lafonction de l’idéal de l’ensemble et la conti-

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nuité des investissements. Il est donc impli-citement demandé aux enfants de ne pasdénoncer le silence familial.

Ainsi, l’impensé parental fait écho dans legroupe familial et assure la complicité incons-ciente dans le fait que le déni ou le refoule-ment ne sera pas levé par les autres membres,car ils partagent un intérêt commun à «ne pasquestionner en l’autre ce qu’il a fait taire enlui»24.

En se retrouvant dans l’impossibilité d’in-terroger leurs parents sur leur vécu, lesenfants opèrent déjà très tôt un premiermouvement réparateur et évitent la décom-pensation psychique de leur parent-survi-vant.

D’autre part, ils se protègent également d’unpassé horrible qui est aussi le leur.

Au silence des parents hantés par un passéinnommable, fait écho celui des enfants qui,sidérés par ce silence, se coulent dans lemoule de cet interdit. Ces non-dits main-tiennent le descendant dans un lien étrangerà sa propre histoire. Incapable de le trans-gresser, il devra demander ailleurs lesréponses aux questions qu’il n’ose pas poserà ses parents25.

En seconde analyse, je me suis penchée surle recours du descendant à des sources d’in-formation tierces. De cette façon, il pourrait

accéder aux données de son histoire etreconstruire le roman décousu de ses ori-gines.

«Dis-moi d’où tu viens, je te dirai qui tues».

Selon E. Weil26, le survivant ne pourrait pasfaire le récit de son histoire à ses propresenfants à cause de la sexualisation psychiquetrop présente dans le récit des souffrancessubies et dans le sadisme exercé sur lui, quile dévaloriserait. Dans le même mouvement,les questions trop brûlantes, trop brutales, nepeuvent être posées par les enfants.

Le tiers permettrait de faire sortir l’enfant del’enfant caché de cette relation duelle aspi-rante avec son parent. «Peut-être l’existencedu tiers est-il à la famille ce que la triangu-lation oedipienne est à l’individu ?»27.

Au travers de ce dialogue indirect, les enfantsdeviennent des sujets actifs de leur histoireet se créent une place dans leur filiation. Ilsrecontextualisent les faits et participent à ladéritualisation des mécanismes de survieparentaux.

Olivier sublime la quête de ses origines enétudiant la philosophie. Il y trouve lesréponses à ses questionnements.

C’est en interrogeant son oncle maternel,et en lisant un livre dans lequel sa mère a

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24 René KAES, «le pacte dénégatif dans les ensembles transsubjectifs» in Missenard (e.a) Le négatif, figures etmodalités, Paris, Dunod, 1989.

25 R. KAES, op. cit., 1999, p.102.26 Eva WEIL, «Silence et latence», in Revue Française de Psychanalyse, janvier-mars 2000, tome 64, n°1, pp.169-179.27 Pierre FOSSION & Mari-Carmen REJAS, Siegi Hirsch, au cœur des thérapies, Paris, Ed. Erès, 2001, pp. 144-145.28 De l’hébreu : jeune fille qui atteint sa majorité religieuse à l’âge de douze ans. Par extension : fête qui marque cette

date.29 S. HIRSCH, op. cit., 1995.30 Hélène PIRALIAN, «En quoi un génocide met-il à l’épreuve les fondements mêmes de la psychanalyse ? Deuil et

dette», in Psychanalyse et génocide, Actes du colloque international, Bruxelles, 13 mai 2001, Bruxelles, FondationAuschwitz, octobre-décembre 2001.

31 L’appareil psychique, tel qu’il a été théorisé par Freud, serait tenu à l’abri des excitations externes par une «coucheprotectrice» ou «pare-excitations» qui ne laisserait passer que les quantités d’excitation tolérables. Sigmund FREUD,Totem et tabou, Paris, Payot, 1965.

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témoigné, qu’André «découvre » les événe-ments marquants de la vie de sa mère.

Le compagnon de Danielle opère vérita-blement comme son «porte-mémoire». Ilpose à ses parents les questions qu’elle nepeut pas poser, il lui restitue sa mémoirequi lui échappe.

C’est au travers des livres qu’elle lit, desfilms qu’elle voit et des conférences aux-quelles elle assiste qu’Alice a pu appréhenderla réalité du vécu de ses parents.

Henri s’alimente de ce dont son père ne l’apas nourri : films, livres, documentaires,conférences : il est avide de se construireune image de ce que son père a vécu afin dese créer en miroir une représentation stablede lui-même.

C’est au moment de la Bat-mitzvah28 de safille que Monique entend pour la premièrefois ses parents parler de leur vécu pendantla guerre.

Les documents concernant la Shoah sontun «pôle d’intérêt permanent» pour Albert,qui y voit une façon de se représenter levécu de son père qui lui échappe.

Maud est la seule des sujets rencontrés quine s’est jamais intéressée ni aux documentssur la Shoah, ni aux livres, ni aux films. Nouspensons que la représentation que Maud sefait du vécu de sa mère reste très floue et décou-sue. Il apparaît néanmoins que notre rencontrea constitué pour la première fois une ouver-ture du dialogue mère-fille. En communiquantsur la communication et en discutant avec samère de nos entretiens, Maud s’est ouverteà un nouveau questionnement.

Le tiers serait un espace intermédiaire ausein de la communication parents/enfants. Ilpermettrait une distance vis-à-vis de la vio-lence des récits parentaux, il crée un espaced’entre-deux, où parents et enfants peuventpartager du sens en commun. L’accès auregistre symbolique permet de s’éloignerde la linéarité et d’intégrer la circularité. Au

travers des documents, l’enfant de l’enfantcaché crée du lien et donne du sens au vécude ses aïeux, mais aussi à l’histoire de sesorigines. Il retisse ainsi le lien décousu de sonhistoire, il rétablit la courroie de transmissionbrisée par la Shoah.

La référence au tiers réalise donc un néces-saire compromis entre le besoin de l’enfantde connaître son histoire pour se construi-re et la nécessité de protéger son parent fra-gile.

En troisième lieu, j’avais supposé une hori-zontalisation des rapports au sein de la struc-ture familiale. L’enfant deviendrait alors ceque S. Hirsch29 appelle le «co-parent» deses parents.

«Quand les parents des parents disparais-sent, il a y une coupure généalogique quinécessite un ré-engendrement. L’enfantdevient le parent de ses parents. Le disparuengloutit le vivant et le vivant lui donne lavie»30.

Mais c’est également pour protéger sonparent que l’enfant devient son «co-parent».

L’enfant perçoit son rôle réparateur et safonction de le protéger des souffrances.

Il s’identifie au vécu de son parent et devientalors le contenant, le «pare-excitations»31deson parent.

Enfant unique de parents orphelins, Olivierse perçoit comme le «rédempteur» chargé derépondre aux attentes parentales, deremplacer les parents qu’ils n’ont pas eu,l’amour et la sécurité dont ils ont manqué.André perçoit, dans l’attitude de sa mère,«l’obligation» de la consoler, de la rassurer,de lui donner tout l’amour qu’elle n’a pas eu.Il s’identifie à cette demande maternelle ets’investit dans le rôle de parent pour sonparent.

Danielle se définit comme occupant unefonction «grand-parentale» auprès de sesparents. Elle se sent investie du rôle de rem-

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placer la génération de ses grands-parentsdécédés dans les camps. Elle «porte l’anxié-té» de sa mère, qu’elle doit protéger commesa propre fille.

En tant qu’aînée, Alice occupe une placeprivilégiée au sein de la constellation familiale.Elle est investie de qualités d’adulte, enmême temps qu’elle répare et soulage samère de sa tristesse.

Monique se sent investie d’un rôle de pro-tection et de réparation vis-à-vis de sesparents depuis l’enfance. Etant l’aînée, elle seperçoit comme celle «qui porte» ses parents,celle qui en est responsable.

Adolescent, Albert perçoit la fragilité deson père ; il se positionne comme figureprotectrice et «évite» de se révolter.

Le retour de la mère de Maud sur son passédouloureux réveille les affects enfantinsqu’elle n’a jamais pu exprimer. Au contact deson histoire, qui la renvoie automatique-ment à la perte et au deuil, l’enfant dans lafemme demande des soins. Maud semblehésitante face à la demande de contenance etde sécurité de sa mère. Elle ne se sent pasprête à devenir la mère de sa mère.

Parmi les sujets interrogés, il apparaît queseul Henri n’occupe pas de fonction paren-tale auprès de son père. Nous faisons l’hy-pothèse que le refoulement massif de sesaffects empêche le père d’Henri d’évoquerà tous les niveaux de la communication cequi serait de l’ordre d’une souffrance per-sonnelle. Dès lors, Henri ne peut identifier

de fonction protectrice potentielle qu’ilpourrait jouer.

La deuxième génération semblerait investied’une mission : remplacer les parents desparents, dédommager ces derniers, leurrendre ce qui leur a été enlevé. Mais plusencore, pour ceux qui ont été précocementorphelins, dont les besoins de tendresse,d’amour n’ont pas été satisfaits, «les enfantsportent la promesse de recevoir enfin toutce qui a fait défaut dans le passé»32.

J’avais également supposé l’importance durôle joué par le groupe en tant que tuteur derésilience33. L’affiliation viendrait se posi-tionner en lieu et place d’une filiation décou-sue par les événements de la guerre.

Le groupe constituerait un support identi-ficatoire privilégié, un espace de métaboli-sation, de transformation et de transmission.

En retissant du lien avec les autres, le des-cendant retisse du lien pour lui. Il donnedu sens et permet de reconstituer les liens bri-sés de la filiation.

Le lien collatéral viserait à maintenir un rap-port de fraternité qui transcenderait la famil-le. En tissant un nouveau type de lien,l’enfant de l’enfant caché témoigne égale-ment de son besoin de reconnaissance.L’appartenance redéfinit l’individu dans sasingularité et dans sa différence et lui permetd’exister. Ne pouvant se faire exister seul, ildésire appartenir pour se sentir reconnu34.

La Shoah semble avoir procédé comme undéliant groupal et familial. Cet éclatement del’illusion groupale déchire la cohérence de soi

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32 Eric FELD, Nos yeux reçoivent la lumière d’étoiles mortes, Colloque international, Association «L’enfant caché»,Bruxelles, 14 septembre 1997.

33 B. CYRULNIK, op. cit., 1999.34 R. NEUBURGER, op. cit., 1997.35 R. NEUBURGER, op. cit., 2001.36 Mélanie KLEIN, in Dominique-Jacques ARNOUX, Mélanie Klein, Paris, PUF, 1997.37 N. ZAJDE, op. cit., 1993.38 R. KAES, op. cit., 1999.

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à soi et de soi à l’autre. D’une certaine façon,on peut considérer les événements de laguerre comme une fractalisation de l’en-semble de la société. Le groupe apparaîtdans ce contexte comme un lieu de recons-truction privilégié. Il permet de recoudreles morceaux déchirés de l’appartenancegroupale. En resserrant les liens, il opèredonc comme une possibilité de «remem-brement» face à la destruction, à la mort.

«Au sein du groupe de pairs, on pouvait secroire et savoir que l’autre croyait et parta-geait ce que l’on disait»35.

Il semble que la plupart des sujets de larecherche aient retrouvé dans le groupe d’af-filiation l’image de la famille qu’ils n’ontpas eue : Maud retrouve, dans le groupe descouts de sa mère, des liens fraternels etfamiliaux ; il apparaît comme le truchementde la famille dont Maud et sa mère ont cruel-lement manqué.

Les rituels familiaux sont réinstaurés au seinde la petite communauté que les parentsd’André, de Monique, de Danielle, d’Albertforment avec les autres enfants du homepour enfants juifs orphelins de guerre. Lesamis de leurs parents sont leurs «tantes» et«oncles», les autres enfants sont leurs «cou-sins» et «cousines». En adoptant cette nou-velle famille, les descendants rétablissent lelien familial brisé par les événements de laguerre et retrouvent la vie communautairequ’ils n’ont jamais eue.

Alice trouve, dans un groupe de parole d’en-fants d’enfants cachés auquel elle a participéétant adulte, soutien, réconfort, et compré-hension au moment du décès de son père.

Henri semble avoir trouvé, en fréquentantun groupe de parole d’enfants d’enfantscachés, une reconnaissance de sa souffrance.Il trouve également un groupe auquel ilpeut appartenir et au sein duquel il se sentreconnu.

André sublime l’absence de filiation avec lagénération de ses grands-parents en tra-vaillant dans un home pour personnes âgées.

De la même façon que son père a trouvésoutien et contenance au sein du groupeformé par les anciens des homes pour enfantsjuifs orphelins après la guerre, l’entrée dansun groupe de discussion et de réflexion trèsfermé semble avoir constitué pour Albert unpoint d’ancrage important. Sa mère n’étantpas juive, Albert se sent «rejeté» de l’appar-tenance juive. Il comble ainsi sa «nostalgied’appartenir» et trouve les «frères» symbo-liques dont il a manqué.

Comme on peut le constater, la plupart desgroupes d’affiliation choisis sont des groupesen marge de l’appartenance culturelle juive.Au sein de ces groupes, les enfants d’en-fants cachés restaurent l’illusion groupaledétruite et se réjouissent de former «unebonne famille».

Parmi les sujets rencontrés, seul Oliviersemble dépourvu de maillage affiliatif.L’incapacité à identifier la présence d’ungroupe collatéral déterminant dans son déve-loppement signe pour nous une certainedésintrication sociale. Le milieu familialsemble surinvesti sur un mode de relationobjectal clivé. Le clivage porterait sur l’ob-jet du groupe familial investi, dans un doublemouvement de projection et d’introjection,sur un mode idéalisé. Il prendrait en quelquesorte la place du «bon sein», pour faire uneanalogie avec la position parano-schizoïdedéveloppée par M. Klein36. Les partiespotentiellement persécutrices du mondeextérieur seraient le support des projectionsdu mauvais objet.

Je rejoins donc N. Zajde37 et R. Kaës38, pourdire que le groupe de pairs donne l’occa-sion de faire émerger le sujet au sein d’un sys-tème cohérent de pensée et de parole sursoi-même. La parole en groupe, où se par-tagent les angoisses enkystées, les souf-frances tues et les blessures honteuses

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permettrait au descendant de se réinscriredans un système logique de significations, etd’utiliser ce système pour donner du sens àses propres souffrances.

Le groupe est donc un espace d’échangesd’une grande richesse. Sa complexité, sa«multiplicité», permet une dynamique inter-active et intrapsychique hors du commun.Le groupe, par le fait même de la mise encommun de plusieurs paroles simultanées,offre des prismes variés de visions des choseset de nous-mêmes.

L’existence même de groupes de parole pourles enfants des enfants cachés nous prouve lapertinence de ce propos.

Enfin, j’avais supposé, en dernière analyse,que le parent-enfant caché-survivant vaocculter toute référence à son groupe d’ap-partenance culturelle, parce que celle-ci ren-voie à une identité mortifère introjectéependant la période de clandestinité.

Dès lors, j’avais émis l’hypothèse que sondescendant, en l’absence de repères culturels,tenterait de se réinscrire dans une filiationjuive, à laquelle il essayera de restaurer savaleur positive.

En renouant avec leur identité juive, les des-cendants des enfants cachés opèrent unmouvement réparateur qui restaure l’imagejuive négative introjectée lors les persécutionsnazies.

Chez la majorité des sujets rencontrés, lesparents ont adopté, après la guerre, une atti-tude visant à s’assimiler à la société et à neplus rien «exposer» de juif. Parmi les enfantsdes enfants cachés que nous avons rencon-trés, aucun ne porte de premier prénomjuif. Ceci témoigne de cette volonté d’oc-cultation, de normalisation, dans un mondepouvant basculer à tout moment dans lapersécution et la menace.

Parmi les huit sujets rencontrés, ce sontOlivier et André qui semblent les plus inves-tis dans la pratique juive.

Olivier se sent indéniablement juif. Cetteappartenance le relie à son histoire et à safiliation. Elle reste cependant l’objet d’unquestionnement car il n’arrive pas à identi-fier sa valeur positive. Objet du culte desmorts, du passé douloureux et de l’histoirede la Shoah, elle ne peut prendre place dansle cadre d’une structure contenante, liante, etreste le symbole de la douleur et de la des-truction.

Après la guerre, les parents d’André ontocculté toute référence à leur appartenancejuive. Dès lors, André perçoit un messageparental ambigu : il doit transmettre cettejudéité dont il a hérité. Mais, d’autre part, labrisure de la guerre a dépossédé cette appar-tenance de son contenu. L’exigence de cettetransmission est paradoxale : il doit trans-mettre quelque chose qui n’a plus de sub-stance. Désireux de redonner un contenuà sa judéité, André épouse une femme juive,donne des prénoms juifs à ses enfants, res-pecte certaines pratiques de la vie juive. Enrétablissant le rituel, André offre une struc-ture nouvelle à son appartenance culturelleet répare le mythe familial blessé.

Les parents de Monique ne renient pas leurappartenance au peuple juif, mais ils ne l’ex-posent pas non plus. Les prénoms qu’ilsdonnent à leurs enfants témoigneraient de lapeur qui semble gravée au cœur de leuridentité juive. Monique tente de recons-truire une identité juive plus solide, exemp-te cependant d’idéologie religieuse. Elle semarie à la synagogue, donne des prénomsjuifs à ses enfants. Elle accepte les stigmatesassociés à l’identité juive qui font si peur à sesparents.

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39 H. PIRALIAN, op. cit., 2001.

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Danielle garde du judaïsme l’image d’unelutte permanente contre de potentiellesagressions extérieures. Adolescente, Danielletente de s’en forger une image plus positiveet participe à des mouvements de jeunessejuifs, apprend l’hébreu, ...

Alice garde, au sein de son identité juive, lamarque du vécu de persécution de sesparents : les pratiques intimes de la vie juivene doivent pas transpirer au-dehors, «on» nedoit pas savoir qu’elle est juive, elle cachecette «étiquette» aux yeux du monde exté-rieur menaçant. Dès lors, d’une part, ellecontrecarre la transmission parentale enrenouant avec la pratique juive, mais d’autrepart, elle s’identifie au vécu parental de per-sécution dans la perception qu’elle donne àvoir de sa judéité.

Albert se sent juif. Cependant, en épousantune femme non juive, le père d’Albert a«refusé» de transmettre à son fils les stigmatesde la blessure qu’il a subie pendant la guer-re. Cette occultation prive Albert d’un sen-timent d’appartenance qu’il regrette et qu’ilrecherche.

Henri s’est toujours senti privé de son iden-tité juive. Tout rapport avec le judaïsme estbanni de la communication familiale et, jus-qu’à l’âge de dix ans, Henri ignore qu’il estjuif. Mais Henri se sent «inconsciemmentjuif». Cependant, dépouillé d’outils de com-préhension, il ne peut donner sens à cetteappartenance. Henri désire plus que toutrenouer avec son judaïsme. Cette volontémarque aussi une volonté de renouer avec ungroupe qui serait le sien.

Maud est très hésitante quant à son appar-tenance au judaïsme. Elle semble véritable-ment être ce qu’on pourrait appeler «uneenfant de la Shoah». Dépouillée de contenu,son appartenance ne lui est transmise qu’autravers de son contenant ; au travers du faitde l’histoire ou, comme elle le dit si bien, de«l’état». L’état de mort, l’état de blessureindélébile. L’identité juive mortifère prend ici

tout son sens. De la culture, ne lui ont ététransmises que la mort et la destruction. LaShoah semble véritablement opérer icicomme le mythe d’origine de son affilia-tion juive : «Je suis juive parce que mesgrands-parents sont morts dans les campsd’extermination nazis». Seule la blessure a ététransmise. Dès lors, l’identité juive est pourelle marquée du sceau d’un danger mortel :celui de la persécution.

Néanmoins, Maud est désireuse de renoueravec ses origines et engage ses enfants àrenouer avec sa culture perdue.

Ainsi, il apparaît dans l’investissement dujudaïsme deux éléments importants.

D’une part, j’ai pu observer la volonté, chezles descendants des enfants cachés (André,Olivier, Monique, Danielle, Henri, Alice)de renouer avec leurs origines en fournissantun contenu positif à l’appartenance culturelle(ils donnent des prénoms juifs à leurs enfants,s’engagent dans les pratiques de la viejuive, ...).

D’autre part, une perception ambiguë dujudaïsme semble être héritée de leurs parents.

Du judaïsme, se dégage un sentimentd’étrangeté résultant de la cassure, de la rup-ture engendrée par les événements de laguerre.

La perspective de danger perpétuel, la néces-sité de cacher son appartenance et l’angois-se de persécutions renouvelées semblentêtre ce qui a été transmis du judaïsme. Cecisemble spécifique au vécu des enfants cachés,pour qui l’occultation de toute référence àleur groupe d’appartenance semble avoirété une question vitale.

En définitive, c’est l’ambivalence qui semblerester gravée au cœur de l’identité juive dessujets. Dans certains cas, seule l’identitémortifère, cette «identité du génocide»,semble garder «un lien avec soi»39.

En conclusion, j’aimerais souligner combien

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il m’a été difficile de limiter ma recherche. Lesujet est très vaste car il comprend, outrel’individu et sa famille, la communautéculturelle à laquelle il appartient. J’ai dèslors préféré n’aborder que certains aspects dela transmission en gardant comme clé devoûte le thème de la filiation.

J’ai ainsi pu observer certains phénomènesqui mériteraient une étude plus approfondie,comme, par exemple, la différenciationhomme/femme au sein des groupes de des-cendants de survivants, ou encore l’appro-fondissement des rapports entre parent cachéet enfant du même sexe (fils et père caché, parexemple).

Il serait également intéressant de mettre enévidence le vécu différentiel des frères etsœurs d’une même fratrie. En effet, il estapparu au cours des entretiens réalisés quecertains membres de la fratrie se positionnenten tant que «figures totémiques» de la trans-mission parentale. Ces personnes semblent«porter» plus que d’autres le poids des trans-missions trans- et inter-générationnelles.Selon Golse40, on voit souvent les enfantsd’une même fratrie élaborer différemmentdes transmissions parentales qui paraissentidentiques. C’est que, d’une part, chaqueenfant effectue sa propre élaboration. Et,d’autre part, ces transmissions ne sont pasidentiques en réalité. La position dans lafratrie, par exemple, va jouer un rôle déter-minant à ce niveau. En effet, on ne transmetpas la même chose à un fils aîné qui porte les

espoirs de la famille ; à une fille cadette quipeut représenter une sœur ou une tantecadette très aimée, très haïe, ou morte... ; aupetit dernier de la famille, choyé et surpro-tégé ; à l’enfant unique, seul réceptacle desattentes parentales...

De la même manière, un même silence netouche pas de façon identique les membresde la fratrie. Chacun constitue son psychis-me, ses repères personnels, en interrelationavec ses différents proches. Ce n’est donc pasle même discours ni le même silence qui estperçu.

Enfin, une étude spécifique portant sur latroisième génération d’enfants cachés pour-rait être intéressante afin d’identifier lesmécanismes d’élaboration des liens de filia-tion, ainsi que les réactions des sujets face àleur propre descendance. Il serait égalementintéressant de mettre en lumière les méca-nismes qui régissent les structures de trans-mission transgénérationnelle. On pourrait sedemander, par exemple, s’il est possibled’observer le phénomène décrit par F.English41, qui parle du secret enkysté commed’une «pomme de terre chaude» (hot pota-toe) que l’on se transmettrait de générationen génération.

Selon Hirsch et Zyper42, les enfants de latroisième génération occupent une placeprivilégiée pour décrypter et recréer l’histoire.Par la capacité qu’ils ont de dialoguer avec lesgrands-parents survivants, ils réagenceraient

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40 Bernard GOLSE, «Du traumatisme entre pulsion de vie et pulsion de mort ou de la passion à l’oubli», in RevueFrançaise de Psychanalyse, janvier-mars 2000, tome 64, n°1, pp. 67-79.

41 Fanita ENGLISH, Transactional analysis and emotions (Paris, Desclée de Brouwer, 1976), mentionné par AnneANCELIN-SCHUTZENBERGER, «Le génosociogramme, introduction à la psychogénéalogie transgénérationnelle»,in Génogramme et thérapie familiale - Cahiers Critiques de thérapie familiale et de pratique de réseaux, 200, n° 25,pp. 61-83.

42 Siegi HIRSCH et Michel ZYPER, «L’indicible, sa transmission», in Cahiers de Psychologie clinique, 1996, n°7, pp.137-145.

43 Nadine FRESCO, «La mort est-elle héréditaire ?», in Foulek RINGELHEIM, Les Juifs entre la mémoire etl’oubli, Revue de l’Université Libre de Bruxelles, 1987, n° 1-2, pp. 31-37.

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au sein de la famille les liens d’appartenanceet de dépendance. Ainsi, la coexistence detrois générations attesterait la victoire de lasurvie et permettrait d’utiliser l’énergie dusystème familial à d’autres fins.

«Vient maintenant la génération de nosenfants, avec leur vie toute neuve. (...) C’estcomme si la malédiction s’était enfin arrêtée.(...) Ces petits-enfants qui ont besoin de nousvivants et soucieux de l’avenir, dont l’exis-tence rend plus insupportable encore l’horreurdes persécutions passées, présentes, possibles,ces petits-enfants, avec leurs évidences etleurs questions fraîches et sérieuses, nouscontraignent à la vigilance et à l’espoir. C’estcomme si, vivants, ils nous guérissaient enfindes enfants morts auxquels nous avions, simal, succédé »43.

Samenvatting :

Deze studie handelt over de fenomenen vanoverdracht en de linken tussen de verschil-

lende generaties bij de afstammelingen vande ondergedoken joodse kinderen tijdensde Tweede Wereldoorlog. De kinderen vande ondergedoken kinderen, meestal geka-rakteriseerd als de «generatie van de stilte»,geven meestal geen blijk van de sporen vaneen traumatische gebeurtenis, maar wel vanhun vervaging. De basis van deze studiewordt gevormd door een corpus van inter-views, waaruit een genealogische stamboommet de belangrijkste familiale gebeurtenissenwerd afgeleid, een zgn. genogram. Vanuitdeze genogrammen werden de terugkeren-de fenomenen, alsook de «blinde vlekken»in de familiale geschiedenis geduid. Uit ditonderzoek is gebleken dat, geconfronteerdmet het stilzwijgen van zijn ouders en metde onmogelijkheid om toegang te krijgen totde geschiedenis van zijn afkomst, de afstam-meling van het verborgen kind zal probereneen aantal «aanpassingsstrategiën» in deplaats te stellen. Deze studie werd opge-bouwd vanuit deze hypothese.

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La forteresse de Breendonk est située à mi-chemin entre Bruxelles et Anvers. Elle futérigée au milieu du 19e siècle en vue de créerune ligne de défense autour du port d’Anverset fut renforcée en 1906. La forteresse estentourée d’un fossé rempli d’eau. La terrerécupérée lors du creusement de ce fossépermit aux constructeurs de recouvrir lefort presque entièrement. Celui-ci formeun quadrilatère de 200 mètres sur 300.

Début octobre 1914, lors du siège d’Anvers,la forteresse capitula après neuf jours debombardements. En mai 1940, elle servitbrièvement de quartier général au Roi

Léopold III lors de l’invasion allemande.Le 28 mai, après dix-huit jours de bataillesdésespérées, les troupes belges capitulèrent.

Le 1er juin 1940 le général Freiherr Alexandervon Falkenhausen1 fut nommé«Militärbefehlshaber für Belgien undNordfrankreich» (gouverneur militaire pour laBelgique et le Nord de la France).Contrairement aux autres pays occupés,Heinrich Himmler ne nomma pas un diri-geant supérieur de la SS et de la police(«Höherer SS- und Polizeiführer») en Belgique.Alexander von Falkenhausen et EggertReeder, son «Kriegs-verwaltungschef» (chef

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MARKUS MECKL*

Le camp de transit deBreendonk**

* Docteur en histoire, Chargé de cours à l’Université de Akureyri, Islande. ** Nous tenons à remercier chaleureusement Gérard Kahn et Rahim Taghizadegan pour la traduction, et Emmanuel

Verschueren pour la correction de cet article.

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d’administration de la guerre), responsablespour les questions civiles, s’opposèrentavec succès, jusqu’à l’été 1944, à la mise dela Belgique sous l’autorité d’une adminis-tration civile2. Mais la «Militärverwaltung»(administration militaire) ne put éviter quele 27 juillet 1940, Reinhard Heinrich mit enplace un service de la «Sicherheitspolizei»(SIPO) et du «Sicherheitsdienst» (SD) àBruxelles. Toutefois, le chef de la «Sipo-SD» à Bruxelles, fut soumis jusqu’au 18juillet 1944, à l’autorité de la«Militärverwaltung» et ce n’est qu’à cettedate que Hitler, par décret, instaura enBelgique une administration civile3.

Au départ les services de la «Sipo-SD»n’avaient pas de locaux d’emprisonnementà leur disposition en Belgique. En atten-dant, ils utilisèrent les bâtiments de la«Wehrmacht». Comme ceux-ci furent rapi-dement saturés, les services de la«Militärverwaltung» proposèrent d’utiliserle fort de Breendonk. D’après la déclara-tion du chef de la «Militärverwaltung», cecine pouvait avoir lieu qu’en «juillet 1940 auplus tôt»4.

Le 29 août 1940, le «Rittmeister» vonMarcher, commandant militaire de Malines,exigea de la commune de Breendonk que lefort fut aménagé afin d’y héberger 200 déte-nus.

Trois semaines plus tard, le 20 septembre1940, les premiers prisonniers arrivèrentdans le camp, accompagnés par le «SSSturmbannführer» Philipp Schmitt. Dansla correspondance officielle, le camp futappelé «camp de transit de Breendonk»(«AuffangslagerBreendonk »). Jusqu’ennovembre 1940, le nombre de prisonnierss’élevait à environ 60, chiffre qui resta à peuprès constant jusqu’en été 1941, au momentde l’invasion de l’Union Soviétique. Le 22juin 1941, lors de l’Opération Sonnenwende,eurent lieu des rafles de personnes soup-çonnées d’être des communistes ou dessympathisants. Parmi elles, cent vingt furentdéportées à Breendonk. A la même période,la «Militärverwaltung» y envoya les pre-miers otages belges. Ceux-ci étaient en majo-rité originaires de Malines5.

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1 Alexander von Falkenhausen, né le 29 octobre 1878, fut relevé de son poste le 18 juillet 1944. Soupçonné d’être impliquédans l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944 il sera interné dans un camp de concentration allemand. En mai1945, les Américains l’arrêtèrent et le livrèrent à la Belgique en 1948. En 1951, il y fut condamné à 12 ans de travauxforcés mais gracié après 16 jours.

2 Cf. Albert DE JONGHE, «La Lutte Himmler - Reeder pour la nomination d’un HSSPF à Bruxelles (1942-1944)»,in Cahiers d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, n° 3, octobre 1974, pp. 103-173.

3 Arrêté du Führer concernant l’établissement d’une administration civile dans les territoires occupés de Belgique etdu Nord de la France du 13 juillet 1940, Centre d’Etudes et de Documentation Guerre et Sociétés contemporaine(CEGES), Microfilm 1810, n° 1541, 160.

4 Déclaration de Reeder devant le tribunal militaire le 25 mai 1948 - Service des Victimes de Guerre (SVG) - SVG-DOS.Rap. 497 - tr. 141216, classeur 1.

5 L’administration militaire en Belgique réagit aux actes de résistance par l’internement et l’exécution d’otages.6 Le registre est disponible au SVG.7 Le premier chef de la Sipo-SD, le Dr. Hasselbacher, fut tué dans un accident de voiture en novembre 1940. Il fut remplacé

par l’Obersturmbannführer Constantin Canaris jusqu’en novembre 1941. L’Obersturmbannführer Ehlers reprendalors le service ; il est à nouveau remplacé par Canaris en mars 1944.

8 Cf. La liste de toutes les sentinelles SS connues par leur nom au cours des quatre années dans Les crimes de guerrecommis sous l’occupation en Belgique 1940-1945. Le camp de tortures de Breendonk, édité par le Ministère de la Justice- Commission des Crimes de Guerre, Liège, 1948, pp. 20-31. Au total, 17 SS allemands ont effectué leur service à unmoment ou un autre à Breendonk, y compris des chauffeurs et 19 SS belges.

9 Rapport de l’administration militaire concernant le camp de Breendonk du 29 septembre 1941, CEGES, AA-552.

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Fin septembre 1941, plus de 300 prison-niers étaient détenus à Breendonk. C’est à cemoment que partirent les premiers convoisde prisonniers de Breendonk vers les campsde concentration en Allemagne. Au prin-temps 1942, le registre de Breendonk men-tionnait qu’au cours de la période du 3 marsau 11 juin 1942, une moyenne de 110 pri-sonniers étaient internés6. Le nombre deprisonniers varia au cours des années sui-vantes. Exception faite du mois de mai 1944,au cours duquel 600 prisonniers furent enfer-més à Breendonk, il n’y eut jamais plus de500 détenus simultanément. Les 30 et 31avril 1944, les SS évacuèrent les 250 der-niers prisonniers de Breendonk. Une partiede ceux-ci furent envoyés au camp deconcentration de Vught, près des’Hertogenbosch (Hollande) ; les autres aucamp de Neuengamme (Allemagne). Autotal, au cours des quatre années de sonfonctionnement, 3.500 prisonniers transi-tèrent par le fort de Breendonk.

La compétence pour décider d’un interne-ment dans ce camp appartenait exclusive-ment au chef de la «Sipo-SD» de Bruxelles7.Une exception à cette règle exista au cours dela première année, période au cours delaquelle la «Geheime Feldpolizei» (PoliceSecrète) eut la possibilité d’amener des pri-sonniers à Breendonk sur base d’un «man-dat de dépôt».

Les services de la «Sipo-SD» de Bruxellesnommèrent comme commandant du camp,le «Sturmbannführer SS» Philipp Schmitt, néen 1902 à Bad Kissingen. Il dirigea le campjusqu’au 15 novembre 1943. Son épouse,Ilse Birkholz, travailla pendant plusieursmois de l’année 1943 dans les services del’administration du camp. Le successeur deSchmitt fut le «Sturmbannführer» KarlSchönwetter qui resta commandant jusqu’àla libération. Pendant les quatre ans d’exis-tence du camp, c’est le «Unterscharführer»Arthur Prauss qui fut responsable de la sur-

veillance et du contrôle du travail des pri-sonniers. De plus, quatre à cinq hommesde la SS se trouvaient en permanence dans lecamp. Afin de renforcer l’équipe allemandedes SS, plusieurs hommes de la SS belgefurent affectés à Breendonk en septembre1941. Ceux-ci étaient utilisés comme gar-diens, mais ils effectuaient également destâches administratives et des traductions8. En1944, arriva en renfort un groupe de SS rou-mains et hongrois en vue de renforcer lasurveillance à Breendonk. Dans le campmême, trois civils belges étaient employés àtemps plein comme jardiniers ou ouvriers.La garde extérieure du camp était confiée àla «Wehrmacht» également compétente pourcertains travaux à l’extérieur du camp. Lessoldats appartenaient au «Landesschützen-bataillon» stationné à Malines. A la fin sep-tembre 1941, on peut déterminer exactementle nombre de SS se trouvant au camp. Eneffet lors d’une visite de la «Militärverwal-tung», celle-ci mentionna que sur un effec-tif total de 346 personnes, les SS allemandsoccupaient les fonctions suivantes : diri-geant, adjoint, accueil, enquêtes criminelles,comptabilité, service extérieur, cuisine. Deplus, il y avait quatre SS flamands pour lasurveillance et le service d’interprétariat9.

Aucune décision judiciaire n’était nécessairepour procéder à un internement à Breendonk.Il suffisait d’un «Sicherheitshaftbefehl»(Mandat d’arrêt de sécurité). En Belgique, iln’existait pas, comme en Allemagne, dedétention préventive mais uniquement une«Sicherheitshaft» (détention de sécurité).La «Militärverwaltung» en Belgique avaitintroduit ce concept afin de ne pas perdreson pouvoir exclusif sur les arrestations vis-à-vis des services de la «Sipo-SD». En cas dedétention de sécurité, chaque arrestationdemandée par ces derniers, en vue d’uninternement, nécessitait la confirmation dela «Militärverwaltung» qui avait égalementle droit d’ordonner des libérations. Au début,

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la confirmation de l’administration devaitintervenir dans les deux jours. Mais au fil dutemps, cette situation changea. Dans unmémorandum non daté, retrouvé dans lesdocuments de la «Militärverwaltung» enBelgique, la «Sicherheitshaft» a été définiecomme suit :

«La «Sicherheitshaft» est une arrestationpréventive effectuée par la police en dehorsde la procédure des tribunaux militaires. (...)

La «Sicherheitshaft» ne peut être ordonnéeque par :

a) le chef de la «Militärverwaltung»

b) les services de la «Sipo-SD» à Bruxelles,lorsque l’arrestation a été réalisée par lesmembres de ces services ou lorsque la per-sonne arrêtée lui a été présentée. (...)

5. La confirmation. Lorsque la durée dedétention dépasse un mois, le mandat d’ar-rêt de sécurité nécessite la confirmation duchef de l’administration militaire. Cetteconfirmation est effectuée vis-à-vis de la«Sipo-SD» par un cachet sur les formu-laires faits en double. Le premier est renvoyéà la «Sipo-SD», l’autre reste chez le chefde la «Militärverwaltung» et sert égale-ment comme document pour le contrôled’arrêt. Avec la nomination d’un commis-saire général pour la sécurité (en août 1944)la confirmation par le chef de l’adminis-tration militaire a été supprimée. (...) Denombreuses interventions des services alle-mands et belges ainsi que de particuliersbelges ont eu lieu, par lesquelles dans lapratique des documents à décharge sontapportés de l’extérieur à l’administrationmilitaire. Lorsque l’administration mili-

taire ordonne une remise en liberté, la Sipodoit annuler les mandats d’arrêt de sécuri-té»10.

Afin de conserver une vue d’ensemble desarrestations, la «Militärverwaltung» créaplus tard un «Haftnachweis» (pièce justifi-cative de détention). Le but était d’établir unregistre central de toutes les personnes déte-nues en Belgique et de contrôler la durée deleur détention12. Les services de la «Sipo-SD» signalaient également chaque arresta-tion au «Reichssicherheitshauptamt» (Hautcommandement de la Sécurité du Reich) àBerlin.

Les prisonniers de Breendonk n’avaient pasconnaissance de la circulation des nombreuxdocuments les concernant. Souvent, ils nesavaient même pas ce qu’on leur reprochaitcar la «Sipo-SD» ne procédait pas forcémentà leur interrogatoire. Aucun prisonnier nepouvait deviner s’il était détenu pour untemps déterminé ou s’il serait fusillé commeotage.

Au cours des deux premières années, lesjuifs constituèrent l’essentiel des prison-niers. Il s’agissait le plus souvent de juifs denationalité étrangère, ce qui était le cas de90% des juifs vivant en Belgique et qui,pour la plupart, avaient été arrêtés pournon-respect des nombreux nouveaux règle-ments les concernant. A la fin de l’été 1942,la plupart des juifs furent transférés deBreendonk vers la caserne Dossin, le nou-veau camp de transit à Malines, avant d’êtredéportés vers Auschwitz.

A leur arrivée au camp de Breendonk, lesdétenus devaient remettre tous leurs objetspersonnels et échanger leurs vêtements

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10 Sicherheitshaft, s. d., CEGES, T-501, R-189, pp. 867-87011 Lettre du Militärverwaltungschef du 17 février 1942 à l’Oberfeld- und Feldkommandanturen Verw. Chef, Ltd.

Feldpolizeidirektoren, Herrn Dr. Kletzke, Dienststelle der Sipo, und des SD, Brüssel, Ordnungsdienste, Herrn OberstDr. Lossen, CEGES, Mic T-051, R-189, p. 860.

12 Annexe du rapport du Oberstabsarztes Pohl concernant l’état de santé des détenus, SVG-DOS, Rap. 186 - tr. 30706,p. 119.

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contre de vieux uniformes de l’armée belge.Chaque détenu recevait un numéro dis-tinctif et portait un ruban de tissu coususur son uniforme. En effet, contrairement àce qui se passait dans les camps enAllemagne, le signe distinctif des prison-niers ne consistait pas en un triangle, mais enun ruban de couleur déterminant le classe-ment des détenus par catégorie : les juifs,les communistes, les résistants, les terro-ristes, les trafiquants du marché noir, lesanglophiles, les anglophiles juifs et les homo-sexuels (seuls deux cas de cette dernièrecatégorie sont connus).

Les prisonniers étaient soumis aux travauxforcés. Les premiers érigèrent une clôture defil de fer barbelé autour du camp. Par lasuite, le travail des détenus consista à enleverles masses de terre dont le fort était recouvert.Plus de 250.000 tonnes furent ainsi déplacéespar les prisonniers à l’aide d’outils, souventprimitifs, et déversées à l’extérieur du fossérempli d’eau.

L’hébergement des prisonniers se faisaitdans les casemates du fort. Ces soi-disant«chambres» au nombre de 16, étaient amé-nagées avec des lits à deux étages dans unpremier temps et plus tard à trois étages. Ily avait également quelques tables et tabou-rets qui ne pouvaient être utilisés qu’aumoment des repas. La moitié des chambres,suite à la séparation qui eut lieu après le 1er

décembre 1940 entre juifs et non-juifs, étaitoccupée par des prisonniers juifs. Deuxchambres servaient d’infirmerie. Chacune deces pièces, dans la terminologie du camp,correspondait à une section, commandéepar un chef de section, terme utilisé àBreendonk pour un Kapo, assisté par unsous-chef de section.

La journée à Breendonk commençait entre5 et 6 heures du matin avec le réveil des pri-sonniers. Les gardiens conduisaient les déte-nus aux lavabos et puis aux toilettes. Pendantque deux prisonniers nettoyaient la chambre,

les autres devaient attendre devant la porte.Ensuite les prisonniers devaient faire leurlit. Si tout cela n’était pas fait à la satisfactiondes surveillants, des punitions individuellesou collectives pouvaient être distribuées auxoccupants de la chambre. Puis, deuxhommes allaient chercher les rations dupetit déjeuner. Pour terminer ce programmematinal, un appel avait lieu dans la cour.

A 7h30, le travail commençait et durait jus-qu’à 17h30 interrompu par une pause de 1heure à midi au cours de laquelle les pri-sonniers recevaient une soupe. En fin dejournée, un nouvel appel avait lieu ainsi quela distribution de la ration du soir. A 20h, lesprisonniers devaient être au lit. Le dimancheaprès-midi, les prisonniers étaient dispensésde travail. Afin d’assurer la surveillance dutravail, l’administration du camp nommades contremaîtres et des contremaîtres enchef. Ils portaient comme signe distinctifdeux ou trois bandes blanches sur le bras. Lesrations alimentaires ont varié au cours deces quatre années, mais elles furent toujoursinsuffisantes - à l’exception de la périodeallant de fin 1943 au printemps 1944. Lasituation alimentaire était tellement mau-vaise que le médecin de la WehrmachtSchulten obtint assez de données pour rédi-ger une étude scientifique sur les oedèmes etla dystrophie alimentaire en 1942.

Le registre du médecin du camp sur lesvariations de poids des détenus entrenovembre 1942 et janvier 1943 documentel’amaigrissement. En juillet 1942, le prison-nier portant le numéro 126 pesait 61 kg. Il enperdit 12 en novembre et à nouveau 5 endécembre. Le prisonnier portant le numéro86 pesait 66 kg au départ et en perdit 16 entrois mois12.

Le nom des 102 prisonniers morts - de faimou de mauvais traitements - durant les quatreannées d’existence du camp est connu. Surles dix premiers cas, huit étaient des juifs. Le«SS Untersturmbannführer» Arthur Prauss,

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berlinois de naissance et bras droit du chefde camp Schmitt, fut le responsable de laplupart de ces morts. Schmitt lui-même étaittrès souvent présent lorsque des prisonniersétaient brutalisés mais selon des témoins, iln’y participait que rarement. Toutefois, ilarrivait qu’il lâcha son berger allemand surdes prisonniers. A côté d’Arthur Prauss - etau cours des premières années - ce sont sur-tout les contremaîtres Walter Obler et SallyLewin, tous deux prisonniers juifs, qui sesont rendus coupables de ces mauvais trai-tements à l’encontre des autres prisonniers.Ils furent tous deux condamnés à mort etexécutés en Belgique après la guerre.Lorsqu’en septembre 1941 des SS belgesfurent envoyés pour garder les prisonniers,ce sont particulièrement Fernand Wyss etRichard De Bodt qui se sont distingués parleurs brutalités. Plus de la moitié des mortsde Breendonk résultent des actes de ces cinqpersonnes13.

Cent nonante-cinq personnes supplémen-taires furent exécutées par des pelotonsd’exécution de la «Wehrmacht». Il s’agis-sait soit d’otages, soit de prisonniers condam-nés à mort. L’exécution des otages se faisaitsur ordre de la «Militärverwaltung». ABreendonk, il existait un lieu d’exécutionet une potence. Par exemple, le 27 novembre1943, Alexander von Falkenhausen ordon-na qu’ «à titre expiatoire pour des actes cri-minels non élucidés jusqu’à ce jour contredes installations et des membres de la«Wehrmacht», les 29 terroristes suivants sontà fusiller le mardi 30 novembre 1943»14.

Treize d’entre eux, nommément désignésdans le document, devaient être exécutéspar le O.F.K. 672 à Breendonk.

En plus des prisonniers, il existait une autrecatégorie de détenus. Il s’agissait de ceuxfaisant l’objet d’une enquête par les servicesde la «Sipo». Ils n’avaient aucun contactavec les autres détenus et étaient, lorsqueleur cas était important, enfermés dans descellules individuelles. Ces cellules n’étaientpratiquement pas aérées. Le chef-adjoint dela «Militärverwaltung» von Craushaar donneune description de ces cellules : «ces cellulesd’arrêt dans lesquelles un être humain nepeut que se tenir debout, sans se cogner, sontinsuffisantes et à réserver tout au plus auxgrands criminels. Dans la mesure où six cel-lules sont installées dans une pièce, qu’ellessont ouvertes au dessus et couvertes de bar-belés, elles permettent au détenu de com-muniquer avec les autres prisonniers. Dansla salle de garde, se trouve une cage en barresde fer dans laquelle ceux qu’on soupçonne devouloir se suicider sont constamment sousla surveillance de la garde. Cette cage esttotalement inadaptée»15. Dans le courantde l’année, la direction du camp installad’autres cellules pour les prisonniers faisantl’objet d’une instruction. Chaque fois qu’ilssortaient de leur cellule, on leur mettait unsac de papier sur la tête leur permettant justede voir le bout de leurs souliers.

Un «interrogatoire poussé» nécessitait l’au-torisation formelle du chef de service de la«Sipo-SD» de Bruxelles. Un bunker était

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13 Cf. les documents du procès Schmitt, SVG-DOS, Rap. 497 - tr. 141216, cl. 3.14 CEGES, AA-545.15 Mention au dossier de l’administration militaire du 29 septembre 1941, CEGES, AA-552.16 Jean Amery, juif autrichien, s’etait réfugié en Belgique et, après l’invasion de la Belgique, s’est affilié à la Résistance

et a été déporté de Breendonk à Auschwitz. Il a publié ses mémoires dans les années 60.17 Jean AMERY, Jenseits von Schuld und Sühne. Bewältigungsversuche eines Überwältigten, München, 1966, p. 57 ff.18 Ibid. note 15.19 Il s’agit de Constantin Canaris, le neveu de Wilhelm Canaris, Amiral et chef de l’Abwehr.

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spécialement installé dans le fort pour cegenre d’interrogatoires. Jean Amery16 enparle dans ses mémoires : «Si je me remé-more les événements de l’époque, je voisencore devant moi l’homme qui entra brus-quement dans la pièce et qui semblait êtrequelqu’un d’important à Breendonk. Il por-tait sur son uniforme vert de gris les insignesnazis de la SS mais on l’appelait ‘HerrLeutnant’. Il était petit, trapu et avait unvisage charnu et sanguin qu’on aurait puqualifier pour employer une banalité phy-siognomoniste de bonhomie bourrue. Il avaitune voix de crécelle et un accent berlinois. Ason poignet pendait, dans un étui de cuir,un fouet de nerf de bœuf qui devait mesurerun mètre. Mais pourquoi devrais-je taire cenom qui me reviendra plus tard si facile-ment ? (...) Le «Herr Leutnant» qui tenait icile rôle de tortionnaire spécialisé s’appelaitPraust - P-R-A-U-S-T. ‘C’est maintenantque cela va se passer’, me dit-il tranquille-ment de sa voix de crécelle. Et il me condui-sit à travers un corridor rouge sombrefaiblement éclairé dans lequel des portes debarreaux s’ouvraient et se refermaient tou-jours en bourdonnant dans la coupole déjàdécrite, le bunker (...) Du plafond du bunkerpendait une chaîne fixée dans une poulie etqui portait à son extrémité un solide crocheten fer recourbé. On me conduisit à l’instru-ment. Le crochet attaché dans les menottesmaintenait mes mains liées dans le dos. Ontira sur la chaîne qui monta avec moi jusqu’àce que je me trouve à un mètre du sol. Onpeut dans cette position ou plutôt dans cettependaison - les mains liées dans le dos - semaintenir un court moment, par la force desmuscles, en position semi-oblique. On nerépond à aucune question pendant cesquelques minutes puisqu’on utilise ses der-nières forces, quand déjà la sueur perle sur leslèvres et que le souffle devient court.‘Complices, adresses, points de rencontres ?’On saisit à peine. La vie tout entière ras-semblée dans une seule partie du corps - et

particulièrement dans les articulations desépaules - ne réagit pas car elle est totalementconcentrée dans l’effort. Même les personnesfortes physiquement ne peuvent pas tenirlongtemps. En ce qui me concerne, je devaisabandonner assez vite. De mon corps,s’échappèrent des bruits dans les épaules qu’àce jour, je n’ai pas encore oubliés. Les arti-culations sortaient des cavités. Le seul poidsdu corps créait une luxation. Je tombais dansle vide et je pendais maintenant par les brasattachés, étirés, pendus vers le haut et retour-nés au-dessus de la tête. A cela s’ajoutaient lescoups de nerf de bœuf sur mon corps et plusd’un coup perçait le mince pantalon d’étéque je portais ce 23 juillet 1943»17.

Les prisonniers faisant l’objet d’une instruc-tion n’étaient pas tenus aux travaux forcés etpassaient toute la journée dans leur cellule àl’exception d’un court moment le matinlorsque l’équipe de garde les conduisait auxtoilettes. Il leur était interdit de s’asseoir pen-dant la journée. Ils devaient rester debout de6h à 20h. La direction du camp utilisait dessoldats de la Wehrmacht de la garde exté-rieure pour les surveiller. Certains détenussous instruction avaient des menottes ou deschaînes aux pieds. Si les prisonniers deBreendonk étaient principalement deshommes, il y eut en permanence une dou-zaine de femmes qui firent également l’ob-jet d’une instruction.

Le chef du camp de Breendonk était direc-tement responsable devant le chef de la«Sipo-SD» qui lui-même dépendait direc-tement du gouverneur militaire. Ainsi endernier ressort, c’est la «Militärverwaltung»qui était responsable de Breendonk. En toutétat de cause, elle ne s’est pas beaucoup pré-occupée des conditions de vie qui régnaientau camp durant sa première année d’exis-tence. Certes la «Wehrmacht» mit à dispo-sition de la garde extérieure de Breendonk«trois sous-officiers et trente-deux hommesdu bataillon de protection territoriale ZSV

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625»19 et fournit, par le biais du service d’ap-provisionnement des troupes d’Anvers, lesmoyens de subsistance des prisonniers, maisla «Militärverwaltung» ne semblait pas sepréoccuper outre mesure des conditions exis-tant dans le camp.

Il fallut un an pour que, le 9 septembre 1941,le chef de la «Militärverwaltung» Reeder sedécide à venir visiter le fort. La raison deson inspection était probablement liée auxplaintes émanant de la population belgeauprès de la «Militärverwaltung». Les condi-tions de vie que Reeder constata au cours deson inspection du camp furent telles qu’ilorganisa une réunion, le 17 septembre, entrele chef de la «Sipo-SD» à Bruxelles, le Dr.Canaris19, en présence du «Kriegsver-waltungsvizechef», le Dr. von Craushaar,du «Oberkriegsverwaltungsrat», le Dr.Kuntze, du «Kriegsverwaltungsrat» Heymet du «Kriegsverwaltungsassessor», le Dr.Victor. Le compte-rendu de la réuniondonne un aperçu des conditions existantesdans le camp : Reeder déclare que «le‘Oberbefehlshaber’ avait ordonné une cla-rification des conditions juridiques dans le(illisible) Breendonk. En dernier lieu il repor-ta la responsabilité du camp sur (illisible) etle service du membre désigné par le chef dela ‘Sipo’ et du ‘SD’. Plus explicitement, le«OKVR» Dr. Duntze devait discuter avec le‘Sturmbannführer’ Canaris quelle sectionserait compétente pour cela. En particulier, laresponsabilité d’un médecin militaire devaitêtre justifiée. La situation actuelle où un pri-sonnier juif assumait la responsabilité médi-cale et attestait de la capacité à supporter unemprisonnement n’était pas acceptable. (...)

De plus, le problème des soins exigeait unréexamen. Il était connu que les capacitésd’hébergement des prisons belges étaientdéjà insuffisantes pour les prisonniers de la pri-son de Louvain. C’était encore moins le casà Breendonk où les prisonniers devaient tra-vailler durement et où l’activité du campne laissait pas beaucoup de place au repos.Comme la subsistance était assurée par la«Wehrmacht», il convenait d’examiner siles rations de pain ne devaient pas être aug-mentées.

La situation actuelle devait, de l’avis dumédecin général Blum, conduire avec uneprobabilité élevée à la mort des prisonniersaprès une détention prolongée. Le«Oberbefehlshaber» ne voulait pas que lecamp soit considéré par l’histoire comme«l’enfer de Breendonk». A cet effet, il fallaitdonc examiner quelles tâches incomberaientau camp.

Pour le moment, se trouvaient là :

1. des juifs pour une durée indéterminée,

2. des communistes pour une durée indé-terminée,

3. des trafiquants du marché noir pourune durée indéterminée,

4. des prisonniers faisant l’objet d’une ins-truction,

5. des étrangers internés,

6. des otages.

En aucun cas, l’internement au camp nepouvait être remis en cause au moins pour lestrois dernières catégories. De même, il devaitexister une séparation entre les juifs et lesaryens (...) Les juifs, dont le seul délit était

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20 Ochs était un peintre connu en Belgique. Il peignit secrètement à Breendonk ses codétenus et des scènes de la viedu camp. Les images ont été conservées.

21 CEGES, AA-552.22 Ibid. note 15.23 ibid.

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une tentative avortée de franchir la ligne dedémarcation, ne pouvaient pas être empri-sonnés jusqu’à leur mort. A ce sujet, unedécision définitive devait être prise.

Le «SS-Sturmbannführer» Dr. Canarisrépondit que le camp avait été établi dansl’optique d’une guerre de courte durée. Lesconditions précaires du camp étaient alorsconnues et le manque d’espace carcéral ne luiavait pas donné d’autre possibilité que d’ycaser les différents groupes de prisonniers.Un réexamen des causes de l’emprisonne-ment devait être envisagé. Il ordonneraitqu’un réexamen soit réalisé et que tous les«cas légers» soient libérés.

En réponse à la question du Dr. vonCraushaar, Canaris confirma qu’il était pos-sible d’établir une liste des prisonniers décé-dés pendant leur détention. Chaque casparticulier avait fait l’objet d’une autopsie quiconfirmait par écrit la cause du décès. Cesrapports indiquèrent, en particulier, si cettecause était due à des raisons extérieures.

Le KVVCh. Dr. von Craushaar proposa«d’aménager deux camps afin de faire ensorte que l’un des deux camps ait un carac-tère répressif et que l’autre soit un camp desurveillance (...) Par la même occasion, ilfallait créer une séparation entre les juifs etles aryens. MVCh. Reeder ajouta à cela quele chef militaire avait évoqué à nouveau le casde Ochs20. Celui-ci non plus ne pouvaitrester éternellement dans le camp mais ondevait s’assurer que compte tenu des bonsrapports que Ochs entretenait avec la bonnesociété belge, il ne divulguerait aucune nou-velle négative sur les conditions existantesdans le camp.

Dicté par le «Kriegsverwaltungsassessor»Dr. Viktor»21.

A la suite de cette réunion, la«Militärverwaltung» commença à s’occu-per plus activement du camp. Deux semainesaprès sa visite, Reeder envoya à nouveau

son chef-adjoint von Craushaar à Breendonkafin de déterminer dans quelle mesure lescarences mises à jour avaient pu être corri-gées et si possible, donner de nouveauxconseils. Le chef de la «Sipo-SD» Canaris,l’accompagnait. Au cours de sa visite, vonCraushaar pu se rendre compte que depuisla mi-septembre, un médecin militaire deMalines visitait le camp tous les deux jours,ce qui ne semblait pas avoir amélioré beau-coup l’état de santé des prisonniers car «lesinfirmeries, l’une juive, l’autre aryenne,étaient surpeuplées et cela exclusivement demalades graves souffrant de faim. Ceux-ciétaient extrêmement amaigris, certains avecun œdème alimentaire. De plus, il y avaitbeaucoup de blessures aux doigts, des écou-lements de pus aux jambes, une tuberculoseouverte et saignante. Ces malades devaientimmédiatement être transférés»22.

Von Craushaar émit immédiatement plu-sieurs dispositions afin de palier cette situa-tion gênante :

1. «les internements ne doivent être exécutésque sur décision du délégué du chef de la‘Sipo’ et du ‘SD’, service de Bruxelles ou deses services extérieurs.

2. Le commandant du camp ou son repré-sentant sont personnellement responsablesen cas de mauvais traitements causés parles gardiens qui sont aussi emprisonnés.

3. La subordination d’aryens à la surveillancedes juifs doit cesser immédiatement»23.

L’intervention de la «Militärverwaltung»conduisit à des modifications dans un certainnombre de domaines. Le 10 octobre 1941, le«Oberkriegsverwaltungsrat» Duntze avisason supérieur Reeder que différents chan-gements avaient été introduits au sein ducamp. Ainsi, plusieurs fois par semaine, lesprisonniers recevaient 50 grammes de levu-re de bière pour lutter contre la sous-ali-mentation et des légumes frais. D’autre part,la séparation totale des juifs et des non-juifs,

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et des remises en liberté avait été effectuée.Dans le compte-rendu, Duntze affirme :«Examen des possibilités de remises en liber-té pour tous et en particulier pour les pri-sonniers juifs qui ne sont détenus que pourretour interdit en Belgique, dépassement desheures du couvre-feu ou autre non-respect dedirectives analogues. Les remises en liberté seferont progressivement et dépendent de l’étatde santé apparent des prisonniers. Si néces-saire, ils sont mis en liberté après passage parl’infirmerie où ils sont guéris»24.

La «Militärverwaltung» ne semblait pas trèssatisfaite par le fonctionnement du camp,car elle envisageait sa fermeture. Duntzeannonce à la fin de son rapport que «la créa-tion d’un camp de détention sans caractèrepénal basé sur le mode d’un camp de pri-sonniers de guerre» est en préparation.Derrière l’idée de la fermeture du camp setrouvait le «Militärbefehlshaber» vonFalkenhausen lui-même. Car Duntze écri-vit à nouveau, le 20 octobre, au sujet desprogrès réalisés dans la transformation ducamp : «Sur base des notes concernant lesdesiderata de Monsieur leMilitärbefehlshaber (chef 11.10.1941), leOberstleutnant von Hauenschild s’est pré-occupé en premier lieu de trouver un empla-cement adéquat afin d’établir un camp dirigéde manière purement militaire comme sou-haité par le Monsieur Oberbefehlshaber»25.En tout état de cause, la «Militärverwaltung»avait peu d’espoir de voir réussir ce projet cardans le paragraphe suivant Duntze consta-

te : «Dans la mesure où les efforts du‘Kommandostab’ (Etat major de comman-dement) de créer un camp dirigé de maniè-re purement militaire ne devaient pas aboutir,le KVVCH Dr. von Craushaar a chargé lesoussigné de poursuivre la transformationdu camp de Breendonk avec comme but lacréation d’un simple camp d’internement».

L’avis de Duntze se confirma. La«Militärverwaltung» échoua dans son objec-tif de supprimer Breendonk, le camp conti-nua d’exister jusqu’à la fin de la guerre.Duntze obtint des résultats concernant «laremise en liberté des juifs maintenus inter-nés pour de légères infractions» : celle-cicontinuera27.

Comme le «Militärbefehlshaber» ne par-vint pas à fermer le camp, il tenta au moinsde clarifier les attributions à l’intérieur ducamp. Le 12 mai 1942, von Falkenhausendéclara dans une note que :

1. «le camp de Breendonk dépend du‘Militärbefehlshaber’, chef de la‘Militärverwaltung’. La direction ducamp est confiée au délégué du chef dela ‘Sipo-SD’ pour la région militaire dela Belgique et du Nord de la France àBruxelles (ci-après : ‘Sipo Brüssel’). Ledirecteur de ce service ne dépend que duchef de la ‘Militärverwaltung’ pour laconduite du camp.

2. La ‘Sipo Brüssel’ désigne le commandantdu camp et ses collaborateurs. Ceux-ci nesont responsables que devant le directeurde la ‘Sipo Brüssel’.

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24 CEGES, Mic T-501, R-189, p. 792 s.25 Ibid. p. 795.26 ibid. p. 796.27 ibid. pp. 808-811.28 Règlement du camp de Breendonk, édité par le Militärbefehlshaber in Belgien und Nordfrankreich -

Militärverwaltungschef, le représentant du dirigeant de la Sipo et du SD für den Bereich des Militärbefehlshabersin Belgien und Nordfrankreich, Bruxelles, 19 août 1942, ibid., pp. 812-818.

29 SVG-DOS, Rap. 186 - tr. 30706, pp. 113-120.30 Marasme est la dénomination médicale pour un état d’affaiblissement corporel dû à une sous-alimentation, ibid., p. 128.

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3. Le camp de Breendonk est un campd’internement (Anhaltelager) danslequel les prisonniers sont astreints à destravaux manuels (...)

4. Dans le camp de Breendonk, les seulsjuifs internés sont ceux faisant l’objetd’un ‘Sicherheitshaftbefehl’ (mandatd’arrêt de sécurité).

5. La ‘Sipo Brüssel’ doit, dans les 48 heuressuivant l’arrestation, informer le‘Militärverwaltungschef’ (chef de l’ad-ministration militaire) de l’arrestationd’un prisonnier.

6. L’administration intérieure du camp estfixée par un règlement qui doit être éta-bli par la ‘Sipo Brüssel’ et soumis pouraccord au ‘Militärverwaltungschef’. Ilcontient des dispositions concernant laprocédure d’entrée, les visites médicalesà effectuer, la répartition des prison-niers, leurs occupations, la durée du tra-vail, l’emploi du temps du reste de lajournée, les visites, la réception des lettreset colis, l’exécution des punitions dans lecamp.

7. Le traitement des prisonniers du campdoit être dur, mais juste. De mauvaistraitements à l’encontre des prisonnierssont interdits. L’emploi de la force nedoit être toléré que pour faire face à larésistance.

8. La surveillance médicale est effectuéesous la responsabilité de l’officier sanitairedirigeant (leitender Sanitätsoffizier)affecté auprès du ‘Militärbefehlshaber’en Belgique et dans le Nord de laFrance. Les dispositions concernant lasurveillance sanitaire doivent être déter-minés par le commandant du camp. Si,dans l’intérêt de la discipline du camp, lecommandant considère qu’il ne peutapprouver un ordre émanant de l’offi-cier de santé, il doit immédiatement etpar la voie officielle demander une déci-

sion du ‘Militärverwaltungschef’. Cedernier, se mettra d’accord avec l’officiersanitaire dirigeant, avant de prendre sadécision»27.

Afin de souligner l’importance de cettedirective et, contrairement à tous les autresdocuments concernant les affaires relativesà Breendonk, celui-ci est signé personnelle-ment par le «Militärbefehlshaber» vonFalkenhausen. La «Sipo» suivit les direc-tives de von Falkenhausen en rédigeant, le 19août 1942, un règlement du camp de 7pages28. Celui-ci tenait compte des deside-rata du «Militärbefehlshaber» mais n’a pas euune influence sensible sur la situation ausein du fort. Les contrôles sanitaires réguliersdes prisonniers, instaurés pour se conformerà la demande pressante de la«Militärverwaltung», contraignirent le méde-cin à établir un compte-rendu de la variationdu poids des prisonniers. Cependant, dansson rapport il fermait les yeux sur les mau-vais traitements infligés dans le camp malgréleur interdiction par le règlement. Le méde-cin-chef Pohl nota : «lors d’une visite médi-cale qui a été effectuée le 23 octobre 1942 parle «Leit.San.Offz.» (officier de santé en char-ge) auprès du «Mil.Befh.» (commandant enchef) au cours de laquelle tous les prison-niers ont été examinés, dévêtus, il a été consta-té sur 13 prisonniers, des marques visiblesdues à des tortures (meurtrissures, ecchy-moses). La cause de ces marques n’a pu êtredéterminée ni par des questions posées auxprisonniers et au personnel de surveillance.Un surveillant a dit que ces marques pou-vaient provenir de bagarres entre prison-niers. D’après le corps médical, et par la suite,d’après la direction du camp, rien ne per-mettait de croire que ces mauvais traite-ments aient pu être infligés aux prisonnierspar le personnel de surveillance»29. Dans unrapport de surveillance concernant les décèssurvenus pendant la période du 6 octobre1942 au 28 janvier 1943 le médecin n’est

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nullement dérangé de mentionner commecause de la mort «marasmes et mort parnoyade». Vingt-deux décès par sous-ali-mentation furent diagnostiqués par le méde-cin au cours de ces trois mois30. La plupartdes noyades à Breendonk étaient provo-quées par des surveillants qui bousculaientles prisonniers dans les fossés autour dufort, entraînant la mort de ceux-ci. C’estainsi que Isaac Altbaum trouva la mort le 3mars 1943 ; poussé dans le fossé rempli d’eaupar les SS Wijss et De Bodt, empêché d’ensortir et frappé par ceux-ci avec des pierreset de la boue jusqu’à ce qu’il soit couvert deblessures, il mourut pendant son transportvers l’infirmerie. Les prisonniers Hartloger,Loitzanski, Schönnagel et Spiero ont été tuésdeux jours plus tard de la même manière31.

Alors que dans la correspondance officielle,les mauvais traitements infligés aux prison-niers de Breendonk, n’avaient que peud’écho, le sous-chef de la «Militärverwaltung»insistait sur la nécessité d’une amélioration dela situation alimentaire. Le 23 juillet 1942, vonCraushaar écrivait à Duntze : «le problèmedes prisonniers de Breendonk doit mainte-nant être réglé. Lors d’une visite du camp, j’aiconstaté que presque tous les prisonniersétaient en profonde décrépitude corporelle.Une partie importante d’entre eux ne pouvaitpas se rendre au travail à cause de la faim etétait couchée sur des paillasses. (...) Ceciconstitue une situation qui, dans l’intérêt dela réputation de l’autorité militaire, ne peutpas continuer.(...)

Le règlement immédiat de ce problème estd’autant plus important que Breendonckcompte maintenant beaucoup plus de pri-sonniers, y compris des aryens (communistes).(...) »32.

En aucun cas, l’amélioration de l’alimenta-tion n’échoua à cause de l’opposition desservices de la «Sipo-SD». En fait, c’est au seinde l’administration militaire qu’on rencon-trait des conceptions différentes sur le trai-tement des prisonniers. La section Wi/III del’administration militaire, agriculture et ali-mentation, directement responsable de l’ali-mentation des prisonniers, se déclara parexemple «principalement contre la fournituredes suppléments de nourriture aux juifsemprisonnés»33. La section ne voulut paschanger cette position. Selon le régime ducamp, les prisonniers avaient le droit derecevoir, deux fois par mois, un colis de 2,5kg au maximum. Cependant, la directiondu camp interdisait la réception de colispour des causes diverses, ce qui aggravaitencore la situation alimentaire. C’est la sec-tion «Fürsorge» qui insista sur la distributiondes colis aux prisonniers juifs, car «si la dis-tribution des colis à Breendonk était interditepour prévenir qu’un marché noir parallèlesoit légalisé, cette mesure devrait être étendueà chaque expédition de provisions ou decadeaux, même à chaque expédition de nour-ritures par des particuliers. Ceci ne devrait pasni être envisagé, ni être faisable». La sec-tion Wi/III n’était pas disposée à le per-mettre. «La section d’alimentation et

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31 SVG-DOS, Rap. 497-tr. 141216, V. 3.32 SVG-DOS, Rap. 186-tr. 30706, p. 183.33 Ibid. p.18534 Ibid. p. 18035 Ibid. p. 117.36 Lettre du groupe Wi/III du 10 décembre 1942 au Groupe - pol, ibid. p. 188.37 Rapport du 27 juillet 1943, ibid.38 Ibid. p. 142.39 Ibid. p. 150

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agriculture doit cependant insister sur l’exi-gence de supprimer la circulation des colisaux juifs dans le camp. L’objection que, dansce cas également, l’envoi de nourriture auxprisonniers des autres maisons de détentionet aux prisonniers de guerre devrait être sup-primés ne tient pas. Les prisonniers de guer-re ne sont pas à confondre avec les juifs, etd’ailleurs il n’y a pas de raison de traiter lesjuifs, principaux protagonistes de la contre-bande, de manière privilégiée»34. C’est lasection Wi/III qui s’imposa dans cette dis-cussion. La circulation des colis ne restait passeulement interdite pour les juifs : avec l’ac-cord de l’administration militaire, cette mesu-re fut étendue au camp entier à partir de lami-septembre.

Par suite de la suppression des colis ali-mentaires et sous l’effet de la rigueur du cli-mat, l’état de santé des prisonniers s’aggravaà nouveau à l’automne 1942. En décembre1942, le médecin-chef Pohl diagnostiqua 96cas d’œdèmes alimentaires sur une popula-tion totale de 240 hommes dans le camp35.Les médecins responsables insistèrent auprèsde la «Militärverwaltung» sur la nécessitéd’augmenter les rations alimentaires. La«Sipo» était d’accord, mais le projet avortade nouveau car le «Gruppe Wi/III» étaitd’avis qu’une augmentation à 400 voire 500grammes par jour n’était pas envisageable, caril n’était pas possible de mieux traiter lesprisonniers d’un camp pénitentiaire que letravailleur d’une entreprise importante pourl’effort de guerre36. A cet effet, le «GruppeWi/III» se référa au décret du 25 août 1942du médecin l’armée (OKH. Gen. Qu. 4 b)selon lequel «la ration de 1600 calories parjour pour les pensionnaires des institutionspénitentiaires de la ‘Wehrmacht’ était suffi-sante»37. Toutefois, le Dr. Blum, médecinde la «Wehrmacht», continua d’attirer l’at-tention sur la situation de plus en plus grave.Il envoyait régulièrement les certificats dedécès aux services compétents de la

«Militärverwaltung» en mentionnant le dia-gnostic «mort par malnutrition». Le 27 jan-vier 1943, von Craushaar, chef-adjoint dela «Militärverwaltung», convoqua uneréunion au siège même de l’administrationmilitaire. Il indiqua : «des décisions clairesdoivent maintenant être prises.

1. Veut-on laisser les prisonniers mourir defaim compte tenu de leur moindrevaleur sur le plan humain ? Avant dedonner une réponse, il faut considérerque dans le pays, le camp de Breendonkest devenu en quelque sorte une «cartede visite» de la «Militärverwaltung» (...)De plus, la propagande de la partieadverse, utilisera l’argument de la fami-ne comme conséquence de la non-dis-tribution des rations prévues pour lesprisonniers et ce, au profit des servicesallemands et en particulier de la direc-tion du camp (...).

2. S’il est répondu par la négative,alors : soit la nourriture devra être direc-tement améliorée de manière substan-tielle ; soit il faudra dispenser leséléments actuels de tous travauxpénibles.

3. Après réception du rapport demandé àl’officier de santé dirigeant, le problèmeest à soumettre au MVCh pour déci-sion, compte tenu de la significationpolitique générale du problème et del’intérêt pour le MB lui-même qui asoulevé ce problème à plusieurs reprises(...). Ce problème est à traiter rapide-ment.

Signé : von Craushaar»39.

La discussion ne conduisit à aucune amé-lioration à Breendonk. Les médecins conti-nuèrent à envoyer les actes de décès desprisonniers à la «Militärverwaltung». Ainsi,par exemple, une lettre du 3 février 1943 :«Le 18 janvier moururent au camp deBreendonk le prisonnier n° 1 par oedème ali-

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mentaire et marasme, n° 228 par oedèmealimentaire, n° 460 par faiblesse circulatoireet marasme, et le 24 janvier le prisonnier n°512 par oedème alimentaire»40. Le 9 février,le «Militärverwaltungsvizechef» vonCraushaar renouvela ses efforts afin de trou-ver une solution. Il invita à une réuniontous les services concernés, y compris les diri-geants de la «Sipo-SD», ainsi que la directiondu camp de Breendonk. Cette réunion eutlieu le 11 février sous sa présidence. Commeil l’avait déjà fait lors de la réunion internede la «Militärverwaltung», il insista sur le faitqu’une décision devait être prise : soit déli-bérément laisser mourir les prisonnierscomme «éléments en grande partie de peuvaleur », soit fournir une alimentation suffi-sante. Cependant, von Craushaar exclutimmédiatement la première option «pourque la réputation du «Militärbefehlshaber»et de ses services soit mise hors de cause»41.

Cette réunion eut pour résultat qu’en mars1943, la décision du «Militärbefehlshaber»d’augmenter les rations alimentataires etd’autoriser à nouveau l’envoi de colis denourriture. Le «Gruppe Wi/III» dut mettrefin à son opposition et ordonna, dans salettre du 12 mars 1943, au chef de la «Sipo-SD» d’indiquer les rations alimentaires jugésnécessaires lors de la réunion du 11 févrierpar l’officier de santé38.

A la fin du mois de mai, l’administrationmilitaire se renseigna sur l’augmentation dela nourriture fournie afin de savoir si la

situation des personnes s’était améliorée etsi «la mortalité avait diminué»42. Mais ce nefut pas le cas. Le seul point non abordé parles participants à la réunion du 14 févrierfut de savoir si les rations qui avaient étédécidées étaient effectivement distribuéesaux intéressés. Le représentant de vonCraushaar, Herr Kameke, aborda le pre-mier ce problème dans sa note à l’OKVR Dr.Apetz : «Je n’ai pas été mis au courant jusqu’àprésent du problème de nourriture des pri-sonniers à Breendonk et, en tant que repré-sentant du Dr. von Craushaar, j’en suisinformé aujourd’hui pour la première fois.Avant d’aller plus loin, je vous prie deprendre position sur le problème suivant :Il ressort de la note du 25 février 1943 que laquantité de calories quotidienne de 3.000calories, demandée par l’officier sanitairedirigeant, serait atteinte selon les taux d’ali-mentation alors envisagés. Sous ordre duMonsieur O.B. ces taux d’alimentation furentdéterminés ensuite, à savoir dés le 14 mars.(...) Cependant, selon le rapport de l’officiersanitaire dirigeant du 25 mai 1943, les calo-ries pour les travailleurs de force n’étaientmontés qu’à 2.196 le 6 mai 1943, pour lesautres à 1.616 et 1.528 respectivement.

Cette différence semble demander un éclair-cissement urgent. A-t-on pris certaines garan-ties pour que les prisonniers reçoiventeffectivement leurs rations ?»43.

Malgré la ration de nourriture officiellementélevée, la situation ne s’améliora pas. Plus

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40 CEGES, Mic T 161, p. 106.41 Ibid. p. 103.42 Lettre du Militärverwaltungschef à l’officier sanitaire dirigeant du 26 mai 1943, CEGES, A-160.43 SVG-DOS, Rap. 186 - tr. 30706, p. 71.44 Frans FISCHER, L’enfer de Breendonk. Souvenirs vécus, Bruxelles, Ed. Labor, s. d., p. 132.45 SVG-DOS, Rap. 186 - tr. 30706, p. 58.46 CEGES, AA-160.47 Lettre de Marcel E. Roberte, Croix Rouge de Belgique, gestionnaire du service d’aide pour les prisonniers civils, ibid.

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de pain était distribué et pendant un temps lasoupe fut plus nourrissante mais, au moindreprétexte, la direction du camp diminuait lesrations. En fin de compte, plus personne necontrôlait si les portions prévues étaienteffectivement distribuées. Les prisonniersde Breendonk ne surent rien de cet importantéchange de correspondance concernant lasituation alimentaire dans le camp. PourFrans Fischer, interné à Breendonk quelquesmois durant l’été 1941, les visites des méde-cins militaires avaient pour seul effet qu’àmidi, ces jours-là, un morceau de pain sup-plémentaire était distribué44.

A ce visible manque de nourriture, les méde-cins réagirent avec toujours plus d’exigences.Lorsqu’ils proposèrent de réduire la durée dutemps de travail des prisonniers, le chef de la«Sipo-SD» de Bruxelles considéra que lesbornes étaient dépassées. Celui-ci expliquadans une note du 9 juillet 1943 à l’adminis-tration militaire que : «la perte de poids denombreux prisonniers doit moins être due àun manque de nourriture qu’aux modifi-cations des conditions de travail. Il est évidentque des gens qui, jusqu’à présent, n’avaienteu que peu d’activités manuelles perdent dupoids à cause des efforts physiques qu’ilsfournissent»45.

Ce n’est qu’à l’automne 1943 que la situationà Breendonk s’améliora notablement. La«Militärverwaltung» décida à l’été 1943d’augmenter à nouveau les rations et s’adres-sa pour cela à la Croix Rouge belge. L’officiersanitaire dirigeant écrivit le 20 sep-tembre 1943 : «A l’occasion d’une réunion,le 10 août 1943, il a été décidé avec le‘Militärverwaltungsvizechef’ von Craushaarque la ‘Militärverwaltung’ devait demanderà la Croix Rouge belge de fournir un apportsupplémentaire en nourriture. La CroixRouge belge se déclara (...) d’accord. (...) Lecontrôle de poids continue sans cesse»46.

La Croix Rouge belge réagit immédiate-ment par retour du courrier et répondit le 22

septembre 1943 au «Militärbefehlshaber»: «Suite à la réunion du 19 août 1943 orga-nisée par les participants belges ayant entre-pris les démarches nécessaires auprès desautorités belges compétentes, il a été annon-cé à la Croix Rouge belge, qu’on allaitrépondre à leur demande par le biais du«Foyer Léopold III» dont la présidente étaitla Comtesse de Ligne et qu’une premièreallocation supplémentaire de pain et depommes de terre serait fournie à l’adminis-tration du Fort de Breendonk le 14 de cemois. Le «Foyer Léopold III» fournit régu-lièrement, tous les dix jours, ce surplus ali-mentaire»47.

Les fournitures de produits alimentaires de laCroix Rouge belge - mais aussi le renvoi ducommandant du camp Schmitt - conduisirentà une amélioration sensible de la situationalimentaire. En février 1944, l’officier sanitaireresponsable pouvait faire la communicationsuivante à la «Militärverwaltung» :

«Le 9 février, le camp de Breendonk a faitl’objet d’une inspection en présence du chefde camp et du médecin du camp. L’infirmerieet les nouvelles toilettes ont été mises enservice et donnent une impression de pro-preté. L’état de santé des prisonniers estexcellent (seulement 1 % de malades à l’in-firmerie dont certains atteints de maladieschroniques comme la tuberculose).

Depuis l’introduction des rations supplé-mentaires, l’état sanitaire s’est rapidementamélioré. Pour les prisonniers dont le poidsa fait l’objet d’une surveillance depuis 1942,il a été constaté entre août et décembre 1943,une augmentation moyenne de 10 kg. Aucours de la même période, le nombre d’œ-dèmes alimentaires est tombé à 0 (...).

La nourriture nécessaire pour atteindre lescalories requises fut fournie par la CroixRouge belge. Cela atteint un niveau jamaisdemandé par les médecins. Comme aucuntravail manuel lourd n’a été demandé auxprisonniers pendant les derniers mois, la

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malnutrition a été vite compensée et onpourrait même maintenant parler d’une sur-alimentation. Pour cette raison, les rationspeuvent dès lors être diminuées»48.

En aucun cas, la «Militärverwaltung» n’autilisé toutes les possibilités d’action vis-à-visdu «SD». Les visites du médecin militaire deMalines s’étaient arrêtés depuis un temps, caril ne recevait pas assez de carburant poureffectuer le trajet à Breendonk49. Bien que la«Militärverwaltung» ait dû avoir connais-sance des mauvais traitements infligés auxprisonniers, elle ne fit rien pour y mettreun terme. Selon des témoignages de pri-sonniers, les soldats de la Wehrmacht res-ponsables de la garde extérieure et ceuxemployés lors de la surveillance des prison-niers provisoires, connaissaient bien lesconditions de détention. Tandis quequelques-uns des soldats avaient aidé desprisonniers, d’autres avaient pris part auxmaltraitances.

A l’automne 1943, une partie du personnelde la «Militärverwaltung» semblait suffi-samment mécontente des conditions régnantà Breendonk pour chercher des alternativesau lieu de détention des prisonniers. Unreprésentant de la «Militärverwaltung» visi-ta le camp de concentration de Vught(Hollande), le 17 septembre 1943, afin denégocier l’accueil des prisonniers belges.Dans son rapport concernant cette visite, ilfit l’éloge de ce camp qui possédait «les ins-tallations les plus modernes» et constata que

«par rapport aux conditions d’internementexistantes en Belgique (et surtout par rapportà Breendonk), il constitue une améliorationnotable. Les installations sanitaires sontmodernes. Le camp possède sa propre in-stallation pour faire fondre la glace pour sonapprovisionnement en eau. La cuisine et laboulangerie du camp sont pourvues d’instal-lations modernes. L’infirmerie du camp dis-pose de sa propre salle d’opération. Il y aune section pour maladies infectieuses et uneclinique dentaire. Il est à noter que danstout le camp règne une propreté parfaite (...)Selon les informations données par le chef ducamp, au cours des deux derniers mois d’oc-cupation, sur 6.000 hommes (...) seuls deuxdécès ont été constatés (...). Pendant leurtemps libre, les prisonniers ont la possibilité devaquer à leurs propres occupations, tous lesjournaux nationaux-socialistes sont dispo-nibles et il y a possibilité d’écouter la radio (...),les prisonniers organisent également leurspropres événements, etc.»50.

Les négociations avec la direction du campde Vught aboutirent. Le commandant ducamp était d’accord de recevoir des prison-niers en provenance de Belgique. Mêmeune compensation des charges n’était pasnécessaire, et la «Militärverwaltung» enBelgique gardait le pouvoir de disposer de sesprisonniers belges, ce qui était importantpour elle. Elle utilisa largement la possibili-té d’envoyer des détenus à Vught. En mai1944, 1.100 prisonniers se trouvaient sous

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48 Lettre de l’officier sanitaire dirigeant auprès du ‘Militärbefehlshaber in Belgien und Nordfrankreich’ au chef ‘derMilitärverwaltung B-N - Gruppe pol.’ du 12 février 1944, ibid.

49 Voir lettre de Pohl à la Militärverwaltung début 1943, SVG-DOS, Rap. 186 - tr. 30706, p. 120.50 Rapport du chef de la Militärverwaltung du 22 septembre 1943, mic T-501, R-189, pp. 822-824. Les conditions à Vught

empirèrent dans les mois qui suivirent.51 Vgl., lettre du chef de la Militärverwaltung au Militärbefehlshaber von Falkenhausen du 5 mai 1944, ibid., p. 845.52 Ibid. p. 842.53 Lettre du Militärverwaltung au Militärbefehlshaber von Falkenhausen du 5 mai 1944, ibid., p. 845.54 Certains de ces survivants ont été identifiés et ont pu être interrogé lors du procès en Belgique du commandant du

camp (Lagerleiter) Schmitt.

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l’autorité de la «Militärverwaltung» dans lecamp hollandais51.

En avril 1944 commença le démantèlementdu camp de transit de Breendonk. La«Sipo» à Bruxelles avait obtenu du«Reichsicherheitshauptampt» (Haut com-mandement de la Sécurité du Reich) de «l’es-pace concentrationnaire disponible»(Lagerraum) et envisageait «d’évacuer enpremier lieu le camp de transit deBreendonk»52. Pour ce faire, la «Sipo»demanda, le 26 avril 1944, son autorisationà la «Militärverwaltung» qui n’eut pas d’ob-jections dans la mesure où son «droit dedisposition sur les prisonniers devait subsister»afin que «les mesures punitives à l’encontredes détenus envoyés en Allemagne puissentse poursuivre». Ce qui veut dire que les pri-sonniers devaient rester disponibles en vued’être fusillés comme otages, en cas dedoute53. La fermeture définitive deBreendonk ne devait intervenir que le 31août 1944, car dans l’intervalle de nouveauxprisonniers n’arrêtaient pas d’affluer.

Sur les 3.500 prisonniers internés àBreendonk en quatre ans, 1.472 ont survé-cu54. Les occupants allemands ont relaxé400 prisonniers. La «Sipo» déporta 1.800d’entre eux vers les camps de concentrationen Allemagne.

Après le départ des Allemands, les diffé-rents groupes de résistance belges utilisè-rent Breendonk comme camp d’internementpour les collaborateurs (du 4 septembre au31 décembre 1944). En janvier 1945, leMinistère de la Justice belge prit le camp encharge pendant deux ans. Depuis le 19 août1947, le camp est devenu le «Mémorial

National du Fort de Breendonk». En 1949,le tribunal militaire d’ Anvers condamna àmort le commandant du camp Schmitt. Il futexécuté le 9 août 1950. Ce fut la dernièrecondamnation à mort appliquée par laBelgique.

Synthese

Deze bijdrage over het AuffangslagerBreendonk werd geschreven in het kadervan een 7-delige encyclopedie, History ofthe Concentration Camps, onder leidingvan Prof. Dr. Wolfgang Benz en Dr. BarbaraDistel. Een korte synopsis : het fort vanBreendonk werd vanaf september 1940 inge-richt als doorgangskamp, voornamelijk voorpolitieke gevangenen, joden en verzetslui.Het kamp viel onder de bevoegdheid van deDuitse politiediensten, Sipo-SD, en werdgeleid door SS-officieren. Het aantal gevan-genen, dat tussen 1940 en 1944 voor korte oflangere termijn in het kamp verbleef, wordtgeschat op zo’n 3.500 personen. Van dezegroep werden er 195 geëxecuteerd ; 102kwamen om het leven door honger, ont-bering, mishandelingen of verdrinking ; nietminder dan 400 personen werden opnieuwvrijgelaten. Om het overvolle kamp te ont-lasten werden in mei 1944 zo’n 1.100 gevan-genen overgeplaatst naar het kamp vanVught in Nederland. 1.800 gevangenen wer-den uiteindelijk gedeporteerd naar een con-centratiekamp in Duitsland. Van deBreendonk-gevangenen hebben er 1.472 deoorlog overleefd.

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Afin de promouvoir des études et recherchesscientifiques pluridisciplinaires sur les mul-tiples aspects de l’histoire et de la mémoiredes crimes et génocides nazis ainsi que sur lesrépercussions de ces événements sur laconscience contemporaine, la FondationAuschwitz a institué depuis 1986 un «PrixFondation Auschwitz» de 2.500 , auquels’ajouta en 2002 un Prix «FondationAuschwitz - Jacques Rozenberg»1 de mêmevaleur.

Il s’agissait au départ d’une modeste initiati-ve visant à susciter l’intérêt des étudiants etjeunes chercheurs qui commençaient peu àpeu à s’intéresser à cette vaste thématique.

Nous espérions, sans toutefois nous fairetrop d’illusions, que cette initiative rencon-trerait un certain écho auprès des jeunes uni-versitaires. De fait, les rares travaux reçus lespremières années, essentiellement desmémoires de licence provenant d’universitésbelges, exprimaient certes déjà un certainintérêt pour de nombreux aspects de notreproblématique mais ne répondaient cependantpas à la qualité requise pour être nominés.

C’est ainsi que le Prix ne fut pas attribuédurant quelques années. Ce premier bilan nenous a toutefois pas découragé. Nous étionsconscients que ce type d’entreprise exigeraitdu temps et que la réalisation de travaux de

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YANNIS THANASSEKOSDANIEL WEYSSOW

Stimuler la recherchescientifique :

Les Prix de la FondationAuschwitz (1986-2005)

1 Ce Prix, attribué grâce au concours de la « Fondation Rozenberg », est dédié à la mémoire de ce dernier, rescapéd’Auschwitz, par son épouse Andrée Caillet.

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recherche approfondie était liée, entre autre,aux contextes institutionnels de la recherchescientifique ainsi qu’à la place de cette thé-matique dans l’espace et les débats publics.Le diagnostic n’a pas été démenti. En effet,pour des raisons propres à l’évolution denos sociétés, les questionnements sur l’his-toire de la mémoire des crimes et génocidesnazis occupent, depuis les années 80, la posi-tion centrale que l’on sait, aussi bien dansl’espace public que dans certains secteursde l’intelligentsia. Le caractère largementinterdisciplinaire de la thématique stimula etaccéléra la production de recherches dans denombreux secteurs des sciences de l’homme.

Aussi le nombre des travaux qui ont étédéposés pour concourir à nos Prix s’est peuà peu mais significativement accru (cinq tra-vaux en1990, six en 1991, dix en 1993, dix-huit en 1999, vingt-cinq en 2003, et trente etun pour cette année 2005).

Les disciplines impliquées dans les diverstravaux qui nous ont été soumis concer-nent la plupart des «provinces» des sciencesde l’homme : histoire, philosophie, socio-logie, politologie, psychologie, économie,droit, histoire de l’art, littérature et sciencesdu texte, sciences de l’information et desmédias, sciences de l’éducation...

Ce développement assez impressionnantdu nombre de recherches déposées pourconcourir s’est accompagné aussi d’uneextraordinaire extension de l’«aire géogra-phique» de nos Prix. Ceux-ci ont acquisdésormais un caractère international puisquenous recevons des travaux en provenance desuniversités allemandes, autrichiennes, fran-çaises, italiennes, et polonaises.

La grande diversité des thèmes et disciplinesimpliqués nous oblige à constituer, pourchaque travail déposé, un jury spécial consti-tué de professeurs d’université, de cher-cheurs universitaires et de spécialistescompétents dans les domaines abordés. Deplus, la grande diversité linguistique des tra-

vaux nous contraint de faire appel auconcours de spécialistes étrangers.

Après près de vingt ans de parcours, nous nepouvons donc que nous féliciter puisque lavocation de recherche que nous avons voulususciter avec l’institution de nos Prix sembleaujourd’hui se confirmer, et ce avec succès.

Il est par ailleurs intéressant de constaterqu’une grande partie des lauréats ont pour-suivi, au-delà de leurs études universitaires,une carrière de recherche. Mentionnons à cetégard les exemples de Régine WAINTRA-TER, lauréate du «Prix FondationAuschwitz» en 1998 pour sa thèse de doc-torat intitulée La valeur de travail psychiquedu témoignage dans la transmission de laShoah. Elle est aujourd’hui Maître de confé-rence à l’Université Paris 7 - Denis Diderotainsi que psychothérapeute et thérapeutefamiliale ; de Markus MECKL, lauréat du«Prix Fondation Auschwitz» en 2000 poursa thèse intitulée Helden und Märtyrer, DieBedeutung des Warschauer Ghettoaufstandesim öffentlichen Gedenken. Il enseigne à pré-sent l’Histoire à l’Université d’Akureyri(Islande) ; de Kiran Klaus PATEL, lauréat du«Prix Fondation Auschwitz» en 2002 poursa thèse intitulée «Soldaten der Arbeit.Arbeitsdienste in Deutschland und den USA1933-1939/42, aujourd’hui Professeur d’his-toire à l’Université de Berlin ; et de HaraldHUTTERBERGER, lauréat du «PrixFondation Auschwitz - Jacques Rozenberg»en 2003 pour sa thèse intitulée DieKommunikationspolitik der KZ-Gedenkstätte Mauthausen im Spannungsfeldgesellschaftspolitischer Veränderungen amBeginn des 21. Jahrhunderts. Erforschung,Erklärung und Strategien, est chercheur auKZ-Gedenkstätte Mauthausen (Autriche).

C’est donc avec une satisfaction supplé-mentaire que nous avons pu enregistrer ledépôt de trente et un travaux pour concou-rir aux Prix de la Fondation Auschwitzpour l’année académique 2004-2005. Il s’agit

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des travaux suivants (15 en français, 3 ennéerlandais, 4 en allemand, 2 en anglais, 6 enitalien et 1 en polonais) :

En français :1. BOULLIGNY Arnaud, Les déportés deFrance en Europe nazie (hors la France de1939), Mémoire de D.E.A. Université deCaen Basse-Normandie, (168 pages).

2. DAGUERRE Lydie, Le camp de concen-tration de la Neue Bremm : Constructiond’une cause dans l’espace public trans-fron-talier, Mémoire en vue de l’obtention duD.E.A. en Sciences de l’Information et de laCommunication, Université de Metz. UFRSciences Humaines et Arts.

3. DE JONGE Emmanuel, La démocratieà l’épreuve d’elle-même - Autour de l’AffaireGaraudy : une analyse rhétorique et argu-mentative, Mémoire en vue de l’obtentiondu titre de Licencié en Linguistique,Université Libre de Bruxelles - Faculté dePhilosophie et Lettres.

4. HAUDOT Jonathan, Représentations,usages et interprétations publicisées du judéo-cide dans la bande dessinée, Mémoire envue de l’obtention d’un doctorat en Sciencesde l’information et de la communication,Université Paul Verlaine - Metz.

5. HUMBERT Jean-Luc, De l’offre mémo-rielle comme expression du devoir de mémoi-re - Le cas du camp de la Nouvelle Brême,Mémoire de D.E.A., Université PaulVerlaine - Metz / Université Nancy 2 -Sciences de l’Information et de laCommunication.

6. LAMQUIN Thomas, Psychanalyse appli-quée aux représentations picturales des campsde concentration nazis, Mémoire de D.E.A.de psychologie, comportements, processuscognitifs et affectifs, Université Paris XNanterre - Ecole Doctorale Connaissance etCulture.

7. OLIVIER Céline, Le témoignage et latransmission de la mémoire de laDéportation : Approches plurielles. Al’exemple des récits des survivants français ducamp de Mauthausen, Mémoire de D.E.A.,Université de Rouen - U.F.R. Lettres etSciences Humaines - Départementd’Allemand.

8. QUAGHEBEUR Samuel, Un crayonpour croquer la vie - L’acte créateur commemoyen de survie psychique dans les camps deconcentration, Mémoire en vue de l’obten-tion du grade de Licencié en Sciences psy-chologiques, Université Catholique deLouvain - Faculté de psychologie et desSciences de l’Education.

9. QUENY Marion, Un cas d’exception :230 femmes françaises déportées àAuschwitz-Birkenau en janvier 1943 parmesure de répression - le convoi du 24 jan-vier, Mémoire de Maîtrise d’histoire,Université Charles-de-Gaulle Lille 3 -Sciences humaines, lettres et arts (U.F.R.Sciences historiques, artistiques et poli-tiques).

10. RASTIER François, Ulysse à Auschwitz- Primo Levi, le survivant, Sémantique uni-fiée.

11. RIMBOT Emilie, Les déportés deCompiègne à destination du KLSachsenhausen. Les convois des 24 janvier, 28avril et 8 mai 1943, Mémoire de Maîtrise,Université de Caen.

12. SCHUBERT Yan, Les camps de concen-tration et d’extermination dans le procès deNuremberg, Mémoire de licence, Universitéde Genève, faculté des Lettres, Histoirecontemporaine.

13. SENECAL Peggy, La Grande-Bretagneet les réfugiés juifs d’Allemagne de 1933 à1945 : une politique d’immigration ambi-guë, Séminaire «Le passé présent du nazis-me, du stalinisme et de collaboration»

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2000-2001, Université Pierre Mendes France- Institut d’Etudes Politiques de Grenoble.

14. VETELE Géraldine, Robert Antelme,vers une pensée du corps - Réflexions sur‘L’espèce humaine’, Mémoire de D.E.A.,Université Paris X, Nanterre.

15. WALLENBORN Hélène, L’historien,la parole des gens et l’écriture de l’histoire -L’exemple d’un fonds de témoignages audio-visuels de survivants des camps nazis, Thèsede doctorat, Université Libre de Bruxelles -Faculté de Philosophie et Lettres.

En néerlandais :

1. SLAGTER Joop, Tante Nomi, Verhaalgeschreven ter gedachtenis van de slacht-offers van de nazistische kampen.

2. SUREDA-CASTELLO Elissa, Het pro-ces te Neurenberg herbekeken in het lichtvan de Zuid-Afrikaanse Waarheids- enVerzoeningscommissie, 2de Licentie Rechten,Universiteit Antwerpen.

3. TAES Veerle, Een metafoor voor het niet-zijn : Een reflectie op de kunst ontstaan tij-dens de periode van de Shoah,Eindverhandeling ingediend tot het behalenvan de graad van Licentiaat in deKunstwetenschappen en Archeologie, VrijeUniversiteit Brussel - Faculteit Letteren enWijsbegeerte - Departement Kunst-wetenschappen en Archeologie.

En allemand :

1. BÜTOW Tobias, Der «FreundeskreisHimmler» : ein Netzwerk der SS imSpannungsfeld von Wirtschaft, Politik undStaatlicher Verwaltung, Diplomarbeit zurErlangung des akademischen Grades Dipl.Pol., Freie Universität Berlin - FachbereichPolitik- und Sozialwissenschaften Otto-Suhr-Institut.

2. LOOSE Ingo, Deutsche Kreditinstitute inden eingegliederten und besetzten GebietenPolens 1939-1945.

3. WEIN Susanne, Bremer Arbeiterbewe-gung und Antisemitismus 1924 bis 1928 -Von „... trotzdem es unter der Decke darannicht gefehlt hat» bis zu offenem Antisemi-tismus von links in der Bremer Arbeiter-presse, Magistrat-arbeit im StudiengangGeschichtswissenschaft an der UniversitätBremen - Fachbereich 8.

4. MALMSTEN Rodrigo, KleinesHelnwein, Pièce de théâtre inspirée deGottfried Helnswein.

En anglais :1. CHARNY Israel W., The Holocaust andother Genocides by the Nazis Revisited in theFramework of a multiple Classification ofGenocides and Reconstructed according to aGenocide early Warning System, ForPresentation at Seminar at Hiroshima CityUniversity (2004).

2. VERPOORTEN Marijke, The DeathToll of the Rwandan Genocide : a DetailedAnalysis for Gikongoro Province,Licentiaatsverhandeling, KatholiekUniversiteit Leuven, DepartementEconomie.

En italien :1. COLOMBAROLI Sabrina, Il Teatro diOscar Wilde in Germania, Tesi di Laurea inLingue e Letterature Straniere Moderne,Universita’ degli Studi di Milano - Facolta’di Letterature e Filosofia.

2. GALEATI Elisa, I limiti della rappre-sentazione : il ruolo del testimone nel film diClaude Lanzmann «Shoah», Tesi di Laureain Storia delle Teoriche del Cinema, AlmaMater Studiorum - Universita’ di Bologna -Facolta’ di Lettere e Filosofia.

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3. NOVITA Amadei, Per una pedagogiadella Resistenza negli universi concentra-zionari, Tesi di Laurea in Pedagogia Speciale,Alma Mater Studiorum - Universita’ diBologna - Facolta’ di Scienze dell’Educazione - Educatori professionali.

4. PATRONE Silvia, Antropopoiesi e koi-nopoiesi nei processi educativi di epoca nazi-sta.

5. PINAFFO Cristina, La comprensionedel totalitarismo in Hannah Arendt, Tesi,Universita’ Degli Studi di Padova - Facolta’di Lettere e Filosofia.

6. ZINI Francesco, Diritto, pena e perdono,Linee di Filosofia del Diritto Penale, LiberaUniversita’ Maria Santissima Assunta -Facolta’ di Giurisprudenza.

En polonais :1. Magdalena Izabella Sacha, Obraz KulturyLagrowej w Swiadectwach WiezniówObozu Koncentracyjnego Buchenwald,Praca Doktorska (Dissertationsschrift),Uniwersytet Gdanski - Instytut FilologiiPolskiej.

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Ten einde het multidisciplinaire weten-schappelijk onderzoek naar de uiteenlo-pende aspecten van de geschiedenis en denagedachtenis van de nazi-misdaden en -genociden te stimuleren, alsook hun weer-slag op het hedendaagse bewustzijn na tegaan, heeft de Stichting Auschwitz sinds1986 een «Prijs Stichting Auschwitz» inge-steld ter waarde van 2500 waaraan in 2002de «Prijs Stichting Auschwitz - JacquesRozenberg», met eenzelfde prijswaarde,werd toegevoegd.

In het begin ging het om een bescheideninitiatief dat zich vooral tot doel had gesteldde interesse bij studenten en jonge weten-schappers in deze brede thematiek op tewekken. Wij hoopten, weliswaar zonder alte veel illusies, dat dit initiatief bij jonge uni-versiteitsstudenten een zekere weerklank

zou vinden. De weinige werken die we deeerste jaren ontvingen, meestal eindwerkenafkomstig van Belgische universiteiten, gavenweliswaar blijk van een zekere interessevoor de problematiek, maar beantwoorddengeenszins aan de vereiste kwaliteiten omaanspraak te kunnen maken op de prijs.

Daarom werd de prijs gedurende enkelejaren niet uitgereikt. Deze eerste balans heeftons echter niet ontmoedigd. We waren onservan bewust dat dergelijk project tijd nodigzou hebben en dat het verwezenlijken vaneen diepgaand onderzoek onder anderebepaald zou worden door de institutionelecontext van het wetenschappelijke onder-zoek, alsook door de plaats van onze the-matiek in de publieke ruimte en debatten.Deze visie bleek te kloppen. Om redeneneigen aan de evolutie van onze maatschap-

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Het wetenschappelijk onderzoekstimuleren :

De prijzen van de StichtingAuschwitz (1986-2005)

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pij heeft de vraagstelling rond de geschiedenisvan het geheugen van de nazi-misdaden en-genociden sinds de jaren 1980 een centra-le plaats ingenomen, zowel in de publiekeruimte alsook bij bepaalde lagen van deintelligentsia. Het interdisciplinaire karaktervan de thematiek stimuleerde en versneldede onderzoeksresultaten in verschillendedisciplines van de menswetenschappen.

Het aantal werken dat ingediend werd ommee te dingen naar de prijs is traag maarzeker toegenomen (5 werken in 1990, 6 in1991, 10 in 1993, 18 in 1999, 25 in 2003 en 31in 2005).

De betrokken vakspecialisaties in de ver-schillende werken die ons zijn voorgelegdgaan de meeste takken van de mensweten-schappen aan : geschiedenis, filosofie, socio-logie, politologie, psychologie, economie,recht, kunstgeschiedenis, literatuur en tekst-wetenschappen, informatie- en mediawe-tenschappen, pedagogische wetenschappen ...

Deze indrukwekkende ontwikkeling vanhet aantal voorgelegde werken ging samenmet een uitzonderlijke uitbreiding van hetgeografische bereik. De prijs heeft een inter-nationaal karakter verkregen daar we tegen-woordig werken ontvangen afkomstig vanDuitse, Oostenrijkse, Franse, Italiaanse enPoolse universiteiten.

De grote thematische verscheidenheid ende vakspecialisaties verplichten ons ertoe,voor elk ingediend werk, een gespeciali-seerde jury samen te stellen bestaande uituniversiteitsprofessoren, universitaire onder-zoekers en deskundige specialisten in debetrokken domeinen. Te meer dwingt degrote linguïstische verscheidenheid van dewerken ons ertoe beroep te doen op bui-tenlandse specialisten.

Na twintig jaar kunnen we er ons enkel opverheugen dat het opzet voor de instellingvan onze prijs, namelijk het stimuleren van

het onderzoek, zich vandaag met succeslijkt te bevestigen.

Het is ook interessant om vast te stellen dateen groot deel van de laureaten, na hun uni-versitaire studies, hun carrière in het onder-zoek verder hebben gezet. Voorbeeldenhiervan zijn Régine WAINTRATER, lau-reaat van de «Prijs Stichting Auschwitz» in1998 met haar doctoraatsthesis, La valeur detravail psychique du témoignage dans latransmission de la Shoah. Ze is vandaagMaître de conférence aan de UniversiteitParis 7 - Denis Diderot alsook psychothe-rapeute en familietherapeute ; MarkusMECKL, laureaat van de «Prijs StichtingAuschwitz» in 2000 met zijn thesis, Heldenund Märtyrer, Die Bedeutung desWarschauer Ghettoaufstandes im öffentli-chen Gedenken, geeft vandaag geschiedenisaan de Universiteit van Akureyri (IJsland) ;Kiran Klaus PATEL, laureaat van de «PrijsStichting Auschwitz» in 2002 met zijn the-sis, Soldaten der Arbeit. Arbeitsdienste inDeutschland und den USA 1933-1939/42, istegenwoordig professor geschiedenis aande Universiteit van Berlijn ; en Harald HUT-TERBERGER, laureaat van de «PrijsStichting Auschwitz - Jacques Rozenberg»in 2003 met zijn thesis Die Kommuni-kationspolitiek der KZ-GedenstätteMauthausen im Spannungsfeld gesel-lschaftspolitischer Veränderungen am Beginndes 21. Jahrhunderts. Erforschung, Erklärungund Strategien, is vandaag onderzoeker aanhet KZ-Gedenkstätte Mauthausen(Oostenrijk).

Het is dus met veel voldoening dat we voorhet academische jaar 2004-2005, 31 werkenkunnen registeren die zullen meedingennaar de Prijs van de Stichting Auschwitz.Het betreft volgende werken (15 Franstalige,3 Nederlandstalige, 4 Duitstalige, 2Engelstalige, 6 Italiaanse en 1 Poolse) :

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Franstalig :1. BOULLIGNY Arnaud, Les déportés deFrance en Europe nazie (hors la France de1939), Mémoire de D.E.A. Université deCaen Basse-Normandie, (168 pages).

2. DAGUERRE Lydie, Le camp de concen-tration de la Neue Bremm : Constructiond’une cause dans l’espace public trans-fron-talier, Mémoire en vue de l’obtention duD.E.A. en Sciences de l’Information et de laCommunication, Université de Metz. UFRSciences Humaines et Arts.

3. DE JONGE Emmanuel, La démocratieà l’épreuve d’elle-même - Autour de l’AffaireGaraudy : une analyse rhétorique et argu-mentative, Mémoire en vue de l’obtentiondu titre de Licencié en Linguistique,Université Libre de Bruxelles - Faculté dePhilosophie et Lettres.

4. HAUDOT Jonathan, Représentations,usages et interprétations publicisées du judéo-cide dans la bande dessinée, Mémoire envue de l’obtention d’un doctorat en Sciencesde l’information et de la communication,Université Paul Verlaine - Metz.

5. HUMBERT Jean-Luc, De l’offre mémo-rielle comme expression du devoir de mémoi-re - Le cas du camp de la Nouvelle Brême,Mémoire de D.E.A., Université PaulVerlaine - Metz / Université Nancy 2 -Sciences de l’Information et de laCommunication.

6. LAMQUIN Thomas, Psychanalyse appli-quée aux représentations picturales des campsde concentration nazis, Mémoire de D.E.A.de psychologie, comportements, processuscognitifs et affectifs, Université Paris XNanterre - Ecole Doctorale Connaissance etCulture.

7. OLIVIER Céline, Le témoignage et latransmission de la mémoire de laDéportation : Approches plurielles. Al’exemple des récits des survivants français du

camp de Mauthausen, Mémoire de D.E.A.,Université de Rouen - U.F.R. Lettres etSciences Humaines - Départementd’Allemand.

8. QUAGHEBEUR Samuel, Un crayonpour croquer la vie - L’acte créateur commemoyen de survie psychique dans les camps deconcentration, Mémoire en vue de l’obten-tion du grade de Licencié en Sciences psy-chologiques, Université Catholique deLouvain - Faculté de psychologie et desSciences de l’Education.

9. QUENY Marion, Un cas d’exception :230 femmes françaises déportées àAuschwitz-Birkenau en janvier 1943 parmesure de répression - le convoi du 24 jan-vier, Mémoire de Maîtrise d’histoire,Université Charles-de-Gaulle Lille 3 -Sciences humaines, lettres et arts (U.F.R.Sciences historiques, artistiques et poli-tiques).

10. RASTIER François, Ulysse à Auschwitz- Primo Levi, le survivant, Sémantique uni-fiée.

11. RIMBOT Emilie, Les déportés deCompiègne à destination du KLSachsenhausen. Les convois des 24 janvier, 28avril et 8 mai 1943, Mémoire de Maîtrise,Université de Caen.

12. SCHUBERT Yan, Les camps de concen-tration et d’extermination dans le procès deNuremberg, Mémoire de licence, Universitéde Genève, faculté des Lettres, Histoirecontemporaine.

13. SENECAL Peggy, La Grande-Bretagneet les réfugiés juifs d’Allemagne de 1933 à1945 : une politique d’immigration ambi-guë, Séminaire «Le passé présent du nazis-me, du stalinisme et de collaboration»2000-2001, Université Pierre Mendes France- Institut d’Etudes Politiques de Grenoble.

14. VETELE Géraldine, Robert Antelme,vers une pensée du corps - Réflexions sur

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‘L’espèce humaine’, Mémoire de D.E.A.,Université Paris X, Nanterre.

15. WALLENBORN Hélène, L’historien,la parole des gens et l’écriture de l’histoire -L’exemple d’un fonds de témoignages audio-visuels de survivants des camps nazis, Thèsede doctorat, Université Libre de Bruxelles -Faculté de Philosophie et Lettres.

Nederlandstalig :1. SLAGTER Joop, Tante Nomi, Verhaalgeschreven ter gedachtenis van de slacht-offers van de nazistische kampen.

2. SUREDA-CASTELLO Elissa, Het pro-ces te Neurenberg herbekeken in het lichtvan de Zuid-Afrikaanse Waarheids- enVerzoeningscommissie, 2de Licentie Rechten,Universiteit Antwerpen.

3. TAES Veerle, Een metafoor voor het niet-zijn : Een reflectie op de kunst ontstaan tij-dens de periode van de Shoah,Eindverhandeling ingediend tot het behalenvan de graad van Licentiaat in deKunstwetenschappen en Archeologie, VrijeUniversiteit Brussel - Faculteit Letteren enWijsbegeerte - DepartementKunstwetenschappen en Archeologie.

Duitstalig :1. BÜTOW Tobias, Der «FreundeskreisHimmler» : ein Netzwerk der SS imSpannungsfeld von Wirtschaft, Politik undStaatlicher Verwaltung, Diplomarbeit zurErlangung des akademischen Grades Dipl.Pol., Freie Universität Berlin - FachbereichPolitik- und Sozialwissenschaften Otto-Suhr-Institut.

2. LOOSE Ingo, Deutsche Kreditinstitute inden eingegliederten und besetzten GebietenPolens 1939-1945.

3. WEIN Susanne, BremerArbeiterbewegung und Antisemitismus 1924

bis 1928 - Von „... trotzdem es unter derDecke daran nicht gefehlt hat» bis zu offe-nem Antisemitismus von links in der BremerArbeiterpresse, Magistrat-arbeit imStudiengang Geschichtswissenschaft an derUniversität Bremen - Fachbereich 8.

4. MALMSTEN Rodrigo, KleinesHelnwein, Pièce de théâtre inspirée deGottfried Helnswein.

Engelstalig :1. CHARNY Israel W., The Holocaust andother Genocides by the Nazis Revisited in theFramework of a multiple Classification ofGenocides and Reconstructed according to aGenocide early Warning System, ForPresentation at Seminar at Hiroshima CityUniversity (2004).

2. VERPOORTEN Marijke, The DeathToll of the Rwandan Genocide : a DetailedAnalysis for Gikongoro Province,Licentiaatsverhandeling, KatholiekUniversiteit Leuven, DepartementEconomie.

Italiaans :1. COLOMBAROLI Sabrina, Il Teatro diOscar Wilde in Germania, Tesi di Laurea inLingue e Letterature Straniere Moderne,Universita’ degli Studi di Milano - Facolta’di Letterature e Filosofia.

2. GALEATI Elisa, I limiti della rappre-sentazione : il ruolo del testimone nel film diClaude Lanzmann «Shoah», Tesi di Laureain Storia delle Teoriche del Cinema, AlmaMater Studiorum - Universita’ di Bologna -Facolta’ di Lettere e Filosofia.

3. NOVITA Amadei, Per una pedagogiadella Resistenza negli universi concentra-zionari, Tesi di Laurea in Pedagogia Speciale,Alma Mater Studiorum - Universita’ diBologna - Facolta’ di Scienze dell’Educazione - Educatori professionali.

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4. PATRONE Silvia, Antropopoiesi e koi-nopoiesi nei processi educativi di epoca nazi-sta.

5. PINAFFO Cristina, La comprensionedel totalitarismo in Hannah Arendt, Tesi,Universita’ Degli Studi di Padova - Facolta’di Lettere e Filosofia.

6. ZINI Francesco, Diritto, pena e perdono,Linee di Filosofia del Diritto Penale, LiberaUniversita’ Maria Santissima Assunta -Facolta’ di Giurisprudenza.

Pools :1. Magdalena Izabella Sacha, Obraz KulturyLagrowej w Swiadectwach WiezniówObozu Koncentracyjnego Buchenwald,Praca Doktorska (Dissertationsschrift),Uniwersytet Gdanski - Instytut FilologiiPolskiej.

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Hans-Joachim LANG, lauréatdu «Prix de la FondationAuschwitz» pour son travailDie Namen der Nummern 1

Il y a 60 ans presque jour pour jour, le 17décembre 1944, le Capitaine Beckardt dela Cellule de Recherche des Criminels deGuerre, de Paris, partit de la capitale françaisepour Strasbourg. Son voyage le mena àl’Hôpital civil et, plus particulièrement, àl’institut anatomique où une accumulationde cadavres et de parties de cadavres devaitretenir son attention. Quelques jours plustard déjà, l’enquêteur organisa une confé-rence de presse et annonça qu’un crime ter-rible avait laissé des traces dans les caves de

l’institut d’anatomie. Choqué, le corres-pondant en France du Daily Mail, publié àLondres, écrivit que dans l’institut anato-mique de Strasbourg on avait trouvé «86cadavres d’hommes et de femmes appa-remment sains». Conservés dans l’alcool,ils avaient été déposés dans un bassin. Unassistant technique de l’institut, qui avaitété fait prisonnier par les alliés, avait racon-té qu’il avait lui-même reçu ces cadavres enaoût 1943.

Mais qu’y a-t-il d’inhabituel dans le faitde trouver des cadavres dans un institutanatomique ? Qu’est-ce qui justifie le soup-çon qu’il pourrait y avoir un crime à labase ? Un crime lié aux théories raciales

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Discours des deux lauréats des Prix de la FondationAuschwitz 2003-2004 prononcés à la séance académiquede remise des Prix à l’Hôtel de Ville de Bruxelles le 14décembre 2004.

Toespraken van de twee laureaten van de Prijzen van deStichting Auschwitz 2003-2004 uitgesproken tijdens deacademische zitting van 14 december 2004 in hetStadhuis van Brussel.

1 Nous tenons à remercier chaleureusement Rahim Taghizadegan pour la traduction, de l’allemand, de cette allocution.

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des nazis et pour lequel on avait désignécomme responsable le professeur allemandd’anatomie August Hirt, qui avait disparude Strasbourg à la fin octobre 1944 ?

Le ministère des affaires étrangères à Berlinréagit au rapport de la presse comme si onpouvait encore parader à propos du régimede terreur allemand. Par voie officielle,August Hirt, qui vivait à ce moment-là àTübingen, reçut une invitation à répondre.D’une manière hardie, immodeste etcynique, il se lança dans le combat aveccinq pages serrées tapées à la machine etattribua les reproches au monde des «his-toires d’atrocités». Il déclara que dans lamorgue de son institut «selon ma mémoi-re environ 150-200 cadavres devaient s’ytrouver au moment de la prise deStrasbourg par les Américains ainsi queplusieurs préparations individuelles de braset jambes et aussi quelques préparationsd’intestins comme c’est le cas dans toutinstitut anatomique». Les cadavres étaient«comme partout» conservés dans l’alcool.Le traitement des questions de race ne luiétait pas connu. Selon Hirt : «La seule quia quelque chose à voir avec mon institut,c’est la collection de crânes anthropolo-giques créée avant la Première Guerre mon-diale par l’anatomiste allemand Schwalbe etcomplétée pendant la période française parl’adjonction de crânes ultérieurs du mondeentier». Celle-ci comporte entre autres descrânes d’ «Egyptiens, Nègres, Chinois,Japonais, Allemands, Anglais, Français» etil considéra être de son devoir évident demaintenir cette collection de crânes et de lacontinuer dans la tradition de l’institutselon des aspects modernes». Selon des«aspects modernes» ! Cette «formule decamouflage» devait servir à cacher com-plètement au public de quoi il s’agissait enréalité : l’étalage de la conception nazie del’homme dans un panoptique pseudo-scien-tifique.

La stratégie de défense des coupables étaitclaire et elle est même transmise par écrit.Wolfram Sievers, le principal responsablede l’organisation scientifique du SS«Ahnenerbe», communiqua au ministèredes affaires étrangères que Hirt prendraitvolontiers position. Pour commencer, ondevait surtout réussir à connaître ce que du«côté ennemi» on savait. On voulait, c’est ceque Sievers proposa, ridiculiser le «côtéennemi» par des contestations dans desarticles se basant sur la prise de positiond’Hirt afin de les pousser à faire des décla-rations complémentaires. Hirt et Sieversdécidèrent à peu près en même temps dedétruire tous les documents encore exis-tants dans lesquels étaient inclus les détailsdes recherches anthropologiques, auxquellesles 86 hommes et femmes avaient été soumisavant leur meurtre à Auschwitz etNatzweiler.

Les enquêteurs s’attendaient à un travail dedétective de longue durée. Au cours de leursenquêtes ils arrivèrent à établir qu’Auschwitzétait le lieu d’origine des morts. A partirdes aveux de Joseph Kramer, le directeurdu camp fait prisonnier en avril 1945, ledéroulement du crime pu être reconstruit, del’arrivée des victimes jusqu’à leur conser-vation dans le local d’anatomie. Des résultatscomplémentaires ont été obtenus lors desautopsies menées par des médecins légistesfrançais en juillet 1945, car 16 cadavres étaientencore complètement conservés et les 70autres en partie.

Il est vrai que des questions sur leur identi-té ont été posées, mais à ce moment et enconsidérant les moyens de l’époque, il parais-sait apparemment vain d’élargir la rechercheà un niveau supérieur de discussion. Malgrécela, on aurait déjà pu concrétiser larecherche au cours du procès des médecinsde Nuremberg, surtout dans le cadre dutribunal militaire de 1953 à Metz où lescrimes commis à Natzweiler-Struthof furent

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repris. Tout de même, la justice françaisedisposait des notes secrètes de HenryHenrypierre et également du rapport declôture des médecins légistes français, quiavaient en tout cas trouvé et mis en exergueles numéros de camp de concentration de 16personnes.

Le 23 octobre 1945, les dépouilles des 29femmes et 57 hommes étaient inhumées auCimetière du Nord à Strasbourg. A unmoment que je n’ai pu préciser, ils furenttransférés au Cimetière Juif de Cronenbourg,dans la banlieue de Strasbourg. Ils y repo-saient dans une fosse commune, dans unesorte d’opposition douloureuse avec lesautres tombes du cimetière. L’épitaphe dumonument commémoratif du lieu annonceque 86 hommes et femmes juifs sont mortspar la faute d’une médecine inhumaine. Maisqui ils étaient, d’où ils venaient, comment ilsavaient vécu, n’est pas expliqué ici.

Un long chemin fut parcouru lorsque j’aiassemblé, comme les pièces d’un puzzle,une image certes incomplète, mais qui donneune idée des personnes qui durent périrpour ce projet criminel à peine croyable.Les destins de ces 86 «victimes d’Ahnenerbe»illustrent la dimension européenne de la per-sécution et de l’extermination des juifs. Toutepersonne accompagnant le parcours d’AliceSimon de Berlin et Elisabeth Klein deVienne, Frank Sachnowitz de Larvik etMaurice Francese de Thessalonique, JeanKotz de Paris et Levi Khan d’Amsterdam,Marie Sainderichin de Bruxelles et FajschGichman de Szereszow, avec eux et avectous les autres, comprend mieux la topo-graphie de la terreur, dont les paysages variésne sont pas connus de la plupart de noscontemporains. La mémoire des destinsindividuels ne rend pas, comme on l’entendsouvent, la dignité aux victimes. Car les vic-times ne perdirent pas leur dignité, à la dif-férence de ceux qui les opprimaient. Lescoupables ne doivent pas avoir le dernier

mot. C’est pourquoi, il est encore à l’heureactuelle important de se souvenir des morts,de rechercher leurs noms, de les garder enmémoire et de retrouver de cette façon unepartie du passé allemand, à plus forte raisondu passé européen. Et notamment, les uto-pies proscrites qui auraient pu donner uneautre orientation à l’Allemagne d’antan :celle d’un pays démocratique avec une diver-sité vivante de cultures égales en droits. Ceciest une chose...

L’autre est qu’il faut éprouver humblementde la sympathie pour la douleur des parents.Qui s’est soucié d’eux depuis ce moment-là ?Quand je fus assis face aux parents d’une des86 victimes pour la première fois, une nou-velle dimension de mon travail s’ouvrit àmoi. Anneliese Klawonn et RobertLehmann ne parlèrent jamais, en dehors ducercle familial, du destin des membres deleur famille qui sont morts à Auschwitz,dont leur oncle Hugo Haarzopf. De leurpoint de vue, je ne vins pas d’abord en tantqu’historien, mais plutôt comme un mes-sager apportant après presque 60 ans desnouvelles sur les circonstances cruelles de lamort d’un oncle jamais oublié. J’étais certainque je ne susciterais pas nécessairement de labienveillance et de la satisfaction.

Mes appréhensions se révélèrent cependantfausses, pas seulement à Berlin, mais aussidans tous les autres lieux où je rendis visiteà leurs proches. Ainsi à Jérusalem, où je fisla connaissance, en 2001, de Rita et JechielPorat sur la terrasse d’un hôtel, lors duNouvel An juif. Au lieu de parler avec moide son oncle Frank, la fille de HermannSachnowitz aurait passé ce jour férié avec sononcle dans sa Norvège natale, si le cours del’histoire avait été plus bienveillant. Du reste,le sort politique du Proche-Orient se seraitdéveloppé d’une autre façon sans la persé-cution des juifs en Europe. Jérusalem auraitvécu ce jour férié incontestablement commeun Nouvel An paisible et pas, comme cela

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s’est passé, par le durcissement récent duconflit entre les Israéliens et les Palestiniens.

Les hommes aiment bien avoir des certi-tudes, même, si elles sont terribles. «Disparuà Auschwitz» était et reste la dernière nou-velle pour la plupart des proches des morts.Beaucoup de mères et de pères avaient quit-té leurs enfants en les consolant, ceux-cidevaient les attendre. Et les enfants devinrentdes adultes et ils attendent encore. Unefemme de plus de 70 ans, me raconta qu’el-le avait espéré de manière irrationnelle eten secret que sa mère aurait pu survivre àAuschwitz. Jusqu’au moment où la nou-velle arriva qu’elle était morte à Natzweiler.

L’inquiétude qu’un trait sera tiré sur lamémoire collective en Allemagne dans unfutur proche est sûrement injustifiée.L’acceptation de cette nécessité politiqueest basée toutefois sur des raisons à la foisabstraites et historiques. Quand cela devientconcret, c’est-à-dire désagréable, beaucoupde gens prennent leurs distances. On neveut pas savoir trop précisément non plus.Mais pour les familles des victimes, il n’y pasmoyen d’adopter une attitude indifférente,pour elles les crimes des nazis restentconcrets et ils sont après six décennies enco-re présents de manière quotidienne.

Je n’ai pas seulement ressenti comme unhommage à mes recherches que ce soit unefondation, créée par des survivantsd’Auschwitz, qui couronne mon travail,mais aussi comme un grand honneur. Pourcela, je voudrais vous remercier de toutcœur !

***

Philip VERWIMP, laureaat van de«Prijs Stichting Auschwitz - JacquesRozenberg» 2003-2004 voor zijnwerk : Development and Genocide inRwanda. A Political EconomyAnalysis.

Zeer geachte Voorzitter en leden van deStichting Auschwitz, zeer geachte Mevr. enMr. de Minister, zeer geachte Ambassadeurs,Mr. de Burgemeester van Brussel en allegenodigden hier aanwezig,

Toen ik als 14,15-jarige in de encyclopedieënvan mijn ouders over het bestaan en de omvangvan het Nazi-regime en van de Shoah las, konik mijn ogen nauwelijks geloven. De tekstenspraken van grootschalige volksverhuizingen,oorlog in het hart van Europa, antisemitisme,concentratiekampen en gaskamers. Allemaalonvoorstelbare dingen om over te lezen.

Ik vond de enorme omvang van de Shoah zoverpletterend dat ik niet anders kon danerover lezen, er meer over te willen weten.

Het gevoel dat een thema zich als het wareaan je opdringt en dat je als jong onderzoe-ker niet anders kan dan deze misdaad tegende mensheid onderzoeken, overviel mijopnieuw toen ik de eerste beschrijvingenvan de Rwandese genocide onder ogenkreeg. Mijn eerste reactie was dan ook : hoeis dit in godsnaam mogelijk ? Hoe kan ditgebeuren ? Wie of wat zit daarachter ? In watvoor een wereld leven wij ?

Mijn tweede reactie was een manier te vin-den om mijn onbegrip en woede te verta-len in doorgedreven academisch onderzoek.Dat mijn basisdiscipline niet de geschied-kunde was maar wel de economischewetenschap zag ik eerder als een uitdagingdan als een probleem. Ik ben dan ook opge-togen dat u deze belangrijke prijs aan eeneconoom heeft toegekend. De economi-sche wetenschap wordt vaak geassocieerdmet een abstracte wereld van mathemati-sche modellen. Een wereld waarin econo-

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men het gedrag van individuen, bedrijvenen overheden analyseren maar die verderniet in relatie staat tot de realiteit. Die per-ceptie is ten dele correct. Economie is eenwetenschap geworden met een sterk wis-kundige inslag. Een doctoraat maken inde economie is voor vele doctorandi eenechte worsteling met één of meerderemodellen. Het basismodel in de economi-sche wetenschap is nog steeds het individu,bedrijf of overheid dat de beschikbare mid-delen zo goed mogelijk wil inzetten ombepaalde doeleinden te bereiken. Dat iseen sterk model dat de economie in deloop der tijd tot de toonaangevende mens-wetenschap heeft gemaakt. Economen heb-ben hun onderzoek echter veelal beperkttot het functioneren van markten in tijdenvan vrede. Het gedrag van politici, poli-tieke partijen, sociale organisaties laat staanrebellenlegers, oorlog en dictatuur warengrotendeels afwezig in het werkveld vande economische wetenschap. Daar is delaatste jaren gelukkig verandering in geko-men. Onder impuls van een aantal topeco-nomen staat vandaag de politieke economieterug helemaal bovenaan de onderzoeks-agenda. Mijn proefschrift situeert zich in dietraditie van de politieke economie.

Als u even met mij wil doordenken overhet gedrag van een criminele groep men-sen, dan zal u daarin de eenvoud en dekracht van het economische model terug-vinden. Ik heb in mijn proefschrift namelijkaangetoond dat de organisatoren van degenocide gebruik hebben gemaakt van deenige productiefactor die overvloedig aan-wezig was in Rwanda, te weten de arbeids-kracht van de boerenbevolking. Dit wastegelijk crimineel en zeer vindingrijk. Doorhet bewust gebruik van die overvloedig aan-wezige factor, heeft het regime van een armen ruraal land zich verzekerd van een snel-le en volledige manier om haar doel te berei-ken, de uitroeiing van de Tutsi bevolking.

Het gebruik van menselijke, fysieke arbeidals voornaamste ingrediënt in de uitvoeringvan de genocide kwam niet uit het niets.Habyarimana was een aanhanger van eenboerenideologie. Hij wilde dat elkeRwandees zich spiegelde aan het ideaal vande boer die met zijn eigen handen het veldbewerkt. De hoofdstad Kigali werd bewustklein gehouden en urbanisatie tegengewerkt.In het dichtstbevolkte land van Afrika waarelke vrouw gemiddeld 8 kinderen kreeg inde loop van haar leven en waar de beschik-bare landbouwgrond per gezin reeds te kleinwas, werd aan gezinsplanning enkel lip-pendienst bewezen. Zulk non-beleid moestzich wreken. De massa jongeren die op deheuvels leven heeft zo immers geen enkeletoekomst.

Ik beschouw deze prijs dan ook als een aan-moediging voor iemand die wil dat de eco-nomie zich bezighoudt met de groteproblemen van deze tijd, zijnde oorlog envrede, democratie en dictatuur, fascisme enextreem-rechts en niet in het minst de onder-ontwikkeling in Afrika.

Niet alleen de economie, maar elke weten-schappelijke discipline moet zijn duit in hetzakje doen. De oprichting van aparte onder-zoeksscholen voor de studie van genocide,zoals in de VS gebeurt, zal het onderzoekweliswaar stimuleren, maar dit mag niet losstaan van de disciplines. Als we willen dat dewetenschappelijke en onderwijskundigewereld de studie van genocide ernstig nemen,dan moet deze studie een sterke discipli-naire basis hebben. Politologen, crimino-logen, historici en inderdaad ook economendienen elk via hun eigen discipline het onder-zoek naar genocide te bevorderen, in mul-tidisciplinaire teams weliswaar, maargeworteld in hun eigen rijke onderzoeks-traditie.

Geachte toehoorders, het is opmerkelijkdat, met de nodige voorzichtigheid omtrentcomparatief onderzoek in acht genomen,

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er veelzeggende parallellen te trekken zijntussen de Shoah en de Rwandese genoci-de. Recente onderzoeksresultaten voor beidegenociden getuigen daarvan. In beide geval-len hebben de regimes die deze misdadengepland en uitgevoerd hebben zich beroepenop de notie van Volksgemeinschaft. In hetKinyarwanda de Rubanda Nyamwinshi of‘de grote massa’ genoemd. In Vlaanderenwordt deze notie aan de man gebracht onderhet begrip van het ‘Eigen Volk’. De termenhebben minstens een drietal, met elkaar ver-wante, betekenissen.

De eerste en meest bekende is de racialebetekenis. Dit is de notie dat slechts eenwelbepaalde groep mensen die aan bepaal-de, subjectieve, karakteristieken voldoen,tot volwaardige burgers mogen gerekendworden. Zij die niet tot het Eigen Volkbehoren, worden voorwerp van specialebehandeling. Die behandeling, zo heeft degeschiedenis ons meermaals aangetoond,kan een Sonderbehandlung worden, of zoalsin Rwanda, een opdracht om «het onkruiduit te trekken». Telkens eufemismen voorregelrechte massamoord.

Echter, de politieke leiders van landen dieraciale ideologieën in de praktijk willenbrengen vinden zelden veel enthousiasmevoor hun raciale denkbeelden onder degewone bevolking. Om dat enthousiasme opte wekken maken ze gebruik van anderemethodes. Dat brengt ons bij de tweede enderde betekenis van het concept van het‘Eigen Volk’. Het is niet voor niets dat de slo-gan die aan dit concept verbonden is ‘EigenVolk Eerst’ luidt. Die slogan appelleert metname aan de economische belangen van die-genen die tot de Volksgemeinschaft wor-den gerekend. De leden van diegemeenschap wordt voorgehouden dat devreemdeling, de Jood of de Tutsi hun wel-vaart komen afnemen. De raciaal gedefi-nieerde volksgemeenschap verschijnt hierals een belangengemeenschap die de wel-

vaart van het Eigen Volk moet beschermentegen parasieten. Veel meer dan een racialetheorie, gaat dit er bij veel mensen in alszoete koek.

Politieke leiders gebruiken dit eigenbelangom de mensen aan zich te binden. Nog teveel mensen geloven dat dictators aan demacht blijven door repressie. Dat is slechtseen klein deel van het verhaal. De meeste dic-tators doen er alles aan om de loyaliteit vanhet Eigen Volk te winnen en te behouden.Hitler en Habyarimana waren uitermatepopulair bij grote delen van de bevolking.Als de economie van hun land hen niet meertoeliet die loyaliteit met de gebruikelijkeinstrumenten van de economische politiekte verzekeren, dan grepen ze naar de zwaar-dere middelen. Een raciaal geïnspireerd eco-nomisch beleid leidt uiteindelijk naar eenpolitiek van onteigening van de vijandenvan het «Eigen Volk» ten voordele van datVolk. De onteigenden mogen echter nooitterugkomen en dienen daarom vermoord teworden. De essentie van een politieke eco-nomie van genocide is een radicale herver-deling van de rijkdom van een land op racialebasis.

De derde component van de befaamde slo-gan, ‘Volk’ staat voor de populistische bete-kenis. Habyarimana werd de ‘Vader van deNatie’ genoemd, Hitler was de ‘Führer’.De leiders van genocidale regimes beramenhun plannen in naam van ‘het Volk’ en krij-gen ook zeer veel medewerking van datVolk in de uitvoering van hun plannen. Uitwetenschappelijk onderzoek blijkt over-duidelijk dat genocide een ‘populaire’ acti-viteit is.

Het concept van de Volksgemeenschap, deRubanda Nyamwinshi of het Eigen Volk,heeft in de geschiedenis dood en verderfgezaaid, en dat is wetenschappelijk aan-toonbaar. De genocides die de wereld gekendheeft zijn maar genocide geworden omdatvele duizenden mensen hebben deelgeno-

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men aan het vermoorden van hun mede-mensen. De massale moord op de EuropeseJoden en de Rwandese Tutsi had een uiter-mate populair karakter. Ze werd pas moge-lijk doordat vele gewone burgers er eenkans in zagen hun carrière een stap verder tebrengen, een huis voor een appel en een ei teverwerven, de reikwijdte van hun beroeps-verantwoordelijkheden enorm uit te breiden,enz. Uit het wetenschappelijk materiaalkunnen we niet anders dan besluiten dateen genocide voor veel mensen de kans vanhun leven bleek te zijn.

Dames en heren, de democratie, ons kost-bare goed, houdt de politici van demo-cratische partijen dus in een houdgreep,om niet te zeggen een wurggreep. Met denormale middelen van de economischepolitiek kunnen zij nooit alle wensen vanhet Volk bevredigen. Als zij echter ingaanop de lokroep van het populisme, effe-nen zij het pad voor het fascisme. HetVolk weet immers zeer goed bij welkepartij ze terecht kan om datgene te ver-krijgen wat echte democraten haar nooitkunnen geven.

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BG/20/01 - STEINBERG Janka (Veuve Clément)

Eléments biographiques :Déportation / Internement en tant quepersonne juiveDates d’arrestation/déportation :Septembre 1943Camps/prisons : Caserne DossinInterview Fondation Auschwitz :YA/FA/168

Localisation du document : BG/20/01/01Donateur du fonds : SteinbergForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document :Attestation/Certificat/ReconnaissanceDate du document : 1958 le 17/03Description : Carte de bénéficiaire du sta-

tut des Prisonniers Politiques 1940-1945 -Ministère de la Santé Publique et de laFamille.

Localisation du document : BG/20/01/02Donateur du fonds : SteinbergForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : Carte d’identitéDate du document : 1945 le 09/09Description : Carte d’identité provisoire -Ministère des Victimes de la Guerre.Carte du mari du témoin.

Localisation du document : BG/20/01/03Donateur du fonds : SteinbergForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : Carte d’identitéDate du document : s.d.

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SARAH TIMPERMANArchiviste

Les archives de la FondationAuschwitz

De archieven van de StichtingAuschwitz

Inventaire partiel du Fonds des papiers personnels desvictimes des crimes et génocides nazis (4e partie)

Gedeeltelijke inventaris van de persoonlijke papieren derslachtoffers van de nazi-misdaden en -genocides (4e deel)

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Description : Carte d’identité provisoire -Ministère de la Reconstruction.

Localisation du document : BG/20/01/04Donateur du fonds : SteinbergForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document :Attestation/Certificat/ReconnaissanceDate du document : 1958 le 25/03Description : Carte de bénéficiaire du sta-tut des Prisonniers politiques 1940-1945 -Ministère de la Santé Publique et de laFamille. Carte du mari du témoin.

Localisation du document : BG/20/01/05Donateur du fonds : SteinbergForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : Carte de membreDate du document :1950Description : Carte de membre provisoirede la Confédération des PrisonniersPolitiques et Ayants Droits. Carte dumari du témoin.

BG/20/02 - ADLER Hélène (Veuve Pollak)

Eléments biographiques :Déportation/ Internement en tant quepersonne juiveDates d’arrestation/déportation : Fin 1942Camps/prisons : Prison principale deBudapest, Kistarcza, TolonchazInterview Fondation Auschwitz :YA/FA/169

Localisation du document : BG/20/02/01Donateur du fonds : AdlerForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : Carte d’identitéDate du document : 1944Description : Pièce d’identité. Hongrie.

Localisation du document : BG/20/02/02Donateur du fonds : AdlerForme du document : Reproduction pho-

tographiqueType de document : Carte/fiche d’identifi-cationDate du document : 1945Description : Carte d’identification hon-groise.

Localisation du document : BG/20/02/03Donateur du fonds : AdlerForme du document : PhotocopieType de document : Carte/fiche d’identifi-cationDate du document : 1945Description : Carte d’identification hon-groise.

Localisation du document : BG/20/02/04Donateur du fonds : AdlerForme du document : PhotocopieType de document : Document officielDate du document : 1947 le 06/01Description : «Igalovany». Document enhongrois.

Localisation du document : BG/20/02/05Donateur du fonds : AdlerForme du document : PhotocopieType de document :Attestation/Certificat/ReconnaissanceDate du document : 1947 le 11/11Description : Document émanant del’«Aide aux israélites victimes de la guer-re» attestant de l’introduction d’unedemande de séjour temporaire enBelgique.

BG/20/03 - BERTHOLET Roger

Eléments biographiques :Résistant, réfractaireArmée SecrèteInterview Fondation Auschwitz :YA/FA/193

Localisation du document : BG/20/03/01Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Photographie

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Date du document : Avant-guerre.Description : Roger Bertholet en compa-gnie du Bourgmestre de Bruxelles Van deMeulebroeck, et trois échevins.

Localisation du document : BG/20/03/02Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Document officielDate du document :1940 le 06/05Description : Milice Nationale : ordre decomparaître devant le bureau de recrute-ment.

Localisation du document : BG/20/03/03Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : LettreDate du document :1941 le 28/08Description : Document du NationalLandbouw en voedingscorporatie-Hoofdgroepeering Aardappelen.Autorisation de transport de pommes deterre.

Localisation du document : BG/20/03/04Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : AutreDate du document : s.d.Description : Croix Rougefrançaise/Comité de Belgique : bulletinde colis à destination du Stalag IX A enAllemagne.

Localisation du document : BG/20/03/05Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Document officielDate du document :1943 le 24/11Description : Document del’Ortskommandantur Brüssel : obligationde payer une amende.

Localisation du document : BG/20/03/06Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : LettreDate du document :1941 le 14/10

Description : Croix Rouge deBelgique/office de secours des prisonniersde guerre : accusé de réception d’un colisenvoyé en Allemagne au Stalag IX A.

Localisation du document : BG/20/03/07Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte postaleDate du document :1942 le 12/04Description : Carte postale envoyée depuisle Stallag IX A à Roger Bertholet.

Localisation du document : BG/20/03/08Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte postaleDate du document :1942 le 11/08Description : Carte postale envoyée depuisle Stallag IX A à Roger Bertholet.

Localisation du document : BG/20/03/09Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte postaleDate du document :1942 le 06/02Description : Carte postale de la CroixRouge française/Comité de Belgique.

Localisation du document : BG/20/03/10Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Document officielDate du document :1946 le 14/03Description : Ordre de marche.

Localisation du document : BG/20/03/11Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : LettreDate du document : 1945 le 02/08Description : Invitation à une soirée dan-sante organisée au profit du ServiceSociale de la Fraternelle de l’ArméeSecrète.

Localisation du document : BG/20/03/12Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Affiche

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Date du document : s.d.Description : Affiche de la Ligue deProtection aérienne : conseils à la popula-tion contre le péril aérien.

Localisation du document : BG/20/03/13Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : AutreDate du document : s.d.Description : Texte : «une chanson à tousmes amis les réfractaires de la déporta-tion».

Localisation du document : BG/20/03/14Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : AfficheDate du document : s.d.Description : Pamphlet : faire-part dedécès humoristique d’Adolf Hitler.

Localisation du document : BG/20/03/15Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : CarnetDate du document :1945 le 29/06Description : Carte de rationnement -Bruxelles.

Localisation du document : BG/20/03/16Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : AfficheDate du document : 1940 le 22/05Description : Affiche des autorités com-munales de Poperinghe à l’attention desréfugiés.

Localisation du document : BG/20/03/17Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document :Attestation/Certificat/ReconnaissanceDate du document :1944 le 31/03Description : Certificat de travail.

Localisation du document : BG/20/03/18Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scanné

Type de document : Carte d’identitéDate du document : s.d.Description : Carte d’identité falsifiée.

Localisation du document : BG/20/03/19Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte/Fiche d’identi-ficationDate du document : 1942 le 01/12Description : Carte delégitimisation-Ministère de l’Agricultureet du Ravitaillement.

Localisation du document : BG/20/03/20Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte/Fiche d’identi-ficationDate du document : s.d.Description : Carte delégitimisation-Ministère de l’InstructionPublique.

Localisation du document : BG/20/03/21Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte d’identitéDate du document : 1942 le 26/05Description : Carte d’identité falsifiée.

Localisation du document : BG/20/03/22Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte d’identitéDate du document : 1942 le 15/02Description : Carte d’identité falsifiée.

Localisation du document : BG/20/03/23Donateur du fonds : BertholetForme du document : Original scannéType de document : Carte d’identitéDate du document : 1943 le 09/09Description : Carte d’identité falsifiée.

Localisation du document : BG/20/03/24Donateur du fonds : BertholetForme du document : PhotocopieType de document : Coupure de presseDate du document : Septembre 1940

BULLETIN TRIMESTRIEL DE LA FONDATION AUSCHWITZ - DRIEMAANDELIJKS TIJDSCHRIFT VAN DE AUSCHWITZ STICHTING

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Description : Exemplaire de La LibreBelgique clandestine.

Localisation du document : BG/20/03/25Donateur du fonds : BertholetForme du document : PhotocopieType de document : AutreDate du document :1941 le 30/06Description : «Avis à la population» duBourgmestre de la ville de Bruxelles danslequel il annonce qu’il reste bourgmestrede la ville, malgré la demande des autoritésallemandes de cesser ses fonctions.

Localisation du document : BG/20/03/26Donateur du fonds : BertholetForme du document : PhotocopieType de document : LettreDate du document : s.d.Description : Correspondance avec uneamie anglaise.

Localisation du document : BG/20/03/27Donateur du fonds : BertholetForme du document : PhotocopieType de document : TémoignageDate du document : s.d.Description : Témoignage de RogerBertholet relatant ses activités durant laguerre.

BG/20/04 - BROCHE Yvonne (Veuve Verly)

Eléments biographiques :Infirmière hospitalièreSauvetage d’enfants juifs, aide à laRésistanceInterview Fondation Auschwitz :YA/FA/161

Localisation du document : BG/20/04/01Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : 1943Description : Château de Beloeil. Le

Prince de Ligne (Armée Secrète) et le per-sonnel infirmier du château.

Localisation du document : BG/20/04/02Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : 1943Description : Infirmières du Château deBeloeil (dont Yvonne Broche).

Localisation du document : BG/20/04/03Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : s.d.Description : Salle d’opération aménagéeau Château de Beloeil.

Localisation du document : BG/20/04/04Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : s.d.Description : Dortoir au Château deBeloeil.

Localisation du document : BG/20/04/05Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : s.d.Description : Enfants au Château deBeloeil. Parmi eux, des enfants juifscachés.

Localisation du document : BG/20/04/06Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : s.d.Description : Enfants au Château deBeloeil. Parmi eux, des enfants juifscachés.

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Localisation du document : BG/20/04/07Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : s.d.Description : Enfants au Château deBeloeil. Parmi eux, des enfants juifscachés.

Localisation du document : BG/20/04/08Donateur du fonds : BrocheForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : s.d.Description : Une monitrice du Châteaude Beloeil avec deux enfants.

Localisation du document : BG/20/04/09Donateur du fonds : BrocheForme du document : OriginalType de document : TémoignageDate du document : s.d.Description : Chronique du «FoyerLéopold III à Beloeil durant la Guerre de1940-1945».

Localisation du document : BG/20/04/10Donateur du fonds : BrocheForme du document : PhotocopieType de document : LettreDate du document : 1998 le 23/03Description : Lettre d’un ancien enfant juifcaché à Beloeil.

Localisation du document : BG/20/04/11Donateur du fonds : BrocheForme du document : PhotocopieType de document : LettreDate du document : 1998 le 09/05Description : Lettre d’un ancien enfant juifcaché à Beloeil.

BG/20/05 - WOLF Michel

Eléments biographiques :Déportation/ Internement en tant que

personne juiveDates d’arrestation/déportation :06/08/1942Camps/prisons : Dannes-CamiersInterview Fondation Auschwitz :YA/FA/191

Localisation du document : BG/20/05/01Donateur du fonds : WolfForme du document : PhotocopieType de document : LettreDate du document : s.d.Description : Lettre en yiddish écrite par lamère du témoin lors de son arrestation.

Localisation du document : BG/20/05/02Donateur du fonds : WolfForme du document : PhotocopieType de document : LettreDate du document : s.d.Description : Traduction française de lalettre écrite par la mère du témoin lors deson arrestation.

BG/20/06 - DE ROCKER Hubert

Biografische elementen :Politieke deportatie, weerstanderAanhoudings-/deportatiedatum : Januari1943Kampen/gevangenissen : Flensburg,Hamburg, Berlijn, Breslau, Auschwitz I,Mauthausen.Interview Stichting Auschwitz :YA/FA/182

Plaats van het document : BG/20/06/01Archiefschenker : De RockerAard van het document : FotokopieDocumenttype : BriefDatum van het document : 1987, 04/04Omschrijving : Brief aan de Minister vanWelzijn, Volksgezondheid en Gezin.

Plaats van het document : BG/20/06/02Archiefschenker : De RockerAard van het document : FotokopieDocumenttype : Brief

BULLETIN TRIMESTRIEL DE LA FONDATION AUSCHWITZ - DRIEMAANDELIJKS TIJDSCHRIFT VAN DE AUSCHWITZ STICHTING

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Datum van het document : 1973, 09/02Omschrijving :Brief van de Burgemeestervan Zaanstad.

Plaats van het document : BG/20/06/03Archiefschenker : De RockerAard van het document : FotokopieDocumenttype : GetuigenisDatum van het document : z.d.Omschrijving : «De Oorlogsjaren1940/1945».

BG/20/07 - BERDAL Maurice

Eléments biographiques :Déportation politique/RésistanceArmée SecrèteDate d’arrestation/déportation :01/09/1944Camps/prisons : Mons, Charleroi, Namur,Neuengamme, Mauthausen (Gusen II)Interview Fondation Auschwitz :YA/FA/175

Localisation du document : BG/20/07/01Donateur du fonds : BerdalForme du document : PhotocopieType de document : Liste de détenusDate du document : s.d.Description : Liste de détenus arrivés àMauthausen.

Localisation du document : BG/20/07/02Donateur du fonds : BerdalForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : 1943Description : Le témoin (à droite) et sonfrère.

Localisation du document : BG/20/07/03Donateur du fonds : BerdalForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : juin 1945

Description : Le témoin à son retour dedéportation.

Localisation du document : BG/20/07/04Donateur du fonds : BerdalForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : juin 1945Description : Un camarade de déportationà son retour de Mauthausen. A subi desexpériences médicales dont les suites ontamené à son décès dans les années 1950.

Localisation du document : BG/20/07/05Donateur du fonds : BerdalForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : 1983Description : Entrée de Gusen II.

Localisation du document : BG/20/07/06Donateur du fonds : BerdalForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : 1983Description : Atelier où le témoin a tra-vaillé à Gusen.

Localisation du document : BG/20/07/07Donateur du fonds : BerdalForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : 1944 le 05/07Description : Lettre écrite par le témoinlors de sa détention à la prison de Mons.

Localisation du document : BG/20/07/08Donateur du fonds : BerdalForme du document : Reproduction pho-tographiqueType de document : PhotographieDate du document : 1945 le 11/05Description : Lettre écrite juste après lalibération par le témoin à sa famille.

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Localisation du document : BG/20/07/09Donateur du fonds : BerdalForme du document : PhotocopieType de document : TémoignageDate du document : s.d.Description : Témoignage sur la périodede détention.

BG/20/08 - MEIRE Willy

Eléments biographiques :Date d’arrestation/déportation :30/04/1943Camps/prisons : Hellrau, Prison deDresde

Localisation du document : BG/20/08/01Donateur du fonds : BertholetForme du document : PhotocopieType de document : TémoignageDate du document : s.d.Description : «Ma déportation enAllemagne»

Localisation du document : BG/20/08/02Donateur du fonds : BertholetForme du document : PhotocopieType de document : TémoignageDate du document : s.d.Description : «La chaîne de Montferrier.Ecrits de Willy Meire».

BULLETIN TRIMESTRIEL DE LA FONDATION AUSCHWITZ - DRIEMAANDELIJKS TIJDSCHRIFT VAN DE AUSCHWITZ STICHTING

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Séminaires de formation

Notre Centre d’Etudes et de Documen-tation, reconnue Service Général d’Edu-cation Permanente, organise un cycle deformation destiné aux enseignants du cyclesecondaire. Ce cycle annuel comprendquatre séminaires, sous la forme de week-end résidentiels (vendredi et samedi), quiaborderont quatre thématiques différentes.Ils seront animés par des spécialistes desdifférentes disciplines impliquées dans lesthématiques envisagées. Pour assurer unediscussion approfondie, des textes sontpréalablement communiqués aux ensei-gnants inscrits.

• Séminaire I-2005 : 25-26 février2005 à Han-sur-Lesse

Le National Socialisme : entremodernité et barbarie

Animateurs :

- M. Enzo TRAVERSO, Maître de confé-rence à l’Université de Picardie JulesVerne

- M. Philippe MESNARD, Professeur àl’Université de Marne-la-Vallée,Chercheur au Centre de Sociologie desPratiques et des Représentations poli-tiques (France)

- M. Yannis THANASSEKOS, Directeurde la Fondation Auschwitz, Coll. ULB

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Informations

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• Séminaire II-2005 : 27-28 mai2005 à Esneux

Le traumatisme concentrationnaire.Les aspects psychologiques dutémoignage

Animateur :

Mme Aure VEYSSIERE, DoctorantePsychologie clinique à l’Université deParis VIII

• Séminaire III-2005 : 14-15octobre 2005 à Namur

Repli identitaire. Retour du religieux

Animateurs :

Mme Sophie ERNST, Chargée d’Etudes àl’Institut National d’Etudes Pédagogiques(Paris)

M. Alain BIHR, Docteur en Sociologie,Professeur à l’Université de Besançon

M. Yannis THANASSEKOS, Directeurde la Fondation Auschwitz, Coll. ULB

• Séminaire IV-2005 :24-25novembre 2005 à Bruxelles

La Résistance et l’Anti-fascisme.Problèmes historiographiques etmémoriels

Animateur :

M. Fabrice MAERTEN, Chercheur auCentre d’Etudes Guerres & Sociétés(CEGES-Bruxelles)

M. François MARCOT, Professeurd’Histoire contemporaine à l’Université deFranche-Conté

Renseignements et inscriptions :Pour les enseignants en fonction enCommunauté Française, l’inscription estgratuite et doit se faire via l’I.F.C. (Institut dela Formation en Cours de Carrière) soit parinternet sur le site www.ifc.cfwb.be, soitpar tél. au 081/83 03 10 soit par fax au 081/8303 11. Si vous souhaitez bénéficier de lapension complète, veuillez contacter leSecrétariat de Mémoire d’Auschwitz parfax. au 02/512 58 84. Tout autre personnedésirant participer à la formation est priéde contacter le Secrétariat pour obtenir le for-mulaire d’inscription. Les frais de partici-pation s’élèvent à 24,79 € par séminaire etcomprennent le support pédagogique, lelogement et la pension complète.

Site internetNous informons nos lecteurs du fait que lesinformations relatives à l’ensemble de nosactivités sont à présent consultables sur lesite internet de l’asbl Mémoire d’Auschwitzà l’adresse suivante : www.auschwitz.be

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Vormingscyclus

Ons Studie- en Documentatiecentrum orga-niseert een vormingscyclus bestemd voorleerkrachten uit het secundair onderwijs.Deze cyclus omvat vier seminaries die ingaanop verschillende thema’s. Zij worden geani-meerd door uiteenlopende specialisten ophun domein. Om een meer diepgaande dis-cussie mogelijk te maken wordt er in demate van het mogelijke voorzien in bege-leidende teksten.

• Zaterdag 29 januari 2005

Dhr. Paul VAN AKEN, publicist :Klassieke muziek en de kampen

Arnold Schönberg, Mikis Theodorakis,Krzysztof Penderecki, Olivier Messiaen,

Franz Waxman, Hans Kràsa... verschillendecomponisten uit de 20e eeuw hebben zichlaten inspireren door de concentratiekampenen de judeocide. In zijn uiteenzetting geeftPaul Van Aken ons een inleiding op de wes-terse muziekgeschiedenis vanuit een bij-zondere invalshoek.

(Brussel : adres nog te bepalen)

• Zaterdag 23 april 2005

Dr. Roel VANDE WINKEL,Universiteit Gent :Antisemitische propagandafilms :Jud Süss

Hoe kan men de nazi-propagandafilms ana-lyseren en de mechanismen van leugen enmanipulatie blootleggen ? In dit seminarie

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Inlichtingen

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wordt de film Jud Süss (1940) in zijn poli-tieke en cultuurhistorische context geplaatst.Na een algemene inleiding volgt een integralevertoning van de film, met aansluitend eeninhoudelijke en vormelijke analyse van eenaantal sleutelscènes.

Dit seminarie gaat door van 14u tot 18u inhet Vredeshuis te Gent (St.-Margrietstr. 9,9000 Gent, 09/233 42 95)

Inschrijvingen bij Auschwitz in Gedachtenis(Huidevetterstr. 65, 1000 Brussel, 02/512

79 98, of e-mail : [email protected]).De inkom is gratis.

Website

Wij willen onze lezers ervan op de hoogtebrengen dat de mededelingen betreffendeonze activiteiten, die tot nog toe gepubliceerdwerden in de kolommen van dit tijdschrift,vanaf heden verplaatst werden en consul-teerbaar zijn op de website van de vzwAuschwitz in Gedachtenis : www.auschwitz.be

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Breendonk, Chronique d’un camp

Comme la plupart des témoignages publiésjadis sur Breendonk sont maintenant rela-tivement datés, Jos Vander Velpen - présidentde la Ligue des Droits de l’Homme - a prisl’initiative d’écrire une chronique de la vie ducamp de Breendonk pendant les années1940-1944. Paru initialement en néerlan-dais et grand succès de librairie, ce livre vientd’être traduit en français.

Il faut reconnaître à Vander Velpen le talentd’emporter ses lecteurs dès les premièrespages, au risque de leur faire perdre leursens critique. Le livre est remarquablementbien écrit et l’auteur a su se familiariser avecles événements de telle manière qu’on croitqu’il était présent au moment des faits.Plusieurs scènes sont décrites de manière

incroyablement vivante, un tour de forcelittéraire non négligeable.

Le livre s’ouvre sur la visite d’inspection ducommandant SS Philipp Schmidt au Fortpendant l’été 1940 et se termine avec l’éva-cuation et la libération du camp par lesAlliés en septembre 1944. A travers cettechronique apparaît une image approfondiedu régime de terreur qui a fonctionné àBreendonk, des SS qui le dirigeaient, desprisonniers qui le vécurent. Une palettede résistants de tous bords est passé enrevue : beaucoup de juifs et de commu-nistes évidemment, mais aussi des socia-listes, des libéraux, des catholiques, despatriotes ; Flamands et Wallons, hommeset femmes.

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Notes de lecture

Lectuurnota’s

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Il est surtout frappant de constater que laplupart des gens figurant dans cette histoireétaient de simples gens qui, face aux cir-constances, sont devenus des résistants oudes SS impitoyables. Observateur réser-vé, Vander Velpen a su construire sa chro-nique de façon intéressante. Plusieursanecdotes nous offrent une vision surpre-nante et nous obligent à corriger les clichéstraditionnels. Comme l’histoire du soldatallemand Friedel qui, pendant une discus-sion de café, n’hésita pas à remettre à saplace Fernand Wyss, un SS flamand redou-té. Ou l’histoire du magistrat malinoisEdouard Kempeneers, qui se rendit per-sonnellement auprès du commandant ducamp Schmitt, pour lui faire part de sesprotestations contre les conditions inhu-maines d’internement. Les personnagesde cette chronique ne sont pourtant pas deshéros. Il y en a qui abandonnent et suc-combent, d’autres s’insèrent dans le régi-me de terreur et adoptent les mêmesméthodes que les SS redoutés. Mais il yen a aussi qui arrivent à vaincre leursangoisses, douleurs et privations, résistentet arrivent à s’aider mutuellement, réus-sissant par-là à approfondir le sens de ladignité humaine. Et c’est en hommage à cesprisonniers que Vander Velpen a écrit sonlivre.

La vie au camp de Breendonk est au centrede ce livre, mais à travers cette chroniquel’auteur nous offre également une vue surla collaboration et la résistance populairedans la région du Klein Brabant. Pourécrire ce livre Vander Velpen a puisé beau-coup d’éléments dans les témoignagespubliés et il a également fait des recherchesdans le dossier judiciaire du procès deBreendonk. Malgré que cette chroniquen’ait pas de prétentions scientifiques (iln’y a par exemple pas de bibliographie), celivre a beaucoup de qualités et il trouveracertainement son chemin parmi le grand

public. Mais c’est surtout pour les jeunesque ce livre sur Breendonk sera une décou-verte.

Rik Hemmerijckx

Références :

- VANDER VELPEN Jos, Breendonk,Chronique d’un camp (1940-1944),Bruxelles, Editions Aden, 2004, 246 p.(Collection «EPO») (n° 8019)

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Publications des Editions del’AmandierMaison d’édition indépendante orientée dèsl’origine vers le théâtre contemporain, lesEditions de l’Amandier, nous propose troisouvrages intéressants : deux pièces de théâtreet un livre constitué de 11 récits. Troisdémarches littéraires qui ont comme toile defond les camps de concentration :

De l’enfer à la lune de Jean-Pierre Thiercelindans lequel l’auteur nous raconte l’histoirede son père et de ses amis déportés à Dora.Dans une usine souterraine, des milliers dedéportés travaillaient dans des conditionsinhumaines à la production des terriblesfusées V1 et V2 conçues par Wernher vonBraun. Celui-ci fut, après la guerre, l’un desartisans de la conquête de l’espace et dudébarquement du premier homme sur lalune. Transmission de la mémoire, chosesgraves, mais où l’humour est aussi présent,cette pièce mise en scène en janvier 2005 à LaRochelle sera diffusée en France et enBelgique.

Lella, Danielle Casanova une vie deChristiane Schapira, autre pièce de théâtre oùl’auteur se met dans les pas de cette grandefigure féminine de la Résistance. D’originecorse, elle naît à Ajaccio en 1909, puis se

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rend à Paris pour y poursuivre ses études dedentisterie. Elle y adhère au Mouvementde la Jeunesse communiste. Entrée dans laclandestinité en 1939, elle est arrêtée le 15février 1942. D’abord emprisonnée, elle estensuite déportée à Auschwitz-Birkenau oùelle décède du typhus en 1943 après quatremois de souffrances. La pièce est basée surl’alternance de 14 lettres imaginaires adres-sées à sa mère et d’un chœur de femmesdétenues à Birkenau.

L’inconnue en rouge et noir d’Elie Pressman,comédien et écrivain qui a notamment tra-vaillé avec des metteurs en scène de talents telsJean Vilar, Roger Planchon, etc., nous pro-pose onze récits. Lors de sa visite àAuschwitz, il découvre dans l’une des vitrinesd’une longue salle d’exposition des milliers dechaussures de victimes déportées. Parmi ceschaussures se trouve une chaussure defemme, rouge et noire. A partir de cettevision, l’auteur s’interroge et imagine onzehistoires de femmes, onze destins...

Bruno Della Pietra

Références :

- PRESSMANN Elie, L’inconnue en rougeet noir, Journal fragmentaire, Paris,Editions de l’Amandier, 2003, 120 p. (n°8065)

- SCHAPIRA Christiane, LELLA, DanielleCasanova, une vie, Paris, Editions del’Amandier, 2004, 87 p. (Collection«Théâtre») (n° 8066)

- THIERCELIN Jean-Pierre, De l’enfer à lalune, Paris, Editions de l’Amandier, 2005,114 p. (Collection «Théâtre») (n° 8064)

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De Verbum Holocaust Bibliotheek

Het fenomeen van de jodenvervolging en dejudeocide blijft fascineren. De boekenstroom

die vandaag met de 60e verjaardag van debevrijding van Auschwitz-Birkenau eennieuwe versnelling doormaakt is daar eenste meer een bewijs van. Sinds 1945 zijn erzo’n 20.000 getuigenissen, romans, studies encommentaren over deze menselijke catas-trofe verschenen. Sommigen van deze wer-ken hebben een ruim publiek bereikt enzijn zelfs uitgegroeid tot klassiekers in hetgenre. Probleem is dikwijls dat deze waar-devolle werken alleen in het Engels,Hongaars, Pools of Duits verschenen zijn endaardoor in feite onbereikbaar voor eenNederlandstalig publiek.

De Uitgeverij Verbum uit Laren probeertdaar iets aan te doen en heeft een nieuwereeks opgestart: de Verbum HolocaustBibliotheek. Met dit moedige initiatief wildeze uitgeverij een aantal markante werkenuitgeven, die tot nog toe onbekend geblevenzijn in het Nederlandstalig taalgebied. Dereeks richt zich niet alleen op als dusdanigerkende klassiekers, maar wil alle literair-historische genres aan bod laten komen:memoires, monografieën, biografieën, getui-genissen... In totaal moeten er zo’n 15 tot 20werken in de reeks verschijnen. De vier eer-ste titels zijn sinds kort beschikbaar en hetmoet gezegd: de uitgeverij Verbum heeftkosten noch moeite gespaard om aan haarfonds een prestigieus karakter te geven.

Gezien het fenomenale aantal studies endeelstudies is het soms moeilijk om het bosdoor de bomen te zien. Het door DieterPohl geschreven Holocaust. Massale moordop de Europese joden wil fungeren als inlei-ding op de complexe geschiedenis van dejodenvervolging tijdens de jaren 1933-1945.Op erudiete en synthetische wijze gaat deauteur nader in op de verschillende aspectenvan de problematiek van de judeocide: vanhet systematisch en administratief discri-mineren en degraderen van de Duitse joden,tot het stilleggen van hun professionele acti-viteiten en beroven van hun bezittingen, de

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opsluiting in de getto’s en concentratie-kampen, het dehumaniseren en schaamteloosexploiteren als slaven en ten slotte de terreuren liquidatie door massa-executies en ver-gassingen. In tegenstelling tot de meestewerken, die vooral oog hebben voor de ver-volging van de West-Europese joden, ligthet accent in dit werk op de jodenvervolgingin Centraal en Oost-Europa. Deze keuze iszeker verdedigbaar indien men weet datzowat 5 van de 6 miljoen vermoorde jodenuit dit deel van Europa afkomstig was. Zoalsik al schreef: dit werk wil een evenwichtigsynthetisch overzicht brengen. Er werdgeen voetnotenapparaat in het boek opge-nomen, maar het beschikt wel over eenberedeneerde bibliografie die de essentiëlewerken opneemt.

Als inleidend overzicht is het werk van Pohlzeker verdienstelijk maar de afstandelijkeanalyse van de historicus kan niet zonderde getuigenissen van de direct betrokkenen.Het werk van Olga Lengyel, Leven met dedood. Een vrouw overleeft Birkenau, is éénvan de meest pakkende en ontluisterendegetuigenissen die na de oorlog op papiergezet zijn. Als vrouw van een joods-Hongaarse arts kwam zij in juni 1944 inBirkenau terecht en werd er gevangen gezetin het beruchte vrouwenkamp. Zij kreegverschillende taken in het kamp, maar doorhaar aanstelling als dokter in de ziekenboegbevond Lengyel zich in een uitstekendeobservatiepost. Zij was actief in het verzet alskoerierster en had ook contact met enkeleleden van het Sonderkommando in het kamp.Met veel aandacht voor het pakkende detailvertelt zij over de deportatie van haar gezinnaar Birkenau, over de selectie, de absurdeopgelegde taken, de knagende honger en deonmogelijke keuzes waarvoor de gevangenenin hun overlevingsstrijd geplaatst werden.Leven met de dood is een eersterangs getui-genis over de realiteit van het kampleven,waarin menselijke waarden van geen tel meer

waren en waar het recht van de sterkste op demeest brutale wijze heerste. Op onver-bloemde wijze gaat zij in op bepaalde aspec-ten van het kamp, waardoor haar getuigenisuitstijgt boven de alledaagse kronieken. Zolaat zij bijvoorbeeld niet na om te vertellenover het sexueel-amoureuze leven in hetkamp en de perfide draai die een en anderkon aannemen. Ook de zelfmoordgedachten,waarmee zij tijdens haar gevangenschap wor-stelde, durft zij in haar verhaal op te nemen.Lengyel schrijft zichzelf duidelijk geen hel-denrol toe en wil de taboes niet uit de weggaan. Daarnaast zijn er ook haar weergalo-ze portretteringen van de SS-kampcom-mandanten, zoals dat van Dr. Mengele, metzijn pseudo-wetenschappelijke experimen-ten, of dat van Irma Grese, het bloedmooie,maar tegelijk geperverteerde en meedogen-loze hoofd van het vrouwenkamp. Daarwaar nodig hebben de redacteurs een corri-gerende noot geplaatst, maar enkele twijfel-achtige verklaringen, zoals deze over de vanmensenvet gemaakte kampzeep, werden danweer ongemoeid gelaten. Niettemin blijftLeven met de dood een ijzersterk boek.

De getuigenis van Olga Lengyel werdonmiddellijk na de oorlog opgetekend enwerd duidelijk geschreven vanuit een drangom de mensheid bewust te maken van deonnoemelijke misdaden die in Auschwitz-Birkenau werden begaan. Vandaar ook deaanklagende toon die doorheen heel hetboek spreekt. De herinneringen van HannaHammelburg-de Beer, Ontmoetingen in dehel, Auschwitz-Gross Rosen, zijn van eentotaal andere orde. Hoewel Hanna de Beeren Olga Lengyel ongeveer hetzelfde trajectdoorlopen hebben - beide zaten gevangen inhet vrouwenkamp van Birkenau en wer-den zowel tewerkgesteld in het «Canada» alsin de ziekenboeg - zijn hun herinneringentotaal verschillend. Bij de herinneringen vanHanna de Beer heeft de tijd overduidelijkzijn werk gedaan: de scherpe kanten werden

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afgerond en uiteindelijk werden alleen depositieve herinneringen weerhouden, name-lijk deze van de verschillende vrouwen diehaar geholpen hebben doorheen het infernalekampbestaan. Haar boek heeft dan ook ietsvan een hommage aan deze verschillendepersonen. Als beschrijving van het kample-ven is Ontmoetingen in de hel minder sterk,maar de menselijke warmte waarmee hetgeschreven is spreekt inderdaad boekdelen.

Het beeld neemt in onze hedendaagse maat-schappij een steeds belangrijker plaats in ensoms ziet het er zelfs naar uit dat hetgeen nietkan geïllustreerd worden aan zeggingskrachtverliest. De nazi-leiding heeft er alles aangedaan om haar misdadige politiek zo veelmogelijk te verbergen voor de buitenwe-reld, maar dit neemt niet weg dat er somsonthutsend fotomateriaal is achtergeblevenals rechtstreekse getuigenis van de judeo-cide. Het Auschwitz Album is een reporta-ge in 198 foto’s van het transport vanHongaarse joden dat op 26 mei 1944 inBirkenau toekwam. Zonder duiding ziende foto’s er «doodnormaal» uit. Van op elkefoto staren de joodse gedeporteerden jewezenloos aan: hun bezorgde blikken gevenaan dat de situatie niet veel goeds voorspelt,maar er is duidelijk geen paniek. Sommigetaferelen, zoals de rustpause met liggendemensen in het berkenbos, doen zelfs enigs-zins idyllisch aan. Schijn bedriegt: deze men-sen stonden met de dood voor ogen enwaren er zich duidelijk niet van bewust.Vandaag weten wij dat de meeste van henzijn omgekomen in de gaskamers. HetAuschwitz Album is een van de pakkendstefotoreportages over de joodse deportatiedie voor het nageslacht bewaard geblevenzijn. Het album werd in april 1945 terug-gevonden bij de bevrijding van Dora-Mittelbaum, werd in 1965 gebruikt alsbewijsmateriaal op het Auschwitz-proceste Frankfurt en wordt sinds 1980 bewaardop het Yad Vashem te Jerusalem. Deze

uiterst verzorgde uitgave van het AuschwitzAlbum werd voorzien van verschillendeinleidende teksten en alle foto’s werdenbecommentarieerd en waar mogelijk geï-dentificeerd. Auschwitz Album. Reportagevan een transport blijft een fotografischegetuigenis van de eerste orde.

Zijn verder in de Verbum HolocaustBibliotheek gepland: de studie van GustavoCorni over de getto’s: De Getto’s van Hitler.Stemmen uit een belegerde samenleving,1939-1944 - de biografie van HeinrichHimmler door Richard Breitman - het stan-daardwerk van Christopher R. Browning:De oorsprong van de holocaust - de getui-genis van Miklos Nyizli over Dr. Mengele:Een joodse gevangene is patoloog-anatoomin Auschwitz - de publicatie met de terug-gevonden teksten en brieven van ZalmenGradowski, die als joods gevangene deeluitmaakte van het Sonderkommando: Levenen werken in de gaskamers en de cremato-ria van Auschwitz - ten slotte het collectie-ve daderportret geschreven door Karin Orth:SS Kampbeulen.

Rik Hemmerijckx

Referenties:

- POHL Dieter, Holocaust, Massale moordop de Europese joden, Laren, UitgeverijVerbum, 2005, 174 p. (nr. 8037)

- LENGYEL Olga, Leven met de dood,Een vrouw overleeft Birkenau, Laren,Uitgeverij Verbum, 2005, 220 p. (nr. 8038)

- HAMMELBURG-DE BEER Hanna,Ontmoetingen in de hel, Auschwitz-GrossRosen, Laren, Uitgeverij Verbum, 2005,50 p. (nr. 8039)

- GUTMAN Israel, GUTTERMAN Bella(red.), Het Auschwitz Album, Reportagevan een transport, Laren / Jeruzalem,Uitgeverij Verbum / Yad Vashem, 2005,249 p. (nr. 8032)

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Les Cahiers de la Mémoire contemporaine -Bijdragen tot de eigentijdse Herinnering,Bruxelles, Fondation de la MémoireContemporaine - Stichting voor de eigen-tijdse Herinnering, 2003-2004, 264 p. (n° P1024)

Les Cahiers de la Mémoire contemporai-ne publient depuis maintenant plus de 10ans des études remarquables sur l’histoi-re des Juifs et du judaïsme en Belgique.Dans ce cinquième volume, on trouvenotamment un dossier sur la SecondeGuerre mondiale et la Shoah, avec uneétude de Thierry Delplancq et CatherineMassange sur l’Hospice de Scheut entre1942 et 1944, de Laurence Schram sur lessurvivants juifs d’Auschwitz et la mémoi-re en devenir et, enfin, de KatrienVloeberghs sur la Shoah dans la littératu-

re pour la jeunesse aujourd’hui. Dans ledossier sur les relations Belgique - Palestine/ Terre sainte, Fernand Vanhemelryckaborde les relations entre la Belgique et laTerre sainte au Moyen Age et aux Tempsmodernes ; Pierre Sauvage, quant à lui,utilise les récits de pèlerinage en Terresainte comme observatoire de la montéede l’antisémitisme racial. StéphaneKubicki, pour sa part, se penche sur l’his-toire du pavillon palestinien de Bruxelles1935 mis en relation avec l’activisme sio-niste de l’entre-deux-guerres. AlbertMingelgrün enfin, analyse la position deKafka face au «Gelobte Land». CesCahiers comportent également quelquesbiographies de personnalités juives impor-tantes, dont l’architecte Joseph De Langeet Régine Karlin-Orfinger, avocate et résis-

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Nouvelles acquisitions & Comptes rendus

Nieuwe aanwinsten & boekbesprekingen

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tante. Une présentation du projet «Lieuxde mémoire» de la Fondation de laMémoire contemporaine, des études surle patrimoine juif et quelques notes delecture concluent ces Cahiers.

ADAM Uwe Dietrich, Judenpolitik imDritten Reich, Düsseldorf, Droste Verlag,2003, 405 p. (n° 7625)

Cet ouvrage traite de la période la plussombre de l’histoire allemande : le tempsdu Judéocide. Le livre avait déjà été publiéen 1972 et cette réédition comprend main-tenant une introduction de Günther B.Ginzel. L’auteur y expose de façon trèsdétaillée la politique menée vis à vis desjuifs avant 1933 et jusqu’à la mise en place,organisée par une «bureaucratie», suivie dela mise en œuvre de l’extermination demillions d’hommes. L’auteur réussit àinformer sur un domaine complexe touten restant accessible. Ce livre est donc unouvrage de référence, bien qu’il ne soitpas des plus actuels et il est indispensableaux lecteurs qui voudraient s’informersur ce sujet.

BAUER-HACK Susanne, Die jüdischeWochenzeitung Aufbau und dieWiedergutmachung, Düsseldorf, DrosteVerlag, 1994, 324 p. (n° 7672)

Cet ouvrage, fruit d’un doctorat en phi-losophie, discute du traitement par le jour-nal Aufbau de la politique de réparation dela R.F.A. L’auteur traite, en particulier, dela période entre 1949 et 1965, c’est-à-direentre la fondation de la République fédé-rale d’Allemagne et le vote des dernièreslois de réparation. Aufbau a été fondé en1934 à New York par une associationd’émigrants juifs allemands. Ce journalen allemand existe toujours aujourd’hui etest reconnu comme source d’informa-tions sur le Judéocide. A l’heure actuelle,il se trouve malheureusement dans unesituation financière très difficile. L’auteuressaie de mettre en lumière s’il est vrai et

dans quelle mesure Aufbau a influencéla politique de réparation de la R.F.A.,car dans les coulisses les contacts de sesrédacteurs avec des politiciens très connuscomme Konrad Adenauer et TheodorHeuss ont joué un rôle important. Aprèsavoir lu cet ouvrage, on dispose d’élé-ments pour trouver une réponse à cettequestion. Il est rédigé d’une façon trèsaccessible et offre des informations utiles.

BECK Birgit, Wehrmacht und sexuelleGewalt, Sexualverbrechen vor deutschenMilitärgerichten 1939-1945, Paderborn,Schöningh Ferdinand, 2004, 370 p. (n° 7888)

Ce livre analyse les procès pour crimessexuels menés par les tribunaux militairesallemands contre des membres de laWehrmacht. En introduction à son étude,l’auteure rappelle le traitement de ce typede délit par la justice au cours de l’histoi-re et y intègre les résultats les plus récentsde la recherche scientifique. Birgit Beck yexpose en détail les bases juridiques per-mettant la poursuite de soldats allemandsen temps de guerre pour crimes sexuels etanalyse l’accusation et les jugements lesplus représentatifs à partir de cas choisis.Ceci permet au lecteur de suivre plus aisé-ment le déroulement des procès, com-ment les prévenus, les victimes, le juge etles témoins se comportent devant les tri-bunaux et quelles sont les méthodes uti-lisées. Cet ouvrage remet toutes les thèsescontemporaines en question et crée ainsiune toute nouvelle perspective sur cethème, ce qui le rend particulièrementintéressant.

BEJARANO Esther, GÄRTNER Birgit,Wir leben trotzdem, Esther Bejarano - vomMädchenorchester in Auschwitz zurKünstlerin für den Frieden, Bonn, Pahl -Rugenstein, 2004, 263 p. (n° 7879)

La biographie d’Esther Bejarano, fruit dela collaboration entre la journaliste BirgitGärtner et Esther elle-même, retrace la

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vie d’une rescapée d’Auschwitz qui s’estengagée politiquement dès sa libérationpour la paix et la mémoire. Déportée àdix-huit ans à Auschwitz, elle y reçoit lenuméro 41948 qui pour elle signifie latransformation d’un être de dignité en unobjet sans droits. Une partie de l’ouvragese fonde sur les mémoires de Bejarano,écrits en 1970 et qui couvrent la périodeallant de sa naissance à 1960, quand ellerevient à Hambourg après avoir émigré enIsraël. La période postérieure à 1960 sebase sur des entretiens entre Birgit Gärtneret Esther. A Auschwitz, celle-ci a fait par-tie du «Mächenorchester», mais vu sonstatut de demi-juive elle est transféréeensuite au camp de concentration deRavensbrück. Au cours des marches de lamort, Esther et six autres femmes ontréussi à se libérer et celle-ci a ainsi puentamer une nouvelle vie. Elle déménageen Palestine, y suit une formation de chan-teuse et s’engage dans une chorale. En1960, Esther quitte Israël pour l’Allemagneoù l’augmentation du racisme et du néga-tionnisme la persuade de s’engager ouver-tement pour la tolérance, la paix et contrel’oubli. Au début des années 1980,Bejarano, cofondatrice du comitéd’Auschwitz, devient la première artistejuive à collaborer avec un collègue arabe.Ce livre, très intéressant, sur une person-ne fascinante, a été publié à l’occasion deson quatre-vingtième anniversaire.

BLAISE Pierre, MOREAU Patrick (dir.),Extrême droite et national-populisme enEurope de l’Ouest, Analyse par pays etapproches transversales, Bruxelles, Centrede recherche et d’information socio-poli-tiques (CRISP), 2004, 582 p. (n° 8012)

Cet ouvrage, publié sous la direction dePierre Blaise et Patrick Moreau, rassembledes contributions et analyses très intéres-santes sur les divers mouvements d’ex-trême droite en Europe de l’Ouest. En

effet, depuis le milieu des années 1980,l’Europe connaît une poussée inquiétan-te de ces formations. Les auteurs font uneanalyse pointue de ces principaux mou-vements. La première partie de ce travailétudie le phénomène pays par pays. De lamontée et du déclin du FPÖ et de sonleader en Autriche en passant par un exa-men de la situation en Belgique avec leVlaams Blok et l’extrême droite franco-phone jusqu’au succès de l’Union démo-cratique du centre (UDC) en Suisse. Lesauteurs décrivent l’évolution des résul-tats électoraux, les stratégies politiques,le contexte social... La deuxième partiepropose des approches transversales tellesque l’extrême droite et Internet, la scèneskinhead, l’ésotérisme d’extrême droite...C’est donc un ouvrage d’analyse, derecherches de référence qui examine bienla complexité de ce phénomène.

BLANKEN Chris, TUINIER Jan Durk,VISSER Geu, Antisemitisme op school ?,Verslag van een onderzoek naar leerlingenmet een islamitische achtergrond in con-frontatie met de geschiedenis van de joden-vervolging, Utrecht, Stichting Vredeseducatie,2003, 48 p. (nr. 8044)

Leerkrachten ondervinden soms proble-men met allochtone leerlingen van isla-mitische oorsprong wanneer zij dejudeocide in de klas ter sprake brengen. Alte vlug wordt er een verband gelegd metde Israëlische politiek tegenover dePalestijnen en sommigen weigeren zelfsom met de problematiek van de judeoci-de geconfronteerd te worden. Ten eindehet probleem te duiden en een discussiedaaromtrent los te maken heeft deStichting Vredeseducatie het initiatiefgenomen om een onderzoek te doen naarantisemitisme op de Nederlandse scholen.Deze uitgave bevat een uitvoerige beschrij-ving van het onderzoek, de problemen,citaten van leerlingen en leerkrachten,

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achtergronden, perspectieven en sugges-ties voor docenten.

BOECKX Bert, DE PRINS Gert, DEWEVER Bruno, LAPLASSE Jan, MAER-TEN Fabrice, RENARD An, SAERENSLieven, STEEN Karolien, VANDE WIN-KEL Roel, VAN DOORSLAER Rudi,VERMANDERE Martine, Tegendruk,Geheime pers tijdens de tweede wereldoor-log, Gent, AMSAB, 2004, 173 p. (nr. 8047)

Eén van de eerste maatregelen die deDuitse bezetter in mei 1940 doorvoerdewas het instellen van de censuur en hetmuilkorven van de pers. Van de ene dag opde andere moest de Belgische pers zichplooien naar de Duitse propaganda en deNieuwe Orde. Een tegenreactie kon nietuitblijven en zoals tijdens de EersteWereldoorlog poogde men vanuit het ver-zet de Duitse bezetter van weerwoord tedienen. Zo zou er vanaf de zomer van1940 een wijd verbreide sluikpers de kopop steken. Niet minder dan 700 titels zijner tijdens de jaren 1940-1944 uitgegeven.Nagenoeg elke stad of regio, elke vereni-ging of groep wilde via een geheim bladzijn of haar mening te kennen geven eneen andere klok laten horen. Sommigebladen waren eerder rudimentair en ken-den slechts een kort bestaan, maar ande-ren kregen een nationale verspreiding enwerden gedrukt op verschillende dui-zenden exemplaren. Met hun ongemeenscherpe commentaren en dikwijls bijten-de humor gingen zij de bezetter te lijf enhielpen zo de moraal van de bevolkinghoog te houden. Eén van de hoogtepun-ten was ongetwijfeld de uitgave van eenvalse Le Soir op 9 november 1943; eenorganisatorisch huzarenstukje dat gere-aliseerd werd door een groep van hetOnafhankelijkheidsfront. Omtrent ditfenomeen van de geheime pers werd in deStadsbibliotheek van Antwerpen een boei-ende en verzorgde tentoonstelling geor-

ganiseerd. De begeleidende, mooi geïllu-streerde catalogus bevat verschillende ver-helderende bijdragen. Een losse greep:het artikel van Karolien Steen over hetvoorbeeld van de Eerste Wereldoorlogvoor de sluikpers van de jaren 1940-1944en de meer controversiële bijdrage vanLieven Saerens over de Antwerpse ver-zetspers en de jodenvervolging.

BROMBERT Victor, Les Trains du souve-nir, Paris - New York - Omaha Beach -Berlin, Paris, Editions de Fallois, 2004, 336p. (n° 8063)

Parcours étonnant que celui de cet uni-versitaire, professeur de littérature fran-çaise à Yale et à Princeton. De retour enjuin 2004, sur les plages du débarque-ment à Omaha Beach en Normandie, ilévoque ses souvenirs. Souvenirs de sonenfance au cours de laquelle l’auteur adû fuir le nazisme avec sa famille et estarrivé en France. Il y décrit son milieufamilial, sa vie dans le XVIe arrondisse-ment à Paris, sa scolarité au lycée Janson-de-Sailly. Souvenirs de 1939 et de la drôlede guerre où il séjourne à Deauville.Ensuite face à la menace allemande, il estobligé de rejoindre Bordeaux puis Nice.Souvenirs de ce long périple où pourrejoindre et trouver refuge aux Etats-Unis, sa famille et lui traversent l’Espagneet s’embarquent sur un cargo, entassésavec 1200 autres passagers pour un voya-ge éprouvant. Souvenirs de son arrivéeà New York. Souvenirs de ce jeunehomme qui ensuite décide de s’engager ausein de l’armée américaine et qui partici-pe au débarquement en Normandie, tra-verse l’Allemagne et finit son périple àBerlin. Souvenirs et histoire d’un par-cours, d’un voyage au travers d’une despériodes les plus mouvementées de notrehistoire, mais aussi évocations littérairesd’un homme de lettres.

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BUTTERWEGGE Christoph, HENTGESGudrun (dir.), Alte und Neue Rechte anden Hochschulen, Münster, Agenda Verlag,1999, 240 p. (n° 7659)

Les éditeurs Butterwegge et Hentges ontréuni plusieurs spécialistes qui ont étu-dié la Nouvelle et l’Ancienne Droite dansles universités allemandes. Les auteurstraitent de ses différents aspects, comme lesscientifiques nazis qui ont poursuivi leurcarrière après le Troisième Reich, les cor-porations d’étudiants et leur idéologie du«Blut und Boden», le racisme et le sexis-me dans la recherche scientifique à l’institutde biologie humaine de Hambourg dontun des professeurs a été l’étudiant d’unimportant professeur nazi. Les auteursmontrent également le danger d’une perted’indépendance des universités face auxinitiatives privées qui poussent les uni-versitaires à mener certaines recherchesplutôt que d’autres s’ils veulent obtenir unfinancement. L’ouvrage fait ressortir leschangements au sein des universités oùexiste un procès de la dépolitisation parmiles étudiants et qui ne sont plus seule-ment un endroit où règne la liberté d’es-prit, mais aussi une part du débat sur lacapacité concurrentielle de l’économie.

CAUSARANO Pietro, GALIMI Valeria,GUEDJ François, HURET Romain, LES-PINET-MORET Isabelle, MARTINJérôme, PINAULT Michel, VIGNA Xavier,YUSTRA Mercedes (dir.), Le XXe siècledes guerres, Modernité et barbaries, Paris,Editions de l’Atelier, 2004, 606 p. (n° 8031)

Cet important volume, initié par leGroupe d’histoire sociale qui coéditeHistoire et sociétés - revue européenned’histoire sociale - a été dirigé par PietroCausarano, Valeria Galimi, FrançoisGuedj, Romain Huret, Isabelle Lespinet-Moret, Jérôme Martin, Michel Pinault,Xavier Vigna et Mercedes Yusta. Il pré-sente au travers de ses 39 chapitres des

contributions d’éminents spécialistes euro-péens et américains. Cinq parties struc-turent le livre : «La guerre du premierXXe siècle», «Pratiques et expériences deguerre, «Guerre et changement social»,«Après-guerre et cultures de paix»,«Interpréter la guerre : Des catégoriesd’analyse de la guerre au XXe siècle».Cherchant à comprendre le XXe siècle etplus particulièrement les raisons qui ontprovoqué les deux Guerres mondiales,l’approche adoptée tente de sortir desvisions nationales des guerres. Alors quel’idée même de modernisation impliquaitprospérité et bien-être social, c’est, para-doxalement et en parallèle, à un déchaî-nement de violence que l’on assiste. LeXXe siècle ne pourrait-il davantage s’ex-pliquer, au-delà des histoires nationalesstricto sensu, par les mouvements de fondsocio-économiques qui l’ont traversé enmodifiant fondamentalement l’organisa-tion même de nos sociétés contempo-raines ? Elargissant le cadre de cesdernières, la chronologie du siècle débu-te ici avec la Guerre de Sécession améri-caine et les guerres coloniales de la fin duXIXe siècle. La perspective de la GrandeGuerre dans l’avènement de la guerretotale s’en voit finalement modifiée. Lesmultiples massacres et génocides du sièclesont amplement présentés et décrits toutau long de l’ouvrage. Outre la foule d’in-formations historiques que l’on en retire,ces descriptions servent ici, notamment, àjauger la nature des concepts dans les-quels on tente de les enserrer ou à mesu-rer la pertinence des catégories parlesquelles on les définit. On notera toutparticulièrement les contributions d’OmerBartov «Guerre, génocide et identitémoderne» et d’Enzo Traverso, «EntreBéhémoth et Léviathan : penser la guerrecivile européenne (1914-1945).

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du CLOSEL Amaury, Les voix étoufféesdu Troisième Reich, Entartete musik, Paris,Editions Actes Sud, 2005, 574 p. (SérieMusique) (n° 8068)

Chef d’orchestre, compositeur, diplômé del’Institut d’Etudes politiques de Paris,l’auteur se consacre depuis 2002 au forum«Voix étouffées» dont la vocation est defaire découvrir des compositeurs qui, sousle régime nazi, ont perdu dès 1933 toutmoyen d’expression et d’existence cartaxés de judaïsme, de dégénérescence oude bolchevisme. Cet ouvrage retrace, dansson contexte historique, idéologique etinstitutionnel, le destin de ces composi-teurs et interprètes, de ces «voix étouf-fées», forcés à l’exil volontaire oucondamnés à disparaître dans les camps deconcentration. Plus de deux cents com-positeurs, inconnus pour la plupart aujour-d’hui, sont ainsi évoqués. Cet inventaireinédit constitue une clé d’un intérêt majeurpour une meilleure compréhension del’histoire de la musique au XXe siècle.

DESELAERS Manfred, «Und Sie hattennie Gewissensbisse ?», Die Biographie vonRudolf Höß, Kommandant von Auschwitzund die Frage nach seiner Verantwortungvor Gott und den Menschen, Leipzig, St.Benno Buch - und Zeitschriftenverlagsge-sellschaft, 1997, 424 p. (n° 7652)

Cette biographie de Rudolf Höß, écritepar Manfred Deselaers, prêtre de parois-se à Aix-la-Chapelle, soulève la questionde la «responsabilité de Rudof Höß devantDieu et les hommes». L’auteur, qui habi-te depuis 1990 à Auschwitz où il codirigeun «Centre de dialogue et de prière» s’estlongtemps occupé de questions religieuseset les a mises en rapport avec les crimes etgénocides nazis. Deselaers base son étudesur l’autobiographie de Höß, des inter-views de rescapés et de témoins, ainsi quesur les protocoles du procès deNuremberg et des procès polonais. Le

livre est divisé en deux parties ; alors quela première se limite à une reconstructionobjective de la vie et des crimes de Höß, ladeuxième offre une analyse anthropolo-gico-théologique de sa vie et aborde le«mal» et sa signification théologique dansle contexte des crimes commis àAuschwitz.

Fondation pour la Mémoire de laDéportation (auteur association), Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés parmesure de répression et dans certains cas parmesure de persécution 1940-1945, 4 tomes,Paris, Editions Tirésias, 2004, 5538 p. (n°8025)

Après plusieurs années de travail, laFondation pour la Mémoire de laDéportation vient de publier le Livre-Mémorial des déportés de France arrêtéspar mesure de répression et dans certainscas par mesure de persécution 1940-1945.Au total, 18 personnes se sont succédéesdurant sept années pour recenser les 86.827déportés à divers titres : pour faits de résis-tance, en tant que «politiques», raflés,otages et parfois en tant que «droit com-mun» ; et cela quelle que soit leur natio-nalité, mais toujours à partir de la France.L’ouvrage se présente sous la forme dequatre tomes comptant près de 6.000pages au total. Publié par les EditionsTirésias, il présente notamment des listesde déportés par ordre chronologique avec,pour chacun d’eux, des informationsconcernant l’Etat-civil (nom, prénom,sexe, nationalité, date et lieu de naissance),le parcours en déportation et le matricu-le au premier camp. Un index alphabé-tique permet de retrouver facilement lenom d’un déporté et le numéro de sontransport, puis de retrouver les informa-tions concernant son transport. Ce Livre-Mémorial est complété par des listes dedéportation de persécution, non encoreprises en considération dans d’autres

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mémoriaux et complète ainsi le Mémorialde la déportation des juifs de France publiépar Serge Klarsfeld. Les dirigeants de laFondation pour la Mémoire de laDéportation, conscients des limites de cetravail, en particulier du fait de la dispari-tion de nombreuses archives sur cettepériode, ont prévu une procédure d’ac-tualisation des données du Livre-Mémorial, qui sera éditée dans les annéesà venir, sous forme d’un cédérom.

FRIEDRICH Rudi (dir.), Gefangen zwi-schen Terror und Krieg ?, Israel/Palästina :Stimmen für Frieden und Verständigung,Grafenau, Trotzdem Verlag, 2002, 145 p.(n° 7630)

Dans les essais de cet ouvrage, les auteurstentent de mettre en lumière les pro-blèmes sociaux et politiques posés parle conflit entre Israël et la Palestine donton voit les effets dans la politique d’oc-cupation d’Israël ainsi que dans les atten-tats suicides palestiniens. Les auteurssont d’avis qu’il est quasiment impos-sible de trouver une solution au niveaupolitique entre l’administration autono-me de la Palestine et le gouvernementisraélien. Ils se tournent plutôt vers lesorganisations et associations qui oeu-vrent sur le terrain à la fin de l’occupation.Il ne faut pas perdre de vue que septan-te pour cent des Israéliens (au moment dela publication) envisageaient que lestroupes d’occupation pourraient à termese retirer des secteurs palestiniens. Celivre comprend aussi deux lettresouvertes, l’une est rédigée par des sol-dats et l’autre par des élèves. Cet ouvra-ge est donc intéressant et toutparticulièrement l’interview de MosheZuckermann.

GUTMACHER Félix, Matricule 177 310,Jamais je ne vous oublierai, Charleroi,Couleur livres, 2005, 152 p. (n° 8067)

Agé de 16 ans, portant l’étoile de David,Félix Gutmacher est arrêté dans la rue le4 septembre 1942 par trois hommes dela Gestapo. Il se retrouve dans un cachotde l’avenue Louise, est transféré à la caser-ne Dossin à Malines pour être ensuitedéporté vers la Haute Silésie. S’en suiventtrois années dans l’enfer des camps. Troisannées de souffrances, de travail épuisant,d’humiliations, avec la présence de la mortau quotidien. Le 21 janvier 1945, il enta-me une Marche de la Mort qui le mèneraà Buchenwald. Il sera finalement libérépar les Américains, mais dans un tel étatphysique que ce n’est qu’à partir de 1949qu’il peut reprendre une vie normale. Ilentame de nouvelles études pour, en 1953,entrer au barreau et exercer une carrièred’avocat. En 1995, lors du cinquantièmeanniversaire de la libération des camps deconcentration, il décide de raconter sonexpérience des camps dans plusieurs publi-cations et en faisant des conférences dansles écoles.... Jamais je ne vous oublieraicomplète cette démarche fort utile detémoignage, de transmission de la mémoi-re aux jeunes générations et incite à restervigilant.

GUTMAN Israel, GUTTERMAN Bella(dir.), Het Auschwitz Album, Reportagevan een transport, Laren / Jeruzalem,Uitgeverij Verbum / Yad Vashem, 2005, 249p. (nr. 8032)

Zie lectuurnota p. 183

HAMMELBURG-de BEER Hanna,Ontmoetingen in de hel, Auschwitz - Gross-Rosen, Laren, Uitgeverij Verbum, 2005, 50p. (nr. 8039)

Zie lectuurnota p. 183

HAUG Wolfgang (dir.), Friedensaussichtenim Nahen Osten, Israel und Palästina imSpannungsfeld internationaler Interessen,Grafenau, Trotzdem Verlagsgesellschaft,2003, 87 p. (n° 7653)

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Ce livre rassemble deux essais - rédigés àtrente ans d’intervalle - qui illustrent ladifficulté, malgré toutes les négociations,de trouver une solution au conflit quioppose Israël et la Palestine. En février1968, peu de temps après la guerre desSix-Jours entre Israël et les Etats arabesvoisins, Paul Brass, un émigré juif, a faitparaître une analyse de la situation quimet l’accent sur l’importance de l’affron-tement entre monde riche et mondepauvre dans ce désaccord. Pour sa part,Noam Chomsky a publié, en mars 2001,un texte sur son espoir d’aboutir à la paixau Proche-Orient. Les conflits en Turquie,en Irak et entre Israël et la Palestine sontau centre de son étude. Il essaie d’y mettreen avant les similitudes entre eux et deconsidérer avec esprit critique la politiquequi y est pratiquée par les Etats-Unis. Enoutre, cet ouvrage comprend des com-mentaires intéressants de Wolfgang Hauget Moshe Zuckermann. Bien que les textesne soient pas des plus récents, ils don-nent cependant des informations perti-nentes sur un sujet qui a traversé le siècle.

HEY B., Pandel H.-J., RADKAU J.,Weimarer Republik und National-sozialismus, Demokratie und Diktatur inDeutschland 1918-1945, Leipzig, Ernst KlettSchulbuchverlag, 2003, 270 p. (n° 7670)

Ce nouveau livre d’histoire de la maisond’édition Klett est destiné aux lycéens. Ilprésente un résumé très bien structuré del’histoire de l’Allemagne pendant les deuxGuerres mondiales. En partant de laRévolution de 1917 et de la fondation dunouvel Etat allemand, la RépubliquedeWeimar, nommée d’après l’endroit oùa été signée la constitution, les auteursdégagent les grandes lignes des années1920. L’ascension de Hitler et du NSDAPest la deuxième grande période abordéepar l’ouvrage. Les rédacteurs du manuel ydétaillent les différents aspects du IIIe

Reich, comme l’économie, la vie quoti-dienne, la résistance etc. De plus, les lec-teurs peuvent aborder des questionscomme celle de savoir si on peut qualifierle national-socialisme de fascisme alle-mand comme on parle de fascisme ita-lien. Ces vingt-huit années de l’histoirede l’Allemagne sont fréquemment repla-cées dans le contexte européen pour pou-voir comparer son développement à celuides Etats voisins. Les auteurs accompa-gnent les historiques de nombreusessources premières et secondaires, à côté destatistiques et de photos en noir et blanc ontrouve des illustrations de très bonne qua-lité reproduisant des œuvres d’art. Lastructure de l’ouvrage est bien organisée enutilisant le rouge pour faire ressortir lestitres et donne une structure aux textespédagogiques. En résumé, il s’agit d’unlivre bien pensé qu’on peut recommanderaux étudiants et aux écoles.

HILMES Oliver, Der Streit ums Deutsche,Alfred Heuß und die Zeitschrift für Musik,Hamburg, von Bockel Verlag, 2003, 136 p.(Collection «Musikstadt Leipzig, Studienund Dokumente, Schriftenreihe herausge-geben von Thomas Schinköth», Band 5)(n° 7873)

Le journaliste musical Alfred Heuß étaitun des critiques les plus éminents et recon-nus de la république de Weimar. Commerédacteur en chef du Zeitschrift für Musik(Revue de musique) il partit en guerrecontre la musique d’avant-garde et étran-gère, notamment la musique de dansed’origine américaine comme le Jazz, ainsique contre l’œuvre du viennois ArnoldSchönberg ou du compositeur d’opérasErnst Krenek, qui selon lui étaient repré-sentatifs et responsables de la dégénéres-cence culturelle de son pays et prouvaientla conspiration du «bolchevisme des juifset des nègres» contre la musique. Les«fanatiques» qui composaient cette

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«musique malade» étaient, selon Heuß, lesennemis de l’Allemagne et mettaient endanger la longue tradition de la créationmusicale dans le pays. Avec la mise surpied de «l’association de lutte pour la cul-ture allemande» par la NSDAP en 1928,Heuß obtint une tribune pour prononcerses discours de haine pathologique contrela «musique dégénérée» devant un publicde plus en plus nombreux. Ce livre fortintéressant et bien écrit montre comment,dans la république de Weimar, l’interpré-tation de la musique a été instrumentali-sée dans un but idéologique juste avantl’arrivée d’Hitler au pouvoir.

HILTY Hans Rudolf (dir.), Grenzgänge,Literatur aus der Schweiz 1933-1945, EinLesebuch, Zürich, Unionsverlag, 1981, 523p. (n° 7608)

Ce recueil rassemble des nouvelles, despoèmes et des essais représentatifs de laproduction littéraire en Suisse pendant leIIIe Reich. Parmi les auteurs, on trouve desécrivains suisses connus comme MaxFrisch, Friedrich Dürrenmatt ouHermann Hesse et des Allemands etAutrichiens en exil dans ce pays, commeRainer Maria Rilke, Thomas Mann,Robert Musil, Kurt Tucholsky ou BertoltBrecht. Le livre tente d’évoquer les condi-tions de vie pendant cette période à partirdes réactions des auteurs aux événementspolitiques menaçants et à la situation éco-nomique difficile de la Suisse, entre 1933et 1945. Parmi les thèmes abordés dans lestextes, celui de l’ascension de Hitler aupouvoir et de l’appréhension qui endécoule est le plus fréquent, mais ils trai-tent également du quotidien des soldats etdes civils, des expériences des émigrésconfrontés à l’administration de la policeétrangère et de la crise économique et duchômage des années 1930. Un livre trèsrévélateur, destiné à toute personne inté-ressée par la littérature en Suisse et par

les répercussions en art d’une époque encrise. De plus, l’ouvrage est illustré pardes peintures et des caricatures suisses del’époque.

JANZEN Peter, Meine Erinnerungen,Lebensbericht eines Russlanddeutschen,Münster, Agenda Verlag, 2002, 178 p. (n°7656)

Cette autobiographie d’un Russo-alle-mand décrit sa déportation, son séjourdans un camp de travail stalinien et ledéracinement qu’il a subi loin de son paysnatal, l’Ukraine par suite de son dépla-cement au Kazakhstan. Au moyen dephrases simples et d’un style touchant, ildonne l’impression que son expérienceest exposée de manière retenue. PeterJanzen s’est contenté de raconter son des-tin individuel, sans penser à l’utilisation quipourrait en être faite par les historiens etcet ouvrage, comme l’auteur l’écrit, n’estrédigé que pour se soumettre à son propreexamen. Ce livre est très facile à lire et il estévident qu’il n’est pas une de ces publica-tions destinées à faire de l’argent à partir dupassé.

JOACHIMSTHALER Anton, Hitlers Liste,Ein Dokument persönlicher Beziehungen,München, Herbig Verlags buchhandlung,2003, 616 p. (n° 7868)

On ne rencontre pas souvent un livre écritavec une telle naïveté (du moins appa-rente) et semblant motivé par une admi-ration infantile pour Hitler plutôt quepar la volonté de retracer objectivement sesrelations personnelles. L’auteur, AntonJoachimsthaler, qui a déjà contribué augenre pseudo-historique avec ses ouvragesprécédents, comme Hitler, Correctiond’une biographie ou Munich, le début dumouvement, se penche sur la vie person-nelle de Hitler pour montrer que l’hom-me, responsable principal des crimes etgénocides nazis, était en fait quelqu’und’admirable. Dans ce volume de plus de

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600 pages, les seuls morts dont parle l’au-teur sont les membres de la familleGoebbels, proche de Hitler ! Et il remet encause les vues ultra-conservatrices deHitler sur la place des femmes dans lasociété, pourtant bien connues, en mettanten avant une soi-disant admiration pourles femmes. Un livre tout à fait incom-préhensible et inutile à la compréhensiondu dirigeant national-socialiste.

KUGLER Anita, Scherwitz. Der jüdischeSS-Offizier, Köln, Verlag Kiepenhauer &Witsch, 2004, 757 p. (n° 7886)

Cet ouvrage aborde la question de l’iden-tité de Eleke Scherwitz. Etait-ce un SS-Untersturmführer, le deuxième Schindlerou les deux à la fois ? Anita Kugler expo-se sa recherche au lecteur qu’elle fait entrerdans un monde plein de contradictionset de zones d’ombre. En 1948, Scherwitz,directeur régional d’une unité de soinstraitant des victimes des nazis, est arrêtécomme criminel de guerre. Selon lui, celane correspond pas à la réalité, car il estlui-même juif et, en jouant le rôle de SS-Untersturmführer, il a sauvé la vie debeaucoup de juifs. Comme ses déposi-tions n’étaient pas très convaincantes, le tri-bunal l’a condamné pour le «meurtre de sapropre race», tout particulièrement blâ-mable. Personne ne connaît la vraie iden-tité de Scherwitz. Il a eu quatre dates ettrois lieux de naissance, deux confessions,deux nationalités, deux noms combinésavec différents prénoms et bien sûr lesC.V. correspondants. Ces faits non éluci-dés ont poussé l’auteure à mener desrecherches dans les archives en Lettonie,Allemagne et Israël. En outre, elle a récol-té des témoignages très vivants. L’auteuresuppose que Eleke, Elke ou FritzScherwitz n’aurait pas été condamnéaujourd’hui en raison des preuves qu’el-le a rassemblées. Ce livre est agréable àlire et ressemble à un roman, mais la ques-

tion de ses origines n’est pas élucidée bienque ce ne soit pas déterminant et que l’ou-vrage reste intéressant.

LANCKORONSKA Karolina, Mut istangeboren, Erinnerungen an den Krieg1939-1945, Wien / Köln, Böhlau Verlag,2003, 312 p. (n° 7603)

Voici les mémoires que KarolinaLanckoronska, décédée récemment à l’âgede 104 ans, a écrit en 1945-1946 après salibération en Allemagne. En 1939, Lwówest occupée par l’armée rouge. Elle yenseigne l’histoire de l’Art à l’Universitéet voit ses collègues disparaître en trèspeu de temps. Après son expulsion deLwów, elle se retrouve à Cracovie où elleest confrontée pour la première fois auxnazis. Elle passe la fin de la guerre aucamp de concentration de Ravensbrück.Dans le livre, il n’est jamais expliqué pour-quoi elle a risqué sa vie pour tant de gens.En effet, il lui aurait été relativement faci-le de partir à l’étranger, car elle étaitmembre de la riche et influente familleLanckoronska, apparentée à la maisonroyale de Savoie. Mais comme elle l’écritdans le titre du livre : Le courage est denaissance. On a presque l’impression queson altruisme ne connaît pas de limites, elledéfend même la liberté de la Pologne lorsd’un interrogatoire contradictoire avec laGestapo. Malheureusement la traductionhésitante et l’héroïsme exagéré trouble leplaisir de la lecture.

LANGE Britta, Einen Krieg ausstellen, Die«Deutsche Kriegsausstellung» 1916 in Berlin,Berlin, Verbrecher Verlag, 2003, 117 p. (n°7584)

Ce livre traite de la manière de représen-ter les combats de l’armée allemande pen-dant la Première Guerre mondiale dansdes expositions de propagande enAllemagne et dans les livres et films deguerre. Il met en lumière les moyens uti-lisés pour sensibiliser la population civile

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à la vie des soldats sur le front et pour lesconvaincre de l’importance de soutenirla guerre. Cette étude analyse, d’une part,l’attitude des organisations diffusant dela propagande militaire comme leMinistère de la guerre, la Croix-Rougeallemande où les paroisses et, d’autre part,les expositions sur la guerre et la possibi-lité de visiter des tranchées à l’arrière dufront. L’ouvrage, écrit dans un style jour-nalistique et richement illustré, offre unebonne introduction à ce thème intéres-sant et toujours actuel.

LANZMANN Claude, Shoah, Grafenau,Trotzdem Verlag, 1999, 240 p. (n° 7751)

Le texte (y compris les sous-titres) dufilm Shoah, réalisé par Claude Lanzmann,est repris dans son intégralité dans cetouvrage. Ce monument d’une durée deneuf heures et demie n’est pas une étudescientifique du Judéocide, il n’approfon-dit d’ailleurs pas les aspects politiques desannées qui ont précédé la guerre et de laSeconde Guerre mondiale. Le réalisateura privilégié l’interview d’anciens SS, detémoins et surtout des survivants à l’ex-termination de six millions de juifs. ClaudeLanzmann a passé onze ans à rechercherdes gens à qui il pourrait poser des ques-tions et les confronter à cette mémoire, aurisque de faire ressurgir des émotionsdouloureuses longtemps enfouies. Le livreou, plus exactement le film, ne veut pasraconter le Judéocide de manière chro-nologique ou historique, mais commu-niquer les impressions qu’il a accumuléesavec les témoignages de ces gens, ce qui estbeaucoup plus fort.

LENGYEL Olga, Leven met de dood, Eenvrouw overleeft Birkenau, Laren, UitgeverijVerbum, 2005, 220 p. (nr. 8038)

Zie lectuurnota p. 183

POHL Dieter, Holocaust, Massale moord opde Europese joden, Laren, UitgeverijVerbum, 2005, 174 p. (nr. 8037)

Zie lectuurnota p. 183

PRESSMANN Elie, L’inconnue en rouge etnoir, Journal fragmentaire, Paris, Editions del’Amandier, 2003, 120 p. (n° 8065)

Voir note de lecture p. 182

RÖMER Gernot, «Wir haben uns gewehrt»,Wie Juden aus Schwaben gegen Hitlerkämpften und wie Christen Juden halfen,Augsburg, Presse-Druck- und Verlags-GmbH, 1995, 224 p. (n° 7674)

Le journaliste Gernot Römer étudie danscet ouvrage la résistance juive au régimenational-socialiste dans la région deSchwaben où est utilisé un dialecte duSud-Ouest de l’Allemagne. Selon l’au-teur, la résistance juive est parfois sous-esti-mée par la recherche historique. Pourcette raison, il a entamé une recherche surles résistants juifs et l’aide apportée pardes chrétiens allemands à cette résistance.Le livre est complété par une chronologieet un glossaire thématique.

ROTH Joseph, Symptômes viennois, Paris,Liana Lévi, 2004, 201 p. (n° 8008)

ROTH Joseph, Une heure avant la fin dumonde, Paris, Liana Lévi, 2003, 151 p. (n°8007)

Le célèbre écrivain autrichien, né à Vienneen 1894 et auteur notamment de LaMarche de Radetzky (1932), était égale-ment journaliste et a laissé de nombreuseschroniques parues dans divers journaux.Ses textes sont remarquables par leurstyle et leur humour ironique, voire sar-castique. Dans Symptômes viennois sontrassemblés une quarantaine d’articlespubliés surtout en 1919, puis jusqu’en1939, dans lesquels Roth rend comptedu délabrement, au sortir de la guerre,de la Vienne qu’il aime tant. Au moyen de

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scènes de la vie quotidienne et de por-traits de gens de la rue, en apparence ano-dins, il fait ressortir la tragédie desbouleversements dans la société autri-chienne de l’entre-deux-guerres. Rothétablit très tôt le diagnostic de l’apocalypsehitlérienne et donna l’alerte en vain. DansUne heure avant la fin du monde, il parle,dès 1924, après le procès de Hitler, d’uneAllemagne où s’agite une «danse desmorts». Il ose, malgré les risques, atta-quer les nazis, dénonçant leur recons-truction mythologique de la raceallemande, leur propagande et, à partirde 1933, les écrivains qui par le simplefait d’accepter d’être publiés dansl’Allemagne des autodafés, les soutien-nent. Devant la montée du nazisme, celui-ci se réfugia à Paris en 1933 où il mourutle 27 mai 1939, désespéré par l’Anschluss.

ROZWASKI Chaim Z., Würde undWiderstand, Reflexionen über die Shoah,Berlin, Philo Verlag, 2004, 122 p. (n° 7880)

L’auteur de ce livre voudrait attirer l’at-tention sur le fait que le Judéocide n’est pasn’importe quel événement dans l’histoire,mais qu’au contraire il est unique et leplus terrible et que, pour cette raison,chaque juif devrait avoir une relation par-ticulièrement émotionnelle avec lui. Il cri-tique certains détournements actuels duthème du Judéocide, comme les tenta-tives pour le commercialiser, le minimiserou l’évangéliser. Pour lui, il est honteuxque des hommes prétendent que leJudéocide ne concernait pas que les juifs,car les nazis n’avaient pas la politique offi-cielle de tuer d’autres peuples que les juifset les tsiganes. Cet ouvrage, rédigé demanière provocante et dont les exposés neseront peut-être pas faciles à comprendrepar tout le monde, mérite tout de mêmed’être lu afin de réfléchir à la question et dese faire une opinion.

SCHAPIRA Christiane, LELLA, DanielleCasanova, une vie, Paris, Editions del’Amandier, 2004, 87 p. (Collection«Théâtre») (n° 8066)

Voir note de lecture p. 182

SCHMUHL Hans-Walter (dir.),Rassenforschung an Kaiser-Wilhelm-Instituten vor und nach 1933, Göttingen,Wallstein Verlag, 2003, 357 p. (n° 7458)

Le concept de «race» se retrouve, déjàavant 1933, dans le vocabulaire des sciencesaux côtés de termes comme «psychia-trie», «biologie» ou «anthropologie». EnAllemagne les «Kaiser-Wilhelm-Institute»étaient les leaders dans la recherche surles races. A part quelques similitudes entreles diverses facultés, il n’y avait pas dedéfinition scientifique universellementreconnue de la notion de «race». Avant laprise de pouvoir des nazis, on n’a pasattaché beaucoup d’importance à ce sec-teur de la recherche, mais soudain les rap-ports et les idées furent intégrés danscertains domaines de la politique ou mêmeont déterminé ceux-ci. Cet ouvragecontient plusieurs essais qui tentent d’ana-lyser dans quelle mesure les «Kaiser-Wilhelm-Institute» ont influencé lapolitique raciale nazie et vice versa. Celivre s’adresse plutôt aux chercheurs etlecteurs déjà intéressés par ce thème, il neconvient donc pas pour l’initiation à cettematière.

SCHREIBER Jean-Philippe, VANDOORSLAER Rudi (dir.), Les curateurs dughetto, L’Association des Juifs en Belgiquesous l’occupation nazie, Bruxelles, EditionsLabor, 2004, 590 p. (Collection «la Noria»)(n° 8026)

L’Association des Juifs en Belgique, aussiconnue sous le nom de Conseil juif, aoccupé, pendant la guerre, une positionpeu enviable entre la population juive etl’occupant nazi. Celui-ci avait appelé à la

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création de cette association pour pou-voir mener sa politique anti-juive avecl’aide des représentants de la populationjuive que celle-ci avait désignés. Lesnotables juifs ne se rendirent pas compte,au départ, du piège - ils donnèrent en faitla preuve de leur incapacité totale à voirclair dans la politique anti-juive - maisacceptèrent cette mission parce qu’ils pen-saient pouvoir préserver les intérêts juifset éviter le pire. Ce qui semblait, au départ,être une politique du moindre mal, pren-dra à partir de 1942 un tour quelque peusinistre lorsque les déportations débutèrentréellement. Cet ouvrage collectif très inté-ressant sur l’Association des Juifs enBelgique a été publié sous la direction deRudi Van Doorslaer et Jean-PhilippeSchreiber. Plusieurs spécialistes, commeThierry Rosenblum et LaurenceSchramm, y ont apporté leur contribution.Dans leurs conclusions, les auteurs plai-dent cependant en faveur d’un jugementnuancé sur la conduite des notables juifs.Ils y soulignent aussi que l’on doit tenircompte du fait qu’ils n’étaient pasconscients de l’ampleur et de la significa-tion véritable de la Solution finale.

SZAFRAN A. Willy, NYSENHOLCAdolphe (dir.), Freud à l’aube du XXIe

siècle, Paris, Editions L’Esprit du Temps,2004, 234 p. (Collection «Perspectives psy-chanalytiques») (n° 8069)

Publié par les Editions l’Esprit du Temps,ce remarquable ouvrage dirigé par les pro-fesseurs Szafran et Nysenholc aborde lesquestions que posent les conceptions freu-diennes près d’un siècle après leur énon-cé. La psychanalyse peut-elle apporterdes réponses pertinentes aux problèmes desociété du XXIe siècle ? Les concepts freu-diens sont-ils toujours opérationnels ?Qu’aurait dit Freud de la Shoah, com-ment l’aurait-il analysée ? Aurait-il dûinventer de nouveaux concepts pour res-

ter cohérent avec ses théories ? Le fil rougede cette réflexion est un questionnementqui pose, à la limite, l’interrogation «horsFreud, point de salut ?», car certains,aujourd’hui, estiment devoir actualiserd’une certaine manière les concepts freu-diens, voire la praxis psychanalytique.

TALER Conrad, Asche auf vereisten Wegen,Eine Chronik des Grauens - Berichte vomAuschwitz-Prozess, Köln, PapyRossa Verlag,2003, 154 p. (n° 7578)

Ce livre se penche sur le procès le plusterrible du vingtième siècle : le procèsd’Auschwitz. Celui-ci s’est déroulé entre1963 et 1965 et a été caractérisé par l’hy-pocrisie et les dénégations. L’auteur,Conrad Taler, travaillait alors comme cor-respondant pour le journal de la com-munauté juive de Vienne. Lors du procès,il a pris des notes minutieuses sur l’affai-re et les publie aujourd’hui sous formede livre. L’auteur y intègre ses commen-taires, considérant qu’il n’est possible derester neutre dans un tel contexte. Grâceà ses écrits, nous disposons désormaisd’un aperçu intéressant sur le fameux pro-cès d’Auschwitz.

THIERCELIN Jean-Pierre, De l’enfer àla lune, Paris, Editions de l’Amandier, 2005,114 p. (Collection «Théâtre») (n° 8064)

Voir note de lecture p. 182

VAN DEN WIJNGAERT Mark, DEWEVER Bruno, MAERTEN Fabrice,LUYTEN Dirk, NEFORS Patrick, VAN-DEWEYER Luc, BEYEN Marnix, Belgiëtijdens de tweede wereldoorlog, Antwerpen,Standaard Uitgeverij, 2004, 317 p. (nr. 8029)

De 60e verjaardag van de bevrijding vanBelgië heeft ongetwijfeld zijn weerslaggehad op de boekenmarkt. Eén van deopvallende nieuwigheden is het onder lei-ding van Mark Van den Wijngaert uitge-geven België tijdens de TweedeWereldoorlog. De verschillende bijdra-

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gen in dit boek, allen geschreven dooreminente specialisten, geven een vrijomvattend beeld van de Belgische geschie-denis tijdens de Tweede Wereldoorlog.In negen overzichtelijke hoofdstukkenworden een aantal essentiële thema’s uit-gewerkt: de militaire dimensie van mei1940 (Luc Vandeweyer), de bestuurspo-litiek (Mark Van den Wijngaert), het soci-aal-economische leven (Dirk Luyten), hetcultuurleven (Marnix Beyen), de katho-lieke kerk (Fabrice Maerten), de Duitserepressie en de deportatiepolitiek (MarkVan den Wijngaert), de collaboratie (BrunoDe Wever), het verzet (Fabrice Maerten),en de bevrijding van september 1944(Patrick Nefors). De meeste bijdragenzijn vlot geschreven en brengen de nieuw-ste onderzoeksresultaten samen in eensynthetisch geheel. Het boek heeft alles inzich om te fungeren als referentiewerk.

VANDER VELPEN Jos, Breendonk,Chronique d’un camp (1940-1944),Bruxelles, Editions Aden, 2004, 246 p.(Collection «EPO») (n° 8019)

Voir note de lecture p. 181

VAN DOORSLAER Rudi, SCHREIBERJean- Philippe (dir.), De curatoren van hetgetto, De Vereniging van de joden in Belgiëtijdens de nazi- bezetting, Tielt, UitgeverijLannoo, 2004, 411 p. (nr. 8024)

De Vereniging van de joden in België,ook wel Joodse raad genoemd, nam tij-dens de oorlogsjaren een weinig benij-denswaardige positie tussen de joodsebevolking en de nazi-bezetter. Deze haddeze vereniging in het leven geroepen omzijn anti-joodse politiek te kunnen door-voeren met de hulp van de door haar aan-gestelde vertegenwoordigers van de joodsebevolking. De joodse notabelen warenzich aanvankelijk van geen kwaad bewust- gaven in feite blijk van een onstellendonvermogen om klaar te zien in de anti-joodse politiek - maar aanvaardden deze

opdracht omdat zij meenden de joodsebelangen te kunnen vrijwaren om erger tevoorkomen. Wat aanvankelijk leek opeen politiek van het minste kwaad zouvanaf 1942 een enigszins sinister karakterkrijgen toen de deportaties effectief vanstart gingen. Over deze Vereniging vande joden in België werd onder de leidingvan Rudi Van Doorslaer en Jean-PhilippeSchreiber een interessant verzamelwerkgepubliceerd. Verschillende specialisten,zoals Thierry Rosenblum en LaurenceSchramm, hebben er hun medewerkingaan verleend. In hun conclusies pleitende auteurs er evenwel voor om te komentot een genuanceerd oordeel over hetoptreden van de joodse notabelen. Zijwijzen er ook op dat er moet rekeningmee gehouden worden dat zij zich nietbewust waren van de ware omvang enbetekenis van de Endlösung.

VAN MAARSEN Jacqueline, Ich heißeAnne, sagte sie, Anne Frank, Frankfurt amMain, S. Fischer Verlag, 2004, 220 p. (n°7878)

Jacqueline van Maarsen, la meilleure amiede Anne Frank dont le journal intime a étévendu à plus de 25 millions d’exemplaires,a rédigé un petit ouvrage sur son amitiéavec Anne. Fille d’un juif néerlandais etd’une catholique française, Jacqueline agrandi à Amsterdam et a fréquenté unlycée juif où elle a rencontré Anne quiest devenue sa meilleure amie. Etiquetée«demi-juive» dès l’occupation alleman-de des Pays-Bas en 1940, Jacqueline et safamille risquent la déportation, mais samère réussit à faire effacer leur nom de laliste des personnes d’origine juive et ainsià empêcher toute persécution contre safamille. En 1942, quand la famille Frankannonce qu’elle se réfugie en Suisse, ellecontinue en fait à vivre dans le grenierd’un bureau et Jacqueline perd alors lecontact avec Anne. C’est seulement après

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la guerre qu’elle arrive à reprendre contactavec Otto Frank, le père d’Anne, qui luiremet les lettres d’adieu qu’Anne avaitécrites à sa meilleure amie. Ce livre, destinéd’abord aux jeunes, fait œuvre de mémoi-re à travers un exemple de la tragédiehumaine produite par les crimes et géno-cides nazis.

WEBER Thomas, Erziehung und Schuleim Nationalsozialismus, Pädagogik auf demPrüfstand, Marburg, Tectum Verlag, 2002, 1cédérom (n° 7896)

Cet ouvrage, publié sous forme d’un cédé-rom par la maison d’édition Tectum, sepenche sur l’éducation en Allemagne pen-dant le IIIe Reich. Dans une premièrepartie, l’auteur analyse les différents cou-rants de la pédagogie et ses principalespersonnalités jusqu’en 1933. Au-delà decette histoire générale de la pédagogie,Weber montre l’évolution qui a eu lieuen Allemagne en prenant l’exemple del’école Odenwald, une école appliquantune pédagogie progressiste, qui a été fer-mée au moment de l’ascension des nazis aupouvoir. Après 1933, l’éducation enAllemagne s’est adaptée aux besoins deHitler, qui souhaitait une jeunesse obéis-sante et forte pour réaliser son projetd’Allemagne puissante.

WOUTERS Nico, Oorlogsburgemeesters40/44, Lokaal bestuur en collaboratie inBelgië, Tielt, Uitgeverij Lannoo, 2004, 750 p.(nr. 8023)

Als intermediaire beleidsstructuren tussende Duitse bezettende overheid en debevolking nam het niveau van de lokalebesturen een cruciale plaats in de bezet-tingspolitiek van de bezetter in. Tegelijkvormde dit bestuursniveau één van degepriviligeerde terreinen waarop de poli-tiek van de collaboratiepartijen zichmanifesteerde en de strijd om de burge-meesterpost gevoerd werd. Het hoeftdan ook geen verwondering te wekken dat

de politiek van de oorlogsburgemeestersin meer dan één opzicht omstreden was.Nico Wouters heeft in zijn uitvoerig gedo-cumenteerde studie een heldere analysegebracht van de politiek van de oorlogs-burgemeesters, van de wijze waarop zijaan de macht gekomen zijn en de wijzewaarop zij na de oorlog berecht geweestzijn. Doorheen zijn werk worden eenaantal mythes ontkracht : zo bijvoorbeeldde mythe van het «goede bestuur». Deoorlogsburgemeesters stonden praktischmachteloos tegenover de concrete pro-blemen van voedselbevoorrading en werk-gelegenheid en voerden in de praktijkvooral een beleid gericht op controle enrepressie.

ZUCKERMANN Moshe, ZweierleiIsrael ?, Auskünfte eines marxistischen Judenan Thomas Ebermann, Hermann L.Gremliza und Volker Weiß, Hamburg,Konkret Verlag, 2003, 139 p. (n° 7628)

Cette documentation est le fruitd’échanges entre, d’une part, ThomasEbermann, Hermann L. Gremliza etVolker Weiß, journalistes de Konkret,magazine de gauche allemand et MosheZuckermann, directeur de l’institut d’his-toire allemande à l’université de Tel Aviv,d’autre part. Celui-ci est né en 1949 à TelAviv où il a grandi. Très jeune, il parts’installer à Francfort, mais dès 1970 ildécide de revenir en Israël. Sur ce choix, ila dit que c’était la décision adulte d’unjeune sioniste de gauche. Depuis, il s’estdistancé du sionisme. Très critique vis à visde la politique et de la société israélienne,il est considéré par les détracteurs d’Israëlcomme un antisioniste, mais il se définitlui-même comme non-sioniste. Les par-ticipants à ces échanges, d’un côté desAllemands de gauche et de l’autre unIsraélien de gauche, ont suivi la maxime deKarl Liebknecht selon laquelle l’ennemi setrouve dans son propre pays. C’est pour-

N° 86 - JANVIER-MARS 2005 - NR 86 - JANURARI-MAART 2005

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quoi Ebermann, Gremliza et Weiß ontessayé de convaincre Zuckermann que lasociété et la politique allemande ne cor-respondent pas à son image officielle etZuckermann a tenté de corriger l’imaged’Israël qu’avaient les trois Allemands.Avec ce livre, on peut donc en apprendrebeaucoup sur les différents discours tenus

dans la société israélienne et allemande,particulièrement à gauche. Les quatreauteurs permettent de regarder de prèsl’état de ces deux sociétés. Ils mention-nent nombre de faits peu connus, maisqui aident à regarder le conflit israélo-palestinien avec plus de nuances, ce qui estpeut-être le plus grand mérite du livre.

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