Promouvoir la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales: Le rôle des CES et institutions similaires de dialogue social

Rapport de la Conférence internationale convoquée par l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS) et le Conseil économique et social des Pays-Bas (SER)

La Haye, Pays-Bas,29 et 30 octobre 2015

Tables des matières

1. Introduction.............................................................................................................................1

1.1. Définition de la mise en conformité des lieux de travail.........................................1

2. Mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales...................................................................................................3

2.1. Qui est responsable de la mise en conformité des lieux de travail?.......................3

2.2. Obligation de protéger incombant à l’Etat et responsabilité incombant aux entreprises de respecter les droits de l’homme..................................................................4

2.3. Initiatives de vérification privées (PCI)...................................................................62.3.1 Définition...................................................................................................................................6

2.3.2 Types de PCI.............................................................................................................................7

2.3.3 Portée des PCI...........................................................................................................................8

2.3.4 Effets des PCI............................................................................................................................9

2.4. Exemples de bonnes pratiques..................................................................................9

2.5. Le rôle des différents acteurs..................................................................................102.5.1 Exemples d’organisations internationales encourageant la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d’approvisionnement..................................................................................12

3. Le rôle des CES-IS dans la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales....................................................................................14

3.1. Importance du dialogue social tripartite à l’échelle nationale dans les efforts visant à promouvoir la mise en conformité des lieux de travail.....................................14

3.2. Actions des CES-IS en faveur de la mise en conformité des lieux de travail.....16

3.3. Domaines pour lesquels les CES-IS sont consultés...............................................18

3.4. Activités mises en œuvre en faveur de la mise en conformité des lieux de travail20

3.4.1 Comités spéciaux pour la mise en conformité des lieux de travail ou sujets connexes..........20

3.4.2 Activités pour faciliter la mise en œuvre des politiques relatives à la mise en conformité des lieux de travail..................................................................................................................................20

3.4.3 Initiatives clés entreprises pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail........24

3.4.4 Attention portée à l’égalité entre hommes et femmes.............................................................25

3.4.5 Politiques et lignes directrices débattues.................................................................................26

3.4.6 Rôle des CES-IS dans la promotion de la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d’approvisionnement mondiales..........................................................................................28

3.4.7 Collaboration entre les CES-IS et les entreprises multinationales dans la promotion de la RSE 31

4. Mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales: enjeux et possibilités............................................................33

4.1. Enjeux.......................................................................................................................33

i

4.1.1 Manque de volonté politique pour instaurer une culture nationale de santé et de sécurité préventives........................................................................................................................................34

4.1.2 Pressions en vue d’attirer les investisseurs et conviction que la mise en conformité des lieux de travail nuit aux investissements...................................................................................................34

4.1.3 Contraction des dépenses publiques et ralentissement économique.......................................35

4.1.4 Pays où l’économie informelle est très répandue et l’emploi informel important..................35

4.1.5 Coopération insuffisante entre les travailleurs et la direction sur le lieu de travail.................36

4.1.6 Législation inadaptée ou obsolète............................................................................................37

4.1.7 Besoin urgent d'identifier les dangers et d'évaluer les risques professionnels........................37

4.1.8 Manque de ressources des services d'inspection du travail.....................................................37

4.1.9.Fragmentation et manque de coordination institutionnelle entre les services d'inspection et les autres instances publiques chargées d'appliquer la loi......................................................................38

4.1.10 Manque de collaboration entre les responsables des services d'inspection du travail et les organisations d'employeurs ou de travailleurs..................................................................................38

4.1.11 Autres enjeux.....................................................................................................................39

4.2. Possibilités.................................................................................................................394.2.1 Bonnes pratiques nationales....................................................................................................39

4.2.2 Bonnes pratiques internationales.............................................................................................42

4.2.3 Rôle de l’OIT et de l’AICESIS................................................................................................44

5. Conclusions et recommandations........................................................................................49

ANNEXE I. Déclaration de La Haye.....................................................................................55

ANNEXE II. Programme de la conférence.........................................................................59

ANNEXE III. Liste des participants à la conférence de La Haye.....................................64

ii

Liste des sigles et abréviations

ACI Domaines de première importance (Areas of critical importance)

AICESIS Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires

BAD Banque asiatique de développement

BSCI Initiative de mise en conformité sociale des entreprises (Business Social Compliance Initiative)

CE Commission européenne

CES-IS Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires

EICC Coalition pour la citoyenneté de l'industrie électronique (Electronics Industry Citizenship Coalition)

EITI Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Extractives Industry Transparency Initiative)

ETI Initiative pour un commerce éthique (Ethical Trading Initiative)

FMI Fonds monétaire international

OCDE Organisation de coopération et de développement économiques

PCI Initiatives de vérification privées (Private Compliance Initiatives)

PME Petites et moyennes entreprises

PPTD Programmes par pays de promotion du travail décent

SEDEX Echange de données à caractère éthique sur les fournisseurs (Supplier Ethical Data Exchange)

SFI Société financière internationale

SST Santé et sécurité au travail

RSE Responsabilité sociale des entreprises

RSIE Responsabilité sociale internationale des entreprises

UNGP Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme (UN Guiding Principles on Business and Human Rights)

ZES Zones économiques spéciales

ZFE Zone franche d'exportation

iii

1. Introduction

La Conférence internationale organisée conjointement par l'AICESIS (Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires), l'OIT (Organisation internationale du Travail) et le SER (Conseil économique et social des Pays-Bas) s’est déroulée à La Haye les 29 et 30 octobre 2015. Elle a réuni les Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires (CES-IS) et a été l’occasion de discuter de la promotion de la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, des défis et des possibilités, et du rôle des parties prenantes concernées dans ce domaine.

Les changements des marchés du travail résultant de la mondialisation, de l’évolution des technologies de l'information et de la communication, et de la flexibilité des pratiques du travail affectent de plus en plus la mise en conformité des lieux de travail. Cette question doit être traitée à l’échelle nationale, ainsi que par un large éventail de parties prenantes internationales, y compris les multinationales, les institutions de mise en conformité privées et les organisations gouvernementales internationales. Ces parties prenantes, et d’autres, trouvent des moyens de promouvoir et de renforcer la mise en conformité dans les pays d'approvisionnement et de production et, à cet égard, les CES-IS (un groupe diversifié d'institutions opérant dans de nombreuses régions du monde) sont les mieux placés pour trouver un terrain d'entente et échanger les bonnes pratiques, notamment grâce à l’appui des organisations internationales compétentes. Dans ce contexte, les participants à la Conférence internationale AICESIS-OIT-SER ont adopté un document clé, à savoir la Déclaration de La Haye sur la promotion de la mise en conformité des lieux de travail par les Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires (voir Annexe I).

Une enquête portant sur les CES-IS a été réalisée à l’échelle mondiale en vue d’analyser leurs rôles et les défis auxquels ils sont confrontés dans leurs travaux de promotion de la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Cette enquête a également fourni de nombreux exemples d’initiatives très diverses que ces institutions entreprennent pour promouvoir la mise en conformité des lieux travail dans le monde entier. Le présent rapport donne un aperçu des réponses à l'enquête et des informations pertinentes présentées à la conférence dans le but de donner les moyens aux CES-IS de relever les défis auxquels ils sont confrontés. Dans ce rapport sont également suggérés les domaines dans lesquels l'OIT et l'AICESIS pourraient s’engager davantage.

Le renforcement de la mise en conformité des lieux de travail par l’intermédiaire de l’inspection du travail est un des huit domaines de première importance figurant dans les Propositions de programme et de budget pour 2014-15 présentées par le Directeur général de l’OIT. Il s’agit également d’un des dix résultats à atteindre figurant dans les Propositions de programme et de budget pour 2016-17. La mise en conformité des lieux de travail est aussi étroitement liée au thème de la Conférence internationale du Travail de 2016, à savoir «le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales».

1

1.1. Définition de la mise en conformité des lieux de travail

Les CES-IS définissent la mise en conformité des lieux de travail comme «le respect des normes internationales et des principes et droits fondamentaux de travail, l’application des législations nationales, la création d’un environnement et d’une culture du respect des lois et des normes internationales pour prévenir la violation des lois du travail à travers de nombreux mécanismes, notamment les campagnes et la promotion de la responsabilité sociale des entreprises».1

Le champ d’application de ces règlementations et de ces normes est large et concerne notamment la santé et sécurité au travail (SST), les salaires, le temps de travail (y compris les heures supplémentaires), la discrimination et le harcèlement, la protection de la maternité, les contrats de travail et les congés payés, et la définition du travail décent.

1 La Déclaration de La Haye sur la promotion de la mise en conformité des lieux de travail par les Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires, 29 et 30 octobre, La Haye.

2

Encadré 1.1: mise en conformité avec quoi?

Mise en conformité

des lieux de travail

Normes internationales (notamment les Conventions de

l'OIT)

Relations industrielles/ convetions collectives

Législation nationale

Codes des entreprises/secteurs

La mise en conformité des lieux de travail est le résultat concret que les travailleurs, les employeurs et les gouvernements cherchent à atteindre ensemble pour améliorer les conditions de travail, la productivité, la compétitivité et le développement social à travers un ensemble de stratégies, d’actions et de politiques, prenant en compte les différents niveaux de développement de tous les pays.2

Dans la Déclaration de la Haye, les CES-IS soulignent qu’ils doivent sérieusement prendre en considération la promotion de la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, dans leurs programmes de travail, dans les processus de consultation et plaider pour que ce thème devienne une priorité dans les programmes nationaux de développement. 3

Encadré 1.2: définition des conseils économiques et sociaux

Les conseils économiques et sociaux favorisent la participation démocratique des partenaires sociaux et d'autres groupes de la société civile à la gouvernance des affaires publiques. Ces conseils et autres institutions cherchant à promouvoir le dialogue social tripartite à l’échelle nationale ont été établis dans près de 80 pour cent des Etats Membres de l'OIT. Quand elles sont efficaces, ces institutions permettent aux partenaires tripartites d’adopter des plans d’action de haut niveau pour relever les défis économiques et sociaux, assurant ainsi un certain degré de coordination et de solidarité qu’il est difficile d’atteindre à des niveaux inférieurs de prise de décision.

2. Mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales

2.1. Qui est responsable de la mise en conformité des lieux de travail?

Les organisations internationales, y compris l’OIT, considèrent généralement que les autorités publiques endossent la principale responsabilité en matière de mise en conformité et d'application des normes relatives au lieu de travail. De plus, le droit international stipule que les Etats doivent protéger les droits de l’homme de toute violation commise par un acteur non étatique, notamment une entreprise, à l’encontre d’une personne sur son territoire ou dans sa juridiction.4 Dans bien des Etats, l’inspection du travail est l’entité responsable de l’application du droit du travail, de la promotion de la mise en conformité conformément à ce droit, et de la sensibilisation dans ce domaine.

2 Idem.

3 Idem.

4 Protéger, respecter, et réparer: cadre pour les entreprises et les droits de l’homme, Conseil des droits de l’homme, 2008.

3

Encadré 2.1: comment assurer la mise en conformité des lieux de travail?

Il relève de la responsabilité des employeurs, qu'il s'agisse de PME (petites et moyennes entreprises) ou d'entreprises multinationales, de s'assurer de leur conformité aux droits et réglementations nationales applicables dans les pays où ils opèrent. Ils doivent aussi parfois respecter des obligations qu'ils ont acceptées par contrat avec leurs partenaires commerciaux, et doivent par exemple se comporter conformément à un certain code de conduite imposé par ces derniers. La responsabilité de respecter les droits de l’homme exige des entreprises, y compris des entreprises multinationales, qu’elles évitent d’avoir des incidences négatives sur les droits de l’homme ou d’y contribuer par leurs propres activités, et qu’elles s’efforcent de prévenir ou d’atténuer les incidences négatives sur les droits de l’homme qui sont directement liées à leurs activités, produits ou services par leurs relations commerciales.5 Pour s’acquitter de cette responsabilité, les entreprises peuvent participer à des initiatives de vérification privées (private compliance initiatives – PCI)

Pour l'OIT, les PCI sont des mécanismes privés et volontaires de suivi de la conformité aux normes publiques (droits et réglementations) ou privées (codes de conduite, etc.) en place. Il en existe plusieurs sortes, notamment l'autoévaluation (systèmes de gestion), les audits (internes et externes), les certifications et attributions de labels, et les rapports publics.6 Elles seront examinées dans le chapitre 3.

De plus, il est prévu que le dialogue social joue un rôle important. Un dialogue constructif et efficace sur les lieux de travail et dans les entreprises, et des relations industrielles positives à l’échelle nationale et sectorielle peuvent avoir une incidence significative sur les activités de mise en conformité des lieux de travail. A l’échelle de l’entreprise, un dialogue constructif peut permettre d’identifier les questions prioritaires, de prévenir les conflits et d'améliorer la mise en conformité, tandis qu’à l’échelle nationale, la collaboration entre les partenaires sociaux est une condition essentielle pour établir des cadres politiques et des activités en faveur de la mise en conformité et

5 Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, Principe 13, et tel que dans les Principes directeurs de l'OCDE à l’intention des entreprises multinationales.

6 Inspection du travail et initiatives de vérification privées: tendances et enjeux, OIT 2013. Disponible à l’adresse suivante: http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---lab_admin/documents/meetingdocument/wcms_230806.pdf [consulté le 17 février 2016].

Mise en conformité des lieux de 

travail

Promotion/sensibilisation

Système judiciaire/tribunaux

Initiatives de mise en conformité 

privées

Inspection du travail

Dialogue social national/international et sur les lieux de 

travail

4

sensibiliser les parties concernées à son importance. Les lois et la règlementation adoptées par consensus tripartite seront plus probablement mises en œuvre à l’échelle des lieux de travail. A l’échelle sectorielle, les efforts en vue de promouvoir la mise en conformité doivent être adaptés en fonction des défis que rencontrent certains secteurs, et tenir compte des suggestions des organisations de travailleurs et d'employeurs.

2.2. Obligation de protéger incombant à l’Etat et responsabilité incombant aux entreprises de respecter les droits de l’homme

Toute personne morale juridiquement distincte est soumise aux lois des pays où elle est présente et exerce des activités. Or, les Etats, notamment certains pays en développement, peuvent être dépourvus des moyens institutionnels de faire appliquer leurs lois et règlements à l’égard des sociétés transnationales présentes sur leur territoire, même lorsqu’ils en ont la volonté; ils peuvent aussi être dissuadés de le faire par la nécessité de rester attractifs pour les investissements internationaux. Les Etats d’origine des sociétés transnationales peuvent se montrer réticents à légiférer contre les abus commis à l’étranger par ces sociétés en raison du flou qui subsiste encore sur la portée extraterritoriale que peut avoir une réglementation nationale, ou par crainte que ces sociétés perdent des débouchés d’investissement ou décident d’installer leur siège social ailleurs. Pour attirer des investissements et promouvoir les exportations, des gouvernements peuvent exempter des entreprises nationales de certaines obligations légales et réglementaires ou s’abstenir d’emblée d’adopter certaines normes.7 Cela a donné lieu à des lacunes en matière de gouvernance dans les efforts qui sont fournis pour garantir la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d'approvisionnement mondiales.

Pour combler ces lacunes, les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme ont été unanimement approuvés par le Conseil des droits de l'homme en 2011. Les principes sont fondés sur le cadre de référence «protéger, respecter et réparer» pour les entreprises et les droits de l’homme. Ce cadre est constitué des trois principes fondamentaux suivants.8

7 Cadre de référence des Nations Unies «protéger, respecter et remédier» pour les entreprises et les droits de l’homme, Conseil des droits de l’homme, 2008.

8 Idem.

5

Encadré 2.2: Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme

Les Etats ont l’obligation de protéger lorsque des tiers, y compris des entreprises, portent atteinte aux droits de l’homme et au droit du travail. Cela exige l’adoption de politiques et de règles appropriées et d’avoir recours à des mécanismes d’arbitrage adaptés. Les entreprises, indépendamment de leur taille ou de leur localisation, ont la responsabilité de respecter les droits de l’homme, y compris le droit du travail. Cela signifie qu’elles devraient éviter de porter atteinte aux droits d’autrui. Cette responsabilité appliquée aux entreprises implique l’obligation d’établir une procédure de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme pour identifier leurs incidences effectives ou potentielles sur les droits de l’homme, prévenir ces incidences et en atténuer les effets, et rendre compte de la manière dont elles y remédient. Cette procédure devrait permettre de remédier aux incidences négatives sur les droits de l’homme que les entreprises peuvent avoir ou auxquelles elles contribuent soit par le biais de leurs propres activités, produits ou services ou du fait de leurs relations commerciales (notamment de leur participation aux chaînes d’approvisionnement mondiales).9 Le troisième principe de ce cadre est la garantie que les victimes peuvent accéder à des recours judiciaires et non judiciaires et à des mécanismes de règlement des litiges adaptés.

Les entreprises sont tenues de respecter la législation, même si elle n’est pas correctement appliquée, et de respecter les principes établis par les instruments internationaux en vigueur dans ce domaine en l’absence de législation nationale.10

La société civile et les médias tiennent de plus en plus les entreprises et les employeurs responsables des atteintes aux droits de l'homme dans le monde entier, y compris au droit du travail, dans les chaînes d'approvisionnement. Les organisations intergouvernementales ont adopté des instruments, notamment les Principes directeurs de l'OCDE à l’intention des entreprises multinationales. En outre, les organisations commerciales et les entreprises individuelles élaborent elles-mêmes des lignes directrices et prennent des engagements. En effet, bien des choses ont changé depuis 1977, lorsque la Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale a été adoptée pour encourager les entreprises à contribuer de façon positive au

9 Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, et Principes directeurs de l'OCDE à l’intention des entreprises multinationales.

10 International Organisation of Employers, International Chamber of Commerce, Business and Industry Advisory Committee to OECD, Business and Human Rights: The Role of Government in Weak Governance Zones, para. 15, décembre 2006.

Victi

mes

Entr

epris

es

Etat

s

Obligation de protéger

Responsabilité de respecter

Accès à des voies de recours

6

développement socioéconomique et à prévenir et atténuer les incidences négatives de leurs activités.

2.3. Initiatives de vérification privées (PCI)

2.3.1 Définition

Du fait de leur obligation de respecter les droits de l’homme, les sociétés acceptent de plus en plus leur responsabilité de répondre aux exigences de mise en conformité, y compris dans leurs chaînes d’approvisionnement mondiales. Bon nombre d’entre elles ont mis en place des mécanismes de suivi volontaire pour favoriser la conformité de toutes les entités qui composent leur entreprise, mais aussi de leurs partenaires commerciaux, grâce à l’engagement de ces entreprises. Ces initiatives de vérification privées (PCI) existent dans toutes les régions du monde et dans de nombreux secteurs économiques. Elles ont d’abord été lancées dans des secteurs productifs à haute intensité de main-d’œuvre dans des pays, surtout en développement, qui ne disposaient pas de mécanisme efficace de conformité au droit du travail fournissant une assurance aux entreprises internationales qui tiennent à leur réputation. Au cours de la dernière décennie, les PCI résultant de la responsabilité sociale des entreprises ont élargi le champ de leurs activités et, avec plus ou moins de succès, les Etats ont pris des mesures pour renforcer leurs administrations et inspections du travail et compléter ces initiatives volontaires.11

L’objectif principal de ces initiatives est d’instaurer des normes qui serviront de repère aux entreprises pour évaluer leurs résultats. Ces normes s’inspirent souvent des normes établies dans la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail et exigent généralement que les entreprises et leurs fournisseurs respectent le droit national.

2.3.2 Types de PCI

Les PCI adoptent des méthodes de vérification de la conformité aux normes (voir exemples ci-dessous), comme les services publics d'inspection du travail avec lesquels elles ont de nombreux points en commun.12

L’autoévaluation (systèmes de gestion): pour renforcer les engagements qu’elles ont pris dans leurs politiques et activités, les entreprises mettent en place des systèmes de gestion et de contrôle pour veiller à ce que les entités commerciales atteignent leurs objectifs, notamment en matière de normes de mise en conformité des lieux de travail publiques ou privées (et nationales ou internationales). En tant qu’acheteur, une société peut exiger que ses fournisseurs réalisent une autoévaluation et donnent des garanties quant au respect des normes légales. Elle peut être réalisée par une seule entreprise individuelle, ou

11 Inspection du travail et initiatives de vérification privées: tendances et enjeux, OIT, 2013. Disponible à l’adresse suivante: http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---lab_admin/documents/meetingdocument/wcms_230806.pdf [consulté 21 février 2016].

12 Idem.

7

dans le cadre d’une initiative sectorielle correspondant à l’entité en question. La Coalition pour la citoyenneté de l'industrie électronique (Electronics Industry Citizenship Coalition), par exemple, exige que les fournisseurs réalisent des autoévaluations avant d’entreprendre la moindre activité.

L’audit (interne et externe): il s’agit d’un procédé de collecte, d’analyse et de communication des données relatives à des indicateurs de conformité aux normes identifiées. L’audit a pour but de déterminer le degré de conformité en fonction de données vérifiables. Les entreprises peuvent demander à leurs employés de réaliser eux-mêmes un audit interne et peuvent aussi recruter des personnes qui ne sont pas directement à leur service, ou une autre société, pour réaliser un audit externe. De plus, les acheteurs internationaux peuvent exiger que leurs fournisseurs se soumettent à un audit externe pour vérifier que les normes sont respectées.

La certification et l’étiquetage: la certification confirme que l’entreprise respecte des normes de référence. Si la certification est souvent le résultat d’un audit, la méthode utilisée pour confirmer le respect des normes n’est pas un aspect déterminant de la certification.13 Un exemple bien connu est la certification de commerce équitable, conforme aux conventions de l’OIT.

Autres méthodes: certaines initiatives de responsabilité sociale des entreprises (RSE) impliquent d’autres mécanismes de vérification de la mise en conformité. Ils sont souvent combinés aux autres méthodologies précédemment citées. Par exemple, l'Ethical Trading Initiative (initiative de commerce équitable au Royaume-Uni) encourage la mise en conformité et l’échange de bonnes pratiques chez ses membres, en menaçant notamment d’appliquer des mesures disciplinaires, de refuser les demandes d’adhésion, et d’exclure les membres de l’organisation en cas de non-respect de la mise en conformité.14

La diligence raisonnable et l’évaluation de l’impact: cette approche relativement nouvelle comprend une évaluation de l'impact sur les droits de l'homme, conformément aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme et les Principes directeurs de l'OCDE à l’intention des entreprises multinationales. La diligence raisonnable est, en fait, un système de gestion. A cet égard, les entreprises évaluent désormais comment leurs activités affectent les droits fondamentaux de leurs parties prenantes, y compris des travailleurs et de leurs organisations représentatives. Une évaluation doit être un processus de consultation qui implique toutes les parties prenantes. Nestlé, par exemple, a réalisé des évaluations de la conformité aux droits de l’homme dans plusieurs pays.15 La sensibilisation aux résultats de l’évaluation, le suivi de leur efficacité, et l’action en réponse à ces résultats constituent aussi des étapes essentielles du processus de diligence raisonnable.

L’élaboration de rapports: face à la pression croissante de la part des parties prenantes externes et afin de se conformer aux exigences gouvernementales en matière de rapports non financiers, de nombreuses entreprises effectuent désormais des évaluations de leur impact dans leurs rapports de performance.

13 Idem.

14 http://www.ethicaltrade.org/faqs [consulté le 21 février 2016].

15 http://www.nestle.com/csv/human-rights-compliance/human-rights

8

2.3.3 Portée des PCI

Les entreprises mettent sur pied des PCI en particulier là où sont identifiées des lacunes dans la mise en conformité des lieux de travail et un risque pour la réputation de l'entreprise.16 Ces PCI ciblent les problèmes de conformité d'entreprises, de secteurs ou de chaînes d’approvisionnement spécifiques; elles n'ont pas vocation à promouvoir la conformité du marché du travail en général.

En Europe et en Amérique du Nord, les PCI portant sur l’autoévaluation et les rapports publics sont plus prévalentes qu'ailleurs. Les entreprises ayant leur siège sur ces continents, et les gouvernements des pays concernés sont des moteurs importants d'initiatives RSE et des mécanismes de PCI connexes. En outre, la Commission européenne (CE) a pour politique de promouvoir la RSE dans ses politiques externes.17

En revanche, de nombreuses PCI ont été mises en œuvre dans des pays où les entreprises européennes et nord-américaines sous-traitent leurs activités.

2.3.4 Effets des PCI

Aucune évaluation approfondie des effets des PCI sur les conditions de travail n'a été réalisée à ce jour. Cependant, il existe suffisamment de preuves démontrant qu'elles ont eu des effets positifs, en particulier en ce qui concerne la santé et la sécurité, la réduction du temps de travail supplémentaire excessif et le paiement de salaires minimums. Ces effets semblent moindres pour ce qui est des questions de droit et d'équité, notamment de liberté d'association et d'égalité entre hommes et femmes. De plus, ce sont souvent les travailleurs titulaires d'un contrat permanent qui en profitent, plutôt que les travailleurs vulnérables en situation précaire (travailleurs temporaires, saisonniers et à domicile).18

Les raisons de ce succès mitigé:19

les rapports de pouvoir ne sont pas aussi simplistes que ce que suppose le modèle de conformité privé (l'acheteur n'est pas toujours en position de force pour pousser son fournisseur à progresser);

les causes profondes du problème ne peuvent pas toujours être décelées par le modèle de l'audit;

16 Centre du commerce international: Quand les normes privées fonctionnent-elles? (2012). Disponible à l’adresse suivante: http://www.intracen.org/uploadedFiles/intracenorg/Content/Policy_Makers/Articles/When%20do%20Private%20Standards%20Work%20-%20Part%20IV%20for%20web.pdf [consulté le 17 février 2016].

17 Par exemple, Directive 2014/95/UE en ce qui concerne la publication d'informations non financières et d'informations relatives à la diversité par certaines grandes entreprises et certains groupes. Disponible à l’adresse suivante: http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32014L0095 [consulté le 6 mars 2016].

18 Private sector voluntary initiatives on labour standards, Ergon Associates, 2013.

19 The Promise and Limits of Private Power: Promoting Labor Standards in a Global Economy, Richard M. Locke, 2013.

9

l'expertise requise pour identifier les problèmes véritables est souvent trop coûteuse;

les conditions de travail sont également affectées par d'autres facteurs, comme l'arrivée tardive d'informations et de matériaux essentiels, des commandes retardées par les acheteurs – autant de facteurs qui ne sont pas intégrés par le modèle de l'audit;

le manque de transparence et de coopération des dirigeants des usines;

les études démontrent que les entreprises ne se mettent pas en conformité parce qu'on les y oblige, mais parce qu'elles sont assistées et formées en ce sens.

Ces enseignements sont certainement également valables pour les efforts publics.

2.4. Exemples de bonnes pratiques

Encadré 2.3: INDITEX et INDUSTRIALL

Inditex est l'un des plus grands groupes au monde de vente au détail dans le secteur de la mode avec huit marques et plus de 6 700 magasins dans 88 marchés. Bien qu'une forte proportion de la production ait lieu en Espagne, le groupe travaille également avec des fournisseurs situés en Asie, en Afrique et en Amérique. Près de 2 000 audits sont effectués chaque année pour vérifier le respect du code de conduite. Grâce à un accord-cadre mondial avec IndusriALL, l’association internationale des syndicats de l'industrie, l’objectif du groupe consiste à autonomiser les travailleurs et à les sensibiliser sur leurs droits.

Source: informations fournies à la conférence internationale AICESIS-ILO-SER, 29-30 octobre 2015

Encadré 2.4: accord sur la sécurité contre l’incendie dans le textile

Il s’agit d’un accord indépendant et juridiquement contraignant entre les distributeurs de vêtements, les marques et les syndicats. Il a été adopté en vue de promouvoir un environnement sécurisé et sain dans l’industrie du prêt-à-porter au Bangladesh. Cet accord prévoit des inspections indépendantes comprenant les commentaires des travailleurs, l’obligation de divulguer publiquement toutes les usines, l’élaboration de rapports d'inspection et la mise en place de mesures correctives. Il prévoit également que les marques signataires s’engagent à garantir la disponibilité de fonds pour la mise en œuvre de ces mesures correctives et à continuer de s’approvisionner au Bangladesh, à mettre en place des comités paritaires (travailleurs/direction) de santé et sécurité au travail dans toutes les usines, à donner plus de pouvoir aux travailleurs en leur proposant des formations, en mettant en place des mécanismes de dépôt de plainte et en respectant le droit de refuser un travail dangereux.

10

Source: informations fournies à la conférence internationale AICESIS-OIT-SER, 29-30 octobre 2015

2.5. Le rôle des différents acteurs

Tandis que les lacunes de gouvernance expliquent souvent le manque de conformité des lieux de travail, il convient de formuler des réponses efficaces pour réduire ces lacunes. Cependant, les actions individuelles menées par les Etats ou les entreprises peuvent être trop limitées. Aussi, il convient d'adopter des approches multidimensionnelles et coordonnées. Une coopération renforcée entre les différents acteurs devrait déboucher sur des améliorations progressives. La liste ci-dessous présente un aperçu des différents acteurs publics et privés, et du rôle qu'ils ont à jouer.

Les gouvernements nationaux fixent le droit et les réglementations nationales. Les syndicats nationaux sont la voix des travailleurs dans les consultations sur le

droit et les réglementations, et ils peuvent fournir un retour d’informations sur la bonne application des lois et réglementations, et informer les travailleurs de leurs droits. Enfin, ils peuvent aider leurs membres confrontés à une non-conformité de leur lieu de travail en leur apportant informations et aide juridique.

Les syndicats internationaux organisent des campagnes de sensibilisation et des sessions de formation pour leurs membres et les représentants de la société civile, agissent en tant qu’organisation de surveillance et principal interlocuteur dans le cadre du dialogue en matière de conformité mondiale avec les entreprises multinationales.

Les fédérations mondiales de syndicats (sectorielles) négocient des accords-cadres internationaux avec des entreprises multinationales, concluant souvent des

11

dispositions relatives à la mise en conformité des lieux de travail, notamment dans la chaîne d’approvisionnement des entreprises multinationales.

Les travailleurs sur le lieu de travail expriment leurs préoccupations, signalent toute non-conformité à la direction et aux services d'inspection du travail grâce aux mécanismes de dépôt de plainte.

Les organisations des employeurs sont la voix des entreprises privées dans les consultations sur les lois et réglementations, forment leurs membres sur l’importance de la conformité et sur les modalités d’évaluation.

Les employeurs et les directeurs respectent leurs obligations juridiques et les conventions collectives, codes de conduite, etc.

Les entreprises multinationales gèrent les chaînes d’approvisionnement mondiales. Elles exigent de plus en plus que leurs filiales et leurs bureaux, ainsi que leurs partenaires commerciaux respectent la législation nationale et les normes internationales du travail. Ces engagements et exigences sont souvent inscrits dans les codes de conduite des entreprises ou énoncés dans les conditions proposées aux fournisseurs.

Les CES réunissent les représentants des employeurs et des travailleurs, ainsi que les représentants de la société civile et du gouvernement en vue d’obtenir un consensus sur les questions de mise en conformité.

Les inspections nationales du travail organisent des activités de sensibilisation pour les acteurs concernés et adoptent des mesures de prévention et de répression pour promouvoir le respect de la mise en conformité des lieux de travail.20

Les organismes privés de normalisation comme l’Organisation internationale de normalisation (ISO) et ses organismes subsidiaires nationaux de normalisation.

Les organes industriels (simples et multiples) travaillent dans le cadre des PCI, et formulent et adoptent les normes. Ces organes travaillent rarement avec les autres acteurs dans ces processus de normalisation, mais cette collaboration tend à se développer, notamment avec: la BSCI (Initiative de mise en conformité sociale des entreprises – Business Social Compliance Initiative); et SEDEX (Echange de données à caractère éthique sur les fournisseurs – Supplier Ethical Data Exchange).21

Les auditeurs contrôlent la conformité aux normes établies.

Les partenaires commerciaux des entreprises (par exemple, les acheteurs) garantissent que les normes adoptées par les entités du secteur privé sont respectées tout au long de la chaîne d’approvisionnement, traitent les cas de non-conformité et veillent au respect des normes.

Les organisations de la société civile plaident en faveur de la mise en conformité à l’échelle mondiale. Elles jouent un rôle d’agence de surveillance.

Les groupes multipartites fixent et assurent le suivi de normes, ils se distinguent par le fait qu'ils intègrent un large éventail d'acteurs dans leurs activités, notamment des

20 What is labour inspection? OIT. Disponible à l’adresse suivante: http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/@ed_dialogue/@lab_admin/documents/instructionalmaterial/wcms_141403.pdf [consulté le 17 février 2016].

21 Inspection du travail et initiatives de vérification privées: tendances et enjeux, OIT 2013 http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---lab_admin/documents/meetingdocument/wcms_230806.pdf [consulté le 17 février 2016].

12

groupes de consommateurs, des organisations de travailleurs, des syndicats, des groupes de campagnes (par exemple, l'Initiative pour un commerce éthique, l'Association pour le travail équitable, la fondation Fairwear).

Les groupes régionaux harmonisent les systèmes d’administration du travail avec les modules de formation à l'inspection du travail, comme pour l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine)

Les organisations internationales encouragent l’intégration des normes et des PCI dans les activités des entreprises. Ces organisations comprennent les Nations Unies (notamment, le Pacte mondial des Nations Unies), l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et des institutions financières internationales.

L'OIT fixe les normes de mise en conformité des lieux de travail et fournit un appui technique pour l’application de ces normes.

2.5.1 Exemples d’organisations internationales encourageant la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d’approvisionnement

Encadré 2.5: Exemples d’organisations internationales engagées dans la promotion de bonnes pratiques

L’Organisation internationale du Travail

La croissance de la production et des chaînes d'approvisionnement mondiales est une tendance indéniable, et un sujet de plus en plus pertinent à mesure que nos sociétés avancent dans un monde caractérisé par la mondialisation et le changement technologique. Pourtant, le travail décent doit rester au cœur de ce changement, ainsi que le soulignent les Objectifs de développement durable récemment adoptés, qui appellent à la promotion d’«une croissance économique soutenue, inclusive et durable, [du] plein emploi productif et [du] travail décent pour tous». L’OIT fournit une assistance technique et des conseils stratégiques à ses mandants tripartites dans plusieurs domaines d'expertise technique et a identifié le renforcement de la mise en conformité des lieux de travail grâce à l'inspection du travail comme l'un des domaines de première importance de l’organisation. L’OIT considère également la mise en conformité des lieux de travail comme un outil de développement en ce qu'elle favorise des environnements de travail sécurisés, sains et productifs où les principes et droits fondamentaux du travail sont respectés. Cela représente un avantage pour les travailleurs, les employeurs et la société dans son ensemble.

L’OCDE

Les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales sont un instrument complet contenant des lignes directrices concernant la responsabilité sociale des entreprises adopté en 1976 et mis à jour en 2011. Ces principes couvrent tous les domaines en matière d’éthique commerciale et tous les secteurs de l'économie. Ils sont non contraignants pour les entreprises, mais il existe un élément contraignant pour les gouvernements participants, qui est appliqué par l’intermédiaire d'un mécanisme spécifique de mise en œuvre et de dépôt de plainte impliquant les points de contact nationaux. La diligence raisonnable fondée sur les risques est l'outil essentiel pour identifier, prévenir et atténuer les risques. Ces principes directeurs visent à fournir des orientations claires et concrètes aux entreprises pour que celles-ci évitent d’alimenter des conflits ou d’être complices de violations des droits de l'homme, de nuire à l'environnement ou de favoriser la corruption. Les Principes directeurs de l’OCDE renforcent les mécanismes de diligence raisonnable et visent à promouvoir le commerce responsable.

Le Groupe de la Banque mondiale

Le Groupe de la Banque mondiale vise, entre autres, à promouvoir les normes dans les chaînes de valeur mondiales et d'empêcher tout scénario de «nivellement par le bas» en atténuant les inquiétudes des pays se trouvant aux plus bas échelons des chaînes de valeur. Le Groupe de la Banque mondiale s’engage dans ce domaine depuis qu’il a apporté son soutien au Bangladesh en 1972. Ce pays joue un rôle clé sur le marché mondial du prêt-à-porter et la Banque mondiale a adopté une approche multidimensionnelle et participative dans le but de renforcer les normes dans l'industrie du vêtement.

Le Pacte mondial des Nations Unies

13

Les principes relatifs au travail du Pacte mondial sont tirés de la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail. Il y a, cependant, une différence importante entre les deux: alors que les principes relatifs au travail concernent directement les entreprises, la Déclaration de l'OIT fournit des lignes directrices pour les partenaires sociaux dans le monde entier. Le groupe de travail sur les droits de l'homme du Conseil du Pacte mondial fournit des indications sur les principes relatifs au travail, réunit les entreprises, la société civile, les syndicats, les universitaires et les agences des Nations Unies. Par l’intermédiaire du Groupe de travail, le Pacte mondial identifie et encourage les bonnes pratiques dans plusieurs domaines relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, et fournit des ressources (par exemple, des documents d'orientation), organise des webinaires et appuie les initiatives d'action collective. Il fournit également quelques conseils pour les entreprises grâce à l’initiative «Business Call to Action». Les réseaux locaux du Pacte mondial opèrent dans 80 pays. Ils collaborent souvent avec l'OIT et font partie intégrante des efforts entrepris pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail dans le monde entier. En outre, un forum des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l'homme a lieu chaque année. Son objectif est de renforcer la cohérence entre les différents acteurs travaillant dans ce domaine.

Source: informations obtenues à la conférence internationale AICESIS-OIT-SER, 29-30 octobre 2015

14

3. Le rôle des CES-IS dans la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales

Ce chapitre porte sur les fonctions actuelles et potentielles des CES-IS dans la promotion de la mise en conformité des lieux de travail à l’échelle nationale. Il traite également des nouveaux moyens de tirer parti des entreprises multinationales pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail et le travail décent pour tous, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Au total, 85 CES-IS ont été invités à répondre à un questionnaire et contribuer ainsi au document de travail qui servirait de base aux discussions de la Conférence internationale AICESIS-OIT-SER. Trente pays ont rempli le questionnaire, même si toutes les réponses n’étaient pas fondées sur un consensus tripartite.22 Le Brésil et le Liban ont indiqué qu’ils n’étaient pas en mesure de répondre du fait de leur situation politique nationale. La Belgique et le Luxembourg ont déclaré ne pas être en mesure de remplir le questionnaire puisque les sujets traités ne les concernaient pas à ce moment-là. Cela était peut-être le cas pour d’autres pays.

Tableau 3.1. Réponses par région

Région géographique

Nombre total de personnes interrogées

% des réponses totales reçues

Amériques 4 13

Europe et Asie centrale 11 37

Afrique 9 30

Etats arabes 1 3

Asie et Pacifique 5 17

Total 30 100

3.1. Importance du dialogue social tripartite à l’échelle nationale dans les efforts visant à promouvoir la mise en conformité des lieux de travail

Selon l'OIT, le dialogue social inclut tous les types de négociation, de consultation ou simplement d’échange d'informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, ou au sein de ces structures, sur des questions présentant un intérêt commun relatives à la politique sociale et économique.23 Le dialogue social peut s'avérer un instrument efficace de promotion de meilleures conditions de travail et il peut se dérouler au niveau de l'entreprise, ou au niveau sectoriel, national ou

22 La Colombie n’est pas parvenue à un consensus tripartite et a envoyé plusieurs versions du questionnaire. Ce rapport est fondé sur le questionnaire envoyé par le gouvernement colombien. La Mongolie a envoyé le questionnaire complété par l’organisation des employeurs.

23 «Dialogue social, A la recherche d’une voix commune», OIT. Disponible à l’adresse suivante  : http://www.ilo.org/public/french/dialogue/download/brochuref.pdf [consulté le 17 février 2016].

15

international. Le dialogue se déroulant au sein des CES-IS est un outil favorisant l’harmonie sociale nationale.

En 2012, près de 139 Etats membres de l'OIT comptaient un CES-IS, et plus de 95 pour cent d'entre eux avaient ratifié la convention (n° 144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail, 1976, de l'OIT.24 Depuis 2013, d'autres Etats ont entrepris la création d’un cadre de dialogue social tripartite national afin d'améliorer la gouvernance participative du marché du travail.

Le dialogue social tripartite national permet de réunir le gouvernement, les travailleurs et les employeurs, et de discuter de politiques publiques, de lois et d'autres décisions affectant les partenaires sociaux. Les consultations tripartites permettent d'améliorer la coopération entre les partenaires tripartites et d'atteindre un consensus sur les politiques nationales qui les concernent. Le dialogue social n'est pas un but en soi, mais un instrument et un processus essentiels dans la promotion et l'instauration du travail décent, le développement inclusif et la cohésion sociale, et il encourage la bonne gouvernance. 25

Il peut être appliqué de diverses façons pour des questions allant de la mise en conformité des lieux de travail au processus d’élaboration des normes du travail.

Les facteurs suivants ont une grande incidence sur l’efficacité du dialogue social tripartite national26:

des fondements démocratiques et la liberté d’association;

des organisations des représentants des travailleurs et des employeurs solides, officielles et indépendantes;

une volonté politique, un sens des responsabilités et l’engagement de toutes les parties en faveur du dialogue social;

un appui institutionnel adapté;

la pratique et l’expérience.

Pour les CES-IS, les éléments ci-après constituent des obstacles pouvant freiner le dialogue social.

24 Dialogue social: Discussion récurrente en vertu de la Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable, Rapport VI., 102e Conférence internationale du Travail, OIT, 2013.

25 Le dialogue social tripartite au niveau national. Guide de l’OIT pour une meilleure gouvernance, 2013.

26 Idem.

16

Figure 3.1. Autres demandes formulées pendant la conférence: 

Aucune réponse

Ne fait pas partie du mandat ou des compétences du CES-IS

Manque d'expertise ou de connaissances

Manque de financement

Manque de volonté politique ou d'intérêt des acteurs

Autre

0 2 4 6 8 10 12

3.2. Actions des CES-IS en faveur de la mise en conformité des lieux de travail

Près de 90 pour cent des CES-IS ont répondu que la promotion de la mise en conformité des lieux de travail faisait partie de leur mandat. Trois pays qui ne sont pas impliqués dans la promotion de la mise en conformité des lieux de travail ont indiqué que leur rôle se limitait à apporter des conseils sur la législation quand ceux-ci leur sont demandés (Israël, Maurice et Roumanie). Cependant, ces pays pensaient qu’il leur était possible d’émettre un avis sur les questions relatives aux conditions de travail et à la protection des travailleurs quand on leur demandait de le faire. Aussi, la distinction entre un rôle consultatif en matière de législation et de promotion de la mise en conformité des lieux de travail n'est pas toujours claire. Même s’il n’est pas clairement défini dans le programme politique des CES-IS, il est probable que, dans la pratique, ces derniers traitent les questions relatives à la mise en conformité des lieux de travail, notamment dans le cadre de consultations.

En 2015, le questionnaire a reçu un taux de réponse de 30 pour cent, soit un taux inférieur à celui de l’année précédente (entre 40 et 50 pour cent). Le thème de la mise en conformité des lieux de travail, en particulier dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, échappe peut-être aux domaines habituels de politique et de consultation de la plupart des CES-IS, ce qui pourrait expliquer ce faible taux de réponse par rapport aux années précédentes. La Conférence internationale AICESIS-OIT-SER qui s’est tenue en 2015 s’est efforcée, entre autres, d’étudier le lien entre le dialogue social tripartite national et la mise en conformité des lieux de travail, puis la façon de renforcer la capacité des CES-IS pour qu’ils soient à même de promouvoir la mise en conformité de manière efficace et ainsi promouvoir le développement.

Le rôle des CES-IS ayant répondu et la mesure dans laquelle ils sont impliqués dans la mise en conformité des lieux de travail varie fortement d'un pays à l'autre. Le mandat de la plupart des CES-IS semble principalement concerner un rôle consultatif dans la rédaction de la législation, le développement de politiques et le suivi de l’application de politiques et de la mise en œuvre des programmes.

17

Figure 3.2. Type de consultation

Rôle consultatif sur la rédaction de la législation et le développement de politiques et de régimes

Suivi des performances des politiques et programmes

Apport d'une orientation globale sur l'organisation et le fonctionnement de l'inspection du travail et autres instances d'application de la loi

Promotion de la mise en conformité volontaire des lieux de travail

Partage de bonnes pratiques

Autre

0 5 10 15 20 25 30

24

16

10

7

14

9

De nombreux CES-IS cherchent également à faciliter le dialogue entre les partenaires sociaux et les gouvernements (voir figure 3.3). Plus de 50 pour cent des CES-IS ont affirmé qu’ils peuvent jouer un rôle important en matière de sensibilisation. L’Espagne publie notamment des rapports sur les initiatives des CES-IS et les Pays-Bas organisent des ateliers de sensibilisation pour les acteurs concernés.

18

Figure 3.3. Rôles en matière de conformité et de coopération entre la direction et les travailleurs

Rôle consultatif dans la rédaction de la législation et le développement de politiques

Sensibilisation des organisations de travailleurs et d'employeurs par des campagnes et initiatives similaires

Facilitation du dialogue entre le gouvernement et les organisations de travailleurs et d'employeurs, en incluant si possible les entreprises multinationales

Autre

0 5 10 15 20 25 30

Les CES-IS ayant participé à l’enquête ont signalé l’existence d’autres rôles (voir tableau ci-dessous).

Tableau 3.2. Autres rôles des CES-IS

Médiation Sénégal Offre d'informations de qualité dans le domaine de la santé au travail Espagne Etude des actions exigées par la convention (n° 81) sur l'inspection du travail, 1947 ou

d'autres exigences de rapports de l'OITColombie

Appui technique à la préparation des programmes nationaux de promotion du travail décent de l'OIT

Guinée

Implication des services d'inspection du travail dans l'étude de la mise en œuvre du droit du travail

Algérie

Echanges et développement de propositions de solutions lorsque les sous-comités en ont besoin

Corée

3.3. Domaines pour lesquels les CES-IS sont consultés

Les salaires et leur paiement font partie des consultations de la plupart des CES-IS (figure 3.4). La Commission nationale sur les salaires et le travail de Colombie et le Conseil social du Monténégro, par exemple, débattent et définissent la revalorisation annuelle du salaire minimum. En Mongolie, la Fédération nationale des employeurs a indiqué souhaiter discuter de la question de salaire égal pour un travail égal et des écarts de salaires entre les employés locaux et étrangers. Les CES sont également souvent consultés sur les questions de santé et de sécurité au travail. La République de Corée a mis sur pied plusieurs groupes d'experts au sein de la Commission du développement économique et social, notamment un comité sur les réformes de la sécurité au travail dont l’objectif est d'améliorer le système de sécurité au travail du pays et de sensibiliser la

19

population sur l’importance de cette question. En Espagne, le CES analyse et publie chaque année la progression de la prévention des risques professionnels dans son rapport sur les statuts socioéconomiques et professionnels dans le pays.27

Figure 3.4. Domaines politiques impliquant des consultations

Aucune réponse

Santé et sécurité au travail (SST)

Salaires et rémunération

Temps de travail (dont heures supplémentaires

Contrats de travail

Discrimination sur le lieu de travail

Harcèlement (notamment sexuel)

Protection de la maternité

Congés payés

Dialogue, prévention et résolution de conflits

Autre

0 5 10 15 20 25 30

2

21

24

16

16

13

10

12

9

19

4

Bon nombre de CES déclarent agir en tant que forum favorisant le dialogue entre les différentes parties prenantes, ainsi que les mécanismes de prévention et la résolution de conflits concernant plusieurs domaines politiques. Au Sénégal, par exemple, le Conseil économique, social et environnemental (EESC) assure la médiation dans les conflits opposant employés et employeurs, et il développe sa propre stratégie de conciliation. En Algérie, le CES a mis sur pied un Comité sur les relations professionnelles qui examine entre autres les questions liées aux relations industrielles et à la promotion du dialogue social sur les lieux de travail en vue de renforcer les droits des travailleurs et d’encourager la productivité.

Le tableau suivant présente d’autres sujets abordés au sein des CES-IS.

Tableau 3.3. Autres domaines politiques

Sécurité sociale JordanieConformité avec les conventions internationales ratifiées ColombieProductivité de la main-d'œuvre Colombie, Serbie

27 Rapport 2014, pp. 407-423, Consejo Económico y Social. Disponible à l’adresse suivante: www.ces.es [consulté le 19 février 2016].

20

Développement et amélioration des négociations collectives SerbieServices de garde d'enfants CoréeDiscrimination en fonction de l'âge Corée

3.4. Activités mises en œuvre en faveur de la mise en conformité des lieux de travail

3.4.1 Comités spéciaux pour la mise en conformité des lieux de travail ou sujets connexes

Des sous-comités sont souvent formés au sein des CES-IS afin de débattre ou d'assurer le suivi de certains sujets ou domaines politiques. Quarante-trois pour cent des enquêtés ont mis en place un groupe ou un comité spécial sur la mise en conformité des lieux de travail, ou des comités traitant des sujets connexes, comme la santé et la sécurité au travail. Dans tous les cas, les comités sont tripartites et incluent des représentants des organisations des employeurs et des travailleurs, et des représentants des gouvernements, voire des experts en matière de santé, d’économie, de finance, du travail, etc.

Encadré 3.1: exemples de comités spéciaux ou de groupes de travail

En République de Corée, le Comité compte plusieurs organes consultatifs composé au moins de trois parties prenantes qui se rencontrent pour discuter de l’amélioration des normes du travail pour les groupes vulnérables, notamment les travailleurs ponctuels, les employés sous-traitants en interne, les employés de ports et les travailleurs atypiques.

Le Portugal a mis sur pied le Conseil national pour la santé et la sécurité au travail. Les partenaires sociaux participent au Comité permanent pour le dialogue social – un organe autonome du Conseil économique et social du Portugal. Le rôle principal du Comité permanent est de réduire le nombre d'accidents et de surveiller les situations de crise sur les lieux de travail.

3.4.2 Activités pour faciliter la mise en œuvre des politiques relatives à la mise en conformité des lieux de travail

Assurer le consensus national tripartite, encourager le dialogue à l’échelle sectorielle, apporter des conseils et formuler des opinions – telles sont les principales activités que doivent entreprendre les CES-IS pour contribuer à la mise en conformité des lieux de travail (voir figure 3.5).

Figure 3.5. Activités pour faciliter la mise en œuvre des politiques relatives à la mise en conformité des lieux de travail

Assurer le consensus national tripartite sur les politiques de promotion de la sécurité ou des accords en matière de financement pour la mise en œuvre de ces politiques

Bon nombre de CES-IS aident les parties prenantes à atteindre un consensus politique pour promouvoir la sécurité sur le lieu de travail. Cependant, très peu ont indiqué avoir atteint un accord tripartite sur les programmes de financement de ces politiques. Les pays suivants expliquent pourquoi il importe de parvenir à un consensus:

21

Nicaragua: «Le comité tripartite nous a permis de nous former à l'inspection au moyen de dons et les travailleurs de plusieurs secteurs ont été formés à des thèmes importants en matière de santé et de sécurité pour le lieu de travail, comme l'évacuation, le

Aucune

Obtention d'un consensus tripartite national pour les réformes et ajustements politiques relatifs à la sécurité du lieu de travail

Implication des partenaires sociaux au niveau sectoriel

Renforcement des capacités

Planification de programmes, projets et activités afin d'encourager les délibérations politiques en matière de mise en conformité des lieux de travail

Obtention d'un accord tripartite national sur le financement des politiques et programmes de sécurité sur le lieu de travail

Apport d'informations et de conseils techniques aux organisations de travailleurs et d'employeurs membres de l'AICEISIS sur l'expertise en développement de la conformité des lieux de travail

Formulation d'opinions sur différents aspects des conditions de travail et de la protection des travailleurs

Apport de conseils sur la cohérence politique dans différents domaines liés aux conditions de travail et à la protection des travailleurs

Organisation d'audiences avec les instances chargées de l'application de la loi (inspection du travail, autres)

Autre

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

22

VIH/SIDA et les incendies. Le programme Better Work nous a aussi permis de nous former et de renforcer la conformité avec la législation.»

Macao: «En matière de politiques du travail, le Conseil permanent de concertation sociale (CPCS) est une plateforme de communication et de consultation tripartite importante pour le gouvernement, les employeurs et les employés, il nous permet de trouver l'équilibre et le consensus par la communication, la compréhension et la consultation de toutes les parties, ce qui permet d'aider le gouvernement de la Région administrative spéciale à formuler des politiques conformes aux intérêts des employeurs et des employés.»

République de Corée: «Dans le cadre du comité sur l'avancement du système de prévention des accidents du travail (mars 2012-mars 2013), les représentants du gouvernement, des employeurs et des travailleurs, accompagnés d'experts, ont collaboré pour trouver une solution à la situation des personnes non protégées par les mesures de SST et développer une gouvernance à quatre têtes (gouvernement, travailleurs, employeurs et société civile).»

Portugal: «Nous avons conclu des accords tripartites sur des questions liées au lieu de travail; le dernier accord date de 2014 (salaire minimum national et promotion de l'emploi).»

Impliquer les partenaires sociaux à l’échelle sectorielle

Bon nombre de CES-IS impliquent les partenaires sociaux à l’échelle sectorielle. Il est très probable, comme l'explique le SER aux Pays-Bas, que les partenaires sociaux à l’échelle sectorielle soient impliqués du fait de la participation des représentants des organisations d'employeurs et de travailleurs au sein des organismes correspondants (par exemple, le Comité sur les conditions de travail) ou des sous-comités nationaux du SER (comme le Sous-comité sur les Valeurs limites sur le lieu de travail.

Renforcement des capacités

Certains CES-IS indiquent qu'ils contribuent au renforcement des capacités de leurs membres. Cependant, il est également possible de renforcer les capacités en encourageant l’échange d’informations et connaissances, comme c'est le cas en Serbie:

«Les débats tripartites au sein des institutions permettent aux partenaires sociaux de prendre part au processus de consultation et de renforcer leurs capacités et leur expertise. Les résultats de ces débats, et l’importance qu’accorde le gouvernement à l’opinion des partenaires sociaux sont une autre histoire.»

Formuler des avis

C'est la principale activité de bon nombre de CES-IS. En formulant avis, les CES-IS peuvent parvenir à un consensus tripartite sur certains sujets, ce qui peut ensuite alimenter le processus législatif ou influencer les programmes politiques.

Au Maroc, par exemple, le Conseil économique, social et environnemental donne son avis sur la résolution de conflits relatifs au régime des pensions civiles, aux

23

compensations en cas d'accidents du travail, aux conditions de travail et à l'emploi de travailleurs domestiques.

En République de Corée, le Comité de développement économique et social donne son opinion sur la cohérence des politiques relatives aux conditions de travail et à la protection des travailleurs.

Organisation d’audiences auprès d’instances chargées de l’application de la loi

Pour que les CES-IS soient à même de formuler leurs conseils et avis, il est capital que tous les acteurs aient accès aux bonnes informations et comprennent la situation. L'organisation d'audiences régulières avec les instances chargées de l'application des lois leur permet d'obtenir des informations cruciales sur les enjeux de la mise en conformité des lieux de travail. Au Maroc, des audiences ont été organisées avec le ministère du Travail ou avec les services d'inspection du travail pour débattre des rapports ou formuler des avis. En République de Corée, ces parties sont souvent invitées à participer à des forums publics.

Autres

En Espagne, le CES analyse chaque année la progression du développement socioéconomique dans un rapport. Au Sénégal, le Conseil économique, social et environnemental organise des visites de terrain afin de mieux évaluer les difficultés concrètes dans certains domaines spécifiques (voir encadré ci-dessous).

Encadré 3.2: visites de terrain au Sénégal

La commission technique responsable de la question de l'intégration de l'égalité entre hommes et femmes dans la législation a évalué les activités liées au régime de sécurité sociale, aux allocations familiales et aux risques professionnels menées par le Fonds pour la sécurité sociale et l'Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal; elle a également fait une visite de la SOCAS (Société de conserves alimentaires au Sénégal) afin d'enquêter sur les conditions de travail des femmes.

3.4.3 Initiatives clés entreprises pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail

Soixante-et-un pour cent des CES-IS ont récemment entrepris des initiatives pour promouvoir la mise en conformité efficace des lieux de travail. Ces initiatives se traduisent souvent par la formulation d'avis ou de recommandations à l’intention des autorités et parties prenantes concernées. Les CES-IS organisent également des réunions et publient des rapports sur certains sujets dans le but d’échanger les connaissances et les bonnes pratiques (figure 3.6).

24

Figure 3.6. Initiatives entreprises pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail

Aucune

Préparation de rapports

Opinions/ Recommandations

Renforcement des capacités

Organisation de conférences et événements

Autre

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18

11

9

16

4

9

3

Tableau 3.4. Exemples d’initiatives importances entreprises par les CES-IS

Rapports sur «La réalité de la pratique des professions agricoles», «Contrats de travaux collectifs et manifestations professionnelles», Recommandations sur le droit du travail. Et «Conséquences de l'afflux de réfugiés syriens sur le marché du travail».

Jordanie

Opinion sur les risques psychosociaux nécessitant d'identifier les facteurs de risques dans le cadre de l'évaluation globale des risques liés au lieu de travail. Cette initiative a donné lieu à d'importantes consultations sur les moyens de prévenir ces risques.

France

Le Comité tripartite sur la Zone franche organise des études d'opinion sur les relations professionnelles et les conditions de travail du secteur. Il apporte également des études et des recommandations sur la productivité, l'absentéisme, la santé, la fixation des salaires et les relations entre la direction et les employés.

Nicaragua

Création d'un observatoire national de la santé et de la sécurité; restructuration du bureau de la santé des travailleurs; croissance et développement des ressources humaines en vue d'améliorer la santé et la sécurité au travail.

Burkina Faso

Consultation en matière de santé et de sécurité, et promotion de la négociation collective au niveau sectoriel.

Serbie

Diverses opinions et recommandations, notamment la Loi sur l'emploi des non-citoyens, amendements au droit du travail, et en particulier des normes du travail, codes de conduite en matière de VIH/SIDA.

Tanzanie

Le rapport et l'opinion du Comité économique et social européen sur la résolution des conflits professionnels et une série de séminaires sur le dialogue social et civil.

Maroc

Différents rapports sur les questions de SST, par exemple l'avancement du système de prévention des accidents du travail (2013), sur les normes du travail, par exemple, les protections possibles des travailleurs atypiques (2013), sur la protection de la maternité, par exemple la conciliation entre vie professionnelle et privée, et la promotion de l'emploi des femmes (2009).

Recommandations, par exemple l'accord sur l'avancement du système de prévention des accidents du travail (février 2013), les lignes directrices sur les contrats de sous-traitance internes, sur l'amélioration des dispositions relatives aux temps de travail exceptionnels (2012) et sur la réduction du temps de travail réel (2013).

Forums publics, qui rassemblent partenaires sociaux et experts, par exemple sur des solutions possibles

République de Corée

25

aux problèmes liés à l'emploi indirect et pour l'instauration d'un marché du travail équitable.

Conférence internationale organisée conjointement avec l'AICESIS et l'OIT, sur le thème de la protection sociale et notamment de la mise en conformité des lieux de travail (20-21 novembre 2014).

La CDES (Commission pour le développement économique et social, République de Corée) contrôle tous les trimestres la bonne mise en œuvre des accords tripartites sur les questions de SST, la protection de la maternité et les normes du travail.

Accord sur la rationalisation du système de négociation en cas de multiplicité des syndicats et du système des syndicalistes à temps plein, ce qui a permis aux entreprises coréennes comme aux entreprises multinationales d'entamer des négociations collectives avec plusieurs syndicats.

Amélioration de la mise en conformité des lieux de travail, entre autres, grâce à des accords tripartites, notamment sur les réformes structurelles du marché du travail, et en définissant des lignes directrices pour renforcer les droits fondamentaux au travail.

3.4.4 Attention portée à l’égalité entre hommes et femmes

Quarante-trois pour cent des pays ont indiqué porter une attention particulière à la situation des femmes sur les lieux de travail.

26

Figure 3.7. Attention portée à l'égalité entre hommes et femmes

Aucune réponse7%

Oui43%

Non50%

Le tableau suivant présente certaines activités sexospécifiques entreprises par les CES-IS.

Tableau 3.5. Activités sexospécifiques entreprises par les CES-IS

Demande d'une attention spécifique portée aux facteurs de vulnérabilité dans les professions principalement exercées par des femmes.

France

Promotion de la mise en place de crèches sur les lieux de travail par le droit du travail. JordanieEtude sur la part des femmes dans la population active et les droits des femmes. JordanieCongés maternité et maintien du poste à la fin du congé. ChineForums publics sur les Difficultés des parents travailleurs: politiques possibles de services de gardes d'enfants favorables à l'emploi (décembre 2014) et sur l'augmentation du financement social du coût des congés de maternité et des prestations de congés pour enfant malade.

République de Corée

Passage à la phase opérationnelle des politiques et lois de non-discrimination à tous les niveaux. TanzanieCommission sur l'égalité entre hommes et femmes du Conseil supérieur des entreprises privées (COSEP).

Nicaragua

Promotion de l'égalité des chances, lutte contre la discrimination et le harcèlement, lois pour lesquelles le CES a donné son opinion.

Roumanie

Attention portée à l'égalité entre hommes et femmes dans la promotion des conditions de travail. Viet Nam

3.4.5 Politiques et lignes directrices débattues

La plupart des pays ont souligné le fait que les mécanismes participatifs des CES-IS donnent lieu à des consultations tripartites sur les politiques et les lignes directrices élaborées pour renforcer la sécurité des lieux de travail. Dans une moindre mesure, les politiques et lignes directrices portant sur l'inspection du travail et la coopération de la direction sur le lieu du travail sont également incluses dans les discussions.

27

Figure 3.8. Politiques et lignes directrices débattues

Droit et réglementation en matière de sécurité sur le lieu de travail (normes d'hygiène, maladies professionnelles, réparation du lieu de travail, etc.)

Droit et réglementation en matière d'inspection du travail (mandat; ressources; organisation, etc.)

Mesures (juridiques, institutionnelles et pratiques professionnelles) visant à améliorer la coopération de la direction afin de promouvoir la mise en conformité du lieu de travail, la compétitivité et la productivité

Autre

0 5 10 15 20 25 30

Tableau 3.6. Exemples de politiques et de lignes directrices débattues

Pays-BasLa nouvelle Loi sur les conditions de travail (2007), qui inclut un système de Valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP), découle de rapports consultatifs du SER. L'une des principales recommandations de ce nouveau système est d'augmenter les opportunités données aux employeurs et aux employés de devenir responsables de leurs propres politiques de conditions de travail, ce qui réduit considérablement le nombre de réglementations et simplifie la législation. La séparation claire du public et du privé est au cœur de ce nouveau système. Dans le secteur privé, les employeurs et employés conviennent de modes de travail permettant d'atteindre les objectifs fixés. Au niveau sectoriel et central, cela peut partir d'un accord entre les partenaires sociaux.

Aux Pays-Bas, les modes de travail ainsi convenus sont consignés dans un Catalogue des conditions de travail contenant des descriptions des méthodes reconnues par les employeurs et les employés, et qu'il est possible de choisir afin d'atteindre les objectifs fixés. Au niveau de la société, les employeurs et les employés peuvent convenir de modes de travail en partant d'un plan d'approche qui accompagne l'inventaire et l'évaluation obligatoires des risques liés aux conditions de travail. Dans le secteur public, des objectifs spécifiques et clairs sont fixés à partir de normes de santé et de sécurité claires et définies scientifiquement.

République de CoréeLe Comité sur les réformes SST a ciblé ses échanges sur la réforme de la structure législative des questions de SST afin d'atteindre les objectifs en matière d'amélioration des mécanismes de gestion de la sécurité dans les différents lieux de travail, de promotion de la santé des travailleurs et de sensibilisation à leur sécurité.

Nicaragua

Echanges portant sur l'adaptation et la mise en œuvre du Livre blanc afin de renforcer l'application des normes du travail, projet MECOMAC d'amélioration de la conformité dans le secteur des maquilas, protocoles d'application des dispositions des procédures administratives conformément à la Loi 815 (Loi sur les procédures du travail et la sécurité sociale) par les inspecteurs du travail.

28

Tanzanie

Le CES a été impliqué dans les échanges portant sur un amendement du droit du travail en Tanzanie, en donnant de nouvelles fonctions aux bureaux du travail: établir et superviser des Comités d'entreprise dans tous les locaux, restructurer le service du Travail, et établir un nouveau service de la Sécurité sociale.

Macao

Un consensus a été trouvé entre le gouvernement, les employeurs et les employés, principalement grâce au CPCS (Conseil permanent de concertation sociale) avant le lancement du processus législatif de rédaction de la Loi n°3/2014 établissant un régime de carte de sécurité professionnelle dans le secteur de la construction civile (2014). Cette loi oblige les travailleurs du bâtiment à suivre une formation sur la sécurité ou à passer un test de connaissances élémentaires en matière de sécurité dans la construction, ce qui leur permet d'obtenir une carte de sécurité professionnelle stipulant que le travailleur a les connaissances et compétences élémentaires requises pour travailler en toute sécurité dans le bâtiment.

Monténégro

Le Comité a été consulté à propos de la Loi sur le règlement à l'amiable des litiges professionnels; la Loi sur l'interdiction du harcèlement au travail; la proposition de loi sur la santé et la sécurité au travail a été rédigée et les consultations tripartites sur un nouveau droit du travail sont en cours.

Serbie

L'inspection du travail vient d'être abordée, dans un contexte de protection des travailleurs migrants dans d'autres pays, ce qui a donné lieu à des consultations tripartites lors de la rédaction de cette loi.

3.4.6 Rôle des CES-IS dans la promotion de la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d’approvisionnement mondiales

Le rôle des CES-IS nationaux dans les chaînes d’approvisionnement mondiales peut varier suivant que les CES-IS sont basés dans le pays d'origine d'une entreprise multinationale ou dans un pays qui accueille les activités de la chaîne d’approvisionnement de l'entreprise multinationale. Les entreprises multinationales implantées dans des pays industrialisés sous-traitent souvent leur production dans des pays où le coût de la main-d'œuvre ou des matières premières est plus bas. Cette distinction se fait traditionnellement entre les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, qui sont les pays d'origine, et les pays d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Asie, qui sont les pays d'accueil. Cependant, les choses ont changé ces dernières décennies et de grandes entreprises multinationales sont également basées en Amérique latine, en Asie ou dans d’autres parties du monde.

Les CES-IS peuvent largement favoriser le consensus et renforcer la coopération entre les principaux acteurs sociaux en vue de surmonter les défis liés à la mise en conformité des lieux de travail. Les CES-IS jouent donc un rôle clé pour surmonter les défis liés aux chaînes d’approvisionnement mondiales et aux activités des entreprises multinationales. Cependant, seul un tiers des CES-IS participants a indiqué discuter des chaînes d’approvisionnement mondiales et du rôle des entreprises multinationales (voir tableau 3.7). La décision de discuter des chaînes d’approvisionnement mondiales ne semble pas dépendre du lieu ou du pays, ni du fait que les CES-IS soient basés dans le pays d'origine d’une multinationale ou dans un pays d'accueil des opérations de la chaîne d’approvisionnement d’une multinationale. Bon nombre de CES-IS considèrent que cette décision relève du rôle du gouvernement. En effet, il semble que dans bien des pays, et en particulier dans les pays d'accueil, les gouvernements préfèrent ne pas passer par les canaux de coopération tripartite existants pour attirer les entreprises multinationales ou les investissements directs étrangers.

29

Tableau 3.7. Pays dans lesquels les CES-IS traitent les questions liées aux chaînes d’approvisionnement mondiales et ayant établi des relations avec des entreprises multinationales

La plupart des CES-IS traitant les questions liées aux chaînes d’approvisionnement mondiales ont établi des liens avec les entreprises multinationales individuelles. Toutefois, ce n’est pas le cas de la plupart des CES-IS. En effet, près de 50 pour cent des CES-IS interrogés pensent qu’un engagement avec les entreprises multinationales dépasse le cadre de leur mandat et qu’il est du ressort du gouvernement d’établir ces liens avec les multinationales. Le Maroc a signalé que bien qu’il entretienne de tels rapports avec ces entreprises, il considère que les chaînes d’approvisionnement mondiales et le rôle des entreprises multinationales ne font pas partie des domaines politiques des CES-IS.

Cependant, dix des CES-IS qui ne traitent pas des questions liées aux chaînes d’approvisionnement mondiales pensent qu’à l’avenir, ils devraient prendre des mesures et collaborer avec les entreprises multinationales dans le cadre de leurs efforts pour résoudre les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement mondiales. Le CES de Jordanie a indiqué que la priorité était désormais donnée aux PME et le CES de République serbe de Bosnie-Herzégovine a indiqué qu'une seule entreprise multinationale était basée dans son pays. Le CES de Tanzanie a pensé que la question devait être présentée au niveau ministériel et qu’elle devrait intégrer le Plan stratégique

30

Activités des CES-IS relatives aux chaînes 

d’approvisionnement mondiales et aux entreprises multinationales

Politiques relatives aux chaînes

d’approvisionnement mondiales des entreprises

multinationales

Engagement avec les entreprises

multinationales sur les questions sociales et environnementales

Engagement avec les entreprises

multinationales sur les PCI relatives au lieu

de travail

Nicaragua o o o

Saint-Martin o o nPays-Bas o o oRussie o o oEspagne o n n

Burkina Faso o n nGuinée o o oKenya o o nMaroc n o nChine o o n

Viet Nam o o o

en cours de préparation. Certains CES-IS ont indiqué qu'il faudrait modifier la loi (notamment le CES de Roumanie) pour que cela s'inscrive dans leur mandat, ou qu'une décision tripartite formelle était nécessaire avant toute collaboration avec ces entreprises (CES de la République de Corée).

Tableau 3.8. Exemples des mesures prises par les CES-IS pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d’approvisionnement mondiales

NicaraguaLes discussions portant sur les entreprises multinationales et les chaînes d’approvisionnement mondiales sont en cours, principalement dans le cadre du Programme de l’OIT/SFI intitulé Better Work, et portant essentiellement sur l’industrie textile.

EspagneLe Conseil économique et social espagnol a intégré les questions liées aux chaînes d’approvisionnement mondiales et aux chaînes de valeur mondiales dans son «Rapport 1/2015 sur la compétitivité des entreprises espagnoles sur le marché interne: structure de production, importations et cycle économique». Ce rapport a permis de conclure que ces chaînes d’approvisionnement mondiales sont une caractéristique distinctive de l'économie mondiale de ces dernières années, et de mettre en lumière l'interdépendance croissante des Etats. Le rapport a prêté une attention particulière à l'intégration de la production espagnole dans ces chaînes, sans oublier l'analyse des rapports entre les importateurs et les exportateurs.

Pays-BasLe Conseil économique et social (SER) des Pays-Bas joue un rôle actif dans la promotion de la responsabilité sociale internationale des entreprises (RSIE), et notamment la gestion responsable des chaînes d’approvisionnement. Ces deux dernières années, il s'est concentré sur la diligence raisonnable, qui est désormais exigée par les Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales et les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. Le Comité chargé de la RSIE du SER a publié un rapport sur la diligence raisonnable, mis au point un module pratique sur les différentes étapes de la diligence raisonnable, et, en collaboration avec l’Institut de normalisation des Pays-Bas, a défini un code de conduite en vue d’intégrer la diligence raisonnable aux systèmes existants de gestion des risques. Ce comité a également organisé une conférence sur la diligence raisonnable et conseillé les différentes parties prenantes sur les accords de RSIE. Dans ce contexte, le gouvernement néerlandais s’est adressé au SER pour conclure des accords avec plusieurs secteurs, notamment le secteur du travail, pour réduire les risques liés à la RSIE.

Le SER a également dispensé un atelier destiné aux entreprises, PME comme entreprises multinationales, sur la façon d'identifier, de hiérarchiser et de traiter les principaux risques en matière de droits de l'homme, conformément aux Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales et aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.

Le thème clé de la période 2014-2015 concerne l’élaboration d'un programme national visant à identifier les perspectives que pourraient représenter les risques spécifiques. Dans ce cadre, le thème du salaire décent a été abordé. Le SER a utilisé les nouveaux Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales et les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, et il continuera de le faire, dans le cadre de ses activités de RSIE.

Burkina Faso et ChineLes CES-IS ont organisé des conférences et tables rondes sur la question de la mise en conformité des lieux de travail.

Les participants à la conférence ont également donné d’autres exemples d’échanges de bonnes pratiques sur la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Tableau 3.9. Exemples d’échanges de bonnes pratiques entre les CES-IS

Echange de bonnes pratiquesChine

Apport d'opinions consultatives aux législatures et collaboration étroite avec les autres partenaires sociaux.

31

CoréePartage des rapports publiés par les organisations internationales (OIT, OCDE, FMI), afin de tirer des enseignements des bonnes pratiques en matière de mise en conformité des lieux de travail et du dialogue social au sein des chaînes de valeur/d’approvisionnement mondiales.Conclusion de mémorandum d’entente avec les CES-IS d'autres pays afin de promouvoir la coopération mutuelle et les échanges (par exemple, avec la Russie et le Brésil).Participation à/organisation des conférences internationales sur le dialogue social.

MarocEtudes comparatives sur les bonnes pratiques nationales et internationales afin d'ajouter du poids à ses recommandations sur la mise en conformité des lieux de travail.

FranceOpinion sur la responsabilité sociale des entreprises appuyant la diffusion de bonnes pratiques.

RussieApport d'avis sur le potentiel du marché à protéger et améliorer les normes du travail et les conditions de travail tout au long des chaînes d’approvisionnement mondiales. Il examine les possibilités et les limites des approches du marché en matière d'instauration de la conformité sociale dans les industries productives mondiales. Il le fait en retraçant l'historique du socio-étiquetage tant au sein des syndicats que des groupes de consommateurs, prenant en compte le point de vue des industries et des consommateurs sur les avantages et les inconvénients du socio-étiquetage, comparant leurs efforts en matière de développement et de mise en œuvre des initiatives d'étiquetage de différents pays, et situant le socio-étiquetage au sein des débats et controverses contemporains sur les effets de la mondialisation sur les travailleurs du monde entier.

Burkina FasoRôle consultatif, facilitation du dialogue entre les acteurs et sensibilisation sur les questions de mise en conformité des lieux de travail.

TanzanieVolonté de créer des articulations et de partager des expériences avec des institutions similaires dans d'autres pays.

Jordanie

Organisation de séminaires et d'ateliers, notamment sur les possibilités d’investissements et leurs enjeux. Etroite collaboration avec les parties prenantes concernées.

Les principes directeurs internationaux pour les entreprises, notamment les Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales et les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme sont au cœur des discussions des CES-IS sur les chaînes mondiales d’approvisionnement. Les conventions de l’OIT sont les instruments les plus souvent invoqués, mais les normes établies par les organismes indépendants d’établissement de normes sur les questions de gestion des systèmes sur les lieux de travail (par exemple, l’organisation internationale de normalisation ISO), donnent aussi des directives importantes. Toutefois, dans certains pays, notamment en Fédération de Russie, les principes directeurs internationaux établis par d’autres organismes que l’ISO sont rarement invoqués, même si le mandat des CES-IS dans ces pays leur permet d’examiner les chaînes d’approvisionnement mondiales. En outre, la République de Corée et le Sénégal ont déclaré que les chaînes d’approvisionnement n’entraient pas dans le cadre du mandat de leurs CES-IS, même s’ils soulignent l’importance des principes directeurs.

32

3.4.7 Collaboration entre les CES-IS et les entreprises multinationales dans la promotion de la RSE

La plupart des CES-IS travaillant sur les chaînes d’approvisionnement internationales cherchent à établir des liens avec les entreprises multinationales, grâce aux moyens décrits ci-dessous.

Organisation de forums, symposiums, ateliers sur la RSE (Nicaragua, St Martin, Pays-Bas, Sénégal). Le premier symposium du SER de Saint-Martin a porté sur la responsabilité sociale des entreprises et il avait pour but d'éclaircir le concept de responsabilité sociale des entreprises et de définir les rôles et les responsabilités des entreprises et des autres acteurs. A la suite du symposium a eu lieu une réunion d'experts et d'entreprises multinationales afin de créer une valeur sur le long terme pour les bénéfices, les populations et la planète.

Convocation de réunions d'experts (Pays-Bas, Saint-Martin). Le Comité chargé de la responsabilité sociale internationale des entreprises du Comité économique et social des Pays-Bas (SER) a dispensé un atelier destiné aux entreprises (PME et entreprises multinationales) sur la façon d'identifier, de hiérarchiser et de traiter les principaux risques en matière de droits de l'homme, conformément aux Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales et aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.

Collaboration avec des organisations de travailleurs (Pays-Bas).

Contact avec les communautés locales par le biais des entreprises (Guinée).

Etablissement de relations privilégiées avec les entreprises, en particulier les entreprises multinationales (Pays-Bas).

Mise en place d’un dialogue politique (Kenya).

Mise en place de syndicats en 2006 (en Chine avec Walmart) dans le cadre d'un effort de syndicalisation des entreprises financées à l'étranger (objectif de 60 % d'ici 2006 et de 80 % ou plus d'ici 2008).28

Pour mettre en place un dialogue avec les entreprises multinationales, il importe de les inclure dans les CES-IS par le biais des organisations d'employeurs. Soixante-sept pour cent des CES-IS ont répondu que les entreprises multinationales de leur pays étaient affiliées à l'organisation d'employeurs. D'autres ont indiqué que les entreprises multinationales n'avaient qu'une présence secondaire (République serbe de Bosnie-Herzégovine) ou que cela était incompatible avec leur rôle (CES d'Algérie). Plusieurs ont pensé que les entreprises multinationales pourraient être affiliées aux organisations d’employeurs et que les CES-IS devraient à l'avenir essayer d'entrer en contact avec elles (par exemple, la Mongolie).

28 «Union Breakthrough at Walmart in China», New York Times, 12 octobre 2006. Disponible à l’adresse suivante (en anglais): http://www.nytimes.com/2006/10/12/business/worldbusiness/12iht-unions.3141929.html?_r=0 [consulté le 20 février 2016].

33

Dans cinq pays (Guinée, Pays-Bas, Nicaragua, Fédération de Russie, Viet Nam), des PCI ont été mises en place, dans le domaine de l’audit et de la certification, y compris dans le cadre du Programme Better Work (Nicaragua) et de l’Initiative pour plus de transparence dans l'industrie des matières premières (Guinée).

4. Mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales: enjeux et possibilités

4.1. Enjeux

Le principal objectif de la mise en conformité des lieux de travail est d'assurer que tous les lieux de travail sont sûrs et sains, et par conséquent, productifs, et que tous les travailleurs, quel que soit leur statut, sont traités avec dignité et respect. Les pays qui ont le plus investi dans les emplois de qualité au début des années 2000 ont vu leur niveau de vie (mesuré par la croissance du revenu moyen annuel par habitant) augmenter, plus que dans les pays en développement et les pays émergents qui n’ont pas autant accordé d’attention aux emplois de qualité.29 La baisse du nombre de travailleurs pauvres a été impressionnante dans bien des pays en développement. Cependant, 839 millions de travailleurs dans les pays en développement ne gagnent toujours pas assez de revenus pour pouvoir passer, eux et leurs familles, au-dessus du seuil de pauvreté de 2 dollars30 par jour. De plus, bon nombre de gouvernements ne parviennent pas à protéger les droits de leurs travailleurs.

Les entreprises multinationales doivent savoir où concentrer leurs efforts en vue de mettre en place les PCI. A cet égard, la société Verisk Maplecroft 31 établit des cartes fondées, entre autres, sur les données de l'OIT. Ces cartes donnent un aperçu des pays où le risque de non-conformité est le plus élevé, risque qui reste très élevé dans de nombreuses parties du monde.

Pour les CES-IS, les enjeux les plus importants sont la taille de l'économie informelle et le manque de ressources humaines et financières des services d'inspection du travail (figure 4.1).

29 Rapport sur le travail dans le monde, OIT, 2014. Disponible à l’adresse suivante: http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/publication/wcms_243962.pdf [consulté le 20 février 2016].

30 Sauf mention contraire, le dollar s’entend des Etats-Unis.

31 www.maplecroft.com

34

35

Figure 4.1. Obstacles à la mise en conformité des lieux de travail

Manque de ressources

Contraction des dépenses publiques

Ralentissement économique

Fragmentation ou absence de coordination institutionnelle

Manque de collaboration

Législation inadaptée ou obsolète

Besoin urgent d'évaluer les risques SST

Manque de volonté politique

Importance de l'économie informelle

Pressions pour attirer les investisseurs

Manque de collaboration entre direction et travailleurs

Autre

0 5 10 15 20 25

AmériqueEurope et Asie centraleAfriqueEtats arabesAsie

4.1.1 Manque de volonté politique pour instaurer une culture nationale de santé et de sécurité préventives

La sensibilisation aux risques en matière de santé et de sécurité est une condition importante de la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Les gouvernements peuvent contribuer à cette sensibilisation et instaurer une culture nationale de santé et de sécurité pour tous les travailleurs. Si la plupart des pays ne considèrent pas que les accidents et les maladies du travail constituent un obstacle (trois seulement), la Commission du développement économique et social de République de Corée a exprimé sa préoccupation quant au fait que les taux de mortalité au travail sont quatre ou cinq fois plus élevés qu'au Japon et en Allemagne. Cette commission s’efforce donc de sensibiliser l'opinion aux questions de santé et de sécurité au travail, de renforcer le suivi de la SST et d’augmenter le nombre d'inspecteurs du travail dans le pays.

4.1.2 Pressions en vue d’attirer les investisseurs et conviction que la mise en conformité des lieux de travail nuit aux investissements

Les investisseurs étrangers n'ont pas manqué de noter les effets bénéfiques des normes du travail. Les études démontrent que pour les investisseurs étrangers, la qualité de la main-d'œuvre et la stabilité politique et sociale arrivent avant la faiblesse des coûts de la

36

main-d'œuvre dans les critères de sélection des pays dans lesquels investir. De plus, il existe peu d'éléments prouvant que les pays ne respectant pas les normes du travail sont plus compétitifs dans l'économie mondiale.32 Ce point a également été reconnu par la Déclaration de principes tripartite de l'OIT sur les entreprises multinationales et la politique sociale. Dans sa publication Doing Business, la Banque mondiale souligne à plusieurs reprises que les réglementations du travail ne sont pas forcément considérées comme des obstacles à la conduite d'activités.33 Cependant, bien des pays pensent encore que les investisseurs seront rebutés par une exigence de conformité trop stricte.

Six pays ont indiqué que la conviction selon laquelle la promotion de la mise en conformité décourageait les investissements compromettait la mise en conformité des lieux de travail (Albanie, Roumanie, Russie, Serbie, Tanzanie et Viet Nam).

4.1.3 Contraction des dépenses publiques et ralentissement économique

La détérioration des conditions économiques a poussé de nombreux pays à adopter des mesures d’austérité. Cela a renforcé le rôle et la visibilité des administrations chargées du travail en tant qu'institutions de réponse à la crise, notamment pour le traitement des licenciements, des prestations de chômage et des programmes de création d'emplois. Cependant, les activités des administrations chargées du travail et des systèmes d'inspection du travail ne sont pas hermétiques aux tendances actuelles de consolidation fiscale et d'adoption de mesures d'austérité.34 Par conséquent, les ministères du travail, les services d'emploi public et d'inspection du travail font toujours plus l'objet de réductions budgétaires, ce qui pose un défi supplémentaire à ces systèmes de gestion du travail, déjà surchargés

Dix des 30 enquêtés ont observé une réduction des dépenses publiques et huit ont cité la mauvaise conjoncture économique comme un obstacle à la mise en conformité des lieux de travail. Il n'existe pas de différence notable entre les régions; cependant, le nombre de personnes interrogées était trop faible pour permettre de tirer des conclusions sur ces différences régionales.

4.1.4 Pays où l’économie informelle est très répandue et l’emploi informel important

L'économie informelle concerne la moitié, voire les trois quarts, de tous les emplois non agricoles des pays en développement. L'emploi informel se distingue notamment par le manque de protection contre le non-paiement du salaire, les heures ou journées de travail supplémentaires obligatoires, les licenciements sans préavis ou indemnités, les conditions

32 http://www.ilo.org/global/standards/introduction-to-international-labour-standards/the-benefits-of-international-labour-standards/lang--fr/index.htm [consulté le 20 février 2016].

33 Par exemple, Doing Business 2008, FMI, 2008. Disponible à l’adresse suivante: http://www.doingbusiness.org/~/media/GIAWB/Doing%20Business/Documents/Annual-Reports/English/DB08-FullReport.pdf [consulté le 20 février 2016].

34 L’administration et l’inspection du travail: des outils indispensables à une gouvernance globale de qualité, OIT. Disponible à l’adresse suivante: http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/features/WCMS_156166/lang--fr/index.htm [consulté le 20 février 2016].

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de travail dangereuses et l'absence de prestations sociales (pensions, congés maladie et assurance-maladie). Les femmes, les migrants et les autres groupes de travailleurs vulnérables n'ayant pas d'autres choix sont contraints d'accepter des emplois de faible qualité dans l'économie informelle.35 Leurs lieux de travail sont souvent hors de portée de l'inspection du travail, des syndicats et des initiatives de contrôle de conformité privées. En outre, la non-reconnaissance des droits des syndicats par l'économie informelle complique le dialogue social.

Pour près de 56 pour cent des CES-IS, cela représente un obstacle considérable à la mise en conformité des lieux de travail, en particulier en Afrique. Ils ont donc demandé à leurs gouvernements de prendre des mesures plus fermes pour faciliter la transition vers une économie formelle. A cet égard, le dialogue social peut jouer un rôle essentiel en matière de facilitation et de prévention. De plus, la recommandation (n° 204) concernant la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle souligne les rôles que peuvent jouer les différentes parties prenantes dans cette transition. En particulier, la participation des femmes est essentielle à un marché du travail prospère et au processus de dialogue social. Il est donc crucial d’autonomiser les femmes si l’on veut accélérer la transition vers l’économie formelle, surtout car, comme l’a souligné un représentant de la Guinée, ce sont essentiellement les femmes de l’économie informelle qui perdent leur emploi après la mise en œuvre de programmes d’ajustement économique.

4.1.5 Coopération insuffisante entre les travailleurs et la direction sur le lieu de travail

La coopération sur le lieu de travail est un processus par lequel les employés ou leurs représentants sont associés à la direction, au moyen de consultations ou d’échanges, pour résoudre des problèmes d'intérêt commun. La bonne coopération entre la direction et les travailleurs permet d'améliorer la mise en conformité des lieux de travail.

Pour huit pays, il s’agit d’un obstacle de premier ordre à la mise en conformité des lieux de travail. Le CES d’Espagne a indiqué dans son rapport annuel que l'amélioration de la coopération avec les administrations renforcerait l’efficacité des dépenses, et que le rôle des partenaires sociaux devrait être appuyé pour stimuler et développer des politiques de prévention efficaces.36 Les Pays-Bas sont un exemple de bonnes pratiques, puisque la Loi sur les conditions de travail de 2007 découle d'un rapport consultatif du SER. Cette loi inclut un système où employeurs et travailleurs conviennent de collaborer à pour atteindre des objectifs publics en matière de valeurs limites d'exposition professionnelle. Au niveau de la société, les employeurs et les employés peuvent convenir de modes de travail en partant d'un plan d'approche qui a été adopté à la suite d’un inventaire et d’une évaluation obligatoires des risques liés aux conditions de travail.

35 http://www.ilo.org/global/topics/employment-promotion/informal-economy/lang--fr/index.htm

36 Rapport annuel du CES 2014, page 412, citation 176

38

4.1.6 Législation inadaptée ou obsolète

Dans certains cas, la législation nationale ne traite pas efficacement des questions du travail ou n’est pas conforme aux normes internationales du travail.

Neuf personnes ayant répondu au questionnaire ont confirmé que des cadres législatifs inadaptés constituent un obstacle à la mise en conformité des lieux de travail. A cet égard, la République de Corée a donné l’exemple suivant: «Les obligations et responsabilités découlant de la législation de la santé et de la sécurité au travail sont ambiguës et le système législatif ne parvient pas à prendre en compte les changements actuellement subis par la structure industrielle, la diversification des types d'emplois et les intérêts des groupes vulnérables en matière de protection de la santé et de la sécurité au travail, comme les personnes âgées et les femmes.»

4.1.7 Besoin urgent d'identifier les dangers et d'évaluer les risques professionnels

Quand un secteur d'activité ou un type de lieu de travail ne connaissent pas clairement les dangers et les risques qui leur sont propres, il est plus difficile de mettre au point des mesures préventives et d'assurer la mise en conformité avec ces mesures. Fort heureusement, la plupart des pays (26 sur 30) ne l'ont pas identifié comme un défi, et il nous est permis d'espérer qu'ils ont déjà identifié les risques professionnels les plus graves.

4.1.8 Manque de ressources des services d'inspection du travail

La bonne mise en œuvre et la bonne application de la législation du travail dépendent de l’efficacité des services d'inspection du travail et du niveau de protection assuré par le cadre juridique national. Cependant, des défis majeurs restent à relever dans les pays où les services d'inspection du travail sont en sous-effectifs et sous-financés, et donc incapables de remplir leurs fonctions. Selon les estimations, dans certains pays en développement, moins d’un pour cent du budget national est consacré à la gestion du travail; or les services d'inspection du travail ne reçoivent qu'une fraction de ce montant.37

Sur les 30 enquêtés, 20 (soit près de 67 pour cent) ont indiqué que le manque de ressources consacrées à l'inspection du travail constitue un obstacle à la mise en conformité des lieux de travail de leur pays. Huit d'entre eux viennent d'Afrique. La majorité des pays africains qui ont répondu ont souligné que le manque de ressources était un véritable défi. La Guinée, par exemple, a souligné que le pays a dû réduire le nombre d'inspecteurs du travail et que le travail du peu d’inspecteurs restant pâtissait du manque de financement.

37 Inspection du travail, site de l'OIT : http://www.ilo.org/global/standards/subjects-covered-by-international-labour-standards/labour-inspection/lang--fr/index.htm [consulté le 21 février 2016].

39

4.1.9. Fragmentation et manque de coordination institutionnelle entre les services d'inspection et les autres instances publiques chargées d'appliquer la loi

Pour améliorer l’efficacité des systèmes d’inspection du travail, il importe de coordonner leurs activités avec les instances d’application de la loi. Trente-trois pour cent des CES-IS ayant répondu au questionnaire considèrent que le manque de coordination est un obstacle à la mise en conformité des lieux de travail.

Il convient d'établir clairement le type de risque que chacune des instances doit prendre en charge afin de réduire les doublons et les chevauchements. Le renforcement de la cohérence entre les organismes nationaux et locaux peut favoriser leur flexibilité et leur réactivité.38

4.1.10 Manque de collaboration entre les responsables des services d'inspection du travail et les organisations d'employeurs ou de travailleurs

Les services d'inspection du travail doivent entretenir des relations étroites et régulières avec les employeurs, les travailleurs et leurs représentants. En outre, la convention (n° 81) sur l'inspection du travail, 1947, et la convention (n° 129) sur l’inspection du travail (agriculture), 1969, invitent les autorités compétentes à promouvoir cette collaboration. Les inspecteurs devraient d'abord pouvoir contacter les employeurs et travailleurs de l'entreprise, avant et pendant toute visite, lors de réunions des comités chargés de la santé et de la sécurité ou des comités d'entreprise, ou bien lors de réunions de conciliation visant à prévenir ou résoudre des conflits. De plus, les inspecteurs devraient être régulièrement en contact avec les travailleurs et les employés en dehors de l'entreprise. Ils apportent souvent conseils et informations depuis leur bureau. Parfois, ils président des comités mixtes, notamment pour négocier des conventions collectives ou résoudre des conflits, même si ce dernier point ne relève pas de leurs fonctions, conformément à la convention n° 81. Enfin, ils peuvent donner des cours sur des thèmes liés au travail aux syndicalistes et aux dirigeants d'entreprises.39

Ce manque de collaboration entre les parties susmentionnées a été considéré comme un défi par sept pays (Saint-Martin, Roumanie, Maurice, Namibie, Jordanie, Mongolie et Viet Nam).

38 Inspection Reforms, why, how, and with what results, OCDE. Disponible à l’adresse suivante: http://www.oecd.org/regreform/Inspection%20reforms%20-%20web%20-F.%20Blanc.pdf [consulté le 21 février 2016] et convention n° 81 de l’OIT, art 5.

39 Encyclopédie de sécurité et de santé au travail, chapitre 23, OIT

40

De nombreuses entreprises ne comprennent pas totalement comment la mise en conformité peut être bénéfique à leur entreprise. En outre, dans certains secteurs, la concurrence croissante a donné lieu à une «course vers le bas» concernant les salaires et les conditions de travail, ce qui entraîné la faiblesse des incitations ou le manque de capacité à respecter la législation et les normes internationales sur les conditions de travail et les salaires. Bien que l’OIT et les autres organisations assurant la promotion de pratiques commerciales durables aient démontré comment le renforcement de la mise en conformité des lieux de travail peut améliorer la productivité et la compétitivité, et qu’elles aient appuyé leurs revendications avec de nombreuses études de cas, il reste encore un long chemin à parcourir. Les politiques et les réglementations couvrent souvent des millions de travailleurs, et doivent être mises en œuvre dans des centaines de milliers de lieux de travail. Les conditions dans les lieux de travail varient énormément, même au sein d’un seul secteur, et les employeurs sont souvent incités à dissimuler les conditions de travail. En outre, comme il ressort clairement de l’enquête, de nombreux organismes nationaux d'inspection du travail ont des budgets limités et manquent de personnel.40

4.1.11 Autres enjeux

Les enjeux suivants ont été mis en avant à la conférence:

la corruption;

les organisations de travailleurs et d’employeurs ne sont pas toujours reconnues comme étant des acteurs légitimes dans les initiatives de dialogue social. Les CES-IS peuvent jouer un rôle et remédier à ce problème;

certaines entreprises multinationales enregistrent des chiffres d'affaires annuels qui dépassent les budgets nationaux de certains pays, et peuvent éventuellement exercer une influence indue sur les décisions politiques. Les organisations internationales peuvent appuyer les Etats dans leurs efforts visant à promouvoir la mise en conformité des lieux de travail par les entreprises multinationales.

4.2. Possibilités

4.2.1 Bonnes pratiques nationales

Voici quelques exemples de bonnes pratiques nationales favorables à la promotion de la mise en conformité des lieux de travail. De plus, bon nombre de CES-IS œuvrent au renforcement du dialogue national dans le cadre des pratiques décrites ci-après.

Renforcement du dialogue social

Elévation du dialogue social tripartite au niveau constitutionnel (Nicaragua) ou renforcement du statut juridique (Corée).

40 Improving workplace conditions through strategic enforcement, David Weill, 2010. Disponible à l’adresse suivante: http://www.dol.gov/whd/resources/strategicEnforcement.pdf [consulté le 21 février 2016].

41

Mise en place d'organes de travail tripartites permanents dans les CES-IS sur des sujets comme la sécurité et la santé au travail ou la lutte contre le travail non déclaré (République serbe de Bosnie-Herzégovine).

Adoption d’une approche en six étapes: 1) mise en place du cadre juridique; 2) identification des partenaires sociaux et des participants; 3) choix d’une date, d’un lieu et d’un programme provisoire pour l'événement du dialogue social; 4) identification de médiateurs compétents; 5) promotion d'une compréhension commune du dialogue social; 6) finalisation du programme (suggestion de la Fédération de Russie).

Appui national au dialogue social grâce à des cadres institutionnels et juridiques, à la sensibilisation et au renforcement de la volonté politique (suggestion de la Fédération de Russie).

Garantie selon laquelle les consultations tripartites sont organisées régulièrement, en temps utile et avec des résultats positifs (Serbie).

Participation des organismes gouvernementaux aux réunions tripartites des CES-IS (Algérie).

Exercices de renforcement des capacités et formation des partenaires sociaux au dialogue social (Guinée, Maurice, Namibie, Tanzanie).

Fournir un appui tripartite et un programme de formation aux questions de sécurité dans le cadre du Programme par pays de promotion du travail décent de l'OIT (Maurice).

Organisation de tables rondes avec les partenaires sociaux en vue de transmettre aux autorités du gouvernement central les avis qui y sont formulés (Chine).

Garantie selon laquelle les politiques répondent aux besoins des nombreux acteurs par des consultations et la collecte des opinions des employeurs, des employés, des associations concernées, de l’industrie et de la société civile (Macao).

Elargissement de l'éventail des participants dans les initiatives de dialogue social, en incluant notamment les représentants des travailleurs vulnérables et les experts de terrain (République de Corée).

Facilitation des discussions tripartites en s'assurant que tous les participants sont bien informés au préalable (République de Corée).

Collaboration entre secteur public et privé pour la mise en conformité des lieux de travail

Dans la pratique, les institutions publiques (dont les services d'inspection du travail) ne sont pas souvent intégrées directement aux activités de PCI. De même, les audits et rapports privés ne sont pas partagés avec les services publics d'inspection. Cependant, un

42

nombre croissant de pays du monde entier commence à se pencher sur la question et à encourager ce type de collaboration.

Tableau 4.1. Exemples d’échanges de bonnes pratiques par les CES-IS

ColombieEn vue de l’élimination du travail des enfants, des partenariats public-privé ont été mis en place dans un certain nombre d'entreprises, notamment dans les chaînes d’approvisionnement.

République serbe de Bosnie HerzégovineLa loi sur le partenariat public-privé fournit une base juridique à la coopération, et encourage les communications entre les parties prenantes des institutions et du secteur privé. Toutefois, les CES-IS n’ont été que peu sollicités et les résultats ne sont pas satisfaisants.

Burkina FasoIl existe une loi sur le partenariat public-privé qui codifie ce type de collaboration.

Exemples trouvés hors du questionnaire envoyé aux CES-ISScandinavie

Dans les pays scandinaves, les gouvernements sont régulièrement impliqués dans la conception et la supervision de PCI comme le régime de certification des SST au Danemark.

SingapourA Singapour, dans un bel exemple d'autorités publiques concrétisant les PCI, le ministère de la Main-d'œuvre encourage les entreprises à mener des inspections régulières afin de détecter les lacunes en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail.41

Etats-UnisLe droit américain donne aux services d'inspection du travail toute autorité à poser un embargo sur les produits fabriqués en violation du droit du travail. Quand les produits font l'objet d'un embargo du fait de violations constatées par l'inspection publique du travail, l'autorité en charge de l'inspection du travail passe un accord direct avec l'acheteur des produits concernés, et ce dernier doit prendre des dispositions de suivi avec tous ses sous-traitants, actuels et futurs, en charge de la production. L'interruption de l'afflux de produits par l'autorité gouvernementale incite la mise en place de politiques de sous-traitance plus scrupuleuses par le biais du suivi des acheteurs.42

Viet NamAu Viet Nam, un formulaire d'autoévaluation contraint les employeurs à remplir un questionnaire et à le renvoyer aux services d'inspection du travail compétents. Le rapport complet doit être signé par l'employeur et le représentant syndicat (le cas échéant). Les violations identifiées par l'autoévaluation et mentionnées dans le questionnaire ne font pas toujours l'objet d'une inspection de suivi ou d'une sanction. Les employeurs qui ne retournent pas les formulaires d'autoévaluation sont ajoutés au programme d'inspection annuel pour subir une visite de suivi.43 Un nouveau code de conduite traitant du harcèlement sexuel a été adopté dans le cadre d'un accord tripartite avec l'appui de l'OIT.

BangladeshDans le secteur du textile au Bangladesh, les conditions de travail et la sécurité restent peu satisfaisantes malgré les PCI conduites par les marques de textile depuis des années. C'est un exemple récent qui prouve que ni les efforts publics, ni ceux des PCI, en matière de mise en conformité des lieux de travail, ne sont efficaces en l’absence de cohérence et de collaboration des différents acteurs sociaux. Après le drame du Rana Plaza, davantage d'efforts sont fournis pour empêcher de nouvelles tragédies. Les marques sont engagées dans l'Accord sur la sécurité incendie et la sécurité des bâtiments au Bangladesh, une initiative de vérification privée, alors que l'OIT apporte davantage d'assistance technique en vue de renforcer les services d'inspection du travail.

41 Inspection du travail et initiatives de vérification privées: tendances et enjeux, OIT 2013. Disponible à l’adresse suivante: http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---lab_admin/documents/meetingdocument/wcms_230806.pdf (consulté le 21 février 2016].42 Ibid.43 Programme Administration du travail et inspection du travail de l'Organisation internationale du Travail: Mémorandum technique: Viet Nam labour inspection needs assessment, OIT, 2012.

43

4.2.2 Bonnes pratiques internationales

Fairfood International

Fairfood est une organisation à but non lucratif proposant des solutions pour créer une valeur partagée dans les chaînes alimentaires mondiales. L'organisation travaille avec des partenaires locaux et les aide à faire en sorte que les gouvernements encouragent la mise en place de bonnes conditions de travail dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Elle assure également la liaison avec les propriétaires de marques et les encourage à assumer la responsabilité de garantir un travail décent dans les chaînes d'approvisionnement. Fairfood International travaille également avec des acteurs à l’échelle locale et les aide sur le terrain. La production de canne à sucre en Amérique centrale est un domaine prioritaire, compte tenu des difficultés souvent associées à cette industrie, à savoir l’absence de liberté d’association, le travail des enfants, de longues heures de travail et les problèmes de santé. Les syndicats agissent souvent comme les points de contact principaux pour accéder aux travailleurs dans un secteur particulier. Fairfood donne une perspective internationale à ces scénarios.

Programme Better Work OIT/SFI

Le Programme Better Work est un partenariat unique entre l’OIT et la Société financière internationale (SFI), membre du groupe Banque mondiale, qui se base sur les points forts de chaque organisation en matière de normes du travail et de développement du secteur privé. Le programme Better Work rassemble les gouvernements, les organisations des employeurs et de travailleurs, et les détaillants et marques (acheteurs) de textile internationaux afin d'améliorer les conditions de travail et la compétitivité des entreprises de l'industrie du textile. Les informations sur les conditions de travail fournies par Better Work aident les acheteurs, les fournisseurs et les consommateurs à comprendre l’importance de la conformité des usines avec le droit national du travail et les normes fondamentales du travail, tout en aidant les entreprises à améliorer leurs performances. Le programme est aujourd’hui mis en œuvre dans huit pays axés sur le secteur du vêtement.

Si le programme est bien connu et demandé pour ses évaluations de la conformité, il consacre la plupart de ses ressources à des services aidant les employeurs et les travailleurs à mettre en place des systèmes visant à: atteindre et maintenir la conformité, améliorer la productivité et la compétitivité, et établir un dialogue social sur le lieu de travail, bien souvent pour la première fois.

En Jordanie, la collaboration entre l'inspection du travail et le programme Better Work est définie dans un mémorandum d’entente, qui comprend un protocole de rapport des violations graves à l'autorité compétente. Les inspecteurs du travail participent à des activités de formation et à des réunions trimestrielles avec Better Work afin de partager des connaissances et discuter des domaines de préoccupation communs.

Better Work adopte une approche sectorielle lorsque cela est possible. A l’échelle nationale, le comité tripartite de supervision des opérations collabore également avec les principales entreprises et le programme avec les travailleurs et les responsables d’usines pour améliorer leurs compétences et promouvoir le dialogue social. Ce programme a donné lieu à des résultats positifs, tels que l’amélioration de 50 pour cent de la sécurité et la santé au travail en Haïti, en Jordanie et au Viet Nam. Au Lesotho, la mise en conformité des lieux de travail a également augmenté de 50 pour cent. Bien que des questions subsistent quant à la meilleure façon d'améliorer à long terme les compétences

44

des travailleurs et des employeurs, l’impact plus large du programme devient évident, ce qui peut rassurer les gouvernements et les entreprises. Les principales réussites du programme sont décrites ci-après.

En Haïti, l'amélioration des conditions de travail facilitées par le programme Better Work a coïncidé avec une augmentation de plus de 40 pour cent de la valeur des exportations de vêtements vers les Etats-Unis d'Amérique.

En 2013, le programme a appuyé le renforcement des lois visant à protéger la maternité au Lesotho, et les travailleurs de l’industrie du vêtement travaillant depuis au moins un an ont vu leur congé de maternité rémunéré passer de deux à six semaines maximum.

Une étude des usines au Viet Nam a mis en lumière une augmentation de 5,9 pour cent de la rentabilité lorsque les travailleurs perçoivent une amélioration de leurs conditions, et une augmentation de 7,6 pour cent lorsque les employés décrivent leur lieu de travail comme étant «confortable».

Les travailleurs évoluant dans un milieu confortable atteignent leur objectif de production près de 40 minutes plus tôt que leurs pairs travaillant dans des conditions plus difficiles.

Une augmentation d’un pour cent du niveau des salaires a été associée à une augmentation de 0,6 pour cent des revenus par rapport aux coûts.

Les travailleurs envoient une partie de leur salaire à leurs familles, leur procurant ainsi des avantages en matière de santé et d’éducation.

Entreprises européennes

Les résultats d'une enquête sur les entreprises européennes menée par Eurofound, 44 qui a mis l'accent sur les innovations dans les lieux de travail, a souligné comment le dialogue social est façonné par le développement culturel, institutionnel et économique à l’échelle nationale. L’analyse de l'enquête a permis d’identifier quatre types d’entreprises. Deux d’entre eux («extensif/confiance» et «modéré/confiance») obtiennent des scores supérieurs en matière de performances de l'établissement et de bien-être sur le lieu de travail. L'analyse suggère également que les pratiques liées à la promotion du dialogue social ont une plus grande incidence sur les performances et le bien-être que les pratiques organisationnelles et les pratiques de gestion des ressources humaines. En outre, la confiance (et l'absence de conflit) est plus fortement associée à un accroissement des performances et une amélioration du bien-être qu’aux ressources dont disposent les représentants des employés, présents dans environ un tiers des entreprises analysées, et à leurs niveaux de participation et d'influence.

44 Disponible à l’adresse suivante: https://www.eurofound.europa.eu/nl/publications/report/2015/working-conditions/third-european-company-survey-workplace-innovation-in-european-companies [consulté le 21 février 2016].

45

4.2.3 Rôle de l’OIT et de l’AICESIS

L'OIT apporte aux gouvernements, aux employeurs et aux travailleurs du monde entier son appui en fixant des normes internationales du travail, en élaborant des politiques et en concevant des programmes. Elle a établi des Programmes par pays de promotion du travail décent (PPTD), qui sont un des principaux outils d'appui de l'OIT à l’échelle des pays. Les PPTD ont deux objectifs principaux. Ils cherchent à promouvoir le travail décent comme le principal outil des stratégies de développement national. Dans le même temps, ils coordonnent les savoirs, les instruments, le plaidoyer et la coopération de l'OIT, qui doivent aider les mandants tripartites à faire progresser l'Agenda du travail décent. Le tripartisme et le dialogue social sont au cœur de la planification et de la mise en œuvre d'un programme cohérent et intégré d'assistance aux mandants des Etats membres de l'OIT.

Orientations de l’OIT en matière de mise en conformité des lieux de travail

L'OIT a également développé plusieurs normes internationales du travail pouvant renforcer et coordonner les initiatives de mise en conformité des lieux de travail. Voici quelques-uns des instruments clés:

la convention (n° 81) sur l'inspection du travail, 1947;

la recommandation (n° 81) sur l'inspection du travail, 1947;

la convention (n° 129) sur l'inspection du travail (agriculture), 1969;

la recommandation (n° 133) sur l'inspection du travail (agriculture), 1969.

L'inspection du travail permet d'aligner les pratiques professionnelles sur la législation et les normes du travail, ainsi que sur les droits de l'homme. C'est une façon de contrôler l'application des dispositions légales relatives aux conditions de travail et à la protection des travailleurs. La communauté internationale reconnaît que l’inspection du travail est une fonction essentielle de tout système d’administration du travail et a toujours été au cœur du mandat de l’OIT. La «proposition de la mise en conformité par l'inspection du travail» est un domaine de première importance (ACI) du programme et du budget de l'OIT pour 2014-2015, et ce sera l'un des dix objectifs stratégiques du programme et du budget 2016-2017.

La santé et la sécurité sur le lieu de travail sont au cœur du travail décent, mais pour bien des travailleurs, ce n'est qu'une utopie. L'OIT a adopté plusieurs instruments en faveur de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail:

la convention (n° 187) sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, 2006;

la convention (n° 121) sur les prestations en cas d'accidents du travail et de maladies professionnelles, 1964;

la convention (n° 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981.

On a demandé aux CES-IS s’ils connaissaient les instruments susmentionnés. La figure 4.2 montre que les CES-IS connaissent souvent les instruments de l’OIT que leurs pays n’ont pas encore ratifiés.

46

Figure 4.2. Sensibilisation aux instruments de l’OIT

Convention (n° 81) sur l'inspection du travail

Convention (n° 121) sur les prestations en cas d'accidents du travail et de maladies professionnelles

Convention (n° 129) sur l'inspection du travail (agriculture)

Convention (n° 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs

Convention (n° 187) sur le cadre promotionnel pour la SST

0 5 10 15 20 25 30 35

30

30

30

30

30

1

1

1

1

1

24

6

11

14

7

23

20

18

25

23

ConnueRatifiéeAucune réponseTotal enquêtés

En outre, l’OIT a récemment adopté la recommandation (n° 204) sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, 2015,45 qui est particulièrement pertinente dans les efforts visant à promouvoir la mise en conformité des lieux de travail. La recommandation vise à faciliter la transition des travailleurs et des unités économiques de l’économie informelle à l'économie formelle, de promouvoir la création d'entreprises et d'emplois décents dans l'économie formelle, et d’empêcher l'informalisation des emplois formels.

Appui actuel de l’OIT

Près de 57 pour cent des pays interrogés ont indiqué que l'OIT jouait actuellement un rôle de facilitation et d'appui dans le processus de consultation.

45 Recommandation (n° 204) sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, 2015. Disponible à l’adresse suivante: http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---relconf/documents/meetingdocument/wcms_377774.pdf [consulté le 21 février 2016].

47

Tableau 4.2. Exemple d’appui fourni par l’OIT en matière de mise en conformité des lieux de travail et de consultation tripartite

L'OIT a fourni des commentaires sur l'ébauche de la loi sur le travail St Martin

L'OIT a organisé des ateliers et réunions portant sur l'amélioration du dialogue social en République serbe de Bosnie-Herzégovine.La mise en œuvre des PPTD a permis à l’OIT d'établir la pratique de la participation des représentants des travailleurs et des organisations d'employeurs aux organes de rédaction des lois et réglementations et aux mécanismes de contrôle de la sécurité sociale.

Rep. serbe de Bosnie Herzégovine

PPTD (Programmes par pays de promotion du travail décent) SerbieLes représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs participent régulièrement à la Conférence internationale du Travail de l’OIT.

Algérie

Les PPTD œuvrent à la mise en œuvre de la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travailAppui pour la publication d’un rapport sur la couverture santé des fonctionnaires

Guinée

Formation d'inspecteurs et d'arbitres NamibieConseils sur la mise en œuvre de la convention (n° 144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail, 1976.

Macao

Conseils sur la mise en œuvre de la convention (n° 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs. A ce titre, la CDES de Corée a mis en œuvre, par le dialogue social entre les membres tripartites, l'«accord sur l'amélioration du système de SST» (2008) et l'«accord sur l'avancement du système de prévention des accidents du travail» (2013)

République de Corée

Le bureau du pays a participé aux échanges concernant la loi sur le travail et formulé des recommandations sur des amendements éventuels à y apporter.

Chine

48

Appui attendu

Comme le souligne la Déclaration de La Haye, adoptée à l'issue de la conférence, les CES-IS cherchent à obtenir un appui supplémentaire de la part de l'OIT sous la forme de renforcement des capacités et d’assistance technique (voir la figure 4.3), ainsi que l’assistance de l'AICESIS pour les aider à procéder à une échange des bonnes pratiques sur les questions relatives à la mise en conformité des lieux de travail (voir la figure 4.4).

Figure 4.3. Appui attendu de l’OIT

renforcement des capacités / assistance technique/ dispense de formations

échange de bonnes pratiques et d'obstacles

conduite d'études/recherches

organisation de tables roudes/conférences

appui de tiers influants

autre

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18

49

Figure 4.4. Appui attendu de l’AICESIS

facilitation de l'échange de bonnes pratiques/ mise en place de réseaux/ jumelage

ressources financières

apport d'expertise/ renforcement des capacités

conduite d'études/recherches

organisation de tables roudes/conférences

autre

0 2 4 6 8 10 12 14 16

Suggestions de domaines où un appui est nécessaire:

encourager le dialogue bipartite (République serbe de Bosnie-Herzégovine);

formation à la négociation et au plaidoyer (République serbe de Bosnie-Herzégovine);

adoption de mesures fermes pour lutter contre le dysfonctionnement des mécanismes du dialogue social (Roumanie);

relations plus étroites entre l'OIT et les CES-IS (Viet Nam);

liste de contacts pour faciliter l’échange de bonnes pratiques (Aruba);

appui financier supplémentaire (Burkina Faso, Kenya).

Autres demandes formulées pendant la conférence:

Plusieurs pays africains ont mis en avant la nécessité de bénéficier d'un appui supplémentaire de la part de l'OIT et de l'AICESIS pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail. En outre, un certain nombre de participants issus de pays africains ont souligné la nécessité de créer des emplois de haute qualité, plutôt que des emplois en bas des chaînes d'approvisionnement.

La Déclaration de La Haye appelle aussi à:

la promotion de l’échange d’expériences chez les mandants tripartites;

l’analyse des tendances mondiales de mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et à l’offre de formation et à l’adoption d’instruments politiques adaptés;

50

la mise à disposition de l’expertise adéquate pour aider les CES-IS à définir des stratégies en vue de renforcer les capacités de leurs membres.

51

5. Conclusions et recommandations

Le rôle des CES-IS

Les rôles des CES-IS dans la mise en conformité des lieux de travail sont divers et varient d’un pays et d’une région à l’autre. Certains CES-IS jouent un rôle réactif et leur mission première consiste à fournir des conseils en matière de législation et de politiques. D'autres sont plus proactifs et émettent des avis et recommandations, et organisent des réunions sur des sujets liés à la mise en conformité. Bien que le fait d’associer les entreprises multinationales à la mise en conformité des lieux de travail ne soit pas encore une pratique courante, il importe que ces entreprises prennent part aux discussions nationales sur le sujet en s’engageant avec les CES-IS dans leur pays d’accueil.

Faciliter le dialogue et fournir des orientations sur la façon de rédiger et réviser les politiques et la législation est une étape essentielle dans le renforcement de la mise en conformité. Bon nombre de CES-IS comprennent que s’ils sont impliqués dans le processus d’élaboration de lois et politiques par les employeurs et les travailleurs, il est plus probable que leur mise en œuvre soit efficace sur les lieux de travail.

La non-conformité freine la croissance inclusive, ralentit le développement durable et limite le partage équitable des bénéfices de la mondialisation. Il est donc dans l'intérêt supérieur d'un pays de veiller à ce que les CES-IS soient impliqués dans le dialogue social sur les moyens de promouvoir la mise en conformité des lieux de travail. Les CES-IS doivent:

engager des ressources pour répondre aux questions liées à la mise en conformité des lieux de travail, en créant par exemple des comités spéciaux ou des groupes de travail;

éduquer leurs membres, notamment leurs partenaires sociaux, sur les principes et droits fondamentaux au travail, l’importance du dialogue social dans l’administration du travail et sur d’autres questions liées au travail;

adopter un rôle plus proactif en exigeant que se tiennent des consultations sur la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, en vue de réviser les cadres juridiques, l’application des lois, les mécanismes de résolution de conflits et la coopération sur les lieux de travail;

renforcer le rôle des partenaires sociaux dans les CES-IS;

garantir que les entreprises multinationales sont représentées dans le dialogue social à l’échelle nationale.

Les enjeux

La mise en conformité des lieux de travail est une question complexe dans l'économie mondialisée actuelle. La taille de l'économie informelle, l'insuffisance des ressources pour les services publics, ainsi que la fragmentation croissante et la diversification de la main-d'œuvre sont des défis majeurs limitant les PCI et la mise en conformité des lieux de travail dans les organismes publics.

52

La taille des secteurs informels de nombreux pays représente un défi énorme, car il est difficile d'obtenir des informations et d'avoir accès aux lieux de travail non enregistrés et rarement soumis à des inspections. En outre, les initiatives de vérification privées sont souvent inefficaces dans la promotion du respect des droits fondamentaux au travail, y compris du droit à la non-discrimination et à la liberté d'association. Dans bien des pays, les inspecteurs publics sont souvent confrontés à des défis similaires. Pour les surmonter, tous les acteurs, qu'ils soient publics ou privés, doivent collaborer et participer au dialogue social. A cette fin, la plupart des CES-IS sont activement impliqués dans le dialogue national tripartite pour promouvoir la mise en conformité des lieux de travail.

La recommandation (n° 204) concernant la transition de l'économie informelle vers l'économie formelle examine les rôles que les différentes parties prenantes peuvent jouer; elle est un instrument important dans cette transition. Une attention particulière doit être accordée à la participation des femmes, qui ont souvent un rôle primordial dans l'économie informelle. Leur participation au dialogue social est cruciale.

Les CES-IS doivent:

établir un dialogue avec les personnes responsables de l’application des lois et constituer une plateforme de dialogue pour les différentes parties prenantes;

mobiliser les ressources et impliquer les experts en créant des comités spécialisés;

veiller à l’inclusion des femmes dans les initiatives de dialogue social;

empêcher l'informalisation des emplois de l'économie formelle;

fonder leurs suggestions et leurs décisions sur les orientations politiques telles qu’elles sont énoncées dans la recommandation n° 204.

Importance du dialogue social

L'implication des partenaires sociaux dans la mise en conformité des lieux de travail est essentielle. Il est dans l’intérêt des employeurs et des travailleurs d’utiliser le dialogue social, car il réduit la probabilité de conflits et litiges. Le dialogue social appuie les droits et libertés fondamentaux des citoyens dans le monde. A cet égard, le Quartet du dialogue national tunisien, qui comprend les principaux acteurs de la société civile, a reçu le prix Nobel de la paix pour sa contribution décisive à une transition sans heurts vers la démocratie après la révolution du jasmin.

Les CES-IS ont démontré que le dialogue social était renforcé lorsqu’une base institutionnelle solide est prescrite par la loi ou par un accord tripartite entre les parties concernées. Les mandats formels légalement établis peuvent toutefois restreindre la capacité des CES-IS à relever de nouveaux défis ou assumer de nouvelles fonctions. En effet, certains CES-IS avec des mandats moins formels ont pu aborder des questions qui ne relèvent pas de leurs fonctions, comme les chaînes d'approvisionnement mondiales, avec une plus grande flexibilité. Quels que soient la forme ou le statut des CES-IS, la clé de la réussite semble résider dans l’institutionnalisation efficace du dialogue social, l'implication de parties prenantes capables et engagées, la tenue de réunions régulières, et la définition d'objectifs clairs.

53

Une enquête d’Eurofound auprès des entreprises européennes a démontré que:46

la mise en conformité des lieux de travail nécessite la présence d'institutions à l’échelle du lieu de travail, telles que des comités de travailleurs ou des comités de SST;

le dialogue social est façonné par les développements culturels, institutionnels et économiques nationaux, qui affectent le type et les fonctions des parties prenantes participant à ce processus;

les pratiques liées à la promotion du dialogue social ont une plus grande incidence sur les performances et le bien-être que les pratiques organisationnelles et les pratiques de gestion des ressources humaines.

Les CES-IS doivent:

collaborer avec les responsables et les travailleurs et les sensibiliser à l'importance de la mise en conformité des lieux de travail;

fournir un appui pour renforcer la capacité des membres à s’engager dans le dialogue social;

garantir que le dialogue social est formellement établi par la loi;

collaborer avec les experts compétents autres que les partenaires sociaux et les représentants des gouvernements, lorsque cela est nécessaire;

mettre en place des comités spéciaux sur la mise en conformité des lieux de travail ou sur des sujets connexes.

Les chaînes d’approvisionnement mondiales et les entreprises multinationales

Pour veiller à ce que les chaînes d'approvisionnement mondiales offrent des avantages substantiels aux travailleurs, les CES-IS doivent activement promouvoir la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d'approvisionnement mondiales dans tous les pays qui accueillent des entreprises multinationales. A cette fin, ils doivent coopérer avec toutes les parties prenantes concernées, y compris les entreprises multinationales elles-mêmes et les organisations internationales.

Pour combler les lacunes en matière de gouvernance mondiale, de nombreuses initiatives visant à promouvoir la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d'approvisionnement mondiales ont été mises en œuvre par les organisations internationales, notamment:

l’OCDE, qui a publié des principes directeurs pour les entreprises multinationales incluant les attentes des gouvernements concernant le code de conduite que doivent adopter les multinationales;

46 Working conditions and social dialogue, Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, 2008. Disponible à l’adresse suivante: http://www.eurofound.europa.eu/sites/default/files/ef_files/docs/comparative/tn0710019s/tn0710019s.pdf [consulté le 21 février 2016].

54

la Banque mondiale et la SFI, qui cherchent à faire respecter les normes dans le monde entier;

le Pacte mondial des Nations Unies, qui entreprend de nombreuses initiatives pour faire en sorte que les normes internationales soient respectées, et facilite l’échange de bonnes pratiques;

l'OIT, qui définit et encourage la mise en conformité des lieux de travail, y compris par les entreprises multinationales;

L'Organisation internationale des employeurs et la Confédération syndicale internationale s’engagent également dans la promotion de la mise en conformité des lieux de travail.

Le programme Better Work et l’Accord sur la sécurité incendie et la sécurité des bâtiments au Bangladesh sont des exemples prometteurs d'initiatives visant à promouvoir la mise en conformité. Les enseignements tirés de l’expérience concernant les CES-IS sont les suivants:

la mise en conformité des lieux de travail crée non seulement de meilleurs emplois, mais peut attirer de nouvelles entreprises, et ainsi renforcer les possibilités de création d’emplois supplémentaires;

le programme Better Work contribue à la promotion du développement grâce au renforcement des entreprises;

le dialogue social est essentiel pour résoudre les problèmes de mise en conformité des lieux de travail, car il favorise la participation directe des partenaires sociaux;

d'autres parties prenantes doivent être impliquées dans le dialogue social, notamment les législateurs et les agents responsables de l’application des lois.

A l’échelle nationale, la participation des CES-IS dans le processus de mise en conformité des lieux de travail en lien avec les chaînes d'approvisionnement mondiales et les entreprises multinationales reste limitée. Cependant, certains CES-IS explorent de nouvelles pistes pour renforcer leur engagement dans ce domaine.

Dans certains pays, les CES-IS jouent un rôle proactif pour parvenir à un consensus sur le rôle des multinationales dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Dans d'autres pays, cependant, cette question n'a pas encore été discutée. Plusieurs CES-IS sont activement impliqués dans la promotion de l’échange de bonnes pratiques et sensibilisent diverses parties prenantes aux questions de mise en conformité.

Cinq CES-IS collaborent directement avec des CES-IS à des conférences ou des réunions d'experts. Nombreux sont ceux qui ne considèrent pas que ces activités relèvent de leur mandat. Cependant, les deux tiers des CES-IS interrogés ont établi des relations indirectes avec les entreprises multinationales en participant à des organisations d'employeurs. En général, les entreprises multinationales ne sont pas censées participer à des initiatives de mise en conformité des milieux de travail. Dans certains pays, les CES-IS sont conscients que les initiatives internationales de vérification privées peuvent permettre d’améliorer la situation des employés ou de lutter contre le travail des enfants. Pour certains CES-IS, la façon dont ils peuvent participer à de telles initiatives n’est pas très claire, surtout quand elles ne sont pas dirigées par l'OIT.

55

Pour renforcer le rôle des CES-IS dans les chaînes d'approvisionnement mondiales et les entreprises multinationales, les membres doivent:

améliorer leur compréhension et renforcer leurs capacités en matière d’initiatives de vérification privées;

améliorer leurs connaissances et promouvoir l'application des directives internationales, y compris les Principes directeurs de l'OCDE à l’intention des entreprises multinationales, les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme et la Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale (la Déclaration de l’OIT);

faire usage des lignes directrices existantes, y compris des instruments de l'OIT sur le dialogue social et la recommandation (n° 204) concernant la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, adoptée à la Conférence internationale du Travail (CIT);

collaborer avec les parties prenantes internationales, y compris l'OIT, qui s’efforcent déjà de promouvoir la mise en conformité des lieux de travail dans les chaînes d'approvisionnement mondiales;

faciliter les discussions entre les administrations publiques et les partenaires sociaux concernant les répercussions des initiatives de vérification privées;

privilégier la mise en conformité dans les pays concernés par les chaînes d'approvisionnement mondiales;

promouvoir la création de chaînes mondiales d'approvisionnement équitables en vue de créer des emplois de haute qualité. Pour un développement durable à l’échelle nationale, il est crucial de créer des emplois à valeur ajoutée dans la chaîne d'approvisionnement, en particulier dans l’industrie extractive.

Collaboration public/privé en matière de mise en conformité des lieux de travail

Les gouvernements ne sont plus les seuls acteurs impliqués dans la promotion de la mise en conformité des lieux de travail. Les initiatives privées se développent rapidement, en particulier lorsque les ressources disponibles et les capacités sont limitées.

Le Burkina Faso, la Colombie, les Pays-Bas et la République serbe de Bosnie-Herzégovine ont souligné l'importance des partenariats public-privé, y compris ceux qui sont établis par la loi. Bien que ces partenariats puissent améliorer l'efficacité de la mise en conformité des lieux de travail, il n’y a que peu d’exemples de réussites d’une telle collaboration (à l’exception du programme Better Work OIT/SFI). Le dialogue social n’a généralement qu’un rôle limité dans ces partenariats.

Les CES-IS sont parfaitement positionnés pour rassembler un large éventail de parties prenantes:

les CES-IS peuvent promouvoir les partenariats et la collaboration;

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les CES-IS peuvent également renforcer le sentiment d'appartenance dans ces partenariats et promouvoir la coopération technique internationale.

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ANNEXE I. Déclaration de La Haye

La Déclaration de La Haye sur la promotion de la mise en conformité des lieux de travail par les Conseils économiques et

sociaux et Institutions similaires

Nous, représentants des Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires (CES-IS), participant à la conférence internationale sur le thème « Promouvoir la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d’approvisionnement mondiales: le rôle des Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires de dialogue social » organisée par l’AICESIS, l’OIT et le SER des Pays-Bas les 29 et 30 octobre 2015 à La Haye;

Rappelant la Constitution de l’OIT qui stipule que la paix durable ne peut être établie que si elle est fondée sur la justice sociale;

Réitérant les principes fondamentaux sur lesquels a été fondée l'OIT, décrits dans la Déclaration de Philadelphie47 de 1944:

« a) le travail n'est pas une marchandise;b) la liberté d’expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès soutenu;c) la pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous;d) la lutte contre le besoin doit être menée avec une inlassable énergie au sein de chaque nation et par un effort international continu et concerté dans lequel les représentants des travailleurs et des employeurs, coopérant sur un pied d'égalité avec ceux des gouvernements, participent à de libres discussions et à des décisions de caractère démocratique en vue de promouvoir le bien commun. »

Rappelant la Déclaration de l’OIT sur les principes et droits fondamentaux au travail de 1998 promouvant les principes et droits au travail en 4 catégories:

1) la liberté d’association et le droit à la négociation collective2) l’élimination du travail forcé ou obligatoire3) l’abolition des pires formes du travail des enfants4) l’éradication de la discrimination dans l’emploi et les professions

47 Déclaration concernant les buts et objectifs de l’Organisation Internationale du Travail adoptée à la 26ème session de la Conférence Générale de l’Organisation Internationale du Travail, Philadelphie, 10 mai 1944

58

Considérant que les Conseils Economiques et Sociaux et Institutions Similaires sont établis pour conseiller l’exécutif et les gouvernements et / ou les parlements sur la meilleure manière d’assurer la complémentarité et la cohérence entre les exigences économiques et les besoins sociaux et sont déterminés à faire avancer le travail décent et la justice sociale pour tous;

Reconnaissant les principes et droits susmentionnés, nous affirmons que:

La mise en conformité des lieux de travail est le respect des normes internationales et des principes et droits fondamentaux de travail, l’application des législations nationales, la création d’un environnement et d’une culture du respect des lois et des normes internationales pour prévenir la violation des lois du travail à travers de nombreux mécanismes, notamment les campagnes et la promotion de la responsabilité sociale des entreprises.

La mise en conformité des lieux de travail est le résultat concret qui montre que les travailleurs, les employeurs et les gouvernements cherchent ensemble à améliorer les conditions de travail, la productivité, la compétitivité et le développement social à travers un ensemble de stratégies, d’actions et de politiques prenant en compte les différents niveaux de développement de tous les pays.

Le développement des normes du travail décent inclut les lois, règles et normes dans les divers secteurs tels que la liberté d’association et de négociation collective, la sécurité et la santé au travail, les salaires, les accords sur l’aménagement du travail, les horaires de travail (y compris les heures supplémentaires), la discrimination et le harcèlement, la protection de la maternité, les contrats de travail et les congés payés.

Les CES - IS doivent sérieusement prendre en considération la promotion de la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, dans leurs programmes de travail, dans les processus de consultation, et plaider pour que ce thème devienne une priorité dans les programmes nationaux de développement.

Les objectifs communs de l'OIT et de l'AICESIS ayant été mis en évidence dans l'accord de coopération conjoint conclu en 2012, la Déclaration de La Haye sur la mise en conformité des lieux de travail vise à mettre en œuvre l’accord et mobiliser les CES-IS sur cette question stratégique.

Certaines bonnes pratiques, telles que le Programme Better Work, Bangladesh Accord, les Accords-cadres internationaux, Compliance Plus (Sri Lanka) et les Accords internationaux sur la responsabilité sociale des entreprises aux niveaux sectoriels, sont importantes car elles promeuvent la transparence et la responsabilité.

Nous sommes déterminés à:

Renforcer les actions au niveau national et à l'endroit des différents acteurs essentiels (Gouvernement, Parlement, organisations représentatives des employeurs et des travailleurs ainsi que d'autres organisations compétentes et représentatives des personnes et des groupes concernés) afin de promouvoir et de reconnaitre l'importance stratégique de la mise en conformité des lieux de travail pour les travailleurs et les entreprises, et la société dans son ensemble;

Nous, les CES-IS, proposons les actions suivantes:

En tant que plateformes importantes pour les consultations et délibérations tripartites et élargies sur les politiques économiques et sociales et afin de construire un consensus national, nous, les CES-IS, ferons de notre mieux pour:

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- Nous engager davantage dans le débat national sur la promotion de la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d'approvisionnement mondiales et améliorer nos compétences et notre rôle en tant que forums de concertation sur les principes et droits fondamentaux au travail;

- Mobiliser toutes les ressources disponibles (humaines, financières, techniques) pour aborder la question de la mise en conformité des lieux de travail, y compris par la création - si nécessaire - de comités d’experts ou de groupes de travail dédiés en accord avec la constitution de chaque CES-IS;

- Renforcer les capacités et le rôle de nos membres en particulier des partenaires sociaux sur la mise en conformité des lieux de travail;

- Coopérer avec:i) les organismes de contrôle d'application des lois, en particulier les inspections du travail et d’autres institutions concernées, afin d’activer les relations mutuellement bénéficiaires,i) les organisations de travailleurs et d’employeurs nationales et internationales pour renforcer leur rôle et leur capacité dans la promotion de la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaines d’approvisionnement mondiales,

- Faciliter les discussions entre l'administration publique et les partenaires sociaux concernant les mécanismes volontaires de mise en conformité et leur impact sur la promotion de la conformité des lieux de travail;

- Promouvoir la mise en œuvre des orientations internationales, telles que celles de l’OCDE concernant les multinationales, de l’ONU guidant les principes des affaires et les droits humains et de l’OIT stipulées dans la Déclaration Tripartite de principe concernant les entreprises multinationales et la politique sociale;

- Prendre en considération les orientations mentionnées dans les instruments pertinents de l'OIT dans le domaine du dialogue social, en particulier les: Convention (No. 144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail, 1976 / Convention (No. 81) sur l'inspection du travail, 1947 / Protocole de 1995 relatif à la Convention de l'inspection du travail / Convention (No. 129) sur l'inspection du travail (agriculture), 1969.

Nous, en tant que membres de l’AICESIS, proposons les actions suivantes:

- Faciliter les échanges d'informations, d'expériences et de bonnes pratiques entre les CES-IS concernant leurs contributions aux actions nationales visant à promouvoir la mise en conformité des lieux de travail;

- Entreprendre des actions de suivi de la Déclaration de La Haye, qui seront présentées lors de notre Assemblée générale en 2016, y compris des initiatives spécifiques visant à renforcer les capacités des CES-IS pour soutenir la mise en œuvre de la Déclaration de La Haye au niveau des pays;

- Envoyer au secrétariat général de l’AICESIS tous les documents et les rapports pertinents sur la promotion de la mise en conformité des lieux de travail.

Nous demandons à l’OIT, en tant que partenaire stratégique, de considérer les actions suivantes:

- Promouvoir l'échange d'expériences entre les mandants tripartites avec le soutien de plates-formes élargies, incluant les CES-IS, dans la formulation et la mise en œuvre de stratégies intégrées de mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaînes d'approvisionnement mondiales;

- Analyser les tendances sur la mise en conformité des lieux de travail dans le monde, y compris dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, et fournir des outils de politique et de formation pour soutenir les processus nationaux de dialogue social;

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- Offrir une expertise afin d’aider les CES-IS à formuler des stratégies visant à renforcer les capacités de leurs membres, en particulier les partenaires sociaux, sur la mise en conformité des lieux de travail.

La Haye, 30 octobre 2015

61

ANNEXE II. Programme de la conférence

«Promouvoir la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaines d’approvisionnement mondiales: Le rôle des CES et institutions similaires de dialogue social»

La Haye (Pays-Bas), 29-30 octobre 2015Lieu: Conseil économique et social des Pays-Bas (SER)

Bezuidenhoutseweg 60, La Haye

29 octobre 2015

08:00 – 09:00 Enregistrement des participants

09:00 – 10:30 Session d’ouverture

Modérateur: Mme Véronique TIMMERHUISS, Secrétaire générale du SER des Pays-Bas

- Mots d’ouverture de:- Mme Mariëtte HAMER, Présidente du SER des Pays-Bas- M. Agripino Antonio NÚÑEZ COLLADO, Président de l’AICESIS

- Mots d’ouverture et intervention principale de Mme Sandra POLASKI, Directrice générale adjointe de l’OIT

- M. Christiaan REBERGEN, Directeur général pour la coopération internationale, Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas

Intervention Questions / Réponses

10.30 – 10.45 Pause café

10:45-12:00 Session de travail   1 Présentation des résultats de l’enquête mondiale menée par l’OIT et l’AICESIS sur la mise en conformité des lieux de travail, y compris dans les chaines d’approvisionnement mondiales

Modérateur: M. KIM, Dae-hwan, Président de la CDES de Corée

Présentation des résultats de l’enquête (45 minutes): M. Youcef GHELLAB, Chef de l’Unité du dialogue social et tripartisme, Département GOUVERNANCE, OIT et Mme Liesbeth UNGER (Consultante – Rapporteur du rapport introductif)

Débat (30 minutes)

12:00 – 13:30 Photo de familleDéjeuner

62

13:30-15:00 Session de travail   2 Expériences et opinions des organisations/institutions internationales sur l’amélioration des pratiques et mises en conformité des lieux de travail, plus particulièrement dans les chaines d’approvisionnement mondiales

Modérateur: Mme Alexandra VAN SELM, Directrice adjointe pour les affaires sociales, SER

Présentations des représentants de:- OCDE: M. Tylar GILLARD, Responsable des projets sectoriels, Unité sur la

Conduite responsable des entreprises, Division de l’investissement, Directorat des affaires financières et des entreprises (vidéo-conférence)

- Banque Mondiale: Mme Daria TAGLIONI, Economiste, Direction des solutions mondiales sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, pratiques mondiales de commerce et compétitivité (vidéo-conférence)

- Pacte Mondial des Nations Unies: M. Ben CHIN, Coordinateur des relations entre la direction et le travail (message vidéo)

- OIT: M. Moussa OUMAROU, Directeur du département Gouvernance

Débats (45 minutes) avec la participation de: Mme Linda KROMJONG, Secrétaire Générale, Organisation internationale

des employeurs M. Jeffrey VOGT, Directeur de l’unité juridique, Confédération

internationale des syndicats

15:00 – 15:30 Pause café

15:30-17:00 Session de travail   3 Comment assurer sécurité et santé au travail? Quel rôle le dialogue social peut-il jouer?

Les intervenants sont invités à présenter:1. Les expériences nationales récentes et concrètes qui ont assuré une sécurité et une santé au travail et/ou dans les chaines d’approvisionnement mondiales, et le rôle du dialogue social2. Quels enseignements et mesures sont à recommander pour faire en sorte que toutes les parties prenantes soient impliquées?

Modérateur: Mme Hadja Rabiatou Serah DIALLO, Présidente du CES de Guinée

Intervenants:- Mme Sylvie BRUNET, Conseillère de la section du travail et de l’emploi,

CESE de France- M. Roberto MORENO, Secrétaire général de la Confederación Unitaria de

Trabajadores (CUT) du Nicaragua- Mme Alexandra VAN SELM, Directrice adjointe pour les affaires sociales,

SER- M. Javier DIAZ PENA, Responsabilité sociale des entreprises, INDITEX- M. Isidor BOIX, Coordinateur Global GFA, INDITEX

Questions / Réponses

63

17:00-18:30 Session de travail   4 Présentations et débat sur la mise en conformité des lieux de travail: programmes internationaux, pratiques et performance

Modérateur: M. Patrice EZATY MERIKO EDZIA, Président du CES de la RDC

Présentations principales:- M. Dan REES du Programme Better Work de l’OIT- M. Joris OLDENZIEL d’Accord Bangladesh- Mme Stavroula DEMETRIADES d’Eurofound (Enquête européenne sur les conditions de travail)

Débats (30 minutes)

18:00-20h00 Cocktail de networking au SER

Comité de rédaction pour finaliser le projet de Déclaration sur la mise en conformité des lieux de travail et la coopération via le dialogue social, notamment dans les chaines d’approvisionnement mondiales

20:00 – 21:30 Diner offert par le SER– Hampshire Babylon hotel

30 octobre 2015

08:45 – 09:15 Résumé des débats de la première journéePrésentation (20 minutes): Mme Githa ROELANS, Cheffe de l’Unité entreprises multinationales et engagement des entreprises, Département Entreprises, OIT

Questions / Réponses (10 minutes)

09:15 – 10:45 Session de travail   5 Comment mettre en œuvre la mise en conformité des lieux de travail (par exemple par les inspections du travail ou les audits)? Quel rôle le dialogue social peut-il jouer?

Les intervenants sont invités à présenter:1.Les expériences nationales récentes et concrètes sur l’application de la mise en conformité des lieux de travail et/ou dans les chaines d’approvisionnement mondiales, et le rôle du dialogue social2. Quels enseignements et mesures sont à recommander pour faire en sorte que toutes les parties prenantes soient impliquées?

Modérateur: M. Claude AKPOKAVIE, Conseiller principal à ACTRAV, OIT

Intervenants:- M. Dick BARTELSE, Directeur de l’approvisionnement, Akzo Nobel

Revêtement industriels, Programme des fournisseurs d’Akzo- Mme Maria JOSÉ POLICARPO, Chef de Cabinet du Président du CES du

Portugal- M. Omari SAMA, Spécialiste du Travail au Ministère du Travail et de

l’Emploi de Tanzanie- M. S. M. Gotabhaya JAYARATNE, Secrétaire au Ministère du Travail et

des Relations avec les syndicats, Sri Lanka

64

Questions / Réponses

10:45 – 11:00 Pausé café

11:00 – 12:30 Session de travail   6 Comment améliorer les Droits Fondamentaux au Travail? Quel rôle le dialogue social peut-il jouer?

Les intervenants sont invités à présenter:1. Les expériences nationales récentes et concrètes sur l’amélioration des droits fondamentaux au travail et/ou dans les chaines d’approvisionnement mondiales, et le rôle du dialogue social2. Quels enseignements et mesures sont à recommander pour faire en sorte que toutes les parties prenantes soient impliquées?

Modérateur: M. Francisco Javier GONZÁLEZ DE LENA, Directeur de Cabinet du Président du CES d’Espagne

Intervenants:- M. Andres Mauricio RAMIREZ PULIDO, Secrétaire technique de la

Commission permanente consultative sur la politique des salaires et du travail – Ministère du Travail de Colombie

- M. KIM, Dae-hwan, Président de la CDES de Corée- Mme Doha ABDELKHALEQ, Expert TIC & Conseillère juridique,

Membredu CES de Jordanie- Mme Lieneke WIERINGA, Directrice de la représentation, Fairfood

International, Sécurité et santé sur le lieu de travail et dialogue social au Costa Rica et au Honduras

Questions / Réponses

12:30-14:00 Déjeuner

14:00 – 15:30 Session de travail   7 Comment renforcer les rôles du dialogue social, des partenaires sociaux et des CES-IS pour élaborer, mettre en œuvre, surveiller et évaluer la stratégie pour améliorer la mise en conformité des lieux de travail?Comment améliorer la mise en conformité des lieux de travail dans les chaines d’approvisionnement mondiales?

Modérateur: Mme Alette VAN LEUR, Directrice du département des politiques sectorielles (OIT)

Débats avec les représentants de: M. Jeffrey VOGT, Directeur de l’Unité juridique, Confédération

internationale des syndicats Mme Catelene PASSCHIER, Vice-Présidente de la confédération

hollandaise des syndicats (FNV) Mme Linda KROMJONG, Secrétaire générale, Organisation internationale

des employeurs M. Ton SCHOENMAECKERS, Directeur du Département des Affaires

sociales, Confédération des industries et des employeurs des Pays-Bas (VNO-NCW)

15:30-16:30 Pause café

65

Rencontres bilatérales et networking entre les participants

Comité de rédaction pour finaliser la Déclaration de La Haye sur la mise en conformité des lieux de travail et le dialogue social

16:30-17:45 Session de ClôturePrésentation de la Déclaration par M. Youcef GHELLAB, Chef de l’Unité du dialogue social et tripartisme, Département GOUVERNANCE, OIT et adoption

Clôture: SER: Mme Véronique TIMMERHUISS, Secrétaire générale OIT: M. Moussa OUMAROU, Directeur du Département Gouvernance AICESIS: M. Agripino Antonio NÚÑEZ COLLADO, Président

66

ANNEXE III. Liste des participants à la conférence de La Haye

PAYS NOM FONCTIONMEMBRES DE L’AICESIS

Argentine (Buenos Aires)CES

M. Roberto PONSM. José Luis PIRRAGLIAM. Victor SANTA MARIA Membre du CES -

Représentant SUTERHAruba

CESM. Jose Rudolf GEERMAN PrésidentM. Felix R.E. BIJLHOUT, Msc. Secrétaire général

BelgiqueCNT Mme Alix LEJEUNE Membre du service d’études

sur l’OIT

Burkina FasoCES

M. Moïse I. NAPON PrésidentM. Idrissa NASA Vice-PrésidentM. Gérard NACOULMA Chef de DépartementMme Victorine OUANDAOGO Représentant des

employeursM. Blaise Augustin HIEN Représentant des travailleurs

CamerounCES

M. Luc AYANG PrésidentM. Réné Marie ESSOME BIKOU Secrétaire général

République démocratique du Congo

CES

M. Patrice EZATY MERIKO EDZIA PrésidentM. Léon KYABOBAKASOBWA Rapporteur adjointMme Odette MWAMBA BANZA Conseillère de la République

et Présidente de la Commission Santé, Affaires

Sociales et CulturellesM. Bob EZATY ETOMA Chargé de Missions auprès

du 1er Vice-Président

CoréeCDES

M. KIM, Dae-hwan PrésidentM. YOUN, Moo-jeong Directeur adjoint des

relations internationalesMme CHO, Ok-hee Directeur adjoint

CuracaoCES

Mme Josephine PROVENCE Secrétaire généralM. Jean DICTUS Conseiller

EspagneCES

M. Francisco Javier GONZÁLEZ DE LENA

Directeur de Cabinet du Président

Mme Margarita BRAVO TORRES Directeur des relations internationales

FranceESEC

Mme Sylvie BRUNET Conseillère de la section du travail et de l’emploi

GuinéeCES

Mme Hadja Rabiatou Serah DIALLO PrésidentAncien SG de la

confédération nationale des travailleurs

M. El Hadj Amadou DIALLO Vice-PrésidentReprésentant des travailleurs des secteurs public et privé, SG Confédération nationale

67

des travailleursM. Alain Bertrand TRAORE Secrétaire général adjoint

IrlandeM. Kieran MULVEY Directeur général de la

Commission sur les relations au travail

JordanieCES

Mme Doha ABDELKHALEQ Représentant du groupe des employeurs

M. Ali HADID Représentant du groupe des travailleurs

KenyaNESC

Mme Elizabeth MUENI KIMULU (MUANZA)

Directeur, secteur social (NESC)

M. Ernest NADOME Sous-Secrétaire général de l’Organisation centrale des

syndicatsSecrétaire général Kenya Electrical Trades - Allied

Workers Union

MaliESCC

M. Maouloud Ben KATTRA Secrétaire général adjoint de l'Union nationale des

travailleurs du Mali, 1er Secrétaire du Bureau, Chef

de missionM. Tiémoko Souleymane SANGARE Représentant les Comités de

coordination des organisations non

gouvernementales, membre du CESC

Mme Gertrude KEITA Conseiller Technique de la Commission Affaires

Sociales et Santé du CESC

MauritanieCES

Mme Vetiya SAMBA Représentant de l’organisation des

employeursM. Haleman ABDALLAH Représentant de

l’organisation des travailleurs

Pays-BasSER

Mme Mariëtte HAMER PrésidentMme Veronique TIMMERHUIS Secrétaire généralMme Alexandra VAN SELM Directrice adjointe pour les

affaires sociales, SERM. Jan VAN WIJNGAARDENMme Nadia CICEKM. Nikolai BLOEM

Portugal

M. Augusto PRAÇA Membre du Comité exécutif du CGTP-IN (travailleurs)

Mme Maria JOSÉ POLICARPO Coordonnateur de Cabinet du Président

Nuno BISCAYA Département des affaires juridiques et sociales, CIP – Confédération commerciale

du PortugalRépublique dominicaine

CESM. Agripino Antonio NÚÑEZ COLLADO PrésidentM. Iraima CAPRILES Directeur général

République serbe de Bosnie M. Bojan SMILJANIĆ Secrétaire du CES

68

CES

M. Saša AĆIĆ Organisation des employeurs

M. Milenko GRANULIĆ Confédération syndicaleMme Mira VASIĆ Ministre du Travail et de

l’EmploiRoumanie

CESM. Dragoș MIHALACHE Vice-Président (employeurs)M. Ion ALBU Vice-Président (travailleurs)

St MartinCES

Mme Oldine BRYSON- PANTOPHLET PrésidentMme Ursela SALOMON Membre du personnel

NON MEMBRES DE l’AICESIS

AlbanieCES

Bangladesh

M. Amirul Haque Amin Secrétaire général - Jatiyo Sramik Federation (JSF)Président de la NGWF

(National Garment Workers Federation)

M. Asif IBRAHIM Fédération des employeurs du Bangladesh

Colombie

M. Fabio ARIAS GIRALDO Secrétaire général de la CUT (Central Unitaria de

Trabajadores)Mme Caralina PERAFFAN LONDOÑO Conseiller principal

international (ANDI)Mme Rosa Helena FLEREZ GONZALEZ Secrétaire général (CTC)M. Andres Mauricio RAMIREZ PULIDO Secrétaire technique de la

Commission permanente consultative sur la politique des salaires et du travail –

ministère du TravailMme Gloria GAVIRIA RAMOS Directeur du bureau de la

coopération et des relations internationales – ministère

du TravailM. Jorge ESPINOZA PÉREZ Secrétaire à l’organisation

(CGT)

IndonésieM. Johannes DARTHA PAKPAHAN Vice-Président de la

Fédération chimique of (KIKES SBSI Federation)

Mongolie M. Ganbaataar KHUYAG Vice-Président de la Fédération des employeurs

Namibie

M. Basilius DYAKUGHA Ministère de la JusticeM. Alphaus Vehonga MUHEUA Vice-Ministre du Travail et

Président du Comité consultatif du Travail

M. Michael Nande KAYALA Ministère du TravailMme Patricia Joan OLIVIER Old Mutual Life Assurance

Company (Pty) LtdMahongora KAVIHUHA Congrès syndical de

NamibieNicaragua M. Roberto MORENO MORENO Travailleur - CUT

69

Sri Lanka

M. Kanishka WEERASINGHE Directeur général / PDGDe la Fédération des

employeurs de Ceylon

M. S. M. Gotabhaya JAYARATNE Secrétaire au Ministère du Travail et des Relations avec

les syndicats

Tanzanie

M. Samuel M. NYANTAHE Président du Conseil économique et social

(LESCO)M. Nicholas Ernest MGAYA Secrétaire général du

Congrès syndical de Tanzanie (TUCTA)

M. Aggrey Kalimwage MLIMUKA Directeur général de l’Association des

employeurs de TanzanieM. Omari SAMA Secrétariat du LESCO –

ministère du Travail et de l’Emploi

Tunisie

M. Nabil OURARI Directeur de la DGT – ministère des Affaires

socialesM. Belgacem AYARI Secrétaire général adjoint –

UGTTM. Sami SILINI Directeur des affaires

sociales – UTICA

AICESIS M. Patrick VENTURINI Secrétaire généralMme Samira AZARBA Administratrice

OIT Mme Sandra POLASKI Directrice générale adjointe pour les politiques

M. Moussa OUMAROU Directeur du département GOUVERNANCE

Mme Alette VAN LEUR Directeur du Département des politiques sectorielles

M. Claude AKPOKAVIE Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV)Bureau des activités pour les employeurs (ACT/EMP)

M. Youcef GHELLAB Chef de l’Unité du dialogue social et tripartisme,

Département GOUVERNANCE

Mme Githa ROELANS Cheffe de l’Unité des entreprises multinationales et de l’engagement auprès

des entreprisesM. Dan REES Directeur des Programmes

de l’OIT Better WorkMme Yuka OKUMURA Specialiste de gouvernance

et planification stratégiqueMme Claire COURTEILLE Directrice du Bureau de

l'OIT à Bruxelles

70

M. Jules ONI Spécialiste de l’administration du travail et du dialogue social au

BIT/DakarM. T. Timothée SOULAMA Administrateur national de

programme pilote ACI 7 au Burkina Faso

M. Maridadi PHANUEL Coordonnateur du programme national, droit du travail, bureau du BIT –

Dar es Salaam

Confédération syndicale internationale M. Jeffrey VOGT Directeur de l’unité

juridiqueOrganisation internationale

des employeurs Mme Linda KROMJONG Secrétaire générale

Organisations internationales

M. Tylar GILLARD Responsable des projets sectoriels, Unité sur la

conduite responsable des entreprises, Division de

l’investissement, Directorat des affaires financières et

des entreprises de l’OCDEBanque mondiale

M. Ben CHIN Pacte mondial des Nations Unies

M. Joris OLDENZIEL Accord BangladeshMme Stavroula DEMETRIADES Directrice du programme

sur les développements du lieu de travail, Conditions

de travail et relations industrielles, Eurofound

M. Isidor BOIX Coordinateur Global GFA - Inditex

M. Félix POZA RSE Inditex

Invités M. Christiaan REBERGEN Directeur général pour la coopération internationale,

ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas

M. Jos HUBER Ministère des Affaires étrangères

M. Aart JAN BETTE Ministère des Affaires sociales

Mme Charlotte BERNHARD Ministère des Affaires sociales

Mme Catelene PASSCHIER Vice-Présidente de la confédération

hollandaise des syndicats (FNV)

Mme Annie VAN WEZEL FNVM. Coen VAN DER VEER FNVM. Nic VAN HOLSTEIN VCP

71

M. Ton SCHOENMAECKERS Directeur du Département des Affaires sociales,

Confédération des industries et des

employeurs des Pays-Bas (VNO-NCW)

M. Franck GAMBELLI Directeur environnement sécurité conditions de travail

chez UIMMM. Dick BARTELSE Directeur de

l’approvisionnement, Akzo Nobel Revêtement

industriels, Programme des fournisseurs d’Akzo

Mme Lieneke WIERINGA Directrice de la représentation, Fairfood International, Sécurité et santé sur le lieu de

travail et dialogue social au Costa Rica et au

HondurasM. Herman MULDER NXIIMme Liesbeth UNGER Consultant – Rapporteur du

rapport introductifMme Kamala LAGHATE AssistantM. Johannes BORGER Responsable de projet –

programme pour les investissements du secteur -

Rijksdienst voor Ondernemend Nederland

M. Frank PYKE Consultant international

72