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1 INTRODUCTION Le développement d’une candidose invasive est une complication hospitalière particulièrement redoutée en raison de sa mortalité élevée, comparable à celle du choc septique (40 %60 %). La candidémie survient chez 0,05 % des patients hospitalisés, mais touche près de 1 % de ceux séjournant en réanimation. Bien qu’une proportion élevée de patients hospitalisés soient colonisés par des levures du genre Candida, seule une minorité développe une candidose sévère. Celle-ci est toutefois difficile à diagnostiquer : les signes évocateurs d’une dissémination ne surviennent habituellement que tardivement. Un traitement empirique précoce ou préemptif pourrait améliorer le pronostic, mais pour des raisons tant épidémiologiques qu’économiques, un tel traitement ne peut être appliqué à tous les patients à risque de développer une candidose sévère. Chez les patients présentant des facteurs de risque, une surveillance systématique permet de déceler le développement d’une colonisation et d’en quantifier le degré, de manière à ne débuter un traitement préemptif que lorsque l’index de colonisation dépasse un seuil critique prédictif d’infection disséminée. Ces éléments physiopathologiques et la mise à disposition des dérivés triazolés moins toxiques que l’amphotéricine B ont permis l’application de traitements prophylactiques.

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1

INTRODUCTION

Le développement d’une candidose invasive est une complication

hospitalière particulièrement redoutée en raison de sa mortalité élevée,

comparable à celle du choc septique (40 %–60 %). La candidémie survient chez

0,05 % des patients hospitalisés, mais touche près de 1 % de ceux séjournant en

réanimation.

Bien qu’une proportion élevée de patients hospitalisés soient colonisés par

des levures du genre Candida, seule une minorité développe une candidose

sévère. Celle-ci est toutefois difficile à diagnostiquer : les signes évocateurs

d’une dissémination ne surviennent habituellement que tardivement. Un

traitement empirique précoce ou préemptif pourrait améliorer le pronostic, mais

pour des raisons tant épidémiologiques qu’économiques, un tel traitement ne

peut être appliqué à tous les patients à risque de développer une candidose

sévère.

Chez les patients présentant des facteurs de risque, une surveillance

systématique permet de déceler le développement d’une colonisation et d’en

quantifier le degré, de manière à ne débuter un traitement préemptif que lorsque

l’index de colonisation dépasse un seuil critique prédictif d’infection

disséminée. Ces éléments physiopathologiques et la mise à disposition des

dérivés triazolés moins toxiques que l’amphotéricine B ont permis l’application

de traitements prophylactiques.

Page 2: Voir / Ouvrir

2

Pour les patients de réanimation, une stricte limitation aux groupes

soigneusement identifiés comme étant à risque élevé et chez lesquels l’efficacité

de la prophylaxie a pu être démontrée doit contribuer à limiter cet impact

épidémiologique défavorable [27].

Le diagnostic biologique se heurte à de nombreuses difficultés vu le

manque de sensibilité et/ou de spécificité des techniques utilisées, d’où le retard

du diagnostic aggravant le pronostic de la maladie. Pour cela, de grands efforts

sont effectués pour la mise au point d’une méthode de diagnostic rapide et

spécifique [5].

C’est la raison pour laquelle nous avons entrepris une étude prospective dans

les services de réanimation médicale et chirurgicale de l’Hôpital Militaire

d’Instruction Mohammed V de Rabat.

Notre travail s’articule ainsi autour de deux parties. La première partie est

une revue de la littérature sur les aspects épidémiologiques et diagnostiques.

Dans la deuxième partie nous exposerons et discuterons les résultats de notre

étude prospective.

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3

CHAPITRE I : Epidémiologie des candidoses systémiques

L’épidémiologie des candidoses systémiques a connu au cours du dernier

quart de siècle de profondes mutations.

Ceci est en grande partie dû à d’importantes modifications des pratiques

médicales : recours de plus en plus fréquent à des antibiotiques à spectre large, à

des techniques diagnostiques ou thérapeutiques de plus en plus invasives, à des

chimiothérapies cytotoxiques, aux greffes d’organe, et aux traitements

immunosuppresseurs. Ces modifications des pratiques médicales et ces progrès

thérapeutiques, ainsi que le vieillissement de la population et l’amélioration des

résultats de la réanimation, ont d’une part amélioré la survie de cette population

et d’autre part augmenté le nombre de sujets à risque (en particulier dans les

unités de soins intensifs) [37].

I-1. Données épidémiologique

Les infections fongiques ont représenté 17 % des infections nosocomiales

acquises en réanimation détectées au cours de l’étude européenne de prévalence

des infections nosocomiales (EPIC), qui portait sur 10 038 patients issus de

1417 unités de réanimation européennes [107]. Les données de 115 hôpitaux

américains du programme NNIS (National Nosocomial Infections Surveillance)

disponibles pour la période 1992 à 1997 indiquent que près de 12% des

infections nosocomiales sont d’origine fongique, occupant le quatrième rang, et

précédées par les entérocoques, Staphylococcus aureus et les staphylocoques à

coagulase négative [89].

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4

L’incidence globale des candidémies est de huit épisodes pour 100 000

habitants [47]. Elle est influencée par l’âge, variant entre quatre épisodes pour

100 000 pour les sujets âgés de 20 à 44 ans, dix pour 100 000 de 45 à 64 ans, 26

pour 100 000 au-delà de 65 ans et 75 pour 100 000 pour les nouveau-nés. Elle

augmente considérablement en présence d’une infection à VIH (71/100 000) ou

d’un cancer (72/100 000).

Les candidoses systémiques se situent au quatrième rang des infections

nosocomiales avec un pourcentage de 10 à 15 % [25,119]. Elles se rencontrent

dans les unités de soins intensifs de réanimation chirurgicale digestive et

cardiovasculaire, de brûlés et de réanimation médicale, dans les unités de greffes

d’organes, dans les services d’oncohématologie et dans les services de

néonatologie [80,119].

L’étude prospective réalisée par la Confédération européenne de Mycologie

Médicale de Septembre 1997 à Décembre 1999 dans 7 pays de l’union

européenne a montré que 40,2% des candidémies surviennent chez les patients

hospitalisés en réanimation [40].

La mortalité globale des candidoses invasives est supérieure à 50% dans la

plupart des séries et ces taux sont stables depuis plusieurs décennies [6, 87, 115].

La mortalité attribuable à cette infection, définie comme la proportion de décès

directement dus à l’épisode infectieux, est de 25 à 40% [72, 73, 115].

Page 5: Voir / Ouvrir

5

I-2. Infections à Candida : particularités cliniques en

réanimation

Les levures du genre Candida font partie de la flore commensale humaine.

L’état de colonisation par Candida est souvent difficile à distinguer de celui

d’infection d’organe, ou même de candidose systémique. Le spectre clinique des

infections à levures du genre Candida est très large ; en effet, pratiquement tous

les organes peuvent être le site de croissance de ces levures et le siège d’une

infection clinique, symptomatique ou non. Parmi les infections sévères, on

distingue habituellement les infections hématogènes des infections non

hématogènes, elles-mêmes séparées en infections superficielles ou profondes

(tableau I).

En cas d’infection sévère, le patient peut présenter un syndrome clinique de

choc septique avec hypotension et insuffisance(s) organique(s) dont la

présentation clinique et métabolique n’est pas différente de conditions similaires

en cas de bactériémies à Gram négatif ou à Gram positif. Cependant, il n’est pas

rare qu’un patient ayant une candidémie prolongée demeure asymptomatique

[25,77].

Page 6: Voir / Ouvrir

6

Tableau I : Types d’infections à levures du genre Candida [25,77].

Infections hématogènes

Infections non hématogènes

- Candidémie infections superficielles :

- endophtalmie - candidose cutanée

- endocardite - candidose oro-pharyngée

- arthrite - vulvo-vaginite

- ostéomyélite

- spondylodiscite/méningite infection profonde :

- pyélonéphrite - candidose œsophagienne

- candidose pulmonaire - cystite à Candida

- candidose hépatosplénique - candidose péritonéale

- candidose pulmonaire

Page 7: Voir / Ouvrir

7

Les signes cliniques de candidémie ou de candidose systémique sont

identiques à ceux qui caractérisent les épisodes de bactériémie ou de sepsis

clinique, et ne sont donc absolument pas spécifiques [8]. En réanimation,

certaines candidoses présentent des particularités cliniques :

Endophtalmie :

La présence de larges exsudats blancs d’aspect cotonneux à l’examen du

fond d’œil est un signe évocateur d’une candidose systémique, dont elle peut

être la seule manifestation. L’examen du fond d’œil doit être systématiquement

effectué. Le développement d’une véritable endophtalmie pathognomonique

n’est toutefois rencontré que chez 8 à 25 % des patients inclus dans les séries où

une telle atteinte a été systématiquement recherchée [21].

Pneumopathie à Candida :

La colonisation des voies aériennes supérieures par Candida (trachée et

bronches jusqu’au niveau segmentaire) est fréquente chez les patients sous

ventilation mécanique [86]. Cependant, l’invasion des voies respiratoires

inférieures est une complication qui est mise en doute par de nombreux experts

[24]. Une dissémination hématogène peut néanmoins être responsable d’une

pneumopathie à Candida qui se présente alors sous la forme d’abcès multiples

[30,86].

Candidose intra-abdominale :

Le développement d’une candidose intra-abdominale après une intervention

chirurgicale est une complication sérieuse, dont la mortalité se situe entre 22 et

77 % [11, 96,102].

Bien que certains auteurs considèrent que tout Candida isolé de

prélèvements abdominaux est pathogène, il ne s’agit que d’un contaminant dans

Page 8: Voir / Ouvrir

8

la grande majorité des cas [88,96]. Dans une série rapportée par Calandra et al.,

c’est la présence initiale d’une forte quantité de levures, ou leur augmentation

progressive au cours de cultures séquentielles, qui a permis de prédire

l’évolution vers une candidose [11].

Candiduries :

L’incidence de candiduries chez les patients sondés est élevée, mais leur

signification en terme de prédiction de développement d’une candidose sévère

reste controversée [43]. Dans un groupe de patients en réanimation chez lesquels

une candidurie était mise en évidence, Neumann et al. ont observé une mortalité

globale de 50 % comparée à 19 % seulement pour le reste du collectif [65].

Il n’y a cependant dans cette étude aucun élément permettant d’attribuer

directement cet excès de mortalité à la candidurie.

Dans une étude récente portant sur 861 épisodes de candidurie, la mortalité

globale des patients candiduriques est de 20 %, alors qu’une candidémie ne

s’était développée que chez sept d’entre eux (1,4 %) et que deux seulement en

sont directement décédés (0,4 %) [108]. Dans ce collectif, 90 % des patients

présentaient des co-morbidités, suggérant que celles-ci soient responsables de

l’essentiel de la mortalité. La candidurie a disparu chez 288 patients (33 %),

sans traitement antifongique dans 117 cas (41 %), alors que le retrait de la sonde

était suffisant dans 41 cas (14%) [101].

Page 9: Voir / Ouvrir

9

I-3. Emergence de souches de Candida non-Albicans

C. albicans est l’espèce la plus fréquemment incriminée (60 %), suivi de

C. glabrata (20 %) dont l’incidence a augmenté ces dernières années sous la

pression des antifongiques azolés, puis de C. tropicalis (10 %) et de

C. parapsilosis (5 %) [25,41]. Il faut aussi citer : C. krusei dont l’émergence est

attribuée à sa résistance primaire au fluconazole [5].

D’une façon générale, Candida albicans est l’espèce isolée dans 60 à 80 %

des cas. Mais dans les dix dernières années, il est apparu une émergence de

souches de Candida non albicans [23, 27,70]. Dans certains services, Candida

non albicans peut représenter jusqu’à 70 % des souches isolées. L’émergence

des souches de Candida non albicans varie en fonction du type de population

étudiée, mais également en fonction de facteurs géographiques [6].

Dans certaines structures européennes les souches de Candida non albicans

sont en nette augmentation, voire majoritaires [27,109]. Il faut également noter

l’existence d’une augmentation de l’incidence des candidoses polymicrobiennes

associant plusieurs types de Candida [37].

Une nouvelle espèce de Candida ayant des caractéristiques phénotypiques

similaires à celles de C. albicans a été identifiée en 1995 et a été nommée

C. dubliniensis [5]. La majorité des isolats de C. dubliniensis a été découverte au

niveau de la cavité buccale des sujets infectés par le virus VIH. Cependant, cette

espèce a été isolée récemment au niveau d’autres sites incluant le poumon, le

vagin, le sang… aussi bien chez des sujets infectés par le virus VIH que des

sujets non infectés par ce virus [32].

Page 10: Voir / Ouvrir

10

CHAPITRE II : Pathogénie, virulence et facteurs de risque

II-1. Pathogénie des infections à Candida

Au plan physiopathologique, les levures du genre Candida appartiennent à

la flore commensale du tractus digestif et de la sphère oro-pharyngée. Les

modifications de l’écologie de la microflore résidente, comme celles induites par

l’administration d’antibiotiques, favorisent la croissance des Candida qui

colonisent alors les surfaces muqueuses. Lorsque l’intégrité de ces dernières est

compromise, une infection localement invasive se développe et une

dissémination hématogène secondaire peut alors survenir à l’occasion d’une

baisse transitoire de l’immunité [82].

Plusieurs études dans lesquelles l’origine des souches était déterminée par

analyse du DNA fongique confirment qu’une grande partie des candidoses

systémiques se développe à partir de souches endogènes dont le patient est

porteur à l’admission [85].

Bien que ce mécanisme soit probablement à l’origine de la majorité des

épisodes de candidose invasive, il faut insister sur le fait que la transmission

nosocomiale, qui peut se faire par manuportage est également connue et

fréquente [27].

Le modèle le mieux établi est celui de la candidose déterminée par

C. albicans. Il comprend une séquence de quatre étapes [25,27]. (figure 1).

Page 11: Voir / Ouvrir

11

Figure 1 : Pathogénie des infections à Candida [25,27].

Page 12: Voir / Ouvrir

12

II-1-1 Colonisation

C. albicans est le pathogène le plus fréquemment hébergé par l’Homme et

il colonise les muqueuses digestives et vaginales. Sa transmission s’opère par

contact direct (transmission mère enfants lors de la naissance, mains, salive,

rapports sexuels) [16].Contrairement aux différentes espèces de bactéries qui ont

généralement un site de prédilection, on trouve C. albicans dans tous les

segments du tube digestif, depuis la bouche jusqu’à l’anus. Cette levure adhère

ainsi à de très nombreux types cellulaires différents, s’adapte à des pH très

variés de multiples sécrétions (lysozymes, IgA sécrétoires, salive, mucus), et

entre en compétition avec d’innombrables espèces bactériennes [25].

Dès les années 1970 on a pu montrer une augmentation de la colonisation

chez les patients hospitalisés, ce qui a été confirmé à de nombreuses reprises tant

en ce qui concerne le nombre de sites colonisés (bouche, anus, trachée, urine…)

qu’en ce qui concerne le nombre de levures par site.

II-1-2. Invasion tissulaire

Elle est rapide, intra- ou extracellulaire, et s’opère vraisemblablement au

niveau de l’intestin. Elle serait mécaniquement favorisée par les mucites liées à

la chimiothérapie, par les chocs endotoxiniques, etc. Elle requiert de la part de

C. albicans l’aptitude à digérer les tissus, la présence d’adhésines pour les

cellules des sous muqueuses et les matrices intercellulaires, et l’aptitude à

résister aux effecteurs de l’immunité naturelle ou acquise, cellulaire ou humorale

[25].

Page 13: Voir / Ouvrir

13

II-1-3. Dissémination hématogène

L’accès aux vaisseaux permet à C. albicans de disséminer,

vraisemblablement sous forme de levure. Pour des raisons obscures, il est très

difficile, à ce stade, de mettre en évidence C. albicans dans les hémocultures, ce

qui contribue aux difficultés de diagnostic. Des études ont montré que chez des

patients décédés de candidoses prouvées par analyse anatomopathologique de

prélèvements nécropsiques, les hémocultures pratiquées quotidiennement

n’avaient été positives que chez 40% d’entre eux [80].Chez ces derniers, les

méthodes de typage moléculaire ont permis d’établir l’identité entre la souche

colonisant le tube digestif et la souche isolée de ces hémocultures, ce qui fournit

la preuve de l’origine endogène de l’infection.

II-1-4. Phase chronique

Il existe de très nombreux organes cibles dans lesquels C. albicans se

réinstalle à la suite de la phase septicémique. Les plus fréquents chez les patients

neutropéniques sont la rate et le foie. Cette candidose destructive dite

« candidose chronique disséminée », est observée en sortie d’aplasie [80].

Chez les patients de réanimation et de chirurgie, un des organes cibles les

plus fréquents est le rein où la végétation est intense, des pyélonéphrites peuvent

révéler une candidémie passée inaperçue avec les hémocultures [16].

Des manifestations ostéoarticulaires se développent également à plus bas

bruit et peuvent se révéler alors que le patient a quitté l’hôpital. Les

choriorétinites conduisant fréquemment à une cécité sont également

pathognomoniques de candidoses systémiques. Elles résultent du développement

Page 14: Voir / Ouvrir

14

de C. albicans sur la rétine (figure 2), objectivé par un fond d’œil. C’est sur cet

examen que reposait il y’a seulement une dizaine d’années le diagnostic de

certitude d’une candidose systémique [16].

Figure 2 : Fond d’œil en cas d’endophtalmie à levures du

genre Candida [77].

Page 15: Voir / Ouvrir

15

II-2. Virulence et dimorphisme de Candida albicans

Les facteurs de virulence de C. albicans sont multiples, comprenant les

adhésines servant à la reconnaissance de l’hôte, la sécrétion de phospholipases et

d’aspartyl protéases et une variation de la morphologie (dimorphisme) [12].

II-2-1. L’adhérence à l’hôte

L’adhérence à des substrats de l’hôte est essentielle à toute colonisation par

un pathogène. Dans le cas de C. albicans, cette étape essentielle est accomplie

par une combinaison de mécanismes d’adhésion spécifiques (impliquant une

réaction ligand-récepteur) et non spécifiques (charges électrostatiques, forces de

Van der Waals). Ces mécanismes permettent tant l’adhésion à des tissus que

l’adhésion à des surfaces inertes (cathéters, sonde…) [17]. Des adhésions ont

été notées avec des molécules de surface de cellules bactériennes ou épithéliales

et des protéines de la matrice extracellulaire [14].

Les adhésines de C. albicans sont des protéines qui se retrouvent à la

surface des cellules. L’expression des différentes adhésines à la surface de la

paroi cellulaire varie selon le milieu dans lequel se trouve le pathogène.

L’adhérence bactérienne par les adhésines a été bien étudiée, mais les adhésines

fongiques sont beaucoup moins connues [14].Quelques adhésines ont été

étudiées, mais les fonctions des différents domaines de ces protéines restent à

étudier.

Les recherches sur les adhésines ont pour but de trouver une façon de les

inactiver, ce qui compromettrait la pathogénicité de C. albicans [17].

Page 16: Voir / Ouvrir

16

II-2-2. La sécrétion de phospholipases et d’aspartyl protéase

L’activité protéolytique de C. albicans jouerait un rôle important dans la

virulence de cet organisme, même si le rôle de ce mécanisme dans l’infection

humaine est encore mal connu [44].

Les études in vitro, chez l’animal et chez l’humain auraient toutefois

démontré de sept façons, selon Naglik et al. [64], que l’activité protéolytique

serait impliquée dans la virulence de C. albicans: corrélation entre la production

d’aspartyl protéinases sécrétées (Sap), dégradation de protéines humaines par les

Sap, association de la production de Sap et des autres facteurs de virulence de

C. albicans, production de Sap et réponse immune de l’hôte face aux Sap lors de

l’infection humaine et animale par C. albicans, expression des gènes de Sap

pendant l’infection, la modulation de la virulence de C. albicans par des

inhibiteurs des Sap et l’utilisation de mutants de C. albicans délétants pour les

Sap et vérification de leur virulence. Les rôles attribués aux Sap dans l’infection

par C. albicans pourraient aller de la simple digestion permettant l’absorption de

substances nutritives, jusqu’à la digestion des cellules de l’hôte ou des

immunoglobulines de l’hôte afin de résister au système immunitaire [54,64].

III-2-3. Le dimorphisme

Parmi les facteurs de virulences proposés pour C. albicans, c’est

probablement le dimorphisme qui est le plus intriguant. Le dimorphisme est la

capacité du champignon à changer de morphologie selon son état physiologique

ou son environnement. Deux formes principales peuvent être observées, soit la

forme levure ou mycélienne (Figure 3).

Page 17: Voir / Ouvrir

17

Traditionnellement, la forme mycélienne est considérée comme pathogène,

celle-ci étant observée dans les tissus infectés. De plus, il a été démontré que de

nombreux mutants incapables de croître sous forme mycélienne sont non

virulents lorsqu’ils sont testés sur des modèles animaux [93].

Le dimorphisme faciliterait la pénétration en profondeur de C. albicans

dans les tissus [67]. Cette association entre la virulence et le dimorphisme est

d’ailleurs retrouvée chez plusieurs champignons pathogènes (100). Toutefois, le

lien liant la morphogenèse à la virulence demeure quelque peu controversé, une

baisse de virulence étant parfois notée sans changement remarqué dans la

capacité au dimorphisme [105].

Une nouvelle voie de recherche s’ouvre d’ailleurs pour évaluer le rôle de

l’hôte dans le dimorphisme. Par exemple, la phagocytose du C. albicans par

une cellule de l’immunité pourrait provoquer sa morphogenèse en hyphe [66].

Les mécanismes qui permettraient aux hyphes de devenir pathogènes sont

multiples. Par exemple, les hyphes interfèreraient avec la différenciation des

monocytes en les empêchant de devenir des cellules dendritiques, ce qui serait

un mécanisme pour déjouer les défenses de l’hôte [54].

Plusieurs conditions peuvent induire le changement de forme de

C.albicans, comme, par exemple, la présence de sérum, d’AMPc, de N-acétyl

glucosamine ou de proline dans le milieu. Une augmentation du pH du milieu

(de pH4.5 à pH7.0) peut aussi amener une transition de la forme levure vers la

forme mycélienne [66]. Les réactions au pH de C. albicans seraient importantes

dans sa virulence, cet organisme étant capable de proliférer et de causer des

pathologies dans des milieux de pH différents, comme le vagin et le tractus

digestif.

Page 18: Voir / Ouvrir

18

La voie métabolique RIM101/pacC régulerait les réactions au pH, le

dimorphisme et la virulence de C. albicans [54]. La régulation du dimorphisme

se ferait aussi par des voies métaboliques communes au croisement et au

changement phénotypique. Trois de ces voies métaboliques connues pour

réguler le dimorphisme seraient une protéine kinase activée par la mitose (MAP)

par le biais de la protéine Cph1, la voie dépendante de l’AMP cyclique par la

protéine Rfg1 et une répression médiée par Tup1 par les protéines Rfg1 et Nrg1.

La régulation du dimorphisme est très complexe et l’ensemble des gènes

régulant cette fonction métabolique n’est pas connu. Cependant, certains gènes

ont pu être identifiés, comme par exemple Sap1, Sap3 et Sap4 (présentées à la

section précédente) qui, lorsque leur transcription est bloquée, une diminution

de la capacité de C. albicans à former des hyphes est notée. Cela entraîne une

diminution de la virulence [51].

Page 19: Voir / Ouvrir

19

Figure 3 : Les morphologies impliquées dans le dimorphisme cellulaire de

C. albicans.

(A) la forme levure et (B) la forme mycélienne [54].

A :

B :

Page 20: Voir / Ouvrir

20

II-3. Facteurs de risque

Les facteurs de risque généraux qui prédisposent au développement d’une

infection nosocomiale le sont également pour l’acquisition d’une candidose

sévère (facteurs mineurs), mais certains d’entre eux apparaissent plus

spécifiques (facteurs majeurs) [25,107] (tableau II).

II-3-1. Conditions sous-jacentes

De nombreux facteurs ont été associés à une augmentation du risque

d’infection nosocomiale en général, ainsi que du risque infectieux à Candida

plus particulièrement [36, 76,106]. L’incidence d’infections à levures du genre

Candida étant élevée en réanimation, on comprend que les facteurs généraux

tels que les âges extrêmes (vieillard, prématuré), une maladie sous-jacente

débilitante, la présence de comorbidités nombreuses, la convalescence d’une

opération chirurgicale majeure, la présence de dysfonction(s) organique(s) ou

d’un score de sévérité de la maladie témoignant de perturbations physiologiques

importantes, soient considérés et déterminés dans la plupart des études comme

des facteurs de risque de l’infection à levure du genre Candida.

Un séjour prolongé en réanimation a été associé de manière spécifique à un

risque augmenté d’infection à levures du genre Candida dans plusieurs séries

[74, 75,114]. Les facteurs de risque plus spécifiquement associés aux infections

à Candida ont été identifiés chez des patients ayant acquis des candidémies

nosocomiales [29,77].

Page 21: Voir / Ouvrir

21

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[

26

].

Page 22: Voir / Ouvrir

22

En particulier, l’exposition de patients de réanimation à l’administration

d’une nutrition parentérale semble être associée à une augmentation du risque

infectieux par Candida ; cependant, celui-ci n’a jamais été démontré comme

indépendant dans le contexte d’analyses multivariées comparant les facteurs de

risque. En revanche, l’hémodialyse ou l’ultrafiltration rénale à des fins de

support de fonction, les brûlures étendues ou l’exposition à de multiples

antibiotiques, en particulier à large spectre, ainsi qu’à des manœuvres invasives

et des accès vasculaires multiples, l’ont été [77].

II-3-2. Antibiothérapie à large spectre

Une exposition préalable ou concomitante à une antibiothérapie à large

spectre constitue un facteur de risque indéniable d’infection à Candida, et en

particulier de candidémie. Plus le spectre est élargi et la durée d’antibiothérapie

est prolongée, plus le risque d’infection fongique est important (33,74). Le

nombre d’antibiotiques différents utilisés était le facteur de risque prédictif le

plus important pour le développement d’une candidémie dans l’étude de Wey et

al [77].

Dans l’étude de Fraser et al [33], 94% des patients développant une

candidémie avaient été exposés au préalable à des antibiotiques et 62 % avaient

reçu plus de quatre agents différents avant de développer la candidémie. Tout

antibiotique à large spectre, par son effet de destruction de la flore intestinale

autorisant la croissance de levures du genre Candida, peut être associé à une

augmentation du risque d’infection sévère secondaire. L’effet est d’autant plus

important que des antibiotiques efficaces contre les germes anaérobies sont

utilisés [68]. De même, l’impact de certaines céphalosporines est plus marquant

que celui d’autres antibiotiques [94,95].

Page 23: Voir / Ouvrir

23

II-3-3. Réanimation

Les patients admis en réanimation sont à risque élevé d’infections à levures

du genre Candida, compte tenu du fait qu’ils cumulent souvent plusieurs

facteurs de risque. Les anomalies de la fonction immunitaire compliquant les

perturbations physiologiques contribuent à accroître le risque infectieux. La

transplantation d’organe associant l’intervention chirurgicale majeure et des

traitements immunosuppresseurs évitant le rejet, placent le patient à un niveau

de risque infectieux élevé, en particulier en cas d’exposition prolongée à des

antibiotiques à large spectre, d’accès intravasculaires et de drainages multiples,

de fuites des anastomoses digestives, biliaires ou pancréatiques et de

colonisation précoce par Candida [36,106].

Le recours à de multiples accès vasculaires, souvent nécessaire au support

des fonctions vitales, constitue un facteur de risque prédominant chez le patient

colonisé par des levures du genre Candida ; entre 60 et 80 % des épisodes de

candidémie sont secondaires à des infections d’accès vasculaires [36,75].

II-3-4. Colonisation fongique

La colonisation par des levures du genre Candida, est un facteur de risque

majeur, aussi bien chez les patients ayant subi une intervention chirurgicale

abdominale qu’au cours d’un épisode de neutropénie [10, 91,114].

La colonisation secondaire d’autres sites à partir de la cavité abdominale

précède souvent le développement d’une candidémie [83,102].

Page 24: Voir / Ouvrir

24

Calandra et collaborateurs ont montré que la colonisation du péritoine par

une quantité croissante de levures du genre Candida après chirurgie avec

ouverture du tractus digestif ou en présence d’une pancréatite était fréquemment

associée à la survenue d’une candidose sévère [11].

Chez des patients admis en réanimation chirurgicale, il a été montré que le

degré de colonisation et un score APACHE II supérieur à 20, étaient des facteurs

indépendamment prédictifs du développement d’une infection sévère [74].

Dans la même étude, l’index de colonisation (défini comme le rapport du

nombre de sites colonisés par Candida divisé par le nombre total de sites testés)

était significativement plus élevé chez les patients qui allaient développer une

candidose hématogène (en moyenne 0,70), comparé aux patients qui

demeuraient colonisés sans développer d’infection (en moyenne 0,47).

La sensibilité de cet index, qui est utilisé par de nombreux réanimateurs,

était de 100% et sa valeur positive prédictive de 66%. Le concept d’une

colonisation préalable nécessaire au développement ultérieur d’une infection

invasive repose sur ces éléments (figure 4) [24,99].

Les accès intravasculaires, souvent indispensables à la surveillance

hémodynamique et au maintien des fonctions vitales en réanimation,

représentent un facteur de risque majeur; entre 60 et 80% des épisodes de

candidémie sont secondaires à la colonisation de l’un d’entre eux [1, 113,114].

Page 25: Voir / Ouvrir

25

Figure 4 : Index de colonisation par des levures du genre Candida.

D’après Pitet [25].

Comparaison des index de colonisation par levures du genre Candida chez deux groupes

de patients séjournant en réanimation chirurgicale et ayant (cercles pleins), ou non (cercles

vides), développés une infection sévère à Candida (Pittet et collaborateur).

Page 26: Voir / Ouvrir

26

CHAPITRE III : Stratégie diagnostique des candidoses

systémiques

III-1. Définition et classification des infections à Candida

Les auteurs utilisent fréquemment et de manière indifférente les termes

de candidose systémique, profonde, viscérale, invasive, ou disséminée [37].

De ce fait il serait opportun d’utiliser une terminologie précise est

standardisée :

Candidose systémique : candidose qui atteint au moins un parenchyme

profond. Le plus souvent, elle est accompagnée d'au moins un épisode de

fongémie au cours de son évolution, ce qui a pour corollaire la tendance à la

dissémination hématogène (cette expression ne doit pas être utilisée pour

désigner une infection muqueuse même profonde et invasive) [25,77].

Nous pouvons cependant distinguer :

Candidémie : définit une condition au cours de laquelle une levure du genre

Candida a été identifiée par une hémoculture au moins [77].

Candidose profonde : atteinte d’un seul organe profond (par exemple une

infection urinaire haute ou péritonite) [37].

Candidose disséminée : se réfère à une condition dans laquelle une levure

du genre Candida a été identifiée par des moyens directs (cultures) ou indirects

dans plusieurs tissus non contigus et impliquant une dissémination hématogène

[77].

Page 27: Voir / Ouvrir

27

Candidose chronique disséminée : « candidose hépatosplénique », est

décrite chez des patients victimes d’une neutropénie sévère et prolongée, révélée

le plus souvent au sortir d’un épisode de neutropénie, mais n’a jamais été décrite

chez des patients en l’absence de neutropénie [77].

L’association des Professeurs de Pathologies Infectieuses et tropicales

(APPIT ; 2000) classe les candidoses systémiques en quatre groupes [62] :

Les candidémie : ≥ à une hémoculture positive pour Candida.

Les formes monoviscérales : un seul site positif (candidose osseuse,

méningites, péritonites).

Les candidoses disséminées aigues : infection prouvée par biopsie de

deux organes non contigus ou atteinte oculaire + un organe

biopsié ou formes métastatiques cutanées diffuses chez un malade

leucémique granulopénique.

Les candidoses disséminées chroniques : candidose

hépatospléniques.

Avant d’établir une démarche diagnostique des candidoses systémiques,

nous allons définir les moyens de leur diagnostic et de leur suivi.

Page 28: Voir / Ouvrir

28

III-2. Moyens de diagnostic et de suivi des candidoses

Systémiques

Il y a une multitude d’examens et de kits commercialisés pour

l’identification de ces levures, cependant, nous nous limiterons dans notre travail

à la démarche diagnostique adoptée au laboratoire de Parasitologie Mycologie

de l’hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V de Rabat, démarche qui suit

par ailleurs les recommandations des différentes conférences de consensus dans

le diagnostic et la prise en charge des infections fongiques invasives.

III-2-1. Diagnostic mycologique

III-2-1-1. Prélèvement

Le prélèvement est une étape cruciale dans le diagnostic des candidoses

systémiques, car de sa qualité dépend la fiabilité des résultats. Il doit être réalisé

avant tout traitement antifongique et en quantité suffisante.

III-2-1-2. Examen direct

Il se fait directement entre lame et lamelle et observé au microscope

optique.

L’espèce Candida apparaît sous forme de petites levures à paroi mince,

arrondies ou ovales, bourgeonnantes, de 1 à 10 µm, non capsulées (différence

avec le Cryptocoque), accompagnées ou non de pseudofilaments ou filaments

mycéliens. La détection de pseudofilaments à l’examen direct est un signe de

pathogénicité (figures 5 et 6).

Page 29: Voir / Ouvrir

29

Figure 5 . Examen direct : aspect de blastospores, grossissement x 40

[Photo du service de Parasitologie Mycologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat]

Figure 6. Examen direct : aspect de blastospores et filaments mycéliens, grossissement x 40

[Photo du service de Parasitologie Mycologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat]

Page 30: Voir / Ouvrir

30

III-2-1-3. Culture

Elle est indispensable puisqu’elle permet :

● l’augmentation de la sensibilité de l’examen direct ;

● l’identification de la levure en cause ;

● la numération des levures nécessaire à l’interprétation des résultats ;

● la réalisation de l’antifongigramme.

L’ensemencement se fait habituellement sur milieu Sabouraud

chloramphénicol–actidione, en plus du milieu Sabouraud– chloramphénicol.

L’incubation se fait à 37 °C. La lecture se fait au bout de 24 à 48 heures

[15,79]. L’examen macroscopique des cultures montrera des colonies blanches

et humides (figure 7). Leur examen microscopique mettra en évidence des

levures bourgeonnantes.

Figure 7. Aspect des colonies de C. albicans sur milieu Sabouraud [Photo du service de

Parasitologie Mycologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat]

Page 31: Voir / Ouvrir

31

L’hémoculture qui est un examen clé dans le diagnostic des candidoses

systémiques reste de sensibilité faible (40 à 60 %) malgré le développement des

systèmes récents pour améliorer la sensibilité des hémocultures (système

Isolator [lyse–centrifugation], automates). Ceci implique qu’une hémoculture

négative n’élimine pas le diagnostic d’une candidose systémique. Cependant,

une seule hémoculture positive confirme le diagnostic [57, 60,119].

Par ailleurs, la supériorité des automates d’hémoculture sur les systèmes

manuels n’est plus à démontrer. On distingue les automates Bactec system

(Becton-Dickinson) et BacT/Alert system (BioMérieux).

De nombreuses études ont évalué ces automates en utilisant différents

milieux : BacT/Alert FanAerobic, Plus Aerobic/F, Mycosis IC/F [53,58].

Les résultats montrent une supériorité des milieux BacT/Alert sur les

milieux Plus Aerobic/F.

Mycosis IC/F qui est un milieu spécifique pour les champignons est plus

efficace que les deux milieux précédents. En effet, Il est plus sensible et plus

précoce pour le diagnostic des candidoses systémiques, particulièrement quand

il s’agit des espèces C. albicans et C. glabrata qui représentent 70 % des

espèces incriminées et quand il y a présence concomitante des levures et des

bactéries. Cette association est commune représentant 18 à 21 % des fongémies

[5].

Page 32: Voir / Ouvrir

32

III-2-1-4. Culture sur milieu sélectif

Les milieux chromogéniques fournissent des résultats plus précis et plus

rapides. Ils permettent le diagnostic sélectif des colonies de Candida albicans,

Candida tropicalis, Candida krusei et Candida glabrata directement sans avoir

recours à des galeries d’identification, ces espèces étant les plus incriminées

dans les candidoses systémiques. Ils permettent également la mise en évidence

des associations d’espèces ce qui est impossible avec le milieu de Sabouraud.

Ces milieux chromogéniques contiennent des nutriments permettant la

croissance des levures, des antibiotiques afin d’inhiber la pousse des bactéries et

des substrats chromogéniques permettant la mise en évidence d’enzymes

spécifiques à certaines levures. La différenciation est basée sur l’apparition de

coloration spécifique de chaque espèce après hydrolyse de l’enzyme

correspondante. Ces milieux permettent ainsi l’identification présomptive de

C.albicans, C.tropicalis, C.glabrata et C.krusei.

Différents kits sont commercialisés notamment le Candi Select4®, le

Chromagar Candida® et l’Albicans ID®. Le kit utilisé au laboratoire de

Parasitologie de l’Hôpital Militaire Mohammed V est le Candi Select4®.

Après ensemencement des milieux de cultures, les boites de pétri sont

incubées à 35°C pendant 48 heures [15, 79].

Page 33: Voir / Ouvrir

33

III-2-1-5. Identification

L’identification sur le milieu Candi Select4® est aisée, c’est un test qui

permet de faire le diagnostic de C.albicans dont les colonies apparaissent roses à

violettes. Pour les autres espèces, l’identification est présomptive. Le

C.tropicalis apparaît sous forme de colonies de couleur turquoise très intense, à

contours réguliers et à morphologie lisse. Les colonies de C.glabrata sont

turquoises brillantes, plates, à contours réguliers et à morphologie lisse. Les

colonies de C.krusei sont turquoises, d’aspect sec, à contour réguliers et à

morphologie rugueuse. Les autres espèces de Candida sont de couleurs

blanchâtres et à morphologie lisse, elles nécessitent une identification par

galeries biochimiques.

L’identification dans certains cas repose également sur les caractères

physiologiques et immunologiques.

Page 34: Voir / Ouvrir

34

Figure 8. Milieu Candi Select4® : [Photo du service de Parasitologie Mycologie, Hôpital

Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat]

- Colonies violettes : C.albicans, ne pas faire de galerie d’identification.

- Colonies turquoises intenses, bombées, contour régulier : C.tropicalis, ne pas

faire de galerie d’identification.

- Colonies turquoises, plates, contour régulier : C.glabrata, ne pas faire de

galerie d’identification, confirmer par le RTT Glabrata. (figure 9)

- Colonies turquoises, aspect sec, contour irrégulier : C.krusei, ne pas faire de

galerie d’identification, confirmer par le krusei-color (figure 10)

- Autres couleurs : Candida sp, faire une galerie d’identification. (figure 11)

Page 35: Voir / Ouvrir

35

RTT glabrata® [5]

L’hydrolyse du tréhalose en glucose par C.glabrata est un caractère

biochimique qui est exploité dans ce test. La révélation de cette production de

glucose permet alors l’identification de la levure. Un test positif est caractérisé

par une coloration marron orange, un test négatif est caractérisé par l’absence de

coloration. Seul C.glabrata donne un résultat tréhalase positif et maltase négatif.

Figure 9 : RTT Glabrata® ; principe du test: [Photo du service de ParasitologieMycologie,

Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat]

+ -

Ininterprétable Non C.glabrata

Non C.glabrata C.glabrata

Page 36: Voir / Ouvrir

36

Krusei color Fumouze® [38,97].

Ce test repose sur l’agglutination de particules de latex rouge, sensibilisées

par un anticorps monoclonal permettant de détecter spécifiquement un antigène

de surface de Candida krusei. Les agglutinats sont rouges.

Une réaction positive est visible à l’œil nu sous forme d’agglutinats rouges.

Une réaction négative est reconnue par une absence d’agglutination, la

suspension reste homogène.

Figure 10. Kit Krusei-Color® : [Photo du service de Parasitologie Mycologie, Hôpital

Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat]

Page 37: Voir / Ouvrir

37

Galerie API 20C AUX® [13,116].

Cette galerie permet d’identifier les levures couramment rencontrées grâce

à des tests d’assimilation standardisés et miniaturisés. Cette galerie offre la

possibilité d’effectuer 19 tests d’assimilation. Les levures à identifier sont mises

dans un milieu synthétique semi-solide à incuber pendant 24à 48h. La croissance

se traduit par un trouble. L’identification se fait grâce à des tables analytiques

selon le profil numérique de chaque levure.

Figure 11. API 20C AUX® : [Photo du service de Parasitologie Mycologie, Hôpital

Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat]

Page 38: Voir / Ouvrir

38

III-2-1-6. Interprétation

Seuls les prélèvements tissulaires ou de sites normalement stériles

permettent d’affirmer l’infection fongique et son caractère invasif

(hémocultures, liquide céphalorachidien, liquide pleural, etc.…)

Pour les autres sites, l’interprétation est plus complexe, notamment pour les

voies aériennes :

Pas de valeur diagnostique de l’isolement et la numération de

Candida sp. sur tous les types de prélèvements respiratoires,

protégés ou non, dirigés ou non.

Seul l’examen histologique permet le diagnostic.

L’isolement de Candida sp à partir d’un prélèvement respiratoire peut être

le témoin :

D’une vraie pneumonie au cours d’une candidémie.

D’une simple colonisation trachéo-bronchique.

La figure 12 nous présente l’arbre décisionnel d’une candidose à partir de

prélèvements pulmonaires positifs à candida sp [30,88].

Page 39: Voir / Ouvrir

39

Figure 12 : Arbre décisionnel d’une candidose à partir de prélèvements

pulmonaires positifs à candida sp [30,88]

Page 40: Voir / Ouvrir

40

III-2-2. Diagnostic immunologique

Durant les dix dernières années de nombreuses techniques de diagnostic

immunologique ont été développées. Celles-ci consistent à mettre en évidence

la présence soit des anticorps anti Candida ou des antigènes mannanes

circulants. La détection par ELISA du mannane est le test le plus utilisé dans

cette catégorie. Sa combinaison à la recherche d'anticorps anti-mannane rend sa

sensibilité meilleure et augmente son intérêt dans la prise en charge précoce de

candidoses invasives [5, 50, 90].

III-2-2-1. Détection d’anticorps

La recherche d’anticorps spécifiques se heurte à une difficulté

d’interprétation. En effet, la distinction entre colonisation et invasion est difficile

vu la fréquence d’une sérologie positive chez des porteurs asymptomatiques

même à des taux élevés.

Par ailleurs, la sérologie est souvent faiblement négative chez les patients

neutropéniques. Cela donne toute la valeur à l’étude de la cinétique des

anticorps. En effet, une séroconversion ou une ascension significative, entre

deux ou plusieurs prélèvements du taux d’anticorps quelque soit la méthode

utilisée, ont une valeur diagnostique beaucoup plus importante qu’un titre isolé

[5].

Plusieurs méthodes sérologiques ont été décrites pour le diagnostic des

candidoses systémiques. Chacune d’entre elles réalise un compromis plus ou

moins réussi entre sensibilité, spécificité, rapidité et coût.

Page 41: Voir / Ouvrir

41

III-2-2-2. Détection d’antigènes circulants

III-2-2-2-1. La recherche des mannanes

Les tests permettant de détecter l’antigène mannane pariétal qui est un

composant majeur de la paroi cellulaire sont :

● Pastorex Candida : Il est fondé sur le principe d’agglutination des

particules de latex sensibilisées par un anticorps monoclonal antimannane

pariétal de C. albicans. Il nécessite un traitement préalable du sérum à 100 °C

pour dissocier les immuns complexes évitant ainsi les faux négatifs. Il est

d’excellente spécificité variant de 95 à 100 %. Cependant, sa sensibilité est

faible (20 %). Cela est dû au caractère transitoire de l’antigènemie [61,116] ;

● Platelia Candida : C’est un test Elisa qui utilise un anticorps monoclonal

EB-CA1 qui reconnaît le mannane. Son seuil de détection est de 0,25 ng/ml. Sa

sensibilité est de 40 % et sa spécificité est de 98 % [92,98].

III-2-2-2-2. La recherche d’énolase

L’énolase est un antigène cytoplasmique de Candida sp de 48 kDa. Il est

détecté par la méthode western blot qui met en évidence la bande 48 kDa. Sa

sensibilité varie de 71,8 à 75 % et sa spécificité est comprise entre 96 et 100 %.

Cependant, son coût est très élevé [20,90].

Page 42: Voir / Ouvrir

42

III-3. Démarche diagnostique d’une levure du genre Candida

au laboratoire de Parasitologie Mycologie de l’Hôpital

Militaire Mohammed V

j0 : Prélèvement (buccal, urine, rectal, auriculaire, nasal, PDP, …)

1. Examen direct : si examen direct (ED) positif → résultat au clinicien.

2. Mise en culture sur milieu sélectif: Candi Select4®.

3. Numération sur cellule de Malassez si ED positif pour les urines.

J1 : Lecture rapide des milieux sélectifs

J2 : Lecture des milieux sélectifs

1. Si C.albicans → résultat.

2. Si C.glabrata, confirmer par le RTT Glabrata® → résultat.

3. Si C.krusei, confirmer par krusei-color® → résultat.

4. Si C.tropicalis → résultat

5. Si présence d'autres levures (colonies blanches), faire galerie API 20 C

AUX® → résultat.

6. Si absence de levures → résultat.

7. Réalisation d’un antifongigramme E-test® sur les souches isolées.

J4 à J6 : Lecture des galeries d'identification et des antifongigrammes →

résultat.

Page 43: Voir / Ouvrir

43

I. INTRODUCTION

Les candidoses systémiques sont des affections provoquées par des

levures appartenant au genre Candida. La colonisation à Candida est fréquente

en réanimation mais les infections sont rares. L’origine est endogène à partir du

tube digestif, la transmission croisée étant exceptionnelle. De nombreux

éléments liés à l’hôte et au Candida lui-même influencent la colonisation.

Un certain nombre de facteurs de risque de colonisation et d’infection en

réanimation ont été décrits, mais aucun d’entre eux n’est suffisamment puissant

pris isolément pour prédire la survenue d’une infection.

Tout patient de réanimation ayant un séjour prolongé a au moins un facteur

de risque de candidose systémique.

II. Objectifs, type et lieu de l’étude

Il s’agit des résultats d’une étude prospective, descriptive et analytique,

étalée sur 24 mois, menée au service de Parasitologie Mycologie et aux services

de Réanimation (Chirurgicale, et Médicale) de l’Hôpital Militaire d’Instruction

Mohamed V

Les objectifs sont :

Evaluer la fréquence des candidoses systémiques en Réanimation.

Evaluer la répartition des espèces de levure rencontrées.

Analyser les facteurs de risque de survenue des candidoses

systémiques.

Evaluer l’intérêt de l’index de colonisation dans la survenue d’une

candidose disséminée.

Page 44: Voir / Ouvrir

44

III. PATIENT ET METHODES

III-1. Population étudiée

Etude prospective incluant tous les patients hospitalisés en réanimation

(médicale et chirurgicale) avec au moins un facteur de risque de colonisation

fongique.

Dans le but d’avoir tous les renseignements nécessaires pour notre étude et

pour chaque patient, nous avons préparé un questionnaire qui est rempli au cours

de l’hospitalisation (fiche de renseignements)

III-2. Etude mycologique

III-2-1. Prélèvement mycologique

Les prélèvents sont réalisés 2 fois par semaine (le premier étant réalisé à

l’admission). Il s’agit de prélèvement buccal, rectal ou selle, d’urines, nasal et

auriculaire mais également d’autres sites en fonction de l’état clinique du

patient (sonde gastrique, PDP, vaginal…..). Les hémocultures sont envoyées en

Bactériologie et en cas de pousse, les souches sont envoyées en mycologie pour

identification.

Chaque prélèvement a fait l’objet d’un examen direct et une mise en

culture

Page 45: Voir / Ouvrir

45

III-2-2. Examen direct

Pour les écouvillons, un examen au microscope a été effectué pour chaque

prélèvement en présence d’une goutte du sérum physiologique.

Cet examen a permis de mettre en évidence la présence ou l’absence de

levures bourgeonnantes, accompagnées ou non de filaments mycéliens. Des

colorations au Giemsa sont également réalisées

III-2-3. Culture et identification

Chaque échantillon a été ensemencé sur milieu chromogène Candiselect 4®

et incubé à 37°C pendant 48 heures. Il a permis :

La détection spécifique de 4 espèces de Candida

(C .tropicalis, C.albicans, C. krusei, C. glabrata) en donnant des

colonies de couleurs différentes.

La mise en évidence des autres levures : colonies blanches dont

l’identification a été réalisée avec les galeries Api 20c Aux®, la

lecture a été faite au bout de 48 heurs d’incubation à 29°c.

En ce qui concerne les hémocultures, elles sont incubées dans des

automates type Bactec 9240

III-2-4. Calcul de l’index de colonisation

L’index de colonisation est calculé comme présenté par Pittet : rapport

entre le nombre de sites positifs et le nombre total de sites prélevés [41,74].

Page 46: Voir / Ouvrir

46

III-3. Analyse statistique

L’analyse statistique des résultats a utilisé le logiciel SPSS 10, nous avons

utilisé le test de Student pour les variables quantitatives et le test lu Khi 2 pour

les variables qualitatives, le risque d’erreur α est fixé à 5%.

IV. RESULTATS

Durant la période d’études, 84 patient sont inclus, 142 séries de

prélèvement réalisées (urine, rectal, buccal, nasal, auriculaire), soit 685

prélèvements et 84 hémocultures.

Sexe : Notre population d’étude (84 patients) est constituée de

65 hommes (77,4%) et 19 femmes (22,6%) soit un sexe ratio H/F = 3,4

Tableau III : Répartition de la population d’étude selon le sexe

Nombre Pourcentage

HOMMES

FEMMES

65

19

77,4%

22,6%

Page 47: Voir / Ouvrir

47

Age : l’âge moyen des patients est de 53,9 ans, la médiane est de 56 ans.

L’âge minimum : 14 ans

L’âge maximum : 85 ans

Figure 13 : Répartition des patients par tranche d’âge.

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

0-20 ans 21-40 ans 41-50 ans 51-60 ans 61-70 ans 71-80 ans >80 ans

Page 48: Voir / Ouvrir

48

Facteurs de risque : Sur les 84 patients :

- 78 ont une sonde urinaire (92,9%)

- 72 sont sous antibiothérapie à large spectre (85,7%)

- 54 ont un cathéter veineux central (64,3%).

- 40 ont un cathéter artériel (47,6%).

- 37 ont un drains (44%).

- 30 ont une sonde d’intubation (35,7%).

- 28 ont subis une chirurgie récente (33,3%).

- 28 sont diabétiques (33,3%).

- 18 sont sous corticothérapie (21,4%).

- 9 ont une trachéotomie (10,7%).

- 7 sont dialysés (8,3%).

- 5 ont un cancer ou une hémopathie (6%).

- 3 sont sous immunosuppresseurs (3,6%).

Page 49: Voir / Ouvrir

49

Figure 14 : fréquence des facteurs de risque en réanimation durant la période

d’étude .

92,9%

85,7%

64,3%

47,6% 44,0%

35,7% 33,3% 33,3%

21,4%

10,7% 8,3%

6,0% 3,6%

Page 50: Voir / Ouvrir

50

Pour la corrélation entre les facteurs de risque est les candidoses

systémiques prouvées, nous avons utilisé le TEST du Khi-2, les facteurs avec

une signification exacte (soit p < 0,05) sont :

L’antibiothérapie à large spectre.

La trachéotomie.

Les immunosuppresseurs.

La corticothérapie à long cours.

Cancers ou hémopathies.

Page 51: Voir / Ouvrir

51

Fréquence des différentes espèces Candida dans les cultures

positives.

Dans un total de 685 prélèvements réalisés, 199 cultures positives sont

retrouvées :

- Les cultures sont monomorphes (isolement d’une seule espèce au

sein d’une culture) dans 72,3% des cas (144/199).

- Elles sont polymorphes (isolement de plusieurs espèces au sein d’une

même culture) dans 27,6% des cas (55/199).

Figure 15 : Fréquences des cultures polymorphes dans l'ensemble des

cultures positives

cultures monomorphes

72,4%

cultures polymorphes

27,6%

Fréquences des cultures polymorphes dans l'ensemble des cultures positives

Page 52: Voir / Ouvrir

52

Les cultures monomorphes :

Candida albicans est l’espèce prédominante puisqu’isolée avec une

fréquence de 35,4% (51/144). Les autres espèces sont retrouvées dans l’ordre

suivant :

- Candida tropicalis : 23,6% (34/144)

- Candida glabrata : 16% (23/144)

- Candida krusei : 7,6% (11/144)

- Candida famata : 4,2% (6/144)

- Candida parapsilosis : 2,1% (3/144)

- Candida guilliermondi : 0,7% (2/144)

- Candida sp : 9,7% (14/144)

Page 53: Voir / Ouvrir

53

Figure 16 : Fréquence des différentes espèces Candida dans les cultures

monomorphes

35,6%

23,8%

16,1%

7,7%

4,2%

2,1% 0,7% 9,8%

Fréquence des différentes espèces Candida dans les cultures monomorphes

Candida albicans Candida tropicalis Candida glabrata

Candida krusei Candida famata Candida parapsilosis

Candida guilliermondi Candida sp

C. albicans

C. tropicalis

C. glabrata

Page 54: Voir / Ouvrir

54

Les cultures polymorphes :

Si l’on considère les cultures polymorphes :

- 91% des cas : association de deux espèces (50/55).

- 9% des cas : association de trois espèces (5/55).

Candida albicans est représenté avec une fréquence de 80% sur les cultures

polymorphes.

Les associations les plus fréquentes dans les cultures polymorphes sont :

- C. albicans + C. tropicalis : 38,2% (21/55)

- C. albicans + C. glabrata : 21,8% (12/55)

- C. glabrata + C. tropicalis : 11% (6/55)

Les autres associations sont données dans le tableau IV

Tableau IV : fréquence et pourcentage des associations de Candida

Association Fréquence Pourcentage

C. albicans + C. tropicalis 21/55 38,2%

C. albicans + C. glabrata 12/55 21,8%

C. glabrata + C. tropicalis 6/55 11%

C. albicans + C. krusei 5/55 9%

C. glabrata + C. krusei 3/55 5,5%

C. albicans + Candida sp 1/55 1,8%

C. tropicalis + C. parapsilosis 1/55 1,8%

C. tropicalis + Candida sp 1/55 1,8%

C. albicans + C. glabrata + C. tropicalis 5/55 9%

Page 55: Voir / Ouvrir

55

Figure 17 : Fréquence des différentes associations de Candida dans les

cultures polymorphes.

21,8%

38,2%

9,0%

1,8%

11,0%

5,5%

1,8% 1,8% 9,0%

Fréquence des différentes associations de Candida dans les cultures polymorphes

C.albicans,C. glabrata C.albicans,C. tropicalis

C.albicans,C. krusei C.albicans,Candida sp

C. glabrata,C. tropicalis C. glabrata,C. krusei

C. tropicalis,C. parapsilosis C. tropicalis,Candida sp

C.albicans,C. glabrata,C. tropicalis

C. albicans + C. glabrata

C. albicans + C. tropicalis

Page 56: Voir / Ouvrir

56

Dans l’ensemble des cultures positives (monomorphes et polymorphes)

C. albicans est l‘espèce la plus fréquente 25,6% (51/199), avec l’émergence de

C. tropicalis 17% (34/199) et C. glabrata 11,5% (23/199).

Le tableau X et la figure X indiquent pour chaque espèce de Candida, le

nombre de cas et la fréquence dans l’ensemble des cultures positives :

Tableau V : Fréquence des différentes espèces de Candida

Espèce Nombre de cas Pourcentage

Candida albicans 51 25,6%

Candida tropicalis 34 17%

Candida glabrata 23 11,5%

Candida krusei 11 5,5%

Candida famata 6 3%

Candida parapsilosis 3 1,5%

Candida guilliermondi 2 1%

Candida sp 14 7%

Association

C. albicans + C. tropicalis

C. albicans + C. glabrata

C. albicans + C. krusei

C. albicans + Candida sp

C. glabrata + C. tropicalis

C. glabrata + C. krusei

C. tropicalis + C. parapsilosis

C. tropicalis + Candida sp

C. albicans + C. glabrata + C. tropicalis

55

21

12

5

1

6

3

1

1

5

27,6%

Total 199 100%

Page 57: Voir / Ouvrir

57

Figure 18 : Fréquence des différentes espèces Candida dans l'ensemble

des sites prélevés.

25,7%

11,5%

17,1% 5,5%

3,0%

1,5%

1,0%

7,0%

27,7%

Fréquence des différentes espèces Candida dans l'ensemble des sites prélevés

C. albicans C. glabrata C. tropicalis

C. krusei C. famata C. parapsilosis

C. guilliermondi Candida sp Associations

Page 58: Voir / Ouvrir

58

Sites corporels prélevés :

Les sites corporels prélevés sont : la bouche, le nez, l’anus, les urines, et

l’oreille.

Le tableau et la figure indiquent pour chaque site, le nombre de

prélèvements positifs.

Tableau VI : Nombre et pourcentage de positifs selon le site prélevé

Prélèvements positifs Pourcentage d’échantillons positifs

Urines 61 46%

Bouche 58 42%

Nez 43 31%

Anus 30 22%

Oreille 7 5%

Figure 19: Pourcentage d’échantillons positifs en fonction du site corporel

Urines Bouche Nez Anus Oreille

46% 42%

31%

22%

5%

Page 59: Voir / Ouvrir

59

Fréquence des différentes espèces dans les différents sites

Au niveau des urines

Tableau VII: fréquence des différentes espèces de Candida au niveau des

urines

Espèces Nombre de cas Pourcentage

Candida albicans 9 14,7%

Candida tropicalis 12 19,7%

Candida glabrata 7 11,5%

Candida krusei 5 8,2%

Candida guilliermondi 1 1,6%

Candida sp 7 11,5%

Association

C. albicans + C. tropicalis

C. albicans + C. glabrata

C. albicans + C. krusei

C. albicans + Candida sp

C. glabrata + C. tropicalis

C. glabrata + C. krusei

C. tropicalis + Candida sp

C. albicans + C. glabrata + C. tropicalis

20

7

3

1

1

2

1

1

4

32,8%

Total 61 100%

Page 60: Voir / Ouvrir

60

Figure 20: fréquence des différentes espèces Candida au niveau des urines

14,7%

11,5%

19,7%

8,2%

1,6%

11,5%

32,8%

Fréquence des différentes espèces Candida au niveau des urines

C. albicans C. glabrata C. tropicalis C. krusei

C. guilliermondi Candida sp Associations

C. albicans

C. tropicalis

C. glabrata

Page 61: Voir / Ouvrir

61

Au niveau de la muqueuse buccale

Tableau VIII: Fréquence des différentes espèces Candida au niveau de

la muqueuse buccale

Espèces Nombre de cas Pourcentage

Candida albicans 15 25,8%

Candida glabrata 11 19%

Candida tropicalis 7 12%

Candida krusei 5 8,6%

Candida famata 2 3,5%

Candida sp 2 3,5%

Associations

C. albicans + C. tropicalis

C. albicans + C. glabrata

C. albicans + C. krusei

C. glabrata + C. tropicalis

C. glabrata + C. krusei

C. tropicalis + C. parapsilosis

16

6

4

2

2

1

1

27,6%

Total 58 100%

Page 62: Voir / Ouvrir

62

Figure 21: fréquence des différentes espèces Candida au niveau de la

muqueuse buccale

25,8%

19,0%

12,0%

8,6%

3,5%

3,5%

27,6%

Fréquence des différentes espèces Candida au niveau de la muqueuse buccale

C. albicans C. glabrata C. tropicalis C. krusei

C. famata Candida sp Associations

C. glabrata

C. albicans

C. tropicalis

Page 63: Voir / Ouvrir

63

Au niveau de la muqueuse nasale

Tableau IX: Fréquence des différentes espèces Candida au niveau de la

muqueuse nasale

Espèces Nombre de cas Pourcentage

C. albicans 15 34,8%

C. glabrata 2 4,6%

C. tropicalis 7 16,3%

C. krusei 1 2,3%

C. famata 2 4,6%

Candida sp 3 7%

Associations

C. albicans + C. tropicalis

C. albicans + C. glabrata

C. albicans + C. krusei

C. glabrata + C. tropicalis

C. glabrata + C. krusei

13

4

4

2

2

1

30%

Total 43 100%

Page 64: Voir / Ouvrir

64

Figure 22 : fréquence des différentes espèces Candida au niveau de la

muqueuse nasale

34,9%

4,6%

16,4%

2,3%

4,6%

7,0%

30,1%

Fréquence des différentes espèces de Candida au niveau de la muqueuse nasale

C. albicans C. glabrata C. tropicalis C. krusei

C. famata Candida sp Associations

Page 65: Voir / Ouvrir

65

Au niveau de la muqueuse rectale

Tableau X: Fréquence des différentes espèces de Candida au niveau de la

muqueuse rectale

Espèces Nombre de cas Pourcentage

C. albicans 9 30%

C. glabrata 3 10%

C. tropicalis 8 26,6%

C. famata 2 6,7%

C. guilliermondi 1 3,3%

Candida sp 2 6,7%

Association

C. albicans + C. tropicalis

C. albicans + C. glabrata

C. albicans + C. glabrata + C. tropicalis

5

3

1

1

16,6%

Total 30 100%

Page 66: Voir / Ouvrir

66

Figure 23 : fréquence des différentes espèces Candida au niveau de la

muqueuse rectale

30,0%

10,0%

26,6%

6,7%

3,3%

6,7%

16,6%

Fréquence des différentes espèces Candida au niveau de la muqueuse rectale

C. albicans C. glabrata C. tropicalisC. famata C. guilliermondi Candida spAssociations

Page 67: Voir / Ouvrir

67

Au niveau de l’oreille

Tableau XI: Fréquence des différentes espèces de Candida au niveau

de l’oreille

Espèces Nombre de cas Pourcentage

C. albicans 3 42,9%

C. parapsilosis 3 42,9%

Associations

C. albicans + C. tropicalis

1

1

14,2%

Total 7 100%

Page 68: Voir / Ouvrir

68

Figure 24 : fréquence des différentes espèces Candida au niveau de la

l’oreille

C. albicans 42,9%

C. parapsilosis 42,9%

Associations 14,2%

Fréquence des différentes espèces Candida au niveau de l'oreille

Page 69: Voir / Ouvrir

69

Index de colonisation

Au total, 84 index de colonisation (IC) ont pu être déterminés. En fonction

de la valeur seuil de positivité (IC ≥ 0,5), les patients se répartissent en trois

groupes :

Groupe 1 : 27 patients ne sont pas colonisés (IC= 0), soit 32%

Groupe2 : Patients colonisés

Groupe 2a : 23 patients (27%) sont faiblement ou

modérément colonisés (IC < 0,5).

Groupe 2b : 34 patients (41%) sont fortement colonisés

(IC ≥ 0,5)

Figure 25 : Répartition des patients en fonction de leur index de colonisation

Patients noncolonisés

Patients faiblementcolonisés

Patients fortementcolonisés

32% 27%

41%

Page 70: Voir / Ouvrir

70

Niveau de preuve selon les critères de l’EORTC

En se basant sur la définition des infections fongiques profondes

proposées par l’EORTC, nous avons pu classer les patients en 4 catégories:

8 patients ont une candidose prouvée (8,5%)

41 patients ont une candidose probable (48,8%)

31 Patients ont une candidose possible (36,7%)

4 Patients n’ont pas de candidose (4,7%)

Figure 26 : Répartition des patients en fonction du niveau de preuve

Patients àcandidoseprouvée

Patients àcandidoseprobable

Patients àcandidosepossible

Patients sanscandidoses

8,5%

48,8%

36,7%

4,7%

Page 71: Voir / Ouvrir

71

Attitude thérapeutique :

La notion du traitement antifongique avant ou après le diagnostic da la

candidose a pu être renseignée pour tous les patients.

Avant le diagnostic :

11 ont eu un traitement antifongique avant le diagnostic :

1 patient a reçu de l’Amphotéricine B, 8 patients du Fluconazole,

et 2 patients du Voriconazole.

Par contre, 73 n’ont eu aucun traitement antifongique avant le

diagnostic.

Après le diagnostic :

25 patients ont bénéficié d’un traitement antifongique après le

diagnostic :

5 sous l’Amphotéricine B, 15 sous Fluconazole, et 5 sous

Voriconazole

59 n’ont pas eu de traitement antifongique après le diagnostic

(1 patient avait une candidose systémique prouvée, décédé avant

la positivité de l’hémoculture)

Devenir des patients à J 30 :

Concernant l’évolution des patients, 20 sont décédés au cours de l’étude

soit (23,8%). Dont six avaient une candidose systémique documentée soit 30%

des décès.

Page 72: Voir / Ouvrir

72

V. DISCUSSION :

De nombreux patients sont colonisés par Candida sp, pendant leur séjour à

l’hôpital, mais peu font des fongémies, sauf en réanimation où l’incidence peut

atteindre 10% [25]. C. albicans est l’espèce majoritairement responsable de

candidémies, mais d’autres espèces émergent, essentiellement Candida

glabrata, Candida parapsilosis et Candida tropicalis [45]. La proportion

relative de ces différentes espèces varie en fonction du terrain, des centres, de

l’époque, des pays et de la pression antifongique. Les taux de mortalité diffèrent

également selon les espèces et le terrain sous-jacent, mais la mortalité globale

est de l’ordre de 40% [45,70].

Les patients inclus dans notre étude représentent une population assez

hétérogène avec une grande dispersion d’âge. Le sexe masculin est prédominant

puisqu’il représente 77,4% des effectifs.

Les facteurs de risque classiquement associés aux candidoses systémiques

sont retrouvés notamment une antibiothérapie à large spectre et port de matériel

étranger : cathéter veineux central, sonde urinaire, cathéter artériel et drains,

d’autres facteurs de risque sont également retrouvés à des taux considérables :

La trachéotomie, les immunosuppresseurs, la corticothérapie à long cours, les

cancers et le diabète.

Page 73: Voir / Ouvrir

73

Dans notre étude, au niveau statistique, les facteurs de risque associés à la

survenue d’une candidose systémique (p < 0,05) sont :

L’antibiothérapie à large spectre

La trachéotomie.

Les immunosuppresseurs.

La corticothérapie au long cours.

Cancers ou hémopathies

Le taux de mortalité parmi les patients à candidose systémique prouvée est

de 75% (6/8), ce chiffre est nettement supérieur aux données de la littérature

[45] et montrent tout l’enjeu de trouver des arguments diagnostics fiables

permettant l’instauration rapide d’un traitement antifongique.

Résultats mycologiques

Nous avons constaté, au cours de l’étude, l’importance de la colonisation

des patients de la réanimation par le genre Candida (68% des patients sont

colonisés). La colonisation porte essentiellement sur les sites buccaux, nasaux et

urinaires.

Nous avons mis en évidence 7 espèces différentes de Candida (Candida

albicans, Candida tropicalis, Candida glabrata, Candida krusei, Candida

famata, Candida parapsilosis, Candida guilliermondi). La littérature [70] fait

état de la prédominance dans les services de réanimation de Candida albicans

mais avec un recul au cours de ces dernières années en faveur de Candida non

albicans.

Dans notre travail, Candida albicans est prédominant par rapport aux

autres espèces, avec un pourcentage de 35% dans les cultures monomorphes et

de 80% dans les cultures polymorphes. Par ailleurs nous avons noté l’émergence

Page 74: Voir / Ouvrir

74

de nouvelles espèces comme le Candida tropicalis avec respectivement 23,6%

et 61,8%, Candida glabrata avec respectivement 16% et 47,2%, ainsi que

d’autres espèces (Candida krusei, Candida famata, Candida parapsilosis,

Candida guilliermondi) qui présentent cependant des fréquences nettement

moindres.

Nous avons trouvé également des associations d’espèces surtout au niveau

buccal, nasal, et urinaire, les plus fréquentes sont :

C. albicans + C. tropicalis 38,2%

C. albicans + C. glabrata 21,8%

C. glabrata + C. tropicalis 11%

L’association de 3 espèces (C. albicans + C. glabrata + C. tropicalis) est

présente avec une fréquence de 9%

La présence de ces associations montre tout l’intérêt de l’utilisation des

milieux chromogéniques comme le Candiselect 4® utilisés dans notre étude et

qui permettent de déceler les associations grâce aux couleurs différentes pour

chaque espèce, ce qui n’est pas le cas du milieu Sabouraud utilisé

habituellement où toutes les espèces ont le même aspect macroscopique.

An niveau des hémocultures, 4 espèces de Candida ont été retrouvées :

C. albicans avec 3 cas sur 7 hémocultures positives à Candida, C. tropicalis

avec 2 cas sur 7, C. glabrata et C. famata avec un seul cas pour chaque espèce.

7 cas de candidose ont été confirmés par hémoculture, alors qu’un cas a pu

être confirmé par la présence de C. albicans au niveau du LCR.

Page 75: Voir / Ouvrir

75

Intérêt du calcul de l’index de colonisation

Nous avons vu que plusieurs équipes font appel au calcul de l’index de

colonisation [31]. Ce calcul a été mis en place dans notre étude. Cependant, un

certain nombre de points sont à discuter. Le nombre de sites prélevés, l’origine

précise des échantillons et la fréquence des prélèvements.

La fréquence des prélèvements (2 fois par semaine) apparaît insuffisante.

Pittet [74] recommande, pour le calcul de l’index de colonisation et son suivi,

plusieurs jours de prélèvements par semaine, cependant, cette recommandation

semble irréaliste compte tenu de la charge de travail.

Dans notre travail, nous avons observé que 68% des patients étaient

modérément ou fortement colonisés par Candida dans le groupe d’étude.

Sur l’ensemble des 8 patients ayant développé une candidose prouvée,

100% étaient effectivement colonisés par la levure responsable (IC ≥ 0,5).

En effet, la colonisation à Candida est une première étape essentielle dans

la pathogénie de la candidose systémique, il est donc indispensable d’instaurer le

dépistage et la surveillance d’une colonisation chez des patients présentant par

ailleurs d’autre facteur de risque.

La figure 20 illustre le degré de colonisation maximal mesuré dans notre

groupe de patients de réanimation suivis prospectivement et ayant développé ou

non une infection sévère à Candida durant notre étude.

Page 76: Voir / Ouvrir

76

Figure 27 : Comparaison des index de colonisation par levures du genre Candida chez deux

groupes de patients ayant (symboles rouges) ou non (symboles bleus) développé une infection

sévère à Candida.

On remarque que les 8 patients ayant développé une candidose avaient un

IC ≥ 0,5.

Par contre d’autres patients avaient un IC ≥ 0,5 mais n’ont pas développé

de candidose prouvée.

On peut conclure que l’index de colonisation a l’avantage de fournir une

donnée quantifiée de la situation du patient par rapport à la colonisation. Il

résume en une seule information la proportion des sites colonisés et l’intensité

de la colonisation. Il permet un suivi plus aisé et fait parti des critères entrant en

jeu pour la décision thérapeutique. Toutefois, il ne peut constituer à lui seul une

indication de traitement.

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Index de colonisation

jours en réanimation

Page 77: Voir / Ouvrir

77

Niveau de preuve de la candidose

Une définition des infections fongiques profondes a été proposée par

l’EORTC (European Organisation for Research and Treatment of Cancer) [74]

incluant des critères clinico-biologiques, elle définit :

Les infections fongiques invasives prouvées : examen histo-cytologique

avec présence de levures dans une biopsie ou dans un prélèvement obtenu par

ponction/aspiration à l’aiguille à l’exception des prélèvements muqueux ou si

une culture positive est obtenue à partir d’un site normalement stérile, et

anomalies cliniques ou radiologiques évoquent une infection (excepté les urines

et les muqueuses).

Les infections fongiques invasives probables : s’il y’a un facteur lié à

l’hôte, un critère microbiologique et un critère clinique majeur (ou 2 mineurs).

Les infections fongiques possibles : s’il y’a un facteur lié a l’hôte et un

facteur microbiologique ou un critère clinique majeur (ou 2 mineurs).

Page 78: Voir / Ouvrir

78

Tableau XII : Critères de définition des infections fongiques de l’EORTC [74]

Critère liés à l’hôte

Neutropénie (>10 jours et <500/mm3)

Fièvre >96h, persistante sous traitement ATB à large spectre appropriée

chez un patient à risque élevé

température>38°C ou <36°C et 1 élément suivent :

neutropénie prolongée (>10 j) dans les 60 j précédents.

Utilisation actuelle ou dans les 30 j précédents d’immunosuppresseurs

Mycose invasive prouvée ou probable dans une période de neutropénie

antérieure.

SIDA symptomatique.

GVH (≥ grade 2) ou GVH chronique extensive.

Corticoïde (> 3 semaines) dans les 60 j précédents

Critères microbiologiques

Cultures positives à Candida sp : 2 uro-cultures positives en l’absence de

sonde urinaire

Examen direct positif à candida sp : présence de Candida sp à l’examen

direct des urines en l’absence de sonde urinaire

Critères cliniques

Doivent être en rapport avec le site du prélèvement positif et l’épisode en cours

Lésion nodulaire sans autre explication

Choriorétinite ou endophtalmie

Candidose hépatosplénique

Page 79: Voir / Ouvrir

79

Les données de la littérature [7] font état du faible nombre de candidoses

systémiques prouvées y compris dans les unités à risque telles que les services

de réanimation. Des résultats d’autopsie suggèrent que le nombre de candidoses

systémiques est sans doute sous-estimé.

Dans notre cas, 8 candidoses systémiques ont été diagnostiquées de manière

certaine (7 par hémocultures positives et une par présence de Candida dans le

LCR) soit un taux de 9,5%. Ce taux est conforme à celui trouvé dans les séries

concernant les services de réanimation 10% [25].

Page 80: Voir / Ouvrir

80

Corrélation Index de Colonisation-Niveau de preuve

Les 8 patients qui ont développé une candidose prouvée avaient un IC ≥ 0,5

21 patients sur les 41 qui on une candidose probable ont un IC ≥ 0,5

La figure nous donne la moyenne des index de colonisation pour chaque

niveau de preuve.

Candidose prouvée (IC-1) candidose probable (IC-2) candidose possible (IC-3)

Figure 28 : la moyenne de l’Index de colonisation par niveau de preuve

Box plots

0,000

1,000

0,200

0,313 0,500

0,800

0,650

0,663

0,100

0,800

0,500

0,405

0,000

1,000

0,000

0,142

IC - total IC - 1 IC - 2 IC - 3

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

Page 81: Voir / Ouvrir

81

Dans notre travail l’IC est bien corrélé, statistiquement, au niveau de

preuve (p<0,05).

L’importance du degré de colonisation dans le risque de développer une

infection secondaire est reconnue dans plusieurs études [25,27].

Dans notre étude, l’index de colonisation était significativement plus élevé

chez les patients ayant développé une candidose prouvé (en moyenne 0,66), et

les patients ayant une candidose probable(en moyenne 0,40) comparé à

l’ensemble des patients inclus dans l’étude (en moyenne 0,31)

La sensibilité de cet index, qui est utilisé par de nombreux réanimateurs,

était de 100% d’après plusieurs études [25,55].

Page 82: Voir / Ouvrir

82

Conclusion générale

Malgré les progrès réalisés dans la compréhension de la physiopathologie

des infections à Candida, et le développement de nouvelles méthodes, le

diagnostic se fait généralement d’une façon tardive aggravant le pronostic de la

maladie qui est déjà sombre. L’hémoculture reste l’examen de référence, malgré

sa faible sensibilité et son résultat le plus souvent tardif.

La survenue d’une infection sévère à levure du genre Candida est une

complication hospitalière redoutable. Une bonne connaissance de leur

pathogénie doit permettre au clinicien de détecter précocement les facteurs de

risque qui prédisposent à leur développement. À cet égard, le degré de

colonisation représente un élément crucial dont la valeur prédictive est établie.