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Vivre avec son handicap… Mission Evangélique Braille au service des aveugles et malvoyants francophones un chemin de lumière 2/2012 bulletin d’information et de prière

Vivre avec son handicap

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Bulletin de nouvelles de la MEB 2-2012

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Page 1: Vivre avec son handicap

Vivre avec son handicap…

Mission Evangélique Brailleau service des aveugles et malvoyants francophones

un chemindelumière

2/2012

bulletin d’information et de prière

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Vivre avec un handicap ou la vie après la vue…

Presque tous les jours, dans mon ministère à la MEB, je suisappelé à accompagner des personnes confrontées au han-dicap de la cécité. J'ai remarqué un très grand décalageentre la peur – bien normale – ressentie par des voyantslorsqu'ils envisagent la possibilité de perdre la vue un jouret ce qui se passe dans la réalité, lorsque ces mêmes per-sonnes se trouvent privées de la vue – partiellement ou to-talement. Je suis frappé de voir la capacité extraordinairede beaucoup d'entre elles à se retourner et à faire face à cemalheur. Bien sûr ce n'est pas facile, et certaines personnes,surtout âgées, ont des possibilités limitées pour « rebondir ».

Mais, chez les plus jeunes et même chez certaines personnestrès âgées, je rencontre avec émerveillement une volontéde VIVRE et de « faire avec » ce handicap. Certains vont ap-prendre le braille, à se déplacer au moyen d'une canneblanche ou d'un chien-guide pour retrouver une grande li-berté de mouvements. D'autres redécouvriront les joies dela lecture au moyen de lecteurs CDs MP3 ou même d'un or-dinateur muni d'une synthèse vocale…

Ils découvriront ainsi que perdre la vue n'est pas synonymede perdre la vie, mais que la vie peut continuer à avoir unsens, même sans la vue. La dimension spirituelle est pourmoi primordiale, « car nous cheminons par la foi, non parla vue…» ( 2 Co 5.7 ). Avec les yeux de la foi, nous pouvonscheminer sereinement, les yeux fixés sur notre Seigneur,confiants que notre vie est entre ses mains et que, mêmelimitée, elle vaut encore la peine d'être vécue.

Alain Décoppet

Crédit photographique : MEB Vevey, sauf mention contraire

meb · un chemin de lumière · 2/2012 3

édito

ImpressumMEBAv. Louis-Ruchonnet 20CH-1800 Vevey/SuisseTél. +41 ( 0 )21 921 66 88Fax. +41 ( 0 )21 922 26 [email protected]

Revue trimestrielle«Un chemin de lumière»Publiée par la MEB à Vevey

ImpressionAtelier Grand SA

Abonnement annuelCHF 25.– / € 20.–

CCP SuisseCCP 10-1350-1

CCP FranceChèques et virements adresser à :Banque postale, Centre Financier69900 Lyon Cedex 20No de compte : 13 403 91 V 038IBAN : FR73 2004 1010 0713 4039 1V03 878BIC : PSSTFRPPLYO

Les chèques peuvent aussiêtre envoyés sous pli à :MEB, Avenue Ruchonnet 20,CH-1800 Vevey, Suisse

CCP BelgiqueVirements ou versements postaux :Bruxelles 000-071 2436-68Mission Evangélique Braille Vevey

Autres paysIBAN : CH12 0483 5083 8555 5000 0BIC : CRESCHZZ80A

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meb · un chemin de lumière · 2/2012 5

J’aime les défis et j’en ai besoin…

4 meb · un chemin de lumière · 2/2012

Christine se souvient :« En 1980, j’ai reçuune lettre de Noël

de la part de la MEB :sept pages recto-versoen braille; j’avais 5 ans !

Quelques moisplus tard, je suis venue

visiter la MEBavec mon père.

J’ai reçuun Evangile en braille;pour la première fois,j’ai pu lire moi-même

la Bible…»

Abonnée à nos prestations depuis denombreuses années et membre del’Assemblée générale de la MEB, Chris-tine Cloux, aveugle, sait ce que veutdire «vivre avec son handicap».Interview.

Ton handicap de la vue a-t-il étéun obstacle à ton intégrationdurant tes études?Non, car très vite j’ai été acceptée parmes camarades de classe qui n’hésitaientpas à m’offrir leur aide, parfois mêmelorsque je n’en avais pas besoin! Ils seproposaient volontiers de porter monéquipement informatique encombrant,me lisaient des ouvrages sur cassettes enprenant soin d’expliquer les schémas parexemple, me disaient ce qu’il y avaitd’écrit au tableau et prenaient les poly-copiés si j’étais absente.

Et pour trouver du travail?Ma difficulté a été de savoir quel genrede travail je cherchais ! J’ai commencépar me mettre à mon compte puis j’aifait des offres d’emploi, mais sans suc-cès. Les réponses étaient: trop qualifiée,ne correspond pas au profil, infrastruc-tures non adaptées, etc…En 2007, un ami m’a informée qu’uneentreprise spécialisée dans le soutien in-formatique des handicapés de la vuecherchait des collaborateurs en Suisseromande. Je me suis renseignée et j’aipostulé. Au terme de l’entretien d’em-bauche, comprenant des tests de com-pétences techniques, pédagogiques etlinguistiques, j’ai été engagée pour unemploi à 90%.

Comment gères-tu les activitésde la vie quotidienne?Cela ne me pose pas de problème ma-jeur; bien sûr tout prend plus de tempset c’est parfois frustrant. Mais cela m’ap-prend l’humilité et m’aide à réaliser quel’on a tous besoin des autres. J’ai besoinde ma famille et ils ont besoin de moi;ça fait du bien de le savoir!

Comment arrives-tu à surmonterles difficultés dans ton existence?L’entourage familial y contribue pourune part car ils croient en moi et m’en-couragent dans les moments difficiles.D’autre part, je suis une battante de na-ture, j’aime les défis et j’en ai besoin. Parchance, la cécité m’en apporte toutplein! Devant l’obstacle je ne dis jamais«zut je ne peux pas, je cherche une so-lution…».

Entre ombre et lumière… Entretien avec Mme Nicolle Balet

Nicolle, quel est votre handicap visuel?En résumé, il s’agit d’une faiblesse gé-nétique de l’œil qui se manifeste par unehypersensibilité à la lumière et une vi-sion trouble, sauf pendant 1-2 heuresoù je vois très bien avec l’aide de cor-rections optiques. C’est un handicap quin’est pas «classable»!

Qu’est-ce que cela engendrecomme difficultés relationnelles?Ce qui est très pénible pour moi, c’estque les gens ne comprennent pas que jepuisse faire du vélo quand ma vue estnette et qu’après je suis obligée de vivredans la pénombre, puisque toute sourcede lumière agresse mes yeux en perma-nence 20-30 fois plus que la normale.Comment expliquer aux gens que j’aienvie d’être en leur compagnie, maisque je ne tiens pas dans la lumière,même en fermant les yeux avec des lu-nettes de glacier? Idem pour les maga-sins, les restaurants et les lieux publics…Cela me pose énormément de problèmes.

Et par rapport à votre vieprofessionnelle?C’est une douleur. J’ai arrêté en 1997.J’étais professeur d’anglais et j’aimaisbeaucoup ce que je faisais. Il y a cinqans, j’ai essayé des cours de conversa-tions mais j’ai dû y renoncer car il fauttenir les yeux ouverts ; au bout d’unmoment la pression oculaire monte, iln’y a plus de film lacrymal, cela de-vient insupportable. Récemment j’ai puredonner un cours de 40 minutes maisil a fallu deux heures pour que ma pres-sion oculaire redevienne normale!

Cependant j’ai gardé mes bouquins, touten sachant bien qu’un jour je devrais lesbazarder parce qu’ils ne me servirontplus à rien!

Quelles solutions avez-voustrouvées pour surmontervotre handicap et «faire avec»?Je ne fais pas «avec», je vis avec monhandicap! Je n’ai pas vraiment trouvé desolution. Je dirais simplement que la foiet la prière ont une grande place dansma vie. Et puis j’ai développé une sensi-bilité à la beauté, cultivé des valeurs in-térieures comme la compassion pour lespersonnes qui m’entourent. J’essaie detenir debout en étant digne, refusantd’être considérée comme une victime.Pour moi c’est un plaisir magnifique devoir; le fait d’être vivante et autonomeprovoque en moi un grand sentiment degratitude. Aujourd’hui à 60 ans je ne mesuis jamais sentie aussi bien avec monhandicap tel qu’il est !

Un dernier mot pour conclure?Un grand merci à tous ceux qui ne m’ontpas obligée d’expliquer ni de prouverl’authenticité de mon vécu mais quim’ont cru sur parole et m’ont fait con-fiance…

A propos des lectures bibliquesquotidiennes, elle a dit :«C’est ma petite encre d’attache dumatin! J’apprécie ce moment quinourrit ma réflexion et me donneenvie de mieux connaître la Bible».

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meb · un chemin de lumière · 2/2012 76 meb · un chemin de lumière · 2/2012

Rosine, une aveugle volontaire, nousdit comment elle a progressivementperdu la vue et comment elle a re-monté la pente. Témoignage d'unejeune ivoirienne.

Je suis née avec une conjonctivite aller-gique provocant souvent des déman-

geaisons et des rougeurs dansles yeux. Au collège, commeje ne voyais plus au tableau,j’ai pris l’habitude de suivre lescours avec mes camarades declasse. Au lycée, j’étais obligéede forcer sur mes yeux pourpouvoir lire mes cours. J’au-rais voulu faire des études enpharmacie… mais pour moi il

ne restait que la possibilité des sciencesjuridiques à l'université. A partir de cemoment, ma vue s’est considérablementdégradée. Durant l’examen de validitéde 1re année de mon diplôme, j’ai pres-que perdu la vue. Mais par la grâce deDieu, j’ai réussi mon examen. Ensuite j'ai

dû arrêter mes études pour soigner unkératocône et des cataractes. Durant 4ans, j’ai subi plusieurs opérations chirur-gicales et fait des séjours aux soins in-tensifs pour finalement perdre la vue.Mon espoir en a pris un coup!Grâce au soutien de mes amis, j'ai apprisle braille et recommencé les cours.J’étais obligée de les enregistrer puis deles écouter à la maison avant d’en faireune synthèse en braille, ce qui était la-borieux. Pour remédier à ces difficultés,j’ai fait «des pieds et des mains» pouracquérir un ordinateur portable. Je sup-pliais le Seigneur de pourvoir à mes be-soins financiers pour que je puisse payermes études. Et la porte s'est ouverte;pendant mes travaux de diplôme j’ai puintégrer la fonction publique ivoirienne,ce qui m’a permis d’être affectée àl’ONG Fraîche Rosée comme agent del’Etat. Je suis chargée de l’alphabétisa-tion et de l’apprentissage du braille.Ayant perdu la vue mais pas l’amour desétudes, j’ai suivi encore des cours pourobtenir la maîtrise en droit public (car-rière administrative). Aujourd'hui je suisentrain de rédiger un mémoire de fin decycle dont le thème est « le recrutementdu fonctionnaire handicapé à la fonc-tion publique ivoirienne».

J'ai perdu la vue mais pas l'amour des études!

Grâce àses capacités

intellectuelles,des portes

insoupçonnéesse sont ouvertes

pour Rosine.Malgré sa pertede la vue, elle a

retrouvé confianceet sérénité !

Je m’appelleDjédjé Kpobéhi Rosine,

j'ai 30 ans;mon poids varie

entre 50 et 55 kg,je mesure 1 mètre 65;

Je travaille à monmémoire à Abidjan.

Avis: Pour ses études comparées,Rosine aurait besoin des lois etleurs décrets d’application, l’histo-rique du recrutement, les actionsque l’état suisse pose en faveurdes fonctionnaires handicapés.

Irrigation goutte à goutte,une agriculture qui convient aux aveugles

La Côte d’Ivoire étant redevenue cal-me, M. Heinz Rothacher s’est rendusur place pour évaluer la situation. Ila constaté avec joie qu’il y avait uneréelle volonté de reconstruire et defaire mieux qu’avant.

Après les troubles politiques qui ont pa-ralysé le pays et désorienté les aveugles,l’ONG Fraîche Rosée a mis les bouchéesdoubles. L’imposant centre de formationNouvelle Aurore, situé à Bériaboukro,s’active. Les jeunes aveugles et mal-voyants apprennent divers métiers agro-alimentaires, agropastoraux et artisa-naux adaptés à leur handicap, commepar exemple la culture maraîchère parl’irrigation goutte à goutte. Ce système,cofinancé par la coopération suisse,offre bien des avantages si l’on disposed’une source d’eau: économie d’engrais,production biologique quadruplée etapplicable en toute saison, lutte contrela famine, la désertification et la chertéde la vie. Les aveugles y trouvent leurcompte: cette activité innovante est fa-cile à comprendre, à utiliser et adaptéeà leur handicap. En effet, les tuyauxd’écoulement leur servant de guide, ilstrouvent à coup sûr la plante qui agermé, là où se trouve le goutteur.«Lors de ma visite sur place, deuxchoses m’ont réjouis et émus: les aveu-gles fredonnent des chants de louange

en travaillant et ils ont devant eux uneassiette de nourriture pleine à cra-quer!»Le but de ce type d’agriculture adaptéaux aveugles est d’améliorer leurs condi-tions de vie par une autosuffisance ali-mentaire, la création d’une coopérativeassurant des emplois et la pérennité ducentre Nouvelle Aurore. A terme, l’objec-tif est d’en faire bénéficier les 2500 vil-lageois de Bériaboukro.

Visionnez le clip vidéosur notre site: www.mebraille.ch

La culture maraîchèrepar l’irrigation goutteà goutte facilitele travail des aveuglesen Côte d’Ivoire et assureleur alimentation.

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Claude Berna habite la région de Lyon dans uneInstitution pour personnes handicapées de la vue.Bien qu’elle soit aveugle, elle aime le travail arti-sanal, notamment la confection de colliers deperles qu’elle réalise avec dextérité et grand soin.Son plaisir, c’est de les offrir pour faire plaisir !

Entourée par des personnes maîtrisant le langage dessignes et la connaissant bien, Madame Extermann,aveugle-sourde, a pu participer durant quelques joursà notre séjour de vacances-retraite ces deux der-nières années. L’occasion pour les participants de dé-couvrir et d’expérimenter une autre manière decommuniquer et de ressentir les choses!

Lorsque nous avons posé la question à JosianeGertsch, malvoyante, ce que signifiait pourelle vivre avec son handicap, après une courteréflexion, elle nous a répondu : c’est pouvoirpartager au quotidien une grande complicitéavec Jacques, mon mari et «mon guide » !

Ancien professeur de musique aveugle et délé-gué de la MEB à Albi, Jacques Méau est unepersonne qui a la faculté de vous mettre àl’aise, en douceur et avec humour parfois, sivous ne savez pas trop quoi dire lorsqu’il vousparle de sa cécité. Vivre avec son handicap, ill’assume pleinement!

Au Bénin comme ailleurs en Afrique, les jeunes fillesaveugles deviennent souvent filles-mères sans bienréaliser ce qui les attend… L’ONG Bartimée à Coto-nou accueille quelques-unes de ces victimes dans lecadre d’un programme d’éducation de la jeune filleet les aident à trouver des solutions d’intégration.

Vivre avec son handicap au près et au loin…

De nuit l’aveugle africain est un danger public. Equipé d’une canne réflé-chissante, il signale sa présence et se met en sécurité. Mais ce type de canne,fabriquée en Europe, est malheureusement beaucoup trop cher pour sonbudget qui lui permet juste de se nourrir.

Je m’appelle Martin Kologo et je suis à l’école Siloé à Oua-gadougou. Je suis sur la liste des enfants qui souhaitent êtreparrainés par une marraine suisse. Voici un poème que j’aiappris : «Grâce à toi, ô braille, nous disons non à la men-dicité, nous disons non à la discrimination, nous disonsnon à l’exclusion sociale. Que tu es merveilleux, ô braille,nous travaillons et montrons nos capacités intellectuelles,car on entend toujours dire que l’on ne voit mieux qu’avecle cœur, l’essentiel est invisible aux yeux.»

Dans le milieu rural, comme ici au Burkina Faso,la MEB est en relation avec une vingtaine d’as-sociations provinciales qui offrent aux personneshandicapées de la vue la possibilité de se formeret de mener une vie digne. Ailleurs dans les vil-lages, les aveugles sont encore largement excluset méprisés.

Photo: J. Gertsch

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meb · un chemin de lumière · 2/2012 1110 meb · un chemin de lumière · 2/2012

A propos de la BibleTOB en braille«Dire que je suis ému en vous lisant estau-dessous de la vérité. Je suis profon-dément touché à la fois par votre geste(n/envoi 36 vol. Bible TOB), mais aussipar votre travail et par la mission qui estla vôtre: faire passer l'écriture de Dieuauprès de tous, handicapés compris.C'est au fond ce à quoi tout chrétien estappelé, mais il est parfois difficile detrouver le moyen d'expression qui sera lebon vecteur pour Dieu, la manière adé-quate de faire sa volonté. J'ai bien assi-milé les informations que vous m'aveztransmises, et je vous remercie encore dem'ouvrir l'accès, de manière autonomeet définitive à ces textes sans lesquels j'aidu mal à vivre…»

À propos de l’Abécédaire«Du noir au braille»«Je tiens à vous exprimer toute ma re-connaissance pour le travail exception-nel que vous avez réalisé en publiant laméthode «Du noir au braille». Récem-ment atteint d’une épithéliopathie réti-nienne diffuse, j’ai cherché le maximumde réponses au handicap visuel. Bien dé-cidé à apprendre le braille, l’obstacle del’écartement réduit entre les lettres etles lignes m’auraient conduit à aban-donner si je n’avais pas découvert votreouvrage.J’ai trouvé l’idée de la double page par-faitement adaptée à l’apprenant adulteque je suis. Les mots écrits avec un es-pace élargi entre chaque lettre permet-tent de bien les sentir une à une, sansque les voisines viennent parasiter le dé-chiffrement. Le décodage ainsi «défri-ché», on a ensuite le plaisir de lire avecl’écartement normal.Les dernières phrases de l’ouvrage sonttrès encourageantes. Déchiffrer avec sesdoigts : «Lecteur, l’écriture braille inté-grale n’a plus beaucoup de secrets pourvous!» est très touchant et stimulant!Etant un lecteur assidu de la Bible, j’aiété très sensible au souci de la MEB dela rendre disponible aux non-voyants enEurope comme en Afrique.»

Monsieur C. L. - France

Les aveugles nous écrivent… Equité des genres

Au Bénin, vivre en tant que femmeaveugle s’améliore peu à peu. Pourcertaines d’entre elles, la stigmatisa-tion se transforme en admiration.Marthe Lohou, notre collaboratrice àCotonou, met tout en œuvre pour queleur statut évolue. La MEB appuie ladémarche avec son programme decoopération: Equité des genres.

Organisée en mars dernier au Palais desCongrès de Cotonou, une journée fémi-nine a rassemblé un millier de jeunesfilles venues d’horizons divers. Les Mi-nistres de la Santé et de l’Education,deux femmes, ainsi que d’autres inter-venantes ont exhorté ces jeunes filles àprendre conscience de leurs valeurs et àpersévérer dans une vie exemplaire pourque la société béninoise se développe demanière digne et saine. Pour les femmesaveugles présentes à cette journée, celaa été un signe tangible d’espoir et de re-connaissance.Elles sont passionnées par les activitésorganisées spécifiquement pour elles; lethème du mariage reste un sujet sensi-ble. A ce propos, il faut savoir qu’il estplus facile à un jeune homme aveugled’épouser une femme voyante qu’à unefemme aveugle d’épouser un hommevoyant. Pour convaincre sa belle-famille,elle doit faire preuve de capacités, decompétences et de qualités exception-nelles!Ceci dit, l’amélioration d’une vie socialevécue dans un contexte plus humain,équitable et respectueux est à mettre aucompte de l’engagement de la femmeafricaine. Marthe Lohou l’a bien compris.

Les séminaires qu’elle organise pour lesjeunes filles handicapées de la vue, sus-citent intérêt et admiration, parce ellebase son programme de développementsur les valeurs chrétiennes, la confianceen soi et l’amitié. Les jeunes femmes

aveugles participentet s’exprimentavec enthousiasmeà la Journéede la femme à Cotonou.

Deux femmesdynamiques :Fernande Kanhonou-Adékou, conseillèreaux Affaires Sociales,responsable desfemmes aveuglesdu Bénin ( à gauche )et Marthe Lohou,notre collaboratricede l’ONG Bartimée.

Ce projet pour les femmes aveugles abesoin de CHF 1000.– (€ 850) par an.

Photo: ONG Bartimée

Photo: ONG Bartimée

Monsieur R.S.de Marseille cherchait

la Bible en brailledepuis bien des années

et sans succès avantde nous trouver

sur Internet !www.mebraille.ch

Cette lettre nousa été transmise par

Mme Evelyne Kommer,initiatrice de cetouvrage édité et

diffusé par la MEB.

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meb · un chemin de lumière · 2/2012 1312 meb · un chemin de lumière · 2/2012

Le chiffre du jour : 1,2%

C’est le taux des personnes aveugles quisavent lire et écrire en braille en Afriquesubsaharienne. Ce chiffre est trop faibleestime M. Heinz Rothacher, Secrétairegénéral de la MEB.Malgré une forte croissance démogra-phique, ce pourcentage n’augmente pas.Si la situation des personnes handica-pées de la vue vivant en ville s’améliore,celle des personnes vivant en milieurural est toujours d’une extrême préca-rité. Le non-accès aux soins en est lacause principale (ophtalmologie inexis-tante). Que peut-on faire alors dans cesconditions?

Sécuriser le droit à une meilleure ali-mentation et développer l’alphabétisa-tion en écriture braille sont deux optionspossibles et efficaces. La MEB va inten-sifier ses actions dans ce sens ces pro-chaines années.Même si les OMD (Objectifs Millénairesdu Développement) ne seront que par-tiellement atteints en 2015 pour cettecatégorie de personnes, les progrès sontnéanmoins perceptibles dans les sociétéslocales africaines. En effet, l’aveugle estde moins en moins considéré comme unêtre inutile, incapable ou indésirable.Pourquoi? Parce que la qualité des ac-tions entreprises en faveur de leur dé-veloppement personnel les motivent àvouloir s’en sortir. Ainsi, ils deviennentles acteurs d’un changement positif, destémoins; l’impact est visible!Notre partenariat mis en place depuisquelques années avec les ONG chré-tiennes spécialisées locales donne desrésultats très réjouissants qui se mul-tiplient. L’investissement porte sesfruits !

Premier juriste aveugle au Burkina Faso

Notre coordinateur à Ouagadougou,Boubakar Ouedraogo, nous avait de-mandé avec insistance un ordinateurportable avec synthèse vocale pourun ami aveugle. Il avait été bien ins-piré puisqu’aujourd’hui Souleymanetravaille à la fonction publique au seindu gouvernement burkinabé - unepremière!

Bien connu d’Alain Décoppet, Souley-mane est abonné à nos prestations de-puis longtemps. Brillant élève aveugle, ilfut admis à l’université et obtint sa maî-trise en droit. Malgré cela, personne n’aeu le courage de l’engager, même pascomme stagiaire ! Souleymane devientchômeur. Vivre avec son handicap enAfrique n’est pas facile et engendre biendes désillusions! Malgré cela, il s’investitcomme président des jeunes de l’UnionNationale des Associations Burkinabéespour la Promotion des Aveugles et Mal-voyants (UN-ABPAM). Par deux fois, ildécide de passer un concours d’em-bauche organisé par l’Etat. Deux ré-ponses négatives lui parviennent aveccomme argument : acuité visuelle de10/10 exigée. Et le rideau tombe…Notre coordinateur, amicalement appeléBouba, lui prépare un plaidoyer sousforme de projet, intitulé: «Améliorationde la participation des personnes han-dicapées au développement du Bur-kina». Il l’envoie aux gouverneurs detreize régions, aux préfets, maires ethauts commissaires, aux structures dé-centralisées de l'Etat et à l'Union Euro-péenne qui, ô surprise, accepte le projet!Et le vent tourne… Les médias cherchent

à connaître le potentiel des personneshandicapées; la TV nationale diffuse lar-gement « le cas Souleymane». Résultat:le Ministre en charge de la fonction pu-blique offre un emploi à «notre brillantaveugle» ! L’ordinateur portable avecsynthèse vocale lui sera très utile. LaMEB remercie chaleureusement Bouba-kar Ouedraogo pour sa contributionpersonnelle à cette belle réussite pleined’espoir.

Alain Décoppetoffre un ordinateurportable avec synthèsevocale à Souleymane,jeune juriste aveuglequi vient d’obtenirun poste à la Fonctionpublique àOuagadougou.

Just married !Le couple Noufé Kerfilé

a fortementimpressionné les habi-

tants du villagede Doropo en Côte

d’Ivoire, lieu d’originedu mari aveugle,où il a vécu uneenfance difficile.

Actuellement, il suitune formation agricoleà l’ONG Fraîche Rosée.Son élégante épouse,voyante, est coiffeuse.

La MEB accomplit sa mission enfaveur des aveugles et malvoyantsdans une approche holistiqueadaptée avec grand soin à leurhandicap.

Autres informations sur les sites:www.mebraille.chet www.a-b-c-d.net

Photo: Boubakar Ouedraogo

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14 meb · un chemin de lumière · 2/2012

Alexandra diplômée!24 mai : l’Institut biblique et théolo-gique d’Orvin IBETO a décerné le di-plôme de fin d’études à 12 étudiantsdont Alexandra Stegmuller. Ayant dûinterrompre momentanément les coursen raison d’une opération, cette jeuneaveugle d’Aarberg et membre de laMEB, va bien aujourd’hui. Elle chercheun travail qui lui donne la possibilité demettre en pratique ses connaissancesbibliques. La MEB félicite Alexandrapour cette licence pastorale, obtenueavec brio grâce à son courage, et se ré-jouit d’y avoir contribué modestementpar la transcription en braille de ses li-vres d’étude.

Nouvelles d’Aru, RDC orientale Au terme de sa formation d’enseignantspécialisé au Kenya, Pierre Takipima estrevenu au pays transformé! Actuelle-ment il encadre sept jeunes élèves aveu-gles et malvoyants au Centre d’Educa-tion et de Réadaptation à Base Commu-nautaire (CERBC). Grâce au soutien dela MEB, avec sa collègue Beatrice No-babo, ils ont commencé un programmeexpérimental d'une année pour la for-mation des adultes aveugles.

Communauté de coopération Depuis 20 ans, la MEB est affiliée à Painpour le prochain (PPP). Un réseau decoopération a été créé au sein de sesmembres pour satisfaire aux exigencesde l’Etat suisse envers les ONG activesdans les pays du Sud et aux enjeux po-litiques globaux. Les buts: améliorer lesconditions et le mode de vie des per-sonnes soutenues par chaque organisa-tion via des programmes de développe-ment; bénéficier d’expériences et de sy-nergies communes; se positionner dansune humanité globalisée et changeantequi doit faire face à de nouveaux défis;intervenir de manière plus profession-nelle, plus ciblée et plus juste. La Com-munauté de coopération met un accentparticulier sur quatre thèmes: religionet développement; lutte contre la cor-ruption; droit à l’alimentation; dévelop-pement des capacités au Sud.

Le père d’Alexandraest heureux d’avoirune fille pasteur !

Les membresde la Communautéde coopération de

PPP à Berne.

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JAB1800 Vevey 1

P P / J o u r n a lCH-1800 Vevey 1

Vivre avec son handicap…

20, av. Louis-Ruchonnet · CH-1800 VeveyTél. 021 921 66 88 · Fax 021 922 26 58www.mebraille.ch

Notre mission :Accompagner les aveugleset malvoyants francophones

A l’attention du facteur:envois non distribuables à retourner

à l’adresse ci-contre