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VENDREDI 31 JUILLET 2015 Malgré sa croissance, l’Inde … · Malgré sa croissance, l’Inde reste rurale et pauvre ... Premier constat : l’Inde reste un pays massivement rural

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Page 1: VENDREDI 31 JUILLET 2015 Malgré sa croissance, l’Inde … · Malgré sa croissance, l’Inde reste rurale et pauvre ... Premier constat : l’Inde reste un pays massivement rural

0123VENDREDI 31 JUILLET 2015 planète | 5

Malgré sa croissance, l’Inde reste rurale et pauvreL’explosion démographique gagne les mégapoles , mais les trois quarts des foyers vivent dans les campagnes

new delhi - correspondance

L’Inde rurale n’a pas bé­néficié, ou si peu, du dé­collage économique dupays au cours des vingt­

cinq dernières années. C’est l’undes enseignements du vaste re-censement socio-économique et des castes (SECC) mené par le gou-vernement indien en 2011 auprès de l’ensemble des 243,9 millionsde foyers du pays, et dont une par-tie des résultats a été publiée dé-but juillet. Cette radioscopie ré-vèle une mine d’informations sur l’étendue de la pauvreté en Inde, et suggère des pistes pour mieux la combattre.

Premier constat : l’Inde reste unpays massivement rural. Près des trois quarts des foyers indiens vi-vent dans les campagnes, malgré l’explosion démographique de mégapoles comme New Delhi ouBombay, et même si la frontière entre ces deux mondes est po-reuse puisque de nombreux mi-grants travaillent plusieurs mois par an dans des villes, en fonctiondes opportunités professionnel-les. « L’Inde se trouve dans les villa-ges », avait coutume de dire le Ma-hatma Gandhi. Plusieurs décen-nies plus tard, ce constat est tou-jours d’actualité, et le niveau devie ne s’y est guère amélioré.

« Pauvreté et privation »

Soixante et un pour cent des foyers ruraux vivent dans un « état de privation », révèle le SECC,soit parce que leur habitat n’ex-cède pas une pièce, soit parce qu’ils ne comptent aucun hommeâgé de 18 à 59 ans pouvant générerdes revenus, entre autres critèresretenus par les responsables du re-censement. Dans 90 % des foyers ruraux, celui dont les revenus sontles plus élevés ne gagne pas davan-tage que 150 euros par mois.

Si l’Inde veut se transformer enpuissance économique, elle ne peut plus ignorer le sort de ces po-pulations à l’écart des centres ur-bains. « L’Inde rurale donne encoreune image sombre de pauvreté et de privation », concluait à ce titre

le quotidien The Hindu dans son éditorial du 7 juillet.

Autre information surpre-nante : seule la moitié des foyersruraux travaille dans l’agricul-ture. Une proportion qui rappelle que les acquisitions de terres n’af-fectent pas seulement, loin s’en faut, leurs seuls propriétaires.Lorsque des terrains sont achetés pour y construire une autoroute, ce sont aussi tous ceux qui en vi-vent, parce qu’ils y travaillent entant qu’ouvriers agricoles ouqu’ils y tiennent une petiteéchoppe, qui sont affectés.

Plus de la moitié des foyers ru-raux tirent justement leurs reve-nus du « travail manuel », signede la crise agricole qui frappe le

population indienne vivait sous le seuil de pauvreté.

Pour sortir de ce cercle vicieux,il faut briser de nombreuses chaî-nes, dont celles de l’illettrisme, dela malnutrition ou encore de l’isolement. Mais dans un pays oùles services publics sont défi-cients, avec des hôpitaux quitombent en ruine et des écoles désertées par les instituteurs, ensortir est bien plus difficilequ’ailleurs, comme au Brésil ou en Chine. Le ministère de la santé indien a reconnu, en janvier, qu’environ 63 millions d’Indiens étaient en difficulté financière à cause de leurs frais de santé.

Le diagnostic établi par le SECCrévèle l’ampleur des défis à rele-

ver, à commencer par l’éducation. Près de la moitié des foyers rurauxne savent pas, ou avec de grandes difficultés, lire ni écrire, dans unpays qui veut pourtant investir dans le « numérique pour tous ». « Avec plus des deux tiers des In-diens qui ont raté “l’ascenseur de l’éducation”, il serait intéressant de voir comment une Inde émergente peut “émerger”, sans aller jusqu’à parler du statut de superpuis-sance », écrit K.P. Kannan, cher-cheur au Centre pour les études dedéveloppement basé à Thiruva-nanthapuram (Etat du Kerala) sur le site d’information The Wire.

Le recensement SECC confirmeenfin le lien qui persiste entre caste et pauvreté. Plus la première

est basse, plus la seconde y est ré-pandue. Contrairement aux idées reçues, le bas de la pyramide n’est pas occupé par les « intoucha-bles », mais par les populations tribales. Quatre tribaux sur cinq vivent dans un « état de priva-tion » alors qu’ils représentent 11 % de la population. La pauvreté frappe en outre 73 % des membresdes « castes répertoriées » qui dé-signent les intouchables (18,46 %de la population).

Quotas par caste

Les données sur les autres castes n’ont pas encore été publiées. Cer-taines pourraient revendiquer uneaugmentation des quotas aux-quels elles ont droit dans l’admi-nistration ou l’enseignement su-périeur, ou au contraire essuyer le courroux des castes supérieures qui s’estiment défavorisées. Dans les deux cas, le Parti du peuple in-dien (BJP, au pouvoir) veut éviter de se retrouver au milieu des tirs croisés, à quelques mois d’élec-tions régionales cruciales.

Le ministre indien de l’écono-mie, Arun Jaitley, a annoncé queles résultats de cette étude servi-ront à améliorer les programmesde lutte contre la pauvreté. Le gouvernement fait le pari d’une décentralisation à l’échelle des Etats, et même des villages. En-core faudra-t-il en mesurer ses ef-fets. « A moins que sa capacitéd’exécution soit renforcée, et que des audits adéquats de ses résul-tats soient menés, ce plan connaî-tra le même destin que tous ceux qui l’ont précédé », met en gardeThe Hindu dans son éditorial. p

julien bouissou

Dans un village spécialisé dans le tissage de la soie, près de Jangipur, dans l’Etat du Bengale-Occidental. TUUL ET BRUNO MORANDI/HEMIS. FR

Avant 2022, les Indiens seront 1,4 milliard,plus nombreux que les ChinoisA la fin du siècle, la population planétaire franchira les 11 milliards d’individus, selon l‘ONU

D ans moins de sept ans, lapopulation de l’Inde de-vrait dépasser celle de la

Chine. Beaucoup plus tôt queprévu. Selon le nouveau rapportdes Nations unies, « Perspectives de la population mondiale : révi-sion 2015 », publié mercredi29 juillet, la Chine et l’Indeaujourd’hui au coude-à-coudeavec respectivement 1,38 milliard et 1,31 milliard d’habitants (soit 19 % et 18 % de la population mon-diale) devraient l’une et l’autrecompter avant 2022 1,4 milliard d’individus.

Mais, passé ce cap, la populationchinoise devrait se stabiliser jus-qu’en 2030 avant de se mettredoucement à décliner, pour re-tomber à 1 milliard à la fin du siè-cle, tandis que la population in-dienne continuera de croître, pas-sant à 1,5 milliard en 2030 à1,7 milliard en 2050 et à 1,65 mil-liard en 2100.

A la fin du siècle, la populationplanétaire franchira les 11 mil-liards. Elle devrait atteindre 11,2 milliards d’individus, soit 300 millions de plus que le proje-taient en 2012 les démographesde l’ONU, qui ont une nouvelle fois été contraints de revoir à la hausse leurs prévisions.

Cette réévaluation s’expliquenotamment par les progrès « si-gnificatifs » enregistrés sur l’espé-rance de vie au cours des derniè-res années, et ce, insistent les dé-mographes, dans toutes les ré-gions du monde. Les gains les plus importants ont été enregis-trés en Afrique, où l’espérance devie s’est accrue de six ans au coursde la dernière décennie.

« Les progrès réalisés dans lalutte contre le sida et en matière deréduction de la mortalité infantileexpliquent cette progression », re-lève François Pelletier, responsa-ble de la division population du département affaires économi-ques et sociales de l’ONU, qui aréalisé le rapport. « C’est un pro-grès en termes de mortalité. Face à cette évolution, un des défis va être

d’ajuster les systèmes de santé, car les maladies non infectieuses [can-cer, maladies cardio-vasculaires,diabète…] ne demandent pas lesmêmes soins que les maladies in-fectieuses », souligne-t-il.

Si la croissance de la populationmondiale se poursuit, sonrythme se ralentit, constatentnéanmoins les démographes del’ONU. De 1,84 % il y a dix ans, saprogression annuelle n’est plus« que » de 1,18 %, soit de 83 mil-lions de personnes par an. De7,3 milliards en 2015, elle devrait cependant encore gagner au cours des quinze prochaines an-nées plus d’un milliard d’indivi-dus, pour atteindre 8,5 milliardsen 2030, puis s’élever à 9,7 mil-liards en 2050 et à 11,2 milliards en 2100.

Recul attendu de la fécondité

Le rythme de croissance de la po-pulation mondiale dépendraétroitement de l’évolution de lafécondité, soulignent les démo-graphes de l’ONU, qui tablent surune baisse de celle-ci, y compris en Afrique, constatant qu’elle a déjà reculé ces dernières annéesdans pratiquement toutes les ré-gions du monde. De 4,7 enfantspar femme aujourd’hui, le taux

de fécondité sur le continent afri-cain devrait tomber à 3,1 en 2050,et à 2,2 d’ici à la fin du siècle.

En dépit de ce recul attendu dela fécondité, plus de la moitié dela croissance de la populationmondiale d’ici à 2050 devrait concerner l’Afrique. Au milieu dusiècle, la population du Nigeria devrait dépasser celle des Etats-Unis (388,8 millions), avec 398,5 millions d’habitants, fai-sant de ce pays la troisième na-tion la plus peuplée de la planète.L’Angola, le Burundi, la Républi-que du Congo, le Malawi, le Mali,le Niger, la Somalie, l’Ouganda, laTanzanie et la Zambie pour-raient, eux, d’ici à 2100, voir leur population quintupler.

A l’opposé, l’Europe est la seulerégion de la planète qui connaî-tra un recul – continu – de sa po-pulation. Aujourd’hui sous leseuil de renouvellement des gé-nérations (2,1 enfants parfemme) dans bien des pays du continent, le taux de féconditéeuropéen devrait se redresser, enpassant de 1,6 enfant par femme en moyenne en 2015 à 1,8 enfantpar femme en 2050, mais celan’empêchera pas la baisse de sa population. p

laetitia van eeckhout

En 2050,

le Nigeria

devrait devenir

le troisième Etat

le plus peuplé de

la planète, devant

les Etats-Unis

pays. Ils sont plongés dans l’éco-nomie informelle, sans protec-tion sociale ni droit du travail. Seul un foyer rural sur dix compteun salarié parmi ses membres.

Cette étude jette une lumièrenouvelle, et d’une rare exhausti-vité, sur l’aspect multidimen-sionnel de la pauvreté. Jusqu’à présent, celle-ci était mesurée enfonction des dépenses, ou des ap-ports caloriques journaliers d’un individu. En retenant un niveau de dépenses qui ne dépasse pas 972 roupies (14 euros) par mois dans les zones rurales et1 407 roupies (20,40 euros) dans les villes, un groupe d’experts formé en 2012 par le gouverne-ment avait conclu que 29,5 % de la

Le bas de la

pyramide n’est

pas occupé par les

« intouchables »,

mais par

les populations

tribales

400 000Montant, en euros, de l’aide contre la bactérie tueuse d’oliviers

Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll a annoncé, mercredi 29 juillet à Sartène (Corse-du-Sud), qu’une première aide de 400 000 euros allait être mise à la disposition des services de l’Etat en Corse pour lutter contre la propagation de la bactérie Xylella fastidiosa, détectée en Corse le 21 juillet. La Fédération régionale de défense con-tre les organismes nuisibles recevra également une aide de 100 000 euros . En charge de la détection et de la surveillance, la Fredon verra ses effectifs augmentés. Les contrôles des véhicules débarquant de Sardaigne seront renforcés pour éviter l’importation de végétaux.

ZIMBABWEDeux personnes interpellées après la mort du lion CecilLa justice zimbabwéenne a in-culpé, mercredi 29 juillet, un organisateur de safari de grande chasse après la traque mortelle et cruelle du lion Ce-cil, icône du parc Hwange, par un riche dentiste américain, Walter James Palmer. Mis en examen pour ne « pas avoir empêché une chasse illégale », le Zimbabwéen Theo Bron-khorst a été libéré contre une caution de 1 000 dollars dans l’attente de son procès le 5 août. L’autre accusé, son compatriote Honest Tyrone Ndlovu, propriétaire de la ferme où la dépouille de l’ani-mal a été retrouvée, comparaî-tra jeudi devant le tribunal pour avoir « autorisé une chasse illégale » sur ses terres. Le chasseur américain aurait quitté le Zimbabwe avant que le scandale n’éclate. – (AFP.)

ÉTATS-UNISObama tranchera le dossier Keystone XLLe président américain pren-dra une décision sur l’oléo-duc controversé Keystone XL avant la fin de son mandat en janvier 2017, a annoncé un porte-parole de la Maison Blanche, mercredi 29 juillet. Cette précision fait suite aux affirmations du sénateur ré-publicain John Hoeven sur l’imminence de la décision. « Des sources me disent qu’après près de sept ans le président Obama va rejeter le projet d’oléoduc Keystone », a-t-il déclaré mardi au Sénat. Le projet d’oléoduc Keystone XL, combattu par les écologistes, doit permettre de transporter le pétrole canadien des sables bitumineux de l’Alberta jus-qu’au centre des Etats-Unis, dans le Nebraska, d’où il pourra rejoindre les raffine-ries américaines du golfe du Mexique. – (AFP.)