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[ins%tutanesthesiereanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (byncsa). ACADEMIE DE PARIS Année 2012 MEMOIRE pour l’obtention du DES d’Anesthésie-Réanimation Coordonnateur : Monsieur le Professeur Didier Journois par Paër-sélim Abback Présenté et soutenu le 23 octobre 2012 Évaluation de l'effet d'épargne morphinique de la kétamine au cours de l'amygdalectomie chez l'enfant Travail effectué sous la direction du Professeur Souhayl Dahmani

Évaluation de l'effet d'épargne morphinique de la kétamine ...medias.desar.org/Memoires-Theses/Memoires/2012/c... · #4 2 ACADEMIE DE PARIS Année 2012 MEMOIRE pour l’obtention

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ACADEMIE DE PARIS

Année 2012

MEMOIRE

pour l’obtention du DES

d’Anesthésie-Réanimation

Coordonnateur : Monsieur le Professeur Didier Journois

par

Paër-sélim Abback

Présenté et soutenu le 23 octobre 2012

Évaluation de l'effet d'épargne morphinique de la kétamine au cours de l'amygdalectomie chez

l'enfant

Travail effectué sous la direction du Professeur Souhayl Dahmani

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TABLE DES MATIERES

Abréviations utilisées.................................................................................................................p.3

Introduction...................................................................................................................................p.4

1. kétamine et analgésie postopératoire

1.1. Définitions

1.2. Kétamine: données générales

1.3. Kétamine: action, mode d'action et effets secondaires

1.4. Données cliniques chez l'adulte

1.5. Données chez l'enfant

2. Amygdalectomie chez l'enfant

2.1. Généralités

2.2. Kétamine et amygdalectomie

Objectif de l'étude.....................................................................................................................p.11

Matériels et méthodes...............................................................................................................p.12

Résultats........................................................................................................................................p.14

Discussion.....................................................................................................................................p.16

Perspectives..................................................................................................................................p.22

Conclusion....................................................................................................................................p.23

Bibliographie...............................................................................................................................p.24

Résumé..........................................................................................................................................p.26

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ABBREVIATIONS UTILISEES

IV: intra-veineux

IVSE: intra-veineux à la seringue électrique

NCA: nurse-controlled analgesia

NMDA: N-méthyl D-aspartate

NVPO: nausées et vomissements postopératoires

OPS: objective pain score

PCA: analgésie auto-contrôlée

R-NMDA : récepteur à la NMDA

SAOS: syndrome d'apnées obstructives du sommeil

SNC: système nerveux central

SSPI: salle de surveillance post-interventionnelle

VS: versus

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INTRODUCTION

1. kétamine et analgésie postopératoire

1.1. Définitions

Suite à une lésion tissulaire, l'activation des voies de la nociception et la plasticité neuronale

font qu'un phénomène de sensibilisation peut se développer. Elle se manifeste secondairement

comme une réponse pathologique à une stimulation, à type d'allodynie ou d'hyperalgésie (1).

L'hyperalgésie chirurgicale est de deux types: l'hyperalgésie primaire de la zone chirurgicale, plutôt

en rapport avec des phénomènes de sensibilisation périphérique, et l'hyperalgésie secondaire. Cette

dernière se définit comme une sensation douloureuse exagérée, à distance de la lésion. Elle suggère

des changements fonctionnels au niveau du système nerveux central (SNC) (1,2).

Dans le contexte chirurgical, la sensibilisation peut à la fois résulter d'un remodelage directement lié

à la stimulation douloureuse mais aussi de l'utilisation d'antalgiques et plus particulièrement

d'opioïdes. Plus la dose d'opioïdes utilisée en peropératoire est forte, plus la sensibilisation

douloureuse et l'hyperalgésie secondaire seront importantes. Il se développe un phénomène de

tolérance apparente, plutôt lié à cette sensibilisation qu'à une baisse d'efficacité des opioïdes (3). De

même, cette tolérance aiguë peut entraîner un renforcement de la mémorisation douloureuse et

majorer le phénomène d' «hyperalgésie induite par les opioïdes» (Figure 1).

En postopératoire, l'hyperalgésie est importante pour deux raisons. Premièrement elle engendre une

augmentation des douleurs provoquées et donc majore la morbidité postopératoire (plus de

consommation d'antalgiques, inconfort). Secondairement, cette augmentation de l'excitabilité peut

entrainer des modifications permanentes et le développement de douleurs chroniques persistantes

(4).

L'objectif du traitement de la douleur en postopératoire est non seulement de permettre l'analgésie et

de limiter les souffrances, mais aussi de prévenir ou d'atténuer l'hyperexcitabilité neurale centrale

qui majore la douleur postopératoire, et ainsi de réduire au minimum la chronicisation de la douleur

(5). Il apparaît dans ce sens évident que l'épargne morphinique et la lutte contre l'hyperalgésie sont

des étapes importantes de la prise en charge de la douleur, aussi bien la douleur aiguë que la douleur

chronique postopératoire.

Les récepteurs à la N-methyl D-aspartate (NMDA) jouent un rôle important, dans l'hyperalgésie liée

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au traumatisme tissulaire chirurgical mais aussi à l'utilisation de fortes doses d'opioïdes en

peropératoire. Il semble donc logique que la kétamine, antagoniste non compétitif des récepteurs

NMDA (R-NMDA), soit utilisée dans l'analgésie postopératoire et la prévention ou l'inhibition de

l'hyperalgésie (2).

Figure 1: schéma neurobiologique des effets des antalgiques opioïdes, d'après (1).

1.2. Kétamine: données générales

La Kétamine, ou 2-(o-chlorophylle)-2-(méthylamine), est un dérivé de la phenycyclidine et du

cyclohexamine (Figure 2). Deux formes isomères existent, la forme lévogyre R(-) et la forme

dextrogyre S(+), plus active et responsable de moins d'effets secondaires. Les mélanges

commercialisés sont majoritairement des formes racémiques, bien que l'énantiomère S(+) puisse

être utilisé par voie péridurale (1,5)

Introduite au milieu des années 1960, elle entraîne un état intermédiaire entre l'anesthésie générale

et la sédation profonde, lié à une dissociation entre les systèmes thalamo-cortical et limbique.

Elle se lie à plusieurs récepteurs mais possède principalement une action inhibitrice sur le R-NMDA

comme antagoniste non compétitif. Elle peut aussi se lier aux récepteurs aux opioïdes mu et kappa,

et, à des concentrations plus importantes, aux récepteurs sigma, aux récepteurs muscariniques,

cholinergiques et potentialiser la transmission GABAergique (5).

Très liposoluble, elle passe rapidement la barrière hémato-encéphalique, et possède un délai d'action

et de redistribution très courts.

Après une administration intra-veineuse, intramusculaire orale, nasale, rectale ou locale, sa demi-

vie de distribution est de 24,1s. Après un bolus, sa demi-vie d'élimination de 2,17 heures (6).

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Elle est biotransformée principalement au niveau hépatique, essentiellement en un composé actif, la

norkétamine après N-déméthylation, sous l'effet du cytochrome P-450. Son élimination est

essentiellement urinaire et digestive.

Figure 2: structure chimique de la kétamine, d'après (6).

1.3. Kétamine: action, mode d'action et effets secondaires

La kétamine possède des effets sur de nombreux systèmes en dehors du SNC.

Malgré un effet direct inotrope négatif, elle a un effet sympathomimétique via une action centrale et

l'inhibition de la recapture des catécholamines. Elle entraîne donc une hausse de la fréquence

cardiaque, des résistances vasculaires systémiques et pulmonaires et des pressions artérielles

systémiques et pulmonaires. Sur le myocarde, l'action sympathomimétique est pro-arrythmogène

mais elle possède une action directe anti-arrythmogène.

L'effet sur le système respiratoire est modéré, entrainant une faible dépression respiratoire et une

légère baisse de la réactivité au CO2, mais sans effets sur les volumes pulmonaires ou les réflexes

protecteurs des voies aériennes supérieures, ni le tonus musculaire de la langue et du pharynx.

D'autres effets existent, comme une augmentation des secrétions salivaires et trachéobronchiques,

une bronchodilatation ou encore une action à la fois anti et pro-convulsivante.

Ces actions sont variables et modulées en cas d'association avec d'autres médicaments, notamment

anesthésiques.

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Des effets anti-inflammatoires semblent aussi exister et sont actuellement en cours d'exploration.

Au niveau cellulaire, diverses actions ont été décrites: la liaison avec les R-NMDA inhibe des influx

excitatoires, notamment GABA-ergiques, et inhibe l'activation excitatrice corticale, allant jusqu'à

l'inconscience. Sur les ganglions de la corne postérieure, cette même inhibition au niveau de

neurones afférents peut bloquer certains signaux nociceptifs et déconnecter le SNC de stimuli

extérieurs, comme la douleur (5). Il existe de même une activation des voies inhibitrices

descendantes monoaminergiques de la douleur, justifiant un potentiel effet antalgique direct. De

plus, de par le rôle des récepteurs NMDA dans le wind up et la douleur neuropathique, leur

inhibition par la kétamine suggère que la kétamine pourrait prévenir la douleur associée à ce

phénomène (7).

Comme on l'a vu précédemment, les opioïdes utilisés seuls peuvent entrainer tolérance, dépendance

et hyperalgésie. Ces effets résultent à la fois d'un mécanisme opioïdes-dépendant, via

l'internalisation des récepteurs aux opioïdes suite à l'exposition à long terme ou à hautes doses,

mais aussi de l'action des récepteur NMDA: ces derniers, activées, peuvent aussi libérer des

opioïdes et donc majorer cet effet. La kétamine pourrait donc jouer un rôle aussi dans la tolérance

aiguë et la prévention de l'hyperalgésie induite par les opioïdes (7).

A doses anesthésiques, l'action de la kétamine peut entrainer divers niveaux de sédation, de

l'amnésie à l'anesthésie générale. Cependant, en regard des effets psychodysleptiques importants

observés pour l'utilisation de la kétamine a ces fortes doses, elle est plus souvent utilisée à doses

infra-anesthésiques, en association, pour son effet anti-hyperalgésique, antalgique direct supposé et

potentialisateur de l'analgésie opioïde (7).

La kétamine doit normalement permettre d'atteindre les deux objectifs actuellement recommandés

dans la lutte contre l'hyperalgésie: limiter la consommation d'opioïdes et inhiber les R-NMDA (4).

1.4. Données cliniques chez l'adulte.

L'analgésie balancée chez l'adulte semble avoir démontré son effet: certains auteurs estiment qu'à

des doses infra-anesthésiques de kétamine inférieures à 0,5 mg/kg en bolus ou en perfusion

continue, on obtient une réduction de la douleur de 20 à 45%, une baisse du recours aux opioïdes et

une potentialisation de l'effet des opioïdes (5). On observerait ainsi une baisse de l'hyperalgésie

induite par les opioïdes et des douleurs postopératoires chroniques (3).

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De nombreux travaux cliniques ont démontré le rôle de la kétamine dans des chirurgies

moyennement ou très douloureuses chez l'adulte. Bell et al. ont démontré une réduction de la

consommation morphinique ainsi que des NVPO dans les 24 premières heures après administration

de kétamine dans le péri-opératoire (8). En 2011, Laskowski et al. ont observé un effet bénéfique

d'une administration intra-veineuse dans des chirurgies douloureuses (abdominales hautes,

thoraciques ou orthopédiques majeures), avec une meilleure qualité d'analgésie, une épargne

morphinique et un retard à l'administration de la première dose d'antalgique en postopératoire. Ces

effets étaient indépendants du moment d'administration, de la dose utilisée ou du mode

d'administration des opioïdes peropératoires (9). Des doses allant jusqu'à plus de 1mg/kg ont été

utilisées, et peu d'effets secondaires ont été décrits.

Actuellement, le kétamine est recommandée chez l’adulte comme moyen de prévention de

l’hyperalgésie postopératoire et en cas de chirurgie modérément ou très douloureuse pour lutter

contre l’apparition de douleurs chroniques postchirurgicales (4). Les modalités recommandées sont

d’effectuer un bolus préopératoire de 0.15 à 0.5mg/kg suivi d’une perfusion de 0.125 à 0.25mg/kg/h

en cas de chirurgie supérieure à 2 heures (4)

1.5. Données chez l'enfant

De par ses effets antalgiques, amnésiques et son action semblant minimiser la peur et l'anxiété, la

kétamine pourrait être un produit de choix chez l'enfant non coopérant (6).

Chez l'enfant, divers travaux pharmacologiques ont montré que la pharmacocinétique de la

kétamine était différente de chez l'adulte. En effet, afin d'obtenir des concentrations efficaces pour

un effet antihyperalgésique tout en permettant le réveil dans de bonnes conditions, les doses

nécessaires en perfusion et en bolus sont plus importantes. Bien que le volume de distribution

central ne semble pas modifié, la clairance diminue avec l'âge. De même, en cas d'administration

intra-musculaire, l'absorption chez l'enfant est plus rapide, ainsi que la transformation hépatique en

norkétamine (10).

Cependant, les résultats des nombreux essais effectués afin d'évaluer le rôle de la kétamine dans le

péri-opératoire chez l'enfant sont contradictoires, et dans ce contexte notre équipe a publié en 2010

une méta-analyse incluant 35 essais randomisés contrôlés sur l'utilisation de la kétamine en

peropératoire de chirurgie pédiatrique par voie systémique, locale, topique ou caudale (11). Les

résultats ont été qu'après administration systémique, aucun effet d'épargne morphinique n'était

observé dans les 24 premières heures, et qu'il existait un effet antalgique lorsqu'aucun opioïde n'était

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utilisé dans le préopératoire.

De plus, il semble que l'utilisation en bolus en début d'intervention soit plus efficace qu'une

administration IVSE. Il semble aussi qu'en cas d'amygdalectomie, la kétamine permettait de réduire

la douleur et le recours en antalgiques, à la fois en salle de surveillance post-interventionnelle

(SSPI) et dans les 24 premières heures.

2. Amygdalectomie chez l'enfant

2.1. Généralités

L'amygdalectomie est une des interventions pédiatriques les plus fréquentes en France, avec

une prévalence de 19/10000 habitants en 1996, ou 17% des anesthésies en ORL par an. Les

principaux risques liés à cette intervention sont respiratoires et hémorragiques. Sur le plan

respiratoire, la présence d'un syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) est à la fois une

des principales indications d'amygdalectomie chez l'enfant (2/3 des indications) (12) mais aussi un

des principaux facteurs de risque de complications, justifiant une évaluation préopératoire

particulière ainsi qu'une surveillance postopératoire d'au moins 24 heures en SSPI pour les formes

les plus graves (12).

D'un point de vue anesthésique, la prise en charge la plus fréquente est une induction par inhalation,

(sauf en cas de SAOS sévère ou de contre-indication), avec protection systématiques des voies

aériennes supérieures par un sonde d'intubation oro-trachéale avec ballonnet et une anesthésie

balancée avec halogènés et morphiniques. L'analgésie doit être assurée de façon multimodale, par

de la morphine associée à du paracétamol et des antalgiques de palier II selon l'âge du patient.

La douleur post-amygdalectomie est généralement considérée comme une douleur forte, à

composante inflammatoire. L'analgésie est initialement IV, avec relais oral dès que possible, c'est à

dire dès H6 et reprise de l'alimentation orale en absence de contre-indications. Le relais de la

morphine IV par des antalgique de palier 2 oraux doit être effectué dès que possible.

En regard des principaux risques chirurgicaux, que sont l'hémorragie du site opératoire et le risque

d'obstruction des voies aériennes supérieures, l'analgésie est particulièrement difficile à mettre en

œuvre. Premièrement, les anti-inflammatoires non stéroïdiens majorent le risque hémorragiques et

le nombre de reprises chirurgicales pour hémostase, et sont donc contre-indiqués dans ce contexte

(13). De plus, chez ces patients particuliers, l'utilisation de morphiniques à doses importante est

susceptible de majorer les risques obstructifs, l'hyperalgésie induite ou encore les nausées-

vomissements postopératoires (NVPO).

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Il est donc nécessaire de développer des techniques complémentaires afin d'en limiter l'utilisation.

Peu de modalités s'offrent aux cliniciens: les antalgiques oraux usuels seuls semblent largement

insuffisants, l'utilisation d'anesthésiques locaux sous forme topique est en cours de développement.

La kétamine semble donc avoir une indication de choix.

2.2. Kétamine et amygdalectomie

Bien que la morphine soit l'antalgique de référence après une amygdalectomie chez l'enfant, il

semble important d'en limiter l'utilisation. Les opioïdes ont susceptibles de diminuer le tonus de

voies aériennes supérieures, de diminuer le réflexe de toux, de majorer la sédation et la dépression

respiratoire et de majorer les NVPO. Ces effets secondaires sont particulièrement gênants dans cette

population où la présence d'un SAOS est fréquente. Il a été rapporté que jusqu'à 30% des enfants

porteurs de SAOS sont susceptibles de présenter une complication postopératoire dans ce type de

chirurgie (14).

Face à ce problème, plusieurs auteurs ont étudié le rôle de la kétamine chez l'enfant. Dès 2003,

O'Flaherty et al. n'ont pas retrouvé de différence en terme de consommation de fentanil et de

codéine ou de score douloureux dans les premières 24 heures après un bolus d'une faible dose de

kétamine 5 min avant le début de l'intervention (15).

D'autres études ont démontré qu'un bolus de kétamine de 0,5mg/kg avant l'incision permettait de

réduire les scores de douleur en SSPI mais sans effet d'épargne d'antalgiques complémentaires (16).

Ces différents travaux ont démontré un potentiel effet de la kétamine sur le confort postopératoire et

la réduction des scores de douleur, mais aucun effet dans la réduction de la consommation

morphinique n'a cependant pu être mis en évidence. Parallèlement, très peu d'effets secondaires de

la kétamine, et particulièrement des épisodes d'agitation ou de sédation ont été rapportés, même

pour des doses importantes de kétamine (17).

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OBJECTIF DE L'ETUDE

En regard des données pharmacologiques particulières chez l'enfant, des bénéfices attendus de

l'administration de kétamine à dose infra-anesthésiques et des résultats obtenus lors d'essais

cliniques, nous avons décidé d'étudier l'influence d'un bolus d'une dose de 1mg/kg de kétamine

pendant l'induction anesthésique sur la qualité de l'analgésie et l'épargne morphinique en

postopératoire.

L'objectif principal de cette étude était d'évaluer la consommation postopératoire de morphine après

un bolus de 1mg/kg de kétamine au cours de l'induction.

Les objectifs secondaires étaient d'évaluer la qualité de l'analgésie et de la reprise de l'alimentation

en postopératoire.

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MATERIELS ET METHODES

Nous présentons ici une étude rétrospective, monocentrique, incluant 60 patients opérés dans

notre hôpital d'une amygdalectomie.

Les 30 premiers patients ont été opérés avant l'introduction d'un protocole d'analgésie incluant un

bolus de kétamine durant l'induction anesthésique. Ces 30 patients constituent le groupe contrôle C.

Les 30 autres patients ont été inclus après l'introduction d'un bolus de 1mg/kg de kétamine pendant

l'induction anesthésique. Ces patients constituent le groupe kétamine K.

Ces 60 patients ont été opérés de façon consécutive, soit juste avant, soit juste après la modification

des pratiques.

L'amygdalectomie est réalisée dans notre institution en hospitalisation traditionnelle. L'anesthésie

de ces patients a été effectuée selon un protocole standardisé respectant les recommandations

actuelles. Les protocoles de prise en charge pré, per et postopératoires étaient ceux utilisés de façon

quotidienne dans notre hôpital.

Les patients étaient prémédiqués en absence de contre-indication par de l'hydroxyzine (Atarax™)

au doses/poids (2 mg/kg).

Après la pré-oxygénation, l'induction était réalisée par inhalation ou par voie intra-veineuse. Dès

que possible les patients étaient intubés avec une sonde d'intubation oro-trachéale avec ballonnet

adaptée à leur âge et à leur poids. L'anesthésie était entretenue de façon balancée par des

anesthésiques halogènés associés à du sufentanil. Aucune curarisation n'était utilisée. Les NVPO

étaient prévenues par l’injection de déxamethasone et de setron. Dès l'obtention d'un réveil

satisfaisant et la récupération de réflexes efficaces des voies aériennes supérieures, les patients

étaient extubés et transférés en SSPI pour poursuite de la prise en charge.

L'analgésie était constituée de 1mg/kg de kétamine en bolus préopératoire pour le groupe K, puis

pour les deux groupes de l'utilisation systématique de paracétamol et d'opioïdes. L'analgésie opioïde

peropératoire était constituée de sufentanil relayé en SSPI par une titration morphinique. L'objectif

était d'obtenir un score OPS <5. Une analgésie auto-contrôlée (PCA) était ensuite mise en place.

Chez les patients ne pouvant pas utiliser la PCA, celle-ci était utilisée par les équipes soignantes

selon les scores de douleur et de sédation évalués régulièrement.

Les données recueillies et étudiées ont été:

- Age, poids, score ASA

- Sufentanil peropératoire

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- Douleur à la ré-alimentation

- Durée de séjour en SSPI

- Score OPS à J1

- Consommation de morphine en SSPI et à J1

- NVPO

- Manifestations psychodysleptiques.

L'alimentation était reprise après accord chirurgical dès H6, et les liquides clairs dès H2. La sortie

de SSPI était permise dès que les critères composant le score d'Aldrete modifié étaient réunis (15).

L'analyse statistique a été effectuée avec le test du Chi2

pour les données qualitatives et le test de

Mann Whithey pour les données continues. Les résultats sont présentés en pourcentage (%),

moyenne (+déviation standard) et médiane [range].

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RESULTATS

L'âge médian des patients était de 53 [36-70] mois, allant de 24 à 180 mois. La majorité des

patients était ASA I (n=46, 77%). Il n'existait pas de différences significatives entre les deux

groupes de patients inclus concernant les données biométriques et le score ASA (Tableau 1). Les

doses totales de sufentanil peropératoire ou ramenées au poids des patients ne différaient pas

significativement entre les deux groupes.

Tableau 1: Données démographiques

Facteurs analysés Groupe C

(n=30)

Groupe K

(n=30)

p

Âge (mois) 57 + 31 *

42 [24-180] **

59 + 28 *

56 [27-126] **

NS

Poids (kg) 22 + 10 *

19 [11-62] **

22 + 10 *

20 [13-60] **

NS

ASA (I vs II) 84% 69% NS

Prémédication 71% 75% NS

Présence de SAS 55% 38% NS

Dose de sufentanil

(µg/kg)

0,2 + 0,05 *

0,2 [0-0,3] **

0,2 + 0,07 *

0,2 [0-0,4] **

NS

Résultats exprimés en pourcentage (%), moyenne +déviation standard (*) ou médiane [25-75] (**).

Groupe C: Groupe contrôle, Groupe K: Groupe kétamine, SAS: Syndrome d'apnée du sommeil, vs: versus

Il n'existait pas non plus de différence significative concernant la consommation de morphine, les

effets secondaires à types de manifestations psycho-dysléptiques en SSPI (Tableau 2) ou dans les 24

premières heures (Tableau 3). Trois patients du groupe ketamine ont présenté un épisode d'agitation

en SSPI, et seulement 1 après la sortie de SSPI.

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Tableau 2: Manifestations douloureuses et effets secondaires en SSPI

Facteurs analysés Groupe C

(n=30)

Groupe K

(n=30)

p

Morphine titrée

(mg/kg)

0,1 + 0,06 *

0,1 [0-0,2] **

0,1 + 0,06 *

0,1 [0-0,2] **

NS

Manifestations

dysleptiques

3,3% 10,3% NS

Désaturation 6,7% 3,4% NS

NVPO 3,3% 3,3% NS

Durée séjour

(min)

218 + 286 *

130 [105-1165]

**

145 + 73 *

125 [75-215] **

NS

Résultats exprimés en pourcentage (%), moyenne +déviation standard (*) ou médiane [25-75] (**).

NVPO: nausées vomissement postopératoires

Tableau 3: Manifestations douloureuses et effets secondaires dans les 24 premières heures, après la

sortie de SSPI

Facteurs analysés Groupe C

(n=30)

Groupe K

(n=30)

p

Morphine totale

(mg/Kg)

0,3 + 0,2 *

0,2 [0,1-0,7] **

0,2 + 0,2 *

0,2 [0-0,8] **

NS

OPS minimum 0 + 0 *

0 [0-0] **

0 + 0 *

0 [0-0] **

NS

OPS Maximum 1,2 + 2 *

0 [0-6] **

0,3 + 0,8 *

0 [0-3] **

NS

Manifestations

dysleptiques

0% 5,3% NS

Alimentation sans

douleur

83,3% 80% NS

NVPO 13% 0% NS

Résultats exprimés en pourcentage (%), moyenne +déviation standard (*) ou médiane [25-75] (**).

OPS: objective pain score, NVPO: nausées vomissements postopératoires

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DISCUSSION

Les résultats de notre travail suggèrent que la kétamine n'a pas d'effet d'épargne morphinique

dans le cadre de l'amygdalectomie chez l'enfant.

Les deux groupes étudiés ne différaient pas en termes de données démographiques. Les patients

inclus étaient comparables à la population habituelle bénéficiant de ce genre d'intervention, c'est à

dire des enfants de 4 à 5 ans, environ 20 kg et majoritairement ASA I (16,18).

De même, une part importante de ces patients était porteuse d'un SAOS, ce qui est conforme aux

précédentes données (12).

Avant l'ajout de kétamine dans le protocole d'analgésie, la gestion de la douleur péri-opératoire était

déjà efficace. En effet, 5 patients du groupe C n'ont pas nécessité de morphine en SSPI, et la dose de

morphine administrée était faible (0,1[0-0,2] mg/kg en SSPI). Ces résultats ne différaient pas dans

le groupe K, ou 6 patients n'ont pas bénéficié de morphinique en SSPI, et où la dose de morphine

utilisée en SSPI était similaire (0,1 [0-0,2] mg/kg, NS).

De même, les scores OPS et les doses de morphine administrées au cours des 24 premières heures

étaient très faibles et ne différaient pas significativement entre les deux groupes (OPS max: 0 [0-6]

versus (vs) 0 [0-3], morphine 24h: 2 [0,1-0,7] vs 0,2 [0-0,8] pour groupe C et K respectivement).

L'amygdalectomie étant une chirurgie relativement douloureuse, il est normal que les protocoles de

gestion de la douleur comprennent de façon systématique une analgésie multi-modale incluant du

paracétamol, une injection de corticoïdes en début d'intervention et de la morphine. Il est même

rassurant que ces protocoles aient une certaine efficacité. Cependant, l'effet de l'ajout d'un bolus de

kétamine, même s'il existe, est plus difficile à mettre en évidence dans un contexte d'analgésie

efficace et de scores de douleurs relativement faibles avant cet ajout (19). Ainsi, l'effet de la

kétamine pourrait être masqué par l'utilisation efficace d'autres antalgiques opioïdes ou non.

Dans cette étude, une hypothèse pourrait être aussi que le faible niveau de puissance, par le nombre

limité de malades, la méthodologie rétrospective, ouverte et sans placébo, n'a pas permis de mettre

en évidence d'effet d'épargne morphinique de la kétamine en SSPI.

L'analyse détaillée des résultats pourrait cependant montrer une tendance à une meilleure qualité

d'analgésie dans le groupe K, où le score OPS max. au cours des 24 premières heures est légèrement

plus faible et moins dispersé que dans le groupe C, sans que cette variation soit significative

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néanmoins (médiane: 0 [0-6] vs 0 [0-3], moyenne: 1,2 +2 vs 0,3 + 0,8, p=0,1).

Cette tendance ne se retrouve pas lorsqu'on évalue l'efficacité fonctionnelle de l'analgésie, c'est à

dire à la reprise de l'alimentation: 83,3% des enfants du groupe C et 80% des enfants du groupe K

ont repris l'alimentation sans douleur (NS).

La morphine est fortement recommandée dans l'analgésie pédiatrique après chirurgie douloureuse,

mais la voie sous-cutanée, potentiellement désagréable ou douloureuse, n'est pas indiquée chez les

jeunes enfants. L'utilisation d'une PCA en postopératoire chez des enfants qui ne sont pas toujours

en âge de l'utiliser permet l'administration de morphine par voie IV sans effets secondaires majeurs.

Il s'agit d'une pratique largement appliquée et validée dans la littérature pédiatrique. Ce traitement

est alors appelé PCA par les proches ou NCA pour nurse control analgesia (20).

L'utilisation de la PCA permet donc d'adapter l'analgésie morphinique de façon sécurisée et efficace

(4).

Il est intéressant de constater que dans notre étude, l'ajout d'un bolus préopératoire de 1 mg/kg de

kétamine n'engendre pas plus de complications. Peu de patients ont présenté de manifestations

psycho-dysleptiques (1 vs 3 en SSPI, et 0 vs 1 en hospitalisation respectivement pour les groupes C

et K). Cela n'a pas eu de conséquences particulières sur la prise en charge.

Comme dans le cas de l'efficacité des antalgiques, il est probable que le manque de puissance de

cette étude soit néanmoins une limite importante à l'interprétation de ces effets secondaires.

A doses plus faibles, très peu de manifestations psycho-dysleptiques (hallucinations, agitations) ont

été rapportées (18), alors que certains auteurs ont décrit chez l'adulte jusqu'à 30% d'hallucinations

pour des doses supérieures à 1 mg/kg (21). Chez l'enfant, dans les limites de notre étude, nous ne

retrouvons pas de telles complications. Il existe très peu d'études rapportant des doses infra-

anesthésiques aussi élevées dans la littérature, aussi ces résultats ont une importance particulière.

Kararmaz et al. rapportent même l'utilisation d'une dose de 6mg/kg en prémédication 30 minutes

avant l'induction sans majoration des effets secondaires par rapport au placébo (22).

Même si cette incidence est rare, il est important de prévenir les parents et les proches des jeunes

patients que ces effets secondaires peuvent exister, afin qu'il ne soit pas surpris en cas d'agitation

soudaine par exemple.

Nos résultats ne permettent pas non plus de confirmer certaines tendances à la réduction

significative des NVPO, particulièrement retrouvée chez les personnes âgées, avec l'usage de la

kétamine (16). Seulement 3,3% des patients de chaque groupe ont eu des NVPO en SSPI, et 13%

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des enfants du groupe C et aucun des enfants du groupe K après la sortie de SSPI (NS).

Le score OPS est un score de référence utilisé depuis de nombreuses années dans l'hétéro-

évaluation de la douleur chez l'enfant en postopératoire (Figure 3) (15,23). Il est adapté à

l'évaluation de la douleur chez les enfants de différents âges, et surtout aux jeunes enfants (1 à 5

ans). Dans notre structure, il est utilisé de façon courante en SSPI et en salle d'hospitalisation par le

personnel habitué. Cependant, le score OPS, ainsi que le score CHEOPS (children's hospital of

eastern ontario pain scale) (18,24) autre score fréquemment utilisé pour cette tranche d'âge, présente

une certaine limite dans le cadre de l'utilisation de la kétamine. Certains critères utilisés dans ces

scores composites peuvent être modifiés par l'utilisation de kétamine, sans l’influence de

stimulations nociceptives. Alors, l'évaluation de la douleur, déjà difficile chez les jeunes enfants,

devient particulièrement complexe lorsqu’on leur administre de la kétamine. Ce phénomène est

considéré comme une limite classique à l'hétéro-évaluation de la douleur dans les études portant sur

la kétamine (25), de même que l'anxiété, la peur ou le coping constituent des facteurs confondants

dans l'évaluation de la douleur chez l'enfant.

Aucun autre score ou échelle n'a à notre connaissance été validé dans le cadre de l'utilisation de

kétamine dans les protocoles d'analgésie.

Figure 3: Score OPS

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Le timing d'injection de la kétamine, et les modalités d'administration choisies peuvent avoir un rôle

important dans son efficacité. La grande majorité des travaux utilise et considère la kétamine

comme agent anti-hyperalgésique à injecter de façon pré-emptive, avec parfois une perfusion

continue en peropératoire. En 1997, Stubhaug et al. ont démontré la réduction de la surface de la

zone d'hyperalgésie secondaire grâce à l'injection d'un bolus de 0,5mg/kg avant l'incision suivie

d'une perfusion continue à débit decroissant durant 48 heures (2). Selon la physiopathologie et le

rôle des R-NMDA dans l'hyperalgésie, c'est de façon pré-emptive que la kétamine peut avoir un

meilleur effet, en inhibant leur activation (figure 4). Seulement, certains auteurs n'ont pas retrouvé

ces effets. Dahl et al. ont comparé l'efficacité d'un bolus avant et après l'incision abdominale pour

chirurgie utérine et n'ont pas mis en évidence de plus grande efficacité de l'administration pré-

emptive par rapport à l'utilisation préventive (26).

Malgré ces résultats, dans le cadre d'une chirurgie douloureuse mais courte comme

l'amygdalectomie, la kétamine est majoritairement administrée en bolus avant l'incision, au cours de

l'induction anesthésique. Bien qu'elle ait une demi-vie d'élimination relativement courte, aucune

perfusion continue ne suit ce bolus. Dans certains centres, les amygdalectomies sont réalisées en

ambulatoire, ce qui justifie une prescription de kétamine en dose unique afin de diminuer les risques

d'effets secondaires psychodysleptiques et ainsi permettre la sortie de l'enfant (15,18). C'est pour ces

raisons que dans notre institution, un bolus unique de kétamine est administré dans cette chirurgie,

bien que les amygdalectomies soient réalisées en hospitalisation classique (16).

Certaines équipes utilisent la kétamine en injection locale afin de lutter contre la douleur dans ce

type de chirurgie (24,27). Cependant, les résultats sont discordants, l'efficacité non encore

démontrée et il n'est pas certain que la kétamine n'ait pas de toxicité locale directe. Elle également

été accusée d'entraîner un nombre plus important d'hématomes et de saignement postopératoires

(30). Aucun travail actuel ne permet de dire que l'efficacité retrouvée dans certaines études ne

résulte pas d'une diffusion systémique après absorption locale (28). Pour ces raisons cette pratique

n'est pas développée dans notre institution.

Certains autres facteurs susceptibles d'influencer la douleur postopératoire n'ont pas été étudiés,

comme le type de dissection et la durée de la chirurgie (29). Cependant les interventions ont été

réalisées par les mêmes praticiens tout au long de notre étude, et l'influence de ces facteurs est donc

probablement limitée.

Le nombre de patients inclus dans cette étude est comparable aux autres études, cependant certaines

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limites méthodologiques doivent être prises en compte dans l'interprétation de ces résultats.

De nombreuses études précédentes sont prospectives, alors que le travail présenté ici est

rétrospectif.

De même, il s'agit d'un travail ouvert, non randomisé. Les personnes en charge des enfants étaient

informées du protocole d'analgésie utilisé, et plus particulièrement de l'utilisation ou non de

kétamine. Cependant, aucun protocole d'étude n'était en place lors de la mise en place de cette

pratique dans notre institution, et les résultats présentés font partie des soins courants administrés

aux patients, sans volonté autre que d'optimiser la prise en charge peropératoire des patients.

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Figure 4: Modélisation de l'efficacité antihyperalgésique de l'injection pré-emptive de la kétamine,

d'après (21).

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22

PERSPECTIVES

Cette étude souffre d'un évident manque de puissance. Cependant, devant ces résultats préliminaires

et les données de la littérature, il paraît important d'évaluer l'effet d'un bolus de 1mg/kg de kétamine

à l'induction, ce qui n'a jamais été fait en dehors de ce travail. Dans ce but et malgré le manque de

randomisation, cette étude peut servir au calcul du nombre de patients nécessaires à inclure dans un

futur travail prospectif, randomisé, en double aveugle.

De même afin d'étudier le rôle d'un bolus de kétamine dans l'analgésie peropératoire dans un essai

prospectif de plus grande puissance, il est important d'étudier de nombreux autres paramètres liés

soit au terrain (sévérité du SAOS, infections fréquentes des VAS, consommation chronique

d'antalgiques), soit à la chirurgie (type, voie d'abord, durée, difficulté, etc...), soit à l'analgésie ou à

la prise en charge. De même, certains auteurs supposent qu'afin de mettre en évidence un réel effet

anti-hyperalgésique, il faudrait suivre les enfants sur des durées supérieures à 24h (17).

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CONCLUSION

Les résultats de ce travail préliminaire, rétrospectif et monocentrique semblent indiquer qu'un bolus

de kétamine préopératoire de 1 mg/kg ne possède pas d'effet d'épargne morphinique dans les

premières 24 heures postopératoires. Il n'existe pas non plus d'effet sur la qualité de l'analgésie.

La dose importante de 1 mg/kg utilisée ne semble pas entrainer un nombre plus important d'effets

secondaires.

Cependant plusieurs résultats de ce travail soulignent le manque de puissance de cette étude. Bien

qu'elle soit la première à étudier cette dose de kétamine chez l'enfant dans cette indication, il s'agit

d'une étude retrospective. Il faut donc réaliser un essai prospectif de plus forte puissance afin

d'étudier cette pratique. Ce travail peut néanmoins permettre de calculer le nombre de patients à

inclure dans ce futur essai.

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Page 26: Évaluation de l'effet d'épargne morphinique de la kétamine ...medias.desar.org/Memoires-Theses/Memoires/2012/c... · #4 2 ACADEMIE DE PARIS Année 2012 MEMOIRE pour l’obtention

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RESUME

Introduction: la kétamine est utilisée à doses sub-anesthésiques pour ses

propriétés anti-hyperalgésiques et d’épargne morphinique chez l’adulte. Chez

l’enfant, elle ne produit pas d’effet d’épargne morphinique à des doses allant

jusqu’à 0,5 mg/kg. Elle pourrait s'avérer cependant efficace afin de réduire les

risques liés à l'utilisation de morphine au cours de l'amygdalectomie.

L’objectif de l’étude était d’évaluer la consommation post-opératoire de morphine

après un bolus préopératoire de 1 mg/kg de kétamine.

Matériels et méthodes: il s'agit d'une étude rétrospective, monocentrique, incluant

deux groupes de 30 enfants opérés dans notre institution. Trente patients étaient

consécutivement opérés avant l'ajout d'un bolus de kétamine de 1 mg/kg au cours

de l'induction anesthésique, 30 juste après l’instauration de ce bolus.

Résultats: les deux groupes de patients ne différaient pas en termes de données

démographiques.

On ne retrouve aucune différence de consommation de morphine, de score OPS ou

de présence de manifestations psycho-dysleptiques en salle de réveil ou au cours

des premières 24 heures post-opératoires, entre les deux groupes.

Discussion: notre travail suggère que la kétamine n’a pas d’effet d’épargne

morphinique dans le cadre de l’amygdalectomie chez l’enfant.

Certains résultats, notamment les manifestations psycho-dysleptiques ou le score

OPS, suggèrent un manque de puissance de l’étude.

Il apparaît nécessaire de conduire une étude de plus grande puissance (plus grand

effectif, double aveugle) afin de confirmer ces résultats.

Enfin cette étude préliminaire permet un calcul d’effectif précis pour toute future

étude sur ce sujet.