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1 La qualité de l’emploi des enfants d’immigrés : une comparaison institutionnelle franco-américaine. Résumé. Cet article propose une comparaison franco-américaine de la qualité de l’emploi des enfants d’immigrés. En utilisant l’enquête Emploi en continu et l’enquête sur la population américaine (Current Population Survey) entre 2008 et 2012, nous construisons un indicateur synthétique de la qualité de l’emploi, qui repose sur trois dimensions : le salaire, la sécurité de l’emploi et le temps de travail. L’analyse de cet indicateur, comme l’analyse désagrégée par dimension, soulignent une qualité de l’emploi des enfants d’immigrés inférieure à celle des natifs dans les deux pays mais aussi très hétérogène au sein même du groupe des descendants d’immigrés. Nous mettons en évidence l’existence d’une pénalité ethnique sur la qualité de l’emploi des descendants d’immigrés maghrébins et d’Afrique subsaharienne en France, que l’on ne retrouve pas aux États-Unis sauf pour les descendants d’immigrés africains. Cette quasi-absence de pénalité ethnique aux États-Unis suggère que les différences de qualité de l’emploi entre natifs et descendants d’immigrés ne seraient pas simplement le résultat des institutions du marché du travail mais d’un ensemble d’institutions plus larges. Mots-clés : comparaison internationale, qualité de l’emploi, descendants d’immigrés, institutions du marché du travail, pénalité ethnique. Abstract. This paper compares job quality of second generation immigrants in France and in the United States. Using two different labor surveys (Enquête Emploi en Continu and Current Population Survey) between 2008 and 2012, I construct a synthetic indicator of job quality, which relies on three dimensions: compensation, job security and working hours. The first contribution is that I find children of immigrants have jobs of lower quality compared to the natives in both countries other things being equal, with an important heterogeneity across origins in both countries. Second I extend the argument of ethnic penalty to the analysis of job quality; the results indicate the existence of an ethnic penalty for descendants of North Africans and sub-Saharan Africans in France while none is found in the United States, except for North African second generation. This result suggests the importance of other sets of institutions than labor market ones. Keywords: international comparison, job quality, second generation, labor market institutions, ethnic penalty.

une comparaison institutionnelle franco-américaine

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Page 1: une comparaison institutionnelle franco-américaine

1

La qualité de l’emploi des enfants d’immigrés : une comparaison

institutionnelle franco-américaine.

Résumé. Cet article propose une comparaison franco-américaine de la qualité de l’emploi des

enfants d’immigrés. En utilisant l’enquête Emploi en continu et l’enquête sur la population

américaine (Current Population Survey) entre 2008 et 2012, nous construisons un indicateur

synthétique de la qualité de l’emploi, qui repose sur trois dimensions : le salaire, la sécurité de

l’emploi et le temps de travail. L’analyse de cet indicateur, comme l’analyse désagrégée par

dimension, soulignent une qualité de l’emploi des enfants d’immigrés inférieure à celle des

natifs dans les deux pays mais aussi très hétérogène au sein même du groupe des descendants

d’immigrés. Nous mettons en évidence l’existence d’une pénalité ethnique sur la qualité de

l’emploi des descendants d’immigrés maghrébins et d’Afrique subsaharienne en France, que

l’on ne retrouve pas aux États-Unis sauf pour les descendants d’immigrés africains. Cette

quasi-absence de pénalité ethnique aux États-Unis suggère que les différences de qualité de

l’emploi entre natifs et descendants d’immigrés ne seraient pas simplement le résultat des

institutions du marché du travail mais d’un ensemble d’institutions plus larges.

Mots-clés : comparaison internationale, qualité de l’emploi, descendants d’immigrés,

institutions du marché du travail, pénalité ethnique.

Abstract. This paper compares job quality of second generation immigrants in France and in

the United States. Using two different labor surveys (Enquête Emploi en Continu and Current

Population Survey) between 2008 and 2012, I construct a synthetic indicator of job quality,

which relies on three dimensions: compensation, job security and working hours. The first

contribution is that I find children of immigrants have jobs of lower quality compared to the

natives in both countries other things being equal, with an important heterogeneity across

origins in both countries. Second I extend the argument of ethnic penalty to the analysis of job

quality; the results indicate the existence of an ethnic penalty for descendants of North

Africans and sub-Saharan Africans in France while none is found in the United States, except

for North African second generation. This result suggests the importance of other sets of

institutions than labor market ones.

Keywords: international comparison, job quality, second generation, labor market

institutions, ethnic penalty.

Page 2: une comparaison institutionnelle franco-américaine

2

Introduction

Les études comparatives existantes montrent que la qualité de l’emploi, concept

multidimensionnel abordé ici dans une perspective de sécurité socio-économique, est

hétérogène au sein des pays de l’OCDE (OCDE, 2013a ; SCHMITT, 2012). Des liens entre

qualité de l’emploi et institutions du marché du travail ont ainsi été mis en évidence : la

dépense publique par chômeur (i.e. les politiques de l’emploi) ou l’existence d’un salaire

minimum relativement élevé contribuent par exemple à réduire la dégradation de la qualité de

l’emploi des individus (ERHEL et al., 2012 ; GAUTIE, SCHMITT, 2010). Par ailleurs ces travaux

mettent en lumière une hétérogénéité entre les individus au sein de chaque pays. Certaines

caractéristiques individuelles sont défavorables en matière de qualité de l’emploi : les femmes

et les peu qualifiés ont généralement une qualité de l’emploi inférieure aux autres individus

dans l’ensemble des pays de l’OCDE (OCDE, 2013a ; ERHEL et al., 2012). Cette

hétérogénéité est d’autant plus marquée dans les pays libéraux, où les institutions du marché

du travail sont « peu inclusives » (APPELBAUM, SCHMITT, 2009).

Les populations immigrées et issues de l’immigration ont fait l’objet de peu d’études dans le

champ de la qualité de l’emploi. Pourtant dans la littérature, des inégalités entre populations

descendant de l’immigration et natives sont constatées et apparaissent dès le choix de diplôme

et le niveau d’étude (ALBA, HOLDAWAY, 2014). Ces inégalités se retrouvent ensuite sur le

marché du travail, notamment dans l’accès à l’emploi, et peuvent être favorisées par des

institutions de régulation du marché du travail moins présentes, comme dans les pays

libéraux, notamment aux États-Unis (OCDE, 2013b ; SCHMITT, 2012). Toutefois, s’intéresser

aux inégalités selon l’origine nécessite de compléter la caractérisation des modèles nationaux

avec la prise en compte d’autres institutions, notamment les politiques visant directement

l’intégration des populations issues de l’immigration.

L’analyse comparative de la qualité de l’emploi des descendants d’immigrés proposée dans

cet article s’intéresse à la France et aux États-Unis. Ces deux pays présentent d’abord des

similarités démographiques puisque la proportion d’enfants d’immigrés est en 2012 de 9,8 %

de la population française en âge de travailler et 8,4 % de la population américaine. La France

et les États-Unis ont surtout deux ensembles distincts d’institutions relatives au marché du

travail, avec un modèle continental en France et libéral aux États-Unis, et deux modèles

d’intégration, républicain en France et multiculturaliste aux États-Unis. Les effets attendus de

ces combinaisons de modèles d’institutions du marché du travail et d’intégration sur les

inégalités en termes de qualité de l’emploi des descendants d’immigrés sont complexes.

Page 3: une comparaison institutionnelle franco-américaine

3

Comment les effets protecteurs des institutions du marché du travail françaises influencent ces

écarts de qualité de l’emploi ? Est-ce que les politiques américaines d’intégration plus

volontaristes permettent d’améliorer les écarts selon l’origine des parents ? Il s’agit alors dans

cet article d’analyser les écarts de qualité de l’emploi des descendants d’immigrés par rapport

aux natifs en s’intéressant aux différences institutionnelles entre les deux pays, à la fois

relatives au marché du travail et à l’intégration. Nous testons empiriquement l’existence d’une

pénalité ethnique (c’est-à-dire des inégalités en termes de qualité de l’emploi qui reposent sur

des critères d’origine), que nous mettons en perspective avec les différentes institutions

pouvant avoir un effet sur les écarts en termes de qualité de l’emploi.

Pour cela, la première partie définit plus précisément le concept de qualité de l’emploi et ses

composantes dans les deux pays puis présente le cadre d’analyse institutionnel comparatif

ainsi que les analyses de l’intégration sur le marché du travail des enfants d’immigrés. Dans

une deuxième partie, nous détaillons nos données, la construction de l’indicateur de qualité de

l’emploi et la stratégie empirique adoptée. L’analyse descriptive souligne ici les différences

existantes entre les situations française et américaine pour chacune des dimensions de la

qualité de l’emploi. La troisième partie met en évidence l’existence d’une pénalité ethnique en

France que l’on ne retrouve pas aux États-Unis. Nous discutons enfin ce résultat au regard des

institutions du marché du travail ainsi que des politiques d’intégration mises en place dans les

deux pays.

1.1.Comment les institutions du marché du travail peuvent affecter la qualité de

l’emploi en France et aux États-Unis ?

1.1. La qualité de l’emploi et la prise en compte des modèles institutionnels

1.1.1. Définir la qualité de l’emploi

La qualité de l’emploi se définit dans la littérature économique et pour les organisations

internationales comme un concept multidimensionnel. Nous nous concentrons ici sur trois

dimensions essentielles liées à la sécurité socio-économique retenues dans les travaux

académiques et les définitions proposées par les organisations internationales (UNECE,

2010 ; ILO, 2012) : le salaire, la sécurité de l’emploi et le temps de travail. Les aspects relatifs

Page 4: une comparaison institutionnelle franco-américaine

4

au travail, en particulier les conditions de travail, ne sont pas étudiées ici, afin de se

concentrer sur les caractéristiques propres à l’emploi1.

Le salaire constitue la composante la plus souvent inclue dans les mesures de la qualité de

l’emploi dans la mesure où le salaire peut permettre aux travailleurs d’acquérir un niveau de

vie décent. De nombreuses analyses se sont concentrées sur le low-wage work (APPELBAUM,

SCHMITT, 2009 ; CAROLI, GAUTIE, 2009 ; GAUTIE, SCHMITT, 2010), en particulier aux États-

Unis, où les inégalités de revenu et de salaire ont explosé au XXème siècle (PIKETTY, SAEZ,

2003). Dans ce dernier, plus de 20 % des travailleurs gagnent un salaire inférieur au seuil de

pauvreté (OSTERMAN, SHULMAN, 2011). Cette littérature met en lumière une meilleure

position de la France par rapport aux États-Unis en ce qui concerne la part de travailleurs

pauvres, soulignant la relation négative qu’il existe entre le degré « d’inclusion »2 des

institutions du marché du travail et la part de travailleurs pauvres (APPELBAUM, SCHMITT,

2009).

Un deuxième champ de la littérature dresse une distinction entre les ‘good jobs’ et les ‘bad

jobs’ selon les niveaux de sécurité de l’emploi. En plus d’envisager les niveaux de salaire, les

analyses prennent en compte le type de contrat de travail, en distinguant les emplois

temporaires des emplois à durée indéterminée. En France, cette distinction est

particulièrement pertinente, étant donné la différence de sécurité de l’emploi selon que ce

dernier soit un emploi à durée indéterminée (CDI ou des titulaires de la fonction publique) ou

un emploi à durée déterminée (CDD, contrats saisonniers, contrats d’intérim ou de travail

temporaire, contrat d’apprentissage, contrat en alternance). Aux États-Unis, l’écart de sécurité

entre les différents emplois ne se joue pas tant sur la durée du contrat de travail que sur

l’accès à l’assurance santé. En effet, il n’y a pas de distinction claire entre emplois à durée

indéterminée et emplois à durée déterminée au contraire de la France. Par ailleurs, alors qu’en

France l’assurance santé est universelle, ce n’est pas le cas aux États-Unis où cette dernière

varie en fonction du contrat de travail. C’est donc l’accès à ces formes de prestations sociales

associées au contrat de travail, les benefits3, qui constituent pour les américains un critère

1 Ces trois variables décrivant les caractéristiques de l’emploi sont par ailleurs celles présentes dans les enquêtes

utilisées dans cette analyse. 2 « Les systèmes dits « inclusifs » utilisent la négociation collective, le droit national, et même les normes

sociales - des mécanismes volontaires qui régissent le comportement des entreprises - pour étendre le pouvoir de

négociation individuelle et collective des travailleurs à hauts salaires à ceux faiblement rémunérés, ce qui permet

souvent à ces travailleurs à bas salaires de franchir les seuils de bas salaires. » (APPELBAUM, SCHMITT, 2009,

nous traduisons). 3 Les benefits sont des prestations annexes versées par l’employeur telles qu’une contribution à une pension

complémentaire retraite.

Page 5: une comparaison institutionnelle franco-américaine

5

déterminant de la sécurité de leur emploi (voir KALLEBERG et al., 2000 ; SCHMITT, JONES,

2012).

Les deux premières dimensions de la qualité de l’emploi (salaire et sécurité de l’emploi) sont

intimement liées à la troisième dimension, le temps de travail. En effet, un emploi à temps

partiel assure généralement un salaire assez faible (malgré une diversité des emplois à temps

partiel, cf. ULRICH, 2007) en raison du nombre d’heures travaillées et offre également peu de

sécurité aux travailleurs américains en termes d’accès aux benefits. Les emplois à temps

partiels sont pourtant de plus en plus utilisés par les entreprises pour s’ajuster aux mieux à la

demande. Les emplois à temps partiel constituent ainsi des emplois précaires, qui sont parfois

choisis par les individus, qui souhaitent concilier vie professionnelle et vie privée par exemple

mais qui peuvent aussi et surtout être subis par les travailleurs dont les opportunités d’emploi

à temps plein sont inexistantes.

1.1.2. Le lien entre les institutions du marché du travail et les dimensions de la qualité de

l’emploi

L’existence d’arrangements institutionnels différents rend les niveaux et écarts de qualité de

l’emploi variables dans les pays. D’après la classification de la diversité du capitalisme

(AMABLE, 2005), la France et les États-Unis appartiennent à deux modèles distincts :

respectivement, le modèle continental et le modèle libéral. Les pays présentent ainsi des

différences institutionnelles sur le marché du travail qui peuvent mener à une qualité de

l’emploi différente et à des écarts de qualité de l’emploi variés (APPELBAUM, SCHMITT, 2009 ;

ERHEL et al., 2012). Les institutions du marché du travail vont ainsi jouer sur les dimensions

de la qualité de l’emploi, principalement sur les dimensions salariale et de sécurité de

l’emploi.

En premier lieu, les deux modèles se distinguent d’abord sur les niveaux de centralisation des

négociations collectives et de salaire minimum, relativement plus élevés en France qu’aux

États-Unis. L’existence d’un salaire minimum national plus élevé en France qu’aux États-

Unis s’accompagne de plus faibles disparités salariales (BROWN, 1999). Une meilleure

rémunération des emplois peu qualifiés peut ainsi améliorer la qualité de l’emploi ; ils

assurent par ailleurs, en association avec une bonne couverture de négociations collectives,

des écarts de rémunération moins importantes entre travailleurs à bas salaire et ceux à hauts

salaires. Toutefois, ces hauts niveaux induisent un coût du travail plus important pour les

employeurs qui peuvent être plus réticents à embaucher un salarié rémunéré au salaire

minimum (CAHUC, KRAMARZ, 2005 ; ABOWD et al., 2000). De la même manière, des niveaux

Page 6: une comparaison institutionnelle franco-américaine

6

élevés d’indemnisation du chômage – et donc de salaire de réservation – assurent une

meilleure qualité de l’emploi quand les individus retrouvent un emploi. En effet, les individus

en recherche d’emploi peuvent rester plus exigeants quant aux caractéristiques de leur emploi.

Les deux pays présentent ensuite des différences en termes de protection de l’emploi qui

auront des répercussions sur la sécurité de l’emploi. Les niveaux de protection de l’emploi

sont plus élevés dans les pays continentaux que libéraux, la législation encadrant l’emploi en

France étant plus rigide qu’aux États-Unis (OCDE, 2013a). Cette rigidité concourt à

l’amélioration de qualité de l’emploi mais s’accompagne d’un potentiel frein sur le niveau de

l’emploi : les ruptures d’emplois sont plus difficiles et les embauches plus coûteuses pour les

employeurs (CAHUC, KRAMARZ, 2005). Aux États-Unis, la protection de l’emploi est plus

souple pour l’ensemble des contrats, ce qui contribue à diminuer mécaniquement la qualité de

l’emploi mais peut permettre de faciliter les embauches. De même cette plus faible protection

pour l’ensemble des contrats peut concourir à diminuer les écarts de qualité de l’emploi entre

travailleurs. En France, les différences de sécurité de l’emploi entre les contrats à durée

déterminée et indéterminée peuvent à l’inverse contribuer à renforcer les inégalités de qualité

de l’emploi entre travailleurs. Comme mentionné précédemment, l’indemnisation du chômage

est aussi plus généreuse en France qu’aux États-Unis et les services de reclassement moins

importantes (ERHEL, LEVIONNOIS, 2013). Par conséquent, la perte d’un emploi représente un

risque relativement moins coûteux pour les travailleurs français qu’américains, améliorant

ainsi la sécurité de l’emploi.

Pour finir, l’existence de différences institutionnelle entre les travailleurs à temps partiel ou à

temps complet peut concourir à creuser les inégalités de qualité de l’emploi entre travailleurs.

L’accès à des mesures de formation n’est ainsi pas toujours assuré aux travailleurs à temps

partiel dans les pays libéraux par exemple, de même que l’indemnisation chômage n’est

effective qu’à partir de 610 heures travaillées sur les 28 derniers mois en France4 (POLE

EMPLOI, 2014).

1.2. Pourquoi s’intéresser à la situation des descendants d’immigrés : un enjeu

transatlantique ?

1.2.1. Les descendants d’immigrés plus affectés par des différences importantes de

qualité de l’emploi : la pénalité ethnique

4 « Au cours des : 28 mois qui précèdent la fin du contrat de travail (terme du préavis) pour les moins de 50 ans

ou les 36 mois qui précèdent la fin du contrat de travail (terme du préavis) pour les 50 ans et plus ». Site de Pôle

Emploi, consulté le 28/10/2014.

Page 7: une comparaison institutionnelle franco-américaine

7

Dans le cadre de cette comparaison institutionnelle, il est intéressant de se concentrer sur les

descendants d’immigrés car ces derniers représentent une frange importante de la population

des deux pays et ont des caractéristiques socio-démographiques spécifiques qui impliquent

potentiellement une influence des institutions du marché du travail particulière.

La France et les États-Unis ont connu de fortes vagues migratoires au XIXème siècle mais

surtout un regain dans les années 1960. Les descendants de ces immigrés d’après-guerre sont

aujourd’hui nombreux sur le marché du travail dans ces deux pays (voir graphiques 1 et 2

pour une répartition des enfants d’immigrés par origine). Ils sont en moyenne plus jeunes que

les natifs (les descendants d’immigrés sont dans les deux pays plus nombreux que les natifs à

avoir entre 15 et 29 ans et moins nombreux que les natifs au-delà de 30 ans (voir tableaux 1 et

2)). Ils sont également moins diplômés que les natifs : les tableaux 1 et 2 mettent en exergue

une part plus importante des descendants d’immigrés à être non diplômés (i.e. le certificat

d’études primaires ou moins en France et sortie de 4ème

sans diplôme aux États-Unis) par

rapport aux natifs et une part moins importante à être diplômés du supérieur dans les deux

pays.

[Insérer Encadré 1]

Du fait de leur relatif plus jeune âge (ils sont donc plus en début de carrière) et plus faible

niveau d’instruction, les descendants d’immigrés sont proportionnellement plus concernés par

les emplois à bas salaire (LE RHUN, MINNI, 2012 ; GAUTIE, SCHMITT, 2010). Le bénéfice d’un

salaire minimum élevé peut ainsi être plus profitable à la qualité de leurs emplois qu’aux

natifs. Les travailleurs enfants d’immigrés sont 16,4 % en contrats à durée déterminée alors

que les natifs ne sont que 12,9 % dans ce cas en France (tableau 4). Par conséquent, la

dualisation du marché du travail, en raison d’une protection de l’emploi plus faible pour les

emplois à durée déterminée que les emplois à durée indéterminée (CAHUC, KRAMARZ, 2005),

peut contribuer à exacerber les écarts de qualité de l’emploi entre natifs et enfants d’immigrés.

Aux États-Unis les travailleurs descendants d’immigrés ont aussi une sécurité de l’emploi

moindre, ils bénéficient proportionnellement moins de l’assurance santé par l’employeur :

50 % versus 54,9 % pour les natifs (voir tableau 5). La plus faible protection pour l’ensemble

des contrats aux États-Unis peut ainsi concourir à diminuer les écarts de qualité de l’emploi

entre natifs et descendants d’immigrés.

[Insérer Tableau 1]

Page 8: une comparaison institutionnelle franco-américaine

8

[Insérer Tableau 2]

Dans les deux pays, l’intégration des descendants d’immigrés sur le marché du travail a fait

l’objet de nombreuses recherches, de l’employabilité à certaines caractéristiques spécifiques

de l’emploi, l’objet principal restant le salaire. Ces analyses, qui comparent la situation des

natifs à celle des descendants d’immigrés ont mis en évidence l’existence d’une pénalité

ethnique. Elle est définie comme « des désavantages économiques et non-économiques

rencontrés sur le marché du travail par les minorités ethniques, par rapport à des groupes dits

majoritaires, à niveau de capital humain et social égal » (HEATH et RIDGE, 1983, nous

traduisons). L’étude de HEATH et RIDGE (1983) en Grande Bretagne souligne le handicap que

présente l’ethnicité sur l’emploi des minorités ethniques dans la recherche d’un emploi,

l’accès à celui-ci et la promotion. En résultent des salaires moindres, des taux de chômage

plus élevés (deux fois plus élevés pour les hommes originaires d’Afrique par rapport aux

natifs) et des difficultés à obtenir des emplois correspondant à leurs niveaux de qualification.

Cette hétérogénéité des situations en fonction de l’origine se retrouve aux États-Unis, où les

premiers travaux sur l’ethnicité ont émergé, avec l’ouvrage de GLAZER et MOYNIHAN (1963).

En France, SILBERMAN et FOURNIER (2006) ont mis en évidence une pénalité ethnique pour

les descendants d’immigrés, dont les plus touchés sont les Maghrébins, les Turcs et les

Africains originaires d’Afrique subsaharienne. A l’inverse, les immigrés et descendants

d’immigrés portugais ont une meilleure situation sur le marché du travail (MEURS et al.,

2006). L’employabilité des descendants d’immigrés reste plus difficile que celle des natifs

dans les deux pays (PORTES, RUMBAUT, 2006 ; DOMINGUES DOS SANTOS, 2005) et révèle de

fortes inégalités de rendement des qualifications (SILBERMAN, FOURNIER, 2006), on peut donc

supposer ensuite que ces inégalités se répercutent sur la qualité de l’emploi.

La littérature souligne l’importance de la structure des emplois pour expliquer les inégalités

de salaire entre natifs et enfants d’immigrés (BUTCHER, DINARDO, 1998 ; AEBERHARDT,

POUGET, 2007). AEBERHARDT et al. (2010) chiffrent l’écart salarial entre les descendants

d’immigrés maghrébins et les natifs à 13 % tandis qu’AEBERHARDT et POUGET (2007)

suggèrent l’hypothèse d’une ségrégation professionnelle plutôt qu’une discrimination

salariale. MEURS et al. (2006) confirment, à l’aide de l’enquête Etude de l’Histoire Familiale,

l’hypothèse d’une ségrégation professionnelle spécifiquement dans les emplois peu

rémunérés. Concernant les analyses des inégalités qui portent sur d’autres caractéristiques de

la qualité de l’emploi que salariales, les études sur le degré de sécurité de l’emploi indiquent

une plus forte vulnérabilité à l’emploi précaire pour les descendants d’immigrés que pour les

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9

natifs : plus de 25 % de descendants d’immigrés maghrébins ou africains subsahariens

occupent des emplois précaires (MEURS, et al., 2006). L’importance de l’origine des parents

peut également se retrouver lors de la spécialisation professionnelle des individus issus de

l’immigration ; en France, les Portugais se spécialisent plutôt dans la construction et les

secteurs de petite industrie tandis que les Maghrébins se spécialisent plutôt dans le secteur des

services (LAINE, OKBA, 2005). Ces orientations peuvent à terme, conduire les travailleurs à

occuper des emplois dans des secteurs où la qualité de l’emploi est très variable.

1.2.2. Comment les politiques liées à l’intégration peuvent-elles influencer la qualité de

l’emploi des descendants d’immigrés ?

Les institutions du marché du travail s’intègrent dans un modèle socioéconomique et

institutionnel plus vaste, qui comprend également les institutions relatives à l’immigration et

l’intégration, qui peuvent avoir un impact sur la qualité de l’emploi. Tout d’abord, les

politiques d’immigration de la France et des États-Unis diffèrent dans leur sélectivité

migratoire. De nombreuses restrictions ethniques ont existé et existent encore aujourd’hui aux

États-Unis (WEIL, 2003), qui favorisent l’accueil des compétences, avec par exemple une

carte de séjour de trois ans renouvelable contre un an pour son équivalente française. Elles ont

notamment permis de sélectionner une main d’œuvre qualifiée d’origine étrangère. A

l’inverse la France ne pratique pas de contingent d’ordre ethnique (WEIL, 2003) et n’a donc

pas la main mise sur les qualifications et le capital humain des travailleurs immigrés entrant

sur le territoire ; la politique d’immigration y est restrictive mais l’immigration de travail est

faible. Même si la France a tenté des mesures similaires aux mesures américaines d’attraction

des high skilled workers, les résultats obtenus ne sont pas comparables : les écarts de taux de

chômage entre populations immigrées et natives sont plus importants en France qu’aux États-

Unis (l’écart est de 6 points de pourcentage en France et de -0.1 point aux États-Unis (OCDE,

2012)). Les conséquences en termes d’emploi des immigrés et de leur qualité paraissent

positives lorsqu’une sélection s’opère. Pour leurs descendants, les conséquences potentielles

sur la qualité de l’emploi peuvent être un capital humain plus élevé (la maîtrise de la langue

du pays d’accueil des parents migrants peut favoriser les apprentissages scolaires de leurs

enfants) et ainsi des niveaux d’instruction plus élevés (BECKER, 1975). Par conséquent, on

peut supposer qu’ils accèderont à de meilleurs emplois.

Certaines politiques d’intégration peuvent aussi jouer un rôle sur la qualité de l’emploi des

descendants d’immigrés. L’école laïque, gratuite, obligatoire et très largement fréquentée en

France peut ainsi permettre un accès à l’instruction (mais aussi à la langue du pays)

Page 10: une comparaison institutionnelle franco-américaine

10

relativement plus homogène indépendamment des milieux d’origine qu’aux États-Unis où

l’école maternelle est payante et l’enseignement supérieur plus cher qu’en France (OCDE,

2014). En France, l’école républicaine est envisagée comme une institution de la République

dont le rôle est d’atténuer les inégalités liées à l’origine sociale. Les États-Unis n’ont à

l’inverse, pas de réelle politique d’intégration nationale qui reposerait sur l’institution

scolaire. En revanche, il existe des organisations qui facilitent l’intégration : de nombreuses

communautés (locales, religieuses, liées à l’origine) font office de relais de l’Etat.

L’organisation communautaire est un aspect que l’on ne retrouve pas dans les mêmes

dimensions dans le modèle républicain français mais qui peut contribuer à faciliter l’accès à

l’emploi des descendants d’immigrés via les réseaux ethniques (l’exemple le plus actif en

France est le réseau portugais, aux États-Unis, on peut citer le réseau hispanique par exemple)

et potentiellement leur promotion professionnelle. Les effets sur la qualité de ces emplois

restent ambigus car on peut supposer que chaque réseau a des emplois de qualité variable

selon les spécialisations sectorielles notamment. Ces réseaux peuvent ainsi permettre une

amélioration de la qualité de l’emploi, mais uniquement pour les groupes ethniques concernés

par les réseaux et dont ces derniers sont prépondérants dans des secteurs aux emplois de

qualité.

Enfin, les États-Unis ont déployé depuis les années 1970 une politique de discrimination

positive (affirmative action) (MAGUAIN, 2006). Cette politique fait suite aux émeutes raciales

et troubles sociaux qui ont pointé la discrimination existante envers les minorités. Différentes

mesures ont été mises en place dans l’éducation (existence de quotas en fonction de l’origine

dans les universités) ou sur le marché du travail. En France, l’approche républicaine de

citoyenneté et d’égalité devant la loi rend difficile ce type de mesure, bien que certaines aient

été adoptées en direction des handicapés ou des femmes. En ce qui concerne les mesures sur

l’origine, on peut retenir deux points de dissemblance entre la France et les États-Unis : la

discrimination positive en France repose surtout sur des mesures expérimentales et les critères

de sélection sont d’ordre socioéconomique. Bien que ne s’adressant pas directement à la lutte

contre la discrimination, l’accès à l’école dès le plus jeune âge peut être vu comme une

mesure qui va réduire l’impact des inégalités entre origines sociales, sur un principe d’égalité

républicaine, et donc potentiellement entre origines nationales. L’ensemble de ces dispositifs

caractérise donc des modèles d’intégration bien distincts, avec dans l’ensemble des politiques

d’intégration plus volontaristes aux États-Unis. Si ces institutions ne sont directement

relatives au marché du travail, la combinaison dans chaque pays de modèles d’intégration et

Page 11: une comparaison institutionnelle franco-américaine

11

d’institutions du marché du travail conduit à des effets variés sur les niveaux d’emploi, de leur

qualité et sur les écarts de qualité de l’emploi entre natifs et descendants d’immigrés. D’un

côté, l’effet protecteur des institutions du marché du travail françaises peut permettre une

qualité de l’emploi supérieure mais la dualisation du marché du travail français peut d’un

autre côté, impliquer un risque de persistance des inégalités entre natifs et populations

descendant de l’immigration, plus jeunes et moins diplômées. Quant aux modèles

d’intégration, certaines politiques américaines d'intégration plus volontaristes (comme la

discrimination positive) peuvent permettre de réduire les inégalités en termes de niveau

d’emploi entre natifs et descendants d’immigrés mais les effets attendus sur la qualité de

l’emploi sont ambigus.

2. Les composantes de la qualité de l’emploi au prisme de la comparaison

2.1. La mesure de la qualité de l’emploi en pratique

Notre comparaison empirique repose sur l’exploitation de deux bases de données. D’une part,

nous utilisons l’Enquête Emploi en Continu (EEC) pour la France de 2008 à 2012, ce qui nous

permet de disposer d’un échantillon représentatif, adapté aux décompositions selon l’origine

des parents5. D’autre part, nous utilisons de la même manière le supplément mensuel de mars

de la Current Population Survey (CPS), nommé Annual Social and Economic (ASEC) de

2008 à 2012 pour les États-Unis. L’enquête CPS est conduite mensuellement par le Census

Bureau et fournit plus précisément dans le supplément de mars, des informations détaillées

sur les caractéristiques des ménages relatives au marché du travail.

Notre étude de la qualité de l’emploi repose sur la construction d’un indicateur agrégé dont les

trois dimensions constituantes ont été présentées dans la section précédente (salaire, sécurité

de l’emploi, temps de travail)6. Cet indicateur synthétique présente l’avantage d’être plus

lisible pour la comparaison mais peut potentiellement diminuer l’information avec

l’agrégation des dimensions. Par ailleurs, les trois dimensions retenues correspondent aux

caractéristiques de l’emploi mais ne couvrent pas celles intrinsèques au travail. Ce choix

correspond notamment à la disponibilité des données.

Les mesures de ces dimensions peuvent différer entre la France et les Etats-Unis en raison des

spécificités institutionnelles des deux pays. En ce qui concerne d’abord le salaire, nous

5 Nous avons ainsi en France 198 542 individus sur l’ensemble des années et 266 484 aux États-Unis lorsque

l’on retient uniquement les natifs et les descendants d’immigrés. Notre population contient en France près de

10% d’enfants d’immigrés et près de 9% aux États-Unis (voir tableaux 1 et 2 pour plus de détails). 6 L’analyse est réalisée pour l’emploi principal des individus. Les emplois secondaires ne sont pas étudiés.

Page 12: une comparaison institutionnelle franco-américaine

12

utilisons en France la variable de salaire net mensuel et de la même manière le salaire net

annuel aux États-Unis. Ensuite, la dimension sécurité de l’emploi repose en France sur la

nature du contrat de travail, avec deux modalités, une modalité pour laquelle l’emploi a une

sécurité élevée, comprenant les CDI et les fonctionnaires, et une modalité à faible sécurité de

l’emploi, qui comprend les CDD, les contrats saisonniers, les contrats en apprentissage et en

alternance, les contrats de travail temporaires et d’intérim. Aux États-Unis, la dimension

relative à la sécurité de l’emploi repose sur la mise à disposition de la part des employeurs

d’une assurance santé. Enfin, la dimension temps de travail est construite dans les deux pays

grâce à une variable à trois modalités hiérarchisables : une modalité temps complet7, une

modalité temps partiel et une dernière modalité temps partiel subi.

Deux types de méthodologies complémentaires s’attachent à prendre en compte ces trois

dimensions de la qualité de l’emploi. La première consiste à adopter une vision normative, qui

généralement attribue une pondération égale entre les différentes dimensions (voir SCHMITT,

JONES, 2012 ; KALLEBERG et al., 2000). La seconde est hédonique et repose sur les

préférences subjectives des travailleurs, elle renvoie aux travaux relatifs à la satisfaction au

travail (CLARK, 1998). La première vision, normative, présente l’avantage de convenir aux

comparaisons internationales, en particulier quand les échantillons de pays sont larges

(ERHEL, DAVOINE, 2007 ; MUÑOZ DE BUSTILLO et al., 2011 ; EUROFOUND 2012). Les

indicateurs synthétiques de qualité de l’emploi sont alors une moyenne géométrique des

différentes dimensions (SCHMITT, JONES, 2012 ; SCHMITT, 2007). L’approche hédonique, en

termes de satisfaction en emploi, consiste à hiérarchiser les caractéristiques de l’emploi en

fonction des priorités des travailleurs. L’avantage majeur de cette approche est de tenir

compte de l’hétérogénéité des préférences des travailleurs selon les pays considérés

(DAVOINE, 2007). Étant donné les différences institutionnelles entre la France et les États-

Unis, nous choisissons de ne pas attribuer un poids égal entre les trois dimensions dans les

deux pays et privilégions ainsi l’approche subjective à l’approche normative. Notre méthode

consiste donc à attribuer un poids à chaque dimension objective, qui correspond aux

préférences des individus de chacun des pays (voir Encadré 2). Nous obtenons ainsi un

indicateur de qualité de l’emploi qui tient compte de la différence de contexte institutionnel

du fait du choix des variables qui le composent d’une part, et de sa pondération d’autre part.

[Insérer Encadré 2]

7 Aux États-Unis, le temps plein est défini comme un emploi de 40h/semaine, qui est le temps de travail plein

fédéral, même si en pratique, ce temps est parfois considéré comme partiel (BLS, 2013).

Page 13: une comparaison institutionnelle franco-américaine

13

2.2. La qualité de l’emploi des descendants d’immigrés : le cumul des handicaps ?

L’analyse des statistiques descriptives de notre indicateur de qualité de l’emploi met en

lumière une pénalité pour les descendants d’immigrés sur les trois dimensions de la qualité de

l’emploi prises séparément, comme sur l’indicateur synthétique. Les enfants d’immigrés

semblent cumuler les handicaps, mais on peut toutefois nuancer ce constat par les différences

de niveau importantes observées entre pays d’origine des parents.

[Insérer Tableau 4]

[Insérer Tableau 5]

De plus fortes hétérogénéités de salaires aux États-Unis

Comme le montrent les tableaux 4 et 5, les descendants d’immigrés ont des salaires inférieurs

à ceux des natifs, d’une ampleur plus importante aux États-Unis. On observe une

hétérogénéité très marquée entre les différentes origines des parents. Ainsi, les descendants

d’immigrés d’Europe de l’Est ou du Nord ont, en France, un salaire moyen supérieur aux

natifs tandis que les descendants d’immigrés maghrébins ou d’Afrique subsaharienne ont des

salaires d’environ 20 % inférieurs aux natifs. Aux États-Unis, la même conclusion peut être

tirée, avec des inégalités plus marquées entre origines. Les descendants d’immigrés chinois ou

européens ont en effet des salaires moyens deux fois plus élevés que les descendants

d’immigrés hispaniques (originaires du Mexique, de Puerto Rico ou d’Amérique Latine). Ces

fortes différences de salaires moyens aux Etats-Unis peuvent en partie s’expliquer par les

structures d’âge et les structures de diplômes plus disparates selon l’origine qu’en France. On

note par exemple que 21 % des descendants d’immigrés d’origine mexicaine ont un diplôme

du supérieur contre 83 % des descendants d’origine chinoise.

Une moindre sécurité de l’emploi pour les descendants d’immigrés

En France, l’accès au CDI ou au fonctionnariat est fortement inégalitaire selon les origines.

Le tableau 4 montre la forte ségrégation des Africains (du Maghreb ou de l’Afrique

subsaharienne) dans les emplois à durée déterminée. A l’inverse, les descendants d’immigrés

d’Europe de l’Est sont en moyenne plus en CDI (ou fonctionnaires) que les natifs ; les

descendants d’Europe du Sud sont également assez peu touchés par la précarité du contrat de

travail. Les descendants d’immigrés sont également désavantagés aux États-Unis au niveau de

la sécurité de l’emploi – mesuré l’accès à l’assurance santé – puisqu’on observe une

différence de près de 5 points pour l’assurance santé entre natifs et descendants d’immigrés

Page 14: une comparaison institutionnelle franco-américaine

14

(tableau 5). Les descendants d’immigrés chinois sont ici encore les moins touchés puisqu’ils

surpassent les natifs, à l’inverse des hispaniques.

Les travailleurs enfants d’immigrés sous-représentés dans les emplois à temps plein

On perçoit des inégalités entre natifs et descendants d’immigrés légèrement moins

importantes en France en termes de temps de travail (tableau 4). En effet, les différences entre

natifs et descendants d’immigrés ne s’élèvent qu’à environ 1 point de pourcentage pour

chaque catégorie. Les descendants d’immigrés restent néanmoins proportionnellement plus en

temps partiel, subi ou non8. Le temps partiel subi touche en particulier plus les descendants

d’immigrés africains mais relativement peu les descendants d’immigrés européens de l’Est ou

du Nord. La différence entre natifs et descendants d’immigrés est sensiblement supérieure aux

États-Unis (elle est de plus de 2 points de pourcentage pour les temps pleins) (tableau 5). Les

descendants d’immigrés d’Afrique et du Moyen-Orient sont les plus touchés par le temps

partiel tandis que les descendants d’immigrés asiatiques (hors Chine et Asie du Sud Est)

semblent occuper relativement plus d’emplois à temps plein que la moyenne des natifs. Les

descendants d’immigrés chinois, asiatiques du Sud Est de l’Asie, caribéens ou du Moyen

Orient sont pour leur part sur-représentés dans les emplois à temps partiel subi.

2.3. Mise en évidence de la pénalité ethnique : quelle stratégie empirique ?

Notre stratégie empirique consiste à tester l’hypothèse de l’existence d’une pénalité ethnique.

Plus précisément, en raison d’institutions du marché du travail plus développées en France,

nous pouvons nous attendre à ce que les différences en termes de qualité de l’emploi entre

descendants d’immigrés et natifs soient plus faibles. Autrement dit, notre stratégie empirique

vise à déterminer si l’existence d’une pénalité ethnique peut être observée dans les deux pays

et à en dégager les principaux groupes touchés. Nous distinguons ainsi dans notre modèle

l’origine des parents (voir Encadré 1 pour plus de détails sur la variable origine des parents).

Aux États-Unis, nous introduisons également une variable indicatrice qui capte le fait d’être

noir. Cette dernière nous permet de capter une certaine forme de racisme envers les Noirs qui

ne repose pas sur des critères d’origine migratoire mais essentiellement sur la couleur de la

peau (PITTS, 2008). Afin de mettre en évidence le processus cumulatif de la pénalité ethnique,

nous adoptons donc une démarche en deux temps. Dans un premier temps, nous testons notre

8 La variable sur le choix du temps de travail est très peu renseignée en France, environ 6% des individus y ont

répondu.

Page 15: une comparaison institutionnelle franco-américaine

15

modèle pour chacune des dimensions de la qualité de l’emploi. Dans un second temps, nous

testons notre modèle sur l’indicateur synthétique de qualité de l’emploi.

Nous introduisons également de nombreux contrôles. D’abord, nous contrôlons par le genre,

les femmes étant largement pénalisées en termes de qualité de l’emploi en France mais aussi

aux États-Unis (DAVOINE et al., 2007). Nous contrôlons par ailleurs par l’âge, qui nous

permet à la fois de tenir compte de la structure d’âge différente des populations et de capter

les difficultés rencontrées par les jeunes notamment (LE RHUN, MINNI, 2012). Cependant,

nous supposons que l’âge n’a pas un impact linéaire – les seniors se trouvent également en

difficulté (ibid.), c’est pourquoi nous contrôlons également par l’âge au carré. Nous

contrôlons également du niveau de diplôme, afin de prendre en compte les effets de structure,

puisqu’on remarque une meilleure qualité de l’emploi pour les individus les plus diplômés

(LE RHUN, POLLET, 2011). De la même manière, nous introduisons une variable de catégories

socioprofessionnelles (CSP) des parents afin de neutraliser les effets de transmission de

l’origine sociale9 (SOLON, 1999), moins favorables aux populations immigrées qu’aux natifs

(BORJAS, 1992, 2006). D’autres caractéristiques démographiques familiales sont également

prises en compte. Nous examinons ainsi le rôle de la mise en couple sur la qualité de l’emploi

ainsi que la présence d’enfants en bas-âge. Ce contrôle permet d’une part de mettre en

évidence les différences existantes entre les deux pays en termes d’institutions de protection

sociale liées à la famille, plus généreuses dans les pays continentaux (en France) que dans les

pays libéraux (aux États-Unis) (AMABLE, 2005). Par exemple, les congés parentaux ou les

aides financières liées à l’arrivée d’un enfant sont relativement plus élevées en France qu’aux

États-Unis, et permettent ainsi une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie

personnelle pour les parents. D’autre part, cela nous permet de contrôler de l’impact de

l’arrivée d’un enfant, qui pénalise notamment les femmes (MEURS, PAILHE, 2010). Etant

donné le coût de la garde des enfants, nous contrôlons également par le nombre d’enfants.

Cela nous permet de prendre en compte le potentiel passage à temps partiel qui serait le

résultat d’un coût trop élevé de garde d’enfant. Enfin nous contrôlons en France par des

caractéristiques spatiales et résidentielles habituelles10

. Nous introduisons le taux de chômage

annuel régional, qui capte l’hétérogénéité géographique potentielle de la qualité de l’emploi et

une variable indicatrice sur le fait de vivre en Zone Urbaine Sensible (ZUS) (RATHELOT,

2010 ; GOBILLON, et al., 2007; BORJAS, 1995).

9 Ce contrôle n’a pas pu être réalisé pour les Etats-Unis en raison de données manquantes.

10 Les contrôles des caractéristiques spatiales ne concernent que la France, nous contrôlons aux États-Unis par

une variable indicatrice des Etats qui permet de capter les différences de composition de la population

(notamment immigrée) entre les Etats.

Page 16: une comparaison institutionnelle franco-américaine

16

Notre modèle repose sur une méthode des moindres carrés ordinaires (MCO)11

qui analyse la

qualité de l’emploi (variable continue, dont les valeurs sont comprises entre 0 et 100) en

fonction des différentes caractéristiques individuelles détaillées ci-dessus.

3. Une pénalité ethnique au regard de la qualité de l’emploi

Les résultats de nos estimations (tableaux 6 et 7) suggèrent l’existence une pénalité ethnique

en France qu’on ne retrouve pas aux États-Unis. Nous détaillons ici les résultats en France

puis aux États-Unis et discuterons enfin des explications potentielles de ce résultat.

Que ce soit sur l’indicateur synthétique de qualité de l’emploi ou sur les dimensions au niveau

désagrégé, nos résultats soulignent d’abord l’importance de l’origine des parents sur les

différentes caractéristiques de l’emploi en France (tableau 6). On observe en effet une

différence significative entre les natifs et les descendants d’immigrés et entre descendants

d’immigrés eux-mêmes selon l’origine des parents, qui confirme notre hypothèse de

l’existence d’une pénalité ethnique. Au niveau agrégé, on retrouve une forte pénalité pour les

descendants d’immigrés d’origine maghrébine et de l’Afrique subsaharienne et un effet positif

d’être descendant d’immigrés d’Europe du Sud. Il est intéressant de relever qu’en France, si

l’origine maghrébine agit de manière négative et significative sur le salaire et la sécurité de

l’emploi, le coefficient qui lui est associé pour le temps de travail est positif. Il semblerait

qu’être descendant d’immigré d’origine maghrébine n’influence pas significativement la

probabilité d’occuper un emploi à temps partiel. De manière générale, on remarque un effet

statistiquement significatif de l’origine mais moins fréquent sur la dimension temps de travail.

On retrouve par ailleurs certains faits stylisés, comme l’effet positif pour les descendants

d’immigrés d’Europe du Sud sur le salaire ou la sécurité de l’emploi. De même, la pénalité

rencontrée par les descendants d’immigrés africains sur le salaire est ici confirmée (ALBA,

SILBERMAN, 2002).

[Insérer Tableau 6]

Aux États-Unis (Tableau 7), les fortes inégalités salariales que rencontrent les descendants

d’immigrés mexicains semblent s’expliquer par leur origine. Ils sont toutefois les seuls

puisqu’aucun coefficient associé à l’origine n’est significatif et négatif. Le fait de se déclarer

noir a aussi un effet négatif sur le salaire, mais positif sur les autres dimensions. A la

différence du cas français, la pénalité ethnique ne semble pas cumulative, on ne retrouve pas

11

Le test de White confirme l’homoscedasticité et la taille de notre échantillon nous permet de supposer

l’indépendance des erreurs. Sous ces conditions, l’utilisation d’un modèle en MCO paraît justifiée.

Page 17: une comparaison institutionnelle franco-américaine

17

de coefficient négatif et significatif en ce qui concerne la qualité de l’emploi – à l’exception

des descendants d’immigrés africains.

[Insérer Tableau 7]

Dans l’ensemble, nous avons vu qu’à caractéristiques sociodémographiques égales, on trouve

une pénalité ethnique sur la qualité de l’emploi en France qu’on ne retrouve pas aux États-

Unis. L’existence d’un salaire minimum (SMIC) élevé par rapport à celui des États-Unis

semble assurer en France une certaine maîtrise des inégalités de salaires entre natifs et

descendants d’immigrés, qui sont d’une ampleur très importante aux États-Unis. Il apparaît

que la forte protection de l’emploi et le pouvoir élevé de négociation qui caractérisent les pays

continentaux et la France, aient par contre un faible effet sur les inégalités de qualité de

l’emploi liées à l’origine. Les politiques d’intégration américaines semblent à l’inverse avoir

un impact plus important et contiennent relativement mieux l’impact des origines sur

l’intégration sur le marché du travail des descendants d’immigrés. On peut en effet supposer

que les programmes américains d’affirmative action relativement aboutis contribuent à

l’absence de pénalité ethnique, en particulier au regard de l’effet positif d’être noir sur la

qualité de l’emploi. En ce qui concerne la pénalité sur les descendants d’immigrés africains, le

résultat fait écho au passé esclavagiste et ségrégationniste des États-Unis, puisqu’ils sont les

seuls à avoir un coefficient associé à leur origine négatif. La discrimination les concernant ne

semble pas éradiquée. Alors que de fortes inégalités de salaire persistent entre descendants

d’immigrés mexicains par exemple et natifs, ces différences ne sont plus significatives lorsque

l’on s’intéresse à la qualité de l’emploi dans son ensemble. Il semble donc que les institutions

du marché du travail américaines comme la relative faible protection de l’emploi permettent

aux descendants d’immigrés d’occuper des emplois de qualité comparable aux natifs.

Nous devons repréciser que nous travaillons sur les individus en emploi ; de nombreuses

inégalités selon l’origine existent et persistent lors de l’épisode d’entrée sur le marché du

travail. En ce sens, on peut supposer à l’aune de nos résultats que la protection de l’emploi

française peut conduire à plus d’inégalités qu’aux États-Unis où les descendants d’immigrés

pourraient avoir accès plus facilement à l’emploi mais potentiellement au détriment d’une

qualité plus élevée. A cet effet, les programmes d’affirmative action aux États-Unis, qui ont

pour but de rétablir une égalité des opportunités sur le marché du travail entre les individus

d’origines diverses sur un principe de justice sociale, peuvent contribuer à lutter contre les

discriminations. En France, ces mesures ne sont pas utilisées car elles ne répondent pas au

Page 18: une comparaison institutionnelle franco-américaine

18

principe républicain d’égalité devant la loi sur lequel la France s’appuie. Des mesures

expérimentales de CV anonymes semblent par contre avoir un effet positif (BEHAGEL et al.,

2011) et d’autres institutions contribuent à réduire les inégalités entre natifs et descendants

d’immigrés. Les institutions de protection sociale françaises peuvent en effet permettre de

mieux compenser les inégalités sur le marché du travail entre natifs et descendants

d’immigrés que les institutions de protection sociale américaines, à l’aide de prestations

sociales liées à la famille ou à la santé par exemple. L’école maternelle joue également un rôle

en assurant l’acquisition de savoir à tous, indépendamment des origines, et donc une égalité

des opportunités. Sur ce point, les deux pays déploient différentes mesures : la France garantit

l’accès à l’école maternelle gratuit tandis que les États-Unis ont développé des mesures de

discrimination positive. Malgré ces mesures, on retrouve encore de fortes inégalités dans les

niveaux de diplôme.

Conclusion

L’objectif de cet article était double. D’abord il s’agissait de mettre en évidence le caractère

inégalitaire de la qualité de l’emploi entre natifs et descendants d’immigrés en France et aux

États-Unis. A travers une approche socio-économique de la qualité de l’emploi, nous avons

ainsi montré empiriquement l’existence d’une pénalité ethnique en France que l’on ne

retrouve pas aux États-Unis. Cette pénalité ethnique touche les descendants d’immigrés

maghrébins et d’Afrique subsaharienne et s’avère en France particulièrement cumulative.

Notre second apport, théorique, était de montrer la nécessité d’inclure les politiques

d’intégration aux analyses du rôle des institutions du marché du travail si l’on s’intéresse

inégalités liées à l’origine.

Notre résultat empirique semble confirmer cette nécessité. Il paraît en effet insuffisant

d’expliquer l’existence d’une pénalité ethnique en France et son absence aux États-Unis

uniquement par les institutions du marché du travail, qui ont un effet complexe sur les

inégalités de qualité de l’emploi. Si la plus forte protection du marché du travail en France

permet de mieux protéger les salariés, elle peut aussi impliquer des inégalités plus marquées

entre groupes sociaux. Les résultats laissent par contre penser que les politiques économiques

et sociales menées en faveur de la lutte contre la discrimination, à savoir les mesures de

discrimination positive (affirmative action) menées aux États-Unis peuvent contribuer à

l’effacement de toute forme de pénalité ethnique sur la qualité de l’emploi envers les

individus concernés, avec encore une résistance envers les descendants d’immigrés africains.

Page 19: une comparaison institutionnelle franco-américaine

19

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2003, pp.368-402.

Encadré 1 : Les descendants d’immigrés dans l’Enquête Emploi et la Current Population

Survey.

Un descendant d’immigré est, dans le cas français, une personne résidant en France et née en

France d’au moins un parent immigré, c’est-à-dire né étranger à l’étranger. De la même

manière, aux États-Unis, un descendant d’immigré réside dans le pays, y est née, et au moins

un de ses parents est immigré. En France et contrairement à la plupart des pays et à la pratique

internationale, qui se basent sur le pays de naissance indépendamment de la nationalité à la

naissance, une personne présente en France, née à l’étranger mais de nationalité française à la

naissance n’est pas considérée comme immigrée selon la définition française12

.

Dans cet article, l’origine géographique des enfants d’immigrés considérée est définie en

fonction du pays de naissance du père si ce dernier est immigré, et de celui de la mère si elle

est la seule des deux parents à être immigrée (MINNI, OKBA, 2014). Cette publication se

concentre sur les situations des descendants d’immigrés par rapport à celles des natifs, c’est-à-

dire des personnes nées en France dont aucun des deux parents n’est immigré.

Encadré 2 : Calcul hédonique des pondérations entre dimensions de qualité de l’emploi.

L’enquête comparative International Social Survey Programme (ISSP) de 2005 permet de

mettre en perspective la satisfaction en emploi avec les caractéristiques de l’emploi occupé

par les travailleurs (voir CLARK, 1998). Autrement dit, l’enquête permet d’analyser les liens

entre la satisfaction en emploi et les trois dimensions considérées dans notre analyse (le

salaire, la sécurité en emploi et le temps de travail). Ces trois variables sont dans cette enquête

12

« Il existe un cas particulier quand les parents sont nés en Algérie avant l’indépendance (1962) mais ont décidé

de rester en Algérie et de garder la nationalité algérienne à ce moment. En cas de questions sur leurs origines, ces

parents doivent se déclarer algériens de naissance nés en Algérie (la question du pays de naissance concerne

toujours les pays dans leurs frontières actuelles), soit étrangers né à l’étranger. S’ils ont migré en France par la

suite et ont donné naissance à un enfant, ce dernier nait français selon le principe du double droit du sol (les

parents et l’enfant sont nés en France, l’Algérie étant un département français avant 1962) » (BREEM, 2010).

Page 23: une comparaison institutionnelle franco-américaine

23

des variables indicatrices tandis que la variable dépendante de satisfaction en emploi est une

variable ordinale à sept modalités. Par ailleurs, étant donné la normalité des résidus, nous

utilisons un probit multinomial ordonné, qui nous estime une variable latente, fonction

linéaire des variables indépendantes, et un ensemble de seuils. La probabilité d’observer la

satisfaction en emploi i correspond alors à la probabilité que la fonction linéaire estimée, plus

le terme d’erreur, soit dans l’ensemble de seuils estimés pour la satisfaction en emploi,

comme ceci :

Pr(𝑠𝑎𝑡𝑖𝑠𝑓𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 𝑒𝑚𝑝𝑙𝑜𝑖𝑗 = 𝑖) = Pr (𝑘𝑖−1

< 𝛽1𝑠𝑎𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑗 + 𝛽2𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑑𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙𝑗 + 𝛽3𝑠é𝑐𝑢𝑟𝑖𝑡é 𝑒𝑛 𝑒𝑚𝑝𝑙𝑜𝑖𝑗 + 𝑢𝑗 ≤ 𝑘𝑖)

Où 𝑢𝑗 est normalement distribué.

Nous présentons dans le Tableau 3 les résultats pour chacun des pays, avant et après la

normalisation des coefficients. Les trois premières colonnes correspondent ainsi aux résultats

avant la normalisation et les trois dernières colonnes après la normalisation des coefficients.

Tous les coefficients sont significatifs dans chacun des pays et ont les signes attendus. Etant

donné que la distribution de la variable dépendante n’est pas la même dans les deux pays,

nous ne pouvons pas comparer les coefficients. Toutefois, nous pouvons comparer la

hiérarchie entre les dimensions entre les pays. En France, l’impact le plus large vient du

salaire, suivi par la sécurité en emploi et du temps de travail. Aux États-Unis, la sécurité de

l’emploi est le facteur de plus important pour les travailleurs pour être satisfaits de leur

emploi, suivi par le temps de travail et de très près par le salaire. Ces différences renvoient

aux particularités institutionnelles : la sécurité de l’emploi est en France en effet plus

importante qu’aux États-Unis, on peut ainsi penser que les travailleurs y accordent une

importance moindre. De la même manière, l’importance relative des temps partiels aux États-

Unis entraîne un intérêt particulier pour le temps de travail.

Page 24: une comparaison institutionnelle franco-américaine

24

Tableau 1: Portrait statistique des enfants d’immigrés en France en 2012.

Non issus de

l'immigration

Descendants

d'immigrés

Dont

Maghreb

Europe du

Sud

Europe de

l'Est

Europe du

Nord

Reste de

l'Afrique

En milliers

Nombre

d'individus 42109 4116 1061 2023 303 446 283

En %

Part dans les actifs

occupés 82,8 8,1 2,1 4,0 0,6 0,9 0,6

Part des femmes 49,9 51,8 52,2 51,5 49,8 49,9 52,9

Répartition par

tranche d'âge

15-29 ans 19,0 23,8 28,8 18,8 9,9 18,1 48,2

30-54 ans 66,2 63,7 65,2 68,7 58,9 61,1 48,2

55-64 ans 14,8 12,5 6,1 12,5 31,3 20,9 3,7

Répartition par

diplôme

Supérieur 35,8 29,9 29,9 28,2 31,3 39,3 33,7

Secondaire 52,1 52,8 51,1 56,8 51,2 44,9 50,2

Non diplômés 12,1 17,3 19,1 15,0 17,5 15,8 16,1

Lecture : 23,8 % des descendants d’immigrés ont entre 15 et 29 ans, ils sont seulement 9,9 % à avoir ce même âge quand

l’origine de leurs parents est de pays de l’Europe de l’Est.

Champ : natifs et descendants d’immigrés en emploi, de 15 à 64 ans, en France métropolitaine

Source : enquête Emploi en continu 2012, Insee.

Page 25: une comparaison institutionnelle franco-américaine

25

Tableau 2: Portrait statistique des enfants d’immigrés aux États-Unis en 2012.

Non issus de

l'immigration

Descendants

d'immigrés

Dont

Mexique Am.

Latine

Puerto

Rico Caraïbes

Asie du

Sud Est Chine Asie Canada

Europe

du Nord

Europe

du Sud

Europe

de l'Est Afrique Océanie

Moyen

Orient

En milliers

Nombre

d'individus 63981 6120 1773 410 393 273 456 141 135 367 793 630 262 125 219 142

En %

Part dans les

actifs occupés 74,2 7,1 2,1 0,5 0,5 0,3 0,5 0,2 0,2 0,4 0,9 0,7 0,3 0,1 0,3 0,2

Part des

femmes 49,3 49,5 49,4 49,6 54,0 53,7 47,6 49,3 37,3 48,2 49,1 50,2 47,1 49,4 56,1 45,2

Répartition par

âge

15-29 ans 23,0 38,0 48,7 57,5 26,4 58,6 54,8 32,8 49,4 15,4 19,5 17,5 19,2 40,7 38,1 52,6

30-54 ans 58,0 50,4 46,2 37,6 65,6 39,4 42,5 53,2 48,4 57,2 57,3 61,2 43,9 52,6 54,2 46,4

55-64 ans 19,1 11,6 5,2 4,9 8,1 2,0 2,7 14,0 2,2 27,3 23,2 21,3 36,9 6,7 7,7 1,0

Répartition par

diplôme

Supérieur 46,4 45,3 21,2 36,0 30,2 39,8 57,0 83,2 72,8 60,1 59,1 64,1 64,4 60,9 52,0 49,8

Secondaire 46,7 45,4 61,2 56,0 52,2 49,4 36,3 12,3 22,4 36,6 36,9 32,1 33,5 32,0 43,3 43,3

Non diplômés 6,9 9,3 17,7 8,1 17,7 10,8 6,7 4,5 4,9 3,3 4,1 3,8 2,2 7,1 4,8 6,9

Lecture : 38 % des descendants d’immigrés ont entre 15 et 29 ans, ils sont 49 % à avoir ce même âge quand l’origine de leurs parents est mexicaine.

Champ : natifs et descendants d’immigrés en emploi, de 15 et 64 ans, en ménages ordinaires, aux États-Unis.

Source : Current Population Survey 2012, BLS.

Page 26: une comparaison institutionnelle franco-américaine

26

Tableau 3: Satisfaction en emploi selon les différentes composantes de la qualité de

l’emploi.

Variable dépendante : Satisfaction en emploi

Probit brut Probit normalisé

Tous France États-Unis Tous France États-Unis

Salaire 0,301*** 0,315*** 0,265*** 0,3130 0,4135 0,2226

-0,0521 -0,0813 -0,0692 -0,0515 -0,0799 -0,0684

Temps de travail 0,215*** 0,180*** 0,263*** 0,2098 0,2123 0,2385

-0,0469 -0,0674 -0,0665 -0,0465 -0,0668 -0,0654

Sécurité de l'emploi 0,507*** 0,379*** 0,558*** 0,4772 0,3742 0,5390

-0,0665 -0,0823 -0,124 -0,0658 -0,0817 -0,122

Observations 2 061 1 015 1 046 2 061 1 015 1 046

Log Likelihood -2919,10 -1417,41 -1449,08 -3076,9305 -1462,467 -1557,2781

Pseudo R² 0,0868 0,0637 0,0941 0,0374 0,034 0,0264

Note : *** : significativement différent de 0 ou de 1 au seuil 1 %, *** : significativement différent de 0 ou de 1 au seuil 5 %

et * : significativement différent de 0 ou de 1 au seuil 10 %.

Champ : individus de 18 ans et plus, France métropolitaine et États-Unis.

Source: International Social Survey Program 2005.

Tableau 4 : L’accumulation des désavantages pour les enfants d’immigrés en France.

Non issus de

l'immigration

Descendants

d'immigrés

Dont

Maghreb

Europe du

Sud

Europe de

l'Est

Europe du

Nord

Reste de

l'Afrique

Salaire moyen en euros 1861 1721 1589 1739 1948 1999 1444

En %

Type de temps de travail

Temps plein 80,8 79,6 80,5 80,2 80,0 79,6 77,0

Temps partiel non subi 1,4 1,7 0,8 1,4 2,6 3,3 2,3

Temps partiel subi 17,8 18,7 18,7 18,5 17,5 17,1 20,8

Type de contrat de travail

CDD (ou autres types de

contrats précaires) 12,9 16,4 19,5 13,0 10,8 15,4 27,4

CDI ou fonctionnariat 87,1 83,6 80,5 87,0 89,2 84,6 72,6

Qualité de l'emploi 54,5 51,9 50,0 53,1 55,4 54,8 46,3

Lecture : 18,7 % des descendants d’immigrés maghrébins se déclarent actifs occupés à temps partiel non choisi, ils sont

17,8 % dans cette situation lorsqu’ils sont natifs.

Note : les salaires sont mensuels et exprimés en euros courants et le reste des données en pourcentage.

Champ : natifs et descendants d’immigrés en emploi, de 15 et 64 ans, en France métropolitaine.

Source : enquête Emploi en continu 2012, Insee.

Page 27: une comparaison institutionnelle franco-américaine

27

Tableau 5 : L’accumulation des désavantages pour les enfants d’immigrés aux États-Unis.

Non issus de

l'immigration

Descendants

d'immigrés

Dont

Mexique Am.

Latine Puerto Rico

Caraïbes Asie du Sud Est

Chine Asie Canada

Europe

du

Nord

Europe du Sud

Europe de l'Est

Afrique Océanie Moyen Orient

Salaire moyen en USD 3797 3576 2558 2841 2816 2884 3491 5002 4430 4134 4371 5208 5402 3431 3766 3909

En %

Temps plein 69,4 67,1 66,4 60,6 66,0 66,0 64,4 68,9 77,2 68,7 68,1 69,7 76,9 54,9 76,3 54,7

Temps partiel non subi 20,9 21,8 22,1 25,2 27,1 20,0 20,5 17,6 17,9 22,1 20,3 19,7 17,2 37,0 15,2 31,2

Temps partiel subi 9,7 11,1 11,5 14,2 7,0 14,1 15,1 13,6 4,9 9,2 68,1 10,6 5,9 8,1 8,5 14,1

Assurance santé 54,9 50,0 41,3 42,3 50,7 48,9 53,9 63,3 56,0 55,2 58,2 59,6 61,2 36,8 46,7 40,5

Qualité de l'emploi 74,3 71,6 67,0 68,1 67,5 68,5 72,5 79,6 72,4 76,8 75,1 76,7 79,2 63,6 74,6 65,3

Lecture : 11,5 % des descendants d’immigrés mexicains se déclarent actifs occupés à temps partiel non choisi, ils sont 7 % dans cette situation lorsqu’ils sont descendants d’immigrés puerto-

ricains.

Note : les salaires sont mensuels et exprimés en dollars courants et le reste des données en pourcentage. Le temps plein correspond ici à 40h/semaine.

Champ : natifs et descendants d’immigrés en emploi, de 15 et 64 ans, en ménages ordinaires, aux Etats-Unis.

Source : Current Population Survey 2012, BLS.

Page 28: une comparaison institutionnelle franco-américaine

28

Tableau 6: Impact des caractéristiques individuelles sur la qualité de l’emploi en

France.

Variable Salaire Sécurité de

l'emploi

Temps de

travail

Qualité de

l'emploi

Non issu de

l'immigration Ref. Ref. Ref.

Ref.

Maghreb -0.0325* -0.163*** 0.0401* -0.745***

(0.0179) (0.0242) (0.0242) (0.232)

Europe du Sud 0.0255** 0.0261 0.0124 0.371**

(0.0128) (0.0203) (0.0176) (0.167)

Reste de l'Afrique -0.106*** -0.0467 -0.0191 -1.084**

(0.0400) (0.0521) (0.0505) (0.504)

Europe de l'Est -0.00520 -0.00246 -0.0111 0.0161

(0.0309) (0.0512) (0.0417) (0.404)

Europe du Nord 0.0217 -0.0703* -0.0655* -0.267

(0.0263) (0.0408) (0.0343) (0.337)

Constante 2.988*** 3.404*** 0.0853** -3.924***

(0.0364) (0.0467) (0.0427) (0.435)

R² N.R. N.R. N.R. 0.328

Observations 198,542 198,542 198,542 198,542

Variables contrôlées : âge, âge², niveau de diplôme, sexe, être en couple, avoir un enfant en bas-âge, nombre d’enfants,

profession des parents, taux de chômage régional, habiter en zone urbaine sensible, année.

Note : la régression sur la qualité de l’emploi est linéaire (MCO), la régression sur le temps de travail est un probit binomial

et un probit multinomial ordonné sur la sécurité de l’emploi et le salaire. Résultats issus d’une modélisation probit : (*)

indique que le rapport des chances diffère au seuil de 10 % de celui de la modalité de référence, (**) indique que ce même

rapport diffère au seuil de 5 % et (***) au seuil de 1 %.

Champ : natifs et descendants d’immigrés en emploi marchand, de 15 à 64 ans, en France métropolitaine.

Source : enquêtes Emploi en continu 2008-2012, Insee.

Tableau 7: Impact des caractéristiques individuelles sur la qualité de l’emploi aux États-

Unis.

Salaire Sécurité de

l'emploi

Temps de

travail

Qualité de

l'emploi Variable

Non issu de

l'immigration

Ref. Ref. Ref. Ref.

Mexique -0.0311** 0.0215 0.103*** 0.636

(0.0152) (0.0194) (0.0213) (0.455)

Puerto Rico 0.0160 0.120*** 0.0542 2.774***

(0.0275) (0.0355) (0.0363) (0.806)

Chine 0.152** -0.00883 0.0579 0.501

(0.0656) (0.0656) (0.0697) (1.459)

Asie du Sud

Est 0.107*** 0.0396 -0.0387 1.180

(0.0370) (0.0417) (0.0429) (0.952)

Page 29: une comparaison institutionnelle franco-américaine

29

Asie 0.206** 0.0302 0.223** 2.045

(0.0817) (0.0830) (0.0965) (1.870)

Afrique -0.0408 -0.166** -0.0943 -3.900**

(0.0686) (0.0746) (0.0809) (1.817)

Canada 0.0130 -0.0148 -0.0283 -0.342

(0.0278) (0.0310) (0.0303) (0.731)

Europe du

Nord 0.0610*** -0.00898 -0.0447** -0.0933

(0.0211) (0.0227) (0.0225) (0.532)

Europe du Sud 0.0769*** 0.0500* -0.0517** 1.126*

(0.0241) (0.0264) (0.0261) (0.610)

Europe de l'Est 0.0980** -0.0309 0.0275 -0.133

(0.0405) (0.0426) (0.0432) (0.983)

Caraïbes 0.0717 -0.00386 0.162** 0.860

(0.0549) (0.0660) (0.0727) (1.499)

Amérique

Latine -0.0326 -0.0397 0.0875* -0.646

(0.0376) (0.0450) (0.0488) (1.038)

Océanie 0.0779* -0.0451 0.0528 -0.376

(0.0457) (0.0527) (0.0609) (1.259)

Moyen Orient 0.0536 -0.0754 -0.0966 -1.693

(0.0670) (0.0701) (0.0720) (1.659)

Noir -0.0778*** 0.0767*** 0.117*** 1.616***

(0.00736) (0.00946) (0.0103) (0.216)

Constante 32.09*** -35.16*** -18.68*** 674.9***

(3.033) (3.554) (3.617) (83.11)

R² N.R. N.R. N.R. 0.087

Observations 266,484 266,484 266,484 266,484

Variables contrôlées : âge, âge², niveau de diplôme, sexe, être en couple, avoir un enfant en bas-âge, nombre d’enfants,

année.

Note : la régression sur la qualité de l’emploi est linéaire (MCO), la régression sur le temps de travail est un probit binomial

et un probit multinomial ordonné sur la sécurité de l’emploi et le salaire. Résultats issus d’une modélisation probit : (*)

indique que le rapport des chances diffère au seuil de 10 % de celui de la modalité de référence, (**) indique que ce même

rapport diffère au seuil de 5 % et (***) au seuil de 1 %.

Champ : natifs et descendants d’immigrés en emploi, de 15 à 64 ans, en ménages ordinaires, États-Unis.

Source : Current Population Surveys 2008-2012, BLS.

Page 30: une comparaison institutionnelle franco-américaine

30

Graphique 1 : Répartition des descendants d’immigrés selon l’origine de leurs parents

en France.

Graphique 2 : Répartition des descendants d’immigrés selon l’origine de leurs parents

aux États-Unis.

Maghreb 26%

Europe du Sud 49%

Reste de l'Afrique 7%

Europe de l'Est 7%

Europe du Nord 11%

Maghreb

Europe du Sud

Reste de l'Afrique

Europe de l'Est

Europe du Nord

Mexique 29%

Europe du Nord 14%

Asie du SE 12%

Amérique Latine 8%

Europe du Sud 7%

Puerto Rico 6%

Canada 6%

Caraïbes 5%

Europe de l'Est 5%

Asie 2%

Chine 2%

Afrique 2%

Moyen Orient 2% Mexique

Europe du Nord

Asie du SE

Amérique Latine

Europe du Sud

Puerto Rico

Canada

Caraïbes

Europe de l'Est

Asie

Chine

Afrique

Moyen Orient