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Travailler Ensemble Le magazine d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services Octobre 2011 - Numéro 5 DANS CE NUMÉRO LA VOIE DE L'AVENIR! CONFÉRENCE SUR LES COOPÉRATIVES ET LE DÉVELOPPEMENT À CANCUN (page 3) COMMENT DES TRAVAILLEURS ONT OCUPÉ UNE USINE ET DÉFIE L'AFRIQUE DU SUD (page 11) CREATION D’EMPLOIS AU JAPON (page 12) DEUX NOUVEAUX LIVRES POUR MIEUX COMPRENDRE LES COOPÉRATIVES (page 5) ÉDITORIAL 2 INTERCONTINENTAL 3 EUROPE 5 AMÉRIQUE DU SUD 9 AMÉRIQUE DU NORD 10 AFRIQUE 11 ASIE 12 Jeunes coopérateurs, au-delà de la crise ÉDITION SPÉCIALE JEUNES ET COOPÉRATIVES

Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

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Le magazine d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services - Publication commune de CICOPA et de CECOP CICOPA-Europe

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Page 1: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

Travailler Ensemble

Le magazine d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services

Octobre 2011 - Numéro 5

DANS CE NUMÉRO

LA VOIE DE L'AVENIR! CONFÉRENCE SUR LES COOPÉRATIVES ET LE DÉVELOPPEMENT À CANCUN (page 3)

COMMENT DES TRAVAILLEURS ONT OCUPÉ UNE USINE ET DÉFIE L'AFRIQUE DU SUD (page 11)

CREATION D’EMPLOIS AU JAPON (page 12)

DEUX NOUVEAUX LIVRES POUR MIEUX COMPRENDRE LES COOPÉRATIVES (page 5) ÉDITORIAL 2

INTERCONTINENTAL 3

EUROPE 5

AMÉRIQUE DU SUD 9

AMÉRIQUE DU NORD 10

AFRIQUE 11

ASIE 12

Jeunes coopérateurs, au-delà de la crise  

ÉDITION SPÉCIALE

JEUNES ET COOPÉRATIVES

Page 2: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

En relisant les articles contenus dans ce numéro de "Travailler Ensemble", je me suis rappelé mes débuts dans le mouvement coopératif. Quand j'ai commencé à travailler pour CICOPA en 2006, je savais à peine ce qu'était une coopérative de travail. Dans ma perception des choses, les entreprises étaient détenues par des patrons et les employés étaient à leur service. Depuis, j'ai compris que ce n'était qu'une option et que nous avions chacun une part de responsabilité dans la manière dont nous organi-sions notre relation au travail.

La crise actuelle ne nous contredira pas : le système spéculatif et le modèle capitalis-te ont semé le chaos dans l'économie mon-diale. Dans une course effrénée au profit, le monde bancaire et financier a oublié que les hommes et les femmes constituaient les piliers de ce que l'on appelle plus com-munément le travail.

Aujourd'hui encore, je croise quotidienne-ment des personnes qui ne savent pas ce qu'est une coo-pérative. Ils n'imaginent pas qu'une entreprise peut être détenue et gérée de manière démocratique par ses travailleurs. Mais surtout, ils ne sa-vent pas que cette formule fonction-ne et que des entreprises prospères et compétitives fleurissent et font partie du paysage européen, au même titre que les autres. Ils ne sont pas non plus conscients que ce modèle sauve des entreprises et des emplois grâce à la reprise d'entreprises en coopéra-tive, lorsque celles-ci sont en crise ou n'ont pas de repreneurs.

A l'aube du lancement de l'Année Internationale des Coopératives en 2012, la nécessité de communiquer sur ce modèle est fondamental. Au-jourd'hui, l'organisation européenne de CICOPA (CECOP-CICOPA Eu-rope) publie 2 nouveaux livres sur la contribution des coopératives à une économie européenne durable. Parmi ceux-ci, "Coopérative, Territoires et Emploi" est un recueil de 20 histoi-res de coopératives actives dans l'in-dustrie et les services à travers l'Eu-rope. Il montre comment ces entre-prises créent des richesses, répon-dent aux besoins de ses travailleurs,

participent à l'éco-nomie d'une ville, d'une région ou d'un pays, etc. Il constitue un outil formidable pour tous ceux qui veu-lent en apprendre un peu plus sur les coopératives. Le magazine que vous tenez en main en est un autre.

Cette édition spé-ciale de "Travailler Ensemble" est consacrée aux jeu-

nes dans les coopératives. Il n'est pas destiné uniquement au mouve-ment coopératif, loin de là. Il est adressé à tous ceux qui, de prêt ou de loin, s'intéressent à la société dans laquelle nous vivons. Parce que nous avons tous le droit de savoir qu'une autre façon d'entreprendre existe. Un modèle qui privilégie les intérêts collectifs et humains aux intérêts à court terme. Un modèle fait pour tous ceux qui veulent créer un projet durable. Parce que nous avons tous le droit de savoir qu'un modèle fait pour notre temps existe déjà.

Éditorial TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

« Travailler Ensemble » est le maga-

zine de la Confédération mondiale

(CICOPA) et européenne (CECOP-

CICOPA Europe) des coopératives

et des entreprises détenues par leurs

travailleurs dans l’industrie et les

services

CICOPA est une organisation secto-

rielle de l'Alliance coopérative inter-

nationale (ACI).

Avenue Milcamps 105 - BE-1030

Bruxelles, Belgique

Contact: [email protected]

www.cicopa.coop / www.cecop.coop

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

Bruno Roelants

COORDINATION ET RÉDACTION

Olivier Biron et Leire Luengo

GRAPHISME

Jorge Cabrera para jcse

TRADUCTIONS ET RELECTURES DES

TROIS VERSION LINGUISTIQUES

Guy Boucquiaux, Helen Robinson,

Olivier Biron et Leire Luengo.

PHOTOS

Réalisation propre et photos libres de

droit sur flickr.com

La rédaction souhaite remercier tous

les membres de CICOPA et de

CECOP-CICOPA Europe pour leur

contribution .

Édité en anglais, français et espagnol

Photo de la couverture:

Coopérative Mazetas (Espagne)

2 | ÉDITORIAL

Le droit de savoir Par Olivier Biron, en charge de la communication à CICOPA

“… nous avons tous

le droit de savoir

qu'une autre façon

d'entreprendre

existe. Un modèle

qui privilégie les

intérêts collectifs

et humains aux

intérêts à

court terme.”

Page 3: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

Aller de l'avant avec les coopératives: conférence mondiale sur le développement à Cancun

Olivier Biron, CICOPA

évènement qui aura lieu à Can-cun le 17 novembre est unique à

plus d'un titre. Il sera surtout une source d'inspiration dans le travail des coopératives qui, au quotidien, posent des actions concrètes sur le terrain du développement. Mais comment y par-viennent-elles? Et comment réunir les conditions pour créer des coopératives viables et en pleine croissance?

Les coopératives sont perçues comme des acteurs importants en matière de développement. Elles ont une capacité énorme de construction d’un monde meilleur tout en étant économique-ment durable. C'est le cas de toutes les coopératives et particulièrement celles dans les secteurs de l'industrie, des services et de la santé. Ces entreprises se concentrent sur les composants-clés du développement : création et main-tien de l’emploi, activités industrielles et de services (coopératives de travail associé et coopératives sociales), ser-vices communautaires et services d'in-térêt général (coopératives sociales), développement d'activités productives individuelles locales (boulangers, mé-caniciens, maçons, etc.), fourniture de soins de santé adaptés aux besoins des consommateurs (coopératives de san-té).

CICOPA et IHCO[1] souhaitent mettre en évidence le rôle des coopératives en la matière, mais aussi le comprendre, au cours d’une conférence qui se tien-dra à Cancún. "Une voie pour l'Ave-

nir: Coopératives et Développement" prendra la forme d'un débat télévisé : une table ronde de 30 acteurs clés des stratégies de développement et des politiques (OIT, Organisation Mondia-le de la Santé, UNDP, Commission européenne, etc.) débattront sur la ma-nière dont les coopératives ont contri-bué et peuvent contribuer au dévelop-pement au niveau local, régional, na-tional et international. Lors de ce débat exclusif, les participants tenteront de déterminer comment construire une voie vers une stratégie de développe-ment coopératif, basée sur l'expérience des coopératives. Un évènement utile pour tous les acteurs du mouvement coopératif qui veulent comprendre, agir et relever les défis auxquels nous sommes confrontés.

Un programme provisoire est disponi-ble sur : http://s.coop/7bjt. Les partici-

pants peuvent s’inscrire à la conféren-ce sur le lien suivant : http://bit.ly/pv42ad.

La conférence aura lieu dans le cadre de l'assemblée générale de l'Alliance Coopérative Internationale qui se tien-dra à Cancún du 14 au 18 novembre. À cette occasion, l'IYC (acronyme anglais pour l'Année Internationale des Coopératives 2012) sera officiellement lancée par l'ACI. ■

INTERCONTINENTAL | 3 TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

I N T E R C O N T I N E N T A L

[1] CICOPA est l’Organisation Internatio-nale des Coopératives de Production Indus-trielles, d’Artisanat et de Services (www.cicopa.coop) et IHCO est l'Organi-sation Internationale de Coopératives de Santé (www.ica.coop/ihco)

La coopérative sociale «La Fageda» en Espagne est un facteur clé de développement dans la région

http://www.facebook.com/cicopa

http://www.twitter.com/cicopa

http://www.youtube.com/user/CICOPAcoops

SUIVEZ-NOUS

L’

Visitez le site de la conférence : http://coopsanddevelopmentcan-

cun.wordpress.com

Page 4: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

4 | INTERCONTINENTAL

Un programme mondial aide les jeunes à créer leur coopérative

Natalie Bradbury, The Co-operative College

e Collège Coopératif de Man-chester au Royaume-Uni pro-

pose un programme appelé “Young Co-operatives” qui aide les jeunes à fonder et à diriger leur propre entreprise. Tous les jeunes, quel que soit leur pays d'origine, peu-vent s’y inscrire; il n'y a aucune restriction particulière mais les participants sont le plus souvent âgés entre 5 et 16 ans.

Le programme fonctionne depuis 2004. On compte environ 150 coopé-ratives inscrites et si la plupart sont installées au Royaume-Uni, on en retrouve également aux USA, en Inde, en Afrique du Sud, au Nigeria et en République Dominicaine. Elles sont généralement fondées sur un de ces trois modèles : Fair trade, dans lequel les étudiants créent généralement des magasins à l'école; Greenfingers un projet horticole qui permet à des jeu-nes coopératives de cultiver des fruits et des légumes, et Recon, un program-me de gestion des déchets et de recy-clage.

Les activités des « Young Co-operatives » incluent des dégustations de produits issus du commerce équita-ble, des journées sportives, des défilés de mode, la visite de maisons de re-

traite, des nuits à dormir "à la rude" organisées par des œuvres de bienfai-sance pour attirer ainsi l’attention sur le problème des sans domicile fixe. Les exemples sont nombreux. Le Col-lège universitaire du Devon possède un orchestre, un groupe de danse et un salon de coiffure, tous gérés comme une « Young Co-operative »; les étu-diants du lycée Sir Thomas Boughey dans le Staffordshire, eux, vendent des bijoux fabriqués par des vétérans sud-africains dans leur coopérative de commerce éthique qui contribue à procurer des revenus aux anciens offi-ciers de l’armée et à leurs familles.

Tout en acquérant ainsi une expérien-ce pratique en matière d’entreprise

comme la sélection des produits et la gestion des stocks, la recherche de marchés, la création de matériels pro-motionnels et la gestion financière, les membres des « Young co-operatives » ont aussi l'occasion de mettre en ap-plication les valeurs coopératives. Chaque membre a un intérêt égal dans l’entreprise et ils ont tous la possibili-té de prendre part au processus de décision. Ils tiennent leurs propres réunions et sont formés plus large-ment au mouvement coopératif. ■

« Capital and the Debt Trap » propose des nouvelles pistes de réflexion sur la récente crise La récente crise financiè-re qui a eu des conséquences dévasta-trices partout dans le monde. Des mil-liers d'entreprises ont dû cesser leurs activités, des millions d'emplois se sont évaporés et un nombre incalcula-ble de personnes ont perdu leur mai-son. Le livre explique comment les nous sommes tombées dans « le piège

de la dette » en liant la finance à l'éco-nomie réelle. Il se penche sur des al-ternatives aux bulles financières et aux crises répétitives. Oubliées, les coopératives à travers le monde se sont montrées résistantes à la crise. Au travers de quatre études de cas, ce livre explore leurs stratégies et propo-se une analyse détaillée dans le cadre d'un débat plus large sur la génération de richesses et sur un avenir durable.

« Capital and the Debt Trap. Lear-ning from cooperatives in the global crisis » par Claudia Sánchez Bajo et Bruno Roelants. Palgrave Macmillan (2011). ■

Le piège de la dette Olivier Biron, CICOPA

L

Pour en savoir davantage ou s’enregis-trer comme “Young Co-operatives”,

visitez le lien suivant : http://s.coop/5yc7

Un groupe de jeunes coopérateurs et leurs produits issus du commerce équitable

LIVRE: Le choix de l'éditeur

Pour en savoir davantage sur le livre, visitez le blog :

www.capital-and-the-debt-trap.com/

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

Page 5: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

EUROPE | 5

UNION EUROPÉENNE Deux livres pour mieux comprendre les coopératives Olivier Biron, CICOPA

ujourd'hui, on ne voit plus les coopératives comme de simples

bouche-trous de l'économie. Ce modè-le d'entreprise a prouvé sa contribu-tion au développement de différents territoires et à la création d’emplois en Europe. À bien des égards, les coopé-ratives de production et de services démontrent aussi leur résistance à la crise, grâce à leur capacité à prévoir le changement, la copropriété et le contrôle démocratique ainsi que par les liens profonds qu'elles entretien-nent avec les personnes et la commu-nauté.

CECOP-CICOPA Europe, l'organisa-tion européenne de CICOPA, vient de publier deux livres qui veulent mettre en lumière la manière dont les coopé-ratives contribuent à une économie plus durable.

« Coopératives, Territoires et Em-plois » est une compilation de 20 his-toires de coopératives actives dans l'industrie et les services. Il détaille cinq approches différentes par les-quelles ces entreprises contribuent à l'emploi durable et au développement régional. Du groupe coopératif inter-nationalement reconnu Mondragon en Espagne à Suma, une entreprise de distribution de produits bio en pleine expansion au Royaume-Uni, chaque cas illustre la manière dont les coopé-ratives influencent l'emploi et le déve-loppement territorial.

Le second livre, « Au-delà de la Cri-se : Coopératives, Travail, Finan-ce » reflète la résistance particulière-ment forte des coopératives et d’autres formes d’entreprises de propriété des travailleurs, actives dans l’industrie et les services, face aux effets de la crise économique mondiale. Il livre les élé-ments qui expliquent comment les coopératives de travail associé peu-

vent contribuer de manière significati-ve non seulement à faire face au chan-gement mais aussi à l’anticiper. Cette recherche documentée se concentre

principalement sur trois pays, Italie, Espagne et France.

Ces deux livres peuvent être achetés sur www.cecop.coop dans la section "Publications". ■

A

E U R O P E

Au-delà de la Crise : Coopérati-ves, Travail, Finance par Alberto Zevi, Antonio Zanotti, François Soulage et Adrian Zelaia - 26 € - disponible en anglais, français, italien et espagnol.

Coopératives, Territoires et Em-plois edité par Bruno Roelants, Va-lerio Pellirossi et Olivier Biron - 55 € - disponible en anglais et en fran-çais.

La coopérative italienne « Le Mat », une des histoires

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

Page 6: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

6 | EUROPE

ESPAGNE Les coopératives : une autre manière de sortir de la crise pour les jeunes

Mariana Vilnitzky, COCETA

es chiffres du chômage et de la précarité du travail des jeunes

Espagnols sont terrifiants. Près de la moitié des personnes âgées entre 16 et 29 ans ne trouve pas de travail. Et comme si ces chiffres n’étaient pas suffisants, le salaire moyen des jeunes est de 15.370 euros, et 40 % occupent des emplois en dessous de leur niveau d'études. Juan Antonio Pedreño, prési-dent de la Confédération Espagnole de Coopératives de Travail Associé (COCETA) insiste sur le fait que si dans les autres entreprises, l’emploi est en perte, dans les coopératives, non seulement il ne baisse pas mais en plus, il est aussi en augmentation.

Le journal « Empresa y Trabajo » de COCETA a publié un dossier sur l'ex-périence des entreprises Imperdibleo Idaia, Seis60 ou Emergya, Claraboia ou Dosotres; des exemples de coopéra-tives dont les membres n'avaient pas plus de 30 ans quand ils les ont créées. Ce n'est pas la même chose d’avoir un patron qui te commande que d’aller au travail en sachant que c’est toi qui va bénéficier de tes efforts pour l’amé-

liorer et non une autre personne, dé-clarent les membres de la coopérative andalouse Seis60.

Des cours d’initiation au coopérati-visme

En ce qui concerne la formation en matière de coopérativisme, COCETA développe un programme appelé Aula-coop, destiné aux jeunes qui veulent découvrir ce qu’est une coopérative de travail et comment elle est gérée

(www.aula.coop/itinerarios.asp). Dans chaque Communauté autonome, des activités et des cours sont organisés dans les universités et les collèges surtout. Quelques universités dispo-sent de centres coopératifs comme par exemple le Centre d'Études Coopérati-ves de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle (Cecoop); celui de l'Uni-versité de Valence et de l'Université D'Alcalá de Henares de Madrid. ■

Programme Erasmus pour les jeunes entrepreneurs : partage d’expériences Leire Luengo, CICOPA

rasmus pour les Jeunes En-trepreneurs” est un program-

me qui donne aux nouveaux entre-preneurs européens qui souhaitent créer leur propre entreprise ou qui sont déjà actifs depuis moins de 3 ans, la possibilité d’acquérir une expérience professionnelle dans une PME de l’Union européenne et d’a-méliorer ainsi ses compétences d'en-trepreneur. Il permet aussi aux en-trepreneurs expérimentés de bénéfi-cier des idées fraîches d'un nouvel entrepreneur motivé de leur sec-teur.

Au niveau coopératif, Koperattivi Malta, membre maltais de CECOP-CICOPA Europe, poursuit ce pro-gramme après la première phase fruc-tueuse de 2009. Il est actuellement impliqué dans la troisième phase “Erasmus pour les Jeunes Entrepre-neurs” qui a débuté en février 2011 et qui durera 21 mois. Koperattivi Malta accueille actuellement cinq partici-pants dans différents secteurs d'activi-té; quatre autres se préparent à com-mencer l’expérience. Pendant la pre-mière phase, Koperattivi Malta a réus-si à conduire avec succès 16 projets.

Le programme offre aux nouveaux entrepreneurs l’opportunité de travail-ler jusqu'à six mois dans une PME expérimentée d’un autre pays de l'Union européenne. Il est financé par la Commission européenne et couvre toute l'Union européenne avec l'aide de contacts locaux actifs dans l’aide aux entreprises tels que les Chambres de commerce. ■

L

Pour plus d'informations sur Erasmus pour les Jeunes Entrepreneurs voir :

http://www.erasmus-entrepreneurs.eu

« E

Membres de la coopérative Emergya en Andalousie (Espagne)

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

Page 7: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

EUROPE | 7

n Italie, environ 90% de la production nationale de l'in-

dustrie de la céramique est concen-trée dans la région d'Emilie Roma-gne et particulièrement, dans les provinces de Modène et de Reggio Emilia. Les entreprises de la région fournissent chaque année 632 mil-lions de mètres carré de carreaux en céramique et exportent environ 70% de leur production.

Au cours des dernières années, le sec-teur a souffert de la crise économique et de nombreuses entreprises ont vu leur activité ralentir. Greslab est une coopérative née grâce à la volonté de ses travailleurs, ex-employés de la société Optima, active dans le secteur depuis 1983. Après l'entrée en crise en 2008, elle ne résiste pas et dépose le bilan. Qu'à cela ne tienne! Plus de quarante des ex-employés louent et ensuite rachètent le dispositif de pro-duction pour pouvoir raviver l'activité de l'entreprise. Ils vont pour cela jus-qu’à investir l'entièreté de leurs in-demnités de licenciement ainsi que des économies personnelles. L'opéra-tion a été soutenue entre autres par Coopfond et CFI, deux instruments financiers du mouvement coopératif italien.

Le projet de la coopérative Greslab est le fruit d'une analyse approfondie des difficultés qui ont mis à mal le secteur de la céramique et qui va bien au-delà des effets de la crise économi-que internationale. Un plan stratégi-que capable de donner de nouvelles réponses sur le plan organisationnel a été élaboré. Celui-ci met en avant la spécialisation de la production, l'in-vestissement dans la formation du personnel, la propension à innover, à développer les secteurs de la recher-che et à se focaliser sur la qualité « Made in Italy ». Antonio Caselli, le président de Greslab ajoute que la forme coopérative a permis un en-thousiasme renouvelé qu'il qualifie d'extrêmement positif.

De son côté, Legacoop, une des orga-nisations coopératives italiennes, se réjouit de cette opération. La naissan-ce de cette coopérative est pour nous une grande fierté affirme la Présiden-te de Legacoop Reggio Emilia, Simo-na Caselli. Il témoigne de l'importan-ce du travail sur le terrain dans des moments difficiles au niveau écono-mique et social. Cela nous fait parti-culièrement plaisir qu'à travers une coopérative, 40 travailleurs aient pu maintenir leur emploi et puisse regar-der vers l'avant sans trop s'en faire. ■

ITALIE Céramique: l'histoire d'une reprise

Adriana Assini, ANCPL

Transport vert à Bologne

Antonio Amato, Federlavoro e Servizi La SACA à Bologne, spécialisée dans le transport de personnes, parcours quelques 10 millions de kilomètres chaque année pour mener ses usagers à bon port. Cette coopérative, avec plus de 200 travailleurs membres, engrange un chiffre d’affaires de plus de 49 mil-lions d’euros.

Récemment, elle s’est dotée d’une ins-tallation photovoltaïque sur le toit de son siège. Grace à ça, la société est parvenue à créer un système capable de fournir de l’énergie à ses autobus élec-triques qui chaque jour relient la gare au centre historique de Bologne et à un centre commercial avoisinant. Cette installation permet une réduction an-nuelle d’émission de poussières dans l’atmosphère égale à 2,23kg et une réduction des émissions de CO2 de 42,87 kg ! ■ E

FRANCE

Jeunes co-entrepreneurs en France

Leire Luengo, CICOPA La Confédération générale des SCOP (la CG Scop - France) a publié un arti-cle dans son magazine « Participer » qui retrace les expériences de plusieurs jeunes entrepreneurs coopérateurs en France.

La vision à long terme de l'entreprise, l'égalité des membres, l'indépendance et le développement durable de ces entreprises sont autant d’éléments qui ont amené ces jeunes à créer une coo-pérative. Motion Twin, Kauriweb, Coopaname et Chauffeur & Go sont parmi les exemples présentés dans l'ar-ticle. ■

Vous pouvez vous inscrire ici pour avoir accès au magazine en ligne à

l'adresse : http://s.coop/5zob

Des travailleurs membres de Greslab

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

Page 8: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

8 | EUROPE

MALTE

Des jeunes entre-preneurs en communication

Leire Luengo, CICOPA Un groupe de jeunes entrepreneurs a créé Mediacoop en 1997, une coopéra-tive de travail associé qui œuvre à Mal-te dans le domaine de la communica-tion. En adoptant le modèle coopératif nous pouvions partager l'expertise, les rêves et les risques ; les jeunes se prê-tent très bien au travail en équipe et peuvent être assez flexibles pour le faire très bien, affirme son Directeur général, John Mallia. En 2005, Media-coop est devenue propriétaire de Radio Capitale. Elle produit aujourd’hui du contenus audiovisueles pour la télévi-sion, Internet et les médias sociaux, elle propose une consultance en marke-ting et en relations publiques et dispen-se chaque année des formations à près de mille personnes. Mediacoop a lancé plus de trente-cinq jeunes dans l'indus-trie de la communication et des médias dont certains d'entre eux sont devenus membres de la coopérative. ■

BULGARIE

Exposition des coopératives de travail associé

Petia Atanasova, NUWPC

Près de 46 coopératives et entreprises dédiées aux personnes handicapées ont été représentées à la 9ème exposition nationale des biens et services, organi-sée par L'Union nationale des coopéra-tives de travail et de production de Bul-garie (NUWPC) qui s’est tenue à Plov-div (Bulgarie). Parmi les différentes activités, une table ronde a été organi-sée sur le thème : « Environnement d’entreprises - un facteur d’inclusion sociale ». Pendant ce forum, la création de conditions pour le développement professionnel des jeunes dans l'Union européenne a été abordée. ■

près que des tremblements de terre aient touchés le Japon et

l'Espagne cette année, CICOPA avait envie de donné un peu d'es-poir à ceux qui ont souffert suite à ces catastrophes naturelles en par-tageant l'histoire d'Eurokov Orlov, une coopérative de travail associé active dans le secteur de la cons-truction en Slovaquie.

Un proverbe dit : "C'est dans le besoin que l'on reconnaît ses amis". Ceci pourrait en être la confirmation. Une gigantesque inondation a fait définiti-vement entrer le mois de juin 2010 dans l'histoire de la coopérative basée à Orlov. La rivière Poprad a montré sa toute puissance lorsque, échappant à tout contrôle, elle a inondé tous les environs: ateliers, bureaux, maisons riveraines, etc. En un instant, le site de l’usine prospère et présente de longue date s'est transformé en paysage lunai-

re. Les dégâts étaient énormes: les machines et les matériaux étaient tota-lement détruits et les travailleurs avaient perdu tous leurs espoirs.

Grâce au soutien et à la solidarité du mouvement coopératif, le combat pour la survie était lancé. Les travailleurs de la coopérative ont réussi à recons-truire les ateliers et ils ont même re-lancé la production. Tout ceci a été possible grâce à l’aide de l’Union slo-vaque des coopératives de production. Grâce à la solidarité et à l’entraide mutuelle, la société coopérative Euro-kov-Orlov est toujours bien vivante. Aujourd'hui, après une année de tra-vail intensif, ce qui était impossible hier est devenu réalité aujourd’hui.

Le nom EUROKOV a été utilisé jus-qu'en 2001 mais la coopérative a com-mencé en 1961 comme « East Slova-kia car repair cooperative society ». ■

SLOVAQUIE

Quand la nature se déchaîne

Helena Cápová, Coop Product Slovakia

A

La coopérative Eurokov pendant et après l’inondation

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

Page 9: Travailler Ensemble Numéro 5 - Octobre 2011

AMÉRIQUE DU SUD | 9

anlio Masucci est l'auteur d'une enquête photographique sur des

coopératives dans la ville de Montevi-deo et dans la Province de Canelones. Les images de Recuperare il lavoro / Recuperar el trabajo (Retrouver du travail; disponible en espagnol et l'ita-lien) place l'homme au centre du tra-vail. Le livre contient les articles de quelques uns des plus grands experts dans le secteur du rachat d’entreprises par les travailleurs en Amérique lati-ne. Ce travail extraordinaire est le résultat d'un projet piloté par la pro-vince de Rome, l'ONG italienne Iscos, Cospe et la Fédération des Coopérati-ves de l'Uruguay avec le support de l'Union Européenne.

Le livre apporte une meilleure com-préhension du phénomène de rachat d’entreprise par les travailleurs sous la forme coopérative en Amérique latine; phénomène qui participe à la reprise économique comme un modèle de développement alternatif à celui du

néolibéralisme qui prévaut pendant des années dans cette région.

Masucci est un journaliste italien et un photographe spécialisé dans les ques-tions liées à l’emploi. Il a travaillé comme correspondant en Amérique du Sud, aux États-Unis et en Inde pour différentes agences et des journaux dont Ansa et Il Messaggero. ■

URUGUAY Retrouver du travail!

Olivier Biron, CICOPA

ARGENTINE Une coopérative de travail protagoniste d'un nouveau film

Leire Luengo, CICOPA Industria Argentina raconte l'histoire d'une fabrique qui tombe en faillite et qui est reprise par ses travailleurs sous la forme d'une coopérative de travail associé. La première du film a eu lieu le 13 octobre en Argentine. Le réalisateur, Ricardo Díaz Iacoponi, a commencé à écrire le scénario en 2003 et le tournage a débuté en janvier 2011 dans une en-treprise réellement récupérée par ses travailleurs en Argentine. Il sera projeté dans différents festivals en Europe et à Cuba en novembre et décembre. Pour en savoir plus: www.indargentina-film.com.ar. ■

M

Travailleurs, jeunes et coopérateurs

FECOOTRA/ Red del Sur L'Espace Jeune de la Fédération des Coopératives de travail associé d’Ar-gentine (FECOOTRA) représente les coopératives des jeunes dans le Comité Régional de la jeunesse de l'Alliance Coopérative Internationale (ACI) Amé-rique. De notre point de vue, l'unité est un élément indispensable de la cons-truction d’un véritable mouvement coopératif intégré et inclusif. Ce Comi-té n'est pas seul et nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un combat à l'échelle régionale et continentale a dit Gabriel Angel Di Francesco, ACI Amérique, représentant le Comité Ré-gional argentin.

Le Comité développe des projets de formations pour les jeunes membres issus d'entités coopératives. Ils échan-gent des outils pour améliorer leur sta-tut en tant que membres dans la coopé-rative et comme individus dans la so-ciété. La base du travail repose sur la formation des membres à la prise de décisions stratégiques en se fondant sur une gestion efficace basée sur les va-leurs coopératives. ■

A M É R I Q U E D U S U D

Visitez le site de CICOPA pour voir la galerie de photos tirées du livre de

Manlio Mausucci : www.cicopa.coop/Retrouver-du-travail.html

ed del Sur (Réseau du Sud) est parvenu à un accord avec l’As-

sociation des universités du Groupe Montevideo (AUGM, en espagnol) pour booster les coopératives de tra-vail associé afin de renforcer le réseau des entreprises d'économie sociale du MERCOSUR. Ce programme, conçu comme une stratégie de lutte contre la pauvreté et d’édification d’une société plus démocratique et durable, est sou-tenu par l'Union européenne.

Ainsi, l'Association des universités contribue à identifier les secteurs op-portuns pour la promotion de coopéra-tives de travail associé innovatrices.

Elle développe plusieurs programmes pour la promotion et l'étude des coo-pératives, y compris les échanges de professeurs entre les universités. Le Comité académique des processus coopératistes et associativistes (PROCOAS), membre de l'associa-tion, a fixé des priorités liées au tra-vail autogéré.Un des objectifs est d’organiser un cours commun post-graduat en économie sociale. L'AUGM est une association d'univer-sités publiques de la région du MER-COSUR qui regroupe 28 universités d’Argentine, du Brésil, du Chili, de Bolivie, du Paraguay et de l'Uruguay. ■

MERCOSUR Universités pour le développement coopératif

Diego Barrios, Coordinateur du Comité PROCOAS R

Photo de Manlio Masucci

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10 | AMÉRIQUE DU NORD

CANADA

Réseau de jeunes coopérateurs à l’échelle internationale

Réseau de la coopération du travail du Québec

haque année, quelque 2.000 coopérateurs de 12 à 17 ans

s’initient à l’entrepreneuriat collec-tif au Québec en créant leur propre coopérative de travail. Ils offrent divers services à leur communauté au cours de l’été comme le jardina-ge, la peinture et le gardiennage. Le projet des Coopératives Jeunesse de Services (CJS), développé par le réseau de la coopération du travail du Québec (RÉSEAU), a permis à ces adolescents de créer un job d’été par la mise sur pied d’une coopéra-tive de travail.

Depuis 1987, le projet s’est développé à un rythme exponentiel, et cette an-née, 155 projets CJS ont vu le jour

dans toutes les régions du Québec. Le RÉSEAU accompagne maintenant deux autres provinces canadiennes soit le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et hors du Canada, le Bur-kina Faso dans la mise sur pied de CJS. S’intégrant dans une vision d’un développement solidaire misant sur l’intercoopération, le RÉSEAU voit dans cette perspective d’extension des services au niveau canadien et même international, un moyen d’ouvrir en-

core davantage l’horizon des jeunes participants à ce projet. Pour plus d ’ in fo rma t i on su r l e s CJS : www.reseau.coop/cjs.

Pendant le Congrès Nord Américain de la coopération du travail, à Québec, du 13 au 15 octobre 2011, il y aura un atelier sur ce sujet. Visitez le site sur www.cooperation2011.coop pour en apprendre plus, en français, en anglais ou en espagnol. ■

n nouveau jeu sur les coopérati-ves sera disponible prochaine-

ment. La récente collecte de fonds pour le lancement de Co-opoly: le Jeu sur les Coopératives a atteint ses ob-jectifs et la coopérative TESA (Toolbox for Education and Social Action, établie aux Etats-Unis), va produire le jeu.

Même si le montant minimum a été atteint, l'entreprise voudrait récolter 12.000$ afin de produire davantage de copies du jeu ou pour en faire des exemplaires gratuits pour des besoins éducatifs. Les organisations et les coo-

pératives peuvent toujours contribuer via le site web de Co-opoly jusqu'au 1er novembre. Dans les prochains mois, le jeu sera présenté aux événe-ments organisés à travers les États-Unis pour lancer l'Année Internationa-le des Coopératives. TESA travaille actuellement avec un groupe en Uru-guay pour traduire Co-opoly en espa-gnol.

Dans Co-opoly, les joueurs collaborent pour créer et pour gérer une entreprise démocratique. Pour survivre en tant que personnes et pour se battre pour le succès de leur coopérative, les joueurs

doivent faire des choix importants pour relever de grands et de petits dé-fis en mettant leurs capacités de colla-boration à l’épreuve. En jouant à Co-opoly, les joueurs apprennent le béné-fice commun, les défis et les travaux du monde coopératif en plus des com-pétences nécessaires pour participer à une coopérative.

Co-opoly a rencontré un franc succès dans les conférences où il a été présen-té. Les participants l'ont trouvé amu-sant et attrayant et un très bon outil pour enseigner la manière de créer et de soutenir des coopératives. ■

ETATS-UNIS

Apprendre en jouant : Co-opoly, le jeu des coopératives TESA / CICOPA

A M É R I Q U E D U N O R D

C

U

Participants du programme CJS au Canada

TRAVAILLER ENSEMBLE - NUMÉRO 5 - OCTOBRE 2011

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AFRIQUE DU SUD Quand des travailleurs défient l'Afrique du Sud Vishwas Satgar y Michelle Williams, COPAC (Cooperative and Policy Alternative Centre)

ine-Line, une société d’ingé-nierie et de production située

à l'Ouest de Gauteng qui employait 110 travailleurs, a vécu une tragé-die en août 2010. Trois travailleurs ont été tués dans l’explosion d’une chaudière. On s’est alors aperçu que le propriétaire n'avait pas contribué aux fonds de pension et avait volé les allocations de chôma-ge des ouvriers. En conséquence, MEWUSA (Metal Electrical Wor-kers Union of South Africa), le syn-dicat représentant les travailleurs, a menacé de poursuivre en justice la société, ce qui a amené le pro-priétaire à faire aveu de faillite et à fermer unilatéralement l'usine.

Le syndicat et les travailleurs ont com-mencé à discuter de la possibilité pour les travailleurs de reprendre l’entrepri-se et de créer une coopérative de tra-vail associé. Les événements se sont précipités quand les travailleurs ont découvert que le liquidateur avait ven-du les produits finis et avait permis à l'employeur d'enlever les machines de l'usine et ce sans qu'eux-mêmes ni le syndicat aient été consultés. Leur seule compensation s'évaporait.

L'action préjudiciable du liquidateur a atteint des sommets lorsque les travail-leurs de Mine-Line se sont réunis dans leur usine pour exiger de lui une expli-cation sur l’enlèvement des machines et sur les revenus de la vente des pro-duits finis. Le liquidateur était incapa-ble de fournir la liste exacte des actifs détournés ou des explications sur le démontage du matériel. En conséquen-ce, les travailleurs décidèrent que la seule façon de sécuriser leurs garanties et leurs futurs emplois était d'occuper l'usine.

Cette affaire, toujours en cours, est un exemple intéressant de l’union d’un syndicat et des travailleurs d’une coo-pérative dans le cadre d’une occupa-tion d'usine. L'occupation de l'usine de

Mine-Line est à la fois défensive et offensive. Défensive parce qu'elle es-saye de protéger les indemnités des travailleurs pendant la liquidation comme les fonds de pension et les salaires dus. Offensive aussi puisqu’el-le tente de créer une forme différente d'usine dirigée par les travailleurs.

Ces hommes et ces femmes ont com-mencé à pratiquer la démocratie dès l'occupation et ont fondé ensemble la coopérative de travail associé Mine-Line Tap Engineering, avec l'aide de COPAC. Toutes les décisions sont prises par les travailleurs membres dans un comité élu pour faciliter le processus quotidien d'occupation et la promotion de la solidarité avec d'au-tres travailleurs, des syndicats, des organisations d’aide et des commu-nautés. À l'heure actuelle, la tâche principale de la coopérative est de défendre l'occupation et de garantir l'état qui apporte son soutien à leur tentative de sauver leurs emplois et de transformer l'entreprise.

Au-delà du cas de Mine-Line

Deux implications importantes don-nent une signification plus large à l'oc-cupation de Mine-Line. D’abord, dans le contexte de la crise économique mondiale, le gouvernement a inscrit à

l'ordre du jour national une initiative appelée Cadre pour la réponse de l'Afrique du Sud à la crise économique Internationale. L'état doit soutenir les secteurs économiques en difficulté par une aide financière et par une forma-tion liée aux plans de licenciement : et l'ingénierie est un secteur-clé prioritai-re dans ce cadre. Cependant, en assis-tant les travailleurs de Mine-Line à fonder une coopérative de travail asso-cié, COPAC a découvert que ces deux mesures gouvernementales n’aident pas les entreprises en faillite ni les rachats d'entreprises en difficulté par leurs travailleurs. Une deuxième im-plication importante de l'occupation de Mine-Line et de la coopérative de tra-vail associé est de changer le débat sur les relations de propriété.

Dans cette aventure, les travailleurs défient l'état pour qu’il adapte le cadre pour qu'il soutienne les coopératives de travail associé et pas simplement le capital.

COPAC est un centre dont le but est de promouvoir l'idée coopérative, la construction du mouvement des coo-pératives de travail et le développe-ment d'un secteur coopératif en dans la société en Afrique du Sud et dans le continent Africain. ■

M

AFRIQUE | 11

A F R I Q U E OPINION

Membres de la coopérative Mine-Line en Afrique du Sud

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JAPON Création d'emplois dans les régions touchées par le tremblement de terre

Yoshiko Yamada, JWCU ix mois déjà se sont écoulés depuis que le terrible tremble-

ment de terre et le tsunami aient dévasté la région de Tōhoku au Ja-pon. Alors que la phase de secours est à présent terminée, reconstruire les vies et les communautés reste un sérieux défi. Le chômage est à son taux record et les indemnités publi-ques commenceront à expirer à la mi-octobre. Malgré l'annonce récen-te du gouvernement de prolonger les allocations pendant 90 jours, le pro-blème principal ne sera pas résolu sauf si des emplois sont créés dans cette région.

Pour créer de nouvelles opportunités d'emplois dans les régions frappées, les municipalités locales sont autori-sées à gérer des programmes de for-mation professionnelle de manière à permettre à de nouveaux diplômés de commencer leurs propres activités, ce qui pourrait profiter aussi aux commu-nautés. L’Union des coopératives de travail associé du Japon (JWCU) a reçu mandat pour gérer de tels pro-grammes dans quatre municipalités de Tōhoku. Le premier programme débu-te le 3 octobre. Au printemps 2012, de nouvelles coopératives de travail asso-cié verront ainsi le jour, créées par ces

diplômés qui essayent de reconstruire leurs propres communautés.

Après la reconstruction de son siège social à Sendai (Préfecture de Miyagi), depuis le 15 juillet JWCU travaille avec acharnement pour aider les habi-tants des régions touchées. Ses mem-bres (les jeunes surtout) ont rendu visi-te aux municipalités locales, aux grou-pements locaux et aux ONG (organisations non gouvernementales) pour écouter les besoins des coopéra-teurs et discuter des possibilités de collaborer avec eux pour créer de nou-veaux emplois. Ils ont aussi mis en évidence la caractéristique unique des coopératives de travail associé qui

fournissent non seulement une forma-tion, mais travaillent aussi avec leurs stagiaires pour créer des emplois dès qu’ils auront reçu leur diplôme, plutôt que de devoir attendre un employeur.

Chaque programme intègre 20 person-nes environ qui ont perdu leur emploi suite à la catastrophe. Le plan leur donne l'occasion d’acquérir les compé-tences nécessaires au lancement de leur entreprise.

Le programme de formation de JWCU dure 6 mois et porte sur la manière de créer des emplois, les défis à relever par la communauté, le développement de plan financiers et la préparation pour créer une coopérative. ■

JAPON / CORÉE DU SUD Intérêt croissant pour les coopératives de travail associé et sociales en zone rurale

HyungSik Eum, CICOPA

eux équipes de recherche, l’une de Corée du Sud, l’autre du Ja-

pon, ont visité en septembre des pays européens pour étudier les coopérati-ves de travail associé et les coopérati-ves sociales en zone rurale. Dans ces deux pays d'Extrême-Orient, où les zones rurales n’ont pas été une priorité politique pendant le développement

économique rapide, l'intérêt est crois-sant pour les coopératives de travail associé et les coopératives sociales comme outils potentiels du développe-ment rural.

L’équipe de recherche coréenne a visi-té la Fondation Plunkett, quelques magasins communautaires au Royau-

me-Uni et quelques coopératives de travail associé et sociales et leur fédé-ration régionale en Andalousie, FAECTA, en Espagne. L’équipe de recherche japonaise a visité des coopé-ratives de travail associé en France, principalement dans la partie sud du pays et le bureau CECOP-CICOPA à Bruxelles. ■

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12 | ASIE

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ASIE

Premier jour de formation dans la ville de Tome (Préfecture de Miyagi)

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