Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    1/8

    Presses Universitaires de Franceis collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Rue Descartes.

    http://www.jstor.org

    PRSENTATION: Thses sur le langage du philosopheAuthor(s): Marc de Launay, Th. W. Adorno and Marianne DautreySource: Rue Descartes, No. 26, Ce que les philosophes disent de leur langue (Dcembre 1999), pp. 9

    -15Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40979871Accessed: 17-11-2015 10:33 UTC

    Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

    JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of contentin a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship.For more information about JSTOR, please contact [email protected].

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/http://www.jstor.org/action/showPublisher?publisherCode=pufhttp://www.jstor.org/stable/40979871http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/stable/40979871http://www.jstor.org/action/showPublisher?publisherCode=pufhttp://www.jstor.org/
  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    2/8

    Marc de

    Launay

    Thesessur e langage u philosophe

    PRESENTATION

    Au

    debut

    des annees

    trente,

    Tepoque

    oil, vraisemblablement,

    e

    texte

    a

    6t6

    ecrit,

    Adorno

    temoigne

    e

    la

    profonde

    nfluence

    u'exerce

    ur

    lui

    le

    marxisme,

    mais aussi de

    sa

    grande

    habilete

    stylistique

    estomper areille

    dette.Son adversaireprincipal st bienHdlalisme, responsable 'une r fi-

    cation

    generale,

    out comme

    Heidegger,

    ien

    que,

    dans ce

    cas,

    Adorno ait

    plus

    de

    difficulte convaincrede la

    radicalite de sa

    propre critique.

    A

    Tarrtere-plan

    e Tensemble e ces

    theses,

    st

    en

    jeu

    la

    conception ialectique

    de

    Thistoire,

    insi

    que

    le

    souci

    proprement

    dornien

    d'offrir

    Testhetique

    qu'il appelle

    uthentique,

    l'esthetique

    ondee ur a vie

    supposee galement

    dialectique

    des

    oeuvres,

    n statut

    ui

    en fait

    Tun

    des

    moteurs

    principaux

    de

    la

    connaissance.

    Plus

    tard,

    en

    1962,

    dans son cours

    sur la

    Terminologiehilosophique,

    Adorno restera idele Tesprit e ses theses La tachequi incombe a un

    traitement

    hilosophique

    es termes

    philosophiques

    ne

    peut

    a

    vrai

    dire

    etre

    autre hose

    que

    de

    reveiller

    a

    vie

    qui

    s'est

    evanouie

    dans

    les

    mots

    ...]

    Toute

    philosophic

    ecele ne

    part

    dogmatique

    ce

    sont

    es

    reliquats ui s'opposent

    a

    la

    dynamique

    de

    son

    propre

    mouvement

    n

    constituant

    par

    rapport

    elle

    une

    exteriorite

    figee,

    omme une

    pan qui

    lui serait chue et

    qu'elle

    accep-

    terait

    assivement

    ...]

    toute

    'histoire

    e

    la

    philosophic

    consiste se debar-

    rasser

    ans

    pouvoir

    tout fait

    y

    parvenir

    e cet

    aspect dogmatique.

    En

    refusant'idee

    d'arbitraire u

    signe,

    c'est-a-dire

    n

    cherchant les

    moti-

    ver en imaginant nremplissementfFectifThistoire de la liaison ntre

    signifiant

    t

    signifie

    ont

    il

    refuse a

    contingence,

    Adorno

    agit

    en materia-

    liste

    consequent,

    ebellek

    toute

    autonomie

    du

    contenu

    ,

    comme a celle

    de

    la

    forme

    .

    II

    emprunte

    Lukacs

    le

    terme

    et

    Tidee

    de

    configuration

    qu'il

    presente

    omme un

    troisieme erme

    la

    seule

    alternative ntre

    eprise

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    3/8

    10 MARCDE LAUNAY

    de la tradition t innovation ubjective mais Tarbitre e la configuration

    n'est autre

    que

    le

    mouvement

    dialectique suppose

    necessaire

    t

    objective-

    ment relde Thistoire.

    resuppose

    omme toute

    beaucoup plus

    faible,

    en

    Toccurrence

    out a fait

    dogmatique, ue

    Thistoire e l'etre

    heideggerienne.

    Avec ce

    dernier,

    eanmoins,

    Adorno

    partage

    1'idee

    d'une

    verite

    ssentielle-

    ment

    historique,

    t,

    avec

    le

    marxisme,

    espoir

    d'une societe

    achevee,

    gage

    de

    rintelligibilite

    u

    langage.

    Meme

    si,

    a ses

    yeux,

    a

    veritable

    ritique

    philosophique

    doit

    se faire

    d'abord

    critique

    esthetique

    du

    langage

    de la

    philosophic

    Adorno

    ne

    donne

    pas

    a

    cette

    critique

    d'autre

    fondement

    u

    d'autre ^gitimite ue de s'appuyer ur une anticipation e ce que devrait

    etre,

    ne fois

    franchie

    ertaines

    tapes

    de

    l'histoire,

    intelligibilite

    iscursive

    coherente.

    ette

    critique

    n'a,

    en

    fait,

    'autre

    garantie

    ue

    la foidont

    Adorno

    temoigne

    Tegard

    du

    developpement

    istorique,

    d'autre

    dynamique que

    la tensionmotrice

    u'il

    discerne

    u sein des ceuvres

    'art

    elles

    pr entent

    une

    realit^

    elle

    qu'elle

    se

    presenterait

    u

    regard

    e

    Tutopie,

    ans

    pour

    autant

    etre lles-memes

    upes

    de

    cet

    aspect

    utopique.

    Dans

    la

    reprise

    onsciente e

    la

    dimension

    mythique

    expression

    t sedimentation

    e

    la

    souffrance

    ,

    Tart,

    la

    magie

    affranchie u

    mensonge

    d'etre

    vraie

    ,

    justifie

    lors

    cette

    critiquedu stylephilosophiqueen rep antTinad^quationperp^tuelledes

    intentions u

    philosophe

    et du

    langage

    charge

    de

    les

    exprimer

    mais c'est

    bien

    sur e fondd'une

    nostalgie

    acite

    de Tunite

    que peut

    se

    formuler

    ette

    critique,

    t sur

    celle,

    plus profonde,

    'un immanentisme

    lus

    Strange,

    eut-

    etre,

    ont la

    teneur

    appelle

    e nihilisme ecret

    e la

    secte

    frankiste,

    ernier

    avatar

    germanique

    du mouvement

    abbateen.

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    4/8

    Th.

    W.

    Adorno

    Theses ur elangage uphilosophe*

    1. Dans

    le

    langagephilosophique,

    a

    distinction

    ntre

    orme t

    contenu

    n'est

    pas

    une

    disjonction

    ouee a

    une

    e'ternite

    ans

    histoire.

    lle

    appartient

    en

    propre

    la

    pensee

    ddaliste

    elle

    repond

    la

    distinction

    ue

    cettederniere

    pratique

    ntreforme t

    contenu de la connaissance.

    Elle

    repose

    sur

    Tidee

    que

    les

    concepts

    et,

    avec

    eux,

    les mots

    seraient

    es

    abreges

    d'une

    plurality

    de caracte'ristiquesont a consciencefabriqueraitoutsimplement'unite'

    Si c'est a titrede forme

    que

    Ton

    imprime

    ubjectivement

    ne unite

    au

    divers,

    areille

    forme st

    necessairement

    on^ue

    comme

    etant

    dissociable

    de son

    contenu.

    Dans

    le

    domaine

    des

    choses,

    la

    possibilite

    d'une

    telle

    dissociation st

    refusee

    uisque

    les choses

    elles-memes

    ont,

    n

    efFet,

    ensees

    n'etre

    ue

    les

    produits

    e

    la

    subjectivite.

    lle

    ne saurait e dissimuler ans

    l'espace

    du

    langage.

    Que

    les choses

    puissent

    trenomme'es

    rbitrairement,

    c'est e

    signe

    de

    toute a reification

    peree par

    une conscience dealiste

    au

    regard

    u

    langage,

    a

    pre'tendue

    bjectivite

    e

    sa constitution

    ar

    l'intellect

    reste

    ormelle,

    t

    n'estpas

    en

    mesured'en marquer a structure. our

    une

    pensee

    qui

    congoit

    es choses exclusivement

    omme

    des

    fonctions

    de la

    pensee,

    es noms sont devenus

    contingents

    ils

    sont de libresdecrets

    de la

    conscience.

    La

    contingence ontique

    de l'unite

    des

    concepts

    realisee

    de

    maniere

    subjective

    evientmanifeste ans la

    possibilite

    'interchanger

    eurs

    noms. Dans

    la

    pensee

    dealiste,

    e

    rapport u'entretiennent

    es noms a ce

    qu'ils

    d ignent

    n'est

    qu'illustratif,

    t n'est

    pas

    une relation

    qui

    renverrait

    concretement

    la chose. Pour une

    pensee qui

    s'est refusee

    voir

    dans

    Tautonomie

    t

    la

    spontaneite

    es fondements

    legitimes

    e la

    connaissance,

    *

    Bien

    que

    non

    datees

    par

    leur

    auteur,

    ces theses

    remontent ans doute au dbut

    des

    annees

    trente.

    Le

    dactylogramme orte

    une

    dedicace

    a

    Gretel

    Karplus qui

    flit,

    plus

    tard,

    Tepouse

    de l'auteur.Ce

    texte,

    nedit

    en

    fransais,

    ete

    publie

    pour

    la

    premiere

    ois

    dans les

    ceuvres

    completes

    d'Adorno,

    Gesammelte

    chrifien,

    ol.

    6,

    Francfort-sur-le-Main,

    uhrkamp,

    1973,

    p.

    409-414.

    (Kd.E.)

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    5/8

    12 TH.

    W.

    ADORNO

    la contingence e rarticulationsignitive u langageet des chosesdevient

    radicalement

    roblematique.

    2. Un

    langage

    philosophique,qui aspire

    a la

    verite,

    gnore

    tout

    signe.

    C'est

    par

    le biais

    du

    langage

    que

    l'histoire

    participe

    e la veritd les

    mots

    ne sont

    amais

    seulement es

    signes

    de

    ce

    qui

    a ete

    pense

    a

    travers

    ux,

    c'est,

    au

    contraire,

    ans les mots

    que

    1'histoire ait

    irruption,

    'est

    elle

    qui

    forge

    leurs

    aracteres

    e veritd la

    partque prend

    'histoire

    ans e

    mot determine

    purement

    t

    simplement

    e choix de

    chacun

    d'eux,

    car

    c'est

    dans le

    mot

    que

    se

    rejoignent

    istoire

    t verite.

    3. Le langagede la philosophic stpresentparla reference l'objet. Le

    philosophe

    'est

    pas

    cense

    exprimer

    son

    gre

    des

    pensees

    il lui faut rouver

    les mots

    qui,

    selon

    l'etat de la

    verity n

    eux,

    sont

    seuls

    habilites

    restituer

    l'intention

    u'il

    veut

    enoncer

    t

    ne

    peut

    enoncer utrement

    u'en

    trouvant

    le

    mot

    oil

    reside,

    ce

    moment-la e

    l'histoire,

    etteverite.

    4.

    L'exigence

    '

    intelligibility

    du

    langage

    philosophique,

    e

    sa

    commu-

    nicabilite

    ans

    la societe st

    d^aliste,

    lle

    part

    necessairement'une

    concep-

    tion

    du

    langage

    qui

    le

    reduit

    a

    des

    signes,

    elle

    pose que

    la

    langue

    serait

    dissociable

    e

    son

    objet

    et

    que,

    pour

    cette

    raison,

    un meme

    objet

    pourrait

    etredonne de fa^onadequatede differentes anieres. r lesobjetsne sont

    en aucun cas

    donnes

    de mantere

    dequate

    par

    le

    langage,

    ls

    adherent

    u

    langage,

    ls forment

    vec

    lui une

    united'ordre

    historique.

    ans

    une societe

    homogene,

    n

    n'a

    jamais exige

    du

    langage philosophique

    u'il

    soit

    intelli-

    gible,

    meme

    si on a eventuellement

    u

    le

    pretendre

    lorsque

    les

    mots

    atteignent

    ne

    puissance ontologique

    telle

    qu'on

    leur

    accorde,

    dans

    la

    societe,

    une

    dignit

    bjective.

    Cette

    objectivity

    e resulte

    amais

    d'une

    adaptation

    u

    langage

    philosophique Tintelligence

    e la societe.

    C'est

    au

    contraire

    ette

    objectivite ui

    rend

    le

    langage

    intelligible

    ,

    cette

    meme

    objectiviteui, pour e philosophe, asse les motsd'unemaniere nivoque.

    On

    ne saurait

    l'exiger

    si elle est devenue

    problematique,

    'est

    qu'elle

    n'existe

    out

    simplement

    as

    ;

    elle n'est

    pas

    davantage

    ne necessite

    ui

    se

    pose

    d'emblee

    au

    philosophe,

    u'elle

    n'est

    simplement erceptible

    ans

    la

    societe.

    'exigence

    d'une

    adequation

    du

    langage

    1'objet

    omme

    k a societe

    est abstraitement

    dealiste,

    lle est l'exacte

    inversion e

    la

    realite

    ffective

    du

    langage.

    Dans

    une

    societe

    atomisee,

    d agregee,

    former n

    langage

    en

    tenant

    ompte

    de sa

    reception

    evient

    simuler,

    la

    maniere

    romantique,

    un etat

    ou

    il

    y

    aurait

    une necessite

    ntologique

    des

    mots,

    ce

    que

    dement

    aussitot'impuissance esmots eux-memes. I n'ya pas de langageobjectif

    et,

    done,

    vraiment

    ntelligible,

    ans

    une societe

    qui

    soit

    coherente.

    5.

    L'intelligibilite

    u

    langage

    philosophique,

    quoi

    Ton

    voudrait

    endre,

    doit

    aujourd'hui

    tre

    denoncee

    comme une

    imposture,

    ous tous

    ses

    aspects.

    Elle est

    soit triviale

    uand

    elle

    postule

    naivement

    ue

    les mots

    sont

    ustes

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    6/8

    Theses

    sur le

    langage

    du

    philosophe

    13

    et donnes a priori alors quJenveriteleur rapporta l'objet est devenu

    problematique

    soit

    fallacieuse

    uand

    elle

    entreprend

    e

    dissimuler

    e

    pro-

    blme.

    Elle utilise e

    pathos

    de

    certainsmots

    qui

    semblent

    oustraits

    la

    dynamique

    historique our

    revendiquer

    eurvalidite

    nhistorique

    t,

    ce

    qui

    ne

    fait

    qu'un

    avec

    cette

    exigence,

    eur

    intelligibilite.

    a seule

    intelligibilite

    legitime

    u

    langage

    philosophique

    est

    celle

    qui

    reside

    ujourd'hui

    dans

    un

    rapport

    iddle

    ux

    choses

    ignifiees

    t

    dans

    une mobilisation

    idele

    des mots

    qui

    soit

    conforme a

    la

    situation

    historique

    de la verite en

    eux. Toute

    intelligibilite xigee

    de maniere

    volontariste

    uccombe entierement

    la

    critiquedu langage.

    6.

    En

    revanche,

    l

    existeune

    demarche

    qui,

    certes,

    mesurebien

    le

    pro-

    bleme

    de

    l'historicite

    es

    mots,

    mais tente

    neanmoins

    d'y

    ^chapper

    en

    cherchant

    forger

    n

    langage

    philosophique

    nouveau

    a

    partir

    d'une sin-

    gularite

    ndividuelle

    cette

    demarche

    st

    tout aussi inadmissible.

    a

    langue

    de

    Heidegger

    fiiit

    'histoire

    ans

    pour

    autant

    lui

    echapper.

    Les

    positions

    qu'occupe

    sa

    terminologie

    ont

    toutes des

    lieux

    propres

    la

    terminologie

    philosophique

    -

    et

    theologique

    traditionnelle

    qui transparait

    t donne

    aux

    mots une

    forme

    prealable

    vant

    qu'ils

    ne se dessinent

    cependant,

    a

    languemanifeste e Heideggeromet,dans son rapport ialectiqueavec le

    langage

    transmis

    ar

    la

    tradition

    philosophique,

    d'en

    devoiler

    nticement

    la

    decomposition,

    itablir

    ibrement n

    langage,

    'est

    pretendre

    une

    liberte

    du

    philosophepar

    rapport

    a

    contrainte e

    1'histoire,

    e

    qui

    est

    d6jk

    refute,

    de

    maniere

    immanentechez

    Heidegger, par

    la

    conscience

    qu'il

    a

    de la

    necessite

    d'adopter

    une

    attitude

    critique

    a

    1'egard

    de ce

    langage,

    dont la

    problematique

    ctuelle

    n'a

    pas,

    en

    efFet,

    'autreraison

    d'etre

    qu'historique.

    Quand

    bien

    meme elle

    serait

    uin^e,

    a

    terminologie

    raditionnelle

    oit

    etre

    preservee

    les

    n^ologismes

    du

    philosophe

    ne

    se

    formeront

    ujourd'hui

    qu'apresune transformatione la configurationes motssituesdans l'his-

    toire,

    t non

    par

    Tinvention

    'un

    langage qui,

    certes,

    econnait e

    pouvoir

    de

    Thistoire

    ur

    le

    mot,

    mais

    tente

    cependant

    de

    lui

    echapper

    au

    profit

    d'une

    concretude

    d'ordre

    personnel,

    aquelle

    n'est

    qu'illusoirement

    Tabri

    de Thistoire.

    7.

    Aujourd'hui,

    e

    philosophe

    st face

    un

    langage

    delabre. on

    materiau,

    ce

    sont es

    vestiges

    es

    mots

    auxquels

    Thistoiree

    rattache

    il n'a

    pour

    toute

    liberte

    que

    ce

    qu'offre

    eur

    configuration

    beissant

    a la

    contrainte e la

    verite

    n eux.

    II

    ne lui

    est

    pas

    davantagepermis

    de

    penser

    qu'un

    mot

    est

    donned'emblee,qu'il n'a le loisird'en inventer.

    8.

    La

    demarche

    langagiere

    u

    philosophe,

    qu'il

    est a

    peine possible

    de

    qualifier

    'abstraite

    ujourd'hui,

    ne

    peut

    en

    tout

    cas

    etre

    pensee que

    dia-

    lectiquement.

    ans

    la

    situation

    ctuelle

    de

    la

    societe,

    ucun

    mot

    ne

    preexiste

    a

    1'intention

    personnelle

    u

    philosophe,

    t

    les

    termes

    objectivement

    ispo-

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    7/8

    14 TH. W.

    ADORNO

    niblesde la philosophic ontvides de toutetre, ls ne sont en riencontrai-

    gnantspour

    lui.

    Tenter,

    ar

    le biais du

    langage

    ancien,

    de

    communiquer

    de nouveaux contenus

    n

    les

    explicitant

    ouflfre

    u

    presuppose

    d diste

    ui

    affirmea

    possibility

    e

    dissocier

    orme t

    contenu,

    t c'est

    pour

    cette

    raison

    que

    cette

    tentative

    st

    illegitime

    u

    point

    de

    vue

    concret elle

    falsifie

    es

    contenus. Le

    philosophe

    n'a

    plus

    d'autre

    espoir que

    de

    disposer

    es

    mots

    autour

    de

    la v ite nouvelle

    de

    telle orte

    ue

    leur eule

    configuration

    uscite

    cette verite

    neuve. II ne faut

    pas

    assimiler

    ette demarche

    k

    l'intention

    d'

    expliquer

    une verite

    nouvelle

    grace

    k

    des

    termes raditionnels

    le

    lan-

    gage configuratifevra, u contraire,viter outa fait a demarche xplicite

    qui

    presuppose

    ne

    dignite

    ntacte es

    mots.

    Face

    aux termes

    e

    la

    tradition,

    face

    k

    Tintention

    ubjective

    ^pourvue

    de

    langage,

    a

    configuration

    epre-

    sente un

    troisifcme

    erme. Un

    troisieme

    erme

    qui

    ne

    resulte

    pas

    d'un

    compromis.

    Car

    l'intention,

    ar

    exemple,

    ne serait

    as

    objective

    au

    moyen

    du

    langage.

    Au

    contraire,

    n

    langage

    configuratifepr ente

    n troisifeme

    terme

    qui

    est unite du

    concept

    et

    de

    la

    chose,

    unite

    qui

    est articulee

    dialectiquement

    t

    reste rr^ductible

    l'explication.

    'irreductibilite

    'une

    pareille

    unite,

    laquelle

    echappe

    aux

    categories

    e la

    logique

    d'extension,

    determineujourd'huide manifcreontraignantea difficulteadicalepropre

    a tout

    langage

    philosophique

    erieux.

    9.

    Dans la

    sphere

    e

    la

    dualite

    forme-contenu,

    e

    langage

    e

    la

    philosophic

    a

    pu

    devenir ndifferent

    arce

    que, justement,

    on

    absence

    de

    pertinence

    avait

    et

    prefiguree

    ar

    la structure

    pecifique

    e

    la

    pensee

    reifiee.

    e nos

    jours,

    le role decisif

    u'elle

    joue

    dans

    le savoir

    -

    fonction estee

    atente,

    meme durant

    la

    pfriode

    d^aliste,

    puisque,

    a

    cette

    poque,

    Tabsence

    de

    langage releguait

    Tarri^re-plan

    oute vraie

    reference

    la chose

    -

    est

    de

    nouveau

    patent.

    Toute

    critique

    philosophique

    est

    aujourd'hui

    possible

    si

    elle estcritiquedu langage.Critiquequi ne doitpas simplement'attaquer

    k l'

    adequation

    des

    mots aux

    choses,

    mais doit

    aussi s'etendre

    u statut

    des

    mots

    eux-memes

    il faut

    nterroger

    es

    mots

    pour

    savoir

    dans

    quelle

    mesure ls sont

    aptes

    a etre

    porteurs

    es

    intentions

    u'on

    leur

    prete,

    dans

    quelle

    mesureThistoire

    'a

    pas

    ^puise

    leur

    force,

    ans

    quelle

    mesure

    elle-ci

    peut

    eventuellement

    tre

    r ervee

    par

    une

    configuration.

    e

    dont

    e critre

    est essentiellement

    a

    qualite

    esthetique

    es

    mots. Sont

    reconnaissables

    comme etant

    vides de

    leur force

    es

    mots

    qui,

    dans

    Toeuvre

    ittdraire

    la

    seule,

    face

    au

    dualisme

    cientiste,

    ui

    ait

    preserve

    unit^ du

    mot et

    de

    la

    chose-, ont succombede mani re onduantea la critique sthdtique,lors

    qu'ils

    avaient

    pu

    jusqu'alors

    ouir

    sans

    r ervedes

    faveurs

    ue

    leur

    accordait

    la

    philosophic

    II en resulte

    que

    la

    critique

    esthetique

    cquiert

    un

    role

    constitutif

    ans

    le

    savoir.

    A

    quoi

    r^pond

    le

    fait

    que,

    maintenant,

    Tart

    authentique

    'a

    plus

    e caractere

    e ce

    qui

    est

    metaphysique,

    mais

    se

    consa-

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO

    8/8

    Theses

    sur e

    langage

    du

    philosophe

    1

    5

    eredirectementla representatione contenus ntiquesconcrets. 'impor-

    tance

    croissante

    e la

    critique

    philosophique

    du

    langage peut

    etre definie

    comme

    Tamorce d'une

    convergence

    e Tart

    et de

    la

    connaissance.Alors

    que

    la

    philosophic

    doit

    se

    tourner

    ers

    ette

    unite mmediate

    du

    langage

    et

    de

    la

    verite,

    u'on

    envisageait

    usque-la

    du

    seul

    point

    de vue

    esthetique,

    t

    qu'il

    lui

    faut onfronter

    dialectiquement

    a

    verite u

    langage,

    Tart

    cquiert

    un

    caractere

    ognitif

    son

    langage

    n'est

    uste

    du

    point

    de

    vue

    esthetique

    que

    s'il est

    vrai

    -

    si ses

    mots

    existent

    n

    fonctiond'un

    etat

    historique

    objectif.

    10. La structureesobjetsd'une constructionphilosophiquepeut,sinon

    coi'neider

    vec

    celle de

    son

    langage,

    du

    moins

    entretenir

    vec

    elle un

    rapport

    de tension labore.

    Une

    pensee,

    par

    exemple,

    ui pretend

    ffrir

    es

    contenus

    d'ordre

    ontologique

    en

    mobilisant a

    forme

    des

    definitions

    e la

    logique

    d'

    extension,

    a forme

    des

    deductions

    systematiques

    e

    type

    idealiste,

    des

    rapports opologiques

    bstraits,

    'a

    pas

    seulement

    ne

    forme

    inadequate

    de

    langage,

    elle est aussi

    d^pourvue

    de

    verit^ ur

    le

    versantde

    l'objet

    parce

    que

    les etats

    de

    choses

    ontologiques

    qu'elle

    affirme

    'ont

    pas

    la

    force

    d'inflechir

    ans leur

    direction e

    cours

    des

    reflexions ils

    restent,

    elles

    des

    intentions lottantes,ranscendantsarrapport laforme e la pensee.Ce

    que

    Ton

    peut reperer

    usque

    dans les

    moindres

    details

    du

    comportement

    langagier

    le

    langage

    e

    voit

    conferer

    ne

    fonction e

    legitimation.

    I

    fau-

    drait,

    n

    faisant

    'abord

    abstraction

    e

    toute

    reference a

    chose

    ,

    exercer

    une

    critique

    1'^gard

    e

    Scheler,

    ar

    exemple,

    n

    montrant

    u'une

    pratique

    de

    l'expose

    qui procede

    oujours

    l'aide

    d'outils

    logiques

    tels

    que

    la

    deduc-

    tion

    et le

    syllogisme, ui

    construit

    des

    antinomies

    bstraites

    ntre

    es

    idees

    et

    emploie

    sans

    discontinuer,

    n

    particulier

    dans

    sts

    recherches

    concretes,

    e

    langage

    cule

    qui

    est

    precisement

    elui

    de la

    science

    nomina-

    liste

    dont

    il

    s'est declare l'ennemi mortel sur le terrainphilosophique,

    contredit

    e

    qu'il

    professe

    Texistence

    'une

    opposition

    d'ordre

    ontologique

    entre

    es

    idees. Une

    analyse

    du

    langage

    de

    Scheler

    devrait

    faire

    apparaitre

    le

    decalage

    entre

    on

    intention

    ontologique

    et

    Tetat

    de

    developpement

    u

    savoir

    effectivement

    Toeuvre

    hez

    lui, ou,

    dans

    une

    perspective

    moins

    psychologique,

    impossibilite

    e

    constituer n

    pur

    ordre

    de

    Tetre

    n

    ayant

    recours

    ux

    instruments

    e la

    ratio

    emancip^e.

    Toute

    ontologie

    fallacieuse

    doit

    d'abord etre

    demasquee

    par

    la

    critique

    du

    langage.

    Traduit e Vallemandpar

    Marianne

    Dautrey

    t

    Marc de

    Launay

    This content downloaded from 194.214.29.29 on Tue, 17 Nov 2015 10:33:54 UTC