Thermos Le Nucleaire en Ville (1978)

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    dossier

    Ie nuc le a ire

    d an s les v ille s

    5FAGENCE DE PRESSE ECOLOG IE (APRE)

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    LIBRAIRIE

    Doss ie rs APRE/hebdo e t ~colog il -hebdo Bllan energetlQuede l'lndustrlenucl8aire , 3,50 F Facteurs de charge des reacleurs II eauI8gllre. Le rapport Rassmussen su r Iesecurlte nucl8alre. . . . . . . . .2 F EDF: comment repondre eu xant inuci8alres , . . . .. .2 F L'affalre Markolshelm " .5 F Propositions d'orlentatlon de I'actlond'informatlon nuci8alre en 1976 .. " .2 F

    (14 F les 10, port compris) Bllan ecologlQue de la guerre du Vietnam 3 F(21 F les 10, port comprls) Un eHet mutag4lnedes centrales nucl8alresen fonctlonnement normal 3 F(21 F les 10, port comprls) Las consequences das accidents gravesdans les centres de retraltement et lascentrales nucl8aires. . . . . . . . . .6 F(41 F les 10, port comprls) Le nucl8aire et l'AfrlQue du Sud. .5 F(35 F les 10, port compris) Le nucl8alre, c'est quoi? . .8 F(55 F las 10, port cornpr ls) Auto reouct lon EDF. . . . .8 F(55 F les 10, port compris)

    Dossiers ~cologieA Repertoire des accidents nuchiaires(19451974) 12 FB IOnergiesolaire 12 FC IOnergle eo uenne 20 FD IOnergiesolaire et alimentation 10 FE . Surgenerateu r : comprendre et agir.

    . Malville 15 FF . Le bruit . . . . . . . . . . . . .. . 1 5 FG . Manuel de construction rurale etalternative (tome 1). . . . . . . . . .18 FH . Biomethane (par souscription) .30 F(au lieu de 35 F).

    Revue ~colog ilNumeros encore disponibles:2 (centre autou r de la mer). .7 F8 (dossier S u r I'ltalie) ... , .7 F11 (dossier sur l'Angleterre et lesrad ios lib res) , . . . .8 F

    Autocolants11 X 16 e r n ,2 couleurs L'energle nucl8alre tue .3 F Avec I'energle solaire,ecIIpsons Ie nuclealre . . .3 F Non au canal II grand gabarit. . . .3 FTarifs par quantlte (port compris) :10 pour 24,90 F, 20 pour 44,80 F,50 pou r 96 F, 100 pou r 158 F.

    3,5 X 6,5 e rn , 2couleurs L'energie nucleatra tue. Tarifs (portcornprts) : 10 pour 4 F, 100 pour 14,40 F,500 pour 56 F.

    Affiches A la maree 'noire (proposition de menu)et L'energle nuchlalre tue1 pou r 2 F, 10 pou r 15 F, 50 pou r 60 F,100 pour 100 F. Les municipalit

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    Pendant qu'EDF impose par la force ou par la seduc-tion publicitaire ses enorrnes centrales electronucleai-res de 3000 megawatts thermiques (1 000 MW elec-triques), Ie CEA se propose de lancer sur Ie rnarche,par l'intermediaire de sa filiale Technicatome, despetites centrales de 50 a 100 MIN thermiques ne pro-duisant pas d'electricite. mais de I'eau chaude pour Iechauffage urbain. C'est Ie projet THERMOS. Ceprojet est issu d'un large concours d'idees lance parmiIe personnel du CEA. Voici ce qu'en disait la direc-tion du CEA lors de la reunion du cornite d'etablisse-ment de Saclay du 12 decernbre 1976: .. . Le projetThermos ... resulte de reflexions concernant la produc-tion d'eau chaude pour Iechauffage urbain et de I'ex-perience acquise sur les piles piscines, derivees desreacteurs de recherche du CEA (... l, Ie svsteme estdesorrnais bien deflni dans sa conception et a l'eqarddes problernes de surete. On peut penser qu'il adevant lui I'avenir d'un rnarche interessant : Saclay aete choisi pour une operation de demonstration.

    A cOte des monstres fabriques pour EDF, lespetites piles Thermos pourraient paraltre presquesympathiques a certains. C'est un precede simplede recuperation de l'enerqie nucleaire, sans pollutionthermique puisque pratiquement toute la chaleurfournie a I'eau de refroidissement est utilisee. Leurpetite taille permet de decentraliser leur localisation.Certains pouvaient rnerne rever d'autogestion! Voilade quoi seduire ceux qui, hativernent, en deduiraientque cette enerqie est decentral isee. Peut-on esperer.avec Thermos, gerer l'enerqie nucleaire au niveau de

    chaque ville aussi bien en ce qui concerne la produc-tion des chaudieres et du combustible, que Ie fonc-tionnement et les controles de securite. Ie stockageet Ie traitement des dechets, enfin Ie controle dupersonnel d'exploitation? Quel leurre! Tout cecireleve par necessite d'un pouvoir central tout puis-sant. Cette apparence de decentral isation condu iraitobligatoirement a une main mise encore plus grandedes pouvoirs centraux sur la gestion des communes.

    Le projet Thermos est francais, c'est line revanchedu CEA sur EDF. Voila qui a de quoi satisfaire ceuxqui critiquaient Ie nucleaire essentiellement sur I'op-tion arnericaine d'EDF et la mise a l'ecart du CEA.Quant a ceux qui reprochaient aux centrales electro-nucleaires leur faible rendement (30%), Thermos valeur donner satisfaction. Pratiquement toute l'enerqieproduite est utilisable, plus de pollution thermique.Mais si la pollution thermique disparait avec Ther-mos, toutes les autres pollutions demeurent : cellesliees au fonctionnement normal, Ie rejet d'effluentsliquides et gazeux (tritium et krypton), Ie risque desbouffees d'iode en cas de mauvais fonctionnementdes filtres, Ie stockage du combustible irradie. Celui

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    de Thermos sera aussi fortement irradie que lescombustibles des centrales de I'EDF, Ie taux de com-bustion prevu est de 30 000 megawatts-jour par tonne(MWj/t) de combustible et merna peut-etre plus car lavaleur de 50 000 MWj/t est envisaqee a plusieursreprises dans Ie rapport des Options generales desurete . Le combustible usage de Thermos serastocke dans la centrale elle-meme pendant un an

    avant son envoi a I'usine de retraitement. II n'est pasinvraisemblable que ce stockage sur place dure pluslongtemps que prevu au cas ou I'usine de retraitementserait ernbouteillee comme actuellement. N'oublionspas les transports. Quant aux risques d'incidents,comme on clit pudiquement, ou rnerne d'accidentsgraves (la fusion du cceur), ils ne sont pas negligeableset leurs consequences ne sont pas evaluees ou, si ellesIe sont, on se garde bien de les publier. Tous ces pro-blernes seraient encore amplifies du fait que ces cen-trales devraient ~tre construites en grand nombre eten zones urbaines. Mais tous ces aspects disparaissentcompleternent pour ceux des syndicalistes de Saclayqui disaient Non au nucleaire du gouvernement etdes trusts et qui disent oui a Thermos.

    L'option reacteur propre atfirrnee a maintesreprises pour Thermos fait echo au Ie nucleairepropre, c'est possible des grevistes de I'usine deretraitement des dechets de La Hague en 1976.

    Pourtant Ie recent rapport de la delegation CFDTau cornite d'hygiene et de securite elargi du centre deretraitement de La Hague montre bien que la situa-tion dans Ie nucleaire est deja catastrophique, tant en

    ce qui concerne les travailleurs que la population. LaCDFT du CEA demandait en octobre 1977, en plusde l'arret imrnediat de I'usine de La Hague pour6 mois environ afin de permettre les reparations indis-pensables et urgentes, qu'aucune nouvelle construc-tion de centrale ne soit engagee tant que I'on n'est pasassure de pouvoir retraiter les combustibles descentrales EDF deja existantes. Et il ne faut pas croireque ces demandes decoulaient d'une prise de positionantinucleaire ; elles resultaient d'une analyse concretede ce qui se passe depuis des annses dans I'usine deretraitement des dechets, maillon ole, avec Ie stockagedetinitif de ces dechets, du cycle du combustible, etcela quel que soit Ie type de reacteur envisage.

    Avant de terminer ces considerations generales,signalons encore un point important qui caracterisebien Ie nucleaire : I'information reelle, Les rapportsfournis a la population et a ses reprssentants ne con-cernent que des generalites. Les organismes qui pren-nent les decisions ou qui les prepatent les considerentcom me des debiles incapables de comprendre quoique ce soit. L'absence de reactions fermes de la partdes represantants locaux permet evidemment a nos

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    dirigeants de continuer dans cette voie. II y a plusgrave encore. Lorsque certaines informations finissentpar sortir des centres nucleaires, par Ie temoiqnaqe detravailleurs isoles au organises syndicalement, ladirection du CEA brandit des menaces sans que per-sonne ne s'en inquiets et surtout pas les journaux. IIest inadmissible que M. Giraud, administrateur gene-ral du CEA (*), ait affirme au cours de son entretienavec Ie bureau national de la CFDT du CEA, a proposde la divulgation du rapport CFDT sur Ie comite d'hy-gh~ne et de securite de La Hague qu'i1 ne pouvaitaccepter que des agents de l'etablissernent demo lis-sent la politique de I'organisme et rnerne la politiquede la France, deniant ainsi aux travailleurs du CEAles droits elementaires des citoyens. M. Giraud, itaucun moment, n'a contests la veracite des ternoiqna-ges des travailleurs, mais il ne tolerait pas leur diffu-sion dans Ie public.

    II est urgent que la population soit au courant dece qui se trame dans I'industrie nucleaire, que les

    habitants de la region de Saclay, que ceux des grandsensembles et des villes voisines (Les Ulis, la facultedes sciences d'Orsay seront probablement parmi lespremiers objectifs), que les habitants de to utes lesvilles de plus de 70000 habitants ou un chauffageurbain est possible, se sentent con cernes par ce reac-teur qu'on veut construire a Saclay et sachent ce queIe projet Thermos envisage pour eux. Apres avoirenvahi les fleuves et les bordsde mer, Ie nucleaires'apprste it investir les villes. Le nucleaire risquebientOt d'l!tre it notre porte.

    Groupe information Thermosde la region de Saclay, mars 1978

    (*) Nomme depuis ministre de I'Industrie!

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    L'enquete d 'utilite publique a eteouverte aux mairies de Saclay et deChsteaufort Ie 14 novembre 1977. L e d os-sier d'enquete locale Thermos - CEN -Saclay , fourni par1 :EA aux localites, es tto talem ent vide. Les quelques indicationsgenerales qu 'on y trouve ne permettent pasde se rendre compte de I'ampleur du pro-jet, de I'impact sur la region, de la pollu-tion que Ie centre de Saclaycree dans son

    v oisin age, d esproblsmes

    ou des preoccupa-tions que les techniciens du projet ont ren-centres lors de l'etude, de la tacon dont lesoptions de surete ont ete prises et de lamaniere dont les risques ont ete eva lues.Dans ce dossier, laII situation radiologiquede reference-,;.. est liquidee en une page etdem ie de generalites sans qu 'aucun chiffrene soit donne sur la situation actuellem entcreee par les activites nucleaires du centre.

    C 'est dans ces conditionsqu'on engagedes situations quasiirreversibles. E t il s'ag itd 'un organism e public!

    Le dossier de l'enquete d'utilite pu-

    blique enumere la suite des rapports offi-ciels qui doivent etre fournis8 I'administra-tion (mais pas auxadrnlnlstres) pour lesp rojet s d 'in stal la tions nucleaires :

    - Ie rapport preliminalre de surete :fourni par I'exploitant au moment de lademande d 'exploitation , donc apres que ladecision ait eM prise;

    -Ie rapport de surete provisoire: ilconditionne la m ise en exploitation;

    - Ie rapport desurete detin itif: il con-tient les resultats des essais de m ise enservice.

    Ces rapports, b ien sur, sont destines8

    I'administrationet

    non pas audebat publicsur Ie nucleaire. I I y a un autre documentd on t I'ex istence merne est to talement in-connue du public. II e st d es tin e 8 un petit~roupe d'experts. C 'est Ie rapport Ie plusinter essant sur une installationnucleaire. IIs 'in titu le lesII Options generales de sarete II.Ce document est ecrit par les promoteursde I'installation au cours de I'etude; on ytrouve quelques-unes des preoccupationsdes techniciens quantir la surete de I'ins-tallation . B ien. sur, tout n 'y est pas dit,mars en connaissant un peu les methodesde pensee, les motivations, la hierarchisa-

    tion bureaucratique des m ilieux de techno-crates, on peut se fa i re, 8 sa lecture, uneidee plus reallste des problemes que celleque les documents officiellement pub liesessaient d 'imposer. l'aspect ultra confi-dentiel des Options generales de suretedes installations nucleaires montre bien ceq ue l'Etat entend par debet public adossiers ouverts. Notons d 'aiJleurs qu 'au-cun des aspirants 8 la direction de l'Etat nereclarn e I'o uv ertu re d es v rais d ossiers.

    C 'est essentiellement ce document quinous a servi 8 rediger les commentaires surThermos qui vont suivre.

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    Dans les commentaires, il ne faut pasoublier que Thermos n 'est pas simplementun reacteur nucleaire que Ie CEA desireconstru ire dans son centred'etudes deSaclay . C 'est enrealite Ie prototype d 'uneserle que Technicatome, une des filiales duCEA , veut lancer sur Iernarche du chauffa-ge urbain . Le rapport sur les options gene-rales de surete Ie specifie cia irement :Cerapport ne s'applique pas a un cas precisd'implantation d'un reecteur de chauffage,mais veut se placer dans une perspective dedevetoppement plus vaste conduisant a unensemble de realisations. II

    C'est hypocritement dans Ie cadre desenergies nouvelles que Therm os est presen-te avec pour motivation II reconomie descombustibles fossiles et la diminution desnuisances II. Thermos est Ie concurrentdirect de la geotherm ie. Sondeveloppe-ment ne peut que bloquer lesinvestissemen ts n ec ess aire s8 l a g eoth e rmie 1 8 ou onla sait possib le et les recherches geologiquesdans les regionsou l'on n'a pas encore d 'in-formations suffisantes pour savoir si elleest ou non possib le. D e plus, Ie CEAesperebien avec Thermos II penetrer Ie mercheetrenqer, en particulier celui du dessale-ment de I'eau de mer. Tout ceci serait lacouverture ideale pour des pays8 faiblesmoyens financiers de se procurer du pluto-nlum a des fins m ilitaires avec des investis-sem en t m od estes.

    Centrale nucleaire calogimeet chauffage urbain

    L'in troduction des O ptions generalesde surete debute par une etrange remar-que: II Le voisinage d'une population nom-breuse est sans aucun doute t'etement Ieplus detsvorebte du programme Thermos. IILes prom oteurs du projet revent sans doutede conditions plus favorables, un svsternede chauffage d 'une ville sans habitants!

    Thermos est def in i com me destine 8 la fourniture de chaleur par un rescteurspecialise, purement calogime, fonction-nant a besse temperature II. L e reacteurdoit lltre en serie avec une centrale a fueltraditionnelle. Cela permet de faire fonc-tionner Ie reacteur a pleine puissance pen-dan,t un temps assez long (4000 heures par

    an) sans avoir besoin de la surdim ensionnerpour assurer les pointes de demande enchaleur. Le couplage du reactsur avec unechaud iere 8 fuel evlte une partie des nom-breuses variations de puissance therm iqueque Ie chauffage implique et que les centra-les nucleairesqeneralernent supportent assezm~l. D 'autre part, en cas de pannes, et onsalt que souvent ces pannes sont de lon-gue duree, Ie recours au fuel serait Ie bien-venu.

    Cornme les reseaux de chauffageurbain sont deja equipes de chaudisre 8fuel, la chaudiere nucleaire produirajt la

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    puissance de base (environ la rnoitie de lapuissance maximum de pointe) ce qui luipermettrait de fournir 80 % de I'energietotale necessaire. Notons tout de suite quece svstsrne ne laissera guere de choix quantau site pour I'implantation de la centralenucleaire : cell e-{;i devra etre evidemmentau voisinage de la chaudiere fl fuel dejflexistante.

    Les caracteristiques des reseaux dechauffage urbain existant en France sont

    assez variees : puissance inferieure fl 50 MWou de 50 fl 300 MW, distribution fl hautepression et fl temperature elevee, fl bassepression (110 oC au depart de la chaudiere)ou interrned ia ire (140 oCl, pet its reseauxcontigus qu'il serait possible de federerpour les amener fl des puissances de 100 fl200 MW. II y a Ifl evidemment de quoitenter I'industrie nucleaire pourvu queThermos soit suffisamment souple etextensible. Pressnte comme un reacteurde 50 MW, ses caracteristiques sont enrealite prevues pour 100. Nous donnonsplus loin quelques considerations econornl-

    ques sur l'operation Thermos. En annexe,nous indiquons quelques chiffres dansun tableau comparatif entre Thermos et lageothermie. Tout ceci n'est donne qu'atitre indicatif car ce bilan que nous aurionsairne discuter n'apparalt nulle part dans lesdossiers d isponibles.

    Organisation de I'exploitationd u reacteur

    II n'est evidemment pas question d'ex-ploiter Thermos comme une centrale dechauffage fl fuel. Une description rnernerapide de I'installation permet de se rendrecompte de la grande cornplexlte d'un telsvsterne, Les Options generales de suretesignalent comment I'exploitation pourraitetre enviseqee :

    Le rescteur sereit exploite par unesociete de chauffage urbain, concessionnaireou termiere, comprenant en son sein uneequipe specielisee reduite au strict mini-mum (souliqne par nous) (17 a 18 per-sonnes), avec son chef d'intallation, sesagents de quart, son equipe de jour, avantMneficie d'une formation sppropriee. ..L'exploitant sersit lie par un contrat obli-gatoire a une societe de service specialisee,emensnt du CEA, qui jouereit un r6le desupport tree important pour reconomie,la fiabilite et la s{}rete nucteeire. (Ce para-graphe, c'est pour ceux qui auraient desvelleltes autogestionnaires.) Cette societepourrait .-

    - Etre responsable de toutes les ma-nutentions de combustible neuf ou irrsdle,ce qui n'exclut pas a priori Ie concours deI'exploitant. Un commentaire ici estnecessaire : en cas de travail urgent fl faireen zone fortement contamlnee, commec'est souvent Ie cas dans les installations

    nucleaires, Ie personnel de cette petite ex-ploitation serait Ie bienvenu. II jouera Ier61e tenu par Ie personnel interlmaireauquel Ie CEA fait appel pour beaucoup detravaux sous fort rayonnement. C'est ceque dans Ie jargon du nucleaire on appellede la viande fl rem. C'est de la viandehumaine qu'on peut irradier sans craindredes enquetes de syndicats ou de comitesd'hygiene et de securite, c'est du personnelfl qui l'on cache les dangers du rayonne-

    ment et qu'on peut utiliser quasimentsans contr6le. Continuons la citation. Cettesociete pourrait aussi :

    -Assurer les operations de deconta-mination et d'evecuetion des effluents etdes cbsteeux de plomb divers . ..

    -Assurtlr ou verifier les operationsd'entretien annuel et d'inspection enservice ...

    - Gerer un stock de materiel de re-change commun au perc de reecteurs et enparticulier gerer Ie stock d'elemeats com-bustibles.

    -Exploiter les mesures en file, deter-

    miner la gestion du combustible dans Iecceur. - Intervenir sur Ie reecteor lors d'in-

    cidents ou d'sccidents eveatuets ou pourtoute modification rendue necesselre ousouhaitable.

    -Se charger des operations de demon-tetement.

    Cette societe de service sersit infor-mee regulierement de tous les incidentssurvenus a tun des reecteors: ..

    On voit mal comment une societeconcessionnaire pour I'exploitation, dontles responsebilites techniques sont quasinulles, pourrait se rendre compte de tousles incidents qui pourraient survenir. Sacompetence semble se borner uniquementfl la gestion du personnel de quart. Et quese passerait-il en cas d'incidents graves oud'accidents majeurs? Malgre I'existenced'une societe de service, I'exploitant est,sur Ie terrain, relativement isote, C'est Iepersonnel de la societe de service, alertspar telephone, qui devrait intervenir etevaluer la gravite de la situation apres s'etrerendu sur Ie terrain. Encore un mot fl pro-pos des responsabilites t e L'existence d'unesociete de service ne saurait en tout caspas dechsrqer l'exploitent de ses responsa-bitites vis-a-vis des tiers. C'est lui qui con-trectereit les assurances necessaires. LeCEA garde la mainmise totale sur I'installa-tion au niveau technique et se lave lesmains quant aux responssbilites vis-a-visdes tiers, laissant cela fl une petite societeincornpetente et non solvable.

    Nous avons longuement cite ces ex-traits des options generales de sarete, afinqu'on se rende bien compte de ce que celaimpliquerait pour les communes, les habi-tants et les travailleurs. A qui se plaindra-

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    t-on si des anomalies de fonctionnementsont constatees? A la societe concession-naire d'exploitation? E l ie repondra qu'elleest incornpetente. A la societe centrale deservice (Ie CEA)? Elle repondraqu'elle n'estpas responsable et renverra fl la societed'exploitation. L'impact des citoyens sur lagestion des affaires qu i les concerne estdejfl extrernernent redu it, ma i s dans Ie casde Thermos, les protestations n'ont stric-tement aucune chance, non pas d'aboutir,mais simplement d'etre recueillies par unbureaucrate quelconque. C'est la centrali-sation complete dans l'irresponsabilitetotale. Ce n'est evldernment pas un hasard,mais une des conditions necessaires audeveloppement industriel du nucleaire,

    Choix des sitesII Pour eviter de coateux frais de

    transport de chaleur qui risqueraient decompromettre la vetidite du programmeThermos, les sites consideres seront typi-quernent situes a la peripMrie immediate

    d'une grande ville, par exempts dans unezone industrielle. II Dans la recherche du site Ie mieux

    sdepte, on se trouvera souvent controntea un choix difficile, Ie desir d'eviter laproxlmite immediate des logements risquede conduire a des sites sujets a des nuisan-ces importantes et done a des risquesd'agression: couloirs eeriens, nceuts ferro-viaires ou au to routiers, usines chlrniques,etc. Cette tendance sera d'autant pluseccentuee si une zone d'exclusion notableest lmposee autour du reecteur : Ie prix duterrain dans Ie voisinage des villes n'est pas

    negligeable sauf si I'environnement est dejaperticutierement dissuasif pour les habi-tents.

    Voilfl qui est dit avec tact. On implan-tera des reacteurs en zone urbaine, mais cesont les plus defavorises qui seront au pre-mier rang; ceux que leurs moyens finan-ciers obligent fl vivre dans Ie bruit desavions, des voitures, dans les emanationsdes industries chimiques, auront pres d'euxune centrale nucleaire, avec son etrangecherninee sans furnee, generatrice d'angois-se permanente vis-a-vis d'accidents gravesque seuls des specialistes pourront detecter,

    Quant aux autres habitants, si leur vue nesera pas bouchee pas la centrale, ils n'enauront pas moins Ie nucleaire fl leur porte.On annonce, pour nous rassurer: Ther-mos a 500 m peut se comparer a une cen-trale a 30 km. Ces chiffres proviennentd'une simple rilgle de 3 dont la valeur estplus que douteuse. Meme avec cette hypo-these, les chiffres sont inquietants car unaccident majeur sur un reacteur de fortepuissance a des effets considerables fl desdistances bien superleures fl 30 km. A100 km sous Ie vent d'un reacteur de puis-sance, la fusion .du cesur avec rupture de

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    I'enceinte de confinement conduit fl uneirradiation representant 10 fois la dosemortelle (d'apres une etude officielle faiteen Allemagne*). Contre de tels accidents,on ne peut rien, ils sont dits hors dimen-sionnement et on compte uniquement surdes calculs qui conduisent pour eux fl detres faibles probabilites, Passer aussi rapide-ment sur de telles eventualites peut paral-tre incroyable, mais c'est ainsi.

    L'implantation de Thermos dans deszones industrielles urbaines introduit desrisques nouveaux pour les reacteurs nu-clealres, cas sites sont dits fl haut risqued'aqression. Traduit en langage clair, celaveut dire qu'on peut s'attendre fl deschutes d'avions, a des tncendiss, fl desexplosions dans les usines chimiques voi-sines ou au cours d'accidents de transportroutier ou ferroviaire de rnatieres dange-reuses. II peut y avoir aussi explosion dece qu'on appelie des nappes derivantes s :fuite de gaz sur une canalisation et derivede la nappe de gaz avant son explosion,fuite d'un liquide volatil inflammable (aucours d'un accident de transport par exem-pie), formant une nappe de vapeur qui,dans certaines conditions, peut exploser flune certaine distance de la fuite initiale.C'est un accident de ce type, avec du gazde ville, qui a eu lieu, il y a peu de temps,fl Paris, dans Ie 16e arrond issement. Enfin,signalons I'explosion due par exemple flune erreur de manipulation de solvant,dans Ie batirnent du reacteur lui-rnerne.C'est ce qui est arrive fl Osiris, une pile-piscine du site de Saclay. Les accidents dece genre ont une probabilite tres forte.Dans les options generales de surete, elleest evaluee fl 1 % par an et par reacteur(soit une probabillte de 1 par an pour 100reacteurs installes). Tous ces accidentsn'ont pas la rnsme gravite, rnais ce qui lescaracterise c'est qu'il est impossible deprevoir a priori leurs consequences.

    Quelques caracteristiquesdu reacteur Thermos

    Le reacteur est du type prscme , Lecceur est dans une cuve d'acier (epaisseur14 fl 20 mm, diametre 6,4 m, hautp.ur

    * Voir dans Ecologie-hebdo, supplement aunurnero 264, publie par I'APR E, 12 rueNeuve-du-Patis, 45200 Montargis: Lesconsequences des accidents graves dans lescentres de retraitement et dans les centra-les nucteelres, rapport et interpretation dedeux etudes confidentielles a'eoat et denovembre 1976 de I'Institut pour la saretedes reecteurs,

    Voir aussi la fiche technique nO 24publiee par Ie GSIEN (Groupement desscientifiques pour I'information sur I'ener-gie nucleaire, 2 rue Francois-Villon, 91400Orsav).

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    5,7 rn). Cette cuve est terrnee a sa partiesuperieure par un couvercle qui est Ie fondd'une piscine couvrant Ie reactsur d'unehauteur d'eau d'environ 10 m. La piscineconstituera une des barrieres de protec-tion, retenant les produits radioactifs aucas ou ils s'echapperalant de la cuve. Lapiscine est sous un hall servant aux manu-tentions et ce hall est coiffe d'un toitbaptise pour la circonstance de protec-tion anti-missile (on appelle missile toutprojectile provenant de. l'exterieur etheurtant Ie batirnent. un avion par exem-pie).

    La cuve et la piscine peuvent commu-niquer par 4 clapets et des soupapes desecurite qui sont ferrnes en regime normalde fonctionnement.

    Le ccsur (3,7 tonnes d'oxyde d'ura-nium enrichi a 3%) est constltue de pla-ques rectangulaires de 1 m de haut. Lagaine du combustible est en zircaloy. Lecombustible et son enveloppe sont durnerne type que ceux des reacteurs de

    puissance a eau pressurisee (PWR).Le refroidissement est assure par unecirculation d' eau confinee dans la cuve, aI'aide de pompes irnmerqees, La tempera-ture de l'eau, a la sortie du creur, seraitde 115 oc, Pour ernpecher l'ebullitlon acette temperature, I'eau est sous une pres-sion absolue de 4 a 5 kg/cm2 (a I'aided'une pompe surpresseusel. Un echangeurimmerge extra it la chaleur produite et lafait circuler vers un circuit secondaire ex-terieur, Le dessin ci-apres donne une vueschernatique de I'ensemble. L'installationcomporte aussi de nombreux circuits de

    refroidissement (eau et ventilation) poureviter les echauffements causes par leseffets therm iques de la cuve du reacteur,

    Le combustible est, en fonctionne-ment, a une temperature maximum de440 0C. Signalons que certaines caracte-ristiques ont change entre Ie rapport desoptions generales de surete (1975) et Iedossier d'enquete locale (1977) :

    - La temperature de I'eau a la sortie duccsur est passee de 115 a 139 cc.

    - La pression de l'eau dans la cuve estpasseede 5 a 9 kg/cm2.

    - La temperature maximum dans Ie

    ceeur est passee de 400 a 700 0C.On voit bien, avec ces chiffres, la ten-dance des promoteurs a pousser les perfor-mances de Thermos. Certaines considera-tions optimistes des options generales desurete, tondees sur la temperature relative-ment faible du ccaur (400 OC), doiventdonc etre attenuees pour la version actuellede Thermos (700 oCI.

    La puissance du reacteur est reg lee parun jeu de barres commands par un meca-nisme situe sous la cuve dans u ne salleetenche, En cas d'incident, les clapetsdevraient s'ouvrir, mettant en communica-

    tion la cuve et la piscine, pour assurer Ierefroidissement du creur par convection na-turelle de I'eau. Pour les promoteurs, desclapets ou des soupapes de securite doiventfonctionner avec une certitude absolue. Laprobebilite calculee de non fonctionne-ment des clapets est de 10-10 par an (1dlx-rnillierne de millioniernel. On seraitrassure si on ne savait pas que ce genred'accident est generalement toujours beau-coup plus "frequent que prevu et presquetoujours pour des raisons irnprevisiblesqu'evidernrnent on ne peut pas prendre encompte dans les calculs.

    Le creur du reacteur sera rsnouvelepar quart chaque annee et Ie combustibleirradie sera stocke dans la piscine pendantun an avant son expedition vers I'usine deretraitement. Les taux d'irradiation envi-sages pour Ie combustible sont identiquesa ceux des reacteurs de puissance (PWR) :30 000 MWj/t, et I'on connait, par les tra-vailleurs de La Hague, les problemas dejilposes par de tels combustibles: pollutiondes piscines de stockage et quasi-lmpossibi-lite de les traiter industriellement.

    Le reacteur Thermos est dit a optionpropre, c'est-a-dire a faible degagementd' effluents rad ioactifs. II est prevu dedetector les ruptures eventuelles de gainagedu combustible mais on signale qu'une de-tection de rupture de gaine sera difficile carI'eau de la piscine pourrait etre contamineepar un chateau de transport provenantd'une usine de retraitement. Le CEAconfirme donc qu'il y a effectivement destransports de produits radioactifs dans deschateaux de plomb servant d'emballage etde protection et qui sont contarnines etceci peut conduire a des incidents commecela a ete indique par des travail leurs deSaclay (<

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    antimissi Ie

    _ . ,- ~ " l: '" . . . -_ .

    , ',",

    de manutention

    pompe du circuit rimaire

    refroidissemnt

    du react ur

    seche de commande

    barres de controle

    Commande de barre.

    de controle

    COUPE SCHEMATIOUE d'un REACTEUR\\ uTHERMOS

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    est possible de prevoir sont plus spe~ifiquesdu nucleaire que de Thermos lui-merne.Cependant, par Ie fait qu:il es! de.sti!1e.a~chauffage urbain, c'est-a-dire tres d rssern I.neet implante dans des zones a torte d~n~ltede population, Thermos pourrart accelererconsiderablernent l'lmpact social du nu-cleaire.

    La surete de ThermosAvant d'analyser la surete de Thermos

    a travers les Options generales de surete,nous devons signaler un point important:Ie CEA ne tient pas du tout a soumettre lacuve de Thermos a la reglementation legaleen vigueur. Les options g.ener~les .de sureteindiquent, sans aucune Justification:. II L ?conception de la cuve renfermant Ie ctrcuitprimaire n'est pas regie par I'arrete du 2f!fevrier 1974 relatif aux cheudieres nucteei-res a eau sous pression. Le rapport d'avril1977 intitule II Thermos 50 MW a Saclayindique a la page 14: On a suppose que lacuve n'etait pas soumise a /'arrete de fe-vrier 1974 sur les chsudieres nucteeires:dans Ie cas contraire, la procedure specielequ'implique t'eppticstion de cette reg_le-mentation risquerait d'allonger Ie plannmgpresente. Le Journal officiel du .12 mars1974 a publie Ie decret du 26 fevner 1974du rninistere de l'lndustrie, du Commerceet de l'Artisanat: Application de la reqle-mentation des appareils a pression auxcbeudiere nucteeires a eeu, Cet arret~ estpourtant clair: Sont soumis aux disposi-tions du present arrete, q,!an! a leur qon~-truction et a leur exploitetion, Ie circuitprimaire principal des chsudieres nucteeiresa eau et ses dispositifs de contrdte, deregulation et de securite (art. 2). L'arreteet la circulaire d'application qui l'accorn-pagne ne com portent aucune indication depression ou de puissance minimum en-decadesquelles ils ne seralen~ .pas appllcables.R ien dans les textes officiels ne lalsse en-tendre qu'ils ne s'appliquent seulementqu'aux cuves des gros reacteurs elect~o-nucleaires, Le passage du rapport CEA citeplus haut pourrait laisser croire que laseule consequence du decret de 1974 sera itun retard d u planning dO a la lourdeur b~-reaucratique de l'Etat, Mais il est fort POSSI-ble que Ie retard serait dO a d'autres rai-sons, des raisons techniques. On peut s . edemander si la cuve de Thermos rernplitcorrectement les caracteristiques techni-ques de I'arr~te de 1974. Celui-ci detinit lescoefficients de securite qu'il faut prendrepour la cuve vis-a -vis de certa.ins domrr:a-ges mecaniques ( detormetion exqesslve,instabilite otsstique, instsbttit etestique ouelesto-ptestlque] dans certa ines II ca_tego-ries de situations definies dans t'artlcle 7dont celles de troisierne et quatr leme cate-gories { circonstances accidentelles trespeu trequentes mais dont t'eventuellte doit

    stre envtseqee, circonstences accidentel-les hautement improbables dont on con-vient cependant d'etudier les consequencessur la securite de l'sopsreit], D' autre part,I'arrete donne quelques indications sur lanature des aciers a employer, compte tenudes proprietes rnecaniques et des elementsproduits par I'irradiation de sescomposants(Ie cobalt par exernple}. On peut sedernan-der dans ces conditions, si la veritable rar-son'des craintes vis-a-vis de I'application de

    cet arrete n'est pas que la cuve n'en remplitpas les clauses techniques. Une nouvelleetude de la cuve retardera it evidernrnent Ieplanning d'une tacon considerable.

    II est bon ici de faire quelques rernar-ques. La dernocratie formell,e de l'Etat obli-ge, lorsqu'il y a un danger eVlde~t pour I.espopulations, la mise en place d,e .r~les (lOIS,decrets, arretes, etc.) qui defin Issen.t lesobligations des constructeurs. Ces regles:ce sont generalement les promoteurs quiles detinissent et elles sont rediqees pourn'introduire qu'une g~ne minime. l.'arretede 1974, s'il impose des normes aux fabri-

    cants de cuves nucleaires, leur laisse nean-moins une grande liberte. Ce sont eux quido ivent detin ir les methodes de mesur epour les contr6les, les codes de calcul (etdont les hypotheses a la base de ces cal-culs) pour les situations accidentelles.Exemples: Le constructe_ur snslyser Iecomportement de l'sppereit dans les situe-tions qu'il aura definies (art. 8), teconstructeur montrera en particulier queI'appareil ne presente aucun risque derupture brutale en exploitation (art. 9),Ii Ie constructeur estlmers la resistance de/'appareil ... Pour cette estimation, Ie cons-

    tructeur choisirs, en les justifient, les pro_-cedes utilises (art. 10), etc. On pourrattpenser que dans ces.condition~ (Ies detailsdes lois etant quasirnent definis par lesconstructeurs eux-mernes). les promoteursIndustrials soient soucieux de respecter lalegalite. Ce n'est pas. Ie cas. En plus, ilsexigent d'en etre les Interpr~t.es. C est unedes caracteristiques des milieux techno-cratiques. Possesseurs du savoir, ils ne s'~s-timent pas obliges de respecter les lOIS,msme lorsque ce sont eux qui les ontredigees. Leur savoir justifie a leurs yeuxIe pouvoir absolu de decision. Lorsque les

    technocrates penetrent de plus en plus lesorganismes de l'Etat, ils condu isent celu ici vers l'abso lutisme Ie plus total et cela aunom du rationalisme de leur savo ir,

    Signalons enfin que i'arrete de 1974ne s'applique pas aux reacteurs vend u s al'etranqer, La circulaire d'appl ication Ieprecise: (( Comme les autres dispositions dela reglementation sur les apparells a pres-sion les dispositions du present reglementne ;'appliquent stricto sensu qu'aux appa-reils destines a etre mis en service en Fran-ce.

    Ecologie-hebdo 294 9

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    I

    Aprlls ces remarques sur la cuve, eh~-ment cle pour la sCiete d'un reaeteur carc'est elle qu i supportera les prem ii!res con-sequences de tout accident, et c'est sur elleque I'on compte comme barriere pour enreduire les effets, venons-en aux details deces accidents.

    Si Ie Dossier d'snquete locale ne pre-sente aucune analyse, rnerne vague, desconditions de surete, les Options generalesde surete, rnsme si elles sont assez discre-tes, donnent quelques indications. II estevident que par sa nature merne, ce docu-ment, dans Ie meilleur des cas, ne peutnous donner qu'un tout petit aspect de larealite,

    Dlls I'introduction, on annonce pourrassurer que Thermos s'inspire de certainsreacteurs deja realises par Ie CEA pour lesbesoins de la recherche. Pourtant, dans cedomaine, des incidents, parfois graves, ontlieu. On peut se souvenir de I'incident dureacteur de Grenoble qui a conduit a lacontamination de la nappe phreatique.L'incident a ete decrit en detail dans un

    nurnero de Scienceset avenir (fevrier 1977).La sequence accidentelle aurait parutotalement impossible a priori, si quelqu'unavait eu assez d'imagination pour y penseravant la construction de la pile.

    8 ien sur, Thermos rempl ira toutesles conditions exiqees par la reqlernenta-tion en vigueur, sauf en ce qui concernel'arrete de 1974. A ce sujet, il faut citerune phrase assez significative des Optionsgenerales de surete : lt est a soulignerqueIe decret de 1966 ne fixe pas les regles asuivre en cas d'sccident, seules sont don-nees pour les personnes DA TR (directe-ment affectees a des travaux sous rayonne-ment) les modelites d'exposition apres uneirradiation exceptionnelle non concertee. (On evite Ie terme d'accident nucleaire quipourrait 4!tre trap effrayant.)

    La reglementation n'impose aucunecondition en ce qui concerne les conse-quences des accidents sur la population.Elle definit simplement les conditions nor-males de fonctionnement des installationsnucleaires de base.

    Le cho ix d u svsterne est d it ( optionreecteur propre, Cela signifie qu'en fonc-tionnement normal, contrairement auxautres reacteurs, aucun produit radioactifn'est rejete a l'exterieur. Quelques exem-pies:

    - Des qu'une rupture de gaine seradetectee, la plaque correspondante serachanqee. II est dit aussitOt apres que cettedetection sera difficile compte tenu de lacontamination eventuelle de la piscine.Cette option propre resistera-t-elle auxcontingences economiques de I'exploita-tion? A ce sujet, citons un extrait parti-culillrement clair d'un rapport ecrit par 8.Lerouge, un des responsables de Thermos:

    10 Ecoloqie-hebdo 294

    (((tat d'avancement au 13 mai 1975 desetudes de reecteur piscine de chauffage(rapport Technicatome CHu 75/32) : Onn'admet pas leur fonctionnement avecrupture de gaine. Des detection, t'etementIncrlmine est identitie et retire du ctsur....Toutetois, au stade actuel de nos reflex ions,il nous semble premature de s'engager surI'arret du reecteur au vu d'une tres minimeindication de rupture de gaine. tt convientplut6t d'etre rpreqmetique et de partir del'hvpothese d'une definition ulterieured'un seuit d'sctivite acceptable, seuil quisera sans doute davantage lie a des condi-tions d'exploitation que de sOrete (souli-gne par nous). Que de detours pour enarriver a I'essentiel: I'exploitation du reac-teur. Qui def inira Ie seuil acceptable etacceptable pour qui? Les promoteurs deThermos obtiennent I'autorisation pourune version propre du reactaur et se reser-vent Ie droit de Ie faire fonctionner dansd'autres conditions s'ils Ie jugent utile.

    Des filtres decontarninent l'air r ejet eavec des rendements superieurs a 99 %. Un

    filtre special est rnsrne indique commeavant une efficacite de 99,99 %! Au cas auces filtres n'auraient pas ces caracterist i-ques, ce serait evidemment un fonctionne-ment anormal, auquel la reglementationne s'applique pas.

    - Des resines echangeuses d'ions net-toieront I'eau de la piscine. On ne com-prend pas pourquoi alors la contam inationde la piscine pourrait gener les mesuresfaites pour la detection des ruptures degaines.

    Un autre passage des Options genera-les de surete laisse presaqer Ie poids quepourrait avoir la conception propre i dureacteur devant les contingences de I'ex-ploitation par un exploitant qui, commenous I'avons vu au debut, n'est que tres peuirnplique dans l'aspect nucleaire de l'instal-lation. Alors qu'il est envisage que l'exploi-tation soit automatisee au maximum, Iecircuit d'injection de poison (c'est unproduit qui absorbe tres fortement lesneutrons et qu'il est possible d'injecterdans Ie cc.eur pour ralentir Ie fonctionne--ment en cas d'accident), lui, sera a com-mande manuel Ie : (( L'action du svstemed'lnjection de poison sera declencheemanuellement. Des precautions (Iesquel-les?) seront prises pour limiter les risquesd'injection intempestive ainsi que leursconsequences. On voit bien la Ie niveaude confiance que les techniciens ont vis-a-vis des automatismes lorsque ceux-cipeuvent reaqir sur les conditions d'exploi-tation, c'sst-a-dire la rentab ilit e de I'ins-tallation. Ici Ie terme de risque est pris dansson sens correct, il tient compte de laprobabilite de I'incident et de ses conse-quences. Quel serait Ie risque pour la popu-lation? Nul. En cas de fonctionnement

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    intempestif du svstsme d'injection depo ison, Ie reacteur s'arrste et la chaud isrea fuel assure seule Ie chauffage. Les conse-quences ne sont que de nature financiltrepour I'exploitant. Ce n'est que dans cesconditions que Ie terme de risque est cor-rectement employe par les promoteursdu nucleaire. Quand il s'agit des conse-quences sur la population, il ne signifie queprobabilite independamrnent de ce que lapopulation subira. En cas d'incident, la

    decision d'urgence est laissee ainsi au per-sonnel d'exploitation incompetent de parla structure rnerne cho isie pour la gest io nde I'installation. L'option reacteur proprerisque de n'etre qu'une clause de styledeveloppee pour rassurer les rninisteresqui delivreront les autorisations ainsi quela population et les notables de la region.

    La faiblesse des rejets envisages en regi-me normal de Themos ne serait pas dange-reuse si l'on considerait les faibles dosescomme inoffensives. N'oublions pas queles doses maximales legalement admisesn'ont fait que diminuer dans Ie passe. Ellessont toujours en retard sur les effets biolo-giques car il faut que ceux-ci soient abon-damment rnesures et prouves pour qu' ellessoient readaptees, La Commission inter-nationale de protection contre Ie rayonne-ment qui est chargee de recommander desnormes de protection vient recemrnent dereconnaltre qu'il n'y a pas de seuil dans leseffets biologiques du rayonnement. Maisson role etant de rechercher un equllibreacceptable (par qui?) entre les necessitesindustrielles et les dangers sur la popula-tion, il faudra probablement attendre enco-re des annees avant que ces doses soientdim inuees. " n'est actuellement pas evidentcomme on I'admettait autrefois que leseffets biologiques soient proportionnelsaux doses recues, Dans une interview d'u ndes d irigeants de I'Agence de protection deI'environnement (agence gouvernementalearnericaine] publiee en 1975, il est dit: Lerayonnement ionisent agit sur les diversorganes du corps et sur les cellules des or-ganes pour y developper des cancers. Cecipeut etre cause non seulement par Ie rayon-nement tui-msme, mais Ie rayonnemen t,agissant avec des cercinoqenes potentielsd'une iecon synergique, a la possibilite decauser des cencers eores une longue perio-de. Les faibles doses de rayonnementpourraient renforcer I'effet des substancescarcinoqenes, elles pourraient merna activerdes substances qui en I'absence de rayonne-ment resteraient inactives. La mise en evi-dence de ces phenomenes est d ifficile carIe temps de developpernent des cancersproduits est long. Si ce genre d'effet n'estpas trop grave pour ceux qui depassent lacinquantaine, il n'en est pas de rnerne pourles jeunes. Ce sont eux les plus vises par Iefonctionnement normal du nuclealre, Le

    fonctionnement accidentel, bien evidem-ment, vise tout Ie monde.

    Pour ernpecher la dissemination deproduits radioactifs a l'exterieur des batl-ments, on compte sur certaine barrieres :la gaine du combustible, la cuve, I'eau dela piscine, les parois des batirnents, la cou-verture dite entimissile, Pour les calculs,tout ceci ne pose aucun problerne, rnais,helas, la plupart des incidents ne suiventpas les calculs prealables de f iabilite. L'effi-

    cacite des contrOles en cours de fabrica-tion des divers elements a des limites, sur-tout quand ils viennent en concurrenceavec des considerations d'efficacite, de ren-tabillte, de delai, de prestige technique oupolitique, etc. Seule une longue pratiqueindustrielle peut renseigner d'une facon sta-tistique correcte sur la fiabilite d'un ensem-ble industriel. Mais cette pratique elle-rnsrne est un danger car elle se fait enI'absence d'une connaissance reelle de lafiabilite.

    Fonctionnement normal

    et accidental de ThermosLa surete, vis-a-vis d'un fonction-

    nement anormal accidentel, est encorebeaucoup plus complexe. Tout d'abord,quelques remarques sur la facon dont Ieproblema semble etre aborde dans lesrapports. Le dossier fourni pour I' enq ueted'utilite publique est plus que discret; il seborne a donner quelques definitions. LesOptions generales de surete entrent un peudans les detai Is. D'une facon generale, unaccident grave est declare impossible quandles techniciens n'arrivent pas a imaginerune sequence d'evenernents qui conduirait

    a cet accident. Telle est la rationalitetechnicienne. Le bon sens et la logique duraisonnement voudraient qu'un accidentgrave (Ia fusio n du ccsur par exemple) so itdeclare impossible quand la preuve de sonimposslbilite est faite. " reste cependant unpeu de bon sens a certains techniciens car,bien que certains accidents soient dits irn-possibles, ces techniciens prennent quel-ques precautions supplernentaires, rnalqreI'augmentation des coots qui en resulte,pour en limiter les degats au cas ou ils seproduiraient rnalqre leur impossib ilite. "faut revenir sur Ie terme de risque autourduquel les techniciens entretiennent entoute connaissance la confusion la plustotale. Le langage courant quand on utiliseIe terme risque tient compte a la fois de laprobabtlite de l'evenement et des conse-quences de cet evenement quand il se pro-duit. C'est dans ce sens que Ie risque estpercu par la population. Le risque peut etreenorrne rnerne avec une probab ilite d'eve-nement sxtremernent faible lorsque l'acci-dent est lourd de consequences. C' est dansce sens que les compagnies d'assurances cal-culent Ie risque d'un contrat: c'est Ie pro-

    !:cologie-hebdo 294 11

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    duit de la probabilite de I'evenement parles sommes d'argent qu'elies do ivent verserau cas au l'evenernent se produit. Pour lespromoteurs du nucleaire, Ie risque est unesimple probabillte calculee, independantedes consequences de I'evenement, sauf,comme nous I'avons deja vu, s'Il s'agit derisque au niveau de leur compte d'exploita-tion par manque a gagner. Partout au Ie risque est evalue, les consequences de

    I'accident pour la population au les travail-leurs de !'installation ne sont pas decrites,rnerne d'une fac;:onsuccincte. Si ces dangerssont eva lues par certains specialistes. on segarde bien de les faire connaitre publique-ment.

    Venons en aux details. L 'llot nuclesi-re qui contient le.batiment du reacteur,des salles annexes et la salle de contra Ie, estconeu de telle sorte que les d iverses sallespuissent etre isolees d'une tacon etanche.En cas d'accident, la salle de contro leservant au pilotage resterait ainsi protegee,mais on prevo it, loin de 1'llot nucleaire,

    une salle de repli d'ou il serait possiblede suivre Ie deroulernent de I'accident aucas au il sera it necessaire d'evacuer la sallede contra Ie: Certaines informations sontrepartees sur un tableau de repli distinctde 1710t nucteeire, permettant einsi unesurveitlance timitee et a distance de rectivi-te du rescteur dans Ie cas ou une evacua-tion aurait eM rendue necesseire. II estdonc envisage des accidents au I'activitedu reacteur se developperait sans aucuneposslbilite d'intervention, seule une sur-veillance timitee resterait encore possible.

    L'accident Ie plus grave semble etre

    l'arret des pompes de pressurisation, sansarret du reacteur et sans fonctionnementdes clapets d'ouverture de la cuve vers lapiscine. Voila ce qui en est dit : L'erretdes pompes de pressurisation a ete sommai-rement eborde dans Ie cas ou il n'y avait nichute des barres, ni ouverture des clapets.Compte tenu de sa tres faible probabilite(10-10 par an), on peut Ie considerercomme un accident hors dimensionne-ment. Une etude rap ide a montre quel'oxyde s'echeutteit a raison de 155 oC parseconde en moyenne et de 250 oC par se-conde au point chaud dans les premiers ins-

    tants du trensitoire. II Pour un accidentaussi grave, on semble se contenter d'uneII etude rap ide 1 1 _

    Le regime qui suivrait Ie regime tran-sitoire decrit serait probablement encoreplus rap ide car les fortes elevations de tem-perature conduiraient a une modificationde la structure du creur. Des calculs dans cecas ne sont probablement pas possibles etl'on camp rend bien pourquoi les techni-ciens se sont contentes d'une etude rapi-dell. Aucune indication n'est donriee sur cequi pourrait en resulter pour Ie voisinage.Si cet accident est dit hors dimensionne-

    12 Ecoloqie-hebdo 294

    ment, c'est qu'Il n'est pas possible de di-mensionner la cuve et les batiments pourconfiner I'accident dans la derniere encein-te. Une enorme quantite de produits radio-actifs serait alors lachee dans l'atrnosphere,

    L'accident dit de resctivite (embal-lement incontr61e des reactions nuclealres)a caractere explosif II est subjectivementenvisage, bien que sa oossibitite d'sppe-rition n'est pas encore demontree II. Son

    impossibilite, non plus, n'est pas encoredemontree. S'il n'est que subjective-ment envisage, c'est qu'on ne voit pas cequ'on pourrait faire objectivement pour enlim iter les consequences.

    Enfin, a propos de la fusion du creurdu reacteur, voici ce qu'en ecrit Ie respon-sable du projet, B. Lerouge, dans Ie rapportdeja cite: Malgre toutes les precautionsprises, on ne peut s'engager sur l'impossi-bilite absolue de fusion partielle du cceur(par bouchage local de canaux de refroidis-sement dO a un corps etrsnqer par exem-plel. La non plus on ne donne aucune

    indication sur les consequences d'un televenernent, Les techniciens du projet nedoivent pas se faire beaucoup d'illusion surl'efficacite de barr iere de la cuve vis-a-visd'un tel accident: II La partie interieure dela cuve... supporte 31 des plaques d'scierinoxydable de forte epslsseur quijouent. ..un rote de poubel/e en cas de fusion impor-tante du cceur, Est-ce la Ie type de mesu-res subjectives prises pour eviter les acci-dents II subjectivement envisages ?

    Aucun des rapports que nous avons puconsulter ne mentionne un type d'accidentpossible: la radio lyse. Sous fort rayonne-

    ment, I'eau peut se decomposer et llbererde l'hvdroqene et de l'oxvqene. En fonc-tionnement normal de I'installation, ces gazproduits dans la piscine sont repris par laventilation et evacues a I'exterieur par lacheminea avant qu'ils aient pu s'accumuler.Ceci n'est plus vrai en cas de panne proton-gee de la ventilation, merne si Ie reacteurest arrete, Ie rayonnement demeure impor-tant. Hvdroqene et oxygene peuvents'accumuler dans Ie hall en quantite im-portante et former ainsi un melange spon-tenement detonant qui par explosion peutdetruire au fortement endommager l'ins-

    tallation. Ce risque existe aussi a I'interieurde la cuve du reacteur, en fonctionnementnormal, avec I'eau de refroidissement con-finee dans la cuve. Ce type d'accident estanalyse dans l'etude faite a propos desII Consequences des accidents graves dansles centres de retraitement et dans les cen-trales nucteeires II dans Ecoloqie-hebdo.

    Si Thermos n'a pas la monstruosite desgros PWR, il est loin d'etre I'engintranquilleet inoffensif qu'on voudrait nous fairecroire.

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    Accidents d'origine exterieureD 'autres accidents peuvent provenir

    d 'incidents dont I'o rig ine est exterieure aureacteur lui-meme. Ce sont, comme il estd i t, les agreSsionsexternes. Elles con-duisent a des .accidents deII mode com-mun car elles peuvent affecter plusieursorganes en rnsrne temps, reduisant tr~ s fo r-tem ent la sarete obtenue en mettant enparallale d ivers circu its de securlte, Ie non

    fonctionnem ent accidentel de I'un d 'en treeux etant cornpense par Ietonctionnementdes autres circuits. Dans cette categorie deII mode commun , on classe les trem ble-ments de terre, les explosions et incendiesexternes et enfin les sabotages.

    II n 'est pas possib le deprevolr desinstallations pouvant resister a de fortstrem blements de terre. On ne tien t compteque de tremblem ents de terre d 'une forceun peu superleure dans l'echelle de leurclassification a ceux observes dans laregion et dont Ie spectre a et6defini par Iepromoteur EDF. H. Tazieff a souvent

    rnorrtre que l'etude des selsrnes, de leurorigine, de leur apparition esttres sornrnai-re et ne peut en aucun cas garan tir leurimposslbilite, rnerne si on n 'en a pas obser-ve recem rnent de tres forts dans nos regions.

    Pour les chutes d 'av ions, il est d it :II Lachute d'svions est prise en compte de tellesorte que cet evenement ne puisse provo-quer un accident nucteetre. Mais il estajoute aussitOt: / I est rapidement apparuimpossible de faireabstraction du site pourdimensionner la protection anti-missile. Laprise en compte des plus gros appareilsexistants semble en effet beaucoup plus"enalisante qu'on ne Ie croyait a I'origine,surtout si ro n doit considerer des anglesd'incidence varies et des vitesses d'impactIHevees. En passant, ii i est dit que ces re-marques sont vraies pour les PWR de fortepuissance. A insi, la pro tection de Therm osest supposee e ffic ac e c on tre la ch ute d'a vio nsd'environ 5 tonnes arrivant sur Iebatlmentavec une vitesse de I'ordre de350 km /h parune trajecto ire faib lem ent inclinee (pented e 1/12 ).

    L 'effet de la chute d 'avion est d ifficile-m ent calcu lable dans Ie detail: ebranlem entdes structures, perforation de la couverture.

    La encore, il est interessant de citer un ex-trait des options generales de sQ rete :Onnepossedede donneesprecises sur les effortsengendres sur les structures que pour unpetit nombre d'appareils.On saitmal calcu-ler I'energie absorbee en cas de ruptured'une structure. Mais les promoteurs deThermos ne voient pas pourquoi on les pe-naliserait p lus que les promoteurs des grosPWR pour lequels ce qui v ient d 'A tre d it estvalab le, alors que Thermos presente unesurface au sol p lus petite que les monstresd 'EDF, donc une probabllite moindre derecevoir un avion en chute.

    LJes accidem s graves pourraient m recauses par des explosions externes ebran-lan t les installations (explosions de cuvesde produits explosifs ou explosions denappes derivantesl. La probebilite in d i-quee pour de telles explosions est de 1%par an, ce qui est considerab le, surtout quepour ces accidents, comme pour les chutesd 'avions, les consequences sont difficile-m ent calculab les (ce qui veut dire genera-lem ent im possibles acalculer).

    Signa Ions enfin que nulle part il n 'estfait m ention de lavulnerabillte de la che-rninee aux agressions externes. E t pourtant,on compte sur sa hauteur pour disperser aulo in les produits radioactifs en cas de rup-ture de certaines barr ieres lo rs d e fo nc tio n-n ement a cc id en te l.

    SabotageEnfin, iI reste les actes de sabotage.

    Ceux-ci semblent beaucoup preoccuper lespromoteurs de Thermos car ily est faitallusion tout au long du rapport sur les

    Options generales desu r ete, dans la des-cription detail lee de I'installation et dansu n ch apitre sp ecial.

    C ertains circu its de secourssitues dansIe hall de la p iscine sont proteges des jetsd'eau eventuels pouvant provenir d 'un ex-p losif lance dans la piscine, les portesd'accss au hall ne pourront pas etreou-vertes rapidem ent afin de ralentir la pro-gression des saboteurs, Ie dessous de la cuvesera facile a inspecter, les hom mes de quartpourront etre enferrnes dans la salle decontrO le pour lesempscher de communi-quer avec t'exterleur, les barres decontrots

    une fois tornbees pourraien t ne pas pouvoiretre relevees m anuellem ent, etc. La plupartde ces mesures d 'ailleurs ne sont possiblesque pendant Ie fonctionnement de routine,elles seraien t une geneconsiderab Ie pen-dant laperiods d'essais et de m ise au point.

    En ce qui concerne Ie sabotage, il estd it : II Seuls peuvent ~tre enonces quelquesprincipes generaux concernant ce modecommun que I'on prendra en compte danstoute la m esure d u possib le. II est impossi-ble de dimensionner un composant ou sapro tection propre contre un acte de mal-veillance d 'au tant plus que celu i-cl peut

    etre Ie fait d 'une personne avertie (sou-ligne par nous). P lus loin , on peut lire:Lacomplicite de l'equipe de quart rendpossible toutes les hypotheses: mise horsservice des securites sur la chute des barres,explosion d'une bombe dans la salle desmecsnismes, reecteur en marche, etc.

    La complicits possible des hommes dequart pose unproblerne insoluble. Le bonfonctionnem ent de I'installation dem ande-rait d 'avoir un personnel hautem ent qualifieet connaissant parfaitem ent I'installation ,ce qui rendrait leurcornpllcite avec des sa-boteurs particulisrement efficace. La ten-

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    sont de ceux qui peuvent menacer delarges zones. Leur cause pourrait dtre enparticulier les reecteurs nucleeires et rim-plantation de ceux-ci pres de la peripMrielaisse presumer un accident de ceteqorle III(accident menecent une zone exterieure auCEN Saclay) si I'accident n'est pas localisea l 'interieur du bstiment.i Pour la d irec-tion du centre de Saclay qui a redige cetexte, I'accident grave n'est donc pas d'uneimpossibilite totale.

    Pour la situation radiologique dereference, une page et demie suffit, etdans cette page iI n'est question que de ladefinition du curie, du rad, du rem et aequelques proprietes du rayonnement natu-reI. II n'y a aucun commentaire relatif auxrejets des installations dejfl existantes. Si-gnalons fl ce propos que Ie rapport sur IeBilsn des effluents gazeux, s'il etalt trespeu diffuse dans Ie centre avant 1973, estintrouvable depuis qu'une certaine publi-cite lui a ete faite par des travailleurs deSaclay (<

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    sont faits qu'en surface mais ils ne sont pasdu domaine public. l.'etude en profondeurva etre faite ainsi que sur la nappe phreat i-que, mais aucune date n'est precisee. Acette occasion, Ie d irecteur du centre a faitremarquer que ces problernes ne sont pasde la competence du CHS et que si parfoisla direction lui fournit quelques renseigne-ments, ce n'est pas par obligation. Quant ~la population, la direction du CEA nedaigne pas lui donner la moindre informa-tion puisque dans Ie dossier d'enquete loca-le il n'est fait aucune allusion ~ ces preble-mes qui relevant pourtant de la situationradiologique de reference.

    Ainsi, pour se rendre un peu comptede la situation que Thermos peut cr eerdans ia region de Saclsv, il f audrait avoirauparavant quelques details sur la situationcreee par les installations dej~ en place et

    (' ) Nos craintes e taient bien iondees: Nousvenons d'epprendre que Ie sol de I'aire destockage est effectivement contsmine : fai-blement un peu partout et fortement acertains en dro its. Ainsi, Sur une zoneboueuse les recentes mesures du SPR ontrevele une contamination tres importanteen cesium 137 puisque I'analyse de l'eeumontre une ectivite de 0) curie par metrecube (OJ Ci/rriS), ce qui represente 5000fois la concentration maximale admissiblequi est de 0.00002 C ilm3! Quant a la bJrresituee sous la flaque, son sctivite est de2 Cilm2. Reppelons que la periode ducesium 137 est de 30 ans et ou'il remplaceIepotassium dans les etres vivants.

    Cette mise en evidence de la contami-nation a lite Ie fait du hasard (voir Ecole-gie-hebdo nO 289, 28 avril 1978). LaCFDT, par une mise en demeure de l'sdmi-nistretion, reclsme la recherche systemati-que des zones contsminees exterieures auxbstiments du Centre. Cette contaminationprovient de I'existence de fOts de betoncontenant des dechets radioactifs et qui sesont fissures car ils sont stockes a meme Iesol sans protection contre les intempertes.Par l'esu de ruissellement, la contaminationpenetre dans Ie sol, et par la circulation decam ions se dlssemine partout. Pourtent,

    des1972,

    l'slsrme avait ete donnee par Iegroupe Survivre et vivre.Rien n's change depuis dans les condi-

    tions de stockage.Ainsi, l'incurie de la direction du CEA

    est une nouvelle fois mise en evidence.On peut se demander dans quelle mesureIe colmatage provisoire des fissures effec-tue pour Ie transport des fats vers LaHague est suffisant pour eviter de nou-velles fuites sur l'eire de stockage d'lntre-tome a La Hague... On peut S IB demanderegalement comment sont trsnsportes lesfOts tres radioactifs.

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    cela d'autant plus que ces installations sontprises comme reference pour la qualit e desinstallations futures. N'oublions pas qued'autres piles do ivent egalement etrs cons-truites ~ Saclay, la pile Orphee par exempledoit remplacer la vieille pile E L 3 pour larecherche scientifique.

    Pour donner une idee du ser ieux desenqustes que la direction du CEA est sus-ceptible de fournir au public, signalonsl'enquete de sante sur les travailleurs deI'ancienne usine du B~het (Essonne).C'est la premiere usine francaise de fabri-cation de I'uranium. Cette enquete fut de-mandee des 1968 par les syndicat du CEA.Elle fut lancee en 1974. Les resultats nesont toujours pas publies. En 1977, l'etudesemblait terrninee par I'entreprise chargeede l'enquete : la direction du CEA a deman-de que l'etude soit refaite. Gageons quel'etude sera enfin publiee lorsque les resul-tats auront ete juges satisfaisants par IeCEA!

    Comment faire confiance aux auto ritesmedicales du CEA quand on sait qu'unliavre de taille a ete leve par des travailleurset que grace ~ I'intervention de represen-tants syndicaux au CHS les doses recuespar I'organisme lors des examens system a-tiq ues par rad iophotos ont ete enfin mesu-rees par Ie Service de protection contre Ierayonnement: 700 millirem au lieu de 25tors dun examen radiographique! (rapportSPR 77-026 du 11 janvier1977). " a fallude nombreuses interventions des represen-tants du personnel pour que les appareilsde radiophoto soient modifies pour dimi-nuer les doses absorbees, Comment faireconfiance au Service central pour la pro-tection contre les rayonnements ionisantsdependant du min istere de la Sante etcharge de la protection de la population,quand on sait que cet organisme a homo-logue pour leur usage dans toute la Francedes appareils que Ie CEA a modifies recem-ment pour les rendre moins dangereux?

    Ainsi, des incidents ont lieu ~ Saclay,centre d'etudes et non de production, oudans de nombreux services les irnperat ifs derentao illte jouent peu ou pas du tout, bienqu'a Sac lay des dispositions existent quipermettent d'intervenir en cas d'incidentsconnus. Mais que predire en cas de prolife-ration de piles du type de Thermos dansdes villes sans personnel competent et sansmateriel approprie ~ proximite ?

    Comment, dans ces conditions, les re-presentants elus des populat io n s peuvent-i Isfaire confiance au CEA?

    Quelques considera tionseconomiques

    Nous ne pensons pas que les questionseconomiques sont parmi les questionsessentielles du nucleajre, Nous pensons queles dangers que les installations nucleaires

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    font peser sur les travailleurs et la popula-tion, que les problsmes poses par Ie cycledu combustible nuclealre (faibles ressour-ces mondiales de minerai d'uranium,impossib llite de retraiter proprement lescombustibles lrradies, absence de solutionpour Ie stockage des dechets sur des centai-nes de rnilleaires, etc.), Ie choix de societeque Ie nucleaire impose pour nous et auxgenerations futures a qui nous sommes entrain d" leguer les risques apres avoir gas-pille les faibles avantages, toutes ces consi-derations nous semblent etre I'essentielquant au debat nucleaire. Cependant notresociete attache enormement d'importanceaux arguments de type economique. -C'estpourquoi nous consacrons un chapitre al'econornie et cela d'autant plus qu'a pro-pos de Thermos il semble, d'apres ce quiest officiellement pub lie, que Ie CEA netienne pas tellement a developper sur Ther-mos des considerations de type econo-mique.

    La chaleur produite par Thermos estd'orig ine nucleaire et, rnsrne si certainescritiques economiques faites a I'elec~ro-nucleaire ne s'appl iquent pas d irectement aThermos, certaines critiques demeurent.L'economie de fuel que Ie chauffage urbainnucleaire realiserait ne conduira pas a uneindependence vis-a-vis de l'etranqer, Le mi-nerai d'uranium en France correspond a10 ans de consommation (d'apres MauricePP:Jon, depute, rapporteur de la commis-sion des finances sur Ie projet de loi de fi-nances pour 1978, seance du 5 octobre1977). Signalons a ce sujet Ie titre d'unarticle du Monde du 14 fevrier 1978:Des les ennees 90, Ie monde occidentalpourrait manquer d'uranium. Cet articlecommentait un rapport etabf conjointe-ment par I'agence de I'OCDE pour I'energienucleaire et l'Agence internationale deI'energie atomique. Ces organismes pre-voient une penurle d'uranium sur Ie rnarchemondial d'ici une vingtaine d'annees et celarnalqre la reduction du taux de croissancedu nuclealre par rapport au taux initiale-ment prevu, Cela laisse presaqer a relative-ment court terme des augmentations deprix assez importantes du combustiblenucleaire dont I'essentiel tres rapidementdevrait venir de I'etranger compte tenu desfaibles reserves francaises.

    Le coat des investissements necessairesne fait que croltre. Le prix des centralesaugmente tres vite et depend considereb le-ment des mesures de sa rete envisaqees. Lamise en route des centrales n'est pas Iedeveloppernent industriel d'un produitparfaitement rnaltrise. Sa mise au point sefait progressivement et l'exper ience aquiseapres une mise en route conduit a I'aug-mentation du coat des centrales suivan-tes. Pour Thermos, il en sera de rnerne,Thermos a Sac lay sera Ie premier reactsur

    de ce type. L'experience acquise par IeCEA sur les petits reacteurs a usage scien-tifique ne garantit absolument pas que lamaltrise de I'engin est telle qu'aucune,augmentation de prix n'aura lieu. L'irn-plantation future des reacteurs Thermosen milieu urbain en dehors d'un centrenucleaire amsnera certainement des coatssupplernentaires.

    L'equipe d'exploitation de 17 person-nes pour les futurs Thermos peut paraitreenorrne en comparaison de l'equipe neces-saire pour Ie fonctionnement d'une cen-trale de chauffage a fuel ou d'une centralegeothermique. Cette equipe d'ailleurs neconcerne pas I'entretien normal des cana-lisations de chauffage. Ce chiffre desOptions generales de sOrete est d'ailleursconflrrne par un rapport du CEA d'avril1977 intitule II Thermos 50 MW a Sa-clay. II mentionne pour ce reacteur uneequipe de 15 personnes : 1 chef de centra-le, 6 equipes de quart de 2 agents, 2 agentspour I'entretien du reacteur (Ie coat annuelde cette equipe est evalue a 1,8 millionde francs!'

    Le coat de I'installation a Saclay estevalue a 102 millions de francs (91 pour Iereacteur et 11 pour Ie prem ier charge-ment). Ce prix a ete etabll en 1976 et leg~-rement reevalue, il ne tient pas compte de,I'amortissement de l'etude, II est certaine-ment bien inferieur a ce que sera la realitecar Ie projet a notablement evolue depuiscette date et certaines etudes ne sont pasencore term inees,

    Comment un tel projet est-il presentepour Sac lay ? Six des huit chaud i~res deI'installation actuelle de chautfage ducentre sont vieilles et devraient Atre declas-sees en 1982. La puissance installee est de54 MW. D'apres les normes developpees parIe CEA lui-merne, il faudrait donc un reac-teur nucleaire d'une puissance maximumde 27 MW couple a une centrale a fuel dela rnerne puissance. On voit donc queThermos rnerne reduit a 50 MW est forte-ment surdimensionne pour les besoins ducentre, mais Ie choix est determine par Iedesir d'avoir un produit representetit,Le document cite plus haut mentionne:Dans Ie cas de I'application I Saclay, Ieprojet Thermos vise deux objectifs dis-tincts: 1. Un objectif CEA immediet qui-dtJcoule d'une nticessittJ: Ie renouvellementdu svsteme de chauffage du Centre de Se-.clay. Ce renouvellement doit constituerenlui-memo une demonstration de la fiabilite,'de la SI1reteet de t'economie d'exploitationdu orocede. 2. Des que possible, reprendreI'intention du projet d'origine, a csrectereindustriel et commercial, et rechercher lavente de calories aux clients potentiels duplateau (de Saclay). Les deux clients po-tentiels vises sont l'Ecole poly technique etles serres. Signalons que l'Ecole polytechni-

    Ecologie-hebdo 294 17

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    que est equipee de 2 chaudieres automati-ques il fuel representant une puissance de23 MW. Ses besoins sont satisfaits et les ins-tallations sont neuves. On cornprend assezbien que cette institution ne se soit pas em-barquee dans Thermos comme Ie CEA Iesouhaitait. Quant aux serres, elles n'exis-tent pas. Elles consisteraient en une zonemaralchere de 10 hectares situee pres del'Ecole poly technique et d'un terrain de20 hectares appartenant au CEA au nord

    du Centre (Iieu-dit du Poirier brule ). Lapremiere zone n'a d'interet que si l'Ecolepoly technique se joint au projet. On voit laIe peu de solid ite des perspectives de Ther-mos sur Ie site de Sac lay. Quant a la Com-pagnie genera Ie de chauffe qui participe al'etude economique, elle n'a rien a perdre,n'etant pas participante aux investisse-ments de Thermos. Les 100 millions defrancs (sans compter les rallonges proba-bles) risquent fort d'avoir la rentabilite desinvestissements des abattoirs de La ViIlette,du Concorde ou de Fos-sur-Mer.

    II y a plus curieux dans les raisonne-

    ments du CEA. Ces potantialites maximalescorrespondent a une demande maximumen pointe de 99 MW. Dans ce cas, Thermosest bien proportionne : 50 MW nucleaireplus 64 MW fuel (23 pour I'X et 41 pourSaclay). Oui, mais ces 41 MW fuel deSac lay sont produits par des chaudieres quine devraient plus etre utllisees apres 1982.II ne s'agirait plus dans ce cas d'un fonc-tionnement en secours mais d'un fonction-nement en pointe I'hiver. Signalons d'autrepart qu'une chaudiere a fuel qui ne fonc-tionne pas se deteriore aussi. II faudraitdone 'es remplacer de toute facon pour que

    Thermos soit economiquement rentable. Etau depart Thermos est construit pour eviterde rem placer ces chaud ieres I

    A plus longue scheance, d'autres lieuxsont vises: la faculte d'Orsay, la zoneindustrielle de Buc, l'aerodrorne de Tous-sus-Ie-Noble, etc. Les promoteurs de Ther-mos ne manquent pas de souffle. C'est Iemonopole des calories dans toute la regionqui est vise. Dans tout ceci, il n'est pasquestion des travaux de raccordement desequipements de chauffage actuels auCentre. Thermos, 1 0in de decentraliser Iechauffage, semble bien Ie concentrer. Loin

    d'aboutir a des economies de fuel, Ieprojet Thermos a Saclay cherche des de-bouches en calories pour se rentabiliser quiconduisent a une consommation supple-menta ire de calories (serres) ou Iefuel con:serverait une part de rnsrne grandeur quecelie qu'il a actuellement dans la region.

    QueUes sont les villes que Ie projetThermos pourrait viser pour son etapeindustrielle? On peut en avoir une ideed'apres une etude de P. Ricateau (de laDirection des programmes et de :a planifi-cation au Commissariat a I'energie atorni-

    18 l:cologie-hebdo 294

    que) publiee dans Ie nurnero 184 de laRevue generate de thermique d'avril 1977.Les villes ou il est prevu pour 1980 unreseau de chauffage urbain dont la puissan-ce depasse 50 MW sont : Paris et ses envi-rons, Besancon, Bordeaux, Dijo n, Greno-ble, Tourcoing, Lyon, Metz, Nancy, Nlmes,Orleans, Reims, Rennes, Rouen.

    D'apres la norme selon laquelle la puis-sance nucleaire doit 1!tre egale a la rnoitiede la puissance de pointe, Thermos a

    50 MW n'interesserait alors en dehors deParis et de sa banlieue que Grenoble, Tour-coing, Lyon, Metz et Orleans. Mais la renta-bilite maximum de Thermos correspond aun reacteur de 100 MW. Avec Ie marne cri-tere que precedernrnent, il ne resterait alorsque Grenoble, Paris et sa banlieue. En cequi concerne la banlieue parisienne, il fau-drait federer un grand nombre de reseaux afaible puissance pour arriver a une puissan-ce raisonnable.

    Les perspectives que les promoteursont mises en avant en indiquant qu'unepuissance de chauffage de 100 MW corres-

    pondait aux besoins d'une ville d'environ70000 habitants supposaient que Ie reseauurbain de chauffage existait deja et avecune penetration de ce reseau a 100%. Enrealite, il y a peu de villes munies de chauf-fage urbain et la penetration est generale-ment faible (4% a Amiens, 16% a Besan-con, 6% a Bordeaux, 16% a Dijon, pourdonner quelques exemples). Thermos im-plique la generalisation massive du chauffa-ge urbain et des investissements qui vontbien au-dele des possibilites locales d'inves-tissement. II est donc quasi certain que Ieprojet va vers un fiasco financier. Mais ceci

    n'est pas une garantie que Thermos ne s'im-plantera pas. Toute I'industrie nucleaire,et cela dans Ie monde entier, est fortementdeficitaire et ne se developpe que grlice auxinvestissements d'Etat. Aucune entrepriseprivee, fOt-elie multinationale, n'est assezsolide pour se lancer dans Ie nucleaire,Seuls les Etats peuvent se permettre desinvestissements aussi lourds et risques, Plusces ~tats sont centralisss et plus ils con-tro lent l'econornie (en URSS par exem-pie), plus Ie nuclealre est assure d'un avenirquelle qu'en soit la rentabilite. Dans lespays capitalistes a faible em prise etatlque

    (USA). Ie nucleaire est quelque peu genepar ses conditions econornlques, En Franceou la fabrication de l'enerqle est nationali-see (EDFI. la situation du nucleaire estassez favorable, I'~tat garantissant tous lesinvestissements. Le gout des institut ionsd'Etat pour Ie nucleaire n'est pas un hasard.L'industrie nucleaire ne peut que renforcerces institutions. La privatisation de la ma-jeure partie du CEA n'est pas Ie signe d'unretour d'entreprises nationallsees au capita-lisme prlve. Les filiales privees du CEA, sielias peuvent permettre des benefices sub-

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    stantiels ~ certaines entreprises, n'en sontpas moins sous la dependance absolue del'Etat, Que Ie CEA refuse de financer Ther-mos et ~ coup sur Technicatome renoncera~ son projet d'implanter Thermos dans lesvilles. Pour Thermos, l'I:tat peut imposeraux villes Ie chauffage urbain, en flnancantla plus grosse partie des investissements ne-cessaires et que les villes ne peuvent assu-mer. La rentabilite se retrouve assuree glo-balement au niveau national par Ie jeu desimp6ts et taxes d iverses. Aucun b i lan eco-nomique ne peut etre fait au niveau localfacilement. C'est ce qui se produit dej~pour Ie nucleaire EDF et pour des realisa-tions spectaculaires fort couteuses (Concor-de par exemple). La non rentabilite locale-ment de Thermos n'est pas une garantie desa non proliferation.

    Thermos, une aubaine pourles militaires

    Les militaires des pays en voie de deve-loppement ont, comme tous les m ilitaires,Ie desir secret d'acquerlr un armement ato-mique. Au-dela des barrages politiquesinternationaux, les principales dlfficultessont d'ordre technique et financier: Ie plu-tonium necessaire se fabrique dans d'enor-mes r ea cte urs n uc le air esde technologies ex-trsmement cornpllquees et couteuses (unreacteur PWR 1 000 MW electrlques co ute3 milliards de francs 1978). Le reacteurThermos que Ie CEA envisage de construireva enfin mettre la bombe atom ique ~ laportae de to utes les bourses: son prix estseulernent (!) de 100 millions de francs.

    Thermos, nous I'avons vu, ne peut

    avoir d'avenir en France que si une volontepolitique entend dsvelopper ce mode dechauffage quelle qu'en soit la rentabuite,

    Pour les m ilitaires, Thermos est certai-nement une machine interessante. Soncombustible, identique ~ celui des reac-teurs PWR, sera fabrique en tres grandequantite au niveau mondial. Les perfor-mances techniques de Thermos sont beau-coup moins audacieuses que celles desreacteurs electronucleaires. Alors qu'ilsemble difficile ~ un pays en voie de deve-loppement de ma1triser les problernes tech-nologiques des reacteurs PWR (d'ailleurs

    mal dom ines par les pays developpesl, ilparalt beaucoup plus realists pour ces paysd'assurer Ie fonctionnement d'un reacteurdu type Thermos. Meme en cas de rupturepolitique brutale avec Ie pays vendeur (encas d'explosion de bombe atomique parexemple), un pays en voie de developpe-ment pourrait assurer une maintenancesuffisante pour que Thermos continue ~produire son plutonium.

    Dans la version 100 MW, la massed'oxyde d'uranium enrichi du creur est de3,1 tonnes dont on decharqe Ie quart tousles ans. Au taux de combustion prevu

    (30000 MWj/t pour 4000 heures par an defonctionnementl, on obtient ainsi chaqueannee environ 7 kg de plutonium, soit dequoi faire une bombe atomique: la massecritique minimum pour ce melange d'iso-topes de plutonium est precisement de7 kg!

    Les Options generales de surete etu-dient une version de fonctionnement deThermos assez etranqe pour du chauffageurbain: 6500 heures par an ~ pleine puis-sance. Ce mode de fonctionnement n'aaucun interet pour du chauffage dans nosregions. Par contre, (e taux de combustionqui en resulte, 50000 MWj/t, augmente de50 % Ie plutonium produit annuellement.

    Reste Ie problerne de I'alibi diploma-tique. Un contrat de vente d'un reacteurnucleaire doit etre [ustifie par des raisonspacifiques serieuses . Un chauffageurbain pour des pays peu urbanises et tresensoleilles ne serait pas credible. Aussi IeCEA a pense ~ une autre solution: Ie dessa-lement de I'eau de mer. Cette idee arrive,comme par hasard, dans Ie premier chapitredes Options generales de surete dans lapenetration du rn arc he e tra rq er. Dans cecas, Ie taux de charge de l'instelletion,beaucoup plus (leve,conduit a un cycle ducombustible different. Traduit en termescia irs, cela veut dire que Thermos peut pro-duire pius de plutonium. Dans cetteperspective, la version ~ 6500 heures defonctionnement ~ pleine puissance devientcomprehensible.

    La principale difficulte sera de retrai-ter Ie combustible irradie. Si Ie retraite-ment industriel de centaines de tonnesn'est pas encore possible, rnerne ~ la seuleusine prevue au monde (La Hague, France),Ie retraitement artisanal de quelques centai-nes de kilogrammes est une chimie relative-ment simple au niveau technique de la plu-part des pays du tiers-monde, surtout siaucune condition economique n'intervientet si les conditions de securite pour Ie per-sonnel ne sont pas tres poussees. Le CEA,par ail leurs, projette de vendre, cle enmain, de petits laboratoires de retraitement I

    Ainsi, en I'espace de quelques annees,et pour un prix modique, un pays sansgrande possibilites technologiques pourrase doter d'un armement nucleaira, LorsqueI'on sait que la France est Ie troisierne ven-deur d'arrnes au monde et que Ie CEA aune mission, civile cartes, mais egalementmilitaire, l'on comprend mieux pourquoiIe projet Thermos voit Ie jour.

    Groupe information Thermosde la r~ion de Sac lay

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    Liste des publications que nousavons consultees pour ecrirece rapport

    Reacteur Thermos, Options generalesde surete , Technicatome (chauffage ur-bain), nO 76/285, avril 1976.

    Do ssie r d'e nq ue te loc ale Th ermos .

    T herm os a Saclay, CEA , avril1977. E tat d'avancement au13 mai 1975 desetudes de reactsur piscine de chauffage,B. Lerouge, Technicatom e, CHu75/32.

    Le chauffage urbain nucleaire , P. R i-cateau, Revue gemrale de thermique, nO184, avril 1977.

    Thermos: une m ini-centrale nucleair epour Ie chauffage urbain,Ie Monde du 12.ctobre 1977. Rapport fait au nom de la commissiondes finances, del'econornie genera Ie et du

    plan sur Ie projet de loi de finances pour1978 (nO 3120) , annexe auproces-verb alde la seance du5 octobre 1977, par M auri-ce Papon, rapporteur general, depute.

    Projet de Plan general d'intervention duCEN/Saclay, DCENS/ ATS du4 mars 1975.

    Des les anriees90, Ie m onde occidentalpourrait m anquer d'uranium , Ie Mondedu 14 fevrier 1978.

    Les consequences des accidents gravesdans les centres de retraitement et dans lescentrales nucleaires, rapport et interpreta-tion de deux etudes confidentielles daout

    et novem bre 1976 de 1'1nst itut pour lasur ete des r eacteurs, supplement a Ecoto-gie-hebdo nO 264, APRE.

    Fiche technique nO24, GSIEN.

    Mesure de la dose absorb ee recue par lespersonnes soum ises a un examen rad iolo-gique pulmonaire au SMT,APRE/hebdonO 233, 25 fevrier 1977.

    20 Ecologie-hebdo 294

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    COMPARAISON THERMOS - GEOTHERMIE

    INVESTISSEMENT THERMOS GtOTHERMIE

    I n v a s tis s em en t c o n c e rn a n t lap a r tie th e rm iq u e d e I 'in s ta l la -tio n , I I i 'e x c lu s io n d u g en iec iv i l e t d u ressau u rb a i n(fra n c s 1 9 7 7 l .

    N om b re d e lo g em en tschauffesp a r I 'in s ta l la tio nprecedents(seu! en psriodes d e p olnte)(bescin d e c h a u ffe : 1 ,5tepll o g emen t / an l .

    9 0 MFR em a rq u e : il s 'a g i t d e la v e r-s io n la m o in s c h s ra : 5 0 M W -4 70 0 h /a nd efo nc tio n ne m en t.

    1 2 3 0 0 lo g em en ts

    - 1 0 M FR em arq u e : C e p r ix s 'en ten d

    -pour u n d ou ble tdans la r eg io npa r i s i enneet I 'e c h a n g eu r en t i-ta n e a s s o c~ _ D 'a u tres reg io n s

    en F ra n c e s o n t p lu stevorisees.2 0 0 0 lo g em en ts

    P rix d e I 'in ve st is sem e nt /lo ge -rn en t ( f ran cs 1 97 7 l .

    Couverture d e s b es o in s p a rr appo r t a la totalits ((ea u chau-d e s an ita i re p lu s c h a u ffa g e .

    7 3 0 0 F 50 0 0 F

    W% W%R em arq u e : I e c om plem en t d o it ~ tre fo u rn i p a r u n e c h a u ffe rieafu e l o u p a r u n a u treprecede { vo ir * l.

    FONCTIONNEMENT

    P rix d u com bu s t ib le p r im airep o u r I e fo n c tio n n em en t( f ra n cs 1 97 7)

    P rix d u com b u s t ib le p a r lo g e -m en t e t p a r a n , a u p r ix a c tu e ld e l'uraniurn (f ra nc s 1 97 7) .

    1 1 M F p ou r 4 a n sd e U0 2 en r i ch i

    2 2 0 F

    N e a n t

    N e a n t

    P e r s o n n e l nscessaire p o u r I efo nc tio n nem e nt .

    E n v iro n 1 8 p e rs o n n e s p o u r I ep i lo ta g e d ursacteur. p lu s en vi-

    ro n 1 4 p e rs o n n e s p o u r I e p ilo -ta g e d e la ch a u ffe r iea fue l .L 'a d d i tio n s im ple d e ce s d eu xc h if f re s n e d o i t p a s e tre fa i tec a r p ro b a b lem en t c e r ta in s p e r-s o n n e ls s e ro n t c om m un s a u xd eu x in sta l la tio n s .

    E n v iro n 1 4 p e rs o n n e s p o u r lap a r t ie c la s s iq u e d eI'installa-

    t ion (fuel). L a p a r tie g eo th e r m iq u e (e c h a n g eu r) n en e c a s s i -te p a s d e p e rs o n n e lsupple-m en ta ire m a is s eu lem en t u n es u rv e illa n c e q u i e s ta s su r e ep a rI e p e rs o n n e l en p la c e .

    R em a rq u es :

    * L e d im en s io n n em en t d e s in s ta l la tio n s d e c om p lem en t, ta n t p o u r T h e rm o s q u e la g eo th e rm ip rev u p o u r a s s u re r ev en tu e llem en t la to ta l ita d e s b e s o in s . A u ch a p it re d es in v e s tis s em en ts , i l fp rev o ir p o u r T h e rm os o u p o u r la g eo th e rm ie le s m em es in s ta lla tio n s c o rn p te rn en ta ire s . P o u rI 'o rd re d e g ra n d eu r d u p r ix (1 9 7 7 ) d 'u n e c h a u ffe rie I I fu e l p o u r 1 0 0 0 0 lo g em en ts , e t p o u r c oto ta l ite d e s b e s o in s :I n v e s tis s em en t: c h a u d is re - p a r tie th e rm iq u e en ch a uH e r ie - c h e rn in ee . en v . 8 M F (s o r t 8 0 0D an s I e c a s d 'u n e c h a uH er ie I I fu e l fo n c tio n n an t s eu le (s a n s T h e rm os n i g eo th e rm ie ) , la co ntio n d e fu e l lo u rd p o u r 7 0 0 0 lo g em en ts en 1 9 7 6 d a n s la reg io n p a r is ien n e a e te d e 1 1 M F1 6 00 F /lo gem en tl .

    ** T ou s c e s ch if f res c o rre s p o n d en t I I d es o rd res d e g ra n d eu r v a la b le s en fra n c s 1 97 7 . D es f lu c td e 1 0a 2 0 % s o n t p o s s ib le s s u iv a n t I e c a s p re c is . I I fau t s im plem en t ten ir c om pte d e fa c teu rs d ec hp o s s ib le s : u n e c h a u d il lre q u i p ro d u i t 2 fo is p lu s d e c a lo r ie s q u 'u n e a u tre n e co u te p a s I o rc em enp lu s c h er . T o u te s le s p ro p o r tio n s d ev ro n t e tre fa i te s a v ec p ru d en ce .

    Co n c l u s i o n

    L a c om p a ra is o n T h e rm o s - g eo th e rm ie , ta n t s u r I e p la n d e I 'in v e s t is s em en t q u e s u r I e p la n d ufo n c tio n n em en t , e s t a l 'a v a n ta q e d e la g eo th e rm ie d a n s la reg io n p a ris ien n e .

  • 8/6/2019 Thermos Le Nucleaire en Ville (1978)

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