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Sujet : Fw: JANVIER 1960 De : Pierre Chauvet <[email protected]> Date : 27/01/2020 à 19:06 Pour : Michel MAUME <[email protected]> en attente de photos et qq coups de sécateurs amitié ----- Message transmis ----- De : Roland Daporta <[email protected]> Envoyé : lundi 27 janvier 2020 à 18:15:27 UTC+1 Objet : JANVIER 1960 Demain il y aura 60 ans le sang coulait entre français à Alger. "Il y a deux histoires, l'une que l'on enseigne et qui ment, l'autre que l'on tait parce qu'elle recèle l'inavouable" Honoré de Balzac Les barricades d'Alger (24 janvier-1er février 1960) Jacques Frémeaux p. 497-511 TEXTE INTÉGRAL 1 Ce qu'il est convenu d'appeler la semaine des barricades à Alger peut être examiné d'un triple point de vue. En premier lieu, sa place dans l'évolution de la guerre d'Algérie, et particulièrement ses origines, la « journées algéroises » du dimanche 24 janvier 1960 ; puis, la fonction même des barricades le 24 janvier et au cours de la semaine qui suit ; enfin, la portée symbolique de cette action. Nous privilégierons ici les deux derniers aspects de cette question, le premier n'étant évoqué, volontairement, pour l'essentiel que dans son rapport aux deux autres. Les éléments d'une journée 2 Comme toujours, il n'existe pas, sauf pour les naïfs et dans le discours de ceux qui les manipulent, de « mouvement spontané ». Un mouvement d'opinion ne peut se traduire en actions concrètes que dans des conditions spécifiques, sous l'action d'organisations capables de canaliser les émotions populaires. Alger en 1960 n'échappe pas à la règle. Des sociétés à forte capacité mobilisatrice 1 Selon les rapports de police, le FNF dispose de groupes de choc organisés sur la base de la dizain (...) 3 Les plus importants mouvements qui canalisent les énergies sont le FNF Fw: JANVIER 1960 1 sur 24 29/01/2020 à 13:33

Sujet : Fw: JANVIER 1960 Dedata.over-blog-kiwi.com/.../ob_c6799c_janvier-1960.pdf2020/01/29  · Objet : JANVIER 1960 Demain il y aura 60 ans le sang coulait entre français à Alger

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Sujet : Fw: JANVIER 1960De : Pierre Chauvet <[email protected]>Date : 27/01/2020 à 19:06Pour : Michel MAUME <[email protected]>

en attente de photos et qq coups de sécateursamitié

----- Message transmis -----De : Roland Daporta <[email protected]>Envoyé : lundi 27 janvier 2020 à 18:15:27 UTC+1Objet : JANVIER 1960

Demain il y aura 60 ans le sang coulait entre français à Alger.

"Il y a deux histoires, l'une que l'on enseigne et qui ment,l'autre que l'on tait parce qu'elle recèle l'inavouable" Honoré de Balzac

Les barricades d'Alger (24 janvier-1er février 1960)

Jacques Frémeauxp. 497-511 TEXTE INTÉGRAL

1 Ce qu'il est convenu d'appeler la semaine des barricades à Alger peut êtreexaminé d'un triple point de vue. En premier lieu, sa place dans l'évolutionde la guerre d'Algérie, et particulièrement ses origines, la « journéesalgéroises » du dimanche 24 janvier 1960 ; puis, la fonction même desbarricades le 24 janvier et au cours de la semaine qui suit ; enfin, la portéesymbolique de cette action. Nous privilégierons ici les deux derniers aspectsde cette question, le premier n'étant évoqué, volontairement, pour l'essentielque dans son rapport aux deux autres.

Les éléments d'une journée2 Comme toujours, il n'existe pas, sauf pour les naïfs et dans le discours deceux qui les manipulent, de « mouvement spontané ». Un mouvementd'opinion ne peut se traduire en actions concrètes que dans des conditionsspécifiques, sous l'action d'organisations capables de canaliser les émotionspopulaires. Alger en 1960 n'échappe pas à la règle.Des sociétés à forte capacité mobilisatrice1 Selon les rapports de police, le FNF dispose de groupes de chocorganisés sur la base de la dizain (...)

3 Les plus importants mouvements qui canalisent les énergies sont le FNF

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(Front national français) de Joseph Ortiz et le MNE (Mouvement national desétudiants) de Jean-Jacques Susini, entre lesquels l'entente est étroite. Bienqu'ils aient moins d'adhérents, le MP13 (Mouvement populaire du 13 mai) deRobert Martel, Assistance et protection de Fernand Féral, le MPIOC(Mouvement pour l'instauration d'un ordre corporatif) du Dr Lefèvre jouentcependant un rôle important. Davantage que leur nombre (FNF et MNErevendiquent 13 000 membres, ce qui est excessif, les autres quelquescentaines), leur formation politique et leurs réseaux de relations leurpermettent à la fois de mobiliser largement dans la population européenne etd'exercer des pressions sur les autorités locales. Ils bénéficient d'uneexpérience insurrectionnelle certaine, celle des journées du 6 février 1956 etdu 13 mai 1958. Le 19 décembre 1959, le FNF a montré sa force enorganisant le service d'ordre d'une réunion au stade de Saint-Eugène, oùl'un des principaux chefs métropolitains de l'Algérie française, GeorgesBidault, doit prendre la parole1. Ces mouvements, dont la plupart se sontfédérés symboliquement, en novembre 1959, dans le Comité d'entente desmouvements nationaux (CEMN), ont bien plus de poids que les élus de lapopulation algéroise. Le député Pierre Lagaillarde, dont le nom sera sisouvent cité par la suite, paraît alors un homme isolé.

4Aux côtés de ces mouvements politiques, d'autres associations ont unecapacité certaine de mobilisation, comme les associations d'ancienscombattants, qui sont loin d'être négligeables, fédérées depuis la fin del'année 1954 dans le Comité d'entente des anciens combattants (CAAC). Laplupart des membres de ces groupements n'ont d'autre programme quecelui d'Algérie française, et ne partagent pas l'idéologie d'extrême-droite desmouvement nationaux, mais ils constituent la masse de manœuvreindispensable à partir de laquelle s'organise toute manifestation européenneen Algérie, pays d'un patriotisme d'autant plus ombrageux qu'il se sent ou secroit mal assuré de sa légitimité. La participation d'anciens combattantsmusulmans à ces manifestations apparaît comme un gage du succès de laformule d'intégration. L'Association générale des étudiants d'Alger remplit, àl'échelon de la jeunesse européenne, une fonction analogue. Les liens entreces associations, officiellement apolitiques, et les mouvements nationauxsont étroits, puisque Auguste Arnould, président du CAAC est égalementmembre du CEMN, et que le président de l'AGEA n'est autre que Jean-Jacques Susini.

Une « garde nationale » ?2 Note du 1er bureau, 23 février 1960, 1 H 1926 ; - message du 15 mars1960, EMI, 1er bureau, 1 H 20 (...)

5On ne peut s'empêcher d'évoquer le terme de « garde nationale » pour

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qualifier les unités territoriales (UT) créées en 1955, formées (exclusivement,jusqu'en 1959, et pour 95 % encore en 1960) de réservistes européens,officiers, sous-officiers et hommes de troupe (jusqu'à 48 ans). La plupartsont convoqués à tour de rôle tous les dix jours pour un service de patrouille,de garde ou de surveillance des lieux publics. Bien qu'il relève de l'autoritémilitaire, l'encadrement jouit d'une large autonomie, notamment en matièred'organisation interne et de convocations. Cette force, qu'on peut évaluer à20000 hommes pour Alger et ses environs (la « zone Alger-Sahel ») n'estpas négligeable potentiellement, face aux 12 000 hommes dont dispose lecommandement le 24 janvier. Près de la moitié sont constitués de troisrégiments parachutistes, dont on verra plus tard qu'ils posent des problèmessérieux d'emploi2. Beaucoup ont participé à la Seconde Guerre mondiale. Ilspossèdent des armes de guerre, essentiellement fusils et RM. La compagnieopérationnelle (dite UT de choc), qui fait un service en campagne, disposed'armes lourdes.

3 On dit abusivement pour désigner un homme appartenant à une Unitéterritoriale, de même qu'on parl (...)4 Challe M., Notre révolte, Paris, Presses de la Cité, 1968, p. 149. Ilessayera de reprendre lors d (...)

6 Il serait excessif de dire que l'ensemble des UT3 est prêt à participer à unmouvement insurrectionnel. La plupart de ceux qui les composent sont despères de famille qui se contentent de satisfaire à leurs obligations de service.Mais il est vrai que nombre d'entre eux appartiennent au FNF ou à d'autresmouvements politiques. Par ailleurs, le commandement lui-même encourageleur politisation, par la création de la Fédération des UT et des autodéfenses(fin novembre 1959). Dans l'esprit du général Challe, commandant en chef,cette organisation, regroupant les milices urbaines, majoritairementeuropéennes, et les milices rurales, totalement musulmanes, doit symboliserla politique d'intégration et faciliter, psychologiquement et militairement,l'effort de guerre. Il veut y voir le futur « grand parti européen-musulman,ossature de l'Algérie française nouvelle dans l'union des communautés »4.Victor Sapin-Lignères, commandant le 20e bataillon d'UT, chargé de lasurveillance de la Casbah, en est le président, et Marcel Ronda,commandant la compagnie 155, installée dans le quartier des facultés, lesecrétaire général. Les UT seront omniprésentes pendant la semaine desbarricades. C'est au siège de leur fédération, au n° 1 de la rue Charles-Péguy, qu'Ortiz installera son PC à partir du 24 janvier. Le bras armé desinsurgés est en grande partie formé d'hommes de troupe ou d'officiers d'UT(comme Marcel Ronda, cité plus haut, un proche de Joseph Ortiz). Leursdépôts, dont ils assurent également la garde, fournissent l'essentiel desarmes.

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Un gouvernement impopulaire

5 Chiffres rapportés au procès des barricades par le bâtonnier Charpentier,le 10 décembre 1960.

7 La politique d'autodétermination dans laquelle s'engage le général deGaulle, inaugurée par le discours du 16 septembre 1959, inquiète lespartisans de l'Algérie française. Ils s'estiment trompés par celui qu'ils avaientappelé au pouvoir avec pour mandat impératif d'appliquer une politiqued'intégration, mandat qu'il n'avait pas démenti, ou par Michel Debré, qui sevoit opposer régulièrement et très justement les pages enflammées et peuresponsables de son Courrier de la colère. D'autres griefs sont égalementavancés. La fin de l'année 1959 a été marquée par une reprise des actionsdu FLN aux alentours d'Alger et dans la Mitidja. Les autorités sont accuséesde faiblesse dans la répression. Pour 393 condamnations à la peine capitaleprononcées en 1959, il n'y aurait eu que 14 exécutions5. Enfin, quelquesdéclarations du chef de l'Etat à des notables (les députés Marc Lauriol puisLarradji, le 19 janvier) ont un écho très défavorable, car elles confirment sonpeu de confiance dans la formule de l'intégration, et paraissent traduire uncertain mépris pour l'armée, les pieds-noirs et les musulmans partisans del'Algérie française.

8 La décision de retirer son commandement au général Massu à Alger (où ilexerçait conjointement les fonctions de commandant de corps d'armée et depréfet de région) met le feu aux poudres. Ce déplacement d'office est motivépar un entretien accordé à un journaliste allemand qui fait état devigoureuses réserves de l'armée à l'égard de la politiqued'autodétermination. L'exécution de cette sentence paraît particulièrementbrutale puisque c'est à Paris, où il a été reçu par le général de Gaulle, que

6 Debré M., Gouverner, Mémoires, Paris, Albin Michel, 1988, t. 3, p. 230.7 Challe, op. cit., p. 154.

9 Massu apprend qu'il ne retournera pas à Alger. Le président de laRépublique se refuse à céder sur ce point au premier ministre Debré, et auxresponsables en Algérie - le délégué général Delouvrier et le général Challe- qui souhaitaient que Massu puisse retourner brièvement à Alger, afin decalmer les esprits6. Le traitement réservé à l'ancien vainqueur de la batailled'Alger n'est pas à proprement parler une sanction pour l'intéressé, ildemeure un fidèle du général. Cependant, le départ de l'homme, considérépar beaucoup comme « le symbole militaire de l'Algérie française et ledernier barrage avant la valise et le cercueil »7 fournira un bon prétexte de

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mobilisation à une foule algéroise pour laquelle la manifestation estdevenue, depuis le 13 mai, une passion enivrante.

Des complots ?

10 Le 13 mai avait démontré l'efficacité d'un complot parti d'Alger etréunissant mouvements locaux, armée d'Algérie, généraux et hommespolitiques de Métropole. Ces possibilités n'ont pas disparu avec l'arrivée aupouvoir du général de Gaulle. Le mécontentement envers la politiquealgérienne n'est pas sans écho à Paris, où le pouvoir dispose d'une solidemajorité (comme l'a prouvé le vote du 15 octobre approuvant la politiqued'autodétermination), mais où un certain nombre de dirigeants de l'Algériefrançaise, les uns au gouvernement (Soustelle, Cornut-Gentille), les autres àl'extérieur (Bidault), ont une sensibilité fort proche de celle des Algérois. Lenom de Pinay, qui vient de quitter le gouvernement, est parfois avancécomme recours possible. De même ceux de militaires hauts placés, commele général Zeller, chef d'Etat-major de l'armée de terre jusqu'au 1er octobre,ont été prononcés. Mais tout dépend, comme pour le 13 mai, d'une initiativealgéroise. Que l'atmosphère d'Alger soit alors favorable aux complots estune évidence. Selon les policiers des renseignements généraux, il a étéquestion dès le 16 septembre de faire tomber le pouvoir, du moins au seindes mouvements nationaux. Les militants sont (ou se croient) invités à sepréparer à un « coup dur » pour imposer une solution qui leur paraîtcompromise par de Gaulle, comme elle l'avait été auparavant par Mendès-France, Mollet, ou Pflimlin. L'analyse des faits importe moins ici que laméfiance à l'encontre de supposés « bradeurs ». Comme le 13 mai, l'idéen'est pas de faire tomber le pouvoir, - ou pas unanimement, pas directement: elle est de faire basculer l'armée et donc de transformer une journée enpronunciamento.

8 Massu Gal, Le torrent et la digue, Paris, Plon, 1972, p. 287.

11 Ce basculement est d'autant plus facile que l'armée entretient, dès avantle 13 mai, avec les « mouvements nationaux » d'Alger, des liens nombreuxet à tous les niveaux, en particulier pour le maintien de l'ordre dans la ville.Les contacts les plus importants s'opèrent avec les colonels engagés dansl'action psychologique et le contrôle des populations : le chef du 5e bureau,le colonel Gardes, le chef d'état-major de Massu, le colonel Argoud ; leresponsable de la sûreté, le colonel Godard. Ces contacts sont souhaités etencouragés par la hiérarchie : Challe reçoit fréquemment Joseph Ortiz, sonsubordonné, Massu, fait de même, directement ou par l'intermédiaire decertains de ses officiers (le capitaine Filippi, le lieutenant Sanne). Dansl'esprit de ces généraux, il s'agit non pas de favoriser l'action des radicaux

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de l'Algérie française, mais de maintenir le contact pour les convaincred'appuyer leur stratégie, qui est l'application du programme d'intégration.Massu dira ainsi d'Ortiz : « il représente une force latente et je dois en tenircompte »8. Le général accuse d'ailleurs les responsables de l'ordre à Alger,notamment le général Coste, commandant la zone Nord-Algérois, et sonsubordonné direct, le colonel Fonde, commandant le secteur Alger-Sahel, den'avoir pas su entretenir cette confiance qui, selon lui, aurait empêché lesévénements de janvier. Dans ces conditions, un complot regroupant leschefs du CEMN et les colonels cités plus haut s'est-il déroulé en dehors dela hiérarchie, et plus particulièrement de Delouvrier et de Challe ? Toutdépend du sens que l'on accorde à ce terme.

12 Pour la plupart, il ne s'est sans doute agi, en manifestant à partir du 23janvier, que de répondre à l'émotion de la population et des militants desdifférents mouvements, en s'appuyant sur la sympathie de l'armée. Certainsespéraient que cette démonstration pourrait conduire Paris à se prononcernettement en faveur de l'Algérie française ; ainsi le leader des ancienscombattants Auguste Arnould. La lenteur des autorités à interdirerassemblements et manifestations, l'accueil qu'elles ont réservé à nombre deleurs animateurs, ont pu entretenir l'idée que la manifestation elle-même -dont l'interdiction n'a été prononcée que dans la matinée du 24 et paraîtavoir été ignorée de beaucoup - n'avait qu'un caractère patriotique. Pourd'autres, non dépourvus d'arrière-pensées, le moment n'était pas bien choisi.Jean-Jacques Susini déclarera lors du procès des barricades (18 décembre1961) qu'il ne pouvait être question de lancer un mouvement insurrectionnelsans justification suffisante, alors que l'hostilité du général de Gaulle àl'Algérie française n'était pas clairement établie.

13 Cependant, faute de preuves, certains indices laissent à penser qu'il nes'agissait pas d'une simple manifestation. La manière dont Pierre Lagaillardes'installe dans les facultés dès le 23 au soir prouve sa conviction que l'affairepeut durer. La présence d'UT ou de civils en armes, équipés dès la matinéedu 24 (dans le dépôt de la rue de l'abbé de l'Epée, non loin des Facultés), lamanière dont le feu sera ouvert en fin d'après-midi sur les gendarmes (aupoint que certains témoignages concluent à l'existence d'un plan de feupréétabli), laissent supposer qu'Ortiz et les siens tiennent à s'assurer depositions solides en cas d'« événements » imprévisibles, voire à lesprovoquer, dans des circonstances favorables. Mais autant qu'un complot,l'incertitude quant aux comportements éventuels du chef de l'Etat, dugouvernement, des responsables sur le terrain, des cadres, voire destroupes, peut suffire à expliquer ces initiatives. La conscience de ladifférence du nouveau régime par rapport à l'ancien n'a pas encore pénétréles esprits. De ce point de vue, les barricades sont le premier test de la

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solidité de la Ve République.

La semaine des barricades

La fusillade du 24 janvier

14 L'événement paraît être le résultat de la conflagration de deux volontésantagonistes : celle des manifestants d'occuper le terrain dans le centred'Alger, celle des autorités de les empêcher de le faire durablement. Dans lesouci d'éviter une confrontation, il semble que les contacts entrecommandement et organisateurs aient conduit le service d'ordre à occupersolidement les points névralgiques (en particulier le gouvernement général),et à laisser la manifestation - commencée dans la matinée - se déroulerjusque dans la soirée, afin de fournir un exutoire à l'émotion populaire. Lajournée du 24 se passe ainsi tout entière en démonstrations pacifiques. Queles manifestants de quartiers populaires de Bab el-Oued à l'ouest, deBelcourt à l'est, aient rompu les barrages de parachutistes et soientparvenus dans le centre ville n'est pas pris au tragique, d'autant que la foule,mêlée de curieux, n'est pas celle des grands jours.

15 Lorsque le dispositif destiné à évacuer le périmètre se met en branle(vers 18 heures), l'incident éclate entre manifestants armés et gendarmerie.Cette dernière, chargée de balayer la place dite « plateau des Glières », setrouve prise sous un feu nourri de fusils et d'armes automatiques parti desimmeubles, des barricades déjà édifiées, auquel s'ajoutent les tirs d'ungroupe d'UT arrivé en camion au cours de l'engagement. La fusillade durejusque vers 18h45, soit une quarantaine de minutes, scandée par des arrêtset des reprises. Seule l'arrivée des parachutistes du 1er REP, débouchant del'avenue Pasteur, puis de ceux du 1er RCP, arrivant du boulevard Baudin,permet l'arrêt du feu. Le bilan est lourd : 14 gendarmes (dont 2 officiers) et 8civils tués (dont des soldat des UT) ; 59 gendarmes et 33 civils blessés (dontun enfant de 10 ans), d'après les chiffres fournis le 24 janvier.

16 A qui revient la responsabilité de l'ouverture du feu ? Cela est bien difficileà dire, mais il est peu probable que la gendarmerie - troupe habituée aumaintien de l'ordre - ait tiré la première, de plus, dans une positiondésavantageuse, comme l'indique ses pertes supérieures. En revanche, ellea pu recourir à des grenades lacrymogènes, dont, d'après la plupart destémoins, les explosions ont précédé les premiers coups de feu.

17 Il est quasi certain que ceux-ci (sans doute des coups de pistolet) ont ététirés par des manifestants, ce qui a provoqué une fusillade générale, etl'action des F.M. Faut-il invoquer l'action de provocateurs, désireux de créer

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une situation irréversible ? Rien n'est moins sûr, car, à elle seule, lapossession d'une arme par des éléments indisciplinés implique le risque deles voir en faire usage en cas d'affolement ou de fureur subite.

18 Les organisateurs de la manifestation tenaient-ils à laisser celle-ci sedisperser dans le calme, alors qu'elle ne paraît pas avoir eu le caractèremassif qu'ils souhaitaient ? Ils ont cherché à retenir la foule le plus tardpossible, ont tenté même de l'augmenter. Dans quel but ? Provoquer unchoc ? Des propos comme celui du leader des anciens combattants,Arnould, qui avait annoncé à 15h40 au balcon de la Fédération des UT, l'«ultime combat dans deux heures », semblent l'indiquer. Lors du procès, lesgénéraux Challe et Coste déclarent avoir été frappés par la montée de latension, et avoir craint une marche des manifestants sur le gouvernementgénéral. Mais cette attitude pouvait tout aussi bien correspondre à unestratégie visant à impressionner les autorités, et à leur arracher desdéclarations propres à donner à la fin de la journée l'aspect d'une victoire.De semblables déclarations avaient, en effet, contribué à chauffer les espritsdes plus excités. Dans une telle atmosphère, la charge de la gendarmerie,exécutée, comme l'indiquaient les ordres reçus par son chef, le colonelDebrosse, « avec la dernière énergie », c'est-à-dire au pas de course,crosse en avant, devait presque nécessairement entraîner des réactionssanglantes.

9 Déposition du général Coste (16 janvier 1961)

19 L'emploi des gendarmes correspond-il à une provocation des autorités ?C'est également bien peu probable. Les gendarmes ont été chargés debalayer le haut du plateau des Glières, car ils étaient seuls en position de lefaire, puisqu'ils avaient stationné toute la journée sur le Forum pour protégerl'immeuble du gouvernement général d'une invasion comparable à celle du13 mai. Ils formaient la seule troupe sur laquelle on pût vraiment compterpour arrêter la foule algéroise. La responsabilité de leurs chefs est sansdoute d'avoir exécuté les ordres à la lettre et d'avoir appliqué à Alger, contreune foule infiltrée par des groupes armés, des consignes bonnes pour lamétropole, contre des manifestants eux-mêmes soucieux de ne pas laisserde prétexte aux provocations. A un échelon supérieur, l'ensemble del'opération n'a pas été véritablement coordonnée, les gendarmes ayant agisans attendre les parachutistes, qui devaient déboucher simultanément surla place. Ceux-ci, il faut aussi le souligner, ont avancé avec beaucoup delenteur puisque lors des premiers coups de feu le 1er REP se trouvaitencore à l'entrée du tunnel des Facultés. Le général Coste dira avoir agi enconnaissance de cause, jugeant ne pouvoir compter véritablement que sur lagendarmerie9.

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L'édification des barricades

20 Comme on l'a vu, la notion de périmètre défensif est apparue dès avantla fusillade, par l'installation d'hommes en armes à l'intérieur du périmètrecontrôlé par les organisateurs de la manifestation. Quand les barricades ont-elles commencé à être édifiées ? Les récits divergent. Selon Ortiz, celle dela rue Charles-Péguy, la plus célèbre, a été élevée vers 15h30 ; la plupartdes témoignages évoquent plutôt 16 heures ou 16h30, mais il se peut quel'édification ait commencé plus tôt. Elle deviendra quelques heures plus tardla « barricade Roger Hernandez », du nom de l'UT de 34 ans tué àproximité. Lui faisant face, au début de la rue d'Isly, une autre barricade n'aqu'une existence éphémère. Ces barricades ont été édifiées, selon Ortiz, pardes jeunes gens qu'il qualifiera de remuants et peu responsables, qui ontenlevé des pavés et utilisé des planches provenant d'un chantier. Il s'agit deconstructions fragiles et peu élevées (1 m). N'obéissaient-elles pascependant à un plan préconçu, qui visait à entraver la circulation dans lequartier, où des voitures et des autobus étaient alors installés en guise debarrage ? En tout cas, elles ont dissuadé le colonel Broizat, du 1er RCP, dedégager la rue Charles-Péguy, comme il en avait reçu l'ordre, puis ontcontribué à mettre en difficulté les gendarmes arrivés au niveau de cettemême rue. Cela ne permet naturellement pas de dire qu'elles ont été bâtiesà cette fin.

10 Lagaillarde déclare avoir, au cours de la même soirée, fait bâtir troisbarricades, situées aux de (...)11 Rapport du commandant de la ZOA, 4 février 1960, 1 H 2 0 2 0.

21 L'organisation d'un véritable réduit ne commence, d'après les dépositionsde Lagaillarde et d'Ortiz, qu'après la fusillade10. Ces barricades ne sont pasles seules ; à Alger même, d'autres sont élevées, mais rapidement détruites.Des manifestants en construisent à Oran, le 25 à 22 heures, place de laVictoire, elles seront maintenues jusqu'au 30 au petit matin ; elles serontalors occupées sans violence par la Légion. Il y en aura aussi à Orléansville,le 26, rapidement détruite par la troupe11. Seules celles d'Alger poserontaux autorités un grave problème militaire et politique.

22 Les barricades ont-elles une valeur militaire réelle ? Il est évident queface à des soldats de métier déterminés et armés, elles n'auraient guère dechance de tenir longtemps. Mais il est aussi certain que leurs défenseursauraient, s'ils étaient décidés à résister, la capacité d'infliger des pertes nonnégligeables à l'armée, comme c'est le cas dans toute guerre de rue. Lerisque de voir, en cas de combat, d'autres UT se joindre aux combattants ou

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harceler les forces de l'ordre à l'extérieur du réduit est aussi à prendre encompte. A l'inverse, les insurgés pourraient-ils, en cas d'entrée pacifique desparachutistes dans le camp, l'arme à la bretelle, tirer sur eux ? Cela paraîttotalement inconcevable, tant l'image du parachutiste est alors, pour lamajorité des Français d'Algérie, celle du combattant défenseur de l'Algériefrançaise. L'effet psychologique d'un combat entre Français, dans un paysengagé dans une guerre contre le FLN qui reste l'ennemi, serait désastreux.On se trouve ainsi, en réalité, dans une logique de dissuasion ou de non-bataille.

12 Bromberger M. et S., Elgey G, Chauvel J.-F, Barricades et colonels,Paris, Fayard, 1960, p. 204.13 Ortiz J., Mes combats, carnets de route, (1954-1962), Paris, La penséemoderne, 1964, p. 177 et 18 (...)

23 Pour les occupants du camp retranché, il s'agit, devant l'échec du 24, dedurer le plus longtemps possible. Les faits paraissent avoir donné raison àLagaillarde qui, dans une lettre transmise au général Gracieux, chef de la10e DP, dans la matinée du 24, déclarait qu'il ne voulait « constituer qu'uneforce immobile et silencieuse, qui ne sortira pas de son périmètre. Elle sauray mourir, si elle est attaquée »12. Ortiz en effet aurait déclaré à ses partisansle même jour vers 23 heures : « j'ai été obligé d'adopter une positiondéfensive et contre toute tactique révolutionnaire, nous nous trouvonsbouclés dans un réduit ». Selon lui, cela ne peut que servir à « renforcer unclimat »13, la détermination des insurgés pouvant susciter des émeutesailleurs en Algérie. Elle doit placer l'armée devant ce dilemme : tirer sur lesinsurgés, donc condamner le mot d'ordre d'Algérie française, ou lesapprouver, et s'opposer ainsi au gouvernement. A moins que celui-ci, de lui-même, pour éviter l'épreuve de force, et mettre fin à un épisode quicompromet son autorité, ne revienne sur la politique d'autodétermination.

24 Les insurgés des barricades ne manquent pas d'appuis. Celui de lapopulation, qui les ravitaille, et les protège, en rendant encore plusproblématique un assaut. La grève générale, qui s'est étendue à Alger, a parla suite gagné les autres centres européens, Oran, Sidi bel Abbès, la plainedu Chélif, Médéa, Constantine, Bône, Philippeville. Le soutien se traduit,selon les cas, par la création de comités de vigilance, des grèves plus oumoins longues, des manifestations, des pétitions des élus, ou de simplesdépôts de gerbes aux monuments aux morts, voire par d'autres barricades.Résonne aussi la voix des milieux politiques hostiles aux orientations du chefde l'Etat. Le 23 janvier, des députés d'Algérie, Européens et Musulmans, ontainsi remis à Delouvrier une motion destinée au général de Gaulle danslaquelle ils dénoncent une politique « tout à la fois illégale et illégitime ».

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Leurs arguments sont défendus au sein du gouvernement en particulier parJacques Soustelle. Cependant, tout dépend de l'armée.

14 Challe, op. cit., p. 156.15 Voir son projet de rapport in Tournoux J.-R., Jamais dit, Paris, Plon, 1971,p. 460-463.

25 De ce point de vue, le calcul des insurgés n'est pas dépourvu defondement. Il paraît impossible au chef militaire, le général Challe, de tenterune épreuve de force. Il écrira plus tard qu'il n'a pas voulu tenterl'expérience, pour trois raisons : « la première, c'est parce que je veux allerjusqu'à l'extrême limite du possible avant de faire verser le sang ; ladeuxième, est que je ne suis pas sûr d'être obéi par tous les hommes ; latroisième, est que je suis à peu près certain que, si elle tirait, ma troupeserait balayée par les tirs des barricades »14. Tous arguments demeurésvalables pendant tout le siège, et que reprend à peu de chose près legénéral Crépin ; le successeur de Massu a toute la confiance du Présidentde la République, qui en fera le successeur de Challe15. Le but pour Challeet Delouvrier paraît dès lors de parvenir à une reddition sans effusion desang. Mais l'action menée pour arriver à ce résultat est extrêmementambiguë, car elle procède par deux canaux : celui des officiers favorablesavant tout à l'intégration, et donc pleins de compréhension pour les insurgés; et celui des officiers soucieux avant tout du retour à l'ordre.

16 Ordre du général Crépin du 26 janvier, 1 H 2020.17 Déposition d'Argoud au procès des barricades, le 21 décembre 1960.

26 Les premiers sont chargés de négocier avec les insurgés. Les gestes debonne volonté envers ceux-ci vont très loin, puisque la responsabilité del'ordre à Alger, retirée au colonel Fonde dès la soirée du 24, est confiée augénéral Gracieux, commandant la 10e DP, dont on connaît les liens étroitsavec Alger. Le commandant Sapin-Lignères, qui a des contacts rapprochés,voire compromettants, avec les responsables du camp retranché, estdésigné le 26 comme chef de l'ensemble des UT de la zone Alger-Sahel. Ilorganise, avec l'accord du commandement, un système de relève des UT ducamp16. Ortiz et Lagaillarde sont reçus à plusieurs reprises par les colonelssympathisants. C'est le seul moyen pour ces derniers, d'éviter la rupture del'armée sans briser les mouvements partisans de l'Algérie française, dont lacapacité de mobilisation leur semble indispensable dans une guerre anti-subversive17. De ces réunions naît un comité de sauvegarde co-présidé parOrtiz et Lagaillarde, destiné à mettre fin à la grève et à assurer que lesinsurgés ne poursuivent aucun but politique en métropole (27 janvier). Le 29,un projet de démantèlement des barricades à trois conditions est élaboré :

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éloge officiel des défenseurs pour leur action en faveur de l'Algérie française; engagement du gouvernement à tout mettre en œuvre pour faire triompherla cause de l'Algérie française ; limitation du référendum à l'alternative :intégration ou indépendance. Il va de soi que ces textes n'ont guère dechance d'être imposés à de Gaulle. Mais du moins ces contacts évitent-ils larupture. Il en va de même dans nombre de localités d'Algérie, où une partienotable des cérémonies organisées au cours de la semaine se fait en accordet même fréquemment avec la participation des autorités civiles ou militaires.

18 Rapport du général Crépin, op. cit.19 Ordre du 31 janvier, 3e bureau, 1 H 2020.

27 Pendant ce temps une stratégie de plus grande fermeté se prépare àAlger. Bien qu'informées des négociations, les autorités gardent leursdistances. Le 28, Challe et Delouvrier quittent Alger pour la base de Reghaïaafin de bien marquer leur indépendance vis-à-vis de ce qui se passe dans lacapitale. Sur place, il s'agit d'isoler le réduit de tout contact avec l'armée oula population, et de persuader les insurgés de l'inutilité de persister. A partirdu samedi 30, les cordons de troupe réussissent à en interdire totalementl'entrée, malgré des tentatives, notamment le dimanche 31, pour lesdisloquer, sous la poussée de la foule18. Le commandement (retiré le mêmejour au général Gracieux) dispose alors de près de 17 000 hommes. Laplupart sont sans liens particuliers avec Alger, mais ils comprennent unemajorité de parachutistes et de légionnaires, dont l'image auprès des Pieds-noirs limite les risques d'une nouvelle fusillade. Challe donne alors desordres pour l'investissement total du réduit, par l'occupation de toutes lesmaisons ayant une vue plongeante sur lui, par l'obstruction des égouts etdes souterrains permettant d'y accéder19. Cette patience a permis denombreux départs ; en effet, les troupes, si elles interdisent désormais depénétrer à l'intérieur du périmètre, laissent sortir librement les individus sansarme.

20 René Brouillet d'après le témoignage du général de Beaufort, chef ducabinet militaire du présiden (...)

28 Cette pression militaire s'accompagne d'une pression politique. Le 26janvier, Debré a qualifié l'Algérie de « terre française ». Le 28 janvier, dansun long discours, au ton pathétique, Delouvrier a adjuré les insurgés de sesoumettre, pour que la France « sauve, garde l'Algérie », ce qui paraît avoirébranlé la résolution de beaucoup. Dès ce moment, la reddition paraîtenvisagée. Le général de Gaulle qui, selon une tactique éprouvée, a pris letemps de laisser l'adversaire se découvrir, a indiqué le 29 janvier, clairementet sévèrement, qu'il était hors de question pour lui de renoncer à

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l'autodétermination. Il n'en a pas moins souligné la primauté qu'il entenddonner à la lutte contre l'« organisation rebelle », et la joie qu'il ressentirait siune consultation était organisée, à voir les musulmans se décider pour « lasolution la plus française ». Il se range, malgré son désir d'en finir au plusvite - et, peut-être, quelques tentations de son cabinet de souhaiter l'épreuvede force20 – aux demandes d'apaisement des hommes qui sont sur place(Challe, Delouvrier, Crépin).

21 Note du chef d'Etat-major pour le général Challe, 28 janvier 1960, 1 H2020.22 1 H 2020.

29 Les déclarations des chefs de l'armée sont également très importantes.Le 27 janvier, Challe affirme que l'armée « continuera à se battre pour quevive l'Algérie française, car il ne peut exister d'autre sens à son combat ».Cependant, il reste décidé à rétablir l'ordre, sensible à l'argumentationdéveloppée par le chef d'Etat-major, le général Ely : l'armée ne peut espérergagner la guerre en Algérie si, en paraissant cautionner l'émeute, elle perdl'appui du général de Gaulle (« notre seule chance ») et de la nation21. Le28, le général Gambiez, à Oran, demande que la population montre « sonunion totale avec la méthode, ses institutions et son chef, le président de laRépublique, pour que vive l'Algérie française dans la France éternelle »,déclaration reprise dans des termes semblables par son collègue Olié àConstantine. Le 31, Crépin dira de même. Les propos de ces deux dernierschefs, indéfectiblement fidèles à de Gaulle, ne sont pas différents de ceux dugénéral Faure, pourtant mêlé à tous les complots, qui conclut depuis son PCkabyle que la confiance dans le chef de l'Etat et le gouvernement pourmaintenir l'Algérie terre française sort renforcée de cette période22.

23 Il est question de renforcer la garnison de Bizerte avec trois régiments deparachutistes (opérati (...)

30 Comment, dans ces conditions, les opposants sur lesquels comptaientles occupants du camp retranché, et nombre de ces occupants eux-mêmes,ne seraient-ils pas ébranlés, ou convaincus ? Tout le monde comprend quela stratégie des assiégés est désormais vaine. Les officiers, dans leurmajorité, respectent le général Challe, dont le bilan militaire leur paraîtindiscutable. Il leur semble absurde d'appuyer une dissidence en pleinecampagne victorieuse contre le FLN, alors que les relations se tendent avecla Tunisie23. En dépit des appels, ils ne mobilisent d'ailleurs pas lapopulation musulmane d'Alger pour une manifestation de soutien auxinsurgés, ce qui eût été le seul moyen de donner consistance au thème del'intégration. Les civils continuent à faire confiance à l'armée. Le 31, une

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cérémonie au monument aux morts, présidée par le général Gambiez, enprésence du comité de vigilance, met un point final à l'agitation dans la villed'Oran. Le 1er février, le colonel Dufour, commandant le 1er REP, peut offrirune reddition honorable à Lagaillarde et ses derniers partisans (environ 200hommes). Après avoir reçu les honneurs militaires, ceux-ci sont emmenésdans les camions du régiment. A l'exception de leurs chefs, tous peuventcontracter un engagement dans un commando spécial, destiné à combattrele FLN.

Symbolique de la barricade

Le camp retranché

24 Les plus intéressantes sont celles conservées à l'ECPA (fort d'Ivry) ;celles de Paris-Match sont (...)

31 Les photographies sont plus explicites que les témoignages desparticipants ou les croquis que nous avons retrouvés24. Elles montrent larue Charles-Péguy barrée par quatre séries de doubles barricades, édifiéesessentiellement à l'aide de pavés, et comportant des chicanes pour lepassage ; d'autres bloquent tous les accès au périmètre. Elles sontrehaussées (celle de la rue Charles-Péguy atteint 1,80 m), consolidées, pourcertaines à l'aide d'une bétonneuse. La barricade de la rue Charles-Péguyqui donne sur la place de la grande poste est renforcée de sacs de sable àpartir du 28 janvier. Des drapeaux (dont l'un a été trempé dans le sang deRoger Hernandez) flottent sur les barricades ainsi que des banderoles surles balcons. Le fait de pavoiser de tricolore constitue pour les Françaisd'Algérie l'affirmation de leur soutien à la cause de l'Algérie française. Lecaractère patriotique de cette zone est marqué par le détournement depanneaux de signalisation, sur lesquels l'ancienne inscription « zone bleue »a été corrigée en « zone française ». A l'intérieur, on procèdequotidiennement aux cérémonies de lever et de descente des couleurs. Dela musique militaire est diffusée en permanence par haut-parleurs.

32 La population de ce camp varie. La garnison permanente, qui bénéficieau début de relèves, est évaluée à un millier d'hommes (UT pour la plupart,renforcés par une centaine de harkis venus de l'Arba). Ils bivouaquent dansles locaux des Facultés ou dans les appartements dont certains habitantsont été expulsés. La liberté de circulation existant au début pour lessympathisants ou les simples curieux, les relations assez cordiales avec lescordons de parachutistes y créent une atmosphère apparemment bonenfant. Le ravitaillement est assuré sans difficulté (on aurait servi jusqu'à3000 casse-croûte par jour), ni l'eau, ni l'électricité ni le téléphone n'ont été

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coupés, à la fois par égard pour les civils demeurant sur place, par difficultéd'intervenir sur les réseaux, et par complicité.

25 Note du 3e bureau, 3 février 1960, 1 H 2020.

33 Mais cet aspect débonnaire ne doit pas faire illusion. Les défenseurs sontbien armés. Lors de la reddition du camp retranché, les forces de l'ordrerécupéreront 4 F.M., 185 P.M., 510 fusils, des milliers de cartouches et desgrenades25. Ils ne sont pas, en dépit de ce qu'ils tenteront de faire croirelors du procès, désorganisés. Lagaillarde et Ortiz ont créé, chacun de leurcôté, une hiérarchie et une répartition des tâches. Chacun gardejalousement le commandement de ses forces respectives. Lagaillarde,officier de réserve parachutiste, dont il porte la tenue camouflée dite «léopard », fait régner un ordre militaire, alors que la discipline semble plusrelâchée dans le camp d'Ortiz. L'action des groupes de choc se fait sentir àl'extérieur : menaces envers des fonctionnaires de police (que leuradministration préfère déplacer en métropole), enlèvement de l'un d'eux(accusé d'avoir enquêté sur le FNEF et qui sera libéré, son innocencereconnue), et surtout coup de main à l'hôpital Mustapha qui permet lalibération de quatre condamnés lors de l'affaire dite « du bazooka ».

« Barricades » ou Alcazar ?

26 Challe, op. cit., p. 156.

34 Les acteurs ou les témoins de l'époque ne se sont pas limités au nom «barricades ». Challe a parlé de « fort Chabrol », tandis que l'avocat généralMongin a rappelé l'épisode du tribun de la plèbe, Saturninus, soulevé contreMarius en 103 avant J.-C.26. Allusion à l'Alcazar a aussi été faite. Lapaternité de ce terme revient peut-être à Delouvrier, qui l'emploie deux foisdans son discours du 28 janvier aux Français d'Algérie, en parlant de « tousceux qui se sont enfermés dans la Faculté comme dans l'Alcazar de Tolède», et, plus loin, de l'« Alcazar des Facultés ». Cette référence au siègemythique des nationalistes du colonel Moscardo par les forces républicainesespagnoles, et à leur libération par Franco après 64 jours de siège (juillet-septembre 1936) s'accorderait avec les sympathies politiques des dirigeantsdu mouvement. Il faut observer cependant qu'elle n'est pas employée parDelouvrier dans un sens péjoratif, le thème de l'Alcazar s'inscrivant dans unesuite d'épisodes de gloire militaire. Ces comparaisons ne se sont pasimposées, encore qu'elles ne soient pas l'une et l'autre dépourvues depertinence.

27 Bronberger et al., op. cit., p. 142.

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35 La barricade est essentiellement un héritage républicain. Il n'est pasétonnant de voir cette thématique reprise par les organisateurs - malgré lasensibilité d'extrême-droite de beaucoup - à destination de l'armée et despieds-noirs. Il ne faut pas oublier en effet que l'Algérie française s'estlargement construite sur des valeurs de la IIIe République (anti-bonapartisme, école, anticléricalisme, patriotisme, colonialisme), toutesdemeurées très vivantes dans les sensibilités populaires. Pierre Lagaillarderevendique une parenté avec le député Baudin (dont il serait le petit-neveu)27. Fernand Féral déclare à son procès que son arrière-grand-pèrefut expulsé en Algérie pour opinions républicaines. Le 13 mai avait vu lacréation de comités de salut public. Cette reprise de l'imagerie républicaineest aussi destinée à répondre aux accusations de complot contre laRépublique. Georges Bidault, lors du débat sur les pouvoirs spéciaux votéspar l'Assemblée nationale le 4 février 1960, remarque que ceux quidénoncent les barricades d'Alger commémorent les barricades élevées parla Commune pour certains et, pour d'autres, celles qui furent édifiées lors dela Libération de Paris. Il note aussi que des barricades furent construites àAlger en novembre 1942 (allusion inexacte à la tentative de prise du pouvoirpar la Résistance le 8 novembre, afin de préparer le débarquementaméricain).

28 Déposition du commandant de gendarmerie Tardy au procès, 4 janvier1961.

36 Quelle que soit la validité de la référence, il semble que la fonction de labarricade et sa mythologie soient les plus adéquates pour rendre comptedes faits étudiés plus haut. Comme toujours, elles délimitent l'espace danslequel s'enferment symboliquement les défenseurs d'une cause, ici celle del'Algérie française. Cette séparation volontaire en appelle au reste de lacollectivité nationale à qui est présentée l'image d'une unanimité brisée parl'abandon par la majorité de ses engagements sacrés. La disparition desbarricades ne peut alors se faire que par l'élargissement de l'espacepréservé à l'ensemble de l'espace national, et donc le retour aux principesdont les exilés volontaires se sont faits les défenseurs. Ceci imposerait àl'Etat de renoncer à la démarche amorcée par le discours du 16 septembre.La Voix du Bled, émission du 5e bureau retransmise par France-V, la radioofficielle, proclame : « la barricade ne sépare plus, elle unit ; elle est un traitd'union entre les civils, les territoriaux et les militaires »28. En fait, c'estl'inverse qui se produit. L'autorité de Paris impose le pouvoir de l'Etat commeseule expression possible de la volonté nationale et marginalise lesoccupants du réduit, d'autant plus que la référence à l'Algérie française estencore commune aux partisans et aux adversaires du général. Il ne leur

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reste plus qu'à négocier honorablement leur capitulation.

29 Le Monde, 4 et 12 février 1960.

37 Mais certains souhaitent éviter l'élaboration d'un mythe qui risquerait deprofiter à l'image des vaincus. Un premier billet anonyme du Monde souligneque (malgré certaines parentés inquiétantes) il n'y a guère de rapport entrel'acharnement des combats pour l'Alcazar de Tolède et le « siège bon enfantsoutenu par Lagaillarde, Ortiz et leurs partisans, qui n'échangèrent que descigarettes et des tasses de café ». Un second billet rappelle qu'il ne faut pasparler de « morts sur les barricades », puisque la plupart des tués l'ont étéavant leur construction et non pas dans un combat entre insurgés et forcesde l'ordre, mais probablement sous les mêmes balles, celles tirées depuis lePC d'Ortiz. Cette argumentation est un peu vaine. Mais elle a pour butessentiel d'éviter aux grands morts des barricades républicaines de lapériode 1830-1870, tués par les forces de l'ordre, voire aux morts de laguerre civile espagnole le voisinage de ceux d'Alger, auxquels se trouveinterdit, jusqu'à nouvel ordre, l'accession à la légende29.

***

38 Quels qu'aient pu être les buts ou les espoirs des organisateurs de lasemaine des barricades et de ceux qui les soutenaient ou croyaient en eux,avec plus ou moins de naïveté, ces buts n'ont pas été atteints. Au contraire,ils ont contribué à discréditer les Pieds-noirs aux yeux d'une opinionfrançaise qui faisait massivement confiance au général de Gaulle. Alors queles chefs des barricades ont la sympathie de la majorité des Françaisd'Algérie, persuadés que la responsabilité de la fusillade incombe totalementaux forces de l'ordre, la plupart de leurs compatriotes de métropoleapprouve leur arrestation et leur mise en jugement, convaincus qu'il y a eucomplot. Un mur d'incompréhension de plus s'érige entre l'opinion françaisede métropole et celle d'Algérie, que les années suivantes ne feront querenforcer au point de bâtir des interprétations diamétralement opposées,quelle que soit la réalité, et le degré réel d'information des uns et des autres.

30 Ce système, progressivement abandonné, est totalement supprimé dèsfévrier 1962 (note du 1er burea (...)

39Les suites de la semaine des barricades peuvent apparaître à bien deségards comme un progrès du contrôle par de Gaulle de la situation enAlgérie. Celui-ci passe d'abord par la dissolution des UT, prononcée dès le1er mars. En remplacement sont créées des unités de réserve, sous formede compagnies amalgamées à des unités d'active, constituées de

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réservistes mobilisés pour des périodes allant de 8 à 30 jours par an30.Dans le même esprit, les cinquièmes bureaux - auxquels leur engagementen faveur de l'intégration et leurs complaisances pour les extrémistes del'Algérie française est reproché - sont supprimés. Le vote de la loi du 4février permet au Président de légiférer par ordonnances. La politique suiviereste très largement dans l'équivoque. En effet, les propos des autoritésconservent, comme on l'a vu, une tonalité d'ensemble favorable à l'Algériefrançaise. De ce point de vue, les barricades n'ont rien tranché. Il faudra,deux ans plus tard, la fusillade de la rue d'Isly à quelques mètres de là, pourpersuader les Français d'Algérie que l'armée française a cessé d'être cellede l'Algérie française.

NOTES1 Selon les rapports de police, le FNF dispose de groupes de chocorganisés sur la base de la dizaine (PB. déposition du commissaireGianantoni, 8 décembre 1960).2 Note du 1er bureau, 23 février 1960, 1 H 1926 ; - message du 15 mars1960, EMI, 1er bureau, 1 H 20203 On dit abusivement pour désigner un homme appartenant à une Unitéterritoriale, de même qu'on parle d'« un CRS » pour désigner un policierd'une Compagnie républicaine de sécurité. On se soumettra ici à cet usage.4 Challe M., Notre révolte, Paris, Presses de la Cité, 1968, p. 149. Ilessayera de reprendre lors du putsch ce programme de structuration despopulations.5 Chiffres rapportés au procès des barricades par le bâtonnier Charpentier,le 10 décembre 1960.6 Debré M., Gouverner, Mémoires, Paris, Albin Michel, 1988, t. 3, p. 230.7 Challe, op. cit., p. 154.8 Massu Gal, Le torrent et la digue, Paris, Plon, 1972, p. 287.9 Déposition du général Coste (16 janvier 1961)10 Lagaillarde déclare avoir, au cours de la même soirée, fait bâtir troisbarricades, situées aux deux extrémités de la rue Edouard-Cat et à la portesud des Facultés. Mais il n'en dit pas plus.11 Rapport du commandant de la ZOA, 4 février 1960, 1 H 2 0 2 0.12 Bromberger M. et S., Elgey G, Chauvel J.-F, Barricades et colonels,Paris, Fayard, 1960, p. 204.13 Ortiz J., Mes combats, carnets de route, (1954-1962), Paris, La penséemoderne, 1964, p. 177 et 185.14 Challe, op. cit., p. 156.15 Voir son projet de rapport in Tournoux J.-R., Jamais dit, Paris, Plon, 1971,p. 460-463.16 Ordre du général Crépin du 26 janvier, 1 H 2020.17 Déposition d'Argoud au procès des barricades, le 21 décembre 1960.

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18 Rapport du général Crépin, op. cit.19 Ordre du 31 janvier, 3e bureau, 1 H 2020.20 René Brouillet d'après le témoignage du général de Beaufort, chef ducabinet militaire du président (Paillat C, La liquidation, Paris, R. Laffont,1972, p. 539).21 Note du chef d'Etat-major pour le général Challe, 28 janvier 1960, 1 H2020.22 1 H 2020.

23 Il est question de renforcer la garnison de Bizerte avec trois régiments deparachutistes (opération Piques) ce qui justifie retrait du 1er RCP pour setenir prêt à Telergma à partir du 2 février. Cet argument a été notammentutilisé par le général Ely dans sa note au général Challe du 28 janvier.

24 Les plus intéressantes sont celles conservées à l'ECPA (fort d'Ivry) ;celles de Paris-Match sont assez décevantes de notre point de vue.25 Note du 3e bureau, 3 février 1960, 1 H 2020.26 Challe, op. cit., p. 156.27 Bronberger et al., op. cit., p. 142.28 Déposition du commandant de gendarmerie Tardy au procès, 4 janvier1961.29 Le Monde, 4 et 12 février 1960.30 Ce système, progressivement abandonné, est totalement supprimé dèsfévrier 1962 (note du 1er bureau, 23 février 1960, citée).

AUTEUR

Jacques FrémeauxDu même auteurFin de la guerre d’Algérie, de l’événement à l’histoire in Algérie : sortie(s) deguerre, Presses universitaires de Rennes, 2014Colonies et protectorats dans la guerre in Archives de la Grande Guerre,Presses universitaires de Rennes, 2014L’armée et le 13 Mai in Mai 1958, Presses universitaires de Rennes, 2010

© Éditions de la Sorbonne, 1997

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