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1 SOMMAIRE Titre Page Titre Page Titre Page 01 - Allez voir mes voisins 2 31 - La java des bombes atomiques 11 61 - Mamadou m’a dit 21 02 - A Paris, l’est une vieille 2 32 - La java des bons enfants 12 62 - Manhattan-Kaboul 21 03 - Ah bah ouais, mais bon 2 33 - La ligne Holworth 12 63 - Merci patron 21 04 - Allons au-devant de la vie 3 34 - La Madelon 12 64 - Mon mari est parti 22 05 - Amis, dessous la cendre 3 35 - La montagne 13 65 - Mon vieux 22 06 - Armstrong 3 36 - La semaine sanglante 13 66 - Motivés 22 07 - Bandiera rossa 3 37 - La vieille 14 67 - Mutins de 1917 23 08 - Bella ciao 4 38 - L’affiche rouge 14 68 - Né quelque part 23 09 - Brume 4 39 - L’âge d’or 15 69 - Nous sommes un cas 23 10 - Chanson pour l’auvergnat 4 40 - Le bataillon scolaire 15 70 - Papyvole 24 11 - Chômage au fond de la vallée 4 41 - Le chant des ouvriers 15 71 - Parachutiste 24 12 - Délit de faciès 5 42 - Le conscrit 15 72 - Parle moi de chez toi 24 13 - Dents d’ivoire et peau d’ébène 5 43 - Le conseil de guerre 16 73 - Pelot d’Hennebont 24 14 - Destruysons les prisons 6 44 - Le déserteur 16 74 - Potemkine 25 15 - D’Georges Bouch’ 6 45 - Le fondeur de canons 16 75 - Poulailler’s song 25 16 - El ejercito del Ebro 6 46 - Le grand métingue du Métropolitain 16 76 - Quand on s’promène au bord de l’eau 25 17 - El pueblo unido 6 47 - Le jour de clarté 17 77 - Quand un militaire 25 18 - Emigré 7 48 - Le temps des cerises 17 78 - Quand un soldat 26 19 - Général à vendre 7 49 - Le temps ne fait rien à l’affaire 17 79 - Qu’as-tu appris à l’école ? 26 20 - Giroflée girofla 8 50 - Le travail c’est la santé 17 80 - Que sont devenues les fleurs ? 26 21 - Grand-mère gatieau 8 51 - Les canuts 18 81 - Sulamite 88 27 22 - Grândola 8 52 - Les conscrits 18 82 - Tourdion 27 23 - Ils ont partagé le monde 9 53 - Les crayons de couleur 18 83 - Tranche de vie 27 24 - J’ai froid 9 54 - Les sans papiers 18 84 - Travailler c’est trop dur 25 - Je crois que ça va pas être possible 9 55 - Les trois gendarmes 19 26 - Je n’aurai pas le temps 10 56 - Les vieux 19 27 - Johnny 10 57 - L’estaca 19 28 - Jusqu’à la ceinture 10 58 - Lily 20 29 - La butte rouge 11 59 - L’intermittente 20 30 - La chanson de Craonne 11 60 - L’Internationale 20

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SOMMAIRE

Titre Page Titre Page Titre Page 01 - Allez voir mes voisins 2 31 - La java des bombes atomiques 11 61 - Mamadou m’a dit 21 02 - A Paris, l’est une vieille 2 32 - La java des bons enfants 12 62 - Manhattan-Kaboul 21 03 - Ah bah ouais, mais bon 2 33 - La ligne Holworth 12 63 - Merci patron 21 04 - Allons au-devant de la vie 3 34 - La Madelon 12 64 - Mon mari est parti 22 05 - Amis, dessous la cendre 3 35 - La montagne 13 65 - Mon vieux 22 06 - Armstrong 3 36 - La semaine sanglante 13 66 - Motivés 22 07 - Bandiera rossa 3 37 - La vieille 14 67 - Mutins de 1917 23 08 - Bella ciao 4 38 - L’affiche rouge 14 68 - Né quelque part 23 09 - Brume 4 39 - L’âge d’or 15 69 - Nous sommes un cas 23 10 - Chanson pour l’auvergnat 4 40 - Le bataillon scolaire 15 70 - Papyvole 24 11 - Chômage au fond de la vallée 4 41 - Le chant des ouvriers 15 71 - Parachutiste 24 12 - Délit de faciès 5 42 - Le conscrit 15 72 - Parle moi de chez toi 24 13 - Dents d’ivoire et peau d’ébène 5 43 - Le conseil de guerre 16 73 - Pelot d’Hennebont 24 14 - Destruysons les prisons 6 44 - Le déserteur 16 74 - Potemkine 25 15 - D’Georges Bouch’ 6 45 - Le fondeur de canons 16 75 - Poulailler’s song 25 16 - El ejercito del Ebro 6 46 - Le grand métingue du Métropolitain 16 76 - Quand on s’promène au bord de l’eau 25 17 - El pueblo unido 6 47 - Le jour de clarté 17 77 - Quand un militaire 25 18 - Emigré 7 48 - Le temps des cerises 17 78 - Quand un soldat 26 19 - Général à vendre 7 49 - Le temps ne fait rien à l’affaire 17 79 - Qu’as-tu appris à l’école ? 26 20 - Giroflée girofla 8 50 - Le travail c’est la santé 17 80 - Que sont devenues les fleurs ? 26 21 - Grand-mère gatieau 8 51 - Les canuts 18 81 - Sulamite 88 27 22 - Grândola 8 52 - Les conscrits 18 82 - Tourdion 27 23 - Ils ont partagé le monde 9 53 - Les crayons de couleur 18 83 - Tranche de vie 27 24 - J’ai froid 9 54 - Les sans papiers 18 84 - Travailler c’est trop dur 25 - Je crois que ça va pas être possible 9 55 - Les trois gendarmes 19 26 - Je n’aurai pas le temps 10 56 - Les vieux 19 27 - Johnny 10 57 - L’estaca 19 28 - Jusqu’à la ceinture 10 58 - Lily 20 29 - La butte rouge 11 59 - L’intermittente 20 30 - La chanson de Craonne 11 60 - L’Internationale 20

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1 - ALLEZ VOIR MES VOISINS Catherine le Forestier

Si vous voulez parler de ces pays lointains Où l'on meurt de misère et de faim Des enfants de Biafra et des petits indiens A deux pas de chez moi allez voir mes voisins Vous ne trouverez pas leur nom dans le Bottin Moussa, Mohamed et Salem Et vous aurez du mal à trouver le chemin A deux pas de chez moi allez voir mes voisins La concierge me dit qu'ils ne sont bons à rien Qu'ils n'ont pas les manières de chrétiens Qu'ils respirent notre air et mangent notre pain A deux pas de chez moi allez voir mes voisins C'est vrai que nos grands-pères étaient des gens de bien Qu'ils avaient des manières de chrétiens Quand ils ont pris la terre d'Afrique aux africains A deux pas de chez moi allez voir mes voisins Ils ont fait de ces hommes vos grands-pères et les miens Des balayeurs et des fantassins Et si le pain est cher leur vie ne coûte rien A deux pas de chez moi allez voir mes voisins Aux concours de misère leurs taudis valent bien New Delhi, Calcutta ou Harlem C'est aussi pittoresque mais c'est beaucoup moins loin A deux pas de chez moi allez voir mes voisins Vous les voyez traîner de Montrouge à Pantin Pourtant ils pourraient bien un matin Venir vous réveiller vous qui dormez si bien A deux pas de chez moi allez voir mes voisins

Si vous voulez parler de ces pays lointains Où l'on meurt de misère et de faim Des enfants du Biafra et des petits indiens A deux pas de chez moi allez voir mes voisins A deux pas de chez toi va donc voir tes voisins

2 - A PARIS, L’EST UNE VIEILLE A Paris, l’est une vieille, ouaip ! (Bis) Qu’avait plus d’quatre vingts ans, et ran plan plan la vieille, Qu’avait plus d’quatre vingts ans, et ran, plan, plan ! Elle entra dans une noce, ouaip ! (bis) Et s'assit près d'un galant, et ran plan plan la vieille, Et s'assit près d'un galant, et ran, plan, plan ! Beau galant, si tu m’épouses, ouaip ! (bis) Je te f’rais riche d’argent, et ran plan plan la vieille, Je te f’rais riche d’argent, et ran, plan, plan ! Je n’épouse pas les vieilles, ouaip ! (bis) Dont je n'ai pas vu les dents, et ran plan plan la vieille, Dont je n'ai pas vu les dents, et ran, plan, plan ! Et la vieille éclate de rire, ouaip ! (bis) Et montra trois dents d’devant, et ran plan plan la vieille, Et montra trois dents d’devant, et ran, plan, plan ! La première était toute noire, ouaip ! (bis) La deuxième s’envole au vent, et ran plan plan la vieille, La deuxième s’envole au vent, et ran, plan, plan !

Le lundi, c’est jour de noces, ouaip ! (bis) Le mardi jour d’enterr’ment, et ran plan plan la vieille, Le mardi jour d’enterr’ment, et ran, plan, plan ! La morale de cette histoire, ouaip ! (bis) C’est qu’il faut s’laver les dents, et ran plan plan la vieille, C’est qu’il faut s’laver les dents, et ran, plan, plan !

3 - AH BAH OUAIS MAIS BON Les Wriggles J'ai pas d’papa, j'ai pas d’maman moi j'trouve ça dégueulasse Explique Bertrand au surveillant du dortoir de la Ddass Et les autres enfants m'ont dit que ben normalement ils en ont Ah bah oui, mais bon ! Ici vous êtes tous des orphelins, c'est la vie si tes parents sont morts Putain c'est chiant tourneur fraiseur le travail à la chaîne Explique Bertrand à son professeur de Cppn Je vais pas passer ma vie à bosser pour pas un rond Ah bah ouais, mais bon ! Si tu ne fais pas des efforts, ce ne sont pas les efforts qui vont te faire La s’maine prochaine y a un luthier qui m’prend en formation Explique Bertrand au psy d’ l'armée du centre de sélection Avec ce métier j'ai découvert une passion Ah bah ouais, mais bon ! Tu vois, l'armée ça forge le caractère et on n'a jamais tué personne que je sache

Si j’roule trop vite c'est qu’j'ai 5 heures pour faire Paris Béziers Explique Bertrand au policier en train d’verbaliser Si vous m’prenez le camion qu'est ce que j’vais dire au patron Ah bah ouais, mais bon ! Vous savez faut pas le prendre sur ce ton là monsieur Le gouvernement a changé, maintenant je fais ce que je veux ! Je vous en prie laissez-moi l’temps j’viens d’me faire licencier Explique Bertrand à son banquier conseiller financier Si vous refusez mon chèque on va me virer de ma maison Ah ben ouais, mais bon ! Si vous voulez monsieur, une banque c'est une banque Comment vous dire, une banque, c'est une banque ! Putain Bertrand t'es chiant Bertrand t'es plus comme avant Explique l'épouse de Bertrand à Bertrand zappant sur son divan Tu passes tout ton temps devant la télévision Ah ben ouais, mais bon ! Dallas ton univers impitoy… C'est vrai que j’bois mais j’tape pas mes gosses quand même, j'ai une âme Explique Bertrand tout en tremblant à l'avocat d’sa femme Et c'est pas mon chômage qui va couvrir la boisson… pension Ah ben oui, pardon, mais bon ! Il faut bien comprendre monsieur qu'en droit, vous n'avez pas le droit de...

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J'suis en fin d’droit j'ai plus d’pognon j'attends le Rmi Explique Bertrand au vieux chignon qui dit c'est pas ici Vous vous foutez d’ma gueule à chaque fois c'est ce qu'on m’répond Ah ben oui, mais bon ! J'ai pas fait une seule pièce même pas un seul ticket resto Explique Bertrand station Barbès aux rambos du métro Il fait moins 10 dehors et j'suis fragile des poumons Eh ben va sous les ponts ! Eh arrêtez les infirmières avec vos sales piqûres Explique Bertrand dans le Samu qui roule à vive allure Pim pom pim pom pim pom pim pom pim pom pim pom pim pom... Ah bah ouais mais... Touuuuuuuuuuuu

4 - ALLONS AU-DEVANT DE LA VIE J. Perret et D. Chostakovitch

Ma blonde, entends-tu dans la ville Siffler les fabriques et les trains ? Allons au-devant de la bise, Allons au-devant du matin Refrain : Debout, ma blonde ! Chantons au vent ! Debout, amis ! Il va vers le soleil levant notre pays ! La joie te réveille, ma blonde, Allons nous unir à ce chœur Marchons vers la gloire et le monde, Marchons au-devant du bonheur. Refrain : Et nous saluerons la brigade et nous sourirons aux amis

Mettons, en commun, camarades, nos plans, nos travaux, nos soucis Refrain : Dans leur triomphante allégresse les jeunes s’élancent en chantant Bientôt une nouvelle jeunesse viendra au-devant de nos rangs Refrain : Amis, l’univers nous envie ; nos cœurs sont plus clairs que le jour Allons au-devant de la vie, allons au-devant de l’amour. Refrain :

5 - AMIS, DESSOUS LA CENDRE Serge Utge-Royo

Amis, dessous la cendre, le feu va tout brûler... La nuit pourrait descendre dessus nos amitiés Voilà que d'autres bras tendus S'en vont strier nos aubes claires Voilà que de jeunes cerveaux Refont le lit de la charogne... Nous allons compter les pendus, Au couchant d'une autre après-guerre... Et vous saluerez des drapeaux, En priant debout sans vergogne Amis, dessous la cendre, le feu va tout brûler... La nuit pourrait descendre dessus nos amitiés La nouvelle chasse est ouverte, Cachons nos rires basanés... Les mots s'effacent sous les poings Et les chansons sous les discours. Si vos lèvres sont entrouvertes, Un ordre viendra les souder ! Des gamins lâcheront les chiens Sur les aveugles et sur les sourds...

Je crie pour me défendre: À moi, les étrangers ! La vie est bonne à prendre et belle à partager. Si les massacres s'accumulent, Votre mémoire s'atrophie... Et la sinistre marée noire Couvre à nouveau notre avenir. Vous cherchez dans le crépuscule L'espérance de la survie... Les bruits de bottes de l'Histoire N'éveillent pas vos souvenirs. Amis, dessous la cendre, le feu va tout brûler... La nuit pourrait descendre dessus nos amitiés Je crie pour me défendre: À moi, les étrangers ! La vie est bonne à prendre et belle à partager. Amis, dessous la cendre, le feu va tout brûler... La nuit pourrait descendre dessus nos amitiés !

6 - ARMSTRONG Claude Nougaro

Armstrong, je ne suis pas noir, Je suis blanc de peau Quand on veut chanter l’espoir, Quel manque de pot ! Oui, j’ai beau voir le ciel, l’oiseau, Rien, rien, rien ne luit là-haut Les anges, zéro, je suis blanc de peau Armstrong, tu te fends la poire, On voit toutes tes dents Moi je broie plutôt du noir, Du noir en dedans Chante pour moi, Louis, oh oui, Chante, chante, chante ça tient chaud J’ai froid, oh moi, qui suis blanc de peau Armstrong, la vie quelle histoire, C’est pas très marrant Qu’on l’écrive blanc sur noir, Ou bien noir sur blanc On voit surtout du rouge, du rouge,

Sang, sang, sans trêve ni repos Qu’on soit, ma foi, noir ou blanc de peau Armstrong, un jour, tôt ou tard, On n’est que des os Est-ce que les tiens seront noirs, Ce s’rait rigolo Allez Louis, alléluia, Au-delà de nos oripeaux Noir et blanc sont ressemblants Comme deux gouttes d’eau

7 - BANDIERA ROSSA Carlo Tuzzi

Avanti o popolo, alla riscossa, Bandiera rossa (bis) Avanti o popolo, alla riscossa, Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Evviva il comunismo e la libertà. Degli sfruttati l’immensa schiera La pura innalzi, rossa bandiera. O proletari, alla riscossa Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Il frutto del lavoro a chi lavora andrà. Dai campi al mare, alla miniera, All’officina, chi soffre e spera, Sia pronto, è l’ora della riscossa. Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Soltanto il comunismo è vera libertà. Non più nemici, non più frontiere : Sono i confini rosse bandiere. O comunisti, alla riscossa, Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Evviva Lenin, la pace e la libertà

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8 - BELLA CIAO

Una matina, mi son alzatto, O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao ! Una matina, mi son alzatto, E ho trovato l’invasor. Oh partigiano, porta mi via, O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao ! Oh partigiano, porta mi via, Che mi sento di morir. E se io muoio da partigiano, O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao ! E se io muoio da partigiano Tu mi devi sepellir. E sepellire lassu in montagna, O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao ! E sepellire lassu in montagna Sotto l’ombra di un bel fior. E le genti que passerano, O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao ! E le genti que passerano Mi dirano : Que bel fior ! E questo è il fiore del partigiano, O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao ! E questo è il fiore del partigiano Morto per la liberta, E questo è il fiore del partigiano Morto per la liberta ! (bis)

9 - BRUME Brume, brume, grise et ouatée Brume sur la plaine noyée Grise brume du Nord La brume qui tombe Sur la plaine longue Et la terre qui s’endort

Engloutis nos champs et nos villes Nos campagnes et nos usines Grise brume du Nord La brume qui tombe Sur la plaine longue Et la terre qui s’endort Brume, cache nous la lumière Tant que durera cette guerre Grise brume du Nord La brume qui tombe Sur la plaine longue Et la terre qui s’endort Mais un matin dans la lumière Se réveillera notre terre Alors les gars du Nord Oubliant la peine Oubliant la haine Tous ensemble, unis et forts Nous rebâtirons dans l’effort.

10 - CHANSON POUR L'AUVERGNAT

Georges Brassens Elle est à toi cette chanson, toi l'auvergnat qui, sans façon M'as donné quatre bouts de bois quand dans ma vie il faisait froid Toi qui m'as donné du feu quand les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés m'avaient fermé la porte au nez Ce n'était rien qu'un feu de bois, mais il m'avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore à la manière d'un feu de joie Toi l'auvergnat quand tu mourras, quand le croquemort t'emportera Qu'il te conduise, à travers ciel, au père éternel Elle est à toi cette chanson, toi l'hôtesse qui, sans façon

M'as donné quatre bouts de pain quand dans ma vie il faisait faim Toi qui m'ouvris ta hutte quand les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés s'amusaient à me voir jeûner Ce n'était rien qu'un bout de pain mais il m'avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore à la manière d'un grand festin Toi l'hôtesse quand tu mourras, quand le croquemort t'emportera Qu'il te conduise, à travers ciel, au père éternel Elle est à toi cette chanson, toi l'étranger qui, sans façon D'un air malheureux m'a souri lorsque les gendarmes m'ont pris Toi qui n'a pas applaudi quand les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés riaient de me voir amené Ce n'était rien qu'un peu de miel, mais il m'avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore à la manière d'un grand soleil Toi l'étranger quand tu mourras, quand le croquemort t'emportera Qu'il te conduise, à travers ciel, au père éternel. 11 - CHOMAGE AU FOND DE LA VALLÉE

Chanson plus bifluoréee Chômage au fond de la vallée, c'est là la vraie fatalité Voici qu'en la nuit étoilée, un sans emploi nous est donné Séraphin Deudroit il se nomme, il était cadre et respecté Aujourd'hui pôvre petit homme, voilà que tu es licencié Quand la cloche sonne sonne, c'est à l'Armée du Salut

Que se rassemblent les hommes, les hommes qu'ont tout perdu Armée froide qui résonne, en haillons et peu vêtus Plus de trois millions entonnent le chant triste et monotone C'est la chanson du chôm'du. Chômage au fond de la vallée, peu de familles sont épargnées Voilà qu'après dix-neuf années, le Séraphin est remercié Qu'arrive-t-il ? Ah quel marasme ! Sa femme geint près de l'évier Ses deux fillettes font de l'asthme, son vieux chien est paralysé Quand la cloche sonne sonne, c'est la douleur des vaincus Qui au fond des cœurs résonne comme un cri d'amour perdu Et l'assistante sociale ne pourra rien y changer Séraphin est au plus mal, part à la banque locale avec un grand pistolet. Chômage au fond de la vallée, un drame horrible est arrivé Hier un homme a pris en otage le patron du Crédit [censuré] Séraphin Deudroit il se nomme, il était cadre et respecté Aujourd'hui pôvre petit homme, les policiers l'ont arrêté Quand la cloche sonne sonne, c'est chaque jour à midi Que se rassemblent les hommes pour un repas entre amis Séraphin est tout sourire, plus besoin de RMI A l'atelier on l'admire, on assure son avenir A la prison de Fleury, à la prison de Fleury.

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12 - DÉLIT DE FACE, YES Les Wriggles

Barnabé est Parisien et pour un gros paquet d’connards Avant d'être vu comme quelqu'un, on le voit comme un noir Mustapha est marocain, mais pour un gros paquet d'racistes Avant d'être vu comme quelqu'un, on le voit comme un terroriste Pour un bon nombre de gourmands, c'est avant tout du saucisson De la rillette, du jambon blanc, pourtant Fifi c'est un cochon Délit de face, yes, yes, délit de face Délit de faciès, stiguidiguididomtomtomtomtomtom yes stiguidiguididompalampalampam… Bregovic est un roumain, dans les haut-parleurs du métro C'est un voleur de sac à main avant d'être un manchot Pour beaucoup de personnes et pour beaucoup de monde Nathalie est d'abord une grosse conne avant d'être une blonde Pour un bon nombre d'imbéciles, c'est une blague à la con Qu'on se colle dans l'dos en avril, pourtant Glouglou c'est un poisson ! Délit de face, yes, yes, délit de face Délit de faciès, stiguidiguididomtomtomtomtomtom yes stiguidiguididompalampalampam… Pour son papa et sa maman, l'inconsolable Aline N'est plus vraiment leur fiston quand elle s'habille en drag-queen Pour beaucoup d'lecteurs de Charlie, et avouons-le pour nous aussi

Une tête de con dans le métro se cache derrière le Figaro Pour les petits hommes verts de Mars, c'est rien qu'un sale terrien L'éternel dindon de la farce, parce que Faciès, c'est un humain Délit de l'espace, délit de l'espèce x5 Délit de face, yes Combien de potes, combien d'amis nous passent à côté tous les jours A force de n'suivre que nos avis, combien d'centaines de fois on s'gourre Combien l'on a d'a priori, combien de milliers d'fois on s'gourre A force de n'vivre que nos envies, combien de millions d'fois on s'gourre Combien on manque d'histoires d'amour. Délit de face !

13 - DENTS D'IVOIRE ET PEAU D'ÉBÈNE Gilbert Lafaille

Pas la peine, oh pas la peine de parler de celui-là De ce type qui sue la haine et empeste le climat De Bâton rouge au Cap-Vert, de la Mer Noire au Mont-Blanc Ma maison c'est l'Univers, mon bateau c'est l'océan Maori du bout du monde, intouchable ou fils de roi Petit homme aux boucles blondes, Italien de Charleroi Jamaïcain d'Angleterre, marabout de Courbevoie Notre pays c'est la Terre ; chacun est ici chez soi Dents d'ivoire et peau d'ébène, Polynésienne aux yeux bleus Marocain de Carthagène, Portugais de Saint-Brieuc Teint de rose cheveux de laine, fils de l'argile et du bois Dents d'ivoire et peau d'ébène, mêmes veines et mêmes doigts Tous nés de la même terre, du mystère et du chaos De l'ombre et de la lumière, du feu de l'air et de l'eau Les basanés, les métis, les Tziganes, les Mexicains Musulmans de l'île Maurice, catholique Sud Africain Pas la peine, oh pas la peine, de parler de celui-là De ce type qui sue la haine et empeste le climat De Saint-Pierre à Saint-Omer, des Comores à Nouméa La seule patrie c'est la mer, le soleil et l'au-delà Indien nu de l'Amazone, vieil Apache ou Iroquois Petit enfant de la Zone, Zoulou de Choisy-le-Roi

Africaine au corps de reine, déesse en sari de soie Argentin de la Varenne ; chacun est ici chez soi Dents d'ivoire et peau d'ébène, Eurasienne au rire joyeux Polonais du bois d’Vincennes, Chinois de la Terre de Feu Teint de rose, cheveux de laine, filles de la neige et du froid Dents d'ivoire et peau d'ébène, mêmes douleurs et mêmes joies Tous nés de la même pluie, d'une ovule et d'un têtard Nés d'une étoile dans la nuit, de l'amour et du hasard Les basanés, les métis, les Irlandais, les rouquins Petit Français pain d'épice, Juif-arabe américain Dents d'ivoire et peau d'ébène, Antillaise au corps de feu Andalou d'Ile et Villaine, Arménien de Perrigueux Jamaïcain d'Angleterre, marabout de Courbevoie Notre pays c'est la Terre, chacun est ici chez soi Pas la peine, oh pas la peine de parler de celui-là De ce type qui sue la haine et empeste le climat De Bâton rouge au Cap Vert, de la Mer Noire au Mont-Blanc Ma maison c'est l'Univers, mon bateau c'est l'océan

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14 - DESTRUYSONS LES PRISONS

La prison a détruit nos vies. Brisons dé-truisons les prisons ! Passe-moi la tenaille, Paulo, Avant qu’j’le brise à coups d’marteau. Le brac’let a remplacé les murs épais, Maléfique progrès : Passe-moi la tenaille, Paulo, Avant qu’j’le brise à coups d’marteau. Le temps ne veut plus rien dire, ma tête tourne, tourne, tourne, tourne. Comme une bête enfermée, je suis fol à lier. Maudite société, n’as-tu rien d’autre à nous offrir Qu’les mots et les images de ta télé ? N’as-tu jamais entendu dans cette geôle, geôle, geôle, geôle Les cris et les plaintes des forçats modernes ? A quoi bon crier dans cet univers déshumanisé ? Les murs et les portes n’ont plus d’oreilles. La souffrance et le supplice sont vraiment doubles, doubles, doubles, doubles Quand pour pouvoir cantiner je dois boulonner. Mais quel est le goût de votre prétendue liberté, Celle qui tous les jours nous envoie bosser ? Il arrivera le jour de la belle, belle, belle, belle Où je démolirai vos portes et barreaux. Finis le mitard, l’isolement, les lourdes peines. Enfin libérés, nous ferons tout brûler. Vous, matons, courez bien vite, Sinon on va vous massacrer. Passe-moi la tenaille, Paulo, Avant qu’j’le brise à coups d’marteau.

15 - D'GEORGES BOUCH' Chanson plus bifluoréee

D'Georges Bouch', c'est l'Amérique, le symbole de la liberté Il est né sur les bords du fleuve Mississipi, D'Georges Bouch’ c'est pour nous tous un ami ! Il est toujours prêt pour tenter l'aventure, avec ses bons copains Il n'a peur de rien c'est un Américain, il aime l'école surtout quand elle est loin D'Georges Bouch', c'est l'Amérique, le symbole de la liberté Il est né sur les bords du fleuve Mississipi, D'Georges Bouch’ c'est pour nous tous un ami ! Son cheval est blanc, il s'appelle Bouchy, et chasse les indiens Il est différent des chevaux irakiens, il est bien plus fort et parle américain D'Georges Bouch’, c'est l'Amérique, pour tous ceux qui aiment la vérité Ecartant les mensonges d'un revers du poignet, D'Georges Bouch’, toi dont le nom fait rêver ! D'Georges Bouch’, c'est l'Amérique, le symbole de la liberté ! Comme papa, il est président des Etats-Gentils Comme papa, c'est pour nous tous un ami D'Georges Bouch’, c'est pour nous tous un ami Rejoignons la Pétrole-Bouch-Compagnie !

16 - EL EJERCITO DEL’EBRO

El ejercito del Ebro Rumbalabumbalabumbambam (2 Una noche el rio paso Ay Carmela, ay Carmela x2 Y las tropas invasoras Rum balabum balabum bam bam x2 Buena paliza les dio Ay Carmela, ay Carmela x2 El furor de los traidores Rum balabum balabum bam bam x2 Lo descarga su aviacion Ay Carmela, ay Carmela Pero nada pueden bombas Rum balabum balabum bam bam x2 Donde sobra corazon Ay Carmela, ay Carmela x2 Contrataques muy rabiosos Rum balabum balabum bam bam x2 Deberemos resistir Ay Carmela, ay Carmela x2 Pero igual que combatimos Rum balabum balabum bam bam x2 Prometemos resistir Ay Carmela, ay Carmela x4 El ejercito del Ebro Rum balabum balabum bam bam

17 - EL PUEBLO UNIDO Sergio Ortega

De pie cantar, que vamos a triunfar avanzan ya banderas de unidad y tú vendrás marchando junto a mi y así verás tu canto y tu bandera al florecer la luz de un rojo amanecer anuncia ya la vida que vendrá De pie marchar, que el pueblo va a triunfar será mejor la vida que vendrá A conquistar nuestra felicidad y en un clamor mil voces de combate se alzaran dirán canción de libertad Con decisión la patria vencerá Y ahora el pueblo que se alza en la lucha con voz de gigante gritando ¡ adelante ! ¡ El pueblo unido jamás será vencido ! La patria está forjando la unidad; de norte a sur, se movilizará, desde el salar ardiente y mineral, al bosque austral, unidos en la lucha y el trabajo, irán, la patria cubrirán. Su paso ya anuncia el porvenir. De pie cantar, que el pueblo va a triunfar. Millones ya imponen la verdad; de acero son, ardiente batallón, sus manos van llevando la justicia y la razón. Mujer, con fuego y con valor ya estás aquí junto al trabajador. Y ahora el pueblo que se alza en la lucha con voz de gigante gritando; adelante! El pueblo unido jamás será vencido ! (bis)

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18 - EMIGRE Font et Val

Emigré, émigré, reste là, t’en vas pas Maint’nant qu’t’es installé, mon vieux, tu es chez toi, chez moi ! Après avoir donné au tarif minimum Ta sueur et ta santé, on te dit : « Mon bonhomme, Désolé, voyez-vous, y’a plus de place chez nous ! Voilà de la monnaie pour prendre ton billet. » N’écoute pas le croûton qui émiette son racisme Avant de prendre son vol-vacances pour Tunis ! Emigré, émigré, reste là, t’en vas pas Maint’nant qu’t’es installé, mon vieux, tu es chez toi, chez moi ! On te dit : « Tiens toi bien, sois moral et sois bon ! » Mais est-ce que tout ça tient devant l’humiliation ? Ceux qui t’insultent, c’est le même genre de français Qui trouvaient les nazis sympathiques et polis ! A force d’avoir le nez collé au Figaro, Ils ont du attraper des morpions au cerveau ! Emigré, émigré, reste là, t’en vas pas Maint’nant qu’t’es installé, mon vieux, tu es chez toi, chez moi ! Il y a quand même en France plus de gens que tu penses A qui toutes les couleurs n’ont jamais pu faire peur Et puis, pour tout te dire, si tu quittes le pays, On peut craindre le pire ; quelle tristesse, quel ennui ! Si on n’se mélange plus, je crois qu’on est foutu !

La pauvre terre sera aussi gaie qu’un haras ! Si tu nous laisses tomber, on va douc’ment sombrer Dans la vieille vieillerie des pays fruits confits Si on te laisse partir, ton rire va se tarir Dans les sables mouvants d’on ne sait quel Coran ! Emigré, émigré, reste là, t’en vas pas Maint’nant qu’t’es installé, mon vieux, tu es chez toi, chez moi ! x2

19 - GÉNÉRAL À VENDRE F. Blanche et P Philippe

De bon matin me suis levé c'était dimanche, A la carriole j'ai attelé la jument blanche Pour m'en aller au marché Dans le chef-lieu du comté, Paraît qu'y avait des généraux à vendre Mais le soleil écrasait tant la route blanche, La jument s'arrêtait si souvent sous les branches Que lorsque je fus rendu, on m'avait pas attendu ; Et tous les généraux étaient vendus Pourtant là-bas tout au fond du champ de foire, Par un coup d'chance il en restait encore un Il n'était pas couvert de gloire, Mais avec un peu d'ripolin, Il pouvait faire encore très bien J'l'ai échangé contre un cageot de pommes pas mûres, Quatre choux-fleurs et une tartine de confiture Tout ça pour un général, C'était vraiment pas trop mal ; Et puis je l'ai chargé dans la voiture A la maison on m'a fait des reproches amers ; Encore une fois paraît que j'm'étais laissé faire Un Général dans c't'état, Ca valait beaucoup moins qu'ça ! Mais puisque c'était fait tant pis pour moi !

Et puis les gosses ont eu peur de sa moustache, Elle était rousse et ça les faisait pleurer On lui a coupé d'un côté, Mais l'chien s'est mis à aboyer ! Alors on a laissé l'autre moitié ! Il fichait rien pour pas salir son beau costume ; De temps en temps il épluchait quelques légumes Ou réparait l'escabeau, ou débouchait l'lavabo ; Mais y n'savait même pas jouer du piano Pourtant certains soirs, certains soirs d'été, Le Général s'asseyait sur la paille Et les yeux perdus dans l'immensité, Il nous racontait ses batailles Il nous parlait des Dardanelles Quand il n'était que Colonel Et de la campagne d'Orient Quand il n'était que Commandant L'épopée napoléonienne Quand il n'était que Capitaine Et puis la Guerre de Cent Ans Quand il n'était que Lieutenant Les Croisades et Pépin le Bref Quand il n'était que Sergent-Chef Et les éléphants d'Annibal Quand il n'était que Caporal Les Thermopyles, Léonidas Quand il n'était que deuxième classe Et Ramsès II, la première guerre Quand sa mère était cantinière Puis le Général, jusqu'au p'tit matin, Déroulait le fil de son immense histoire Puis il s'endormait sur une botte de foin, Et nous, sans parler, nous rêvions de gloire Il est resté comme ça chez nous jusqu'à l'automne, Sans travailler sans trouver la vie monotone Ça nous a même étonnés d'apprendre par le curé Qu'il avait fait deux jumeaux à la bonne ! Et puis voilà qu'par un beau matin de décembre, Il est entré sans même frapper dans ma chambre

Il v'nait de lire dans l'journal qu'on le nommait Maréchal ! Alors il nous quittait c'était fatal Je l'ai r’conduit en carriole jusqu'à la ville, On m'a rendu mes choux-fleurs et mes cageots Et sans émotion inutile, sans pleurs et sans se dire un mot, on s'est quittés en vrais héros ! A la maison la vie a r'pris sans aventure ; y’a plus personne pour nous chiper des confitures Le Général au bistrot avait planté un drapeau : Pour la patrie j'ai payé la facture Je ne suis plus jamais retourné au marché, Mais quelques fois dans le ciel de la nuit d'été On voit briller cinq étoiles Et ça nous fait un peu mal Oh n'achetez jamais un Général

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20 - GIROFLÉE GIROFLA Rosa Holt

Que tu as la maison douce, Giroflée Girofla L'herbe y croît, les fleurs y poussent, le printemps est là. Dans la nuit qui devient rousse, Giroflée Girofla L'avion la brûlera. (bis) Que tu as de beaux champs d'orge, Giroflée Girofla Ton grenier de fruits regorge, l'abondance est là. Entends-tu souffler la forge, Giroflée Girofla L' canon les fauchera. (bis) Que tu as de belles filles, Giroflée Girofla Dans leurs yeux où la joie brille, l'amour descendra. Dans la plaine on se fusille, Giroflée Girofla L' soldat les violera. (bis) Que tes fils sont forts et tendres, Giroflée Girofla Ca fait plaisir d'les entendre à qui chantera. Dans huit jours on va t' les prendre, Giroflée Girofla L' corbeau les mangera. (bis) Tant qu'y aura des militaires, soit ton fils, soit le mien Y n' pourra y avoir sur terre pas grand-chose de bien. On t’tuera pour te faire taire, par derrière comme un chien Et tout ça pour rien. (bis)

21 - GRAND'MÈRE GATIEAU Gaston Couté

J'ai s'coué les rein's-claud' du peurgnier pour les ramasser su' la mousse ; J'ai fait guerner les perles douces des groseilliers dans mon pagnier ; Pis j'ai renvarsé queuqu's bounn' liv'es de suqu'er blanc su' les fruits clairs Qui cuis'nt dans ma cassine en cuiv'e ; et v'là d'la lichad' pou c't'hiver ! Ah ! les bell's confitur's varmeilles ! J'en ai aux peurn's et aux grosseilles : C'est pou' les p'tiots. Quand c'est qu'i's vienront vouér leu vieille grand'mèr' gatieau ! Quand c'est qu'i's ont ben tapagé ou ben écouté mes histouéres, Les p'tiots guign'nt le fin haut d'l'ormouére plein d'pots d'confitur' ben rangés, Et i's dis'nt : " grand'mère, on t’le jure, on a grand faim, on mang'rait ben. " Et i's lich'nt tout's les confitures, sans fer' de mal à leu' bout d'pain ! Ah ! les bell's confitur's varmeilles ! J'en ai aux peurn's et aux grosseilles : C'est pou' les p'tiots. Quand c'est qu'i's vienront vouér leu vieille grand'mèr' gatieau ! Si je tourne l'nez de d'ssus eux, les brigands, grimpés su' eun' chaise, S'bourr'nt de confitur's à leu-z-aise et s'en embarbouill'nt jusqu'aux yeux. Alors et c'est eun' chous' qui m'brise, mais c'est pou' qui ne r'commenc'nt pus ! Faut que j'corrig'leu' gourmandise par eun' bounn' ciclé' su' leu' cul !

Ah ! les bell's confitur's varmeilles ! J'en ai aux peurn's et aux grosseilles : C'est pou' les p'tiots. Quand c'est qu'i's vienront vouér leu vieille grand'mèr' gatieau ! Si j'les cicle, ces entêtés braill'nt coumm' des vieaux à la bouch'rie, Et, pour calmer leu's pleurnich'ries qu'mes carress's peuv'nt pas arrêter, J'dis à tout's les mauvais's figures, j'fais à tous les p'tits airs grognons : "Allons, v'aurez des confitures si vous pleurez pus, mes mignons !" Ah ! les bell's confitur's varmeilles ! J'en ai aux peurn's et aux grosseilles : C'est pou' les p'tiots. Quand c'est qu'i's vienront vouér leu vieille grand'mèr' gatieau !

22 - GRÂNDOLA Jose Afonso

Grândola, vila morena terra da fraternidade O povo é quem mais ordena, dentro de ti, ó cidade Dentro de ti, ó cidade, O povo é quem mais ordena Terra da fraternidade, Grândola, vila morena Em cada esquina um amigo, em cada rosto igualdade Grândola, vila morena, terra da fraternidade Terra da fraternidade, Grândola, vila morena Em cada rosto igualdade, O povo é quem mais ordena À sombra duma azinheira, que já não sabia a idade Jurei ter por companheira, Grândola a tua vontade Grândola a tua vontade, jurei ter por companheira À sombra duma azinheira, que já não sabia a idade Grândola, vila morena terra da fraternidade O povo é quem mais ordena, dentro de ti, ó cidade Dentro de ti, ó cidade, O povo é quem mais ordena Terra da fraternidade, Grândola, vila morena

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23 - ILS ONT PARTAGE LE MONDE Tiken Jah Fakoly

Refrain : Ils ont partagé le monde, plus rien ne m’étonne Plus rien ne m’éto-o-o-o nne, plus rien ne m’étonne (bis) Si tu me laisses la Tchétchénie, moi je te laisse l’Arménie Si tu me laisses l’Afghanistan, moi je te laisse le Pakistan Si tu ne quittes pas Haïti, moi je t’embarque pour Bangui Si tu m’aides à bombarder l’Irak, moi je t’arrange le Kurdistan. Refrain : Si tu me laisses l’uranium, moi je te laisse l’aluminium Si tu me laisses tes gisements, moi je t’aide à chasser les talibans Si tu me donnes beaucoup de blé, moi je fais la guerre à tes côtés Si tu me laisses extraire ton or, moi je t’aide à mettre le général dehors. Refrain : Ils ont partagé Africa sans nous consulter Ils s’étonnent que nous soyons désunis Une partie de l’empire Mandingue se trouva chez les Wolofs Une partie de l’empire Mossi se trouva dans le Ghana Une partie de l’empire Soussou se trouva dans l’empire Mandingue Une partie de l’empire Mandingue se trouva chez les Mossis Ils ont partagé Africa sans nous consulter Sans nous demander, sans nous aviser ! Refrain :

24 - J'AI FROID Jean Ferrat

Le vent du midi s'abat en rafales Sur la vallée noire où les arbres ploient Leurs bras désolés fument des gitanes, j'ai froid Une fois de plus tous les droits de l'homme Sont foulés aux pieds sont jetés à bas Les maîtres sanglés dans leurs uniformes, j'ai froid Une fois de plus la grande injustice La force imbécile triomphe du droit Quand la liberté tombe sa pelisse, j'ai froid Encore une fois les lettres anonymes La bêtise épaisse en guise de loi La salve éclatant au milieu de l'hymne, j'ai froid Si la bête immonde sort de sa tanière Nous retrouverons le chemin des bois Mets dans ma valise un gros pull-over, j'ai froid Dans tes yeux soudain ivres de colère La révolte éclaire un grand feu de bois Quand fera-t-il donc le tour de la terre, j'ai froid Quand fera-t-il donc le tour de la terre, j'ai froid.

25 - JE CROIS QUE ÇA VA PAS ÊTRE POSSIBLE

Zebda Moi ce que je vous propose comme entrée, je fais des fixations, je sais devant les portes d'entrée Pas n'importe lesquelles, surtout les bien gardées, avec 100 kilos de muscles à la clef Devant trop de barbaque c'est vrai je fais des rejets, mais je peux dire que je maîtrise le sujet Les portes je connais, j'en ouvre tous les jours, mais j'en ai vu claquer plus souvent qu'à mon tour Tiens, je vous fais un topo sur l'accueil à l'entrée des boites Veuillez entrer monsieur, votre présence nous flatte

Non je plaisante car ça s’est pas passé ainsi ; devant les boites, moi je suis toujours à la merci D'un imbécile à qui je sers de cible et qui me dit : Ah, oui, mais là, je crois que ça va pas être possible ! Je crois que ça va pas être possible,............. (nan, c’est comme ça) pas être (eh oui !) possible, Je crois que ça va pas être possible,............. pas être possible, (exact) J'ai pas fini, voici mon plat de résistance, comme tout un chacun j'ai bossé pour ma pitance Et histoire de vivre convenablement, je me suis mis à la recherche d'un appartement J'ai bichonné un excellent curriculum vitae ; couleur et Macintosh en toute qualité En prime : irréprochable situation morale, et même quelques feuilles de salaire, la totale Allez, vas-y Gégé, fais leur le proprio : C'est un honneur pour moi, je vais vous montrer le patio Non je plaisante car ça s'est pas passé ainsi ; quand il m'a vu, j'ai vu que tout s'est assombri A t-il senti que je ne lisais pas la bible et il m'a dit : Ah, oui, mais là, je crois que ça va pas être possible ! Je crois que ça va pas être possible, pas être possible, (c’est comme ça !) Je crois que ça va pas être possible, pas être possible, (mille excuses, monsieur !) Le bonheur étant toujours pour demain, j'ai placé quelques thunes pour un petit jardin Un petit nid et balcon sur "la prairie des filtres", avec piscine au bord de la Garonne, si si j'insiste Mais ce putain de bonheur n'est jamais dans le pré, j'ai appelé le bon sens près de chez vous pour un prêt Mais les banques, c'est les banques ! Comment vous dire... Les mots me manquent

Alors je vous fais le topo des grosses têtes : « Il vous manque des points pour compléter votre retraite Vous devriez me semble t-il pour assurer les traites mettre à jour et un terme à l'ensemble de vos dettes » Et puis, il a souri en me disant « C'est terrible, mais... Je crois que ça va pas être possible ! » Je crois que ça va pas être possible, pas être possible (désolé, hein !) Je crois que ça va pas être possible, pas être possible (Ah non, pas possible !) Mais je lâcherai pas l'affaire, cousins, cousines, j'ai la patate à faire peur à la pile alcaline Et je ferai pas comme celui qui va prendre un billet dans... La chaleur de la nuit Et je sais tous les noms d'oiseaux dont on nous traite Et un jour je sais bien que c'est nous qu'on fera la fête A tous ces gens qui vivent dans les autres sphères, je vais les inviter à mon joyeux anniversaire ! Et là plus de « Qu'est-ce qui fait ? Qu'est-ce qu’il a ? », de rebelote « qui c'est celui là ? » Et à toutes ces tâches qui vous jugent à la figure je leur ferai une justice avec les chaussures Quand ils voudront sortir, là, ce sera terrible, je leur dirai : Je crois que ça va pas être possible ! Je crois que ça va pas être possible, pas être possible (bis)

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26 - JE N'AURAI PAS LE TEMPS M. Fugain

Hm Hm Hm ... Je n'aurai pas le temps, pas le temps. Même en courant plus vite que le vent plus vite que le temps Même en volant, je n'aurai pas le temps, pas le temps. De visiter toute l'immensité d'un si grand univers Même en cent ans je n'aurai pas le temps de tout faire. J'ouvre tout grand mon coeur, j'aime de tous mes yeux C'est trop peu pour tant de coeurs et tant de fleurs Des milliers de jours, c'est bien trop court, c'est bien trop court. Et pour aimer, comme l'on doit aimer quand on aime vraiment Même en cent ans je n'aurai pas le temps, pas le temps. Hm … Même en cent ans je n'aurai pas le temps, pas le temps.

27 - JOHNNY Graeme Allwright

Tu es parti là-bas sans savoir pourquoi, je n'crois pas que tu cherchais la gloire Tu avais peut-être seulement du mal à jouer le jeu Dans ta petite ville sans histoire On t'a dit que là-bas la cause était juste, qu'il fallait vaincre à tout prix Puis c'est facile de laisser les autres penser pour soi Alors, sans savoir pourquoi, tu es parti ! Refrain : Mais c'est bientôt fini Johnny, vois-tu encore le soleil ? C'est bientôt fini Johnny, sens-tu venir le sommeil ? Toi qui lisais les bandes dessinées et te voyais en surhomme vainqueur Là-bas, dans l'enfer des forêts vertes, tu as appris à connaître la peur Tu as appris à manier des armes nouvelles, à brûler des femmes et des enfants Tu n'aimais pas ça, mais on n'a pas le choix, et la peur est un maître exigeant ! Refrain : Les soirs de chaleur, dans le quartier réservé, tu dégueulais toute ta bile Tu creusais le vide du désespoir dans tes ébats virils Mais souvent tu pensais à un après-midi où tu l'as vue dans un milk-bar C'était un peu pour elle que t'avais oublié la bande et les cuites du samedi soir ! Refrain : Entends-tu Johnny les avions s'en aller, ils retournent maintenant à leurs bases

Ils ont tout lâché, et leurs bombes sont tombées, sur toi Johnny et tes camarades ! Oui, c'est comme ça, absurde et cruel ! J'crois qu'tu commences à comprendre Mais c'est un peu tard, oui, un peu tard, bientôt la nuit va descendre… Maintenant c'est fini Johnny, tes yeux se ferment déjà Maintenant c'est fini Johnny ; dans cette terre meurtrie, tu dormiras… 28 - JUSQU'À LA CEINTURE

Graeme Allwright En mille neuf cent quarante deux alors que j'étais à l'armée On était en manœuvre dans le Louisiana, une nuit au mois de Mai Le capitaine nous montre un fleuve et c'est comme ça que tout a commencé On avait de la flotte jusqu'aux genoux et le vieux con dit d'avancer ! Le sergent dit : « Ô mon capitaine, êtes vous sûr que c'est le chemin ? » « Sergent j'ai traversé souvent, et je connais bien le terrain ! Allons soldats, un peu de courage, on n'est pas là pour s'amuser ! » Y'en avait jusqu'à la ceinture et le vieux con dit d'avancer ! Le sergent dit: « On est trop chargé, on ne pourra pas nager ! » « Sergent ne soit pas si nerveux, il faut un peu de volonté ! Suivez moi, je marcherai devant, je n'aime pas les dégonflés ! » On avait de la flotte jusqu'au cou et le vieux con dit d'avancer Dans la nuit soudain, un cri jaillit,

suivi d'un sinistre glouglou Et la casquette du capitaine flottait à coté d'nous Le sergent crie : « Retournez-vous, c'est moi qui commande à présent ! » On s'en est sorti juste à temps, le capitaine est mort maintenant Le lendemain on a trouvé son corps enfoncé dans les sables mouvants Il s'était trompé de cinq cent mètres sur le chemin qui mène au camp Un affluent se jetait dans le fleuve où il croyait la terre tout près On a eu de la chance de s'en tirer quand ce vieux con dit d'avancer La morale de cette triste histoire, je vous la laisse deviner Mais vous avez peut-être mieux à faire, vous n'vous sentez pas concernés Mais chaque fois que j'ouvre mon journal, je pense à cette traversée ! On avait de la flotte jusqu'aux genoux et le vieux con dit d'avancer Y'en avait jusqu'à la ceinture et le vieux con dit d'avancer On avait de la flotte jusqu'au cou et le vieux con dit d'avancer Y'en avait jusqu'à ...(sifflé)

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29 - LA BUTTE ROUGE Montéhus et G. Krier

Sur c’te butt’là y’avait pas d’gigolettes Pas de marlous ni de beaux muscadins. Ah ! C’était loin du Moulin d’la Galette, Et de Panam’ qu’est le roi des pat’lins. C’qu’elle en a bu du beau sang cette terre, Sang d’ouvriers et sang de paysans, Car les bandits qui sont cause des guerres N’en meurent jamais, on n’tue qu’les innocents ! Refrain : La Butt’ Rouge, c’est son nom, l’baptême s’fit un matin Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin. Aujourd’hui y’a des vignes, il y pousse du raisin. Qui boira ce vin là, boira l’sang des copains. Sur c’te butt’là on n’y f’sait pas la noce Comme à Montmartr’ où l’champagne coul’ à flots; Mais les pauvr’s gars qu’avaient laissé des gosses Y f’saient entendre de terribles sanglots ! C’qu’elle en a bu des larmes cette terre, Larm’s d’ouvriers, larmes de paysans, Car les bandits qui sont cause des guerres Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans Refrain : Sur c’te butt’là, on y r’fait des vendanges, On y entend des cris et des chansons ; Filles et gars doucement y échangent Des mots d’amour qui donnent le frisson. Peuvent-ils songer, dans leurs folles étreintes, Qu’à cet endroit où s’échangent leurs baisers, J’ai entendu la nuit monter des plaintes Et j’y ai vu des gars au crâne brisé !

La Butt’ Rouge, c’est son nom, l’baptême s’fit un matin Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin. Aujourd’hui y’a des vignes, il y pousse du raisin. Mais moi j’y vois des croix portant l’nom des copains !

30 - LA CHANSON DE CRAONNE Quand au bout d’huit jours, le r’pos terminé, on va reprendre les tranchées, Notre place est si utile, que, sans nous, on prend la pile. Mais c’est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher, Et le cœur bien gros, comme dans un sanglot, on dit adieu aux civ’lots. Même sans tambour, même sans trompette, on s’en va là haut en baissant la tête. Refrain : Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes. C’est bien fini, c’est pour toujours, de cette guerre infâme. C’est à Craonne, sur le plateau, qu’on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés, nous sommes les sacrifiés ! Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance, pourtant on a l’espérance Que ce soir viendra la r’lève que nous attendons sans trêve. Soudain, dans la nuit et dans le silence, on voit quelqu’un qui s’avance, C’est un officier de chasseurs à pied, qui vient pour nous remplacer. Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes. Refrain :

C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards tous ces gros qui font la foire ; Si pour eux la vie est rose, pour nous, c’est pas la même chose. Au lieu d’se cacher, tous ces embusqués, f’raient mieux d’monter aux tranchées Pour défendre leurs biens, car nous n’avons rien, nous autres, les pauvres purotins. Tous les camarades sont enterrés là, pour défendre les biens de ces messieurs-là. Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront, car c’est pour eux qu’on crève. Mais c’est fini, car les trouffions vont tous se mettre en grève. Ce s’ra votre tour, messieurs les gros, d’monter sur le plateau, Car si vous voulez faire la guerre, payez-la de votre peau ! 31 - LA JAVA DES BOMBES ATOMIQUES

Boris Vian Mon oncle un fameux bricoleur faisait en amateur des bombes atomiques Sans avoir jamais rien appris, c'était un vrai génie question travaux pratiques Il s'enfermait tout' la journée, au fond d'son atelier, pour faire des expériences Et le soir il rentrait chez nous et nous mettait en transe en nous racontant tout : « Pour fabriquer une bombe " A ", mes enfants croyez-moi, c'est vraiment de la tarte La question du détonateur s'résout en un quart d'heure, c'est de celles qu'on écarte En c'qui concerne la bombe " H ", c'est pas beaucoup plus vache, mais une chose me tourmente : C'est qu'cell's de ma fabrication n'ont qu'un rayon d'action de trois mètres cinquante ! Y a quéqu'chos' qui cloche là-d'dans, J'y retourne immédiat'ment ! »

Il a bossé pendant des jours, tâchant avec amour d'améliorer l'modèle Quand il déjeunait avec nous, il avalait d'un coup sa soupe au vermicelle On voyait à son air féroce qu'il tombait sur un os, mais on n'osait rien dire Et pis un soir pendant l'repas, v'là tonton qui soupire et qui s'écrie comme ça : « A mesure que je deviens vieux,je m'en aperçois mieux, j'ai le cerveau qui flanche ! Soyons sérieux, disons le mot ; c'est même plus un cerveau, c'est comme de la sauce blanche ! Voilà des mois et des années que j'essaye d'augmenter la portée de ma bombe Et je n'me suis pas rendu compteque la seule chose qui compte C'est l'endroit où s'qu'elle tombe ! Y a quéqu'chose qui cloche là-d'dans, J'y retourne immédiat'ment ! » Sachant proche le résultat, Tous les grands chefs d'Etat lui ont rendu visite Il les reçut et s'excusa de ce que sa cagna Etait aussi petite Mais sitôt qu'ils sont tous entrés, il les a enfermés En disant : « Soyez sages ! » Et, quand la bombe a explosé, De tous ces personnages, il n'en est rien resté ! Tonton devant ce résultat ne se dégonfla pas Et joua les andouilles Au Tribunal on l'a traîné et devant les jurés Le voilà qui bafouille : « Messieurs, c'est un hasard affreux, mais je jure devant Dieu, en mon âme et conscience, Qu'en détruisant tous ces tordus, je suis bien convaincu d'avoir servi la France ! » On était dans l'embarras, alors on l'condamna, Et puis on l'amnistia Et l'pays reconnaissant l'élut immédiat'ment Chef du gouvernement !

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32 - LA JAVA DES BONS ENFANTS G. Debord et M. Lemonnier

Dans la rue des bons enfants, on vend tout au plus offrant. Y'avait un commissariat, et maintenant il n'est plus là. Une explosion fantastique n'en a pas laissé une brique. On crut qu'c'était Fantômas, mais c'était la lutte des classes. Un poulet zélé vint vite y porter une marmite Qu'était à renversement et la retourne, imprudemment. Le brigadier, l'commissaire, mêlés aux poulets vulgaires, Partent en fragments épars qu'on ramasse sur un buvard. Contrair'ment à c'qu'on croyait, y'en avait qui en avaient. L'étonnement est profond ; on peut les voir jusqu'au plafond. Voilà bien ce qu'il fallait pour faire la guerre au palais Sache que ta meilleure amie, prolétaire, c'est la chimie. Les socialos n'ont rien fait, pour abréger les forfaits D'l'infamie capitaliste, mais heureusement vint l'anarchiste. Il n’a pas de préjugés. Les curés seront mangés. Plus d’patrie, plus d’colonies et tout le pouvoir, il le nie. Encore quelques beaux efforts et disons qu'on se fait fort De régler radicalement

l'problème social en suspens. Dans la rue des bons enfants, viande à vendre au plus offrant. L'avenir radieux prend place, et le vieux monde est à la casse ! (bis)

33 - LA LIGNE HOLWORTH Graeme Allwright

Tad Holworth était un notable, dont l'argent venait de la mer Tous les paroissiens respectables admiraient sa piété de fer Admiraient sa piété de fer. Sans doute il ne confondait guère les affaires et les sentiments Mais sa parole était sincère, c'est du moins ce que disaient les gens C'est du moins ce que disaient les gens. Il avait tout d'un homme honnête mais faut vous dire la vérité. Il était noir sous l'étiquette et ses bateaux étaient damnés Ses bateaux étaient damnés. Il transportait aux antipodes des hommes attachés par le pied Bagnards de sang ou de maraude, et criminels de majesté Et criminels de majesté. Ils avaient offensé la reine ou bien massacré pour voler Et ils tiraient à la même chaîne que des innocents humiliés Des innocents humiliés. Ceux-là s'en allaient vers l'enfer pour un crime abominé Ils n'avaient pas voulu se taire, par amour de la vérité Amour de la vérité.

La coque était puante et noire, les gardiens comme des loups Tant de misère, de désespoir avait de quoi vous rendre fou Avait de quoi vous rendre fou. Depuis le monde a bien changé, la ligne Holworth a fait peau neuve Elle est très bien considérée, sa réussite est un chef d’oeuvre Sa réussite est un chef d’oeuvre. Il n'y a plus de bagnards dans les cales, mais les marins crient comme avant Sous son pavillon triomphal, elle transporte des émigrants Elle transporte des émigrants.

34 - LA MADELON Pour le repos, le plaisir du militaire, Il est là-bas à deux pas de la forêt Une maison aux murs tout couverts de lierre ; "Aux Tourlourous" c'est le nom du cabaret. La servante est jeune et gentille, Légère comme un papillon. Comme son vin son œil pétille, Nous l'appelons la Madelon Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour, Ce n'est que Madelon Mais pour nous c'est l'amour Refrain: Quand Madelon vient nous servir à boire Sous la tonnelle, on frôle son jupon Et chacun lui raconte une histoire, Une histoire à sa façon La Madelon pour nous n'est pas sévère Quand on lui prend la taille ou le menton Elle rit, c'est tout le mal qu'elle sait faire, Madelon, Madelon, Madelon ! Nous avons tous au pays une payse Qui nous attend et que l'on épousera Mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui

dise ce qu'on fera quand la classe rentrera En comptant les jours on soupire Et quand le temps nous semble long Tout ce qu'on ne peut pas lui dire, On va le dire à Madelon On l'embrasse dans les coins. Elle dit "veux-tu finir..." On s'figure que c'est l'autre, Ca nous fait bien plaisir. Refrain Un caporal en képi de fantaisie S'en fut trouver Madelon un beau matin Et, fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie Et qu'il venait pour lui demander sa main La Madelon, pas bête, en somme, Lui répondit en souriant : Et pourquoi prendrais-je un seul homme Quand j'aime tout un régiment ? Tes amis vont venir. Tu n'auras pas ma main, J'en ai bien trop besoin pour leur verser du vin Refrain

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35 - LA MONTAGNE Jean Ferrat

Ils quittent un à un le pays pour s'en aller gagner leur vie Loin de la terre où ils sont nés Depuis longtemps ils en rêvaient, de la ville et de ses secrets Du formica et du ciné. Les vieux ça n'était pas original quand ils s'essuyaient machinal D'un revers de manche les lèvres. Mais ils savaient tous à propos tuer la caille ou le perdreau Et manger la tomme de chèvre. Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles que l'automne vient d'arriver ? Avec leurs mains dessus leurs têtes ils avaient monté des murettes Jusqu'au sommet de la colline. Qu'importent les jours les années, ils avaient tous l'âme bien née Noueuse comme un pied de vigne. Les vignes elles courent dans la forêt, le vin ne sera plus tiré C'était une horrible piquette Mais il faisait des centenaires à ne plus que savoir en faire S'il ne vous tournait pas la tête Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles que l'automne vient d'arriver ? Deux chèvres et puis quelques moutons, une année bonne et l'autre non Et sans vacances et sans sorties. Les filles veulent aller au bal, il n'y a rien de plus normal Que de vouloir vivre sa vie.

Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires, de quoi attendre sans s'en faire Que l'heure de la retraite sonne. Il faut savoir ce que l'on aime et rentrer dans son H.L.M. Manger du poulet aux hormones Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles que l'automne vient d'arriver ?

36 - LA SEMAINE SANGLANTE J.B. Clément et P. Dupont

Sauf des mouchards et des gendarmes, on ne voit plus par les chemins Que des vieillards tristes en larmes, des veuves et des orphelins Paris suinte la misère, les heureux même sont tremblants La mode est au conseil de guerre et les pavés sont tous sanglants. Oui mais… ça branle dans le manche ! Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche, Quand tous les pauvres s’y mettront, (bis). Les journaux de l’ex-préfecture, les flibustiers, les gens tarés Les parvenus de l’aventure, les gens de biens, les décorés Gens de bourse et de coins de rues, amants de filles aux rebus Grouillent comme un tas de verrues sur les cadavres des vaincus. Oui mais… ça branle dans le manche ! Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche,

Quand tous les pauvres s’y mettront, (bis). On traque, on enchaîne, on fusille tout ce qu’on ramasse au hasard La mère à côté de sa fille, l’enfant dans les bras du vieillard Les châtiments du drapeau rouge sont remplacés par la terreur De tous les chenapans de bouge, valets de rois et d’empereurs. Oui mais… ça branle dans le manche ! Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche, Quand tous les pauvres s’y mettront, (bis). Nous voilà rendus aux Jésuites, aux Mac-Mahon, aux Dupanloup. Il va pleuvoir des eaux bénites, les troncs vont faire un argent fou. Dès demain, en réjouissance, et Saint-Eustache et l’Opéra Vont se refaire concurrence, et le bagne se peuplera. Oui mais… ça branle dans le manche ! Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche, Quand tous les pauvres s’y mettront, (bis). Demain, les Manons, les Lorettes, et les dames des beaux faubourgs Porteront sur leurs collerettes des chassepots et des tambours. On mettra tout au tricolore, les plats du jour et les rubans, Pendant que le héros Pandore, fera fusiller nos enfants. Oui mais… ça branle dans le manche ! Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche, Quand tous les pauvres s’y mettront, (bis).

Demain les gens de la police refleuriront sur le trottoir, Fiers de leurs états de service et le pistolet en sautoir. Sans pain, sans travail et sans armes, nous allons être gouvernés Par des mouchards et des gendarmes, des sabre-peuple et des curés. Oui mais… ça branle dans le manche ! Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche, Quand tous les pauvres s’y mettront, (bis). Le peuple, au collier de misère, sera-t-il donc toujours rivé ?… Jusques à quand les gens de guerre tiendront-ils le haut du pavé ?… Jusques à quand la sainte clique nous croira-t-elle un vil bétail ?… A quand enfin la République de la justice et du travail ?… Oui mais… ça branle dans le manche ! Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche, Quand tous les pauvres s’y mettront, (bis).

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37 - LA VIEILLE Font et Val

« J’ai pas besoin de vous pour ranger mes vêtements Partez, vous m’encombrez ! », dit la vieille en sautant Pieds joints sur sa valise, on aurait dit Popeye Elle avait encore la souplesse des abeilles. Et d’un pas décidé, vers la gare Saint-Lazare Tandis qu’on f’sait semblant de pleurer son départ Elle s’en allait trottant, son bagage à la main Avec 2 ou 3 pauses pour se tenir les reins. « J’ai pas besoin de vous », dit-elle au contrôleur, « Laissez-moi ma valise, j’en ai pour un quart d’heure. L’hospice est en banlieue, on dit qu’c’est un château Où les vieux jouent au scrabble et aux petits chevaux. Moi, j’ai horreur de ça, comprenez-vous, monsieur, Je n’aime que les westerns avec plein de coups d’ feu J’ai vu quatorze fois l’Infernale Chevauchée, Je vous l’raconterai bien, mais nous sommes arrivés ! » « J’ai pas besoin de vous », dit-elle à l’infirmière « Pour déplier les draps, laissez-moi, j’ai à faire ! » Alors, de sa valise, à l’abri des regards, Elle sortit vingt bouteilles d’un célèbre pinard !

Descendit au salon où les vieux et les vieilles Jouaient aux petits chevaux en se grattant l’oreille « Bonsoir, messieurs, mesdames, je m’appelle Fanchon, L’un d’entre vous n’aurait-il pas un tire-bouchon ? » « J’ai pas besoin de vous », disait-elle au méd’cin En élevant vers lui son troisième verre de vin Tandis que les vieillards, autour de la pendule, Chantaient à quatre voix : La grosse bite à Dudule ! Et l’on vit ce spectacle, ô combien ravissant De quatre-vingts gâteux quittant l’établiss’ment Afin de ratisser les hospices du pays Arrachant à la mort les moribonds surpris. « J’ai pas besoin de vous », disait-elle au curé Qui sur le lit d’un vieux s’esquintait à prier. « Vous voyez bien que ce cadavre n’est pas mort, S’il ne respire plus, par contre, il bande encore ! Un petit coup d’branlette le r’mettra sur ses pattes Comme un coup d’manivelle sur une vieille Juva 4 ! » Le prêtre, révulsé, tombait les bras en croix ; Il respirait encore, mais il ne bandait pas !

« J’ai pas besoin de vous », répétaient tous les vieux Chaque fois qu’un député voulait s’occuper d’eux. « Car vous n’avez pas su vous occuper de nous Du temps où nous avions encore confiance en vous ! Tous vos moyens sont bons pour gagner la Coupole, Si les morpions votaient, vous auriez la vérole ! En tant qu’improductifs, nous ne produirons pas Un imbécile de plus à la tête de l’Etat ! » « J’ai pas besoin de vous », dit-elle au nécrophage Qui la poussait dans le ghetto du troisième âge. « Saloperie d’technocrate qui inventa cette formule, Du haut de mon mépris, saloperie, je t’encule ! Tiens, c’est la première fois que je dis un gros mot ! » Et tout en se versant un p’tit verre de porto Elle fit un bras d’honneur, on aurait dit Popeye, Elle avait encore la souplesse des abeilles

38 - L’AFFICHE ROUGE Louis Aragon et Jean Ferrat Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servis simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes

Noirs de barbe et de nuit, hirsutes, menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses Adieu la vie, adieu la lumière et le vent Marie-toi, sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le cœur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant !

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39 - L'AGE D'OR Léo Ferré, J. Ferrat et M. Vandair Nous aurons du pain, doré comme les filles Sous les soleils d'or. Nous aurons du vin, de celui qui pétille Même quand il dort. Nous aurons du sang dedans nos veines blanches Et, le plus souvent, lundi sera dimanche. Mais notre âge alors sera l'âge d’or. Nous aurons des lits creusés comme des filles Dans le sable fin. Nous aurons des fruits, les mêmes qu'on grappille Dans le champ voisin. Nous aurons, bien sûr, dedans nos maisons blêmes, Tous les becs d'azur qui là-haut se promènent. Mais notre âge alors, sera l'âge d’or. Nous aurons la mer à deux pas de l'étoile. Les jours de grand vent, Nous aurons l'hiver avec une cigale Dans ses cheveux blancs. Nous aurons l'amour dedans tous nos problèmes Et tous les discours finiront par "je t'aime" Vienne, vienne alors, vienne l'âge d’or. 40 - LE BATAILLON SCOLAIRE

Chantavoine Nous sommes les petits enfants Qui voulons servir la patrie, Nous lui donnerons dans dix ans Une jeune armée aguerrie.

Nous sommes les petits soldats Du bataillon de l'Espérance, Nous exerçons nos petits bras A venger l'honneur de la France. Et Barra, le petit tambour, Dont on nous a conté l'histoire, En attendant, bat chaque jour Le rappel dans notre mémoire.

41 - LE CHANT DES OUVRIERS

Pierre Dupont Nous dont la lampe, le matin, au clairon du coq se rallume, Nous tous qu’un salaire incertain ramène avant l’aube à l’enclume, Nous qui des bras, des pieds, des mains, de tout le corps luttons sans cesse, Sans abriter nos lendemains contre le froid de la vieillesse. Refrain :

Aimons-nous, et quand nous pouvons nous unir pour boire à la ronde, Que le canon se taise ou gronde, buvons, buvons, A l’indépendance du monde !

Nos bras, sans relâche tendus, aux flots jaloux, au sol avare, Ravissent leurs trésors perdus, ce qui nourrit et ce qui pare : Perles, diamants et métaux, fruits du coteau, grains de la plaine ; Pauvres moutons, quels bons manteaux ils se tissent avec notre laine ! Refrain : Quel fruit tirons-nous des labeurs qui courbent nos maigres échines ? Où vont les flots de nos sueurs ? Nous ne sommes que des machines. Nos babels montent jusqu’au ciel, la terre nous doit ses merveilles

Dès qu’elles ont fini le miel, le maître chasse les abeilles. Refrain : Au fils chétif d’un étranger nos femmes tendent leurs mamelles, Et lui, plus tard, croit déroger en daignant s’asseoir auprès d’elles ; De nos jours, le droit du seigneur pèse sur nous plus despotique : Nos filles vendent leur honneur aux derniers courtauds de boutique. Refrain : Mal vêtus, logés dans des trous, sous les combles, dans les décombres, Nous vivons avec les hiboux et les larrons amis des ombres ; Cependant notre sang vermeil coule impétueux dans nos veines ; Nous nous plairions au grand soleil, et sous les rameaux verts des chênes. Refrain : A chaque fois que par torrents notre sang coule sur ce monde, C’est toujours pour quelques tyrans que cette rosée est féconde ; Ménageons-le dorénavant, l’amour est plus fort que la guerre ; En attendant qu’un meilleur vent souffle du ciel ou de la terre Refrain :

42 - LE CONSCRIT J'avions reçu commandement de partir pour la guerre Je ne me soucions point pourtant d'abandonner notre mère Pourtant l'a ben fallu, j'ai pris mon sac et j’suis venu Pourtant l'a ben fallu,

j'ai pris mon sac et j’suis venu Y m'ont donné un grand fusil, une sabre, une gibecière Une grande capote, un grand tapis pendant jusqu'au darrière Et fallait s’tenir drait, aussi drait qu'un pi, qu’un piquet Et fallait s’tenir drait, aussi drait qu'un pi, qu’un piquet Y'en avait sur leurs chevaux qui faisaient bien deux mètres Avec deux ou trois plumes d’zoziau plantés dessus leur tête Et des poils d'artillon tout alentour de leurs talons Et des poils d'artillon tout alentour de leurs talons Y m'ont placé en faction devant une citadelle Ceux qui n'connaissions point mon nom m'appelions "sentinelle ! " A chaque chat qui passait, fallait crier "quou qu'chi, quou qu'chai" A chaque chat qui passait, fallait crier "quou qu'chi, quou qu'chai" Y m'ont mené dans un grand champ qu'appelions champ d’bataille On s'étripait, on s'épiaulait ; c'était pis qu’d’la volaille Ma foi, la peur m'a pris, j'ai pris mon sac et j’suis parti. Ma foi, la peur m'a pris, j'ai pris mon sac et me voici !

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43 - LE CONSEIL DE GUERRE Le conseil de guerre, hélas, m'a condamné A passer par les armes pour y être fusillé. Quand je fus sur la place, chacun m'y regardait, Mes anciens camarades tenaient leur fusil prêt. C'est vous autres, mes chers frères, qu'allez me faire mourir. Ma mort, je vous l'pardonne, ne me faites pas languir. Mon corps, criblé de balles, va tomber devant vous. Portez, chers camarades, cette lettre à mes amours. En grande diligence je t'écris ce billet. Dans la ville de Nantes tu ne me reverras jamais. Garde bien l'assurance, de porter mon diamant. Pour moi, plus d'espérance, fais choix d'un autre amant

44 - LE DÉSERTEUR Boris Vian

Monsieur le président, je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. Je viens de recevoir mes papiers militaires Pour partir à la guerre, avant mercredi soir. Monsieur le président, je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre pour tuer des pauvres gens. C'est pas pour vous fâcher, il faut que je vous dise Ma décision est prise, je m'en vais déserter. Depuis que je suis né, j'ai vu mourir mon père J'ai vu partir mes frères et pleurer mes enfants. Ma mère a tant souffert, qu'elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes, et se moque des vers.

Quand j'étais prisonnier, on m'a volé ma femme On m'a volé mon âme et tout mon cher passé. Demain, de bon matin, je fermerai ma porte Au nez des années mortes ; j'irai sur les chemins. Je mendierai ma vie sur les routes de France De Bretagne en Provence, et je dirai aux gens : Refusez d'obéir, refusez de la faire N'allez pas à la guerre ; refusez de partir. S'il faut donner son sang, allez donner le vôtre Vous êtes bon apôtre, Monsieur le président. Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes Que je tiendrai une arme Et que je sais tirer (bis)

45 - LE FONDEUR DE CANONS Gaston Couté

Je suis un pauvre travailleur pas plus méchant que tous les autres, Et je suis peut-être meilleur, O patrons ! Que beaucoup des vôtres ; Mais c'est mon métier qui veut ça, et ce n'est pas ma faute, en somme, Si, chaque jour, j'use mes bras à préparer la mort des hommes... Refrain : Pour gagner mon pain, je fonds des canons Je fonds des canons qui tueront demain Qui tueront demain si la guerre arrive. Si la guerre arrive; que voulez-vous, il faut bien vivre ! Je fais des outils de trépas et des instruments à blessures Comme un tisserand qui fait ses draps ou le cordonnier des chaussures. Refrain :

Et puis je suis aussi de ceux qui partiront vers les frontières Lorsque rougira dans les cieux l'aurore des prochaines guerres. Là-bas, aux canons ennemis qui seront les vôtres, mes frères ! Il faudra que j'expose aussi ma poitrine d'homme et de père. Refrain : Ne va pas me maudire, ô toi qui dormiras, un jour, peut-être, Ton dernier somme auprès de moi, dans la plaine où les boeufs vont paître ! Et vous dont les enfants tomberont, ne me maudissez pas, ô mères ! Moi je ne fais que des canons, ça n'est pas moi qui les fais faire ! Refrain :

46 - LE GRAND METINGUE DU METROPOLITAIN

M. Mac Nab et C. Baron C'était hier, samedi, jour de paye, et le soleil se levait sur nos fronts J'avais déjà vidé plus d'une bouteille, si bien qu' j'm'avais jamais trouvé si rond V'là la bourgeoise qui rapplique devant l' zingue: "Feignant, qu'elle dit, t'as donc lâché l' turbin?" "Oui, que j' réponds, car je vais au métingue, au grand métingue du métropolitain!" (bis) Les citoyens, dans un élan sublime, étaient venus guidés par la raison A la porte, on donnait vingt-cinq centimes pour soutenir les grèves de Vierzon Bref à part quatre municipaux qui chlinguent, et trois sergents déguisés en pékins, J'ai jamais vu de plus chouette métingue, que le métingue du métropolitain! (bis)

Y avait Basly, le mineur indomptable, Camélinat, l'orgueille du pays Ils sont grimpés tous deux sur une table, pour mettre la question sur le tapis Mais, tout à coup, on entend du bastringue; c'est un mouchard qui veut faire le malin! Il est venu pour troubler le métingue, le grand métingue du métropolitain! (bis) Moi j' tombe dessus, et pendant qu'il proteste, D'un grand coup d' poing, j'y renfonce son chapeau. Il déguerpit sans demander son reste, en faisant signe aux quatre municipaux A la faveur de c'que j'étais brind'zingue, on m'a conduit jusqu'au poste voisin Et c'est comme ça qu'a fini le métingue, le grand métingue du métropolitain! (bis) Peuple français, la Bastille est détruite, et y a z'encore des cachots pour tes fils! Souviens-toi des géants de quarante-huite Qu'étaient plus grands qu' ceusses d'au jour d'aujourd'hui Car c'est toujours l' pauvre ouverrier qui trinque, même qu'on le fourre au violon pour un rien, C'était tout d' même un bien chouette métingue, que le métingue du métropolitain! (bis)

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47 - LE JOUR DE CLARTÉ Graeme Allwright

Quand tous les affamés et tous les opprimés Entendront tous l'appel le cri de liberté Toutes les chaînes brisées tomberont pour l'éternité On peut chanter tous les poèmes des sages et on peut parler de l'humilité Mais il faut s'unir pour abolir injustice et pauvreté Les hommes sont tous pareils, ils ont tous le même soleil Il faut mes frères préparer le jour de clarté Quand tous les affamés Entendront tous l'appel, le cri de liberté Toutes les chaînes brisées tomberont pour l'éternité On peut discuter sur les droits de l'homme et on peut parler de fraternité Mais qu’les hommes soient jaunes ou blancs ou noirs Ils ont la même destinée Laissez vos préjugés, rejetez vos vieilles idées Apprenez seulement l'amitiéPour que les affamés et tous les opprimés Entendent tous l'appel, le cri de liberté Toutes les chaînes brisées tomberont pour l'éternité On ne veut plus parler de toutes vos guerres et on n'veut plus parler d'vos champs d'honneur Et on n'veut plus rester les bras croisés comme de pauvres spectateurs Dans ce monde divisé, il faut des révoltés Qui n'auront pas peur de crier Pour que les affamés et tous les opprimés Entendent tous l'appel, le cri de liberté Toutes les chaînes brisées tomberont pour l'éternité.

48 - LE TEMPS DES CERISES J.B. Clément et A. Renard

Quand nous en serons au temps des cerises Et gai rossignol et merle moqueur Seront tous en fête Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au cœur Quand nous chanterons le temps des cerises Sifflera bien mieux le merle moqueur Mais il est bien court le temps des cerises Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant Des pendants d'oreilles Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang Mais il est bien court le temps des cerises Pendants de corail qu'on cueille en rêvant Quand vous en serez au temps des cerises Si vous avez peur des chagrins d'amour Evitez les belles Moi qui ne crains pas les peines cruelles Je ne vivrai pas sans souffrir un jour Quand vous en serez au temps des cerises Vous aurez aussi des chagrins d'amour J'aimerai toujours le temps des cerises C'est de ce temps-là que je garde au cœur Une plaie ouverte Et Dame Fortune, en m'étant offerte Ne saura jamais calmer ma douleur J'aimerai toujours le temps des cerises Et le souvenir que je garde au cœur

49 - LE TEMPS NE FAIT RIEN A L'AFFAIRE

Georges Brassens Quand ils sont tout neufs, qu'ils sortent de l'oeuf, du cocon, Tous les jeunes blancs-becs prennent les vieux mecs pour des cons. Quand ils sont d'venus des têtes chenues, des grisons Tous les vieux fourneaux prennent les jeunots pour des cons. Moi, qui balance entre deux âges, j' leur adresse à tous un mes-sa-a-ge Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con. Qu'on ait 20 ans, qu'on soit grand-père, quand on est con, on est con. Entre vous, plus de controverses, cons caducs ou cons débutants, Petits cons d' la dernière averse, vieux cons des neiges d'antan. Petits cons d'la dernière averse, vieux cons des neiges d'antan. Vous, les cons naissants, les cons innocents, les jeunes cons Qui n' le niez pas, prenez les papas pour des cons, Vous, les cons âgés, les cons usagés, les vieux cons Qui, confessez-le, prenez les p'tits bleus pour des cons, Méditez l'impartial message d'un qui balance entre deux âges Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con. Qu'on ait 20 ans, qu'on soit grand-père, quand on est con, on est con. Entre vous, plus de controverses, cons caducs ou cons débutants,

Petits cons d' la dernière averse, vieux cons des neiges d'antan. Petits cons d'la dernière averse, vieux cons des neiges d'antan.

50 - LE TRAVAIL C'EST LA SANTE Henri Salvador

Refrain : Le travail, c'est la santé, rien faire, c'est la conserver Les prisonniers du boulot n'font pas de vieux os ! Ces gens qui courent au grand galop, en auto, métro ou vélo, Vont-ils voir un film rigolo ? Mais non, ils vont à leur boulot ! Refrain : Ils bossent onze mois pour les vacances Et sont crevés quand elles commencent ! Un mois plus tard, ils sont costauds, mais faut reprendre le boulot !!! Refrain : Dire qu'il y a des gens en pagaille qui courent sans cesse après l'travail (faut être fou !) Moi, le travail me court après, il n'est pas près d'me rattraper ! Refrain : Maint’nant, dans le plus p'tit village, les gens travaillent comme des sauvages (j’les ai vu !) Pour se payer tout le confort ; quand ils en ont, ben, ils sont morts ! Le travail, c'est la santé, rien faire, c'est la conserver Les prisonniers du boulot n'font pas de vieux os !

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51 - LES CANUTS Pour chanter Veni Creator il faut avoir chasuble d’or. Pour chanter Veni Creator il faut avoir chasuble d’or. Nous en tissons pour vous, gens de l’église, Mais nous pauvres canuts, n’avons point de chemises. C'est nous les Canuts, nous allons tout nus. C'est nous les Canuts, nous allons tout nus. Pour gouverner, il faut avoir manteau et ruban en sautoir. Pour gouverner, il faut avoir manteau et ruban en sautoir. Nous en tissons pour vous, grands de la terre, Mais nous pauvres canuts, sans draps on nous enterre. C'est nous les Canuts, nous allons tout nus. C'est nous les Canuts, nous allons tout nus. Mais notre règne arrivera quand votre règne finira. (bis) Nous tisserons le linceul du vieux monde, Car on entend déjà la révolte qui gronde. Nous sommes les Canuts nous n’irons plus nus. Nous sommes les Canuts nous n’irons plus nus

52 - LES CONSCRITS Gaston Couté

V'là les conscrits d'cheu nous qui passent! Ran plan plan! L' tambour marche devant; Au mitan, l'drapieau fouette au vent... Les voilà ceuss' qui reprendront l'Alsace! (bis) l's vienn'nt d'am'ner leu' numério, et, i's s'sont dépêchés d'le mett'e: Les gâs d'charru' su' leu' cassiette, Les gâs d'patrons su'leu' chapieau. (bis) Tertous sont fiârs d'leu'matricule, coumme eun' jeun' marié d'son vouél' blanc; Et c'est pour ça qu'i's vont gueulant Et qu'on les trouve pas ridicules. (bis) Refrain : I's ont raison de prende du bon temps! Leu' gaîté touche el'coeur des filles; Et, de vouèr leu's livré's qui pendillent, les p'tiots vourin avouèr vingt ans. Les vieux vourin êt'e à leu'place; et d'vant leu's blagu's de saligauds, Des boulhoumm's tout blancs dis'nt: " I faut ben, mon guieu! Que la jeuness' se passe... " (bis) Et don', coumm'ça, bras-d'ssus, bras-d'ssous, Y vont gueulant des cochonn'ries. Pus c'est cochon et pus qu’i's rient, Et pus qu’i's vont pus qu’i's sont saoûls. (bis) Gn'en a mém' d'aucuns qui dégueulent; Mais les ceuss' qui march'nt core au pas, Pour s'apprend'e à fair' des soldats, l's s'amus'nt à s'fout' su' la gueule. (bis) Refrain : Pourquoué soldats? I's en sav'nt ren, l's s'ront soldats pour la défense D'la Patri'! Quoué qu'c'est? C'est la France...

La Patri'!... C'est tuer des Prussiens!... (bis) La Patri'! quoué c'est la Patri'! Et c'est eun' chous' qui s'discut' pas! Faut des soldats! ... - Et c'est pour ça Qu'à ce souér, su' l'lit d'foin des prairies, (bis) Aux pauv's fumell's i's f'ront des p'tits, Des p'tits qui s'ront des gàs, peut-être? A seul' fin d'pas vouer disparaître La race des brutes et des conscrits. (bis) Refrain :

53 - LES CRAYONS DE COULEUR Hugues Auffray

Un petit garçon est venu me voir tout à l'heure Avec des crayons et du papier Il m'a dit je veux dessiner un homme en couleur Dis-moi comment le colorier Je voudrais qu'il soit pareil que moi quand je s’rai grand Libre, très fort et heureux Faut-il le peindre en bleu, en noir ou en blanc Pour qu'il soit comme je le veux Si tu le peins en bleu, fils, il ne te ressemblera guère Si tu le peins en rouge, fils, on viendra lui voler sa terre Si tu le peins en jaune mon fils, il aura faim toute sa pauvre vie Si tu le peins en noir, fils, plus de liberté pour lui Alors le petit garçon est rentré chez lui Avec son beau cahier sous le bras Il a essayé de dessiner toute la nuit Mais il n'y arriva pas Si tu le peins en bleu, fils, il ne te ressemblera guère Si tu le peins en rouge, fils, on viendra lui voler sa terre

Si tu le peins en jaune mon fils, il aura faim toute sa pauvre vie Si tu le peins en noir, fils, plus de liberté pour lui Si l'on veut trouver une morale à ma chanson C'est assez facile en somme Il suffit de dire à tous les petits garçons Que la couleur ne fait pas l'homme (X3)

54 - LES SANS PAPIERS Serge Gainsbourg Nicolas Bages

Charters, au r'voir, papier mouchoir, C'est juste sous vos papiers-rideaux N'ayez plus peur, papier d'humeur, de protester : Laissez passer les sans papiers, Ministres, préfettes, papier en-tête Promis, pas fait, papier froissé ; nous, on est prêt. Tous vos décrets, papier WC, Vos lois bancales, papier journal Doivent faire plaisir, papier « papieren » Aux nostalgiques La bête exulte, papier oc…culte Quand c'est Jospin, papi…essuie-mains Ou Chevèn'ment, encore vivant ? Qui r'passent les plats. Les préfectures, papier ordure, Leurs policiers, rues quadrillées Font du zèle et, papiers cachés, Se lavent les mains Assez attendu, pas pied de grue, Faut s'décider, papiers signés Laissez passer les sans papiers ; faites circuler Laissez passer les sans papiers, Ministres, préfettes, papier en-tête Promis, pas fait, papier gâché ; faites circuler ! Allez, circulez, circulez, circulez…

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55 - LES TROIS GENDARMES Nous étions trois gendarmes (4 x) Nous avons déserté et buvons donc, les amis buvons Nous avons déserté sans avoir not’ congé. Par notre chemin passe (4 x) Trois jeunes officiers et buvons donc, les amis buvons Qui nous ont demandé à voir not’ permission On leur a fait réponse (4 x) Elle est sous not’ soulier et buvons donc, les amis buvons Elle est sous not’ soulier, nous avons déserté. On nous prend, on nous mène (4 x) Tout droit dans la prison et buvons donc, les amis buvons Tout droit dans la prison sans manger, ni boisson. Nous ont jugé à pendre (4 x) A pendre et étrangler et buvons donc, les amis buvons A pendre et étrangler sur la place du marché. Quand nous fûmes sur l’échelle (4 x) Nous nous mîmes à pleurer et buvons donc, les amis buvons Nous nous mîmes à pleurer demandant la pitié. Monsieur le Dauphin passe (4 x) Il nous a libéré et buvons donc, les amis buvons Il nous a libéré, faut aller l’remercier. Mais pour sa récompense (4 x) Il nous a t’engagé et buvons donc, les amis buvons Il nous a t’engagé dedans sa garnison. A la première campagne (4 x) Nous a pas surveillé et buvons donc, les amis buvons Nous a pas surveillé ; nous nous sommes échappés !

56 - LES VIEUX Jacques Brel

Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps Ils se tiennent par la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se

retrouve en enfer Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t'attends Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.

57 - L’ESTACA Luis Llach

L'avi Siset em parlava de bon mati al portal Mentre el sol esperavem I els carros veiem passar Siset, que no veus l'estaca on estem tots lligats ? Si no podem desfer-nos-en mai no podrem caminar !

Refrain : Si estirem tots, ella caura I molt de temps no pot durar Segur que tomba, tomba, tomba ben corcada deu ser ja. Si tu l'estires fort per acqui, I jo l'estiro fort per alla Segur que tomba, tomba, tomba, I ens podrem alliberar. Pero Siset fa molt temps ja, les mans se'm van escorxant I quan la força se me'n va, ella és més ample i més gran. Ben cert sé que està podrida, pero és que, Siset, costa tant ! Que a cops la força m'oblida tornem a dir el teu cant

Refrain : L'avi Siset ja no diu res mal vent que se'l va emportar Ell qui sap cap a quin indret I jo a sota el portal I quan passem els nous vailets estiro el col per cantar El darrer cant d'en Siset, lo darrer que em va ensenyar

Refrain :

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58 - LILY Pierre Perret

On la trouvait plutôt jolie, Lily, elle arrivait des Somalies, Lily Dans un bateau plein d'émigrés qui venaient tous de leur plein gré Vider les poubelles à Paris. Elle croyait qu'on était égaux, Lily, au pays d’Voltaire et d'Hugo, Lily Mais pour Debussy, en revanche, il faut deux noires pour une blanche Ça fait un sacré distinguo. Elle aimait tant la liberté, Lily ; elle rêvait de fraternité, Lily Un hôtelier rue Secrétan lui a précisé en arrivant Qu'on ne recevait que des Blancs. Elle a déchargé des cageots, Lily ; elle s'est tapée les sales boulots, Lily Elle crie pour vendre des choux-fleurs, dans la rue ses frères de couleur L'accompagnent au marteau-piqueur. Et quand on l'appelait Blanche-Neige, Lily, elle se laissait plus prendre au piège, Lily Elle trouvait ça très amusant, même s'il fallait serrer les dents, Ils auraient été trop contents. Elle aima un beau blond frisé, Lily qui était tout prêt à l'épouser, Lily Mais la belle-famille lui dit : « Nous n’sommes pas racistes pour deux sous Mais on n’veut pas de ça chez nous ! » Elle a essayé l'Amérique, Lily, ce grand pays démocratique, Lily Elle aurait pas cru sans le voir, que la couleur du désespoir Là-bas aussi ce fût le noir.

Mais dans un meeting à Memphis, Lily, elle a vu Angela Davis, Lily Qui lui dit : « Viens ma petite sœur, en s'unissant on a moins peur Des loups qui guettent le trappeur. » Et c'est pour conjurer sa peur, Lily, qu'elle lève aussi un poing rageur, Lily Au milieu de tous ces gugusses qui foutent le feu aux autobus Interdits aux gens de couleur. Mais dans ton combat quotidien, Lily, tu connaîtras un type bien, Lily Et l'enfant qui naîtra un jour aura la couleur de l'amour Contre laquelle on ne peut rien. On la trouvait plutôt jolie, Lily ; elle arrivait des Somalies, Lily Dans un bateau plein d'émigrés qui venaient tous de leur plein gré Vider les poubelles à Paris.

59 - L’INTERMITTENTE Chanson plus bifluorée

Amstramgram, Assedic et Spedidam Qui qui va perdre ses droits, c'est toi ! Oh non, pas moi oh !! En rang serré l'ennemi nous assaille Autour de no-o-tre drapeau groupons nous Que nous importe la mort menaçante ; pour l'Assedic soyons prêts à souffrir Mais le musicien courbé sous la honte ne doit avoi-a-ar qu'un seul étendard Un seul mot d'ordre travail et justesse, suivons le rythme sur un tempo d'acier Oh frères aux armes pour notre lutte, pour la victoire de tous les intermittents Un seul mot d'ordre feuilles roses et vignettes Fiches de payes, congés spectacles, défraiements Les producteurs vautrés dans la richesse, privent de pain les artistes affamés Ceux qui sont morts pour nos grandes idées, n'ont pas en vain combattu et chanté Contre les bourgeois et les ploutocrates, contre les rois contre les trônes pourris Nous lancerons la vengeance puissante et nous serons à tout jamais victorieux Oh frères aux armes pour notre lutte, pour la victoire de tous les intermittents Un seul mot d'ordre feuilles roses et vignettes Fiches de paye, congés spectacles, défraiements Défraiements !...

60 - L’INTERNATIONALE Pottier et P. Degeyter

Debout ! Les damnés de la terre ! Debout ! Les forçats de la faim La raison tonne en son cratère : c’est l’éruption de la fin Du passé faisons table rase, foule esclave, debout ! Debout ! Le monde va changer de base : nous ne sommes rien, soyons tout ! Refrain : C’est la lutte finale, groupons nous et demain L’Internationale sera le genre humain. Il n’est pas de sauveurs suprêmes : ni dieu, ni césar, ni tribun, Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes ! Décrétons le salut commun ! Pour que le voleur rende gorge, pour tirer l’esprit du cachot Soufflons nous-mêmes notre forge, battons le fer quand il est chaud ! Refrain : Ouvriers, Paysans, nous sommes le grand parti des travailleurs ; La terre n’appartient qu’aux hommes, le riche ira loger ailleurs. Combien de nos chairs se repaissent ! Mais si les corbeaux, les vautours, Un de ces matins disparaissent, le soleil brillera toujours ! Refrain :

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61 - MAMADOU M'A DIT François Béranger

Refrain : Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit, on a pressé l'citron, on peut jeter la peau Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit, on a pressé l'citron, on peut jeter la peau Les citrons c'est les négros tous les bronzés d'Afrique, Sénégal, Mauritanie, Haute-Volta, Togo, Mali Côte d'Ivoire et Guinée, Bénin, Maroc, Algérie, Cameroun et tutti quanti, Cameroun et tutti quanti Les colons sont partis avec des flons-flons, des discours solennels des bénédictions Chaque peuple c'est normal dispose de lui-même et doit s'épanouir dans l'harmonie Une fois qu'on l'a saigné aux quatre veines, qu'on l'a bien ratissé et qu'on lui a tout pris. Refrain : Les colons sont partis, ils ont mis à leur place une nouvelle élite, des noirs bien blanchis Le monde blanc rigole, les nouveaux c'est bizarre, sont pires que les anciens ; c'est sûrement un hasard. Le monde blanc rigole quand un petit sergent se fait sacrer empereur avec mille glorioles Après tout c'est pas grave du moment que les terres produisent pour les blancs ce qui est nécessaire Le coton, l'arachide, le sucre, le cacao, remplissent les bateaux, saturent les entrepôts. Refrain : Après tout, c'est pas grave, les colons sont partis ; que l'Afrique se démerde, que les paysans crèvent Les colons sont partis avec dans leurs bagages, quelques bateaux d'esclaves pour ne pas perdre la main

Quelques bateaux d'esclaves pour balayer les rues ; ils se ressemblent tous avec leur passe-montagne Ils ont froid à la peau et encore plus au cœur, là-bas c'est la famine et ici la misère Et comme il faut parfois manger et puis dormir, dans les foyers taudis on vit dans le sordide. Refrain : Et puis un jour la Crise nous envahit aussi ; qu'on les renvoie chez eux, ils seront plus heureux Qu'on leur donne un pourboire, faut être libéral ! Et quand à ceux qui râlent : un bon coup d’pied au cul ! Vous comprenez, Monsieur, c'est quand même pas normal : ils nous bouffent notre pain, ils reluquent nos femmes Qu'ils retournent faire les singes dans leurs cocotiers, tous nos bons nègres à nous qu'on a si bien soignés Et puis, c'qui est certain, c'est qu'un rien les amuse ; ils sont toujours à rire, ce sont de vrais gamins. Refrain :

62 - MANHATTAN-KABOUL

Renaud et A. Red Petit Portoricain, bien intégré quasiment New-yorkais Dans mon building tout de verre et d'acier, je prends mon job, un rail de coke, un café Petite fille Afghane, de l'autre côté de la terre Jamais entendu parler de Manhattan, mon quotidien, c'est la misère et la guerre Deux étrangers au bout du monde, si différents Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant Pulvérisés, sur l'autel, de la violence éternelle Un 747, s'est explosé dans mes fenêtres

Mon ciel si bleu est devenu orage, lorsque les bombes ont rasé mon village Deux étrangers au bout du monde, si différents Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant Pulvérisés, sur l'autel, de la violence éternelle So long, adieu mon rêve américain Moi, plus jamais esclave des chiens Ils t'imposaient l'islam des tyrans Ceux là ont-ils jamais lu le coran ? Suis redev'nu poussière, je s'rai pas maître de l'univers Ce pays que j'aimais tellement serait-il finalement colosse aux pieds d'argile ? Les dieux, les religions, les guerres de civilisation Les armes, les drapeaux, les patries, les nations F'ront toujours de nous de la chair à canon Deux étrangers au bout du monde, si différents Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant Pulvérisés, sur l'autel, de la violence éternelle (bis)

63 - MERCI PATRON Les Charlots

Quand on arrive à l'usine la gaieté nous illumine L'idée de faire nos huit heures nous remplit tous de bonheur D'humeur égale et joyeuse, nous courons vers la pointeuse Le temps d'enfiler nos bleus ; et nous voilà tous heureux ! La ï ti la la la ï ti la la ï hé Refrain: Merci patron, merci patron,

quel plaisir de travailler pour vous On est heureux comme des fous ! Merci patron, merci patron, ce que vous faites ici bas Un jour, Dieu vous le rendra ! Quand on pense à tout l'argent qu'aux fins de mois on vous prend Nous avons tous un peu honte d'être aussi près de nos comptes. Tout le monde à la maison vous adore avec passion Vous êtes notre bon ange et nos chantons vos louanges La ï ti la la la ï ti la la ï hé Refrain : Mais en attendant ce jour, pour vous prouver notre amour Nous voulons tous vous offrir un peu de notre plaisir Nous allons changer de rôle, vous irez limer la tôle Et nous nous occuperons de vos ennuis de patron La ï ti la la la ï ti la la ï hé Nous s’rons patron nous s’rons patron A vous le plaisir de travailler pour nous, vous serez heureux comme un fou Nous serons patron nous serons patron Ce que vous avez fait pour nous, nous le referons pour vous La ï ti la la la ï ti la la ï hé

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64 - MON MARI EST PARTI Anne Sylvestre

Mon mari est parti un beau matin d'automne, Parti je ne sais où Je me rappelle bien la vendange était bonne Et le vin était doux La veille nous avions ramassé des girolles Au bois de Viremont Les enfants venaient juste d'entrer à l'école Et le temps était bon Mon mari est parti un beau matin d'automne, Le printemps est ici Mais que voulez-vous bien que le printemps me donne ; je suis seule au logis Mon mari est parti, avec lui tous les autres Maris des environs Le tien Eléonore et vous, Marie, le vôtre Et le tien Marion Je ne sais pas pourquoi et vous non plus sans doute ; tout ce que nous savons C'est qu'un matin d'octobre ils ont suivi la route Et qu'il faisait très bon Des tambours sont venus nous jouer une aubade ; J'aime bien les tambours Il m'a dit : « Je m'en vais faire une promenade ! » Moi je compte les jours. Mon mari est parti, je n'ai de ses nouvelles Que par le vent du soir Je ne comprends pas bien toutes ces péronnelles Qui me parlent d'espoir Un monsieur est venu m'apporter son costume, il n'était pas râpé Sans doute qu'en chemin il aura fait fortune Et se sera nippé Les fleurs dans son jardin recommencent à poindre, j'y ai mis des iris Il le désherbera en venant me rejoindre

Lorsque naîtra son fils Mon mari est parti quand déjà la nature Etait toute roussie Et plus je m'en défends et plus le temps me dure ; Et plus je l'aime aussi Marion m'a-t-on dit vient de se trouver veuve, Elle pleure beaucoup Eléonore s'est fait une robe neuve Et noire et jusqu'au cou Pour moi en attendant que mon amour revienne, Je vais près de l'étang Je reste près du bord, je joue et me promène, Je parle à mon enfant Mon mari est parti un beau matin d'automne, Parti je ne sais quand Si les bords de l'étang me semblent monotones, J'irai jouer dedans.

65 - MON VIEUX J. Ferrat et D. Guichard

Dans son vieux pardessus râpé, il s'en allait l'hiver, l'été Dans le petit matin frileux, mon vieux. Y avait qu'un dimanche par semaine, les autres jours, c'était la graine Qu'il allait gagner comme on peut, mon vieux. L'été, on allait voir la mer ; tu vois c'était pas la misère C'était pas non plus l'paradis, hé oui, tant pis. Dans son vieux pardessus râpé, il a pris pendant des années Le même autobus de banlieue, mon vieux. Le soir en rentrant du boulot, il s'asseyait sans dire un mot Il était du genre silencieux, mon vieux.

Les dimanches étaient monotones, on n'recevait jamais personne Ça n'le rendait pas malheureux, je crois, mon vieux. Dans son vieux pardessus râpé, les jours de paye quand il rentrait On l'entendait gueuler un peu, mon vieux. Nous, on connaissait la chanson, tout y passait, bourgeois, patrons, La gauche, la droite, même le bon Dieu, avec mon vieux. Chez nous y avait pas la télé, c'est dehors que j'allais chercher Pendant quelques heures l'évasion, je sais, c'est con! Dire que j'ai passé des années à côté de lui, sans le r'garder On a à peine ouvert les yeux, nous deux. J'aurais pu, c'était pas malin, faire avec lui un bout d'chemin Ça l'aurait p't'être rendu heureux, mon vieux. Mais quand on a juste quinze ans, on n'a pas le cœur assez grand Pour y loger toutes ces choses-là, tu vois. Maintenant qu'il est loin d'ici, en pensant à tout ça, j'me dis "J'aim'rais bien qu'il soit près de moi", Papa.

66 - MOTIVÉS Zebda

Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines Ami entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne Ohé, partisans ouvriers et paysans c'est l'alarme Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes Refrain : Motivés, motivés, il faut rester motivés ! Motivés, motivés, il faut se motiver ! Motivés, motivés, soyons motivés ! Motivés, motivés, motivés, motivés ! C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère Il est des pays où les gens au creux des lits font des rêves Chantez compagnons, dans la nuit la liberté vous écoute Refrain : Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe Ami si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place Ohé, partisans ouvriers et paysans c'est l'alarme Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes Refrain : On va rester motivés pour le face à face On va rester motivés quand on les aura en face On va rester motivés, on veut que ça se sache On va rester motivés... On va rester motivé pour la lutte des classes On va rester motivé contre les dégueulasses Motivés, motivés...

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67 - MUTINS DE 1917 J. Debronckaert

Vous n'êtes pas aux Monuments aux Morts, vous n'êtes même plus dans les mémoires Comme vos compagnons de la Mer Noire : vous êtes morts et deux fois morts. A vos petits enfants l'on ne répète jamais comment finit leur grand-papa : Il y a des choses dont on ne parle pas, Mutins de mil neuf cent dix-sept Sur votre dos, les Joffre et les Nivelle faisaient carrière dans les états-majors, Leur humeur décidait de votre sort : Aujourd'hui qui se le rappelle ? Au lieu de s'emmerder en garnison, au lieu de piétiner au même grade, C'était le temps béni de l'empoignade, Vous parlez d'une belle occasion... Vous aviez fait tant d'assauts inutiles, juste pour corser le communiqué, Vous vous sentiez tellement cocufiés, tellement pris pour des imbéciles, Que vous avez voulu que ça s'arrête, cet abattoir tenu par la patrie, Cette nationale charcuterie, Mutins de mil neuf cent dix-sept Avant l'attaque arrivaient les cercueils, et vous coupiez votre pain sur leurs planches, Tout juste si le crêpe à votre manche n'annonçait votre propre deuil. Par malheur, la France n'était pas prête, se révolter lui paraissait énorme, Elle bavait encore devant l'uniforme, Mutins de mil neuf cent dix-sept L'Histoire vous a jetés dans ses égouts, cachant sous les flots de sa Marseillaise Qu'une bonne moitié de l'armée française brûlait de faire comme vous. Un jour, sortirez-vous des oubliettes ? Un jour

verrons-nous gagner votre cause ? J'en doute, à voir le train où vont les choses Mutins de mil neuf cent dix-sept, mutins de mil neuf cent dix-sept.

68 - NÉ QUELQUE PART Maxime le Forestier

On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille On choisit pas non plus les trottoirs de Manille De Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher Etre né quelque part Etre né quelque part, pour celui qui est né, C'est toujours un hasard Nom'inqwand’yes qwag iqwahasa x2 Y a des oiseaux d’basse cour et des oiseaux de passage Ils savent où sont leur nids, qu’ils rentrent de voyage Ou qu'ils restent chez eux ; ils savent où sont leurs œufs Etre né quelque part Etre né quelque part, c'est partir quand on veut, Revenir quand on part Nom'inqwand’ yes qwag iqwahasa x2 Est-ce que les gens naissent égaux en droits A l'endroit où ils naissent Nom'inqwand’ yes qwag iqwahasa Est-ce que les gens naissent égaux en droits A l'endroit où ils naissent Que les gens naissent pareils ou pas On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille On choisit pas non plus les trottoirs de Manille De Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher Je suis né quelque part Je suis né quelque part ; laissez moi ce repère Ou je perds la mémoire

Nom'inqwand’ yes qwag iqwahasa x3 Est-ce que les gens naissent égaux en droits A l'endroit où ils naissent Que les gens naissent pareils ou pas Nom'inqwand’ yes qwag iqwahasa x2 Est-ce que les gens naissent égaux en droits A l'endroit où ils naissent Que les gens naissent pareils ou pas Nom'inqwand’ yes qwag iqwahasa ad lib

69 - NOUS SOMMES UN CAS François Béranger

Nous sommes un cas, nous sommes un cas, un cas pathologique Nous sommes un cas, nous sommes un cas, un cas anachronique Nous avons bien trop tardé à faire nous aussi du Sud américain Nous avons bien trop tardé à grossir les rangs de tous les pro-indiens. Quand on fait de la musique faut avoir l’esprit pratique, Il faut savoir exploiter le goût immodéré des gens pour l’exotique Surtout pas se mettre en tête d’originalité et d’authenticité. Aïe, aïe, aïe, aïe, voilà les grands mots lâchés ! Aïe, aïe, aïe, aïe, si on fait dans les idées On va sûr’ment être exclu de la fraternité des chanteurs à succès A la place d’un tas d’dollars, on va tout juste avoir sifflets et quolibets ! Nous sommes un cas, nous sommes un cas, un cas pathologique Nous sommes un cas, nous sommes un cas, un cas anachronique La musique des Indiens, ou celle des Mexicains, ou celle des Colombiens

Ca nous dit seul’ment misère, sècheresse de la terre, pouvoir des militaires ! Peuples écartelés, villages abandonnés Bidonvilles surpeuplés avecque plein d’enfants bien sous-alimentés Et les prisons infernales où sévissent tortures, carnages et pourriture ! Aïe, aïe, aïe, aïe, c’est pas ça qu’il faudrait dire Aïe, aïe, aïe, aïe, on ne va pas s’en sortir On ne va pas réussir à faire la chanson qui donne envie d’partir La chanson publicitaire pour remplir les charters de joyeux vacanciers ! Nous sommes un cas, nous sommes un cas, un cas pathologique Nous sommes un cas, nous sommes un cas, un cas anachronique A travers cette chanson complètement débile où notre esprit fragile Essaie d’vous donner du bon temps ; on voulait simplement dire bonjour en passant Aux peuples écartelés, aux villages abandonnés, Aux bidonvilles surpeuplés avecque plein d’enfants bien sous-alimentés Et aux prisons infernales où sévissent tortures, carnage et pourriture !

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70 - PAPYVOLE P. Perret

Les jeunes vont par bande, les amoureux par deux Pourquoi, je vous le demande, tout seuls s'en vont les vieux Pourquoi sont-ils tout seuls les vieux, les riches comme les prolos Parce qu'ils font chier tout le monde avec leurs petits bobos Ils ont tout le temps quelque chose si on les écoute bien Diabète dermatose, ils vous épargnent rien La tension qui les guette leur donne la conviction Que s'ils remontent leurs chaussettes, y passent sous un camion ! Refrain: Papyvole,, Mamyvole, vous êtes en plein age d'or Vivez-le, le temps s'envole, on est mieux vivant que mort Ce que l'on n'appréhende jamais comme il se doit C'est quand on leur demande : « Alors comment ça va ? » Ils plongent avec délice dans leur intime enfer Et vous font le complice de leur futur cancer Aussitôt ils pâlissent, sortent une langue chargée Montrant leurs cicatrices, Ils vous les font toucher Quelques perfectionnistes, Si vous y t’nez vraiment Vous récitent même la liste De leurs médicaments ! Refrain : Ah vive le cousin Jules qui n’ s'est jamais douché Et qui a la vésicule comme une morille séchée Solide comme une vieille souche, Il affirme en s’marrant Qu's'il a trop d’globules rouges,

Y boit un coup d’vin blanc Son unique médecine ne fut qu’ la bonne humeur Il joue d’la mandoline, mais y préfère ma sœur Ses p'tits yeux qui pétillent éloignent le chagrin Tous les garçons, les filles, Sont fous d’ce vieux coquin Refrain : Quand j'écoute bon prince un papy qui se plaint Le salopard me coince, me décrit son déclin J'avoue qu’j'en ai ma claque de ses pulvérisations Et tout à coup je craque en pleine constipation D'ici vingt ou trente piges, Je s’rai peut-être comme ça J’tiendrai plus sur mes tiges Et j’perdrai mon cabas Pourvu que j’puisse écrire Même si j’peux plus arquer J’vous chanterai mon martyre Rien qu’pour vous emmerder ! Refrain :

71 - PARACHUTISTE Maxime le Forestier

Tu avais juste 18 ans, quand on t'a mis un béret rouge, quand on t'a dit : « Rentre dedans tout ce qui bouge ». C'est pas exprès qu’t’étais fasciste, parachutiste. Alors de combat en combat, s'est formée ton intelligence, Tu sais qu'il n'y a ici bas que deux engeances : Les gens biens et les terroristes, parachutiste. Puis on t'a donné des gallons, Héros de toutes les défaites, Pour toutes les bonnes actions que tu as faites. Tu torturais en spécialiste, parachutiste. Alors sont venus les honneurs, les décorations, les médailles, pour chaque balle au fond d'un coeur, pour chaque entaille.

Pour chaque croix noire sur ta liste, parachutiste. Mais malheureusement pour toi, bientôt se finira ta guerre, plus de tueries, plus de combats, que vas-tu faire ? C'est fini le travail d'artiste, parachutiste. C'est plus qu'un travail de nana, d’commander à ceux qui savent lire, surtout qu’t’as appris avec moi ce que veut dire Le mot : "Antimilitariste", parachutiste. T'as rien perdu de ton talent, tu rates pas une embuscade, mais comme on n’tire plus vraiment, tu trouves ça fade. C'est p’t-être pour ça qu’t’as les yeux tristes, parachutiste. Mais si t'es vraiment trop gêné, d'être payé à ne rien faire, tu peux toujours te recycler chez tes p’tits frères. J’crois qu'on engage dans la police, Parachutiste !

72 - PARLE-MOI DE CHEZ TOI Hugues Auffray

Parle-moi de chez toi, parle-moi de toi. Parle-moi de ton pays, de ta femme, de ta maison. On dit que tombe la pluie là-bas toute une saison. Y a-t-il encore dans ta rue des gens qui vont pieds nus ? Que penses-tu de tes voisins, tes frères africains ? Parle-moi de chez toi, parle-moi de toi. Parle-moi de ton métier, de ta vie de tous les jours. As-tu le temps de chanter, de rire et de faire l'amour ? Que vont faire tes enfants quand ils seront plus grands ? Que penses-tu de tes lointains frères américains ? Parle-moi de chez toi, parle-moi de toi. Parle-moi de tes idées, de tes rêves, de tes espoirs, du grand vent qui s'est levé pour aider le monde noir.

Je voudrais la vérité. Peux-tu me pardonner, Me pardonner simplement d'être un homme blanc ? Parle-moi de chez toi, parle-moi de toi. x2

73 - PELOT D'HENNEBONT Tri Yann Ma chère maman, je vous écris que nous sommes entrés dans Paris, (bis) Que je sommes déjà caporal et je s'rons bientôt général, (bis) A la bataille je combattions les ennemis de la Nation (bis) Et tous ceux qui se présentiont, à grand coup d’sabre j’ les émondions (bis) Le roi Louis m'a zappelé, c'est sans quartier qu'il m'a nommé (bis) Sire, sans quartier, c'est point mon nom, j’lui dis j’m'appelle Pelot d'Hennebont (bis) Il a quéri zun biau ruban et je n’sais quoi au bout d'argent. (bis) Y m’ dit : "boutes ça sur ton habit et combats toujours l'ennemi". (bis) Faut qu’ce soit quelque chose de précieux pour que les autres m'appellent Monsieur (bis) Et boutent lou main à lou chapiau quand ils veulent conter au Pelot (bis) Ma mère, si j’meurs en combattant, j'vous enverrais ce biau ruban (bis) Et vous l'bout’rez à votre fusiau en souvenir du gars Pelot (bis) Dites à mon père, à mon cousin à mes amis que je vais bien (bis) Je suis leur humble serviteur, Pelot qui vous embrasse de cœur. (bis)

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74 - POTEMKINE Jean Ferrat

M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Qui chante au fond de moi au bruit de l'océan M'en voudrez-vous beaucoup si la révolte gronde Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents Ma mémoire chante en sourdine, Potemkine Ils étaient des marins durs à la discipline Ils étaient des marins, ils étaient des guerriers Et le cœur d'un marin au grand vent se burine Ils étaient des marins sur un grand cuirassé Sur les flots je t'imagine, Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Où celui qui a faim va être fusillé Le crime se prépare et la mer est profonde Que face aux révoltés montent les fusiliers C'est mon frère qu'on assassine, Potemkine Mon frère, mon ami, mon fils, mon camarade Tu ne tireras pas sur qui souffre et se plaint Mon frère, mon ami, je te fais notre alcade Marin ne tire pas sur un autre marin Ils tournèrent leurs carabines, Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Où l'on punit ainsi qui veut donner la mort M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Où l'on n'est pas toujours du côté du plus fort Ce soir j'aime la marine, Potemkine !

75 – POULAILLER’S SONG Souchon - Voulzy

Dans les poulaillers d'acajou les belles basses-cours a bijoux On entend la conversation d'la volaille qui fait l'opinion. Ils disent : On peut pas être gentil tout l'temps, on peut pas aimer tous les gens Y'a une sélection, c'est normal, on lit pas tous le même journal Mais comprenez-moi, c'est une migraine tous ces campeurs sous mes persiennes Mais comprenez-moi, c'est dur à voir quels sont ces gens sur mon plongeoir Dans les poulaillers d'acajou les belles basses-cours a bijoux On entend la conversation d'la volaille qui fait l'opinion. Ils disent : On peut pas aimer tout Paris, n'est-ce pas y'a des endroits la nuit Ou les peaux qui vous font la peau sont plus bronzées qu'nos p'tits poulbots Mais comprenez-moi, la djellaba, c'est pas c'qui faut sous nos climats Mais comprenez-moi, à Rochechouart, y'a des taxis qu'ont peur du noir Dans les poulaillers d'acajou les belles basses-cours à bijoux On entend la conversation d'la volaille qui fait l'opinion. Ils disent : Que font ces jeunes assis par terre, habillés comme des traîne-misère On dirait qu'ils n'aiment pas l'travail, ça nous prépare une belle pagaille Mais comprenez-moi, c'est inquiétant, nous vivons des temps décadents Mais comprenez-moi, le respect s'perd dans les usines de mon grand-père

Mais comprenez-moi, la djellaba c'est pas c'qui faut sous nos climats Mais comprenez-moi, à Rochechouart y'a des taxis qu'ont peur du noir Mais comprenez-moi, c'est une migraine tous ces campeurs sous mes persiennes…

76 - QUAND ON S'PROMÈNE AU BORD DE L'EAU

Du lundi jusqu'au sam'di, pour gagner des radis, Quand on a fait sans entrain son p'tit truc quotidien, Subi le propriétaire, l'percepteur, la boulangère, Et trimballé sa vie d'chien, le dimanch' viv'ment, on file à Nogent, Alors brusquement, tout paraît charmant ! Refrain: Quand on s'promène au bord de l'eau, oomme tout est beau... Quel renouveau ... Paris au loin nous semble une prison, on a le cœur plein de chansons. L'odeur des fleurs nous met tout à l'envers et le bonheur nous saoule pour pas cher. Chagrins et peines de la semaine ; tout est noyé dans le bleu, dans le vert ... Un seul dimanche au bord de l'eau, aux trémolos des p'tits oiseaux, Suffit pour que tous les jours semblent beaux Quand on s'promène au bord de l'eau. J'connais des gens cafardeux qui tout l'temps s'font des ch'veux Et rêv'nt de filer ailleurs dans un monde meilleur. Ils dépens'nt des tas d'oseille, pour découvrir des merveilles. Ben moi, ça m'fait mal au cœur ... Car y a pas besoin pour trouver un coin où l'on se trouv' bien, de chercher si loin... Refrain

77 - QUAND UN MILITAIRE Hervé

Quand un militaire s’en va-t- à la guerre Il embrasse son père. Et s’il n’a pas de père Il embrasse sa mère. Et s’il n’a pas de mère Il se contente alors d’embrasser la carrière ! Contentez-vous d’embrasser la carrière Petits soldats du joyeux régiment ! (bis) Quand un militaire se bat à la guerre Il pense à sa future. Et s’il n’a pas d’future Il pense à sa masure. Et s’il n’a pas d’masure Il se contente alors de panser ses blessures… Contentez-vous de panser vos blessures Petits soldats du joyeux régiment ! (bis) Quand un militaire revient de la guerre Il passe voir ses mioches. Et s’il n’a pas de mioche Il passe voir ses proches. Et s’il n’a pas de proche Il se contente alors de passer l’arme à gauche ! Contentez-vous de passer l’arme à gauche Petits soldats du joyeux régiment ! (bis)

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78 - QUAND UN SOLDAT Francis Lemarque

Fleur au fusil, tambour battant, il va Il a vingt ans, un cœur d'amant qui bat Un adjudant pour surveiller ses pas Et son barda contre son flanc qui bat. Quand un soldat s'en va-t-en guerre, il a Dans sa musette un bâton d' maréchal Quand un soldat revient de guerre, il a Dans sa musette un peu de linge sale. Partir pour mourir un peu, à la guerre, à la guerre C'est un drôle de petit jeu qui n' va guère aux amoureux. Pourtant c'est presque toujours quand revient l'été qu'il faut s'en aller Le ciel regarde partir ceux qui vont mourir, au pas cadencé. Des hommes il en faut toujours, car la guerre, car la guerre Se fout des serments d'amour, elle n'aime que l' son du tambour. Quand un soldat s'en va-t-en guerre, il a Des tas d' chansons et des fleurs sous ses pas Quand un soldat revient de guerre, il a Simplement eu d' la veine et puis voilà. Quand un soldat revient de guerre, il a Simplement eu d' la veine et puis voilà.

79 - QU’AS-TU APPRIS A L’ECOLE ? Graeme Allwright

Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ? Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ? J’ai appris qu’il n’faut mentir jamais, qu’il y’a des bons et des mauvais Que je suis libre comme tout le monde, même si le maître parfois me gronde C’est ça qu’on m’a dit à l’école papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ? Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ? Que les gendarmes sont mes amis, et tous les juges très gentils Que les criminels sont punis pourtant, même si on s’trompe de temps en temps C’est ça qu’on m’a dit à l’école papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ? Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ? Que le gouvernement doit être fort, a toujours raison et jamais tort ! Qu'nos chefs sont tous très forts en thème, et on élit toujours les mêmes C’est ça qu’on m’a dit à l’école papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ? Qu’as-tu appris à l’école mon fils, à l’école aujourd’hui ?

J’ai appris qu’la guerre n’est pas si mal, qu’il y en a des grandes et des spéciales Qu’on s’bat souvent pour son pays et p’t’être j’aurai ma chance aussi C’est ça qu’on m’a dit à l’école papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école ! 80 - QUE SONT DEVENUES LES FLEURS

P. Seeger Que sont devenues les fleurs du temps qui passe Que sont devenues les fleurs du temps passé Les filles les ont coupé, elles en ont fait des bouquets Apprendrons-nous un jour, apprendrons-nous jamais ! Que sont devenues les filles du temps qui passe Que sont devenues les filles du temps passé Elles ont donné leur bouquet aux gars qu'elles rencontraient Apprendrons-nous un jour, apprendrons-nous jamais ! Que sont devenus les gars du temps qui passe Que sont devenus les gars d u temps passé A la guerre ils sont allés, à la guerre ils sont tombés Apprendrons-nous un jour, apprendrons-nous jamais ! Que sont devenues les fleurs du temps qui passe Que sont devenues les fleurs du temps passé Sur les tombes elles ont poussé,

d'autres filles vont les couper Apprendrons-nous un jour, apprendrons-nous jamais !

81 - SULAMITE 88 Henri Bassis et Gilles Langouroux Les nuits fauves d’Afrique Ont coulé sur mon corps Une lave électrique de miel de bronze et d’or Je couve en mon sommeil comme un volcan-soleil qui jamais ne s’endort Je suis alcool je suis tam-tam Rouge est mon sang comme un tocsin Et noirs tout noirs mes reins mes seins Un’ fleur de l’ombre en plein Paname Maintenant je m’ promène Dans les foul’s de Paris Com un’ star comme un reine Un’ bell ‘ sorcellerie Ma peau est comme un phare Où j’accroch’ mill regards, je marche et je souris

Je suis alcool je suis tam-tam Rouge est mon sang comme un tocsin Et noirs tout noirs mes reins mes seins Un’ fleur de l’ombre en plein Paname Je porte un peu d’Afrique Qui chauffe quand on a froid Rêv’ de pierre et de briques Une ville s’offre à moi Un bel alliage unique un cantique des cantiques Comme alliance à mon doigt

Je suis alcool je suis tam-tam Rouge est mon sang comme un tocsin Et noirs tout noirs mes reins mes seins Un’ fleur de l’ombre en plein Paname

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82 - TOURDION Soprano : Quand je bois du vin Clairet, ami tout tourne, tourne, tourne, tourne Aussi désormais je bois Anjou ou Arbois. (bis) Chantons et buvons, à ce flacon faisons la guerre Chantons et buvons, les amis, buvons donc ! (bis). Alto : Le bon vin nous a rendus gais, chantons, oublions nos peines, chantons. (bis) En mangeant d’un gras jambon, à ce flacon faisons la guerre ! (bis) Ténor : Buvons bien, là, buvons donc, à ce flacon faisons la guerre Buvons bien, là, buvons donc, ami, trinquons, gaiement chantons. En mangeant d’un gras jambon, à ce flacon faisons la guerre ! (bis) Basse : Buvons bien, buvons mes amis, trinquons, buvons, vidons nos verres Buvons bien, buvons mes amis, trinquons, buvons, gaiement chantons. En mangeant d’un gras jambon, à ce flacon faisons la guerre ! (bis)

83 - TRANCHE DE VIE François Béranger

Je suis né dans un p'tit village qu'à un nom pas du tout commun, bien sûr entouré de bocage, c'est le village de St Martin A peine j'ai cinq ans qu'on m'emmène avec ma mère et mes frangins ; mon père pense qu'y aura du turbin dans la ville où coule la Seine Refrain: J'en suis encore à me demander après tant et tant d'années, à quoi ça sert de vivre et tout, à quoi ça sert en bref d'être né ! La capitale c'est bien joli sûr’ment quand on la voit d'Passy. Mais de Nanterre ou d’ Charenton, c'est d’jà beaucoup moins folichon. J'ai pas d'mal à imaginer par où c'que mon père est passé, car j'ai connu quinze ans plus tard le même tracas, le même bazar Refrain : L’ matin faut aller piétiner devant les guichets d’ la main d'œuvre. L'après-midi solliciter l’bon cœur des punaises des bonnes œuvres. Ma mère elle était toute paumée sans ses lapins et ses couvées ; et puis pour voir essayez donc, sans fric de remplir cinq lardons Refrain : Pour parfaire mon éducation y’a la communale en béton. Là on fait d'la pédagogie devant soixante mômes en furie. En plus d'l'alphabet, du calcul, j'ai pris beaucoup d’coup pieds au cul. Et sans qu'on me l'ait demandé, j'appris l'arabe et le portugais Refrain : A quinze ans, finie la belle vie, t'es plus un môme, t'es plus un p'tit. J'me r'trouve les deux mains dans l'pétrole, à frotter des pièces de bagnole. Neuf, dix heures dans un atelier, ça

vous épanoui la jeunesse, ça vous arrange même la santé, pour le monde on a d'la tendresse Refrain : Quand on en a un peu la d'dans, on y reste pas bien longtemps ; on s'arrange tout naturell’ment pour faire des trucs moins fatigants. J'me faufile dans une méchante bande qui voyoute la nuit sur la lande. J'apprends des chansons de Bruant en f’sant des croches-pattes aux agents Refrain : Bien sûr la maison Poulagat s'agrippe à mon premier faux-pas ! Ça tombe bien mon pote, t'as d'la veine, faut du monde pour le F.L.N. J'me farcis trois ans de casse-pipe, Aurès, Kabylie, Mitidja. Y a d'quoi prendre toute l'Afrique en grippe, mais faut servir l'pays ou pas Refrain : Quand on m'relache je suis vidé, j’ suis comme un p'tit sac en papier. Y a plus rien d'dans tout est cassé, j'ai même plus envie d'une mémé ! Quand j'ai cru qu'j'allais m'réveiller, les flics m'ont vachement tabassé : faut dire que j'm'étais amusé à leur balancer des pavés ! Refrain : Les flics pour c'qui est d'la monnaie, ils la rendent avec intérêts : le crâne, le ventre et les roustons, enfin quoi, vive la nation ! Le juge m'a filé trois ans d'caisse rapport à mes antécédents ! Moi j'peux pas dire qu'je sois en liesse, mais enfin qu'est-ce que c'est qu'trois ans Refrain : En tôle j'vais pouvoir m'épanouir dans une société structurée : j'f’rai des chaussons et des balais et je pourrai me r'mettre à lire ! J'suis né dans un p'tit village qu'à un nom pas du tout commun, bien sûr entouré de bocage ; c'est le village de St Martin ! Refrain :

84 - TRAVAILLER C'EST TROP DUR Zacharie Richard

Travailler, c'est trop dur, et voler, c'est pas beau, D'mander la charité, c'est quéqu'chose j'peux pas faire Chaque jour que moi j' vis, on m' demande de quoi j'vis J' dis que j' vis sur l'amour, et j'espère de vivre vieux ! Et je prends mon vieux ch'val, et j'attrape ma vieille Selle Et je selle mon vieux ch'val pour aller chercher ma belle Tu connais, c'est loin d'un grand bout d' là, De Saint-Antoine à Beaumont Mais le long du grand Texas, j' t'ai cherchée bien longtemps Refrain Et je prends mon violon, et j'attrape mon archet, Et je joue ma vieille valse pour faire le monde danser Vous connaissez, mes chers amis, la vie est bien, bien, bien trop courte Pour se faire des soucis, alors..., ce soir, allons danser ! Travailler, c'est trop dur, et voler c'est pas beau, D'mander la charité, c'est quéqu' chose j' peux pas faire Chaque jour que moi j' vis, on m' demand' de quoi j' vis, J' dis que j' vis sur l'amour! Et j'espère de vivre vieux !