SRCAE Bourgogne – Séminaire Adaptation – CR Atelier Agriculture, élevage et biodiversité 1

Schéma Régional Climat Air Énergie Bourgogne

Séminaire « Adaptation au changement climatique en Bourgogne »

Atelier Agriculture, élevage et biodiversité

9 juin 2011 à Dijon

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1- Perception des participants de l’engagement des acteurs pour adapter leurs activités aux effets du changement climatique

Les participants ont un regard plutôt négatif sur l ’engagement des acteurs bourguignons pour s’adapter aux effets du changement climatique.

En effet :

- Les initiatives existantes sont dérisoires en comparaison de la tendance générale à l’inaction. Les efforts des acteurs pour s’adapter ne sont pas assez sincères ni assez systématiques.

- Les actions mises en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux de l’adaptation au changement climatique exposés en conférence plénière.

- Un déni de la réalité s’observe chez les acteurs clés de l’adaptation. Les élus peuvent avoir un comportement contradictoire lorsqu’ils sont à la fois favorables à l’adaptation au changement climatique (mise en œuvre de Plan Climat-Énergie Territorial…) et au lancement de projets émetteurs de gaz à effet de serre (création d’autoroutes…).

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- « Les freins sont dans les têtes » : les habitants ne sont pas prêts à changer leurs habitudes

- Si certains secteurs (le bâtiment par exemple) sont ouverts aux initiatives de changement, l’adaptation est plus difficile pour d’autres activités. Ainsi, l’agriculture a, structurellement, besoin de plus de temps pour répondre aux nouvelles contraintes liées au dérèglement climatique.

- La rentabilité économique reste la priorité face aux enjeux de long terme liés à l’adaptation au changement climatique. Sans ce levier, l’action reste marginale. Ainsi, la hausse du coût de l’énergie est le moteur le plus efficace de l’adaptation. Plus généralement, les acteurs s’attachent majoritairement à répondre des enjeux de court terme plutôt que de long terme ce qui nuit à l’élaboration d’une stratégie d’adaptation pertinente.

- Les besoins d’adaptation peuvent être contradictoires selon les échelles de temps considérées : les besoins d’adaptation de court terme peuvent s’avérer incompatibles avec des besoins d’adaptation de long terme.

- De même, les besoins d’adaptation peuvent être différents selon l’échelle spatiale considérée.. Les besoins d’adaptation d’une commune ou d’une Région sont différents.

Certains participants relèvent tout de même des poi nts positifs dans le comportement des acteurs :

- Des initiatives existent au sein des collectivités territoriales ou du monde agricole

- S’il n’y a pas toujours d’action, une démarche de réflexion est tout de même engagée et supportée par les instances appropriées.

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2- Réaction des participants à la présentation des impacts constatés du changement climatique sur l’agriculture et la biodiversité

Les participants sont globalement en accord avec la présentation des impacts constatés et n’ont pas de données contradictoires à apporter. L’un des participants signale que les données présentées seront susceptibles d’évoluer dans les prochaines décennies. Une question est posée concernant la baisse de féco ndité observée : Correspond-t-elle à une tendance lourde, ou n’est-ce pas plutôt un constat spécifique à la canicule de 2003 ?

Réponse d’Alterre Bourgogne : Il s’agit effectivement d’un phénomène directement lié à la canicule de 2003 et les informations manquent pour savoir dans quelle mesure une augmentation moyenne de la température peut provoquer une baisse de fécondité. Cependant, l’épisode caniculaire de 2003 comporte des enseignements qu’il faudra approfondir.

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De nombreux compléments sont également apportés : - Il convient de prendre en compte l’excès de nitrates dans les masses d’eau , impact « induit », lié

à un excès d’apport de fertilisation azotée en cas de non atteinte des objectifs de rendement fixés (l’azote étant apporté en fonction de ces objectifs, il devient excédentaire si le rendement souhaité n’est pas atteint, et se retrouve donc dans les nappes sous la forme de nitrates)

- Les impacts sur les écosystèmes dans leur ensemble doivent également être pris en compte. - La hausse des températures peut également avoir des impacts positifs, comme la baisse des

consommations de calories par les animaux, et une moindre sollicitation de leurs métabolismes. Il peut donc y avoir une opportunité pour l’élevage avicole et bovin. Cependant, il convient aussi de prendre en compte le développement du parasitisme lié la hausse des températures, et le risque sanitaire encouru (la canicule de 2003 a causé une hausse des maladies et de la mortalité dans les élevages industriels. Cet épisode n’a toutefois provoqué qu’une hausse ponctuelle des températures, les effets observés ne peuvent donc pas être généralisés).

- Une variation minime des conditions climatiques peut avoir un impact important dans le système de production actuel, particulièrement sensible à la moindre variation car très artificialisé. Aussi, le rôle des politiques publiques pour faire évoluer les systèmes de production n’est pas à négliger.

- Il est difficile de disposer d’informations complémentaires sur les impacts du changement climatique aujourd’hui.

Certains participants rappellent enfin quelques élé ments qu’il est important de prendre en compte :

- La gravité des effets du réchauffement climatique sur la condition animale. La canicule de 2003 a en effet occasionné une importante mortalité animale. L’aspect quantitatif de cette crise sanitaire est rarement souligné. Ce sont en effet 14 000 000 cadavres d’animaux qu’il a fallu écouler à cette période.

- Le changement climatique risque d’accentuer la concurrence entre les usages de l’agriculture, entre la production d’énergie et de denrées alimentaires.

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3- Réaction des participants à la présentation des impacts pressentis du changement climatique sur l’agriculture et la biodiversité

Les participants sont majoritairement en phase avec la présentation des impacts pressentis. Ils précisent néanmoins que le marché mondial ne dépend que partiellement du climat.

Ils s’expriment sur la capacité d’adaptation du secteur agricole en Bourgogne :

- Les politiques publiques ont également un impact déterminant sur le marché, et doivent permettre de concevoir une agriculture de transition. Le recentrage politique aura donc un impact très important sur la capacité d’adaptation du secteur agricole.

- L’agriculteur est capable de s’adapter à de nouvelles conditions économiques, si on lui en donne les moyens. Cela s’est illustré en Côte d’Or par exemple, par l’abandon de la culture de la betterave à sucre au profit du miscanthus. Ainsi, les adaptations peuvent être très rapides dès lors que la contrainte économique existe.

- La région Bourgogne a une agriculture particulièrement diversifiée, elle s’adaptera donc facilement. Cependant, cette capacité d’adaptation n’est pas commune à tous les secteurs, ni à tous les types de sols, dont le potentiel agronomique diffère.

- Certains territoires souffriront plus que d’autres de l’adaptation. C’est notamment le cas des territoires granitiques et d’élevage, plus vulnérables que la plaine dijonnaise par exemple.

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- L’adaptation pourra impliquer une rationalisation accrue de l’agriculture.

- La hausse du prix des intrants pousse déjà les agriculteurs à réfléchir à des solutions. Ainsi, certaines améliorations ont déjà été apportées, dans le cadre de la gestion des effluents ou à travers le passage à des systèmes de polyculture/élevage permettant de limiter le transport de paille par exemple.

- Le monde agricole est capable de s’adapter s’il revient vers des systèmes économiques plus robustes et moins affectés par la spéculation.

Des compléments sont par ailleurs apportés concern ant les nombreux effets collatéraux du changement climatique, qui aura notamment un impact sur :

- les cahiers des charges des signes de qualité et d’origine tels les IGP (Indication Géographique Protégée)

- la biodiversité, qui connaîtra des effets indirects tels que la hausse des concentrations des polluants dans les rivières

- la disponibilité en fourrage

- les services éco systémiques, modifiés du fait de l’évolution des espèces et des milieux. La capacité de stockage du carbone pourra être modifiée par exemple.

- l’écosystème sol, au sujet duquel beaucoup d’incertitudes subsistent. La recherche est en effet insuffisante sur concernant sa capacité d’adaptation au changement climatique.

- les prairies. En effet, l’impact du dérèglement climatique ne sera pas le même selon la capacité de résilience des prairies.

Enfin, l’impact sera variable selon l’équilibre de chaque territoire.

Quelques préconisations sont d’ores et déjà émises pour l’adaptation du secteur agricole bourguignon au changement climatique :

- Faire le constat des mauvaises décisions du passé, comme celle de l’investissement massif dans les biocarburants dans l’Yonne, et de leur impact sur la capacité d’adaptation actuelle du secteur agricole bourguignon.

- Développer d’autres productions agricoles pour s’adapter et favoriser la diversité des races

- Sortir du schéma traditionnel « grande cultures/élevage », pour s’orienter vers des exploitations agricoles plus diversifiées

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4- Réflexion sur des pistes d’action en matière d’a daptation de l’agriculture aux effets du changement climatique

a. Groupe 1 : Elevage

Les participants proposent des solutions de plusieurs ordres pour adapter l’élevage aux effets du changement climatique.

• Solutions visant le développement des connaissances :

- Assurer la résilience des prairies par la diversité floristique

(Impact considéré : sécheresse et diminution des fourrages)

- Améliorer la connaissance des prairies afin de déterminer un usage adapté

(Impact considéré : Vulnérabilité de la faune aux changements climatiques)

- Travailler sur l’autonomie alimentaire des exploitations

(Impact considéré : Diminution des fourrages

Objectif lié : Nourrir le cheptel)

- Echanger les pratiques d’adaptation entre régions déjà impactées

(Impact considéré : L’ensemble des modifications liées au changement climatique)

- Approfondir la connaissance en matière d’impact du changement climatique sur les parasites

(Impact considéré : Augmentation des parasites liée à un climat plus favorable à leur développement)

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• Outils politiques ou réglementaires :

- Elaborer la trame verte et bleue, et mettre en place les outils d’aménagement disponibles (PLU, SCoT), afin de garantir la continuité des ressources alimentaires pour l’élevage

(Impact considéré : Perte de fourrage et de biodiversité

Objectif lié : Aller vers l’autonomie territoriale)

- Mettre en place des échanges de productions agricoles entre les territoires (exemple : système d’échange de fourrage et de paille entre moyenne montagne et plaine)

(Impact considéré : Difficulté d’approvisionnement en fourrage)

- Favoriser les circuits courts pour l’alimentation humaine comme pour l’élevage

(Impact considéré : Difficulté d’approvisionnement en fourrage

Objectif lié : Sécuriser l’exploitation)

- Améliorer le confort thermique des bâtiments d’élevage

(Impact considéré : Hausse des températures dans les bâtiments d’élevage)

- Se positionner en faveur d’une prise en compte de la vulnérabilité au changement climatique dans la PAC

(Impact considéré : Vulnérabilité au changement climatique)

• Solutions impliquant un changement des pratiques :

- Inciter les consommateurs à réduire leurs consommations de viande

(Impact considéré : Augmentation des émissions de Gaz à Effet de Serre)

- Utiliser le bois des haies pour les litières à la place de la paille

(Impact considéré : diminution des réserves en paille)

- Modifier la gestion des stocks de fourrage

(Impact considéré : Irrégularité des rendements)

- Assurer une animation collective autour des territoires en zones humides pour donner un « sens » aux mesures prises

(Impact considéré : raréfaction de la ressource en eau et prise de décision politique en conséquence)

- Revenir à des systèmes d’exploitation plus robustes

(Impact considéré : Vulnérabilité de la filière face au marché)

- Réduire la vulnérabilité des bâtiments d’élevage

(Impact considéré : Inadaptation des bâtiments d’élevage aux nouvelles conditions climatiques)

- Revaloriser le rôle des mares

(Impact considéré : Diminution de la ressource en eau pour le bétail

Objectif lié : Limiter le transport d’eau)

- Replanter des arbres pour permettre de l’ombrage

(Impact considéré : Augmentation des températures)

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• Autres solutions :

- Encourager les bonnes pratiques dans la gestion des prairies

(Impact considéré : sécheresse et diminution des fourrages)

- Adapter la fumure à la qualité des sols et à leur sensibilité au changement climatique

(Impact considéré : sécheresse et diminution des fourrages)

• Interrogations du groupe :

- Est-il opportun de changer de races d’élevage, les races ne s’adapteront-elles pas d’elles-mêmes ?

- Quid d’une déprise trop forte de l’élevage en Bourgogne ? Par quoi le remplacer ?

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b. Groupe 2 : Cultures

Les participants proposent des solutions de plusieu rs ordres pour adapter les modes de culture aux effets du changement climatique.

• Solutions visant un développement des connaissances :

- Pédologie : Développer la connaissance sur la potentialité du sol et ses évolutions

(Impact considéré : Impact sur les Réserves Utiles et biologiques du sol)

- Encourager la recherche sur les micro-habitats et la microrégulation des écosystèmes

(Impact considéré : l’ensemble des impacts sur les écosystèmes)

- Améliorer la modélisation des impacts du changement climatique sur les cultures (phénologie végétale…)

(Impact considéré : incertitude quant aux effets du changement climatique sur les plantes)

- Développer des suivis d’impacts sur les milieux sous la forme de réseaux d’information (sur le modèle des réseaux de suivi de la qualité de la ressource en eau existants)

(Impact considéré : incertitude quant aux effets du changement climatique sur les milieux naturels)

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• Outils politiques ou réglementaires :

- Créer un pôle de recherche bourguignon

(Impact considéré : Vulnérabilité des cultures au changement climatique)

- Développer la recherche variétale (en mettant à profit la recherche de l’INRA de Dijon sur les légumineuses)

(Impact considéré : Vulnérabilité des cultures au changement climatique)

- Adapter la PAC aux effets du changement climatique

(Impact considéré : Frein de la PAC à l’adaptation au changement climatique)

- Former les agriculteurs aux conséquences du changement climatique

(Impact considéré : Inadaptation de certaines pratiques agricoles aux changement climatique)

- Créer pendant l’hiver des réserves d’eau pour l’été, tout en préservant le milieu

(Impact considéré : raréfaction de la ressource en eau)

- Lutter contre les pollutions pour protéger les ressources en eau, permettre un partage équitable de l’eau, et veiller à l’élaboration de Zones de Répartition des Eaux en adaptant le volume à l’usage

(Impact considéré : Baisse des précipitations et hausse des concentrations de polluants)

- Rémunérer la multifonctionnalité des exploitations

(Impact considéré : Vulnérabilité des exploitations très spécialisées)

- Mettre en cohérence les politiques publiques avec les enjeux liés à l’adaptation, et les outils réglementaires entre eux (PAC, DCE…).

• Solutions impliquant un changement des pratiques :

- Réformer l’hydraulique agricole (exemple : récupération des eaux de drainage)

(Impact considéré : Diminution de la ressource en eau)

- Instaurer un lien entre cultures et élevage

- Renforcer la robustesse économique des exploitations

(Impact considéré : Vulnérabilité économique des exploitations

Objectif lié : Limiter la vulnérabilité des exploitations)

- Favoriser les pratiques économes en eau (exemple : utilisation de variétés plus précoces, pratique du semis sous couvert)

(Impact considéré : raréfaction de la ressource en eau)

- Introduire de nouvelles cultures plus résistantes (ex : sorgho, miscanthus)

(Impact considéré : raréfaction de la ressource en eau)

- Identifier les opportunités agricoles (ex : innovation…). Toutes les terres doivent être valorisées, même celles dont le rendement est plus faible.

(Impact considéré : inadaptation des cultures actuelles aux effets du changement climatique)

- Encourager la diversification (à l’échelle du bassin, du paysage) et favoriser les services écosystémiques à l’échelle du paysage

(Impact considéré : modification des services écosystémiques)

• Autres solutions :

- Revoir la géopolitique alimentaire

(Impact considéré : Impact sur le marché mondial des denrées agricoles)

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5- Synthèse :

Les participants se positionnent sur six pistes d’a ction à faire remonter en plénière. Cette sélection n’implique pas de priorisation dans le SRCAE entre les différentes solutions proposées par le groupe.

a. Groupe « élevage » :

- Adapter la fumure à la sensibilité des sols au changement climatique et développer la diversité floristique

- Travailler sur l’autonomie alimentaire des exploitations

- Revenir à des systèmes d’exploitation plus robustes

b. Groupe « culture » :

- Mettre en cohérence les politiques publiques avec les enjeux liés à l’adaptation

- Favoriser les pratiques économes en eau

- Encourager la diversification (bassin - paysage)