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Sankofa CARREFOUR CANADIEN INTERNATIONAL www.cciorg.ca Vol. 11 NO. 1 • Printemps 2011 2 3 4 Karen Takacs lauréate d’un prix pour les droits des femmes Le Fonds Aminata lancé en appui aux femmes et aux filles en Afrique Combattre le mariage forcé au Sénégal suite page 2 > Contenu Par Tara Scanlan, La Paz, Bolivie COMMERCE ÉQUITABLE : Une nouvelle forme de crédit pour le commerce équitable garantit un travail décent aux producteurs de café boliviens Ce grouillement d’activité chez COAINE est le résultat de trois années d’efforts concertés de Carrefour et de son partenaire local de microfinancement FONCRESOL. Aujourd’hui, les employés préparent avec soin la saison de la récolte. L’entreprise de café locale a été l’une des premières bénéficiaires d’un prêt équitable, une nouvelle forme de crédit créée expressément pour aider les producteurs et les exportateurs du commerce équitable. « Depuis qu’ils bénéficient du crédit équita- ble, les agriculteurs sont en mesure d’exporter du café », affirme Jaime Andrade, responsable des projets de commerce équitable chez FONCRESOL. Grâce aux prêts consentis, les agriculteurs et les producteurs sont en mesure de vendre leur café sur des marchés d’exportation plus lucratifs. Sans accès au crédit à cette étape cruciale de leur production, ils devraient se délester d’une quantité appréciable de leurs produits sur les marchés locaux, à des prix bien inférieurs. Le crédit leur permet aussi de cultiver de plus grandes quantités de café. « Les prêts aident les agriculteurs à payer leurs employés, les frais de production et leurs dettes avant d’exporter le café. Quand nous sommes obligés de vendre rapidement notre café, nous en obtenons un prix inférieur et nous avons moins de conteneurs pour l’exportation », dit Mauricio Palli, vice-président de COAINE. « L’argent, c’est tout », lance un producteur de café le regard pétillant. Pour ce producteur et bien d’autres, crédit équitable rime avec augmen- tation des revenus, grâce à la conjugaison de deux facteurs : hausse des exportations et prix équita- ble pour les grains de café. Il est donc en mesure d’améliorer la qualité de vie de sa famille. « Les producteurs peuvent envoyer leurs N ichée à une altitude vertigineuse de 4 100 mètres, El Alto, en Bolivie, est l’une des villes d’Amérique latine qui croît le plus rapidement. Dans l’une de ses rues poussiéreuses en pavé se trouve le bureau de COAINE, une petite entreprise d’exportation de café. Dès que je franchis le seuil, je suis plongée dans le brouhaha de travailleurs en train de préparer un conteneur de café à destination de l’Europe. 49, rue Bathurst, bureau 201 Toronto (Ontario) M5V 2P2 Canada

Sankofa - Printemps 2011

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Sankofa est une publication bi-annuelle de Carrefour canadien international à l'attention des anciens Carrefouristes et des amis de CCI.

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Page 1: Sankofa - Printemps 2011

Sankofa CARREFOUR CANADIEN INTERNATIONAL

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2 3 4Karen Takacs lauréate d’un prix pour les droits des femmes

Le Fonds Aminata lancé en appui aux femmes et aux filles en Afrique

Combattre le mariage forcé au Sénégal suite page 2 >C

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nu

Par Tara Scanlan,

La Paz, Bolivie

COMMERCE ÉQUITABLE : Une nouvelle forme de crédit pour le commerce équitable garantit un travail décent aux producteurs de café boliviens

Ce grouillement d’activité chez COAINE est

le résultat de trois années d’efforts concertés

de Carrefour et de son partenaire local de

microfinancement FONCRESOL. Aujourd’hui,

les employés préparent avec soin la saison de la

récolte. L’entreprise de café locale a été l’une des

premières bénéficiaires d’un prêt équitable, une

nouvelle forme de crédit créée expressément

pour aider les producteurs et les exportateurs du

commerce équitable.

« Depuis qu’ils bénéficient du crédit équita-

ble, les agriculteurs sont en mesure d’exporter du

café », affirme Jaime Andrade, responsable des

projets de commerce équitable chez FONCRESOL.

Grâce aux prêts consentis, les agriculteurs

et les producteurs sont en mesure de vendre leur

café sur des marchés d’exportation plus lucratifs.

Sans accès au crédit à cette étape cruciale de

leur production, ils devraient se délester d’une

quantité appréciable de leurs produits sur les

marchés locaux, à des prix bien inférieurs. Le

crédit leur permet aussi de cultiver de plus grandes

quantités de café.

« Les prêts aident les agriculteurs à payer

leurs employés, les frais de production et leurs

dettes avant d’exporter le café. Quand nous

sommes obligés de vendre rapidement notre

café, nous en obtenons un prix inférieur et nous

avons moins de conteneurs pour l’exportation »,

dit Mauricio Palli, vice-président de COAINE.

« L’argent, c’est tout », lance un producteur

de café le regard pétillant. Pour ce producteur et

bien d’autres, crédit équitable rime avec augmen-

tation des revenus, grâce à la conjugaison de deux

facteurs : hausse des exportations et prix équita-

ble pour les grains de café. Il est donc en mesure

d’améliorer la qualité de vie de sa famille.

« Les producteurs peuvent envoyer leurs

Nichée à une altitude vertigineuse de 4 100 mètres, El Alto, en

Bolivie, est l’une des villes d’Amérique latine qui croît le plus rapidement. Dans l’une de ses rues poussiéreuses en pavé se trouve le bureau de COAINE, une petite entreprise d’exportation de café. Dès que je franchis le seuil, je suis plongée dans le brouhaha de travailleurs en train de préparer un conteneur de café à destination de l’Europe.

49, rue Bathurst, bureau 201Toronto (Ontario) M5V 2P2 Canada

Page 2: Sankofa - Printemps 2011

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enfants à l’école, de sorte qu’ils aient de meilleures perspectives d’avenir,

ajoute Jaime Andrade. Ils ont un meilleur accès aux services de santé et à

l’eau salubre, tandis que les petites régions rurales peuvent améliorer leurs

services de communication et de transport. »

Grâce à leur relation avec FONCRESOL et à l’accès au crédit,

comme le crédit équitable qu’appuie Carrefour depuis sa création, de

nombreux Boliviens ont renforcé le développement économique et social

de leurs collectivités.

« Carrefour joue un rôle immense et fait partie du projet, affirme

Jaime Andrade. C’est grâce à son appui, financier

et technique, que nous avons accompli nos

réalisations. Sans Carrefour, ce projet n’aurait

pas existé. Carrefour a fait beaucoup de travail

sur les plans du leadership et des banques com-

munales, en offrant aux femmes de la formation et un accès au crédit.

Ces mesures ont amélioré leur vie et leur estime personnelle. »

Lors de ma visite au centre de transformation du café à El Alto,

j’ai sondé les producteurs sur leur lien avec les consommateurs de

café. Quel message voulaient-ils que nous transmettions aux gens,

au Canada, pour lesquels ils cultivent le café?

« Nous voudrions que les consommateurs de café du Canada sachent que le processus

de production du café est toujours difficile dans notre pays, explique Don Martín Tomas,

président de COAINE. Nous sommes de petits producteurs, non industrialisés. La transforma-

tion se fait sans technologie et la production, à petite échelle. La production du café en Bolivie

est principalement manuelle. »

« Nous savons que le prix du café équitable biologique est plus élevé, mais nous voulons

que les consommateurs sachent que les coûts de production le sont aussi », poursuit-il.

Il explique que le processus de certification

équitable par les organismes internationaux et

d’autres organes de réglementation des pays impor-

tateurs est très coûteux.

Pour les agriculteurs, les transformateurs et le

personnel de FONCRESOL, il est important que les

consommateurs soient conscients du lien qui les unit

à eux. Il importe que nous comprenions notre rôle dans

la relation qui culmine sur notre table, sous la forme

d’une délicieuse tasse de café fumant.

Le commerce équitable expose au grand jour

chaque maillon de la chaîne qui relie le producteur qui

plante les semences, l’entreprise qui transforme et

emballe les grains, le torréfacteur qui les torréfie, le

barista qui sert le café et le consommateur qui le

boit. Il veille à ce que chaque personne dans cette chaîne contribue à faire en sorte que la

production et l’exportation du café procurent un mode de vie décent et digne à tous les

travailleurs de la chaîne.

Mon travail en Bolivie, en tant que Carrefouriste, est d’aider à renforcer ce lien et

à solidifier les maillons de la chaîne du café qui lie le producteur de café bolivien et le

torréfacteur canadien.

La prochaine fois que vous savourerez un café, songez à toutes les étapes qu’il a

franchies avant d’arriver dans votre tasse. Je vous invite à agir pour faire en sorte que chaque

personne dans la chaîne du café jouisse d’un traitement équitable et vive dans la dignité.

Tara Scanlan est actuellement stagiaire en commerce équitable auprès de FONCRESOL

en Bolivie.

suite de la page 1 >

« Dans ce cas-ci, je peux aider des groupes de femmes. Des

femmes qui ont bien peu, mais qui sont tout à fait capables

de réaliser des changements dans leur vie. »

Carrefour contribue à créer un travail décent pour les

femmes en améliorant leur accès à des capitaux et à des

microprêts, et en soutenant de petites entreprises collectives,

comme les coopératives de beurre de karité, qui permettent

aux femmes de gagner un revenu décent. Carrefour s’attache

également à réduire la violence faite aux femmes et aux filles

par des programmes de soutien aux victimes. Dans les

collectivités où œuvre Carrefour, les femmes sont de plus

en plus en mesure d’assurer la subsistance de leur famille et

d’exercer leur leadership.

« Le don de Patsy appuiera le travail vital que nous

accomplissons auprès des femmes et des filles en Afrique,

explique Karen Takacs, directrice générale de Carrefour cana-

dien international. C’est un geste d’une immense générosité.

Patsy a consacré sa vie à travailler avec les autres, afin

d’améliorer leurs conditions sociales. Nous sommes honorés

qu’elle ait choisi de poursuivre son travail auprès des femmes

en Afrique par l’intermédiaire de Carrefour. »

Âgée de 70 ans, Patsy George a consacré sa vie aux

autres. En tant que travailleuse sociale et bénévole, elle a

œuvré auprès des communautés d’immigrants, des

Autochtones, et d’autres groupes privés de droits pour les

aider à faire valoir leurs droits. Elle a reçu de nombreux prix et

distinctions pour service communautaire, dont l’Ordre du

Canada. Maintenant à la retraite, elle continue de mettre son

leadership au service de nombreuses organisations à but

non lucratif, notamment à titre de membre du conseil

d’administration de Carrefour.

Quand on lui demande quel sera, selon elle, l’impact de

son don, elle répond du tac au tac: « L’impact? Cent fois plus

grand que ce que je pourrais faire moi-même… simplement

en fournissant des ressources à ces femmes. Je suis sereine

à la seule idée que la somme que j’ai pu donner fait dès

maintenant une réelle différence dans la vie de femmes en

Afrique. »

Un don pour l’autonomisation des femmes et des filles en Afrique

Je veux appuyer les femmes, faire en sorte qu’elles aient les ressources nécessaires pour transformer elles-mêmes leur vie. Carrefour canadien international est une organisation bien

gérée dont l’action correspond exactement à mes objectifs », déclare Patsy George à propos du don qu’elle a récemment fait à Carrefour.

La donatrice : Patsy GeorgeLe don :

40 000 $La cause : Carrefour

canadien internationalLa raison : Aider les

femmes et les filles d’Afrique à

développer leur plein potentiel

« Les producteurs peuvent envoyer leurs enfants à l’école, de sorte qu’ils

aient de meilleures perspectives d’avenir. »

-Jaime Andrade, FONCRESOL

« J’ai eu la chance extraordinaire de travailler en collaboration directe avec les gens dans le

Sud, déclare-t-elle. Devant les obstacles les plus inimaginables – pauvreté extrême, VIH et

SIDA, violence endémique, violation constante de leurs droits – amies et collègues en Afrique

et en Bolivie persévèrent. Ma détermination et ma passion envers le travail de développement

sont animées par le dévouement des personnes avec lesquelles nous œuvrons pour bâtir un

monde plus juste et équitable. »

En mai, Karen Takacs recevra le prix Femme de mérite du YWCA 2011 en hommage à

son engagement indéfectible à améliorer la vie des femmes et des filles et à son leadership

dans le domaine du développement international.

« Cette reconnaissance, par le YWCA, est un immense honneur. Le YWCA est une

organisation qui, depuis 130 ans, a sensiblement amélioré la vie des femmes et des filles à

Toronto, et qui continue de tracer le chemin vers l’égalité grâce à ses programmes, ses

activités de plaidoyer et sa participation à la vie communautaire », déclare Karen Takacs.

« Depuis dix ans, Carrefour a fait des pas de géant et je suis extrêmement

fière de l’impact de notre travail. Cet honneur témoigne concrètement du dévoue-

ment et de la passion des membres du conseil d’administration et du personnel,

des volontaires et des partenaires de Carrefour. Bien qu’il reste beaucoup à faire,

j’entrevois avec grand optimisme les changements que nous pouvons réaliser

ensemble », ajoute-t-elle.

Six autres femmes d’exception seront honorées avec Karen Takacs pour

leur rôle dans la promotion des droits des femmes et des filles dans différents secteurs :

Cristina Amon, science et génie; Elizabeth Goldberg, droit et justice; Joan Lesmond, leadership

en santé; Sherry Cooper, leadership en entreprise; Sophia Gran-Ruaz, jeune femme de mérite;

Vivian Del Valle, soutien communautaire.

« Nous sommes très fiers. Carrefour a véritablement évolué sous la direction de Karen.

Le groupe très respecté dans le domaine des échanges interculturels est devenu une organisa-

tion de développement axée sur les résultats et qui concentre son action sur la promotion des

droits des femmes et des filles », déclare Darlene Bessey, présidente du conseil d’administration,

qui a soumis la candidature de Karen pour le prix.

« Le travail de Carrefour aujourd’hui contribue sensiblement à réduire la violence faite aux

femmes et aux filles; à augmenter la participation des femmes à la prise de décision; et à

renforcer l’autonomie sociale et économique des femmes. Nous n’en serions pas là sans le

leadership de Karen. »

Le gala de la 31e édition annuelle des prix Femmes de mérite du YWCA Toronto,

présenté par la Financière Sun Life, aura lieu le mercredi 18 mai à 18 h 30, au Centre des

congrès de Toronto. Vous pouvez réserver une table et acheter des billets pour assister au gala

en ligne à www.womenofdistinction.ca.

Au plaisir de vous y rencontrer!

UNE FEMME DE MÉRITE PARMI NOUS :Karen Takacs, directrice générale de Carrefour, nommée Femme de mérite du YWCA 2011, développement et plaidoyer

« Carrefour a véritablement évolué sous la direction de Karen. Le groupe très respecté dans le

domaine des échanges interculturels est devenu une organisa tion de développement axée sur les résultats

et qui concentre son action sur la promotion des droits des femmes et des filles. »

-Darlene Bessey, présidente du conseil d’administration

Par Christine Campbell

«

Quand on demande à Karen Takacs, directrice générale de Carrefour, ce qui la pousse, d’année en année, à lutter contre la

pauvreté et à appuyer les droits des femmes et des filles, la réponse ne se fait pas attendre.

Page 3: Sankofa - Printemps 2011

« Nous nous demandions comment faire une différence ici au Canada et

dans le monde », déclarait récemment Lawrence Hill en entrevue.

Quelque part sur la route, dans les montagnes de la Virginie-

Occidentale, Miranda a eu une idée. Aminata, la courageuse protago-

niste du roman, a bouleversé des centaines de milliers de lecteurs

au Canada et dans le monde. Pourquoi ne pas y faire appel pour

encourager les gens à appuyer les luttes incessantes des femmes et

des filles en Afrique aujourd’hui?

Lawrence et Miranda ont donc décidé de créer un fonds spécial

auprès de Carrefour, le Fonds Aminata.

« Tout comme il est difficile pour les gens aujourd’hui de se

représenter de manière concrète et viscérale ce que pouvait être le

quotidien… d’une esclave au 18e siècle, il est aussi très difficile pour

la plupart d’entre nous, Canadiens, de comprendre, de ressentir

et de visualiser ce qu’est le quotidien dans un village rural d’Afrique

australe, du Mali ou du Ghana, affirme Lawrence. Le roman, le recours

au nom de sa protagoniste principale [est]… une porte entrouverte

sur ce monde. »

Inspirés par l’approche de développement fondée sur les droits

de Carrefour – qui œuvre à affirmer les droits des femmes et des filles à

vivre sans violence, à participer pleinement à la vie publique et à avoir un

accès égal à la formation et à un travail décent – ils sont passés à l’action.

« Carrefour s’imposait de soi. Larry a maintes fois mentionné…

l’importance de son expérience de Carrefouriste qui a non seulement

changé sa vie, mais a aussi influencé sa fiction et ultimement le roman

Aminata lui-même, déclare Miranda. [Carrefour] ne se limite pas à offrir

aide financière et expertise… Il offre l’expérience de travailler ensemble

pour réaliser des buts communs. »

Lawrence a accompli trois mandats outre-mer avec Carrefour

(Niger, 1979; Cameroun, 1981; Mali, 1989).

« [Mon expérience de volontaire auprès de Carrefour] a transformé

ma vie, dit-il. Elle a élargi ma vision du monde. Elle m’a aidé à prendre

conscience du quotidien de gens ordinaires qui, bien souvent dans des

conditions de pauvreté extrême, demeurent dignes et solides. »

La lutte contre les causes profondes de la pauvreté et

de l’inégalité passe par la coopération internationale. Et chaque

Canadien a un rôle à jouer.

« Bien des gens sont totalement déroutés quand ils songent à la

façon de faire une différence et de montrer leur propre générosité,

déclare Lawrence Hill. En faisant mieux connaître Carrefour, on contribue

à créer des ponts qui permettent aux gens de puiser davantage en

eux-mêmes et dans leur bourse pour donner aux autres. »

Les séjours de Lawrence en Afrique en tant que Carrefouriste

continuent encore aujourd’hui de l’inspirer dans ses écrits. Et il espère

maintenant qu’un de ses plus puissants personnages sera source de

changement.

« Le fonds célèbre l’idée d’une personne qui est forte, capable et

résiliente devant la plus monstrueuse des injustices, explique Lawrence.

Et, bien sûr, il y a aujourd’hui encore de nombreuses femmes et filles qui

sont fortes, capables et résilientes et qui vont de l’avant en dépit de

l’inégalité qu’elles subissent. »

Pour faire un don ou pour participer au Fonds Aminata, contactez

Jill Bridgman: [email protected]; 416-967-1611 ext. 270.

« En faisant mieux connaître Carrefour, on contribue à créer des ponts qui permettent aux gens de puiser davantage en eux-mêmes et dans leur bourse pour donner aux autres. »

-Lawrence Hill

Q uand des partenaires de Carrefour en

Bolivie ont lancé une nouvelle forme de

crédit, les producteurs, transformateurs et

exportateurs de café ont bénéficié d’un traite-

ment équitable.

Don Martín, un petit producteur de café

bolivien exhorte les Canadiens à apporter leur

contribution. « Nous voudrions que les consom-

mateurs de café du Canada sachent que le

processus de production du café est toujours

difficile dans notre pays… Nous sommes con-

scients que le prix du café équitable biologique

est plus élevé, mais nous voulons que les

consommateurs sachent que les coûts de

production le sont aussi. »

Le commerce équitable valorise chaque

personne qui participe à la production, de la

plantation à la récolte, et lui procure un juste

revenu. Comme l’a indiqué Don Martín, sa

capacité à gagner un revenu équitable dépend,

en partie, de nous — de notre volonté de payer

un prix juste pour notre café.

Don Martín est conscient qu’il faut la

coopération de tous les citoyens du monde pour

que chaque personne dans son pays puisse jouir

de ses droits. Chez Carrefour, c’est un principe

que nous avons bien compris.

Dans le présent numéro de Sankofa, nous

vous emmenons en Bolivie où le crédit équitable

permet à des agriculteurs et à des producteurs

comme Don Martín de bénéficier d’un travail

décent et digne. Puis, nous vous convions au

Sénégal, où des partenaires locaux et des

Carrefouristes appuient les femmes pour qu’elles

puissent s’affranchir de mariages forcés et

revendiquer leur droit à une vie sans violence, à

l’autodétermination et à l’accès à la justice.

Et ce n’est pas tout. Patsy George, mem-

bre du conseil d’administration et lauréate de

nombreux prix pour son travail auprès des

communautés marginalisées au Canada a fait un

généreux don à Carrefour. Grâce à ce don, elle

donne son appui aux femmes et aux filles en

Afrique pour changer leurs propres vies.

Pour leur part, l’auteur réputé et trois fois

Carrefouriste Lawrence Hill et son épouse,

Miranda Hill, ont choisi de créer chez Carrefour

le nouveau Fonds Aminata – du nom de

l’inspirante protagoniste principale du roman

primé Aminata – dans le but d’appuyer les filles

et les femmes en Afrique.

Enfin, nous célébrons la vie du cofondateur

de Carrefour, le Dr Alan Lane, et son dévouement

indéfectible envers notre travail. Son héritage se

perpétue à travers les centaines de Carrefouristes

qui chaque année œuvrent pour le changement.

Mot de la présidenteDarlene Bessey

La solidarité en action:Nous pouvons contribuer au changement social

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Portrait d’une donatrice mensuelle : Tricia Schers

Sans prononcer un seul mot, une enfant qui ne

connaissait pas ma langue m’a communiqué un

message qui a changé ma vie. Elle était séropositive

et voulait simplement que je la serre dans mes bras.

Au retour de mon mandat de Carrefouriste au

Suriname, j’ai senti le besoin d’en faire plus pour les personnes

marginalisées, surtout les femmes et les enfants. Mon expérience

auprès de Carrefour canadien international m’a convaincue de

devenir donatrice mensuelle.

J’ai travaillé dans des organismes à but

non lucratif durant la majeure partie de ma car-

rière et je sais que le soutien des donateurs

mensuels est inestimable. Si j’ai choisi de don-

ner à Carrefour, c’est que cette organisation

m’a amenée à voir le monde différemment.

Carrefour m’a permis d’enrichir la vie des

autres et, par la même occasion, d’enrichir la

mienne. Quand je songe à tous les Carrefouristes, présents et pas-

sés, je suis très optimiste quant aux possibilités que nous pourrions

faire naître en tant que groupe si nous devenions tous des dona-

teurs mensuels.

DONS MENSUELS : Chaque dollar compteL’importance de nos fidèles donateurs mensuels est

incommensurable! Les revenus assurés qu’ils mettent à

notre disposition nous permettent de planifier notre travail

avec plus d’efficacité et d’en accroître l’impact. Le don

mensuel est une façon de donner des plus bénéfiques et

respectueuses de l’environnement, assortie de la souplesse

d’annuler un don en tout temps ou d’en modifier le montant.

Un don de 20 $ par mois, soit moins de 1 $ par jour, peut

aider une femme à acquérir l’autonomie financière. Au fil du

temps, ces dons constituent une contribution importante et vitale.

Tricia Schers

Miranda et Lawrence Hill

Lawrence et Miranda Hill lancent le Fonds Aminata pour les filles et les femmes

Par Candice O’Grady

www.facebook.com/Carrefourcanadien

Restés au courant de nos dernières nouvelles sur:

Ils étaient ensemble sur la route. Lawrence Hill, écrivain de renom et auteur du roman primé

The Book of Negroes (Aminata en version française), et sa femme Miranda Hill songeaient à la chance

qu’ils ont : cinq merveilleux enfants, un roman à succès (Lawrence), une fructueuse entreprise de

communications indépendante et la concrétisation du Project Bookmark Canada, un projet à but non

lucratif qui donne vie à la littérature canadienne dans les espaces publics (Miranda).

Page 4: Sankofa - Printemps 2011

Agencecanadienne dedéveloppementinternational

CanadianInternationalDevelopment Agency

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Carrefour reçoit l’aide de l’Agence canadienne du développement international (ACDI), du Ministère des Relations internationales du Gouvernement du Québec, de bailleurs de fonds gouvernementaux et non gouvernementaux et de donateurs et donatrices de par le monde. Sankofa est publié deux fois l’an pour les anciens et anciennes, et les amis et amies de Carrefour canadien international. Envoyez-nous vos commentaires, vos idées ou une lettre. Directrice générale : Karen Takacs • Directrice des relations extérieures : Christine Campbell • Coordination et rédaction : Candice O’Grady • Services linguistiques et rédaction : Nicolas Gersdorff • Contributions : Tara Scanlan, Simon Godin-Bilodeau • Photos : Tara Scanlan (couverture 2), courtoisie de Patsy George (2), courtoisie de Tricia Schers (3), Simon Godin-Bilodeau (4), Rick Lane (4) • Direction artistique : Wioletta Wesolowski, Visual Concepts • Bureau de Toronto de Carrefour canadien international : 49, rue Bathurst, bureau 201, Toronto, ON M5V 2P2 ; tél. : 416.967.1611 ; 877.967.1611 ; téléc. : 416.967.9078 ; courriel : [email protected] • Bureau de Montréal : 3000, rue Omer-Lavallée, Suite 126, Montréal, H1V 3R8 ; tél. : 514. 528.5363 ; courriel : [email protected]

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Carrefour est reconnaissant du soutien apporté par le gouvernement du Canada agissant par líentremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI).

Parce qu’elle n’aime pas son cousin et qu’elle veut rester

au lycée, Alice refuse ce mariage imposé et elle a cherché

conseils et appui auprès de l’Association pour la promotion

de la femme sénégalaise (APROFES).

L’histoire d’Alice n’est pas un cas isolé; les mariages

forcés sont très répandus au Sénégal. Selon une enquête

nationale, 14 pourcent des femmes interrogées ont affirmé

avoir été forcées de se marier. La pratique est présente dans

toutes les couches de la société, mais elle est plus courante

dans les communautés rurales. L’UNICEF estime que

36 pourcent des femmes sénégalaises sont déjà mariées

à l’âge de 18 ans.

Les ménages à faible revenu sont tentés de marier

leurs jeunes filles pour réduire leur fardeau financier et

bénéficier d’une dot. Une fille peut être promise en mariage

avant même sa naissance. Au Sénégal, on estime que

9 pourcent des filles de 7 à 14 ans quittent l’école pour

rejoindre le domicile conjugal et cette proportion atteint

13 pourcent en milieu rural. Celles-ci se retrouvent alors

isolées de leurs proches et soumises aux caprices de leur

belle-famille.

Souvent forcées de se conformer à leur nouveau rôle

par un mari qui les bat, les séquestre ou les viole, ces

femmes et ces filles n’ont pratiquement pas de contrôle sur

leur vie sexuelle et sont dès lors très à risque de contracter

le VIH et le SIDA. De plus, les jeunes filles ne sont pas

physiquement prêtes pour accoucher ou avoir des relations

sexuelles. Les conséquences peuvent être très graves,

parfois même mortelles : infections, déchirures, hémorragies,

de même que stérilité.

Carrefour travaille avec l’APROFES depuis 2007 en

appuyant les femmes et les filles victimes de violence

familiale et en renforcant ses actions de sensibilisation

en vue de réduire la violence. L’APROFES offre une panoplie

de services d’appui aux victimes, y compris des services

de conseil, une aide fiancière d’urgence et un accès à des

services médicaux et juridiques.

Mon mandat est axé sur les mariages forcés et il

consiste à appuyer les efforts de l’APROFES pour mettre un

terme à la pratique. Je mène actuellement une recherche

participative auprès des victimes pour documenter leurs cas.

Je travaille aussi en partenariat avec des femmes et des filles

qui ont été soumises à un mariage forcé et le personnel de

l’APROFES à l’élaboration de nouvelles stratégies de

sensibilisation et de nouveaux programmes de soutien.

En fait, le libre consentement au mariage est un droit

explicite dans la Constitution du Sénégal et le mariage

forcé constitue un crime passible d’une peine de 2 à 5 ans

d’emprisonnement. L’application de la loi demeure toutefois

un défi. L’APROFES, en partenariat avec Carrefour, s’est

engagée à mener des actions d’intervention, de sensibilisa-

tion et de plaidoyer pour combattre les mariages forcés.

Carrefour a déjà appuyé la création d’un fonds rotatif

qui aidera les femmes victimes de violence à gagner un

revenu et à accroître leur autonomie. Des Carrefouristes

ont créé une base de données sur la violence familiale

qui fournit à l’APROFES des renseignements capitaux

sur l’étendue de la violence faite aux femmes et ont

appuyé l’APROFES dans l’organisation de groupes de

parole pour les victimes de violence. En outre, à la suite

d’une visite d’observation au Québec, l’APROFES a mis sur

pied des ateliers de formation du personnel en conseil et en

intervention.

Toutes ces initiatives s’inscrivent dans une approche

de promotion des droits qui vise à renforcer l’autonomie

des femmes de sorte qu’elles puissent disposer librement

d’elles-mêmes et vivre une vie sans violence. L’étude

sur les mariages forcés fournira à l’APROFES, et aux

femmes et aux filles qu’elle dessert, de nouvelles

données qui lui permettront de consolider ses actions de

plaidoyer auprès du gouvernement en vue de l’application

des lois existantes, d’intenter des poursuites en justice,

et de mieux sensibiliser la population quant aux droits

fondamentaux de la personne.

Simon Godin-Bilodeau travaille au Sénégal depuis plus

d’un an. Il mène actuellement une recherche participative

auprès des victimes de mariages forcés.

Alan Lane, chirurgien accompli et père de famille dévoué, a fait le choix peu conventionnel de

participer à une mission en Afrique avec James Robinson.

« Il est aujourd’hui difficile de concevoir ce qu’une aventure de la sorte représentait il y a

50 ans, explique Rick, le fils d’Alan Lane. Mettre une carrière en veilleuse le temps d’un été

pour sortir des sentiers battus [en Afrique], c’était pratiquement du jamais-vu. »

L’Afrique a profondément marqué Alan Lane. Quelques autres Carrefouristes et lui,

convaincus qu’il était possible de créer UN SEUL MONDE, ont fondé Carrefour. Ils croyaient

qu’on pouvait changer le monde en réunissant des gens, de cultures et de pays différents, qui

travailleraient ensemble à une cause commune.

L’engagement d’Alan Lane envers l’Afrique et Carrefour n’a jamais fléchi. Il est décédé le

« Je travaille aussi en parte-nariat avec des femmes et des filles qui ont été soumises à un mariage forcé... à l’élaboration de nouvelles stratégies de sensibilisation et de nouveaux programmes de soutien. »

Mariages forcés au Sénégal :les documenter pour mieux les combattre

11 février 2011 et une célébration de sa vie a eu lieu le 15 février à Hamilton. Le personnel,

le conseil d’administration et la communauté de Carrefour offrent leurs plus sincères

condoléances aux membres de sa famille et à ses amis.

Don Simpson, cofondateur de Carrefour, se souvient d’Alan Lane comme d’un visionnaire

doté d’un esprit extrêmement discipliné et d’un pétillant sens de l’humour, qui aimait se

mesurer à des problèmes complexes – qui ne manquaient pas durant les premières années

d’existence de l’organisation.

« [Alan] était l’incarnation parfaite du leader au service des autres… Il n’avait pas

besoin de parler pour manifester sa présence, dit Don Simpson. Il avait la capacité

extraordinaire de déceler les forces des gens et de devenir un véritable mentor… Alan était

un Canadien de la classe moyenne tout à fait conformiste qui avait la disposition d’explorer

les idées les moins conventionnelles et les plus courageuses, et de les appuyer. »

Les enfants d’Alan Lane ont été profondément influencés par l’engagement de leur

père envers le développement. Trois de ses enfants ont accompli un mandat outre-mer

avec Carrefour, Rick (Lesotho, 1971), Rob (Japon, 1972) et James, filleul de James Robinson,

(Singapour, 1984).

« C’est l’engagement de mon père auprès de Carrefour qui m’y a amené, affirme Rick

Lane. Mon expérience outre-mer avec Carrefour est probablement l’élément qui a le plus influé

sur mon développement personnel, du moins à cette époque-là de ma vie… Et je suis sûr qu’il

en est de même pour les centaines d’autres personnes qui ont vécu le même type

d’expérience. »

Nous remercions profondément Alan Lane pour son engagement de toute une vie. Sa

famille perpétue son œuvre en demandant que les dons à sa mémoire soient versés à

Carrefour.

Alors qu’« Alice » n’avait que 16 ans, son père a décidé de la marier à son cousin de 25 ans qui habite Dakar. Elle n’a appris la nouvelle que quelques

heures avant la célébration du mariage à la mosquée. Maintenant qu’elle est âgée de 18 ans, Alice doit quitter la maison de son père pour rejoindre le domicile de son mari.

Par Simon Godin-Bilodeau, Kaolack, Sénégal

CÉLÉBRATION DE LA VIE D’ALAN LANE

Par Candice O’Grady

Le soir où Alan Lane a pour la première fois entendu une allocution du révérend James Robinson, charismatique défenseur des droits civiques américains, le cours

de sa vie, de la vie de ses enfants et du travail de développement international au Canada a bifurqué.

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